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🎙️La voie des sages-femmes

Stéphanie - Prendre en charge les douleurs des femmes

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35min |03/04/2025
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Description

Dans ce troisième épisode du podcast La voie des sages-femmes, Stéphanie nous raconte comment elle a renoué avec son métier de sage-femme après une pause de plusieurs années pour élever ses enfants.


En écoutant ses aspirations profondes, Stéphanie fait le choix d’orienter sa pratique vers un domaine qui lui tient particulièrement à cœur : la rééducation périnéale et la prise en charge des douleurs pelviennes et vulvo-vaginales.


Elle partage avec nous son cheminement personnel et professionnel, en soulignant l'importance de l’écoute de soi, de la formation continue et de la détermination pour aborder toutes les douleurs des femmes, souvent sous-estimées.


Son témoignage fourmille d’anecdotes tendres et courageuses : les cahiers d’accouchement de la grand-mère de son mari, sa confrontation à la fragilité et la mort lors d’une journée d’initiation aux urgences, l'accompagnement d'une femme de 80 ans vers une sexualité épanouie ...


🎧 Un récit qui donne envie de laisser toujours plus de place à l’écoute et l’empathie.


Produit par Alice de Maieuticapp


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    J'avais oublié en fait ce que c'était classe H-Fa, mais elle me l'a rappelé. Je me suis dit mince, je suis où là Qu'est-ce que j'ai fait de ma vie Et je me suis vraiment lancée du coup à me dire, allez je ferme toutes les autres consultations et je fais de la rééduc. J'étais passionnée de ce que je faisais. Et quand on est passionné de quelque chose, on se lève autrement le matin. Je me rendais compte que j'aimais ce qui était compliqué. Finalement, on arrive à rééduquer le père aîné sans le faire contracter. L'écoute de la plainte, il ne faut jamais la laisser passer. Et prendre en charge cette femme, ça a été exceptionnel. Je crois qu'on leur change la vie si on arrive à changer ça.

  • Speaker #1

    Je rencontre Stéphanie, sage-femme à Strasbourg, alors que nous sommes en plein congrès national de la sage-femme libérale à Troyes,

  • Speaker #0

    en novembre 2024.

  • Speaker #1

    Sur place, au sein d'une petite salle, loin de l'effervescence des conférences, nous recueillons son témoignage. Après plusieurs années d'interruption de son activité pour se consacrer à sa famille, Stéphanie fait le choix de revenir à sa pratique, en l'orientant autour de la rééducation périnéale et de la prise en charge de la douleur. Comment redéfinir sa pratique pour l'aligner avec ses nouvelles aspirations après une longue pause Quelle approche adopter pour répondre au mieux aux besoins des femmes qui souffrent de douleurs vulvovaginales et pelviennes Ces questions, Stéphanie s'y est confrontée tout au long de son parcours. Depuis son premier désir de devenir sage-femme jusqu'à la gestion de son cabinet aujourd'hui, elle nous dévoile son cheminement avec sincérité, l'évolution de sa perception de la douleur et l'importance d'une approche sur mesure qui place l'écoute au cœur de l'accompagnement.

