- Speaker #0
musicale de Turquie les plus importantes avec une pianiste, une virtuose, une concertiste qui s'appelle...
- Speaker #1
Gülsin Onay.
- Speaker #0
Bonjour, Gülsin Onay.
- Speaker #1
Bonjour.
- Speaker #0
Et bienvenue.
- Speaker #1
Mon plaisir,
- Speaker #0
merci. On va parler de vous, on va parler de votre histoire parce que c'est une grande histoire, mais on va aussi parler de ce pourquoi vous êtes en pleine activité et très occupée en ce moment. C'est... L'histoire d'un festival qui est le festival de Gumuchluc. Gumuchluc étant un petit village de cette région de Bodrum, un petit village qui pourrait s'apparenter au petit village de la Côte d'Azur, autour de Saint-Tropez, de Ramatuelle, d'Antibes, de Valoris, etc. C'était, il y a une petite trentaine d'années, la même atmosphère, une atmosphère très semblable à celle qu'ont connue les artistes de l'époque. peintres, etc. Et aujourd'hui, ça se passe ici depuis 20 ans à peu près. Oui,
- Speaker #1
oui, absolument. C'est la 21e année cette année, donc oui.
- Speaker #0
Vous êtes à l'origine de ce festival.
- Speaker #1
C'est ça, oui, oui. C'est une histoire très, très touchante. Vous savez, Hélène Levandolo, qui est une pianiste, une personnalité magnifique et très intéressante, elle a comme père un de nos plus célèbres acteurs du théâtre, Ahmed Levandogo. Il a été marié à une Anglaise, Erin, et une de leurs quatre enfants, qui est née à Londres. Elle a vécu là-bas. Elle a étudié le piano. Elle a été au Guiltan Music School. Après, elle est venue une année visiter son père. Elle a rencontré des amis à Gemucheluk. Elle a été très... très attaché son père m'a appelé un jour disant tu sais parce que je le connaissais c'était un ami à moi ma fille est pianiste elle est ici en ce moment à et je lui ai dit qu'elle pourrait venir te voir que tu pourrais parce que son turc n'est pas très bien en ce moment elle a toujours vécu en angleterre donc ce serait formidable si tu pourrais lui donner des conseils ou juste qu'elle sache que Il y a une pianiste extraordinaire ici, donc. Bon, je dis, bien sûr, elle est venue me visiter avec une air très timide, une voix très douce, et elle m'a dit qu'elle a trouvé une petite chapelle où elle a été très émue de voir cette chapelle, donc elle voudrait bien faire un festival là-bas. Je dis, oui, c'est très bien. c'est une bonne idée je viendrai le voir et puis on va en discuter bien sûr et donc je suis allé le voir en fait vraiment ça m'a aussi beaucoup impressionné c'était très joli entre les cactus avec un air de oh c'était magnifique avec une vue sur la mer très proche de la mer mais assez haut donc et c'était une chapelle de quatre cents ans ça a été une atmosphère extraordinaire, mais toute petite. J'ai dit, oui, mais on peut faire des concerts comme ça, peut-être pour 50, 70 personnes, ce serait formidable. Quand est-ce que tu voudrais le faire ? Elle a dit, oui, il faut que je rentre à l'Angleterre dans un mois, donc si on pourrait le faire maintenant. Maintenant, j'ai dit, oui,
- Speaker #0
mais...
- Speaker #1
Évidemment, j'ai vraiment tout de suite senti sa capacité, sa vision, qu'on pourrait vraiment faire des choses formidables avec elle. Une telle richesse. Je me suis tout de suite mise à organiser. Donc j'ai appelé. Au premier lieu, j'ai dit, il faut que j'appelle Idil Biret. Elle va nous apporter de la chance.
- Speaker #0
Alors Idil Biret, il faut le dire, c'est une...
- Speaker #1
Absolument.
- Speaker #0
Une autre virtuose, une autre concertiste turque renommée, votre consoeur.
