- Speaker #0
On est dans l'atelier D3E de la collectorie. Alors, nous, on va faire dire 3E, parce que D3E, ça veut dire déchet d'équipement électrique et électronique. Comme le but, c'est de réemployer, c'est-à-dire d'éviter que ça devienne des déchets, donc c'est mieux de dire 3E, mais c'est le terme générique des 3E.
- Speaker #2
Le bruit des choses. À la rencontre des ressourceries, recycleries et ateliers vélos d'Ile-de-France.
- Speaker #1
Pour moi, une ressourcerie, c'est un lieu plein de possibles.
- Speaker #2
Le REFER, c'est le réseau francilien du réemploi. Le réseau compte plus de 60 structures adhérentes, réparties dans une centaine de boutiques solidaires dans toute l'île de France. Face aux urgences sociales et écologiques, ces structures défendent une vision non lucrative du réemploi. Elles inventent des solutions locales en donnant une seconde vie aux objets. Dans cette série de podcasts, on vous emmène à la découverte de ce monde du réemploi solidaire. Aujourd'hui, on commence en Seine-Saint-Denis, sur les hauteurs de Montreuil. Premier épisode, prendre soin des objets et des humains à la collecterie.
- Speaker #1
Là autour de nous, c'est la rue Saint-Antoine, qui est bien rock'n'roll cette petite rue Saint-Antoine. Parce qu'en fait dans cette rue où c'est très mal desservi, il n'y a pas grand chose. Donc tu as des habitations, tu as la population rom' qui est juste en face. Au bout de la rue, tu as les gens du voyage (...) Et après tu as pas mal de friches, il y a des travaux qui sont en cours pour le tramway. Donc c'est une rue qui est un peu dans une sorte de joyeux bordel dans lequel on se trouve. Bienvenue à la collecterie de Montreuil, dans le Haut-Montreuil, dans les murs à pêche. Le bâtiment de la collecterie c'est en fait un ancien local électrique. C'est une grosse entreprise d'électricité qui était là.
- Speaker #2
On va faire un petit tour à l'intérieur ?
- Speaker #1
Allez c'est parti !
- Speaker #5
Une ressourcerie, c'est un lieu où on prend soin des objets et des humains. En fait, on nous donne des choses, des choses très variées. Ça va du textile au mobilier, à la vaisselle, aux jouets. Nous, après, c'est trié, c'est revalorisé, c'est revendu dans la boutique solidaire ou alors c'est donné à pas mal de partenaires aussi. Et le but, c'est de diminuer le tonnage de déchets qui partent à l'enfouissement, à l'incinération. Le but aussi c'est d'accompagner des gens vers l'emploi, donc on est chantier d'insertion. Et la troisième grosse activité c'est la sensibilisation des publics au réemploi, autour d'ateliers récup.
- Speaker #1
Ici ce sont les apports, c'est l'entrée pour les apports. Donc les donateurs ils arrivent ici, et là ils sont accueillis par une super équipe des apports qui va récupérer leurs dons. et vont les prétrier par catégorie d'objets. Par jour, on talonne les 1,1 tonnes par jour, par journée d'apport. Par an, on est à 222 tonnes sur 2022. Et donc juste derrière, c'est les espaces communs. Donc ça, c'est le bar et la cuisine. Et là, tous les midis, c'est des binômes ou des trinômes de salariés qui vont faire à manger pour les autres salariés. C'est à dire à peu près un repas pour 20-25 personnes chaque midi, donc c'est un vrai taf en soi.
- Speaker #2
Bonjour en cuisine ! Qu'est-ce que vous êtes en train de préparer de bon pour ce midi ?
- Speaker #5
Alors ce midi, c'est tarte à la patate, salade, enfin laitue, petits condiments assortis et clafoutis au poire. Alors moi, mon métier avant, j'ai travaillé pendant très longtemps dans la fabrication de luminaires, mais vraiment de l'artisanat, pas de la grosse série. Et je retapais pas mal de mobilier, j'ai appris la tapisserie un peu en autodidacte, et je faisais des chantiers de déco, principalement chez des femmes. Je m'appelle Séverine Bélec, je suis la directrice de la collecterie depuis le démarrage.
