LaurenceJe m'appelle Laurence, je suis sage-femme depuis 92. J'ai 55 ans, je suis une jeune sage-femme libérale puisque je ne suis installée que depuis septembre 2022. Et j'ai une activité mixte parce que je travaille encore dans une grande structure, un niveau 3, un CHU. J'y travaille encore à mi-temps, avec beaucoup de plaisir, même si, bien sûr, la santé a évolué, l'hôpital... Le milieu hospitalier a évolué, mais je travaille encore de jour, de nuit, en garde de 12 heures, en salle de naissance, les services classiques, grossesse pathologique, suite de couche et au niveau des urgences. Pourquoi ce choix de métier de sage-femme ? Alors vraiment petite, j'étais déjà passionnée par le milieu médical parce que j'ai accompagné des personnes de mon entourage et quand le médecin venait chez mes grands-parents ou chez mes parents avec sa malle, c'était le médecin de famille, j'attendais qu'il aille examiner les gens que je connaissais pour aller voir ce qu'il y avait dans son sac, ça m'interpellait un petit peu. Et puis un jour, ma maman m'a parlé du métier de sage-femme. Elle m'a plutôt parlé, pas du métier, mais de la sage-femme qui l'avait accompagnée lors de ma naissance. Je crois que c'est grâce à ma maman que j'ai pu découvrir ce métier. Je lui en suis reconnaissante parce que je n'ai jamais eu de regrets sur le choix de ma profession. On n'arrive pas, on ne fait pas ce métier, je pense, par hasard. Et comme je dis, là , j'ai jamais, jamais, jamais, jamais regretté d'être sage-femme. Ça a été des études que j'ai perçues extrêmement difficiles au niveau encadrement. Et c'était une autre époque, vraiment. Pour l'anecdote, on était habillés un peu comme des bonnes sœurs de l'après-guerre, avec des tabliers, des blouses croisées, des fichus sur la tête. Mais ce que j'en retiens et qui me sert tous les jours, c'est cette rigueur dans la clinique, dans le diagnostic, dans la conduite à tenir. Et vraiment, ça me sert tous les jours, autant dans ma profession à l'hôpital ou en libéral. Et ça, je ne l'ai effectivement jamais oublié. Premier accouchement, premier accompagnement, c'était une maman qui avait décidé de confier son enfant à l'adoption. Donc je suis encore émue quand j'en parle parce que cette femme, je ne l'oublierai jamais. Je n'oublierai jamais son visage, je n'oublierai jamais sa confiance. Et puis c'est des choses qui sont récurrentes dans ma pratique. J'ai beaucoup d'admiration pour ces femmes qui confient. C'est une preuve de courage énorme et on leur doit notre respect. J'ai eu la chance de travailler avec Sophie Marino-Poulos, qui est psychologue, psychanalyste, qui a beaucoup travaillé sur des parentalités un peu particulières, beaucoup sur ces femmes qui accouchent sans savoir qu'elles sont enceintes. Et c'est vrai que je trouvais que c'était un clin d'œil par rapport au premier accouchement que j'avais fait en tant que sage-femme. Bien sûr, j'ai accompagné aussi plusieurs fois des patientes comme ça qui sont venues à la maternité. Avec... ou sans déni, bien évidemment, mais qui venaient, qui mettaient au monde leur bébé et qui repartaient. Alors, j'ai beaucoup milité pour la reconnaissance du métier de sage-femme. Il y a encore beaucoup de travail à faire, alors ça évolue. 