- Speaker #0
Hello à tous, on se retrouve pour le sixième épisode du Café de l'Ambition. Alors oui, j'ai un peu de retard. La pause estivale a été un peu plus longue que prévu. J'ai malheureusement dû faire un choix entre mes études et ce projet, et je l'ai un peu mis en arrière-plan, j'ai continué à travailler dessus, mais ça explique la longue pause. Mais pour ce nouvel épisode, je suis vraiment super content du rendu. Parce qu'à la base, lorsque j'ai lancé le projet, ce que je voulais c'est, oui, parler de leadership, mais je trouvais que pour comprendre une notion comme le leadership, et c'est valable pour les autres notions je trouve, il faut réussir à comprendre la personne avec qui on parle et comprendre son histoire. Lors de cet épisode, on ne va pas juste parler d'un parcours professionnel exceptionnel, c'est on va aller un peu plus loin, on va rentrer, on va comprendre les cheminons de pensée et vous allez voir, ça va être une discussion super enrichissante. Je vais vous laisser découvrir qui est la personne et au-delà de toutes ces qualités que vous pourrez découvrir, notamment si vous... Travaillez dans le milieu du restructuring, vous allez très certainement connaître cette personne, mais vous allez voir que c'est une personne profondément humaine et qui aime l'humain. Et moi, ça m'a particulièrement marqué et j'ai particulièrement apprécié discuter avec cette personne. que vous allez pouvoir découvrir tout de suite. Bon épisode ! Donc bienvenue pour ce nouvel épisode. Aujourd'hui, on se retrouve avec Hélène Bourboulou. Bonjour à vous.
- Speaker #1
Bonjour, bonjour.
- Speaker #0
Est-ce que vous pourriez vous présenter rapidement pour que nos auditeurs puissent un peu comprendre qui vous êtes et ce que vous avez pu faire ?
- Speaker #1
Alors, je suis Hélène Bourboulou. Je suis corézienne. J'ai 51 ans. J'ai passé toute mon enfance et toute ma... Tout mon lycée et mes études initiales en Corrèze, qui est une destination qui compte beaucoup pour moi. Je suis ensuite venue à Paris, j'ai fait des études dans une école de commerce, j'ai fait HEC, j'ai fait du droit ensuite. Et pratiquement tout de suite, je suis rentrée dans l'univers professionnel qui a guidé jusque-là toute ma carrière pro. J'ai un conjoint qui habite en Corrèze depuis... Plus de 15 ans et nous sommes entourés de ma famille, mes parents, mes voisins, mes animaux. Et j'ai ici 18, 12 associés, 18 bureaux. On travaille avec une centaine de collègues sur toute la France.
- Speaker #0
Ok, c'est bien parce que d'habitude, je prévois une seconde question pour se présenter. Parce que souvent, les personnes ont tendance à se présenter... à présenter leur carrière, à rentrer dans les détails. Et du coup, j'ai tendance à poser, est-ce que vous pourriez vous présenter à un enfant de 10 ans ? Mais je pense que là, c'était assez clair, c'était assez succinct. Mais est-ce que vous auriez une autre approche que vous auriez pu prendre si vous deviez vous présenter à un enfant plus jeune, 10 ans ?
- Speaker #1
Je pense qu'en tout cas je lui dirais, parce que ce que comprennent difficilement les enfants, c'est pas tellement votre lieu de vie, c'est plutôt ce que vous faites toute la journée. Et c'est pas facile pour eux, et donc je leur dirais que je suis un docteur d'équipe. Voilà, parce qu'une équipe, les enfants connaissent une équipe de sport, une équipe de basket, de football, puis un docteur ils connaissent dès l'origine. Et donc je leur dirais que je suis un docteur d'équipe. Alors c'est pas du sport. c'est une organisation économique et une entreprise, mais je pense que si on dit un mot entreprise à un enfant, ce n'est pas très facile.
- Speaker #0
Il aurait un peu de mal à comprendre. Du coup, on va commencer un peu plus avec votre métier, administratrice judiciaire. Est-ce que vous pourriez m'en dire un peu plus ? dire un peu plus, parce que moi-même, avant cet épisode, pour être honnête, je ne connaissais pas vraiment ce métier.
- Speaker #1
Non, c'est vrai que c'est un métier qui n'est pas très connu. D'abord, la sémantique est inquiétante, judiciaire, administrateur, on nous confond souvent avec nos cousins qui sont les liquidateurs judiciaires. Un administrateur judiciaire ne s'occupe que d'entreprises au sens large ou d'organisations ou thématiques vivantes. Nous n'accompagnons pas la fermeture d'une entreprise ou la vente de ses biens et la répartition en preuveur des créanciers, ça c'est le travail du liquidateur judiciaire. Nous sommes désignés dans des missions qui peuvent être assez variées et qui se caractérisent toutes par l'intervention d'une personne de confiance sur une décision judiciaire d'un tribunal ou d'un juge. pour gérer ou assister à la résolution d'une situation complexe. Donc, ce qui nous fait le plus souvent connaître, ce sont les sujets d'entreprise en difficulté, où effectivement, nous pouvons être désignés pour soit administrer une entreprise qui est en difficulté et essayer de trouver une solution. une reprise ou un plan de redressement ou un plan de sauvetage, ou alors, dans le cadre d'entreprises qui ne sont pas encore insolvables, pour trouver un accord avec tous ces créanciers dans la confidentialité et éviter la défaillance. Et un autre pan de notre métier sont des administrations provisoires, soit dans des copropriétés dans lesquelles il n'y a plus de syndic, ou des copropriétés en difficulté qu'il faut redresser. ou des administrations provisoires d'entreprise ou de succession. C'est un métier, le pan civil, qui est moins connu de nos activités, mais qui illustre bien notre spécificité, notre spécialité, qui est à la demande d'un tribunal, dans une profession qui est contrôlée, qui est réglementée, mais à la demande de parties, donc désignée par le tribunal, mais à la demande d'une partie, on intervient pour gérer en indépendance une situation de crise qui, par définition, ne peut pas satisfaire tout le monde. Dans notre métier, il n'y a pas de dîner de closing, parce que le meilleur accord, c'est l'accord qui est revêtu du sang, des larmes et de la sueur de tout le monde, mais qui est signé. Donc nous faisons en parfaite indépendance et transparence, avec des qualités ou des valeurs que l'on doit absolument promouvoir et endosser. On fait émerger des solutions à des situations complexes.
- Speaker #0
C'est réussir finalement à trouver un accord qui n'est pas tout le temps évident.
- Speaker #1
Oui, c'est exact. Notamment dans l'entreprise en difficulté, par définition, on répartit la pénurie. Il y a une entreprise qui n'a pas pu respecter son engagement, sa signature, son contrat, pour plein de raisons qui sont souvent des raisons économiques et financières, conjoncturelles ou structurelles, et qui a néanmoins une chance de s'en sortir, pour autant que le collectif s'anime autour d'elle. Et qu'on ne soit pas au contraire sur un prix de la course où chaque partenaire économique va essayer de tirer son épingle du jeu tout seul, mais ce faisant va aggraver la situation des autres. Et donc toute la difficulté consiste à réunir toutes les parties prenantes du premier cercle de l'entreprise, donc on pense à ses banquiers, mais parfois c'est certains fournisseurs stratégiques, c'est évidemment parfois ses actionnaires quand ils peuvent remettre de l'argent, parfois ses collaborateurs, selon la problématique du dossier.... On réunit ces parties prenantes initiales pour stabiliser une situation, puis ensuite essayer ensemble de trouver la solution qui sera la moins pénalisante pour le maximum de personnes.
- Speaker #0
Ok. Vous avez dit qu'on vous confondait souvent avec les liquidateurs judiciaires. Du coup, j'ai un point que je ne comprends pas trop. Vous avez dit qu'il faut réaliser que la liquidation, c'est l'effacement de la dette. On efface et on recommence. C'est une chance exceptionnelle. Vous avez aussi dit que vous travaillez avec des entreprises qui sont vivantes. Pourquoi avez-vous dit cette phrase si finalement vous êtes en amont de la liquidation ?
- Speaker #1
Parce que c'est comme les êtres humains. À la fin du chemin, il y a la mort. Alors l'entreprise, elle a cette chance, c'est que certaines entreprises peuvent survivre des décennies, voire quelques entreprises séculaires. J'avais vu quelques entreprises dont on retrouve la genèse il y a plusieurs siècles en arrière, c'est assez formidable. c'est probablement pas avec la même structure juridique. La société en tant que telle, qui porte ce joli nom de personne morale, n'existait pas, c'était une activité individuelle. Donc c'est l'activité en tant que telle, le fonds de commerce, qui va perdurer. Mais la structure, l'enveloppe qui porte cette activité, elle peut disparaître, et elle peut être liquidée, et pour autant le fonds de commerce repris par une autre entreprise. Il y a beaucoup d'entreprises bien connues qui ont connu à un moment donné... moment dans leur vie d'entreprise ce qu'on appelle un dépôt de bilan, c'est-à-dire une procédure collective et puis un repreneur les a rachetés. Prenez par exemple une entreprise bien connue qui est BFM TV, je m'en suis occupée il y a plus de 20 ans. Ils avaient été rachetés par RMC à l'occasion d'un plan de cession. Prenez toutes les entreprises par exemple de la HAL, elles ont été rachetées par le groupe Beaumanoir. Donc la structure juridique initiale a fait l'objet d'une liquidation judiciaire, mais son activité avait déjà été transférée. Donc moi je m'occupe de l'entreprise jusqu'à ce qu'elle soit... transférés à un tiers. Et puis il y a des entreprises qui vont de la toute petite entreprise d'entrepreneur individuel jusqu'à la très grosse société qui n'auront pas de solution et qui vont être fermées, les salariés seront licenciés, les actifs seront vendus parfois séparément pour essayer de payer les créanciers. Et puis au bout de quelques mois ou quelques années selon la complexité de l'entreprise, l'existence de contentieux ou pas, cette procédure va être clôturée. Eh bien, le chef d'entreprise, les actionnaires, les créanciers ne vont pas subir une nouvelle peine, c'est-à-dire qu'on leur demande en plus de faire un chèque correspondant à l'insuffisance d'actifs. S'il n'y a pas eu de faute, et la faute correspond à un concept juridique, où il y a des jurisprudences également à la matière, et à des textes spéciaux en matière d'entreprise en difficulté, s'il n'y a pas eu de faute, la procédure est clôturée et l'ensemble des partis poursuit sa vie professionnelle sans être recherchés. Alors il y a eu beaucoup de stigmatisation de liquidation antérieure. Dans le passé, quand un entrepreneur ou un dirigeant d'entreprise avait connu plusieurs procédures collectives, il était épinglé à la Banque de France. Alors les banquiers hésitaient ensuite à lui faire un crédit pour la voiture, ce qui était une double peine alors même qu'il n'avait pas été fautif, qu'il avait simplement été dans un marché qui a évolué. Ça devient difficile de... d'opérer dans le textile dans le nord de la France. Il y a des pans d'industrie qui ont disparu et qui se sont transformés pour d'autres. Et la transformation, parfois passée par les procédures collectives, qui traitent en fait, dans un collectif, une situation de crise, de manière à ce que cette... difficulté ou parfois cet échec, mais on pourrait dire ce rebond futur, soit équitablement supporté et qu'il n'y ait pas finalement plus de sacrifiés que d'autres et que si tout le monde en fait supporte cette insuffisance, alors... On peut évidemment éviter des dommages collatéraux qui entraîneraient d'autres difficultés, la première d'entre elles étant la dépression, voire plus, du chef d'entreprise qui est confronté à cette situation. Donc je dis que c'est une chance parce que... Vous pouvez repartir vers une nouvelle activité professionnelle et économique sans porter le fardeau de dettes antérieures dont vous n'étiez pas spécialement responsable, mais qui entravent en fait toute reprise d'entreprise ou tout redéveloppement.
