La musicothérapie en néonatologie : réconforter les bébés prématurés cover
La musicothérapie en néonatologie : réconforter les bébés prématurés cover
La petite musique du cerveau

La musicothérapie en néonatologie : réconforter les bébés prématurés

La musicothérapie en néonatologie : réconforter les bébés prématurés

18min |02/10/2020
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La petite musique du cerveau

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La musicothérapie en néonatologie : réconforter les bébés prématurés

18min |02/10/2020
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Description

Quels sont les bénéfices de la musicothérapie en néonatologie ?

Reportage au service de néonatologie à l’hôpital de Senlis avec Sophie Lefebvre, musicothérapeute. 


Un podcast de Sacem Université et France Musique - 2021 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Sacem Université présente la petite musique du cerveau.

  • Speaker #1

    Allô ? Oui Stéphanie, on vient d'arriver avec Nicolas, on est à l'accueil de l'hôpital.

  • Speaker #0

    À tout de suite.

  • Speaker #1

    La voix que vous venez d'entendre, c'est la voix de Stéphanie Lefebvre. Elle est musicothérapeute spécialisée en néonatologie. Une des rares en France qui se consacre à cette discipline. On s'est donné rendez-vous à l'hôpital de Saint-Lys en début d'après-midi. Stéphanie s'y rend toutes les semaines pour les séances de musicothérapie avec les bébés prématurés. Pendant trois heures, nous la suivrons dans ses interventions. Mais avant, il faut se mettre en condition pour rencontrer les bébés. Qu'est-ce que vous êtes en train de faire ?

  • Speaker #0

    Je vais me changer pour pouvoir entrer dans le service. Je vais tout simplement enlever mes chaussures qui vont faire du bruit en me déplaçant. Je vais mettre des petites claquettes moins sonores. Et puis une blouse, une surbluse de protection aussi. Et nous, on va s'équiper en conséquence. C'est pas fou. On va se laver les mains avant d'enlever la blouse.

  • Speaker #1

    Vous ne portez pas de bijoux ?

  • Speaker #0

    Je dois effectivement enlever les bijoux au niveau des mains, donc bagues, bracelets et montres. Lorsque je suis en contact avec les enfants. Absolument pas recommandé d'avoir des bijoux au niveau des mains, des poignets. Mais c'est pareil pour le vernis à ongles. Il est proscrit en service de néonatologie. C'est parti, Nicolas,

  • Speaker #1

    On va se lever les mains. Stéphanie travaille avec les bébés prématurés depuis plus de 10 ans. Mais la musicothérapie en néonatologie est encore très peu répandue en France. Par manque de budget dédié, les interventions restent ponctuelles et limitées, alors que les besoins sont considérables. Heureusement, la recherche s'y intéresse de plus en plus. Il y a quelques mois, une équipe de chercheurs suisses a démontré que si les bébés nés avant le terme sont accompagnés par la musique, ils rattrapent le retard dans la connectivité de différentes régions cérébrales par rapport aux bébés nés à terme. Mais d'abord, il faut faire face à un environnement auquel leur cerveau n'a pas eu le temps de se préparer.

  • Speaker #0

    Les bébés qui sont nés prématurés doivent faire face à deux challenges. La privation de son. c'est-à-dire tous les sons maternels, les sons intra-utérins, les sons endogènes, la voix de la mère qu'ils perçoivent in utéro et qui participent à la maturation du cerveau. L'autre challenge, c'est de faire face à des sons qui ne sont pas forcément adaptés à son système auditif, à sa maturation auditive, des sons imprédictibles, des sons trop aigus, en l'occurrence ceux des alarmes, des scopes, etc. et ces stimulations peuvent avoir des conséquences sur... son devenir, notamment au niveau de ses apprentissages, l'acquisition du langage. Donc il est supposé que participer à rétablir un environnement sonore le plus naturel soit-il, avec des sons adaptés en termes de fréquences, de volumes sonores, participe au développement de ce bébé, participe aussi à lui procurer des expériences agréables, rassurantes, alors qu'il est dans un environnement... très technique, très technicisé, très médicalisé.

  • Speaker #1

    La journée de Stéphanie commence avec un détour par la salle des infirmières, où se tient la réunion avec le médecin de service. On passe la porte et on rentre pour le soin intensif en néonatologie.

  • Speaker #0

    On va faire connaissance avec les équipes. Je suis Sylvie Franco, puricultrice, et je travaille en néonat depuis janvier 2002. J'ai eu une formation sur la musicothérapie. Donc vous êtes une... Oui. Sur le terrain, j'ai pu voir des effets. Qu'est-ce qu'on voit ? On peut voir un apaisement des enfants, une attention portée vers la musique, vers le son. Qu'est-ce que vous êtes en train de faire ? Je suis en train de noter les prénoms des enfants qui sont accueillis dans le service. et qui sont soit accueillis en réanimation néonatale, soit en soins intensifs ou néonatologie, donc ce sont les trois niveaux de soins. Je vais accueillir les informations auprès des infirmières, des puricultrices, pour m'assurer qu'il n'y a pas de contre-indication d'aller voir les enfants. Et puis ensuite, effectivement, je vais faire le tour des chambres et me présenter aux parents. les informer de ma présence dans le service, de ma pratique, de ses objectifs, de son déroulement. Et puis, je vais ensuite favoriser le suivi de ses enfants et de ses parents. au fil de la maturité des enfants, de leur croissance, pour voir et observer vraiment une évolution, et puis vraiment tisser un lien, une alliance thérapeutique avec les parents. Combien d'enfants vous pouvez aller voir cet après-midi ? Dans une après-midi, je suis dans le service pendant trois heures, je vais voir quatre ou cinq enfants. Ça va dépendre de la durée des séances, de l'état de veille-sommeil des enfants. La présence des parents, donc l'échange que je vais pouvoir avoir avec eux à la fin de mes séances. Adrien, alors c'est un tout petit Adrien. Adrien, il est âgé 6, plus 6, mais il y a un gros retard de croissance. Il pèse 900 grammes. Ah oui. Il est à 990 aujourd'hui. Et Gianni ? Et Gianni, il est âgé 7 aujourd'hui, un 32 plus 3. Alors tous ces enfants dont je t'ai parlé, ils sont tous sous aide respiratoire. Donc avec un bruit de fond. Tiens.

  • Speaker #1

    Plus de 50 000 bébés naissent prématurément en France chaque année, dont 15 % avant 7 mois et demi de gestation. Aujourd'hui, la médecine peut les accompagner jusqu'à l'autonomie en bonnes conditions, mais une naissance prématurée reste un traumatisme. La première étape dans la journée de Stéphanie sera la réanimation néonatologique qui accueille les grands prématurés. Certains n'ont que 28 semaines in utero et ne pèsent pas plus de 800 grammes. Pour vous donner une idée, la taille d'un pied d'un bébé si petit ne dépasse pas la taille d'un pouce. Même si le protocole est très strict au niveau du bruit, le service est tout sauf silencieux. Entre le bruit des machines et les soins souvent désagréables, un bébé prématuré est exposé à un niveau de stress important. En 10 jours au service de réanimation, un prématuré peut être exposé à 300 soins désagréables, nous dit Stéphanie. Nous la retrouvons devant une première chambre, juste avant la première intervention. Donc vous pouvez déjà introduire la musicothérapie à partir de la première étape ?

  • Speaker #0

    Oui, jusqu'à présent j'ai eu l'occasion de travailler avec des enfants à un terme de 28 semaines. Et je peux effectivement, s'il n'y a aucune contre-indication de l'équipe médicale, aller rencontrer ces enfants à ce terme dans la couveuse.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que vous observez au fur et à mesure de la prise en charge ?