2001, j'étais enceinte, j'avais un bon petit bidou, et puis je militais. Et on a eu la chance de rencontrer Simone Veil, qui était près des Invalides, qui prenait un café, qui nous a fait l'honneur de... d'accepter d'échanger quelques minutes avec nous. Inutile de vous dire que j'en suis encore exceptionnellement émue et qu'on a pu la remercier et lui rendre hommage pour tout ce qu'elle a fait pour les femmes, les familles. Donc, c'est une rencontre exceptionnelle. Une chance, même si ça a été de courte durée. Il y a même une petite photo de Simone Veil dans mon cabinet. J'ai eu la chance aussi de rencontrer à plusieurs reprises Chantal Birman. Chantal Birman... qui, j'étais jeune sage-femme ou encore étudiante. Il y avait eu un reportage sur un voyer spécial où elle travaillait, je crois que c'était la maternité des Lilas. Et je m'étais dit, mais je veux devenir Chantal Birman, c'est cette sage-femme-là que je veux devenir. Puis on s'est rencontrées il n'y a pas très longtemps, plusieurs fois, quand Aude Pépin, qui a réalisé le film À la vie avec Chantal, on a eu la chance qu'elles viennent toutes les deux présenter leur film, faire une soirée débat. Il y avait... plus d'une dizaine d'étudiantes sages-femmes, et on a passé une soirée après le film, après le débat, d'échanges exceptionnels. J'ai fait un DU gynéco en 2021-2022, toujours avec un peu cette idée de faire du libéral plus tard. Alors plus tard, c'était temps d'y penser parce que j'ai 55 ans. Et puis l'idée au départ, le DU, c'était aussi peut-être plutôt pour travailler au centre de planification ou aux urgences gynécologiques. Et puis effectivement, mieux accueillir ces femmes aussi qui arrivent aux urgences. Dans des situations, des fois, de grossesses arrêtées, où on n'apprend pas aux étudiants en médecine, je ne leur jette pas du tout la pierre, mais c'est d'une violence la prise en charge des fausses couches en France, des grossesses arrêtées, des grossesses qui sont en suspens. C'est d'une violence, parce qu'on manque de temps, certes, mais même avec peu de temps, je pense qu'on pourrait améliorer les choses. Et je pense que la sage-femme a un vrai rôle dans cet accueil et dans cet accompagnement d'urgence. Donc, je me suis, j'ai fait ce DU et puis je n'ai pas eu la possibilité de le mettre en place au niveau du CHU. Et puis voilà , j'ai commencé un petit peu à regarder autour de chez moi si je pouvais m'installer. Puis, j'ai eu une opportunité, quelqu'un qui ouvrait un cabinet dans le village. Donc, je ne suis pas dans une maison médicale, je suis toute seule comme sage-femme. En fait, je suis installée dans le village où j'habite et j'ai vraiment créé ce cabinet, je ne partais de rien. Donc, ça ne m'inquiétait pas trop encore au niveau du boulot, sur les activités qui allaient se diversifier. Mais je vous avoue que je déteste les papiers, je déteste tout ce qui est administratif, je ne lis jamais les notices. Donc, pour moi, ça m'a demandé beaucoup d'énergie. Je ne suis pas quelqu'un d'hyper organisé. Je vous dis tout ce qui est lire les textes, la législation, ça ne me parle pas du tout, ça me gonfle. C'est quelque chose qui m'épuise et qui ne m'intéresse pas, mais qui est quand même un petit peu indispensable. Et voilà . L'activité a commencé tout doucement et ça, ça a été plutôt confortable. Je fais un peu près de tout, donc le fait d'avoir fait le DU de gynéco. Alors pour moi, c'est important. Ce n'est pas que je pense que c'est indispensable, mais j'avais quand même fait de l'obstétrique quasiment pendant 30 ans. Donc, j'avais besoin quand même de me réassurer. Puis intellectuellement, j'avais envie. Ce n'était pas seulement pour le côté libéral, parce qu'il y a des formations plus courtes qui sont tout à fait efficaces. Donc, je fais du suivi gynéco. de prévention, du suivi de grossesse, de la préparation à la naissance, à la parentalité. Alors j'ai un tout petit cabinet, donc je fais de la préparation en individuel. Je fais bien sûr de l'accompagnement du suivi de nouveau-né, de l'allaitement et de la rééducation du périnée. Et puis c'est vrai que depuis février 2022, on peut recevoir les jeunes garçons. Et ça c'est aussi une ouverture de notre métier qui est intéressante. Alors cet accompagnement