- Speaker #0
Bienvenue à l'apéro des papas. Ce soir, inutile d'enlever vos chaussures car nous ne sommes pas à la maison de naissance du calme, mais à l'extérieur dans un parc près d'un petit lac. Comme les autres jeudis, nous avons décidé de nous réunir entre père et futur père pour questionner cette difficulté d'être l'autre, d'être celui des deux qui ne porte pas l'enfant, celui qui cherche la juste place et qui parfois se sent seul et qui doute. Autour de cette table entourée de verdure, pas de spécialistes de la naissance, juste nous, des Ausha comme on dit, qui partageons nos émotions, nos expériences, nos récits de vie. Et une place libre, la vôtre, chère auditrice, cher auditeur, qui êtes là où le bienvenu à nous rejoindre.
- Speaker #1
Bonsoir.
- Speaker #2
Bonsoir.
- Speaker #3
Salut. Salut.
- Speaker #1
Nous sommes réunis ce soir pour le sixième épisode de l'apéro des papas. Nous accueillons aujourd'hui un jeune participant que peut-être son papa pourrait nous présenter.
- Speaker #4
Voici Noam. Noam a sept mois depuis avant-hier. Et voilà, je crois qu'il s'est déjà exprimé dans le micro, donc apparemment il n'est pas parti pour recommencer.
- Speaker #1
Et comme nous accueillons... de nouveaux papas ou de futurs papas dans cet apéro, ça pourrait être agréable de commencer par nous présenter.
- Speaker #3
Bonjour, je m'appelle Herman, je suis Colombien à la base et avec ma femme Marcela, on attend un petit garçon. On est dans le quatrième mois de cette semaine de grossesse, 19 d'aménorée. C'est une différence qu'on a dû apprendre en France. Le fait qu'ici ça se compte depuis l'aménorée. pas depuis la grossesse. Mais oui, donc on est à 19 semaines d'aménagement.
- Speaker #2
Et moi, je m'appelle Constantin. Je suis un jeune papa de 33 ans. J'ai un garçon qui s'appelle Léon, qui est né il y a un an et demi. Et je suis très épanoui dans ce rôle, aussi bien en tant que papa qu'en tant que père.
- Speaker #1
C'est pas mal d'être papa et père à la fois.
- Speaker #2
C'est quoi en tant qu'homme et en tant que père ?
- Speaker #3
Généralement. Et moi, je suis Alex.
- Speaker #1
Je suis ravi d'être avec vous ce soir.
- Speaker #3
Je suis le papa d'une petite Joséphine qui a un petit peu plus d'un an et qui a fait ses premiers pailles.
- Speaker #4
Je suis Ulysse, le père de Noam, ici présent, mais aussi d'Amel.
- Speaker #1
Moi, je suis Daniel. Je suis père de Pablo, qui a cinq ans et demi, et d'Alice, qui a un an et trois mois. Et j'anime ce podcast avec cette question ce soir qui me touche particulièrement. Être homme et père, père et homme, homme ou père, je ne sais pas comment prendre cette formulation justement. Tu me disais directement, toi ça t'anime cette question-là, Constantin.
- Speaker #2
Oui, c'est une réflexion que je m'étais pas mal faite avant d'être père en réalité, pour la première fois. Parce que j'avais l'impression que toute ma vie convergeait vers cette paternité-là. Et en ce sens, je me sentais prêt à ne devenir que père. Une fois qu'il était là, les trois premiers mois, je n'étais que père. Je pense que j'ai fait vraiment, il n'y avait plus de jour ou de nuit. Tu te lèves n'importe quand. Et au bout d'un moment, tu commences un peu à te dire qu'il y a... Le monde extérieur, ce n'est pas si mal aussi. Notamment pour la stabilité psychologique, émotionnelle. C'est bien d'être autre chose qu'un papa. En tout cas, c'est comme ça que je l'ai vécu moi. Un rééquilibrage aura été nécessaire pour moi, pour renouer avec tout ce qui me constitue en tant qu'homme, c'est-à-dire globalement en dehors du foyer. À la maison, je suis un papa. En dehors, quand je vois mes amis au travail, là, je peux être autre chose qu'un père. Je peux être un homme un peu plus simple, un peu plus généraliste.
