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Le secret de mon grand-père (1/8) cover
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La Mallette verte

Le secret de mon grand-père (1/8)

Le secret de mon grand-père (1/8)

11min |18/10/2023
Play
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La Mallette verte

Le secret de mon grand-père (1/8)

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11min |18/10/2023
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Description

Depuis toujours, mon nom de famille, Sokal, a suscité la curiosité. C'est le nom d'une ville en Ukraine, la ville de mes ancêtres. Et pourtant, je ne sais rien de ces origines. Mon grand-père, Gerhard Sokal, est arrivé en Belgique en 1939 en provenance d'Autriche. Il a toujours été très secret sur son passé, malgré les questions sur notre histoire familiale. Mais après sa mort en 2009, nous avons découvert une mallette verte remplie d'archives familiales. Les archives de la mallette verte me feront découvrir un ancêtre intriguant: mon arrière-grand-père, marchand d’art juif à Vienne: Emil Sokal.



Pour suivre l'actualité du podcast La Mallette verte et pour des compléments d'informations sur l'enquête documentaire, rendez-vous sur le compte Instagram @LaMalletteVerte  


###


La Mallette verte est une enquête familiale documentaire en 8 épisodes réalisée par Perrine Sokal, et produite par le GSARA ASBL avec le soutien du Fonds d'Aide à la création radiophonique de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.


Réalisation, écriture, recherches, communication: Perrine Sokal 

Montage, aide à la réalisation: Thibault Coeckelberghs 

Mixage: Maxime Thomas

Musique: Maxime Lhussier

Illustration: Clémentine Lénelle

Consultance historique: Lucy Coatman



Malette verte • documentaire • enquête • enquête documentaire • enquête historique • enquête familiale • Histoire familiale • histoire de famille • secret de famille • enquête généalogique • Histoire • archives • juif • généalogie • seconde guerre mondiale • deuxième guerre mondiale • nazisme • nazis • Shoah


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • #0

    D'aussi loin que je m'en souvienne, mon nom attire l'attention.

  • #1

    Comment tu t'appelles ?

  • #0

    Je m'appelle Perrine.

  • #1

    Perrine comment ?

  • #0

    Perrine Sokal. S-O-K-A-L.

  • #1

    Sokal comme bocal ? Perrine le bocal. Perrine le bocal. N'importe quoi ! Ça veut dire quoi Sokal ? Sokal ça veut dire faucon.

  • #0

    C'est ce que mon grand-père m'avait toujours dit.

  • #1

    Ça vient de Pologne.

  • #0

    Moi, ça me plaisait plutôt bien. Mais ce que mon grand-père ne m'avait jamais dit, c'est que Sokal, c'est aussi le nom d'une petite ville en Europe de l'Est, aujourd'hui en Ukraine. La ville de mes ancêtres. En portant ce nom de famille, je porte avec lui le mystère de notre histoire familiale. Une histoire que mon grand-père n'a jamais voulu raconter. Mon grand-père s'appelait Gérard. Il est venu d'Autriche en Belgique en 1939 lorsqu'il avait 12 ans avec son père et ses deux frères. Et ce jour-là, il a fermé un chapitre de sa vie. Il a enfoui son histoire dans une petite boîte pour ne plus jamais y toucher. Ou plutôt, dans une mallette. Une mallette verte qu'on a retrouvée après sa mort. La Malette Verte, une série de Perrine Sokal. Épisode 1, Le secret de mon grand-père. Serrez-vous un peu ! Serrez-vous encore ! Et qu'on voie toutes les têtes! Attendez, Emilie! Je suis retombée sur une vieille cassette VHS d'une réunion de famille dans la maison de mes grands-parents. C'était à la Noël 1994. Ma tante Geneviève essaye tant bien que mal de réunir tous les petits-enfants pour la photo de famille annuelle. Mon grand-père appuie sur le bouton de son appareil photo pour capturer sa petite famille. Mais derrière le brouhaha des réunions de famille, derrière les blagues et les chamailles, il y avait surtout un grand silence. Celui du passé de mon grand-père. Nous, on l'a toujours appelé Gérard. Mais sur sa carte d'identité, il s'appelait en fait Gerhardt. Il est arrivé à Bruxelles en 1939 avec son père Émile et ses deux frères, Raoul et Henri. Mais les raisons de leur départ et leur enfance à Vienne, tout ça, ça restait très mystérieux. Seuls quelques éléments du passé de mon grand-père ont percolé. Ses lectures de De Gaulle et de Churchill, qui témoignaient de sa fascination pour la guerre, peut-être d'un besoin de la comprendre. Et puis, ses goûts musicaux aussi. J'en retrouve les traces quand je retourne dans sa maison, qui est restée dans la famille.

  • #2

    Lui c'était Beethoven, notamment la cinquième symphonie, puisqu'il est né dans la vallée où Beethoven a composé la pastorale.

  • #0

    Étienne, mon père, fils de Gérard.

  • #2

    Donc tu as des Beethoven en triple, qu'un triple exemplaire. Voilà. Mais je me demande s'il ne faudrait pas mettre l'autre, parce que c'est quand même... Il faut changer l'aiguille de ce truc.

  • #3

    Je pense qu'il y avait dans les familles, et je crois que c'est encore vrai, il y a des choses qu'on ne partage pas par pudeur.

  • #0

    Geneviève, ma tante, fille de Gérard.

  • #3

    Et donc, quand on lui demandait, tiens, raconte-nous un peu comment c'était, il ne racontait rien, il disait, c'est du passé, il faut se tourner vers l'avenir. En tout cas, son frère Raoul, apparemment, moi d'en avoir parlé avec mes cousins, il avait la même chose. Chaque fois qu'on essayait de savoir quelque chose, il ne répondait pas. Un jour, il y a quelqu'un qui est arrivé chez lui, qui lui a dit qu'il le connaissait de Vienne, etc. Et l'oncle Raoul a dit que ce n'était pas vrai, qu'ils ne se connaissaient pas, etc.