  • Speaker #0

    Donc je m'appelle Stéphanie Ursa, je suis sage-femme libérale sur Strasbourg. J'ai orienté mon cabinet dans les prises en charge des douleurs de la femme, quel que soit l'âge de la vie et quelle que soit la douleur, qu'elle soit aiguë, chronique, toute la douleur de l'adolescente finalement à la femme ménopausée. Ce qui m'a donné envie d'être sage-femme, c'est vraiment le désir d'être mère avant tout. J'avais besoin, je sais que c'est un peu bizarre, mais j'avais besoin finalement de tout savoir sur la maternité avant. de moi-même y être confrontée. Et je me souviens du premier jour où on est rentré à l'école de sage-femme. La directrice, à l'époque, nous demandait à toutes quelles étaient les raisons pour lesquelles on voulait faire ce métier. Et moi, je lui avais dit pour moi Elle m'avait fait des grands yeux. C'était assez marrant, parce que finalement, elle ne s'attendait pas et elle n'avait jamais eu ce genre de réponse de quelqu'un qui venait faire sage-femme pour soi-même, finalement. Je souhaitais vraiment être mère et avoir la connaissance de mon corps. Être capable, je pense, de... Tout maîtriser, vraiment, c'était une maîtrise que je cherchais. C'était la maîtrise de l'accouchement. J'avais envie de bien accoucher, j'avais envie d'une belle grossesse. Et c'était vraiment les raisons pour lesquelles j'ai voulu faire ce métier à la base. Alors, il n'y a pas que ça, évidemment. Il y a eu un parcours après le bac qui n'était pas directement sur l'école de sages-femmes. Je suis passée par deux années de médecine, je suis passée par une année de prépa. Je me suis cherchée un moment pour savoir ce que je voulais. Mais c'est ces années qui m'ont permis de rencontrer mon mari. Et du coup, le désir d'être mère est arrivé vraiment avec cette rencontre très, très tôt. Et sa grand-mère, mon compagnon de l'époque qui est devenu mon mari, sa grand-mère était sage-femme. Et le jour où j'ai rencontré sa grand-mère, ça a été une révélation. Une révélation pourquoi Parce qu'elle a été sage-femme dans les années de guerre. Et elle a fait ce métier à vélo, avec une petite mallette, ce qu'elle m'a offert d'ailleurs. Une petite mallette dans laquelle il y a... toute sa vie de sage-femme. Et qu'est-ce qu'il y avait dans cette mallette Il y avait des instruments, évidemment, puisqu'elle faisait vraiment des accouchements à domicile, sous les couvre-feu. Donc, elle a raconté des histoires extraordinaires de départ à vélo, d'urgence. Et dans cette petite mallette, il reste encore des ampoules de cytocine, il y avait des ampoules d'adrénaline qui sont bien sûr périmées depuis les années 40, entre guillemets. Mais c'était assez exceptionnel. Elle avait un petit cahier de cours, parce que ces cours, finalement, c'était 3-6 mois à l'époque. Après, elle avait un autre petit cahier où elle notait tous ses accouchements. Donc, elle en a fait à peu près 700, je n'ai plus le nombre exact en tête. Chaque feuille, c'était un accouchement. Et elle expliquait exactement ce qui s'était passé. Il y avait un partogramme avec ce qu'elle a dû mettre en médicaments s'il fallait, comment était le bébé à la naissance, les abgards. Et je crois que c'est ce qui m'a vraiment décidée. C'est-à-dire que j'avais ce souhait d'être mère de la connaissance et j'avais en plus des histoires formidables de cette femme qui m'ont fait rêver. Quand je me suis lancée dans le métier de sage-femme, on devait faire avant la rentrée des classes une journée à la maternité, pour voir un peu l'environnement de la salle de naissance. Et malheureusement, ce jour-là, je me suis retrouvée face à une urgence, une dame qui avait rompu son utérus. Donc je me suis retrouvée en tant que... Très jeune fille, fatale à mort. Je ne m'attendais pas à ça du tout. J'étais encore dans un rêve un peu rose, un peu bleu, comme on pourrait dire. Et je me suis retrouvée face au désespoir de l'équipe, face au désespoir de cette maman et à un sauvetage maternel, clairement. Ça ne m'a pas traumatisée, mais je pense que ça m'a ouvert beaucoup de choses sur ce que je suis aujourd'hui. Ce premier contact avec la naissance, ça m'a donné la possibilité d'écouter les femmes dans le silence. Parce que cette femme, elle s'est mise dans un silence. Et pour autant, j'avais l'impression qu'on discutait ensemble. J'ai gardé contact avec cette femme et aujourd'hui, j'ai toujours contact avec cette femme. Donc, c'est assez exceptionnel ce qui s'est passé ce jour-là. Mais j'ai appris la douceur, je crois, ce jour-là. J'ai appris l'empathie, j'ai appris la fragilité, la sensibilité. Je pense que ça a fait beaucoup de choses dans la suite de tout ce que j'ai mis en place, moi, au cabinet aujourd'hui et de tout ce qui a fait ma vie. Cette femme a changé ma vie, clairement. À l'école de Sage-Femmes, à l'époque en tout cas, on nous apprenait à créer un mur avec les patientes. On nous apprenait à ne pas ressentir ce qu'elles ressentaient. On nous apprenait à être face à de l'urgence, à être rapide dans l'urgence, à être bonne dans l'urgence. Et je crois qu'on a oublié de nous dire qu'il fallait écouter les patientes, il fallait aussi être capable de se mettre à leur place et de voir ce qu'elles vivaient. Donc les études de Sage-Femmes, c'est vraiment quelque chose... où on cherche à nous mettre dans un moule, on cherche à nous endurcir. Et je crois que je n'ai pas réussi à m'endurcir, et heureusement. Parce que grâce à ça, je suis devenue ce que je suis aujourd'hui. J'étais enceinte à l'école de Sages-Femmes, je n'ai pas pu attendre, évidemment. J'ai accouché juste après la fin des études, vraiment deux mois après le dernier examen. Et j'ai voulu profiter de mes enfants, de ma première fille. Je n'ai pas voulu travailler tout de suite. Je suis restée à la maison, finalement, pour élever cet enfant pendant la première année de vie. Et après, la vie a fait que je suis allée travailler quand même un peu. Je dis un peu pourquoi Parce que j'ai fait un petit peu de maternité pendant cinq ans, le temps d'avoir ma deuxième fille. J'ai travaillé dans une maternité de Strasbourg. J'ai fait donc cinq années où je n'étais jamais très à l'aise en salle d'accouchement, où je n'arrivais pas à trouver ma place. Donc, j'ai bien vu que ce n'était pas fait pour moi. Quand j'ai eu ma deuxième fille, je me suis décidée de m'arrêter. Et là, j'ai profité de quelques années à la maison. pour élever mes deux premières filles, puis une troisième qui est arrivée. Quand ma grande a quitté Mni, je me suis dit mince, je suis où là Qu'est-ce que j'ai fait de ma vie J'avais un métier que j'aimais beaucoup, je l'ai oublié quelque part. J'ai tout consacré à mes trois filles et moi, je ne sais plus où je suis. Et c'est là où j'ai commencé à réfléchir, à retourner dans ce métier, à reconstruire quelque chose de nouveau. Et je me suis intéressée principalement au Périnée, parce que moi j'avais eu... beaucoup de soucis de périnée suite à mes grossesses et mes accouchements. Et c'est la première chose sur laquelle, déjà à l'époque, je trouvais qu'il n'y avait pas assez. Ça commençait à être quelque chose d'important de faire de la rééducation du périnée, mais on parlait peu, c'était encore très tabou. Tous les problèmes, même encore aujourd'hui, tous les problèmes de fuite urinaire restent des problèmes tabous. Et je me suis retrouvée finalement dans un passage de ma vie où je me suis dit, reprendre entièrement mes études, c'est très long. Ça faisait plus de dix ans. que j'étais restée à la maison. Le métier avait changé, la gynéco. J'avais eu des cours de gynécologie, mais ce n'était pas la gynéco qu'on fait en libéral aujourd'hui. Donc, je me suis reformée. Je me suis reformée à tout, mais avec quand même dans l'esprit que ce périnée était quelque chose où il fallait faire quelque chose. Pendant toutes les années où j'ai été à la maison, j'ai quand même suivi un peu tout ce qui se passait et j'ai fait des formations de pilates, de yoga. J'ai fait toutes les formations de gasquet qui étaient sur le sport. J'ai retrouvé d'ailleurs une sage-femme dans une des formations de Gascay et ça m'a titillée. Cette sage-femme m'a reconquérie en fait, en tant que femme, m'a parlé de ce qu'elle faisait, m'a expliqué pourquoi elle faisait cette formation de Gascay sur les préventions du sport sur le périnée. Ça m'a reconnectée à ce métier, ça m'a reconnectée à l'idée d'être quelqu'un aussi, parce que j'étais mère au foyer et être mère au foyer, c'est quelque chose qui n'est pas du tout d'actualité. C'est même plutôt... assez péjoratif. J'avais oublié en fait ce que c'était que la sage-femme et elle me l'a rappelé. Je pense que ça a été la première chose qui m'a fait revenir avant ma fille. Enfin, c'est un cheminement, de toute façon. Toutes ces choses-là sont un cheminement. Et là, je me suis installée. Alors, je me suis vite reformée, reformée à tout. tout, ça c'était très délicat, mais avec une idée très précise. Et je m'étais aussi dit la chose suivante, je viens, je reviens après tellement d'années, je vais peut-être être mal vu par mes collègues de revenir et tout d'un coup de m'installer en libérale du jour au lendemain, sans avoir rien fait depuis longtemps. Je me suis dit, mais alors je vais me spécialiser sur quelque chose qu'elles font moins, peut-être moins, qui est moins leur centre d'intérêt. Pour ne pas les gêner non plus, en tant que nouvelles installées, on sait Comment ça se passe en général quand on a une collègue qui vient s'installer jusqu'à côté de chez nous Et je ne voulais pas venir comme ça. Je voulais revenir plutôt pour soulager mes collègues de certaines prises en charge plus complexes. Donc là, je me suis lancée dans toutes les formations de rééducation que je pouvais trouver. Il y a de très belles formations de rééducation en France. Aujourd'hui, on commence vraiment à parler de posture, on commence à parler de mouvement, on arrête de se focaliser sur le périnée. On prenait la femme de façon globale en charge et c'est ce qui m'intéressait. Et du coup, je me suis formée en rééducation. J'ai commencé, j'ai ouvert le cabinet. J'avais rencontré une sage femme pendant mes formations qui me disait Si tu te spécialises, tu n'arriveras à rien. Ce n'est pas possible. Il faut que tu fasses de tout parce que tu n'auras pas de patientes. Parce que les patientes en rééducation, elles ne viennent chez toi que parce que tu les as suivies pendant la grossesse ou que tu as fait les cours de préparation à naissance. Cette rencontre a été un petit peu un frein pour moi parce que j'avais une idée précise et je me suis dit Bon, elle a plus de bagages que moi. elle l'est, sage femme libérale, je vais la croire. Et je me suis dit, bon, je vais commencer à faire un peu de préparation à naissance, un peu de postpartum. Et du coup, mon dada, qui était la rééducation, ça a duré six mois. Ce n'était pas mon truc. Ce n'était pas moi. Je perdais du temps. Je n'avais pas envie. J'avais envie que ça se passe vite au niveau des consultations. Ça ne collait pas. Je l'ai vite ressenti. Je me suis arrêtée. Et du coup, je me suis vraiment dit, ce n'est pas grave si je n'ai pas trop de monde au départ, mais c'est de la rééducation et c'est de la prévention pérenniale que je veux faire. Et je me suis vraiment lancée du coup à me dire, allez, je ferme toutes les autres consultations et je fais de la rééduc. Mais en fait, ça a très vite pris. Mais je sais pourquoi aussi. Je pense que j'étais passionnée de ce que je faisais. Et quand on est passionné de quelque chose, on se lève autrement le matin. J'ai créé il y a cinq ans. Quand un groupe sur Facebook qui s'appelle Installation Sage-Femme Libérale, c'est un groupe refuge pour beaucoup de sages-femmes. Parce que finalement, ça ne parle pas que de l'installation Sage-Femme Libérale, ça parle des prises en charge de nos patientes, ça parle de matériel, ça va parler d'évolution de nos cabinets, ça va parler vraiment de problématiques spécifiques. Des sages-femmes qui ont des cas plus compliqués et qui ont besoin d'être assurées dans leur prise en charge. Comme moi, par exemple, j'ai beaucoup aimé ce groupe au départ. en tout cas parce que ça m'a permis de me dire c'est bon ce que je fais c'est juste je me suis beaucoup aidé de ce groupe quand je me suis installée et aujourd'hui c'est un groupe qui tourne quasiment tout seul et on retrouve notre métier dans ce groupe parce qu'en fait une sage femme c'est aider les femmes mais entre nous il ya de l'aide et ce groupe il est vraiment agréable d'ailleurs je remercie toutes les sages femmes qui en font partie parce qu'il marche grâce à vous Je vais toujours détester les protocoles. Et dans chaque formation, on nous donne des protocoles. Et ça, c'est un truc que je ne supporte pas. Je me suis rendue compte que chaque problématique avait une autre solution. Et que des fois, la même problématique chez des femmes avait une autre solution. Je ne voulais pas apporter de protocoles, je voulais essayer d'être le plus individualisé possible et d'écouter la femme dans ses plaintes et d'essayer de résoudre avec son corps la plainte et pas avec une méthode. J'ai essayé de faire un mixte de toutes les formations que j'avais faites pour trouver ce qui allait aller à cette patiente-là. Donc ce qui est chouette aujourd'hui, c'est qu'aucune consultation de rééducation n'est la même chez moi. Et quand elle vient, la patiente, dans le cabinet, je ne sais pas encore ce que je vais faire. C'est en fonction de ce qu'elle va me dire au moment où elle va me l'exprimer que je vais aller dans un coin ou dans un autre et que je vais lui proposer en fonction des choses. Et je trouvais ça intéressant, j'ai eu des bons retours des patientes parce que... qu'il n'y avait justement pas quelque chose qui était protocolarisé. Et je les écoutais, je pense aussi, plus, du coup, plutôt que de faire exercice 1, telle et telle séance, exercice 3, telle et telle séance. C'est vraiment des trucs qui, moi, ne me correspondent pas. Au bout de six mois, je ne faisais plus que de la rééducation au cabinet et je me rendais compte que j'aimais ce qui était compliqué. Quand vraiment, les patientes arrivent avec des fois 70 séances de rééducation avant, et toujours le problème. Ça, j'aimais. J'essaye en tout cas de regarder la femme, la façon dont elle marche, la façon dont elle se positionne. On parle beaucoup de pression thoraco-abdominale aujourd'hui sur des périnées. On se rend compte que finalement, c'est la pression thoraco-abdynale qui rend fragile un périnée. Et donc, je travaille beaucoup sur la posture par rapport à cette pression thoraco-abdynale. Et une femme qui se tiendra un peu tassée, des fois, il suffit de la redresser et de lui expliquer qu'il faut se tenir droite, tout simplement. Mais se tenir droite, c'est facile à dire. On dit à une femme de se tenir droite, elle va mal se tenir droite. La posture est devenue quelque chose qui fait partie de mon quotidien. De là, en rééducation, petit à petit, j'ai évolué. J'écoutais beaucoup les patientes et elles se plaignaient de choses qui n'étaient pas obligatoirement un problème de tonicité périnéale. Et je suis arrivée doucement sur la douleur et sur les hypertonies. Je me suis rendu compte que quand une femme, par exemple, en postpartum, vient pour une rééducation du périnée, il y a beaucoup de choses encore qu'elle traîne de l'accouchement. Des traumatismes, peut-être des douleurs. Et tout ça, j'ai commencé à les sentir dans les périnées. Des points douloureux dont je n'avais aucune notion avant, des tissus qui ne bougent pas, finalement. Ou alors des femmes qui, parce qu'elles avaient mal, créaient de l'hypertonie. La douleur aiguë, c'est une montée de l'information au cerveau, comment réagit le cerveau en contractant les muscles. Donc le cerveau... contracte le muscle quand il y a de la douleur. Et je me retrouvais devant des femmes avec un côté droit où il y avait eu une déchirure qui était hypertonique et un côté gauche complètement hypotonique. Et ces femmes-là, quand on leur demande de contracter un périnée sur un testing, on se retrouve avec des testings qui sont mauvais. Donc on les culpabilise. Quelque part, quand on vous dit vous avez un testing de zéro, il va falloir réapprendre à contracter votre périnée, ces femmes, elles ont beaucoup à s'occuper après la naissance. Leur dire ça, c'est... pas évident et j'en ai trouvé quand même beaucoup à qui on disait encore que le testine était mauvais. Mais en fait, comment voulez-vous qu'elles contractent si elles sont en hypertonie C'est ce qui m'a fait le plus évoluer dans la prise en charge du périnée, c'est de comprendre ces hypertonies qui sont liées à la douleur aiguë. Pas que à la douleur aiguë, aussi au traumatisme. Parce que mine de rien, une naissance, même quand elle se passe vraiment bien, reste un traumatisme pour le corps et pour les tissus. Et les tissus doivent se réadapter finalement à la vie de femme, dans laquelle nous nous plongent directement dans notre société après la naissance, alors qu'il faut un un temps d'adaptation. De la rééducation pure, de créer une hypertonie musculaire, je suis passée à plutôt comprendre pourquoi on avait des hypertonies et essayer de réduire ces hypertonies pour que le périnée soit vraiment un trampoline en mouvement. Et là, je me suis formée dans le vaginisme. Du vaginisme, je me suis formée évidemment dans d'autres douleurs, puisque quand on commence à comprendre les douleurs du périnée, on va sur toutes les douleurs vulvaires. On va sur les douleurs vaginales, on se forme sur les dyspareunies. Et petit à petit, j'ai fait mon chemin sur toutes les formations de douleurs de la femme. Que ce soit de la dysménorrhée à la douleur d'une sensation de pesanteur de la femme ménopausée. Donc aujourd'hui, je me suis vraiment spécialisée, orientée, spécialisée, on ne devrait pas le dire, parce qu'on n'a pas un métier où on est censé se spécialiser, mais orientée dans les douleurs de la femme. Mais à la base, c'est partie de la rééducation et de la compréhension qu'on n'était pas toujours juste dans ce qu'on faisait. en rééducation du périnée. En fait, ce que j'aime, c'est réfléchir à comment est cette femme dans son corps et pouvoir l'aider par tout ce qu'elle pratique dans sa journée. Donner un exercice de soir, c'est comme donner des devoirs à un enfant. S'il y a bien quelque chose que je n'aime pas faire, c'est dire à une femme, vous allez faire tel et tel exercice tous les soirs ou tous les jours. Parce que la femme, elle va les faire pendant un temps, le temps peut-être de la prise en charge de la rééducation, et elle va s'arrêter derrière. Et du coup, on n'est pas pérène. dans ce qu'on lui propose de faire. Parce qu'une femme qui est par exemple en hypotonie, on va lui faire contracter son muscle. Elle va retrouver un muscle efficace. Peut-être, peut-être pas. Mais elle risque de retrouver un muscle efficace. En tout cas, si elle a l'âge de le retrouver, elle le retrouvera. Après, ça se complique quand les hormones se déséquilibrent. Mais ce muscle, elle va retrouver efficace si ça se trouve par sa posture. Elle va faire des pressions sur son périnée et elle va de nouveau affaiblir son muscle. Donc, c'est peut-être des femmes qu'on va revoir sans qu'elles aient accouché pour autant, qu'on va revoir quelques années plus tard avec la même symptomatologie. Par exemple, cette femme, elle vous dit je suis assise à mon bureau toute la journée, je suis devant un ordinateur Ok, ce n'est pas grave. On va utiliser la position assise pour rééduquer le périnée. On va utiliser votre… tant journalier, c'est-à-dire que je prends l'exemple d'une sage-femme, tout simplement, dans nos métiers, comment est-ce qu'on se réduit que le périnée Mais finalement, on a des créneaux entre chaque patiente, on a des fois une minute pour réfléchir à sa posture, une minute pour se dire, est-ce que je suis en train d'être mal positionnée et je pousse sur mon périnée, ou finalement, est-ce que j'ai la belle posture pour éviter l'épression thoraco-abdominale et laisser mon périnée respirer, parce que c'est vraiment ça. Je crois qu'il faut laisser les périnées respirer plus qu'autre chose, plus que de les travailler, il faut leur redonner du mouvement, mais... par notre vie de tous les jours, par le fait de marcher, même en étant assise, on peut donner du mouvement au périnée. Et peut-être que rééduquer un périnée, c'est peut-être pas du tout parler de périnée, mais c'est peut-être parler tout simplement des stress qui vont faire que le diaphragme respiratoire va se bloquer et va pousser sur ce périnée. Et en faisant sauter ces stress, en faisant sauter ces traumas, finalement, on arrive à rééduquer le périnée sans le faire contracter. Je trouve que les protocoles sont vraiment réduits et réduisent la femme à un muscle déjà, puisqu'il y a plusieurs muscles dans le vérinée, on est d'accord, mais réduisent la femme à un organe. Et je crois que si c'est bien notre métier que j'aime, c'est pour ça. La sage-femme voit la globalité de la femme. Dans mon organisation au quotidien, je me retrouve avec différents types de consultations, mais principalement des consultations de douleurs aujourd'hui. Les patientes viennent me voir dès l'adolescence, enfin c'est plutôt les mamans qui ramènent leur fille la plupart du temps, pour des dysménorrhées. Puis on va voir les jeunes femmes qui viennent pour des douleurs au rapport. La dyspareunie, ça peut provenir d'une sécheresse simplement, qui peut être simplement liée à l'équilibre hormonal de cette patiente, mais qui peut être très bien liée à une pilule qu'on lui a mis en place. Elle a... un profil qui ne correspond pas à la pilule qu'on lui a mis en place et elle se retrouve avec des fissures au moment d'un rapport à cause d'une sécheresse qui est liée finalement à cette pilule. Donc ça c'est quand même des choses que je vois souvent. Il y a des diagnostics à faire évidemment. Est-ce qu'il y a un vaginisme Est-ce qu'il y a éventuellement une vulvodynie Tout ça, ça fait partie des consultations de la douleur et des types de douleurs que je prends en charge au cabinet. Après on va avoir tout ce qui est douleurs pelviennes, les douleurs d'endométriose, les douleurs d'SOPK, plutôt les douleurs chroniques. que je prends en charge, moi, les douleurs aiguës. Et dans ces douleurs-là, j'accompagne les femmes avec plusieurs méthodes. Toutes les femmes ont une endométriose qui va être différente. Donc ça devient intéressant pour moi, parce que quelque part, j'ai besoin de cette recherche. Il m'arrive de faire des formations rien que pour une patiente, parce que je me dis, là, je n'ai pas encore tout. Il y a quelque chose que je n'arrive pas à comprendre qu'elle m'exprime, donc il va falloir que j'aille chercher. Finalement, je crois qu'une sage femme, dans la douleur, on est vraiment bien formée. On est formée pour les douleurs d'un moment de nos vies de femme, qui est sûrement la douleur la plus importante, c'est l'accouchement. On est formée pour cette douleur. Et certes, c'est une douleur qui est plus aiguë, mais on a toutes les formations pour prendre en charge les patientes qui ont des douleurs chroniques. Et quand on fait un peu de rééducation du périnée, et qu'on se retrouve face à une femme qui a de l'endométriose, et qui a peut-être une hyperactivité vésicale, on va pouvoir la prendre en charge, cette hyperactivité vésicale. Donc ce que je trouve intéressant dans l'endométriose, c'est qu'on va pouvoir prendre en charge plusieurs aspects de notre profession, que ce soit par exemple des problèmes de diarrhée-constipation, que ce soit des problèmes de dysménorrhée, que ce soit des problèmes plus complexes dans le syndrome douloureux avec des vulvodynies. On a toutes les techniques, on est capable de prendre en charge ces femmes qui ont beaucoup de symptômes différents, qui sont liés à l'endométriose. Quelque part, pour moi, c'est vraiment un plaisir de les écouter. douter leurs symptômes et de dire Ok, aujourd'hui, c'est quoi le plus important Aujourd'hui, ma douleur la plus importante ou celle que j'aimerais régler aujourd'hui, c'est peut-être la vulvodynie. Ok, on part sur le traitement de la vulvodynie. Prochaine consultation, Comment ça va aujourd'hui Quelle est votre problématique du jour Ah ben là, ma vessie, ça n'arrête plus, je ne tiens plus. Est-ce qu'on peut parler de la vessie aujourd'hui Oui, on va parler de la vessie aujourd'hui. Comme ça, je m'adapte et c'est pour ça que je crois que je ne m'ennuie pas. Chaque consultation va... Aider la patiente va lui permettre de monter une marche de plus pour arriver vraiment à se prendre en charge toute seule. Si vous donnez la possibilité aux femmes de comprendre ce qui leur arrive, elles arriveront à se prendre en charge. Et du coup, on va réduire le nombre de consultations de douleurs. Parce qu'elles seront A. Je sais que dans l'hormétriose, par exemple, la vessie peut éventuellement un jour devenir hyperactive par l'hypersensibilité pelvienne. On sait qu'on peut avoir des choses qui vont évoluer dans l'hormétriose. Moi, j'ai tendance à leur expliquer la maladie. Et tout. les symptômes qui peuvent arriver dans cette maladie pour qu'elle sache que ah non, ce n'est pas un nouveau truc qui m'arrive, ça fait partie de l'endométriose. Et je sais, je l'ai déjà entendu, on me l'a expliqué, je sais en plus ce qu'il faut faire. Donc j'ai tendance vraiment à mettre même la charrue avant les bœufs et me dire, il vaut mieux qu'elle ait toute l'information que juste le problème qu'elle a du jour. Je veux pouvoir lui expliquer toute la symptomatologie possible de l'endométriose qu'elle puisse faire face aux problèmes éventuels de demain. Et elles sont très intéressées les femmes. Elles me disent Ah mais donc mes ballonnements, moi je pensais que c'était du digestif, je voyais le gastro, en fait ça fait partie de l'endométriose Je fais Oui, potentiellement Il faut évidemment vérifier s'il n'y a pas d'autres pathologies en plus, mais je leur explique vraiment l'hypersensibilité centrale, comment ça marche la douleur, qu'est-ce que crée une douleur aiguë, qu'est-ce que crée une douleur chronique, qu'est-ce que crée une douleur chronique qui est dépassée, finalement notre cerveau est dépassé, ne sait plus comment gérer. Et on va se retrouver avec des femmes qui vont avoir des bassins bloqués parce que justement... elles ont de l'hypersensibilité pelvienne et elles vont créer de l'hypertonie musculaire. Et cette hypertonie va engendrer pas mal de symptômes différents. Après, je vais avoir des femmes, surtout en postpartum, avec des douleurs qui sont plutôt cicatricielles. Je vais prendre en charge les douleurs cicatricielles du postpartum. Je vais me retrouver aussi avec des douleurs postchirurgicales, avec des patientes qui ont opéré soit de l'endométriose, on en parlait à l'instant, mais ça peut être aussi des patientes qui sont opérées pour des prolapsus ou qui ont des bandelettes et où ça se passe mal. Parce que finalement, on ne voit pas toujours le retour de ces femmes-là. Et ces femmes-là se retrouvent dans la nature en consultation dans deux mois. Voilà, il n'y a rien, il ne se passe rien. Et je trouve que c'est vraiment important de pouvoir suivre ces femmes. Donc ça fait partie de mes consultations. C'est du post-op, gynéco. Essayer de savoir s'il y a de la douleur et si on a à la prendre en charge. Et si tout va bien, tant mieux. Discuter éventuellement de comment ça s'est passé. Quelle est la suite des femmes à qui on enlève l'utérus Elles se retrouvent, elles me disent mais s'il y a un vide, qu'est-ce qui s'est passé à la place Et je trouve que leur expliquer, leur faire des schémas, c'est les faire participer à la suite de leur vie. Comment est-ce que je gère ma vie maintenant sans mon utérus Est-ce que ça va changer quelque chose pour moi Et quoi Et je trouve que c'est une partie de notre métier qui a vraiment de l'importance. Dans des autres consultations, étant donné que je fais quand même pas mal de rééducation du périnée complexe, je me retrouve avec des femmes qui viennent pour des pesanteurs pelviennes, donc pour des diagnostics de prolapsus. Là, je prends en charge aussi ces patientes-là parce qu'elles sont très peu écoutées. Toutes les sages-femmes pourront le dire, on se retrouve avec des patientes à qui on a prescrit des pécères et qui ne savent pas quoi en faire. Il n'y a aucun suivi et je pense qu'on a un rôle en tant que sage-femme d'aider ces femmes-là. Une femme qui a aujourd'hui 60 ans n'est pas du tout habituée à mettre les doigts dans son vagin comme une femme de 20 ans. Aujourd'hui, ça devient de moins en moins tabou, alors que les femmes de 60, 70, 80 ans, c'est quelque chose de très tabou. Et leur proposer de mettre un pécère, c'est très très complexe. Dans les consultations que j'ai aussi, je vais prendre en charge les femmes au moment de la ménopause, la pré-ménopause et la dé-ménopause, dans les déséquilibres hormonaux. Au départ, quand j'ai commencé, je ne m'attendais pas du tout à avoir autant de plaintes des patientes. Ah, j'ai des bouffées de chaleur, mais on sait qu'on ne peut rien y faire. Ah ben là, j'ai de nouveau tel et tel symptôme, mais mon gynéco m'a dit, ben c'est normal, c'est la ménopause. Alors ça, c'est le genre de truc qui m'horripile quelque part, parce que tout doucement, moi j'y suis dans cette phase de ma vie, et je me rends compte que c'est compliqué. Du jour au lendemain, on se retrouve avec une vulve qu'on n'aime plus, qui gratte, qui n'est pas agréable, on n'est pas bien dans son corps. Et pour moi, c'est de la douleur. C'est une forme de douleur. Je trouve qu'on doit la prendre en charge. Alors, on est évidemment de plus en plus nombreuses à proposer des consultations dans le suivi gynéco de la ménopause, même si on ne peut pas tout prescrire malheureusement encore aujourd'hui, et j'espère que ça, ça va changer. Et je crois que l'écoute, c'est ce qu'il y a sûrement de plus important. de la plainte. Il ne faut jamais la laisser passer. Donc, les prendre en charge par les moyens qu'on a, c'est-à-dire, au départ, on va commencer par nos techniques de médecine traditionnelle. On se rend vite compte qu'on a des limites et je crois qu'il faut savoir aller dans d'autres choses. Il faut pouvoir leur proposer d'autres choses. Et là, la phyto est quelque chose de très intéressant. La médecine fonctionnelle, à cette période de la vie, pour moi, elle est indispensable. Parce qu'elle nous permet de prendre en charge de nouveau la femme dans sa globalité. Et on se retrouve avec des... des patientes qui sont soulagées, de petits maux, mais c'est des petits maux qui créent des retranchements des femmes. Elles se retrouvent seules face à ces problèmes de la périménopause, de la ménopause. Et elles ne savent pas. Elles n'ont aucune connaissance de ce qui se passe derrière. Et je trouve qu'on devrait plus faire de la prévention sur cette partie-là de la vie. Comment est-ce que je m'organise La majeure partie des consultations dure en moyenne une demi-heure. Il m'arrive d'avoir du retard, des fois beaucoup de retard, parce que quand on commence à toucher certains points à l'intérieur du vagin, on se retrouve avec des choses qui remontent. Ça, c'est des consultations qui passent d'une demi-heure à une heure. Tant pis, c'est comme ça. Je crois qu'on vit toutes ce genre de consultations et je crois qu'il faut respecter. Mais la majeure partie de mes consultations durent une demi-heure. J'ai un planning sur la semaine qui varie entre quatre jours de travail et quatre jours et demi. Je crois que je suis arrivée à mener quelque chose de bien entre ma vie de famille et ma vie professionnelle, dans le sens où j'ai deux enfants qui sont partis, donc je n'ai plus qu'un enfant à la maison actuellement. C'est beaucoup plus simple et je comprends. énormément les sages-femmes qui se retrouvent avec des enfants en bas âge ou des enfants en âge de demande maternelle. C'est très compliqué parce qu'une sage-femme, elle se donne à fond pour ses patientes. Donc j'essaye de ne pas m'oublier en respectant certains temps familiaux. J'ai quand même quelques consultations d'urgence, puisque j'ai des patientes qui viennent en postpartum immédiat pour des cicatrices douloureuses. Il m'arrive de travailler un peu plus, c'est vrai. Tout doucement, je suis obligée de dire non. Et ça, c'est la chose la plus... le plus difficile auquel je fais face, c'est de devoir dire non à une patiente parce que je n'ai plus de consultation possible. J'espère qu'on va être de plus en plus nombreuses, en tant que sage-femme, à prendre les femmes en charge sur ces douleurs, pour que justement, on puisse répondre à l'attente. Aujourd'hui, je me sens un peu seule, je sais qu'on commence à être plus nombreuses, mais j'ai beaucoup de demandes et j'ai des plannings avec des attentes minimum de trois mois pour une prise en charge, c'est-à-dire que les patientes qui viennent aujourd'hui pour une première consultation, j'arrive à les prendre à peu près en charge dans trois mois. J'interviens régulièrement dans l'optique, je dirais, d'informer les sages-femmes de cette partie de notre métier. Et je trouve qu'actuellement, en discutant avec certaines d'entre elles, il y a quand même quelque chose qui ressort, c'est cette orientation. Tout doucement, les sages-femmes s'orientent, parce qu'elles font ce qu'elles aiment, on fait bien ce qu'on aime faire, et ça, elles le constatent, et on fait moins bien ce qu'on n'aime pas faire, ça je l'ai constaté tout de suite. J'ai fait quelques interventions déjà. pour les prises en charge de l'endométriose, par exemple. J'étais intervenue au congrès des sages-femmes libérales de Troyes il y a deux ans pour tout ce qui est prise en charge de l'endométriose par la radiofréquence, ce que j'utilise au cabinet. Je suis intervenue aussi à une assemblée générale de l'Ordre pour parler des prises en charge de la douleur de la femme. C'est un message que j'aimerais faire passer, clairement, parce qu'on n'est pas assez nombreuses à prendre en charge les douleurs. Et on est formaté en tant que sages-femmes. On nous met dans un moule, de toute façon, dès les études. Alors, il y a des choses où je suis tout à fait d'accord. Il ne faut pas tellement sortir du moule. On est d'accord, il y a une base de notre métier, il y a des lois qui nous encadrent. Mais je crois que la douleur de la femme correspond au métier de sage-femme. La sage-femme, c'est quand même la maîtrise et la connaissance, finalement, du corps de la femme. Et connaître le corps de la femme, c'est entendre toutes ses plaintes. Et elles ont plein de plaintes, les femmes. Il faut juste les écouter. Alors, se prendre le temps de les écouter, je crois que les sages-femmes le font. C'est surtout de prendre le temps de répondre à leurs problématiques. J'espère que d'autres sages-femmes vont aller dans cette optique de prendre la femme de façon globale en charge. Et pas que parce qu'il faut faire un frottis, parce qu'il faut la vacciner. Il y a bien d'autres plaintes chez les femmes. On peut leur redonner une qualité de vie juste en les écoutant et en essayant de les aider sur des petites choses très simples. Des fois, c'est vraiment des toutes petites gênes, mais qui créent quelque chose de plus important derrière. Dans leur vie de couple, par exemple. Une femme qui a des disparus-nits, on ne peut pas la laisser avec des disparus-nits. J'ai comme ça un exemple d'une patiente, je regarde encore aujourd'hui le sourire parce que c'était exceptionnel. C'est une patiente qui est arrivée au cabinet sur une consulte pour douleurs vulvaires et vaginales. Elle avait 80 ans. Elle vient me voir, elle me dit voilà, ça fait 40 ans que je n'ai plus de rapport sexuel. Mon mari est décédé très tôt. Je n'ai rencontré personne. Et là, je viens de rencontrer un jeune homme de 60 ans. Donc déjà, j'avais le sourire. Et le problème, c'est que... que nous n'arrivons plus à faire l'amour. Donc cette patiente, elle était venue dans l'espoir d'avoir de nouveau un rapport sexuel à 80 ans. Je crois que ça, elle m'a fait ma journée, elle m'a fait mon année, et j'en parle encore, parce que j'ai trouvé ça splendide, splendide pour nous, pour moi, en me disant, waouh, donc il y a encore des choses, plus tard, quel bonheur, splendide pour sa démarche. Ce n'était pas une démarche pour lui, c'était une démarche pour elle. Et prendre en charge cette femme, ça a été... exceptionnelle, je crois qu'elle m'en a appris beaucoup. Je pense qu'on apprend énormément des femmes et ça c'est magnifique. Chaque femme me fait progresser en tant que femme moi-même et en tant que sage-femme. Et cette femme, elle s'est donnée les moyens d'arriver à avoir une relation sexuelle. Et elle est revenue au cabinet, évidemment, pour tout me raconter. Et ça, j'avais l'impression, je ne sais pas, de faire partie de sa vie, mais qui je suis pour avoir le droit d'entendre des choses comme ça C'était vraiment fantastique. Quand on arrive à enlever une douleur à une femme, quand elle arrive à avoir un rapport sans avoir de douleur, même les femmes ménopausées, quand elles arrivent à retrouver un peu de lubrification, qu'elles soient entendues, c'est normal. Tous ces problèmes de déséquilibre hormono, c'est quelque chose qui fait partie de notre vie. Et il faut le dire, ce n'est pas de la pathologie du tout, mais par contre... Ça freine beaucoup de choses. Ces patientes qui viennent me voir en disant mon vagin est trop sec, ça me fait mal, donc la libido baisse, etc. Je crois qu'on leur change la vie si on arrive à changer ça. Parce qu'elles reprennent confiance en elles et du coup, elles reprennent le pouvoir dans leur couple, pas de dire monsieur a envie, je ne peux pas lui dire non mais de dire moi j'ai envie Et ça, c'est magique.

  • Speaker #1

    C'était le troisième épisode du podcast La Voix des Sages-Femmes, et je remercie Stéphanie pour sa prise de parole aussi sensible que captivante. Son témoignage nous montre qu'il est possible de se réinventer à chaque étape de son parcours en écoutant ses aspirations profondes et en les alignant avec sa pratique. Cette démarche sincère, couplée à une formation rigoureuse et continue, permet d'entendre... toutes les demandes et les besoins de chaque femme et d'y apporter des réponses adaptées pour améliorer considérablement leur bien-être, sans négligence. Un message précieux qui résonne bien au-delà de la profession. A très bientôt pour un nouvel épisode.