- Speaker #1
C'est marrant ce que tu dis. Pourquoi tu dis en opposition ?
- Speaker #2
Parce que c'est comme ça que je le voyais. Je faisais cette dichotomie-là avant d'être père. Je voyais ça comme l'un ou l'autre.
- Speaker #1
Mais pour toi, ça, c'était une souffrance ?
- Speaker #2
Non, pas du tout. Moi, j'adore. Je suis hyper heureux. Je suis hyper heureux en tant que papa, en tant qu'individu. Tu vois, les trois premiers mois où je disais que je ne sortais quasiment pas, j'étais juste un père, ça ne m'a pas dérangé du tout. J'ai adoré ça.
- Speaker #1
Tu vois ce que tu me dis ? Ça me fait vraiment penser à des mots que tu avais dit dans le premier des deux textes que tu as lus. Ulysse, dans cet apéro, je crois que tu avais écrit ça comme ça. J'ai toujours voulu faire papa.
- Speaker #4
Je précisais même que j'aurais préféré être mère, mais... Là-dessus, je n'ai pas eu le choix biologiquement.
- Speaker #2
Pourquoi ? Il y avait un degré de connexion que tu n'y avais pas par toi-même ?
- Speaker #4
J'ai l'impression que le rôle de la mère est plus impliqué dans l'éducation des enfants. C'est lié sûrement à la place de mon père, mais à la place des hommes de manière un peu globale dans une société de la génération d'avant. Toutefois, il y aura toujours une inégalité parce que la grossesse et le fait de donner naissance créent un lien qu'on ne pourra jamais connaître. Il y a quand même neuf mois qui se passe in utero et neuf mois, je crois, au moins neuf mois ex utero, où l'enfant est un peu persuadé que lui et sa mère, c'est une seule et même personne. Donc quand même, ça impose. Tu n'es pas inclus dans ce truc-là.
- Speaker #2
Non.
- Speaker #3
C'est une direction pour laquelle les enfants, souvent, les premiers mots, c'est papa et pas maman. Parce que des fois, papa, c'est la première personne un peu externe qu'ils reconnaissent. Mais justement, parce que pour eux, maman, c'est moi. C'est la même personne. Il y a vraiment un échange un peu permanent des sons. entre l'enfant et la mère, qui fait en fait qu'il y a des cellules de l'enfant qui restent, une fois l'accouchement passé, qui restent dans la mère. Et il y a des cellules de la mère qui restent dans l'enfant. Et donc, il y a même un lien, disons, biologique, que moi aussi, j'aurais aimé. Enfin, les hippocampes, par exemple, c'est les seuls animaux où le mâle, c'est celle qui porte les enfants. Moi, j'ai toujours... rêver d'être un hippocampe parce que moi je trouve que cette expérience de porter envie des dents et des sentir les mouvements enfin les bébés qui bougent à l'intérieur ça doit être incroyable c'est marrant que tu tu estimes plus fatu tu es eu l'impression c'était plus facile de
- Speaker #4
passer à hippocampe que à femme tu dis j'aurais rêvé d'être hippocampe mais en fait ça aurait peut-être été plus simple d'être femme non c'est juste parce que je suis homme et donc j'ai dit
- Speaker #1
C'est bien de vivre dans la mer aussi. Oui,
- Speaker #3
oui.
- Speaker #4
Il y a d'autres choses là.
- Speaker #3
Mais vu que déjà, j'ai suivi homme, c'est la seule option que j'ai trouvée qui était un peu pareille. Mais là, dans les sujets, par exemple, un des choses sur lesquels on parlait avec ma femme au moment de décider si on voulait avoir des enfants, c'était justement ça. C'était justement les liens entre l'individu et la parentalité et cette ambivalence. En plus, parce que Ça, en France, on adore en fait le fait que même si vous, depuis votre champ de référence, il y a cette ambivalence entre les deux, en Colombie, ce qu'on trouve souvent, c'est que les personnes, une fois qu'elles ont un enfant, elles s'éliminent soi-même d'être individu. Et donc, si tu as un enfant en Colombie, tu es parent et point.
- Speaker #2
Hommes et femmes ?