- Speaker #0
Ok. Mais vous arrivez à transmettre cette image positive de liquidation ?
- Speaker #1
Il faut le faire au bon moment. C'est-à-dire que ce discours, il n'est pas audible immédiatement, puisque le premier pas du chef d'entreprise, c'est déjà d'accepter de s'ouvrir de ses difficultés. Parfois, il ne l'accepte pas, il le subit. C'est-à-dire qu'il est assigné par un créancier. Et donc, il va d'abord résister à cette prise en main par un tiers, avec un tribunal, de ses difficultés. Y compris quand il le décide, parce qu'il est quand même sous la pression de ses créanciers, quand il faut ouvrir une procédure amiable. Les procédures amiables sont des procédures confidentielles, on n'est pas du tout dans une procédure de faillite, une procédure de négociation. Mais même ce premier pas, il est difficile pour un chef d'entreprise, parce qu'il perd un peu la main sur la conduite de ses affaires, ne serait-ce que parce qu'il n'a pas la connaissance des spécialités qui vont... évidemment qu'il faudra mobiliser des spécialités, ne serait-ce que comprendre une procédure, un tribunal, un calendrier. L'horloge devient celle qui est dictée par le juge qui ouvre la procédure. Donc, ce n'est plus vous qui avez la maîtrise du temps. Mais en réalité, cette maîtrise-là, vous l'avez perdue depuis longtemps. À partir du moment où vous signez un contrat avec des créanciers, avec des covenantes bancaires, et que vous ne remplissez plus vos covenantes, vous vous êtes mis forcément en situation déjà. de débiteur au sens d'être celui qui doit faire quelque chose et honorer une signature. Donc en fait c'est une succession d'événements qui conduisent un chef d'entreprise à devoir accepter les situations. Il faut qu'il les accompagne, mais pas qu'il s'y oppose. C'est-à-dire que les gérer et les surmonter, ça passe d'abord par les accepter. Et lorsqu'il les accepte... Il va se défendre à la loyale, il va jouer son match, sa partition avec tous les outils que la loi lui donne. Et puis parfois, ça ne va pas suffire. Ça ne va pas suffire parce que la dette était trop lourde. Elle datait d'une époque où l'entreprise employait 100 personnes, elle n'en emploie plus que 20. Alors certes, elle est profitable à 20 personnes, mais pas suffisamment pour supporter des dettes qui avaient été générées à une époque où elle en occupait 100. On est post-Covid, on a des entreprises profitables mais qui ont du mal à assumer toute la dette qui a été générée dans cette période-là. Et donc, il faudra bien soit que les créanciers acceptent de supporter une partie de la perte, et comme ils sont nombreux, le pari c'est que chacun supportant un petit peu, ça permet néanmoins de sauver une entreprise, et puis parfois ça ne marche pas. Et à ce moment-là, c'est là où il faut dire aux chefs d'entreprise que... Il a fait le job, maintenant qu'est-ce qu'il en a retiré comme expérience ? Et il faut peut-être qu'il se tourne vers autre chose. Alors la vision un peu, j'allais dire, regrettable qui est celle en France de l'échec, conduit assez mal à l'acceptation, voire à le considérer comme un actif, ou comme une expérience hyper enrichissante. C'est un tort. Et le deuxième... Le poids, c'est qu'une fois qu'on accepte l'idée que derrière l'échec, il y a le rebond, il faut accepter l'idée qu'il y a une phase de répit. Moi, j'appelle ça le répit. Il y a le recul, le répit et le rebond. Et on parle souvent dans notre jargon des trois dépôts, dépression, divorce. Alors ça, c'est la vision extérieure d'un environnement qui connaît mal ce qu'on fait et qui prend les statistiques pour argent comptant, c'est-à-dire il y a 90% d'entreprises qui finissent en liquidation, donc le système marche mal. Alors qu'on sait qu'on sauvegarde près de 65% de l'emploi en procédures collectives. Cherchez l'erreur, c'est juste que vous comptabilisez pour, un, une unité d'entreprise, alors même que près de 40% des entreprises qui passent par la case faillite, pour reprendre le terme que tout le monde connaît, emploient entre zéro et un salarié. Et souvent, c'est une volonté même du chef d'entreprise d'arrêter l'activité. Et dès que vous prenez des entreprises un tout petit peu structurées de plus de 10 personnes, vous faites tomber ce taux d'échec à 50%. Et donc, on sauvegarde en fait beaucoup d'emplois. Et on a un système qui... plutôt performant. Et donc moi je préfère au 3D le recul, répit, rebond. Parce que d'abord pour sauter, en général, il vaut mieux d'abord plier les genoux. Et pour... S'expandre, s'épandre ou s'expirer, il faut d'abord inspirer, se rétrécir, se replier, revenir sur ses fondamentaux. Et c'est la même chose que pour aller plus loin, on ne commence pas à reculer pour prendre de l'élan. Et cette phase-là, c'est la phase de répit. Il ne faut pas passer à côté. C'est très important le répit, parce que le répit, c'est la phase d'acceptation de la situation, d'ingestion, de compréhension de ce qui s'est passé. C'est la phase 2. d'intégration de l'expérience et ensuite on peut en faire quelque chose de cette expérience, certains diraient une matière première pour reconstruire quelque chose.
- Speaker #0
Vous parlez beaucoup de difficultés avec le PDG, on sent que quand vous parlez, vous pensez réellement ce que vous dites et vous avez envie de transmettre ces idées, donc j'ai oublié le premier mais c'est répit puis rebond. Vous avez aussi dit que... La part sociale, elle est hyper importante dans votre métier. Comment vous arrivez justement à transmettre ces idées pour accompagner ces chefs d'entreprise qui sont dans des situations difficiles ? Cette part sociale, à quel point elle est importante et comment vous faites pour réussir à tisser des liens finalement ?
- Speaker #1
Deux réactions à ça. La première pour répondre immédiatement, la deuxième pour élargir un tout petit peu. Effectivement, on simplifie et on... On réduit un peu le message et le spectre de nos interlocuteurs au chef d'entreprise parce qu'il incarne l'entreprise et donc il est déterminant dans le paysage. Pour autant, il n'est pas tout seul. Et une de mes évolutions récentes, puisqu'on passe son temps à évoluer, à s'enrichir de ce que l'on fait, c'est vraiment de conduire le chef d'entreprise à construire la team. de crise, l'équipe de crise, l'équipe d'entreprise, parce que c'est une situation, cette situation un peu exceptionnelle, hors normes dans le parcours d'une entreprise, suppose de réunir des compétences un peu plus variées, et puis aussi de trouver des énergies renouvelées. Et le chef d'entreprise, c'est un petit peu insuffisant pour lui d'assumer à la fois celui qui porte... L'espoir, partager la réussite, mais garder l'échec pour lui. Ça ne marche pas. Il faut être dans un collectif. Alors, comment je fais ? En fait, fondamentalement, je crois que moi, j'aime beaucoup les gens. Je pense qu'indéniablement, j'ai de la curiosité pour la nature humaine. Je me sens suffisamment forte et bien aimée depuis toujours. Je suis... très bien aimé et donc j'ai la saveur et la confiance de cet amour dont je bénéficie de toutes parts depuis toujours. Et donc ça me donne probablement beaucoup de facilité pour... Trouver les bons mots pour les gens qui m'entourent et mon expérience personnelle m'a fait réaliser que mon entourage ou les gens que je rencontrais trouvaient du réconfort lorsque je m'adressais à eux. Et parfois je n'assume pas mes propos, c'est-à-dire que, vous savez c'est comme quand on relit une copie qu'on a fait en terminale, je prends des exemples puisque vous êtes étudiant, on se dit putain j'étais vachement beau quand même, c'est moi qui ai écrit ça On a du mal presque à assumer la maternité de ce qu'on a pu faire. Parce que le moment où elle a fait, on s'est laissé porter par une espèce d'intuition. Le stylo échappe un peu à votre main, vous êtes emporté par votre enthousiasme. Vous avez en fait une concentration extrêmement forte et tout va vous paraître extrêmement simple. Et quand vous le relisez après, vous trouvez ça, vous vous épatez un peu vous-même. Moi, j'étais confrontée assez jeune au fait que je trouvais dans un... Quand j'écoutais les propos, quand on me les rapportait, j'avais le sentiment qu'il y avait finalement en moi et en chacun d'entre nous une capacité à... j'appelais ça la belle Hélène, à dire elle est sympa, mais je m'ennuierais un peu avec elle, moi je préfère celle que je suis, un peu pénible, parfois un peu direct, un peu adjudant, pas toujours de bonne humeur, etc. parce que celle-là elle est sympa, on fait des trucs... les marrantes ont fait des trucs plus... Personne parfaite n'a aucun intérêt, on s'ennuierait à mourir s'il n'y avait que des gens comme ça sur Terre. Mais rassure-toi, dans une situation difficile ou complexe, tu peux compter sur elle, cette espèce de petite voix intérieure qui te fait dire des choses qui font du bien, donc tant mieux, qui te peut-être fait prendre les bonnes décisions. Et j'ai eu la chance d'identifier ça assez jeune, parce que tout le monde, je pense, a la capacité d'identifier en lui cette bonne personne, pour autant qu'on évacue un peu notre égo. et qu'on se laisse guider par l'amour, ou par des choses un peu simples. Comment je fais pour parler à tous ces gens de l'authenticité, de la sincérité, de la transparence, sur le fait que non, on n'a pas toutes les réponses, mais on peut peut-être prendre des précautions, ou créer le contexte qui permet de faire émerger une solution. Parfois on ne l'a pas le lundi, elle apparaît le mercredi. Faire un peu confiance en la chance, ça... L'événement, c'est pas quelque chose qui dépend de nous, donc ça sert à rien de lutter contre l'événement. Moi je dis souvent, j'ai pas envie qu'il pleuve, mais je peux pleurer, taper du pied, prier, il y a quand même peu de chances que ça impacte la météo. En revanche, ça dépend de moi de prendre un parapluie, ça dépend que de moi. Ça dépend que de moi que de mettre un cahouet, de prendre un parapluie ou de rester chez moi. Ça c'est mon libre arbitre. Donc, soit j'accepte et je prends un parapluie, soit je subis et je me fais rincer. Moi, j'ai choisi d'accepter et de m'adapter. Et donc, l'événement ne dépend pas de nous, mais la façon dont on va réagir à l'événement, ça, ça dépend de nous. Et ça, ça m'intéresse. Et c'est ça que j'essaye de porter comme message en essayant aussi de déculpabiliser les acteurs de ces environnements. Parce que finalement, la culpabilité... C'est aussi un manque d'humilité. On s'arroge la réussite, c'est grâce à moi, mais l'échec, ce serait de ma faute. Pas plus, pas moins. C'est-à-dire que dans la réussite comme dans l'échec, il y a un peu de soi, mais il y a beaucoup du reste et pas mal de hasard. En abordant, et ça, c'est quand même une conscience de notre finitude et d'humilité. face à ce que j'indiquais précédemment, c'est que l'événement, ça ne dépend pas de nous, et ce, indépendamment des convictions spirituelles qu'on peut avoir ou de la foi. Et avoir juste ces mots simples avec mes interlocuteurs, je pense, les soulage. Et donc, si ça les soulage, ça facilite le traitement du problème, puisque comme pour les malades, comme pour la santé intégrative, auxquelles je suis très attachée depuis que je l'ai découverte, il faut soigner le problème et le patient. Donc il faut à la fois apporter des solutions ou aider à faire émerger des solutions pour les difficultés de l'entreprise et pour y parvenir à l'environnement humain autour de l'entreprise. Si on ne traite pas l'environnement humain, que ce soit le chef d'entreprise, les collaborateurs, les créanciers, les clients, toutes ces personnes qui en fait portent une organisation, une mission ou une fonction dans l'environnement. sont derrière des êtres humains. Donc à l'heure de l'intelligence artificielle, les choses évolueront peut-être, mais pour l'instant, c'est néanmoins ça. Et comme c'est nous qui nourrissons l'intelligence artificielle, on a plutôt intérêt à veiller quand même à... à cette attention-là.