Description

Dans ce troisième épisode du podcast La voie des sages-femmes, Stéphanie nous raconte comment elle a renoué avec son métier de sage-femme après une pause de plusieurs années pour élever ses enfants.


En écoutant ses aspirations profondes, Stéphanie fait le choix d’orienter sa pratique vers un domaine qui lui tient particulièrement à cœur : la rééducation périnéale et la prise en charge des douleurs pelviennes et vulvo-vaginales.


Elle partage avec nous son cheminement personnel et professionnel, en soulignant l'importance de l’écoute de soi, de la formation continue et de la détermination pour aborder toutes les douleurs des femmes, souvent sous-estimées.


Son témoignage fourmille d’anecdotes tendres et courageuses : les cahiers d’accouchement de la grand-mère de son mari, sa confrontation à la fragilité et la mort lors d’une journée d’initiation aux urgences, l'accompagnement d'une femme de 80 ans vers une sexualité épanouie ...


🎧 Un récit qui donne envie de laisser toujours plus de place à l’écoute et l’empathie.


Produit par Alice de Maieuticapp


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    J'avais oublié en fait ce que c'était classe H-Fa, mais elle me l'a rappelé. Je me suis dit mince, je suis où là Qu'est-ce que j'ai fait de ma vie Et je me suis vraiment lancée du coup à me dire, allez je ferme toutes les autres consultations et je fais de la rééduc. J'étais passionnée de ce que je faisais. Et quand on est passionné de quelque chose, on se lève autrement le matin. Je me rendais compte que j'aimais ce qui était compliqué. Finalement, on arrive à rééduquer le père aîné sans le faire contracter. L'écoute de la plainte, il ne faut jamais la laisser passer. Et prendre en charge cette femme, ça a été exceptionnel. Je crois qu'on leur change la vie si on arrive à changer ça.

  • Speaker #1

    Je rencontre Stéphanie, sage-femme à Strasbourg, alors que nous sommes en plein congrès national de la sage-femme libérale à Troyes,

  • Speaker #0

    en novembre 2024.

  • Speaker #1

    Sur place, au sein d'une petite salle, loin de l'effervescence des conférences, nous recueillons son témoignage. Après plusieurs années d'interruption de son activité pour se consacrer à sa famille, Stéphanie fait le choix de revenir à sa pratique, en l'orientant autour de la rééducation périnéale et de la prise en charge de la douleur. Comment redéfinir sa pratique pour l'aligner avec ses nouvelles aspirations après une longue pause Quelle approche adopter pour répondre au mieux aux besoins des femmes qui souffrent de douleurs vulvovaginales et pelviennes Ces questions, Stéphanie s'y est confrontée tout au long de son parcours. Depuis son premier désir de devenir sage-femme jusqu'à la gestion de son cabinet aujourd'hui, elle nous dévoile son cheminement avec sincérité, l'évolution de sa perception de la douleur et l'importance d'une approche sur mesure qui place l'écoute au cœur de l'accompagnement.

