- Speaker #0
Des esprits curieux échangent autour des enjeux, des défis et des solutions pour un avenir plus durable. Vous écoutez l'Instant Climat avec Lalec Lyon.
- Speaker #1
Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode de l'Instant Climat. Aujourd'hui, nous avons le plaisir d'accueillir Florence Gau, qui est journaliste depuis une vingtaine d'années, un parcours déjà long et expérimenté qui t'a amené à réfléchir à la place des médias dans la prise de conscience. citoyenne face à l'urgence écologique, notamment après la pandémie, puisqu'en 2021, tu deviens journaliste indépendant, tu te spécialises dans les enjeux écologiques et tu t'es également formé au journalisme dit de solutions. On va en parler, ça tombe bien. Et tu fais même partie des rares formatrices françaises certifiées dans ce domaine. Et tu as récemment lancé ton podcast. En un battement d'aile, tu nous en parleras un peu plus, qui est un média forcément tourné vers le journalisme de solution et dédié aux enjeux écologiques et solidaires. Florence, bonjour déjà. Merci de prendre le temps de nous rejoindre pour cet épisode. Laisse-nous en dire un petit peu plus sur ton parcours et ta vision du journalisme. On va en parler forcément pour traiter justement ces enjeux liés à l'environnement au sens très large.
- Speaker #0
Au sens très large, effectivement. Eh bien oui, journaliste maintenant depuis presque une vingtaine d'années. J'ai travaillé pendant 16 ans en radio. J'étais vraiment dans ce qu'on appelle l'actu chaude, c'est-à-dire l'information au quotidien pendant six ans en rédaction locale. 11 ans en rédaction nationale, vraiment concentrée autour de la présentation des journaux, matinales, flash d'informations. J'ai présenté aussi pendant 10 ans les soirées électorales sur l'antenne nationale de la radio pour laquelle j'ai travaillé. Quand j'étais sage, j'avais le droit de faire un peu de grands reportages à l'étranger. Et en fait, j'ai eu la... chance, je peux le dire, de pouvoir couvrir la COP 21 en 2015 à Paris. En fait, la radio avait un partenariat avec un lieu qui s'appelait The Place to Be, qui a été créé par la journaliste Anne-Sophie Nouvelle, qui est assez connue pour justement le traitement des enjeux écologiques. En fait, elle avait créé une sorte de proposition de COP alternative. pour informer blogueurs, journalistes du monde entier sur les enjeux écologiques. Donc, il y avait toute une programmation avec des conférences, des artistes engagés qui venaient donner des petits concerts.
- Speaker #1
C'est comme 2015, donc premier déclic quelque part.
- Speaker #0
Exactement. Et moi, à ce moment-là, ça a été un vrai premier déclic autour de ces enjeux, dans la prise de conscience de ce qu'on était en train de vivre et des défis qui se projetaient. Et je m'étais dit... Ce serait génial de pouvoir, avec ma collègue à l'époque, on s'était dit que ce serait vraiment top de pouvoir recréer un lieu pérenne comme ça pour parler des enjeux écologiques. Mais à l'époque, ça me paraissait un peu fou, un peu trop gros pour moi. Mais voilà, j'ai gardé un peu cette sensibilité à ces questions. Et puis arrive la pandémie, voilà, 2020. Et sans grande originalité, j'ai fait partie de celles et ceux qui se sont posé des questions à ce moment-là, et notamment au moment de la réflexion autour du monde d'après. Et là, je me suis interrogée sur la place que je pouvais prendre moi en tant que journaliste dans ce monde d'après, et comment en fait aller sensibiliser à ces enjeux, à ces défis. Puis c'était une période où je pensais avoir fait un peu le tour. de la radio dans laquelle je travaillais, j'ai décidé donc de me mettre à mon compte. J'ai suivi une formation d'un an à l'Institut Transition qui est basé ici à Lyon, justement qui accompagne les gens qui veulent se reconvertir dans la transition écologique.
- Speaker #1
C'est vrai, on les a rencontrés d'ailleurs, ils sont venus à notre émission.
- Speaker #0
Avec Isabelle Huynes.
- Speaker #1
Voilà, tout à fait, pour parler de cette tendance qu'on peut trouver de plus en plus aujourd'hui dans l'entreprise, des gens qui ne savent pas si finalement il faut quitter l'entreprise pour agir ou essayer de bouger dans l'entreprise.
- Speaker #0
C'est ça. Je peux vous dire que dans la promo, ça a agité cette question-là, plein de copains. Et donc, voilà, moi, ce n'était pas une reconversion, c'était plutôt une spécialisation, mais ça m'a donné vraiment un an pour pouvoir réfléchir à ce que j'avais envie de faire. L'idée de créer le podcast est arrivée très facilement et très naturellement, parce que, déjà, parce que c'est ce que je savais faire, c'était vraiment mon métier. Et puis, je suis persuadée aussi que le... C'est un nouvel outil qui permet aux gens de prendre du temps chez eux pour réfléchir, pour s'informer. Il y a plusieurs études du CSA qui montrent que le podcast, c'est vraiment... C'est peut-être d'ailleurs ce que les gens qui sont en train de nous écouter sont en train de faire en ce moment. En fait, c'est un temps pour soi. On se met dans une espèce de bulle et on prend le temps. Et en plus, le podcast est un lieu qui peut... aider facilement à faire basculer et à changer d'avis. C'est ce qui ressort. Il y a des études. C'est qu'en fait, les gens sont prêts à changer ou à se dire, tiens, en fait, je n'avais pas imaginé ça comme ça.
- Speaker #1
Ce n'est pas moi qui vais te contredire. En même temps, le même raisonnement qu'on a eu quand nous, on a lancé notre émission de podcast, c'est justement parce qu'on voit bien comment s'informent les gens et que ça devient un vecteur beaucoup plus posé, qu'on peut... On prend le temps et on a derrière... Une volonté qui peut aboutir de changer ou de se poser des questions différemment qu'en écoutant finalement le journalisme qu'on va dire traditionnel. Alors justement, quand on parle de journalisme de solution, quelle est la différence avec un journalisme plus traditionnel et notamment dans le contexte des crises climatiques, écologiques et d'ailleurs... Quand on utilise le mot crise, en soi, c'est un mot plutôt négatif, même si on parle beaucoup de changements climatiques, mais un changement qui n'est pas forcément pris de manière positive par les gens. Donc comment tu peux expliquer justement cette transition entre du traditionnel et du solution ?
