undefined cover
undefined cover
#6.2b - La dette et le don : les cinq types de dettes toxiques cover
#6.2b - La dette et le don : les cinq types de dettes toxiques cover
La déchiffreuse

#6.2b - La dette et le don : les cinq types de dettes toxiques

#6.2b - La dette et le don : les cinq types de dettes toxiques

31min |08/05/2024
Play
undefined cover
undefined cover
#6.2b - La dette et le don : les cinq types de dettes toxiques cover
#6.2b - La dette et le don : les cinq types de dettes toxiques cover
La déchiffreuse

#6.2b - La dette et le don : les cinq types de dettes toxiques

#6.2b - La dette et le don : les cinq types de dettes toxiques

31min |08/05/2024
Play

Description

Toute dette non apurée à des conséquences néfastes.


Dans cet épisode, je te présente 5 types de dettes toxiques :

1️⃣ la dette surévaluée : elle est perçue comme tellement extraordinaire qu’elle semble impossible à rembourser avec l'exemple détaillée de Paula du film La Famille Bélier.

2️⃣ la dette sous-évaluée : le don est minimisé par le receveur refuse d'être redevable par désir d'autonomie ou une tendance à l'irresponsabilité avec l'exemple de Peggy et Don de la série Mad Men.

3️⃣ la dette niée (refoulée) : elle est enfouie dans l'inconscient en raison de sa nature douloureuse ou conflictuelle avec le cas client de Maria et le film Il reste encore demain.

4️⃣ la dette autoinfligée et la névrose de destinée : elle concerne les personnes qui ont comme une seconde nature, voir une compulsion à donner, donner et qui au final se sente lésée sans vraiment l’avouer.

5️⃣ les dettes négatives : ce sont des dettes de malheurs et de violences.


Je t'explique leur mécanique à travers des exemples et te présente des premières clés.


Abonne-toi à la newsletter 💌 https://ladechiffreuse.substack.com/ pour retrouver toutes les ressources pour prolonger le travail démarré à l'écoute de l'épisode.


Défi de l'épisode 💪 : patienter jusqu'à la troisième partie 😆


🔥 Partage-moi tes découvertes, tes interrogations et tes réflexions :

Je suis impatiente de te lire et de te répondre personnellement. 🔥


Important

  • Si tu cherches à approfondir ta quête personnelle et à prendre le temps de prendre le temps, découvre mes programmes d’accompagnement. Pour une séance découverte offerte de 30 minutes, réserve ton créneau ici.

  • N'oublie pas de t'abonner au podcast La Déchiffreuse sur ta plateforme préférée et de laisser 5 étoiles & un avis pour soutenir notre communauté.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Dans la première partie de cet épisode, je t'ai expliqué le concept de potlatch qui a permis de théoriser le cycle du don composé de trois étapes, donner, recevoir, rendre. Nous avons vu que, malgré nos préjugés moraux, si on dit qu'on donne sans compter, peut-être n'étons pas complètement honnêtes sur ses intentions, ou bien que, sous couvert de bonté, on condamne celui qui reçoit à se sentir endetté. La conséquence est la même, ce rapport déséquilibré devient toxique. Je te rappelle que le don entre personnes n'est pas quantifié et évalué de la même manière qu'un don purement financier ou bien un don social et qu'il n'est l'affaire que du donateur et du bénéficiaire. C'est d'ailleurs le fait qu'il soit non ritualisé, souvent non signifié, non ouvertement comptabilisé, qui est à l'origine des troubles conséquents. Passons maintenant à la définition détaillée des cinq types de dettes qui peuvent se révéler néfastes. Le premier cas auquel on pense, et dont vous êtes nombreux à me parler en séance de coaching, c'est le fait de se sentir immensément redevable envers une personne, souvent un parent ou son conjoint. Cette notion de dette surévaluée se manifeste chez certains adultes qui portent le poids d'une obligation plus ou moins imaginaire depuis leur enfance. Cette obligation, elle trouve racine dans les sacrifices faits par les parents, comme l'immigration, un contexte particulièrement difficile, le fait d'avoir plus ou moins miraculeusement survécu à un drame, comme c'est le cas d'ailleurs pour les génocides, les attentats, les maladies, ou, je t'en avais parlé dans le teaser, les descendants des survivants de la Shoah. Cette dette est perçue comme tellement extraordinaire qu'elle semble impossible à rembourser. Ce poids est parfois aggravé par les exigences incessantes d'apparents ou parfois aussi par ses propres fantasmes. Pour illustrer ce premier type de dette, tu te souviendras d'ailleurs des mots de Sofiane Pamard que je t'avais partagé dans le teaser introductif, donc la première partie de cette mini-série à laquelle je te renvoie si tu ne l'as pas déjà écouté. Et il y dit qu'il mène ses combats pour sa mère parce qu'il se sent redevable de tous les sacrifices qu'elle a fait pour elle. Maintenant, je voulais te présenter un autre exemple tout aussi parlant, celui de Paola, l'adolescente protagoniste du film La famille Bélier. Alors, le pitch rapide, si tu ne le connais pas, dans cette famille de quatre, ses parents, son frère et elle, Paola, elle est la seule à ne pas être sourde. Depuis son plus jeune âge, elle joue en effet un rôle crucial, celui d'interprète. Ce don de communication est donc devenu une dette implicite envers sa famille, car elle est le lien essentiel avec le monde extérieur. Voici un petit extrait. Comment s'organiser ? La ferme, le marché... Faut réfléchir à une autre solution. Je sais ce que ça représente ! Putain t'es ma meilleure amie et t'es un don ! J'arrête. Pourquoi ça ? Je fais ce que je veux, non c'est ma vie. Vous êtes sûr que c'est votre vie ? Maintenant là, tout de suite. Mes chers parents, je parle... Ça n'excute pas tout d'être sourds ! Je vous déteste ! J'aime et je parle... Rentrons dans le détail. Comment se manifeste la dette de Paola ? Sa dette envers sa famille, elle se manifeste par une obligation implicite de rester auprès d'eux pour les soutenir et les aider. Étant le pont entre ses parents et le monde des entendants, elle traduit les conversations des médecins, les fournisseurs, les clients de la famille. Elle se doit donc quelque part, inconsciemment encore une fois, de rester auprès de sa famille pour leur permettre de vivre quasi normalement. Cette loyauté envers sa famille l'empêche d'envisager un avenir qui l'éloignerait d'eux. Alors, lorsque son professeur de musique découvre son talent pour le chant et l'encourage à passer un concours pour entrer dans une école de musique prestigieuse à Paris, elle est face à un dilemme. Les parents de Paula, qui pourtant sont farouchement indépendants, dépendent malgré eux d'elle pour cette communication. Et leur attitude protectrice est parfois très possessive, même si elle part de bons sentiments, elle va renforcer chez Paola le sentiment d'obligation. Et la réaction initiale négative que vont avoir ses parents quand elle annonce son désir de partir à Paris va encore une fois accentuer ce sentiment de dette et de culpabilité. Notons toutefois que la réalité montre que ses parents ne lui imposent pas explicitement et directement ses responsabilités. C'est en grande partie sa propre perception, sa propre décision qui va donc amplifier ce sentiment de dépendance. J'aurais pu passer tout de suite à la dette suivante, mais il me semblait quand même important de te donner quelques clés. Ne t'inquiète pas, je consacrerai un épisode complet à te présenter dans le détail toutes les clés pour pouvoir apurer ces dettes. Comment va s'en sortir la famille Bélier en quelques mots ? Tout d'abord... Paola va accepter de reconnaître ses désirs personnels. Elle va donc prendre conscience de sa passion pour le chant et surtout assumer et dire sa volonté d'explorer un avenir en dehors de sa famille. Deuxième chose, elle va communiquer directement en exprimant ses rêves à ses parents et ceux-ci d'ailleurs, après réflexion, vont finir par accepter son choix. Troisième point, il va falloir que la famille Pellier accepte de redéfinir les relations familiales. Et c'est ce qu'ils vont faire en apprenant à communiquer différemment et en trouvant des alternatives pour fonctionner sans le soutien direct de Paula. Dernier point, Paula va devoir comprendre que sa dette envers sa famille ne l'empêche pas de poursuivre ses rêves et donc quelque part de se libérer de cette emprise. Encore une fois, tout est une question de lecture et d'interprétation, et petite question pour toi, ne serait-elle pas coupable de gâcher son don ? Comme on le voit avec Paula, la dette surévaluée est une charge émotionnelle et psychologique qui naît principalement de la loyauté familiale. Mais pas que. Si celle-ci n'est pas exprimée et apurée, les conséquences peuvent être dévastatrices. Elle peut conduire à des limitations personnelles, comme un individu qui va renoncer à ses aspirations pour ne pas transgresser les soi-disant attentes familiales. Elle peut aussi pousser une personne à se rendre invisible, à lisser son caractère et son apparence pour ne pas attirer l'attention, ou bien à se perdre complètement en mettant toute son énergie à combler le besoin des autres. Pas d'inquiétude encore une fois, on aura un épisode entier sur comment gérer au mieux. L'objectif de cette partie, je te le rappelle, est de poser le décor et de comprendre la mécanique. Si certaines personnes gonflent comme Paula l'ampleur du don qu'elles ont reçu, d'autres à l'inverse peuvent minimiser ou même nier entièrement le souvenir de celui-ci. Dans ce cas-là, nous parlons de dette sous-évaluée ou de dette niée. Ce sont deux types de dettes toxiques distincts, mais je vais les présenter à la suite l'une de l'autre, car elles ont de nombreux points communs. Elles diffèrent surtout en termes de conscience qu'on en a ou pas. Dans le cas de la dette dite sous-évaluée, il y a une volonté vraiment de la personne de vouloir réduire celle-ci. Alors que dans le cas de la dette niée, qu'on peut aussi appeler refoulée, on a plutôt affaire à un mécanisme inconscient. Commençons par la dette sous-évaluée. Cette minimisation peut être motivée par un refus d'être redevable envers quelqu'un, un désir d'autonomie ou même une tendance à l'irresponsabilité. Pour illustrer, prenons l'exemple de Don Draper, le personnage central de la série Man-Man. Le pitch, si tu ne connais pas la série. C'est la vie d'une agente publicitaire dans le New York des années 60. Don Draper est le directeur créatif de cette agence et il a grandi dans des conditions difficiles. Il s'est réinventé, il a changé d'identité pour fuir son passé et il a une fâcheuse tendance à minimiser constamment ce que les autres ont fait pour lui. Alors, comment se manifeste cette dette sous-évaluée ? Premier élément, la réinvention volontaire. Don Draper a échangé son identité contre celle d'un autre soldat lors de la guerre de Corée. Son nouveau nom lui permet d'accéder à une nouvelle vie, lui ouvrant des portes dans la société américaine des années 60. Deuxième élément. La minimisation du passé. Même après avoir bénéficié de l'identité et des opportunités d'un homme qu'il n'est pas, Donne refuse de reconnaître les sacrifices faits autour de lui. Notamment, Anna Draper, qui est la véritable veuve du soldat dont il a usurpé l'identité, l'accepte dans sa vie et le protège. Troisième élément, il nie les dons de ses proches. Tout au long de la série, il minimise l'importance de ses relations avec les femmes qui l'ont pourtant grandement aidée. Il accepte l'amour et la loyauté de sa femme Betty, qu'il va tromper, de sa colloque Pedi Olson, et d'autres sans jamais leur montrer de gratitude. Enfin, quatrième élément, on voit que cette dette sous-évaluée va avoir un impact aussi sur ses relations professionnelles. Il minimise également la loyauté de ses partenaires d'affaires, notamment Roger Sterling et Joan Ars. Il prend leurs contributions pour acquises sans reconnaître l'impact positif qu'ils ont eu sur sa carrière. Cet échange, où il ravaisse et minimise le travail de sa collègue Peggy, est extrêmement parlant.

  • Speaker #1

    Mais je dois quand même rester, puisqu'il faut développer une idée pourrie de Dany que vous avez engagée après lui avoir volé une autre idée pourrie parce que vous étiez sous.

  • Speaker #2

    Cherchez pas à vous défendre en m'insultant. Et pendant qu'on y est, je sais que ça vous défrise, mais il faut vous y faire. Il n'y a pas d'idée de Dany. Tout ce que vous apportez ici appartient à l'agence.

  • Speaker #1

    Dites plutôt à vous.

  • Speaker #2

    Donc vous travaillez pour moi.

  • Speaker #1

    C'est quoi, des menaces ? J'ai pas cédé à celle de Marc, je vais pas céder au vôtre.

  • Speaker #2

    Calmez-vous.

  • Speaker #0

    J'ai une idée.

  • Speaker #1

    Le crayon et le papier sont devant vous. Vous n'avez qu'à nous pondre un nouveau glocote.

  • Speaker #2

    Non, mais vous êtes malade. Vous m'avez soumis une vingtaine d'idées de base et j'en ai pris une pour développer le concept qui est devenu une publicité.

  • Speaker #1

    Vous vous rappelez alors ?

  • Speaker #2

    Évidemment, il y avait une histoire de cow-boy, félicitations.

  • Speaker #1

    Non, c'était un gamin obligé de rester assis dans un placard parce que sa mère venait de laver le sol à grand dos. Le spot repose exclusivement la...

  • Speaker #2

    Ça n'était qu'une idée.

  • Speaker #1

    Que vous avez changé juste assez pour vous l'approprier.

  • Speaker #2

    J'en ai fait une vraie publicité. On n'allait pas tourner dans un placard dans le noir, si ? C'est comme ça, il n'y a pas de générique à la fin des spots télé.

  • Speaker #1

    Mais c'est vous qui avez eu le prix !

  • Speaker #2

    C'est votre job ! Si je vous paie, c'est pour que vous me donniez des idées !

  • Speaker #1

    Je demande juste un peu de gratitude !

  • Speaker #2

    C'est ce que représente votre chèque ! Vous êtes jeune, vous aussi vous aurez des prix un jour ! Sauf que je trouve ça complètement ridicule d'avoir à peine deux ans de carrière et d'en être déjà à compter ses idées !