des femmes, alors des hommes un petit peu, mais des jeunes femmes à toutes les étapes de leur vie, c'est assez exceptionnel. Vous voyez, je crois que ma plus jeune, elle a peut-être 13 ans et la plus vieille a 92 ans, donc un panel quand même très vaste. Alors vraiment, quand je suis arrivée en libéral, je me suis dit, mais j'ai tout à apprendre. Je ne me sentais pas légitime, c'est ça, parce qu'effectivement, à l'hôpital, c'est des moments très ponctuels. Là , on prend en charge la femme dans sa globalité, l'allaitement, je connaissais l'allaitement dans les premiers jours, ma distance, l'alimentation, la diversification, j'ai eu tout à apprendre. Et ça, pour moi, ça a été effectivement ce que je trouve en libéral, c'est que la journée, ça ne s'arrête jamais. Quand vous êtes de garde à l'hôpital, alors vous quittez votre garde, il y a quelqu'un qui va forcément prendre le relais, ce qui n'est pas du tout le cas en libéral. Ça, c'est quelque chose pour moi qui est... un petit peu difficile où j'ai encore du mal à me positionner. Je veux tout gérer en une consultation, je crois. Je crois que je voudrais tout résoudre. Et je sais bien, pourtant, je sais que ce n'est pas possible. Et je n'ai surtout pas la prétention de pouvoir le faire et de savoir le faire. Mais il faut que je travaille dessus. Dire non, ça peut être un petit peu compliqué, bien que je sache. Et j'ai pu me retrouver vraiment en difficulté physique et psychologique. Je n'ai pas honte de le dire. Donc moi, c'est ce que j'aimais dans mon travail à l'hôpital à temps plein. C'est ce rythme de garde, trois, quatre gardes par semaine. Et d'avoir du temps libre vraiment dans la semaine, d'être décalée des autres. Pour moi, c'était la plus grande liberté d'avoir du temps pour moi en tant que femme et de faire des choses, de ne pas faire mes courses en même temps que tout le monde, d'aller au cinéma toute seule ou d'être un peu décalée. Et finalement, ce n'est pas les nuits qui m'ont posé souci et les week-ends dans mon métier de sage-femme. Mes collègues me disent, mais le libéral, c'est la liberté. Alors, la liberté, c'est sûr que si j'ai un rendez-vous et que je ne veux pas travailler ce jour-là , Je ne vais pas travailler ce jour-là , c'est sûr. Mais pour gagner notre vie, il faut quand même beaucoup travailler. Ça, ça m'a mis beaucoup, beaucoup de colère. La reconnaissance financière, alors, la reconnaissance financière, si on prend la consultation 26,50 euros, ce n'est pas un problème en soi. Mais si on y passe une heure, ce n'est pas gérable. Même si on y passe une demi-heure, votre comptable vous dit... tu n'es pas rentable. Rentable, c'est tout sauf le mot que j'ai envie d'entendre en tant que sage-femme. Et ça, je ne pense que je ne serai jamais prête à faire une consultation en moins d'une demi-heure, surtout une première fois. Je pense que là -dessus, il faudrait qu'on travaille. On n'est pas médecin et ça, je n'ai jamais eu de complexe d'infériorité. Je suis sage-femme, je revendique le fait de faire sage-femme. On a un métier différent où la part de l'écoute, de la prévention, c'est... effectivement, c'est de l'investissement à long terme et que c'est notre vrai rôle de sage-femme et qu'on ne doit pas l'oublier. C'est ce que j'essaye de transmettre aux étudiants de sage-femme. Ce temps-là , c'est tellement important. Tout en découle, je veux dire, au niveau de la physiologie, du suivi, du choix que les patientes vont pouvoir, dans la contraception, si on ne prend pas de temps, si on ne les écoute pas et si on les dirige. Donc voilà , une contraception, je prends l'exemple d'une contraception bien vécue ou le mieux vécu possible, c'est une contraception choisie. Donc il faut prendre du temps pour demander où