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Ulysse & Calypso: épisode 2 "La rencontre" cover
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Le Carnet d’Émi

Ulysse & Calypso: épisode 2 "La rencontre"

Ulysse & Calypso: épisode 2 "La rencontre"

19min |28/11/2024|

17

Play
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19min |28/11/2024|

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Description

Ulysse se réveille sur l'île de Calypso, sa rencontre avec la nymphe et l'influence des Déesses et des Dieux...



« Writing Stories That Inspire: Tales for Modern Dreamers » 💖


Un épisode par semaine pour chaque saison


Retrouve-moi sur les réseaux !


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Salut, je m'appelle Amy. Bienvenue dans mon carnet où je vous invite à découvrir l'univers de mes textes, mais également ceux qui m'inspirent. Pour cette première saison, j'ai choisi de vous lire mon roman Ulysse et Calypso. La composition de ce texte... est né du désir de réécrire l'histoire d'un amour légendaire. Alors, si vous le voulez bien, laissons-nous en voguer, loin, très loin, bien après les crêtes des montagnes et l'immensité des mers, au cœur du monde, là où palpite l'île de Calypso. Épisode 2 La rencontre Une brise légère enveloppait l'île de Calypso. C'était une terre où la naissance du monde trouvait le repos. En son cœur dormait paisiblement l'ombilique des mortels et des immortels. Les nymphes s'amusaient à cueillir le soleil, l'eau, l'encens, soyant les fragments d'un monde bellissé. Ce n'était ni la faute des hommes, ni la faute des dieux. L'existence elle-même infligeait les tourments. La blessure avait commencé le jour où le monde s'était extirpé du néant. Les nymphes pensaient les plaies, veillaient à la bonne cicatrisation, embrassaient les peurs. Mais celle qui de toutes guérissait les entrailles profondes du monde répondait au nom de Calypso. Par la seule puissance de son amour, la vie souriait à nouveau. Et tandis que Calypso s'appliquait à ranimer la flamme de l'existence, La sienne s'amenuisait. Elle marchait lentement sur la plage. Pourquoi le ciel l'avait-il rendue immortelle ? Pourquoi l'avait-il enchaînée à cette île ? Le sable et l'écume caressaient ses pas. Il se mêlait à sa mélancolie, baisant tendrement sa chair. La déesse, aux yeux brillants, défit sa robe légère. Ses doigts fins dénouèrent le tissu immaculé. Et le pétale de lys virevolta jusqu'à la cime des pieds. De ses rayons, le soleil d'Hélios mordait sa peau ambrée. L'eau fraîche enveloppait doucement son corps. Sur son sein palpitant, le sel de la mer cristallisait l'extase. Elle oublia un instant le mal qui étreignait son cœur. Elle ferma ses yeux. Respira les embruns et se laissa flotter au rythme des vagues. Les clapotis de l'eau résonnaient en l'air. C'était le chant le plus vieux au monde. Rien depuis lors ne pouvait l'égaler, pensait-elle. La sombre chevelure de Calypso se déployait en ongulant. Des boucles se formaient et se déformaient à la surface de l'eau. Athéna dans le ciel l'observait. Elle lui enviait tant sa liberté, désirait tant sa légèreté. Cette légèreté qu'Athéna voulait éprouver au plus profond d'elle-même. Elle observait le corps nu de la déesse se balancer dans les flots. Elle pouvait percevoir sa douce aura. Et n'y tenant plus, elle laissa la jalousie et l'amertume ramper dans les méandres de ses pensées. L'âme de Calypso et celle d'Ulysse étaient nées d'un même éclat de feu. Athéna le sentait. Le chagrin mêlé d'irritation, l'envie, avait cet étrange pouvoir de découvrir le bonheur des autres avant même qu'ils naissent. De là où elle se tenait, Athéna apercevait Ulysse. Calypso n'était qu'à quelques mètres de lui, mais les rochers les séparaient. Ce n'était qu'une question de minutes avant que Calypso ne l'aperçoive. Alors Athéna lança l'incantation. L'éternel amour entre Calypso et le roi d'Ithaque devait s'éteindre avant la fin de l'hiver. Calypso, fille d'Atlas, continuait à se laisser porter par le courant. Ses compagnes la rejoignirent. Le temps du repos était terminé. Les nymphes s'éclaboussaient, elles glissaient entre le soleil et l'onde, étoiles filantes qui se jouaient de la nuit en embrassant le jour. Elles attrapaient algues, coquillages, naves, pour emparer leur corps imitant un instant l'insoumise plus d'avant. Tracieuses, elles émergeaient des flots, et Calypso, appuyé sur la roche, les contemplait. Caria, la plus clémente des minfes, vint poser sa tête sur les cuisses nues de Calypso. Elle fredonnait cette élégie qu'elle avait composée un soir d'orage. Ce poème apaisait l'âme et guérissait les peines. La déesse goûtait la voix de la nymphe avec délice. La brise était légère, le miroitement de l'eau vagabondait à l'horizon. Calypso observait les longs soulèvements de la poitrine de Caria. Les mots étaient d'une beauté infinie. Elles restèrent ainsi dans les bras l'une de l'autre, puis se levèrent pour marcher le long de la plage. Calypso recouvrit son corps de sa tunique blanche. Caria, nue, grimpa sur le dos d'un rocher. Les cristaux de sel suspendus à la roche noire brillaient sous la chaleur. On eût dit des éclats de diamants constellant l'obsidiane. Ce côté-ci de l'île affrontait souvent l'humeur changeante des vents marrons. Il sculptait avec force le visage de la côte et donnait aux falaises des arabesques étranges. Caria courait. Elle ne craignait pas de glisser. Ses pieds connaissaient les moindres parcelles de l'île. Les cheveux dans les yeux, elle riait. Sa bouche, vermeille, découvrait des perles de nague. Calypso retrouva le soleil dans son cœur. Elles sautèrent de rocher en rocher. La sagesse cédait à la folie, et la folie répondait à la sagesse qu'il était temps de s'ouvrir à la vie. Ce fut ainsi que Calypso, emporté par des vagues de bonheur, aperçut le corps d'Ulysse au pied d'un bloc de calcaire. elle s'arrêta