- Speaker #1
Voilà, oui, c'est ça. Donc, elle a tout de suite accepté, sans demander de questions, en disant, oui, si tu veux, si c'est toi qui désires, je ferai tout, donc je viendrai. Oh, mais j'étais complètement enthousiaste. Donc, après, j'ai appelé un ami à moi où on a fait les études ensemble à Paris, Hüseyin Sermet. J'ai dit, Hussein, tu devrais venir. Et si tu as cette date libre, il m'a dit tout de suite, oui, oui, bien sûr. Donc, après, il y avait une jeune artiste, un des Nalkalich, je l'ai appelé. Et tout ça, c'était presque en une journée. Donc, et après, j'ai appelé Bilkan, le fondateur, grande personnalité, Isando Lamadje, professeur Isando Lamadje. Et il y a une... faculté de musique à l'université de bilgad je lui ai dit professeur issam damrida en fait était aussi très proche à notre famille mon grand-père l'a connu donc je lui ai dit issam damrida oncle issam nous avons un grand projet est-ce que vous pourriez nous envoyer un piano à queue parce qu'on veut faire un petit festival de piano avec cinq concerts, j'ai joué aussi et puis le professeur de Ellen a joué aussi, donc cinq récits, et il a dit, oui, oui, bien sûr, quand est-ce que tu en as besoin ? Oui, dans deux semaines ou trois semaines, je vais dire le plus. Ah oui, ok, il n'y a pas de problème. Incroyable, c'était comme si tout ça s'arrangeait et comme tombait du ciel, nous avons commencé et évidemment, Quand on a annoncé le programme, tout le monde était en choc en disant mais c'est extraordinaire ! Tous ces noms ici, dans notre petit GUMUSHLUG évidemment, c'était vraiment un grand succès. C'était complètement rempli d'audience, c'était un délire, disons, c'était extraordinaire.
- Speaker #0
Alors il faut dire que tout l'ensemble est... est extraordinaire parce qu'amener à cette époque, en 2001-2003, quelque chose comme ça, un piano à queue à Gumuchluc, c'était encore très difficile. Comme vous dites, venu du ciel, il aurait presque fallu l'amener par hélicoptère parce que les routes sont compliquées. C'est comme un miracle.
- Speaker #1
Donc ça s'est réalisé et c'était un miracle. Donc... Et ce début était un grand début. Et chaque année, on a ajouté d'autres instruments, d'autres concerts. Et toujours, Hélène a toujours trouvé comment on va arranger, comment on va faire, et qui il faudrait rapprocher pour demander pour le sponsor, etc. Et moi, je trouvais des artistes que je connaissais, qui étaient mes collègues et donc mes amis. et qui ont toujours été très gentils et acceptés de jouer à des cachets qui ne sont pas...
- Speaker #0
On imagine, on imagine. Mais bon, c'est quand même un bonheur.
- Speaker #1
Absolument. Et quand ils sont venus et ils ont joué, ils sont tous tombés heureux. C'était extraordinaire.
- Speaker #0
Il faut préciser que Gümüşlik, si mon turc est correct, signifie reflet d'argent. Quelque chose comme ça, lumière d'argent. et que c'est vrai qu'il y a des vrais reflets d'argent sur la mer au clair de lune c'est comme ça c'est un village au reflet d'argent c'est un village de pêcheurs c'est un tout petit village de pêcheurs avec des restaurants, des petits restaurants de poissons et de maisets comme on va dire un petit peu touristique mais beaucoup moins que tout le reste de la péninsule de Bodrum donc on n'en parle pas trop on parle juste du festival voilà parce qu'il y a
- Speaker #1
l'interdiction de construction donc tout est encore dans la... J'espère qu'il va rester toujours comme ça.
- Speaker #0
On espère aussi. Je ne sais pas si on peut être optimiste à ce sujet. Mais il faut dire que on parle de concert, mais que c'est pas seulement ça le festival de Gemucheluk.