  • #0

    Annie, ma mère, belle-fille de Gérard.

  • #4

    J'ai vécu une fois, je pense, une scène où... C'était dans une réunion de famille et on a posé des questions, je ne sais plus qui a posé les questions, et il s'est énervé en disant mais ça suffit tout ça !

  • #0

    Mais pourtant, il a quand même laissé cette mallette verte derrière lui.

  • #4

    Oui, mais je pense que pour lui, ça faisait un peu partie de sa mémoire, de ses souvenirs, qu'il n'a pas complètement effacé. Par exemple, rien ne lui faisait plus plaisir, surtout la première fois, quand on lui a fait un vrai apfelstrudel, comme il l'avait connu dans son enfance. Il avait ses yeux qui pédiaient. Donc, manifestement, il y avait certains souvenirs d'enfance qui étaient heureux chez lui et qui faisaient plaisir à retrouver. Donc, c'est peut-être aussi pour ça qu'il a gardé la mallette.

  • #0

    Après la mort de mon grand-père, en 2009, mon père, mes oncles et mes tantes, vident la maison. Et là, ils tombent sur une mallette verte. Une mallette remplie d'archives familiales. Elle se trouve aujourd'hui chez ma tante Martine et mes cousins.

  • #4

    Donc voilà, la boîte verte.

  • #2

    On dirait un peu, ouais, une malle de guerre. Ça vient de l'armée, un peu.

  • #0

    Et c'est quoi ? C'est ce que les militaires avaient pour ranger leurs affaires ?

  • #4

    Ben,

  • #3

    ouais.

  • #5

    On n'est pas sûrs.

  • #0

    On n'est pas sûrs. Il faut que je prenne une photo, de toute façon.

  • #4

    On peut faire une recherche. Attends, tu... Regarde, parce que même la clé a peut-être une signification.

  • #0

    C'est une petite malle métallique, d'un verre foncé, à la peinture encore intacte. Il y a une poignée et une serrure qu'on ouvre avec une jolie clé de style ancien. En fait il y a des avis de domiciliation, il y a vraiment de tout et ça couvre une grande période, ça couvre la période de Vienne à la période jusqu'aux années 50-60 oui les années d'école en plus de

  • #4

    grand-mère et grand-père tu as les bulletins de notes tu as tout je me souviens un peu parce que je ne me suis pas plongée depuis longtemps mais il y a plein plein plein de choses différentes oui.

  • #0

    Toucher des doigts le passé de mon grand-père, et notamment ses documents en allemand, ça rend tout le mystère dans lequel nous avons grandi encore plus tangible. Les non-dits, le passé caché, tout ça prend forme devant mes yeux pour la première fois. Mais en fait, ça, ce n'est qu'une partie des documents de la mallette. Parce que la majeure partie des documents concerne quelqu'un d'autre. Le père de mon grand-père. Mon arrière-grand-père, Émile Soquel. Le plus ancien document au nom d'Émile est en polonais. Il est établi à Lemberg en 1901 et s'intitule Document d'immatriculation israélite Émile était donc juif. Cette information était totalement neuve pour la famille. Il y a aussi une décoration militaire à son nom, la Croix de Fer, décernée en 1918 par Franz Salvatore de Habsbourg, le beau-fils de l'empereur François-Joseph et de l'impératrice Sissi. Je trouve ensuite beaucoup de documents en allemand établis à Vienne, notamment son certificat de mariage avec mon arrière-grand-mère Maria Engel, et enfin, datant d'après la guerre, des factures de tableaux qu'Émile a vendues à des galeries d'art et au Musée des Beaux-Arts de Bruxelles. Mais pourquoi mon grand-père Gérard a-t-il gardé ces documents sur son père Émile ? Ces documents, ce sont autant d'indices sur ce qu'il n'a jamais voulu raconter. Et puis, ils ont aussi quelque chose de fascinant, de quasiment envoûtant, comme un message venu tout droit du passé. Il me crie d'en faire quelque chose, d'en percer leur mystère. Alors tout ça m'a donné envie d'une chose. me plonger dans l'histoire de cet ancêtre, mon arrière-grand-père, Emil Sokal, marchand d'art à Vienne. Alors oui, je vous déroute, j'ai commencé en vous parlant du secret de mon grand-père, un secret abrité dans une mallette verte. Mais cette mallette, elle m'a menée tout droit vers mon arrière-grand-père et son histoire fascinante. On peut se demander s'il est bien légitime de vouloir déterrer ses secrets, alors que mon grand-père a pris soin de les cacher. Mais est-ce qu'une histoire n'appartient qu'à ceux qui l'ont vécue ? Et puis, je ne peux pas m'empêcher de voir dans cette mallette une sorte de message laissé par mon grand-père, une réponse aux questions qu'on lui posait, et peut-être même aussi un jeu. Un jeu de pistes vers nos origines familiales. J'ai donc décidé de vous emmener sur les traces de mon arrière-grand-père, Emil. De récolter les souvenirs de la famille et les rares informations sur notre passé. De donner vie aux documents d'archives et de chercher les réponses aux questions qu'elles posent. J'ai décidé de faire de cette histoire la mienne. Et le jeu de pistes commence avec une lettre manuscrite d'Emile, écrite en 1944. Elle résume son histoire incroyable. La Mallette Verte est un podcast réalisé par Perrine Sokal. Une production du Xara ASBL, avec le soutien du Fond d'aide à la création radiophonique de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Fondation pour la mémoire de la Shoah. Pour en savoir plus sur les recherches et sur le contexte historique, rendez-vous sur le compte Instagram @LaMalletteVerte.