  • Speaker #0

    Plus l'enfant est faible, évidemment, plus les réactions sont ténues, fines et peut-être peu perceptible à l'œil nu. Je vais avoir des repères au niveau des constantes physiologiques, c'est-à-dire observer avec les scopes des variations au niveau de la fréquence respiratoire, de la saturation d'oxygène, de la fréquence cardiaque. La plupart du temps, les recherches l'ont montré, et dans la pratique clinique je peux souvent l'observer, au cours d'une séance, une baisse de la fréquence cardiaque. C'est un bébé qui est né avec un petit poids à la naissance. Là, il a des tensions fouleuses. Oui, avec l'assistance respiratoire. Le bébé est encore en train de dormir. À la perception de la voix, on peut observer des petits mouvements, de la voix parlée. L'idée, c'est absolument de ne pas perturber le sommeil. Voilà, je passe là devant la couveuse et je la mets à hauteur. Je vais prendre contact avec l'enfant au niveau de la tête. Le toucher au niveau de la tête avec la paume de la main bien déployée permet d'avoir le maximum de contact avec le bébé. Ça permet que les vibrations de la voix passent à travers la main, que le bébé puisse les percevoir aussi de cette manière, de façon tactile. Ça lui donne aussi une contenance, c'est-à-dire que le bébé in utero, sans les limites, la barrière dominale, donc il est privé quand il est prématuré, c'est pour ça qu'on les dispose dans des petits cocons. Et donc se toucher, rétablir un petit peu cette contenance. Et puis, ça me permet aussi d'appréhender le rythme particulier de l'enfant, son rythme cardio-respiratoire, ses réactions, une détente au niveau de son tonus, au niveau musculaire. Et puis, la voix chantée, c'est vraiment très simple. Ce sont des humming, donc des sons de bouche fermée. Sachant que l'enfant est en train de dormir, de sorte de ne pas ajouter trop de scantions, les mots, les consonnes qui apportent plus de souffle et plus de variations.

  • Speaker #1

    Ce que nous explique Stéphanie, c'est que la stimulation sonore peut être à double tranchant chez les bébés prématurés, dont le cerveau est encore immature. Trop agressive, elle peut être responsable des troubles neuropsychologiques plus tard. Adaptée à la sensibilité sensorielle, Elle peut participer à la maturation du cerveau en stimulant les connexions neuronales. Apaiser un grand prématuré, c'est d'abord agir au niveau physiologique, réguler sa respiration et son rythme cardiaque, limiter sa dépense calorique pour optimiser sa croissance. Les chercheurs ont remarqué que la musique provoque chez les bébés le réflexe de sucion, ce qui est très important pour les prématurés qui ont beaucoup de mal à s'alimenter. Et l'utilisation de la technique de humming pour les bébés prématurés n'est pas le fruit du hasard. Et bien sûr, la voix que le bébé préfère, c'est celle de ses parents, et voilà pourquoi.

  • Speaker #0

    La voix humaine... Et en priorité, la voix maternelle et la voix paternelle va être celle qui va être la plus rassurante pour l'enfant parce que la voix maternelle est la voix à laquelle le bébé est le plus exposé de façon très très précoce. Il va l'apercevoir très tôt par le toucher, d'abord par la vibration, puisque le bébé d'abord développe son système somesthésique, tactile, et il va percevoir la voix de sa mère par les vibrations produites quand la mère parle. et puis il va l'apercevoir aussi par le monde. mouvement. Donc ça c'est son système vestibulaire aussi qui apparaît de façon très précoce avant le système auditif. Il va percevoir la voix de sa maman par les mouvements qu'elle fait à l'inspiration, expiration, les mouvements des muscles abdominaux, les mouvements du diaphragme et il va identifier en fait qu'il y a production de la voix de la mère. Et puis un troisième moyen pour le bébé avant que son système auditif soit conçu, de percevoir la voix, c'est le système circadien, donc des alternances de veille-sommeil, c'est-à-dire la nuit, c'est plus calme. Donc trois façons d'appréhender la voix de sa maman avant même que le système auditif soit en place. Et donc quand ce système auditif est en place, le bébé connaît déjà la voix de sa maman, il connaît déjà la voix de son entourage. Les parents sont vraiment investis et doivent être à la première place. Donc je les encourage vraiment à utiliser leur voix, mais d'abord je vais manquer de savoir est-ce qu'ils l'utilisent déjà, et la plupart du temps ils l'utilisent déjà parce que c'est vraiment une attitude très naturelle, c'est ce qu'on appelle le maternage ou le paternage universel, intuitif. Au demeurant les parents peuvent utiliser la voix sans vraiment... à savoir quels sont les modes de perception de l'enfant, comment est-ce qu'il entend, est-ce que c'est utile. Et notamment quand le bébé est vraiment petit, les réactions sont très faibles à ce moment-là. Le bébé n'est pas encore... tellement en mesure d'interagir, mais ce n'est pas pour ça qu'il ne perçoit pas. Et c'est quand il va être un petit peu plus grand, et dans une capacité comportementale d'interagir davantage, qu'il va pouvoir donner ses réponses à son père, à sa mère, et dire, voilà, quand j'étais plus petit, je t'entendais, c'était bon pour moi d'entendre ta voix, et maintenant que je suis un peu plus grand et que je peux te le dire, je te le dis avec mes mots à moi, à savoir des mouvements des doigts, des mouvements des paupières, des expressions du visage, des petits sourires. Donc l'idée c'est d'encourager les parents dans cette confiance que le bébé a besoin de la présence vocale et que c'est une présence très importante et très rassurante pour eux.

  • Speaker #1

    Stéphanie continue son intervention dans l'unité kangourou, où les bébés prématurés finissent leur séjour avant de rentrer chez eux. À ce stade... Elle peut introduire les mélodies chantées et les petites berceuses qui stimulent le langage et impliquent davantage les parents. Du coup, nous passons en vestiaire pour piocher dans l'instrumentarium de Stéphanie. Aujourd'hui, elle choisit le piano à pouces. Ah, oui ! Donc, on va déballer les instruments. Oui, on va jouer nos petits instruments. Donc, là, c'est Néza qui a un petit piano à pouces. La lamelle métallique qui fait un son très doux. Parce que l'idée c'est de rester dans les sonorités très douces.

  • Speaker #0

    Oui, ce sont des sonorités qui sont adaptées à l'audition du bébé, en termes de fréquence, en termes de décibels, en termes de toucher aussi. Donc voilà, ce n'est pas grincé, ce n'est pas frotté. Et puis ça fait penser aux petites boîtes à musique, donc à ces sons qui accompagnent des berceuses. Ça attire aussi l'attention des parents qui sont curieux de découvrir cet instrument un peu insolite, un peu inattendu. Et puis ça leur permet d'avoir une attention qui se localise davantage sur la musique, sur le musical, sur ce qui va se vivre, que surtout le contexte du soin. Puis on voit que tout de suite l'enfant, il va avoir des petites réactions comportementales, même si elles sont réflexes, elles sont présentes. Et quand le père ou la mère les observe, il y a tout de suite une observation fine qui se met en place. qui va favoriser le lien, la relation entre les parents et l'enfant. Vous expliquez où on se trouve ? On est là dans l'unité Kangourou, et je vais voir des enfants que j'ai pu suivre tout au long de mon parcours en réanimation néonatale, soins intensifs, pneumapathologie. Et l'unité Kangourou est un lieu qui est là. permet d'être en présence de leur maman 24 heures sur 24. Ces bébés sont à présent autonomes sur le plan respiratoire, quasiment sur le plan alimentaire. Et c'est la dernière étape avant le retour à la maison.

  • Speaker #1

    Nous y rencontrons Florida, la maman de la petite Louise. Née un mois et demi avant le terme, Louise a été accueillie en néonatologie et a pu rencontrer Stéphanie dès ses premiers instants de vie. Après deux semaines et demie dans le service, Louise pèse deux kilos et demi et s'apprête à rentrer à la maison. Pour sa maman, Louise est un bébé qui a pleinement profité de la présence de la musique dans le service.

  • Speaker #0

    Dès que j'ai été enceinte, j'écoutais tout le temps de la musique, justement, puisqu'on sait très bien le bienfait que ça fait déjà pour soi-même, pour être détendu. Si on est détendu, le bébé dans le ventre l'est tout autant. Elle l'a prouvé pendant plus de deux semaines quand on était là. Donc, quels que soient les examens qu'on a pu lui faire, des choses pas forcément agréables, elle n'a jamais pleuré. Et je sais, je reste persuadée que c'est grâce à la musique. C'est certain.

  • Speaker #1

    Vous voulez chanter, j'imagine, ou vous allez le faire une fois ?

  • Speaker #0

    Ah oui, une fois la maison, oui !

  • Speaker #1

    C'était La petite musique du cerveau, un podcast de SACEM Université. Merci à Stéphanie Lefebvre, à Sylvie, à Florida, à la petite Louise et à tous ces bébés merveilleux qui sont aujourd'hui certainement rentrés à la maison. Merci à Studio Time pour la réalisation. Notre série s'arrête là. Merci d'avoir été avec nous. À bientôt.