- Speaker #0
En gros, le journalisme traditionnel, si je fais simple, on va investiguer les problèmes. Avec le journalisme de solution, on va investiguer, mais les solutions. Le journalisme de solution, il apparaît un peu dans les années 90 aux États-Unis, justement dans un climat un peu de défiance à l'égard des médias, des journalistes. avec une sorte de lassitude de la part des citoyens face à l'actualité aujourd'hui, il y a quand même 36% des Français qui ont décidé d'arrêter de s'informer parce que l'actualité est trop anxiogène. Oui,
- Speaker #1
c'est vrai, c'est intéressant. C'est un chiffre que j'ai relevé dans les documents que tu utilises toi et qui sont sourcés justement par un journaliste. Je crois que c'est le rapport Reuters
- Speaker #0
Institute. Exactement.
- Speaker #1
Où finalement, pas plus tard que tout à l'heure, je discutais avec un collègue. Je lui parlais de cette émission en préparation. Il me dit, moi, je suis largué, je n'écoute plus les infos. Et depuis, je me sens mieux. Voilà, on est typiquement dans ce problème-là.
- Speaker #0
Et c'est exactement ça. Comment, effectivement, permettre aux gens de renouer avec l'information pour être des citoyens éclairés en capacité de faire des choix ? Il faut continuer à s'informer. Pour moi, il y a un risque de désertion démocratique si on laisse les gens arrêter de s'informer. Donc, il y a... quelque chose à revoir dans nos pratiques journalistiques. Et en même temps, il y a quand même cette santé mentale, ce soin des gens à prendre en considération.
- Speaker #1
Oui, parce que les 36% dont tu parlais qui évitent les informations, parce que trop anxiogènes, on retrouve, je crois, le même pourcentage de personnes qui disent que les nouvelles sont trop négatives et ont un effet sur la rumeur, en fait.
- Speaker #0
Oui. Complètement.
- Speaker #1
Et du coup, sur leur bien-être.
- Speaker #0
C'est ça. Et qu'en fait, au bout d'un moment, ça crée de l'inquiétude, de la peur, de l'anxiété. Donc, selon moi, on ne peut pas laisser les gens comme ça. Et particulièrement face aujourd'hui aux enjeux écologiques, face aux différentes crises, tu le citais tout à l'heure, climatiques, environnementales, sociétales, tout ce qui touche à la biodiversité. Et en fait, il faut repenser notre manière d'informer le public. Et donc, le journalisme de solution, c'est là où il est intéressant, parce que non seulement on s'intéresse aux problèmes, puisqu'il ne s'agit pas de nier et de dire Ah ben non, il n'y a pas de problème, tout va bien, etc. Mais plutôt de montrer Voilà, il y a des problèmes, mais il y a aussi des solutions qui existent.
- Speaker #1
Moi, j'ai des personnes qui m'ont dit qu'elles sont conscientes qu'il y a des problèmes qui existent. Ils ne souhaitent pas les entendre parce que ça ne les rend pas très bien. Mais en même temps, ils ont su mettre dans une sorte de déni volontaire.
- Speaker #0
Complètement.
- Speaker #1
Voilà. Parce que ça a un effet sur leur humeur. Et justement, dans les chiffres de l'étude, je crois que je les ai sous les yeux, il y a un tiers des gens presque qui disent... Être lassée par la quantité d'informations, qui pensent qu'elle est peu fiable, trop politisée, et que presque 20% disent que ces informations ne leur servent pas. Et justement, si elles ne leur servent pas, c'est peut-être parce qu'elles ne leur amènent pas de solutions, de leçons à en tirer, de résultats. Et là, on est dans le journalisme de solutions.
- Speaker #0
Exactement. J'ai créé un petit format, ça s'appelle l'atelier des médias, un atelier d'une heure et demie, deux heures en fonction. autour de la question comment s'informer sans tomber dans les camps anxiétés. Et donc, je fais remplir aux gens un bilan informationnel dans lequel ils disent par quels moyens ils s'informent, les émotions que ça procure, et qu'est-ce qu'ils aimeraient voir plus souvent traité par les médias. Et effectivement, ce qui ressort de manière globale, et en fait... on peut le faire sur les enjeux écologiques, mais sur n'importe quel sujet. L'actualité aujourd'hui, elle est traitée quand même de manière relativement anxiogène. On va mettre les défilés d'hiver à la une. Et puis après, il y a la marge du monde qui fait qu'il n'y a qu'à voir tous les conflits armés qu'il y a en ce moment. Effectivement, il n'y a qu'à ouvrir un journal pour se dire qu'on vient de la fin du monde et qu'on est foutus. Et en fait, les gens, ce qu'ils disent, ce qui ressort en tout cas, et de plein d'études, je n'apporte rien de nouveau à tout ça, mais en tout cas, moi également, dans les gens que je rencontre, ça ressort énormément qu'il y a un vrai besoin qu'on insuffle un vent, un peu d'optimisme, et pas un optimisme béat ou naïf, mais de montrer qu'il y a plein de choses aujourd'hui qui existent. Et en fait, il n'y a qu'à montrer. toutes ces solutions.
- Speaker #1
En gros, il faut des preuves. Voilà, c'est ça. Il faut des preuves que la solution dont un média journaliste va parler fonctionne avec des résultats à l'appui. Finalement, c'est pas au-delà des sources pour chercher, pour enquêter et investiguer. Il faut aussi les preuves de ce qu'on raconte.
- Speaker #0
C'est ça. En fait, le journalisme de solution, pour ne pas être un journalisme feel-good ou un journalisme un peu bisounours, il faut que ça réponde à quatre critères. Donc déjà, effectivement, il faut que ce soit une réponse à un problème.