net et appela caria pour qu'elle descende avec elle il n'était pas facile d'atteindre le rivage mais elles se déplaçèrent lentement jusqu'au sable Elles ondoyaient avec grâce entre les pierres, les coquillages accrochés aux roches, blessaient leurs pieds, écorchaient leurs mains, leurs genoux, leurs visages, mais la chair des immortels était exceptionnelle. Et si tôt ouverte, elle se fermait de nouveau. Ulysse contemplait l'immensité du ciel. La profondeur était magnétique. Son ouïe avait perdu de sa finesse pour s'endormir complètement. Le ronflement des vagues lointaines ne lui parvenait plus, ni même le ressac. Le choc du naufrage sûrement. Il regardait les oiseaux de mer décrire de larges cercles dans un silence absolu. Une odeur de jasmin le rassura. Si la perception des sons lui échappait, la sensation des fragrances lui était restée fidèle. D'où pouvaient provenir les fleuves ? Était-ce le vent qui, pour adoucir un peu son sort, lui déposait une offrande ? Sa fatigue était si grande qu'il lui semblait impossible d'émettre un seul mouvement. Il se savait sur une plage, mais elle n'était pas celle d'Ithaque. Le sable n'était pas le même, la roche n'était pas la même, le vent n'était pas le même. Il commença à sentir la peur étreinte de sa poitrine. Une ombre émergea au-dessus de sa tête. Le soleil avait troublé ses yeux. Des taches noires parsemaient sa vue. Il ne pouvait se défendre, il n'en avait plus la force. Une main fraîche et douce effleura son front. Elle devait appartenir à une femme. Ce n'était pas pour le rassurer. La femme pouvait être une ennemie plus redoutable que l'homme, pensa-t-il. Calypso s'adressa à Calon. Va, cours, chercher de l'eau de source. Les autres nymphes avaient nagé jusqu'à la pointe du rocher. Ils observaient Ulysse avec une certaine curiosité. Serait-ce le mortel dont les branleurs de terre cherchent à se venger ? Il est dans un piètre état d'une saleté repoussante. Il paraît que c'est un roi. Calypso n'écoutait plus ses compagnes et cherchait à maintenir éveillé le naufragé. Ulysse commençait à voir et à entendre plus clairement. Lorsqu'il découvrit les yeux de Calypso, son âme entière frémit d'extase. Il entendait les rires moqueurs des nymphes. La déesse, agenouillée près de lui, se leva. Calypso défie sa tunique. Le regard d'Ulysse s'égara quelques instants sur le corps de la déesse, puis sa conscience le releva aussitôt. Elle était d'une beauté à couper le souffle. L'odeur de jasmin se fit plus forte. Calypso couvrit le corps du marin afin de calmer l'excitation des nymphes. Elle lui offrait le plus simplement du monde toute l'intimité dont il avait besoin. Carrière revint, Calypso versa quelques gouttes de rosée sur les lèvres du naufragé. Puis, avec une facilité surprenante, elle le souleva pour le prendre dans ses bras. C'était la première fois depuis l'enfance qu'une femme le portait. C'était une drôle de sensation, un peu gênante pour ne pas dire humiliante, songeait-il. Il remercia le ciel qu'aucun homme n'eut à le voir ainsi, blotti comme un nouveau-né, sur le sein d'une étrangère. Il était trop faible pour agir ou réagir. Il ne pouvait tenir sur ses jambes et il se laissa faire docilement. Cela lui rappela soudain les bras de sa nourrice. la chaleur qui l'enveloppait quand elle le serrait sur son coeur la sensation que nulle tristesse au monde ne pouvait l'atteindre le parfum épicé qui imprégnait sa peau calypso irradiait de la même bonté Pénélope n'avait jamais eu pour lui cette sorte d'attention, mais pouvait-il reprocher à son épouse ce que lui-même était incapable de lui offrir ? Du feuillage et des broussailles s'étendaient à perte de vue. Un vers sauvage se découpait sur le ciel sans nuages. Les corolles de fleurs s'épanouissaient. La bouche vermeille de Calypso ressemblait à une amaryllis. Et Ulysse s'assoupit, la tête sur le cœur de l'inconnu, l'âme étrangement apaisée. Les nymphes marchaient au silence. Chaque pas s'effectuait en pleine conscience. On entendait seulement le chant de quelques austéropes à ventre jaune. et le frémissement léger des aiguilles de pin dans le vent. Elles observaient Calypso. Elles ne l'avaient senti si profondément en paix depuis de nombreux mois. Calypso flottait avec grâce et chérissait le réprouvé des mers comme la plus précieuse des nacre de l'île. Où cela allait-il la conduire ? Ses compagnes s'inquiétaient. L'amour entre mortel et immortel était un chemin escarpé qui menait bien souvent au désastre. Mais aucune d'elles ne s'aventura à le rappeler à Calypso. Le courage leur manquait. Une nymphe blessée pouvait être impitoyable. Son cœur était comme les vagues de l'océan, à la fois furieuse et douce. Dans le ventre de l'île était creusée la plus resplendissante des grottes, la pierre d'un blanc immaculé luisée par endroits. Et si les oliviers n'avaient allongé leur rameau centenaire jusqu'à l'entrée de la cavité, les rayons du soleil trop intenses auraient aveuglé au premier regard. Il émanait de cette antre un mystère profond. Une odeur de genièvre sot et de mire exhalait de la grotte. Calypso allongea Ulysse sur son lit. Voluptueuse, la couche de pourbris d'or ou parfum de sandal avait ce pouvoir de régénérer l'essence. Les blessures du naufragé étaient nombreuses. Sa chair, lacérée par endroits, ne s'était pas complètement refermée. Dans une vasque en marbre, la nymphe déversa de l'eau pure agrémentée de quelques pétales de jasmin. Elle frotta minutieusement le corps d'Ulysse afin de le purifier de toute souillure. Puis elle déposa sur les plaies encore vives un onguent dont elle seule détenait le secret. Bercée par les effleux, Ulysse plongea alors dans un long sommeil veillé par le paisible hypnose. Vous venez d'écouter l'épisode numéro 2. Voix et texte, Émilie Bénéro. Musique, Paul-Adrien Bénéro. Illustration, Alfie. Régie, Béatrice Bénéro. Je vous dis à bientôt pour un nouvel épisode.