  • Speaker #0

    Donc je m'appelle Stéphanie Ursa, je suis sage-femme libérale sur Strasbourg. J'ai orienté mon cabinet dans les prises en charge des douleurs de la femme, quel que soit l'âge de la vie et quelle que soit la douleur, qu'elle soit aiguë, chronique, toute la douleur de l'adolescente finalement à la femme ménopausée. Ce qui m'a donné envie d'être sage-femme, c'est vraiment le désir d'être mère avant tout. J'avais besoin, je sais que c'est un peu bizarre, mais j'avais besoin finalement de tout savoir sur la maternité avant. de moi-même y être confrontée. Et je me souviens du premier jour où on est rentré à l'école de sage-femme. La directrice, à l'époque, nous demandait à toutes quelles étaient les raisons pour lesquelles on voulait faire ce métier. Et moi, je lui avais dit pour moi Elle m'avait fait des grands yeux. C'était assez marrant, parce que finalement, elle ne s'attendait pas et elle n'avait jamais eu ce genre de réponse de quelqu'un qui venait faire sage-femme pour soi-même, finalement. Je souhaitais vraiment être mère et avoir la connaissance de mon corps. Être capable, je pense, de... Tout maîtriser, vraiment, c'était une maîtrise que je cherchais. C'était la maîtrise de l'accouchement. J'avais envie de bien accoucher, j'avais envie d'une belle grossesse. Et c'était vraiment les raisons pour lesquelles j'ai voulu faire ce métier à la base. Alors, il n'y a pas que ça, évidemment. Il y a eu un parcours après le bac qui n'était pas directement sur l'école de sages-femmes. Je suis passée par deux années de médecine, je suis passée par une année de prépa. Je me suis cherchée un moment pour savoir ce que je voulais. Mais c'est ces années qui m'ont permis de rencontrer mon mari. Et du coup, le désir d'être mère est arrivé vraiment avec cette rencontre très, très tôt. Et sa grand-mère, mon compagnon de l'époque qui est devenu mon mari, sa grand-mère était sage-femme. Et le jour où j'ai rencontré sa grand-mère, ça a été une révélation. Une révélation pourquoi Parce qu'elle a été sage-femme dans les années de guerre. Et elle a fait ce métier à vélo, avec une petite mallette, ce qu'elle m'a offert d'ailleurs. Une petite mallette dans laquelle il y a... toute sa vie de sage-femme. Et qu'est-ce qu'il y avait dans cette mallette Il y avait des instruments, évidemment, puisqu'elle faisait vraiment des accouchements à domicile, sous les couvre-feu. Donc, elle a raconté des histoires extraordinaires de départ à vélo, d'urgence. Et dans cette petite mallette, il reste encore des ampoules de cytocine, il y avait des ampoules d'adrénaline qui sont bien sûr périmées depuis les années 40, entre guillemets. Mais c'était assez exceptionnel. Elle avait un petit cahier de cours, parce que ces cours, finalement, c'était 3-6 mois à l'époque. Après, elle avait un autre petit cahier où elle notait tous ses accouchements. Donc, elle en a fait à peu près 700, je n'ai plus le nombre exact en tête. Chaque feuille, c'était un accouchement. Et elle expliquait exactement ce qui s'était passé. Il y avait un partogramme avec ce qu'elle a dû mettre en médicaments s'il fallait, comment était le bébé à la naissance, les abgards. Et je crois que c'est ce qui m'a vraiment décidée. C'est-à-dire que j'avais ce souhait d'être mère de la connaissance et j'avais en plus des histoires formidables de cette femme qui m'ont fait rêver. Quand je me suis lancée dans le métier de sage-femme, on devait faire avant la rentrée des classes une journée à la maternité, pour voir un peu l'environnement de la salle de naissance. Et malheureusement, ce jour-là, je me suis retrouvée face à une urgence, une dame qui avait rompu son utérus. Donc je me suis retrouvée en tant que... Très jeune fille, fatale à mort. Je ne m'attendais pas à ça du tout. J'étais encore dans un rêve un peu rose, un peu bleu, comme on pourrait dire. Et je me suis retrouvée face au désespoir de l'équipe, face au désespoir de cette maman et à un sauvetage maternel, clairement. Ça ne m'a pas traumatisée, mais je pense que ça m'a ouvert beaucoup de choses sur ce que je suis aujourd'hui. Ce premier contact avec la naissance, ça m'a donné la possibilité d'écouter les femmes dans le silence. Parce que cette femme, elle s'est mise dans un silence. Et pour autant, j'avais l'impression qu'on discutait ensemble. J'ai gardé contact avec cette femme et aujourd'hui, j'ai toujours contact avec cette femme. Donc, c'est assez exceptionnel ce qui s'est passé ce jour-là. Mais j'ai appris la douceur, je crois, ce jour-là. J'ai appris l'empathie, j'ai appris la fragilité, la sensibilité. Je pense que ça a fait beaucoup de choses dans la suite de tout ce que j'ai mis en place, moi, au cabinet aujourd'hui et de tout ce qui a fait ma vie. Cette femme a changé ma vie, clairement. À l'école de Sage-Femmes, à l'époque en tout cas, on nous apprenait à créer un mur avec les patientes. On nous apprenait à ne pas ressentir ce qu'elles ressentaient. On nous apprenait à être face à de l'urgence, à être rapide dans l'urgence, à être bonne dans l'urgence. Et je crois qu'on a oublié de nous dire qu'il fallait écouter les patientes, il fallait aussi être capable de se mettre à leur place et de voir ce qu'elles vivaient. Donc les études de Sage-Femmes, c'est vraiment quelque chose... où on cherche à nous mettre dans un moule, on cherche à nous endurcir. Et je crois que je n'ai pas réussi à m'endurcir, et heureusement. Parce que grâce à ça, je suis devenue ce que je suis aujourd'hui. J'étais enceinte à l'école de Sages-Femmes, je n'ai pas pu attendre, évidemment. J'ai accouché juste après la fin des études, vraiment deux mois après le dernier examen. Et j'ai voulu profiter de mes enfants, de ma première fille. Je n'ai pas voulu travailler tout de suite. Je suis restée à la maison, finalement, pour élever cet enfant pendant la première année de vie. Et après, la vie a fait que je suis allée travailler quand même un peu. Je dis un peu pourquoi Parce que j'ai fait un petit peu de maternité pendant cinq ans, le temps d'avoir ma deuxième fille. J'ai travaillé dans une maternité de Strasbourg. J'ai fait donc cinq années où je n'étais jamais très à l'aise en salle d'accouchement, où je n'arrivais pas à trouver ma place. Donc, j'ai bien vu que ce n'était pas fait pour moi. Quand j'ai eu ma deuxième fille, je me suis décidée de m'arrêter. Et là, j'ai profité de quelques années à la maison. pour élever mes deux premières filles, puis une troisième qui est arrivée. Quand ma grande a quitté Mni, je me suis dit mince, je suis où là Qu'est-ce que j'ai fait de ma vie J'avais un métier que j'aimais beaucoup, je l'ai oublié quelque part. J'ai tout consacré à mes trois filles et moi, je ne sais plus où je suis. Et c'est là où j'ai commencé à réfléchir, à retourner dans ce métier, à reconstruire quelque chose de nouveau. Et je me suis intéressée principalement au Périnée, parce que moi j'avais eu... beaucoup de soucis de périnée suite à mes grossesses et mes accouchements. Et c'est la première chose sur laquelle, déjà à l'époque, je trouvais qu'il n'y avait pas assez. Ça commençait à être quelque chose d'important de faire de la rééducation du périnée, mais on parlait peu, c'était encore très tabou. Tous les problèmes, même encore aujourd'hui, tous les problèmes de fuite urinaire restent des problèmes tabous. Et je me suis retrouvée finalement dans un passage de ma vie où je me suis dit, reprendre entièrement mes études, c'est très long. Ça faisait plus de dix ans. que j'étais restée à la maison. Le métier avait changé, la gynéco. J'avais eu des cours de gynécologie, mais ce n'était pas la gynéco qu'on fait en libéral aujourd'hui. Donc, je me suis reformée. Je me suis reformée à tout, mais avec quand même dans l'esprit que ce périnée était quelque chose où il fallait faire quelque chose. Pendant toutes les années où j'ai été à la maison, j'ai quand même suivi un peu tout ce qui se passait et j'ai fait des formations de pilates, de yoga. J'ai fait toutes les formations de gasquet qui étaient sur le sport. J'ai retrouvé d'ailleurs une sage-femme dans une des formations de Gascay et ça m'a titillée. Cette sage-femme m'a reconquérie en fait, en tant que femme, m'a parlé de ce qu'elle faisait, m'a expliqué pourquoi elle faisait cette formation de Gascay sur les préventions du sport sur le périnée. Ça m'a reconnectée à ce métier, ça m'a reconnectée à l'idée d'être quelqu'un aussi, parce que j'étais mère au foyer et être mère au foyer, c'est quelque chose qui n'est pas du tout d'actualité. C'est même plutôt... assez péjoratif. J'avais oublié en fait ce que c'était que la sage-femme et elle me l'a rappelé. Je pense que ça a été la première chose qui m'a fait revenir avant ma fille. Enfin, c'est un cheminement, de toute façon. Toutes ces choses-là sont un cheminement. Et là, je me suis installée. Alors, je me suis vite reformée, reformée à tout. tout, ça c'était très délicat, mais avec une idée très précise. Et je m'étais aussi dit la chose suivante, je viens, je reviens après tellement d'années, je vais peut-être être mal vu par mes collègues de revenir et tout d'un coup de m'installer en libérale du jour au lendemain, sans avoir rien fait depuis longtemps. Je me suis dit, mais alors je vais me spécialiser sur quelque chose qu'elles font moins, peut-être moins, qui est moins leur centre d'intérêt. Pour ne pas les gêner non plus, en tant que nouvelles installées, on sait Comment ça se passe en général quand on a une collègue qui vient s'installer jusqu'à côté de chez nous Et je ne voulais pas venir comme ça. Je voulais revenir plutôt pour soulager mes collègues de certaines prises en charge plus complexes. Donc là, je me suis lancée dans toutes les formations de rééducation que je pouvais trouver. Il y a de très belles formations de rééducation en France. Aujourd'hui, on commence vraiment à parler de posture, on commence à parler de mouvement, on arrête de se focaliser sur le périnée. On prenait la femme de façon globale en charge et c'est ce qui m'intéressait. Et du coup, je me suis formée en rééducation. J'ai commencé, j'ai ouvert le cabinet. J'avais rencontré une sage femme pendant mes formations qui me disait Si tu te spécialises, tu n'arriveras à rien. Ce n'est pas possible. Il faut que tu fasses de tout parce que tu n'auras pas de patientes. Parce que les patientes en rééducation, elles ne viennent chez toi que parce que tu les as suivies pendant la grossesse ou que tu as fait les cours de préparation à naissance. Cette rencontre a été un petit peu un frein pour moi parce que j'avais une idée précise et je me suis dit Bon, elle a plus de bagages que moi. elle l'est, sage femme libérale, je vais la croire. Et je me suis dit, bon, je vais commencer à faire un peu de préparation à naissance, un peu de postpartum. Et du coup, mon dada, qui était la rééducation, ça a duré six mois. Ce n'était pas mon truc. Ce n'était pas moi. Je perdais du temps. Je n'avais pas envie. J'avais envie que ça se passe vite au niveau des consultations. Ça ne collait pas. Je l'ai vite ressenti. Je me suis arrêtée. Et du coup, je me suis vraiment dit, ce n'est pas grave si je n'ai pas trop de monde au départ, mais c'est de la rééducation et c'est de la prévention pérenniale que je veux faire. Et je me suis vraiment lancée du coup à me dire, allez, je ferme toutes les autres consultations et je fais de la rééduc. Mais en fait, ça a très vite pris. Mais je sais pourquoi aussi. Je pense que j'étais passionnée de ce que je faisais. Et quand on est passionné de quelque chose, on se lève autrement le matin. J'ai créé il y a cinq ans. Quand un groupe sur Facebook qui s'appelle Installation Sage-Femme Libérale, c'est un groupe refuge pour beaucoup de sages-femmes. Parce que finalement, ça ne parle pas que de l'installation Sage-Femme Libérale, ça parle des prises en charge de nos patientes, ça parle de matériel, ça va parler d'évolution de nos cabinets, ça va parler vraiment de problématiques spécifiques. Des sages-femmes qui ont des cas plus compliqués et qui ont besoin d'être assurées dans leur prise en charge. Comme moi, par exemple, j'ai beaucoup aimé ce groupe au départ. en tout cas parce que ça m'a permis de me dire c'est bon ce que je fais c'est juste je me suis beaucoup aidé de ce groupe quand je me suis installée et aujourd'hui c'est un groupe qui tourne quasiment tout seul et on retrouve notre métier dans ce groupe parce qu'en fait une sage femme c'est aider les femmes mais entre nous il ya de l'aide et ce groupe il est vraiment agréable d'ailleurs je remercie toutes les sages femmes qui en font partie parce qu'il marche grâce à vous Je vais toujours détester les protocoles. Et dans chaque formation, on nous donne des protocoles. Et ça, c'est un truc que je ne supporte pas. Je me suis rendue compte que chaque problématique avait une autre solution. Et que des fois, la même problématique chez des femmes avait une autre solution. Je ne voulais pas apporter de protocoles, je voulais essayer d'être le plus individualisé possible et d'écouter la femme dans ses plaintes et d'essayer de résoudre avec son corps la plainte et pas avec une méthode. J'ai essayé de faire un mixte de toutes les formations que j'avais faites pour trouver ce qui allait aller à cette patiente-là. Donc ce qui est chouette aujourd'hui, c'est qu'aucune consultation de rééducation n'est la même chez moi. Et quand elle vient, la patiente, dans le cabinet, je ne sais pas encore ce que je vais faire. C'est en fonction de ce qu'elle va me dire au moment où elle va me l'exprimer que je vais aller dans un coin ou dans un autre et que je vais lui proposer en fonction des choses. Et je trouvais ça intéressant, j'ai eu des bons retours des patientes parce que... qu'il n'y avait justement pas quelque chose qui était protocolarisé. Et je les écoutais, je pense aussi, plus, du coup, plutôt que de faire exercice 1, telle et telle séance, exercice 3, telle et telle séance. C'est vraiment des trucs qui, moi, ne me correspondent pas. Au bout de six mois, je ne faisais plus que de la rééducation au cabinet et je me rendais compte que j'aimais ce qui était compliqué. Quand vraiment, les patientes arrivent avec des fois 70 séances de rééducation avant, et toujours le problème. Ça, j'aimais. J'essaye en tout cas de regarder la femme, la façon dont elle marche, la façon dont elle se positionne. On parle beaucoup de pression thoraco-abdominale aujourd'hui sur des périnées. On se rend compte que finalement, c'est la pression thoraco-abdynale qui rend fragile un périnée. Et donc, je travaille beaucoup sur la posture par rapport à cette pression thoraco-abdynale. Et une femme qui se tiendra un peu tassée, des fois, il suffit de la redresser et de lui expliquer qu'il faut se tenir droite, tout simplement. Mais se tenir droite, c'est facile à dire. On dit à une femme de se tenir droite, elle va mal se tenir droite. La posture est devenue quelque chose qui fait partie de mon quotidien. De là, en rééducation, petit à petit, j'ai évolué. J'écoutais beaucoup les patientes et elles se plaignaient de choses qui n'étaient pas obligatoirement un problème de tonicité périnéale. Et je suis arrivée doucement sur la douleur et sur les hypertonies. Je me suis rendu compte que quand une femme, par exemple, en postpartum, vient pour une rééducation du périnée, il y a beaucoup de choses encore qu'elle traîne de l'accouchement. Des traumatismes, peut-être des douleurs. Et tout ça, j'ai commencé à les sentir dans les périnées. Des points douloureux dont je n'avais aucune notion avant, des tissus qui ne bougent pas, finalement. Ou alors des femmes qui, parce qu'elles avaient mal, créaient de l'hypertonie. La douleur aiguë, c'est une montée de l'information au cerveau, comment réagit le cerveau en contractant les muscles. Donc le cerveau... contracte le muscle quand il y a de la douleur. Et je me retrouvais devant des femmes avec un côté droit où il y avait eu une déchirure qui était hypertonique et un côté gauche complètement hypotonique. Et ces femmes-là, quand on leur demande de contracter un périnée sur un testing, on se retrouve avec des testings qui sont mauvais. Donc on les culpabilise. Quelque part, quand on vous dit vous avez un testing de zéro, il va falloir réapprendre à contracter votre périnée, ces femmes, elles ont beaucoup à s'occuper après la naissance. Leur dire ça, c'est... pas évident et j'en ai trouvé quand même beaucoup à qui on disait encore que le testine était mauvais. Mais en fait, comment voulez-vous qu'elles contractent si elles sont en hypertonie C'est ce qui m'a fait le plus évoluer dans la prise en charge du périnée, c'est de comprendre ces hypertonies qui sont liées à la douleur aiguë. Pas que à la douleur aiguë, aussi au traumatisme. Parce que mine de rien, une naissance, même quand elle se passe vraiment bien, reste un traumatisme pour le corps et pour les tissus. Et les tissus doivent se réadapter finalement à la vie de femme, dans laquelle nous nous plongent directement dans notre société après la naissance, alors qu'il faut un un temps d'adaptation. De la rééducation pure, de créer une hypertonie musculaire, je suis passée à plutôt comprendre pourquoi on avait des hypertonies et essayer de réduire ces hypertonies pour que le périnée soit vraiment un trampoline en mouvement. Et là, je me suis formée dans le vaginisme. Du vaginisme, je me suis formée évidemment dans d'autres douleurs, puisque quand on commence à comprendre les douleurs du périnée, on va sur toutes les douleurs vulvaires. On va sur les douleurs vaginales, on se forme sur les dyspareunies. Et petit à petit, j'ai fait mon chemin sur toutes les formations de douleurs de la femme. Que ce soit de la dysménorrhée à la douleur d'une sensation de pesanteur de la femme ménopausée. Donc aujourd'hui, je me suis vraiment spécialisée, orientée, spécialisée, on ne devrait pas le dire, parce qu'on n'a pas un métier où on est censé se spécialiser, mais orientée dans les douleurs de la femme. Mais à la base, c'est partie de la rééducation et de la compréhension qu'on n'était pas toujours juste dans ce qu'on faisait. en rééducation du périnée. En fait, ce que j'aime, c'est réfléchir à comment est cette femme dans son corps et pouvoir l'aider par tout ce qu'elle pratique dans sa journée. Donner un exercice de soir, c'est comme donner des devoirs à un enfant. S'il y a bien quelque chose que je n'aime pas faire, c'est dire à une femme, vous allez faire tel et tel exercice tous les soirs ou tous les jours. Parce que la femme, elle va les faire pendant un temps, le temps peut-être de la prise en charge de la rééducation, et elle va s'arrêter derrière. Et du coup, on n'est pas pérène. dans ce qu'on lui propose de faire. Parce qu'une femme qui est par exemple en hypotonie, on va lui faire contracter son muscle. Elle va retrouver un muscle efficace. Peut-être, peut-être pas. Mais elle risque de retrouver un muscle efficace. En tout cas, si elle a l'âge de le retrouver, elle le retrouvera. Après, ça se complique quand les hormones se déséquilibrent. Mais ce muscle, elle va retrouver efficace si ça se trouve par sa posture. Elle va faire des pressions sur son périnée et elle va de nouveau affaiblir son muscle. Donc, c'est peut-être des femmes qu'on va revoir sans qu'elles aient accouché pour autant, qu'on va revoir quelques années plus tard avec la même symptomatologie. Par exemple, cette femme, elle vous dit je suis assise à mon bureau toute la journée, je suis devant un ordinateur Ok, ce n'est pas grave. On va utiliser la position assise pour rééduquer le périnée. On va utiliser votre… tant journalier, c'est-à-dire que je prends l'exemple d'une sage-femme, tout simplement, dans nos métiers, comment est-ce qu'on se réduit que le périnée Mais finalement, on a des créneaux entre chaque patiente, on a des fois une minute pour réfléchir à sa posture, une minute pour se dire, est-ce que je suis en train d'être mal positionnée et je pousse sur mon périnée, ou finalement, est-ce que j'ai la belle posture pour éviter l'épression thoraco-abdominale et laisser mon périnée respirer, parce que c'est vraiment ça. Je crois qu'il faut laisser les périnées respirer plus qu'autre chose, plus que de les travailler, il faut leur redonner du mouvement, mais... par notre vie de tous les jours, par le fait de marcher, même en étant assise, on peut donner du mouvement au périnée. Et peut-être que rééduquer un périnée, c'est peut-être pas du tout parler de périnée, mais c'est peut-être parler tout simplement des stress qui vont faire que le diaphragme respiratoire va se bloquer et va pousser sur ce périnée. Et en faisant sauter ces stress, en faisant sauter ces traumas, finalement, on arrive à rééduquer le périnée sans le faire contracter. Je trouve que les protocoles sont vraiment réduits et réduisent la femme à un muscle déjà, puisqu'il y a plusieurs muscles dans le vérinée, on est d'accord, mais réduisent la femme à un organe. Et je crois que si c'est bien notre métier que j'aime, c'est pour ça. La sage-femme voit la globalité de la femme. Dans mon organisation au quotidien, je me retrouve avec différents types de consultations, mais principalement des consultations de douleurs aujourd'hui. Les patientes viennent me voir dès l'adolescence, enfin c'est plutôt les mamans qui ramènent leur fille la plupart du temps, pour des dysménorrhées. Puis on va voir les jeunes femmes qui viennent pour des douleurs au rapport. La dyspareunie, ça peut provenir d'une sécheresse simplement, qui peut être simplement liée à l'équilibre hormonal de cette patiente, mais qui peut être très bien liée à une pilule qu'on lui a mis en place. Elle a... un profil qui ne correspond pas à la pilule qu'on lui a mis en place et elle se retrouve avec des fissures au moment d'un rapport à cause d'une sécheresse qui est liée finalement à cette pilule. Donc ça c'est quand même des choses que je vois souvent. Il y a des diagnostics à faire évidemment. Est-ce qu'il y a un vaginisme Est-ce qu'il y a éventuellement une vulvodynie Tout ça, ça fait partie des consultations de la douleur et des types de douleurs que je prends en charge au cabinet. Après on va avoir tout ce qui est douleurs pelviennes, les douleurs d'endométriose, les douleurs d'SOPK, plutôt les douleurs chroniques. que je prends en charge, moi, les douleurs aiguës. Et dans ces douleurs-là, j'accompagne les femmes avec plusieurs méthodes. Toutes les femmes ont une endométriose qui va être différente. Donc ça devient intéressant pour moi, parce que quelque part, j'ai besoin de cette recherche. Il m'arrive de faire des formations rien que pour une patiente, parce que je me dis, là, je n'ai pas encore tout. Il y a quelque chose que je n'arrive pas à comprendre qu'elle m'exprime, donc il va falloir que j'aille chercher. Finalement, je crois qu'une sage femme, dans la douleur, on est vraiment bien formée. On est formée pour les douleurs d'un moment de nos vies de femme, qui est sûrement la douleur la plus importante, c'est l'accouchement. On est formée pour cette douleur. Et certes, c'est une douleur qui est plus aiguë, mais on a toutes les formations pour prendre en charge les patientes qui ont des douleurs chroniques. Et quand on fait un peu de rééducation du périnée, et qu'on se retrouve face à une femme qui a de l'endométriose, et qui a peut-être une hyperactivité vésicale, on va pouvoir la prendre en charge, cette hyperactivité vésicale. Donc ce que je trouve intéressant dans l'endométriose, c'est qu'on va pouvoir prendre en charge plusieurs aspects de notre profession, que ce soit par exemple des problèmes de diarrhée-constipation, que ce soit des problèmes de dysménorrhée, que ce soit des problèmes plus complexes dans le syndrome douloureux avec des vulvodynies. On a toutes les techniques, on est capable de prendre en charge ces femmes qui ont beaucoup de symptômes différents, qui sont liés à l'endométriose. Quelque part, pour moi, c'est vraiment un plaisir de les écouter. douter leurs symptômes et de dire Ok, aujourd'hui, c'est quoi le plus important Aujourd'hui, ma douleur la plus importante ou celle que j'aimerais régler aujourd'hui, c'est peut-être la vulvodynie. Ok, on part sur le traitement de la vulvodynie. Prochaine consultation, Comment ça va aujourd'hui Quelle est votre problématique du jour Ah ben là, ma vessie, ça n'arrête plus, je ne tiens plus. Est-ce qu'on peut parler de la vessie aujourd'hui Oui, on va parler de la vessie aujourd'hui. Comme ça, je m'adapte et c'est pour ça que je crois que je ne m'ennuie pas. Chaque consultation va... Aider la patiente va lui permettre de monter une marche de plus pour arriver vraiment à se prendre en charge toute seule. Si vous donnez la possibilité aux femmes de comprendre ce qui leur arrive, elles arriveront à se prendre en charge. Et du coup, on va réduire le nombre de consultations de douleurs. Parce qu'elles seront A. Je sais que dans l'hormétriose, par exemple, la vessie peut éventuellement un jour devenir hyperactive par l'hypersensibilité pelvienne. On sait qu'on peut avoir des choses qui vont évoluer dans l'hormétriose. Moi, j'ai tendance à leur expliquer la maladie. Et tout. les symptômes qui peuvent arriver dans cette maladie pour qu'elle sache que ah non, ce n'est pas un nouveau truc qui m'arrive, ça fait partie de l'endométriose. Et je sais, je l'ai déjà entendu, on me l'a expliqué, je sais en plus ce qu'il faut faire. Donc j'ai tendance vraiment à mettre même la charrue avant les bœufs et me dire, il vaut mieux qu'elle ait toute l'information que juste le problème qu'elle a du jour. Je veux pouvoir lui expliquer toute la symptomatologie possible de l'endométriose qu'elle puisse faire face aux problèmes éventuels de demain. Et elles sont très intéressées les femmes. Elles me disent Ah mais donc mes ballonnements, moi je pensais que c'était du digestif, je voyais le gastro, en fait ça fait partie de l'endométriose Je fais Oui, potentiellement Il faut évidemment vérifier s'il n'y a pas d'autres pathologies en plus, mais je leur explique vraiment l'hypersensibilité centrale, comment ça marche la douleur, qu'est-ce que crée une douleur aiguë, qu'est-ce que crée une douleur chronique, qu'est-ce que crée une douleur chronique qui est dépassée, finalement notre cerveau est dépassé, ne sait plus comment gérer. Et on va se retrouver avec des femmes qui vont avoir des bassins bloqués parce que justement... elles ont de l'hypersensibilité pelvienne et elles vont créer de l'hypertonie musculaire. Et cette hypertonie va engendrer pas mal de symptômes différents. Après, je vais avoir des femmes, surtout en postpartum, avec des douleurs qui sont plutôt cicatricielles. Je vais prendre en charge les douleurs cicatricielles du postpartum. Je vais me retrouver aussi avec des douleurs postchirurgicales, avec des patientes qui ont opéré soit de l'endométriose, on en parlait à l'instant, mais ça peut être aussi des patientes qui sont opérées pour des prolapsus ou qui ont des bandelettes et où ça se passe mal. Parce que finalement, on ne voit pas toujours le retour de ces femmes-là. Et ces femmes-là se retrouvent dans la nature en consultation dans deux mois. Voilà, il n'y a rien, il ne se passe rien. Et je trouve que c'est vraiment important de pouvoir suivre ces femmes. Donc ça fait partie de mes consultations. C'est du post-op, gynéco. Essayer de savoir s'il y a de la douleur et si on a à la prendre en charge. Et si tout va bien, tant mieux. Discuter éventuellement de comment ça s'est passé. Quelle est la suite des femmes à qui on enlève l'utérus Elles se retrouvent, elles me disent mais s'il y a un vide, qu'est-ce qui s'est passé à la place Et je trouve que leur expliquer, leur faire des schémas, c'est les faire participer à la suite de leur vie. Comment est-ce que je gère ma vie maintenant sans mon utérus Est-ce que ça va changer quelque chose pour moi Et quoi Et je trouve que c'est une partie de notre métier qui a vraiment de l'importance. Dans des autres consultations, étant donné que je fais quand même pas mal de rééducation du périnée complexe, je me retrouve avec des femmes qui viennent pour des pesanteurs pelviennes, donc pour des diagnostics de prolapsus. Là, je prends en charge aussi ces patientes-là parce qu'elles sont très peu écoutées. Toutes les sages-femmes pourront le dire, on se retrouve avec des patientes à qui on a prescrit des pécères et qui ne savent pas quoi en faire. Il n'y a aucun suivi et je pense qu'on a un rôle en tant que sage-femme d'aider ces femmes-là. Une femme qui a aujourd'hui 60 ans n'est pas du tout habituée à mettre les doigts dans son vagin comme une femme de 20 ans. Aujourd'hui, ça devient de moins en moins tabou, alors que les femmes de 60, 70, 80 ans, c'est quelque chose de très tabou. Et leur proposer de mettre un pécère, c'est très très complexe. Dans les consultations que j'ai aussi, je vais prendre en charge les femmes au moment de la ménopause, la pré-ménopause et la dé-ménopause, dans les déséquilibres hormonaux. Au départ, quand j'ai commencé, je ne m'attendais pas du tout à avoir autant de plaintes des patientes. Ah, j'ai des bouffées de chaleur, mais on sait qu'on ne peut rien y faire. Ah ben là, j'ai de nouveau tel et tel symptôme, mais mon gynéco m'a dit, ben c'est normal, c'est la ménopause. Alors ça, c'est le genre de truc qui m'horripile quelque part, parce que tout doucement, moi j'y suis dans cette phase de ma vie, et je me rends compte que c'est compliqué. Du jour au lendemain, on se retrouve avec une vulve qu'on n'aime plus, qui gratte, qui n'est pas agréable, on n'est pas bien dans son corps. Et pour moi, c'est de la douleur. C'est une forme de douleur. Je trouve qu'on doit la prendre en charge. Alors, on est évidemment de plus en plus nombreuses à proposer des consultations dans le suivi gynéco de la ménopause, même si on ne peut pas tout prescrire malheureusement encore aujourd'hui, et j'espère que ça, ça va changer. Et je crois que l'écoute, c'est ce qu'il y a sûrement de plus important. de la plainte. Il ne faut jamais la laisser passer. Donc, les prendre en charge par les moyens qu'on a, c'est-à-dire, au départ, on va commencer par nos techniques de médecine traditionnelle. On se rend vite compte qu'on a des limites et je crois qu'il faut savoir aller dans d'autres choses. Il faut pouvoir leur proposer d'autres choses. Et là, la phyto est quelque chose de très intéressant. La médecine fonctionnelle, à cette période de la vie, pour moi, elle est indispensable. Parce qu'elle nous permet de prendre en charge de nouveau la femme dans sa globalité. Et on se retrouve avec des... des patientes qui sont soulagées, de petits maux, mais c'est des petits maux qui créent des retranchements des femmes. Elles se retrouvent seules face à ces problèmes de la périménopause, de la ménopause. Et elles ne savent pas. Elles n'ont aucune connaissance de ce qui se passe derrière. Et je trouve qu'on devrait plus faire de la prévention sur cette partie-là de la vie. Comment est-ce que je m'organise La majeure partie des consultations dure en moyenne une demi-heure. Il m'arrive d'avoir du retard, des fois beaucoup de retard, parce que quand on commence à toucher certains points à l'intérieur du vagin, on se retrouve avec des choses qui remontent. Ça, c'est des consultations qui passent d'une demi-heure à une heure. Tant pis, c'est comme ça. Je crois qu'on vit toutes ce genre de consultations et je crois qu'il faut respecter. Mais la majeure partie de mes consultations durent une demi-heure. J'ai un planning sur la semaine qui varie entre quatre jours de travail et quatre jours et demi. Je crois que je suis arrivée à mener quelque chose de bien entre ma vie de famille et ma vie professionnelle, dans le sens où j'ai deux enfants qui sont partis, donc je n'ai plus qu'un enfant à la maison actuellement. C'est beaucoup plus simple et je comprends. énormément les sages-femmes qui se retrouvent avec des enfants en bas âge ou des enfants en âge de demande maternelle. C'est très compliqué parce qu'une sage-femme, elle se donne à fond pour ses patientes. Donc j'essaye de ne pas m'oublier en respectant certains temps familiaux. J'ai quand même quelques consultations d'urgence, puisque j'ai des patientes qui viennent en postpartum immédiat pour des cicatrices douloureuses. Il m'arrive de travailler un peu plus, c'est vrai. Tout doucement, je suis obligée de dire non. Et ça, c'est la chose la plus... le plus difficile auquel je fais face, c'est de devoir dire non à une patiente parce que je n'ai plus de consultation possible. J'espère qu'on va être de plus en plus nombreuses, en tant que sage-femme, à prendre les femmes en charge sur ces douleurs, pour que justement, on puisse répondre à l'attente. Aujourd'hui, je me sens un peu seule, je sais qu'on commence à être plus nombreuses, mais j'ai beaucoup de demandes et j'ai des plannings avec des attentes minimum de trois mois pour une prise en charge, c'est-à-dire que les patientes qui viennent aujourd'hui pour une première consultation, j'arrive à les prendre à peu près en charge dans trois mois. J'interviens régulièrement dans l'optique, je dirais, d'informer les sages-femmes de cette partie de notre métier. Et je trouve qu'actuellement, en discutant avec certaines d'entre elles, il y a quand même quelque chose qui ressort, c'est cette orientation. Tout doucement, les sages-femmes s'orientent, parce qu'elles font ce qu'elles aiment, on fait bien ce qu'on aime faire, et ça, elles le constatent, et on fait moins bien ce qu'on n'aime pas faire, ça je l'ai constaté tout de suite. J'ai fait quelques interventions déjà. pour les prises en charge de l'endométriose, par exemple. J'étais intervenue au congrès des sages-femmes libérales de Troyes il y a deux ans pour tout ce qui est prise en charge de l'endométriose par la radiofréquence, ce que j'utilise au cabinet. Je suis intervenue aussi à une assemblée générale de l'Ordre pour parler des prises en charge de la douleur de la femme. C'est un message que j'aimerais faire passer, clairement, parce qu'on n'est pas assez nombreuses à prendre en charge les douleurs. Et on est formaté en tant que sages-femmes. On nous met dans un moule, de toute façon, dès les études. Alors, il y a des choses où je suis tout à fait d'accord. Il ne faut pas tellement sortir du moule. On est d'accord, il y a une base de notre métier, il y a des lois qui nous encadrent. Mais je crois que la douleur de la femme correspond au métier de sage-femme. La sage-femme, c'est quand même la maîtrise et la connaissance, finalement, du corps de la femme. Et connaître le corps de la femme, c'est entendre toutes ses plaintes. Et elles ont plein de plaintes, les femmes. Il faut juste les écouter. Alors, se prendre le temps de les écouter, je crois que les sages-femmes le font. C'est surtout de prendre le temps de répondre à leurs problématiques. J'espère que d'autres sages-femmes vont aller dans cette optique de prendre la femme de façon globale en charge. Et pas que parce qu'il faut faire un frottis, parce qu'il faut la vacciner. Il y a bien d'autres plaintes chez les femmes. On peut leur redonner une qualité de vie juste en les écoutant et en essayant de les aider sur des petites choses très simples. Des fois, c'est vraiment des toutes petites gênes, mais qui créent quelque chose de plus important derrière. Dans leur vie de couple, par exemple. Une femme qui a des disparus-nits, on ne peut pas la laisser avec des disparus-nits. J'ai comme ça un exemple d'une patiente, je regarde encore aujourd'hui le sourire parce que c'était exceptionnel. C'est une patiente qui est arrivée au cabinet sur une consulte pour douleurs vulvaires et vaginales. Elle avait 80 ans. Elle vient me voir, elle me dit voilà, ça fait 40 ans que je n'ai plus de rapport sexuel. Mon mari est décédé très tôt. Je n'ai rencontré personne. Et là, je viens de rencontrer un jeune homme de 60 ans. Donc déjà, j'avais le sourire. Et le problème, c'est que... que nous n'arrivons plus à faire l'amour. Donc cette patiente, elle était venue dans l'espoir d'avoir de nouveau un rapport sexuel à 80 ans. Je crois que ça, elle m'a fait ma journée, elle m'a fait mon année, et j'en parle encore, parce que j'ai trouvé ça splendide, splendide pour nous, pour moi, en me disant, waouh, donc il y a encore des choses, plus tard, quel bonheur, splendide pour sa démarche. Ce n'était pas une démarche pour lui, c'était une démarche pour elle. Et prendre en charge cette femme, ça a été... exceptionnelle, je crois qu'elle m'en a appris beaucoup. Je pense qu'on apprend énormément des femmes et ça c'est magnifique. Chaque femme me fait progresser en tant que femme moi-même et en tant que sage-femme. Et cette femme, elle s'est donnée les moyens d'arriver à avoir une relation sexuelle. Et elle est revenue au cabinet, évidemment, pour tout me raconter. Et ça, j'avais l'impression, je ne sais pas, de faire partie de sa vie, mais qui je suis pour avoir le droit d'entendre des choses comme ça C'était vraiment fantastique. Quand on arrive à enlever une douleur à une femme, quand elle arrive à avoir un rapport sans avoir de douleur, même les femmes ménopausées, quand elles arrivent à retrouver un peu de lubrification, qu'elles soient entendues, c'est normal. Tous ces problèmes de déséquilibre hormono, c'est quelque chose qui fait partie de notre vie. Et il faut le dire, ce n'est pas de la pathologie du tout, mais par contre... Ça freine beaucoup de choses. Ces patientes qui viennent me voir en disant mon vagin est trop sec, ça me fait mal, donc la libido baisse, etc. Je crois qu'on leur change la vie si on arrive à changer ça. Parce qu'elles reprennent confiance en elles et du coup, elles reprennent le pouvoir dans leur couple, pas de dire monsieur a envie, je ne peux pas lui dire non mais de dire moi j'ai envie Et ça, c'est magique.

  • Speaker #1

    C'était le troisième épisode du podcast La Voix des Sages-Femmes, et je remercie Stéphanie pour sa prise de parole aussi sensible que captivante. Son témoignage nous montre qu'il est possible de se réinventer à chaque étape de son parcours en écoutant ses aspirations profondes et en les alignant avec sa pratique. Cette démarche sincère, couplée à une formation rigoureuse et continue, permet d'entendre... toutes les demandes et les besoins de chaque femme et d'y apporter des réponses adaptées pour améliorer considérablement leur bien-être, sans négligence. Un message précieux qui résonne bien au-delà de la profession. A très bientôt pour un nouvel épisode.