Description

Depuis toujours, mon nom de famille, Sokal, a suscité la curiosité. C'est le nom d'une ville en Ukraine, la ville de mes ancêtres. Et pourtant, je ne sais rien de ces origines. Mon grand-père, Gerhard Sokal, est arrivé en Belgique en 1939 en provenance d'Autriche. Il a toujours été très secret sur son passé, malgré les questions sur notre histoire familiale. Mais après sa mort en 2009, nous avons découvert une mallette verte remplie d'archives familiales. Les archives de la mallette verte me feront découvrir un ancêtre intriguant: mon arrière-grand-père, marchand d’art juif à Vienne: Emil Sokal.



Pour suivre l'actualité du podcast La Mallette verte et pour des compléments d'informations sur l'enquête documentaire, rendez-vous sur le compte Instagram @LaMalletteVerte  


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La Mallette verte est une enquête familiale documentaire en 8 épisodes réalisée par Perrine Sokal, et produite par le GSARA ASBL avec le soutien du Fonds d'Aide à la création radiophonique de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.


Réalisation, écriture, recherches, communication: Perrine Sokal 

Montage, aide à la réalisation: Thibault Coeckelberghs 

Mixage: Maxime Thomas

Musique: Maxime Lhussier

Illustration: Clémentine Lénelle

Consultance historique: Lucy Coatman



Malette verte • documentaire • enquête • enquête documentaire • enquête historique • enquête familiale • Histoire familiale • histoire de famille • secret de famille • enquête généalogique • Histoire • archives • juif • généalogie • seconde guerre mondiale • deuxième guerre mondiale • nazisme • nazis • Shoah


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • #0

    D'aussi loin que je m'en souvienne, mon nom attire l'attention.

  • #1

    Comment tu t'appelles ?

  • #0

    Je m'appelle Perrine.

  • #1

    Perrine comment ?

  • #0

    Perrine Sokal. S-O-K-A-L.

  • #1

    Sokal comme bocal ? Perrine le bocal. Perrine le bocal. N'importe quoi ! Ça veut dire quoi Sokal ? Sokal ça veut dire faucon.

  • #0

    C'est ce que mon grand-père m'avait toujours dit.

  • #1

    Ça vient de Pologne.

  • #0

    Moi, ça me plaisait plutôt bien. Mais ce que mon grand-père ne m'avait jamais dit, c'est que Sokal, c'est aussi le nom d'une petite ville en Europe de l'Est, aujourd'hui en Ukraine. La ville de mes ancêtres. En portant ce nom de famille, je porte avec lui le mystère de notre histoire familiale. Une histoire que mon grand-père n'a jamais voulu raconter. Mon grand-père s'appelait Gérard. Il est venu d'Autriche en Belgique en 1939 lorsqu'il avait 12 ans avec son père et ses deux frères. Et ce jour-là, il a fermé un chapitre de sa vie. Il a enfoui son histoire dans une petite boîte pour ne plus jamais y toucher. Ou plutôt, dans une mallette. Une mallette verte qu'on a retrouvée après sa mort. La Malette Verte, une série de Perrine Sokal. Épisode 1, Le secret de mon grand-père. Serrez-vous un peu ! Serrez-vous encore ! Et qu'on voie toutes les têtes! Attendez, Emilie! Je suis retombée sur une vieille cassette VHS d'une réunion de famille dans la maison de mes grands-parents. C'était à la Noël 1994. Ma tante Geneviève essaye tant bien que mal de réunir tous les petits-enfants pour la photo de famille annuelle. Mon grand-père appuie sur le bouton de son appareil photo pour capturer sa petite famille. Mais derrière le brouhaha des réunions de famille, derrière les blagues et les chamailles, il y avait surtout un grand silence. Celui du passé de mon grand-père. Nous, on l'a toujours appelé Gérard. Mais sur sa carte d'identité, il s'appelait en fait Gerhardt. Il est arrivé à Bruxelles en 1939 avec son père Émile et ses deux frères, Raoul et Henri. Mais les raisons de leur départ et leur enfance à Vienne, tout ça, ça restait très mystérieux. Seuls quelques éléments du passé de mon grand-père ont percolé. Ses lectures de De Gaulle et de Churchill, qui témoignaient de sa fascination pour la guerre, peut-être d'un besoin de la comprendre. Et puis, ses goûts musicaux aussi. J'en retrouve les traces quand je retourne dans sa maison, qui est restée dans la famille.

  • #2

    Lui c'était Beethoven, notamment la cinquième symphonie, puisqu'il est né dans la vallée où Beethoven a composé la pastorale.

  • #0

    Étienne, mon père, fils de Gérard.

  • #2

    Donc tu as des Beethoven en triple, qu'un triple exemplaire. Voilà. Mais je me demande s'il ne faudrait pas mettre l'autre, parce que c'est quand même... Il faut changer l'aiguille de ce truc.

  • #3

    Je pense qu'il y avait dans les familles, et je crois que c'est encore vrai, il y a des choses qu'on ne partage pas par pudeur.

  • #0

    Geneviève, ma tante, fille de Gérard.

  • #3

    Et donc, quand on lui demandait, tiens, raconte-nous un peu comment c'était, il ne racontait rien, il disait, c'est du passé, il faut se tourner vers l'avenir. En tout cas, son frère Raoul, apparemment, moi d'en avoir parlé avec mes cousins, il avait la même chose. Chaque fois qu'on essayait de savoir quelque chose, il ne répondait pas. Un jour, il y a quelqu'un qui est arrivé chez lui, qui lui a dit qu'il le connaissait de Vienne, etc. Et l'oncle Raoul a dit que ce n'était pas vrai, qu'ils ne se connaissaient pas, etc.

