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La Mallette verte: enquête familiale au cœur de l’Histoire

Epilogue (8/8)

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18min |22/11/2023
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La Mallette verte: enquête familiale au cœur de l’Histoire

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18min |22/11/2023
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Description


A l'origine de cette enquête: mon oncle, Benoit Sokal, dessinateur de bande dessinée et auteur de jeu vidéo. C'est lui qui a trouvé la Mallette verte après le décès de mon grand-père - son père. L'histoire d'Emil s'est emparée de lui, jusqu' à prendre vie dans son dernier jeu vidéo: Syberia, The World Before. Avant que Benoit ne décède à son tour, j’ai voulu recueillir tout ce qu’il savait. Et ce fut alors à mon tour de m'emparer de l'histoire familiale. Alors au terme de mon enquête, je tente de recoller les pièces du puzzle pour savoir qui était vraiment Emil. J’explore les nuances de l’Histoire et de ce qui fait les histoires familiales, en même temps que je tente de retrouver la toute dernière trace d’Emil. 


Pour suivre l'actualité du podcast La Mallette verte et pour des compléments d'informations sur l'enquête documentaire, rendez-vous sur le compte Instagram @LaMalletteVerte  


###


Extrait de Syberia: The World Before, jeu vidéo créé par Benoît Sokal, développé par Microids Studio Paris et édité par Microids.

La musique est également issue du jeu: "Lost Memories" et "Just a ghost", par Inon Zur.

Avec leur aimable permission.


###


La Malette verte est une enquête familiale documentaire en 8 épisodes réalisée par Perrine Sokal, et produite par le GSARA ASBL avec le soutien du Fonds d'Aide à la création radiophonique de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.


Réalisation, écriture, recherches, communication: Perrine Sokal 

Montage, aide à la réalisation: Thibault Coeckelberghs 

Mixage: Maxime Thomas

Musique: Maxime Lhussier

Illustration: Clémentine Lénelle

Consultance historique: Lucy Coatman


Un tout grand merci à toute l'équipe citée ci-dessus, en particulier Thibault Coeckelberghs, ainsi qu'à mes parents et à ma famille, à Benoit, Manu et Catherine, Renelde, Marie-Thérèse, Anne, Geneviève, Martine, Hugo, Jules.

Merci aux comédien.nes qui ont prêté leur voix: Louise Barreau, Anna et Miles Coeckelberghs, Thibault Coeckelberghs, Maxime Lambrechts, Sarah Segura, Guillaume Sokal, Pierre Vangrootloon.

Merci à Ambre, Clémentine, Louise, Marine, Maxime, May, Sarah pour leur écoute attentive et leurs retours.

Merci aux experts, historien.nes et aux archivistes qui font un travail de mémoire si précieux.

Merci à Simon, Célestin et Manon. 


Malette verte • documentaire • enquête • enquête documentaire • enquête historique • enquête familiale • Histoire familiale • secret de famille • enquête généalogique • Histoire • archives • juif • généalogie • seconde guerre mondiale • deuxième guerre mondiale • nazisme • nazis • histoire de famille • Shoah


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Hum, bonjour. Je veux dire, Guten Tag, Herr Müller ?

  • Speaker #1

    Guten Tag, Frau Lein. Je fais l'inventaire, voyez-vous.

  • Speaker #0

    Oh, je m'excuse de vous déranger, mais je souhaiterais vous montrer un portrait, si vous le permettez.

  • Speaker #1

    Un portrait ?

  • Speaker #0

    Oui, celui d'une personne que je cherche. Une jeune fille qui me ressemblait apparemment beaucoup.

  • Speaker #1

    Je suis plutôt occupé. Enfin bon, montrez-moi.

  • Speaker #0

    Vous voyez ? Il y a le nom de votre boutique dessus.

  • Speaker #1

    Oui, l'étiquette vient effectivement d'ici. Mais elle est très ancienne.

  • Speaker #0

    C'est le seul indice que j'ai pour découvrir ce qu'est devenue cette fille.

  • Speaker #1

    Je vois.

  • Speaker #0

    À mon avis, le propriétaire de ce tableau a dû être client de la boutique, avant que le tableau ne soit volé par l'ombre brune durant la Seconde Guerre mondiale.

  • Speaker #1

    C'est tout à fait possible. La boutique vendait des fournitures d'art à une époque. Comme vous pouvez le constater, nous ne proposons plus ces articles aujourd'hui. Vous permettez que je regarde ?

  • Speaker #0

    Bien volontiers.

  • Speaker #2

    Ce jeu vidéo a été créé par mon oncle, Benoît, petit-fils d'Emile, fils de mon grand-père Gérard. Benoît Soquel était dessinateur et auteur de jeux vidéo. C'est lui qui a découvert la mallette verte après la mort de mon grand-père. Et quand il l'a ouverte, l'histoire de notre famille a surgi de l'oubli, un peu comme un génie sort de sa lampe. L'aura de mystère autour de notre passé familial et de nos origines avait rendu cette histoire d'autant plus intrigante. Cet enregistrement date d'avril 2021. Je savais que Benoît était malade, il n'allait pas bien, et j'ai ressenti cette urgence de capturer tout ce qu'il savait sur Emile. pour ne pas laisser cette histoire s'échapper une autre fois. Alors j'ai pris un micro bon marché, j'ai fait des réglages approximatifs et j'ai commencé le tout premier enregistrement de ce podcast.

  • Speaker #3

    Mon père est né dans un monde disparu. Un monde très parfait. c'est le monde autristien de l'entre-deux-guerres. Donc là, je suis en France et en France-Europe, où tout le monde est dans une espèce de ville extrêmement fantasmée, et avec des allemands fantasmés.

  • Speaker #2

    Donc en fait, même si toi, tu n'as pas vécu là, ça fait quand même partie de ton univers, d'une manière ou d'une autre.

  • Speaker #3

    Ça fait partie de tes souvenirs. Mes souvenirs, c'est mon ombre, c'est un peu mon univers.

  • Speaker #2

    Benoît est mort un mois plus tard. Mais l'histoire d'Émile n'allait pas mourir avec lui. Quelques mois après, à titre posthume donc, sort le jeu de Benoît. Sibéria, The World Before. Oui, ce monde d'hier, celui de Stéphane Zweig. Avec des trames à destination de Baden et une musique jouée par l'orchestre philharmonique de Vienne. Avec une héroïne, obnubilée par le portrait d'une femme qui lui ressemble étrangement, et qui se lance dans une quête pour savoir qui elle est. Et puis des énigmes, dignes de la saga Point and Click créée par Benoît, mais aussi à la hauteur des mystères laissés par la mallette verte. Après la mort de Benoît, je me suis à mon tour en Paris de l'histoire d'Amy. Tour à tour, nous avions tous les deux été fascinés par cette histoire. Mais là où Benoît y avait puisé son imagination, Moi, j'avais comme ambition de retrouver la vraie version de l'histoire, comprendre qui était Émile et comment Maria était morte. Alors je suis partie de l'enquête entamée par Manu, autre membre de la famille que l'histoire a hantée, et j'ai retrouvé une quantité d'archives impressionnantes. Avec l'aide d'historiens pour les décrypter, elles m'ont fait découvrir des chapitres entiers de l'histoire. J'ai pu comprendre beaucoup de choses. Mais ce que les archives administratives ne racontent pas, Ce sont les émotions, les motivations, les peurs qui ont pu guider les événements historiques. Alors mon ambition de tout pouvoir expliquer était sans doute un peu prétentieuse. La Malette verte, une série de Perrine Soquel. Épilogue.

  • Speaker #4

    Oui,

  • Speaker #5

    bonjour monsieur.

  • Speaker #2

    La commune de Boussus m'a donné votre numéro parce que je recherche une tombe, celle d'Émile Socal. Il est apparemment enterré à Boussus-Centre en pleine terre commune. Il est mort le 28 juin 1953. Je voulais voir si vous pouviez m'aider à localiser où il est enterré. Merci beaucoup. Au revoir. L'histoire d'Emile, elle a plusieurs versions possibles. Côté piles, Il y a un honnête marchand d'art juif qui aide les ordres catholiques et se retrouve victime de l'antisémitisme dans l'Allemagne nazie. Et puis côté face, il y a cette autre version de l'histoire. Émile, l'escroc, qui vend les biens d'église par opportunisme et qui, par appât du gain, falsifie des tableaux. Mais les humains ont plus de facettes qu'une pièce de monnaie. Et l'histoire n'est pas en noir et blanc. Ce sont les hommes et les femmes, dans toutes leurs complexités et leurs nuances, qui en façonnent la véritable texture. Bonjour, c'est moi qui vous ai appelé.

  • Speaker #4

    Bonjour. Ça va ?

  • Speaker #2

    Ça va bien et vous ?

  • Speaker #3

    Ça va bien,

  • Speaker #4

    ça va. Vous venez de Bruxelles ? Ah ouais, vous avez une petite...

  • Speaker #2

    Oui. T'as que j'ai mis un peu de pain,

  • Speaker #4

    viens. Appétite-moi.

  • Speaker #2

    Eh bien donc, je cherche la tombe de mon arrière-grand-père, Soquel. Il est mort en 53.

  • Speaker #4

    Ok. Je vais vous montrer les plaines de terre, comment c'est fait à la base. Oui. Et après, je vous montrerai logiquement, ils devraient être là. Parce qu'en fait, tout ce qui est en dessous de 1970 ont été exhumés. Enfin, je ne sais même pas s'ils l'ont exhumé et ils l'ont réenterré au-dessus.

  • Speaker #2

    D'accord.

  • Speaker #4

    Donc, je vous montre un petit peu comment ça se procède. Ok. Et après, je vous montrerai l'endroit.