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Description

Dans ce troisième épisode du podcast La voie des sages-femmes, Stéphanie nous raconte comment elle a renoué avec son métier de sage-femme après une pause de plusieurs années pour élever ses enfants.


En écoutant ses aspirations profondes, Stéphanie fait le choix d’orienter sa pratique vers un domaine qui lui tient particulièrement à cœur : la rééducation périnéale et la prise en charge des douleurs pelviennes et vulvo-vaginales.


Elle partage avec nous son cheminement personnel et professionnel, en soulignant l'importance de l’écoute de soi, de la formation continue et de la détermination pour aborder toutes les douleurs des femmes, souvent sous-estimées.


Son témoignage fourmille d’anecdotes tendres et courageuses : les cahiers d’accouchement de la grand-mère de son mari, sa confrontation à la fragilité et la mort lors d’une journée d’initiation aux urgences, l'accompagnement d'une femme de 80 ans vers une sexualité épanouie ...


🎧 Un récit qui donne envie de laisser toujours plus de place à l’écoute et l’empathie.


Produit par Alice de Maieuticapp


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    J'avais oublié en fait ce que c'était classe H-Fa, mais elle me l'a rappelé. Je me suis dit mince, je suis où là Qu'est-ce que j'ai fait de ma vie Et je me suis vraiment lancée du coup à me dire, allez je ferme toutes les autres consultations et je fais de la rééduc. J'étais passionnée de ce que je faisais. Et quand on est passionné de quelque chose, on se lève autrement le matin. Je me rendais compte que j'aimais ce qui était compliqué. Finalement, on arrive à rééduquer le père aîné sans le faire contracter. L'écoute de la plainte, il ne faut jamais la laisser passer. Et prendre en charge cette femme, ça a été exceptionnel. Je crois qu'on leur change la vie si on arrive à changer ça.

  • Speaker #1

    Je rencontre Stéphanie, sage-femme à Strasbourg, alors que nous sommes en plein congrès national de la sage-femme libérale à Troyes,

  • Speaker #0

    en novembre 2024.

  • Speaker #1

    Sur place, au sein d'une petite salle, loin de l'effervescence des conférences, nous recueillons son témoignage. Après plusieurs années d'interruption de son activité pour se consacrer à sa famille, Stéphanie fait le choix de revenir à sa pratique, en l'orientant autour de la rééducation périnéale et de la prise en charge de la douleur. Comment redéfinir sa pratique pour l'aligner avec ses nouvelles aspirations après une longue pause Quelle approche adopter pour répondre au mieux aux besoins des femmes qui souffrent de douleurs vulvovaginales et pelviennes Ces questions, Stéphanie s'y est confrontée tout au long de son parcours. Depuis son premier désir de devenir sage-femme jusqu'à la gestion de son cabinet aujourd'hui, elle nous dévoile son cheminement avec sincérité, l'évolution de sa perception de la douleur et l'importance d'une approche sur mesure qui place l'écoute au cœur de l'accompagnement.