  • #0

    Annie, ma mère, belle-fille de Gérard.

  • #4

    J'ai vécu une fois, je pense, une scène où... C'était dans une réunion de famille et on a posé des questions, je ne sais plus qui a posé les questions, et il s'est énervé en disant mais ça suffit tout ça !

  • #0

    Mais pourtant, il a quand même laissé cette mallette verte derrière lui.

  • #4

    Oui, mais je pense que pour lui, ça faisait un peu partie de sa mémoire, de ses souvenirs, qu'il n'a pas complètement effacé. Par exemple, rien ne lui faisait plus plaisir, surtout la première fois, quand on lui a fait un vrai apfelstrudel, comme il l'avait connu dans son enfance. Il avait ses yeux qui pédiaient. Donc, manifestement, il y avait certains souvenirs d'enfance qui étaient heureux chez lui et qui faisaient plaisir à retrouver. Donc, c'est peut-être aussi pour ça qu'il a gardé la mallette.

  • #0

    Après la mort de mon grand-père, en 2009, mon père, mes oncles et mes tantes, vident la maison. Et là, ils tombent sur une mallette verte. Une mallette remplie d'archives familiales. Elle se trouve aujourd'hui chez ma tante Martine et mes cousins.

  • #4

    Donc voilà, la boîte verte.

  • #2

    On dirait un peu, ouais, une malle de guerre. Ça vient de l'armée, un peu.

  • #0

    Et c'est quoi ? C'est ce que les militaires avaient pour ranger leurs affaires ?

  • #4

    Ben,

  • #3

    ouais.

  • #5

    On n'est pas sûrs.

  • #0

    On n'est pas sûrs. Il faut que je prenne une photo, de toute façon.

  • #4

    On peut faire une recherche. Attends, tu... Regarde, parce que même la clé a peut-être une signification.

  • #0

    C'est une petite malle métallique, d'un verre foncé, à la peinture encore intacte. Il y a une poignée et une serrure qu'on ouvre avec une jolie clé de style ancien. En fait il y a des avis de domiciliation, il y a vraiment de tout et ça couvre une grande période, ça couvre la période de Vienne à la période jusqu'aux années 50-60 oui les années d'école en plus de

  • #4

    grand-mère et grand-père tu as les bulletins de notes tu as tout je me souviens un peu parce que je ne me suis pas plongée depuis longtemps mais il y a plein plein plein de choses différentes oui.

  • #0

    Toucher des doigts le passé de mon grand-père, et notamment ses documents en allemand, ça rend tout le mystère dans lequel nous avons grandi encore plus tangible. Les non-dits, le passé caché, tout ça prend forme devant mes yeux pour la première fois. Mais en fait, ça, ce n'est qu'une partie des documents de la mallette. Parce que la majeure partie des documents concerne quelqu'un d'autre. Le père de mon grand-père. Mon arrière-grand-père, Émile Soquel. Le plus ancien document au nom d'Émile est en polonais. Il est établi à Lemberg en 1901 et s'intitule Document d'immatriculation israélite Émile était donc juif. Cette information était totalement neuve pour la famille. Il y a aussi une décoration militaire à son nom, la Croix de Fer, décernée en 1918 par Franz Salvatore de Habsbourg, le beau-fils de l'empereur François-Joseph et de l'impératrice Sissi. Je trouve ensuite beaucoup de documents en allemand établis à Vienne, notamment son certificat de mariage avec mon arrière-grand-mère Maria Engel, et enfin, datant d'après la guerre, des factures de tableaux qu'Émile a vendues à des galeries d'art et au Musée des Beaux-Arts de Bruxelles. Mais pourquoi mon grand-père Gérard a-t-il gardé ces documents sur son père Émile ? Ces documents, ce sont autant d'indices sur ce qu'il n'a jamais voulu raconter. Et puis, ils ont aussi quelque chose de fascinant, de quasiment envoûtant, comme un message venu tout droit du passé. Il me crie d'en faire quelque chose, d'en percer leur mystère. Alors tout ça m'a donné envie d'une chose. me plonger dans l'histoire de cet ancêtre, mon arrière-grand-père, Emil Sokal, marchand d'art à Vienne. Alors oui, je vous déroute, j'ai commencé en vous parlant du secret de mon grand-père, un secret abrité dans une mallette verte. Mais cette mallette, elle m'a menée tout droit vers mon arrière-grand-père et son histoire fascinante. On peut se demander s'il est bien légitime de vouloir déterrer ses secrets, alors que mon grand-père a pris soin de les cacher. Mais est-ce qu'une histoire n'appartient qu'à ceux qui l'ont vécue ? Et puis, je ne peux pas m'empêcher de voir dans cette mallette une sorte de message laissé par mon grand-père, une réponse aux questions qu'on lui posait, et peut-être même aussi un jeu. Un jeu de pistes vers nos origines familiales. J'ai donc décidé de vous emmener sur les traces de mon arrière-grand-père, Emil. De récolter les souvenirs de la famille et les rares informations sur notre passé. De donner vie aux documents d'archives et de chercher les réponses aux questions qu'elles posent. J'ai décidé de faire de cette histoire la mienne. Et le jeu de pistes commence avec une lettre manuscrite d'Emile, écrite en 1944. Elle résume son histoire incroyable. La Mallette Verte est un podcast réalisé par Perrine Sokal. Une production du Xara ASBL, avec le soutien du Fond d'aide à la création radiophonique de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Fondation pour la mémoire de la Shoah. Pour en savoir plus sur les recherches et sur le contexte historique, rendez-vous sur le compte Instagram @LaMalletteVerte.