- Speaker #1
C'est ça. Après, on a eu c'est toujours Elan. Toutes les idées sont venues d'Elan. Elle a dit, mais nous avons des artistes extraordinaires, est-ce qu'on ne pourrait pas faire des masterclass quand ils viennent pour les jeunes en Turquie, parce que c'est très difficile pour eux de sortir du pays pour étudier. Maintenant, c'est devenu beaucoup plus facile parce qu'il y a aussi beaucoup d'entreprises qui supportent les jeunes pour aller étudier ou même... pour des durées courtes pour aller à l'étranger. Mais là, on a eu les grands artistes qui ont accepté aussi de rester quelques jours de plus pour donner des masterclass. Donc, on a commencé le Festival Académie de Festival. Ça, c'est devenu vraiment notre but presque principal de faire l'Académie. Et on trouve aussi des bourses pour les jeunes qui le méritent. Et puis ces professeurs, ces artistes qui viennent, qui sont impressionnés par leurs talents, les invitent à leur classe. Donc on a eu vraiment énormément de succès, énormément de bonheur vraiment d'avoir aidé tant de jeunes qui sont extraordinaires.
- Speaker #0
Alors ces jeunes sont essentiellement turcs ou vous pouvez accueillir aussi des jeunes de l'étranger ? Oui,
- Speaker #1
bien sûr, bien sûr. Oui, mais on ne donne... Qu'aux Turcs, les bourses,
- Speaker #0
je veux dire. Bien sûr,
- Speaker #1
bien sûr. Mais oui, on a eu des élèves du Japon, on a eu beaucoup d'étrangers, mais en fait, plus, de plus en plus, les Turcs sont en majorité.
- Speaker #0
Des exemples d'artistes qui sont venus à la fois en concert et à la fois en atelier, des exemples de personnalités, il faut vous souvenir de qui vient, qui est venu, dites-en nous un peu plus.
- Speaker #1
Oui, bien sûr. Oui, puisqu'on parle en français maintenant tout de suite, évidemment, mes collègues français deviennent au premier rang. Mais on a eu Jean-Bernard Pommier, on a eu Jean-Marc Louis-Saudin, donc des cellistes et énormément d'artistes très importants. Il y a Eytine qui est venue plusieurs fois. qui revient cette année. De l'Italie, on a eu Francesco Libetta. Et cette année, évidemment, on a eu aussi de la Hongrie, un violoniste extraordinaire, Christophe Baratti. L'année dernière, on a eu Gabor Farka, un pianiste magnifique, merveilleux. On a eu Antal Zalai comme violoniste. On a eu beaucoup, beaucoup de célébrités qui ont été vraiment... très gentilles et modestes à accepter de venir chez nous.
- Speaker #0
C'est une grande idée, c'est un grand projet que d'organiser un festival de musique classique dans une région où les autorités politiques, celles qui peuvent intervenir pour vous aider, ne sont pas forcément très motivées pour ce type de festival. Oui,
- Speaker #1
c'est vrai. Mais en fait, ils réalisent que notre audience est vraiment intéressée et qu'il y a même des gens qui font leur... plan de vacances pour venir au festival et que il y a eu beaucoup d'articles sur la presse internationale et donc c'est une raison. Ils ont été toujours assez supportifs, mais évidemment il y a eu toujours des problèmes. Mais nous sommes un festival qui est vraiment, je pense, au monde assez rare de trouver qui n'a pas arrêté, même pas durant la période pandémie. Même pas quand il y a eu vraiment des catastrophes. En Turquie, vous savez, le tremblement de terre. Après, il y a eu des incendies. Et puis, il y a eu le coup, le jour où on avait un concert. Tout a été annulé. Nous avons continué. Donc, nous avons vraiment continué sans arrêter pendant 21 ans. Ce qui a prouvé, je pense aussi, que c'est une activité. importante aussi pour le pays. Mais nous avons toujours beaucoup, beaucoup, disons, ce n'est pas facile de lutter, je vais dire, de lutter parce qu'il y a eu des sponsors qui sont tout d'un coup disparus parce que la cour de l'Iran est tombée, donc ils ont fait faillite et nous sommes restés quasiment sur la rue. Mais il y a eu toujours des... des choses, des miracles, disons, qui nous ont sauvés. Mais la lutte continue toujours parce que nous avons maintenant quatre lieux de concert. Comment dire, il y a le Tachodja, qui est un ancien carrière antique, où il y a une atmosphère absolument magique. Il y a un bon acoustique et nous pouvons avoir jusqu'aux mille personnes.