- Speaker #1
Donc une fois que tout est pré-trié par la super équipe aux apports, tout est pesé, du chouchou dans les cheveux au buffet de la mamie de 150 kg. Une fois que tout est pesé, on a différents espaces de tri. Nous avons un premier espace de tri qui est le plus grand parce que c'est celui où on va trier le textile. Et le textile, c'est la catégorie number one de ce qu'on nous donne, ça représente à peu près... entre 25 et 30% des apports toutes catégories confondues donc ça fait beaucoup de textiles. Il va y avoir aussi tout ce qui est tri, fournitures de bureaux, déco et vaisselle. Ici on a ce qu'on appelle le ministère de la culture avec Elsa qui en est la ministre. Donc ici on va trier tout ce qui est livres, CD, DVD et vinyle. Juste à côté il y a l'espace tri dédié jouets. Juste à côté, on a l'espace tri bijoux, où tout va être réparé, démantelé, refait, reconstitué.
- Speaker #5
Le projet de créer la collecterie est né d'une rencontre. Moi, à l'époque, je partageais un atelier à Croix-de-Chavot avec une artiste qui, elle, dans son entourage, entendait un menuisier qui posait les mêmes problématiques que moi. Râle bol de voir les encombrants avec plein de choses récupérables, plein de choses réemployables, plein de choses réparables. Et elle nous a fait nous rencontrer. On a découvert qu'il existait le réseau des ressourceries, qu'il y avait une formation qui était payée par la région à l'époque pour monter une ressourcerie. Et en fait, on s'est lancé comme ça. Notre collectif s'est un peu complété. On était neuf au démarrage de l'association, quand on a posé les statuts en 2011. Et puis au début, on a collecté sur le trottoir, on a réparé dans nos propres ateliers, lui dans son atelier bois, moi dans mon atelier. Et on a participé à beaucoup d'événements sur Montreuil où on montrait le mobilier réparé et transformé.
- Speaker #1
On va en boutique du coup ?
- Speaker #2
On fait un tour en boutique.
- Speaker #1
Derrière ces rideaux rouges, là on rentre dans l'espace public, l'espace boutique. Dans nos boutiques, et ça depuis le début, on a toujours pris énormément de soins à la mise en scène, à la scéno des objets. Comme tu peux le voir là ici dans l'espace vaisselle, on a des espaces de présentation qui sont nickels, où tu vois bien tous les objets, où ils sont mis en valeur, il y a des thèmes couleurs. Parce que c'est respecter les visiteurs, ceux qui viennent en boutique. C'est pas parce que ça coûte 20 centimes que ça doit être dégueulasse et mal présenté. C'est le respect pour les salariés parce que du coup c'est là où on travaille. Et ça c'est vraiment depuis le début. T'as des verres à 50 centimes, t'as des ustensiles à 20 centimes. Le textile, ça démarre à pour le textile enfant, et puis jusqu'à pour la master pièce, veste en cuir et tout ça. Donc c'est vraiment des prix très solidaires. L'idée, c'est de vraiment pouvoir s'équiper en seconde main et à bas prix dans les boutiques.
- Speaker #3
On est bon ? Oui.
- Speaker #1
Ah oui, ça va ? Oui. À la recenserie, dès le démarrage, en fait, cet aspect sensibilisation à l'emploi a œuvré. C'était une des missions que s'est donnée la collecterie dès le début, avec cette conscience que sans cette partie sensibilisation, en fait, on ne changerait pas les modes de consommation et on n'arriverait pas à faire comprendre aux habitants l'intérêt des recenseries, tout simplement.
- Speaker #3
Allez, on va rentrer.
- Speaker #1
Moi c'est Myriam, je suis coordinatrice du pôle sensibilisation à l'emploi à la collectorie. Alors on en fait énormément, donc nous on appelle ça atelier créatif de remploi, parce que du coup on va aller au tri regarder les objets qui arrivent et ces objets changent avec le temps. On faisait des ateliers à partir de cravates il y a quelques années par exemple, aujourd'hui on n'en reçoit quasiment plus donc on a arrêté. Nous on va vraiment s'intéresser à ce qui arrive au tri et essayer de détourner tout ça de la poubelle.
- Speaker #3
Pour la galette, nous on va vouloir installer les vis à l'intérieur Donc pour ça on va percer à la fois la galette et le pneu en même temps. On va se mettre par terre parce qu'on n'est pas très grand et qu'on aura plus d'appui pour le perçage. Je te fais le premier trou et après on fait le deuxième ensemble. Parce qu'il faut de la force à la verticale bien comme ça. Je mets ma main par dessus et je vais venir tout justement percer. Là j'ai passé la planche et je vais venir percer le pneu. Hop, et j'ai passé le mot. Et je ressors. OK ?