Chapters

  • Introduction à la musicothérapie en néonatologie

    00:07

  • Les défis des bébés prématurés

    01:49

  • Première intervention de Stéphanie

    03:33

  • L'importance de l'environnement sonore

    06:04

  • Interaction avec les parents et les bébés

    13:57

  • Conclusion et remerciements

    17:41

Description

Quels sont les bénéfices de la musicothérapie en néonatologie ?

Reportage au service de néonatologie à l’hôpital de Senlis avec Sophie Lefebvre, musicothérapeute. 


Un podcast de Sacem Université et France Musique - 2021 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Sacem Université présente la petite musique du cerveau.

  • Speaker #1

    Allô ? Oui Stéphanie, on vient d'arriver avec Nicolas, on est à l'accueil de l'hôpital.

  • Speaker #0

    À tout de suite.

  • Speaker #1

    La voix que vous venez d'entendre, c'est la voix de Stéphanie Lefebvre. Elle est musicothérapeute spécialisée en néonatologie. Une des rares en France qui se consacre à cette discipline. On s'est donné rendez-vous à l'hôpital de Saint-Lys en début d'après-midi. Stéphanie s'y rend toutes les semaines pour les séances de musicothérapie avec les bébés prématurés. Pendant trois heures, nous la suivrons dans ses interventions. Mais avant, il faut se mettre en condition pour rencontrer les bébés. Qu'est-ce que vous êtes en train de faire ?

  • Speaker #0

    Je vais me changer pour pouvoir entrer dans le service. Je vais tout simplement enlever mes chaussures qui vont faire du bruit en me déplaçant. Je vais mettre des petites claquettes moins sonores. Et puis une blouse, une surbluse de protection aussi. Et nous, on va s'équiper en conséquence. C'est pas fou. On va se laver les mains avant d'enlever la blouse.

  • Speaker #1

    Vous ne portez pas de bijoux ?

  • Speaker #0

    Je dois effectivement enlever les bijoux au niveau des mains, donc bagues, bracelets et montres. Lorsque je suis en contact avec les enfants. Absolument pas recommandé d'avoir des bijoux au niveau des mains, des poignets. Mais c'est pareil pour le vernis à ongles. Il est proscrit en service de néonatologie. C'est parti, Nicolas,

  • Speaker #1

    On va se lever les mains. Stéphanie travaille avec les bébés prématurés depuis plus de 10 ans. Mais la musicothérapie en néonatologie est encore très peu répandue en France. Par manque de budget dédié, les interventions restent ponctuelles et limitées, alors que les besoins sont considérables. Heureusement, la recherche s'y intéresse de plus en plus. Il y a quelques mois, une équipe de chercheurs suisses a démontré que si les bébés nés avant le terme sont accompagnés par la musique, ils rattrapent le retard dans la connectivité de différentes régions cérébrales par rapport aux bébés nés à terme. Mais d'abord, il faut faire face à un environnement auquel leur cerveau n'a pas eu le temps de se préparer.

  • Speaker #0

    Les bébés qui sont nés prématurés doivent faire face à deux challenges. La privation de son. c'est-à-dire tous les sons maternels, les sons intra-utérins, les sons endogènes, la voix de la mère qu'ils perçoivent in utéro et qui participent à la maturation du cerveau. L'autre challenge, c'est de faire face à des sons qui ne sont pas forcément adaptés à son système auditif, à sa maturation auditive, des sons imprédictibles, des sons trop aigus, en l'occurrence ceux des alarmes, des scopes, etc. et ces stimulations peuvent avoir des conséquences sur... son devenir, notamment au niveau de ses apprentissages, l'acquisition du langage. Donc il est supposé que participer à rétablir un environnement sonore le plus naturel soit-il, avec des sons adaptés en termes de fréquences, de volumes sonores, participe au développement de ce bébé, participe aussi à lui procurer des expériences agréables, rassurantes, alors qu'il est dans un environnement... très technique, très technicisé, très médicalisé.

  • Speaker #1

    La journée de Stéphanie commence avec un détour par la salle des infirmières, où se tient la réunion avec le médecin de service. On passe la porte et on rentre pour le soin intensif en néonatologie.

  • Speaker #0

    On va faire connaissance avec les équipes. Je suis Sylvie Franco, puricultrice, et je travaille en néonat depuis janvier 2002. J'ai eu une formation sur la musicothérapie. Donc vous êtes une... Oui. Sur le terrain, j'ai pu voir des effets. Qu'est-ce qu'on voit ? On peut voir un apaisement des enfants, une attention portée vers la musique, vers le son. Qu'est-ce que vous êtes en train de faire ? Je suis en train de noter les prénoms des enfants qui sont accueillis dans le service. et qui sont soit accueillis en réanimation néonatale, soit en soins intensifs ou néonatologie, donc ce sont les trois niveaux de soins. Je vais accueillir les informations auprès des infirmières, des puricultrices, pour m'assurer qu'il n'y a pas de contre-indication d'aller voir les enfants. Et puis ensuite, effectivement, je vais faire le tour des chambres et me présenter aux parents. les informer de ma présence dans le service, de ma pratique, de ses objectifs, de son déroulement. Et puis, je vais ensuite favoriser le suivi de ses enfants et de ses parents. au fil de la maturité des enfants, de leur croissance, pour voir et observer vraiment une évolution, et puis vraiment tisser un lien, une alliance thérapeutique avec les parents. Combien d'enfants vous pouvez aller voir cet après-midi ? Dans une après-midi, je suis dans le service pendant trois heures, je vais voir quatre ou cinq enfants. Ça va dépendre de la durée des séances, de l'état de veille-sommeil des enfants. La présence des parents, donc l'échange que je vais pouvoir avoir avec eux à la fin de mes séances. Adrien, alors c'est un tout petit Adrien. Adrien, il est âgé 6, plus 6, mais il y a un gros retard de croissance. Il pèse 900 grammes. Ah oui. Il est à 990 aujourd'hui. Et Gianni ? Et Gianni, il est âgé 7 aujourd'hui, un 32 plus 3. Alors tous ces enfants dont je t'ai parlé, ils sont tous sous aide respiratoire. Donc avec un bruit de fond. Tiens.

  • Speaker #1

    Plus de 50 000 bébés naissent prématurément en France chaque année, dont 15 % avant 7 mois et demi de gestation. Aujourd'hui, la médecine peut les accompagner jusqu'à l'autonomie en bonnes conditions, mais une naissance prématurée reste un traumatisme. La première étape dans la journée de Stéphanie sera la réanimation néonatologique qui accueille les grands prématurés. Certains n'ont que 28 semaines in utero et ne pèsent pas plus de 800 grammes. Pour vous donner une idée, la taille d'un pied d'un bébé si petit ne dépasse pas la taille d'un pouce. Même si le protocole est très strict au niveau du bruit, le service est tout sauf silencieux. Entre le bruit des machines et les soins souvent désagréables, un bébé prématuré est exposé à un niveau de stress important. En 10 jours au service de réanimation, un prématuré peut être exposé à 300 soins désagréables, nous dit Stéphanie. Nous la retrouvons devant une première chambre, juste avant la première intervention. Donc vous pouvez déjà introduire la musicothérapie à partir de la première étape ?

  • Speaker #0

    Oui, jusqu'à présent j'ai eu l'occasion de travailler avec des enfants à un terme de 28 semaines. Et je peux effectivement, s'il n'y a aucune contre-indication de l'équipe médicale, aller rencontrer ces enfants à ce terme dans la couveuse.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que vous observez au fur et à mesure de la prise en charge ?