- Speaker #0
À ce qui reste encore un peu d'humain. En fait, ce n'est pas l'aspect social qui est important, c'est vraiment l'humain qui est un peu au centre de cette manière de réfléchir.
- Speaker #1
C'est vrai, mais le social m'importe parce qu'en vieillissant, je mesure qu'on n'a pas tous les mêmes chances. Et notamment, indépendamment des chances matérielles, ce n'est pas forcément les plus importantes. Les plus importantes, c'est les chances affectives. C'est la quantité d'amour ou la qualité de l'amour qu'on reçoit, qui nous donne les moyens d'impacter nos propres trajectoires. Et n'ayant pas forcément tous eu cette Ausha, on n'a pas forcément tous les moyens de réagir à des situations qui sont pénibles. Et avec le temps, je réalise qu'une entreprise qui ferme, un licenciement, c'est quelqu'un qui... qui va être plongée dans un grand désarroi de comment je paye le loyer à la fin du mois, l'école de l'enfant, la cantine, l'humiliation que je peux susciter ou générer auprès des gens que j'aime parce que je vais perdre mon emploi. Et ça, c'est des préoccupations que je ressens plus fortement aujourd'hui qu'il y a 20 ans, parce qu'il y a 20 ans ou il y a 10 ans, je voyais plus les emplois sauvés par ces mesures de restructuration. qu'aujourd'hui les emplois supprimés. Et je réalise tous les jours combien on a de la chance d'être en France, parce que moi en France j'ai plus de candidats au licenciement que de gens à licencier depuis 25 ans. Pourquoi ? Parce que l'accompagnement de la perte d'emploi, c'est en France un accompagnement de transformation, de recréation d'entreprise, de repositionnement. On a un système qui permet aussi d'accompagner des salariés pendant plusieurs mois, voire parfois années. dans un système qui les prend en partie en charge, pas totalement, mais en partie en charge, et qui permet d'accepter sa situation et de faire autre chose. Donc on a un amortisseur en France sociale qui est exceptionnel. Et donc ça aide évidemment beaucoup, et il faut l'avoir à l'esprit, simplement pour ne pas tomber dans une forme d'oubli de soi. Mais voilà, donc la question sociale me mobilise en ce qu'elle... C'est la question humaine, oui, qui m'intéresse au plus haut point.
- Speaker #0
Et au-delà de ce métier, vous êtes administratrice judiciaire, mais vous avez aussi fondé votre cabinet. Donc, l'aspect humain, on le retrouve vraiment dans votre métier. Est-ce que c'est aussi l'aspect humain qui vous a poussé à entreprendre, à créer votre propre cabinet ? Aujourd'hui, vous êtes quatre à la tête de ce cabinet.
- Speaker #1
Douze.
- Speaker #0
12 ? Ok, petite erreur.
- Speaker #1
Non, on est passé, on l'a créé à 3, FHB, on a rajouté le X pour, il y a 2 ans et il y a 3 ans, pour manifester la diversité, la multiplication, la route qui tourne, la croisée des chemins. C'est ça ce X qui est venu s'adosser à FHB et puis c'était aussi une forme de dépersonnalisation par rapport au fondateur qui s'appelait Denis Fack, Emmanuel Hess et Hélène Bourboulou.
- Speaker #0
On sait justement que le X était une quatrième.
- Speaker #1
Et voilà, et le X, c'est tous les autres. Moi, je fais trois métiers, ou plutôt j'ai trois piliers professionnels. Je suis entrepreneur, je suis administrateur judiciaire et je suis enseignante quand je peux, enseignante au sens, je fais des conférences, je donne des cours, j'essaie de transmettre aux plus jeunes, et ça compte autant que les trois autres. Et je pense qu'on peut tous, dans nos vies professionnelles, avoir à la fois son métier et puis... Ils rajoutaient des casquettes, et pour moi c'était la casquette d'entrepreneur et la casquette d'enseignant. J'ai toujours aimé les petites entreprises, mon père était assureur, je me suis intéressée aux entreprises très jeunes. J'aime cette diversité, j'aime cette idée qu'on peut créer. Alors évidemment les financiers du private equity parlant de la création de valeur, ou les mathématiciens parlant aussi de la création de valeur. Et ils voient dans la valeur un chiffre, là où moi je vois un nombre. Et au sens une symbolique, une qualité. Je pense que ça répondait à mon goût de la diversité, ça répondait à mon goût de l'indépendance, ça répondait à mon goût personnel de la création, et puis dans un environnement où tout était à faire ou à reconstruire. avec une image, dans le meilleur des cas, celle que vous décriviez, à savoir l'inconnue, et dans le pire des cas, une vision caricaturale des, oh là là, tous des feignants, incompétents, voyous, certains cumulant les trois, il y avait très peu de femmes. Et moi, je suis sortie de l'école et je cherchais un métier qui soit aux confins du droit et de la gestion, et j'ai trouvé ce métier-là comme offrant beaucoup de défis, très appropriés, je trouve, pour une femme. C'est un métier dans lequel on peut exprimer des qualités qui sont très compatibles, à savoir les qualités d'écoute, de mise en confiance, d'indépendance, d'équilibre, d'impact, qui me convenaient bien. Et donc j'ai voulu créer parce que, dès l'origine, mon premier associé, qui est mon ami, malheureusement est décédé très jeune, c'est partie des grandes crises structurantes de ma vie. Et nous avions déjà cette ambition et j'ai eu envie de faire encore plus, encore plus vite, encore plus loin. Et donc j'ai eu envie d'accompagner des parcours professionnels. Mes associés d'origine ont partagé cette ambition. Ils étaient plutôt en deuxième partie de carrière ou en fin de carrière. Et donc c'était pour moi l'opportunité d'ouvrir la porte à des plus jeunes qui auraient envie d'être administrateurs judiciaires et de s'installer. et de participer à une œuvre commune qui nous donne aujourd'hui beaucoup de moyens. Vous avez beaucoup plus de moyens quand vous avez 12 associés et que vous faites 18 millions d'euros ou 20 millions d'euros de chiffre d'affaires que quand vous en faites deux. Vous avez plus de liberté pour investir, vous avez plus de liberté pour peser dans le départ public. Il y a des transformations au bénéfice des entreprises sur lesquelles nous, FHBX, on a... On a compté, voire on a été déterminant. Par exemple, mettre un terme à la fixation par le juge de la rémunération du chef d'entreprise pendant la perte d'observation au redressement judiciaire, c'est quelque chose qui paraît aberrant. Le dirigeant n'est pas fautif. Et au début du redressement judiciaire, on doit aller voir le juge qui fixe sa rémunération, alors que vous maintenez bien sûr les salaires de tout le monde. Donc soit il y a abus et c'est normal, soit il n'y a pas abus et ce n'est pas la première chose que vous dites à un gars que vous voulez motiver pour sauver sa boîte. Et bien pendant des décennies ça s'est passé comme ça. Et moi je ne vivais plus, je vivais extrêmement mal cette situation, jusqu'à raconter cette anecdote à Olivia Grégoire quand elle était députée, et qu'elle travaillait sur la loi Pacte, et elle a été... bouleversé par cette réalisation de situation dont personne ne parle parce que celui qui le vit, il le vit très mal donc il n'en parle pas. Et une fois qu'il est sorti de là, il n'en parle plus. Et puis celui qui ne l'a pas connu, il n'en parle pas non plus par définition. Donc personne ne parlait de ça. Elle a changé ça dans la loi parce qu'on a rapporté un témoignage là-dessus. On a beaucoup insisté également, grâce au crédit qu'elle nous a apporté, étendre le bénéfice du plan de redressement à la caution avant où un chef d'entreprise présente un plan de sauvetage de sa société sur 10 ans. Mais dès qu'il sort du redressement judiciaire, là, au bout de quelques mois, le banquier qui a sa caution peut l'appeler en paiement. Donc il va faire tout ce qu'il peut pour reculer à ce moment-là. Si en revanche, vous lui dites que tant que son entreprise rembourse ses dettes, la caution ne peut pas être appelée. Mais il va faire l'inverse, il va venir le plus tôt possible. Et s'il vient le plus tôt possible, alors on a plus de chances de le sauver. Ça, c'est également un point sur lequel, par nos échanges avec les points publics, les décisionnaires, la loi a changé. La sauvegarde financière accélérée dans un autre gouvernement, dans notre temps, on a aussi pesé dessus. Des mesures en droit social sur plein de détails techniques mais qui sont en fait hyper importants, on a pesé dessus. Et ça c'est possible parce qu'on a créé une entreprise, parce qu'on est fort et parce qu'on partage les mêmes valeurs au sein de notre association. Et puis on n'a pas vocation à couvrir le territoire, mais on a vocation à faire matcher l'équilibre personnel, l'équilibre professionnel. Moi quand je rencontre des jeunes et qu'ils s'intéressent au métier, je dis c'est quoi ton rêve ? Mon rêve ce serait un jour d'aller dans le sud-ouest. Ben quoi, on va le faire ! Un de mes associés, Gaël Couturier, qui dirige le bureau de Lyon, qu'on a ouvert il y a quelques années et qui cartonne. Il m'avait rejoint en 2007. Il était de ma con. Il m'a dit, un jour, mon rêve, ce serait de retourner là-bas. Je lui ai dit, on le fera. Il ne faut pas s'inquiéter du temps. Le temps, ça ne dépend pas de nous. Il peut être très long ou très court. Ça fait partie des événements de la vie. Et on l'a fait. Parce que son équilibre personnel passait par un environnement qui était dans sa réaction. région d'origine, et c'est comme ça que l'on peut bien exercer son métier, parce qu'il se sent bien dans sa vie, parce que son épouse est bien là-bas, parce qu'il renoue avec des contacts son enfance, et c'est pareil avec un de mes associés dans le Nord, et c'est bientôt pareil avec une associée dans le Sud-Est, etc. Donc en fait, c'est ça qui anime les projets, j'allais dire, d'expansion d'FHB sur le territoire, c'est beaucoup plus, en fait, les ambitions personnelles des associés qui vont animer les bureaux dans ces territoires.