elles en sont dans leur vie, de ce qu'elles connaissent, ce qui est pour elles le plus adapté à ce moment-là . Mais voilà , moi je ne sais pas faire une consultation en moins de 45 minutes, même s'il n'y a pas des antécédents majeurs. Et laissons la physiologie aux sages-femmes, on a besoin de l'expertise des médecins, mais les sages-femmes savent faire, c'est l'essence même de leur métier. Et justement, on n'est pas médecin, donc on a, même en suivi gynécologique, je sais que ça crée des fois, en libéral, ça peut créer des tensions, des peurs des médecins, mais c'est aussi aux sages-femmes de savoir rester à leur place. Et ça, ça a été, je pense, pour moi, une force. Et jamais j'étais en conflit avec des médecins sur des discussions, des prises de décisions de dossiers, parce que j'ai toujours... su rester à ma place. J'ai jamais senti de mépris et j'ai jamais eu envie de reprendre. Alors autant, j'ai refait d'autres diplômes universitaires, mais j'ai jamais eu envie de reprendre des études pour reprendre médecine parce que j'ai eu des amis qui ont repris après avoir fait sage-femme des études de médecine, mais alors vraiment pas. Ça, c'est quelque chose, j'ai aucun regret. Et même, je le dis à mes patientes, on n'est pas médecins, on n'est pas gynéco. Alors, ce n'est pas pour dévaloriser nos compétences qui sont très importantes, nombreuses et très vastes. On a de quoi faire. Nos compétences s'élargissent de plus en plus. Mais effectivement, ça, c'est hyper important de savoir rester à notre place pour être reconnus et aussi que les médecins sachent nous faire confiance. Et les patientes, des fois, elles nous demandent un petit peu trop et je leur dis, mais moi, je suis là dans... Je vous écoute. Si ça dépasse mes compétences, je dois vous diriger vers un médecin parce qu'on peut prescrire, on peut dépister. Mais après, ce n'est pas... plus de mon ressort. Alors, il y en a qui essayent de nous embobiner un petit peu, parce qu'effectivement, c'est plus facile de voir la sage-femme. Mais je pense qu'il faut savoir rester à notre place, et c'est notre rôle de le transmettre aux étudiantes. Et c'était aussi pour moi quelque chose d'important, quand je faisais les cours, de leur transmettre ça. C'est-à -dire qu'on a vraiment déjà beaucoup à faire. Je vous dis que les consultations, la prévention par rapport au cancer du sein, l'autopalpation ou pas, connaissez-vous vos citrons ? Des choses qu'elles n'ont jamais entendues, elles arrivent à 60 ans ou même à 35 ans, enfin elles n'ont jamais entendu parce que prendre du temps, mais la prévention, c'est vraiment le rôle de la sage-femme. Quand vous entendez une femme de 70 ans qui vous dit mais on ne m'a jamais posé la question, on ne s'est jamais intéressé, on a même fui quand j'ai essayé d'en parler Je me dis, mais on a fait des dégâts. Et ce versant psychologique, il est hyper important dans notre profession. Ça, j'aime. Ça, c'est vraiment prendre le temps, revoir les patientes, des patientes qui sont très froides au premier abord. On se dit, ça va être compliqué, qui sont à la limite de l'agressivité. Et puis finalement, on la revoit une deuxième fois. Et puis, elles vous ont livré des choses. Et puis, la deuxième fois... ça reste quand même. Puis la troisième forme, à la limite, on ne va pas pouvoir finir la consultation parce que là , on va parler de violence, d'alcoolisme, de choses tellement... Moi, je suis d'une reconnaissance vis-à -vis des femmes pour la confiance qu'elles me donnent et elles me font avancer, c'est-à -dire que leurs histoires me permettent d'avancer certainement moi-même, mais aussi d'être meilleure dans l'accompagnement des autres patients. Et je trouve qu'elles ont tellement un courage parfois de livrer des