- Speaker #3
Hommes et femmes. D'accord. Et donc, tu trouves, par exemple, que les parents, maintenant, ne sortent plus de la maison pour rester avec l'enfant, parlent le quai de l'enfant. Jamais tu vas voir, par exemple, en Colombie, quelqu'un avec une poussette dans un bar. Mais jamais. Moi, c'est une chose qui m'a choqué culturellement en arrivant en France. C'était de voir des enfants qui dormaient dans leur poussette dans un bar. Je me disais, mais comment est-ce qu'on n'a pas pensé à ça ? Enfin, en Colombie.
- Speaker #2
Ah ok, tu ne disais pas c'est choquant, c'est irresponsable. Pas du tout.
- Speaker #3
Il faut qu'on fasse ça. Il faut qu'on fasse ça parce qu'il y a des gens qui continuent à sortir, à voir des potes, à sortir dans des parcs, etc. Ce n'est pas soit l'un, soit l'autre.
- Speaker #1
Mais toi, tu avais peur de perdre ton identité ?
- Speaker #3
Justement, on disait ça. À quel point on veut se perdre dans la paternité, ou dans la parentalité, au point où on oublie un peu qui on était avant. Et donc, voir ces exemples des parents qui continuent à être parents, même au-delà de la naissance, à être individus, ça, c'est vraiment ce qui nous a poussé à dire, écoute, on y va, c'est génial, on se lance.
- Speaker #2
C'est vrai qu'il y a une tendance. Je ne me fais pas sociologue ou quoi, je parle de mon expérience perso. Mais je me demande à quel point c'est universel. Je pense que c'est quand même un peu... Même si encore une fois la parentalité n'est que de la joie, c'est une dynamique interpersonnelle, quasi sociale, contre laquelle il faut presque... presque lutter un petit peu parce que sinon, je connais une personne qui a, depuis qu'il est papa, il n'a plus aucun ami.
- Speaker #1
Je trouve même quand tu choisis, après la naissance de ton enfant, de rester chez toi, les autres ne comprennent pas que pendant ce temps-là, tu as été sur le front. Quelque chose qui m'a vexé quand j'ai décidé de prendre du temps, c'est quand je suis revenu, de me dire « alors où tu en es de tes projets ? Tu as vachement avancé, tu as fait plein de choses. » En fait, comment vous dire ? J'ai jamais fait autant de choses que de ma vie. J'ai jamais autant travaillé de ma vie. Ça s'appelle les premiers mois d'un enfant. Et donc là, c'est maintenant que je mériterais de commencer à me reposer. Et ce que je trouve un peu vexant pour tous ces parents qui prennent du temps pour leur enfant, c'est comme si on leur disait « tu as ralenti » . Toi, en tant que personne, tu as ralenti. Déjà, personnellement, j'ai l'impression que plus tu donnes pour tes enfants, qui pourtant sont l'avenir de la société, plus tu perds de points socialement. Plus tu fais la chose qui est la plus importante, c'est renouveler ces générations et renouveler le monde en essayant de commencer avec des bonnes valeurs, avec de la patience, avec comment grandir en étant une personne. Plus toi individuellement, au niveau social, tu es mis en retrait. Alors qu'au contraire, il devrait y avoir une reconnaissance de prendre du temps pour élever ce qui va être le monde de demain qui sont nos enfants.
- Speaker #2
J'ai l'impression que la parentalité, la paternité en tout cas, ça isole. Ça prend tellement de temps et d'énergie, mais ce n'est pas un boulet. Je veux dire, ce qui est dingue, c'est que c'est un choix. Tu fais constamment le choix de rentrer t'occuper de ton enfant plutôt que de sortir voir des potes.
- Speaker #1
Constantin, moi je partage totalement ton sentiment d'isolement quand on devient parent. D'autant plus que nous, on a enchaîné la naissance de notre fils jusqu'à ses un an, une pandémie, le besoin de s'en relever et puis après la naissance de notre fille, qui maintenant a un peu plus d'un an. Donc enfin, peut-être vais-je relever la tête de ses cinq ans d'isolement. Par contre, j'ai plus de mal à partager, sans juger ce que tu dis, dis-toi, le fait que ce soit un choix. cet isolement-là. Parce qu'une fois que l'engrenage est lancé et que l'enfant est là, à partir du moment où c'est un peu ce qui nous réunit, les pères autour de cette table, on a un tout petit peu de soucis d'équité dans le couple, c'est pas un choix d'être là. C'est-à-dire que la demande de l'enfant est telle, ses exigences sont telles, qu'on est là. On est pris dedans, malgré soi. Dans les nuits blanches, on est pris dedans. Dans les maladies, on est pris dedans. Dans le fait d'aider à grandir, on est pris dedans. Et moi, je n'ai pas eu l'impression d'avoir choisi.