Description

Ulysse se réveille sur l'île de Calypso, sa rencontre avec la nymphe et l'influence des Déesses et des Dieux...



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  • Speaker #0

    Salut, je m'appelle Amy. Bienvenue dans mon carnet où je vous invite à découvrir l'univers de mes textes, mais également ceux qui m'inspirent. Pour cette première saison, j'ai choisi de vous lire mon roman Ulysse et Calypso. La composition de ce texte... est né du désir de réécrire l'histoire d'un amour légendaire. Alors, si vous le voulez bien, laissons-nous en voguer, loin, très loin, bien après les crêtes des montagnes et l'immensité des mers, au cœur du monde, là où palpite l'île de Calypso. Épisode 2 La rencontre Une brise légère enveloppait l'île de Calypso. C'était une terre où la naissance du monde trouvait le repos. En son cœur dormait paisiblement l'ombilique des mortels et des immortels. Les nymphes s'amusaient à cueillir le soleil, l'eau, l'encens, soyant les fragments d'un monde bellissé. Ce n'était ni la faute des hommes, ni la faute des dieux. L'existence elle-même infligeait les tourments. La blessure avait commencé le jour où le monde s'était extirpé du néant. Les nymphes pensaient les plaies, veillaient à la bonne cicatrisation, embrassaient les peurs. Mais celle qui de toutes guérissait les entrailles profondes du monde répondait au nom de Calypso. Par la seule puissance de son amour, la vie souriait à nouveau. Et tandis que Calypso s'appliquait à ranimer la flamme de l'existence, La sienne s'amenuisait. Elle marchait lentement sur la plage. Pourquoi le ciel l'avait-il rendue immortelle ? Pourquoi l'avait-il enchaînée à cette île ? Le sable et l'écume caressaient ses pas. Il se mêlait à sa mélancolie, baisant tendrement sa chair. La déesse, aux yeux brillants, défit sa robe légère. Ses doigts fins dénouèrent le tissu immaculé. Et le pétale de lys virevolta jusqu'à la cime des pieds. De ses rayons, le soleil d'Hélios mordait sa peau ambrée. L'eau fraîche enveloppait doucement son corps. Sur son sein palpitant, le sel de la mer cristallisait l'extase. Elle oublia un instant le mal qui étreignait son cœur. Elle ferma ses yeux. Respira les embruns et se laissa flotter au rythme des vagues. Les clapotis de l'eau résonnaient en l'air. C'était le chant le plus vieux au monde. Rien depuis lors ne pouvait l'égaler, pensait-elle. La sombre chevelure de Calypso se déployait en ongulant. Des boucles se formaient et se déformaient à la surface de l'eau. Athéna dans le ciel l'observait. Elle lui enviait tant sa liberté, désirait tant sa légèreté. Cette légèreté qu'Athéna voulait éprouver au plus profond d'elle-même. Elle observait le corps nu de la déesse se balancer dans les flots. Elle pouvait percevoir sa douce aura. Et n'y tenant plus, elle laissa la jalousie et l'amertume ramper dans les méandres de ses pensées. L'âme de Calypso et celle d'Ulysse étaient nées d'un même éclat de feu. Athéna le sentait. Le chagrin mêlé d'irritation, l'envie, avait cet étrange pouvoir de découvrir le bonheur des autres avant même qu'ils naissent. De là où elle se tenait, Athéna apercevait Ulysse. Calypso n'était qu'à quelques mètres de lui, mais les rochers les séparaient. Ce n'était qu'une question de minutes avant que Calypso ne l'aperçoive. Alors Athéna lança l'incantation. L'éternel amour entre Calypso et le roi d'Ithaque devait s'éteindre avant la fin de l'hiver. Calypso, fille d'Atlas, continuait à se laisser porter par le courant. Ses compagnes la rejoignirent. Le temps du repos était terminé. Les nymphes s'éclaboussaient, elles glissaient entre le soleil et l'onde, étoiles filantes qui se jouaient de la nuit en embrassant le jour. Elles attrapaient algues, coquillages, naves, pour emparer leur corps imitant un instant l'insoumise plus d'avant. Tracieuses, elles émergeaient des flots, et Calypso, appuyé sur la roche, les contemplait. Caria, la plus clémente des minfes, vint poser sa tête sur les cuisses nues de Calypso. Elle fredonnait cette élégie qu'elle avait composée un soir d'orage. Ce poème apaisait l'âme et guérissait les peines. La déesse goûtait la voix de la nymphe avec délice. La brise était légère, le miroitement de l'eau vagabondait à l'horizon. Calypso observait les longs soulèvements de la poitrine de Caria. Les mots étaient d'une beauté infinie. Elles restèrent ainsi dans les bras l'une de l'autre, puis se levèrent pour marcher le long de la plage. Calypso recouvrit son corps de sa tunique blanche. Caria, nue, grimpa sur le dos d'un rocher. Les cristaux de sel suspendus à la roche noire brillaient sous la chaleur. On eût dit des éclats de diamants constellant l'obsidiane. Ce côté-ci de l'île affrontait souvent l'humeur changeante des vents marrons. Il sculptait avec force le visage de la côte et donnait aux falaises des arabesques étranges. Caria courait. Elle ne craignait pas de glisser. Ses pieds connaissaient les moindres parcelles de l'île. Les cheveux dans les yeux, elle riait. Sa bouche, vermeille, découvrait des perles de nague. Calypso retrouva le soleil dans son cœur. Elles sautèrent de rocher en rocher. La sagesse cédait à la folie, et la folie répondait à la sagesse qu'il était temps de s'ouvrir à la vie. Ce fut ainsi que Calypso, emporté par des vagues de bonheur, aperçut le corps d'Ulysse au pied d'un bloc de calcaire. elle s'arrêta net et appela caria pour qu'elle descende avec elle il n'était pas facile d'atteindre le rivage mais elles se déplaçèrent lentement jusqu'au sable Elles ondoyaient avec grâce entre les pierres, les coquillages accrochés aux roches, blessaient leurs pieds, écorchaient