undefined cover
undefined cover
Ulysse & Calypso : épisode 12 " L'Exécution" cover
Ulysse & Calypso : épisode 12 " L'Exécution" cover
Le Carnet d’Émi

Ulysse & Calypso : épisode 12 " L'Exécution"

Ulysse & Calypso : épisode 12 " L'Exécution"

22min |07/02/2025|

4

Play
undefined cover
undefined cover
Ulysse & Calypso : épisode 12 " L'Exécution" cover
Ulysse & Calypso : épisode 12 " L'Exécution" cover
Le Carnet d’Émi

Ulysse & Calypso : épisode 12 " L'Exécution"

Ulysse & Calypso : épisode 12 " L'Exécution"

22min |07/02/2025|

4

Play

Description

Pénélope met en place une stratégie qui pourrait bien affecter Ulysse...


« Writing Stories That Inspire: Tales for Modern Dreamers » 💖


Un épisode par semaine pour chaque saison


Retrouve-moi sur les réseaux !


Instagram: @lecarnetdemi

TikTok: @lecarnetdemi


Hébergé par Ausha


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Salut, je m'appelle Amy. Bienvenue dans mon carnet où je vous invite à découvrir l'univers de mes textes, mais également ceux qui m'inspirent. Pour cette première saison, j'ai choisi de vous lire mon roman Ulysse et Calypso. La composition de ce texte... Aînés du désir de vie écrivent l'histoire d'un amour légendaire. Alors, si vous le voulez bien, laissons-nous en voguer, loin, très loin, bien après les crêtes des montagnes et l'immensité des mers, au cœur du monde, là où palpite l'île de Calypso. Épisode 12 L'exécution Ulysse dormait encore lorsque Pénélope s'éveilla. Quelle est-elle faire de cet homme ? Quelle stratégie adopter ? Il était un piètre amant, un roi sans consistance. Le peuple le voyait à l'image d'un héros. Tous ces gens qui louaient sa rue, son courage, son dévouement, comme si eux-mêmes s'étaient rendus sur le champ de bataille. Elle avait songé à lui parler de vrai en sang pour le bien-être de la cité. Mais après réflexion, elle ne désirait pas éveiller ses soupçons. Si elle commençait à montrer de l'intérêt pour les affaires du royaume, son époux ne serait-il pas plus méfiant envers elle ? Vingt ans de pouvoir, ça change l'âme. Ulysse n'était pas si naïf. Elle devait agir vite. La grive musicienne poussa son chant. L'aube apparaissait. Pénélope devait rejoindre Antinous. Elle s'habilla seule, elle aimait cette heure où le silence de la nuit enveloppe encore le monde, où les secrets des hommes glissent le long des murs, espérant trouver au lever du jour une oreille amue au creux de laquelle s'assoupirent. Antinous l'attendait assis près d'une petite cabane de pêcheurs. Lorsqu'il l'aperçut, il se redressa d'un seul coup. Il ne voulait pas paraître devant elle en état de faiblesse ou d'indolence, ce qu'il était au fond. « J'ai réfléchi. » La reine l'embrassa pour le faire taire. Elle l'attira à l'intérieur de la cabane. Ses baisers fiévreux enrayèrent tout processus réflexif. Elle se contrefichait de connaître ses idées. Elle ne faisait confiance à aucun homme, et surtout pas à celui qui rêvait d'être roi depuis tant d'années. Elle lui ordonna de se déshabiller. Montino s'exécuta. Pénélope aimait le voir ainsi. Cet homme fier et brutal devenait avec elle le plus tendre des agneaux. Elle connaissait son goût prononcé pour la soumission des autres femmes. Il n'hésitait pas à commettre l'impensable, juste pour assouvir son propre plaisir de domination. Elle était donc la femme qui vengeait toutes celles qui avaient été contraintes de subir sa bestialité. Vulnérable, à sa merci, le corps nu et le souffle court, il la regardait. Parfait, sursurait-elle. Elle l'embrassa de nouveau. Agenouille-toi. Tandis qu'Antinous déposait ses genoux sur la terre, son sexe se hissait plus fortement vers le ciel. Il observa Pénélope. Il se demandait ce qu'elle allait encore faire de lui. Lorsqu'il accéderait au trône, il remettrait de l'ordre dans ce renversement pyramidal. La seule pensée de l'humilier tendait un peu plus son membre raide vers les hauteurs divines. La reine l'attacha. Le sel de la mer avait pas l'iladrice et des algues noires constelaient le lien. Le cordage servait sûrement à la pêche. Une fois en tine hausse, maintenue immobile, elle laissa tomber ses vêtements. Elle vint s'asseoir sur lui et lui fit connaître des délices insoupçonnées. Antinous brillait le ciel, qu'aucun homme ne l'aperçoive dans cette position. Mais il devait bien admettre que la jouissance de l'acte était immense. Il perdait le contrôle, ce qui ne lui arrivait jamais, sauf avec pénible. Il ferma les yeux et se concentra pour ne pas jouir trop rapidement. Elle ondulait merveilleusement. C'était comme les flots puissants de l'océan en serrant la coque d'un navire. Elle haleta plus fort et déficit. sa chevelure d'ébène. Ses yeux brillaient intensément. Elle garda le peigne de nacre dans le creux de sa paume. La pression se fit si grande qu'Antinous ne put bientôt la retenir, et lorsque Pénélope sentit le point de non-retour, elle lui perça violemment la gorge avec les dents affûtées de son peigne. Pour toutes celles que tu as violées, où l'on s'attèle avant de jouer Ration Tour ? Antinous poussa un cri de bête. Le sang gicla. La reine lâcha son arme sur le sol. Les pointes sanguinolentes vinrent heurter la dalle de pierre. Antinous roula les yeux vers le ciel. De sa bouche douloureuse naquit un ruisseau vermeil. Mais il rendit un dernier souffle. Pénélope n'avait jamais connu un orgasme aussi puissant. Ses joues, ses lèvres, tout son corps étaient tachés d'Antinous. Elle tremblait. Ce n'était pas la peur qui secouait