  • Speaker #2

    Un historien rencontré pendant mes recherches m'a dit Ce qui aide bien, quand on ne trouve pas l'information qu'on recherche, c'est qu'on peut tout imaginer Alors voilà ce que moi j'imagine. Je crois qu'Émile était un marchand d'art comme un autre. Pas mieux, pas pire. Mais acculé par l'antisémitisme, il a dû faire preuve de ruse. Oui, Émile a vendu des objets religieux par opportunisme, car en temps de crise, les monastères avaient beaucoup d'objets à vendre. Mais bon, peut-on lui en vouloir de choisir un domaine où il y a du travail ? Dans un contexte où les nazis menacent de s'en prendre à l'église, il prend des risques en les aidant. Mais il a besoin d'argent. Il est en difficulté financière. C'est en tout cas ce qui expliquerait qu'ils ont dû vendre leur maison. Cette maison dans laquelle Maria écrivait qu'elle se réjouissait d'emménager. Les archives de Vienne montrent que la famille l'a vendue quelques années plus tard pour louer ailleurs. Ses problèmes d'argent expliqueraient aussi qu'Émile prend parfois du temps à remettre l'argent qu'il doit aux vendeurs lorsqu'ils clôturent des ventes, comme l'historienne Lucie Cotman a pu remarquer. Et ce serait pour ça aussi que des agents se sont présentés chez lui pour saisir un de ses tableaux. Ça, c'était une anecdote rapportée dans un des articles sur le procès. Émile avait remplacé le tableau à saisir par une pâle copie. J'imagine que lorsqu'il perd sa fortune, peut-être car il devient difficile de faire affaire quand on est juif, Émile est acculé. Et quand on lui propose une affaire douteuse, il ferme les yeux. Et c'est comme ça qu'il vend des faux tableaux. Quand il voit qu'il risque la prison, il décide de fuir. Peut-être par peur d'assumer ses actes, mais peut-être aussi plutôt parce qu'il devait bien se douter qu'une telle sentence d'emprisonnement pour un juif, en Autriche, en 1939, pouvait être une sentence de mort. Car la principale raison de son départ reste qu'il était juif. Juif en Autriche. Un pays qui s'est longtemps dit première victime du nazisme, mais qui en réalité a accueilli Hitler à bras ouverts en mars 1938. Avant même que les mesures anti-juives du régime nazi n'entrent en vigueur en Autriche, les juifs sont exposés à des attaques, des humiliations et des abus de la part de la population. Leurs magasins sont pillés, peut-être même le magasin d'antiquité des milles. J'ai retrouvé son dossier d'arianisation, c'est-à-dire la confiscation de ses biens par le régime nazi en raison de son appartenance juive. Le dossier conclut qu'il n'y a rien à saisir et que les articles qu'il avait dans son magasin n'étaient là qu'en dépôt et ne lui appartenaient pas. Moi, je m'imagine qu'il avait bien organisé les choses. Certes, il avait perdu sa fortune, mais je pense qu'il avait aussi réussi à organiser son insolvabilité et à planquer ses biens. Peut-être notamment la peinture qu'on était venu lui saisir et qu'il avait remplacée par une copie. Et puis il y avait aussi ce conteneur de 19 tableaux qu'il avait envoyés en Grande-Bretagne avant la guerre et qu'il a récupérés en 1948. Il devait se douter que les nazis ne tarderaient pas à s'en emparer, car tout porte à croire qu'il était rusé. et qu'il avait appris à jouer avec les règles. Quand il arrive en Belgique, il embellit son dossier. Il ne ment pas tout à fait, mais force le trait de son rôle dans la vente du calice et ses conséquences. Et évidemment, il ne mentionne pas l'affaire judiciaire en cours. Une fois la Belgique envahie, quand on demande aux Juifs de se déclarer comme tels, il n'en fait rien. Et il évite le port de l'étoile en faisant jouer ses relations à la commandanture. Alors oui, Émile était un filou, oui, il contournait les règles. Mais c'est aussi ce qui lui a sauvé la vie, à lui et à ses enfants. Sa femme Maria, par contre, n'a pas eu cette chance. Elle s'était retrouvée dans une situation incroyablement difficile. Quand Émile est parti pour la Belgique en février 1939, et qu'il n'arrive pas à faire venir la famille, Maria était coincée à Vienne avec les enfants. Une situation de plus en plus dangereuse chaque jour. Certes, Maria était catholique, mais à Vienne, les enfants étaient bien inscrits sur les registres des naissances juifs. Et puis, Maria avait beau être catholique, elle était mariée à Émile, un juif. Ils formaient un couple mixte et elles devaient subir des pressions énormes pour divorcer. Au moment du départ d'Émile, la famille est expulsée de la maison en location, entre-temps arianisée, car les propriétaires étaient juifs aussi. d'après les archives de Baden. La suite, on la connaît. La mort de Maria est précipitée par des conditions de négligence qui sonnent comme un prélude au programme Action T4. Le reste de la famille réussit à traverser la guerre en se faisant discret et en bénéficiant d'un contexte malgré tout un peu moins dangereux qu'en Autriche. En 1953, Émile meurt criblé de dette. Ses enfants doivent refuser son héritage et l'enterrer en pleine terre. Mais ils réussiront tous les trois brillamment leurs études, feront une grande carrière, se feront naturaliser belges, se marieront à des femmes belges catholiques et fonderont leur famille. Tout cela au prix, certes, de l'oubli de leurs origines. Le prix à payer quand ces origines ont déjà tellement coûté.

  • Speaker #4

    Donc ici on est dans les plus anciennes. Je vous ai dit 1970, mais je pense que... Voilà, 1900...

  • Speaker #2

    75 avant ça c'est la plus ancienne donc avant ça 53 c'est forcément que c'est fini bon on va dire que c'est ici dans

  • Speaker #4

    ces environs malheureusement c'est comme ça bon voilà et puis les fauteuilheurs quand ils finissaient leur carrière ils prenaient leur livre avec eux, je ne sais pas pourquoi faire. Et voilà, après, les nouveaux, dès qu'ils sont arrivés, ils ont fait dans le jus parce que c'était une invitation. Et si nous, ce que nous sommes en train de faire, ce que nous sommes en train de faire avec nos collègues, c'est que voilà, nous essayons de faire un son.

  • Speaker #3

    Là,

  • Speaker #4

    c'est beaucoup plus facile que nous parce qu'aller retrouver une femme ici, c'est vraiment... Et savoir combien aussi il y en a dedans. Parce que quand on nous détend, des fois, c'est rempli. Parce qu'il n'y avait pas de fiche à vous. Donc, rien n'est mis à jour. Donc,

  • Speaker #3

    il y a un peu de mal.

  • Speaker #4

    Voilà, c'est un truc à rien.

  • Speaker #2

    Voilà, Emile. C'est comme ça que j'ai choisi de m'imaginer ton histoire. Celle de notre famille. Alors, tu vois, ton histoire, elle continue. Parfois un peu interprétée. Parfois un peu fantasmée. Nous la raconterons chacun et chacune à notre manière. Mais après tout, n'est-ce pas ça l'essence même d'une histoire de famille ? Celle qu'on raconte aux réunions de famille, celle qu'on se transmet. Celle dont on ne sait plus ce qui est vrai et ce qui est faux. Celle que nous forgeons parfois tout autant qu'elle nous forge. Finalement, ce qui importe, ce n'est peut-être pas tellement l'histoire, que la manière dont nous la recherchons, la racontons, la transmettons. Ton histoire, Émile, et celle de mon grand-père Gérard, elle restera la vôtre. L'histoire que j'ai mise à jour n'en est qu'une version. En passant entre mes mains, sous mes yeux et dans ma voix, cette histoire est devenue la mienne. En cherchant à te connaître, toi et Maria, mes ancêtres, j'ai aussi redécouvert ma famille, des tantes, des grandes-tantes, leurs enfants et petits-enfants, tous unis dans cette quête d'origine. Et puis, j'ai redécouvert mon grand-père, ou plutôt cette partie de sa vie qu'il avait enfouie, oubliée, et qui ne ressurgissait que par moments, à travers cette étincelle dans son regard. Celle sortie tout droit de ses souvenirs d'enfance et que le présent rallumait lorsqu'il écoutait Beethoven. ou savourait une part d'Apple Chodol.

  • Speaker #4

    Là, normalement, c'est le premier carré, donc ce serait le carré de droite. Et ici, au quatrième emplacement, maintenant, comment est-ce qu'il travaille avant ? Donc voilà, anciennement, les faussoyeurs travaillaient d'une autre manière. Et ici, logiquement, c'est la première parcelle. Ici, comme vous voyez, il y a le numéro 1, 2, 3, 4. Ça doit être le quatrième de la première ronge.

  • Speaker #2

    C'est là où vous m'aviez montré ? Oui,

  • Speaker #4

    là, c'est sûr. Là, c'est sûr. Voilà.

  • Speaker #2

    Ça me fait plaisir d'avoir son nom.

  • Speaker #4

    Au moins, vous l'avez vu.

  • Speaker #2

    Bon, mais ça me fait super plaisir d'avoir vu ça au moment dans le livre, à défaut d'avoir pu retrouver sa tombe. Enfin bon, je sais où il est plus ou moins.

  • Speaker #4

    Ouais, mais non, c'est sûr que c'est là. Parce que c'est le premier carré. Il travaillait carré 1, carré 2, carré 3. Mais il n'y avait pas de plan à ce moment-là. Ouais. Allez, je vous laisse.

  • Speaker #2

    Merci.

  • Speaker #4

    Allez. Bonne journée. Salut, au revoir.

  • Speaker #2

    La Malette Verte est un podcast réalisé par Perrine Soccal, une production du Xara ASBL, avec le soutien du Fond d'aide à la création radiophonique de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Fondation pour la mémoire de la Shoah. Écriture et réalisation Perrine Soccal Montage Thibaut Koukelbergs Mixage Maxime Thomas Musique Maxime Lussier Illustration Clémentine Lénel Un tout grand merci à tous ceux qui ont contribué à ce podcast. À mes parents et à ma famille, qui se sont prêtés au jeu. À Benoît Soquel, qui a mis au jour l'histoire des mines. À Manu et Catherine Soquel, qui ont fait les premières recherches dont je suis partie. Et à Lucie Cotman, qui m'a aidée dans les recherches historiques complémentaires. Merci aussi à toutes celles et ceux qui ont prêté leur voix pour des lectures ou des jeux d'acteurs. Louise Barraud, Thibaut Kugelbergs Anna et Miles Kugelbergs, Maxime Lambrechts, Jean Minetto, Sarah Segura, Guillaume Soquel et Pierre Van Grotelhoon. Merci aux experts et aux historiens que vous avez entendus et à toutes celles et ceux qui m'ont conseillé en coulisses. Merci aussi aux archivistes et à celles et ceux qui ont prêté leurs oreilles pour me faire leur retour. Merci enfin à mon mari Simon et à mes enfants Célestin et Manon de m'avoir soutenu dans ce projet.