  • Speaker #0

    Quelques clés pour savoir comment Don va finalement gérer cette dette et essayer de s'en libérer. Tout d'abord, il va falloir qu'il prenne conscience de son ampleur et ça, ça va lui être facilité lorsqu'il va perdre ses proches et son poste à l'agence. Enfin, il va lui falloir aussi assumer sa part de responsabilité et il va le faire par exemple en rendant visite à Anne Draper et en partageant certains détails de sa vie enfin avec ses collègues. Et dernier point, il va tenter de réparer en changeant son comportement, en apprenant à dire merci et en reconnaissant au final ce que les autres ont fait pour lui. Tout ceci est plus simple, tu l'entendras bien, quand on en a conscience. Par contre, les choses se corsent quand cette dette est refoulée, c'est-à-dire qu'on n'en a plus du tout souvenir. La dette refoulée ou niée est enfouie dans la conscience en raison de sa nature douloureuse ou conflictuelle. Les individus ne sont pas conscients de ces dettes et réagissent souvent de manière défensive lorsqu'elles sont évoquées. Ce mécanisme de défense conduit à des conflits internes, du ressentiment, voire de l'agressivité. Voici un cas clinique. Alors accroche-toi parce que c'est un petit peu complexe, mais j'ai essayé de le résumer de la façon la plus courte et impactante possible. On va appeler la cliente Maria. Maria est jeune, Maria est brillante, mais elle souffre depuis quelque temps d'importantes crises d'angoisse qui risquent d'entraver sa réussite professionnelle. Elle est fille de parents immigrés portugais et elle est la seule d'une fratrie de cinq à avoir réussi une ascension sociale à force de labeur. Elle est très proche de son père qui incarne pour elle la valeur travail, par contre elle déteste sa mère qu'elle juge sans ambition. Celle-ci est restée femme au foyer, n'a jamais appris le français. Maria a honte d'elle. En creusant, Maria explique que si elle réussit professionnellement, c'est la cata au niveau du relationnel, et notamment au niveau amoureux. Elle est sans arrêt en couple avec des hommes qui l'infériorisent. Or, il y a une chose qu'elle a oublié, minimisé, c'est que son père a toujours été violent avec sa mère. Pourtant, en prenant du recul, Maria se rend compte que sa mère a été une épouse modèle, une maman dévouée, qui s'est occupée de toute la famille discrètement, avec zèle et sans jamais rien demander. En détestant sa mère, Maria nie sa dette envers elle. Elle n'en a pas du tout conscience pourtant. Par contre, le fait de se mettre systématiquement dans des situations amoureuses d'infériorisation montre en quelque sorte sa loyauté filiale. Inconsciemment, c'est ainsi qu'elle a créé un lien avec sa mère. Comme on peut le voir, l'ignorance ou le déni de ses dettes psychologiques entraînent une détresse émotionnelle et a un impact négatif. Je ne peux m'empêcher, en te racontant cet exemple, de penser également au film Il reste encore demain, qui a d'ailleurs été un véritable coup de poing pour moi et qui passe encore en salle au moment où je vous parle. C'est l'histoire d'une famille italienne de l'après-guerre. La mère reçoit une gifle du père en signe de bonjour et s'enchaîne ensuite toute une série de maltraitances et d'infériorisations. Pourtant Delia, la protagoniste du film, la mère, se plie littéralement en quatre. Elle court dans tout Rome pour subvenir au mieux à sa famille. Et tout cela sans la reconnaissance. Sa fille a conscience de cet excès de zèle et de dette quelque part surévaluée, mais au lieu d'éprouver de la compassion ou de l'empathie pour sa mère, elle va lui reprocher sa passivité. Pourtant, sans le savoir, elle suit le même chemin. Et dire qu'il n'y aura plus de femmes dans cette maison quand tu partiras. Marie, tu dois bien le choisir. Julio est le bon. T'en fais rien, dis-le-moi, toi. Toi qui as si bien choisi. T'auras plus à aller travailler. Et qui t'a dit ça ? Moi, je te le dis. Tu as moi. Mais pourquoi tu laisses te traiter comme ça ? Tu sais bien que moi, je n'y connais rien. Alors pourquoi je fais ce parallèle entre Maria et la fille d'Elia ? Tout simplement pour souligner que reconnaître la dette envers leur mère, donc envers quelqu'un auquel elles sont redevables, est crucial pour changer leur relation et dans ce cas-là leur rapport avec les hommes et améliorer son bien-être général. En valorisant les sacrifices et l'amour de leur mère, elles pourront briser le cycle des relations toxiques et établir des liens plus sains et respectueux. Cette reconnaissance est essentielle pour guérir des blessures du passé, éviter de les répéter et construire un avenir où les relations sont empreintes de respect et d'égalité. Quatrième type de dette. Alors, je vais être honnête, je l'ai inventée cette catégorie et elle peut recouper certaines dettes citées plus haut. Mais je trouvais intéressant de parler des personnes qui ont comme une seconde nature, voire une compulsion à donner, donner, donner. Et qui au final, comme elles n'ont pas de retour, se sentent lésées mais ne veulent pas vraiment l'avouer. Je sais que vous serez certainement nombreuses et nombreux à comprendre tout à fait de quoi je parle. Pour comprendre ce mécanisme, on doit parler du concept de névrose de destinée. Ce terme est ici de la psychanalyse et il n'est plus vraiment utilisé dans la pratique moderne, mais je trouve qu'il dit bien ce qu'il veut dire. Une personne qui souffre d'une névrose destinée est quelqu'un qui pense que son destin ou son avenir est prédéterminé, souvent de manière négative. C'est une personne qui se sent coincée dans un scénario de vie qu'elle considère comme inévitable, destinée à échouer, à être malheureuse ou à répéter des erreurs spécifiques et tout cela... de manière complètement indépendante de ses propres désirs ou actions. Alors, tu vas me demander quel est le lien avec le don et la dette. J'y viens. Cette névrose peut se manifester dans le comportement de donateur où il va s'opérer en fait une certaine forme de masochisme. C'est cette personne qui, même si elle aime certainement donner, a tendance à toujours trop donner et qui dit souvent Ah mais ce n'est rien, c'est pas la peine de me remercier, n'en parlons pas Alors quelles sont les raisons de cette attitude ? Généralement, on retrouve comme point commun une faible estime de soi. On est persuadé qu'on ne mérite rien, qu'on ne vaut pas grand-chose et pensant ainsi, on va de manière implicite dévaloriser les dons qu'on fait. Ces personnes qui souffrent de cette fameuse névrose de destinée, ce sont aussi des individus qui vont constamment chercher la validation externe en sacrifiant leurs propres besoins. Bien souvent, ce comportement est lié à une culpabilité refoulée et à une crainte de se montrer vulnérable. On préfère maintenir une façade de force. Ces actions sont fortement influencées par des modèles relationnels appris qui peuvent perpétuer des schémas de comportement toxiques. Quand on agit ainsi, donc de donner trop sans attendre rien en retour, qu'est-ce qui se passe vraiment ? En fait, on refuse, également inconsciemment, on s'entend, d'accepter le moindre merci, le moindre cadeau du donateur, sa juste rétribution. Et en agissant ainsi, on oblige celui qui reçoit à rester son débiteur. Et rester un débiteur est toujours fort désagréable. Et que va faire cette personne ? Comme elle ne peut pas rendre, elle aussi, elle va nier ou minimiser le don qui a été fait. Cette spirale négative, elle va s'entretenir par la réaction dénie de ceux qui reçoivent, mais également par les histoires que le donateur malheureux se raconte. Ces histoires, c'est quoi ? C'est se dire Ah, mais je suis en fait d'une grande bonté. Je suis en quelque sorte supérieur à celui qui reçoit et qui ne donne rien et qui ne sait pas dire merci. Encore une fois, tout ce que je dis, c'est inconscient. Je ne suis pas en train de critiquer ce comportement. La personne, elle va se dire qu'elle appartient par son abnégation au clan du bien. Et c'est rassurant. Et c'est ce qui va lui permettre, quelque part, en pensant qu'elle agit pour le bien, elle va entretenir ce rapport déséquilibré. Tu comprends donc maintenant pourquoi j'ai appelé ce type de dette auto-infligée. C'est pour traduire le fait qu'on se crée inconsciemment soi-même de la dette qu'on entretient en ne voulant que donner. Pour illustrer ce concept, voici un exemple. Kate est une femme qui a toujours été la personne sur qui les autres peuvent compter, celle qui donne sans compter, mais qui a du mal aussi à accepter la moindre forme de soutien ou de reconnaissance en retour. Elle donne de manière compulsive, de son temps, de son énergie, de ses ressources, à ses amis, à sa famille, à ses collègues. Elle organise des événements, offre son aide des intéressés et se surcharge de responsabilités au travail, pensant que c'est ainsi qu'elle mérite sa place. Lorsque quelqu'un lui offre de l'aide ou exprime sa gratitude, elle minimise ses gestes. Elle répond des phrases comme ce n'était rien je suis contente d'aider Elle refuse ailleurs toute forme de soutien ou d'appréciation. Elle se convainc qu'elle ne mérite pas. Pourtant, en dépit de ses efforts incessants pour aider les autres, elle se sent toujours vide et insatisfaite. Elle est hantée par un sentiment de culpabilité et de honte, persuadée qu'elle ne fait jamais assez et qu'elle ne mérite pas le bonheur ou la réussite. Quand on creuse les racines et les schémas relationnels de Kate, on se rend compte qu'elle porte une forme de dette émotionnelle qui découle d'un schéma relationnel familial où les sentiments étaient refoulés et les besoins individuels ignorés. Alors, en plus clair... Dans son enfance, les parents de Kate ont été distants. Ils étaient quelque part incapables de lui offrir le soutien et l'attention dont elle avait besoin. Cette absence d'affection et de validation a créé ce sentiment de vide affectif chez Kate et lui lui est-ce croire qu'elle doit constamment prouver sa valeur en donnant aux autres son recevoir en retour. Ainsi, elle se sent obligée de maintenir des relations déséquilibrées et elle refuse d'admettre ses propres besoins. pour éviter d'être confronté à sa propre douleur émotionnelle refoulée. Alors quelques clés rapides pour comment gérer ce type de dette. Encore une fois, la prise de conscience est clé et cette fois-ci la prise de conscience de la névrose de destinée. On doit reconnaître ces schémas de pensée autodestructeurs et en trouver la racine. Deuxième point. accepter de se rendre son propre mérite. Ça veut dire accepter qu'on reçoive des compliments, accepter le soutien des autres et surtout qu'on puisse être aimé et soutenu. Enfin, troisième clé, rechercher l'équilibre et comprendre qu'en fait, il est avantageux pour tout le monde d'être dans ce fameux cycle du don dont je t'ai parlé. Encore une fois, toutes ces antidotes feront l'objet d'un épisode complet et ultra activable. Passons au dernier type de dette. Arrivé à ce stade, on a parlé beaucoup de dettes positives et bienfaisantes. Mais il faut noter que les dettes entre personnes ne sont pas uniquement des dettes d'amour, mais elles peuvent être aussi des dettes de haine ou de violence. Et elles doivent être reconnues, elles aussi, pour pouvoir être apurées. Les personnes porteuses de dettes négatives ont le choix entre deux attitudes pour parvenir à les solder. Première alternative, elles rendent le bien. pour le mal. Et contrairement à une idée reçue, sache que c'est le choix qui est le plus souvent fait. En effet, une statistique dit qu'environ 80% des enfants maltraités deviennent des bons parents. Ils rendent le bien pour le mal. Comme tu le constates, ce don d'amour n'est pas offert au coupable, ce qui serait masochiste, mais il est donné à d'autres personnes auxquelles le donateur pourra s'identifier. Dans l'exemple que je t'ai donné, ce sont ces enfants. La deuxième alternative, tu t'imagines, c'est celle de rendre le mal pour le mal. Et pour revenir à la statistique, oui. Parmi les criminels, environ 80% ont eu une enfance terrible. Mais cela ne veut pas dire que tous les enfants qui ont eu une enfance terrible sont des criminels, ça montre simplement que les traumatismes non résolus peuvent mener à perpétuer la violence reçue. Il est important, tu le verras aussi dans ce cas-là, de noter que la rétribution ne s'adresse pas nécessairement à la personne source du mal initial. Concentrons-nous un instant sur cette dette négative. et sur le fait de la solder en rendant le mal par le mal. À ce niveau-là, on peut aussi distinguer trois manières, trois réponses différentes. La première, qui est peut-être, si ce n'est la plus évidente, la plus directe, c'est de rendre l'équivalent du don de haine à la personne en cause. Un exemple, alors, c'est un peu difficile, mais je pense que c'est important de mettre les mots sur les choses. On va pouvoir aller jusqu'à tuer la personne qui nous a fait du mal. Ces actes extrêmes surviennent souvent pour se protéger, soit ou d'autres membres de la famille. Ils ne sont généralement pas prémédités, mais émergent dans des situations de défense ou de désespoir extrêmes. On peut penser par exemple à Jacqueline Sauvage, qui a abattu son compagnon après avoir subi, elle et ses filles, de nombreux sévices. Deuxième mode, on reporte sa haine sur une personne qui incarne l'objet de notre haine. Exemple à l'appui, ça va être des individus comme Guy Georges, qui peuvent canaliser leur haine accumulée envers des victimes qui représentent symboliquement l'objet de leur ressentiment initial. Pour Guy Georges, une des explications pour les crimes en série qu'il a commis, ce sont les multiples abandons dont il a été victime. dès sa naissance et ensuite tout au long de sa vie. Le plus important, c'est celui de sa mère, qui n'a jamais voulu, malgré ses nombreuses tentatives, avoir un lien avec lui. Ce cas rappelle, je note ici, que personne ne naît psychopathe et que les contextes et les expériences de vie jouent un rôle crucial dans le développement de tels comportements. Dernière manière de rendre le mal pour le mal, retourner la haine contre soi en devenant son propre bourreau. Plutôt que de diriger la haine vers les autres, ces personnes vont se retourner contre eux-mêmes en adoptant par exemple des comportements auto-destructeurs comme la toxinomanie ou l'automutilation. À ce titre, je trouve l'exemple du protagoniste de la série qui passe sur Netflix, Baby Reindeer, mon petit reine, et qui... et à la base une pièce de théâtre qui met en scène Richard Gad, un humoriste extrêmement parlante. Le pitch de la pièce et de la série, en quelques mots, Richard Gad y joue son propre rôle et il raconte son expérience réelle avec une personne qui va le harceler pendant des mois et des mois et comment cela va affecter sa santé mentale et son bien-être. La persécution incessante de son harceleur le conduit dans une spirale infernale mais au lieu de communiquer sur sa détresse, il va internaliser ce trauma et cette internalisation va être à l'origine de comportements autodestructeurs. Pourquoi les gens réagissent ainsi ? Parce qu'au bout d'un moment, ça leur donne une explication à ce qui se passe pour elles et elles se disent qu'elles méritent quelque part ce qui leur arrive et c'est un mécanisme de défense pour reprendre un certain contrôle sur les émotions et les circonstances. Notons que Gad mentionne aussi au cours de la série un épisode encore plus traumatisant. Alors je ne vais pas te le spoiler ici si tu n'as pas vu la série, mais cet épisode il l'a refoulé et c'est lui qui viendrait expliquer son incapacité à stopper la spirale autodestructrice dans laquelle il se trouve. En résumé, il a vécu une et d'ailleurs plusieurs expériences traumatiques et au lieu d'en parler... de reconnaître le mal qu'on lui a fait, il va le retourner contre lui et se mettre dans une position d'autodestruction. Tous ces exemples montrent que pour résoudre ses dettes de malheur, encore plus que les dettes de bonheur, est essentiel pour prévenir la perpétuation du cycle de violence et pour permettre une réelle guérison. Ce qui a d'important, c'est de pouvoir expliquer comment. Pourquoi ?

  • Speaker #1

    Pourquoi est-ce que quelqu'un en arrive là ? Pourquoi un homme ou une femme en arrive là à tabasser quelqu'un, à le battre, etc. ? Et ce qui est très important, c'est de toujours se souvenir que le monstre n'existe pas.

  • Speaker #2

    Vous n'aimez pas ce mot d'ailleurs, le monstre.

  • Speaker #1

    Pas nous,

  • Speaker #2

    je crois.

  • Speaker #1

    Non, non.

  • Speaker #2

    Parce que les faits sont monstrueux, mais les hommes qui ont commis ces actes, pour vous, ne sont pas des monstres, Julien.

  • Speaker #3

    Le terme monstre, c'est un terme d'enfant. On a peur des monstres quand on est petit. Un adulte n'a pas peur d'un monstre. Donc c'est en effet un terme qui est complètement dévoyé. C'est des hommes qui ont commis des faits graves et qu'on juge pour ce qu'ils sont.

  • Speaker #4

    Vous savez, si les monstres existaient, ça serait très rassurant pour tous. Ça voudrait dire que ça ne nous concerne pas. Ce seraient des sortes de bêtes féroces qu'on éliminerait.

  • Speaker #2

    On les met à distance. Quand on dit des monstres, on dit que ça ne peut pas être nous.

  • Speaker #4

    Et moi, je crois que je vais plus loin. Non seulement ce ne sont pas des monstres, mais ce sont aussi les uns et les autres, quasiment tous, des produits de notre société.