- Speaker #2
En fait, je partage ton point de vue dans la mesure où c'est... Comment dire ? C'est une évidence pour toi. Mais en fait, je me suis rendu compte que pour beaucoup de parents, ce n'était pas le cas.
- Speaker #1
Mais alors, comment toi, Constantin, tu continues à te sentir libre ? Si tu as le choix d'être présent ou de ne pas être présent, qu'il y a quand même des moments dans les premiers mois de l'enfant Il faut s'y préparer, qu'ils soient à la limite de l'insupportable, soit par la fatigue, soit par la pression, soit par la peur, soit par l'inconnu. Comment tu fais alors que tu as le choix pour rester là ?
- Speaker #2
Je ne sais pas. Mon point de vue a vachement changé. Avant de devenir papa, moi, ce que je redoutais le plus, c'était le manque de sommeil, par exemple. Me réveiller cinq nuits par nuit, mais ça va être l'enfer. C'est cauchemardesque. Mais je vais avoir envie de mourir au bout d'un mois, ce n'est pas possible. Et en fait, je me levais cinq fois par nuit pour des câlins. Alors oui. J'ai mon enfant qui me hurle dans les oreilles. Mais à chaque fois, j'ai un câlin.
- Speaker #1
C'est un niveau de patience plus élevé que le mien.
- Speaker #2
Détrompe-toi, je suis une boule de mer.
- Speaker #1
C'est-à-dire que vraiment... Oui, c'est peut-être ça.
- Speaker #2
Peut-être qu'effectivement, on a tourné un peu autour du pot, mais peut-être qu'on a mis le doigt dessus. Peut-être que le choix se fait en amont, dans le positionnement, dans le choix de l'homme et du père que tu veux être. Et à partir de là, une fois que tu as défini la ligne éditoriale, tu ne peux plus déroger. Tu ne vas pas dire je vais être un papa présent et demain je sors, après-demain aussi, après-après-demain aussi. Ce ne serait pas très cohérent. Donc, on a fait un premier choix. Puis maintenant, il faut assumer.
- Speaker #1
Mais du coup, Constantin, dans ton choix que tu dis là d'être un père présent, dans le temps, est-ce qu'il y a un moment justement où tu te dis, un peu comme le questionnant de Herman avant, là, il faut que je me retrouve ?
- Speaker #2
Je ne saurais pas te dire. Je ne pense pas que j'ai eu le sentiment de me perdre ou de m'éloigner de moi-même. Bien au contraire, depuis que j'ai eu un enfant, j'ai eu l'impression de me découvrir, de me décoder, de me décrypter un peu mieux. Je comprends un peu mieux comment fonctionnent mes mécanismes. Tout à l'heure, je parlais des mécanismes de tension ou de colère qui arrivent beaucoup plus vite quand je manque de sommeil. Mais au bout d'un moment, quand c'est aussi répétitif, tu vois que tu es un peu un robot. Tu es un peu un algorithme qui fonctionne toujours pareil et tu comprends tes mécanismes et les étapes 1, 2, 3, 4 qui mènent. à l'explosion 5. Donc, petit à petit, je... Il a révélé en moi des facettes un peu complexes, tu vois, notamment sur la colère. C'est mon gros combat, ça, parce que j'ai grandi dans un contexte peut-être un peu compliqué. Ce qui fait que le manque de sommeil, les hurlements, notamment quand je conduis, etc. C'est des trucs qui peuvent énormément me tendre. Mais en même temps, je sais quelle personne je n'ai pas envie de devenir. Je sais quelle personne je veux être, notamment devant mon enfant. Parce que l'arrivée de la paternité dans ma vie a été beaucoup plus difficile que ce que j'imaginais, pour plein d'autres raisons. Et je pense que j'ai réussi, grâce à beaucoup de communication avec ma compagne et beaucoup de temps passé avec mon enfant, à me rapprocher petit à petit du père que je voudrais être.