  • Speaker #0

    Plus l'enfant est faible, évidemment, plus les réactions sont ténues, fines et peut-être peu perceptible à l'œil nu. Je vais avoir des repères au niveau des constantes physiologiques, c'est-à-dire observer avec les scopes des variations au niveau de la fréquence respiratoire, de la saturation d'oxygène, de la fréquence cardiaque. La plupart du temps, les recherches l'ont montré, et dans la pratique clinique je peux souvent l'observer, au cours d'une séance, une baisse de la fréquence cardiaque. C'est un bébé qui est né avec un petit poids à la naissance. Là, il a des tensions fouleuses. Oui, avec l'assistance respiratoire. Le bébé est encore en train de dormir. À la perception de la voix, on peut observer des petits mouvements, de la voix parlée. L'idée, c'est absolument de ne pas perturber le sommeil. Voilà, je passe là devant la couveuse et je la mets à hauteur. Je vais prendre contact avec l'enfant au niveau de la tête. Le toucher au niveau de la tête avec la paume de la main bien déployée permet d'avoir le maximum de contact avec le bébé. Ça permet que les vibrations de la voix passent à travers la main, que le bébé puisse les percevoir aussi de cette manière, de façon tactile. Ça lui donne aussi une contenance, c'est-à-dire que le bébé in utero, sans les limites, la barrière dominale, donc il est privé quand il est prématuré, c'est pour ça qu'on les dispose dans des petits cocons. Et donc se toucher, rétablir un petit peu cette contenance. Et puis, ça me permet aussi d'appréhender le rythme particulier de l'enfant, son rythme cardio-respiratoire, ses réactions, une détente au niveau de son tonus, au niveau musculaire. Et puis, la voix chantée, c'est vraiment très simple. Ce sont des humming, donc des sons de bouche fermée. Sachant que l'enfant est en train de dormir, de sorte de ne pas ajouter trop de scantions, les mots, les consonnes qui apportent plus de souffle et plus de variations.

  • Speaker #1

    Ce que nous explique Stéphanie, c'est que la stimulation sonore peut être à double tranchant chez les bébés prématurés, dont le cerveau est encore immature. Trop agressive, elle peut être responsable des troubles neuropsychologiques plus tard. Adaptée à la sensibilité sensorielle, Elle peut participer à la maturation du cerveau en stimulant les connexions neuronales. Apaiser un grand prématuré, c'est d'abord agir au niveau physiologique, réguler sa respiration et son rythme cardiaque, limiter sa dépense calorique pour optimiser sa croissance. Les chercheurs ont remarqué que la musique provoque chez les bébés le réflexe de sucion, ce qui est très important pour les prématurés qui ont beaucoup de mal à s'alimenter. Et l'utilisation de la technique de humming pour les bébés prématurés n'est pas le fruit du hasard. Et bien sûr, la voix que le bébé préfère, c'est celle de ses parents, et voilà pourquoi.

  • Speaker #0

    La voix humaine... Et en priorité, la voix maternelle et la voix paternelle va être celle qui va être la plus rassurante pour l'enfant parce que la voix maternelle est la voix à laquelle le bébé est le plus exposé de façon très très précoce. Il va l'apercevoir très tôt par le toucher, d'abord par la vibration, puisque le bébé d'abord développe son système somesthésique, tactile, et il va percevoir la voix de sa mère par les vibrations produites quand la mère parle. et puis il va l'apercevoir aussi par le monde. mouvement. Donc ça c'est son système vestibulaire aussi qui apparaît de façon très précoce avant le système auditif. Il va percevoir la voix de sa maman par les mouvements qu'elle fait à l'inspiration, expiration, les mouvements des muscles abdominaux, les mouvements du diaphragme et il va identifier en fait qu'il y a production de la voix de la mère. Et puis un troisième moyen pour le bébé avant que son système auditif soit conçu, de percevoir la voix, c'est le système circadien, donc des alternances de veille-sommeil, c'est-à-dire la nuit, c'est plus calme. Donc trois façons d'appréhender la voix de sa maman avant même que le système auditif soit en place. Et donc quand ce système auditif est en place, le bébé connaît déjà la voix de sa maman, il connaît déjà la voix de son entourage. Les parents sont vraiment investis et doivent être à la première place. Donc je les encourage vraiment à utiliser leur voix, mais d'abord je vais manquer de savoir est-ce qu'ils l'utilisent déjà, et la plupart du temps ils l'utilisent déjà parce que c'est vraiment une attitude très naturelle, c'est ce qu'on appelle le maternage ou le paternage universel, intuitif. Au demeurant les parents peuvent utiliser la voix sans vraiment... à savoir quels sont les modes de perception de l'enfant, comment est-ce qu'il entend, est-ce que c'est utile. Et notamment quand le bébé est vraiment petit, les réactions sont très faibles à ce moment-là. Le bébé n'est pas encore... tellement en mesure d'interagir, mais ce n'est pas pour ça qu'il ne perçoit pas. Et c'est quand il va être un petit peu plus grand, et dans une capacité comportementale d'interagir davantage, qu'il va pouvoir donner ses réponses à son père, à sa mère, et dire, voilà, quand j'étais plus petit, je t'entendais, c'était bon pour moi d'entendre ta voix, et maintenant que je suis un peu plus grand et que je peux te le dire, je te le dis avec mes mots à moi, à savoir des mouvements des doigts, des mouvements des paupières, des expressions du visage, des petits sourires. Donc l'idée c'est d'encourager les parents dans cette confiance que le bébé a besoin de la présence vocale et que c'est une présence très importante et très rassurante pour eux.

  • Speaker #1

    Stéphanie continue son intervention dans l'unité kangourou, où les bébés prématurés finissent leur séjour avant de rentrer chez eux. À ce stade... Elle peut introduire les mélodies chantées et les petites berceuses qui stimulent le langage et impliquent davantage les parents. Du coup, nous passons en vestiaire pour piocher dans l'instrumentarium de Stéphanie. Aujourd'hui, elle choisit le piano à pouces. Ah, oui ! Donc, on va déballer les instruments. Oui, on va jouer nos petits instruments. Donc, là, c'est Néza qui a un petit piano à pouces. La lamelle métallique qui fait un son très doux. Parce que l'idée c'est de rester dans les sonorités très douces.

  • Speaker #0

    Oui, ce sont des sonorités qui sont adaptées à l'audition du bébé, en termes de fréquence, en termes de décibels, en termes de toucher aussi. Donc voilà, ce n'est pas grincé, ce n'est pas frotté. Et puis ça fait penser aux petites boîtes à musique, donc à ces sons qui accompagnent des berceuses. Ça attire aussi l'attention des parents qui sont curieux de découvrir cet instrument un peu insolite, un peu inattendu. Et puis ça leur permet d'avoir une attention qui se localise davantage sur la musique, sur le musical, sur ce qui va se vivre, que surtout le contexte du soin. Puis on voit que tout de suite l'enfant, il va avoir des petites réactions comportementales, même si elles sont réflexes, elles sont présentes. Et quand le père ou la mère les observe, il y a tout de suite une observation fine qui se met en place. qui va favoriser le lien, la relation entre les parents et l'enfant. Vous expliquez où on se trouve ? On est là dans l'unité Kangourou, et je vais voir des enfants que j'ai pu suivre tout au long de mon parcours en réanimation néonatale, soins intensifs, pneumapathologie. Et l'unité Kangourou est un lieu qui est là. permet d'être en présence de leur maman 24 heures sur 24. Ces bébés sont à présent autonomes sur le plan respiratoire, quasiment sur le plan alimentaire. Et c'est la dernière étape avant le retour à la maison.

  • Speaker #1

    Nous y rencontrons Florida, la maman de la petite Louise. Née un mois et demi avant le terme, Louise a été accueillie en néonatologie et a pu rencontrer Stéphanie dès ses premiers instants de vie. Après deux semaines et demie dans le service, Louise pèse deux kilos et demi et s'apprête à rentrer à la maison. Pour sa maman, Louise est un bébé qui a pleinement profité de la présence de la musique dans le service.

  • Speaker #0

    Dès que j'ai été enceinte, j'écoutais tout le temps de la musique, justement, puisqu'on sait très bien le bienfait que ça fait déjà pour soi-même, pour être détendu. Si on est détendu, le bébé dans le ventre l'est tout autant. Elle l'a prouvé pendant plus de deux semaines quand on était là. Donc, quels que soient les examens qu'on a pu lui faire, des choses pas forcément agréables, elle n'a jamais pleuré. Et je sais, je reste persuadée que c'est grâce à la musique. C'est certain.

  • Speaker #1

    Vous voulez chanter, j'imagine, ou vous allez le faire une fois ?

  • Speaker #0

    Ah oui, une fois la maison, oui !

  • Speaker #1

    C'était La petite musique du cerveau, un podcast de SACEM Université. Merci à Stéphanie Lefebvre, à Sylvie, à Florida, à la petite Louise et à tous ces bébés merveilleux qui sont aujourd'hui certainement rentrés à la maison. Merci à Studio Time pour la réalisation. Notre série s'arrête là. Merci d'avoir été avec nous. À bientôt.