- Speaker #1
Point de société, quoi.
- Speaker #0
Oui, à un problème sociétal, c'est ça, exactement. Donc typiquement, le dérèglement climatique, qu'est-ce qu'on peut faire ? Exactement. Ensuite, on va montrer les preuves de l'efficacité ou non de la solution, puisqu'une solution qui, au bout d'un moment, se casse la figure, ça peut être tout aussi intéressant d'investiguer, de comprendre pourquoi. Mais on va s'intéresser à des solutions qui sont mises en place depuis un certain temps. pour pouvoir montrer si ça fonctionne. Ensuite, on va montrer les différentes étapes qui ont permis à la solution de se mettre en place. Et le quatrième pilier, et c'est souvent là où ça coince un peu dans certains médias qui disent faire du journalisme de solution, il faut montrer les limites de la solution. Moi, je ne suis pas là pour faire de la communication, je ne suis pas là pour montrer, faire la promotion de telle ou telle solution, de dire, regardez la solution, il y a rien.
- Speaker #1
Absolument.
- Speaker #0
absolument pas c'est sûr et ça serait vraiment génial mais en l'occurrence ça n'existe pas il n'y aurait plus ça serait génial complètement mais donc voilà il ne faut pas oublier il est parfait mais il y a quand même des leçons à en tirer c'est applicable complètement à un moment donné ou dans un endroit en fonction d'un contexte particulier de raison particulière et c'est ça qui est intéressant d'aller décortiquer
- Speaker #1
Et donc, ça rejoint justement le fait de pouvoir s'informer. Enfin, là, on va parler au gros tiers de personnes qui ne s'informent plus. Si elles apprennent qu'elles peuvent avoir affaire à des médias, des journalistes qui vont leur proposer des solutions, mais tout en leur expliquant. aussi les limites peut-être qu'ils voudront revenir vers une information en se disant je vais peut-être essayé et je vais tester pour vous pour voir mon niveau d'anxiété à l'issue finalement parce que c'est ça il ya plein d'études aux états unis qui ont été réalisés
- Speaker #0
ils sont un peu plus avancé que nous là dessus sur sur le sujet et qui montre en fait que les lecteurs ça a beaucoup été fait en presse écrite Que les lecteurs qui lisent un article uniquement avec le problème passent moins de temps que sur les articles.
- Speaker #1
Que lorsqu'il y a une solution.
- Speaker #0
Que lorsqu'il y a finalement un article problème plus solution qui est montré.
- Speaker #1
Quand tu dis moins de temps, c'est-à-dire qu'ils ne vont pas jusqu'à la fin ?
- Speaker #0
À la fin, qui s'arrêtent en cours de route, qui ensuite ne vont pas nécessairement aller sur d'autres pages du journal, sur le site internet. Pour prendre un exemple français, Nice Matin, en 2014, fait faillite et racheté par ses salariés. L'année suivante, ils mettent en place une offre payante tournée vers le journalisme de solution. En un an, ils ont vu leur nombre d'abonnés augmenter de 70% et il y avait 400% de temps supplémentaire passé sur les pages du site internet. Donc ça montre qu'il y a une appétence du public pour ces solutions. Toujours j'en reviens à mes petits ateliers, quand on passe au moment un peu boite à outils, quand je leur présente un peu ce qu'est le journalisme de solution, les médias qui en traitent. ce que moi je peux faire dans le podcast, tout de suite, il y a un truc qui dit Ah ben, ça me donne envie de remettre un doigt dans l'information. Alors, je ne garantis pas que tous sont redevenus des affiches de l'actuel film. Ne serait-ce que si ça redonne un peu envie ou que ça redonne un peu confiance dans les médias. C'est ce qui ressort aussi beaucoup de nos échanges, des gens qui me disent Tu sais quoi, là, tu m'as donné envie, en fait. de m'intéresser un peu plus à ce monde-là, et tu me permets de croire que tous les médias, en fait, ne sont pas soit des salvoriens, soit...
- Speaker #1
Des vendus.
- Speaker #0
Oui, exactement, ou aux mains de méchants actionnaires. Non, il y a plein de... On a la chance d'avoir quand même un paysage médiatique en France extrêmement riche et large.
- Speaker #1
Justement, en tant qu'experte, est-ce qu'il y a eu une évolution depuis une dizaine d'années ? Parce que c'est vrai que les médias, maintenant, avec le... L'influence, c'est le cas de le dire, des réseaux sociaux, du web, où la plupart des médias deviennent aussi des webzines. Et justement, dans tes publications, j'ai retenu une étude de l'Institut de journalisme d'Oxford qui date de 2013, une dizaine d'années. et qui montrait que plus de 80% des articles ou des informations, donc il y a 10 ans, sur le changement climatique, adoptaient l'angle de la catastrophe. Est-ce que 10 ans après, finalement, on n'en est toujours pas au même stade ? D'où aussi la volonté de personnes comme toi de mettre le paquet, de dire... un autre journalisme qui existe et c'est ce pourquoi j'imagine que toi tu as changé un petit peu de paradigme de manière de voir et de dire les choses voilà 2015 le co vide quand il nous a dit et que tu allais vers ce journalisme de solutions est ce que est ce qu'on est toujours sur cette sur ce rapport 80% des du traitement de l'information et alors il ya deux
- Speaker #0
nouvelles études qui nous permettent de chiffrer mais effectivement ça sera intéressant à aller voir de plus près moi je crois qu'il ya quand même un Je ne dis pas que tout a changé. Néanmoins, en 10 ans, et sur le traitement des enjeux écologiques, il y a un meilleur traitement qualitatif, quantitatif, énormément. En 10 ans, le nombre d'articles dans la presse écrite a été multiplié par 7. Donc, ça permet d'avoir un peu un ratio. Ce n'est pas encore suffisant.
- Speaker #1
C'est un sujet, j'allais dire, entre guillemets, vendeur.