  • Speaker #0

    Donc je m'appelle Stéphanie Ursa, je suis sage-femme libérale sur Strasbourg. J'ai orienté mon cabinet dans les prises en charge des douleurs de la femme, quel que soit l'âge de la vie et quelle que soit la douleur, qu'elle soit aiguë, chronique, toute la douleur de l'adolescente finalement à la femme ménopausée. Ce qui m'a donné envie d'être sage-femme, c'est vraiment le désir d'être mère avant tout. J'avais besoin, je sais que c'est un peu bizarre, mais j'avais besoin finalement de tout savoir sur la maternité avant. de moi-même y être confrontée. Et je me souviens du premier jour où on est rentré à l'école de sage-femme. La directrice, à l'époque, nous demandait à toutes quelles étaient les raisons pour lesquelles on voulait faire ce métier. Et moi, je lui avais dit pour moi Elle m'avait fait des grands yeux. C'était assez marrant, parce que finalement, elle ne s'attendait pas et elle n'avait jamais eu ce genre de réponse de quelqu'un qui venait faire sage-femme pour soi-même, finalement. Je souhaitais vraiment être mère et avoir la connaissance de mon corps. Être capable, je pense, de... Tout maîtriser, vraiment, c'était une maîtrise que je cherchais. C'était la maîtrise de l'accouchement. J'avais envie de bien accoucher, j'avais envie d'une belle grossesse. Et c'était vraiment les raisons pour lesquelles j'ai voulu faire ce métier à la base. Alors, il n'y a pas que ça, évidemment. Il y a eu un parcours après le bac qui n'était pas directement sur l'école de sages-femmes. Je suis passée par deux années de médecine, je suis passée par une année de prépa. Je me suis cherchée un moment pour savoir ce que je voulais. Mais c'est ces années qui m'ont permis de rencontrer mon mari. Et du coup, le désir d'être mère est arrivé vraiment avec cette rencontre très, très tôt. Et sa grand-mère, mon compagnon de l'époque qui est devenu mon mari, sa grand-mère était sage-femme. Et le jour où j'ai rencontré sa grand-mère, ça a été une révélation. Une révélation pourquoi Parce qu'elle a été sage-femme dans les années de guerre. Et elle a fait ce métier à vélo, avec une petite mallette, ce qu'elle m'a offert d'ailleurs. Une petite mallette dans laquelle il y a... toute sa vie de sage-femme. Et qu'est-ce qu'il y avait dans cette mallette Il y avait des instruments, évidemment, puisqu'elle faisait vraiment des accouchements à domicile, sous les couvre-feu. Donc, elle a raconté des histoires extraordinaires de départ à vélo, d'urgence. Et dans cette petite mallette, il reste encore des ampoules de cytocine, il y avait des ampoules d'adrénaline qui sont bien sûr périmées depuis les années 40, entre guillemets. Mais c'était assez exceptionnel. Elle avait un petit cahier de cours, parce que ces cours, finalement, c'était 3-6 mois à l'époque. Après, elle avait un autre petit cahier où elle notait tous ses accouchements. Donc, elle en a fait à peu près 700, je n'ai plus le nombre exact en tête. Chaque feuille, c'était un accouchement. Et elle expliquait exactement ce qui s'était passé. Il y avait un partogramme avec ce qu'elle a dû mettre en médicaments s'il fallait, comment était le bébé à la naissance, les abgards. Et je crois que c'est ce qui m'a vraiment décidée. C'est-à-dire que j'avais ce souhait d'être mère de la connaissance et j'avais en plus des histoires formidables de cette femme qui m'ont fait rêver. Quand je me suis lancée dans le métier de sage-femme, on devait faire avant la rentrée des classes une journée à la maternité, pour voir un peu l'environnement de la salle de naissance. Et malheureusement, ce jour-là, je me suis retrouvée face à une urgence, une dame qui avait rompu son utérus. Donc je me suis retrouvée en tant que... Très jeune fille, fatale à mort. Je ne m'attendais pas à ça du tout. J'étais encore dans un rêve un peu rose, un peu bleu, comme on pourrait dire. Et je me suis retrouvée face au désespoir de l'équipe, face au désespoir de cette maman et à un sauvetage maternel, clairement. Ça ne m'a pas traumatisée, mais je pense que ça m'a ouvert beaucoup de choses sur ce que je suis aujourd'hui. Ce premier contact avec la naissance, ça m'a donné la possibilité d'écouter les femmes dans le silence. Parce que cette femme, elle s'est mise dans un silence. Et pour autant, j'avais l'impression qu'on discutait ensemble. J'ai gardé contact avec cette femme et aujourd'hui, j'ai toujours contact avec cette femme. Donc, c'est assez exceptionnel ce qui s'est passé ce jour-là. Mais j'ai appris la douceur, je crois, ce jour-là. J'ai appris l'empathie, j'ai appris la fragilité, la sensibilité. Je pense que ça a fait beaucoup de choses dans la suite de tout ce que j'ai mis en place, moi, au cabinet aujourd'hui et de tout ce qui a fait ma vie. Cette femme a changé ma vie, clairement. À l'école de Sage-Femmes, à l'époque en tout cas, on nous apprenait à créer un mur avec les patientes. On nous apprenait à ne pas ressentir ce qu'elles ressentaient. On nous apprenait à être face à de l'urgence, à être rapide dans l'urgence, à être bonne dans l'urgence. Et je crois qu'on a oublié de nous dire qu'il fallait écouter les patientes, il fallait aussi être capable de se mettre à leur place et de voir ce qu'elles vivaient. Donc les études de Sage-Femmes, c'est vraiment quelque chose... où on cherche à nous mettre dans un moule, on cherche à nous endurcir. Et je crois que je n'ai pas réussi à m'endurcir, et heureusement. Parce que grâce à ça, je suis devenue ce que je suis aujourd'hui. J'étais enceinte à l'école de Sages-Femmes, je n'ai pas pu attendre, évidemment. J'ai accouché juste après la fin des études, vraiment deux mois après le dernier examen. Et j'ai voulu profiter de mes enfants, de ma première fille. Je n'ai pas voulu travailler tout de suite. Je suis restée à la maison, finalement, pour élever cet enfant pendant la première année de vie. Et après, la vie a fait que je suis allée travailler quand même un peu. Je dis un peu pourquoi Parce que j'ai fait un petit peu de maternité pendant cinq ans, le temps d'avoir ma deuxième fille. J'ai travaillé dans une maternité de Strasbourg. J'ai fait donc cinq années où je n'étais jamais très à l'aise en salle d'accouchement, où je n'arrivais pas à trouver ma place. Donc, j'ai bien vu que ce n'était pas fait pour moi. Quand j'ai eu ma deuxième fille, je me suis décidée de m'arrêter. Et là, j'ai profité de quelques années à la maison. pour élever mes deux premières filles, puis une troisième qui est arrivée. Quand ma grande a quitté Mni, je me suis dit mince, je suis où là Qu'est-ce que j'ai fait de ma vie J'avais un métier que j'aimais beaucoup, je l'ai oublié quelque part. J'ai tout consacré à mes trois filles et moi, je ne sais plus où je suis. Et c'est là où j'ai commencé à réfléchir, à retourner dans ce métier, à reconstruire quelque chose de nouveau. Et je me suis intéressée principalement au Périnée, parce que moi j'avais eu... beaucoup de soucis de périnée suite à mes grossesses et mes accouchements. Et c'est la première chose sur laquelle, déjà à l'époque, je trouvais qu'il n'y avait pas assez. Ça commençait à être quelque chose d'important de faire de la rééducation du périnée, mais on parlait peu, c'était encore très tabou. Tous les problèmes, même encore aujourd'hui, tous les problèmes de fuite urinaire restent des problèmes tabous. Et je me suis retrouvée finalement dans un passage de ma vie où je me suis dit, reprendre entièrement mes études, c'est très long. Ça faisait plus de dix ans. que j'étais restée à la maison. Le métier avait changé, la gynéco. J'avais eu des cours de gynécologie, mais ce n'était pas la gynéco qu'on fait en libéral aujourd'hui. Donc, je me suis reformée. Je me suis reformée à tout, mais avec quand même dans l'esprit que ce périnée était quelque chose où il fallait faire quelque chose. Pendant toutes les années où j'ai été à la maison, j'ai quand même suivi un peu tout ce qui se passait et j'ai fait des formations de pilates, de yoga. J'ai fait toutes les formations de gasquet qui étaient sur le sport. J'ai retrouvé d'ailleurs une sage-femme dans une des formations de Gascay et ça m'a titillée. Cette sage-femme m'a reconquérie en fait, en tant que femme, m'a parlé de ce qu'elle faisait, m'a expliqué pourquoi elle faisait cette formation de Gascay sur les préventions du sport sur le périnée. Ça m'a reconnectée à ce métier, ça m'a reconnectée à l'idée d'être quelqu'un aussi, parce que j'étais mère au foyer et être mère au foyer, c'est quelque chose qui n'est pas du tout d'actualité. C'est même plutôt... assez péjoratif. J'avais oublié en fait ce que c'était que la sage-femme et elle me l'a rappelé. Je pense que ça a été la première chose qui m'a fait revenir avant ma fille. Enfin, c'est un cheminement, de toute façon. Toutes ces choses-là sont un cheminement. Et là, je me suis installée. Alors, je me suis vite reformée, reformée à tout. tout, ça c'était très délicat, mais avec une idée très précise. Et je m'étais aussi dit la chose suivante, je viens, je reviens après tellement d'années, je vais peut-être être mal vu par mes collègues de revenir et tout d'un coup de m'installer en libérale du jour au lendemain, sans avoir rien fait depuis longtemps. Je me suis dit, mais alors je vais me spécialiser sur quelque chose qu'elles font moins, peut-être moins, qui est moins leur centre d'intérêt. Pour ne pas les gêner non plus, en tant que nouvelles installées, on sait Comment ça se passe en général quand on a une collègue qui vient s'installer jusqu'à côté de chez nous Et je ne voulais pas venir comme ça. Je voulais revenir plutôt pour soulager mes collègues de certaines prises en charge plus complexes. Donc là, je me suis lancée dans toutes les formations de rééducation que je pouvais trouver. Il y a de très belles formations de rééducation en France. Aujourd'hui, on commence vraiment à parler de posture, on commence à parler de mouvement, on arrête de se focaliser sur le périnée. On prenait la femme de façon globale en charge et c'est ce qui m'intéressait. Et du coup, je me suis formée en rééducation. J'ai commencé, j'ai ouvert le cabinet. J'avais rencontré une sage femme pendant mes formations qui me disait Si tu te spécialises, tu n'arriveras à rien. Ce n'est pas possible. Il faut que tu fasses de tout parce que tu n'auras pas de patientes. Parce que les patientes en rééducation, elles ne viennent chez toi que parce que tu les as suivies pendant la grossesse ou que tu as fait les cours de préparation à naissance. Cette rencontre a été un petit peu un frein pour moi parce que j'avais une idée précise et je me suis dit Bon, elle a plus de bagages que moi. elle l'est, sage femme libérale, je vais la croire. Et je me suis dit, bon, je vais commencer à faire un peu de préparation à naissance, un peu de postpartum. Et du coup, mon dada, qui était la rééducation, ça a duré six mois. Ce n'était pas mon truc. Ce n'était pas moi. Je perdais du temps. Je n'avais pas envie. J'avais envie que ça se passe vite au niveau des consultations. Ça ne collait pas. Je l'ai vite ressenti. Je me suis arrêtée. Et du coup, je me suis vraiment dit, ce n'est pas grave si je n'ai pas trop de monde au départ, mais c'est de la rééducation et c'est de la prévention pérenniale que je veux faire. Et je me suis vraiment lancée du coup à me dire, allez, je ferme toutes les autres consultations et je fais de la rééduc. Mais en fait, ça a très vite pris. Mais je sais pourquoi aussi. Je pense que j'étais passionnée de ce que je faisais. Et quand on est passionné de quelque chose, on se lève autrement le matin. J'ai créé il y a cinq ans. Quand un groupe sur Facebook qui s'appelle Installation Sage-Femme Libérale, c'est un groupe refuge pour beaucoup de sages-femmes. Parce que finalement, ça ne parle pas que de l'installation Sage-Femme Libérale, ça parle des prises en charge de nos patientes, ça parle de matériel, ça va parler d'évolution de nos cabinets, ça va parler vraiment de problématiques spécifiques. Des sages-femmes qui ont des cas plus compliqués et qui ont besoin d'être assurées dans leur prise en charge. Comme moi, par exemple, j'ai beaucoup aimé ce groupe au départ. en tout cas parce que ça m'a permis de me dire c'est bon ce que je fais c'est juste je me suis beaucoup aidé de ce groupe quand je me suis installée et aujourd'hui c'est un groupe qui tourne quasiment tout seul et on retrouve notre métier dans ce groupe parce qu'en fait une sage femme c'est aider les femmes mais entre nous il ya de l'aide et ce groupe il est vraiment agréable d'ailleurs je remercie toutes les sages femmes qui en font partie parce qu'il marche grâce à vous Je vais toujours détester les protocoles. Et dans chaque formation, on nous donne des protocoles. Et ça, c'est un truc que je ne supporte pas. Je me suis rendue compte que chaque problématique avait une autre solution. Et que des fois, la même problématique chez des femmes avait une autre solution. Je ne voulais pas apporter de protocoles, je voulais essayer d'être le plus individualisé possible et d'écouter la femme dans ses plaintes et d'essayer de résoudre avec son corps la plainte et pas avec une méthode. J'ai essayé de faire un mixte de toutes les formations que j'avais faites pour trouver ce qui allait aller à cette patiente-là. Donc ce qui est chouette aujourd'hui, c'est qu'aucune consultation de rééducation n'est la même chez moi. Et quand elle vient, la patiente, dans le cabinet, je ne sais pas encore ce que je vais faire. C'est en fonction de ce qu'elle va me dire au moment où elle va me l'exprimer que je vais aller dans un coin ou dans un autre et que je vais lui proposer en fonction des choses. Et je trouvais ça intéressant, j'ai eu des bons retours des patientes parce que... qu'il n'y avait justement pas quelque chose qui était protocolarisé. Et je les écoutais, je pense aussi, plus, du coup, plutôt que de faire exercice 1, telle et telle séance, exercice 3, telle et telle séance. C'est vraiment des trucs qui, moi, ne me correspondent pas. Au bout de six mois, je ne faisais plus que de la rééducation au cabinet et je me rendais compte que j'aimais ce qui était compliqué. Quand vraiment, les patientes arrivent avec des fois 70 séances de rééducation avant, et toujours le problème. Ça, j'aimais. J'essaye en tout cas de regarder la femme, la façon dont elle marche, la façon dont elle se positionne. On parle beaucoup de pression thoraco-abdominale aujourd'hui sur des périnées. On se rend compte que finalement, c'est la pression thoraco-abdynale qui rend fragile un périnée. Et donc, je travaille beaucoup sur la posture par rapport à cette pression thoraco-abdynale. Et une femme qui se tiendra un peu tassée, des fois, il suffit de la redresser et de lui expliquer qu'il faut se tenir droite, tout simplement. Mais se tenir droite, c'est facile à dire. On dit à une femme de se tenir droite, elle va mal se tenir droite. La posture est devenue quelque chose qui fait partie de mon quotidien. De là, en rééducation, petit à petit, j'ai évolué. J'écoutais beaucoup les patientes et elles se plaignaient de choses qui n'étaient pas obligatoirement un problème de tonicité périnéale. Et je suis arrivée doucement sur la douleur et sur les hypertonies. Je me suis rendu compte que quand une femme, par exemple, en postpartum, vient pour une rééducation du périnée, il y a beaucoup de choses encore qu'elle traîne de l'accouchement. Des traumatismes, peut-être des douleurs. Et tout ça, j'ai commencé à les sentir dans les périnées. Des points douloureux dont je n'avais aucune notion avant, des tissus qui ne bougent pas, finalement. Ou alors des femmes qui, parce qu'elles avaient mal, créaient de l'hypertonie. La douleur aiguë, c'est une montée de l'information au cerveau, comment réagit le cerveau en contractant les muscles. Donc le cerveau... contracte le muscle quand il y a de la douleur. Et je me retrouvais devant des femmes avec un côté droit où il y avait eu une déchirure qui était hypertonique et un côté gauche complètement hypotonique. Et ces femmes-là, quand on leur demande de contracter un périnée sur un testing, on se retrouve avec des testings qui sont mauvais. Donc on les culpabilise. Quelque part, quand on vous dit vous avez un testing de zéro, il va falloir réapprendre à contracter votre périnée, ces femmes, elles ont beaucoup à s'occuper après la naissance. Leur dire ça, c'est... pas évident et j'en ai trouvé quand même beaucoup à qui on disait encore que le testine était mauvais. Mais en fait, comment voulez-vous qu'elles contractent si elles sont en hypertonie C'est ce qui m'a fait le plus évoluer dans la prise en charge du périnée, c'est de comprendre ces hypertonies qui sont liées à la douleur aiguë. Pas que à la douleur aiguë, aussi au traumatisme. Parce que mine de rien, une naissance, même quand elle se passe vraiment bien, reste un traumatisme pour le corps et pour les tissus. Et les tissus doivent se réadapter finalement à la vie de femme, dans laquelle nous nous plongent directement dans notre société après la naissance, alors qu'il faut un un temps d'adaptation. De la rééducation pure, de créer une hypertonie musculaire, je suis passée à plutôt comprendre pourquoi on avait des hypertonies et essayer de réduire ces hypertonies pour que le périnée soit vraiment un trampoline en mouvement. Et là, je me suis formée dans le vaginisme. Du vaginisme, je me suis formée évidemment dans d'autres douleurs, puisque quand on commence à comprendre les douleurs du périnée, on va sur toutes les douleurs vulvaires. On va sur les douleurs vaginales, on se forme sur les dyspareunies. Et petit à petit, j'ai fait mon chemin sur toutes les formations de douleurs de la femme. Que ce soit de la dysménorrhée à la douleur d'une sensation de pesanteur de la femme ménopausée. Donc aujourd'hui, je me suis vraiment spécialisée, orientée, spécialisée, on ne devrait pas le dire, parce qu'on n'a pas un métier où on est censé se spécialiser, mais orientée dans les douleurs de la femme. Mais à la base, c'est partie de la rééducation et de la compréhension qu'on n'était pas toujours juste dans ce qu'on faisait. en rééducation du périnée. En fait, ce que j'aime, c'est réfléchir à comment est cette femme dans son corps et pouvoir l'aider par tout ce qu'elle pratique dans sa journée. Donner un exercice de soir, c'est comme donner des devoirs à un enfant. S'il y a bien quelque chose que je n'aime pas faire, c'est dire à une femme, vous allez faire tel et tel exercice tous les soirs ou tous les jours. Parce que la femme, elle va les faire pendant un temps, le temps peut-être de la prise en charge de la rééducation, et elle va s'arrêter derrière. Et du coup, on n'est pas pérène. dans ce qu'on lui propose de faire. Parce qu'une femme qui est par exemple en hypotonie, on va lui faire contracter son muscle. Elle va retrouver un muscle efficace. Peut-être, peut-être pas. Mais elle risque de retrouver un muscle efficace. En tout cas, si elle a l'âge de le retrouver, elle le retrouvera. Après, ça se complique quand les hormones se déséquilibrent. Mais ce muscle, elle va retrouver efficace si ça se trouve par sa posture. Elle va faire des pressions sur son périnée et elle va de nouveau affaiblir son muscle. Donc, c'est peut-être des femmes qu'on va revoir sans qu'elles aient accouché pour autant, qu'on va revoir quelques années plus tard avec la même symptomatologie. Par exemple, cette femme, elle vous dit je suis assise à mon bureau toute la journée, je suis devant un ordinateur Ok, ce n'est pas grave. On va utiliser la position assise pour rééduquer le périnée. On va utiliser votre… tant journalier, c'est-à-dire que je prends l'exemple d'une sage-femme, tout simplement, dans nos métiers, comment est-ce qu'on se réduit que le périnée Mais finalement, on a des créneaux entre chaque patiente, on a des fois une minute pour réfléchir à sa posture, une minute pour se dire, est-ce que je suis en train d'être mal positionnée et je pousse sur mon périnée, ou finalement, est-ce que j'ai la belle posture pour éviter l'épression thoraco-abdominale et laisser mon périnée respirer, parce que c'est vraiment ça. Je crois qu'il faut laisser les périnées respirer plus qu'autre chose, plus que de les travailler, il faut leur redonner du mouvement, mais... par notre vie de tous les jours, par le fait de marcher, même en étant assise, on peut donner du mouvement au périnée. Et peut-être que rééduquer un périnée, c'est peut-être pas du tout parler de périnée, mais c'est peut-être parler tout simplement des stress qui vont faire que le diaphragme respiratoire va se bloquer et va pousser sur ce périnée. Et en faisant sauter ces stress, en faisant sauter ces traumas, finalement, on arrive à rééduquer le périnée sans le faire contracter. Je trouve que les protocoles sont vraiment réduits et réduisent la femme à un muscle déjà, puisqu'il y a plusieurs muscles dans le vérinée, on est d'accord, mais réduisent la femme à un organe. Et je crois que si c'est bien notre métier que j'aime, c'est pour ça. La sage-femme voit la globalité de la femme. Dans mon organisation au quotidien, je me retrouve avec différents types de consultations, mais principalement des consultations de douleurs aujourd'hui. Les patientes viennent me voir dès l'adolescence, enfin c'est plutôt les mamans qui ramènent leur fille la plupart du temps, pour des dysménorrhées. Puis on va voir les jeunes femmes qui viennent pour des douleurs au rapport. La dyspareunie, ça peut provenir d'une sécheresse simplement, qui peut être simplement liée à l'équilibre hormonal de cette patiente, mais qui peut être très bien liée à une pilule qu'on lui a mis en place. Elle a... un profil qui ne correspond pas à la pilule qu'on lui a mis en place et elle se retrouve avec des fissures au moment d'un rapport à cause d'une sécheresse qui est liée finalement à cette pilule. Donc ça c'est quand même des choses que je vois souvent. Il y a des diagnostics à faire évidemment. Est-ce qu'il y a un vaginisme Est-ce qu'il y a éventuellement une vulvodynie Tout ça, ça fait partie des consultations de la douleur et des types de douleurs que je prends en charge au cabinet. Après on va avoir tout ce qui est douleurs pelviennes, les douleurs d'endométriose, les douleurs d'SOPK, plutôt les douleurs chroniques. que je prends en charge, moi, les douleurs aiguës. Et dans ces douleurs-là, j'accompagne les femmes avec plusieurs méthodes. Toutes les femmes ont une endométriose qui va être différente. Donc ça devient intéressant pour moi, parce que quelque part, j'ai besoin de cette recherche. Il m'arrive de faire des formations rien que pour une patiente, parce que je me dis, là, je n'ai pas encore tout. Il y a quelque chose que je n'arrive pas à comprendre qu'elle m'exprime, donc il va falloir que j'aille chercher. Finalement, je crois qu'une sage femme, dans la douleur, on est vraiment bien formée. On est formée pour les douleurs d'un moment de nos vies de femme, qui est sûrement la douleur la plus importante, c'est l'accouchement. On est formée pour cette douleur. Et certes, c'est une douleur qui est plus aiguë, mais on a toutes les formations pour prendre en charge les patientes qui ont des douleurs chroniques. Et quand on fait un peu de rééducation du périnée, et qu'on se retrouve face à une femme qui a de l'endométriose, et qui a peut-être une hyperactivité vésicale, on va pouvoir la prendre en charge, cette hyperactivité vésicale. Donc ce que je trouve intéressant dans l'endométriose, c'est qu'on va pouvoir prendre en charge plusieurs aspects de notre profession, que ce soit par exemple des problèmes de diarrhée-constipation, que ce soit des problèmes de dysménorrhée, que ce soit des problèmes plus complexes dans le syndrome douloureux avec des vulvodynies. On a toutes les techniques, on est capable de prendre en charge ces femmes qui ont beaucoup de symptômes différents, qui sont liés à l'endométriose. Quelque part, pour moi, c'est vraiment un plaisir de les écouter. douter leurs symptômes et de dire Ok, aujourd'hui, c'est quoi le plus important Aujourd'hui, ma douleur la plus importante ou celle que j'aimerais régler aujourd'hui, c'est peut-être la vulvodynie. Ok, on part sur le traitement de la vulvodynie. Prochaine consultation, Comment ça va aujourd'hui Quelle est votre problématique du jour Ah ben là, ma vessie, ça n'arrête plus, je ne tiens plus. Est-ce qu'on peut parler de la vessie aujourd'hui Oui, on va parler de la vessie aujourd'hui. Comme ça, je m'adapte et c'est pour ça que je crois que je ne m'ennuie pas. Chaque consultation va... Aider la patiente va lui permettre de monter une marche de plus pour arriver vraiment à se prendre en charge toute seule. Si vous donnez la possibilité aux femmes de comprendre ce qui leur arrive, elles arriveront à se prendre en charge. Et du coup, on va réduire le nombre de consultations de douleurs. Parce qu'elles seront A. Je sais que dans l'hormétriose, par exemple, la vessie peut éventuellement un jour devenir hyperactive par l'hypersensibilité pelvienne. On sait qu'on peut avoir des choses qui vont évoluer dans l'hormétriose. Moi, j'ai tendance à leur expliquer la maladie. Et tout. les symptômes qui peuvent arriver dans cette maladie pour qu'elle sache que ah non, ce n'est pas un nouveau truc qui m'arrive, ça fait partie de l'endométriose. Et je sais, je l'ai déjà entendu, on me l'a expliqué, je sais en plus ce qu'il faut faire. Donc j'ai tendance vraiment à mettre même la charrue avant les bœufs et me dire, il vaut mieux qu'elle ait toute l'information que juste le problème qu'elle a du jour. Je veux pouvoir lui expliquer toute la symptomatologie possible de l'endométriose qu'elle puisse faire face aux problèmes éventuels de demain. Et elles sont très intéressées les femmes. Elles me disent Ah mais donc mes ballonnements, moi je pensais que c'était du digestif, je voyais le gastro, en fait ça fait partie de l'endométriose Je fais Oui, potentiellement Il faut évidemment vérifier s'il n'y a pas d'autres pathologies en plus, mais je leur explique vraiment l'hypersensibilité centrale, comment ça marche la douleur, qu'est-ce que crée une douleur aiguë, qu'est-ce que crée une douleur chronique, qu'est-ce que crée une douleur chronique qui est dépassée, finalement notre cerveau est dépassé, ne sait plus comment gérer. Et on va se retrouver avec des femmes qui vont avoir des bassins bloqués parce que justement... elles ont de l'hypersensibilité pelvienne et elles vont créer de l'hypertonie musculaire. Et cette hypertonie va engendrer pas mal de symptômes différents. Après, je vais avoir des femmes, surtout en postpartum, avec des douleurs qui sont plutôt cicatricielles. Je vais prendre en charge les douleurs cicatricielles du postpartum. Je vais me retrouver aussi avec des douleurs postchirurgicales, avec des patientes qui ont opéré soit de l'endométriose, on en parlait à l'instant, mais ça peut être aussi des patientes qui sont opérées pour des prolapsus ou qui ont des bandelettes et où ça se passe mal. Parce que finalement, on ne voit pas toujours le retour de ces femmes-là. Et ces femmes-là se retrouvent dans la nature en consultation dans deux mois. Voilà, il n'y a rien, il ne se passe rien. Et je trouve que c'est vraiment important de pouvoir suivre ces femmes. Donc ça fait partie de mes consultations. C'est du post-op, gynéco. Essayer de savoir s'il y a de la douleur et si on a à la prendre en charge. Et si tout va bien, tant mieux. Discuter éventuellement de comment ça s'est passé. Quelle est la suite des femmes à qui on enlève l'utérus Elles se retrouvent, elles me disent mais s'il y a un vide, qu'est-ce qui s'est passé à la place Et je trouve que leur expliquer, leur faire des schémas, c'est les faire participer à la suite de leur vie. Comment est-ce que je gère ma vie maintenant sans mon utérus Est-ce que ça va changer quelque chose pour moi Et quoi Et je trouve que c'est une partie de notre métier qui a vraiment de l'importance. Dans des autres consultations, étant donné que je fais quand même pas mal de rééducation du périnée complexe, je me retrouve avec des femmes qui viennent pour des pesanteurs pelviennes, donc pour des diagnostics de prolapsus. Là, je prends en charge aussi ces patientes-là parce qu'elles sont très peu écoutées. Toutes les sages-femmes pourront le dire, on se retrouve avec des patientes à qui on a prescrit des pécères et qui ne savent pas quoi en faire. Il n'y a aucun suivi et je pense qu'on a un rôle en tant que sage-femme d'aider ces femmes-là. Une femme qui a aujourd'hui 60 ans n'est pas du tout habituée à mettre les doigts dans son vagin comme une femme de 20 ans. Aujourd'hui, ça devient de moins en moins tabou, alors que les femmes de 60, 70, 80 ans, c'est quelque chose de très tabou. Et leur proposer de mettre un pécère, c'est très très complexe. Dans les consultations que j'ai aussi, je vais prendre en charge les femmes au moment de la ménopause, la pré-ménopause et la dé-ménopause, dans les déséquilibres hormonaux. Au départ, quand j'ai commencé, je ne m'attendais pas du tout à avoir autant de plaintes des patientes. Ah, j'ai des bouffées de chaleur, mais on sait qu'on ne peut rien y faire. Ah ben là, j'ai de nouveau tel et tel symptôme, mais mon gynéco m'a dit, ben c'est normal, c'est la ménopause. Alors ça, c'est le genre de truc qui m'horripile quelque part, parce que tout doucement, moi j'y suis dans cette phase de ma vie, et je me rends compte que c'est compliqué. Du jour au lendemain, on se retrouve avec une vulve qu'on n'aime plus, qui gratte, qui n'est pas agréable, on n'est pas bien dans son corps. Et pour moi, c'est de la douleur. C'est une forme de douleur. Je trouve qu'on doit la prendre en charge. Alors, on est évidemment de plus en plus nombreuses à proposer des consultations dans le suivi gynéco de la ménopause, même si on ne peut pas tout prescrire malheureusement encore aujourd'hui, et j'espère que ça, ça va changer. Et je crois que l'écoute, c'est ce qu'il y a sûrement de plus important. de la plainte. Il ne faut jamais la laisser passer. Donc, les prendre en charge par les moyens qu'on a, c'est-à-dire, au départ, on va commencer par nos techniques de médecine traditionnelle. On se rend vite compte qu'on a des limites et je crois qu'il faut savoir aller dans d'autres choses. Il faut pouvoir leur proposer d'autres choses. Et là, la phyto est quelque chose de très intéressant. La médecine fonctionnelle, à cette période de la vie, pour moi, elle est indispensable. Parce qu'elle nous permet de prendre en charge de nouveau la femme dans sa globalité. Et on se retrouve avec des... des patientes qui sont soulagées, de petits maux, mais c'est des petits maux qui créent des retranchements des femmes. Elles se retrouvent seules face à ces problèmes de la périménopause, de la ménopause. Et elles ne savent pas. Elles n'ont aucune connaissance de ce qui se passe derrière. Et je trouve qu'on devrait plus faire de la prévention sur cette partie-là de la vie. Comment est-ce que je m'organise La majeure partie des consultations dure en moyenne une demi-heure. Il m'arrive d'avoir du retard, des fois beaucoup de retard, parce que quand on commence à toucher certains points à l'intérieur du vagin, on se retrouve avec des choses qui remontent. Ça, c'est des consultations qui passent d'une demi-heure à une heure. Tant pis, c'est comme ça. Je crois qu'on vit toutes ce genre de consultations et je crois qu'il faut respecter. Mais la majeure partie de mes consultations durent une demi-heure. J'ai un planning sur la semaine qui varie entre quatre jours de travail et quatre jours et demi. Je crois que je suis arrivée à mener quelque chose de bien entre ma vie de famille et ma vie professionnelle, dans le sens où j'ai deux enfants qui sont partis, donc je n'ai plus qu'un enfant à la maison actuellement. C'est beaucoup plus simple et je comprends. énormément les sages-femmes qui se retrouvent avec des enfants en bas âge ou des enfants en âge de demande maternelle. C'est très compliqué parce qu'une sage-femme, elle se donne à fond pour ses patientes. Donc j'essaye de ne pas m'oublier en respectant certains temps familiaux. J'ai quand même quelques consultations d'urgence, puisque j'ai des patientes qui viennent en postpartum immédiat pour des cicatrices douloureuses. Il m'arrive de travailler un peu plus, c'est vrai. Tout doucement, je suis obligée de dire non. Et ça, c'est la chose la plus... le plus difficile auquel je fais face, c'est de devoir dire non à une patiente parce que je n'ai plus de consultation possible. J'espère qu'on va être de plus en plus nombreuses, en tant que sage-femme, à prendre les femmes en charge sur ces douleurs, pour que justement, on puisse répondre à l'attente. Aujourd'hui, je me sens un peu seule, je sais qu'on commence à être plus nombreuses, mais j'ai beaucoup de demandes et j'ai des plannings avec des attentes minimum de trois mois pour une prise en charge, c'est-à-dire que les patientes qui viennent aujourd'hui pour une première consultation, j'arrive à les prendre à peu près en charge dans trois mois. J'interviens régulièrement dans l'optique, je dirais, d'informer les sages-femmes de cette partie de notre métier. Et je trouve qu'actuellement, en discutant avec certaines d'entre elles, il y a quand même quelque chose qui ressort, c'est cette orientation. Tout doucement, les sages-femmes s'orientent, parce qu'elles font ce qu'elles aiment, on fait bien ce qu'on aime faire, et ça, elles le constatent, et on fait moins bien ce qu'on n'aime pas faire, ça je l'ai constaté tout de suite. J'ai fait quelques interventions déjà. pour les prises en charge de l'endométriose, par exemple. J'étais intervenue au congrès des sages-femmes libérales de Troyes il y a deux ans pour tout ce qui est prise en charge de l'endométriose par la radiofréquence, ce que j'utilise au cabinet. Je suis intervenue aussi à une assemblée générale de l'Ordre pour parler des prises en charge de la douleur de la femme. C'est un message que j'aimerais faire passer, clairement, parce qu'on n'est pas assez nombreuses à prendre en charge les douleurs. Et on est formaté en tant que sages-femmes. On nous met dans un moule, de toute façon, dès les études. Alors, il y a des choses où je suis tout à fait d'accord. Il ne faut pas tellement sortir du moule. On est d'accord, il y a une base de notre métier, il y a des lois qui nous encadrent. Mais je crois que la douleur de la femme correspond au métier de sage-femme. La sage-femme, c'est quand même la maîtrise et la connaissance, finalement, du corps de la femme. Et connaître le corps de la femme, c'est entendre toutes ses plaintes. Et elles ont plein de plaintes, les femmes. Il faut juste les écouter. Alors, se prendre le temps de les écouter, je crois que les sages-femmes le font. C'est surtout de prendre le temps de répondre à leurs problématiques. J'espère que d'autres sages-femmes vont aller dans cette optique de prendre la femme de façon globale en charge. Et pas que parce qu'il faut faire un frottis, parce qu'il faut la vacciner. Il y a bien d'autres plaintes chez les femmes. On peut leur redonner une qualité de vie juste en les écoutant et en essayant de les aider sur des petites choses très simples. Des fois, c'est vraiment des toutes petites gênes, mais qui créent quelque chose de plus important derrière. Dans leur vie de couple, par exemple. Une femme qui a des disparus-nits, on ne peut pas la laisser avec des disparus-nits. J'ai comme ça un exemple d'une patiente, je regarde encore aujourd'hui le sourire parce que c'était exceptionnel. C'est une patiente qui est arrivée au cabinet sur une consulte pour douleurs vulvaires et vaginales. Elle avait 80 ans. Elle vient me voir, elle me dit voilà, ça fait 40 ans que je n'ai plus de rapport sexuel. Mon mari est décédé très tôt. Je n'ai rencontré personne. Et là, je viens de rencontrer un jeune homme de 60 ans. Donc déjà, j'avais le sourire. Et le problème, c'est que... que nous n'arrivons plus à faire l'amour. Donc cette patiente, elle était venue dans l'espoir d'avoir de nouveau un rapport sexuel à 80 ans. Je crois que ça, elle m'a fait ma journée, elle m'a fait mon année, et j'en parle encore, parce que j'ai trouvé ça splendide, splendide pour nous, pour moi, en me disant, waouh, donc il y a encore des choses, plus tard, quel bonheur, splendide pour sa démarche. Ce n'était pas une démarche pour lui, c'était une démarche pour elle. Et prendre en charge cette femme, ça a été... exceptionnelle, je crois qu'elle m'en a appris beaucoup. Je pense qu'on apprend énormément des femmes et ça c'est magnifique. Chaque femme me fait progresser en tant que femme moi-même et en tant que sage-femme. Et cette femme, elle s'est donnée les moyens d'arriver à avoir une relation sexuelle. Et elle est revenue au cabinet, évidemment, pour tout me raconter. Et ça, j'avais l'impression, je ne sais pas, de faire partie de sa vie, mais qui je suis pour avoir le droit d'entendre des choses comme ça C'était vraiment fantastique. Quand on arrive à enlever une douleur à une femme, quand elle arrive à avoir un rapport sans avoir de douleur, même les femmes ménopausées, quand elles arrivent à retrouver un peu de lubrification, qu'elles soient entendues, c'est normal. Tous ces problèmes de déséquilibre hormono, c'est quelque chose qui fait partie de notre vie. Et il faut le dire, ce n'est pas de la pathologie du tout, mais par contre... Ça freine beaucoup de choses. Ces patientes qui viennent me voir en disant mon vagin est trop sec, ça me fait mal, donc la libido baisse, etc. Je crois qu'on leur change la vie si on arrive à changer ça. Parce qu'elles reprennent confiance en elles et du coup, elles reprennent le pouvoir dans leur couple, pas de dire monsieur a envie, je ne peux pas lui dire non mais de dire moi j'ai envie Et ça, c'est magique.

  • Speaker #1

    C'était le troisième épisode du podcast La Voix des Sages-Femmes, et je remercie Stéphanie pour sa prise de parole aussi sensible que captivante. Son témoignage nous montre qu'il est possible de se réinventer à chaque étape de son parcours en écoutant ses aspirations profondes et en les alignant avec sa pratique. Cette démarche sincère, couplée à une formation rigoureuse et continue, permet d'entendre... toutes les demandes et les besoins de chaque femme et d'y apporter des réponses adaptées pour améliorer considérablement leur bien-être, sans négligence. Un message précieux qui résonne bien au-delà de la profession. A très bientôt pour un nouvel épisode.