Chapters

  • Introduction à la musicothérapie en néonatologie

    00:07

  • Les défis des bébés prématurés

    01:49

  • Première intervention de Stéphanie

    03:33

  • L'importance de l'environnement sonore

    06:04

  • Interaction avec les parents et les bébés

    13:57

  • Conclusion et remerciements

    17:41

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Description

Quels sont les bénéfices de la musicothérapie en néonatologie ?

Reportage au service de néonatologie à l’hôpital de Senlis avec Sophie Lefebvre, musicothérapeute. 


Un podcast de Sacem Université et France Musique - 2021 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Sacem Université présente la petite musique du cerveau.

  • Speaker #1

    Allô ? Oui Stéphanie, on vient d'arriver avec Nicolas, on est à l'accueil de l'hôpital.

  • Speaker #0

    À tout de suite.

  • Speaker #1

    La voix que vous venez d'entendre, c'est la voix de Stéphanie Lefebvre. Elle est musicothérapeute spécialisée en néonatologie. Une des rares en France qui se consacre à cette discipline. On s'est donné rendez-vous à l'hôpital de Saint-Lys en début d'après-midi. Stéphanie s'y rend toutes les semaines pour les séances de musicothérapie avec les bébés prématurés. Pendant trois heures, nous la suivrons dans ses interventions. Mais avant, il faut se mettre en condition pour rencontrer les bébés. Qu'est-ce que vous êtes en train de faire ?

  • Speaker #0

    Je vais me changer pour pouvoir entrer dans le service. Je vais tout simplement enlever mes chaussures qui vont faire du bruit en me déplaçant. Je vais mettre des petites claquettes moins sonores. Et puis une blouse, une surbluse de protection aussi. Et nous, on va s'équiper en conséquence. C'est pas fou. On va se laver les mains avant d'enlever la blouse.

  • Speaker #1

    Vous ne portez pas de bijoux ?

  • Speaker #0

    Je dois effectivement enlever les bijoux au niveau des mains, donc bagues, bracelets et montres. Lorsque je suis en contact avec les enfants. Absolument pas recommandé d'avoir des bijoux au niveau des mains, des poignets. Mais c'est pareil pour le vernis à ongles. Il est proscrit en service de néonatologie. C'est parti, Nicolas,

  • Speaker #1

    On va se lever les mains. Stéphanie travaille avec les bébés prématurés depuis plus de 10 ans. Mais la musicothérapie en néonatologie est encore très peu répandue en France. Par manque de budget dédié, les interventions restent ponctuelles et limitées, alors que les besoins sont considérables. Heureusement, la recherche s'y intéresse de plus en plus. Il y a quelques mois, une équipe de chercheurs suisses a démontré que si les bébés nés avant le terme sont accompagnés par la musique, ils rattrapent le retard dans la connectivité de différentes régions cérébrales par rapport aux bébés nés à terme. Mais d'abord, il faut faire face à un environnement auquel leur cerveau n'a pas eu le temps de se préparer.

  • Speaker #0

    Les bébés qui sont nés prématurés doivent faire face à deux challenges. La privation de son. c'est-à-dire tous les sons maternels, les sons intra-utérins, les sons endogènes, la voix de la mère qu'ils perçoivent in utéro et qui participent à la maturation du cerveau. L'autre challenge, c'est de faire face à des sons qui ne sont pas forcément adaptés à son système auditif, à sa maturation auditive, des sons imprédictibles, des sons trop aigus, en l'occurrence ceux des alarmes, des scopes, etc. et ces stimulations peuvent avoir des conséquences sur... son devenir, notamment au niveau de ses apprentissages, l'acquisition du langage. Donc il est supposé que participer à rétablir un environnement sonore le plus naturel soit-il, avec des sons adaptés en termes de fréquences, de volumes sonores, participe au développement de ce bébé, participe aussi à lui procurer des expériences agréables, rassurantes, alors qu'il est dans un environnement... très technique, très technicisé, très médicalisé.

  • Speaker #1

    La journée de Stéphanie commence avec un détour par la salle des infirmières, où se tient la réunion avec le médecin de service. On passe la porte et on rentre pour le soin intensif en néonatologie.

  • Speaker #0

    On va faire connaissance avec les équipes. Je suis Sylvie Franco, puricultrice, et je travaille en néonat depuis janvier 2002. J'ai eu une formation sur la musicothérapie. Donc vous êtes une... Oui. Sur le terrain, j'ai pu voir des effets. Qu'est-ce qu'on voit ? On peut voir un apaisement des enfants, une attention portée vers la musique, vers le son. Qu'est-ce que vous êtes en train de faire ? Je suis en train de noter les prénoms des enfants qui sont accueillis dans le service. et qui sont soit accueillis en réanimation néonatale, soit en soins intensifs ou néonatologie, donc ce sont les trois niveaux de soins. Je vais accueillir les informations auprès des infirmières, des puricultrices, pour m'assurer qu'il n'y a pas de contre-indication d'aller voir les enfants. Et puis ensuite, effectivement, je vais faire le tour des chambres et me présenter aux parents. les informer de ma présence dans le service, de ma pratique, de ses objectifs, de son déroulement. Et puis, je vais ensuite favoriser le suivi de ses enfants et de ses parents. au fil de la maturité des enfants, de leur croissance, pour voir et observer vraiment une évolution, et puis vraiment tisser un lien, une alliance thérapeutique avec les parents. Combien d'enfants vous pouvez aller voir cet après-midi ? Dans une après-midi, je suis dans le service pendant trois heures, je vais voir quatre ou cinq enfants. Ça va dépendre de la durée des séances, de l'état de veille-sommeil des enfants. La présence des parents, donc l'échange que je vais pouvoir avoir avec eux à la fin de mes séances. Adrien, alors c'est un tout petit Adrien. Adrien, il est âgé 6, plus 6, mais il y a un gros retard de croissance. Il pèse 900 grammes. Ah oui. Il est à 990 aujourd'hui. Et Gianni ? Et Gianni, il est âgé 7 aujourd'hui, un 32 plus 3. Alors tous ces enfants dont je t'ai parlé, ils sont tous sous aide respiratoire. Donc avec un bruit de fond. Tiens.

  • Speaker #1

    Plus de 50 000 bébés naissent prématurément en France chaque année, dont 15 % avant 7 mois et demi de gestation. Aujourd'hui, la médecine peut les accompagner jusqu'à l'autonomie en bonnes conditions, mais une naissance prématurée reste un traumatisme. La première étape dans la journée de Stéphanie sera la réanimation néonatologique qui accueille les grands prématurés. Certains n'ont que 28 semaines in utero et ne pèsent pas plus de 800 grammes. Pour vous donner une idée, la taille d'un pied d'un bébé si petit ne dépasse pas la taille d'un pouce. Même si le protocole est très strict au niveau du bruit, le service est tout sauf silencieux. Entre le bruit des machines et les soins souvent désagréables, un bébé prématuré est exposé à un niveau de stress important. En 10 jours au service de réanimation, un prématuré peut être exposé à 300 soins désagréables, nous dit Stéphanie. Nous la retrouvons devant une première chambre, juste avant la première intervention. Donc vous pouvez déjà introduire la musicothérapie à partir de la première étape ?

  • Speaker #0

    Oui, jusqu'à présent j'ai eu l'occasion de travailler avec des enfants à un terme de 28 semaines. Et je peux effectivement, s'il n'y a aucune contre-indication de l'équipe médicale, aller rencontrer ces enfants à ce terme dans la couveuse.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que vous observez au fur et à mesure de la prise en charge ?

