- Speaker #0
Là on entend le bruit des copeaux. C'est un peu une référence à un de mes profs qui était capable de nous parler assez longtemps du bruit des copeaux et je trouvais ça plutôt poétique en fait comme façon d'aborder la menuiserie. C'est un outil qu'on appelle une varlope qui permet du coup de retirer de la matière en très petite quantité et donc on entend littéralement le bruit des copeaux.
- Speaker #1
Le bruit des choses. À la rencontre des ressourceries, recycleries et ateliers vélos d'Ile-de-France.
- Speaker #0
Nous, en fait, c'est la mine qui est du réemploi, de réemploi, de réemploi, de réemploi.
- Speaker #1
Pour moi, une ressourcerie, ça a lieu plein de possibles, en fait. Deuxième épisode, glaner le bois des villes avec Extramuros. Salut !
- Speaker #2
Ok, donc moi je m'appelle Louise, avec René on va encadrer l'atelier de ce soir. C'est donc de 17h30 à 20h. Globalement, vous êtes peut-être un peu renseignée sur Extramuros, vous savez ce que c'est ? Ok, qu'est-ce que c'est ?
- Speaker #0
Pour présenter Extramuros, l'association, je dirais qu'on est une menuiserie solidaire, écologique, de quartier.
- Speaker #1
C'est une menuiserie ouverte. aux habitants pour venir construire, fabriquer ce qu'ils souhaitent à partir de bois de réemploi et porter sur des activités participatives ou éducatives.
- Speaker #0
On est rue de Ménilmontant, en haut de la butte de la rue de Ménilmontant, tout là-haut. Et on a un petit atelier dans lequel il se passe pas mal d'activités.
- Speaker #2
Pour en venir plus spécifiquement au lieu, les machines que vous avez à votre disposition, ce n'est pas toutes celles qui sont là. Dans tous les cas, il y a une perceuse à collants, il y a la scie radiale qui est à bas et il y a la scie sur table qui est là. En bas, il y a une salle de ponçage. Dans tous les cas, toutes ces machines qui sont particulièrement dangereuses, je pense à la scie radiale, à la scie sous table en particulier, vous les utilisez toujours avec une autre personne pour vous aider. A priori, vous venez vers nous, les encadrants. Et donc, en fonction de vos projets, on viendra vous aider à ce moment-là, vous expliquer comment utiliser la machine en toute sécurité. OK ? Ça marche ?
- Speaker #0
Extramuros est né il y a 18 ans sous l'impulsion de trois personnes qui avaient plutôt une formation dans le design et dans la création de mobilier, avec l'idée d'offrir des espaces de création à partir de matériaux de réemploi, et pas que le bois en fait. Le bois est venu très rapidement parce que ça offrait plein de possibilités, mais au début on a travaillé pas mal le tissu, le papier, le carton et le bois. On était basé à Jeunevilliers, sur un site de traitement de déchets de Veolia, qui existe toujours, d'où le nom Extramuros. Et Extramuros a permis la création d'une entreprise d'insertion qui s'appelle Atelier Extramuros et qui est toujours restée là-bas. Mais nous, on est revenus à Paris et on a gardé le nom. Moi, je m'appelle Antoine, je suis menuisier directeur d'Extramuros, l'association.
- Speaker #1
Hop, je te laisse suivre René, j'arrive. Qu'est-ce qui se passe ce soir à Réan ici ? Alors là, on est en plein atelier Méni-Libre. C'est les ateliers où on ouvre l'atelier principal de l'association aux habitants, aux adhérents de l'association. Donc, ils viennent ici pour faire leurs projets personnels et utiliser les machines, les outils pour fabriquer ou réparer du mobilier ou des petits objets avec des encadrants qui sont là pour donner des conseils. et veiller à la bonne utilisation et sécurité au niveau des machines. Souvent, les personnes viennent à Extramuros aussi avec leurs planches de bois ou leurs meubles pour demander à réparer. Et souvent, on les invite finalement à venir au ménilibre pour pouvoir faire ça de leur propre main, puisque l'idée, c'est aussi d'être en autonomie et de se sentir capable de faire ça plutôt que de mettre à la poubelle et de racheter du neuf. Je m'appelle Ariane, je suis chargée de projet sur la mission animation sensibilisation chez Extramuros, l'association.