- Speaker #0
On est loin des 50 personnes de la petite chapelle.
- Speaker #1
Voilà. Nous avons, depuis trois ans, nous avons la merveilleuse habiteuse, Akhtouj Zéphiria. C'est un petit amphithéâtre. Nous avons, là où nous faisons des masterclass, le lieu qui est directement sur la mer, à Gümüşlük. Là, il y a une construction. où nous donnons des masterclass. Aussi, des concerts des élèves à la fin des masterclass. Après, il y a aussi sur la plage, sur la côte, des journées, des concerts de jazz. Donc, nous avons quatre différents lieux pour faire le festival. Et c'est toujours bien visité. Donc, notre public nous est très fidèle.
- Speaker #0
Vous avez un public international parce que c'est aussi un lieu de vacances. vacances internationales, mais vous avez aussi des artistes internationaux. D'où sont-ils venus le plus loin ? De quel pays lointain sont-ils venus ? Aux artistes.
- Speaker #1
Oh, de toute la part du Japon, du Brésil, du Chili, de l'Afrique du Sud. On a eu Derek Ripper qui joue de la guitare magnifique. On a eu des groupes de jazz aussi.
- Speaker #0
Vous arrivez aussi à avoir des aides des ambassades, des centres culturels étrangers, notamment l'Institut français.
- Speaker #1
Absolument, oui. Nous avons aussi Caroline Stajman. qui est venu, et puis Olivier Moulin cette année, qui ont été supportés par l'Institut français.
- Speaker #0
C'est la 21e année. Voilà. Donc c'est largement la majorité. La majorité aujourd'hui, c'est à 18 ans à peu près partout, donc à 21 ans on est adulte. Alors la vie va commencer mais un petit peu différemment, ça va peut-être être encore plus difficile parce que ça va être plus grand, parce que ça ne va que se développer. Ça ne peut qu'aller en avant parce que réussir ce coup parce qu'au départ, c'est un coup, une idée qui va marcher ou qui ne va pas marcher. Réussir dans ce petit village, peu connu encore à l'époque, ce que vous avez fait, c'est une performance. Et si ça dure 21 ans, c'est une réalité.
- Speaker #1
Les grains m'ont fleurie.
- Speaker #0
Absolument, absolument. Aujourd'hui, vous avez combien d'étudiants ?
- Speaker #1
Nous avons trois différentes périodes de masse classe avec le piano. On a eu violon aussi cette année. Parfois, nous avons violoncelle, clarinette, flûte, mais cette année, c'est plutôt piano et violon. Donc, à chaque fois, de 10 à 15 élèves. Donc, en tout, pendant l'été, c'est 45.
- Speaker #0
Une majorité de Turcs.
- Speaker #1
Voilà.
- Speaker #0
Alors, c'est un festival qui dure sur une longue période. Il n'y a pas des concerts tous les jours. C'est une fois, deux fois par semaine, c'est ça ? Voilà. Parfois, trois fois par semaine. Oui. Et vous allez avoir des programmations. jusqu'au mois de septembre.
- Speaker #1
Nous avons 28 artistes cette année, de 11 pays différents, des noms extraordinaires.
- Speaker #0
Gumuchelukfestival.org, vous avez tout le programme. En plus, si vous êtes en Turquie, et pas forcément à Bodrum, si vous êtes à 100 kilomètres, c'est pas compliqué de venir, vous pouvez directement prendre vos billets sur le site internet. Et puis Instagram,
- Speaker #1
Gumuchelukfestival. Et nous avons aussi Facebook et Twitter, Gumuchelukfestival. Et j'ai une émission de radio, la radio Teleté Uch, qui est la radio 3. Chaque mardi à 3 heures de l'après-midi, si vous n'êtes pas ici ou vous n'avez pas la possibilité de venir, vous pouvez écouter les enregistrements des artistes qui donnent des concerts à notre festival. Parce que pendant tout l'été, je fais les programmes pour faire connaître les artistes. du festival Gemischlück.