Description


A l'origine de cette enquête: mon oncle, Benoit Sokal, dessinateur de bande dessinée et auteur de jeu vidéo. C'est lui qui a trouvé la Mallette verte après le décès de mon grand-père - son père. L'histoire d'Emil s'est emparée de lui, jusqu' à prendre vie dans son dernier jeu vidéo: Syberia, The World Before. Avant que Benoit ne décède à son tour, j’ai voulu recueillir tout ce qu’il savait. Et ce fut alors à mon tour de m'emparer de l'histoire familiale. Alors au terme de mon enquête, je tente de recoller les pièces du puzzle pour savoir qui était vraiment Emil. J’explore les nuances de l’Histoire et de ce qui fait les histoires familiales, en même temps que je tente de retrouver la toute dernière trace d’Emil. 


Pour suivre l'actualité du podcast La Mallette verte et pour des compléments d'informations sur l'enquête documentaire, rendez-vous sur le compte Instagram @LaMalletteVerte  


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Extrait de Syberia: The World Before, jeu vidéo créé par Benoît Sokal, développé par Microids Studio Paris et édité par Microids.

La musique est également issue du jeu: "Lost Memories" et "Just a ghost", par Inon Zur.

Avec leur aimable permission.


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La Malette verte est une enquête familiale documentaire en 8 épisodes réalisée par Perrine Sokal, et produite par le GSARA ASBL avec le soutien du Fonds d'Aide à la création radiophonique de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.


Réalisation, écriture, recherches, communication: Perrine Sokal 

Montage, aide à la réalisation: Thibault Coeckelberghs 

Mixage: Maxime Thomas

Musique: Maxime Lhussier

Illustration: Clémentine Lénelle

Consultance historique: Lucy Coatman


Un tout grand merci à toute l'équipe citée ci-dessus, en particulier Thibault Coeckelberghs, ainsi qu'à mes parents et à ma famille, à Benoit, Manu et Catherine, Renelde, Marie-Thérèse, Anne, Geneviève, Martine, Hugo, Jules.

Merci aux comédien.nes qui ont prêté leur voix: Louise Barreau, Anna et Miles Coeckelberghs, Thibault Coeckelberghs, Maxime Lambrechts, Sarah Segura, Guillaume Sokal, Pierre Vangrootloon.

Merci à Ambre, Clémentine, Louise, Marine, Maxime, May, Sarah pour leur écoute attentive et leurs retours.

Merci aux experts, historien.nes et aux archivistes qui font un travail de mémoire si précieux.

Merci à Simon, Célestin et Manon. 


Malette verte • documentaire • enquête • enquête documentaire • enquête historique • enquête familiale • Histoire familiale • secret de famille • enquête généalogique • Histoire • archives • juif • généalogie • seconde guerre mondiale • deuxième guerre mondiale • nazisme • nazis • histoire de famille • Shoah


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Hum, bonjour. Je veux dire, Guten Tag, Herr Müller ?

  • Speaker #1

    Guten Tag, Frau Lein. Je fais l'inventaire, voyez-vous.

  • Speaker #0

    Oh, je m'excuse de vous déranger, mais je souhaiterais vous montrer un portrait, si vous le permettez.

  • Speaker #1

    Un portrait ?

  • Speaker #0

    Oui, celui d'une personne que je cherche. Une jeune fille qui me ressemblait apparemment beaucoup.

  • Speaker #1

    Je suis plutôt occupé. Enfin bon, montrez-moi.

  • Speaker #0

    Vous voyez ? Il y a le nom de votre boutique dessus.

  • Speaker #1

    Oui, l'étiquette vient effectivement d'ici. Mais elle est très ancienne.

  • Speaker #0

    C'est le seul indice que j'ai pour découvrir ce qu'est devenue cette fille.

  • Speaker #1

    Je vois.

  • Speaker #0

    À mon avis, le propriétaire de ce tableau a dû être client de la boutique, avant que le tableau ne soit volé par l'ombre brune durant la Seconde Guerre mondiale.

  • Speaker #1

    C'est tout à fait possible. La boutique vendait des fournitures d'art à une époque. Comme vous pouvez le constater, nous ne proposons plus ces articles aujourd'hui. Vous permettez que je regarde ?

  • Speaker #0

    Bien volontiers.

  • Speaker #2

    Ce jeu vidéo a été créé par mon oncle, Benoît, petit-fils d'Emile, fils de mon grand-père Gérard. Benoît Soquel était dessinateur et auteur de jeux vidéo. C'est lui qui a découvert la mallette verte après la mort de mon grand-père. Et quand il l'a ouverte, l'histoire de notre famille a surgi de l'oubli, un peu comme un génie sort de sa lampe. L'aura de mystère autour de notre passé familial et de nos origines avait rendu cette histoire d'autant plus intrigante. Cet enregistrement date d'avril 2021. Je savais que Benoît était malade, il n'allait pas bien, et j'ai ressenti cette urgence de capturer tout ce qu'il savait sur Emile. pour ne pas laisser cette histoire s'échapper une autre fois. Alors j'ai pris un micro bon marché, j'ai fait des réglages approximatifs et j'ai commencé le tout premier enregistrement de ce podcast.

  • Speaker #3

    Mon père est né dans un monde disparu. Un monde très parfait. c'est le monde autristien de l'entre-deux-guerres. Donc là, je suis en France et en France-Europe, où tout le monde est dans une espèce de ville extrêmement fantasmée, et avec des allemands fantasmés.

  • Speaker #2

    Donc en fait, même si toi, tu n'as pas vécu là, ça fait quand même partie de ton univers, d'une manière ou d'une autre.

  • Speaker #3

    Ça fait partie de tes souvenirs. Mes souvenirs, c'est mon ombre, c'est un peu mon univers.

  • Speaker #2

    Benoît est mort un mois plus tard. Mais l'histoire d'Émile n'allait pas mourir avec lui. Quelques mois après, à titre posthume donc, sort le jeu de Benoît. Sibéria, The World Before. Oui, ce monde d'hier, celui de Stéphane Zweig. Avec des trames à destination de Baden et une musique jouée par l'orchestre philharmonique de Vienne. Avec une héroïne, obnubilée par le portrait d'une femme qui lui ressemble étrangement, et qui se lance dans une quête pour savoir qui elle est. Et puis des énigmes, dignes de la saga Point and Click créée par Benoît, mais aussi à la hauteur des mystères laissés par la mallette verte. Après la mort de Benoît, je me suis à mon tour en Paris de l'histoire d'Amy. Tour à tour, nous avions tous les deux été fascinés par cette histoire. Mais là où Benoît y avait puisé son imagination, Moi, j'avais comme ambition de retrouver la vraie version de l'histoire, comprendre qui était Émile et comment Maria était morte. Alors je suis partie de l'enquête entamée par Manu, autre membre de la famille que l'histoire a hantée, et j'ai retrouvé une quantité d'archives impressionnantes. Avec l'aide d'historiens pour les décrypter, elles m'ont fait découvrir des chapitres entiers de l'histoire. J'ai pu comprendre beaucoup de choses. Mais ce que les archives administratives ne racontent pas, Ce sont les émotions, les motivations, les peurs qui ont pu guider les événements historiques. Alors mon ambition de tout pouvoir expliquer était sans doute un peu prétentieuse. La Malette verte, une série de Perrine Soquel. Épilogue.

  • Speaker #4

    Oui,

  • Speaker #5

    bonjour monsieur.

  • Speaker #2

    La commune de Boussus m'a donné votre numéro parce que je recherche une tombe, celle d'Émile Socal. Il est apparemment enterré à Boussus-Centre en pleine terre commune. Il est mort le 28 juin 1953. Je voulais voir si vous pouviez m'aider à localiser où il est enterré. Merci beaucoup. Au revoir. L'histoire d'Emile, elle a plusieurs versions possibles. Côté piles, Il y a un honnête marchand d'art juif qui aide les ordres catholiques et se retrouve victime de l'antisémitisme dans l'Allemagne nazie. Et puis côté face, il y a cette autre version de l'histoire. Émile, l'escroc, qui vend les biens d'église par opportunisme et qui, par appât du gain, falsifie des tableaux. Mais les humains ont plus de facettes qu'une pièce de monnaie. Et l'histoire n'est pas en noir et blanc. Ce sont les hommes et les femmes, dans toutes leurs complexités et leurs nuances, qui en façonnent la véritable texture. Bonjour, c'est moi qui vous ai appelé.

  • Speaker #4

    Bonjour. Ça va ?

  • Speaker #2

    Ça va bien et vous ?

  • Speaker #3

    Ça va bien,

  • Speaker #4

    ça va. Vous venez de Bruxelles ? Ah ouais, vous avez une petite...

  • Speaker #2

    Oui. T'as que j'ai mis un peu de pain,

  • Speaker #4

    viens. Appétite-moi.

  • Speaker #2

    Eh bien donc, je cherche la tombe de mon arrière-grand-père, Soquel. Il est mort en 53.

  • Speaker #4

    Ok. Je vais vous montrer les plaines de terre, comment c'est fait à la base. Oui. Et après, je vous montrerai logiquement, ils devraient être là. Parce qu'en fait, tout ce qui est en dessous de 1970 ont été exhumés. Enfin, je ne sais même pas s'ils l'ont exhumé et ils l'ont réenterré au-dessus.

  • Speaker #2

    D'accord.

  • Speaker #4

    Donc, je vous montre un petit peu comment ça se procède. Ok. Et après, je vous montrerai l'endroit.