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Description

Depuis toujours, mon nom de famille, Sokal, a suscité la curiosité. C'est le nom d'une ville en Ukraine, la ville de mes ancêtres. Et pourtant, je ne sais rien de ces origines. Mon grand-père, Gerhard Sokal, est arrivé en Belgique en 1939 en provenance d'Autriche. Il a toujours été très secret sur son passé, malgré les questions sur notre histoire familiale. Mais après sa mort en 2009, nous avons découvert une mallette verte remplie d'archives familiales. Les archives de la mallette verte me feront découvrir un ancêtre intriguant: mon arrière-grand-père, marchand d’art juif à Vienne: Emil Sokal.



Pour suivre l'actualité du podcast La Mallette verte et pour des compléments d'informations sur l'enquête documentaire, rendez-vous sur le compte Instagram @LaMalletteVerte  


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La Mallette verte est une enquête familiale documentaire en 8 épisodes réalisée par Perrine Sokal, et produite par le GSARA ASBL avec le soutien du Fonds d'Aide à la création radiophonique de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.


Réalisation, écriture, recherches, communication: Perrine Sokal 

Montage, aide à la réalisation: Thibault Coeckelberghs 

Mixage: Maxime Thomas

Musique: Maxime Lhussier

Illustration: Clémentine Lénelle

Consultance historique: Lucy Coatman



Malette verte • documentaire • enquête • enquête documentaire • enquête historique • enquête familiale • Histoire familiale • histoire de famille • secret de famille • enquête généalogique • Histoire • archives • juif • généalogie • seconde guerre mondiale • deuxième guerre mondiale • nazisme • nazis • Shoah


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • #0

    D'aussi loin que je m'en souvienne, mon nom attire l'attention.

  • #1

    Comment tu t'appelles ?

  • #0

    Je m'appelle Perrine.

  • #1

    Perrine comment ?

  • #0

    Perrine Sokal. S-O-K-A-L.

  • #1

    Sokal comme bocal ? Perrine le bocal. Perrine le bocal. N'importe quoi ! Ça veut dire quoi Sokal ? Sokal ça veut dire faucon.

  • #0

    C'est ce que mon grand-père m'avait toujours dit.

  • #1

    Ça vient de Pologne.

  • #0

    Moi, ça me plaisait plutôt bien. Mais ce que mon grand-père ne m'avait jamais dit, c'est que Sokal, c'est aussi le nom d'une petite ville en Europe de l'Est, aujourd'hui en Ukraine. La ville de mes ancêtres. En portant ce nom de famille, je porte avec lui le mystère de notre histoire familiale. Une histoire que mon grand-père n'a jamais voulu raconter. Mon grand-père s'appelait Gérard. Il est venu d'Autriche en Belgique en 1939 lorsqu'il avait 12 ans avec son père et ses deux frères. Et ce jour-là, il a fermé un chapitre de sa vie. Il a enfoui son histoire dans une petite boîte pour ne plus jamais y toucher. Ou plutôt, dans une mallette. Une mallette verte qu'on a retrouvée après sa mort. La Malette Verte, une série de Perrine Sokal. Épisode 1, Le secret de mon grand-père. Serrez-vous un peu ! Serrez-vous encore ! Et qu'on voie toutes les têtes! Attendez, Emilie! Je suis retombée sur une vieille cassette VHS d'une réunion de famille dans la maison de mes grands-parents. C'était à la Noël 1994. Ma tante Geneviève essaye tant bien que mal de réunir tous les petits-enfants pour la photo de famille annuelle. Mon grand-père appuie sur le bouton de son appareil photo pour capturer sa petite famille. Mais derrière le brouhaha des réunions de famille, derrière les blagues et les chamailles, il y avait surtout un grand silence. Celui du passé de mon grand-père. Nous, on l'a toujours appelé Gérard. Mais sur sa carte d'identité, il s'appelait en fait Gerhardt. Il est arrivé à Bruxelles en 1939 avec son père Émile et ses deux frères, Raoul et Henri. Mais les raisons de leur départ et leur enfance à Vienne, tout ça, ça restait très mystérieux. Seuls quelques éléments du passé de mon grand-père ont percolé. Ses lectures de De Gaulle et de Churchill, qui témoignaient de sa fascination pour la guerre, peut-être d'un besoin de la comprendre. Et puis, ses goûts musicaux aussi. J'en retrouve les traces quand je retourne dans sa maison, qui est restée dans la famille.

  • #2

    Lui c'était Beethoven, notamment la cinquième symphonie, puisqu'il est né dans la vallée où Beethoven a composé la pastorale.

  • #0

    Étienne, mon père, fils de Gérard.

  • #2

    Donc tu as des Beethoven en triple, qu'un triple exemplaire. Voilà. Mais je me demande s'il ne faudrait pas mettre l'autre, parce que c'est quand même... Il faut changer l'aiguille de ce truc.

  • #3

    Je pense qu'il y avait dans les familles, et je crois que c'est encore vrai, il y a des choses qu'on ne partage pas par pudeur.

  • #0

    Geneviève, ma tante, fille de Gérard.

  • #3

    Et donc, quand on lui demandait, tiens, raconte-nous un peu comment c'était, il ne racontait rien, il disait, c'est du passé, il faut se tourner vers l'avenir. En tout cas, son frère Raoul, apparemment, moi d'en avoir parlé avec mes cousins, il avait la même chose. Chaque fois qu'on essayait de savoir quelque chose, il ne répondait pas. Un jour, il y a quelqu'un qui est arrivé chez lui, qui lui a dit qu'il le connaissait de Vienne, etc. Et l'oncle Raoul a dit que ce n'était pas vrai, qu'ils ne se connaissaient pas, etc.