- Speaker #0
Donc TRT, T-R-T-3. Là aussi, on peut le trouver en ligne. Belle présentation de ce festival. Je vous remercie beaucoup, Gülsin Onay. Et puis, remercions aussi Eren Levendolu, qui est aux manettes avec vous depuis 21 ans. C'est une aventure. Mais votre vie, Gülsin Onay, c'est aussi une autre aventure. Sans cette aventure de vie, vous auriez peut-être... pas venu à Gümüşlük. Il fallait avoir, parce que vous commencez très tôt le piano.
- Speaker #1
Oui, oui, c'est vrai. Mais ma mère, d'abord, était pianiste et mon père violoniste. Donc, ils se sont rencontrés à Stuttgart, parce que mon père est allemand et il faisait ses études au conservatoire. Et ma mère est allée étudier aussi au conservatoire à Stuttgart. Donc, ils étaient musiciens, tous les deux, et ils se sont mariés, ils se sont installés à Istanbul, où je suis née. Et donc, depuis ma naissance, peut-être avant, j'étais toujours avec les mélodies de violon et piano. Donc, j'ai commencé à l'âge de trois ans et demi. Ma mère a commencé à me donner des leçons, et j'ai donné mon premier concert à l'âge de six ans. À la radio Istanbul, j'avais une famille très intéressée par les mathématiques et la musique.
- Speaker #0
Il faut dire que votre grand-père était mathématicien.
- Speaker #1
Oui, c'est ça. Il a été... oui.
- Speaker #0
Entre les mathématiques et la musique, il y a beaucoup de liens. Oui,
- Speaker #1
oui, c'est vrai. Oui, mon grand-père avait une mère qui jouait aussi du piano et sa soeur jouait du violon. Donc ça date vraiment de loin. Et mon grand-père était Professor Kerem Erim, qui a même rencontré Einstein à Berlin. Il a été un des premiers en Turquie à fonder la mathématiques moderne.
- Speaker #0
Il a enseigné à la République ou avant la République ?
- Speaker #1
À la République.
- Speaker #0
À la République. Oui,
- Speaker #1
oui. Il a été recteur de l'Université d'Istanbul. Mon oncle aussi a été un homme de science et il écoutait beaucoup. la radio et la musique et un jour il a entendu parler à la radio d'une loi l'enfant prodige et à l'époque il y avait Inilbret et Sunakhan qui ont été qui ont fait leurs études à paris Il y avait donc des nouvelles à propos de leur succès, etc., à la radio, et ça lui a tout de suite intéressé. Il a dit Ah, mais qu'est-ce que c'est cette loi ? Est-ce que Gulsine, qui est vraiment très douée, pourrait peut-être… Donc là,
- Speaker #0
on est dans les années 60. Voilà. On est dans les années 60. Et effectivement, à cette époque-là, l'éducation en Turquie était avancée. Oui, oui. Déjà très avancée. Très avancée. Il y avait des concepts très progressistes. Au niveau de l'éducation mise en place par Atatürk. Les écoles de village, les universités, etc. Donc, vous bénéficiez de cette dynamique. Absolument, oui. Et donc, on va vous repérer. Voilà, oui, c'est ça. On va vous repérer et on trouve le moyen de vous envoyer en France.
- Speaker #1
Voilà, à Paris, avec mes parents. C'était une bourse qui consistait avec les parents. Donc, je suis rentrée au conservatoire de Paris.
- Speaker #0
Et vous avez 12 ans. Oui,
- Speaker #1
c'est ça. Alors, donc, j'ai eu une vie vraiment très colorée, très intéressante et avec beaucoup de, aussi des hobbies, on peut dire, à Paris. J'ai fait aussi du théâtre pendant que je faisais le conservatoire dans un groupe amateur. Et puis, j'ai eu des leçons privées. Pour les mathématiques, pour le français,
- Speaker #0
pour la littérature. Parce qu'à l'époque, on rentrait très tôt au conservatoire. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Ce n'est plus pareil. Le système n'est plus le même. À 12 ans, vous rentrez au conservatoire, mais vous n'avez pas... Non,
- Speaker #1
14 ans, je rentre.