  • Speaker #2

    Un historien rencontré pendant mes recherches m'a dit Ce qui aide bien, quand on ne trouve pas l'information qu'on recherche, c'est qu'on peut tout imaginer Alors voilà ce que moi j'imagine. Je crois qu'Émile était un marchand d'art comme un autre. Pas mieux, pas pire. Mais acculé par l'antisémitisme, il a dû faire preuve de ruse. Oui, Émile a vendu des objets religieux par opportunisme, car en temps de crise, les monastères avaient beaucoup d'objets à vendre. Mais bon, peut-on lui en vouloir de choisir un domaine où il y a du travail ? Dans un contexte où les nazis menacent de s'en prendre à l'église, il prend des risques en les aidant. Mais il a besoin d'argent. Il est en difficulté financière. C'est en tout cas ce qui expliquerait qu'ils ont dû vendre leur maison. Cette maison dans laquelle Maria écrivait qu'elle se réjouissait d'emménager. Les archives de Vienne montrent que la famille l'a vendue quelques années plus tard pour louer ailleurs. Ses problèmes d'argent expliqueraient aussi qu'Émile prend parfois du temps à remettre l'argent qu'il doit aux vendeurs lorsqu'ils clôturent des ventes, comme l'historienne Lucie Cotman a pu remarquer. Et ce serait pour ça aussi que des agents se sont présentés chez lui pour saisir un de ses tableaux. Ça, c'était une anecdote rapportée dans un des articles sur le procès. Émile avait remplacé le tableau à saisir par une pâle copie. J'imagine que lorsqu'il perd sa fortune, peut-être car il devient difficile de faire affaire quand on est juif, Émile est acculé. Et quand on lui propose une affaire douteuse, il ferme les yeux. Et c'est comme ça qu'il vend des faux tableaux. Quand il voit qu'il risque la prison, il décide de fuir. Peut-être par peur d'assumer ses actes, mais peut-être aussi plutôt parce qu'il devait bien se douter qu'une telle sentence d'emprisonnement pour un juif, en Autriche, en 1939, pouvait être une sentence de mort. Car la principale raison de son départ reste qu'il était juif. Juif en Autriche. Un pays qui s'est longtemps dit première victime du nazisme, mais qui en réalité a accueilli Hitler à bras ouverts en mars 1938. Avant même que les mesures anti-juives du régime nazi n'entrent en vigueur en Autriche, les juifs sont exposés à des attaques, des humiliations et des abus de la part de la population. Leurs magasins sont pillés, peut-être même le magasin d'antiquité des milles. J'ai retrouvé son dossier d'arianisation, c'est-à-dire la confiscation de ses biens par le régime nazi en raison de son appartenance juive. Le dossier conclut qu'il n'y a rien à saisir et que les articles qu'il avait dans son magasin n'étaient là qu'en dépôt et ne lui appartenaient pas. Moi, je m'imagine qu'il avait bien organisé les choses. Certes, il avait perdu sa fortune, mais je pense qu'il avait aussi réussi à organiser son insolvabilité et à planquer ses biens. Peut-être notamment la peinture qu'on était venu lui saisir et qu'il avait remplacée par une copie. Et puis il y avait aussi ce conteneur de 19 tableaux qu'il avait envoyés en Grande-Bretagne avant la guerre et qu'il a récupérés en 1948. Il devait se douter que les nazis ne tarderaient pas à s'en emparer, car tout porte à croire qu'il était rusé. et qu'il avait appris à jouer avec les règles. Quand il arrive en Belgique, il embellit son dossier. Il ne ment pas tout à fait, mais force le trait de son rôle dans la vente du calice et ses conséquences. Et évidemment, il ne mentionne pas l'affaire judiciaire en cours. Une fois la Belgique envahie, quand on demande aux Juifs de se déclarer comme tels, il n'en fait rien. Et il évite le port de l'étoile en faisant jouer ses relations à la commandanture. Alors oui, Émile était un filou, oui, il contournait les règles. Mais c'est aussi ce qui lui a sauvé la vie, à lui et à ses enfants. Sa femme Maria, par contre, n'a pas eu cette chance. Elle s'était retrouvée dans une situation incroyablement difficile. Quand Émile est parti pour la Belgique en février 1939, et qu'il n'arrive pas à faire venir la famille, Maria était coincée à Vienne avec les enfants. Une situation de plus en plus dangereuse chaque jour. Certes, Maria était catholique, mais à Vienne, les enfants étaient bien inscrits sur les registres des naissances juifs. Et puis, Maria avait beau être catholique, elle était mariée à Émile, un juif. Ils formaient un couple mixte et elles devaient subir des pressions énormes pour divorcer. Au moment du départ d'Émile, la famille est expulsée de la maison en location, entre-temps arianisée, car les propriétaires étaient juifs aussi. d'après les archives de Baden. La suite, on la connaît. La mort de Maria est précipitée par des conditions de négligence qui sonnent comme un prélude au programme Action T4. Le reste de la famille réussit à traverser la guerre en se faisant discret et en bénéficiant d'un contexte malgré tout un peu moins dangereux qu'en Autriche. En 1953, Émile meurt criblé de dette. Ses enfants doivent refuser son héritage et l'enterrer en pleine terre. Mais ils réussiront tous les trois brillamment leurs études, feront une grande carrière, se feront naturaliser belges, se marieront à des femmes belges catholiques et fonderont leur famille. Tout cela au prix, certes, de l'oubli de leurs origines. Le prix à payer quand ces origines ont déjà tellement coûté.

  • Speaker #4

    Donc ici on est dans les plus anciennes. Je vous ai dit 1970, mais je pense que... Voilà, 1900...

  • Speaker #2

    75 avant ça c'est la plus ancienne donc avant ça 53 c'est forcément que c'est fini bon on va dire que c'est ici dans

  • Speaker #4

    ces environs malheureusement c'est comme ça bon voilà et puis les fauteuilheurs quand ils finissaient leur carrière ils prenaient leur livre avec eux, je ne sais pas pourquoi faire. Et voilà, après, les nouveaux, dès qu'ils sont arrivés, ils ont fait dans le jus parce que c'était une invitation. Et si nous, ce que nous sommes en train de faire, ce que nous sommes en train de faire avec nos collègues, c'est que voilà, nous essayons de faire un son.

  • Speaker #3

    Là,

  • Speaker #4

    c'est beaucoup plus facile que nous parce qu'aller retrouver une femme ici, c'est vraiment... Et savoir combien aussi il y en a dedans. Parce que quand on nous détend, des fois, c'est rempli. Parce qu'il n'y avait pas de fiche à vous. Donc, rien n'est mis à jour. Donc,

  • Speaker #3

    il y a un peu de mal.

  • Speaker #4

    Voilà, c'est un truc à rien.

  • Speaker #2

    Voilà, Emile. C'est comme ça que j'ai choisi de m'imaginer ton histoire. Celle de notre famille. Alors, tu vois, ton histoire, elle continue. Parfois un peu interprétée. Parfois un peu fantasmée. Nous la raconterons chacun et chacune à notre manière. Mais après tout, n'est-ce pas ça l'essence même d'une histoire de famille ? Celle qu'on raconte aux réunions de famille, celle qu'on se transmet. Celle dont on ne sait plus ce qui est vrai et ce qui est faux. Celle que nous forgeons parfois tout autant qu'elle nous forge. Finalement, ce qui importe, ce n'est peut-être pas tellement l'histoire, que la manière dont nous la recherchons, la racontons, la transmettons. Ton histoire, Émile, et celle de mon grand-père Gérard, elle restera la vôtre. L'histoire que j'ai mise à jour n'en est qu'une version. En passant entre mes mains, sous mes yeux et dans ma voix, cette histoire est devenue la mienne. En cherchant à te connaître, toi et Maria, mes ancêtres, j'ai aussi redécouvert ma famille, des tantes, des grandes-tantes, leurs enfants et petits-enfants, tous unis dans cette quête d'origine. Et puis, j'ai redécouvert mon grand-père, ou plutôt cette partie de sa vie qu'il avait enfouie, oubliée, et qui ne ressurgissait que par moments, à travers cette étincelle dans son regard. Celle sortie tout droit de ses souvenirs d'enfance et que le présent rallumait lorsqu'il écoutait Beethoven. ou savourait une part d'Apple Chodol.

  • Speaker #4

    Là, normalement, c'est le premier carré, donc ce serait le carré de droite. Et ici, au quatrième emplacement, maintenant, comment est-ce qu'il travaille avant ? Donc voilà, anciennement, les faussoyeurs travaillaient d'une autre manière. Et ici, logiquement, c'est la première parcelle. Ici, comme vous voyez, il y a le numéro 1, 2, 3, 4. Ça doit être le quatrième de la première ronge.

  • Speaker #2

    C'est là où vous m'aviez montré ? Oui,

  • Speaker #4

    là, c'est sûr. Là, c'est sûr. Voilà.

  • Speaker #2

    Ça me fait plaisir d'avoir son nom.

  • Speaker #4

    Au moins, vous l'avez vu.

  • Speaker #2

    Bon, mais ça me fait super plaisir d'avoir vu ça au moment dans le livre, à défaut d'avoir pu retrouver sa tombe. Enfin bon, je sais où il est plus ou moins.

  • Speaker #4

    Ouais, mais non, c'est sûr que c'est là. Parce que c'est le premier carré. Il travaillait carré 1, carré 2, carré 3. Mais il n'y avait pas de plan à ce moment-là. Ouais. Allez, je vous laisse.

  • Speaker #2

    Merci.

  • Speaker #4

    Allez. Bonne journée. Salut, au revoir.

  • Speaker #2

    La Malette Verte est un podcast réalisé par Perrine Soccal, une production du Xara ASBL, avec le soutien du Fond d'aide à la création radiophonique de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Fondation pour la mémoire de la Shoah. Écriture et réalisation Perrine Soccal Montage Thibaut Koukelbergs Mixage Maxime Thomas Musique Maxime Lussier Illustration Clémentine Lénel Un tout grand merci à tous ceux qui ont contribué à ce podcast. À mes parents et à ma famille, qui se sont prêtés au jeu. À Benoît Soquel, qui a mis au jour l'histoire des mines. À Manu et Catherine Soquel, qui ont fait les premières recherches dont je suis partie. Et à Lucie Cotman, qui m'a aidée dans les recherches historiques complémentaires. Merci aussi à toutes celles et ceux qui ont prêté leur voix pour des lectures ou des jeux d'acteurs. Louise Barraud, Thibaut Kugelbergs Anna et Miles Kugelbergs, Maxime Lambrechts, Jean Minetto, Sarah Segura, Guillaume Soquel et Pierre Van Grotelhoon. Merci aux experts et aux historiens que vous avez entendus et à toutes celles et ceux qui m'ont conseillé en coulisses. Merci aussi aux archivistes et à celles et ceux qui ont prêté leurs oreilles pour me faire leur retour. Merci enfin à mon mari Simon et à mes enfants Célestin et Manon de m'avoir soutenu dans ce projet.