  • #0

    Annie, ma mère, belle-fille de Gérard.

  • #4

    J'ai vécu une fois, je pense, une scène où... C'était dans une réunion de famille et on a posé des questions, je ne sais plus qui a posé les questions, et il s'est énervé en disant mais ça suffit tout ça !

  • #0

    Mais pourtant, il a quand même laissé cette mallette verte derrière lui.

  • #4

    Oui, mais je pense que pour lui, ça faisait un peu partie de sa mémoire, de ses souvenirs, qu'il n'a pas complètement effacé. Par exemple, rien ne lui faisait plus plaisir, surtout la première fois, quand on lui a fait un vrai apfelstrudel, comme il l'avait connu dans son enfance. Il avait ses yeux qui pédiaient. Donc, manifestement, il y avait certains souvenirs d'enfance qui étaient heureux chez lui et qui faisaient plaisir à retrouver. Donc, c'est peut-être aussi pour ça qu'il a gardé la mallette.

  • #0

    Après la mort de mon grand-père, en 2009, mon père, mes oncles et mes tantes, vident la maison. Et là, ils tombent sur une mallette verte. Une mallette remplie d'archives familiales. Elle se trouve aujourd'hui chez ma tante Martine et mes cousins.

  • #4

    Donc voilà, la boîte verte.

  • #2

    On dirait un peu, ouais, une malle de guerre. Ça vient de l'armée, un peu.

  • #0

    Et c'est quoi ? C'est ce que les militaires avaient pour ranger leurs affaires ?

  • #4

    Ben,

  • #3

    ouais.

  • #5

    On n'est pas sûrs.

  • #0

    On n'est pas sûrs. Il faut que je prenne une photo, de toute façon.

  • #4

    On peut faire une recherche. Attends, tu... Regarde, parce que même la clé a peut-être une signification.

  • #0

    C'est une petite malle métallique, d'un verre foncé, à la peinture encore intacte. Il y a une poignée et une serrure qu'on ouvre avec une jolie clé de style ancien. En fait il y a des avis de domiciliation, il y a vraiment de tout et ça couvre une grande période, ça couvre la période de Vienne à la période jusqu'aux années 50-60 oui les années d'école en plus de

  • #4

    grand-mère et grand-père tu as les bulletins de notes tu as tout je me souviens un peu parce que je ne me suis pas plongée depuis longtemps mais il y a plein plein plein de choses différentes oui.

  • #0

    Toucher des doigts le passé de mon grand-père, et notamment ses documents en allemand, ça rend tout le mystère dans lequel nous avons grandi encore plus tangible. Les non-dits, le passé caché, tout ça prend forme devant mes yeux pour la première fois. Mais en fait, ça, ce n'est qu'une partie des documents de la mallette. Parce que la majeure partie des documents concerne quelqu'un d'autre. Le père de mon grand-père. Mon arrière-grand-père, Émile Soquel. Le plus ancien document au nom d'Émile est en polonais. Il est établi à Lemberg en 1901 et s'intitule Document d'immatriculation israélite Émile était donc juif. Cette information était totalement neuve pour la famille. Il y a aussi une décoration militaire à son nom, la Croix de Fer, décernée en 1918 par Franz Salvatore de Habsbourg, le beau-fils de l'empereur François-Joseph et de l'impératrice Sissi. Je trouve ensuite beaucoup de documents en allemand établis à Vienne, notamment son certificat de mariage avec mon arrière-grand-mère Maria Engel, et enfin, datant d'après la guerre, des factures de tableaux qu'Émile a vendues à des galeries d'art et au Musée des Beaux-Arts de Bruxelles. Mais pourquoi mon grand-père Gérard a-t-il gardé ces documents sur son père Émile ? Ces documents, ce sont autant d'indices sur ce qu'il n'a jamais voulu raconter. Et puis, ils ont aussi quelque chose de fascinant, de quasiment envoûtant, comme un message venu tout droit du passé. Il me crie d'en faire quelque chose, d'en percer leur mystère. Alors tout ça m'a donné envie d'une chose. me plonger dans l'histoire de cet ancêtre, mon arrière-grand-père, Emil Sokal, marchand d'art à Vienne. Alors oui, je vous déroute, j'ai commencé en vous parlant du secret de mon grand-père, un secret abrité dans une mallette verte. Mais cette mallette, elle m'a menée tout droit vers mon arrière-grand-père et son histoire fascinante. On peut se demander s'il est bien légitime de vouloir déterrer ses secrets, alors que mon grand-père a pris soin de les cacher. Mais est-ce qu'une histoire n'appartient qu'à ceux qui l'ont vécue ? Et puis, je ne peux pas m'empêcher de voir dans cette mallette une sorte de message laissé par mon grand-père, une réponse aux questions qu'on lui posait, et peut-être même aussi un jeu. Un jeu de pistes vers nos origines familiales. J'ai donc décidé de vous emmener sur les traces de mon arrière-grand-père, Emil. De récolter les souvenirs de la famille et les rares informations sur notre passé. De donner vie aux documents d'archives et de chercher les réponses aux questions qu'elles posent. J'ai décidé de faire de cette histoire la mienne. Et le jeu de pistes commence avec une lettre manuscrite d'Emile, écrite en 1944. Elle résume son histoire incroyable. La Mallette Verte est un podcast réalisé par Perrine Sokal. Une production du Xara ASBL, avec le soutien du Fond d'aide à la création radiophonique de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Fondation pour la mémoire de la Shoah. Pour en savoir plus sur les recherches et sur le contexte historique, rendez-vous sur le compte Instagram @LaMalletteVerte.