- Speaker #0
Ah, vendeur, je sais, ça dépend comment, je ne suis pas sûre que le rapport du GIEC soit extrêmement vendeur. Regardons par exemple l'arrivée, c'était en quelle année ? En 2021 de Lionel Messi au PSG qui a complètement éclipsé le rapport du GIEC qui est sorti au même moment. Bon, on peut se dire que Lionel... A priori, le dérèglement climatique est un peu plus important que Lionel Messi. Non, des plaies aux amateurs et aux amateurs de foot qui nous écoutent. Mais voilà, il y a un rééquilibrage à avoir. Moi, je crois qu'il y a quand même une évolution. Il y a plein de rédactions qui se sont formées ces deux dernières années aux enjeux écologiques, au traitement de ces enjeux. via le journalisme de solution. C'est le cas à France Télévisions qui a un grand plan de formation.
- Speaker #1
On peut quand même rester optimiste sur le fait que les médias prennent en considération le rôle qu'ils ont à jouer.
- Speaker #0
Oui, il y a eu vraiment ce tournant à l'été 2022 avec toutes les canicules, les sécheresses, les incendies où il y a eu un peu plus de conscience. Par contre, ma petite source d'inquiétude, c'est que là, j'ai l'impression quand même depuis quelques mois que c'est un peu plus Qu'on assiste à un peu une redescente. On a vu certains médias disparaître, ou certains magazines. Je pense à Now You de France Télévisions, qui a été supprimé, alors que pourtant ça fonctionnait plutôt bien. Donc voilà, il y a un petit point de vigilance selon moi.
- Speaker #1
Après, j'entends bien qu'il y a un point de vigilance parce que rien n'est établi.
- Speaker #0
Non.
- Speaker #1
Ça peut changer, en bien ou en moins bien. Et c'est intéressant, parce que tu parlais du GIEC de 2022, et justement dans tes publications, je me suis renseigné, tu extrais une phrase qui est issue justement d'un rapport du GIEC de 2022 et qui montre, alors je vais la lire, Les médias traditionnels encadrent et transmettent les informations sur le changement climatique Ils ont un rôle crucial dans la perception qu'en a le public, sa compréhension et sa volonté d'agir. Donc c'est assez clair finalement, ça veut dire que le GIEC exprime que pour... Pour les scientifiques, le GIEG est un groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, pour ceux qui auraient raté l'info. Cette phrase veut dire que pour les scientifiques, les médias ont un impact significatif dans la prise de conscience écologique et la légitimation des actions qui peuvent être engagées pour aller à l'encontre.
- Speaker #0
Complètement.
- Speaker #1
Tout ne repose pas sur les médias, mais ils ont quand même un rôle.
- Speaker #0
complètement. Et on ne parle pas de quatrième pouvoir des médias pour rien. Et en fait, le pouvoir des médias, si je puis dire, c'est aussi de pouvoir mettre un certain nombre de sujets à l'agenda médiatique et de fait politique. Enfin, ça, c'est quand même une réalité qu'il ne faut pas nier.
- Speaker #1
Parce qu'un média, un journaliste, tu peux en avoir aussi l'expérience ou un retour d'expérience. Est-ce que tu as senti aussi dans ta carrière journaliste que tu avais une certaine influence, quelque part ? De part en rôle ?
- Speaker #0
Oui, enfin...
- Speaker #1
Il peut y avoir à quoi on...
- Speaker #0
Oui, en fait...
- Speaker #1
Cette influence, quoi.
- Speaker #0
C'est ça. Et puis, de responsabilité, en fait. Est-ce que je viens surajouter... Enfin, l'exemple que je raconte très souvent, qui n'est pas en lien pleinement avec l'écologie, mais j'ai couvert... C'est moi qui étais à la matinale. le lendemain qui présentait les journaux d'information, le lendemain des attentats du 13 novembre 2015. En fait, qu'est-ce qu'on fait ? Est-ce qu'on rajoute de l'horreur à l'horreur ? Est-ce qu'on génère de la peur, de l'anxiété face à quelque chose qui est déjà atroce dans le simple fait ? Ou est-ce qu'on essaie d'apporter, à défaut de réconfort, en tout cas un traitement qui vient ? pas rajouter à ce qui existe. Et en tout cas, moi, ça a toujours été ma conception des choses. J'ai eu la chance de pouvoir le faire dans la radio pour laquelle je travaillais, où on partageait vraiment cette approche-là, où il y avait déjà un peu cette pré-conscience du journalisme de solution, sans que le mot soit formalisé dessus.
- Speaker #1
C'est vrai que tu as raison de le préciser. Là, on parle du journalisme de solution. sur ces enjeux climatiques, mais le journaliste ne traite pas que de ça. Non. Il y a des journalistes spécialisés, mais c'est au milieu de plein d'informations. Donc c'est vrai que si le cadre global de l'information à un moment donné dans le pays est plutôt moureuse... Sans tomber dans le côté bisounours, comme tu disais, en venant avec des petites fleurs. C'est génial, ça existe aussi. Mais je comprends qu'on peut se poser la question, est-ce qu'on va rajouter une certaine anxiété à un climat qui n'est déjà pas très agréable ?
- Speaker #0
Et en fait, une fois de plus, il ne s'agit vraiment pas de dire que les problèmes n'existent pas. Absolument pas. Mais juste de se dire, pour ce problème, il y a des choses qui existent, il y a des choses qui sont mises en place et qui permettent de répondre à cette problématique. Et ça, c'est quand même source, à mon avis, d'apaisement pour les gens. Et c'est d'ailleurs ce qu'ils disent dans les études, dans les retours, même moi, que je peux avoir. Il y a quelque chose qui vient redonner un peu du sens et qui montre une information bien plus complète. On dit souvent que le journalisme de solution, c'est un journalisme à deux yeux. Il y a un œil pour les infos négatives et un œil pour les infos positives. Et ça permet d'avoir l'histoire dans sa globalité.