- Speaker #0
À 14 ans.
- Speaker #1
Et j'ai eu mon prix à l'âge de 16 ans.
- Speaker #0
D'accord. Mais l'enseignement scolaire de base, c'est que du privé. C'est que du privé.
- Speaker #1
Voilà, c'est ça.
- Speaker #0
Alors, comment vous le vivez, ça ? Vous arrivez en France à 12 ans. Oui. D'accord. Pendant deux ans, vous allez faire...
- Speaker #1
Une préparation. C'est ça. Apprendre le français. Et aussi le solfège. La musique,
- Speaker #0
en fait. Pour pouvoir...
- Speaker #1
Je suis rentrée à la classe de Pierre Cinquin, à l'âge de 14 ans, à Paris. Après, j'ai aussi eu comme professeur Jean Hubon pour la musique de chambre.
- Speaker #0
Et puis Nadia Boulanger.
- Speaker #1
Et puis Nadia Boulanger.
- Speaker #0
Comment vous le vivez tout ça ? Vous êtes une toute jeune fille. Vous travaillez beaucoup. Voilà, oui, vous travaillez beaucoup. Vous avez des copines, des copains à côté. Vous avez une vie d'enfant normale à côté où c'est vraiment concentré sur la musique, sur les gammes, à ne pas louper chaque jour.
- Speaker #1
Oui, il y avait une discipline énorme, mais qui aussi était... Très bien balancé par mon père, qui est un pédagogue aussi, je pense, de naissance. Il m'a fait beaucoup rire et beaucoup... Quand même, j'avais des heures bien planées comme ça, où je rencontrais mes copains, comme je disais, de faire du théâtre, plutôt les soirs. Et puis j'avais un professeur de français et de... littérature privée mais qui était une exception je pense dans ces professeurs dans les professeurs que j'ai vu. Il nous a tous, toute la famille enseignait le français donc et puis on faisait des tours dans la ville et où il nous racontait l'histoire de la ville de Paris, l'histoire de la France et donc Il me disait aussi des choses, comment il devrait manger. Si je suis en Angleterre, il faudrait tenir les fourchettes comme ça. Mais si je suis en France, c'est comme ça. C'était un professeur de vie. J'avais vraiment beaucoup de plaisir à travailler tout avec lui. Je ne pouvais pas attendre qu'il vienne. Il venait deux fois par semaine chez nous. Donc, il y a eu beaucoup de choses intéressantes. J'allais au concert. Au cinéma, il y avait une vie extrêmement riche. Des fois, je me souviens d'aller à la première partie d'un récital à Gavot et puis deuxième partie de concert au Théâtre des Champs-Élysées. C'était extraordinaire. J'ai énormément appris. J'ai beaucoup aimé. Je me suis vraiment bien sentie dans les années de mes études à Paris.
- Speaker #0
En plus, vous arrivez à Paris dans une période... Troublé, on va dire. Oui,
- Speaker #1
68.
- Speaker #0
68. Comment ça se passe au conservatoire ? Parce qu'en 68, les conservatoires n'est pas un lieu qui bouge. Non. C'est les universités, les conservatoires.
- Speaker #1
On a senti, mais si vous voulez, il y avait Facebook, Twitter, Instagram et les portables. Donc, on récupérait les nouvelles une semaine plus tard ou des choses comme ça. Donc on était un peu dans notre monde à nous avec la musique au conservatoire, mais quand même on a tout senti dans les rues et tout ça. Bien sûr c'était très excitant, mais c'est l'atmosphère qui est vraiment partout dans la ville qui vous impressionne.
