- Speaker #0
En ouvrant la mallette verte, je me suis découverte un arrière-grand-père marchand d'art qui a travaillé pour des galeries prestigieuses à Vienne et qui aurait sauvé des objets religieux des mains des nazis. Une histoire incroyable, que mon grand-père n'a pourtant jamais racontée à personne. Alors je suis bien décidée à en percer les mystères. Et dans cette enquête, je ne pars pas de zéro. Avant moi. D'autres membres de la famille ont été captivés par les énigmes de la mallette et par mon arrière-grand-père, Émile Socal. Et l'un d'eux, Manu, a trouvé un indice capital. La mallette verte. Une série de Perrine Socal. Épisode 3. Les archives générales du Royaume. Pour mes recherches, je commence par recueillir les informations de la famille. Et comme Émile a eu trois fils, j'explore ces trois branches familiales. Gérard, mon grand-père, était le plus jeune des trois fils d'Émile. C'est lui qui avait laissé la mallette verte derrière lui après sa mort. Le frère du milieu, c'était Raoul, le mari... de Marie-Thérèse, celle qu'on a entendue à l'épisode précédent et qui a bien connu Émile. Et le frère aîné, lui, s'appelait Henri. Henri, lui, avait été tout aussi secret sur son passé que ses deux frères et quand son fils, Manu, découvre dans la lettre de la mallette verte que son père avait des origines juives, ça lui a donné envie d'approfondir les recherches. Et c'est en suivant les indices laissés dans la lettre d'Émile qu'il a fait de nouvelles découvertes. C'est de cela que je viens lui parler aujourd'hui.
- Speaker #1
Quel accueil !
- Speaker #0
Salut Manu, ça va ?
- Speaker #1
Ça va,
- Speaker #0
désolée, j'ai été retenue par le boulot.
- Speaker #1
Est-ce que tu veux un peu d'eau ?
- Speaker #0
Oui, je veux bien, à volonté.
- Speaker #1
Je suis en train de soigner, Fabienne.
- Speaker #0
Manu a mené son enquête sur Emile, en compagnie de sa fille, Catherine. Comment ça a commencé tout ça ?
- Speaker #2
Parce qu'on a bien un peu enquêté et donc ça avait commencé lors d'une réunion inscrite et Benoît avait emmené sa fameuse malle verte.
- Speaker #1
Je me permets d'intervenir, je ne pense pas que non. Si,
- Speaker #2
parce que dedans il y avait le document avec le fameux numéro.
- Speaker #1
On ne va pas faire une dispute en public ici. Mais la toute première chose qu'on avait une fois fait, c'était Geneviève qui avait une fois ramené un document.
- Speaker #2
Quelle a sorti à ce cri de la malle de Benoît que Benoît avait amené ce jour-là ?
- Speaker #0
Oui,
- Speaker #1
en tout cas c'était un document qui parlait, qui était estampillé SP avec un numéro derrière et qui racontait un peu l'histoire du grand-père très en cours, qui demandait le statut de réfugié politique en Belgique.
- Speaker #0
Ah oui, nous avons une génération de différences avec Manu. Donc quand il évoque son grand-père... Il parle de mon arrière-grand-père, Émile. Et la lettre dont il parle, c'est la lettre de la mallette verte, que vous avez entendue dans l'épisode précédent.
- Speaker #2
Et oui, de fil en aiguille, en cherchant à quoi était lié ce numéro sur ce document, on s'est rendu compte que c'était un numéro de dossier. Donc on s'est dit, est-ce qu'il y aurait d'autres choses dans ce dossier ? Et puis, ben voilà.
- Speaker #1
Fallait-il le trouver. Donc SP, ça correspond en fait à l'époque sécurité publique. Et donc tous les étrangers, c'est comment on peut l'appeler ?
- Speaker #2
C'est l'ancien office des étrangers.