  • Speaker #0

    Plus l'enfant est faible, évidemment, plus les réactions sont ténues, fines et peut-être peu perceptible à l'œil nu. Je vais avoir des repères au niveau des constantes physiologiques, c'est-à-dire observer avec les scopes des variations au niveau de la fréquence respiratoire, de la saturation d'oxygène, de la fréquence cardiaque. La plupart du temps, les recherches l'ont montré, et dans la pratique clinique je peux souvent l'observer, au cours d'une séance, une baisse de la fréquence cardiaque. C'est un bébé qui est né avec un petit poids à la naissance. Là, il a des tensions fouleuses. Oui, avec l'assistance respiratoire. Le bébé est encore en train de dormir. À la perception de la voix, on peut observer des petits mouvements, de la voix parlée. L'idée, c'est absolument de ne pas perturber le sommeil. Voilà, je passe là devant la couveuse et je la mets à hauteur. Je vais prendre contact avec l'enfant au niveau de la tête. Le toucher au niveau de la tête avec la paume de la main bien déployée permet d'avoir le maximum de contact avec le bébé. Ça permet que les vibrations de la voix passent à travers la main, que le bébé puisse les percevoir aussi de cette manière, de façon tactile. Ça lui donne aussi une contenance, c'est-à-dire que le bébé in utero, sans les limites, la barrière dominale, donc il est privé quand il est prématuré, c'est pour ça qu'on les dispose dans des petits cocons. Et donc se toucher, rétablir un petit peu cette contenance. Et puis, ça me permet aussi d'appréhender le rythme particulier de l'enfant, son rythme cardio-respiratoire, ses réactions, une détente au niveau de son tonus, au niveau musculaire. Et puis, la voix chantée, c'est vraiment très simple. Ce sont des humming, donc des sons de bouche fermée. Sachant que l'enfant est en train de dormir, de sorte de ne pas ajouter trop de scantions, les mots, les consonnes qui apportent plus de souffle et plus de variations.

  • Speaker #1

    Ce que nous explique Stéphanie, c'est que la stimulation sonore peut être à double tranchant chez les bébés prématurés, dont le cerveau est encore immature. Trop agressive, elle peut être responsable des troubles neuropsychologiques plus tard. Adaptée à la sensibilité sensorielle, Elle peut participer à la maturation du cerveau en stimulant les connexions neuronales. Apaiser un grand prématuré, c'est d'abord agir au niveau physiologique, réguler sa respiration et son rythme cardiaque, limiter sa dépense calorique pour optimiser sa croissance. Les chercheurs ont remarqué que la musique provoque chez les bébés le réflexe de sucion, ce qui est très important pour les prématurés qui ont beaucoup de mal à s'alimenter. Et l'utilisation de la technique de humming pour les bébés prématurés n'est pas le fruit du hasard. Et bien sûr, la voix que le bébé préfère, c'est celle de ses parents, et voilà pourquoi.

  • Speaker #0

    La voix humaine... Et en priorité, la voix maternelle et la voix paternelle va être celle qui va être la plus rassurante pour l'enfant parce que la voix maternelle est la voix à laquelle le bébé est le plus exposé de façon très très précoce. Il va l'apercevoir très tôt par le toucher, d'abord par la vibration, puisque le bébé d'abord développe son système somesthésique, tactile, et il va percevoir la voix de sa mère par les vibrations produites quand la mère parle. et puis il va l'apercevoir aussi par le monde. mouvement. Donc ça c'est son système vestibulaire aussi qui apparaît de façon très précoce avant le système auditif. Il va percevoir la voix de sa maman par les mouvements qu'elle fait à l'inspiration, expiration, les mouvements des muscles abdominaux, les mouvements du diaphragme et il va identifier en fait qu'il y a production de la voix de la mère. Et puis un troisième moyen pour le bébé avant que son système auditif soit conçu, de percevoir la voix, c'est le système circadien, donc des alternances de veille-sommeil, c'est-à-dire la nuit, c'est plus calme. Donc trois façons d'appréhender la voix de sa maman avant même que le système auditif soit en place. Et donc quand ce système auditif est en place, le bébé connaît déjà la voix de sa maman, il connaît déjà la voix de son entourage. Les parents sont vraiment investis et doivent être à la première place. Donc je les encourage vraiment à utiliser leur voix, mais d'abord je vais manquer de savoir est-ce qu'ils l'utilisent déjà, et la plupart du temps ils l'utilisent déjà parce que c'est vraiment une attitude très naturelle, c'est ce qu'on appelle le maternage ou le paternage universel, intuitif. Au demeurant les parents peuvent utiliser la voix sans vraiment... à savoir quels sont les modes de perception de l'enfant, comment est-ce qu'il entend, est-ce que c'est utile. Et notamment quand le bébé est vraiment petit, les réactions sont très faibles à ce moment-là. Le bébé n'est pas encore... tellement en mesure d'interagir, mais ce n'est pas pour ça qu'il ne perçoit pas. Et c'est quand il va être un petit peu plus grand, et dans une capacité comportementale d'interagir davantage, qu'il va pouvoir donner ses réponses à son père, à sa mère, et dire, voilà, quand j'étais plus petit, je t'entendais, c'était bon pour moi d'entendre ta voix, et maintenant que je suis un peu plus grand et que je peux te le dire, je te le dis avec mes mots à moi, à savoir des mouvements des doigts, des mouvements des paupières, des expressions du visage, des petits sourires. Donc l'idée c'est d'encourager les parents dans cette confiance que le bébé a besoin de la présence vocale et que c'est une présence très importante et très rassurante pour eux.

  • Speaker #1

    Stéphanie continue son intervention dans l'unité kangourou, où les bébés prématurés finissent leur séjour avant de rentrer chez eux. À ce stade... Elle peut introduire les mélodies chantées et les petites berceuses qui stimulent le langage et impliquent davantage les parents. Du coup, nous passons en vestiaire pour piocher dans l'instrumentarium de Stéphanie. Aujourd'hui, elle choisit le piano à pouces. Ah, oui ! Donc, on va déballer les instruments. Oui, on va jouer nos petits instruments. Donc, là, c'est Néza qui a un petit piano à pouces. La lamelle métallique qui fait un son très doux. Parce que l'idée c'est de rester dans les sonorités très douces.

  • Speaker #0

    Oui, ce sont des sonorités qui sont adaptées à l'audition du bébé, en termes de fréquence, en termes de décibels, en termes de toucher aussi. Donc voilà, ce n'est pas grincé, ce n'est pas frotté. Et puis ça fait penser aux petites boîtes à musique, donc à ces sons qui accompagnent des berceuses. Ça attire aussi l'attention des parents qui sont curieux de découvrir cet instrument un peu insolite, un peu inattendu. Et puis ça leur permet d'avoir une attention qui se localise davantage sur la musique, sur le musical, sur ce qui va se vivre, que surtout le contexte du soin. Puis on voit que tout de suite l'enfant, il va avoir des petites réactions comportementales, même si elles sont réflexes, elles sont présentes. Et quand le père ou la mère les observe, il y a tout de suite une observation fine qui se met en place. qui va favoriser le lien, la relation entre les parents et l'enfant. Vous expliquez où on se trouve ? On est là dans l'unité Kangourou, et je vais voir des enfants que j'ai pu suivre tout au long de mon parcours en réanimation néonatale, soins intensifs, pneumapathologie. Et l'unité Kangourou est un lieu qui est là. permet d'être en présence de leur maman 24 heures sur 24. Ces bébés sont à présent autonomes sur le plan respiratoire, quasiment sur le plan alimentaire. Et c'est la dernière étape avant le retour à la maison.

  • Speaker #1

    Nous y rencontrons Florida, la maman de la petite Louise. Née un mois et demi avant le terme, Louise a été accueillie en néonatologie et a pu rencontrer Stéphanie dès ses premiers instants de vie. Après deux semaines et demie dans le service, Louise pèse deux kilos et demi et s'apprête à rentrer à la maison. Pour sa maman, Louise est un bébé qui a pleinement profité de la présence de la musique dans le service.

  • Speaker #0

    Dès que j'ai été enceinte, j'écoutais tout le temps de la musique, justement, puisqu'on sait très bien le bienfait que ça fait déjà pour soi-même, pour être détendu. Si on est détendu, le bébé dans le ventre l'est tout autant. Elle l'a prouvé pendant plus de deux semaines quand on était là. Donc, quels que soient les examens qu'on a pu lui faire, des choses pas forcément agréables, elle n'a jamais pleuré. Et je sais, je reste persuadée que c'est grâce à la musique. C'est certain.

  • Speaker #1

    Vous voulez chanter, j'imagine, ou vous allez le faire une fois ?

  • Speaker #0

    Ah oui, une fois la maison, oui !

  • Speaker #1

    C'était La petite musique du cerveau, un podcast de SACEM Université. Merci à Stéphanie Lefebvre, à Sylvie, à Florida, à la petite Louise et à tous ces bébés merveilleux qui sont aujourd'hui certainement rentrés à la maison. Merci à Studio Time pour la réalisation. Notre série s'arrête là. Merci d'avoir été avec nous. À bientôt.

Chapters

  • Introduction à la musicothérapie en néonatologie

    00:07

  • Les défis des bébés prématurés

    01:49

  • Première intervention de Stéphanie

    03:33

  • L'importance de l'environnement sonore

    06:04

  • Interaction avec les parents et les bébés

    13:57

  • Conclusion et remerciements

    17:41

Description

Quels sont les bénéfices de la musicothérapie en néonatologie ?