ses membres en feu, mais bel et bien ce paroxysme du plaisir auquel elle venait de goûter. Elle se releva calmement, un sourire au coin du cœur. Antinous gisait au milieu de son sang. Du dos de sa main, elle essuya ses lèvres sirupeuses au goût de fer. Elle se glissa dans ses vêtements, puis sortit de la cabane sans un regard pour cet homme. La mer s'agitait au pied de la falaise. Elle descendit. Au milieu des vagues, aux crêtes de saphir, elle purifia son corps. L'eau était salée comme les larmes. Elle n'éprouvait aucune peine. Elle venait d'accomplir ce qu'elle aurait dû accomplir depuis longtemps déjà. En une carotide percée, elle avait résolu deux problèmes à la fois. L'un éthique, l'autre politique. Un monstre et un traître en moins. La mer était glaciale. Athéna marchait le long de la plonge. Elle surgit d'entre les rochers lorsque Pénélope sortit des fours. Cette robe te sera bien utile. La reine d'Ithaque devait bien admettre que ses habits souillés par le sang de son amant n'étaient pas des plus élégants. Elle s'avança et accepta avec reconnaissance la robe immaculée que lui tendait la déesse. « Je crois que nous avons des choses à nous dire, » continua la fille de Zeus. « Des choses importantes. Si vous venez me reprocher la mort de ton geste était nécessaire. Utile, je t'en remercie. Parlons maintenant de ton avenir, de ce que les immortels désirent te confier, ô fille d'Icarius et de Péribohéa. » Ulysse trouva Télémaque près du temple d'Apollon. Son fils marchait en compagnie de Phémius. La conversation paraissait agitée. Ulysse, intrigué, se glissa derrière une rangée de colonnes afin d'écouter sans être vu. « Je suis fils de Rône. » « Oh, Phénios, je n'ai pas le choix. Mon destin est lié à celui de mon père. » « Cette croyance t'aveugle. Le monde est vaste. Il te guidera là où la terre sera plus fertile pour ton âme. » « Un trône trouve toujours son successeur. » « La politique s'achète, mais tout l'or du monde ne saurait acquérir l'amour véritable. » « Il vaut mieux perdre une chose à laquelle on ne tient pas que de vivre dans l'éternel regret d'avoir perdu la seule chose qui comptait pour soi. » « Je t'aime, Télémaque, mais je ne supporterai pas de t'aimer éternellement en secret. La vie a besoin de lumière, et ce que tu me demandes là, ce serait plonger dans une obscurité qu'Elios lui-même ne pourra plus éclairer. » Ainsi parla Phémios. Il descendit les marches du temple. Ulysse l'observa s'éloigner. L'aura de ce jeune homme était puissante. Ses paroles résonnaient étrangement en lui. Elles étaient destinées à son fils, mais elles vinrent également se planter dans son cœur, telles les redoutables flèches d'Héraclès. Alors il sortit de l'ombre et regarda la chair de sa chair. Télémaque leva les yeux et découvrit son père. Les secondes de silence figèrent le temps. Ulysse s'exprima le premier. Il y a du bon sens dans ces paroles, mon fils. Le temps est peut-être venu pour nous d'exprimer librement nos pensées. « Qu'en dis-tu ? » Télémaque approuva. Ce fut ainsi que, sous le soleil pâle d'Ithaque, ils se confièrent l'un à l'autre en toute simplicité. Les dieux de la nuit avaient cédé leur place à ceux du jour, les rues commençaient à s'éveiller, et ils traversèrent ensemble la ville, heureux de se retrouver enfin. Nos pas oublieront-ils le chemin qui nous lie ? Chercheront-ils ailleurs ce qu'ils n'ont retrouvé ? Le temps, monstre insatisfait, de sa bouche béante avale son regret. Et nos cœurs séparés dans ce gouffre infernal Cèderont-ils aussi à un arrêt final ? Ou comme ces fauves enragées De leurs dents blanches aux tranchants d'acier Saisiront-ils alors l'usurier Dieu du temps Celui qui s'est donné mais sans cesse reprend ? La harpe dansait sous les doigts de Calypso. L'or fin des cordes vibrait d'extase. La musique s'élevait dans les airs comme les vapeurs blanches du matin. À peine éveillée, monte gracieusement vers la voûte azurée. La déesse réchauffait l'âme de la nature. Il en était ainsi durant chaque saison. Elle s'installait parmi les arbres, sur un tapis de mousse au sol endormi. Son inspiration enveloppait l'île. Sa voix de temps à autre se liait aux notes de l'instrument et la terre rassurée apaisait ses tourments. Son île, ventre du monde, Point névralgique de la terre accouchait chaque seconde d'âme nouvelle qu'au pays d'Hadès on venait de ravir. Et le cycle se formait sans jamais se défaire. De la lumière à l'ombre, de l'ombre à la lumière, la vie continuait. La vie avait besoin de l'île de Calypso. Caria, la nymphe la plus clémente, s'approcha. Calypso continuait de jouer. Sa présence ne la dérangeait jamais. Elle était toujours heureuse de la voir paraître. Quelles nouvelles venait-elle lui apporter ? Ses doigts alors s'arrêtèrent de valser et bientôt la musique céda sa place au silence. Ulysse, Caria laissa le nom du héros en suspens. Le cœur de Calypso était rempli de joie. Elle courut vers sa sœur pour la prendre dans ses bras. « Je savais, disait-elle, je savais qu'un jour il reviendrait. » Mais à ces mots, Caria se mit à pleurer. Ulysse est mort. On vient de l'annoncer. N'attendre que le jour pour traverser la mort, revenir briser chaque caprice du sort, et dans un souffle puissant d'amour éternant, se relier au feu des amoureux fidèles. Vous venez d'écouter l'épisode numéro 12. Voix et texte Émilie Bénéraud. Musique Paul-Adrien Bénéraud. Illustration Alphi. Régie Béatrice Bénéraud. Et je vous dis à bientôt pour un nouvel épisode.