- Speaker #0
Il y a des vrais besoins très concrets. D'un point de vue économique, on a des gens qui viennent, qui ont un meuble qui est cassé et qui n'ont pas les moyens de le changer. Et donc, nous, ce qu'on cherche à faire, c'est de montrer comment est-ce qu'il est possible de réparer un meuble avec des outils qu'on peut trouver dans nos ateliers. On a une bricothèque, donc on peut aussi prêter des outils un peu plus lourds pour que les gens puissent intervenir directement chez eux. Nous, ce qui nous intéresse, c'est de rendre accessible, du coup, que ce ne soit pas uniquement une passion pour des classes plus aisées.
- Speaker #2
Ici, l'association, elle valorise énormément le réemploi, donc elle récupère beaucoup de bois. Et on a une certaine partie qui est mise à notre disposition pour les maimis libres. De la même manière que tout le matériel consommable, c'est des choses pour lesquelles on vous invite à donner une participation libre à l'association.
- Speaker #1
On y va,
- Speaker #0
c'est parti ! On a vocation à intervenir plutôt en quartier populaire, plutôt en quartier politique de la ville. Ça, ça fait vraiment partie de l'objet de l'association. Donc en gros, on a deux grands pôles qui vont se dégager. On a tout un volet animation et sensibilisation. Donc là, on va essayer de fabriquer des meubles collectivement avec des gens qui découvrent la menuiserie, qui n'ont jamais fait de menuiserie, qui vont apprendre des gestes de base et qui vont du coup fabriquer leurs propres meubles. Et donc on va avoir... des activités pour à peu près tous les âges. Donc on commence à partir de l'âge de 5-6 ans pour les ateliers petits clous. On va avoir des ateliers avec des enfants un peu plus grands, des ados. Et après, tout le volet adulte, on essaye de viser une mixité à la fois sociale, générationnelle et de genre dans nos ateliers. On ouvre des créneaux uniquement réservés aux femmes et aux personnes trans. Après, l'autre pôle d'activité, c'est les activités d'insertion. Et donc là, on va retrouver les chantiers éducatifs avec des jeunes des quartiers politiques de la ville, principalement. Les jeunes sont accompagnés par leurs éducateurs, leurs éducatrices. Ils viennent réaliser des meubles pour l'embellissement de leur quartier ou pour un acteur social de leur quartier, un bailleur ou une association. Et ils fabriquent ces meubles pendant une à cinq semaines. Et ils sont payés, évidemment, pendant tout ce temps-là. C'est souvent une première expérience professionnelle pour eux. Et l'idée, c'est qu'ils rencontrent en même temps la mission locale chez nous et ils sont accompagnés après, par la suite.
- Speaker #1
Je peux te demander ce que tu es venu faire ici aujourd'hui ? Je suis venue fabriquer une petite boîte, une boîte à souvenirs, pour mettre des cartes postales, etc. C'est la première fois que je viens ici, donc j'ai voulu faire quelque chose de simple.
- Speaker #3
Je suis venue essayer de fabriquer un pantin en bois à l'ancienne.
- Speaker #1
En forme d'éléphant. Je suis en train de fabriquer un plan de travail à partir de l'acte des éléments d'un lit que j'ai trouvé dans la rue.
- Speaker #0
Si j'arrive à le finir ce sort,
- Speaker #1
je te montrerai. Je reviens voir comment ça serait fini alors.
- Speaker #0
Et l'autre activité qu'on a montée il y a deux ans maintenant, bientôt trois ans, c'est l'activité de formation. Un peu comme une continuité des chantiers éducatifs où des fois on sensibilise des jeunes qui vont découvrir la menuiserie, qui vont avoir envie de continuer, mais qui vont avoir un niveau trop faible. pour rejoindre un CFA et rentrer dans un CAP classique. Donc on a voulu créer une formation qui, à la fois, puisse être accessible pour ces jeunes-là, plus courte, de trois mois et demi. Et donc ce projet-là est né, ça s'appelle l'établissement, c'est une formation de menuiserie en économie circulaire. Et on a du coup comme ça plein de gens qui, en sortant de cette formation-là, vont soit retrouver le goût à la formation, être capables en tout cas de se relancer sur un CAP ou une formation en alternance. et d'autres qui vont rejoindre les ressourceries qui ont des ateliers bois. La plupart en tout cas se dirigent quand même plutôt vers les métiers du bois. Je fais une petite tablette qui va en dessous d'un miroir. Donc j'ai pris un morceau de bois de récupération, je taille,
- Speaker #1
je vais faire des arrondis, quelque chose d'assez simple. Je suis venue fabriquer un bon coffre, enfin essayer d'avancer sur ce projet en tout cas. Un coffre pour ranger des affaires en extérieur et pouvoir s'y asseoir. Je suis venu faire une plaque avec les prénoms de mes neveux et nièces. Donc en fait, les lettres, elles s'enlèvent. Et là, je suis venu juste poncer toutes les lettres pour arrondir les coins. Et ce soir, deux bénévoles sont là pour encadrer l'atelier. Elles s'appellent Louise et René. Et elle nous raconte comment elles ont connu Extramuros.