- Speaker #1
Et le numéro derrière, c'est un numéro de dossier. Donc chaque personne qui arrivait sur le territoire belge avait donc son dossier qui était traité. Mais fallait-il encore trouver le dossier ? Parce que ça date des années 30. Tous ces dossiers sont maintenant gardés aux archives nationales, ici à Bruxelles, qui se trouvent pas loin de la place du Sablon.
- Speaker #2
Et quand le papa est allé chercher le dossier, on lui a dit tiens, il y a trois autres dossiers liés à ce dossier-là. Donc du coup, il a... J'ai trouvé quatre dossiers, qui étaient du coup les trois en plus, c'était les trois des trois enfants.
- Speaker #0
J'ai voulu emprunter les traces de Manu et Catherine et consulter les originaux de ces fameux documents. Mon frère Guillaume m'accompagne aux archives générales du Royaume. Salut Guillaume. Coucou,
- Speaker #3
ça va ?
- Speaker #0
Ça va. C'est déjà ouvert tu crois ?
- Speaker #3
Bah normalement oui, il est 9h.
- Speaker #4
Bonjour, on s'inscrit pour aujourd'hui ?
- Speaker #5
Alors pour vos affaires personnelles, vous avez des cas sur votre gauche. Vous pouvez conserver votre GSM, votre appareil photo, votre PC et prendre votre carte d'identité.
- Speaker #3
Rien d'autre.
- Speaker #5
Qu'un d'autre,
- Speaker #3
ok.
- Speaker #0
Dire que pendant tout ce temps, le secret bien gardé par mon grand-père et ses frères était consultable gratuitement, facilement, aux archives générales du royaume. Il suffisait de donner un numéro de dossier qu'on peut aujourd'hui obtenir via une recherche en ligne et puis de réserver sa place en salle de lecture. Alors j'imagine, dans l'antre de ce bâtiment, tous les autres dossiers, tous les secrets qu'il renferme encore et qui n'attendent qu'à être découverts. Ça donne le vertige. Parmi les autres lecteurs, il y a des historiens, des chercheurs et puis aussi beaucoup de personnes comme moi, à la recherche d'informations personnelles. Comme cette personne qui fait des recherches pour prouver que son nom de famille s'écrit bien avec un petit 2. Mais bref,
- Speaker #4
revenons à Emile.
- Speaker #0
Le dossier d'Emile commence en février 1939, lorsqu'il arrive seul en Belgique. Ses enfants et sa femme sont alors restés à Vienne. La guerre n'a pas encore éclaté en Belgique, mais l'Autriche... a déjà été annexé par l'Allemagne depuis le mois de mars 1938.
- Speaker #4
Ce dossier, c'est des lettres entre Émile ou son avocat qu'il représente et l'administration belge. Il demande d'abord des prolongations de son visa et puis il demande de pouvoir s'établir. plus définitivement dans le royaume. Monsieur l'administrateur, je suis le conseil de monsieur l'ingénieur Émile Sokal, sujet allemand, ni à Lemberg, le 21 octobre 1891.
- Speaker #3
Mon client est venu en Belgique avec un visa de 15 jours. Ce visa a été prolongé ici jusqu'au 10 mars dernier. Il me signale qu'il a sollicité la prolongation de ce visa.
- Speaker #6
Mon client n'invoque pas la qualité de réfugié politique puisqu'il n'a jamais milité dans un parti. Toutefois, certains faits que j'expose ci-après l'ont contraint à quitter précipitamment l'Autriche, de sorte qu'il ne lui est pas possible de retourner dans ce pays.
- Speaker #4
Ce qui est surprenant, c'est qu'il ne dit jamais dans sa correspondance qu'il est juif et que c'est pour ça qu'il doit quitter Vienne, parce qu'il me semble, a priori, être juif à l'époque à Vienne, ça devait sans doute être le motif principal de sa fuite, non ?
- Speaker #0
Mais il n'en parle jamais.