- Speaker #0
C'est super. On reviendra aussi un peu plus tard sur votre volonté de pouvoir impacter les choses. Par exemple, je pense que le fait d'avoir créé une entreprise, ça vous a permis d'avoir un impact sur des lois qui ont été créées. Pareil pour vos associés, un impact sur leur vie, sur leur équilibre de vie. Je voudrais revenir aussi sur la diversité. C'est quelque chose qui vous est très cher. Aujourd'hui, en tant que chef d'entreprise... On peut dire ça comme ça. Comment vous faites en sorte d'inclure cette diversité pour pouvoir aller de l'avant ?
- Speaker #1
Je me rends compte qu'elle est très inhérente à ma personne. D'abord, mon métier est un métier de diversité. Il n'y a pas une boîte qui se ressemble. Les difficultés sont toutes différentes, les histoires sont toutes différentes, les métiers des boîtes sont très différents. Mon métier même me confronte à la diversité des situations en permanence. Si vous faites Vie ma vie d'administrateur judiciaire, tous les ans on accueille des magistrats professionnels qui viennent passer deux jours avec nous, enfin avec moi en l'occurrence. Et donc, toute la journée, on va être ensemble. Et ce qui les marque, évidemment, quand ils partent, c'est que finalement, on a vu 15 situations différentes. On a vu de la grande crise, on a vu de la moyenne crise, on a vu des personnes isolées, des personnes... On a vu de la TPE, on a vu du grand groupe, on a vu de la problématique financière, de la problématique conjoncturelle. Et j'aime cette différence. Donc, ça se traduit comment ? Ça se traduit par 12 associés, 6 hommes, 6 femmes. Est-ce que c'est voulu ? Non. Il y a des gens et des grandes organisations qui ont besoin de mettre en place une politique proactive pour ça. Et heureusement, il faut vraiment qu'à la tête de la boîte, le message soit passé très fortement qu'on veut de la parité, de la mixité, de la diversité. Lorsque vous en êtes vraiment habité, les choses se font naturellement. Moi, je ne sais pas qui de mon père ou qui de ma mère m'a le plus influencé. Mon père, il était rugby entrepreneur. ma mère était sage-femme un peu féministe sur les bords en tout cas très attachée à son indépendance à sa liberté de penser, d'agir la maîtrise de son propre corps ça dépend des situations moi je me sens avec mon mon Mon ADN de femme et d'homme est très équilibré. Alors vous me mettez Avenue Montaigne, je pense que j'ai un peu plus de... Je vais avoir 70% de féminins qui s'expriment. Vous me mettez dans une égo bancaire, je pense que je suis à 49-51. Je ne suis pas spécialement genrée à ce moment-là. Donc ça, c'est sur la question vraiment du genre, je me sens autant homme que femme et mon compagnon est autant homme que femme également. Donc ça se... il se trouve que dans nos stagiaires on a autant d'hommes que de femmes. Dans nos collaborateurs on a autant d'hommes que de femmes. Et puis très naturellement quand il y a une forme de surpondération d'hommes ou de femmes, on a envie que le prochain recrutement ce soit le... Le genre opposé. Donc ça s'exprime de cette manière. Et puis ça va plus loin. Moi j'ai envie que dans l'organisation, on ait des seniors et des juniors. Moi j'ai des amis qui peuvent commencer à 10 ans ou à 8 ans. Je peux passer une après-midi géniale avec un enfant de 7 ou 8 ans et où je vais m'éclater dans nos échanges et dans le partage de ce qu'on va faire ensemble. Et mon plus vieil ami à 99 ans, il est absolument... incroyable, il y a une vivacité intellectuelle, spirituelle, affective qui est hors le temps, qui est probablement, qui couvre la palette du 8 ans au 99. Je pourrais sûrement être amoureuse avec cette cette attraction-là, sans forcément être dans un amour traditionnel ou l'amour du couple de ces gens-là. Donc, cette diversité-là, elle est aussi vraie dans l'entreprise, entre les juniors et les seniors. Et puis, vous avez cette diversité par le goût, entre le chiffre et le droit. le droit n'est qu'au service de l'économie et du chiffre. Donc, j'ai le goût de ça, j'ai le goût du Paris-Province, j'ai le goût du TPE, boîte du CAC 40, j'ai ce goût de la variété, en fait, parce que c'est toutes les palettes de la vie, de cette infinité des possibles. C'est ça qui me fascine.
- Speaker #0
J'ai l'impression, dites-moi si je me trompe, vous avez vraiment, pour reprendre ce terme de palette, vous avez plein de domaines qui vous intéressent énormément et vous, naturellement, vous cherchez à les déséquilibrer. Du coup, ça se fait naturellement dans votre entreprise, de pouvoir trouver des profils très différents. Et c'est ça aussi qui vous permet d'aller de l'avant parce que vous arrivez à créer une synergie.
- Speaker #1
Je pense que la vie, elle est longue, elle est courte. Ça dépend pas de nous. Moi, je suis très... Je suis très marquée et mobilisée par le combat d'Olivier Gouin, dont vous avez peut-être entendu parler, contre Amélie Tcharko, qui se mobilise beaucoup avec les Invincibles, et qui, depuis qu'il a appris qu'il a la maladie, la rend tellement intense et lui donne un sens, qu'il n'a jamais été autant survivant, en fait. Ça me parle beaucoup, parce que ça illustre une... Le fait qu'une partie nous échappe, ça ne dépend pas de nous. Mais ce qui dépend de nous, en revanche, c'est la qualité, c'est l'intensité de la vie. Et selon les époques, il y a des... Si on prend, allez, cinq piliers un peu traditionnels, la famille, le travail, les loisirs, l'engagement spirituel, et puis peut-être l'amitié. Ce sont des piliers qui sont différemment équilibrés au fur et à mesure de votre vie. Il n'y en a jamais un qui est totalement absent, mais ils sont plus ou moins équilibrés dans le temps que vous y consacrez, dans une période donnée. Mais sur un horizon lointain, sur un horizon long, ils sont assez équilibrés. Tous ces piliers-là individuels qui font que vous êtes équilibrés. Mais pour être équilibrés, l'équilibre ça n'est qu'une... Presque une émotion. C'est une émotion parce que c'est jamais statique. Le statique absolu, il n'est pas tellement de nous. Parce que pour avancer, il faut passer un pied droit, pied gauche, et c'est un balancier, quoi. Pied droit, pied gauche. Alors... Des esthètes parfaits, des athlètes remarquables peuvent s'approcher d'une infinité du mouvement, d'un mouvement infinitisimal. Mais... Le quotidien, notre nature, nous conduit à nous balancer. À droite, à gauche. Et parfois, alors moi, j'ai des domaines où j'ai une très grande amplitude. Mon conjoint est très différent de moi, on a une très grande amplitude. Et puis, on a des domaines dans lesquels on a une petite amplitude autour de cette recherche d'équilibre. La fin d'un accord, quand on regarde l'accord qui est signé, les gens qui le regardent de l'extérieur, ils disent Bon, franchement, il n'est pas terrible votre accord. Mais moi, je sais d'où on vient. avec les grandes amplitudes initiales pour arriver ensuite à rapprocher. Donc je suis assez fascinée par cette idée de tremblement, de l'émotion, de notre équilibre constant entre les gens, les situations et l'ensemble des sujets qui me mobilisent. Et j'essaye de les faire connecter, effectivement, j'essaye de les connecter. Connecter ma vie professionnelle, ma vie professionnelle à tous ces centres d'intérêt qui m'animent et qui sont nourries beaucoup par mon expérience professionnelle quand même.
- Speaker #0
Mais vous aimez, enfin, au-delà... Vous avez pu dire j'aime le handicap et je voudrais répondre sur ça. Parce que quand vous parlez d'amplitude, est-ce que aller chercher encore des profils plus extravagants et vous dites ça vous permet d'aller de l'avant, est-ce que c'est toujours le cas déjà ?