Description

Pénélope met en place une stratégie qui pourrait bien affecter Ulysse...


« Writing Stories That Inspire: Tales for Modern Dreamers » 💖


Un épisode par semaine pour chaque saison


Retrouve-moi sur les réseaux !


Instagram: @lecarnetdemi

TikTok: @lecarnetdemi


Hébergé par Ausha


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Salut, je m'appelle Amy. Bienvenue dans mon carnet où je vous invite à découvrir l'univers de mes textes, mais également ceux qui m'inspirent. Pour cette première saison, j'ai choisi de vous lire mon roman Ulysse et Calypso. La composition de ce texte... Aînés du désir de vie écrivent l'histoire d'un amour légendaire. Alors, si vous le voulez bien, laissons-nous en voguer, loin, très loin, bien après les crêtes des montagnes et l'immensité des mers, au cœur du monde, là où palpite l'île de Calypso. Épisode 12 L'exécution Ulysse dormait encore lorsque Pénélope s'éveilla. Quelle est-elle faire de cet homme ? Quelle stratégie adopter ? Il était un piètre amant, un roi sans consistance. Le peuple le voyait à l'image d'un héros. Tous ces gens qui louaient sa rue, son courage, son dévouement, comme si eux-mêmes s'étaient rendus sur le champ de bataille. Elle avait songé à lui parler de vrai en sang pour le bien-être de la cité. Mais après réflexion, elle ne désirait pas éveiller ses soupçons. Si elle commençait à montrer de l'intérêt pour les affaires du royaume, son époux ne serait-il pas plus méfiant envers elle ? Vingt ans de pouvoir, ça change l'âme. Ulysse n'était pas si naïf. Elle devait agir vite. La grive musicienne poussa son chant. L'aube apparaissait. Pénélope devait rejoindre Antinous. Elle s'habilla seule, elle aimait cette heure où le silence de la nuit enveloppe encore le monde, où les secrets des hommes glissent le long des murs, espérant trouver au lever du jour une oreille amue au creux de laquelle s'assoupirent. Antinous l'attendait assis près d'une petite cabane de pêcheurs. Lorsqu'il l'aperçut, il se redressa d'un seul coup. Il ne voulait pas paraître devant elle en état de faiblesse ou d'indolence, ce qu'il était au fond. « J'ai réfléchi. » La reine l'embrassa pour le faire taire. Elle l'attira à l'intérieur de la cabane. Ses baisers fiévreux enrayèrent tout processus réflexif. Elle se contrefichait de connaître ses idées. Elle ne faisait confiance à aucun homme, et surtout pas à celui qui rêvait d'être roi depuis tant d'années. Elle lui ordonna de se déshabiller. Montino s'exécuta. Pénélope aimait le voir ainsi. Cet homme fier et brutal devenait avec elle le plus tendre des agneaux. Elle connaissait son goût prononcé pour la soumission des autres femmes. Il n'hésitait pas à commettre l'impensable, juste pour assouvir son propre plaisir de domination. Elle était donc la femme qui vengeait toutes celles qui avaient été contraintes de subir sa bestialité. Vulnérable, à sa merci, le corps nu et le souffle court, il la regardait. Parfait, sursurait-elle. Elle l'embrassa de nouveau. Agenouille-toi. Tandis qu'Antinous déposait ses genoux sur la terre, son sexe se hissait plus fortement vers le ciel. Il observa Pénélope. Il se demandait ce qu'elle allait encore faire de lui. Lorsqu'il accéderait au trône, il remettrait de l'ordre dans ce renversement pyramidal. La seule pensée de l'humilier tendait un peu plus son membre raide vers les hauteurs divines. La reine l'attacha. Le sel de la mer avait pas l'iladrice et des algues noires constelaient le lien. Le cordage servait sûrement à la pêche. Une fois en tine hausse, maintenue immobile, elle laissa tomber ses vêtements. Elle vint s'asseoir sur lui et lui fit connaître des délices insoupçonnées. Antinous brillait le ciel, qu'aucun homme ne l'aperçoive dans cette position. Mais il devait bien admettre que la jouissance de l'acte était immense. Il perdait le contrôle, ce qui ne lui arrivait jamais, sauf avec pénible. Il ferma les yeux et se concentra pour ne pas jouir trop rapidement. Elle ondulait merveilleusement. C'était comme les flots puissants de l'océan en serrant la coque d'un navire. Elle haleta plus fort et déficit. sa chevelure d'ébène. Ses yeux brillaient intensément. Elle garda le peigne de nacre dans le creux de sa paume. La pression se fit si grande qu'Antinous ne put bientôt la retenir, et lorsque Pénélope sentit le point de non-retour, elle lui perça violemment la gorge avec les dents affûtées de son peigne. Pour toutes celles que tu as violées, où l'on s'attèle avant de jouer Ration Tour ? Antinous poussa un cri de bête. Le sang gicla. La reine lâcha son arme sur le sol. Les pointes sanguinolentes vinrent heurter la dalle de pierre. Antinous roula les yeux vers le ciel. De sa bouche douloureuse naquit un ruisseau vermeil. Mais il rendit un dernier souffle. Pénélope n'avait jamais connu un orgasme aussi puissant. Ses joues, ses lèvres, tout son corps étaient tachés d'Antinous. Elle tremblait. Ce n'était pas la peur qui secouait ses membres en feu, mais bel et bien ce paroxysme du plaisir auquel elle venait de goûter. Elle se releva calmement, un sourire au coin du cœur. Antinous gisait au milieu de son sang. Du dos de sa main, elle essuya ses lèvres sirupeuses au goût de fer. Elle se glissa