leurs mains, leurs genoux, leurs visages, mais la chair des immortels était exceptionnelle. Et si tôt ouverte, elle se fermait de nouveau. Ulysse contemplait l'immensité du ciel. La profondeur était magnétique. Son ouïe avait perdu de sa finesse pour s'endormir complètement. Le ronflement des vagues lointaines ne lui parvenait plus, ni même le ressac. Le choc du naufrage sûrement. Il regardait les oiseaux de mer décrire de larges cercles dans un silence absolu. Une odeur de jasmin le rassura. Si la perception des sons lui échappait, la sensation des fragrances lui était restée fidèle. D'où pouvaient provenir les fleuves ? Était-ce le vent qui, pour adoucir un peu son sort, lui déposait une offrande ? Sa fatigue était si grande qu'il lui semblait impossible d'émettre un seul mouvement. Il se savait sur une plage, mais elle n'était pas celle d'Ithaque. Le sable n'était pas le même, la roche n'était pas la même, le vent n'était pas le même. Il commença à sentir la peur étreinte de sa poitrine. Une ombre émergea au-dessus de sa tête. Le soleil avait troublé ses yeux. Des taches noires parsemaient sa vue. Il ne pouvait se défendre, il n'en avait plus la force. Une main fraîche et douce effleura son front. Elle devait appartenir à une femme. Ce n'était pas pour le rassurer. La femme pouvait être une ennemie plus redoutable que l'homme, pensa-t-il. Calypso s'adressa à Calon. Va, cours, chercher de l'eau de source. Les autres nymphes avaient nagé jusqu'à la pointe du rocher. Ils observaient Ulysse avec une certaine curiosité. Serait-ce le mortel dont les branleurs de terre cherchent à se venger ? Il est dans un piètre état d'une saleté repoussante. Il paraît que c'est un roi. Calypso n'écoutait plus ses compagnes et cherchait à maintenir éveillé le naufragé. Ulysse commençait à voir et à entendre plus clairement. Lorsqu'il découvrit les yeux de Calypso, son âme entière frémit d'extase. Il entendait les rires moqueurs des nymphes. La déesse, agenouillée près de lui, se leva. Calypso défie sa tunique. Le regard d'Ulysse s'égara quelques instants sur le corps de la déesse, puis sa conscience le releva aussitôt. Elle était d'une beauté à couper le souffle. L'odeur de jasmin se fit plus forte. Calypso couvrit le corps du marin afin de calmer l'excitation des nymphes. Elle lui offrait le plus simplement du monde toute l'intimité dont il avait besoin. Carrière revint, Calypso versa quelques gouttes de rosée sur les lèvres du naufragé. Puis, avec une facilité surprenante, elle le souleva pour le prendre dans ses bras. C'était la première fois depuis l'enfance qu'une femme le portait. C'était une drôle de sensation, un peu gênante pour ne pas dire humiliante, songeait-il. Il remercia le ciel qu'aucun homme n'eut à le voir ainsi, blotti comme un nouveau-né, sur le sein d'une étrangère. Il était trop faible pour agir ou réagir. Il ne pouvait tenir sur ses jambes et il se laissa faire docilement. Cela lui rappela soudain les bras de sa nourrice. la chaleur qui l'enveloppait quand elle le serrait sur son coeur la sensation que nulle tristesse au monde ne pouvait l'atteindre le parfum épicé qui imprégnait sa peau calypso irradiait de la même bonté Pénélope n'avait jamais eu pour lui cette sorte d'attention, mais pouvait-il reprocher à son épouse ce que lui-même était incapable de lui offrir ? Du feuillage et des broussailles s'étendaient à perte de vue. Un vers sauvage se découpait sur le ciel sans nuages. Les corolles de fleurs s'épanouissaient. La bouche vermeille de Calypso ressemblait à une amaryllis. Et Ulysse s'assoupit, la tête sur le cœur de l'inconnu, l'âme étrangement apaisée. Les nymphes marchaient au silence. Chaque pas s'effectuait en pleine conscience. On entendait seulement le chant de quelques austéropes à ventre jaune. et le frémissement léger des aiguilles de pin dans le vent. Elles observaient Calypso. Elles ne l'avaient senti si profondément en paix depuis de nombreux mois. Calypso flottait avec grâce et chérissait le réprouvé des mers comme la plus précieuse des nacre de l'île. Où cela allait-il la conduire ? Ses compagnes s'inquiétaient. L'amour entre mortel et immortel était un chemin escarpé qui menait bien souvent au désastre. Mais aucune d'elles ne s'aventura à le rappeler à Calypso. Le courage leur manquait. Une nymphe blessée pouvait être impitoyable. Son cœur était comme les vagues de l'océan, à la fois furieuse et douce. Dans le ventre de l'île était creusée la plus resplendissante des grottes, la pierre d'un blanc immaculé luisée par endroits. Et si les oliviers n'avaient allongé leur rameau centenaire jusqu'à l'entrée de la cavité, les rayons du soleil trop intenses auraient aveuglé au premier regard. Il émanait de cette antre un mystère profond. Une odeur de genièvre sot et de mire exhalait de la grotte. Calypso allongea Ulysse sur son lit. Voluptueuse, la couche de pourbris d'or ou parfum de sandal avait ce pouvoir de régénérer l'essence. Les blessures du naufragé étaient nombreuses. Sa chair, lacérée par endroits, ne s'était pas complètement refermée. Dans une vasque en marbre, la nymphe déversa de l'eau pure agrémentée de quelques pétales de jasmin. Elle frotta minutieusement le corps d'Ulysse afin de le purifier de toute souillure. Puis elle déposa sur les plaies encore vives un onguent dont elle seule détenait le secret. Bercée par les effleux, Ulysse plongea alors dans un long sommeil veillé par le paisible hypnose. Vous venez d'écouter l'épisode numéro 2. Voix et texte, Émilie Bénéro. Musique, Paul-Adrien Bénéro. Illustration, Alfie. Régie, Béatrice Bénéro. Je vous dis à bientôt pour un nouvel épisode.