- Speaker #0
Vous êtes vraiment rentrée dans le cœur de la France et des Français directement. Donc quand on est à Paris dans les années 70, vous êtes impliquée complètement dans la musique classique. avec d'autres étudiantes, étudiants classiques. Vous entendez ce qui se passe à côté musicalement. Qu'est-ce que vous écoutiez à Paris ? Vous étiez Sheila, Françoise Hardy, Sylvie Vartan, ou plutôt Barbara, Brel ?
- Speaker #1
Vous savez, c'est très intéressant. J'aime beaucoup quand on joue ces œuvres et que je suis comme par hasard là, dans cette chambre. Je les écoute avec plaisir.
- Speaker #0
Moi-même, je ne vais pas mettre un disque pour écouter ça. C'est très intéressant, mais je m'étais intéressée à écouter beaucoup de symphonies, des quartettes, des interprétations différentes des pianistes et des violonistes, etc. Donc, c'était plutôt 90% classique.
- Speaker #1
La musique classique.
- Speaker #0
La musique classique.
- Speaker #1
Au conservatoire, vous êtes bien accueillie par vos professeurs ?
- Speaker #0
J'étais très bien.
- Speaker #1
J'étais content d'avoir une étudiante turque parmi eux. Vous étiez la seule ? Non. Idil Biret était là aussi ?
- Speaker #0
Idil Biret et Sunakan avant moi. Il y avait Aylar Duran aussi. Varda Erman était là. Donc, avec leur succès, ils ont déjà ouvert les portes pour les étudiants turcs qui ont été bien acceptés. Ils ont bien... accueillie. J'ai eu beaucoup d'histoires qu'on m'a racontées, des anecdotes à propos d'Édile Birette et de Valdarman dans les classes de Mme Descaves, qui était perle mutaire, et Nadia Boulanger, évidemment. Nadia Boulanger a eu quelques élèves turcs, Édile Birette notamment, mais aussi Hussien Sarmet, Ali Darmach.
- Speaker #1
Vous, vous n'êtes pas passée par le conservatoire d'Ankara.
- Speaker #0
Le conservatoire, non. Non, mais j'ai travaillé avec... Adnan Sahagun et Mithat Fanman, avant d'aller à Paris, déjà j'ai été acceptée dans la loi, donc c'était une préparation et quand je suis arrivée à Paris j'étais déjà très avancée, comme dans les harmonies, contrepoints, orchestrations, compositions même. Donc aussi là j'ai eu ma médaille de solfège dans un an. Et après...
- Speaker #1
Pour en revenir à Adnan Saïgoun. Donc Adnan Saïgoun, c'est votre professeur. Oui. C'est votre professeur. En même temps, il est professeur au Conservatoire d'Ankara. Oui. Et c'est un compositeur turc qui n'est pas un compositeur très connu dans le monde. Mais vous, vous allez le faire connaître. Oui,
- Speaker #0
je veux dire, maintenant, il est plus connu qu'à l'époque où j'ai commencé à jouer ses œuvres dans le monde entier, en fait. Son premier concerto, je l'ai joué dans 18 pays différents, avec des orchestres étrangers. Et ça a toujours été un grand succès. Ils ont après, ils se sont intéressés à ses œuvres, ses symphonies, des concertos aussi pour violon ou violoncelle. Et donc, je l'ai fait un petit peu connaître. Il m'a appelé Monsieur Mon Impressario.
- Speaker #1
Quand vous arrivez au conservatoire à Paris, ils le connaissent déjà ?
- Speaker #0
Ils le connaissent parce qu'il a fait aussi ses études au conservatoire avec Vincent Dandy. Donc, il a été connu en France, oui.
- Speaker #1
Donc, vous l'avez fait connaître dans 18 pays. Mais vous, vous avez visité beaucoup plus que 18 pays.
- Speaker #0
Je vais dire, en fait, j'ai visité 82 pays maintenant. Mais en fait... Je l'ai fait connaître dans 82 pays. Quand même. Non, parce que ce que je vous avais dit avant, c'était 18 orchestres. Donc, c'est ces concertos. Mais j'ai aussi joué ces œuvres en solo. Donc, ces études, ces préludes, ces sonatines et d'autres, les esquisses. Et je l'ai enregistré aussi. Donc, j'ai toujours joué soit en programme ou bien en bis.