- Speaker #4
Comment tu as pu définir le père que tu voulais être ?
- Speaker #2
Je suis déjà parti du contre-exemple de mon père.
- Speaker #4
Ça aide, ça.
- Speaker #2
Voilà ce que je veux pas.
- Speaker #1
C'est une sorte de constante de l'apéro des papas.
- Speaker #2
Je sais pas pourquoi ça m'étonne pas. Et beaucoup d'hommes se disent que s'occuper un peu de son enfant, c'est pas être un père et prendre sa place, prendre son rôle. Non, non, c'est filer un coup de main au rôle de la femme, parce qu'après tout, c'est à elle de le faire. Et je suis bien sympa. Politiquement, ça me scandalise, et humainement, ça m'attriste. Parce que je me dis, mais tu te rends pas compte de ce que tu loupes, mon vieux ? Être un père, mais c'est pas un sacrifice. C'est un... C'est une odyssée, le truc. Excuse-moi Ulysse, je voulais pas faire de mauvais jeu de mots, mais...
- Speaker #4
Non mais, alors, je suis assez d'accord avec toi. Moi, je ressens vraiment la même chose. Et ça m'a fait naître comme réflexion que, effectivement, finalement, pour moi, être un homme, c'est... J'en ai besoin, en fait, pour... J'ai besoin de le prouver souvent à d'autres hommes, mais même de manière globale à d'autres gens à la société qui me demandent de prouver un peu que je suis un homme. Et donc quelque part, j'en connais les stéréotypes de base qu'il faut savoir démontrer, à savoir bien aimer la bière, parler de cul éventuellement. Enfin voilà, je ne trouverai pas tous les trucs, mais je pense que je sais assez bien les manier. Et donc je sais faire office d'homme quand je suis en société. pour autant ça m'intéresse pas du tout alors qu'effectivement être père je trouve ça beaucoup plus intéressant
- Speaker #1
Mais après ce que je comprends de tout ce qu'on est en train de dire depuis tout à l'heure c'est que j'ai l'impression en tout cas ce qui nous réunit enfin en tout cas je vous pose la question est-ce que vous, vous avez vécu quelque part comme une consécration en tant qu'individu ou en tant qu'homme de devenir père ?
- Speaker #2
Oui, très clairement Oui, aussi oui
- Speaker #4
aussi personnellement. Après, dans la société, je ne sais pas. Je n'ai pas...
- Speaker #1
Donc toi, les deux, tu les vois différents. Honnêtement.
- Speaker #4
Je sentis la consécration, moi, parce que c'était un début de ma vie. Dans la société, je n'ai pas l'impression que ça a changé grand-chose.
- Speaker #1
Donc, être père semble quelque chose d'évident. Et presque là depuis longtemps, voire depuis toujours. Mais être homme, ça semblerait encore assez flou dans ce qu'on raconte. C'est-à-dire, est-ce qu'être père, c'est justement... Comme on a dit, un accomplissement d'homme, même dans le fait de procréer, tout simplement. Est-ce qu'il y a quelque chose de la puissance qui nous fait homme quand on devient père ? Est-ce que vous avez senti, est-ce que toi, Herman, tu disais « je suis père » , il y a quelque chose de puissance qui est là ?
- Speaker #3
Je n'ai jamais posé la question, en fait. Il y a bien sûr cette sorte de ressenti de « ok, ça fonctionne » . Enfin, un peu de soulagement parce que finalement, tout le temps… Beaucoup de personnes ont déjà passé cinq ans à essayer d'avoir un enfant et qui n'arrivent pas. En plus, pour nous, ça s'est passé hyper rapidement. On a commencé à se poser la question en novembre. En février, on a commencé à dire qu'on commençait à compter vraiment les jours pour voir ce qui se passe. En mars, on était enceinte. Il y a quand même cette partie « ok, nickel » . Les petits hommes, ils fonctionnent, ils savent nager, ça soulage un peu quand même. Mais après, je pense que ce n'est pas une chose comme tu arrives à être homme complet une fois que tu deviens parent. Je ne pense pas que ce soit le cas pour tout le monde. Il y a beaucoup de personnes qui sont hyper pleines, hyper contentes d'être juste eux. Mais c'est vrai, dès les moments... où j'ai appris la nouvelle qu'elle était enceinte, il y a eu une sorte de clic, enfin vraiment quelque chose qui a fait « plac » et depuis là, c'est vraiment un autre état d'esprit où je dis cette ressentie, maintenant que je la connais. J'ai même visage pas à passer ma vie sans les connaître. Mais même déjà, avec la nouvelle. Je suis en plus une personne qui pleure beaucoup. Je suis très sensible comme ça. Et donc, maintenant que j'ai eu ce sentiment, je ne peux pas être non-parent. Je dois être parent. C'est vraiment un clic.