- Speaker #4
Donc peut-être qu'il se méfie parce que peut-être que le vent est en train de tourner en Belgique et qu'il se dit que l'antisémitisme gagne d'autres pays comme la Belgique et qu'il vaut mieux éviter de le mentionner. Donc c'est pour ça qu'il utilise un autre argument.
- Speaker #3
Monsieur Sokal est un des plus importants antiquaires d'Autriche. Il était le conseiller artistique de nombreuses églises et ordres religieux. Malgré l'annexion, grâce à son influence, sa notoriété en la matière, le fait qu'il était ancien officier décoré de la croix de fèves, M. Sokal a pu, malgré l'annexion de l'Autriche, sauver les trésors artistiques des ordres religieux.
- Speaker #4
Il a pu en sauver ainsi pour environ 30 millions de francs. Je ne sais pas si c'est les nazis qui voulaient obtenir ces ordres religieux.
- Speaker #3
Un des faits les plus graves que les autorités allemandes. reproche à M. Sokal est le suivant. Couvrant des prémontrées de Wilton à Innsbruck dans le Tirol, fut obligé, dans les dernières semaines de l'Autriche indépendante, de vendre un célèbre calice d'une immense valeur artistique.
- Speaker #4
Grâce à l'intervention de M. Sokal, le musée des beaux-arts à Vienne a acheté ce calice en se procurant les moyens nécessaires. Le 12 mars 1938, Jour de l'annexion de l'Autriche, M. Sokal a pu sauver cette somme pour l'ordre des prémontrés. Il a ensuite dû quitter l'Autriche pour éviter une mise en prévention pour haute trahison et a acquis par là la qualité de réfugié politique.
- Speaker #0
En lisant ce dossier, j'ai l'impression de lire un roman. Mon arrière-grand-père a donc sauvé des trésors religieux. Franchement, il y a de quoi être assez fier. J'ai clairement envie d'en savoir plus sur ces sauvetages. et puis aussi sur les raisons pour lesquelles cette vente a précipité sa fuite hors d'Autriche. Mais ce n'est pas la seule découverte aux archives. Émile est d'abord arrivé seul en Belgique. Et ces trois enfants ont finalement pu le rejoindre, mais dans des circonstances dramatiques.
- Speaker #4
Donc là, on est en juin 1939, Emile est toujours en Belgique, et il demande de faire venir sa femme et ses enfants d'Autriche. Il demande un visa de tourisme pour eux. Le problème, c'est qu'apparemment, les autorités se rendent compte du fait que... Il demande un visa de tourisme, mais en fait, il a l'intention bien arrêtée de s'établir dans le royaume. En face de tel procédé, la sécurité publique s'est vue obligée de proposer l'annulation du visa de tourisme accordé à l'épouse. Il rappelle aussi qu'Emile doit aussi partir, parce que son visa, lui, arrive à expiration. En fait, pendant qu'il échange toutes ces lettres, il reçoit la nouvelle que sa femme est morte à Vienne.
- Speaker #0
Jusque-là, j'ai surtout été fascinée par l'histoire de mon arrière-grand-père, ses activités de marchand d'art et ses démêlés avec les nazis. Mais à cette énigme s'ajoute celle de la mort mystérieuse de Maria, mon arrière-grand-mère. Comment est-elle morte ? Quoi qu'il en soit, après la mort de leur mère, les trois enfants sont sans protection sur place. Et c'est ce qui leur permet finalement de pouvoir rejoindre leur père. Et là, tout a été très vite. Ils n'ont même pas eu le temps d'assister à l'enterrement de leur mère. En ouvrant la mallette, j'ai ouvert une boîte de Pandore. Entre les affaires étranges de mon arrière-grand-père Émile, qui a sauvé des trésors artistiques religieux, son identité juive cachée, et la mort mystérieuse de mon arrière-grand-mère Maria, j'ai des tonnes de questions. En ouvrant la mallette, j'ai tiré sur un fil, et la pelote était très, très grosse. Ce fil, il me conduit à Vienne, où mon premier objectif est de retrouver le calice.