- Speaker #1
Les concerts dans le monde entier, 80 pays, et puis des albums. Alors ces albums, vous les avez enregistrés en Turquie, en Angleterre, ailleurs ? Oui,
- Speaker #0
je les ai enregistrés quelques-uns en Turquie, quelques-uns en Allemagne. Par exemple, l'album avec les œuvres de Bartók et Saïgun, je l'ai enregistré à Fiersen en Allemagne, dans une salle de concert. petite ville mais cette salle de concert est très connue. Furtwängler a déjà enregistré là avec l'acoustique qu'il adorait. Finalement j'ai fait plusieurs enregistrements aussi en Angleterre ou en Allemagne et aussi aux États-Unis qui sont sortis sous les labels de KORCH, SCHWANN, Aulos et LILA MUSIC.
- Speaker #1
Et puis vous avez eu des prix ?
- Speaker #0
J'ai eu le prix spécial Rabel. au concours Marguerite Lang pour mon interprétation de Ondine de Ravel. J'ai eu le troisième prix du concours de Busoni. Italie. Ferruccio Busoni. Après, j'ai eu un prix spécial au concours de Sydney, en Australie.
- Speaker #1
On a parlé de musique classique. On est dans la musique classique. En Turquie, il y a beaucoup de musique, beaucoup de types de musique. En Turquie, on entend tout. Il y a les musiques régionales, la musique folklorique, la musique arabesque, la musique pop, le rock'n'roll turc. Il y a de tout. Mais il y a aussi de la musique classique turque. qui n'a rien à voir avec la musique classique universelle. Ça veut dire quoi, la musique classique turque ?
- Speaker #0
La musique classique turque, si vous écoutez des œuvres de Saïgon, ou Louis-John Malarkin, ou bien des jeunes compositeurs maintenant, c'est très international, en fait. Il y a beaucoup de motifs turcs aussi, comme Bartok utilisait. du pays. D'ailleurs, Saïgun et Bartok, ils ont travaillé et voyagé ensemble pour ramasser des chansons folkloriques. Et puis, il y a le rite qui est aksak, qui est irrégulier. Donc, on appelle ça ici aksak ritim. Et il y a la musique classique traditionnelle, disons, turque.
- Speaker #1
D'origine ottomane.
- Speaker #0
Oui. Ça, c'est aussi très riche et très différencié. Donc là, il y a des macans, il y a des chansons, des compositions qui sont jouées par des instruments traditionnels.
- Speaker #1
Mais vous écoutez surtout et toujours de la musique classique.
- Speaker #0
Voilà.
- Speaker #1
Par exemple, en ce moment, vous écoutez qui ?
- Speaker #0
En ce moment, je m'intéresse beaucoup à Sibelius. Je ne sais pas, ça m'attire. Parce qu'il faut chaud peut-être. Je veux aller. Au pays du Nord.
- Speaker #1
Merci, Gulsine Onay, pour cet entretien. Vous jouez dans plus de 80 pays. Nous, nous serons écoutés dans une quinzaine de pays. C'est beaucoup moins. Mais peut-être que petit à petit, on ira aussi dans vos pays où nous ne sommes pas encore écoutés. Je voudrais dire, on ne dit pas bonne chance en français. On dit merde au festival de Gümüşlük. pour que ça continue, pour que ça se développe. Voilà, merci. On peut dire merci après. Si, si, on peut dire merci. Ah bon ? Je ne sais pas. Non, je crois qu'il ne faut pas. Voyez-vous. Donc, merci beaucoup pour cet entretien.
- Speaker #0
Merci beaucoup, c'est moi qui vous remercie.
- Speaker #1
Bonne continuation. Merci. Beaucoup de concerts. Merci. Et au plaisir de vous applaudir encore une prochaine fois lorsque vous serez en... communion avec votre piano, dans une sensibilité. Merci beaucoup. Au revoir.