  • Speaker #0

    Je tenais à finir cet épisode avec cet extrait, non pas pour justifier des actes horribles, mais pour te montrer l'importance de comprendre les dynamiques du don et de la dette. Pourquoi ? Parce que ça nous ramène à notre responsabilité collective et surtout à notre humanité qui est bien plus complexe qu'une pensée binaire et un moralisme d'apparat. Reconnaître et repenser notre rapport à la dette et au don est crucial pour briser les cycles de rétribution, mais aussi, nous le verrons, c'est la clé, vraiment la clé de notre monde social. et de notre humanité. C'est tout le propos de la dernière partie de cet épisode qui sort dans quelques jours. Merci de m'avoir écoutée jusqu'ici et à dimanche pour la fin et la dernière partie de ce second épisode. Au revoir.

Description

Toute dette non apurée à des conséquences néfastes.


Dans cet épisode, je te présente 5 types de dettes toxiques :

1️⃣ la dette surévaluée : elle est perçue comme tellement extraordinaire qu’elle semble impossible à rembourser avec l'exemple détaillée de Paula du film La Famille Bélier.

2️⃣ la dette sous-évaluée : le don est minimisé par le receveur refuse d'être redevable par désir d'autonomie ou une tendance à l'irresponsabilité avec l'exemple de Peggy et Don de la série Mad Men.

3️⃣ la dette niée (refoulée) : elle est enfouie dans l'inconscient en raison de sa nature douloureuse ou conflictuelle avec le cas client de Maria et le film Il reste encore demain.

4️⃣ la dette autoinfligée et la névrose de destinée : elle concerne les personnes qui ont comme une seconde nature, voir une compulsion à donner, donner et qui au final se sente lésée sans vraiment l’avouer.

5️⃣ les dettes négatives : ce sont des dettes de malheurs et de violences.


Je t'explique leur mécanique à travers des exemples et te présente des premières clés.


Abonne-toi à la newsletter 💌 https://ladechiffreuse.substack.com/ pour retrouver toutes les ressources pour prolonger le travail démarré à l'écoute de l'épisode.


Défi de l'épisode 💪 : patienter jusqu'à la troisième partie 😆


🔥 Partage-moi tes découvertes, tes interrogations et tes réflexions :

Je suis impatiente de te lire et de te répondre personnellement. 🔥


Important

  • Si tu cherches à approfondir ta quête personnelle et à prendre le temps de prendre le temps, découvre mes programmes d’accompagnement. Pour une séance découverte offerte de 30 minutes, réserve ton créneau ici.

  • N'oublie pas de t'abonner au podcast La Déchiffreuse sur ta plateforme préférée et de laisser 5 étoiles & un avis pour soutenir notre communauté.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Dans la première partie de cet épisode, je t'ai expliqué le concept de potlatch qui a permis de théoriser le cycle du don composé de trois étapes, donner, recevoir, rendre. Nous avons vu que, malgré nos préjugés moraux, si on dit qu'on donne sans compter, peut-être n'étons pas complètement honnêtes sur ses intentions, ou bien que, sous couvert de bonté, on condamne celui qui reçoit à se sentir endetté. La conséquence est la même, ce rapport déséquilibré devient toxique. Je te rappelle que le don entre personnes n'est pas quantifié et évalué de la même manière qu'un don purement financier ou bien un don social et qu'il n'est l'affaire que du donateur et du bénéficiaire. C'est d'ailleurs le fait qu'il soit non ritualisé, souvent non signifié, non ouvertement comptabilisé, qui est à l'origine des troubles conséquents. Passons maintenant à la définition détaillée des cinq types de dettes qui peuvent se révéler néfastes. Le premier cas auquel on pense, et dont vous êtes nombreux à me parler en séance de coaching, c'est le fait de se sentir immensément redevable envers une personne, souvent un parent ou son conjoint. Cette notion de dette surévaluée se manifeste chez certains adultes qui portent le poids d'une obligation plus ou moins imaginaire depuis leur enfance. Cette obligation, elle trouve racine dans les sacrifices faits par les parents, comme l'immigration, un contexte particulièrement difficile, le fait d'avoir plus ou moins miraculeusement survécu à un drame, comme c'est le cas d'ailleurs pour les génocides, les attentats, les maladies, ou, je t'en avais parlé dans le teaser, les descendants des survivants de la Shoah. Cette dette est perçue comme tellement extraordinaire qu'elle semble impossible à rembourser. Ce poids est parfois aggravé par les exigences incessantes d'apparents ou parfois aussi par ses propres fantasmes. Pour illustrer ce premier type de dette, tu te souviendras d'ailleurs des mots de Sofiane Pamard que je t'avais partagé dans le teaser introductif, donc la première partie de cette mini-série à laquelle je te renvoie si tu ne l'as pas déjà écouté. Et il y dit qu'il mène ses combats pour sa mère parce qu'il se sent redevable de tous les sacrifices qu'elle a fait pour elle. Maintenant, je voulais te présenter un autre exemple tout aussi parlant, celui de Paola, l'adolescente protagoniste du film La famille Bélier. Alors, le pitch rapide, si tu ne le connais pas, dans cette famille de quatre, ses parents, son frère et elle, Paola, elle est la seule à ne pas être sourde. Depuis son plus jeune âge, elle joue en effet un rôle crucial, celui d'interprète. Ce don de communication est donc devenu une dette implicite envers sa famille, car elle est le lien essentiel avec le monde extérieur. Voici un petit extrait. Comment s'organiser ? La ferme, le marché... Faut réfléchir à une autre solution. Je sais ce que ça représente ! Putain t'es ma meilleure amie et t'es un don ! J'arrête. Pourquoi ça ? Je fais ce que je veux, non c'est ma vie. Vous êtes sûr que c'est votre vie ? Maintenant là, tout de suite. Mes chers parents, je parle... Ça n'excute pas tout d'être sourds ! Je vous déteste ! J'aime et je parle... Rentrons dans le détail. Comment se manifeste la dette de Paola ? Sa dette envers sa famille, elle se manifeste par une obligation implicite de rester auprès d'eux pour les soutenir et les aider. Étant le pont entre ses parents et le monde des entendants, elle traduit les conversations des médecins, les fournisseurs, les clients de la famille. Elle se doit donc quelque part, inconsciemment encore une fois, de rester auprès de sa famille pour leur permettre de vivre quasi normalement. Cette loyauté envers sa famille l'empêche d'envisager un avenir qui l'éloignerait d'eux. Alors, lorsque son professeur de musique découvre son talent pour le chant et l'encourage à passer un concours pour entrer dans une école de musique prestigieuse à Paris, elle est face à un dilemme. Les parents de Paula, qui pourtant sont farouchement indépendants, dépendent malgré eux d'elle pour cette communication. Et leur attitude protectrice est parfois très possessive, même si elle part de bons sentiments, elle va renforcer chez Paola le sentiment d'obligation. Et la réaction initiale négative que vont avoir ses parents quand elle annonce son désir de partir à Paris va encore une fois accentuer ce sentiment de dette et de culpabilité. Notons toutefois que la réalité montre que ses parents ne lui imposent pas explicitement et directement ses responsabilités. C'est en grande partie sa propre perception, sa propre décision qui va donc amplifier ce sentiment de dépendance. J'aurais pu passer tout de suite à la dette suivante, mais il me semblait quand même important de te donner quelques clés. Ne t'inquiète pas, je consacrerai un épisode complet à te présenter dans le détail toutes les clés pour pouvoir apurer ces dettes. Comment va s'en sortir la famille Bélier en quelques mots ? Tout d'abord... Paola va accepter de reconnaître ses désirs personnels. Elle va donc prendre conscience de sa passion pour le chant et surtout assumer et dire sa volonté d'explorer un avenir en dehors de sa famille. Deuxième chose, elle va communiquer directement en exprimant ses rêves à ses parents et ceux-ci d'ailleurs, après réflexion, vont finir par accepter son choix. Troisième point, il va falloir que la famille Pellier accepte de redéfinir les relations familiales. Et c'est ce qu'ils vont faire en apprenant à communiquer différemment et en trouvant des alternatives pour fonctionner sans le soutien direct de Paula. Dernier point, Paula va devoir comprendre que sa dette envers sa famille ne l'empêche pas de poursuivre ses rêves et donc quelque part de se libérer de cette emprise. Encore une fois, tout est une question de lecture et d'interprétation, et petite question pour toi, ne serait-elle pas coupable de gâcher son don ? Comme on le voit avec Paula, la dette surévaluée est une charge émotionnelle et psychologique qui naît principalement de la loyauté familiale. Mais pas que. Si celle-ci n'est pas exprimée et apurée, les conséquences peuvent être dévastatrices. Elle peut conduire à des limitations personnelles, comme un individu qui va renoncer à ses aspirations pour ne pas transgresser les soi-disant attentes familiales. Elle peut aussi pousser une personne à se rendre invisible, à lisser son caractère et son apparence pour ne pas attirer l'attention, ou bien à se perdre complètement en mettant toute son énergie à combler le besoin des autres. Pas d'inquiétude encore une fois, on aura un épisode entier sur comment gérer au mieux. L'objectif de cette partie, je te le rappelle, est de poser le décor et de comprendre la mécanique. Si certaines personnes gonflent comme Paula l'ampleur du don qu'elles ont reçu, d'autres à l'inverse peuvent minimiser ou même nier entièrement le souvenir de celui-ci. Dans ce cas-là, nous parlons de dette sous-évaluée ou de dette niée. Ce sont deux types de dettes toxiques distincts, mais je vais les présenter à la suite l'une de l'autre, car elles ont de nombreux points communs. Elles diffèrent surtout en termes de conscience qu'on en a ou pas. Dans le cas de la dette dite sous-évaluée, il y a une volonté vraiment de la personne de vouloir réduire celle-ci. Alors que dans le cas de la dette niée, qu'on peut aussi appeler refoulée, on a plutôt affaire à un mécanisme inconscient. Commençons par la dette sous-évaluée. Cette minimisation peut être motivée par un refus d'être redevable envers quelqu'un, un désir d'autonomie ou même une tendance à l'irresponsabilité. Pour illustrer, prenons l'exemple de Don Draper, le personnage central de la série Man-Man. Le pitch, si tu ne connais pas la série. C'est la vie d'une agente publicitaire dans le New York des années 60. Don Draper est le directeur créatif de cette agence et il a grandi dans des conditions difficiles. Il s'est réinventé, il a changé d'identité pour fuir son passé et il a une fâcheuse tendance à minimiser constamment ce que les autres ont fait pour lui. Alors, comment se manifeste cette dette sous-évaluée ? Premier élément, la réinvention volontaire. Don Draper a échangé son identité contre celle d'un autre soldat lors de la guerre de Corée. Son nouveau nom lui permet d'accéder à une nouvelle vie, lui ouvrant des portes dans la société américaine des années 60. Deuxième élément. La minimisation du passé. Même après avoir bénéficié de l'identité et des opportunités d'un homme qu'il n'est pas, Donne refuse de reconnaître les sacrifices faits autour de lui. Notamment, Anna Draper, qui est la véritable veuve du soldat dont il a usurpé l'identité, l'accepte dans sa vie et le protège. Troisième élément, il nie les dons de ses proches. Tout au long de la série, il minimise l'importance de ses relations avec les femmes qui l'ont pourtant grandement aidée. Il accepte l'amour et la loyauté de sa femme Betty, qu'il va tromper, de sa colloque Pedi Olson, et d'autres sans jamais leur montrer de gratitude. Enfin, quatrième élément, on voit que cette dette sous-évaluée va avoir un impact aussi sur ses relations professionnelles. Il minimise également la loyauté de ses partenaires d'affaires, notamment Roger Sterling et Joan Ars. Il prend leurs contributions pour acquises sans reconnaître l'impact positif qu'ils ont eu sur sa carrière. Cet échange, où il ravaisse et minimise le travail de sa collègue Peggy, est extrêmement parlant.

  • Speaker #1

    Mais je dois quand même rester, puisqu'il faut développer une idée pourrie de Dany que vous avez engagée après lui avoir volé une autre idée pourrie parce que vous étiez sous.

  • Speaker #2

    Cherchez pas à vous défendre en m'insultant. Et pendant qu'on y est, je sais que ça vous défrise, mais il faut vous y faire. Il n'y a pas d'idée de Dany. Tout ce que vous apportez ici appartient à l'agence.

  • Speaker #1

    Dites plutôt à vous.

  • Speaker #2

    Donc vous travaillez pour moi.

  • Speaker #1

    C'est quoi, des menaces ? J'ai pas cédé à celle de Marc, je vais pas céder au vôtre.

  • Speaker #2

    Calmez-vous.

  • Speaker #0

    J'ai une idée.

  • Speaker #1

    Le crayon et le papier sont devant vous. Vous n'avez qu'à nous pondre un nouveau glocote.

  • Speaker #2

    Non, mais vous êtes malade. Vous m'avez soumis une vingtaine d'idées de base et j'en ai pris une pour développer le concept qui est devenu une publicité.

  • Speaker #1

    Vous vous rappelez alors ?

  • Speaker #2

    Évidemment, il y avait une histoire de cow-boy, félicitations.

  • Speaker #1

    Non, c'était un gamin obligé de rester assis dans un placard parce que sa mère venait de laver le sol à grand dos. Le spot repose exclusivement la...

  • Speaker #2

    Ça n'était qu'une idée.

  • Speaker #1

    Que vous avez changé juste assez pour vous l'approprier.

  • Speaker #2

    J'en ai fait une vraie publicité. On n'allait pas tourner dans un placard dans le noir, si ? C'est comme ça, il n'y a pas de générique à la fin des spots télé.

  • Speaker #1

    Mais c'est vous qui avez eu le prix !

  • Speaker #2

    C'est votre job ! Si je vous paie, c'est pour que vous me donniez des idées !

  • Speaker #1

    Je demande juste un peu de gratitude !

  • Speaker #2

    C'est ce que représente votre chèque ! Vous êtes jeune, vous aussi vous aurez des prix un jour ! Sauf que je trouve ça complètement ridicule d'avoir à peine deux ans de carrière et d'en être déjà à compter ses idées !