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Ulysse se réveille sur l'île de Calypso, sa rencontre avec la nymphe et l'influence des Déesses et des Dieux...



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Les nymphes pensaient les plaies, veillaient à la bonne cicatrisation, embrassaient les peurs. Mais celle qui de toutes guérissait les entrailles profondes du monde répondait au nom de Calypso. Par la seule puissance de son amour, la vie souriait à nouveau. Et tandis que Calypso s'appliquait à ranimer la flamme de l'existence, La sienne s'amenuisait. Elle marchait lentement sur la plage. Pourquoi le ciel l'avait-il rendue immortelle ? Pourquoi l'avait-il enchaînée à cette île ? Le sable et l'écume caressaient ses pas. Il se mêlait à sa mélancolie, baisant tendrement sa chair. La déesse, aux yeux brillants, défit sa robe légère. Ses doigts fins dénouèrent le tissu immaculé. Et le pétale de lys virevolta jusqu'à la cime des pieds. De ses rayons, le soleil d'Hélios mordait sa peau ambrée. L'eau fraîche enveloppait doucement son corps. Sur son sein palpitant, le sel de la mer cristallisait l'extase. Elle oublia un instant le mal qui étreignait son cœur. Elle ferma ses yeux. Respira les embruns et se laissa flotter au rythme des vagues. Les clapotis de l'eau résonnaient en l'air. C'était le chant le plus vieux au monde. Rien depuis lors ne pouvait l'égaler, pensait-elle. La sombre chevelure de Calypso se déployait en ongulant. Des boucles se formaient et se déformaient à la surface de l'eau. Athéna dans le ciel l'observait. Elle lui enviait tant sa liberté, désirait tant sa légèreté. Cette légèreté qu'Athéna voulait éprouver au plus profond d'elle-même. Elle observait le corps nu de la déesse se balancer dans les flots. Elle pouvait percevoir sa douce aura. Et n'y tenant plus, elle laissa la jalousie et l'amertume ramper dans les méandres de ses pensées. L'âme de Calypso et celle d'Ulysse étaient nées d'un même éclat de feu. Athéna le sentait. Le chagrin mêlé d'irritation, l'envie, avait cet étrange pouvoir de découvrir le bonheur des autres avant même qu'ils naissent. De là où elle se tenait, Athéna apercevait Ulysse. Calypso n'était qu'à quelques mètres de lui, mais les rochers les séparaient. Ce n'était qu'une question de minutes avant que Calypso ne l'aperçoive. Alors Athéna lança l'incantation. L'éternel amour entre Calypso et le roi d'Ithaque devait s'éteindre avant la fin de l'hiver. Calypso, fille d'Atlas, continuait à se laisser porter par le courant. Ses compagnes la rejoignirent. Le temps du repos était terminé. Les nymphes s'éclaboussaient, elles glissaient entre le soleil et l'onde, étoiles filantes qui se jouaient de la nuit en embrassant le jour. Elles attrapaient algues, coquillages, naves, pour emparer leur corps imitant un instant l'insoumise plus d'avant. Tracieuses, elles émergeaient des flots, et Calypso, appuyé sur la roche, les contemplait. Caria, la plus clémente des minfes, vint poser sa tête sur les cuisses nues de Calypso. Elle fredonnait cette élégie qu'elle avait composée un soir d'orage. Ce poème apaisait l'âme et guérissait les peines. La déesse goûtait la voix de la nymphe avec délice. La brise était légère, le miroitement de l'eau vagabondait à l'horizon. Calypso observait les longs soulèvements de la poitrine de Caria. Les mots étaient d'une beauté infinie. Elles restèrent ainsi dans les bras l'une de l'autre, puis se levèrent pour marcher le long de la plage. Calypso recouvrit son corps de sa tunique blanche. Caria, nue, grimpa sur le dos d'un rocher. Les cristaux de sel suspendus à la roche noire brillaient sous la chaleur. On eût dit des éclats de diamants constellant l'obsidiane. Ce côté-ci de l'île affrontait souvent l'humeur changeante des vents marrons. Il sculptait avec force le visage de la côte et donnait aux falaises des arabesques étranges. Caria courait. Elle ne craignait pas de glisser. Ses pieds connaissaient les moindres parcelles de l'île. Les cheveux dans les yeux, elle riait. Sa bouche, vermeille, découvrait des perles de nague. Calypso retrouva le soleil dans son cœur. Elles sautèrent de rocher en rocher. La sagesse cédait à la folie, et la folie répondait à la sagesse qu'il était temps de s'ouvrir à la vie. Ce fut ainsi que Calypso, emporté par des vagues de bonheur, aperçut le corps d'Ulysse au pied d'un bloc de calcaire. elle s'arrêta net et appela caria pour qu'elle descende avec elle il n'était pas facile d'atteindre le rivage mais elles se déplaçèrent lentement jusqu'au sable Elles ondoyaient avec grâce entre les pierres, les coquillages accrochés aux roches, blessaient leurs pieds, écorchaient leurs mains, leurs genoux, leurs visages, mais la chair des immortels était exceptionnelle. Et si tôt ouverte, elle se fermait de nouveau. Ulysse contemplait l'immensité du ciel. La profondeur était magnétique. Son ouïe avait perdu de sa finesse pour s'endormir complètement. Le ronflement des vagues lointaines ne lui parvenait plus, ni même le ressac. Le choc du naufrage sûrement. Il regardait les oiseaux de mer décrire de larges cercles dans un silence absolu. Une odeur de jasmin le rassura. Si la perception des sons lui échappait, la sensation