Reportage au service de néonatologie à l’hôpital de Senlis avec Sophie Lefebvre, musicothérapeute. 


Un podcast de Sacem Université et France Musique - 2021 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Sacem Université présente la petite musique du cerveau.

  • Speaker #1

    Allô ? Oui Stéphanie, on vient d'arriver avec Nicolas, on est à l'accueil de l'hôpital.

  • Speaker #0

    À tout de suite.

  • Speaker #1

    La voix que vous venez d'entendre, c'est la voix de Stéphanie Lefebvre. Elle est musicothérapeute spécialisée en néonatologie. Une des rares en France qui se consacre à cette discipline. On s'est donné rendez-vous à l'hôpital de Saint-Lys en début d'après-midi. Stéphanie s'y rend toutes les semaines pour les séances de musicothérapie avec les bébés prématurés. Pendant trois heures, nous la suivrons dans ses interventions. Mais avant, il faut se mettre en condition pour rencontrer les bébés. Qu'est-ce que vous êtes en train de faire ?

  • Speaker #0

    Je vais me changer pour pouvoir entrer dans le service. Je vais tout simplement enlever mes chaussures qui vont faire du bruit en me déplaçant. Je vais mettre des petites claquettes moins sonores. Et puis une blouse, une surbluse de protection aussi. Et nous, on va s'équiper en conséquence. C'est pas fou. On va se laver les mains avant d'enlever la blouse.

  • Speaker #1

    Vous ne portez pas de bijoux ?

  • Speaker #0

    Je dois effectivement enlever les bijoux au niveau des mains, donc bagues, bracelets et montres. Lorsque je suis en contact avec les enfants. Absolument pas recommandé d'avoir des bijoux au niveau des mains, des poignets. Mais c'est pareil pour le vernis à ongles. Il est proscrit en service de néonatologie. C'est parti, Nicolas,

  • Speaker #1

    On va se lever les mains. Stéphanie travaille avec les bébés prématurés depuis plus de 10 ans. Mais la musicothérapie en néonatologie est encore très peu répandue en France. Par manque de budget dédié, les interventions restent ponctuelles et limitées, alors que les besoins sont considérables. Heureusement, la recherche s'y intéresse de plus en plus. Il y a quelques mois, une équipe de chercheurs suisses a démontré que si les bébés nés avant le terme sont accompagnés par la musique, ils rattrapent le retard dans la connectivité de différentes régions cérébrales par rapport aux bébés nés à terme. Mais d'abord, il faut faire face à un environnement auquel leur cerveau n'a pas eu le temps de se préparer.

  • Speaker #0

    Les bébés qui sont nés prématurés doivent faire face à deux challenges. La privation de son. c'est-à-dire tous les sons maternels, les sons intra-utérins, les sons endogènes, la voix de la mère qu'ils perçoivent in utéro et qui participent à la maturation du cerveau. L'autre challenge, c'est de faire face à des sons qui ne sont pas forcément adaptés à son système auditif, à sa maturation auditive, des sons imprédictibles, des sons trop aigus, en l'occurrence ceux des alarmes, des scopes, etc. et ces stimulations peuvent avoir des conséquences sur... son devenir, notamment au niveau de ses apprentissages, l'acquisition du langage. Donc il est supposé que participer à rétablir un environnement sonore le plus naturel soit-il, avec des sons adaptés en termes de fréquences, de volumes sonores, participe au développement de ce bébé, participe aussi à lui procurer des expériences agréables, rassurantes, alors qu'il est dans un environnement... très technique, très technicisé, très médicalisé.

  • Speaker #1

    La journée de Stéphanie commence avec un détour par la salle des infirmières, où se tient la réunion avec le médecin de service. On passe la porte et on rentre pour le soin intensif en néonatologie.

  • Speaker #0

    On va faire connaissance avec les équipes. Je suis Sylvie Franco, puricultrice, et je travaille en néonat depuis janvier 2002. J'ai eu une formation sur la musicothérapie. Donc vous êtes une... Oui. Sur le terrain, j'ai pu voir des effets. Qu'est-ce qu'on voit ? On peut voir un apaisement des enfants, une attention portée vers la musique, vers le son. Qu'est-ce que vous êtes en train de faire ? Je suis en train de noter les prénoms des enfants qui sont accueillis dans le service. et qui sont soit accueillis en réanimation néonatale, soit en soins intensifs ou néonatologie, donc ce sont les trois niveaux de soins. Je vais accueillir les informations auprès des infirmières, des puricultrices, pour m'assurer qu'il n'y a pas de contre-indication d'aller voir les enfants. Et puis ensuite, effectivement, je vais faire le tour des chambres et me présenter aux parents. les informer de ma présence dans le service, de ma pratique, de ses objectifs, de son déroulement. Et puis, je vais ensuite favoriser le suivi de ses enfants et de ses parents. au fil de la maturité des enfants, de leur croissance, pour voir et observer vraiment une évolution, et puis vraiment tisser un lien, une alliance thérapeutique avec les parents. Combien d'enfants vous pouvez aller voir cet après-midi ? Dans une après-midi, je suis dans le service pendant trois heures, je vais voir quatre ou cinq enfants. Ça va dépendre de la durée des séances, de l'état de veille-sommeil des enfants. La présence des parents, donc l'échange que je vais pouvoir avoir avec eux à la fin de mes séances. Adrien, alors c'est un tout petit Adrien. Adrien, il est âgé 6, plus 6, mais il y a un gros retard de croissance. Il pèse 900 grammes. Ah oui. Il est à 990 aujourd'hui. Et Gianni ? Et Gianni, il est âgé 7 aujourd'hui, un 32 plus 3. Alors tous ces enfants dont je t'ai parlé, ils sont tous sous aide respiratoire. Donc avec un bruit de fond. Tiens.

  • Speaker #1

    Plus de 50 000 bébés naissent prématurément en France chaque année, dont 15 % avant 7 mois et demi de gestation. Aujourd'hui, la médecine peut les accompagner jusqu'à l'autonomie en bonnes conditions, mais une naissance prématurée reste un traumatisme. La première étape dans la journée de Stéphanie sera la réanimation néonatologique qui accueille les grands prématurés. Certains n'ont que 28 semaines in utero et ne pèsent pas plus de 800 grammes. Pour vous donner une idée, la taille d'un pied d'un bébé si petit ne dépasse pas la taille d'un pouce. Même si le protocole est très strict au niveau du bruit, le service est tout sauf silencieux. Entre le bruit des machines et les soins souvent désagréables, un bébé prématuré est exposé à un niveau de stress important. En 10 jours au service de réanimation, un prématuré peut être exposé à 300 soins désagréables, nous dit Stéphanie. Nous la retrouvons devant une première chambre, juste avant la première intervention. Donc vous pouvez déjà introduire la musicothérapie à partir de la première étape ?

  • Speaker #0

    Oui, jusqu'à présent j'ai eu l'occasion de travailler avec des enfants à un terme de 28 semaines. Et je peux effectivement, s'il n'y a aucune contre-indication de l'équipe médicale, aller rencontrer ces enfants à ce terme dans la couveuse.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que vous observez au fur et à mesure de la prise en charge ?

  • Speaker #0

    Plus l'enfant est faible, évidemment, plus les réactions sont ténues, fines et peut-être peu perceptible à l'œil nu. Je vais avoir des repères au niveau des constantes physiologiques, c'est-à-dire observer avec les scopes des variations au niveau de la fréquence respiratoire, de la saturation d'oxygène, de la fréquence cardiaque. La plupart du temps, les recherches l'ont montré, et dans la pratique clinique je peux souvent l'observer, au cours d'une séance, une baisse de la fréquence cardiaque. C'est un bébé qui est né avec un petit poids à la naissance. Là, il a des tensions fouleuses. Oui, avec l'assistance respiratoire. Le bébé est encore en train de dormir. À la perception de la voix, on peut observer des petits mouvements, de la voix parlée. L'idée, c'est absolument de ne pas perturber le sommeil. Voilà, je passe là devant la couveuse et je la mets à hauteur. Je vais prendre contact avec l'enfant au niveau de la tête. Le toucher au niveau de la tête avec la paume de la main bien déployée permet d'avoir le maximum de contact avec le bébé. Ça permet que les vibrations de la voix passent à travers la main, que le bébé puisse les percevoir aussi de cette manière, de façon tactile. Ça lui donne aussi une contenance, c'est-à-dire que le bébé in utero, sans les limites, la barrière dominale, donc il est privé quand il est prématuré, c'est pour ça qu'on les dispose dans des petits cocons. Et donc se toucher, rétablir un petit peu cette contenance. Et puis, ça me permet aussi d'appréhender le rythme particulier de l'enfant, son rythme cardio-respiratoire, ses réactions, une détente au niveau de son tonus, au niveau musculaire. Et puis, la voix chantée, c'est vraiment très simple. Ce sont des humming, donc des sons de bouche fermée. Sachant que l'enfant est en train de dormir, de sorte de ne pas ajouter trop de scantions, les mots, les consonnes qui apportent plus de souffle et plus de variations.