  • Speaker #0

    Quelques clés pour savoir comment Don va finalement gérer cette dette et essayer de s'en libérer. Tout d'abord, il va falloir qu'il prenne conscience de son ampleur et ça, ça va lui être facilité lorsqu'il va perdre ses proches et son poste à l'agence. Enfin, il va lui falloir aussi assumer sa part de responsabilité et il va le faire par exemple en rendant visite à Anne Draper et en partageant certains détails de sa vie enfin avec ses collègues. Et dernier point, il va tenter de réparer en changeant son comportement, en apprenant à dire merci et en reconnaissant au final ce que les autres ont fait pour lui. Tout ceci est plus simple, tu l'entendras bien, quand on en a conscience. Par contre, les choses se corsent quand cette dette est refoulée, c'est-à-dire qu'on n'en a plus du tout souvenir. La dette refoulée ou niée est enfouie dans la conscience en raison de sa nature douloureuse ou conflictuelle. Les individus ne sont pas conscients de ces dettes et réagissent souvent de manière défensive lorsqu'elles sont évoquées. Ce mécanisme de défense conduit à des conflits internes, du ressentiment, voire de l'agressivité. Voici un cas clinique. Alors accroche-toi parce que c'est un petit peu complexe, mais j'ai essayé de le résumer de la façon la plus courte et impactante possible. On va appeler la cliente Maria. Maria est jeune, Maria est brillante, mais elle souffre depuis quelque temps d'importantes crises d'angoisse qui risquent d'entraver sa réussite professionnelle. Elle est fille de parents immigrés portugais et elle est la seule d'une fratrie de cinq à avoir réussi une ascension sociale à force de labeur. Elle est très proche de son père qui incarne pour elle la valeur travail, par contre elle déteste sa mère qu'elle juge sans ambition. Celle-ci est restée femme au foyer, n'a jamais appris le français. Maria a honte d'elle. En creusant, Maria explique que si elle réussit professionnellement, c'est la cata au niveau du relationnel, et notamment au niveau amoureux. Elle est sans arrêt en couple avec des hommes qui l'infériorisent. Or, il y a une chose qu'elle a oublié, minimisé, c'est que son père a toujours été violent avec sa mère. Pourtant, en prenant du recul, Maria se rend compte que sa mère a été une épouse modèle, une maman dévouée, qui s'est occupée de toute la famille discrètement, avec zèle et sans jamais rien demander. En détestant sa mère, Maria nie sa dette envers elle. Elle n'en a pas du tout conscience pourtant. Par contre, le fait de se mettre systématiquement dans des situations amoureuses d'infériorisation montre en quelque sorte sa loyauté filiale. Inconsciemment, c'est ainsi qu'elle a créé un lien avec sa mère. Comme on peut le voir, l'ignorance ou le déni de ses dettes psychologiques entraînent une détresse émotionnelle et a un impact négatif. Je ne peux m'empêcher, en te racontant cet exemple, de penser également au film Il reste encore demain, qui a d'ailleurs été un véritable coup de poing pour moi et qui passe encore en salle au moment où je vous parle. C'est l'histoire d'une famille italienne de l'après-guerre. La mère reçoit une gifle du père en signe de bonjour et s'enchaîne ensuite toute une série de maltraitances et d'infériorisations. Pourtant Delia, la protagoniste du film, la mère, se plie littéralement en quatre. Elle court dans tout Rome pour subvenir au mieux à sa famille. Et tout cela sans la reconnaissance. Sa fille a conscience de cet excès de zèle et de dette quelque part surévaluée, mais au lieu d'éprouver de la compassion ou de l'empathie pour sa mère, elle va lui reprocher sa passivité. Pourtant, sans le savoir, elle suit le même chemin. Et dire qu'il n'y aura plus de femmes dans cette maison quand tu partiras. Marie, tu dois bien le choisir. Julio est le bon. T'en fais rien, dis-le-moi, toi. Toi qui as si bien choisi. T'auras plus à aller travailler. Et qui t'a dit ça ? Moi, je te le dis. Tu as moi. Mais pourquoi tu laisses te traiter comme ça ? Tu sais bien que moi, je n'y connais rien. Alors pourquoi je fais ce parallèle entre Maria et la fille d'Elia ? Tout simplement pour souligner que reconnaître la dette envers leur mère, donc envers quelqu'un auquel elles sont redevables, est crucial pour changer leur relation et dans ce cas-là leur rapport avec les hommes et améliorer son bien-être général. En valorisant les sacrifices et l'amour de leur mère, elles pourront briser le cycle des relations toxiques et établir des liens plus sains et respectueux. Cette reconnaissance est essentielle pour guérir des blessures du passé, éviter de les répéter et construire un avenir où les relations sont empreintes de respect et d'égalité. Quatrième type de dette. Alors, je vais être honnête, je l'ai inventée cette catégorie et elle peut recouper certaines dettes citées plus haut. Mais je trouvais intéressant de parler des personnes qui ont comme une seconde nature, voire une compulsion à donner, donner, donner. Et qui au final, comme elles n'ont pas de retour, se sentent lésées mais ne veulent pas vraiment l'avouer. Je sais que vous serez certainement nombreuses et nombreux à comprendre tout à fait de quoi je parle. Pour comprendre ce mécanisme, on doit parler du concept de névrose de destinée. Ce terme est ici de la psychanalyse et il n'est plus vraiment utilisé dans la pratique moderne, mais je trouve qu'il dit bien ce qu'il veut dire. Une personne qui souffre d'une névrose destinée est quelqu'un qui pense que son destin ou son avenir est prédéterminé, souvent de manière négative. C'est une personne qui se sent coincée dans un scénario de vie qu'elle considère comme inévitable, destinée à échouer, à être malheureuse ou à répéter des erreurs spécifiques et tout cela... de manière complètement indépendante de ses propres désirs ou actions. Alors, tu vas me demander quel est le lien avec le don et la dette. J'y viens. Cette névrose peut se manifester dans le comportement de donateur où il va s'opérer en fait une certaine forme de masochisme. C'est cette personne qui, même si elle aime certainement donner, a tendance à toujours trop donner et qui dit souvent Ah mais ce n'est rien, c'est pas la peine de me remercier, n'en parlons pas Alors quelles sont les raisons de cette attitude ? Généralement, on retrouve comme point commun une faible estime de soi. On est persuadé qu'on ne mérite rien, qu'on ne vaut pas grand-chose et pensant ainsi, on va de manière implicite dévaloriser les dons qu'on fait. Ces personnes qui souffrent de cette fameuse névrose de destinée, ce sont aussi des individus qui vont constamment chercher la validation externe en sacrifiant leurs propres besoins. Bien souvent, ce comportement est lié à une culpabilité refoulée et à une crainte de se montrer vulnérable. On préfère maintenir une façade de force. Ces actions sont fortement influencées par des modèles relationnels appris qui peuvent perpétuer des schémas de comportement toxiques. Quand on agit ainsi, donc de donner trop sans attendre rien en retour, qu'est-ce qui se passe vraiment ? En fait, on refuse, également inconsciemment, on s'entend, d'accepter le moindre merci, le moindre cadeau du donateur, sa juste rétribution. Et en agissant ainsi, on oblige celui qui reçoit à rester son débiteur. Et rester un débiteur est toujours fort désagréable. Et que va faire cette personne ? Comme elle ne peut pas rendre, elle aussi, elle va nier ou minimiser le don qui a été fait. Cette spirale négative, elle va s'entretenir par la réaction dénie de ceux qui reçoivent, mais également par les histoires que le donateur malheureux se raconte. Ces histoires, c'est quoi ? C'est se dire Ah, mais je suis en fait d'une grande bonté. Je suis en quelque sorte supérieur à celui qui reçoit et qui ne donne rien et qui ne sait pas dire merci. Encore une fois, tout ce que je dis, c'est inconscient. Je ne suis pas en train de critiquer ce comportement. La personne, elle va se dire qu'elle appartient par son abnégation au clan du bien. Et c'est rassurant. Et c'est ce qui va lui permettre, quelque part, en pensant qu'elle agit pour le bien, elle va entretenir ce rapport déséquilibré. Tu comprends donc maintenant pourquoi j'ai appelé ce type de dette auto-infligée. C'est pour traduire le fait qu'on se crée inconsciemment soi-même de la dette qu'on entretient en ne voulant que donner. Pour illustrer ce concept, voici un exemple. Kate est une femme qui a toujours été la personne sur qui les autres peuvent compter, celle qui donne sans compter, mais qui a du mal aussi à accepter la moindre forme de soutien ou de reconnaissance en retour. Elle donne de manière compulsive, de son temps, de son énergie, de ses ressources, à ses amis, à sa famille, à ses collègues. Elle organise des événements, offre son aide des intéressés et se surcharge de responsabilités au travail, pensant que c'est ainsi qu'elle mérite sa place. Lorsque quelqu'un lui offre de l'aide ou exprime sa gratitude, elle minimise ses gestes. Elle répond des phrases comme ce n'était rien je suis contente d'aider Elle refuse ailleurs toute forme de soutien ou d'appréciation. Elle se convainc qu'elle ne mérite pas. Pourtant, en dépit de ses efforts incessants pour aider les autres, elle se sent toujours vide et insatisfaite. Elle est hantée par un sentiment de culpabilité et de honte, persuadée qu'elle ne fait jamais assez et qu'elle ne mérite pas le bonheur ou la réussite. Quand on creuse les racines et les schémas relationnels de Kate, on se rend compte qu'elle porte une forme de dette émotionnelle qui découle d'un schéma relationnel familial où les sentiments étaient refoulés et les besoins individuels ignorés. Alors, en plus clair... Dans son enfance, les parents de Kate ont été distants. Ils étaient quelque part incapables de lui offrir le soutien et l'attention dont elle avait besoin. Cette absence d'affection et de validation a créé ce sentiment de vide affectif chez Kate et lui lui est-ce croire qu'elle doit constamment prouver sa valeur en donnant aux autres son recevoir en retour. Ainsi, elle se sent obligée de maintenir des relations déséquilibrées et elle refuse d'admettre ses propres besoins. pour éviter d'être confronté à sa propre douleur émotionnelle refoulée. Alors quelques clés rapides pour comment gérer ce type de dette. Encore une fois, la prise de conscience est clé et cette fois-ci la prise de conscience de la névrose de destinée. On doit reconnaître ces schémas de pensée autodestructeurs et en trouver la racine. Deuxième point. accepter de se rendre son propre mérite. Ça veut dire accepter qu'on reçoive des compliments, accepter le soutien des autres et surtout qu'on puisse être aimé et soutenu. Enfin, troisième clé, rechercher l'équilibre et comprendre qu'en fait, il est avantageux pour tout le monde d'être dans ce fameux cycle du don dont je t'ai parlé. Encore une fois, toutes ces antidotes feront l'objet d'un épisode complet et ultra activable. Passons au dernier type de dette. Arrivé à ce stade, on a parlé beaucoup de dettes positives et bienfaisantes. Mais il faut noter que les dettes entre personnes ne sont pas uniquement des dettes d'amour, mais elles peuvent être aussi des dettes de haine ou de violence. Et elles doivent être reconnues, elles aussi, pour pouvoir être apurées. Les personnes porteuses de dettes négatives ont le choix entre deux attitudes pour parvenir à les solder. Première alternative, elles rendent le bien. pour le mal. Et contrairement à une idée reçue, sache que c'est le choix qui est le plus souvent fait. En effet, une statistique dit qu'environ 80% des enfants maltraités deviennent des bons parents. Ils rendent le bien pour le mal. Comme tu le constates, ce don d'amour n'est pas offert au coupable, ce qui serait masochiste, mais il est donné à d'autres personnes auxquelles le donateur pourra s'identifier. Dans l'exemple que je t'ai donné, ce sont ces enfants. La deuxième alternative, tu t'imagines, c'est celle de rendre le mal pour le mal. Et pour revenir à la statistique, oui. Parmi les criminels, environ 80% ont eu une enfance terrible. Mais cela ne veut pas dire que tous les enfants qui ont eu une enfance terrible sont des criminels, ça montre simplement que les traumatismes non résolus peuvent mener à perpétuer la violence reçue. Il est important, tu le verras aussi dans ce cas-là, de noter que la rétribution ne s'adresse pas nécessairement à la personne source du mal initial. Concentrons-nous un instant sur cette dette négative. et sur le fait de la solder en rendant le mal par le mal. À ce niveau-là, on peut aussi distinguer trois manières, trois réponses différentes. La première, qui est peut-être, si ce n'est la plus évidente, la plus directe, c'est de rendre l'équivalent du don de haine à la personne en cause. Un exemple, alors, c'est un peu difficile, mais je pense que c'est important de mettre les mots sur les choses. On va pouvoir aller jusqu'à tuer la personne qui nous a fait du mal. Ces actes extrêmes surviennent souvent pour se protéger, soit ou d'autres membres de la famille. Ils ne sont généralement pas prémédités, mais émergent dans des situations de défense ou de désespoir extrêmes. On peut penser par exemple à Jacqueline Sauvage, qui a abattu son compagnon après avoir subi, elle et ses filles, de nombreux sévices. Deuxième mode, on reporte sa haine sur une personne qui incarne l'objet de notre haine. Exemple à l'appui, ça va être des individus comme Guy Georges, qui peuvent canaliser leur haine accumulée envers des victimes qui représentent symboliquement l'objet de leur ressentiment initial. Pour Guy Georges, une des explications pour les crimes en série qu'il a commis, ce sont les multiples abandons dont il a été victime. dès sa naissance et ensuite tout au long de sa vie. Le plus important, c'est celui de sa mère, qui n'a jamais voulu, malgré ses nombreuses tentatives, avoir un lien avec lui. Ce cas rappelle, je note ici, que personne ne naît psychopathe et que les contextes et les expériences de vie jouent un rôle crucial dans le développement de tels comportements. Dernière manière de rendre le mal pour le mal, retourner la haine contre soi en devenant son propre bourreau. Plutôt que de diriger la haine vers les autres, ces personnes vont se retourner contre eux-mêmes en adoptant par exemple des comportements auto-destructeurs comme la toxinomanie ou l'automutilation. À ce titre, je trouve l'exemple du protagoniste de la série qui passe sur Netflix, Baby Reindeer, mon petit reine, et qui... et à la base une pièce de théâtre qui met en scène Richard Gad, un humoriste extrêmement parlante. Le pitch de la pièce et de la série, en quelques mots, Richard Gad y joue son propre rôle et il raconte son expérience réelle avec une personne qui va le harceler pendant des mois et des mois et comment cela va affecter sa santé mentale et son bien-être. La persécution incessante de son harceleur le conduit dans une spirale infernale mais au lieu de communiquer sur sa détresse, il va internaliser ce trauma et cette internalisation va être à l'origine de comportements autodestructeurs. Pourquoi les gens réagissent ainsi ? Parce qu'au bout d'un moment, ça leur donne une explication à ce qui se passe pour elles et elles se disent qu'elles méritent quelque part ce qui leur arrive et c'est un mécanisme de défense pour reprendre un certain contrôle sur les émotions et les circonstances. Notons que Gad mentionne aussi au cours de la série un épisode encore plus traumatisant. Alors je ne vais pas te le spoiler ici si tu n'as pas vu la série, mais cet épisode il l'a refoulé et c'est lui qui viendrait expliquer son incapacité à stopper la spirale autodestructrice dans laquelle il se trouve. En résumé, il a vécu une et d'ailleurs plusieurs expériences traumatiques et au lieu d'en parler... de reconnaître le mal qu'on lui a fait, il va le retourner contre lui et se mettre dans une position d'autodestruction. Tous ces exemples montrent que pour résoudre ses dettes de malheur, encore plus que les dettes de bonheur, est essentiel pour prévenir la perpétuation du cycle de violence et pour permettre une réelle guérison. Ce qui a d'important, c'est de pouvoir expliquer comment. Pourquoi ?

  • Speaker #1

    Pourquoi est-ce que quelqu'un en arrive là ? Pourquoi un homme ou une femme en arrive là à tabasser quelqu'un, à le battre, etc. ? Et ce qui est très important, c'est de toujours se souvenir que le monstre n'existe pas.

  • Speaker #2

    Vous n'aimez pas ce mot d'ailleurs, le monstre.

  • Speaker #1

    Pas nous,

  • Speaker #2

    je crois.

  • Speaker #1

    Non, non.

  • Speaker #2

    Parce que les faits sont monstrueux, mais les hommes qui ont commis ces actes, pour vous, ne sont pas des monstres, Julien.

  • Speaker #3

    Le terme monstre, c'est un terme d'enfant. On a peur des monstres quand on est petit. Un adulte n'a pas peur d'un monstre. Donc c'est en effet un terme qui est complètement dévoyé. C'est des hommes qui ont commis des faits graves et qu'on juge pour ce qu'ils sont.

  • Speaker #4

    Vous savez, si les monstres existaient, ça serait très rassurant pour tous. Ça voudrait dire que ça ne nous concerne pas. Ce seraient des sortes de bêtes féroces qu'on éliminerait.

  • Speaker #2

    On les met à distance. Quand on dit des monstres, on dit que ça ne peut pas être nous.

  • Speaker #4

    Et moi, je crois que je vais plus loin. Non seulement ce ne sont pas des monstres, mais ce sont aussi les uns et les autres, quasiment tous, des produits de notre société.

  • Speaker #0

    Je tenais à finir cet épisode avec cet extrait, non pas pour justifier des actes horribles, mais pour te montrer l'importance de comprendre les dynamiques du don et de la dette. Pourquoi ? Parce que ça nous ramène à notre responsabilité collective et surtout à notre humanité qui est bien plus complexe qu'une pensée binaire et un moralisme d'apparat. Reconnaître et repenser notre rapport à la dette et au don est crucial pour briser les cycles de rétribution, mais aussi, nous le verrons, c'est la clé, vraiment la clé de notre monde social. et de notre humanité. C'est tout le propos de la dernière partie de cet épisode qui sort dans quelques jours. Merci de m'avoir écoutée jusqu'ici et à dimanche pour la fin et la dernière partie de ce second épisode. Au revoir.