dans ses vêtements, puis sortit de la cabane sans un regard pour cet homme. La mer s'agitait au pied de la falaise. Elle descendit. Au milieu des vagues, aux crêtes de saphir, elle purifia son corps. L'eau était salée comme les larmes. Elle n'éprouvait aucune peine. Elle venait d'accomplir ce qu'elle aurait dû accomplir depuis longtemps déjà. En une carotide percée, elle avait résolu deux problèmes à la fois. L'un éthique, l'autre politique. Un monstre et un traître en moins. La mer était glaciale. Athéna marchait le long de la plonge. Elle surgit d'entre les rochers lorsque Pénélope sortit des fours. Cette robe te sera bien utile. La reine d'Ithaque devait bien admettre que ses habits souillés par le sang de son amant n'étaient pas des plus élégants. Elle s'avança et accepta avec reconnaissance la robe immaculée que lui tendait la déesse. « Je crois que nous avons des choses à nous dire, » continua la fille de Zeus. « Des choses importantes. Si vous venez me reprocher la mort de ton geste était nécessaire. Utile, je t'en remercie. Parlons maintenant de ton avenir, de ce que les immortels désirent te confier, ô fille d'Icarius et de Péribohéa. » Ulysse trouva Télémaque près du temple d'Apollon. Son fils marchait en compagnie de Phémius. La conversation paraissait agitée. Ulysse, intrigué, se glissa derrière une rangée de colonnes afin d'écouter sans être vu. « Je suis fils de Rône. » « Oh, Phénios, je n'ai pas le choix. Mon destin est lié à celui de mon père. » « Cette croyance t'aveugle. Le monde est vaste. Il te guidera là où la terre sera plus fertile pour ton âme. » « Un trône trouve toujours son successeur. » « La politique s'achète, mais tout l'or du monde ne saurait acquérir l'amour véritable. » « Il vaut mieux perdre une chose à laquelle on ne tient pas que de vivre dans l'éternel regret d'avoir perdu la seule chose qui comptait pour soi. » « Je t'aime, Télémaque, mais je ne supporterai pas de t'aimer éternellement en secret. La vie a besoin de lumière, et ce que tu me demandes là, ce serait plonger dans une obscurité qu'Elios lui-même ne pourra plus éclairer. » Ainsi parla Phémios. Il descendit les marches du temple. Ulysse l'observa s'éloigner. L'aura de ce jeune homme était puissante. Ses paroles résonnaient étrangement en lui. Elles étaient destinées à son fils, mais elles vinrent également se planter dans son cœur, telles les redoutables flèches d'Héraclès. Alors il sortit de l'ombre et regarda la chair de sa chair. Télémaque leva les yeux et découvrit son père. Les secondes de silence figèrent le temps. Ulysse s'exprima le premier. Il y a du bon sens dans ces paroles, mon fils. Le temps est peut-être venu pour nous d'exprimer librement nos pensées. « Qu'en dis-tu ? » Télémaque approuva. Ce fut ainsi que, sous le soleil pâle d'Ithaque, ils se confièrent l'un à l'autre en toute simplicité. Les dieux de la nuit avaient cédé leur place à ceux du jour, les rues commençaient à s'éveiller, et ils traversèrent ensemble la ville, heureux de se retrouver enfin. Nos pas oublieront-ils le chemin qui nous lie ? Chercheront-ils ailleurs ce qu'ils n'ont retrouvé ? Le temps, monstre insatisfait, de sa bouche béante avale son regret. Et nos cœurs séparés dans ce gouffre infernal Cèderont-ils aussi à un arrêt final ? Ou comme ces fauves enragées De leurs dents blanches aux tranchants d'acier Saisiront-ils alors l'usurier Dieu du temps Celui qui s'est donné mais sans cesse reprend ? La harpe dansait sous les doigts de Calypso. L'or fin des cordes vibrait d'extase. La musique s'élevait dans les airs comme les vapeurs blanches du matin. À peine éveillée, monte gracieusement vers la voûte azurée. La déesse réchauffait l'âme de la nature. Il en était ainsi durant chaque saison. Elle s'installait parmi les arbres, sur un tapis de mousse au sol endormi. Son inspiration enveloppait l'île. Sa voix de temps à autre se liait aux notes de l'instrument et la terre rassurée apaisait ses tourments. Son île, ventre du monde, Point névralgique de la terre accouchait chaque seconde d'âme nouvelle qu'au pays d'Hadès on venait de ravir. Et le cycle se formait sans jamais se défaire. De la lumière à l'ombre, de l'ombre à la lumière, la vie continuait. La vie avait besoin de l'île de Calypso. Caria, la nymphe la plus clémente, s'approcha. Calypso continuait de jouer. Sa présence ne la dérangeait jamais. Elle était toujours heureuse de la voir paraître. Quelles nouvelles venait-elle lui apporter ? Ses doigts alors s'arrêtèrent de valser et bientôt la musique céda sa place au silence. Ulysse, Caria laissa le nom du héros en suspens. Le cœur de Calypso était rempli de joie. Elle courut vers sa sœur pour la prendre dans ses bras. « Je savais, disait-elle, je savais qu'un jour il reviendrait. » Mais à ces mots, Caria se mit à pleurer. Ulysse est mort. On vient de l'annoncer. N'attendre que le jour pour traverser la mort, revenir briser chaque caprice du sort, et dans un souffle puissant d'amour éternant, se relier au feu des amoureux fidèles. Vous venez d'écouter l'épisode numéro 12. Voix et texte Émilie Bénéraud. Musique Paul-Adrien Bénéraud. Illustration Alphi. Régie Béatrice Bénéraud. Et je vous dis à bientôt pour un nouvel épisode.