des fragrances lui était restée fidèle. D'où pouvaient provenir les fleuves ? Était-ce le vent qui, pour adoucir un peu son sort, lui déposait une offrande ? Sa fatigue était si grande qu'il lui semblait impossible d'émettre un seul mouvement. Il se savait sur une plage, mais elle n'était pas celle d'Ithaque. Le sable n'était pas le même, la roche n'était pas la même, le vent n'était pas le même. Il commença à sentir la peur étreinte de sa poitrine. Une ombre émergea au-dessus de sa tête. Le soleil avait troublé ses yeux. Des taches noires parsemaient sa vue. Il ne pouvait se défendre, il n'en avait plus la force. Une main fraîche et douce effleura son front. Elle devait appartenir à une femme. Ce n'était pas pour le rassurer. La femme pouvait être une ennemie plus redoutable que l'homme, pensa-t-il. Calypso s'adressa à Calon. Va, cours, chercher de l'eau de source. Les autres nymphes avaient nagé jusqu'à la pointe du rocher. Ils observaient Ulysse avec une certaine curiosité. Serait-ce le mortel dont les branleurs de terre cherchent à se venger ? Il est dans un piètre état d'une saleté repoussante. Il paraît que c'est un roi. Calypso n'écoutait plus ses compagnes et cherchait à maintenir éveillé le naufragé. Ulysse commençait à voir et à entendre plus clairement. Lorsqu'il découvrit les yeux de Calypso, son âme entière frémit d'extase. Il entendait les rires moqueurs des nymphes. La déesse, agenouillée près de lui, se leva. Calypso défie sa tunique. Le regard d'Ulysse s'égara quelques instants sur le corps de la déesse, puis sa conscience le releva aussitôt. Elle était d'une beauté à couper le souffle. L'odeur de jasmin se fit plus forte. Calypso couvrit le corps du marin afin de calmer l'excitation des nymphes. Elle lui offrait le plus simplement du monde toute l'intimité dont il avait besoin. Carrière revint, Calypso versa quelques gouttes de rosée sur les lèvres du naufragé. Puis, avec une facilité surprenante, elle le souleva pour le prendre dans ses bras. C'était la première fois depuis l'enfance qu'une femme le portait. C'était une drôle de sensation, un peu gênante pour ne pas dire humiliante, songeait-il. Il remercia le ciel qu'aucun homme n'eut à le voir ainsi, blotti comme un nouveau-né, sur le sein d'une étrangère. Il était trop faible pour agir ou réagir. Il ne pouvait tenir sur ses jambes et il se laissa faire docilement. Cela lui rappela soudain les bras de sa nourrice. la chaleur qui l'enveloppait quand elle le serrait sur son coeur la sensation que nulle tristesse au monde ne pouvait l'atteindre le parfum épicé qui imprégnait sa peau calypso irradiait de la même bonté Pénélope n'avait jamais eu pour lui cette sorte d'attention, mais pouvait-il reprocher à son épouse ce que lui-même était incapable de lui offrir ? Du feuillage et des broussailles s'étendaient à perte de vue. Un vers sauvage se découpait sur le ciel sans nuages. Les corolles de fleurs s'épanouissaient. La bouche vermeille de Calypso ressemblait à une amaryllis. Et Ulysse s'assoupit, la tête sur le cœur de l'inconnu, l'âme étrangement apaisée. Les nymphes marchaient au silence. Chaque pas s'effectuait en pleine conscience. On entendait seulement le chant de quelques austéropes à ventre jaune. et le frémissement léger des aiguilles de pin dans le vent. Elles observaient Calypso. Elles ne l'avaient senti si profondément en paix depuis de nombreux mois. Calypso flottait avec grâce et chérissait le réprouvé des mers comme la plus précieuse des nacre de l'île. Où cela allait-il la conduire ? Ses compagnes s'inquiétaient. L'amour entre mortel et immortel était un chemin escarpé qui menait bien souvent au désastre. Mais aucune d'elles ne s'aventura à le rappeler à Calypso. Le courage leur manquait. Une nymphe blessée pouvait être impitoyable. Son cœur était comme les vagues de l'océan, à la fois furieuse et douce. Dans le ventre de l'île était creusée la plus resplendissante des grottes, la pierre d'un blanc immaculé luisée par endroits. Et si les oliviers n'avaient allongé leur rameau centenaire jusqu'à l'entrée de la cavité, les rayons du soleil trop intenses auraient aveuglé au premier regard. Il émanait de cette antre un mystère profond. Une odeur de genièvre sot et de mire exhalait de la grotte. Calypso allongea Ulysse sur son lit. Voluptueuse, la couche de pourbris d'or ou parfum de sandal avait ce pouvoir de régénérer l'essence. Les blessures du naufragé étaient nombreuses. Sa chair, lacérée par endroits, ne s'était pas complètement refermée. Dans une vasque en marbre, la nymphe déversa de l'eau pure agrémentée de quelques pétales de jasmin. Elle frotta minutieusement le corps d'Ulysse afin de le purifier de toute souillure. Puis elle déposa sur les plaies encore vives un onguent dont elle seule détenait le secret. Bercée par les effleux, Ulysse plongea alors dans un long sommeil veillé par le paisible hypnose. Vous venez d'écouter l'épisode numéro 2. Voix et texte, Émilie Bénéro. Musique, Paul-Adrien Bénéro. Illustration, Alfie. Régie, Béatrice Bénéro. Je vous dis à bientôt pour un nouvel épisode.

Description

Ulysse se réveille sur l'île de Calypso, sa rencontre avec la nymphe et l'influence des Déesses et des Dieux...