Description

Dans ce troisième épisode du podcast La voie des sages-femmes, Stéphanie nous raconte comment elle a renoué avec son métier de sage-femme après une pause de plusieurs années pour élever ses enfants.


En écoutant ses aspirations profondes, Stéphanie fait le choix d’orienter sa pratique vers un domaine qui lui tient particulièrement à cœur : la rééducation périnéale et la prise en charge des douleurs pelviennes et vulvo-vaginales.


Elle partage avec nous son cheminement personnel et professionnel, en soulignant l'importance de l’écoute de soi, de la formation continue et de la détermination pour aborder toutes les douleurs des femmes, souvent sous-estimées.


Son témoignage fourmille d’anecdotes tendres et courageuses : les cahiers d’accouchement de la grand-mère de son mari, sa confrontation à la fragilité et la mort lors d’une journée d’initiation aux urgences, l'accompagnement d'une femme de 80 ans vers une sexualité épanouie ...


🎧 Un récit qui donne envie de laisser toujours plus de place à l’écoute et l’empathie.


Produit par Alice de Maieuticapp


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    J'avais oublié en fait ce que c'était classe H-Fa, mais elle me l'a rappelé. Je me suis dit mince, je suis où là Qu'est-ce que j'ai fait de ma vie Et je me suis vraiment lancée du coup à me dire, allez je ferme toutes les autres consultations et je fais de la rééduc. J'étais passionnée de ce que je faisais. Et quand on est passionné de quelque chose, on se lève autrement le matin. Je me rendais compte que j'aimais ce qui était compliqué. Finalement, on arrive à rééduquer le père aîné sans le faire contracter. L'écoute de la plainte, il ne faut jamais la laisser passer. Et prendre en charge cette femme, ça a été exceptionnel. Je crois qu'on leur change la vie si on arrive à changer ça.

  • Speaker #1

    Je rencontre Stéphanie, sage-femme à Strasbourg, alors que nous sommes en plein congrès national de la sage-femme libérale à Troyes,

  • Speaker #0

    en novembre 2024.

  • Speaker #1

    Sur place, au sein d'une petite salle, loin de l'effervescence des conférences, nous recueillons son témoignage. Après plusieurs années d'interruption de son activité pour se consacrer à sa famille, Stéphanie fait le choix de revenir à sa pratique, en l'orientant autour de la rééducation périnéale et de la prise en charge de la douleur. Comment redéfinir sa pratique pour l'aligner avec ses nouvelles aspirations après une longue pause Quelle approche adopter pour répondre au mieux aux besoins des femmes qui souffrent de douleurs vulvovaginales et pelviennes Ces questions, Stéphanie s'y est confrontée tout au long de son parcours. Depuis son premier désir de devenir sage-femme jusqu'à la gestion de son cabinet aujourd'hui, elle nous dévoile son cheminement avec sincérité, l'évolution de sa perception de la douleur et l'importance d'une approche sur mesure qui place l'écoute au cœur de l'accompagnement.