choses. Alors ce que j'ai découvert et que j'adore, mais qui ne m'étonne pas trop, c'est que j'adore les visites à domicile. Effectivement, on voit les gens différemment. On rentre un peu plus dans leur intimité. Et puis alors moi, c'était de voir les étoiles dans les yeux de la fratrie autour de ce bébé, cette famille qui se construit, qui se découvre. Enfin, ça, je trouve ça magique. Les visites à domicile après les naissances, où on examine, on accompagne les gens dans l'alimentation du bébé, dans leurs angoisses, etc. C'est fabuleux. Et puis c'est vrai que j'essaye aussi de faire l'entretien postnatal précoce plutôt à domicile qu'au cabinet, parce que je trouve que ça a une autre dimension. Alors je ne l'impose pas, bien évidemment. Donc c'est vrai qu'avec l'entretien post-natal précoce, les entretiens prénataux précoces, etc., là on se doit d'être dans une écoute, dans un accompagnement. Et voilà , on est dans la psychologie pure, là on n'est pas dans quelque chose de médical. Donc en fait, ce que je trouve puissant, et ça c'est... Je ne sais pas si c'est jupilatoire ou si c'est bon... ça me nourrit forcément ces histoires de femmes me nourrissent mais je trouve que on s'emplit de ces histoires et elles sont tellement riches et je vous dis la confiance qu'elles nous donnent c'est vraiment il y a un lien qui se tisse qu'on ne peut pas oublier vraiment je trouve que le libéral c'est vraiment il y a une continuité et puis c'est tellement des moments forts de la vie de quelqu'un dans la naissance... On est un peu par un phare, mais parfois c'est vrai que certaines patientes nous disent vous êtes quand même un repère Ça peut être aussi difficile de trouver assez de recul. Alors, quand on les accompagne dans la naissance, c'est quand même un bon moment de se réjouir pour une naissance qui s'est bien passée, de voir la fratrie avec des étoiles dans les yeux. Je trouve ça plutôt serein et je ne culpabilise pas à montrer même de l'émotion des gens que j'avais rencontrés, que j'avais accompagné, par exemple, ou une interruption médicale de grossesse à l'hôpital. Tiens, le hasard, on se retrouve, voilà , je suis la grossesse. Et puis, il y a des signes, il y a des choses assez extraordinaires. Donc, forcément que ça dépasse le côté très médical, très clinique. Donc, en libéral, le fait de revoir les gens, je pense que ça peut être... plus important. Il faut quand même trouver un équilibre. Je ne cherche pas à cacher mes émotions parce que j'en suis incapable. Après, il faut savoir aussi mettre des limites, même pour des gens qu'on apprécie énormément. Mais voilà , c'est toujours cette question de limites pour tout dans la vie. Les patients, combien de fois ils nous envoient des SMS pour des conseils, pour des choses qu'elles n'envisageraient même pas de l'envoyer à leur gynéco, à leur médecin. C'est assez rigolo, je pense, qu'à leur médecin traitant, mais c'est aussi le problème des sages-femmes qui laissent leur numéro. Je fais beaucoup de bêtises, mais j'ai quand même un téléphone pro et un téléphone perso. Le téléphone, quand on rentre à 20h, il s'arrête. On n'est pas indispensable. J'ai pris quand même une bonne résolution. J'ai eu la chance d'avoir trois semaines de vacances sur mon activité hospitalière. Et je m'étais dit plutôt, ça fait à peine deux ans, je ne vais prendre que 15 jours. Et puis, j'ai décidé de prendre trois semaines. Et le fait de les prévenir, ce n'est pas m'excuser. Non, je pense que je n'en suis pas là . Mais de les prévenir, ça me soulage. Là , j'ai dit, je prends des vacances, je vous organiserai, je vous donnerai pour que vous puissiez appeler les sages-femmes si jamais vous accouchez. Aucune m'a dit, c'est vous. On n'est pas indispensable, mais il faut que... On