Share

Embed

You may also like

Description

Toute dette non apurée à des conséquences néfastes.


Dans cet épisode, je te présente 5 types de dettes toxiques :

1️⃣ la dette surévaluée : elle est perçue comme tellement extraordinaire qu’elle semble impossible à rembourser avec l'exemple détaillée de Paula du film La Famille Bélier.

2️⃣ la dette sous-évaluée : le don est minimisé par le receveur refuse d'être redevable par désir d'autonomie ou une tendance à l'irresponsabilité avec l'exemple de Peggy et Don de la série Mad Men.

3️⃣ la dette niée (refoulée) : elle est enfouie dans l'inconscient en raison de sa nature douloureuse ou conflictuelle avec le cas client de Maria et le film Il reste encore demain.

4️⃣ la dette autoinfligée et la névrose de destinée : elle concerne les personnes qui ont comme une seconde nature, voir une compulsion à donner, donner et qui au final se sente lésée sans vraiment l’avouer.

5️⃣ les dettes négatives : ce sont des dettes de malheurs et de violences.


Je t'explique leur mécanique à travers des exemples et te présente des premières clés.


Abonne-toi à la newsletter 💌 https://ladechiffreuse.substack.com/ pour retrouver toutes les ressources pour prolonger le travail démarré à l'écoute de l'épisode.


Défi de l'épisode 💪 : patienter jusqu'à la troisième partie 😆


🔥 Partage-moi tes découvertes, tes interrogations et tes réflexions :

Je suis impatiente de te lire et de te répondre personnellement. 🔥


Important

  • Si tu cherches à approfondir ta quête personnelle et à prendre le temps de prendre le temps, découvre mes programmes d’accompagnement. Pour une séance découverte offerte de 30 minutes, réserve ton créneau ici.

  • N'oublie pas de t'abonner au podcast La Déchiffreuse sur ta plateforme préférée et de laisser 5 étoiles & un avis pour soutenir notre communauté.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Dans la première partie de cet épisode, je t'ai expliqué le concept de potlatch qui a permis de théoriser le cycle du don composé de trois étapes, donner, recevoir, rendre. Nous avons vu que, malgré nos préjugés moraux, si on dit qu'on donne sans compter, peut-être n'étons pas complètement honnêtes sur ses intentions, ou bien que, sous couvert de bonté, on condamne celui qui reçoit à se sentir endetté. La conséquence est la même, ce rapport déséquilibré devient toxique. Je te rappelle que le don entre personnes n'est pas quantifié et évalué de la même manière qu'un don purement financier ou bien un don social et qu'il n'est l'affaire que du donateur et du bénéficiaire. C'est d'ailleurs le fait qu'il soit non ritualisé, souvent non signifié, non ouvertement comptabilisé, qui est à l'origine des troubles conséquents. Passons maintenant à la définition détaillée des cinq types de dettes qui peuvent se révéler néfastes. Le premier cas auquel on pense, et dont vous êtes nombreux à me parler en séance de coaching, c'est le fait de se sentir immensément redevable envers une personne, souvent un parent ou son conjoint. Cette notion de dette surévaluée se manifeste chez certains adultes qui portent le poids d'une obligation plus ou moins imaginaire depuis leur enfance. Cette obligation, elle trouve racine dans les sacrifices faits par les parents, comme l'immigration, un contexte particulièrement difficile, le fait d'avoir plus ou moins miraculeusement survécu à un drame, comme c'est le cas d'ailleurs pour les génocides, les attentats, les maladies, ou, je t'en avais parlé dans le teaser, les descendants des survivants de la Shoah. Cette dette est perçue comme tellement extraordinaire qu'elle semble impossible à rembourser. Ce poids est parfois aggravé par les exigences incessantes d'apparents ou parfois aussi par ses propres fantasmes. Pour illustrer ce premier type de dette, tu te souviendras d'ailleurs des mots de Sofiane Pamard que je t'avais partagé dans le teaser introductif, donc la première partie de cette mini-série à laquelle je te renvoie si tu ne l'as pas déjà écouté. Et il y dit qu'il mène ses combats pour sa mère parce qu'il se sent redevable de tous les sacrifices qu'elle a fait pour elle. Maintenant, je voulais te présenter un autre exemple tout aussi parlant, celui de Paola, l'adolescente protagoniste du film La famille Bélier. Alors, le pitch rapide, si tu ne le connais pas, dans cette famille de quatre, ses parents, son frère et elle, Paola, elle est la seule à ne pas être sourde. Depuis son plus jeune âge, elle joue en effet un rôle crucial, celui d'interprète. Ce don de communication est donc devenu une dette implicite envers sa famille, car elle est le lien essentiel avec le monde extérieur. Voici un petit extrait. Comment s'organiser ? La ferme, le marché... Faut réfléchir à une autre solution. Je sais ce que ça représente ! Putain t'es ma meilleure amie et t'es un don ! J'arrête. Pourquoi ça ? Je fais ce que je veux, non c'est ma vie. Vous êtes sûr que c'est votre vie ? Maintenant là, tout de suite. Mes chers parents, je parle... Ça n'excute pas tout d'être sourds ! Je vous déteste ! J'aime et je parle... Rentrons dans le détail. Comment se manifeste la dette de Paola ? Sa dette envers sa famille, elle se manifeste par une obligation implicite de rester auprès d'eux pour les soutenir et les aider. Étant le pont entre ses parents et le monde des entendants, elle traduit les conversations des médecins, les fournisseurs, les clients de la famille. Elle se doit donc quelque part, inconsciemment encore une fois, de rester auprès de sa famille pour leur permettre de vivre quasi normalement. Cette loyauté envers sa famille l'empêche d'envisager un avenir qui l'éloignerait d'eux. Alors, lorsque son professeur de musique découvre son talent pour le chant et l'encourage à passer un concours pour entrer dans une école de musique prestigieuse à Paris, elle est face à un dilemme. Les parents de Paula, qui pourtant sont farouchement indépendants, dépendent malgré eux d'elle pour cette communication. Et leur attitude protectrice est parfois très possessive, même si elle part de bons sentiments, elle va renforcer chez Paola le sentiment d'obligation. Et la réaction initiale négative que vont avoir ses parents quand elle annonce son désir de partir à Paris va encore une fois accentuer ce sentiment de dette et de culpabilité. Notons toutefois que la réalité montre que ses parents ne lui imposent pas explicitement et directement ses responsabilités. C'est en grande partie sa propre perception, sa propre décision qui va donc amplifier ce sentiment de dépendance. J'aurais pu passer tout de suite à la dette suivante, mais il me semblait quand même important de te donner quelques clés. Ne t'inquiète pas, je consacrerai un épisode complet à te présenter dans le détail toutes les clés pour pouvoir apurer ces dettes. Comment va s'en sortir la famille Bélier en quelques mots ? Tout d'abord... Paola va accepter de reconnaître ses désirs personnels. Elle va donc prendre conscience de sa passion pour le chant et surtout assumer et dire sa volonté d'explorer un avenir en dehors de sa famille. Deuxième chose, elle va communiquer directement en exprimant ses rêves à ses parents et ceux-ci d'ailleurs, après réflexion, vont finir par accepter son choix. Troisième point, il va falloir que la famille Pellier accepte de redéfinir les relations familiales. Et c'est ce qu'ils vont faire en apprenant à communiquer différemment et en trouvant des alternatives pour fonctionner sans le soutien direct de Paula. Dernier point, Paula va devoir comprendre que sa dette envers sa famille ne l'empêche pas de poursuivre ses rêves et donc quelque part de se libérer de cette emprise. Encore une fois, tout est une question de lecture et d'interprétation, et petite question pour toi, ne serait-elle pas coupable de gâcher son don ? Comme on le voit avec Paula, la dette surévaluée est une charge émotionnelle et psychologique qui naît principalement de la loyauté familiale. Mais pas que. Si celle-ci n'est pas exprimée et apurée, les conséquences peuvent être dévastatrices. Elle peut conduire à des limitations personnelles, comme un individu qui va renoncer à ses aspirations pour ne pas transgresser les soi-disant attentes familiales. Elle peut aussi pousser une personne à se rendre invisible, à lisser son caractère et son apparence pour ne pas attirer l'attention, ou bien à se perdre complètement en mettant toute son énergie à combler le besoin des autres. Pas d'inquiétude encore une fois, on aura un épisode entier sur comment gérer au mieux. L'objectif de cette partie, je te le rappelle, est de poser le décor et de comprendre la mécanique. Si certaines personnes gonflent comme Paula l'ampleur du don qu'elles ont reçu, d'autres à l'inverse peuvent minimiser ou même nier entièrement le souvenir de celui-ci. Dans ce cas-là, nous parlons de dette sous-évaluée ou de dette niée. Ce sont deux types de dettes toxiques distincts, mais je vais les présenter à la suite l'une de l'autre, car elles ont de nombreux points communs. Elles diffèrent surtout en termes de conscience qu'on en a ou pas. Dans le cas de la dette dite sous-évaluée, il y a une volonté vraiment de la personne de vouloir réduire celle-ci. Alors que dans le cas de la dette niée, qu'on peut aussi appeler refoulée, on a plutôt affaire à un mécanisme inconscient. Commençons par la dette sous-évaluée. Cette minimisation peut être motivée par un refus d'être redevable envers quelqu'un, un désir d'autonomie ou même une tendance à l'irresponsabilité. Pour illustrer, prenons l'exemple de Don Draper, le personnage central de la série Man-Man. Le pitch, si tu ne connais pas la série. C'est la vie d'une agente publicitaire dans le New York des années 60. Don Draper est le directeur créatif de cette agence et il a grandi dans des conditions difficiles. Il s'est réinventé, il a changé d'identité pour fuir son passé et il a une fâcheuse tendance à minimiser constamment ce que les autres ont fait pour lui. Alors, comment se manifeste cette dette sous-évaluée ? Premier élément, la réinvention volontaire. Don Draper a échangé son identité contre celle d'un autre soldat lors de la guerre de Corée. Son nouveau nom lui permet d'accéder à une nouvelle vie, lui ouvrant des portes dans la société américaine des années 60. Deuxième élément. La minimisation du passé. Même après avoir bénéficié de l'identité et des opportunités d'un homme qu'il n'est pas, Donne refuse de reconnaître les sacrifices faits autour de lui. Notamment, Anna Draper, qui est la véritable veuve du soldat dont il a usurpé l'identité, l'accepte dans sa vie et le protège. Troisième élément, il nie les dons de ses proches. Tout au long de la série, il minimise l'importance de ses relations avec les femmes qui l'ont pourtant grandement aidée. Il accepte l'amour et la loyauté de sa femme Betty, qu'il va tromper, de sa colloque Pedi Olson, et d'autres sans jamais leur montrer de gratitude. Enfin, quatrième élément, on voit que cette dette sous-évaluée va avoir un impact aussi sur ses relations professionnelles. Il minimise également la loyauté de ses partenaires d'affaires, notamment Roger Sterling et Joan Ars. Il prend leurs contributions pour acquises sans reconnaître l'impact positif qu'ils ont eu sur sa carrière. Cet échange, où il ravaisse et minimise le travail de sa collègue Peggy, est extrêmement parlant.

  • Speaker #1

    Mais je dois quand même rester, puisqu'il faut développer une idée pourrie de Dany que vous avez engagée après lui avoir volé une autre idée pourrie parce que vous étiez sous.

  • Speaker #2

    Cherchez pas à vous défendre en m'insultant. Et pendant qu'on y est, je sais que ça vous défrise, mais il faut vous y faire. Il n'y a pas d'idée de Dany. Tout ce que vous apportez ici appartient à l'agence.

  • Speaker #1

    Dites plutôt à vous.

  • Speaker #2

    Donc vous travaillez pour moi.

  • Speaker #1

    C'est quoi, des menaces ? J'ai pas cédé à celle de Marc, je vais pas céder au vôtre.

  • Speaker #2

    Calmez-vous.

  • Speaker #0

    J'ai une idée.

  • Speaker #1

    Le crayon et le papier sont devant vous. Vous n'avez qu'à nous pondre un nouveau glocote.

  • Speaker #2

    Non, mais vous êtes malade. Vous m'avez soumis une vingtaine d'idées de base et j'en ai pris une pour développer le concept qui est devenu une publicité.

  • Speaker #1

    Vous vous rappelez alors ?

  • Speaker #2

    Évidemment, il y avait une histoire de cow-boy, félicitations.

  • Speaker #1

    Non, c'était un gamin obligé de rester assis dans un placard parce que sa mère venait de laver le sol à grand dos. Le spot repose exclusivement la...

  • Speaker #2

    Ça n'était qu'une idée.

  • Speaker #1

    Que vous avez changé juste assez pour vous l'approprier.

  • Speaker #2

    J'en ai fait une vraie publicité. On n'allait pas tourner dans un placard dans le noir, si ? C'est comme ça, il n'y a pas de générique à la fin des spots télé.

  • Speaker #1

    Mais c'est vous qui avez eu le prix !

  • Speaker #2

    C'est votre job ! Si je vous paie, c'est pour que vous me donniez des idées !

  • Speaker #1

    Je demande juste un peu de gratitude !

  • Speaker #2

    C'est ce que représente votre chèque ! Vous êtes jeune, vous aussi vous aurez des prix un jour ! Sauf que je trouve ça complètement ridicule d'avoir à peine deux ans de carrière et d'en être déjà à compter ses idées !