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Description


A l'origine de cette enquête: mon oncle, Benoit Sokal, dessinateur de bande dessinée et auteur de jeu vidéo. C'est lui qui a trouvé la Mallette verte après le décès de mon grand-père - son père. L'histoire d'Emil s'est emparée de lui, jusqu' à prendre vie dans son dernier jeu vidéo: Syberia, The World Before. Avant que Benoit ne décède à son tour, j’ai voulu recueillir tout ce qu’il savait. Et ce fut alors à mon tour de m'emparer de l'histoire familiale. Alors au terme de mon enquête, je tente de recoller les pièces du puzzle pour savoir qui était vraiment Emil. J’explore les nuances de l’Histoire et de ce qui fait les histoires familiales, en même temps que je tente de retrouver la toute dernière trace d’Emil. 


Pour suivre l'actualité du podcast La Mallette verte et pour des compléments d'informations sur l'enquête documentaire, rendez-vous sur le compte Instagram @LaMalletteVerte  


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Extrait de Syberia: The World Before, jeu vidéo créé par Benoît Sokal, développé par Microids Studio Paris et édité par Microids.

La musique est également issue du jeu: "Lost Memories" et "Just a ghost", par Inon Zur.

Avec leur aimable permission.


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La Malette verte est une enquête familiale documentaire en 8 épisodes réalisée par Perrine Sokal, et produite par le GSARA ASBL avec le soutien du Fonds d'Aide à la création radiophonique de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.


Réalisation, écriture, recherches, communication: Perrine Sokal 

Montage, aide à la réalisation: Thibault Coeckelberghs 

Mixage: Maxime Thomas

Musique: Maxime Lhussier

Illustration: Clémentine Lénelle

Consultance historique: Lucy Coatman


Un tout grand merci à toute l'équipe citée ci-dessus, en particulier Thibault Coeckelberghs, ainsi qu'à mes parents et à ma famille, à Benoit, Manu et Catherine, Renelde, Marie-Thérèse, Anne, Geneviève, Martine, Hugo, Jules.

Merci aux comédien.nes qui ont prêté leur voix: Louise Barreau, Anna et Miles Coeckelberghs, Thibault Coeckelberghs, Maxime Lambrechts, Sarah Segura, Guillaume Sokal, Pierre Vangrootloon.

Merci à Ambre, Clémentine, Louise, Marine, Maxime, May, Sarah pour leur écoute attentive et leurs retours.

Merci aux experts, historien.nes et aux archivistes qui font un travail de mémoire si précieux.

Merci à Simon, Célestin et Manon. 


Malette verte • documentaire • enquête • enquête documentaire • enquête historique • enquête familiale • Histoire familiale • secret de famille • enquête généalogique • Histoire • archives • juif • généalogie • seconde guerre mondiale • deuxième guerre mondiale • nazisme • nazis • histoire de famille • Shoah


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Hum, bonjour. Je veux dire, Guten Tag, Herr Müller ?

  • Speaker #1

    Guten Tag, Frau Lein. Je fais l'inventaire, voyez-vous.

  • Speaker #0

    Oh, je m'excuse de vous déranger, mais je souhaiterais vous montrer un portrait, si vous le permettez.

  • Speaker #1

    Un portrait ?

  • Speaker #0

    Oui, celui d'une personne que je cherche. Une jeune fille qui me ressemblait apparemment beaucoup.

  • Speaker #1

    Je suis plutôt occupé. Enfin bon, montrez-moi.

  • Speaker #0

    Vous voyez ? Il y a le nom de votre boutique dessus.

  • Speaker #1

    Oui, l'étiquette vient effectivement d'ici. Mais elle est très ancienne.

  • Speaker #0

    C'est le seul indice que j'ai pour découvrir ce qu'est devenue cette fille.

  • Speaker #1

    Je vois.

  • Speaker #0

    À mon avis, le propriétaire de ce tableau a dû être client de la boutique, avant que le tableau ne soit volé par l'ombre brune durant la Seconde Guerre mondiale.

  • Speaker #1

    C'est tout à fait possible. La boutique vendait des fournitures d'art à une époque. Comme vous pouvez le constater, nous ne proposons plus ces articles aujourd'hui. Vous permettez que je regarde ?

  • Speaker #0

    Bien volontiers.

  • Speaker #2

    Ce jeu vidéo a été créé par mon oncle, Benoît, petit-fils d'Emile, fils de mon grand-père Gérard. Benoît Soquel était dessinateur et auteur de jeux vidéo. C'est lui qui a découvert la mallette verte après la mort de mon grand-père. Et quand il l'a ouverte, l'histoire de notre famille a surgi de l'oubli, un peu comme un génie sort de sa lampe. L'aura de mystère autour de notre passé familial et de nos origines avait rendu cette histoire d'autant plus intrigante. Cet enregistrement date d'avril 2021. Je savais que Benoît était malade, il n'allait pas bien, et j'ai ressenti cette urgence de capturer tout ce qu'il savait sur Emile. pour ne pas laisser cette histoire s'échapper une autre fois. Alors j'ai pris un micro bon marché, j'ai fait des réglages approximatifs et j'ai commencé le tout premier enregistrement de ce podcast.

  • Speaker #3

    Mon père est né dans un monde disparu. Un monde très parfait. c'est le monde autristien de l'entre-deux-guerres. Donc là, je suis en France et en France-Europe, où tout le monde est dans une espèce de ville extrêmement fantasmée, et avec des allemands fantasmés.

  • Speaker #2

    Donc en fait, même si toi, tu n'as pas vécu là, ça fait quand même partie de ton univers, d'une manière ou d'une autre.

  • Speaker #3

    Ça fait partie de tes souvenirs. Mes souvenirs, c'est mon ombre, c'est un peu mon univers.

  • Speaker #2

    Benoît est mort un mois plus tard. Mais l'histoire d'Émile n'allait pas mourir avec lui. Quelques mois après, à titre posthume donc, sort le jeu de Benoît. Sibéria, The World Before. Oui, ce monde d'hier, celui de Stéphane Zweig. Avec des trames à destination de Baden et une musique jouée par l'orchestre philharmonique de Vienne. Avec une héroïne, obnubilée par le portrait d'une femme qui lui ressemble étrangement, et qui se lance dans une quête pour savoir qui elle est. Et puis des énigmes, dignes de la saga Point and Click créée par Benoît, mais aussi à la hauteur des mystères laissés par la mallette verte. Après la mort de Benoît, je me suis à mon tour en Paris de l'histoire d'Amy. Tour à tour, nous avions tous les deux été fascinés par cette histoire. Mais là où Benoît y avait puisé son imagination, Moi, j'avais comme ambition de retrouver la vraie version de l'histoire, comprendre qui était Émile et comment Maria était morte. Alors je suis partie de l'enquête entamée par Manu, autre membre de la famille que l'histoire a hantée, et j'ai retrouvé une quantité d'archives impressionnantes. Avec l'aide d'historiens pour les décrypter, elles m'ont fait découvrir des chapitres entiers de l'histoire. J'ai pu comprendre beaucoup de choses. Mais ce que les archives administratives ne racontent pas, Ce sont les émotions, les motivations, les peurs qui ont pu guider les événements historiques. Alors mon ambition de tout pouvoir expliquer était sans doute un peu prétentieuse. La Malette verte, une série de Perrine Soquel. Épilogue.

  • Speaker #4

    Oui,

  • Speaker #5

    bonjour monsieur.

  • Speaker #2

    La commune de Boussus m'a donné votre numéro parce que je recherche une tombe, celle d'Émile Socal. Il est apparemment enterré à Boussus-Centre en pleine terre commune. Il est mort le 28 juin 1953. Je voulais voir si vous pouviez m'aider à localiser où il est enterré. Merci beaucoup. Au revoir. L'histoire d'Emile, elle a plusieurs versions possibles. Côté piles, Il y a un honnête marchand d'art juif qui aide les ordres catholiques et se retrouve victime de l'antisémitisme dans l'Allemagne nazie. Et puis côté face, il y a cette autre version de l'histoire. Émile, l'escroc, qui vend les biens d'église par opportunisme et qui, par appât du gain, falsifie des tableaux. Mais les humains ont plus de facettes qu'une pièce de monnaie. Et l'histoire n'est pas en noir et blanc. Ce sont les hommes et les femmes, dans toutes leurs complexités et leurs nuances, qui en façonnent la véritable texture. Bonjour, c'est moi qui vous ai appelé.

  • Speaker #4

    Bonjour. Ça va ?

  • Speaker #2

    Ça va bien et vous ?

  • Speaker #3

    Ça va bien,

  • Speaker #4

    ça va. Vous venez de Bruxelles ? Ah ouais, vous avez une petite...

  • Speaker #2

    Oui. T'as que j'ai mis un peu de pain,

  • Speaker #4

    viens. Appétite-moi.

  • Speaker #2

    Eh bien donc, je cherche la tombe de mon arrière-grand-père, Soquel. Il est mort en 53.

  • Speaker #4

    Ok. Je vais vous montrer les plaines de terre, comment c'est fait à la base. Oui. Et après, je vous montrerai logiquement, ils devraient être là. Parce qu'en fait, tout ce qui est en dessous de 1970 ont été exhumés. Enfin, je ne sais même pas s'ils l'ont exhumé et ils l'ont réenterré au-dessus.

  • Speaker #2

    D'accord.

  • Speaker #4

    Donc, je vous montre un petit peu comment ça se procède. Ok. Et après, je vous montrerai l'endroit.