a peut-être l'impression qu'on est indispensable, mais on ne l'est pas. Dans l'organisation, en fait, ça, c'est ma grande difficulté aussi. C'est-à -dire qu'il n'y a pas d'organisation. Il n'y a pas de semaine type. Je peux avoir des semaines où j'ai quatre gardes de 12 heures. Puis, il y a des semaines où je peux me retrouver à ne faire qu'une seule garde ou pas du tout. Et donc, je vais pouvoir être quatre jours au cabinet. Donc, c'est... aussi pour ça que je gère la prise de mes rendez-vous parce que jusque-là ça m'a paru plus simple. J'ai une amplitude horaire, je m'adapte à ce que les patientes... Je travaille assez tard le soir, j'ai finalement peu de demandes très tôt le matin, avant 9h, j'ai peu de demandes. Je peux travailler sur la pause du midi pour arranger des patientes, ça me gêne pas. Je peux déboucher facilement jusqu'à 20h. Voilà , j'essaye de pas trop prendre de rendez-vous après 18h30, 19h parce que je vous dis comme je déborde souvent, 20h. 20h, c'est déjà le temps après de ranger le cabinet, de faire le ménage. C'est déjà des bonnes journées. Et si je n'anticipe pas avant, je ne règle pas une journée pour avoir cette fameuse journée off. Mais quand on dit off, c'est vraiment off. Ça peut me mettre en difficulté et je pense que c'est vraiment un axe d'amélioration pour moi. Le libéral m'a peut-être appris une autonomie dans l'organisation, certainement. Commander son matériel. Voilà , gérer les comptes. Parce qu'à l'hôpital, s'il manque un truc, effectivement, c'est embêtant, mais quelqu'un d'autre va le faire. On se repose peut-être un petit peu plus sur les autres. On a tous ce défaut-là . C'est la facilité. Là , de toute façon, si personne ne le fait, c'est gérer une petite entreprise. On fait aussi ce métier pour gagner de l'argent. Je veux dire, c'est notre gain de pain. Il faut vraiment s'occuper de tout, prendre des décisions, anticiper, réfléchir, anticiper et réfléchir. Plutôt, moi, quelqu'un de très... Voilà , je fais quelque chose à l'instant présent, je vis les choses un peu à fond. On est toujours obligé d'aller chercher l'information. Je suis très curieuse, mais finalement, si elle me venait à moi sur des choses un peu pénibles à déchiffrer, à lire, ça m'allait plutôt pas mal. Il faut se renseigner, il faut se documenter, il faut se former, il faut lire, lire beaucoup, autant au niveau médical que faire des formations sur la lettre. ce que je vous disais sur la rééducation périnéale, sur la sexologie, sur les formations d'accompagnement parentalité. Il y a tellement sur les violences. Je veux dire, tous les sujets, c'est tellement vaste. Alors, peut-être qu'effectivement, le conseil que je n'ai pas assez entendu, c'est vraiment de se garder du temps dans son organisation pour, et la formation, lire des choses. Alors certes, qui n'est pas rémunérée. Et puis, moi, je ne suis pas une rapide, j'ai besoin de temps. Donc peut-être qu'effectivement, si on veut faire de tout, c'est-à -dire proposer à peu près tout, donc à part l'échographie, en gros, dans les compétences de sage-femme, eh bien, il faut forcément se former. Après, ce n'est pas trop le côté administratif qui me gêne, parce que c'est vrai qu'avec les logiciels, c'est relativement, si on tient, on n'a pas une comptabilité. C'est ce côté formation, lire pour être... On ne peut pas être au taquet sur tout, enfin, je veux dire... Il y a des sages-femmes, ça fait 20 ans qu'elles font de la rééducation périnéale, elles sont bien meilleures que moi. Moi, je fais aussi ce qui me correspond et effectivement, je ne peux pas traiter tous les soucis de rééducation. Donc, je fais des choses plutôt simples qui me correspondent. J'essaye de rendre aussi les femmes autonomes et puis je vais continuer, j'espère, à