Description

Depuis toujours, mon nom de famille, Sokal, a suscité la curiosité. C'est le nom d'une ville en Ukraine, la ville de mes ancêtres. Et pourtant, je ne sais rien de ces origines. Mon grand-père, Gerhard Sokal, est arrivé en Belgique en 1939 en provenance d'Autriche. Il a toujours été très secret sur son passé, malgré les questions sur notre histoire familiale. Mais après sa mort en 2009, nous avons découvert une mallette verte remplie d'archives familiales. Les archives de la mallette verte me feront découvrir un ancêtre intriguant: mon arrière-grand-père, marchand d’art juif à Vienne: Emil Sokal.



Pour suivre l'actualité du podcast La Mallette verte et pour des compléments d'informations sur l'enquête documentaire, rendez-vous sur le compte Instagram @LaMalletteVerte  


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La Mallette verte est une enquête familiale documentaire en 8 épisodes réalisée par Perrine Sokal, et produite par le GSARA ASBL avec le soutien du Fonds d'Aide à la création radiophonique de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.


Réalisation, écriture, recherches, communication: Perrine Sokal 

Montage, aide à la réalisation: Thibault Coeckelberghs 

Mixage: Maxime Thomas

Musique: Maxime Lhussier

Illustration: Clémentine Lénelle

Consultance historique: Lucy Coatman



Malette verte • documentaire • enquête • enquête documentaire • enquête historique • enquête familiale • Histoire familiale • histoire de famille • secret de famille • enquête généalogique • Histoire • archives • juif • généalogie • seconde guerre mondiale • deuxième guerre mondiale • nazisme • nazis • Shoah


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • #0

    D'aussi loin que je m'en souvienne, mon nom attire l'attention.

  • #1

    Comment tu t'appelles ?

  • #0

    Je m'appelle Perrine.

  • #1

    Perrine comment ?

  • #0

    Perrine Sokal. S-O-K-A-L.

  • #1

    Sokal comme bocal ? Perrine le bocal. Perrine le bocal. N'importe quoi ! Ça veut dire quoi Sokal ? Sokal ça veut dire faucon.

  • #0

    C'est ce que mon grand-père m'avait toujours dit.

  • #1

    Ça vient de Pologne.

  • #0

    Moi, ça me plaisait plutôt bien. Mais ce que mon grand-père ne m'avait jamais dit, c'est que Sokal, c'est aussi le nom d'une petite ville en Europe de l'Est, aujourd'hui en Ukraine. La ville de mes ancêtres. En portant ce nom de famille, je porte avec lui le mystère de notre histoire familiale. Une histoire que mon grand-père n'a jamais voulu raconter. Mon grand-père s'appelait Gérard. Il est venu d'Autriche en Belgique en 1939 lorsqu'il avait 12 ans avec son père et ses deux frères. Et ce jour-là, il a fermé un chapitre de sa vie. Il a enfoui son histoire dans une petite boîte pour ne plus jamais y toucher. Ou plutôt, dans une mallette. Une mallette verte qu'on a retrouvée après sa mort. La Malette Verte, une série de Perrine Sokal. Épisode 1, Le secret de mon grand-père. Serrez-vous un peu ! Serrez-vous encore ! Et qu'on voie toutes les têtes! Attendez, Emilie! Je suis retombée sur une vieille cassette VHS d'une réunion de famille dans la maison de mes grands-parents. C'était à la Noël 1994. Ma tante Geneviève essaye tant bien que mal de réunir tous les petits-enfants pour la photo de famille annuelle. Mon grand-père appuie sur le bouton de son appareil photo pour capturer sa petite famille. Mais derrière le brouhaha des réunions de famille, derrière les blagues et les chamailles, il y avait surtout un grand silence. Celui du passé de mon grand-père. Nous, on l'a toujours appelé Gérard. Mais sur sa carte d'identité, il s'appelait en fait Gerhardt. Il est arrivé à Bruxelles en 1939 avec son père Émile et ses deux frères, Raoul et Henri. Mais les raisons de leur départ et leur enfance à Vienne, tout ça, ça restait très mystérieux. Seuls quelques éléments du passé de mon grand-père ont percolé. Ses lectures de De Gaulle et de Churchill, qui témoignaient de sa fascination pour la guerre, peut-être d'un besoin de la comprendre. Et puis, ses goûts musicaux aussi. J'en retrouve les traces quand je retourne dans sa maison, qui est restée dans la famille.

  • #2

    Lui c'était Beethoven, notamment la cinquième symphonie, puisqu'il est né dans la vallée où Beethoven a composé la pastorale.

  • #0

    Étienne, mon père, fils de Gérard.

  • #2

    Donc tu as des Beethoven en triple, qu'un triple exemplaire. Voilà. Mais je me demande s'il ne faudrait pas mettre l'autre, parce que c'est quand même... Il faut changer l'aiguille de ce truc.

  • #3

    Je pense qu'il y avait dans les familles, et je crois que c'est encore vrai, il y a des choses qu'on ne partage pas par pudeur.

  • #0

    Geneviève, ma tante, fille de Gérard.

  • #3

    Et donc, quand on lui demandait, tiens, raconte-nous un peu comment c'était, il ne racontait rien, il disait, c'est du passé, il faut se tourner vers l'avenir. En tout cas, son frère Raoul, apparemment, moi d'en avoir parlé avec mes cousins, il avait la même chose. Chaque fois qu'on essayait de savoir quelque chose, il ne répondait pas. Un jour, il y a quelqu'un qui est arrivé chez lui, qui lui a dit qu'il le connaissait de Vienne, etc. Et l'oncle Raoul a dit que ce n'était pas vrai, qu'ils ne se connaissaient pas, etc.