- Speaker #1
On parle aussi du rôle qu'ont sûrement aujourd'hui les réseaux sociaux. Puisque depuis une dizaine d'années, il y a quand même une influence, c'est le cas de le dire. On parle d'influenceurs qui sont de plus en plus présents, qui ont des nombres de vues, d'écoutes, de partages beaucoup plus gros qu'un média installé depuis des années. On trouve des médias ou des journalistes aussi qui ont créé leur compte influenceur entre guillemets. Est-ce que cette propagation, ce qu'on appelle l'infodémie, d'un mélange on va dire d'informations qui peuvent être à la fois exactes ou inexactes sur un sujet, un peu de l'ordre de la rumeur ou de crainte ou du complot, c'est un micmac joyeux qui disperse par contre comme un feu de poudre, ça va très vite, on voit des fois en un tweet. La France est avertie en cinq minutes, au point qu'il devient aussi difficile pour un citoyen lambda d'aller chercher de l'information. Si d'un côté, il sort un peu des médias traditionnels parce que ça le stresse et que pour lui c'est un peu fake, de l'autre, il dit je ne vais pas tomber non plus dans le complotisme, ça devient compliqué de trouver une information. Est-ce que toi tu as senti justement ce rôle, cet impact un peu du phénomène réseau sociaux ? Est-ce que tu as un constat ? Aujourd'hui, ça fait un peu la part belle, à ce qu'on appelle les influenceurs, comme vous disiez. Mais est-ce qu'ils sont vraiment journalistes pour autant ?
- Speaker #0
Il y a effectivement aujourd'hui ce qu'on appelle les influenceurs de l'information, qui donnent de l'information, mais sans être journalistes, et donc avec la démarche journalistique qui s'impose. Et effectivement, c'est une vraie difficulté. Moi, j'interviens depuis trois ans en éducation aux médias en quartier populaire. Près de 90% dans ce que je fais, c'est en quartier populaire. Et auprès des jeunes aujourd'hui, il y a une vraie difficulté d'être en capacité de reconnaître, de comprendre ce qu'est une information, ce qu'est une source, comment je la vérifie, pour beaucoup. Là encore, il y a des études qui le montrent et pour le coup, la source m'échappe. mais qui montre que les jeunes, les 18-25 ans, pour un grand nombre d'entre eux, si un influenceur le dit, c'est que c'est vrai. Et ça, c'est toute une difficulté. Mais même, soyons clairs, même pour nous, journalistes avertis aujourd'hui avec l'intelligence artificielle qui peut vous créer une vidéo avec des images plus vraies que nature. On se rappelle... Je ne sais pas, de la photo, par exemple, d'Emmanuel Macron ramassant des poubelles dans les rues de Paris. Honnêtement, à part effectivement son sixième doigt à la main, la photo, elle est tout à fait... Alors, elle n'est pas plausible, mais elle fait vrai. Oui, c'est ça. Et donc, c'est très compliqué, c'est en ça où aujourd'hui, d'aller... développer l'esprit critique des gens, mais des jeunes et moins jeunes, en atelier.
- Speaker #1
Justement,
- Speaker #0
par rapport aux gens qui disent plein de bêtises par rapport à ça et qui sont convaincus et qui me soutiennent des choses mordicus alors qu'en fait, c'est l'information qui me donne l'esprit critique.
- Speaker #1
C'est intéressant ce que tu dis, l'esprit critique. Qu'on prenne le temps de voir comment je l'analyse, etc. Ça revient un petit peu à ce qu'on disait. Tu disais qu'il faut rester vendeur, entre guillemets, mais sans tomber dans le naïf ou trop positif, le côté bisounours. Mais finalement, quand on fait du journalisme de solution... pour être lu, entendu, écouté, etc. On se pose la question justement du choix des initiatives que tu vas traiter sous la forme de solutions. Est-ce qu'il y a un travail quand même, justement, au regard des auditeurs, des tendances, pour traiter un sujet sous la langue solution plutôt qu'un autre ?
- Speaker #0
Alors moi...
- Speaker #1
En gros, tes sujets.
- Speaker #0
Déjà, dans le choix de mes sujets, pour l'instant, je me suis concentrée sur le territoire Auvergne-Rhône-Alpes. Local. Local. Donc, premier truc. Ensuite, j'investis des solutions qui sont mises en place depuis un certain temps, qui ont du recul sur ce qu'ils font. Là, par exemple, j'ai très envie de faire un reportage sur l'idée de sécurité sociale de l'alimentation, mais je peine un peu à trouver des initiatives qui sont mises en place depuis un certain temps. Il y a plein d'expérimentations qui sont actuellement menées. mais dont je ne vais pas avoir suffisamment de recul pour dire si ça fonctionne ou pas. Donc, si quelqu'un m'écoute...
- Speaker #1
Il y a des leçons, quoi.
- Speaker #0
Oui, voilà, c'est ça. Et de pouvoir expliquer, décortiquer, et pas juste dire, ah, bah tiens, c'est une bonne idée, et pour le moment, c'est de l'ordre de l'idée, mais je vais quand même en parler. Bah non, il faut quand même que ça soit mis en place. Et puis... Et puis, c'est après, ce à quoi je vais faire attention, c'est de ne pas tomber dans le techno-solutionnisme, c'est-à-dire ne pas mettre en avant des solutions technologiques qui, soi-disant, nous permettraient de répondre aux problèmes écologiques. Ça, ça peut être un écueil dans le traitement, en tout cas. des enjeux écologiques qui peut être un peu...
- Speaker #1
D'agir au niveau individuel ou local parce qu'on se dit, j'ai vu qu'ils ont inventé un truc génial qui va régler les problèmes dans 5-6 ans.
- Speaker #0
C'est ça, c'est de croire que on va pouvoir continuer à mener exactement la même vie qu'aujourd'hui parce que la technologie viendra atténuer tel ou tel problème. Pour le moment, en tout cas, c'est loin d'être le cas.
- Speaker #1
Alors justement, tu l'expliquais tout à l'heure que, selon une étude, je crois que tu montrais que les gens passent plus de temps finalement sur des infos, des articles, des actus de type problème-solution. Est-ce que toi tu as remarqué justement un changement dans la manière, ça peut être tes élèves ou ton audience au sens large, réagir à ce type de contenu ? Est-ce que tu peux dire justement qu'un récit optimiste...