me former. Autant, vous voyez, en rééducation, j'ai beaucoup à prendre, mais je pense que ma force de sage-femme hospitalière est d'avoir accompagné en préparation, comme je suis encore sur le terrain. Je pense que ça, c'est aussi une force. C'est-à -dire que sur les projets de naissance, je sais ce qui se fait véritablement, aussi dans des grandes structures, ce qui est possible de faire. Et ça, je pense que c'est ma force, parce qu'effectivement, le fait d'exercer, d'être encore sur le terrain, ça m'aide à leur donner des armes. Tout est possible, en fait. C'est ce que je leur dis, c'est leur choix. Voilà , ils peuvent être suivis à la clinique, faire leur préparation, et je ne fais que le postpartum. Je peux faire les préparations à la naissance et ne pas faire le suivi médical. Tout est possible. Et le fait de les revoir après, mais j'aurais presque envie de les embrasser. En fait, c'est pas très médical, c'est pas très... Mais voilà , il y a des patientes qui vous demandent de vous appeler par le prénom, comme à l'hôpital d'ailleurs. Mais moi, j'ai ce côté très très... Oui, un peu... enveloppant. Mais voilà , c'est comme ça. On peut me le reprocher, ça peut ne pas convenir à certaines patientes. Peut-être qu'il y a des gens qui ne reviendront pas ou qui ne sont pas revenus me voir parce que je leur ne correspondais pas non plus. Et ça, ce n'est pas quelque chose qui me peine. Je crois que notre chance est d'être différente. Et puis voilà , c'est comme d'autres professionnels, il faut surtout qu'on soit en confiance. Alors qu'on soit compétent quand même, qu'on ne fasse pas de bêtises, mais la confiance, je pense que déjà , c'est énorme. Mais c'est cette richesse de toujours se remettre en question, de toujours apprendre. Mais moi, si vous voulez, à l'hôpital, j'aimerais aussi faire partie, travailler dans l'endométriose, parce que les sages-femmes ont aussi leur place, dans l'interrogatoire, de la prise en charge de la douleur, mais aussi sur les violences conjugales, travailler en association pour le dépistage des violences, de la maltraitance, etc. En fait, j'aime tout. Je trouve que tout est intéressant dans notre métier. Et ça, que ce soit médicalement, psychologiquement, c'est tellement un panel tellement large. Et voilà , le côté psychologique est vraiment très important pour moi. J'ai eu des situations vraiment très compliquées au niveau psychologique depuis mon installation. Des choses, des dossiers un peu compliqués. Alors avec du relais, du fait du réseau, des prises en charge qui ont été très aidantes. Assez rapide, donc c'est énorme quand on sait quand même la difficulté à trouver des professionnels, psychologues, psychiatres, etc. Mais je trouve que globalement, j'arrive à prendre du recul, certainement grâce à l'âge. C'est plutôt, je dirais, les inquiétudes médicales qui peuvent me parasiter un petit peu, qui sont chronophages. Après, les histoires, ça va être un peu comme à l'hôpital, j'y pense un peu. Un peu le saut, même peut-être un quart d'heure, le sas de repartir. Mais c'est plutôt peut-être le côté médical, parce qu'on a une responsabilité médicale qui est énorme. Donc j'ai toujours peur de passer à côté d'un truc, même si je suis rigoureuse. Mais je sais demander des... Enfin, j'essaie, tant pis, si je pose des questions idiotes, ou je demande des avis qui paraissent idiots, je préfère ne pas prendre de risques pour une patiente. Donc c'est vrai que ça le libéral, le fait de ne pas avoir finalement une collègue à côté ou un médecin à faire partie d'une maison médicale ou autre chose comme ça. Après, maintenant, on a des moyens d'avoir des avis quand même très rapides. Donc voilà , ça se fait. Au début de mon activité libérale, j'avais déjà un