Share

Embed

You may also like

Description

Pénélope met en place une stratégie qui pourrait bien affecter Ulysse...


« Writing Stories That Inspire: Tales for Modern Dreamers » 💖


Un épisode par semaine pour chaque saison


Retrouve-moi sur les réseaux !


Instagram: @lecarnetdemi

TikTok: @lecarnetdemi


Hébergé par Ausha


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Salut, je m'appelle Amy. Bienvenue dans mon carnet où je vous invite à découvrir l'univers de mes textes, mais également ceux qui m'inspirent. Pour cette première saison, j'ai choisi de vous lire mon roman Ulysse et Calypso. La composition de ce texte... Aînés du désir de vie écrivent l'histoire d'un amour légendaire. Alors, si vous le voulez bien, laissons-nous en voguer, loin, très loin, bien après les crêtes des montagnes et l'immensité des mers, au cœur du monde, là où palpite l'île de Calypso. Épisode 12 L'exécution Ulysse dormait encore lorsque Pénélope s'éveilla. Quelle est-elle faire de cet homme ? Quelle stratégie adopter ? Il était un piètre amant, un roi sans consistance. Le peuple le voyait à l'image d'un héros. Tous ces gens qui louaient sa rue, son courage, son dévouement, comme si eux-mêmes s'étaient rendus sur le champ de bataille. Elle avait songé à lui parler de vrai en sang pour le bien-être de la cité. Mais après réflexion, elle ne désirait pas éveiller ses soupçons. Si elle commençait à montrer de l'intérêt pour les affaires du royaume, son époux ne serait-il pas plus méfiant envers elle ? Vingt ans de pouvoir, ça change l'âme. Ulysse n'était pas si naïf. Elle devait agir vite. La grive musicienne poussa son chant. L'aube apparaissait. Pénélope devait rejoindre Antinous. Elle s'habilla seule, elle aimait cette heure où le silence de la nuit enveloppe encore le monde, où les secrets des hommes glissent le long des murs, espérant trouver au lever du jour une oreille amue au creux de laquelle s'assoupirent. Antinous l'attendait assis près d'une petite cabane de pêcheurs. Lorsqu'il l'aperçut, il se redressa d'un seul coup. Il ne voulait pas paraître devant elle en état de faiblesse ou d'indolence, ce qu'il était au fond. « J'ai réfléchi. » La reine l'embrassa pour le faire taire. Elle l'attira à l'intérieur de la cabane. Ses baisers fiévreux enrayèrent tout processus réflexif. Elle se contrefichait de connaître ses idées. Elle ne faisait confiance à aucun homme, et surtout pas à celui qui rêvait d'être roi depuis tant d'années. Elle lui ordonna de se déshabiller. Montino s'exécuta. Pénélope aimait le voir ainsi. Cet homme fier et brutal devenait avec elle le plus tendre des agneaux. Elle connaissait son goût prononcé pour la soumission des autres femmes. Il n'hésitait pas à commettre l'impensable, juste pour assouvir son propre plaisir de domination. Elle était donc la femme qui vengeait toutes celles qui avaient été contraintes de subir sa bestialité. Vulnérable, à sa merci, le corps nu et le souffle court, il la regardait. Parfait, sursurait-elle. Elle l'embrassa de nouveau. Agenouille-toi. Tandis qu'Antinous déposait ses genoux sur la terre, son sexe se hissait plus fortement vers le ciel. Il observa Pénélope. Il se demandait ce qu'elle allait encore faire de lui. Lorsqu'il accéderait au trône, il remettrait de l'ordre dans ce renversement pyramidal. La seule pensée de l'humilier tendait un peu plus son membre raide vers les hauteurs divines. La reine l'attacha. Le sel de la mer avait pas l'iladrice et des algues noires constelaient le lien. Le cordage servait sûrement à la pêche. Une fois en tine hausse, maintenue immobile, elle laissa tomber ses vêtements. Elle vint s'asseoir sur lui et lui fit connaître des délices insoupçonnées. Antinous brillait le ciel, qu'aucun homme ne l'aperçoive dans cette position. Mais il devait bien admettre que la jouissance de l'acte était immense. Il perdait le contrôle, ce qui ne lui arrivait jamais, sauf avec pénible. Il ferma les yeux et se concentra pour ne pas jouir trop rapidement. Elle ondulait merveilleusement. C'était comme les flots puissants de l'océan en serrant la coque d'un navire. Elle haleta plus fort et déficit. sa chevelure d'ébène. Ses yeux brillaient intensément. Elle garda le peigne de nacre dans le creux de sa paume. La pression se fit si grande qu'Antinous ne put bientôt la retenir, et lorsque Pénélope sentit le point de non-retour, elle lui perça violemment la gorge avec les dents affûtées de son peigne. Pour toutes celles que tu as violées, où l'on s'attèle avant de jouer Ration Tour ? Antinous poussa un cri de bête. Le sang gicla. La reine lâcha son arme sur le sol. Les pointes sanguinolentes vinrent heurter la dalle de pierre. Antinous roula les yeux vers le ciel. De sa bouche douloureuse naquit un ruisseau vermeil. Mais il rendit un dernier souffle. Pénélope n'avait jamais connu un orgasme aussi puissant. Ses joues, ses lèvres, tout son corps étaient tachés d'Antinous. Elle tremblait. Ce n'était pas la peur qui secouait ses membres en feu, mais bel et bien ce paroxysme du plaisir auquel elle venait de goûter. Elle se releva calmement, un sourire au coin du cœur. Antinous gisait au milieu de son sang. Du dos de sa main, elle essuya ses lèvres sirupeuses au goût de