- Speaker #1
Je ne suis pas sûre que je cherche. En fait, je pense que je trouve plus que je ne cherche. C'est-à-dire que je saisis l'opportunité qui se présente. Est-ce que je la suscite peut-être de manière inconsciente par mes rencontres ? compte par mes organisations, mais quand je dis que j'aime le handicap, et je m'en excuse pour ceux que la phrase peut choquer sous cette forme-là, ce n'est pas le handicap dans un sens d'une personne qui serait diminuée, pas du tout, au contraire, c'est plutôt un handicap au sens d'une différence qui nous identifie. Et c'est cette identification qui m'intéresse, c'est-à-dire qu'on a des constantes dans l'humanité. On a quelques constantes, infinies, stables, immuables, l'amour, la nature. Et puis on a ensuite une infinité d'individus, de différences. Et ce handicap, le terme d'ailleurs que j'adore au golf, on parle du handicap, donc ça c'est bien, c'est presque un étalon, c'est une réussite. Et... C'est cette faiblesse qui fait notre force. C'est-à-dire qu'à partir du moment où on a tous, absolument tous un handicap, c'est quelque chose de très personnel. Certains vivent le fait d'avoir les bras courts comme étant une terrible source de complexe et quelque chose qui les handicap terriblement parce que ça affecte leur confiance en eux. Et puis vous avez d'autres personnes dont beaucoup considèrent qu'ils ont là comment fait-il pour vivre ça, mon Dieu le pauvre, mais qui en réalité sont tout à fait en confiance avec eux-mêmes, hyper solides et n'ont pas du tout envie qu'on s'aputoie sur leur situation. Donc le handicap n'est pas une définition traditionnelle, voire administrative dans l'entreprise. C'est la différence. C'est la différence. Et moi je suis très sensible à ceux qui ne rentrent pas dans le moule, un peu anticonventionnels, sont amenés à mobiliser une énergie pour, non pas dépasser, mais au contraire prendre pied et se nourrir, se renforcer de cette différence. Moi je considère que je ne suis pas standard. Je ne suis pas standard dans mon apparence physique. Pour beaucoup, c'est un handicap, et c'est un handicap à certains égards. Mais je dois dire que ça a été aussi pour moi une force, d'être un peu hors norme. On n'est pas totalement dans la nature. Et pourtant, c'est la nature qui nous fait. Donc, elle a voulu cette différence. Donc je pense que cette acceptation de la différence est une force et c'est en cela que je dis j'aime le handicap. Ce n'est pas si facile que ça d'amener les gens à se révéler. J'essaye de le faire à mon bureau. notamment pour des gens qui ont parfois une maladie invisible et qui le vivent mal. Vous prenez le diabète, c'est une maladie invisible. Et ceux qui sont diabétiques peuvent très mal le vivre parce que c'est un fil à la patte toute la vie. Vous avez d'autres types de maladies qui sont handicapantes, dans le sens pénalisante, qui fatiguent, qui ne sont pas toujours reconnues. Et dans l'environnement professionnel, vous rencontrez ces gens-là qui n'osent pas vous en parler. Et moi, j'essaie de trouver les mots pour qu'ils le disent. Parce qu'une fois qu'ils l'ont dit, en fait, ils vont avoir envie de... s'assumer tel qu'eux, se soigner le cas échéant s'ils en subissent de la douleur, ou tout simplement se faire ressortir ce que ça leur apporte sur eux-mêmes. Une connaissance personnelle, un courage, une orientation dans sa vie qui tient compte de cela. Donc oui, c'est des sujets qui m'ont sensibilisée, j'ai donc fait des rencontres. Sur la fondation Amipi, avec ce travail sur des personnes à déficit cognitif qui rentrent en milieu ordinaire par le travail, la maladie, quelle qu'elle soit, est un handicap. Mais on peut considérer après que tout est un handicap aussi. Donc c'est toute différence. Quand on commence à devoir prendre une canne pour aller travailler, on dit bon, est-ce que c'est pas un handicap ? Moi je dis que c'est plutôt un signe d'autorité. On m'appelait l'adjudant quand j'étais enfant, donc ça devait être déjà un peu dans mes gènes. Donc je suis sensible à ces questions-là, en effet. J'ai répondu un peu de manière développée, mais je vais vous dire ce que je pense.
- Speaker #0
C'est bien parce que handicap, je ne l'avais pas forcément perçu en ce sens-là. Vous êtes aussi aujourd'hui présidente d'HEC We and Men. C'est un point sur lequel j'aimerais revenir parce que vous parlez beaucoup de diversité. Et je trouve que quand on... s'implique dans une cause ça peut parfois poser des soucis dans le sens où on a des idées, on veut les faire avancer mais tout le monde ne va pas les comprendre dans le sens, vous l'avez dit on a des backgrounds qui sont complètement différents donc un mot ne va pas être compris de la même manière manière par deux personnes et comment réussir à faire avancer ses idées sans non plus créer de l'opposition. Donc je prends l'exemple de HEC We and Men parce que c'est un groupe d'alumni de HEC qui vise à partager et ou inspirer sur les grands enjeux présents et à venir une carrière au féminin et donc c'est aujourd'hui un sujet qui peut diviser. Comment, alors je ne sais pas ce que vous faites exactement comme mesure aujourd'hui, comment vous réussissez à aller de l'avant sans créer de l'opposition ou des gens qui essaieraient de vous freiner ou de vous hésiter ?
- Speaker #1
La première chose, c'est que ce groupement, qui est un groupement qui n'est pas si vieux que ça, qui est un groupement du début des années 90, s'appelait HEC au Féminin. Et puis, quand on m'a demandé d'en prendre la présidence... Honnêtement, j'ai une activité déjà, vous l'avez compris, très dense et plutôt déclinée. Personnes qui m'ont sollicité ont insisté. Il y avait trois petits cailloux blancs qui m'ont fait, vous savez, c'est une espèce de petite conjonction des faisceaux, des signaux, qui m'ont dit qu'il fallait que j'accepte. J'avais eu la chance de recevoir le prix trajectoire d'HECO féminin en 2014, donc c'était une manière pour moi de... Et puis c'était un prix qui était assez audacieux, parce que jusque-là il était réservé à des carrières plus standards pour des HEC, de la finance, du marketing, dans des grandes organisations, des grandes sociétés. Là il venait primer, il fit en 2014, qu'il y avait... qui avait créé sa société 7 ans auparavant dans l'administration judiciaire, une PME. Ce n'était pas très standard comme choix, ça a été audacieux. Et je me suis dit, je ne peux pas tellement leur fermer la porte parce qu'elles m'ont ouvert la porte quand j'ai commencé ma vie professionnelle. La deuxième raison, c'est que sur le campus à HEC, j'avais été la présidente d'une liste BDE qui avait perdu. Hélène et les garçons. Alors on l'avait appelé très humblement Hélène et les garçons, j'étais pas trop pour mais parce que l'anagramme c'était HOG et qu'on avait tourné notre film de campagne dans les studios d'Hélène et les garçons, ce qui est à l'époque une sitcom assez connue et évidemment beaucoup d'humour et qui m'avait conduit à accepter ce nom là et je me suis dit Hélène et les garçons a perdu au BDE, on propose la présidence d'HEC au féminin. Et puis il y avait parmi les anciennes présidentes et les personnes qui avaient assuré la promotion d'HEC au féminin deux coréziennes et dont l'une était même de mon village, l'Ubersac. Et je me suis dit, ce n'est pas possible, tu ne peux pas ignorer tous ces signaux, donc il faut que tu acceptes. Et quand j'ai accepté, j'ai dit aux filles, elles m'ont dit qu'elles se posaient des questions, elles venaient de réécrire la raison d'être d'HECO féminin. Et parmi les ambitions qui étaient les nôtres, et que j'ai un peu, en tout cas dans lesquelles je me suis retrouvée, et que j'ai cherché à promouvoir lorsque j'ai accepté ce mandat, il y avait la volonté d'être plus inclusif à l'égard des hommes. Et être moins dans cette opposition dans laquelle, en tout cas moi, je ne me retrouvais pas. Alors ça m'a valu quelques remarques désagréables. Je vous ai dit tout à l'heure que je me sentais issue autant d'un homme que d'une femme. Et certaines camarades dans le réseau m'ont dit, mais enfin, on peut être élevé par deux hommes ou par deux femmes. Finalement, c'est très sectaire de dire qu'on est issue d'un homme et d'une femme, etc. Sur quoi j'ai répondu, on peut être élevé, oui, par deux hommes ou par deux femmes. Mais ça n'empêche pas d'avoir... des grands-pères et des grands-mères, des voisins et des voisines. On est dans un monde où on ne peut pas être monogène dans tout son environnement. Et donc, on reçoit des influences nécessairement des deux genres et pas que des genres, des non-genres également. Donc, ce n'est pas clivant au contraire de dire ça. Pour moi, c'est plutôt inclusif. Je comprends bien que ça polarisait comme vous venez de le dire. Donc il y avait cette idée de changer le nom et d'être aussi plus ouvert vers l'international. On a beaucoup travaillé pour arriver à acheter We and Men, et on a intégré dans notre gouvernance des hommes qui nous ont rejoints. Et donc je pense qu'en assumant juste ce qu'on est... On dépasse ces oppositions. Et il faut prendre pied sur des hommes et des femmes qui, dans leur organisation, assurent la promotion des hommes et des femmes au vu de leur qualité, au vu de leur spécialité. Moi, je ne suis pas du tout à renier des qualités dites plus féminines que plus masculines. Il ne faut pas être enfermé dans des silos. Je pense que ces qualités-là, elles ne s'expriment d'ailleurs pas toujours au même moment dans la vie. Donc, un individu peut, à certains moments de sa vie ou certaines expériences, j'expliquais tout à l'heure pour moi-même, être... plus dans un standard masculin ou plus dans un standard féminin. Ce n'est pas facile, la sémantique se prête mal à expliciter ces choses-là. Mais en prenant pied sur des hommes et des femmes qui sont convaincus de l'intérêt de la diversité, et aussi en assumant ce qu'on est. Moi, j'ai la chance d'avoir fait une école qui m'a beaucoup aidée. Quand j'ai commencé dans ce métier, qui était connu pour être incompétent, feignant, voyou, certains cumulant les trois, j'avais 27 ans. Le private equity nous voyait vraiment comme la lie de la société et pourtant il allait commencer à avoir besoin en 2007-2009, les premiers LBO surtendus, de renégocier avec ses créanciers dans des environnements qui favorisent cette discussion en confidence, c'est-à-dire le mandat ad hoc ou la conciliation. Et moi j'ai eu la chance de bénéficier d'une espèce d'a priori de confiance parce que finalement j'étais une femme, donc moins suspectée de voyouterie et de malhonnêteté, c'est une réalité. Deux, j'avais fait une bonne école, l'école qui était dans les standards du private equity. Je parlais un peu anglais, je faisais des comptes-rendus de réunion, donc j'étais un peu des leurs, donc on pouvait me faire confiance. Et donc ce label d'école, cette marque HEC, et ça aurait été vrai avec les écoles de mes camarades et tous ceux qui ont eu la chance de faire d'autres études reconnues par la sphère économique, m'a fait gagner du temps, m'a fait bénéficier d'un a priori de confiance. Alors après, il faut être au niveau. Il faut toute une vie pour se créer une réputation, il faut cinq minutes pour la perdre. D'ailleurs quand j'ai commencé, je me disais, mais qu'est-ce que c'est que la réputation ? Moi je m'en fiche de ce que pensent les autres de moi, ça n'a aucun intérêt. Quand on a 25 ans, on se contrefout de la réputation, on n'a même pas l'idée de ce que ça veut dire. Puis un jour vous comprenez que parce qu'il y a eu une salmonelle dans le jambon, l'entreprise qu'il fabrique disparaît de la société. Là, vous comprenez ce que c'est, la réputation ou un fonds d'investissement qui dit Non, mais ma réputation compte beaucoup C'est-à-dire, c'est le crédit que l'on fait, au sens de la fiabilité de l'interlocuteur. Eh bien, c'était pareil pour moi et HEC m'a beaucoup aidée. Donc, je dis aux femmes HEC et aux hommes HEC, et c'est vrai pour les écoles, toutes les écoles qui sont reconnues, et pour celles qui nous donnent accès à des postes à responsabilité, on a le devoir d'impacter. On a la chance d'être moins… victimes de comportements sexistes ou injustes. On a cette Ausha. Ça ne veut pas dire qu'on en est malheureusement exemptés et qu'on ne les subit pas. Les femmes comme les jeunes, comme les handicapées, comme toutes les minorités qui sont un peu plus à la ramasse ou qui partent avec des préjugés. Mais on les calme moins que les autres et on a la chance souvent d'être dans des postes où on peut changer les choses. Donc moi, mon message et mon combat principal, c'est juste de dire aux gens, de les mettre face à leurs responsabilités. Vous êtes, vous les femmes HEC et les hommes HEC, bien souvent dans des postes que ce soit dans des PME ou dans des grands groupes, dans des organisations publiques, dans des organisations associatives, vous avez accès au pouvoir d'impacter. Donc vous devez le faire. Donc j'essaye de sortir de ces oppositions en rappelant juste à chaque individu qu'au-delà de sa petite personne qu'il aime beaucoup, il a un devoir vis-à-vis de la société. On a un devoir. Moi, je rends grâce tous les jours à la belle vie qu'il m'est prêtée. Je me considère comme un passeur, comme d'autres. Nous, on est là de passage, un début, une fin. On est très triste à l'idée de la fin, mais à l'échelle de l'humanité... On ne va pas compter pour grand-chose. Et pourtant, chaque micro-action de chaque individu embarque l'humanité vers autre chose, vers une persistance peut-être uniquement. Ça me fascine. Moi, je ne suis pas faite pour les quatre murs. L'univers me fascine. Changer le monde ne me fait pas peur. C'est très présomptueux, manque total d'humilité sur ça. On est d'accord.