réseau du fait déjà de travailler à l'hôpital et puis de connaître plutôt tous les praticiens autour de la parentalité, de la gynécologie, de l'obstétrique. En fait, c'est aussi ce que j'ai appris lors du DU de gynéco, d'avoir un réseau. C'est vrai que d'avoir un réseau, que ce soit en gynécologie pour avoir... Ceux qui sont plutôt spécialisés dans l'échographie, dans la gynécologie, mais il y a l'endométriose, on sait très bien qu'il y a des spécialistes. Donc ça, ça a été très confortable pour commencer parce que j'avais ce réseau. Le fait que ça soit aussi dans le privé, il y a aussi beaucoup de médecins que je connaissais avec qui on avait travaillé par l'intermédiaire de l'hôpital. Et puis vraiment, ça se passe plutôt bien entre l'hôpital et la clinique. Je veux dire, il y a du travail pour tout le monde et on travaille vraiment en bonne intelligence. Et puis, il y a des temps aussi de rencontres qui sont organisées avec la clinique et les professionnels libéraux. Donc, si vous voulez, le réseau, pour moi, j'avais déjà un carnet d'adresses hyper confortable. Et donc, pour moi, ça n'a pas été une difficulté. Déjà , je connaissais mes collègues sages-femmes libérales. Donc, effectivement, on travaille très bien ensemble. Ça se passe vraiment très, très bien. Et puis, moi, quand j'accueillais une patiente à l'hôpital, je lui disais, vous avez été préparée par qui ? J'étais dans le respect de ce que mes... collègues sage-femme avaient préparé, travaillé en amont. Effectivement, à force, on vous savait un petit peu comment chacune travaille. Et puis, je me suis présentée auprès, comme font toutes les collègues quand elles s'installent, on se présente auprès des médecins les plus près, qui ne sont pas nombreux malheureusement, ils ne sont que deux sur la commune où je travaille. Mais le fait de ne pas travailler avec une autre sage-femme, ça ne me gêne pas en soi dans le même cabinet. Ça serait possible, ça serait... Très bien, et ce n'est pas quelque chose qui me fait peur, au contraire, j'aimerais. Ce n'est pas quelque chose qui me manque parce que j'ai ce travail d'équipe vraiment à l'hôpital qui compense. Donc, je ne me sens pas seule. Voilà , on a des réseaux de sages, enfin, les sages-femmes, les groupes WhatsApp qui vous donnent des conseils, qui sont toujours prêtes à répondre à vos questions d'organisation, de logiciel, de conseils, etc. Ça, c'est primordial et tellement important. Mais j'ai aussi ce réseau, du fait de mon âge, donc je travaille forcément en libéral, je ne fais pas du tout, les patientes ne savent pas que je travaille à l'hôpital. Les patientes qui viennent, elles n'ont pas à savoir, c'est comme à l'hôpital, je ne dis pas que je travaille en libéral. Alors, le libéral, ce qui m'a permis de me rendre compte, c'est qu'on a aussi une sécurité. Quand on travaille à l'hôpital, on ne se rend pas compte du confort. On a une sécurité de l'emploi, on a une sécurité financière. Enfin, ce n'est pas rien, quoi. Et on travaille en équipe. Alors, il y a des moments difficiles, certes, mais ça, effectivement, j'en ai pris conscience. J'en ai pris conscience. J'ai un peu besoin de sécurité. Je n'arrive pas à quitter l'hôpital, mais je m'y retrouve au-delà de ça. J'aime cette adrénaline, j'aime encore cette excitation intellectuelle. J'aime ce travail parce que je trouve qu'ensemble, voilà , c'est ce que je disais, on est fort. Alors, on me dit que le fait de cumuler l'hôpital et le libéral, c'est compliqué. Aujourd'hui, on me demande de choisir. Donc, ça fait deux ans. Je ne sais pas encore combien de temps je peux cumuler les deux. Donc, je fais un peu politique de l'autruche. Je pense qu'aujourd'hui, je serai vraiment dans une très grande difficulté de pouvoir choisir.