- Speaker #0
positif, solutionniste, encourage une meilleure participation citoyenne au sens large, mais en tout cas une envie d'aller plus loin ou de revenir écouter ce média, cette source d'infos ?
- Speaker #1
Alors moi, je ne peux pas le quantifier encore pour l'instant, et puis ce n'est pas comme si j'avais créé un média avant qui ne parlait que des problèmes et où je m'étais mise au journalisme de solution, et donc je pourrais faire un comparatif. Donc, tu évoquais mes élèves parce que je suis aussi prof en école de journalisme. Et donc, évidemment, je leur parle assez rapidement maintenant du journalisme de solution. Et je sens que certains et certaines, ça vient susciter une curiosité en disant Ah, ça, je n'en ai jamais entendu parler. Mais oui, ça a l'air chouette parce que j'ai encore fait, j'ai eu mon premier cours avec les premières années il y a quelques jours. Et je leur ai demandé Est-ce qu'il y en a qui se sentent… dépassé par l'actualité. Vous pouvez imaginer que des journalistes, des étudiants en journalisme vont me dire Ah ben non, jamais. J'ai quand même eu la moitié de la classe qui a levé la main. Ce qui montre bien qu'en fait, y compris pour les journalistes eux-mêmes, le journalisme de solution peut être intéressant. Donc moi, à titre perso, je n'ai pas encore de retour. Par contre, il y a ce qu'on appelle aussi le journalisme d'impact. C'est ce que peut faire par exemple Mediacité, qui a une antenne à Lyon, qui est un média indépendant d'investigation, et qui mesure en fait la manière dont ces articles ont permis d'avoir une influence soit sur une politique, soit a permis de venir répondre à un problème. Et ça c'est intéressant de voir qu'en fait, des journalistes peuvent faire bouger des lignes. Et donc, leur mesure d'impact est publiée régulièrement sur leur site internet. Si certains s'intéressent à aller voir et de lire l'impact que ça a.
- Speaker #0
On revient au résultat.
- Speaker #1
Et on en revient au résultat. Et il y a des choses qui vont dans le bon sens.
- Speaker #0
C'est intéressant ce que tu disais sur tes premières années d'élèves. Nouvelle génération de journalistes, est-ce qu'on retrouve justement chez ces jeunes futurs journalistes un peu, enfin j'imagine, les tendances qu'on a pu évoquer avec le milieu de l'entreprise ou le milieu des RH, des recrutements, où on voit qu'il y a une tendance maintenant chez... plein de nouveaux diplômés à ne pas vendre leurs compétences à n'importe qui au regard justement de certaines valeurs un peu plus écologiques, etc. Est-ce qu'on pourrait imaginer cette tendance aussi qui arriverait chez les...
- Speaker #1
En tout cas, il y a aujourd'hui des exemples. Une de mes élèves que j'ai accueillie en stage il y a quelques mois, elle me disait, moi je ne ferais pas du journalisme à n'importe quel prix. Et elle m'a dit, Et si jamais ça va à l'encontre aujourd'hui de ce qu'il faut faire en matière de transition écologique et sociale, je n'irai pas et tant pis, je ne deviendrai pas journaliste. Alors, je n'en ai pas eu encore 50 dans les élèves rencontrés, mais en fait, dans ce que je vois moi auprès de mes élèves, je retrouve un peu ce qu'on peut voir dans la population de manière plus globale. Il y a ceux qui se contrefichent. Y compris moi, des élèves qui me disent Mais madame, moi je m'en fous de l'écologie. Moi, je veux être journaliste automobile, etc. Ou alors, moi j'ai envie de continuer à prendre ma voiture, etc. Donc, ça leur passe, mais au-dessus du ciboulot complètement. Et puis d'autres, pour qui ça va être quelque chose d'important. Et puis d'autres, où en fait, quand on leur explique un peu les choses, quand je leur fais faire un... magazine spécial consacré à la COP, la conférence des partis qui se déroule chaque année et que je leur fais un peu étudier ces discussions à l'échelle internationale que du coup ils s'intéressent à ce que ça veut dire réduire nos émissions de CO2 etc ça commence à faire réfléchir et en fait c'est juste parce que jusqu'à présent parce qu'ils ont pris le temps justement de... C'est ça, et que je leur permets de les accompagner sur cette thématique-là, de réfléchir. En même temps,
- Speaker #0
c'est un sacré enjeu de faire un journalisme percutant et solutionniste, puisque finalement, on revient au carcan de la société, c'est-à-dire qu'aujourd'hui, tout va vite. On prend peu de temps de s'informer, ou alors on s'informe rapidement, sans forcément, comme on disait...
- Speaker #1
Sans 40 caractères.
- Speaker #0
Voilà. On passe par la vidéo, des choses très sympas, musicaux, avec du timbre, enfin on sait comment ça marche aujourd'hui. Donc quelque part il faut réussir à capter les gens un petit moment, déjà. pour justement passer un peu sur la sensibilisation. Je vois nous, en tant qu'association, c'est pareil. Soit on a des publics déjà militants, convaincus, où ça leur fait plaisir de rencontrer d'autres personnes comme eux, comme ça ils ne se sentent pas seuls. Soit il y a ceux qui s'en foutent, on comprend bien. Et après il y a ceux qui prennent... le temps, vous dire Ah, je ne connaissais pas, c'est quoi ? On discute cinq minutes. Ah, mais oui, je ne savais pas, je ne connaissais pas le dispositif et je vais y réfléchir ou je vais m'inscrire dans un défi ou je vais me renseigner. Voilà, et déjà, là, on commence à mettre un pas et j'imagine qu'on peut faire le parallèle sur le journalisme.
- Speaker #1
Mais complètement, complètement.
- Speaker #0
C'est une question de temps, donc, de capter. On revient aussi un peu à l'art de la com'à travers le journalisme, comment capter l'attention pour que la personne s'arrête un peu et dit Ah, c'est pas comme d'habitude ?