fer. Elle se glissa dans ses vêtements, puis sortit de la cabane sans un regard pour cet homme. La mer s'agitait au pied de la falaise. Elle descendit. Au milieu des vagues, aux crêtes de saphir, elle purifia son corps. L'eau était salée comme les larmes. Elle n'éprouvait aucune peine. Elle venait d'accomplir ce qu'elle aurait dû accomplir depuis longtemps déjà. En une carotide percée, elle avait résolu deux problèmes à la fois. L'un éthique, l'autre politique. Un monstre et un traître en moins. La mer était glaciale. Athéna marchait le long de la plonge. Elle surgit d'entre les rochers lorsque Pénélope sortit des fours. Cette robe te sera bien utile. La reine d'Ithaque devait bien admettre que ses habits souillés par le sang de son amant n'étaient pas des plus élégants. Elle s'avança et accepta avec reconnaissance la robe immaculée que lui tendait la déesse. « Je crois que nous avons des choses à nous dire, » continua la fille de Zeus. « Des choses importantes. Si vous venez me reprocher la mort de ton geste était nécessaire. Utile, je t'en remercie. Parlons maintenant de ton avenir, de ce que les immortels désirent te confier, ô fille d'Icarius et de Péribohéa. » Ulysse trouva Télémaque près du temple d'Apollon. Son fils marchait en compagnie de Phémius. La conversation paraissait agitée. Ulysse, intrigué, se glissa derrière une rangée de colonnes afin d'écouter sans être vu. « Je suis fils de Rône. » « Oh, Phénios, je n'ai pas le choix. Mon destin est lié à celui de mon père. » « Cette croyance t'aveugle. Le monde est vaste. Il te guidera là où la terre sera plus fertile pour ton âme. » « Un trône trouve toujours son successeur. » « La politique s'achète, mais tout l'or du monde ne saurait acquérir l'amour véritable. » « Il vaut mieux perdre une chose à laquelle on ne tient pas que de vivre dans l'éternel regret d'avoir perdu la seule chose qui comptait pour soi. » « Je t'aime, Télémaque, mais je ne supporterai pas de t'aimer éternellement en secret. La vie a besoin de lumière, et ce que tu me demandes là, ce serait plonger dans une obscurité qu'Elios lui-même ne pourra plus éclairer. » Ainsi parla Phémios. Il descendit les marches du temple. Ulysse l'observa s'éloigner. L'aura de ce jeune homme était puissante. Ses paroles résonnaient étrangement en lui. Elles étaient destinées à son fils, mais elles vinrent également se planter dans son cœur, telles les redoutables flèches d'Héraclès. Alors il sortit de l'ombre et regarda la chair de sa chair. Télémaque leva les yeux et découvrit son père. Les secondes de silence figèrent le temps. Ulysse s'exprima le premier. Il y a du bon sens dans ces paroles, mon fils. Le temps est peut-être venu pour nous d'exprimer librement nos pensées. « Qu'en dis-tu ? » Télémaque approuva. Ce fut ainsi que, sous le soleil pâle d'Ithaque, ils se confièrent l'un à l'autre en toute simplicité. Les dieux de la nuit avaient cédé leur place à ceux du jour, les rues commençaient à s'éveiller, et ils traversèrent ensemble la ville, heureux de se retrouver enfin. Nos pas oublieront-ils le chemin qui nous lie ? Chercheront-ils ailleurs ce qu'ils n'ont retrouvé ? Le temps, monstre insatisfait, de sa bouche béante avale son regret. Et nos cœurs séparés dans ce gouffre infernal Cèderont-ils aussi à un arrêt final ? Ou comme ces fauves enragées De leurs dents blanches aux tranchants d'acier Saisiront-ils alors l'usurier Dieu du temps Celui qui s'est donné mais sans cesse reprend ? La harpe dansait sous les doigts de Calypso. L'or fin des cordes vibrait d'extase. La musique s'élevait dans les airs comme les vapeurs blanches du matin. À peine éveillée, monte gracieusement vers la voûte azurée. La déesse réchauffait l'âme de la nature. Il en était ainsi durant chaque saison. Elle s'installait parmi les arbres, sur un tapis de mousse au sol endormi. Son inspiration enveloppait l'île. Sa voix de temps à autre se liait aux notes de l'instrument et la terre rassurée apaisait ses tourments. Son île, ventre du monde, Point névralgique de la terre accouchait chaque seconde d'âme nouvelle qu'au pays d'Hadès on venait de ravir. Et le cycle se formait sans jamais se défaire. De la lumière à l'ombre, de l'ombre à la lumière, la vie continuait. La vie avait besoin de l'île de Calypso. Caria, la nymphe la plus clémente, s'approcha. Calypso continuait de jouer. Sa présence ne la dérangeait jamais. Elle était toujours heureuse de la voir paraître. Quelles nouvelles venait-elle lui apporter ? Ses doigts alors s'arrêtèrent de valser et bientôt la musique céda sa place au silence. Ulysse, Caria laissa le nom du héros en suspens. Le cœur de Calypso était rempli de joie. Elle courut vers sa sœur pour la prendre dans ses bras. « Je savais, disait-elle, je savais qu'un jour il reviendrait. » Mais à ces mots, Caria se mit à pleurer. Ulysse est mort. On vient de l'annoncer. N'attendre que le jour pour traverser la mort, revenir briser chaque caprice du sort, et dans un souffle puissant d'amour éternant, se relier au feu des amoureux fidèles. Vous venez d'écouter l'épisode numéro 12. Voix et texte Émilie Bénéraud. Musique Paul-Adrien Bénéraud. Illustration Alphi. Régie Béatrice Bénéraud. Et je vous dis à bientôt pour un nouvel épisode.