  • Speaker #1

    Ce que nous explique Stéphanie, c'est que la stimulation sonore peut être à double tranchant chez les bébés prématurés, dont le cerveau est encore immature. Trop agressive, elle peut être responsable des troubles neuropsychologiques plus tard. Adaptée à la sensibilité sensorielle, Elle peut participer à la maturation du cerveau en stimulant les connexions neuronales. Apaiser un grand prématuré, c'est d'abord agir au niveau physiologique, réguler sa respiration et son rythme cardiaque, limiter sa dépense calorique pour optimiser sa croissance. Les chercheurs ont remarqué que la musique provoque chez les bébés le réflexe de sucion, ce qui est très important pour les prématurés qui ont beaucoup de mal à s'alimenter. Et l'utilisation de la technique de humming pour les bébés prématurés n'est pas le fruit du hasard. Et bien sûr, la voix que le bébé préfère, c'est celle de ses parents, et voilà pourquoi.

  • Speaker #0

    La voix humaine... Et en priorité, la voix maternelle et la voix paternelle va être celle qui va être la plus rassurante pour l'enfant parce que la voix maternelle est la voix à laquelle le bébé est le plus exposé de façon très très précoce. Il va l'apercevoir très tôt par le toucher, d'abord par la vibration, puisque le bébé d'abord développe son système somesthésique, tactile, et il va percevoir la voix de sa mère par les vibrations produites quand la mère parle. et puis il va l'apercevoir aussi par le monde. mouvement. Donc ça c'est son système vestibulaire aussi qui apparaît de façon très précoce avant le système auditif. Il va percevoir la voix de sa maman par les mouvements qu'elle fait à l'inspiration, expiration, les mouvements des muscles abdominaux, les mouvements du diaphragme et il va identifier en fait qu'il y a production de la voix de la mère. Et puis un troisième moyen pour le bébé avant que son système auditif soit conçu, de percevoir la voix, c'est le système circadien, donc des alternances de veille-sommeil, c'est-à-dire la nuit, c'est plus calme. Donc trois façons d'appréhender la voix de sa maman avant même que le système auditif soit en place. Et donc quand ce système auditif est en place, le bébé connaît déjà la voix de sa maman, il connaît déjà la voix de son entourage. Les parents sont vraiment investis et doivent être à la première place. Donc je les encourage vraiment à utiliser leur voix, mais d'abord je vais manquer de savoir est-ce qu'ils l'utilisent déjà, et la plupart du temps ils l'utilisent déjà parce que c'est vraiment une attitude très naturelle, c'est ce qu'on appelle le maternage ou le paternage universel, intuitif. Au demeurant les parents peuvent utiliser la voix sans vraiment... à savoir quels sont les modes de perception de l'enfant, comment est-ce qu'il entend, est-ce que c'est utile. Et notamment quand le bébé est vraiment petit, les réactions sont très faibles à ce moment-là. Le bébé n'est pas encore... tellement en mesure d'interagir, mais ce n'est pas pour ça qu'il ne perçoit pas. Et c'est quand il va être un petit peu plus grand, et dans une capacité comportementale d'interagir davantage, qu'il va pouvoir donner ses réponses à son père, à sa mère, et dire, voilà, quand j'étais plus petit, je t'entendais, c'était bon pour moi d'entendre ta voix, et maintenant que je suis un peu plus grand et que je peux te le dire, je te le dis avec mes mots à moi, à savoir des mouvements des doigts, des mouvements des paupières, des expressions du visage, des petits sourires. Donc l'idée c'est d'encourager les parents dans cette confiance que le bébé a besoin de la présence vocale et que c'est une présence très importante et très rassurante pour eux.

  • Speaker #1

    Stéphanie continue son intervention dans l'unité kangourou, où les bébés prématurés finissent leur séjour avant de rentrer chez eux. À ce stade... Elle peut introduire les mélodies chantées et les petites berceuses qui stimulent le langage et impliquent davantage les parents. Du coup, nous passons en vestiaire pour piocher dans l'instrumentarium de Stéphanie. Aujourd'hui, elle choisit le piano à pouces. Ah, oui ! Donc, on va déballer les instruments. Oui, on va jouer nos petits instruments. Donc, là, c'est Néza qui a un petit piano à pouces. La lamelle métallique qui fait un son très doux. Parce que l'idée c'est de rester dans les sonorités très douces.

  • Speaker #0

    Oui, ce sont des sonorités qui sont adaptées à l'audition du bébé, en termes de fréquence, en termes de décibels, en termes de toucher aussi. Donc voilà, ce n'est pas grincé, ce n'est pas frotté. Et puis ça fait penser aux petites boîtes à musique, donc à ces sons qui accompagnent des berceuses. Ça attire aussi l'attention des parents qui sont curieux de découvrir cet instrument un peu insolite, un peu inattendu. Et puis ça leur permet d'avoir une attention qui se localise davantage sur la musique, sur le musical, sur ce qui va se vivre, que surtout le contexte du soin. Puis on voit que tout de suite l'enfant, il va avoir des petites réactions comportementales, même si elles sont réflexes, elles sont présentes. Et quand le père ou la mère les observe, il y a tout de suite une observation fine qui se met en place. qui va favoriser le lien, la relation entre les parents et l'enfant. Vous expliquez où on se trouve ? On est là dans l'unité Kangourou, et je vais voir des enfants que j'ai pu suivre tout au long de mon parcours en réanimation néonatale, soins intensifs, pneumapathologie. Et l'unité Kangourou est un lieu qui est là. permet d'être en présence de leur maman 24 heures sur 24. Ces bébés sont à présent autonomes sur le plan respiratoire, quasiment sur le plan alimentaire. Et c'est la dernière étape avant le retour à la maison.

  • Speaker #1

    Nous y rencontrons Florida, la maman de la petite Louise. Née un mois et demi avant le terme, Louise a été accueillie en néonatologie et a pu rencontrer Stéphanie dès ses premiers instants de vie. Après deux semaines et demie dans le service, Louise pèse deux kilos et demi et s'apprête à rentrer à la maison. Pour sa maman, Louise est un bébé qui a pleinement profité de la présence de la musique dans le service.

  • Speaker #0

    Dès que j'ai été enceinte, j'écoutais tout le temps de la musique, justement, puisqu'on sait très bien le bienfait que ça fait déjà pour soi-même, pour être détendu. Si on est détendu, le bébé dans le ventre l'est tout autant. Elle l'a prouvé pendant plus de deux semaines quand on était là. Donc, quels que soient les examens qu'on a pu lui faire, des choses pas forcément agréables, elle n'a jamais pleuré. Et je sais, je reste persuadée que c'est grâce à la musique. C'est certain.

  • Speaker #1

    Vous voulez chanter, j'imagine, ou vous allez le faire une fois ?

  • Speaker #0

    Ah oui, une fois la maison, oui !

  • Speaker #1

    C'était La petite musique du cerveau, un podcast de SACEM Université. Merci à Stéphanie Lefebvre, à Sylvie, à Florida, à la petite Louise et à tous ces bébés merveilleux qui sont aujourd'hui certainement rentrés à la maison. Merci à Studio Time pour la réalisation. Notre série s'arrête là. Merci d'avoir été avec nous. À bientôt.

Chapters

  • Introduction à la musicothérapie en néonatologie

    00:07

  • Les défis des bébés prématurés

    01:49

  • Première intervention de Stéphanie

    03:33

  • L'importance de l'environnement sonore

    06:04

  • Interaction avec les parents et les bébés

    13:57

  • Conclusion et remerciements

    17:41

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