- Speaker #2
J'ai pris des choses. J'habite dans ce quartier depuis presque une petite dizaine d'années. Et ça fait longtemps que je passe devant Extramuros et que je me disais Ah, j'aime bien le travail du bois, il faudrait que je pousse cette porte une fois. Donc une fois, je me suis décidée à pousser cette porte et j'ai commencé à venir aux ateliers Ménilibre comme une adhérente qui vient faire des petits projets. Je suis venue de plus en plus et on m'a proposé de venir en cadrante à un moment. Ce que j'ai fait.
- Speaker #3
Simplement en passant dans la rue, j'ai vu qu'il y avait une menuiserie et comme depuis longtemps je voulais faire de la menuiserie, j'ai sonné, quelqu'un m'a ouvert et m'a dit qu'il fallait que je repasse le soir des ateliers mini-libres. Et c'est comme ça que j'ai commencé à faire un petit peu de menuiserie et à fréquenter l'atelier.
- Speaker #1
Vous avez déjà fait un petit peu de menuiserie avant ?
- Speaker #3
Non, jamais. J'avais simplement bricolé des choses chez moi, j'avais l'habitude de faire des travaux. que non, je n'avais jamais fait, vraiment.
- Speaker #2
Moi, j'ai grandi dans une ferme et j'ai toujours fait beaucoup de choses très manuelles. J'ai toujours beaucoup aimé dessiner, sculpter. Mais je n'ai jamais eu de formation. J'ai toujours fait ça un peu comme ça, en bricolant de mon côté. Et puis, à la période du confinement, quand toute mon activité s'est arrêtée, je me suis plus consacrée pour tout raconter. J'ai cassé une cuillère en bois qu'un copain avait rapporté du Japon et du coup je me sentais trop mal et je me suis dit la seule chose que je peux faire c'est lui remplacer. Et donc j'ai commencé par souper une cuillère et puis après j'ai rencontré un tourneur sur bois et puis j'ai appris le tournage un peu avec lui et puis je me suis acheté un petit tour et puis ainsi de suite et maintenant je fais ça quasiment à mi-temps. J'ai beaucoup appris par moi-même en allant rencontrer des artisans et donc fréquenter les mini-libs c'était aussi une manière de continuer à apprendre. Alors, je suis en train de réaliser un support pour poser des plantes. Alors, tout le monde me dit qu'on dirait un arbre à chat,
- Speaker #1
mais ce n'est pas du tout ça.
- Speaker #2
Ça fait un mois et demi que je suis adhérente et du coup,
- Speaker #1
j'essaie de venir chaque semaine depuis que je suis dans l'association.
- Speaker #2
Mais là, je suis sur un truc qui me permet de tester au moins quatre machines différentes qui sont là.
- Speaker #1
Du coup,
- Speaker #2
c'est...
- Speaker #3
Je suis bénévole. J'encadre, entre guillemets, c'est-à-dire que je fais en sorte que l'atelier puisse être ouvert. On est là pour donner des informations sur le fonctionnement de l'atelier, quel est l'esprit du lieu, et éventuellement donner un coup de main pour la réalisation quand c'est possible. Ce soir-là, il y a beaucoup de monde. Parmi les gens qui sont ici, vous avez des gens qui ont réellement des compétences en matière de menuiserie, d'autres qui sont complètement novices. Donc, ce qui est intéressant ici, c'est le fait qu'il y ait énormément d'échanges et d'échanges avec des personnes, je dirais, de tout milieu. C'est enrichissant, on apprend plein de choses.
- Speaker #1
J'ai mis la tablette. Tu as fait les angles là.
- Speaker #3
C'est un atelier où il y a de l'entraide.
- Speaker #1
Tu ne veux pas la poncer ? elle est déjà déjà pas trop mal on appelle ça aussi de la paresse c'est enregistré
- Speaker #0
Pour récupérer le bois, on a plusieurs gisements disponibles. On agit directement sur le quartier, l'état sauvage. Ça nous arrive quand on a repéré des gisements qui peuvent être intéressants pour nous, on va se servir.