- Speaker #1
Oui, c'est ce qu'il appelle le... l'économie de l'attention. Il y a un vrai enjeu aujourd'hui autour de ça. Et c'est en ça que les réseaux sociaux font beaucoup de mal. Pareil, dans certains ateliers d'éducation aux médias en quartier populaire, il y a des jeunes qui me disent Mais là, madame, moi, je n'arrive plus à me concentrer. Je dis Ça fait un quart d'heure qu'on est dessus. On a encore à peine commencé. Et certains m'ont dit Ça m'a frappée. Vous savez, moi, Madame, je ne regarde plus de films parce qu'en fait, je suis incapable de me concentrer une heure et demie, deux heures. Déjà, le format série 40 minutes, c'est difficile.
- Speaker #0
Oui, il y a un trouble de la concentration. C'est un nom médical, entre guillemets. J'ai vu ça quelque part, je ne me rappelle plus, mais c'est un vrai phénomène.
- Speaker #1
Ça montre bien, effectivement, aujourd'hui, la difficulté. On a envie de scroller, on a envie de la petite vidéo un peu catchy qui va attirer notre attention, etc. Mais du coup, il y a une difficulté à pouvoir entrer et creuser dans les sujets. Et effectivement, et c'est un peu la grosse difficulté et le malheur, je veux dire, du dérèglement climatique, c'est que c'est un sujet qui n'est pas facile à comprendre. Et c'est d'ailleurs la difficulté qu'ont certains journalistes à traiter de ces sujets-là. Parce qu'en fait, déjà, la plupart des journalistes sont issus de formations littéraires. comme votre humble servitrice, moi et les maths et les sciences, etc., je n'ai pas ce bagage-là. Déjà, pour m'approprier le sujet de base, ça me demande un effort supplémentaire. Je ne sais pas si... Oui,
- Speaker #0
dans la ligne scientifique, où là, on parle des experts.
- Speaker #1
Je mets encore ça à côté. Mais quand on est un journaliste généraliste, il faut avoir quand même quelques notions de droit, quelques notions d'économie, quelques notions scientifiques, et ainsi de suite, et les sujets sont nombreux. Et là, vous tombez, pas de bol, sur le rapport du GIEC. On ne peut pas dire que ce soit le bouquin le plus sexy de la Terre à lire, donc qui n'est pas facile. On peut bien comprendre qu'en fait, on n'ait pas envie d'aller creuser le sujet parce que ça demanderait trop de temps.
- Speaker #0
C'est vrai, je ne sais pas si on comprend.
- Speaker #1
D'où le besoin de formation, des rédactions, des journalistes à ces sujets-là pour comprendre. la base de la base de ces questions.
- Speaker #0
Oui, donc on en revient, comme tu dis, à la base. Et puis, il n'y a pas de solution miracle, même dans les journalistes de la question. Il faut prendre du temps, il faut capter les gens, se former, s'informer, se former, mais en gardant de l'espoir quand même, j'imagine. Oui. Est-ce que toi, justement... Qu'est-ce que tu espères finalement pour l'avenir du journalisme, qui est en même temps journaliste et puis formatrice de journaliste, et en particulier de journaliste de ce moment-là, forcément ?
- Speaker #1
Moi, j'espère que les médias vont chercher à se réinventer. En fait, si dans 20 ans, 30 ans, on ne veut pas que les médias disparaissent, ou qu'on perde la pluralité et la richesse qu'on a la chance de posséder en France, C'est pas partout dans le monde, mais nous, en France, nous avons cette chance-là. Si on veut cultiver cette diversité-là, qui est aussi le signe d'une bonne santé démocratique, si la presse va bien, la démocratie va bien. C'est très souvent associé. Il est nécessaire aujourd'hui de repenser. La manière dont on va aller chercher les citoyens et les citoyennes, dont on va aller les informer, renouer un lien de confiance. Moi, ça fait partie des sujets qui me tiennent à cœur. Je le disais tout à l'heure, quand à la fin de l'atelier, on me dit tu m'as redonné un peu foi dans les journalistes Ça, c'est le plus beau compliment qu'on puisse me faire. Je me dis bon, là, OK, j'ai fait le job. Peut-être que tout le reste, ça ne va pas, mais ça, c'est déjà une vie. victoire du quotidien et qui me satisfait beaucoup. Et puis, c'est de sortir d'un traitement qui n'est pas juste, en fait, d'être que dans le sensationnaliste, que dans l'anxiogène, le catastrophisme, etc. Ce n'est pas le reflet de la réalité. Il me semble que notre monde est bien plus complexe, est bien plus riche que ça. Et je crois que c'est ça qu'il faut......
- Speaker #0
Alors justement, là tu parles d'une journaliste à des journalistes, ou futurs journalistes. Si tu devais donner un conseil à la cible des journalistes, c'est-à-dire à nous tous, l'auditeur, le citoyen lambda, justement quelqu'un qui souhaiterait agir pour l'environnement, la transition écologique au sens large, mais qui se sent parfois un peu dépassé par la complexité des enjeux. parce que justement il est peut-être trop tombé sur des articles ou des infos un peu anxiogènes, comment tu motiverais ? Est-ce que tu as des tips pour aller chercher cette information dite de solution ? Parce que ce n'est pas marqué en haut du journal. Ici, c'est du journalisme des solutions.
- Speaker #1
Pas sur tous.
- Speaker #0
Mais comment ?
- Speaker #1
Déjà, vous pouvez écouter en un battement d'ailes. Déjà, ça vous donnera du baume au cœur avec la mise en place d'initiatives.
- Speaker #0
C'était l'instant public. J'allais te le proposer.