- Speaker #0
Ça revient très bien sur j'aime le pouvoir car je suis content de pouvoir impacter sur les situations sur lesquelles j'exerce. On l'a déjà abordé plusieurs fois un peu ce sujet.
- Speaker #1
Oui, c'est vrai.
- Speaker #0
Mais moi, ce que je trouve bien avec cette phrase et dans votre manière de parler... vu que vous n'avez pas du tout peur de l'affirmer. Je trouve qu'il y a peu de gens qui osent dire qu'ils aiment le pouvoir. Et moi, je ne comprends pas trop pourquoi, parce que je suis de votre avis. Si on a du pouvoir et qu'on est capable d'impacter les causes qui nous tiennent à cœur, c'est d'une pierre deux coups. C'est plutôt très bien. Est-ce que vous avez toujours aimé impacter, genre dès votre plus jeune âge, ou c'est venu un peu plus tard, en grandissant, en créant votre entreprise ?
- Speaker #1
Je pense que... Je pense que très jeune, j'étais un peu pas chef de bande. Mais enfin, disons que je me voyais assez bien organiser les fêtes, les soirées, être plutôt la bonne copine à qui on raconte ses problèmes, m'en saisir. J'avais plutôt un profil délégué de classe, même si je crois que je ne suis pas sûre de l'avoir été une seule fois. Oui, j'avais un peu ce profil-là parce que j'étais... particulièrement bien aimé, avec une famille qui me donnait beaucoup de latitude pour accueillir. Mes parents nous ont eus jeunes, ils aimaient eux-mêmes avoir beaucoup de gens, faire la fête, etc. Donc on a béni dans cet environnement. Et ensuite, c'est l'événement qui m'a obligée. Mon premier employeur, qui était la deuxième étude de France, fait l'objet d'une mise sous administration provisoire. Plus l'entreprise est liquidée, je suis licenciée pour modifier économique, les collègues démissionnent les uns après les autres. Je me rends compte que j'ai travaillé pour un... pour des voyous, notamment pour un qui en plus en pape aouté son associé, qu'on a retrouvé assassiné. Une histoire complètement rocambolesque. Mes familles, mes amis, mes parents me disant Pourquoi fais-tu ce métier ? On t'a payé des bonnes études, ce n'est pas pour être chez les voyous. Le métier, il est génial. Je m'occupais de dossiers énormes, extrêmement importants et j'ai dû gérer seule. Et j'ai trouvé un énorme plaisir à... trouver la bonne approche, alors me border, écrire, me fier à des preuves, éviter les opinions, les allégations. Et puis ensuite, on a créé cette entreprise avec Laurent, qui était le collègue que je devais remplacer dans ses fonctions. Et finalement, on s'est noués d'une grande amitié, on a créé tous les deux, création d'entreprise, from scratch. Le bonheur de la création, vous avez créé cette activité, vous voyez ce que c'est, acheter le premier... quittancier au cas où on recevait des espèces. En 25 ans, je n'en ai jamais eu. Mais ça fait partie des actions qu'il fallait qu'on ait le premier jour. Mettre en place l'informatique. J'ai fait la compta pendant un an, les premiers recrutements. Toute cette effervescence de la création. Et puis le drame, quand Laurent décède, lui-même avait vécu un drame deux ans auparavant avec la mort d'un de ses enfants, assassiné par la mère. Donc j'avais été en première ligne du soutien à mon ami, de porter l'entreprise, de le porter lui, de passer mon examen en même temps. Et... deux ans et demi plus tard, c'est Laurent qui décède. C'était il y a exactement 20 ans, le 25 octobre 2004. À quelques jours près, j'ai vu son fils l'an passé. Et la semaine dernière, pour célébrer en hommage à son souvenir, bien sûr. Là, je ne l'ai pas voulu. Ça m'est tombé dessus. Et... J'ai impacté parce que je n'ai pas eu le choix. J'avais quand même une entreprise, nous avions une entreprise, et il fallait traiter nos dossiers qui étaient en cours, qui étaient sensibles. J'ai pris tous les dossiers de l'étude, les collaborateurs. Donc, je n'ai pas eu le choix. Et j'ai vu que c'était avec une certaine efficacité parce que je n'avais pas peur en fait. La peur souvent nous retient. C'est par peur qu'on dit je ne peux pas le pouvoir, le pouvoir c'est sulfureux, le pouvoir on pense au dictateur, le pouvoir on pense à l'argent. Voir qu'on pense, alors l'argent ne m'intéresse pas du tout. C'est-à-dire que je travaille beaucoup, j'ai envie d'avoir l'esprit libre, et je veux être indépendante. Donc si j'ai une situation matérielle confortable, c'est mieux. Ça me permet d'offrir à mon père, quand il vient faire ses traitements à Paris, une voiture privée pour l'amener en voiture ici. Voilà. Pour le reste... Restaurer ma ferme en Corrèze est beaucoup moins coûteux et je suis locataire à Paris. Et ça me va très bien. L'argent n'est pas un objectif pour moi, c'est un moyen. Ça me permet de faire des opérations de communication dans mon entreprise. Ça me permet de les amener tous à Venise pour les 15 ans de la boîte, dormir dans des yurts au Maroc pour les 10 ans, pour des gens qui n'ont jamais pris l'avion. Et en fait, ça m'intéresse de voir des gens qui sont dans l'organisation se réaliser personnellement par leur travail. Donc, le pouvoir, c'est surtout la liberté pour moi. Quand j'étais gamine, mes parents me disaient... Travaille bien à l'école, tu seras libre. C'était ça le contrat d'origine. Après je l'ai fait parce que je les aimais beaucoup et ça leur faisait plaisir. C'était une deuxième source de motivation dont je ne prenais pas la mesure à l'époque. Mais c'était surtout la liberté, moi j'ai choisi la liberté. Et donc le pouvoir, c'est un bon moyen d'être libre. Alors après, il faut l'exercer dans le sens dont on pense qu'il est bon. Ce qui veut dire qu'il faut avoir des bonnes valeurs. Parce qu'avoir le pouvoir et être animé par le gain, la méchanceté ou la domination, évidemment c'est très dangereux. Mais moi, ce n'est pas mon cas. Moi, je suis une gentille. Alors même si être gentille, c'est parfois donner des claques. On ne va pas féliciter un enfant qui met les doigts dans la prise. Donc il faut quand même se rendre à l'évidence. Être gentil, ce n'est pas être faible. Être gentil, c'est assumer aussi de dire non, c'est assumer des décisions difficiles, mais toujours guidé par un intérêt général ou par la bienveillance. Et moi, j'ai assez confiance dans l'éducation, dans ma vie préalable, dans mes expériences. pour que ces sous-jacents-là soient propres, soient purs, soient bons. Et donc, je n'ai pas peur du pouvoir. Au contraire, c'est bien utile.
- Speaker #0
Ok. Je n'ai rien d'autre à ajouter là. Je ne sais pas trop comment vous me dire.
- Speaker #1
Je développe beaucoup.
- Speaker #0
Non, non, c'est très bien justement.
- Speaker #1
Vous aviez préparé votre entretien, mais je suis totalement sortie.
- Speaker #0
Non, non, moi je trouve ça très bien. Je n'aime pas justement quand les personnes répondent trop brièvement. C'est toujours une petite crainte. Avant chaque épisode, je me dis, si jamais la personne répond itrévient, brièvement, comment je fais si finalement ça a pris 20 minutes au lieu du temps ? Parce que du coup, je bataille souvent un peu pour avoir un créneau assez long. Lorsque vous êtes parti dans vos explications sur le pouvoir, vous êtes revenu sur le fait que vous avez perdu un associé qui était proche, qui avait perdu son enfant, assassiné. A l'inverse, quand vous étiez plus jeune, vous avez dit au début de notre échange que vous avez eu beaucoup d'amour de la part de votre entourage. Donc vous avez eu une vie paisible jusqu'à 22 ans et après vous êtes rentré dans une période de vie un peu plus charnière. Comment vous avez vécu ça ? Comment vous l'avez surmonté ? Comment ça vous a impacté ?