Description

Pénélope met en place une stratégie qui pourrait bien affecter Ulysse...


« Writing Stories That Inspire: Tales for Modern Dreamers » 💖


Un épisode par semaine pour chaque saison


Retrouve-moi sur les réseaux !


Instagram: @lecarnetdemi

TikTok: @lecarnetdemi


Hébergé par Ausha


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Salut, je m'appelle Amy. Bienvenue dans mon carnet où je vous invite à découvrir l'univers de mes textes, mais également ceux qui m'inspirent. Pour cette première saison, j'ai choisi de vous lire mon roman Ulysse et Calypso. La composition de ce texte... Aînés du désir de vie écrivent l'histoire d'un amour légendaire. Alors, si vous le voulez bien, laissons-nous en voguer, loin, très loin, bien après les crêtes des montagnes et l'immensité des mers, au cœur du monde, là où palpite l'île de Calypso. Épisode 12 L'exécution Ulysse dormait encore lorsque Pénélope s'éveilla. Quelle est-elle faire de cet homme ? Quelle stratégie adopter ? Il était un piètre amant, un roi sans consistance. Le peuple le voyait à l'image d'un héros. Tous ces gens qui louaient sa rue, son courage, son dévouement, comme si eux-mêmes s'étaient rendus sur le champ de bataille. Elle avait songé à lui parler de vrai en sang pour le bien-être de la cité. Mais après réflexion, elle ne désirait pas éveiller ses soupçons. Si elle commençait à montrer de l'intérêt pour les affaires du royaume, son époux ne serait-il pas plus méfiant envers elle ? Vingt ans de pouvoir, ça change l'âme. Ulysse n'était pas si naïf. Elle devait agir vite. La grive musicienne poussa son chant. L'aube apparaissait. Pénélope devait rejoindre Antinous. Elle s'habilla seule, elle aimait cette heure où le silence de la nuit enveloppe encore le monde, où les secrets des hommes glissent le long des murs, espérant trouver au lever du jour une oreille amue au creux de laquelle s'assoupirent. Antinous l'attendait assis près d'une petite cabane de pêcheurs. Lorsqu'il l'aperçut, il se redressa d'un seul coup. Il ne voulait pas paraître devant elle en état de faiblesse ou d'indolence, ce qu'il était au fond. « J'ai réfléchi. » La reine l'embrassa pour le faire taire. Elle l'attira à l'intérieur de la cabane. Ses baisers fiévreux enrayèrent tout processus réflexif. Elle se contrefichait de connaître ses idées. Elle ne faisait confiance à aucun homme, et surtout pas à celui qui rêvait d'être roi depuis tant d'années. Elle lui ordonna de se déshabiller. Montino s'exécuta. Pénélope aimait le voir ainsi. Cet homme fier et brutal devenait avec elle le plus tendre des agneaux. Elle connaissait son goût prononcé pour la soumission des autres femmes. Il n'hésitait pas à commettre l'impensable, juste pour assouvir son propre plaisir de domination. Elle était donc la femme qui vengeait toutes celles qui avaient été contraintes de subir sa bestialité. Vulnérable, à sa merci, le corps nu et le souffle court, il la regardait. Parfait, sursurait-elle. Elle l'embrassa de nouveau. Agenouille-toi. Tandis qu'Antinous déposait ses genoux sur la terre, son sexe se hissait plus fortement vers le ciel. Il observa Pénélope. Il se demandait ce qu'elle allait encore faire de lui. Lorsqu'il accéderait au trône, il remettrait de l'ordre dans ce renversement pyramidal. La seule pensée de l'humilier tendait un peu plus son membre raide vers les hauteurs divines. La reine l'attacha. Le sel de la mer avait pas l'iladrice et des algues noires constelaient le lien. Le cordage servait sûrement à la pêche. Une fois en tine hausse, maintenue immobile, elle laissa tomber ses vêtements. Elle vint s'asseoir sur lui et lui fit connaître des délices insoupçonnées. Antinous brillait le ciel, qu'aucun homme ne l'aperçoive dans cette position. Mais il devait bien admettre que la jouissance de l'acte était immense. Il perdait le contrôle, ce qui ne lui arrivait jamais, sauf avec pénible. Il ferma les yeux et se concentra pour ne pas jouir trop rapidement. Elle ondulait merveilleusement. C'était comme les flots puissants de l'océan en serrant la coque d'un navire. Elle haleta plus fort et déficit. sa chevelure d'ébène. Ses yeux brillaient intensément. Elle garda le peigne de nacre dans le creux de sa paume. La pression se fit si grande qu'Antinous ne put bientôt la retenir, et lorsque Pénélope sentit le point de non-retour, elle lui perça violemment la gorge avec les dents affûtées de son peigne. Pour toutes celles que tu as violées, où l'on s'attèle avant de jouer Ration Tour ? Antinous poussa un cri de bête. Le sang gicla. La reine lâcha son arme sur le sol. Les pointes sanguinolentes vinrent heurter la dalle de pierre. Antinous roula les yeux vers le ciel. De sa bouche douloureuse naquit un ruisseau vermeil. Mais il rendit un dernier souffle. Pénélope n'avait jamais connu un orgasme aussi puissant. Ses joues, ses lèvres, tout son corps étaient tachés d'Antinous. Elle tremblait. Ce n'était pas la peur qui secouait ses membres en feu, mais bel et bien ce paroxysme du plaisir auquel elle venait de goûter. Elle se releva calmement, un sourire au coin du cœur. Antinous gisait au milieu de son sang. Du dos de sa main, elle essuya ses lèvres sirupeuses au goût de fer. Elle se glissa dans ses