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Transcription

  • Speaker #0

    Salut, je m'appelle Amy. Bienvenue dans mon carnet où je vous invite à découvrir l'univers de mes textes, mais également ceux qui m'inspirent. Pour cette première saison, j'ai choisi de vous lire mon roman Ulysse et Calypso. La composition de ce texte... est né du désir de réécrire l'histoire d'un amour légendaire. Alors, si vous le voulez bien, laissons-nous en voguer, loin, très loin, bien après les crêtes des montagnes et l'immensité des mers, au cœur du monde, là où palpite l'île de Calypso. Épisode 2 La rencontre Une brise légère enveloppait l'île de Calypso. C'était une terre où la naissance du monde trouvait le repos. En son cœur dormait paisiblement l'ombilique des mortels et des immortels. Les nymphes s'amusaient à cueillir le soleil, l'eau, l'encens, soyant les fragments d'un monde bellissé. Ce n'était ni la faute des hommes, ni la faute des dieux. L'existence elle-même infligeait les tourments. La blessure avait commencé le jour où le monde s'était extirpé du néant. Les nymphes pensaient les plaies, veillaient à la bonne cicatrisation, embrassaient les peurs. Mais celle qui de toutes guérissait les entrailles profondes du monde répondait au nom de Calypso. Par la seule puissance de son amour, la vie souriait à nouveau. Et tandis que Calypso s'appliquait à ranimer la flamme de l'existence, La sienne s'amenuisait. Elle marchait lentement sur la plage. Pourquoi le ciel l'avait-il rendue immortelle ? Pourquoi l'avait-il enchaînée à cette île ? Le sable et l'écume caressaient ses pas. Il se mêlait à sa mélancolie, baisant tendrement sa chair. La déesse, aux yeux brillants, défit sa robe légère. Ses doigts fins dénouèrent le tissu immaculé. Et le pétale de lys virevolta jusqu'à la cime des pieds. De ses rayons, le soleil d'Hélios mordait sa peau ambrée. L'eau fraîche enveloppait doucement son corps. Sur son sein palpitant, le sel de la mer cristallisait l'extase. Elle oublia un instant le mal qui étreignait son cœur. Elle ferma ses yeux. Respira les embruns et se laissa flotter au rythme des vagues. Les clapotis de l'eau résonnaient en l'air. C'était le chant le plus vieux au monde. Rien depuis lors ne pouvait l'égaler, pensait-elle. La sombre chevelure de Calypso se déployait en ongulant. Des boucles se formaient et se déformaient à la surface de l'eau. Athéna dans le ciel l'observait. Elle lui enviait tant sa liberté, désirait tant sa légèreté. Cette légèreté qu'Athéna voulait éprouver au plus profond d'elle-même. Elle observait le corps nu de la déesse se balancer dans les flots. Elle pouvait percevoir sa douce aura. Et n'y tenant plus, elle laissa la jalousie et l'amertume ramper dans les méandres de ses pensées. L'âme de Calypso et celle d'Ulysse étaient nées d'un même éclat de feu. Athéna le sentait. Le chagrin mêlé d'irritation, l'envie, avait cet étrange pouvoir de découvrir le bonheur des autres avant même qu'ils naissent. De là où elle se tenait, Athéna apercevait Ulysse. Calypso n'était qu'à quelques mètres de lui, mais les rochers les séparaient. Ce n'était qu'une question de minutes avant que Calypso ne l'aperçoive. Alors Athéna lança l'incantation. L'éternel amour entre Calypso et le roi d'Ithaque devait s'éteindre avant la fin de l'hiver. Calypso, fille d'Atlas, continuait à se laisser porter par le courant. Ses compagnes la rejoignirent. Le temps du repos était terminé. Les nymphes s'éclaboussaient, elles glissaient entre le soleil et l'onde, étoiles filantes qui se jouaient de la nuit en embrassant le jour. Elles attrapaient algues, coquillages, naves, pour emparer leur corps imitant un instant l'insoumise plus d'avant. Tracieuses, elles émergeaient des flots, et Calypso, appuyé sur la roche, les contemplait. Caria, la plus clémente des minfes, vint poser sa tête sur les cuisses nues de Calypso. Elle fredonnait cette élégie qu'elle avait composée un soir d'orage. Ce poème apaisait l'âme et guérissait les peines. La déesse goûtait la voix de la nymphe avec délice. La brise était légère, le miroitement de l'eau vagabondait à l'horizon. Calypso observait les longs soulèvements de la poitrine de Caria. Les mots étaient d'une beauté infinie. Elles restèrent ainsi dans les bras l'une de l'autre, puis se levèrent pour marcher le long de la plage. Calypso recouvrit son corps de sa tunique blanche. Caria, nue, grimpa sur le dos d'un rocher. Les cristaux de sel suspendus à la roche noire brillaient sous la chaleur. On eût dit des éclats de diamants constellant l'obsidiane. Ce côté-ci de l'île affrontait souvent l'humeur changeante des vents marrons. Il sculptait avec force le visage de la côte et donnait aux falaises des arabesques étranges. Caria courait. Elle ne craignait pas de glisser. Ses pieds connaissaient les moindres parcelles de l'île. Les cheveux dans les yeux, elle riait. Sa bouche, vermeille, découvrait des perles de nague. Calypso retrouva le soleil dans son cœur. Elles sautèrent de rocher en rocher. La sagesse cédait à la folie, et la folie répondait à la sagesse qu'il était temps de s'ouvrir à la vie. Ce fut ainsi que Calypso, emporté par des vagues de bonheur, aperçut le corps d'Ulysse au pied d'un bloc de calcaire. elle s'arrêta net et appela caria pour qu'elle descende avec elle il n'était pas facile d'atteindre le rivage mais elles se déplaçèrent lentement jusqu'au sable Elles ondoyaient avec grâce entre les pierres, les coquillages accrochés aux roches, blessaient leurs pieds, écorchaient leurs mains, leurs genoux, leurs visages, mais la chair des immortels était