Speaker #0Bonjour et bienvenue dans « Le coin des parents ». La chronique parentalité sans langue de bois pour les futurs et plus ou moins jeunes parents. Aujourd’hui nous allons aborder un sujet qui peut être tout et son contraire. Souvent anxiogène pour les primipares (les femmes qui vont devenir mère pour la première fois), ce moment unique peut être un merveilleux souvenir comme un cauchemar absolu. Je vais vous parler de la mise au monde de nos bébés et de ses potentielles conséquences, autant sur nous que sur eux. Conséquences qui peuvent s’inscrire dans le temps au point d’impacter notre écosystème familial tout entier et la construction psychologique de nos enfants. L’objectif n’est absolument pas ici de faire peur ou de culpabiliser mais encore et toujours de comprendre et si besoin en est, de se faire accompagner pour se libérer d’émotions désagréables liées à cet évènement unique, afin de mieux vivre sa parentalité. Toutes les consultations découverte avec les familles commencent de la même façon. Je pose la question aux parents de savoir comment leur bébé est arrivé dans leur vie. Est-ce que la grossesse a été désirée, par les deux parents ou l’un des deux seulement. Est-ce qu’elle a été spontanée ou est-ce que c’est un parcours PMA. Comment elle s’est déroulée, si il y a eu des événements majeurs dans la vie des parents pendant cette période en dehors d’éventuelles complications liées à la gestation en elle-même. Et enfin comment s’est passée la naissance. A quel terme s’est-elle produite, est-ce que cela s’est fait naturellement ou est-ce qu’il a fallu une intervention médicale telle qu’une césarienne code rouge comme ça a été le cas pour mes jumeaux avec un pronostic vital engagé pour le premier in utero et pour le second à la sortie. Bien évidemment, nous ne manquons pas d’évoquer le post-partum et notamment le déroulement du retour à la maison. Tous ces éléments ne sont pas anodins et il est toujours très important de les prendre en considération quelle que soit la problématique pour laquelle je suis appelée au départ. Mais revenons-en à la naissance en elle-même. Les bénéfices de la naissance par voie basse ne sont plus à démontrer et la première raison est que c’est la façon naturelle de faire naître un bébé. Quand tout se passe bien, les hormones ont joué leur rôle, la rencontre avec la maman et le second parent est immédiate, tout comme la mise au sein pour la tétée d’accueil ou de bienvenue qui pourra se faire directement en salle de naissance. Il n’y a pas d’intervention chirurgicale ce qui limite le risque infectieux et pour le bébé, les études ont prouvé qu’elle facilite la transmission du microbiote maternel, dont la composition participe au développement du système immunitaire du nouveau-né. En ce qui concerne la césarienne, c’est une toute autre histoire et pour en avoir subi une, oui oui j’ai bien dit subi, c’est une naissance qui laisse très souvent des séquelles et on ne parle pas seulement de la petite cicatrice. Dans ce cas précis, je prends vraiment le temps d’échanger avec la maman sur ses ressentis de ce moment particulier. Il y a bien sûr de grandes différences entre une césarienne programmée, une césarienne décidée pendant l’accouchement et une césarienne d’urgence dite code rouge mais l’aspect inattendu et inconnu versus un accouchement par voie basse est commun. Quoi qu’il en soit, ce n’est pas ce qui était prévu au départ et cela peut expliquer bien des choses par la suite. En effet, il y a réellement des enjeux psychiques liés à la naissance. C’est un véritable rite de passage qui transforme la femme en mère et dont les femmes n’hésitent pas à parler entre elles même quand elles ne se connaissent que peu voire même pas du tout. C’est un évènement commun qui nous intègre dans le clan des mères, un groupe social qui partagera ensuite les mêmes aventures parentales. C’est aussi et surtout un processus que nous connaissons toutes avant même de l’avoir expérimenté : les contractions, la perte des eaux, l’ouverture du col, la descente, la poussée et enfin la délivrance. Et tout le monde est impliqué dans ce processus. La maman en tout premier lieu bien sûr mais également le bébé qui est acteur de sa venue au monde et le second parent ou un proche qui souvent en prend plein les oreilles dans la bataille quand il ne se fait pas broyer la main ! La césarienne n’est rien de tout ça ! C’est une rupture dans le processus d’accouchement qui se finit en extraction du bébé sans que la mère n’ait le moindre contrôle de la naissance. La femme qui jusque-là pensait être l’actrice principale doit alors s’en remettre totalement à des tiers qui restent des inconnus même si leur compétence est, elle, reconnue. De là peuvent découler le sentiment que le corps n’a pas joué son rôle, une douleur psychique voire même un Syndrome de Stress Post-Traumatique et une incompréhension de l’entourage. Sur ce point, je vous en supplie, ne dites jamais à une maman césarisée que son bébé va bien, que c’est le principal et que c’est du passé. Ce sont deux choses totalement distinctes et il est possible de souffrir psychologiquement pendant des années, même avec un bébé en pleine forme. D’ailleurs, si vous êtes dans cette situation, je vous recommande l’association Césarine auprès de laquelle vous pourrez trouver du soutien, des échanges et des informations qui vous seront très certainement utiles. Pour conclure, quel que soit le contexte de naissance, il est capital de considérer que c’est réellement le tout début de notre parentalité et qu’il ne sera pas à négliger quand une problématique se présentera dans les premières années de vie. Il ne faut donc pas hésiter à en parler, que ce soit du côté de la mère qui pourrait sentir le besoin de se libérer d’un poids pour mieux vivre sa maternité, que du côté du bébé qui pourrait avoir des conséquences physiques ou une imprégnation émotionnelle sur lesquels il sera toujours possible de travailler pour lui assurer le meilleur départ possible dans la vie. Au plaisir de vous retrouver dès la semaine prochaine pour une nouvelle chronique du coin des parents consacré au quatrième trimestre de grossesse et comment s’y préparer. D’ici là, surfez sur la vague de la parentalité, entre houle, crête et creux en visant le tube et si vous vous retrouvez dans une baïne, rejoignez-moi sur Parents, pas robots que vous trouverez sur tous les réseaux.