- Speaker #4
Je voulais juste dire que j'avais l'impression qu'être père, pour moi, ça avait été une recherche et un choix. Alors qu'être homme, c'est un peu un état de fait, voire parfois un poids ou un truc que je n'ai pas effectivement choisi. Ce n'est pas une démarche.
- Speaker #1
Pour moi, j'ai l'impression qu'être père était quelque chose de naturel. Là où je te rejoins, j'ai toujours envie d'être papa. Je suis devenu papa et c'est ma place, c'est une des places qui me paraît juste dans ma vie, pas la seule, mais une des places vraiment juste. Par contre, qu'est-ce qu'être un homme me questionne pas mal. Et j'ai eu l'impression, si je parle du regard des autres, qu'être père m'a assis comme homme. Je parle même pour le regard des femmes, en fin de compte. Je me rends compte que là, je me promène avec ma fille. en porte-bébé, où je me promène avec mon fils qui me parle dans la rue, et que je le vois dans l'attitude de femme, on va dire, de mon âge, qui ont des enfants ou qui n'ont pas d'enfants, que de me voir arriver avec un enfant, pour elle, c'est comme quelque chose d'accompli, comme quelque chose de plus sain dans les relations. Peut-être que c'est moi qui projette ça. Certainement, d'ailleurs, que c'est moi qui projette ça. Mais quelque part, on est dénué de ce jeu de « qu'est-ce que me veut cet homme ? » Et j'ai l'impression que c'est des rapports plus francs, homme-femme, depuis que je suis papa. Et je l'apprécie beaucoup parce que c'est des rapports, j'ai envie de dire, assez sains où on n'attend plus quelque chose l'un de l'autre, qui ne sont pas dénués d'un rapport homme-femme, mais qui sont dénués de ses attentes en fin de compte là.
- Speaker #2
Et effectivement, quand tu es au parc et que tu croises une femme, si tu pousses la poussette de ton enfant, dans son regard, moi je partage ce point de vue. presque une forme de tranquillisation. Genre, encore un mec dans le parc, il fait un peu nuit, il n'y a pas trop de lumière. Ah, il a un enfant, ça va. Il doit être fiable.
- Speaker #1
Donc, même s'il ne s'agit pas de l'enfant, l'enfant, une fois qu'il est là, il permet d'assainir ses relations hommes-femmes parce qu'il les dégage justement de ce risque.
- Speaker #2
Mais j'avais l'impression qu'effectivement, avoir un enfant, c'était presque comme avoir un tampon de certification sur mon visa mec bien. C'est presque une petite preuve, alors que ça ne veut rien dire du tout. Il y a plein de papas qui sont des pourritures complètes. Mais j'ai tellement envie d'être un papa bien que je me dis que ça va forcément déteindre sur mon identité d'homme bon aussi. Enfin de personne, de personne bienveillante.
- Speaker #3
Être père n'est pas être infallible. Comme être couple n'est pas être infallible, comme être personne n'est pas être infallible. Être humain. Exact, être humain. C'est justement ça. Et donc, ça veut lever la main, soit comme couple, soit comme personne, soit comme individu, soit comme père, etc. Pour demander de l'aide, soit dans un podcast, soit avec la femme, soit avec la famille. Mais avoir bien clair que... il est quand même important d'avoir des espaces pour tous les différents éléments qui composent notre personnalité et notre
- Speaker #0
vie. Organisé par Ulysse Vincent et Barthélémy Lagnoux. Écrit et réalisé par Daniel Toiti. Musique composée par Jimmy Hu. Produit par l'association Ausha avec le soutien de la Fondation de France. Moyens techniques fournis par DCA et Ciel Rouge Studio. Au prochain épisode, nous parlerons de redevenir parent.