  • #0

    Annie, ma mère, belle-fille de Gérard.

  • #4

    J'ai vécu une fois, je pense, une scène où... C'était dans une réunion de famille et on a posé des questions, je ne sais plus qui a posé les questions, et il s'est énervé en disant mais ça suffit tout ça !

  • #0

    Mais pourtant, il a quand même laissé cette mallette verte derrière lui.

  • #4

    Oui, mais je pense que pour lui, ça faisait un peu partie de sa mémoire, de ses souvenirs, qu'il n'a pas complètement effacé. Par exemple, rien ne lui faisait plus plaisir, surtout la première fois, quand on lui a fait un vrai apfelstrudel, comme il l'avait connu dans son enfance. Il avait ses yeux qui pédiaient. Donc, manifestement, il y avait certains souvenirs d'enfance qui étaient heureux chez lui et qui faisaient plaisir à retrouver. Donc, c'est peut-être aussi pour ça qu'il a gardé la mallette.

  • #0

    Après la mort de mon grand-père, en 2009, mon père, mes oncles et mes tantes, vident la maison. Et là, ils tombent sur une mallette verte. Une mallette remplie d'archives familiales. Elle se trouve aujourd'hui chez ma tante Martine et mes cousins.

  • #4

    Donc voilà, la boîte verte.

  • #2

    On dirait un peu, ouais, une malle de guerre. Ça vient de l'armée, un peu.

  • #0

    Et c'est quoi ? C'est ce que les militaires avaient pour ranger leurs affaires ?

  • #4

    Ben,

  • #3

    ouais.

  • #5

    On n'est pas sûrs.

  • #0

    On n'est pas sûrs. Il faut que je prenne une photo, de toute façon.

  • #4

    On peut faire une recherche. Attends, tu... Regarde, parce que même la clé a peut-être une signification.

  • #0

    C'est une petite malle métallique, d'un verre foncé, à la peinture encore intacte. Il y a une poignée et une serrure qu'on ouvre avec une jolie clé de style ancien. En fait il y a des avis de domiciliation, il y a vraiment de tout et ça couvre une grande période, ça couvre la période de Vienne à la période jusqu'aux années 50-60 oui les années d'école en plus de

  • #4

    grand-mère et grand-père tu as les bulletins de notes tu as tout je me souviens un peu parce que je ne me suis pas plongée depuis longtemps mais il y a plein plein plein de choses différentes oui.

  • #0

    Toucher des doigts le passé de mon grand-père, et notamment ses documents en allemand, ça rend tout le mystère dans lequel nous avons grandi encore plus tangible. Les non-dits, le passé caché, tout ça prend forme devant mes yeux pour la première fois. Mais en fait, ça, ce n'est qu'une partie des documents de la mallette. Parce que la majeure partie des documents concerne quelqu'un d'autre. Le père de mon grand-père. Mon arrière-grand-père, Émile Soquel. Le plus ancien document au nom d'Émile est en polonais. Il est établi à Lemberg en 1901 et s'intitule Document d'immatriculation israélite Émile était donc juif. Cette information était totalement neuve pour la famille. Il y a aussi une décoration militaire à son nom, la Croix de Fer, décernée en 1918 par Franz Salvatore de Habsbourg, le beau-fils de l'empereur François-Joseph et de l'impératrice Sissi. Je trouve ensuite beaucoup de documents en allemand établis à Vienne, notamment son certificat de mariage avec mon arrière-grand-mère Maria Engel, et enfin, datant d'après la guerre, des factures de tableaux qu'Émile a vendues à des galeries d'art et au Musée des Beaux-Arts de Bruxelles. Mais pourquoi mon grand-père Gérard a-t-il gardé ces documents sur son père Émile ? Ces documents, ce sont autant d'indices sur ce qu'il n'a jamais voulu raconter. Et puis, ils ont aussi quelque chose de fascinant, de quasiment envoûtant, comme un message venu tout droit du passé. Il me crie d'en faire quelque chose, d'en percer leur mystère. Alors tout ça m'a donné envie d'une chose. me plonger dans l'histoire de cet ancêtre, mon arrière-grand-père, Emil Sokal, marchand d'art à Vienne. Alors oui, je vous déroute, j'ai commencé en vous parlant du secret de mon grand-père, un secret abrité dans une mallette verte. Mais cette mallette, elle m'a menée tout droit vers mon arrière-grand-père et son histoire fascinante. On peut se demander s'il est bien légitime de vouloir déterrer ses secrets, alors que mon grand-père a pris soin de les cacher. Mais est-ce qu'une histoire n'appartient qu'à ceux qui l'ont vécue ? Et puis, je ne peux pas m'empêcher de voir dans cette mallette une sorte de message laissé par mon grand-père, une réponse aux questions qu'on lui posait, et peut-être même aussi un jeu. Un jeu de pistes vers nos origines familiales. J'ai donc décidé de vous emmener sur les traces de mon arrière-grand-père, Emil. De récolter les souvenirs de la famille et les rares informations sur notre passé. De donner vie aux documents d'archives et de chercher les réponses aux questions qu'elles posent. J'ai décidé de faire de cette histoire la mienne. Et le jeu de pistes commence avec une lettre manuscrite d'Emile, écrite en 1944. Elle résume son histoire incroyable. La Mallette Verte est un podcast réalisé par Perrine Sokal. Une production du Xara ASBL, avec le soutien du Fond d'aide à la création radiophonique de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Fondation pour la mémoire de la Shoah. Pour en savoir plus sur les recherches et sur le contexte historique, rendez-vous sur le compte Instagram @LaMalletteVerte.

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