  • Speaker #0

    Donc je m'appelle Stéphanie Ursa, je suis sage-femme libérale sur Strasbourg. J'ai orienté mon cabinet dans les prises en charge des douleurs de la femme, quel que soit l'âge de la vie et quelle que soit la douleur, qu'elle soit aiguë, chronique, toute la douleur de l'adolescente finalement à la femme ménopausée. Ce qui m'a donné envie d'être sage-femme, c'est vraiment le désir d'être mère avant tout. J'avais besoin, je sais que c'est un peu bizarre, mais j'avais besoin finalement de tout savoir sur la maternité avant. de moi-même y être confrontée. Et je me souviens du premier jour où on est rentré à l'école de sage-femme. La directrice, à l'époque, nous demandait à toutes quelles étaient les raisons pour lesquelles on voulait faire ce métier. Et moi, je lui avais dit pour moi Elle m'avait fait des grands yeux. C'était assez marrant, parce que finalement, elle ne s'attendait pas et elle n'avait jamais eu ce genre de réponse de quelqu'un qui venait faire sage-femme pour soi-même, finalement. Je souhaitais vraiment être mère et avoir la connaissance de mon corps. Être capable, je pense, de... Tout maîtriser, vraiment, c'était une maîtrise que je cherchais. C'était la maîtrise de l'accouchement. J'avais envie de bien accoucher, j'avais envie d'une belle grossesse. Et c'était vraiment les raisons pour lesquelles j'ai voulu faire ce métier à la base. Alors, il n'y a pas que ça, évidemment. Il y a eu un parcours après le bac qui n'était pas directement sur l'école de sages-femmes. Je suis passée par deux années de médecine, je suis passée par une année de prépa. Je me suis cherchée un moment pour savoir ce que je voulais. Mais c'est ces années qui m'ont permis de rencontrer mon mari. Et du coup, le désir d'être mère est arrivé vraiment avec cette rencontre très, très tôt. Et sa grand-mère, mon compagnon de l'époque qui est devenu mon mari, sa grand-mère était sage-femme. Et le jour où j'ai rencontré sa grand-mère, ça a été une révélation. Une révélation pourquoi Parce qu'elle a été sage-femme dans les années de guerre. Et elle a fait ce métier à vélo, avec une petite mallette, ce qu'elle m'a offert d'ailleurs. Une petite mallette dans laquelle il y a... toute sa vie de sage-femme. Et qu'est-ce qu'il y avait dans cette mallette Il y avait des instruments, évidemment, puisqu'elle faisait vraiment des accouchements à domicile, sous les couvre-feu. Donc, elle a raconté des histoires extraordinaires de départ à vélo, d'urgence. Et dans cette petite mallette, il reste encore des ampoules de cytocine, il y avait des ampoules d'adrénaline qui sont bien sûr périmées depuis les années 40, entre guillemets. Mais c'était assez exceptionnel. Elle avait un petit cahier de cours, parce que ces cours, finalement, c'était 3-6 mois à l'époque. Après, elle avait un autre petit cahier où elle notait tous ses accouchements. Donc, elle en a fait à peu près 700, je n'ai plus le nombre exact en tête. Chaque feuille, c'était un accouchement. Et elle expliquait exactement ce qui s'était passé. Il y avait un partogramme avec ce qu'elle a dû mettre en médicaments s'il fallait, comment était le bébé à la naissance, les abgards. Et je crois que c'est ce qui m'a vraiment décidée. C'est-à-dire que j'avais ce souhait d'être mère de la connaissance et j'avais en plus des histoires formidables de cette femme qui m'ont fait rêver. Quand je me suis lancée dans le métier de sage-femme, on devait faire avant la rentrée des classes une journée à la maternité, pour voir un peu l'environnement de la salle de naissance. Et malheureusement, ce jour-là, je me suis retrouvée face à une urgence, une dame qui avait rompu son utérus. Donc je me suis retrouvée en tant que... Très jeune fille, fatale à mort. Je ne m'attendais pas à ça du tout. J'étais encore dans un rêve un peu rose, un peu bleu, comme on pourrait dire. Et je me suis retrouvée face au désespoir de l'équipe, face au désespoir de cette maman et à un sauvetage maternel, clairement. Ça ne m'a pas traumatisée, mais je pense que ça m'a ouvert beaucoup de choses sur ce que je suis aujourd'hui. Ce premier contact avec la naissance, ça m'a donné la possibilité d'écouter les femmes dans le silence. Parce que cette femme, elle s'est mise dans un silence. Et pour autant, j'avais l'impression qu'on discutait ensemble. J'ai gardé contact avec cette femme et aujourd'hui, j'ai toujours contact avec cette femme. Donc, c'est assez exceptionnel ce qui s'est passé ce jour-là. Mais j'ai appris la douceur, je crois, ce jour-là. J'ai appris l'empathie, j'ai appris la fragilité, la sensibilité. Je pense que ça a fait beaucoup de choses dans la suite de tout ce que j'ai mis en place, moi, au cabinet aujourd'hui et de tout ce qui a fait ma vie. Cette femme a changé ma vie, clairement. À l'école de Sage-Femmes, à l'époque en tout cas, on nous apprenait à créer un mur avec les patientes. On nous apprenait à ne pas ressentir ce qu'elles ressentaient. On nous apprenait à être face à de l'urgence, à être rapide dans l'urgence, à être bonne dans l'urgence. Et je crois qu'on a oublié de nous dire qu'il fallait écouter les patientes, il fallait aussi être capable de se mettre à leur place et de voir ce qu'elles vivaient. Donc les études de Sage-Femmes, c'est vraiment quelque chose... où on cherche à nous mettre dans un moule, on cherche à nous endurcir. Et je crois que je n'ai pas réussi à m'endurcir, et heureusement. Parce que grâce à ça, je suis devenue ce que je suis aujourd'hui. J'étais enceinte à l'école de Sages-Femmes, je n'ai pas pu attendre, évidemment. J'ai accouché juste après la fin des études, vraiment deux mois après le dernier examen. Et j'ai voulu profiter de mes enfants, de ma première fille. Je n'ai pas voulu travailler tout de suite. Je suis restée à la maison, finalement, pour élever cet enfant pendant la première année de vie. Et après, la vie a fait que je suis allée travailler quand même un peu. Je dis un peu pourquoi Parce que j'ai fait un petit peu de maternité pendant cinq ans, le temps d'avoir ma deuxième fille. J'ai travaillé dans une maternité de Strasbourg. J'ai fait donc cinq années où je n'étais jamais très à l'aise en salle d'accouchement, où je n'arrivais pas à trouver ma place. Donc, j'ai bien vu que ce n'était pas fait pour moi. Quand j'ai eu ma deuxième fille, je me suis décidée de m'arrêter. Et là, j'ai profité de quelques années à la maison. pour élever mes deux premières filles, puis une troisième qui est arrivée. Quand ma grande a quitté Mni, je me suis dit mince, je suis où là Qu'est-ce que j'ai fait de ma vie J'avais un métier que j'aimais beaucoup, je l'ai oublié quelque part. J'ai tout consacré à mes trois filles et moi, je ne sais plus où je suis. Et c'est là où j'ai commencé à réfléchir, à retourner dans ce métier, à reconstruire quelque chose de nouveau. Et je me suis intéressée principalement au Périnée, parce que moi j'avais eu... beaucoup de soucis de périnée suite à mes grossesses et mes accouchements. Et c'est la première chose sur laquelle, déjà à l'époque, je trouvais qu'il n'y avait pas assez. Ça commençait à être quelque chose d'important de faire de la rééducation du périnée, mais on parlait peu, c'était encore très tabou. Tous les problèmes, même encore aujourd'hui, tous les problèmes de fuite urinaire restent des problèmes tabous. Et je me suis retrouvée finalement dans un passage de ma vie où je me suis dit, reprendre entièrement mes études, c'est très long. Ça faisait plus de dix ans. que j'étais restée à la maison. Le métier avait changé, la gynéco. J'avais eu des cours de gynécologie, mais ce n'était pas la gynéco qu'on fait en libéral aujourd'hui. Donc, je me suis reformée. Je me suis reformée à tout, mais avec quand même dans l'esprit que ce périnée était quelque chose où il fallait faire quelque chose. Pendant toutes les années où j'ai été à la maison, j'ai quand même suivi un peu tout ce qui se passait et j'ai fait des formations de pilates, de yoga. J'ai fait toutes les formations de gasquet qui étaient sur le sport. J'ai retrouvé d'ailleurs une sage-femme dans une des formations de Gascay et ça m'a titillée. Cette sage-femme m'a reconquérie en fait, en tant que femme, m'a parlé de ce qu'elle faisait, m'a expliqué pourquoi elle faisait cette formation de Gascay sur les préventions du sport sur le périnée. Ça m'a reconnectée à ce métier, ça m'a reconnectée à l'idée d'être quelqu'un aussi, parce que j'étais mère au foyer et être mère au foyer, c'est quelque chose qui n'est pas du tout d'actualité. C'est même plutôt... assez péjoratif. J'avais oublié en fait ce que c'était que la sage-femme et elle me l'a rappelé. Je pense que ça a été la première chose qui m'a fait revenir avant ma fille. Enfin, c'est un cheminement, de toute façon. Toutes ces choses-là sont un cheminement. Et là, je me suis installée. Alors, je me suis vite reformée, reformée à tout. tout, ça c'était très délicat, mais avec une idée très précise. Et je m'étais aussi dit la chose suivante, je viens, je reviens après tellement d'années, je vais peut-être être mal vu par mes collègues de revenir et tout d'un coup de m'installer en libérale du jour au lendemain, sans avoir rien fait depuis longtemps. Je me suis dit, mais alors je vais me spécialiser sur quelque chose qu'elles font moins, peut-être moins, qui est moins leur centre d'intérêt. Pour ne pas les gêner non plus, en tant que nouvelles installées, on sait Comment ça se passe en général quand on a une collègue qui vient s'installer jusqu'à côté de chez nous Et je ne voulais pas venir comme ça. Je voulais revenir plutôt pour soulager mes collègues de certaines prises en charge plus complexes. Donc là, je me suis lancée dans toutes les formations de rééducation que je pouvais trouver. Il y a de très belles formations de rééducation en France. Aujourd'hui, on commence vraiment à parler de posture, on commence à parler de mouvement, on arrête de se focaliser sur le périnée. On prenait la femme de façon globale en charge et c'est ce qui m'intéressait. Et du coup, je me suis formée en rééducation. J'ai commencé, j'ai ouvert le cabinet. J'avais rencontré une sage femme pendant mes formations qui me disait Si tu te spécialises, tu n'arriveras à rien. Ce n'est pas possible. Il faut que tu fasses de tout parce que tu n'auras pas de patientes. Parce que les patientes en rééducation, elles ne viennent chez toi que parce que tu les as suivies pendant la grossesse ou que tu as fait les cours de préparation à naissance. Cette rencontre a été un petit peu un frein pour moi parce que j'avais une idée précise et je me suis dit Bon, elle a plus de bagages que moi. elle l'est, sage femme libérale, je vais la croire. Et je me suis dit, bon, je vais commencer à faire un peu de préparation à naissance, un peu de postpartum. Et du coup, mon dada, qui était la rééducation, ça a duré six mois. Ce n'était pas mon truc. Ce n'était pas moi. Je perdais du temps. Je n'avais pas envie. J'avais envie que ça se passe vite au niveau des consultations. Ça ne collait pas. Je l'ai vite ressenti. Je me suis arrêtée. Et du coup, je me suis vraiment dit, ce n'est pas grave si je n'ai pas trop de monde au départ, mais c'est de la rééducation et c'est de la prévention pérenniale que je veux faire. Et je me suis vraiment lancée du coup à me dire, allez, je ferme toutes les autres consultations et je fais de la rééduc. Mais en fait, ça a très vite pris. Mais je sais pourquoi aussi. Je pense que j'étais passionnée de ce que je faisais. Et quand on est passionné de quelque chose, on se lève autrement le matin. J'ai créé il y a cinq ans. Quand un groupe sur Facebook qui s'appelle Installation Sage-Femme Libérale, c'est un groupe refuge pour beaucoup de sages-femmes. Parce que finalement, ça ne parle pas que de l'installation Sage-Femme Libérale, ça parle des prises en charge de nos patientes, ça parle de matériel, ça va parler d'évolution de nos cabinets, ça va parler vraiment de problématiques spécifiques. Des sages-femmes qui ont des cas plus compliqués et qui ont besoin d'être assurées dans leur prise en charge. Comme moi, par exemple, j'ai beaucoup aimé ce groupe au départ. en tout cas parce que ça m'a permis de me dire c'est bon ce que je fais c'est juste je me suis beaucoup aidé de ce groupe quand je me suis installée et aujourd'hui c'est un groupe qui tourne quasiment tout seul et on retrouve notre métier dans ce groupe parce qu'en fait une sage femme c'est aider les femmes mais entre nous il ya de l'aide et ce groupe il est vraiment agréable d'ailleurs je remercie toutes les sages femmes qui en font partie parce qu'il marche grâce à vous Je vais toujours détester les protocoles. Et dans chaque formation, on nous donne des protocoles. Et ça, c'est un truc que je ne supporte pas. Je me suis rendue compte que chaque problématique avait une autre solution. Et que des fois, la même problématique chez des femmes avait une autre solution. Je ne voulais pas apporter de protocoles, je voulais essayer d'être le plus individualisé possible et d'écouter la femme dans ses plaintes et d'essayer de résoudre avec son corps la plainte et pas avec une méthode. J'ai essayé de faire un mixte de toutes les formations que j'avais faites pour trouver ce qui allait aller à cette patiente-là. Donc ce qui est chouette aujourd'hui, c'est qu'aucune consultation de rééducation n'est la même chez moi. Et quand elle vient, la patiente, dans le cabinet, je ne sais pas encore ce que je vais faire. C'est en fonction de ce qu'elle va me dire au moment où elle va me l'exprimer que je vais aller dans un coin ou dans un autre et que je vais lui proposer en fonction des choses. Et je trouvais ça intéressant, j'ai eu des bons retours des patientes parce que... qu'il n'y avait justement pas quelque chose qui était protocolarisé. Et je les écoutais, je pense aussi, plus, du coup, plutôt que de faire exercice 1, telle et telle séance, exercice 3, telle et telle séance. C'est vraiment des trucs qui, moi, ne me correspondent pas. Au bout de six mois, je ne faisais plus que de la rééducation au cabinet et je me rendais compte que j'aimais ce qui était compliqué. Quand vraiment, les patientes arrivent avec des fois 70 séances de rééducation avant, et toujours le problème. Ça, j'aimais. J'essaye en tout cas de regarder la femme, la façon dont elle marche, la façon dont elle se positionne. On parle beaucoup de pression thoraco-abdominale aujourd'hui sur des périnées. On se rend compte que finalement, c'est la pression thoraco-abdynale qui rend fragile un périnée. Et donc, je travaille beaucoup sur la posture par rapport à cette pression thoraco-abdynale. Et une femme qui se tiendra un peu tassée, des fois, il suffit de la redresser et de lui expliquer qu'il faut se tenir droite, tout simplement. Mais se tenir droite, c'est facile à dire. On dit à une femme de se tenir droite, elle va mal se tenir droite. La posture est devenue quelque chose qui fait partie de mon quotidien. De là, en rééducation, petit à petit, j'ai évolué. J'écoutais beaucoup les patientes et elles se plaignaient de choses qui n'étaient pas obligatoirement un problème de tonicité périnéale. Et je suis arrivée doucement sur la douleur et sur les hypertonies. Je me suis rendu compte que quand une femme, par exemple, en postpartum, vient pour une rééducation du périnée, il y a beaucoup de choses encore qu'elle traîne de l'accouchement. Des traumatismes, peut-être des douleurs. Et tout ça, j'ai commencé à les sentir dans les périnées. Des points douloureux dont je n'avais aucune notion avant, des tissus qui ne bougent pas, finalement. Ou alors des femmes qui, parce qu'elles avaient mal, créaient de l'hypertonie. La douleur aiguë, c'est une montée de l'information au cerveau, comment réagit le cerveau en contractant les muscles. Donc le cerveau... contracte le muscle quand il y a de la douleur. Et je me retrouvais devant des femmes avec un côté droit où il y avait eu une déchirure qui était hypertonique et un côté gauche complètement hypotonique. Et ces femmes-là, quand on leur demande de contracter un périnée sur un testing, on se retrouve avec des testings qui sont mauvais. Donc on les culpabilise. Quelque part, quand on vous dit vous avez un testing de zéro, il va falloir réapprendre à contracter votre périnée, ces femmes, elles ont beaucoup à s'occuper après la naissance. Leur dire ça, c'est... pas évident et j'en ai trouvé quand même beaucoup à qui on disait encore que le testine était mauvais. Mais en fait, comment voulez-vous qu'elles contractent si elles sont en hypertonie C'est ce qui m'a fait le plus évoluer dans la prise en charge du périnée, c'est de comprendre ces hypertonies qui sont liées à la douleur aiguë. Pas que à la douleur aiguë, aussi au traumatisme. Parce que mine de rien, une naissance, même quand elle se passe vraiment bien, reste un traumatisme pour le corps et pour les tissus. Et les tissus doivent se réadapter finalement à la vie de femme, dans laquelle nous nous plongent directement dans notre société après la naissance, alors qu'il faut un un temps d'adaptation. De la rééducation pure, de créer une hypertonie musculaire, je suis passée à plutôt comprendre pourquoi on avait des hypertonies et essayer de réduire ces hypertonies pour que le périnée soit vraiment un trampoline en mouvement. Et là, je me suis formée dans le vaginisme. Du vaginisme, je me suis formée évidemment dans d'autres douleurs, puisque quand on commence à comprendre les douleurs du périnée, on va sur toutes les douleurs vulvaires. On va sur les douleurs vaginales, on se forme sur les dyspareunies. Et petit à petit, j'ai fait mon chemin sur toutes les formations de douleurs de la femme. Que ce soit de la dysménorrhée à la douleur d'une sensation de pesanteur de la femme ménopausée. Donc aujourd'hui, je me suis vraiment spécialisée, orientée, spécialisée, on ne devrait pas le dire, parce qu'on n'a pas un métier où on est censé se spécialiser, mais orientée dans les douleurs de la femme. Mais à la base, c'est partie de la rééducation et de la compréhension qu'on n'était pas toujours juste dans ce qu'on faisait. en rééducation du périnée. En fait, ce que j'aime, c'est réfléchir à comment est cette femme dans son corps et pouvoir l'aider par tout ce qu'elle pratique dans sa journée. Donner un exercice de soir, c'est comme donner des devoirs à un enfant. S'il y a bien quelque chose que je n'aime pas faire, c'est dire à une femme, vous allez faire tel et tel exercice tous les soirs ou tous les jours. Parce que la femme, elle va les faire pendant un temps, le temps peut-être de la prise en charge de la rééducation, et elle va s'arrêter derrière. Et du coup, on n'est pas pérène. dans ce qu'on lui propose de faire. Parce qu'une femme qui est par exemple en hypotonie, on va lui faire contracter son muscle. Elle va retrouver un muscle efficace. Peut-être, peut-être pas. Mais elle risque de retrouver un muscle efficace. En tout cas, si elle a l'âge de le retrouver, elle le retrouvera. Après, ça se complique quand les hormones se déséquilibrent. Mais ce muscle, elle va retrouver efficace si ça se trouve par sa posture. Elle va faire des pressions sur son périnée et elle va de nouveau affaiblir son muscle. Donc, c'est peut-être des femmes qu'on va revoir sans qu'elles aient accouché pour autant, qu'on va revoir quelques années plus tard avec la même symptomatologie. Par exemple, cette femme, elle vous dit je suis assise à mon bureau toute la journée, je suis devant un ordinateur Ok, ce n'est pas grave. On va utiliser la position assise pour rééduquer le périnée. On va utiliser votre… tant journalier, c'est-à-dire que je prends l'exemple d'une sage-femme, tout simplement, dans nos métiers, comment est-ce qu'on se réduit que le périnée Mais finalement, on a des créneaux entre chaque patiente, on a des fois une minute pour réfléchir à sa posture, une minute pour se dire, est-ce que je suis en train d'être mal positionnée et je pousse sur mon périnée, ou finalement, est-ce que j'ai la belle posture pour éviter l'épression thoraco-abdominale et laisser mon périnée respirer, parce que c'est vraiment ça. Je crois qu'il faut laisser les périnées respirer plus qu'autre chose, plus que de les travailler, il faut leur redonner du mouvement, mais... par notre vie de tous les jours, par le fait de marcher, même en étant assise, on peut donner du mouvement au périnée. Et peut-être que rééduquer un périnée, c'est peut-être pas du tout parler de périnée, mais c'est peut-être parler tout simplement des stress qui vont faire que le diaphragme respiratoire va se bloquer et va pousser sur ce périnée. Et en faisant sauter ces stress, en faisant sauter ces traumas, finalement, on arrive à rééduquer le périnée sans le faire contracter. Je trouve que les protocoles sont vraiment réduits et réduisent la femme à un muscle déjà, puisqu'il y a plusieurs muscles dans le vérinée, on est d'accord, mais réduisent la femme à un organe. Et je crois que si c'est bien notre métier que j'aime, c'est pour ça. La sage-femme voit la globalité de la femme. Dans mon organisation au quotidien, je me retrouve avec différents types de consultations, mais principalement des consultations de douleurs aujourd'hui. Les patientes viennent me voir dès l'adolescence, enfin c'est plutôt les mamans qui ramènent leur fille la plupart du temps, pour des dysménorrhées. Puis on va voir les jeunes femmes qui viennent pour des douleurs au rapport. La dyspareunie, ça peut provenir d'une sécheresse simplement, qui peut être simplement liée à l'équilibre hormonal de cette patiente, mais qui peut être très bien liée à une pilule qu'on lui a mis en place. Elle a... un profil qui ne correspond pas à la pilule qu'on lui a mis en place et elle se retrouve avec des fissures au moment d'un rapport à cause d'une sécheresse qui est liée finalement à cette pilule. Donc ça c'est quand même des choses que je vois souvent. Il y a des diagnostics à faire évidemment. Est-ce qu'il y a un vaginisme Est-ce qu'il y a éventuellement une vulvodynie Tout ça, ça fait partie des consultations de la douleur et des types de douleurs que je prends en charge au cabinet. Après on va avoir tout ce qui est douleurs pelviennes, les douleurs d'endométriose, les douleurs d'SOPK, plutôt les douleurs chroniques. que je prends en charge, moi, les douleurs aiguës. Et dans ces douleurs-là, j'accompagne les femmes avec plusieurs méthodes. Toutes les femmes ont une endométriose qui va être différente. Donc ça devient intéressant pour moi, parce que quelque part, j'ai besoin de cette recherche. Il m'arrive de faire des formations rien que pour une patiente, parce que je me dis, là, je n'ai pas encore tout. Il y a quelque chose que je n'arrive pas à comprendre qu'elle m'exprime, donc il va falloir que j'aille chercher. Finalement, je crois qu'une sage femme, dans la douleur, on est vraiment bien formée. On est formée pour les douleurs d'un moment de nos vies de femme, qui est sûrement la douleur la plus importante, c'est l'accouchement. On est formée pour cette douleur. Et certes, c'est une douleur qui est plus aiguë, mais on a toutes les formations pour prendre en charge les patientes qui ont des douleurs chroniques. Et quand on fait un peu de rééducation du périnée, et qu'on se retrouve face à une femme qui a de l'endométriose, et qui a peut-être une hyperactivité vésicale, on va pouvoir la prendre en charge, cette hyperactivité vésicale. Donc ce que je trouve intéressant dans l'endométriose, c'est qu'on va pouvoir prendre en charge plusieurs aspects de notre profession, que ce soit par exemple des problèmes de diarrhée-constipation, que ce soit des problèmes de dysménorrhée, que ce soit des problèmes plus complexes dans le syndrome douloureux avec des vulvodynies. On a toutes les techniques, on est capable de prendre en charge ces femmes qui ont beaucoup de symptômes différents, qui sont liés à l'endométriose. Quelque part, pour moi, c'est vraiment un plaisir de les écouter. douter leurs symptômes et de dire Ok, aujourd'hui, c'est quoi le plus important Aujourd'hui, ma douleur la plus importante ou celle que j'aimerais régler aujourd'hui, c'est peut-être la vulvodynie. Ok, on part sur le traitement de la vulvodynie. Prochaine consultation, Comment ça va aujourd'hui Quelle est votre problématique du jour Ah ben là, ma vessie, ça n'arrête plus, je ne tiens plus. Est-ce qu'on peut parler de la vessie aujourd'hui Oui, on va parler de la vessie aujourd'hui. Comme ça, je m'adapte et c'est pour ça que je crois que je ne m'ennuie pas. Chaque consultation va... Aider la patiente va lui permettre de monter une marche de plus pour arriver vraiment à se prendre en charge toute seule. Si vous donnez la possibilité aux femmes de comprendre ce qui leur arrive, elles arriveront à se prendre en charge. Et du coup, on va réduire le nombre de consultations de douleurs. Parce qu'elles seront A. Je sais que dans l'hormétriose, par exemple, la vessie peut éventuellement un jour devenir hyperactive par l'hypersensibilité pelvienne. On sait qu'on peut avoir des choses qui vont évoluer dans l'hormétriose. Moi, j'ai tendance à leur expliquer la maladie. Et tout. les symptômes qui peuvent arriver dans cette maladie pour qu'elle sache que ah non, ce n'est pas un nouveau truc qui m'arrive, ça fait partie de l'endométriose. Et je sais, je l'ai déjà entendu, on me l'a expliqué, je sais en plus ce qu'il faut faire. Donc j'ai tendance vraiment à mettre même la charrue avant les bœufs et me dire, il vaut mieux qu'elle ait toute l'information que juste le problème qu'elle a du jour. Je veux pouvoir lui expliquer toute la symptomatologie possible de l'endométriose qu'elle puisse faire face aux problèmes éventuels de demain. Et elles sont très intéressées les femmes. Elles me disent Ah mais donc mes ballonnements, moi je pensais que c'était du digestif, je voyais le gastro, en fait ça fait partie de l'endométriose Je fais Oui, potentiellement Il faut évidemment vérifier s'il n'y a pas d'autres pathologies en plus, mais je leur explique vraiment l'hypersensibilité centrale, comment ça marche la douleur, qu'est-ce que crée une douleur aiguë, qu'est-ce que crée une douleur chronique, qu'est-ce que crée une douleur chronique qui est dépassée, finalement notre cerveau est dépassé, ne sait plus comment gérer. Et on va se retrouver avec des femmes qui vont avoir des bassins bloqués parce que justement... elles ont de l'hypersensibilité pelvienne et elles vont créer de l'hypertonie musculaire. Et cette hypertonie va engendrer pas mal de symptômes différents. Après, je vais avoir des femmes, surtout en postpartum, avec des douleurs qui sont plutôt cicatricielles. Je vais prendre en charge les douleurs cicatricielles du postpartum. Je vais me retrouver aussi avec des douleurs postchirurgicales, avec des patientes qui ont opéré soit de l'endométriose, on en parlait à l'instant, mais ça peut être aussi des patientes qui sont opérées pour des prolapsus ou qui ont des bandelettes et où ça se passe mal. Parce que finalement, on ne voit pas toujours le retour de ces femmes-là. Et ces femmes-là se retrouvent dans la nature en consultation dans deux mois. Voilà, il n'y a rien, il ne se passe rien. Et je trouve que c'est vraiment important de pouvoir suivre ces femmes. Donc ça fait partie de mes consultations. C'est du post-op, gynéco. Essayer de savoir s'il y a de la douleur et si on a à la prendre en charge. Et si tout va bien, tant mieux. Discuter éventuellement de comment ça s'est passé. Quelle est la suite des femmes à qui on enlève l'utérus Elles se retrouvent, elles me disent mais s'il y a un vide, qu'est-ce qui s'est passé à la place Et je trouve que leur expliquer, leur faire des schémas, c'est les faire participer à la suite de leur vie. Comment est-ce que je gère ma vie maintenant sans mon utérus Est-ce que ça va changer quelque chose pour moi Et quoi Et je trouve que c'est une partie de notre métier qui a vraiment de l'importance. Dans des autres consultations, étant donné que je fais quand même pas mal de rééducation du périnée complexe, je me retrouve avec des femmes qui viennent pour des pesanteurs pelviennes, donc pour des diagnostics de prolapsus. Là, je prends en charge aussi ces patientes-là parce qu'elles sont très peu écoutées. Toutes les sages-femmes pourront le dire, on se retrouve avec des patientes à qui on a prescrit des pécères et qui ne savent pas quoi en faire. Il n'y a aucun suivi et je pense qu'on a un rôle en tant que sage-femme d'aider ces femmes-là. Une femme qui a aujourd'hui 60 ans n'est pas du tout habituée à mettre les doigts dans son vagin comme une femme de 20 ans. Aujourd'hui, ça devient de moins en moins tabou, alors que les femmes de 60, 70, 80 ans, c'est quelque chose de très tabou. Et leur proposer de mettre un pécère, c'est très très complexe. Dans les consultations que j'ai aussi, je vais prendre en charge les femmes au moment de la ménopause, la pré-ménopause et la dé-ménopause, dans les déséquilibres hormonaux. Au départ, quand j'ai commencé, je ne m'attendais pas du tout à avoir autant de plaintes des patientes. Ah, j'ai des bouffées de chaleur, mais on sait qu'on ne peut rien y faire. Ah ben là, j'ai de nouveau tel et tel symptôme, mais mon gynéco m'a dit, ben c'est normal, c'est la ménopause. Alors ça, c'est le genre de truc qui m'horripile quelque part, parce que tout doucement, moi j'y suis dans cette phase de ma vie, et je me rends compte que c'est compliqué. Du jour au lendemain, on se retrouve avec une vulve qu'on n'aime plus, qui gratte, qui n'est pas agréable, on n'est pas bien dans son corps. Et pour moi, c'est de la douleur. C'est une forme de douleur. Je trouve qu'on doit la prendre en charge. Alors, on est évidemment de plus en plus nombreuses à proposer des consultations dans le suivi gynéco de la ménopause, même si on ne peut pas tout prescrire malheureusement encore aujourd'hui, et j'espère que ça, ça va changer. Et je crois que l'écoute, c'est ce qu'il y a sûrement de plus important. de la plainte. Il ne faut jamais la laisser passer. Donc, les prendre en charge par les moyens qu'on a, c'est-à-dire, au départ, on va commencer par nos techniques de médecine traditionnelle. On se rend vite compte qu'on a des limites et je crois qu'il faut savoir aller dans d'autres choses. Il faut pouvoir leur proposer d'autres choses. Et là, la phyto est quelque chose de très intéressant. La médecine fonctionnelle, à cette période de la vie, pour moi, elle est indispensable. Parce qu'elle nous permet de prendre en charge de nouveau la femme dans sa globalité. Et on se retrouve avec des... des patientes qui sont soulagées, de petits maux, mais c'est des petits maux qui créent des retranchements des femmes. Elles se retrouvent seules face à ces problèmes de la périménopause, de la ménopause. Et elles ne savent pas. Elles n'ont aucune connaissance de ce qui se passe derrière. Et je trouve qu'on devrait plus faire de la prévention sur cette partie-là de la vie. Comment est-ce que je m'organise La majeure partie des consultations dure en moyenne une demi-heure. Il m'arrive d'avoir du retard, des fois beaucoup de retard, parce que quand on commence à toucher certains points à l'intérieur du vagin, on se retrouve avec des choses qui remontent. Ça, c'est des consultations qui passent d'une demi-heure à une heure. Tant pis, c'est comme ça. Je crois qu'on vit toutes ce genre de consultations et je crois qu'il faut respecter. Mais la majeure partie de mes consultations durent une demi-heure. J'ai un planning sur la semaine qui varie entre quatre jours de travail et quatre jours et demi. Je crois que je suis arrivée à mener quelque chose de bien entre ma vie de famille et ma vie professionnelle, dans le sens où j'ai deux enfants qui sont partis, donc je n'ai plus qu'un enfant à la maison actuellement. C'est beaucoup plus simple et je comprends. énormément les sages-femmes qui se retrouvent avec des enfants en bas âge ou des enfants en âge de demande maternelle. C'est très compliqué parce qu'une sage-femme, elle se donne à fond pour ses patientes. Donc j'essaye de ne pas m'oublier en respectant certains temps familiaux. J'ai quand même quelques consultations d'urgence, puisque j'ai des patientes qui viennent en postpartum immédiat pour des cicatrices douloureuses. Il m'arrive de travailler un peu plus, c'est vrai. Tout doucement, je suis obligée de dire non. Et ça, c'est la chose la plus... le plus difficile auquel je fais face, c'est de devoir dire non à une patiente parce que je n'ai plus de consultation possible. J'espère qu'on va être de plus en plus nombreuses, en tant que sage-femme, à prendre les femmes en charge sur ces douleurs, pour que justement, on puisse répondre à l'attente. Aujourd'hui, je me sens un peu seule, je sais qu'on commence à être plus nombreuses, mais j'ai beaucoup de demandes et j'ai des plannings avec des attentes minimum de trois mois pour une prise en charge, c'est-à-dire que les patientes qui viennent aujourd'hui pour une première consultation, j'arrive à les prendre à peu près en charge dans trois mois. J'interviens régulièrement dans l'optique, je dirais, d'informer les sages-femmes de cette partie de notre métier. Et je trouve qu'actuellement, en discutant avec certaines d'entre elles, il y a quand même quelque chose qui ressort, c'est cette orientation. Tout doucement, les sages-femmes s'orientent, parce qu'elles font ce qu'elles aiment, on fait bien ce qu'on aime faire, et ça, elles le constatent, et on fait moins bien ce qu'on n'aime pas faire, ça je l'ai constaté tout de suite. J'ai fait quelques interventions déjà. pour les prises en charge de l'endométriose, par exemple. J'étais intervenue au congrès des sages-femmes libérales de Troyes il y a deux ans pour tout ce qui est prise en charge de l'endométriose par la radiofréquence, ce que j'utilise au cabinet. Je suis intervenue aussi à une assemblée générale de l'Ordre pour parler des prises en charge de la douleur de la femme. C'est un message que j'aimerais faire passer, clairement, parce qu'on n'est pas assez nombreuses à prendre en charge les douleurs. Et on est formaté en tant que sages-femmes. On nous met dans un moule, de toute façon, dès les études. Alors, il y a des choses où je suis tout à fait d'accord. Il ne faut pas tellement sortir du moule. On est d'accord, il y a une base de notre métier, il y a des lois qui nous encadrent. Mais je crois que la douleur de la femme correspond au métier de sage-femme. La sage-femme, c'est quand même la maîtrise et la connaissance, finalement, du corps de la femme. Et connaître le corps de la femme, c'est entendre toutes ses plaintes. Et elles ont plein de plaintes, les femmes. Il faut juste les écouter. Alors, se prendre le temps de les écouter, je crois que les sages-femmes le font. C'est surtout de prendre le temps de répondre à leurs problématiques. J'espère que d'autres sages-femmes vont aller dans cette optique de prendre la femme de façon globale en charge. Et pas que parce qu'il faut faire un frottis, parce qu'il faut la vacciner. Il y a bien d'autres plaintes chez les femmes. On peut leur redonner une qualité de vie juste en les écoutant et en essayant de les aider sur des petites choses très simples. Des fois, c'est vraiment des toutes petites gênes, mais qui créent quelque chose de plus important derrière. Dans leur vie de couple, par exemple. Une femme qui a des disparus-nits, on ne peut pas la laisser avec des disparus-nits. J'ai comme ça un exemple d'une patiente, je regarde encore aujourd'hui le sourire parce que c'était exceptionnel. C'est une patiente qui est arrivée au cabinet sur une consulte pour douleurs vulvaires et vaginales. Elle avait 80 ans. Elle vient me voir, elle me dit voilà, ça fait 40 ans que je n'ai plus de rapport sexuel. Mon mari est décédé très tôt. Je n'ai rencontré personne. Et là, je viens de rencontrer un jeune homme de 60 ans. Donc déjà, j'avais le sourire. Et le problème, c'est que... que nous n'arrivons plus à faire l'amour. Donc cette patiente, elle était venue dans l'espoir d'avoir de nouveau un rapport sexuel à 80 ans. Je crois que ça, elle m'a fait ma journée, elle m'a fait mon année, et j'en parle encore, parce que j'ai trouvé ça splendide, splendide pour nous, pour moi, en me disant, waouh, donc il y a encore des choses, plus tard, quel bonheur, splendide pour sa démarche. Ce n'était pas une démarche pour lui, c'était une démarche pour elle. Et prendre en charge cette femme, ça a été... exceptionnelle, je crois qu'elle m'en a appris beaucoup. Je pense qu'on apprend énormément des femmes et ça c'est magnifique. Chaque femme me fait progresser en tant que femme moi-même et en tant que sage-femme. Et cette femme, elle s'est donnée les moyens d'arriver à avoir une relation sexuelle. Et elle est revenue au cabinet, évidemment, pour tout me raconter. Et ça, j'avais l'impression, je ne sais pas, de faire partie de sa vie, mais qui je suis pour avoir le droit d'entendre des choses comme ça C'était vraiment fantastique. Quand on arrive à enlever une douleur à une femme, quand elle arrive à avoir un rapport sans avoir de douleur, même les femmes ménopausées, quand elles arrivent à retrouver un peu de lubrification, qu'elles soient entendues, c'est normal. Tous ces problèmes de déséquilibre hormono, c'est quelque chose qui fait partie de notre vie. Et il faut le dire, ce n'est pas de la pathologie du tout, mais par contre... Ça freine beaucoup de choses. Ces patientes qui viennent me voir en disant mon vagin est trop sec, ça me fait mal, donc la libido baisse, etc. Je crois qu'on leur change la vie si on arrive à changer ça. Parce qu'elles reprennent confiance en elles et du coup, elles reprennent le pouvoir dans leur couple, pas de dire monsieur a envie, je ne peux pas lui dire non mais de dire moi j'ai envie Et ça, c'est magique.

  • Speaker #1

    C'était le troisième épisode du podcast La Voix des Sages-Femmes, et je remercie Stéphanie pour sa prise de parole aussi sensible que captivante. Son témoignage nous montre qu'il est possible de se réinventer à chaque étape de son parcours en écoutant ses aspirations profondes et en les alignant avec sa pratique. Cette démarche sincère, couplée à une formation rigoureuse et continue, permet d'entendre... toutes les demandes et les besoins de chaque femme et d'y apporter des réponses adaptées pour améliorer considérablement leur bien-être, sans négligence. Un message précieux qui résonne bien au-delà de la profession. A très bientôt pour un nouvel épisode.

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