exceptionnelle. Et si tôt ouverte, elle se fermait de nouveau. Ulysse contemplait l'immensité du ciel. La profondeur était magnétique. Son ouïe avait perdu de sa finesse pour s'endormir complètement. Le ronflement des vagues lointaines ne lui parvenait plus, ni même le ressac. Le choc du naufrage sûrement. Il regardait les oiseaux de mer décrire de larges cercles dans un silence absolu. Une odeur de jasmin le rassura. Si la perception des sons lui échappait, la sensation des fragrances lui était restée fidèle. D'où pouvaient provenir les fleuves ? Était-ce le vent qui, pour adoucir un peu son sort, lui déposait une offrande ? Sa fatigue était si grande qu'il lui semblait impossible d'émettre un seul mouvement. Il se savait sur une plage, mais elle n'était pas celle d'Ithaque. Le sable n'était pas le même, la roche n'était pas la même, le vent n'était pas le même. Il commença à sentir la peur étreinte de sa poitrine. Une ombre émergea au-dessus de sa tête. Le soleil avait troublé ses yeux. Des taches noires parsemaient sa vue. Il ne pouvait se défendre, il n'en avait plus la force. Une main fraîche et douce effleura son front. Elle devait appartenir à une femme. Ce n'était pas pour le rassurer. La femme pouvait être une ennemie plus redoutable que l'homme, pensa-t-il. Calypso s'adressa à Calon. Va, cours, chercher de l'eau de source. Les autres nymphes avaient nagé jusqu'à la pointe du rocher. Ils observaient Ulysse avec une certaine curiosité. Serait-ce le mortel dont les branleurs de terre cherchent à se venger ? Il est dans un piètre état d'une saleté repoussante. Il paraît que c'est un roi. Calypso n'écoutait plus ses compagnes et cherchait à maintenir éveillé le naufragé. Ulysse commençait à voir et à entendre plus clairement. Lorsqu'il découvrit les yeux de Calypso, son âme entière frémit d'extase. Il entendait les rires moqueurs des nymphes. La déesse, agenouillée près de lui, se leva. Calypso défie sa tunique. Le regard d'Ulysse s'égara quelques instants sur le corps de la déesse, puis sa conscience le releva aussitôt. Elle était d'une beauté à couper le souffle. L'odeur de jasmin se fit plus forte. Calypso couvrit le corps du marin afin de calmer l'excitation des nymphes. Elle lui offrait le plus simplement du monde toute l'intimité dont il avait besoin. Carrière revint, Calypso versa quelques gouttes de rosée sur les lèvres du naufragé. Puis, avec une facilité surprenante, elle le souleva pour le prendre dans ses bras. C'était la première fois depuis l'enfance qu'une femme le portait. C'était une drôle de sensation, un peu gênante pour ne pas dire humiliante, songeait-il. Il remercia le ciel qu'aucun homme n'eut à le voir ainsi, blotti comme un nouveau-né, sur le sein d'une étrangère. Il était trop faible pour agir ou réagir. Il ne pouvait tenir sur ses jambes et il se laissa faire docilement. Cela lui rappela soudain les bras de sa nourrice. la chaleur qui l'enveloppait quand elle le serrait sur son coeur la sensation que nulle tristesse au monde ne pouvait l'atteindre le parfum épicé qui imprégnait sa peau calypso irradiait de la même bonté Pénélope n'avait jamais eu pour lui cette sorte d'attention, mais pouvait-il reprocher à son épouse ce que lui-même était incapable de lui offrir ? Du feuillage et des broussailles s'étendaient à perte de vue. Un vers sauvage se découpait sur le ciel sans nuages. Les corolles de fleurs s'épanouissaient. La bouche vermeille de Calypso ressemblait à une amaryllis. Et Ulysse s'assoupit, la tête sur le cœur de l'inconnu, l'âme étrangement apaisée. Les nymphes marchaient au silence. Chaque pas s'effectuait en pleine conscience. On entendait seulement le chant de quelques austéropes à ventre jaune. et le frémissement léger des aiguilles de pin dans le vent. Elles observaient Calypso. Elles ne l'avaient senti si profondément en paix depuis de nombreux mois. Calypso flottait avec grâce et chérissait le réprouvé des mers comme la plus précieuse des nacre de l'île. Où cela allait-il la conduire ? Ses compagnes s'inquiétaient. L'amour entre mortel et immortel était un chemin escarpé qui menait bien souvent au désastre. Mais aucune d'elles ne s'aventura à le rappeler à Calypso. Le courage leur manquait. Une nymphe blessée pouvait être impitoyable. Son cœur était comme les vagues de l'océan, à la fois furieuse et douce. Dans le ventre de l'île était creusée la plus resplendissante des grottes, la pierre d'un blanc immaculé luisée par endroits. Et si les oliviers n'avaient allongé leur rameau centenaire jusqu'à l'entrée de la cavité, les rayons du soleil trop intenses auraient aveuglé au premier regard. Il émanait de cette antre un mystère profond. Une odeur de genièvre sot et de mire exhalait de la grotte. Calypso allongea Ulysse sur son lit. Voluptueuse, la couche de pourbris d'or ou parfum de sandal avait ce pouvoir de régénérer l'essence. Les blessures du naufragé étaient nombreuses. Sa chair, lacérée par endroits, ne s'était pas complètement refermée. Dans une vasque en marbre, la nymphe déversa de l'eau pure agrémentée de quelques pétales de jasmin. Elle frotta minutieusement le corps d'Ulysse afin de le purifier de toute souillure. Puis elle déposa sur les plaies encore vives un onguent dont elle seule détenait le secret. Bercée par les effleux, Ulysse plongea alors dans un long sommeil veillé par le paisible hypnose. Vous venez d'écouter l'épisode numéro 2. Voix et texte, Émilie Bénéro. Musique, Paul-Adrien Bénéro. Illustration, Alfie. Régie, Béatrice Bénéro. Je vous dis à bientôt pour un nouvel épisode.

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