- Speaker #1
En fait, je vous ai dit un peu tout à l'heure, en gros, ma vie, c'est de 0 à 22, le Ausha malheureuse. On se comprit la prépa, l'arrivée à Paris, je sortais de mon environnement hyper cocooné, confortable. Dans mon studio à rue de Rivoli, à 17 ans, à Louis-le-Grand, où je passais du stade de première de la classe à Brive-la-Gaillarde, à Oh, j'ai minoré la pâle de maths ! Mais où je me confrontais aussi à la France et à l'étranger, puisqu'il y avait plein de préparationnaires qui venaient d'horizons divers. Donc c'était pour moi un peu la découverte aussi de... de la richesse humaine d'une première manière, et puis la philo, et puis tout un tas de rencontres incroyables à Paris, et puis HEC, ces années hyper joyeuses où la vie nous appartient. Et ces dix ans qui sont en gros effectivement de 22 à 23, 33, où je vous ai donné deux exemples à travers la liquidation de la première entreprise, mais enfin qui englobe aussi l'assassinat d'un des associés dont je m'étais rapprochée. Et puis l'aventure avec Laurent, mais j'en ai d'autres au milieu, avec la maladie, des gens qui étaient dans mon entourage et qui m'aidaient à gérer tout ça, dont je promenais le chien le soir parce que les chimios m'empêchaient de le faire. Mais entre midi et deux, j'allais voir une copine à Saint-Anne qui avait craqué dans sa vie et qui avait fait une TS à la maison. Enfin bon, bref. Et puis, il me retrouvait à la tête de l'entreprise. Et puis, quand Laurent est mort, j'avais 31 ans et je suis rentrée dans une espèce de... J'ai du mal, en fait, à dire que cette période était douloureuse. C'est une période dans laquelle je me suis, certains dirigent, fui, mais moi, je pense que j'ai construit, vous savez, comme une hibernation. J'étais hyper focussée sur le dépassement de cette crise, et en fait, le dépassement de moi-même. Le corps tient, j'ai travaillé sept jours sur sept pendant deux ans. et parfois je partais à 2-3h du matin et j'y revenais à 8h et j'ai mis en place tous les procès j'ai tenu les dossiers impeccablement j'ai fait des recrutements, j'ai mis en place plein de trucs dans la boîte puis je m'étais gardée je crois le 24 décembre et le 31 décembre et puis après je suis partie aux 3h à minuit, puis après c'était plus tous les jours j'ai gardé mon samedi et puis j'ai mis Quatre ans, trois, quatre ans, à retrouver un rythme. Et puis à 33 ans, je me souviens, là, mon corps dit stop et je suis obligée de m'arrêter pendant pas très longtemps, huit jours. Alors m'arrêter, ça voulait dire que j'assumais toutes mes exigences et tous mes rendez-vous externes. Mais entre les deux, j'étais à la maison, il n'y avait pas de télétravail. J'étais épuisée, je n'avais même plus la force de regarder la télé. Mais le travail s'est fait, c'est-à-dire une forme de... de maturation de tout ce que j'avais emmagasiné et j'en suis sortie avec une ou deux lectures qui m'ont inspirée, j'en suis sortie avec la décision d'aller une fois par mois au coiffeur ou faire autre chose différente, j'ai fait des rencontres spirituelles assez fortes qui sont venues nourrir aussi un peu ma Ma quête, mon avidité de cet au-delà qui manifestement ressortait de toutes ces expériences, parce que mon ami Laurent m'habitait, donc je me sentais quand même... appauvrie et affectée dans tout ce qui fait notre matérialité, notre sensorialité, la vue, le toucher, l'odeur, mais je me sentais régénérée dans tout ce qui était la force et l'amour et le cœur. Au point de pouvoir entretenir presque des dialogues sur ce qu'il ferait dans cette situation. Il me dirait ça. Ah oui, mais je ne serais pas d'accord avec lui, là. Là, c'est sûr que je lui dirais non. Et c'est toujours vrai aujourd'hui. Et donc, je les appelle mes morts vivants, mes bien-aimés. Et donc, j'ai vraiment appris dans cette période-là à, si ce n'est transcender, peut-être sublimer cette... Sublimer la mort de l'individu dans son enveloppe pour en faire un acteur en nous et dont il nous appartient à chacun d'entre nous de le laisser ou pas s'exprimer, de lui laisser l'espace. Si on est très objectif, on sait exactement ce que l'autre dirait et ferait. On ne se met pas forcément d'accord, mais on le sait. Et donc, il nous influence. Bon, s'il nous influence, il a une action, il a un impact, donc il vit. Et ce cheminement-là que j'ai fait assez tôt, Ça ne m'a pas quitté depuis. Et ça me permet d'apporter beaucoup de réconfort aux autres. Ça ne veut pas dire que je ne suis pas tétanisée, terrassée, anéantie par l'idée de perdre des êtres chers. Et je ne peux pas dire que je ne les suivrai pas dans les mois qui suivent, pour ne pas les laisser seules. Mais ça n'a pas d'importance pour moi. Ça a d'importance pour les autres, mais pour moi, ça n'a aucune espèce. C'est-à-dire que moi, ici ou là, je m'en fous complètement. En revanche, les gens qui me font, je ne peux pas imaginer de les laisser seuls. change de détail, de structure. Et ça, c'est une vraie confidence. En tout cas, ça, ça me donne... Je ne sais plus pourquoi on parlait de ça, mais je me suis laissée égarée là-dedans. On a perdu un peu. Voilà, ça vient de là. C'est à ce moment-là, ça m'a apporté ça. Vous imaginez ce que ça m'a apporté ?
- Speaker #0
J'imagine ce que ça avait tué.
- Speaker #1
Ça m'a apporté ça. Ça n'a pas de prix, ça. Quand Thibaut, le fils de Laurent, est mort... C'est incroyable, c'était le petit prince. C'était le petit prince, il avait 20 mois, il avait été assassiné, etc. On parlait de lui avec Guillaume la semaine dernière, son grand frère. Il est toujours vivant. Et Guillaume, qui dit ce que moi je lui avais dit à l'époque, et que Laurent disait, c'est que Thibault l'avait libéré. Il était dans une situation inextricable personnellement. Et cet enfant l'avait libéré. Et lui-même, trois ans plus tard, le rejoignait. Il avait mis son fils sur les bonnes rails. Et son fils qui a 32 ans aujourd'hui, qui fait des jeux vidéo, et qui est papa de trois enfants. Donc il s'est construit et il l'a fait avec équilibre. Moi j'ai été aussi... proche de lui, et puis bon, peu importe son histoire perso ensuite. Donc ces expériences-là ont fait qu'à 33 ans, je suis sortie de ce tunnel, je l'ai réalisé, ça s'était intégré en moi pour toujours. Et quand je lis Les étoiles de Compostelle de Vincenot, et qu'à la fin du bouquin, le héros qui a fait un peu son parcours arrive dans cette ville lumineuse et finalement a une révélation. spirituelle, moi j'ai un peu ressenti ça à ce moment-là. J'ai un peu ressenti cette... Mais c'est bien sûr, il y a un au-delà ou quelque part, ou en tout cas il y a en toi une capacité à surmonter tous les moments difficiles, et bien n'en fais pas qu'un médicament, essaye de l'utiliser. Ce n'est pas volontaire, ça s'impose à moi. C'est-à-dire que c'est devenu une énergie qui me rend une confiance incroyable dans le bon. Je ne peux pas l'expliquer. Certains diront que c'est la foi. On l'appelle comme on veut, les mots ne s'y prêtent pas. Mais en tout cas, j'ai eu cette rencontre assumée et les années qui passent me font de plus en plus l'accepter, le revendiquer, le partager.
- Speaker #0
C'est beau. Après tout, c'est... J'aime bien la manière dont vous avez su le prendre et comment ça vous impacte encore aujourd'hui.
- Speaker #1
Je ne suis pas sûre que la volonté y ait été pour grand chose. Je pense juste que je me suis laissée porter. Et c'est en cela que je dis que le terreau d'origine, la bonne éducation, la confiance en soi est hyper vertueuse. Parce que vous ne pensez pas à ce moment-là. Vous vivez, vous agissez. Si votre terreau et vos orientations primitives ou primaires sont vos guidance en communication financière, sont celles-là, ça vous amène vers le bon chemin. Je me suis souvent demandé, tu as une décision à prendre entre A et B. Alors tu fais quoi ? C'est souvent dans la vie qu'on est confronté à un choix. Je vais vers A ou je vais vers B ? Plein de raisons vous conduiraient à dire A. Et d'ailleurs, si vous demandez conseil à beaucoup de gens, de manière rationnelle, on va vous envoyer sur A. Puis vous vous projetez dans A. Puis dans A, vous avez un petit inconfort, un petit truc qui vous retient. Ça va être chiant de faire la voie A. Puis vous regardez un peu la voie B, puis vous vous projetez un peu sur ce qui se passe si vous prenez la décision B. Et il y a de l'enthousiasme. C'est OK, il y a l'inconnu, il y a du risque, mais il y a de l'enthousiasme. C'est ça qu'il faut faire. C'est-à-dire que le plaisir ressenti est un assez bon étalon de la décision qui vous correspond. Il ne faut pas avoir peur du candidaton, de ce qui est sérieux, pas sérieux, raisonnable ou pas raisonnable. Quand on a 25 ans, quand on n'a pas de responsabilité vis-à-vis d'enfant, à élever, à éduquer, à qui il faut donner les clés du mieux qu'on peut. Ça, c'est une vraie responsabilité. Il faut tout essayer, quoi. Pas de limites. Nos limites, exactement. Pas de censure.
- Speaker #0
On va passer maintenant à quelques questions de conclure.
- Speaker #1
C'est la conclusion !
- Speaker #0
C'est en film. Donc maintenant, on va pouvoir passer à quelques questions de conclusion. Si vous pouviez choisir un livre ou bien un film, quel serait celui que vous recommanderiez ? Celui qui vous les a le plus impactés ? Pas forcément un livre business.
- Speaker #1
C'est des choses qui m'ont impacté. Alors ce qui m'a beaucoup impacté, c'est Les chariots de feu.
- Speaker #0
Je ne connais pas.
- Speaker #1
Un film qui parle des JO, c'est très d'actualité. Il faut absolument que vous le regardiez si vous ne l'avez pas vu. C'est les JO de Paris en 1924 et qui met en scène des athlètes qui sont des étudiants anglais. et qui ont une motivation personnelle à se dépasser dans la course. Ce sont des athlètes de course, d'athlétisme. L'un va courir pour assumer et revendiquer sa judéité. À une époque, on est au début du XXe siècle, et c'est très important pour lui. Un deuxième va courir pour Dieu. Il a la foi, il développe, il est un peu missionnaire par ailleurs. D'autres vont courir par émulation, et vous avez un groupe qui se constitue. Et ce collectif est inarrêtable. Et ce film est surtout connu pour sa musique, qui est une musique de Vangelis, qui est très connue, la musique des chariots de feu. Je vous recommande ce film, il est super. Et puis, il y a plein de films qui m'ont marquée, mais celui-là me vient immédiatement à l'esprit. Avant chaque épreuve d'oral de concours, je respirais tranquillement sur la musique de Vangelis et plus rien ne pouvait m'arrêter. Et j'avais même la chance, parce qu'on n'a pas parlé de l'intuition, mais c'est quelque chose qui compte beaucoup chez moi, j'avais la chance de prédire les sujets qui allaient tomber. Au mot près, mais pas loin. Mais c'était juste avant l'examen, donc trop tard pour tout se remettre. Mais en revanche, sur la confiance, je peux vous dire que ça joue sacrément. Quand le truc, il tombe, il dit Wow ! Je n'ai pas d'explication à ça. That's it. Et puis dans les livres, celui qui me revient, parce que je l'ai lu à plusieurs moments de ma vie, j'ai cité tout à l'heure Le Petit Prince, j'ai cité Jonathan le Goéland, je pourrais en parler aussi, c'est une espèce de course d'un oiseau qui va à la course parfaite, qui ensuite va enseigner, qui est assez fabuleuse sur une espèce de recherche de l'au-delà. Mais plus immédiatement, j'ai été très marquée par Vendredi ou les Lampes du Pacifique de Michel Tournier, qui est en fait sur la... qui part du récit de Robinson Crusoe, donc perdu sur cette île, et qui va trouver son humanité à travers sa déshumanisation, à travers la rencontre avec Vendredi le Sauvage, qui est l'autochtonne de cette île, et qui passe par un processus de reconnexion avec les éléments, la terre, l'air, le feu, jusqu'à une apothéose solaire dans laquelle je... m'a beaucoup inspirée sur mes schémas de pensée, de ce qui relève de nous et de ce qui ne relève pas de nous.