  • Speaker #2

    Un historien rencontré pendant mes recherches m'a dit Ce qui aide bien, quand on ne trouve pas l'information qu'on recherche, c'est qu'on peut tout imaginer Alors voilà ce que moi j'imagine. Je crois qu'Émile était un marchand d'art comme un autre. Pas mieux, pas pire. Mais acculé par l'antisémitisme, il a dû faire preuve de ruse. Oui, Émile a vendu des objets religieux par opportunisme, car en temps de crise, les monastères avaient beaucoup d'objets à vendre. Mais bon, peut-on lui en vouloir de choisir un domaine où il y a du travail ? Dans un contexte où les nazis menacent de s'en prendre à l'église, il prend des risques en les aidant. Mais il a besoin d'argent. Il est en difficulté financière. C'est en tout cas ce qui expliquerait qu'ils ont dû vendre leur maison. Cette maison dans laquelle Maria écrivait qu'elle se réjouissait d'emménager. Les archives de Vienne montrent que la famille l'a vendue quelques années plus tard pour louer ailleurs. Ses problèmes d'argent expliqueraient aussi qu'Émile prend parfois du temps à remettre l'argent qu'il doit aux vendeurs lorsqu'ils clôturent des ventes, comme l'historienne Lucie Cotman a pu remarquer. Et ce serait pour ça aussi que des agents se sont présentés chez lui pour saisir un de ses tableaux. Ça, c'était une anecdote rapportée dans un des articles sur le procès. Émile avait remplacé le tableau à saisir par une pâle copie. J'imagine que lorsqu'il perd sa fortune, peut-être car il devient difficile de faire affaire quand on est juif, Émile est acculé. Et quand on lui propose une affaire douteuse, il ferme les yeux. Et c'est comme ça qu'il vend des faux tableaux. Quand il voit qu'il risque la prison, il décide de fuir. Peut-être par peur d'assumer ses actes, mais peut-être aussi plutôt parce qu'il devait bien se douter qu'une telle sentence d'emprisonnement pour un juif, en Autriche, en 1939, pouvait être une sentence de mort. Car la principale raison de son départ reste qu'il était juif. Juif en Autriche. Un pays qui s'est longtemps dit première victime du nazisme, mais qui en réalité a accueilli Hitler à bras ouverts en mars 1938. Avant même que les mesures anti-juives du régime nazi n'entrent en vigueur en Autriche, les juifs sont exposés à des attaques, des humiliations et des abus de la part de la population. Leurs magasins sont pillés, peut-être même le magasin d'antiquité des milles. J'ai retrouvé son dossier d'arianisation, c'est-à-dire la confiscation de ses biens par le régime nazi en raison de son appartenance juive. Le dossier conclut qu'il n'y a rien à saisir et que les articles qu'il avait dans son magasin n'étaient là qu'en dépôt et ne lui appartenaient pas. Moi, je m'imagine qu'il avait bien organisé les choses. Certes, il avait perdu sa fortune, mais je pense qu'il avait aussi réussi à organiser son insolvabilité et à planquer ses biens. Peut-être notamment la peinture qu'on était venu lui saisir et qu'il avait remplacée par une copie. Et puis il y avait aussi ce conteneur de 19 tableaux qu'il avait envoyés en Grande-Bretagne avant la guerre et qu'il a récupérés en 1948. Il devait se douter que les nazis ne tarderaient pas à s'en emparer, car tout porte à croire qu'il était rusé. et qu'il avait appris à jouer avec les règles. Quand il arrive en Belgique, il embellit son dossier. Il ne ment pas tout à fait, mais force le trait de son rôle dans la vente du calice et ses conséquences. Et évidemment, il ne mentionne pas l'affaire judiciaire en cours. Une fois la Belgique envahie, quand on demande aux Juifs de se déclarer comme tels, il n'en fait rien. Et il évite le port de l'étoile en faisant jouer ses relations à la commandanture. Alors oui, Émile était un filou, oui, il contournait les règles. Mais c'est aussi ce qui lui a sauvé la vie, à lui et à ses enfants. Sa femme Maria, par contre, n'a pas eu cette chance. Elle s'était retrouvée dans une situation incroyablement difficile. Quand Émile est parti pour la Belgique en février 1939, et qu'il n'arrive pas à faire venir la famille, Maria était coincée à Vienne avec les enfants. Une situation de plus en plus dangereuse chaque jour. Certes, Maria était catholique, mais à Vienne, les enfants étaient bien inscrits sur les registres des naissances juifs. Et puis, Maria avait beau être catholique, elle était mariée à Émile, un juif. Ils formaient un couple mixte et elles devaient subir des pressions énormes pour divorcer. Au moment du départ d'Émile, la famille est expulsée de la maison en location, entre-temps arianisée, car les propriétaires étaient juifs aussi. d'après les archives de Baden. La suite, on la connaît. La mort de Maria est précipitée par des conditions de négligence qui sonnent comme un prélude au programme Action T4. Le reste de la famille réussit à traverser la guerre en se faisant discret et en bénéficiant d'un contexte malgré tout un peu moins dangereux qu'en Autriche. En 1953, Émile meurt criblé de dette. Ses enfants doivent refuser son héritage et l'enterrer en pleine terre. Mais ils réussiront tous les trois brillamment leurs études, feront une grande carrière, se feront naturaliser belges, se marieront à des femmes belges catholiques et fonderont leur famille. Tout cela au prix, certes, de l'oubli de leurs origines. Le prix à payer quand ces origines ont déjà tellement coûté.

  • Speaker #4

    Donc ici on est dans les plus anciennes. Je vous ai dit 1970, mais je pense que... Voilà, 1900...

  • Speaker #2

    75 avant ça c'est la plus ancienne donc avant ça 53 c'est forcément que c'est fini bon on va dire que c'est ici dans

  • Speaker #4

    ces environs malheureusement c'est comme ça bon voilà et puis les fauteuilheurs quand ils finissaient leur carrière ils prenaient leur livre avec eux, je ne sais pas pourquoi faire. Et voilà, après, les nouveaux, dès qu'ils sont arrivés, ils ont fait dans le jus parce que c'était une invitation. Et si nous, ce que nous sommes en train de faire, ce que nous sommes en train de faire avec nos collègues, c'est que voilà, nous essayons de faire un son.

  • Speaker #3

    Là,

  • Speaker #4

    c'est beaucoup plus facile que nous parce qu'aller retrouver une femme ici, c'est vraiment... Et savoir combien aussi il y en a dedans. Parce que quand on nous détend, des fois, c'est rempli. Parce qu'il n'y avait pas de fiche à vous. Donc, rien n'est mis à jour. Donc,

  • Speaker #3

    il y a un peu de mal.

  • Speaker #4

    Voilà, c'est un truc à rien.

  • Speaker #2

    Voilà, Emile. C'est comme ça que j'ai choisi de m'imaginer ton histoire. Celle de notre famille. Alors, tu vois, ton histoire, elle continue. Parfois un peu interprétée. Parfois un peu fantasmée. Nous la raconterons chacun et chacune à notre manière. Mais après tout, n'est-ce pas ça l'essence même d'une histoire de famille ? Celle qu'on raconte aux réunions de famille, celle qu'on se transmet. Celle dont on ne sait plus ce qui est vrai et ce qui est faux. Celle que nous forgeons parfois tout autant qu'elle nous forge. Finalement, ce qui importe, ce n'est peut-être pas tellement l'histoire, que la manière dont nous la recherchons, la racontons, la transmettons. Ton histoire, Émile, et celle de mon grand-père Gérard, elle restera la vôtre. L'histoire que j'ai mise à jour n'en est qu'une version. En passant entre mes mains, sous mes yeux et dans ma voix, cette histoire est devenue la mienne. En cherchant à te connaître, toi et Maria, mes ancêtres, j'ai aussi redécouvert ma famille, des tantes, des grandes-tantes, leurs enfants et petits-enfants, tous unis dans cette quête d'origine. Et puis, j'ai redécouvert mon grand-père, ou plutôt cette partie de sa vie qu'il avait enfouie, oubliée, et qui ne ressurgissait que par moments, à travers cette étincelle dans son regard. Celle sortie tout droit de ses souvenirs d'enfance et que le présent rallumait lorsqu'il écoutait Beethoven. ou savourait une part d'Apple Chodol.

  • Speaker #4

    Là, normalement, c'est le premier carré, donc ce serait le carré de droite. Et ici, au quatrième emplacement, maintenant, comment est-ce qu'il travaille avant ? Donc voilà, anciennement, les faussoyeurs travaillaient d'une autre manière. Et ici, logiquement, c'est la première parcelle. Ici, comme vous voyez, il y a le numéro 1, 2, 3, 4. Ça doit être le quatrième de la première ronge.

  • Speaker #2

    C'est là où vous m'aviez montré ? Oui,

  • Speaker #4

    là, c'est sûr. Là, c'est sûr. Voilà.

  • Speaker #2

    Ça me fait plaisir d'avoir son nom.

  • Speaker #4

    Au moins, vous l'avez vu.

  • Speaker #2

    Bon, mais ça me fait super plaisir d'avoir vu ça au moment dans le livre, à défaut d'avoir pu retrouver sa tombe. Enfin bon, je sais où il est plus ou moins.

  • Speaker #4

    Ouais, mais non, c'est sûr que c'est là. Parce que c'est le premier carré. Il travaillait carré 1, carré 2, carré 3. Mais il n'y avait pas de plan à ce moment-là. Ouais. Allez, je vous laisse.

  • Speaker #2

    Merci.

  • Speaker #4

    Allez. Bonne journée. Salut, au revoir.

  • Speaker #2

    La Malette Verte est un podcast réalisé par Perrine Soccal, une production du Xara ASBL, avec le soutien du Fond d'aide à la création radiophonique de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Fondation pour la mémoire de la Shoah. Écriture et réalisation Perrine Soccal Montage Thibaut Koukelbergs Mixage Maxime Thomas Musique Maxime Lussier Illustration Clémentine Lénel Un tout grand merci à tous ceux qui ont contribué à ce podcast. À mes parents et à ma famille, qui se sont prêtés au jeu. À Benoît Soquel, qui a mis au jour l'histoire des mines. À Manu et Catherine Soquel, qui ont fait les premières recherches dont je suis partie. Et à Lucie Cotman, qui m'a aidée dans les recherches historiques complémentaires. Merci aussi à toutes celles et ceux qui ont prêté leur voix pour des lectures ou des jeux d'acteurs. Louise Barraud, Thibaut Kugelbergs Anna et Miles Kugelbergs, Maxime Lambrechts, Jean Minetto, Sarah Segura, Guillaume Soquel et Pierre Van Grotelhoon. Merci aux experts et aux historiens que vous avez entendus et à toutes celles et ceux qui m'ont conseillé en coulisses. Merci aussi aux archivistes et à celles et ceux qui ont prêté leurs oreilles pour me faire leur retour. Merci enfin à mon mari Simon et à mes enfants Célestin et Manon de m'avoir soutenu dans ce projet.