- Speaker #1
On récupère beaucoup de bois. dans des entreprises de transport d'œuvres d'art. Ce sont des entreprises qui font des grosses caisses en contreplaqué et qui sont sur mesure généralement pour acquérir des tableaux et les transporter. Et en fait, toutes ces boîtes sont jetées. Du coup, on récupère une grosse partie de ces boîtes-là. Et sinon, c'est beaucoup dans le secteur de l'événementiel ou du bâtiment qui jettent beaucoup aussi lors d'expositions, par exemple.
- Speaker #0
Et après, on va nous-mêmes générer des chutes de bois et on va avoir un cycle comme ça des matières qui vont être remises dans le circuit du réemploi en interne. Donc on fait du réemploi, de réemploi, de réemploi de matériaux. Il y a énormément de déchets qui sont produits. Ce qu'on constate, en fait, c'est qu'on refuse des plans tous les jours. Je pense à des festivals ou des secteurs comme celui de la mode, par exemple, qui sont extrêmement générateurs de déchets. Une Fashion Week, c'est des matériaux neufs qui sont achetés, qui servent pour un défilé et qui sont jetés. Et il n'y a pas du tout d'habitude sur l'après de ces matériaux-là. À l'échelle d'Extra Muros, l'association, c'est à peu près 20 tonnes par an qui sont réemployées.
- Speaker #1
Alors Karim, c'est le plan de travail ?
- Speaker #0
Une fois qu'il est retourné, t'as qu'à constater, c'est pas mal.
- Speaker #1
Il y a des écarts,
- Speaker #0
je vais rectifier,
- Speaker #1
je vais raboter. Les différences de nivelage, j'appellerais ça comme ça.
- Speaker #0
Je ne suis pas menuisé, je n'ai pas les termes techniques.
- Speaker #1
Il y a toute la finition à faire.
- Speaker #0
On a tous à cœur d'aller chercher du bois plutôt dans les villes que dans les forêts. Il y a largement de quoi faire avec ce qu'on peut faire. qu'on peut trouver ici.
- Speaker #1
Le bois, en fait, a plusieurs vies et souvent les gens jettent, après une seule utilisation, des quantités énormes de bois. Donc c'est important de faire comprendre aussi que cette ressource, elle n'est pas inépuisable et que le bois aussi coûte cher.
- Speaker #0
Pour nous, en fait, c'est l'avenir, à la fois parce que la matière est là, déjà, et par ailleurs, il y a aussi, on le voit en fait, une transformation sur... De la société en général, où il y a des clauses qui sont ouvertes pour la menuiserie de réemploi, pour le travail à partir de matériaux de réemploi, on commence à entreapercevoir des changements à ce niveau-là et il y a un besoin de formation sur des métiers émergents. Le réemploi implique une transformation globale de la façon dont on va s'organiser. On ne travaille pas du tout de la même manière et ça nécessite des connaissances très spécifiques.
- Speaker #1
Là, c'est un petit cahier dans lequel vous expliquez comment ça s'est passé à chaque fois. On note le nombre de personnes, ce qui s'est passé. La RAS a du livre intense, très péquenté. L'attention d'Ariane a surveillé. Et voilà, appel au don suivi d'un silence assourdissant. Et on note s'il y a eu des petits, je sais pas, une machine cassée, un doigt coupé. Pour le moment, il y en a eu zéro. Et il y avait combien de personnes ce soir ? Il y en avait 18. Donc c'est beaucoup.
- Speaker #0
Pour nous, c'est aussi important de montrer que c'est possible d'accéder à des meubles à la fois durables, solides et beaux, qu'on peut fabriquer nous-mêmes.
- Speaker #1
Salut, bonne soirée. Salut. Bonne soirée, on se voit bien. Ça va, au revoir. Le bruit des choses, une série de podcasts du Refait, le réseau français bien duré en pauvre. Réalisé avec le soutien de l'ADEME Île-de-France. Dans le prochain épisode, on part un peu plus au sud. Des bords de Seine à Rissorangis, aux dédales du quartier des Pieds-à-Mibou, à Évry-Courcouronne, on arpentera l'Essonne à la rencontre de l'association La Tribu. Prise de son et réalisation, Noémie Kenney. Habillage musical Etienne Gracianet
- Speaker #2
Désormais on a un système Oh c'est beau ça Attends refais-le Faut le faire Je laisse un peu de temps pour que tu puisses couper Ah Bien comme une pièce Bonne émission