- Speaker #0
Je regarderai tout ça parce que je ne connais pas les deux. Après, vous êtes essayée à cet exercice. Quelle personne vous aimeriez aussi voir faire cet exercice ?
- Speaker #1
Actuellement, peut-être... Il y a beaucoup de gens qui m'ont vraiment impactée et inspirée, mais aujourd'hui je vous recommanderais vraiment, parce que j'aimerais beaucoup l'entendre, Alain Toledano, qui est un médecin, qui a fondé l'Institut Raphaël, et qui développe une démarche de santé intégrative, santé des gens, mais aussi santé culturelle, santé sociale. qui par ailleurs est un très grand oncologue, très reconnu par ses pairs, qui n'a pas du tout peur de sortir des standards académiques de la médecine, tout en étant indéniablement dans son serment d'hypocrate plus que tout autre, et dans le soin du prochain, et qui moi m'a interpellée quand quatre chemins m'ont menée vers lui, donc c'était sûrement la personne qu'on devait rencontrer pour s'occuper de mon père, c'est-à-dire de moi, puisqu'on est très liés. Moi je suis dans une filiation évidente et elle fait partie de moi, je l'adopte, je la chéris, je ne veux pas m'en détacher. C'est lui qui m'a sensibilisée à la médecine, à travers la médecine, soigner le patient et soigner la maladie. Si on ne soigne pas le patient en même temps que la maladie, ça ne sert à rien. Pour venir à mon métier et à notre... Propos introductifs, moi je me définis beaucoup comme un docteur des entreprises, à la fois dans l'urgence, donc parfois il faut prendre des décisions, c'est l'art de décider. Moi je vis beaucoup le leadership à travers ça, la capacité à décider et à rassurer dans ses décisions. Et cette santé intégrative sur les gens, sur les humains et sur la maladie, au sens immédiat de la santé physique des gens, je pense qu'elle doit inspirer, qu'on va pouvoir la dupliquer sur les entreprises. Donc à la fois traiter du problème financier, économique, bien souvent dans les sujets qui me préoccupent dans mon quotidien, mais pour y parvenir, soigner l'entreprise et les gens qui la font. Et soigner, ce n'est pas uniquement produire un soin dans un sens unilatéral. C'est favoriser l'équilibre individuel, l'équilibre dans sa vie, l'amitié, la bienveillance, l'altruisme. L'éthique de ma boîte, la devise de ma boîte qui est venue comme ça à Noël il y a une dizaine d'années, c'est travail, éthique, bienveillance Et bien en fait ça marche assez bien, c'est-à-dire que si dans votre vie vous bossez, vous comportez bien, c'est-à-dire que tant qu'à faire on ne peut pas chercher à taper sur son voisin ou à le rouler, et vous êtes gentil, la réussite est à votre portée. Après, les trois qualités que j'aimerais cultiver, ce serait le courage, l'humilité et la gentillesse. La gentillesse et le courage, ce n'est pas facile. Le plus dur, c'est l'humilité. Tous les jours, il faut se dire, soit homme, soit homme, parce que faire cet exercice avec vous, ce n'est pas du tout un exercice d'humilité. Ça vient complètement en contre-pied. Alors, pourquoi le faire ? D'abord parce que ça permet de prendre du recul sur soi, et donc merci pour ça. Ça permet de prendre du recul sur sa vie, de se voir progresser aussi, parce qu'on ne répond pas à la question que vous me demandez de traiter, d'adresser comme je l'aurais fait il y a 10 ans ou il y a 20 ans. C'est vraiment intéressant de voir les petits cailloux dans la vie qu'on peut semer à travers ce type d'exercice. Donc ça aide à se connaître soi-même. Et puis... Si ça permet de faire gagner du temps ou donner un peu de confiance à ceux qui nous entourent, c'est une bonne chose de le faire aussi. Mais c'est quand même au détriment de l'humilité.
- Speaker #0
J'avais juste discuté avec un général qui disait qu'on ne prend pas le temps de voir où on est. Du coup, en vrai, pour vous, c'est que ça vous permet de voir un peu comment vous avez évolué. Et pour nous, moi, je trouve que ça permet d'avoir... accès à des cheminements de pensée qu'on n'a pas sur les bancs de l'école.
- Speaker #1
C'est vrai.
- Speaker #0
Et moi, j'écoute beaucoup de podcasts, notamment pour ça, pour sortir un peu de ma zone familiale, amie, et avoir accès à des idées que je n'ai pas forcément dans la vie de tous les jours.
- Speaker #1
Il n'y avait pas cet équivalent lorsque moi j'étais étudiante, il y a 25 ans, mais il y a quelques ouvrages, le livre pouvait participer de cet éveil, quand on lisait des témoignages où certains... certains bouquins, ou certaines interviews, mais il n'y avait pas cette saveur qu'on retrouve effectivement dans le podcast. Et puis je pense qu'il y avait moins, à l'époque, d'intérêt ou de compréhension De l'intérêt du partage d'expérience aussi rapide, qui pourtant, moi, j'ai toujours vu dans ma vie que je gagnais beaucoup de temps quand on me partageait une expérience plutôt que d'aller chercher par moi-même. Donc ça, c'est vrai. Mais c'est une bonne chose. C'est une bonne chose qu'il y ait cette envie, aujourd'hui, des générations suivantes, d'entendre, d'avoir cette transmission orale, qui est une transmission, en fait, séculaire et traditionnelle. C'est la transmission du coin du feu. Parce que maintenant, elle se fait sur...
- Speaker #0
Il n'y a plus que deux mondes qui l'ont acceptée.
- Speaker #1
Elle est... Elle est binarisée dans un langage différent. En tout cas, merci.
- Speaker #0
Je vais terminer avec ma dernière question. Ma question préférée. Aujourd'hui, certains médias... Vous surnomme la femme la plus puissante de France. Mon Dieu ! Vous avez créé votre propre cabinet d'administration judiciaire. Si vous aviez l'opportunité de parler à Hélène à la sortie d'HEC, avec toute votre expérience actuelle, qu'est-ce que vous lui diriez ?
- Speaker #1
Je ne vais pas lui donner la question, juste... La vie se charge de faire toujours des blagues et des pieds de nez. Vous savez, le média qui a intitulé la femme la plus puissante de France, en fait, c'est un média qui était payant. Et les gens n'ont vu que la manchette, et elle a été reprise partout. Et moi, quand j'ai lu l'article... Ripper, ce n'était pas un article du tout très gentil pour moi. Et j'ai appelé un patron de presse que je connais, je lui ai dit, oh la la, tel journal a dit ça ? Je ne veux pas leur faire de pub, c'est pour ça que je ne dis pas qui. Je dis, qu'est-ce que je dois faire ? Il me dit, t'inquiète, l'article est payant, les gens ne verront que la manchette. Et donc depuis, quand on me dit, la femme la plus puissante de France, je dis, ah, vous n'avez pas payé l'article. Et c'est très bien comme ça. Et en même temps, c'est amusant parce que cet article, il se voulait un peu. négatif ou dénigrant et il m'a fait une pub incroyable mais moi je sais derrière que c'est pas tout à fait le bon terme et puis c'est pas du tout approprié à ce que je suis à ce que je fais et l'idée que je me fais moi aussi de ce qui est vraiment d'abord la puissance je pense pas qu'elle soit très humaine en vrai donc à la sortie d'HEC Je pense que le message et confiance soit libre. No limit, no limit, no limit. Ne te censure pas, fais tes expériences, tente des trucs, ça ne marche pas, tu changes. Et c'est ce que j'ai fait. Je suis allée à Ivry, je n'ai pas du tout accroché avec mon boss, mais j'ai rencontré Laurent. J'ai choisi ce métier de l'administration judiciaire, tout le monde me disait ne fais pas ça, tu fais chuter les stats de rémunération des HEC à la sortie de l'école. Tu es avec des gens pas compétents, des voyous, des feignants. Oui, mais j'ai trouvé un job génial. Je m'occupais de plein de boîtes différentes qui les aident vraiment, donc qui est utile. C'est un job très utile. C'est un job de tout bib. Donc, j'ai bien fait de tenter des trucs et je ne savais pas. Et après HEC, je n'étais pas prête pour travailler. C'est pour ça que j'ai fait du droit. J'ai continué deux années à la fac en me disant je vais travailler en même temps dans des domaines qui cumulent les deux matières. Et c'est comme ça que j'ai rencontré. Donc, on peut à peu près tout faire. mais pas avec n'importe qui donc c'est choisir les gens avec qui on est ne jamais sacrifier le plaisir à faire les choses il faut du plaisir parce que c'est ce plaisir qui est l'étalon de J'allais dire d'être au bon... C'est pas très français ma phrase, mais c'est ce qui vous permet de savoir si vous êtes au bon endroit, au bon moment, avec les bonnes personnes. C'est le plaisir. Si vous avez le plaisir, ne cherchez pas midi à 14h. Si vous n'avez pas de plaisir, partez quoi, faites autre chose. La vie offre plein d'opportunités, il ne faut pas avoir peur. Donc, la sortie d'HEC, c'est tu as fait des bonnes études, tu t'es donné du mal pour être libre. Trouve-le. Voilà.
- Speaker #0
Super mot de fin. Je vous remercie beaucoup pour votre temps. Tu es bien. Et puis, je vous souhaite une excellente fin de semaine.
- Speaker #1
Vous aussi. Et puis, bonne continuation avec tout ça. J'espère que vous trouverez votre propre place. Avec toutes ces initiatives et ces rencontres que vous avez faites, que vous aurez l'ambition pour vous-même, pour être ce que vous devez être, et pour rendre la vie meilleure au maximum autour de vous. Parce que ça, c'est quand même très satisfaisant. C'est très satisfaisant. Et puis, c'est satisfaisant parce que vous renvoyez l'ascenseur. Vous voyez l'ascenseur du hasard d'être là.
- Speaker #0
Totalement. ZK Kézimé pour l'avenir. Ça fait plus d'une heure que tu nous écoutes. Et si t'es encore là, j'ai une petite question à te poser. Comme j'ai pu le dire dans l'introduction, lors de cet épisode, j'ai vraiment cherché à aller plus loin que simplement échanger sur un parcours, mais essayer de partager les cheminements de pensée de Hélène Bourboulou. Si ça t'a plu, n'hésite pas à m'envoyer un DM sur Insta pour me le dire, parce que ça ne paraît pas, mais en fait, on a... très peu de retours lorsqu'on crée un podcast et c'est dur de savoir ce qui plaît ou non. Donc si t'es encore là et que t'écoutes l'outro, ça veut dire que t'aimes vraiment le projet. Donc n'hésite pas à m'envoyer un petit DM et mets 5 étoiles aussi s'il te plaît. Sur ce, on se retrouve le mois prochain.