- Speaker #1
C'est pour le petit clin d'œil même. Il y a une très chouette carte qui a été réalisée par Anne-Sophie Novelle, la journaliste dont je parlais tout à l'heure, qui s'appelle la carte très subjective du paysage médiatique français, qui recense sa vision et sa perception des médias en France. Donc, il y a de tout, y compris les médias traditionnels, etc. Mais il y a, vous verrez sur la gauche de la carte, toute une partie autour de journalisme d'adaptation, de médias autour des enjeux écologiques, etc. Déjà, vous avez une petite mine, vous verrez, il y en a plein qui peuvent déjà donner des...
- Speaker #0
On stipulera dans les commentaires. Carrément.
- Speaker #1
Je te donnerai le lien pour pouvoir mettre la carte. en lien et qui est vraiment très intéressante. Moi, je m'en sers quand justement on réfléchit à qu'est-ce que je pourrais faire un peu mieux. Et puis, je vais vous partager, moi, les petits tips que justement je donne à la fin de mon atelier Comment s'informer sans tomber dans l'éco-anxiété Moi, je conseille ceux qui vraiment ont du mal avec l'information et qui veulent renouer tout en douceur de se dire Ok, moi, je vais prendre un média d'actu chaude Donc... Je vais vous citer Le Monde, Le Figaro, Libé, le JT de France 2, par exemple. Un média qui va vous donner au quotidien l'information. Vous pouvez vous dire combien de temps vous voulez y consacrer. 5 minutes par jour, un quart d'heure par semaine. Mais d'aller regarder de l'actu chaude via un média qui va vous donner l'information de ce qui se passe en ce moment. Ensuite, je vous conseille de choisir un média de décryptage, du temps long, d'investigation, type, puisqu'on est à Lyon, Mediacité, type Le 1, type Socialterre, où on va être sur une autre temporalité et où on va pouvoir un peu creuser les sujets et rentrer à froid dans certaines thématiques. et qui sera moins justement chahuté par le brouhaha du quotidien, on va dire. Et après, moi, le troisième média que je vous conseille, c'est un média avec lequel on se fait plaisir. Vous aimez la cuisine ? Eh bien, achetez-vous votre petit magazine cuisine. Vous avez très envie de lire de manière régulière les résultats sportifs ? Eh bien, achetez-vous l'équipe. En fait, à un moment, il y a un rapport de plaisir qui se réinstalle avec l'information. Au sens un peu...
- Speaker #0
C'est important ce que tu dis, c'est prendre plaisir à s'informer.
- Speaker #1
C'est pas juste de se dire, bon, alors, pour être un bon citoyen, il faut que je m'informe. Et donc, elle a dit qu'il fallait faire ça. C'est bon, j'ai checké mes petites boîtes. C'est intéressant,
- Speaker #0
c'est prendre plaisir à chercher l'info, à s'informer, plutôt que de la subir.
- Speaker #1
C'est ça. Oui, tu as un podcast, il y en a, mais des super sur... plein de thématiques différentes. Je ne sais pas, vous avez envie d'en savoir un peu plus sur le féminisme ? Allez écouter tel ou tel podcast. Enfin, voilà, de pouvoir à un moment qu'il y ait la notion de plaisir qui re-rentre en jeu. Et avec tout ça, déjà, en choisissant une temporalité qui vous convient, sans pression. déjà, ce sera super si vous aviez l'habitude de ne plus rien faire du tout.
- Speaker #0
Merci beaucoup, Florence, parce que justement, c'était la question que j'allais te poser, un peu l'instant pub, entre guillemets. C'était des exemples, des tips d'articles, d'émissions, de podcasts, de reportages. Et cette proposition de découper ces sources d'informations, c'est ça. Sans oublier de se faire plaisir quand même. Ouais. C'est hyper important. En tout cas, c'était hyper intéressant, je trouve. Le temps passe vite. J'espère que tu apprécies également. Oui,
- Speaker #1
c'était hyper intéressant. Merci beaucoup.
- Speaker #0
Je souhaite à tout le monde de rester informé, en tout cas, en faisant la part des choses.
- Speaker #1
Et n'oubliez pas, ce qui est aussi important, ça, c'est généralement le dernier petit conseil que je donne pour ceux qui ont la possibilité d'aller soutenir aussi les médias indépendants. Il y a plein de médias aujourd'hui qui... qu'ils ne peuvent pas s'en sortir sans le soutien financier des citoyens. Aujourd'hui, on veut lutter contre la concentration des médias. On n'en a pas parlé, mais c'est encore un vaste sujet.
- Speaker #0
C'est un moyen aussi d'avoir de l'information un peu plus de qualité.
- Speaker #1
Pour tous ceux qui sont un peu méfiants à l'égard de médias qui seraient soumis à des pressions, etc., en allant soutenir des médias indépendants, c'est aussi l'accès à une information de qualité. transparente, sans actionnaire, sans mécénat, sans publicité. Et ça, l'information est impossible.
- Speaker #0
C'est important, justement, s'il y a beaucoup de gens qui se détachent, c'est parce qu'ils sont dans le côté, c'est acheté, c'est vendu, c'est politisé, ça ne m'intéresse pas.
- Speaker #1
C'est ça. Et c'est aussi redonner le pouvoir d'agir aux citoyens dans la manière de s'informer. Nous, journalistes, nous devons revoir nos pratiques journalistiques et ça, c'est indéniable et on a un vrai boulot en tant que médias à faire. Mais il y a aussi la place du citoyen dans cette boucle pour qu'elle soit aussi plus vertueuse. Tout à fait,
- Speaker #0
j'ai bien de le dire. Le journaliste, il fait des sujets, ce n'est pas pour son propre plaisir, c'est pour avoir des auditeurs, des téléspectateurs. Donc, c'est nous toutes et tous. C'est ça. Tu as bien résumé la situation. En tout cas, merci beaucoup, Florence. Merci. Retrouvez Florence dans son émission podcast en un battement d'âne, en repub. On écoute sur toutes les plateformes, j'imagine. Et pour l'instant, il est temps de conclure. En attendant, n'hésitez pas à écouter ou réécouter nos précédents épisodes de l'Instant Climat, disponibles aussi en ligne. Et on se retrouve très bientôt pour une nouvelle édition de l'Instant Climat. Au revoir, à bientôt.