- Speaker #1
La sensibilisation, ce n'est pas que des ateliers. Il y a beaucoup d'autres axes, beaucoup d'autres projets en lien avec les habitants. Tu as les ressourceries éphémères, par exemple, on s'installe en pied d'immeuble et on installe des pôles de collecte. Tu vas avoir une bricothèque où on essaie d'expliquer aux gens que leurs six sauteuses vont s'en servir deux minutes. Autant la mutualiser, ils vont pouvoir venir emprunter des outils. Ça va être des ateliers aussi pour nos salariés en interne. Il va y avoir aussi beaucoup d'ateliers en lien avec les scolaires. Dans les centres sociaux aussi on intervient. On a aussi des résidents des EHPAD.
- Speaker #3
Je vais mettre une vis, comme ça, ça va maintenir un peu la planche en place pendant qu'on va faire les autres trous.
- Speaker #1
C'est vraiment de 5 à 99 ans pour de vrai.
- Speaker #6
Au début, on a peint le pneu. Après on a fait une deuxième couche, après on a vissé des vis, après on va découper de la mousse.
- Speaker #2
Et bien on retourne dehors pour aller faire un petit tour dans les ateliers maintenant ?
- Speaker #1
Bien sûr, on va aller en atelier tapisserie et après on ira en atelier bois. Là nous allons rentrer dans l'atelier tapisserie et couture. Le prix des choses ! Là tu as le stockage, donc tu peux voir qu'on ne manque pas de chaises à restaurer. Tous les tissus que tu vois ici évidemment ont été donnés et vont servir à restaurer toute la partie immobilier. Devant nous, on a une chaise qui vient tout juste d'être restaurée et terminée. A la base, c'était très abîmé, le tissu d'amoblement était très abîmé, un peu passé de goût aussi peut-être. Et du coup, là, avec ce nouveau tissu très flashy, ça donne complètement un autre aspect à la chaise, ça la modernise, ça lui donne un petit coup de boost qui fait que là, elle peut repartir pour 50 ans, je pense au moins.
- Speaker #5
Les grandes étapes de la collecterie, 2012, on obtient ce local. On a nos premiers trois salariés. Après, la deuxième étape, ça a été en 2014, où il y a eu l'ouverture de notre chantier d'insertion. Grande aventure.
- Speaker #4
C'était une idée qui était là dès le départ. Déjà, nous, à la collecterie, on essaye d'utiliser le moins possible le mot insertion qui nous paraît un peu un gros mot. On préfère dire salariés en parcours Ce sont des personnes qui, pour des raisons, X, Y ont eu à un moment donné dans leur vie professionnelle soit un arrêt, soit des boules en France, donc jamais travaillé en France, soit c'est un premier boulot, ce sont des jeunes pas forcément très qualifiés. Donc en fait ce sont des personnes. Personnes qui viennent de tout horizon et de tout âge, qui à un moment donné rentrent sur ce dispositif pour à la fois travailler au sein de la structure, mais dans des conditions d'accompagnement et de formation. C'est une espèce de parenthèse, on va dire, qui dure 24 mois, pas plus. Là, on va vraiment faire tout un travail pour aller dans leur projet personnel, professionnel, parce que pour moi, c'est complètement lié, et essayer dans la bonne ambiance et dans la bienveillance de faire avancer cette réflexion et de faire avancer les personnes. Je m'appelle Florence, je suis une des membres fondatrices de ce projet et je suis venue surtout rejoindre l'équipe sur la question des salariés en parcours de l'atelier chantier d'insertion.
- Speaker #1
Donc là on arrive dans l'atelier couture, comme tu peux le voir il y a énormément de textiles. Dans cet atelier couture, la magie c'est qu'en fait les créations couture Ils sont vraiment 100% récup, ce qui demande un travail de petite fourmi pour démanteler les sacs, récupérer les sangles, les boutons, les zips, même le fil. Le fil qu'utilisent nos couturières est aussi récupéré. Les seuls achats neufs, en gros, c'est les aiguilles parce que les aiguilles, ça pète. Mais vraiment, tout le reste est 100% récup.