  • Speaker #0

    Quelques clés pour savoir comment Don va finalement gérer cette dette et essayer de s'en libérer. Tout d'abord, il va falloir qu'il prenne conscience de son ampleur et ça, ça va lui être facilité lorsqu'il va perdre ses proches et son poste à l'agence. Enfin, il va lui falloir aussi assumer sa part de responsabilité et il va le faire par exemple en rendant visite à Anne Draper et en partageant certains détails de sa vie enfin avec ses collègues. Et dernier point, il va tenter de réparer en changeant son comportement, en apprenant à dire merci et en reconnaissant au final ce que les autres ont fait pour lui. Tout ceci est plus simple, tu l'entendras bien, quand on en a conscience. Par contre, les choses se corsent quand cette dette est refoulée, c'est-à-dire qu'on n'en a plus du tout souvenir. La dette refoulée ou niée est enfouie dans la conscience en raison de sa nature douloureuse ou conflictuelle. Les individus ne sont pas conscients de ces dettes et réagissent souvent de manière défensive lorsqu'elles sont évoquées. Ce mécanisme de défense conduit à des conflits internes, du ressentiment, voire de l'agressivité. Voici un cas clinique. Alors accroche-toi parce que c'est un petit peu complexe, mais j'ai essayé de le résumer de la façon la plus courte et impactante possible. On va appeler la cliente Maria. Maria est jeune, Maria est brillante, mais elle souffre depuis quelque temps d'importantes crises d'angoisse qui risquent d'entraver sa réussite professionnelle. Elle est fille de parents immigrés portugais et elle est la seule d'une fratrie de cinq à avoir réussi une ascension sociale à force de labeur. Elle est très proche de son père qui incarne pour elle la valeur travail, par contre elle déteste sa mère qu'elle juge sans ambition. Celle-ci est restée femme au foyer, n'a jamais appris le français. Maria a honte d'elle. En creusant, Maria explique que si elle réussit professionnellement, c'est la cata au niveau du relationnel, et notamment au niveau amoureux. Elle est sans arrêt en couple avec des hommes qui l'infériorisent. Or, il y a une chose qu'elle a oublié, minimisé, c'est que son père a toujours été violent avec sa mère. Pourtant, en prenant du recul, Maria se rend compte que sa mère a été une épouse modèle, une maman dévouée, qui s'est occupée de toute la famille discrètement, avec zèle et sans jamais rien demander. En détestant sa mère, Maria nie sa dette envers elle. Elle n'en a pas du tout conscience pourtant. Par contre, le fait de se mettre systématiquement dans des situations amoureuses d'infériorisation montre en quelque sorte sa loyauté filiale. Inconsciemment, c'est ainsi qu'elle a créé un lien avec sa mère. Comme on peut le voir, l'ignorance ou le déni de ses dettes psychologiques entraînent une détresse émotionnelle et a un impact négatif. Je ne peux m'empêcher, en te racontant cet exemple, de penser également au film Il reste encore demain, qui a d'ailleurs été un véritable coup de poing pour moi et qui passe encore en salle au moment où je vous parle. C'est l'histoire d'une famille italienne de l'après-guerre. La mère reçoit une gifle du père en signe de bonjour et s'enchaîne ensuite toute une série de maltraitances et d'infériorisations. Pourtant Delia, la protagoniste du film, la mère, se plie littéralement en quatre. Elle court dans tout Rome pour subvenir au mieux à sa famille. Et tout cela sans la reconnaissance. Sa fille a conscience de cet excès de zèle et de dette quelque part surévaluée, mais au lieu d'éprouver de la compassion ou de l'empathie pour sa mère, elle va lui reprocher sa passivité. Pourtant, sans le savoir, elle suit le même chemin. Et dire qu'il n'y aura plus de femmes dans cette maison quand tu partiras. Marie, tu dois bien le choisir. Julio est le bon. T'en fais rien, dis-le-moi, toi. Toi qui as si bien choisi. T'auras plus à aller travailler. Et qui t'a dit ça ? Moi, je te le dis. Tu as moi. Mais pourquoi tu laisses te traiter comme ça ? Tu sais bien que moi, je n'y connais rien. Alors pourquoi je fais ce parallèle entre Maria et la fille d'Elia ? Tout simplement pour souligner que reconnaître la dette envers leur mère, donc envers quelqu'un auquel elles sont redevables, est crucial pour changer leur relation et dans ce cas-là leur rapport avec les hommes et améliorer son bien-être général. En valorisant les sacrifices et l'amour de leur mère, elles pourront briser le cycle des relations toxiques et établir des liens plus sains et respectueux. Cette reconnaissance est essentielle pour guérir des blessures du passé, éviter de les répéter et construire un avenir où les relations sont empreintes de respect et d'égalité. Quatrième type de dette. Alors, je vais être honnête, je l'ai inventée cette catégorie et elle peut recouper certaines dettes citées plus haut. Mais je trouvais intéressant de parler des personnes qui ont comme une seconde nature, voire une compulsion à donner, donner, donner. Et qui au final, comme elles n'ont pas de retour, se sentent lésées mais ne veulent pas vraiment l'avouer. Je sais que vous serez certainement nombreuses et nombreux à comprendre tout à fait de quoi je parle. Pour comprendre ce mécanisme, on doit parler du concept de névrose de destinée. Ce terme est ici de la psychanalyse et il n'est plus vraiment utilisé dans la pratique moderne, mais je trouve qu'il dit bien ce qu'il veut dire. Une personne qui souffre d'une névrose destinée est quelqu'un qui pense que son destin ou son avenir est prédéterminé, souvent de manière négative. C'est une personne qui se sent coincée dans un scénario de vie qu'elle considère comme inévitable, destinée à échouer, à être malheureuse ou à répéter des erreurs spécifiques et tout cela... de manière complètement indépendante de ses propres désirs ou actions. Alors, tu vas me demander quel est le lien avec le don et la dette. J'y viens. Cette névrose peut se manifester dans le comportement de donateur où il va s'opérer en fait une certaine forme de masochisme. C'est cette personne qui, même si elle aime certainement donner, a tendance à toujours trop donner et qui dit souvent Ah mais ce n'est rien, c'est pas la peine de me remercier, n'en parlons pas Alors quelles sont les raisons de cette attitude ? Généralement, on retrouve comme point commun une faible estime de soi. On est persuadé qu'on ne mérite rien, qu'on ne vaut pas grand-chose et pensant ainsi, on va de manière implicite dévaloriser les dons qu'on fait. Ces personnes qui souffrent de cette fameuse névrose de destinée, ce sont aussi des individus qui vont constamment chercher la validation externe en sacrifiant leurs propres besoins. Bien souvent, ce comportement est lié à une culpabilité refoulée et à une crainte de se montrer vulnérable. On préfère maintenir une façade de force. Ces actions sont fortement influencées par des modèles relationnels appris qui peuvent perpétuer des schémas de comportement toxiques. Quand on agit ainsi, donc de donner trop sans attendre rien en retour, qu'est-ce qui se passe vraiment ? En fait, on refuse, également inconsciemment, on s'entend, d'accepter le moindre merci, le moindre cadeau du donateur, sa juste rétribution. Et en agissant ainsi, on oblige celui qui reçoit à rester son débiteur. Et rester un débiteur est toujours fort désagréable. Et que va faire cette personne ? Comme elle ne peut pas rendre, elle aussi, elle va nier ou minimiser le don qui a été fait. Cette spirale négative, elle va s'entretenir par la réaction dénie de ceux qui reçoivent, mais également par les histoires que le donateur malheureux se raconte. Ces histoires, c'est quoi ? C'est se dire Ah, mais je suis en fait d'une grande bonté. Je suis en quelque sorte supérieur à celui qui reçoit et qui ne donne rien et qui ne sait pas dire merci. Encore une fois, tout ce que je dis, c'est inconscient. Je ne suis pas en train de critiquer ce comportement. La personne, elle va se dire qu'elle appartient par son abnégation au clan du bien. Et c'est rassurant. Et c'est ce qui va lui permettre, quelque part, en pensant qu'elle agit pour le bien, elle va entretenir ce rapport déséquilibré. Tu comprends donc maintenant pourquoi j'ai appelé ce type de dette auto-infligée. C'est pour traduire le fait qu'on se crée inconsciemment soi-même de la dette qu'on entretient en ne voulant que donner. Pour illustrer ce concept, voici un exemple. Kate est une femme qui a toujours été la personne sur qui les autres peuvent compter, celle qui donne sans compter, mais qui a du mal aussi à accepter la moindre forme de soutien ou de reconnaissance en retour. Elle donne de manière compulsive, de son temps, de son énergie, de ses ressources, à ses amis, à sa famille, à ses collègues. Elle organise des événements, offre son aide des intéressés et se surcharge de responsabilités au travail, pensant que c'est ainsi qu'elle mérite sa place. Lorsque quelqu'un lui offre de l'aide ou exprime sa gratitude, elle minimise ses gestes. Elle répond des phrases comme ce n'était rien je suis contente d'aider Elle refuse ailleurs toute forme de soutien ou d'appréciation. Elle se convainc qu'elle ne mérite pas. Pourtant, en dépit de ses efforts incessants pour aider les autres, elle se sent toujours vide et insatisfaite. Elle est hantée par un sentiment de culpabilité et de honte, persuadée qu'elle ne fait jamais assez et qu'elle ne mérite pas le bonheur ou la réussite. Quand on creuse les racines et les schémas relationnels de Kate, on se rend compte qu'elle porte une forme de dette émotionnelle qui découle d'un schéma relationnel familial où les sentiments étaient refoulés et les besoins individuels ignorés. Alors, en plus clair... Dans son enfance, les parents de Kate ont été distants. Ils étaient quelque part incapables de lui offrir le soutien et l'attention dont elle avait besoin. Cette absence d'affection et de validation a créé ce sentiment de vide affectif chez Kate et lui lui est-ce croire qu'elle doit constamment prouver sa valeur en donnant aux autres son recevoir en retour. Ainsi, elle se sent obligée de maintenir des relations déséquilibrées et elle refuse d'admettre ses propres besoins. pour éviter d'être confronté à sa propre douleur émotionnelle refoulée. Alors quelques clés rapides pour comment gérer ce type de dette. Encore une fois, la prise de conscience est clé et cette fois-ci la prise de conscience de la névrose de destinée. On doit reconnaître ces schémas de pensée autodestructeurs et en trouver la racine. Deuxième point. accepter de se rendre son propre mérite. Ça veut dire accepter qu'on reçoive des compliments, accepter le soutien des autres et surtout qu'on puisse être aimé et soutenu. Enfin, troisième clé, rechercher l'équilibre et comprendre qu'en fait, il est avantageux pour tout le monde d'être dans ce fameux cycle du don dont je t'ai parlé. Encore une fois, toutes ces antidotes feront l'objet d'un épisode complet et ultra activable. Passons au dernier type de dette. Arrivé à ce stade, on a parlé beaucoup de dettes positives et bienfaisantes. Mais il faut noter que les dettes entre personnes ne sont pas uniquement des dettes d'amour, mais elles peuvent être aussi des dettes de haine ou de violence. Et elles doivent être reconnues, elles aussi, pour pouvoir être apurées. Les personnes porteuses de dettes négatives ont le choix entre deux attitudes pour parvenir à les solder. Première alternative, elles rendent le bien. pour le mal. Et contrairement à une idée reçue, sache que c'est le choix qui est le plus souvent fait. En effet, une statistique dit qu'environ 80% des enfants maltraités deviennent des bons parents. Ils rendent le bien pour le mal. Comme tu le constates, ce don d'amour n'est pas offert au coupable, ce qui serait masochiste, mais il est donné à d'autres personnes auxquelles le donateur pourra s'identifier. Dans l'exemple que je t'ai donné, ce sont ces enfants. La deuxième alternative, tu t'imagines, c'est celle de rendre le mal pour le mal. Et pour revenir à la statistique, oui. Parmi les criminels, environ 80% ont eu une enfance terrible. Mais cela ne veut pas dire que tous les enfants qui ont eu une enfance terrible sont des criminels, ça montre simplement que les traumatismes non résolus peuvent mener à perpétuer la violence reçue. Il est important, tu le verras aussi dans ce cas-là, de noter que la rétribution ne s'adresse pas nécessairement à la personne source du mal initial. Concentrons-nous un instant sur cette dette négative. et sur le fait de la solder en rendant le mal par le mal. À ce niveau-là, on peut aussi distinguer trois manières, trois réponses différentes. La première, qui est peut-être, si ce n'est la plus évidente, la plus directe, c'est de rendre l'équivalent du don de haine à la personne en cause. Un exemple, alors, c'est un peu difficile, mais je pense que c'est important de mettre les mots sur les choses. On va pouvoir aller jusqu'à tuer la personne qui nous a fait du mal. Ces actes extrêmes surviennent souvent pour se protéger, soit ou d'autres membres de la famille. Ils ne sont généralement pas prémédités, mais émergent dans des situations de défense ou de désespoir extrêmes. On peut penser par exemple à Jacqueline Sauvage, qui a abattu son compagnon après avoir subi, elle et ses filles, de nombreux sévices. Deuxième mode, on reporte sa haine sur une personne qui incarne l'objet de notre haine. Exemple à l'appui, ça va être des individus comme Guy Georges, qui peuvent canaliser leur haine accumulée envers des victimes qui représentent symboliquement l'objet de leur ressentiment initial. Pour Guy Georges, une des explications pour les crimes en série qu'il a commis, ce sont les multiples abandons dont il a été victime. dès sa naissance et ensuite tout au long de sa vie. Le plus important, c'est celui de sa mère, qui n'a jamais voulu, malgré ses nombreuses tentatives, avoir un lien avec lui. Ce cas rappelle, je note ici, que personne ne naît psychopathe et que les contextes et les expériences de vie jouent un rôle crucial dans le développement de tels comportements. Dernière manière de rendre le mal pour le mal, retourner la haine contre soi en devenant son propre bourreau. Plutôt que de diriger la haine vers les autres, ces personnes vont se retourner contre eux-mêmes en adoptant par exemple des comportements auto-destructeurs comme la toxinomanie ou l'automutilation. À ce titre, je trouve l'exemple du protagoniste de la série qui passe sur Netflix, Baby Reindeer, mon petit reine, et qui... et à la base une pièce de théâtre qui met en scène Richard Gad, un humoriste extrêmement parlante. Le pitch de la pièce et de la série, en quelques mots, Richard Gad y joue son propre rôle et il raconte son expérience réelle avec une personne qui va le harceler pendant des mois et des mois et comment cela va affecter sa santé mentale et son bien-être. La persécution incessante de son harceleur le conduit dans une spirale infernale mais au lieu de communiquer sur sa détresse, il va internaliser ce trauma et cette internalisation va être à l'origine de comportements autodestructeurs. Pourquoi les gens réagissent ainsi ? Parce qu'au bout d'un moment, ça leur donne une explication à ce qui se passe pour elles et elles se disent qu'elles méritent quelque part ce qui leur arrive et c'est un mécanisme de défense pour reprendre un certain contrôle sur les émotions et les circonstances. Notons que Gad mentionne aussi au cours de la série un épisode encore plus traumatisant. Alors je ne vais pas te le spoiler ici si tu n'as pas vu la série, mais cet épisode il l'a refoulé et c'est lui qui viendrait expliquer son incapacité à stopper la spirale autodestructrice dans laquelle il se trouve. En résumé, il a vécu une et d'ailleurs plusieurs expériences traumatiques et au lieu d'en parler... de reconnaître le mal qu'on lui a fait, il va le retourner contre lui et se mettre dans une position d'autodestruction. Tous ces exemples montrent que pour résoudre ses dettes de malheur, encore plus que les dettes de bonheur, est essentiel pour prévenir la perpétuation du cycle de violence et pour permettre une réelle guérison. Ce qui a d'important, c'est de pouvoir expliquer comment. Pourquoi ?

  • Speaker #1

    Pourquoi est-ce que quelqu'un en arrive là ? Pourquoi un homme ou une femme en arrive là à tabasser quelqu'un, à le battre, etc. ? Et ce qui est très important, c'est de toujours se souvenir que le monstre n'existe pas.

  • Speaker #2

    Vous n'aimez pas ce mot d'ailleurs, le monstre.

  • Speaker #1

    Pas nous,

  • Speaker #2

    je crois.

  • Speaker #1

    Non, non.

  • Speaker #2

    Parce que les faits sont monstrueux, mais les hommes qui ont commis ces actes, pour vous, ne sont pas des monstres, Julien.

  • Speaker #3

    Le terme monstre, c'est un terme d'enfant. On a peur des monstres quand on est petit. Un adulte n'a pas peur d'un monstre. Donc c'est en effet un terme qui est complètement dévoyé. C'est des hommes qui ont commis des faits graves et qu'on juge pour ce qu'ils sont.

  • Speaker #4

    Vous savez, si les monstres existaient, ça serait très rassurant pour tous. Ça voudrait dire que ça ne nous concerne pas. Ce seraient des sortes de bêtes féroces qu'on éliminerait.

  • Speaker #2

    On les met à distance. Quand on dit des monstres, on dit que ça ne peut pas être nous.

  • Speaker #4

    Et moi, je crois que je vais plus loin. Non seulement ce ne sont pas des monstres, mais ce sont aussi les uns et les autres, quasiment tous, des produits de notre société.

  • Speaker #0

    Je tenais à finir cet épisode avec cet extrait, non pas pour justifier des actes horribles, mais pour te montrer l'importance de comprendre les dynamiques du don et de la dette. Pourquoi ? Parce que ça nous ramène à notre responsabilité collective et surtout à notre humanité qui est bien plus complexe qu'une pensée binaire et un moralisme d'apparat. Reconnaître et repenser notre rapport à la dette et au don est crucial pour briser les cycles de rétribution, mais aussi, nous le verrons, c'est la clé, vraiment la clé de notre monde social. et de notre humanité. C'est tout le propos de la dernière partie de cet épisode qui sort dans quelques jours. Merci de m'avoir écoutée jusqu'ici et à dimanche pour la fin et la dernière partie de ce second épisode. Au revoir.