Description


A l'origine de cette enquête: mon oncle, Benoit Sokal, dessinateur de bande dessinée et auteur de jeu vidéo. C'est lui qui a trouvé la Mallette verte après le décès de mon grand-père - son père. L'histoire d'Emil s'est emparée de lui, jusqu' à prendre vie dans son dernier jeu vidéo: Syberia, The World Before. Avant que Benoit ne décède à son tour, j’ai voulu recueillir tout ce qu’il savait. Et ce fut alors à mon tour de m'emparer de l'histoire familiale. Alors au terme de mon enquête, je tente de recoller les pièces du puzzle pour savoir qui était vraiment Emil. J’explore les nuances de l’Histoire et de ce qui fait les histoires familiales, en même temps que je tente de retrouver la toute dernière trace d’Emil. 


Pour suivre l'actualité du podcast La Mallette verte et pour des compléments d'informations sur l'enquête documentaire, rendez-vous sur le compte Instagram @LaMalletteVerte  


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Extrait de Syberia: The World Before, jeu vidéo créé par Benoît Sokal, développé par Microids Studio Paris et édité par Microids.

La musique est également issue du jeu: "Lost Memories" et "Just a ghost", par Inon Zur.

Avec leur aimable permission.


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La Malette verte est une enquête familiale documentaire en 8 épisodes réalisée par Perrine Sokal, et produite par le GSARA ASBL avec le soutien du Fonds d'Aide à la création radiophonique de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.


Réalisation, écriture, recherches, communication: Perrine Sokal 

Montage, aide à la réalisation: Thibault Coeckelberghs 

Mixage: Maxime Thomas

Musique: Maxime Lhussier

Illustration: Clémentine Lénelle

Consultance historique: Lucy Coatman


Un tout grand merci à toute l'équipe citée ci-dessus, en particulier Thibault Coeckelberghs, ainsi qu'à mes parents et à ma famille, à Benoit, Manu et Catherine, Renelde, Marie-Thérèse, Anne, Geneviève, Martine, Hugo, Jules.

Merci aux comédien.nes qui ont prêté leur voix: Louise Barreau, Anna et Miles Coeckelberghs, Thibault Coeckelberghs, Maxime Lambrechts, Sarah Segura, Guillaume Sokal, Pierre Vangrootloon.

Merci à Ambre, Clémentine, Louise, Marine, Maxime, May, Sarah pour leur écoute attentive et leurs retours.

Merci aux experts, historien.nes et aux archivistes qui font un travail de mémoire si précieux.

Merci à Simon, Célestin et Manon. 


Malette verte • documentaire • enquête • enquête documentaire • enquête historique • enquête familiale • Histoire familiale • secret de famille • enquête généalogique • Histoire • archives • juif • généalogie • seconde guerre mondiale • deuxième guerre mondiale • nazisme • nazis • histoire de famille • Shoah


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Hum, bonjour. Je veux dire, Guten Tag, Herr Müller ?

  • Speaker #1

    Guten Tag, Frau Lein. Je fais l'inventaire, voyez-vous.

  • Speaker #0

    Oh, je m'excuse de vous déranger, mais je souhaiterais vous montrer un portrait, si vous le permettez.

  • Speaker #1

    Un portrait ?

  • Speaker #0

    Oui, celui d'une personne que je cherche. Une jeune fille qui me ressemblait apparemment beaucoup.

  • Speaker #1

    Je suis plutôt occupé. Enfin bon, montrez-moi.

  • Speaker #0

    Vous voyez ? Il y a le nom de votre boutique dessus.

  • Speaker #1

    Oui, l'étiquette vient effectivement d'ici. Mais elle est très ancienne.

  • Speaker #0

    C'est le seul indice que j'ai pour découvrir ce qu'est devenue cette fille.

  • Speaker #1

    Je vois.

  • Speaker #0

    À mon avis, le propriétaire de ce tableau a dû être client de la boutique, avant que le tableau ne soit volé par l'ombre brune durant la Seconde Guerre mondiale.

  • Speaker #1

    C'est tout à fait possible. La boutique vendait des fournitures d'art à une époque. Comme vous pouvez le constater, nous ne proposons plus ces articles aujourd'hui. Vous permettez que je regarde ?

  • Speaker #0

    Bien volontiers.

  • Speaker #2

    Ce jeu vidéo a été créé par mon oncle, Benoît, petit-fils d'Emile, fils de mon grand-père Gérard. Benoît Soquel était dessinateur et auteur de jeux vidéo. C'est lui qui a découvert la mallette verte après la mort de mon grand-père. Et quand il l'a ouverte, l'histoire de notre famille a surgi de l'oubli, un peu comme un génie sort de sa lampe. L'aura de mystère autour de notre passé familial et de nos origines avait rendu cette histoire d'autant plus intrigante. Cet enregistrement date d'avril 2021. Je savais que Benoît était malade, il n'allait pas bien, et j'ai ressenti cette urgence de capturer tout ce qu'il savait sur Emile. pour ne pas laisser cette histoire s'échapper une autre fois. Alors j'ai pris un micro bon marché, j'ai fait des réglages approximatifs et j'ai commencé le tout premier enregistrement de ce podcast.

  • Speaker #3

    Mon père est né dans un monde disparu. Un monde très parfait. c'est le monde autristien de l'entre-deux-guerres. Donc là, je suis en France et en France-Europe, où tout le monde est dans une espèce de ville extrêmement fantasmée, et avec des allemands fantasmés.

  • Speaker #2

    Donc en fait, même si toi, tu n'as pas vécu là, ça fait quand même partie de ton univers, d'une manière ou d'une autre.

  • Speaker #3

    Ça fait partie de tes souvenirs. Mes souvenirs, c'est mon ombre, c'est un peu mon univers.

  • Speaker #2

    Benoît est mort un mois plus tard. Mais l'histoire d'Émile n'allait pas mourir avec lui. Quelques mois après, à titre posthume donc, sort le jeu de Benoît. Sibéria, The World Before. Oui, ce monde d'hier, celui de Stéphane Zweig. Avec des trames à destination de Baden et une musique jouée par l'orchestre philharmonique de Vienne. Avec une héroïne, obnubilée par le portrait d'une femme qui lui ressemble étrangement, et qui se lance dans une quête pour savoir qui elle est. Et puis des énigmes, dignes de la saga Point and Click créée par Benoît, mais aussi à la hauteur des mystères laissés par la mallette verte. Après la mort de Benoît, je me suis à mon tour en Paris de l'histoire d'Amy. Tour à tour, nous avions tous les deux été fascinés par cette histoire. Mais là où Benoît y avait puisé son imagination, Moi, j'avais comme ambition de retrouver la vraie version de l'histoire, comprendre qui était Émile et comment Maria était morte. Alors je suis partie de l'enquête entamée par Manu, autre membre de la famille que l'histoire a hantée, et j'ai retrouvé une quantité d'archives impressionnantes. Avec l'aide d'historiens pour les décrypter, elles m'ont fait découvrir des chapitres entiers de l'histoire. J'ai pu comprendre beaucoup de choses. Mais ce que les archives administratives ne racontent pas, Ce sont les émotions, les motivations, les peurs qui ont pu guider les événements historiques. Alors mon ambition de tout pouvoir expliquer était sans doute un peu prétentieuse. La Malette verte, une série de Perrine Soquel. Épilogue.

  • Speaker #4

    Oui,

  • Speaker #5

    bonjour monsieur.

  • Speaker #2

    La commune de Boussus m'a donné votre numéro parce que je recherche une tombe, celle d'Émile Socal. Il est apparemment enterré à Boussus-Centre en pleine terre commune. Il est mort le 28 juin 1953. Je voulais voir si vous pouviez m'aider à localiser où il est enterré. Merci beaucoup. Au revoir. L'histoire d'Emile, elle a plusieurs versions possibles. Côté piles, Il y a un honnête marchand d'art juif qui aide les ordres catholiques et se retrouve victime de l'antisémitisme dans l'Allemagne nazie. Et puis côté face, il y a cette autre version de l'histoire. Émile, l'escroc, qui vend les biens d'église par opportunisme et qui, par appât du gain, falsifie des tableaux. Mais les humains ont plus de facettes qu'une pièce de monnaie. Et l'histoire n'est pas en noir et blanc. Ce sont les hommes et les femmes, dans toutes leurs complexités et leurs nuances, qui en façonnent la véritable texture. Bonjour, c'est moi qui vous ai appelé.

  • Speaker #4

    Bonjour. Ça va ?

  • Speaker #2

    Ça va bien et vous ?

  • Speaker #3

    Ça va bien,

  • Speaker #4

    ça va. Vous venez de Bruxelles ? Ah ouais, vous avez une petite...

  • Speaker #2

    Oui. T'as que j'ai mis un peu de pain,

  • Speaker #4

    viens. Appétite-moi.

  • Speaker #2

    Eh bien donc, je cherche la tombe de mon arrière-grand-père, Soquel. Il est mort en 53.

  • Speaker #4

    Ok. Je vais vous montrer les plaines de terre, comment c'est fait à la base. Oui. Et après, je vous montrerai logiquement, ils devraient être là. Parce qu'en fait, tout ce qui est en dessous de 1970 ont été exhumés. Enfin, je ne sais même pas s'ils l'ont exhumé et ils l'ont réenterré au-dessus.

  • Speaker #2

    D'accord.

  • Speaker #4

    Donc, je vous montre un petit peu comment ça se procède. Ok. Et après, je vous montrerai l'endroit.