vêtements, puis sortit de la cabane sans un regard pour cet homme. La mer s'agitait au pied de la falaise. Elle descendit. Au milieu des vagues, aux crêtes de saphir, elle purifia son corps. L'eau était salée comme les larmes. Elle n'éprouvait aucune peine. Elle venait d'accomplir ce qu'elle aurait dû accomplir depuis longtemps déjà. En une carotide percée, elle avait résolu deux problèmes à la fois. L'un éthique, l'autre politique. Un monstre et un traître en moins. La mer était glaciale. Athéna marchait le long de la plonge. Elle surgit d'entre les rochers lorsque Pénélope sortit des fours. Cette robe te sera bien utile. La reine d'Ithaque devait bien admettre que ses habits souillés par le sang de son amant n'étaient pas des plus élégants. Elle s'avança et accepta avec reconnaissance la robe immaculée que lui tendait la déesse. « Je crois que nous avons des choses à nous dire, » continua la fille de Zeus. « Des choses importantes. Si vous venez me reprocher la mort de ton geste était nécessaire. Utile, je t'en remercie. Parlons maintenant de ton avenir, de ce que les immortels désirent te confier, ô fille d'Icarius et de Péribohéa. » Ulysse trouva Télémaque près du temple d'Apollon. Son fils marchait en compagnie de Phémius. La conversation paraissait agitée. Ulysse, intrigué, se glissa derrière une rangée de colonnes afin d'écouter sans être vu. « Je suis fils de Rône. » « Oh, Phénios, je n'ai pas le choix. Mon destin est lié à celui de mon père. » « Cette croyance t'aveugle. Le monde est vaste. Il te guidera là où la terre sera plus fertile pour ton âme. » « Un trône trouve toujours son successeur. » « La politique s'achète, mais tout l'or du monde ne saurait acquérir l'amour véritable. » « Il vaut mieux perdre une chose à laquelle on ne tient pas que de vivre dans l'éternel regret d'avoir perdu la seule chose qui comptait pour soi. » « Je t'aime, Télémaque, mais je ne supporterai pas de t'aimer éternellement en secret. La vie a besoin de lumière, et ce que tu me demandes là, ce serait plonger dans une obscurité qu'Elios lui-même ne pourra plus éclairer. » Ainsi parla Phémios. Il descendit les marches du temple. Ulysse l'observa s'éloigner. L'aura de ce jeune homme était puissante. Ses paroles résonnaient étrangement en lui. Elles étaient destinées à son fils, mais elles vinrent également se planter dans son cœur, telles les redoutables flèches d'Héraclès. Alors il sortit de l'ombre et regarda la chair de sa chair. Télémaque leva les yeux et découvrit son père. Les secondes de silence figèrent le temps. Ulysse s'exprima le premier. Il y a du bon sens dans ces paroles, mon fils. Le temps est peut-être venu pour nous d'exprimer librement nos pensées. « Qu'en dis-tu ? » Télémaque approuva. Ce fut ainsi que, sous le soleil pâle d'Ithaque, ils se confièrent l'un à l'autre en toute simplicité. Les dieux de la nuit avaient cédé leur place à ceux du jour, les rues commençaient à s'éveiller, et ils traversèrent ensemble la ville, heureux de se retrouver enfin. Nos pas oublieront-ils le chemin qui nous lie ? Chercheront-ils ailleurs ce qu'ils n'ont retrouvé ? Le temps, monstre insatisfait, de sa bouche béante avale son regret. Et nos cœurs séparés dans ce gouffre infernal Cèderont-ils aussi à un arrêt final ? Ou comme ces fauves enragées De leurs dents blanches aux tranchants d'acier Saisiront-ils alors l'usurier Dieu du temps Celui qui s'est donné mais sans cesse reprend ? La harpe dansait sous les doigts de Calypso. L'or fin des cordes vibrait d'extase. La musique s'élevait dans les airs comme les vapeurs blanches du matin. À peine éveillée, monte gracieusement vers la voûte azurée. La déesse réchauffait l'âme de la nature. Il en était ainsi durant chaque saison. Elle s'installait parmi les arbres, sur un tapis de mousse au sol endormi. Son inspiration enveloppait l'île. Sa voix de temps à autre se liait aux notes de l'instrument et la terre rassurée apaisait ses tourments. Son île, ventre du monde, Point névralgique de la terre accouchait chaque seconde d'âme nouvelle qu'au pays d'Hadès on venait de ravir. Et le cycle se formait sans jamais se défaire. De la lumière à l'ombre, de l'ombre à la lumière, la vie continuait. La vie avait besoin de l'île de Calypso. Caria, la nymphe la plus clémente, s'approcha. Calypso continuait de jouer. Sa présence ne la dérangeait jamais. Elle était toujours heureuse de la voir paraître. Quelles nouvelles venait-elle lui apporter ? Ses doigts alors s'arrêtèrent de valser et bientôt la musique céda sa place au silence. Ulysse, Caria laissa le nom du héros en suspens. Le cœur de Calypso était rempli de joie. Elle courut vers sa sœur pour la prendre dans ses bras. « Je savais, disait-elle, je savais qu'un jour il reviendrait. » Mais à ces mots, Caria se mit à pleurer. Ulysse est mort. On vient de l'annoncer. N'attendre que le jour pour traverser la mort, revenir briser chaque caprice du sort, et dans un souffle puissant d'amour éternant, se relier au feu des amoureux fidèles. Vous venez d'écouter l'épisode numéro 12. Voix et texte Émilie Bénéraud. Musique Paul-Adrien Bénéraud. Illustration Alphi. Régie Béatrice Bénéraud. Et je vous dis à bientôt pour un nouvel épisode.

Share

Embed

You may also like