Description

Toute dette non apurée à des conséquences néfastes.


Dans cet épisode, je te présente 5 types de dettes toxiques :

1️⃣ la dette surévaluée : elle est perçue comme tellement extraordinaire qu’elle semble impossible à rembourser avec l'exemple détaillée de Paula du film La Famille Bélier.

2️⃣ la dette sous-évaluée : le don est minimisé par le receveur refuse d'être redevable par désir d'autonomie ou une tendance à l'irresponsabilité avec l'exemple de Peggy et Don de la série Mad Men.

3️⃣ la dette niée (refoulée) : elle est enfouie dans l'inconscient en raison de sa nature douloureuse ou conflictuelle avec le cas client de Maria et le film Il reste encore demain.

4️⃣ la dette autoinfligée et la névrose de destinée : elle concerne les personnes qui ont comme une seconde nature, voir une compulsion à donner, donner et qui au final se sente lésée sans vraiment l’avouer.

5️⃣ les dettes négatives : ce sont des dettes de malheurs et de violences.


Je t'explique leur mécanique à travers des exemples et te présente des premières clés.


Abonne-toi à la newsletter 💌 https://ladechiffreuse.substack.com/ pour retrouver toutes les ressources pour prolonger le travail démarré à l'écoute de l'épisode.


Défi de l'épisode 💪 : patienter jusqu'à la troisième partie 😆


🔥 Partage-moi tes découvertes, tes interrogations et tes réflexions :

Je suis impatiente de te lire et de te répondre personnellement. 🔥


Important

  • Si tu cherches à approfondir ta quête personnelle et à prendre le temps de prendre le temps, découvre mes programmes d’accompagnement. Pour une séance découverte offerte de 30 minutes, réserve ton créneau ici.

  • N'oublie pas de t'abonner au podcast La Déchiffreuse sur ta plateforme préférée et de laisser 5 étoiles & un avis pour soutenir notre communauté.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Dans la première partie de cet épisode, je t'ai expliqué le concept de potlatch qui a permis de théoriser le cycle du don composé de trois étapes, donner, recevoir, rendre. Nous avons vu que, malgré nos préjugés moraux, si on dit qu'on donne sans compter, peut-être n'étons pas complètement honnêtes sur ses intentions, ou bien que, sous couvert de bonté, on condamne celui qui reçoit à se sentir endetté. La conséquence est la même, ce rapport déséquilibré devient toxique. Je te rappelle que le don entre personnes n'est pas quantifié et évalué de la même manière qu'un don purement financier ou bien un don social et qu'il n'est l'affaire que du donateur et du bénéficiaire. C'est d'ailleurs le fait qu'il soit non ritualisé, souvent non signifié, non ouvertement comptabilisé, qui est à l'origine des troubles conséquents. Passons maintenant à la définition détaillée des cinq types de dettes qui peuvent se révéler néfastes. Le premier cas auquel on pense, et dont vous êtes nombreux à me parler en séance de coaching, c'est le fait de se sentir immensément redevable envers une personne, souvent un parent ou son conjoint. Cette notion de dette surévaluée se manifeste chez certains adultes qui portent le poids d'une obligation plus ou moins imaginaire depuis leur enfance. Cette obligation, elle trouve racine dans les sacrifices faits par les parents, comme l'immigration, un contexte particulièrement difficile, le fait d'avoir plus ou moins miraculeusement survécu à un drame, comme c'est le cas d'ailleurs pour les génocides, les attentats, les maladies, ou, je t'en avais parlé dans le teaser, les descendants des survivants de la Shoah. Cette dette est perçue comme tellement extraordinaire qu'elle semble impossible à rembourser. Ce poids est parfois aggravé par les exigences incessantes d'apparents ou parfois aussi par ses propres fantasmes. Pour illustrer ce premier type de dette, tu te souviendras d'ailleurs des mots de Sofiane Pamard que je t'avais partagé dans le teaser introductif, donc la première partie de cette mini-série à laquelle je te renvoie si tu ne l'as pas déjà écouté. Et il y dit qu'il mène ses combats pour sa mère parce qu'il se sent redevable de tous les sacrifices qu'elle a fait pour elle. Maintenant, je voulais te présenter un autre exemple tout aussi parlant, celui de Paola, l'adolescente protagoniste du film La famille Bélier. Alors, le pitch rapide, si tu ne le connais pas, dans cette famille de quatre, ses parents, son frère et elle, Paola, elle est la seule à ne pas être sourde. Depuis son plus jeune âge, elle joue en effet un rôle crucial, celui d'interprète. Ce don de communication est donc devenu une dette implicite envers sa famille, car elle est le lien essentiel avec le monde extérieur. Voici un petit extrait. Comment s'organiser ? La ferme, le marché... Faut réfléchir à une autre solution. Je sais ce que ça représente ! Putain t'es ma meilleure amie et t'es un don ! J'arrête. Pourquoi ça ? Je fais ce que je veux, non c'est ma vie. Vous êtes sûr que c'est votre vie ? Maintenant là, tout de suite. Mes chers parents, je parle... Ça n'excute pas tout d'être sourds ! Je vous déteste ! J'aime et je parle... Rentrons dans le détail. Comment se manifeste la dette de Paola ? Sa dette envers sa famille, elle se manifeste par une obligation implicite de rester auprès d'eux pour les soutenir et les aider. Étant le pont entre ses parents et le monde des entendants, elle traduit les conversations des médecins, les fournisseurs, les clients de la famille. Elle se doit donc quelque part, inconsciemment encore une fois, de rester auprès de sa famille pour leur permettre de vivre quasi normalement. Cette loyauté envers sa famille l'empêche d'envisager un avenir qui l'éloignerait d'eux. Alors, lorsque son professeur de musique découvre son talent pour le chant et l'encourage à passer un concours pour entrer dans une école de musique prestigieuse à Paris, elle est face à un dilemme. Les parents de Paula, qui pourtant sont farouchement indépendants, dépendent malgré eux d'elle pour cette communication. Et leur attitude protectrice est parfois très possessive, même si elle part de bons sentiments, elle va renforcer chez Paola le sentiment d'obligation. Et la réaction initiale négative que vont avoir ses parents quand elle annonce son désir de partir à Paris va encore une fois accentuer ce sentiment de dette et de culpabilité. Notons toutefois que la réalité montre que ses parents ne lui imposent pas explicitement et directement ses responsabilités. C'est en grande partie sa propre perception, sa propre décision qui va donc amplifier ce sentiment de dépendance. J'aurais pu passer tout de suite à la dette suivante, mais il me semblait quand même important de te donner quelques clés. Ne t'inquiète pas, je consacrerai un épisode complet à te présenter dans le détail toutes les clés pour pouvoir apurer ces dettes. Comment va s'en sortir la famille Bélier en quelques mots ? Tout d'abord... Paola va accepter de reconnaître ses désirs personnels. Elle va donc prendre conscience de sa passion pour le chant et surtout assumer et dire sa volonté d'explorer un avenir en dehors de sa famille. Deuxième chose, elle va communiquer directement en exprimant ses rêves à ses parents et ceux-ci d'ailleurs, après réflexion, vont finir par accepter son choix. Troisième point, il va falloir que la famille Pellier accepte de redéfinir les relations familiales. Et c'est ce qu'ils vont faire en apprenant à communiquer différemment et en trouvant des alternatives pour fonctionner sans le soutien direct de Paula. Dernier point, Paula va devoir comprendre que sa dette envers sa famille ne l'empêche pas de poursuivre ses rêves et donc quelque part de se libérer de cette emprise. Encore une fois, tout est une question de lecture et d'interprétation, et petite question pour toi, ne serait-elle pas coupable de gâcher son don ? Comme on le voit avec Paula, la dette surévaluée est une charge émotionnelle et psychologique qui naît principalement de la loyauté familiale. Mais pas que. Si celle-ci n'est pas exprimée et apurée, les conséquences peuvent être dévastatrices. Elle peut conduire à des limitations personnelles, comme un individu qui va renoncer à ses aspirations pour ne pas transgresser les soi-disant attentes familiales. Elle peut aussi pousser une personne à se rendre invisible, à lisser son caractère et son apparence pour ne pas attirer l'attention, ou bien à se perdre complètement en mettant toute son énergie à combler le besoin des autres. Pas d'inquiétude encore une fois, on aura un épisode entier sur comment gérer au mieux. L'objectif de cette partie, je te le rappelle, est de poser le décor et de comprendre la mécanique. Si certaines personnes gonflent comme Paula l'ampleur du don qu'elles ont reçu, d'autres à l'inverse peuvent minimiser ou même nier entièrement le souvenir de celui-ci. Dans ce cas-là, nous parlons de dette sous-évaluée ou de dette niée. Ce sont deux types de dettes toxiques distincts, mais je vais les présenter à la suite l'une de l'autre, car elles ont de nombreux points communs. Elles diffèrent surtout en termes de conscience qu'on en a ou pas. Dans le cas de la dette dite sous-évaluée, il y a une volonté vraiment de la personne de vouloir réduire celle-ci. Alors que dans le cas de la dette niée, qu'on peut aussi appeler refoulée, on a plutôt affaire à un mécanisme inconscient. Commençons par la dette sous-évaluée. Cette minimisation peut être motivée par un refus d'être redevable envers quelqu'un, un désir d'autonomie ou même une tendance à l'irresponsabilité. Pour illustrer, prenons l'exemple de Don Draper, le personnage central de la série Man-Man. Le pitch, si tu ne connais pas la série. C'est la vie d'une agente publicitaire dans le New York des années 60. Don Draper est le directeur créatif de cette agence et il a grandi dans des conditions difficiles. Il s'est réinventé, il a changé d'identité pour fuir son passé et il a une fâcheuse tendance à minimiser constamment ce que les autres ont fait pour lui. Alors, comment se manifeste cette dette sous-évaluée ? Premier élément, la réinvention volontaire. Don Draper a échangé son identité contre celle d'un autre soldat lors de la guerre de Corée. Son nouveau nom lui permet d'accéder à une nouvelle vie, lui ouvrant des portes dans la société américaine des années 60. Deuxième élément. La minimisation du passé. Même après avoir bénéficié de l'identité et des opportunités d'un homme qu'il n'est pas, Donne refuse de reconnaître les sacrifices faits autour de lui. Notamment, Anna Draper, qui est la véritable veuve du soldat dont il a usurpé l'identité, l'accepte dans sa vie et le protège. Troisième élément, il nie les dons de ses proches. Tout au long de la série, il minimise l'importance de ses relations avec les femmes qui l'ont pourtant grandement aidée. Il accepte l'amour et la loyauté de sa femme Betty, qu'il va tromper, de sa colloque Pedi Olson, et d'autres sans jamais leur montrer de gratitude. Enfin, quatrième élément, on voit que cette dette sous-évaluée va avoir un impact aussi sur ses relations professionnelles. Il minimise également la loyauté de ses partenaires d'affaires, notamment Roger Sterling et Joan Ars. Il prend leurs contributions pour acquises sans reconnaître l'impact positif qu'ils ont eu sur sa carrière. Cet échange, où il ravaisse et minimise le travail de sa collègue Peggy, est extrêmement parlant.

  • Speaker #1

    Mais je dois quand même rester, puisqu'il faut développer une idée pourrie de Dany que vous avez engagée après lui avoir volé une autre idée pourrie parce que vous étiez sous.

  • Speaker #2

    Cherchez pas à vous défendre en m'insultant. Et pendant qu'on y est, je sais que ça vous défrise, mais il faut vous y faire. Il n'y a pas d'idée de Dany. Tout ce que vous apportez ici appartient à l'agence.

  • Speaker #1

    Dites plutôt à vous.

  • Speaker #2

    Donc vous travaillez pour moi.

  • Speaker #1

    C'est quoi, des menaces ? J'ai pas cédé à celle de Marc, je vais pas céder au vôtre.

  • Speaker #2

    Calmez-vous.

  • Speaker #0

    J'ai une idée.

  • Speaker #1

    Le crayon et le papier sont devant vous. Vous n'avez qu'à nous pondre un nouveau glocote.

  • Speaker #2

    Non, mais vous êtes malade. Vous m'avez soumis une vingtaine d'idées de base et j'en ai pris une pour développer le concept qui est devenu une publicité.

  • Speaker #1

    Vous vous rappelez alors ?

  • Speaker #2

    Évidemment, il y avait une histoire de cow-boy, félicitations.

  • Speaker #1

    Non, c'était un gamin obligé de rester assis dans un placard parce que sa mère venait de laver le sol à grand dos. Le spot repose exclusivement la...

  • Speaker #2

    Ça n'était qu'une idée.

  • Speaker #1

    Que vous avez changé juste assez pour vous l'approprier.

  • Speaker #2

    J'en ai fait une vraie publicité. On n'allait pas tourner dans un placard dans le noir, si ? C'est comme ça, il n'y a pas de générique à la fin des spots télé.

  • Speaker #1

    Mais c'est vous qui avez eu le prix !

  • Speaker #2

    C'est votre job ! Si je vous paie, c'est pour que vous me donniez des idées !

  • Speaker #1

    Je demande juste un peu de gratitude !

  • Speaker #2

    C'est ce que représente votre chèque ! Vous êtes jeune, vous aussi vous aurez des prix un jour ! Sauf que je trouve ça complètement ridicule d'avoir à peine deux ans de carrière et d'en être déjà à compter ses idées !