  • Speaker #2

    Un historien rencontré pendant mes recherches m'a dit Ce qui aide bien, quand on ne trouve pas l'information qu'on recherche, c'est qu'on peut tout imaginer Alors voilà ce que moi j'imagine. Je crois qu'Émile était un marchand d'art comme un autre. Pas mieux, pas pire. Mais acculé par l'antisémitisme, il a dû faire preuve de ruse. Oui, Émile a vendu des objets religieux par opportunisme, car en temps de crise, les monastères avaient beaucoup d'objets à vendre. Mais bon, peut-on lui en vouloir de choisir un domaine où il y a du travail ? Dans un contexte où les nazis menacent de s'en prendre à l'église, il prend des risques en les aidant. Mais il a besoin d'argent. Il est en difficulté financière. C'est en tout cas ce qui expliquerait qu'ils ont dû vendre leur maison. Cette maison dans laquelle Maria écrivait qu'elle se réjouissait d'emménager. Les archives de Vienne montrent que la famille l'a vendue quelques années plus tard pour louer ailleurs. Ses problèmes d'argent expliqueraient aussi qu'Émile prend parfois du temps à remettre l'argent qu'il doit aux vendeurs lorsqu'ils clôturent des ventes, comme l'historienne Lucie Cotman a pu remarquer. Et ce serait pour ça aussi que des agents se sont présentés chez lui pour saisir un de ses tableaux. Ça, c'était une anecdote rapportée dans un des articles sur le procès. Émile avait remplacé le tableau à saisir par une pâle copie. J'imagine que lorsqu'il perd sa fortune, peut-être car il devient difficile de faire affaire quand on est juif, Émile est acculé. Et quand on lui propose une affaire douteuse, il ferme les yeux. Et c'est comme ça qu'il vend des faux tableaux. Quand il voit qu'il risque la prison, il décide de fuir. Peut-être par peur d'assumer ses actes, mais peut-être aussi plutôt parce qu'il devait bien se douter qu'une telle sentence d'emprisonnement pour un juif, en Autriche, en 1939, pouvait être une sentence de mort. Car la principale raison de son départ reste qu'il était juif. Juif en Autriche. Un pays qui s'est longtemps dit première victime du nazisme, mais qui en réalité a accueilli Hitler à bras ouverts en mars 1938. Avant même que les mesures anti-juives du régime nazi n'entrent en vigueur en Autriche, les juifs sont exposés à des attaques, des humiliations et des abus de la part de la population. Leurs magasins sont pillés, peut-être même le magasin d'antiquité des milles. J'ai retrouvé son dossier d'arianisation, c'est-à-dire la confiscation de ses biens par le régime nazi en raison de son appartenance juive. Le dossier conclut qu'il n'y a rien à saisir et que les articles qu'il avait dans son magasin n'étaient là qu'en dépôt et ne lui appartenaient pas. Moi, je m'imagine qu'il avait bien organisé les choses. Certes, il avait perdu sa fortune, mais je pense qu'il avait aussi réussi à organiser son insolvabilité et à planquer ses biens. Peut-être notamment la peinture qu'on était venu lui saisir et qu'il avait remplacée par une copie. Et puis il y avait aussi ce conteneur de 19 tableaux qu'il avait envoyés en Grande-Bretagne avant la guerre et qu'il a récupérés en 1948. Il devait se douter que les nazis ne tarderaient pas à s'en emparer, car tout porte à croire qu'il était rusé. et qu'il avait appris à jouer avec les règles. Quand il arrive en Belgique, il embellit son dossier. Il ne ment pas tout à fait, mais force le trait de son rôle dans la vente du calice et ses conséquences. Et évidemment, il ne mentionne pas l'affaire judiciaire en cours. Une fois la Belgique envahie, quand on demande aux Juifs de se déclarer comme tels, il n'en fait rien. Et il évite le port de l'étoile en faisant jouer ses relations à la commandanture. Alors oui, Émile était un filou, oui, il contournait les règles. Mais c'est aussi ce qui lui a sauvé la vie, à lui et à ses enfants. Sa femme Maria, par contre, n'a pas eu cette chance. Elle s'était retrouvée dans une situation incroyablement difficile. Quand Émile est parti pour la Belgique en février 1939, et qu'il n'arrive pas à faire venir la famille, Maria était coincée à Vienne avec les enfants. Une situation de plus en plus dangereuse chaque jour. Certes, Maria était catholique, mais à Vienne, les enfants étaient bien inscrits sur les registres des naissances juifs. Et puis, Maria avait beau être catholique, elle était mariée à Émile, un juif. Ils formaient un couple mixte et elles devaient subir des pressions énormes pour divorcer. Au moment du départ d'Émile, la famille est expulsée de la maison en location, entre-temps arianisée, car les propriétaires étaient juifs aussi. d'après les archives de Baden. La suite, on la connaît. La mort de Maria est précipitée par des conditions de négligence qui sonnent comme un prélude au programme Action T4. Le reste de la famille réussit à traverser la guerre en se faisant discret et en bénéficiant d'un contexte malgré tout un peu moins dangereux qu'en Autriche. En 1953, Émile meurt criblé de dette. Ses enfants doivent refuser son héritage et l'enterrer en pleine terre. Mais ils réussiront tous les trois brillamment leurs études, feront une grande carrière, se feront naturaliser belges, se marieront à des femmes belges catholiques et fonderont leur famille. Tout cela au prix, certes, de l'oubli de leurs origines. Le prix à payer quand ces origines ont déjà tellement coûté.

  • Speaker #4

    Donc ici on est dans les plus anciennes. Je vous ai dit 1970, mais je pense que... Voilà, 1900...

  • Speaker #2

    75 avant ça c'est la plus ancienne donc avant ça 53 c'est forcément que c'est fini bon on va dire que c'est ici dans

  • Speaker #4

    ces environs malheureusement c'est comme ça bon voilà et puis les fauteuilheurs quand ils finissaient leur carrière ils prenaient leur livre avec eux, je ne sais pas pourquoi faire. Et voilà, après, les nouveaux, dès qu'ils sont arrivés, ils ont fait dans le jus parce que c'était une invitation. Et si nous, ce que nous sommes en train de faire, ce que nous sommes en train de faire avec nos collègues, c'est que voilà, nous essayons de faire un son.

  • Speaker #3

    Là,

  • Speaker #4

    c'est beaucoup plus facile que nous parce qu'aller retrouver une femme ici, c'est vraiment... Et savoir combien aussi il y en a dedans. Parce que quand on nous détend, des fois, c'est rempli. Parce qu'il n'y avait pas de fiche à vous. Donc, rien n'est mis à jour. Donc,

  • Speaker #3

    il y a un peu de mal.

  • Speaker #4

    Voilà, c'est un truc à rien.

  • Speaker #2

    Voilà, Emile. C'est comme ça que j'ai choisi de m'imaginer ton histoire. Celle de notre famille. Alors, tu vois, ton histoire, elle continue. Parfois un peu interprétée. Parfois un peu fantasmée. Nous la raconterons chacun et chacune à notre manière. Mais après tout, n'est-ce pas ça l'essence même d'une histoire de famille ? Celle qu'on raconte aux réunions de famille, celle qu'on se transmet. Celle dont on ne sait plus ce qui est vrai et ce qui est faux. Celle que nous forgeons parfois tout autant qu'elle nous forge. Finalement, ce qui importe, ce n'est peut-être pas tellement l'histoire, que la manière dont nous la recherchons, la racontons, la transmettons. Ton histoire, Émile, et celle de mon grand-père Gérard, elle restera la vôtre. L'histoire que j'ai mise à jour n'en est qu'une version. En passant entre mes mains, sous mes yeux et dans ma voix, cette histoire est devenue la mienne. En cherchant à te connaître, toi et Maria, mes ancêtres, j'ai aussi redécouvert ma famille, des tantes, des grandes-tantes, leurs enfants et petits-enfants, tous unis dans cette quête d'origine. Et puis, j'ai redécouvert mon grand-père, ou plutôt cette partie de sa vie qu'il avait enfouie, oubliée, et qui ne ressurgissait que par moments, à travers cette étincelle dans son regard. Celle sortie tout droit de ses souvenirs d'enfance et que le présent rallumait lorsqu'il écoutait Beethoven. ou savourait une part d'Apple Chodol.

  • Speaker #4

    Là, normalement, c'est le premier carré, donc ce serait le carré de droite. Et ici, au quatrième emplacement, maintenant, comment est-ce qu'il travaille avant ? Donc voilà, anciennement, les faussoyeurs travaillaient d'une autre manière. Et ici, logiquement, c'est la première parcelle. Ici, comme vous voyez, il y a le numéro 1, 2, 3, 4. Ça doit être le quatrième de la première ronge.

  • Speaker #2

    C'est là où vous m'aviez montré ? Oui,

  • Speaker #4

    là, c'est sûr. Là, c'est sûr. Voilà.

  • Speaker #2

    Ça me fait plaisir d'avoir son nom.

  • Speaker #4

    Au moins, vous l'avez vu.

  • Speaker #2

    Bon, mais ça me fait super plaisir d'avoir vu ça au moment dans le livre, à défaut d'avoir pu retrouver sa tombe. Enfin bon, je sais où il est plus ou moins.

  • Speaker #4

    Ouais, mais non, c'est sûr que c'est là. Parce que c'est le premier carré. Il travaillait carré 1, carré 2, carré 3. Mais il n'y avait pas de plan à ce moment-là. Ouais. Allez, je vous laisse.

  • Speaker #2

    Merci.

  • Speaker #4

    Allez. Bonne journée. Salut, au revoir.

  • Speaker #2

    La Malette Verte est un podcast réalisé par Perrine Soccal, une production du Xara ASBL, avec le soutien du Fond d'aide à la création radiophonique de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Fondation pour la mémoire de la Shoah. Écriture et réalisation Perrine Soccal Montage Thibaut Koukelbergs Mixage Maxime Thomas Musique Maxime Lussier Illustration Clémentine Lénel Un tout grand merci à tous ceux qui ont contribué à ce podcast. À mes parents et à ma famille, qui se sont prêtés au jeu. À Benoît Soquel, qui a mis au jour l'histoire des mines. À Manu et Catherine Soquel, qui ont fait les premières recherches dont je suis partie. Et à Lucie Cotman, qui m'a aidée dans les recherches historiques complémentaires. Merci aussi à toutes celles et ceux qui ont prêté leur voix pour des lectures ou des jeux d'acteurs. Louise Barraud, Thibaut Kugelbergs Anna et Miles Kugelbergs, Maxime Lambrechts, Jean Minetto, Sarah Segura, Guillaume Soquel et Pierre Van Grotelhoon. Merci aux experts et aux historiens que vous avez entendus et à toutes celles et ceux qui m'ont conseillé en coulisses. Merci aussi aux archivistes et à celles et ceux qui ont prêté leurs oreilles pour me faire leur retour. Merci enfin à mon mari Simon et à mes enfants Célestin et Manon de m'avoir soutenu dans ce projet.

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