- Speaker #4
Aujourd'hui à la collectorie, nous sommes 16 salariés référents et sur le chantier d'insertion, à peu près à l'année, une quarantaine de personnes qui passent sur le chantier. Ce parcours, effectivement, c'est un grand moment de sensibilisation pour les personnes, encore plus parce qu'on a vraiment travaillé sur la formation des salariés. Dès l'entrée, une formation hebdomadaire leur est proposée. sur le métier d'agent valoriste, mais aussi sur l'environnement des ressourceries. Pour nous, c'était très important de mettre des mots pour donner du sens à leur mission, parce que ça peut paraître ingrat. Il y a une espèce de... représentation du déchet comme quelque chose de pas forcément très valorisant. Et en fait, ce parcours qu'on a monté, qui aujourd'hui représente à peu près 120 heures de formation à l'entrée, ça permet de s'approprier toutes les thématiques autour du développement durable, autour de la réduction des déchets, autour de l'écologie. Toutes ces notions, ça amène une autre dimension dans le travail quotidien. Ça change tout.
- Speaker #3
bonjour sans podcast donc ça mais la mouche nagel est pas du tout ce qu'on va vouloir faire c'est qu'on va venir à grasser d'un côté et en tapis qui on travaille toujours par les forces opposées c'est à dire qu'on va agrafer ce qui est là ensuite on va agrafer ce que tu es là Ça va venir créer une tension qui tendra bien la mousse des deux côtés.
- Speaker #6
On a découpé le tissu et après on a mis des agrafes et on va mettre le tissu sur la roue.
- Speaker #3
Ça ressemble à un pneu, le mix entre un pneu et un pouf. Un pneu usé, ça n'a pas de seconde vie. Donc nous, pour lui donner une seconde vie, on lui donne une autre fonction. On se fournit chez des concessionnaires qui vont jeter les pneus. Plutôt qu'ils partent à l'incinération, on va venir les collecter directement chez eux et les récupérer. Le tissu, il vient bien sûr des dons. Et le bois qui sert pour la galette, ça va être du coup les meubles un peu IKEA, en agglo, qui ne sont pas très résistants, qu'on ne peut pas utiliser en production. Donc du coup, on va venir découper des galettes dedans pour faire la structure du pneuf. Oui, volontiers, on vous plaît. Vous avez mis assez d'agra ? Tout est bien tendu ? Oui c'est nickel. Le pneu c'est l'objet phare de la collecterie, parce que c'est un peu aussi avec cet objet de récupération qu'on a commencé les ateliers de sensibilisation. Nous c'est l'occasion de sensibiliser sur le fait qu'on peut récupérer des objets pour en faire de belles choses, leur donner une logique. Moi c'est Marie-Lou, du coup je suis encadrante et référente du pôle sensibilisation réemploi de la collecterie. depuis presque deux ans.
- Speaker #5
Aujourd'hui à la collecterie, c'est vrai qu'il y a beaucoup de métiers différents. Menuisier, tapissier, couturier, animateur, vendeur, trieur, technicien des trois œufs, logisticien. Oui, il y en a beaucoup.
- Speaker #4
Ce qui me plaît dans mon travail, justement, c'est le mouvement que génère un chantier d'insertion. C'est-à-dire qu'à la fois, c'est très épuisant, mais en même temps, c'est aussi une richesse dans nos missions, dans nos actions. Tout est tout le temps remis en cause, tout est tout le temps réadapté. Et tout ça, c'est beaucoup de créativité, c'est très fatigant. Parce que, voilà, on n'est jamais plan-plan. Mais je pense que cet aspect de toujours en mouvement, toujours en questionnement, c'est ce qui m'a plu dans ce travail, en fait.
- Speaker #6
La couleur du pneu, il est bleu. Et le tissu, c'est des chats. Alors, c'est un fond blanc avec des chats.
- Speaker #4
Pour moi, une ressourcerie, c'est un lieu plein de possibles, en fait. Et je pense qu'il n'y a pas une ressourcerie identique en France. J'en ai vu en campagne, qui propose des choses aussi complètement hallucinantes. C'est une source inépuisable de possibilités et de créativité.
- Speaker #2
Le bruit des choses, une série de podcasts du Refait, le réseau francilien du réemploi. Réalisé avec le soutien de l'ADEME Île-de-France. Merci à toute l'équipe de la collecterie. Dans le prochain épisode, on se retrouve en haut de la butte de Ménilmontant, dans le 20e arrondissement de Paris. On poussera les portes de la menuiserie solidaire Extramuros. Prise de son et réalisation, Noémie Kenney. Habillage musical, Étienne Gracianet.
- Speaker #1
en plus de l'arsène