  • Speaker #0

    Quelques clés pour savoir comment Don va finalement gérer cette dette et essayer de s'en libérer. Tout d'abord, il va falloir qu'il prenne conscience de son ampleur et ça, ça va lui être facilité lorsqu'il va perdre ses proches et son poste à l'agence. Enfin, il va lui falloir aussi assumer sa part de responsabilité et il va le faire par exemple en rendant visite à Anne Draper et en partageant certains détails de sa vie enfin avec ses collègues. Et dernier point, il va tenter de réparer en changeant son comportement, en apprenant à dire merci et en reconnaissant au final ce que les autres ont fait pour lui. Tout ceci est plus simple, tu l'entendras bien, quand on en a conscience. Par contre, les choses se corsent quand cette dette est refoulée, c'est-à-dire qu'on n'en a plus du tout souvenir. La dette refoulée ou niée est enfouie dans la conscience en raison de sa nature douloureuse ou conflictuelle. Les individus ne sont pas conscients de ces dettes et réagissent souvent de manière défensive lorsqu'elles sont évoquées. Ce mécanisme de défense conduit à des conflits internes, du ressentiment, voire de l'agressivité. Voici un cas clinique. Alors accroche-toi parce que c'est un petit peu complexe, mais j'ai essayé de le résumer de la façon la plus courte et impactante possible. On va appeler la cliente Maria. Maria est jeune, Maria est brillante, mais elle souffre depuis quelque temps d'importantes crises d'angoisse qui risquent d'entraver sa réussite professionnelle. Elle est fille de parents immigrés portugais et elle est la seule d'une fratrie de cinq à avoir réussi une ascension sociale à force de labeur. Elle est très proche de son père qui incarne pour elle la valeur travail, par contre elle déteste sa mère qu'elle juge sans ambition. Celle-ci est restée femme au foyer, n'a jamais appris le français. Maria a honte d'elle. En creusant, Maria explique que si elle réussit professionnellement, c'est la cata au niveau du relationnel, et notamment au niveau amoureux. Elle est sans arrêt en couple avec des hommes qui l'infériorisent. Or, il y a une chose qu'elle a oublié, minimisé, c'est que son père a toujours été violent avec sa mère. Pourtant, en prenant du recul, Maria se rend compte que sa mère a été une épouse modèle, une maman dévouée, qui s'est occupée de toute la famille discrètement, avec zèle et sans jamais rien demander. En détestant sa mère, Maria nie sa dette envers elle. Elle n'en a pas du tout conscience pourtant. Par contre, le fait de se mettre systématiquement dans des situations amoureuses d'infériorisation montre en quelque sorte sa loyauté filiale. Inconsciemment, c'est ainsi qu'elle a créé un lien avec sa mère. Comme on peut le voir, l'ignorance ou le déni de ses dettes psychologiques entraînent une détresse émotionnelle et a un impact négatif. Je ne peux m'empêcher, en te racontant cet exemple, de penser également au film Il reste encore demain, qui a d'ailleurs été un véritable coup de poing pour moi et qui passe encore en salle au moment où je vous parle. C'est l'histoire d'une famille italienne de l'après-guerre. La mère reçoit une gifle du père en signe de bonjour et s'enchaîne ensuite toute une série de maltraitances et d'infériorisations. Pourtant Delia, la protagoniste du film, la mère, se plie littéralement en quatre. Elle court dans tout Rome pour subvenir au mieux à sa famille. Et tout cela sans la reconnaissance. Sa fille a conscience de cet excès de zèle et de dette quelque part surévaluée, mais au lieu d'éprouver de la compassion ou de l'empathie pour sa mère, elle va lui reprocher sa passivité. Pourtant, sans le savoir, elle suit le même chemin. Et dire qu'il n'y aura plus de femmes dans cette maison quand tu partiras. Marie, tu dois bien le choisir. Julio est le bon. T'en fais rien, dis-le-moi, toi. Toi qui as si bien choisi. T'auras plus à aller travailler. Et qui t'a dit ça ? Moi, je te le dis. Tu as moi. Mais pourquoi tu laisses te traiter comme ça ? Tu sais bien que moi, je n'y connais rien. Alors pourquoi je fais ce parallèle entre Maria et la fille d'Elia ? Tout simplement pour souligner que reconnaître la dette envers leur mère, donc envers quelqu'un auquel elles sont redevables, est crucial pour changer leur relation et dans ce cas-là leur rapport avec les hommes et améliorer son bien-être général. En valorisant les sacrifices et l'amour de leur mère, elles pourront briser le cycle des relations toxiques et établir des liens plus sains et respectueux. Cette reconnaissance est essentielle pour guérir des blessures du passé, éviter de les répéter et construire un avenir où les relations sont empreintes de respect et d'égalité. Quatrième type de dette. Alors, je vais être honnête, je l'ai inventée cette catégorie et elle peut recouper certaines dettes citées plus haut. Mais je trouvais intéressant de parler des personnes qui ont comme une seconde nature, voire une compulsion à donner, donner, donner. Et qui au final, comme elles n'ont pas de retour, se sentent lésées mais ne veulent pas vraiment l'avouer. Je sais que vous serez certainement nombreuses et nombreux à comprendre tout à fait de quoi je parle. Pour comprendre ce mécanisme, on doit parler du concept de névrose de destinée. Ce terme est ici de la psychanalyse et il n'est plus vraiment utilisé dans la pratique moderne, mais je trouve qu'il dit bien ce qu'il veut dire. Une personne qui souffre d'une névrose destinée est quelqu'un qui pense que son destin ou son avenir est prédéterminé, souvent de manière négative. C'est une personne qui se sent coincée dans un scénario de vie qu'elle considère comme inévitable, destinée à échouer, à être malheureuse ou à répéter des erreurs spécifiques et tout cela... de manière complètement indépendante de ses propres désirs ou actions. Alors, tu vas me demander quel est le lien avec le don et la dette. J'y viens. Cette névrose peut se manifester dans le comportement de donateur où il va s'opérer en fait une certaine forme de masochisme. C'est cette personne qui, même si elle aime certainement donner, a tendance à toujours trop donner et qui dit souvent Ah mais ce n'est rien, c'est pas la peine de me remercier, n'en parlons pas Alors quelles sont les raisons de cette attitude ? Généralement, on retrouve comme point commun une faible estime de soi. On est persuadé qu'on ne mérite rien, qu'on ne vaut pas grand-chose et pensant ainsi, on va de manière implicite dévaloriser les dons qu'on fait. Ces personnes qui souffrent de cette fameuse névrose de destinée, ce sont aussi des individus qui vont constamment chercher la validation externe en sacrifiant leurs propres besoins. Bien souvent, ce comportement est lié à une culpabilité refoulée et à une crainte de se montrer vulnérable. On préfère maintenir une façade de force. Ces actions sont fortement influencées par des modèles relationnels appris qui peuvent perpétuer des schémas de comportement toxiques. Quand on agit ainsi, donc de donner trop sans attendre rien en retour, qu'est-ce qui se passe vraiment ? En fait, on refuse, également inconsciemment, on s'entend, d'accepter le moindre merci, le moindre cadeau du donateur, sa juste rétribution. Et en agissant ainsi, on oblige celui qui reçoit à rester son débiteur. Et rester un débiteur est toujours fort désagréable. Et que va faire cette personne ? Comme elle ne peut pas rendre, elle aussi, elle va nier ou minimiser le don qui a été fait. Cette spirale négative, elle va s'entretenir par la réaction dénie de ceux qui reçoivent, mais également par les histoires que le donateur malheureux se raconte. Ces histoires, c'est quoi ? C'est se dire Ah, mais je suis en fait d'une grande bonté. Je suis en quelque sorte supérieur à celui qui reçoit et qui ne donne rien et qui ne sait pas dire merci. Encore une fois, tout ce que je dis, c'est inconscient. Je ne suis pas en train de critiquer ce comportement. La personne, elle va se dire qu'elle appartient par son abnégation au clan du bien. Et c'est rassurant. Et c'est ce qui va lui permettre, quelque part, en pensant qu'elle agit pour le bien, elle va entretenir ce rapport déséquilibré. Tu comprends donc maintenant pourquoi j'ai appelé ce type de dette auto-infligée. C'est pour traduire le fait qu'on se crée inconsciemment soi-même de la dette qu'on entretient en ne voulant que donner. Pour illustrer ce concept, voici un exemple. Kate est une femme qui a toujours été la personne sur qui les autres peuvent compter, celle qui donne sans compter, mais qui a du mal aussi à accepter la moindre forme de soutien ou de reconnaissance en retour. Elle donne de manière compulsive, de son temps, de son énergie, de ses ressources, à ses amis, à sa famille, à ses collègues. Elle organise des événements, offre son aide des intéressés et se surcharge de responsabilités au travail, pensant que c'est ainsi qu'elle mérite sa place. Lorsque quelqu'un lui offre de l'aide ou exprime sa gratitude, elle minimise ses gestes. Elle répond des phrases comme ce n'était rien je suis contente d'aider Elle refuse ailleurs toute forme de soutien ou d'appréciation. Elle se convainc qu'elle ne mérite pas. Pourtant, en dépit de ses efforts incessants pour aider les autres, elle se sent toujours vide et insatisfaite. Elle est hantée par un sentiment de culpabilité et de honte, persuadée qu'elle ne fait jamais assez et qu'elle ne mérite pas le bonheur ou la réussite. Quand on creuse les racines et les schémas relationnels de Kate, on se rend compte qu'elle porte une forme de dette émotionnelle qui découle d'un schéma relationnel familial où les sentiments étaient refoulés et les besoins individuels ignorés. Alors, en plus clair... Dans son enfance, les parents de Kate ont été distants. Ils étaient quelque part incapables de lui offrir le soutien et l'attention dont elle avait besoin. Cette absence d'affection et de validation a créé ce sentiment de vide affectif chez Kate et lui lui est-ce croire qu'elle doit constamment prouver sa valeur en donnant aux autres son recevoir en retour. Ainsi, elle se sent obligée de maintenir des relations déséquilibrées et elle refuse d'admettre ses propres besoins. pour éviter d'être confronté à sa propre douleur émotionnelle refoulée. Alors quelques clés rapides pour comment gérer ce type de dette. Encore une fois, la prise de conscience est clé et cette fois-ci la prise de conscience de la névrose de destinée. On doit reconnaître ces schémas de pensée autodestructeurs et en trouver la racine. Deuxième point. accepter de se rendre son propre mérite. Ça veut dire accepter qu'on reçoive des compliments, accepter le soutien des autres et surtout qu'on puisse être aimé et soutenu. Enfin, troisième clé, rechercher l'équilibre et comprendre qu'en fait, il est avantageux pour tout le monde d'être dans ce fameux cycle du don dont je t'ai parlé. Encore une fois, toutes ces antidotes feront l'objet d'un épisode complet et ultra activable. Passons au dernier type de dette. Arrivé à ce stade, on a parlé beaucoup de dettes positives et bienfaisantes. Mais il faut noter que les dettes entre personnes ne sont pas uniquement des dettes d'amour, mais elles peuvent être aussi des dettes de haine ou de violence. Et elles doivent être reconnues, elles aussi, pour pouvoir être apurées. Les personnes porteuses de dettes négatives ont le choix entre deux attitudes pour parvenir à les solder. Première alternative, elles rendent le bien. pour le mal. Et contrairement à une idée reçue, sache que c'est le choix qui est le plus souvent fait. En effet, une statistique dit qu'environ 80% des enfants maltraités deviennent des bons parents. Ils rendent le bien pour le mal. Comme tu le constates, ce don d'amour n'est pas offert au coupable, ce qui serait masochiste, mais il est donné à d'autres personnes auxquelles le donateur pourra s'identifier. Dans l'exemple que je t'ai donné, ce sont ces enfants. La deuxième alternative, tu t'imagines, c'est celle de rendre le mal pour le mal. Et pour revenir à la statistique, oui. Parmi les criminels, environ 80% ont eu une enfance terrible. Mais cela ne veut pas dire que tous les enfants qui ont eu une enfance terrible sont des criminels, ça montre simplement que les traumatismes non résolus peuvent mener à perpétuer la violence reçue. Il est important, tu le verras aussi dans ce cas-là, de noter que la rétribution ne s'adresse pas nécessairement à la personne source du mal initial. Concentrons-nous un instant sur cette dette négative. et sur le fait de la solder en rendant le mal par le mal. À ce niveau-là, on peut aussi distinguer trois manières, trois réponses différentes. La première, qui est peut-être, si ce n'est la plus évidente, la plus directe, c'est de rendre l'équivalent du don de haine à la personne en cause. Un exemple, alors, c'est un peu difficile, mais je pense que c'est important de mettre les mots sur les choses. On va pouvoir aller jusqu'à tuer la personne qui nous a fait du mal. Ces actes extrêmes surviennent souvent pour se protéger, soit ou d'autres membres de la famille. Ils ne sont généralement pas prémédités, mais émergent dans des situations de défense ou de désespoir extrêmes. On peut penser par exemple à Jacqueline Sauvage, qui a abattu son compagnon après avoir subi, elle et ses filles, de nombreux sévices. Deuxième mode, on reporte sa haine sur une personne qui incarne l'objet de notre haine. Exemple à l'appui, ça va être des individus comme Guy Georges, qui peuvent canaliser leur haine accumulée envers des victimes qui représentent symboliquement l'objet de leur ressentiment initial. Pour Guy Georges, une des explications pour les crimes en série qu'il a commis, ce sont les multiples abandons dont il a été victime. dès sa naissance et ensuite tout au long de sa vie. Le plus important, c'est celui de sa mère, qui n'a jamais voulu, malgré ses nombreuses tentatives, avoir un lien avec lui. Ce cas rappelle, je note ici, que personne ne naît psychopathe et que les contextes et les expériences de vie jouent un rôle crucial dans le développement de tels comportements. Dernière manière de rendre le mal pour le mal, retourner la haine contre soi en devenant son propre bourreau. Plutôt que de diriger la haine vers les autres, ces personnes vont se retourner contre eux-mêmes en adoptant par exemple des comportements auto-destructeurs comme la toxinomanie ou l'automutilation. À ce titre, je trouve l'exemple du protagoniste de la série qui passe sur Netflix, Baby Reindeer, mon petit reine, et qui... et à la base une pièce de théâtre qui met en scène Richard Gad, un humoriste extrêmement parlante. Le pitch de la pièce et de la série, en quelques mots, Richard Gad y joue son propre rôle et il raconte son expérience réelle avec une personne qui va le harceler pendant des mois et des mois et comment cela va affecter sa santé mentale et son bien-être. La persécution incessante de son harceleur le conduit dans une spirale infernale mais au lieu de communiquer sur sa détresse, il va internaliser ce trauma et cette internalisation va être à l'origine de comportements autodestructeurs. Pourquoi les gens réagissent ainsi ? Parce qu'au bout d'un moment, ça leur donne une explication à ce qui se passe pour elles et elles se disent qu'elles méritent quelque part ce qui leur arrive et c'est un mécanisme de défense pour reprendre un certain contrôle sur les émotions et les circonstances. Notons que Gad mentionne aussi au cours de la série un épisode encore plus traumatisant. Alors je ne vais pas te le spoiler ici si tu n'as pas vu la série, mais cet épisode il l'a refoulé et c'est lui qui viendrait expliquer son incapacité à stopper la spirale autodestructrice dans laquelle il se trouve. En résumé, il a vécu une et d'ailleurs plusieurs expériences traumatiques et au lieu d'en parler... de reconnaître le mal qu'on lui a fait, il va le retourner contre lui et se mettre dans une position d'autodestruction. Tous ces exemples montrent que pour résoudre ses dettes de malheur, encore plus que les dettes de bonheur, est essentiel pour prévenir la perpétuation du cycle de violence et pour permettre une réelle guérison. Ce qui a d'important, c'est de pouvoir expliquer comment. Pourquoi ?

  • Speaker #1

    Pourquoi est-ce que quelqu'un en arrive là ? Pourquoi un homme ou une femme en arrive là à tabasser quelqu'un, à le battre, etc. ? Et ce qui est très important, c'est de toujours se souvenir que le monstre n'existe pas.

  • Speaker #2

    Vous n'aimez pas ce mot d'ailleurs, le monstre.

  • Speaker #1

    Pas nous,

  • Speaker #2

    je crois.

  • Speaker #1

    Non, non.

  • Speaker #2

    Parce que les faits sont monstrueux, mais les hommes qui ont commis ces actes, pour vous, ne sont pas des monstres, Julien.

  • Speaker #3

    Le terme monstre, c'est un terme d'enfant. On a peur des monstres quand on est petit. Un adulte n'a pas peur d'un monstre. Donc c'est en effet un terme qui est complètement dévoyé. C'est des hommes qui ont commis des faits graves et qu'on juge pour ce qu'ils sont.

  • Speaker #4

    Vous savez, si les monstres existaient, ça serait très rassurant pour tous. Ça voudrait dire que ça ne nous concerne pas. Ce seraient des sortes de bêtes féroces qu'on éliminerait.

  • Speaker #2

    On les met à distance. Quand on dit des monstres, on dit que ça ne peut pas être nous.

  • Speaker #4

    Et moi, je crois que je vais plus loin. Non seulement ce ne sont pas des monstres, mais ce sont aussi les uns et les autres, quasiment tous, des produits de notre société.

  • Speaker #0

    Je tenais à finir cet épisode avec cet extrait, non pas pour justifier des actes horribles, mais pour te montrer l'importance de comprendre les dynamiques du don et de la dette. Pourquoi ? Parce que ça nous ramène à notre responsabilité collective et surtout à notre humanité qui est bien plus complexe qu'une pensée binaire et un moralisme d'apparat. Reconnaître et repenser notre rapport à la dette et au don est crucial pour briser les cycles de rétribution, mais aussi, nous le verrons, c'est la clé, vraiment la clé de notre monde social. et de notre humanité. C'est tout le propos de la dernière partie de cet épisode qui sort dans quelques jours. Merci de m'avoir écoutée jusqu'ici et à dimanche pour la fin et la dernière partie de ce second épisode. Au revoir.

Share

Embed

You may also like