- Speaker #0
Bienvenue dans Le Juste Rythme, le podcast qui explore le cœur, le corps et la tête. Je suis Marion Béchade, une femme, une mère, une entrepreneuse passionnée mais souvent débordée, en quête chaque jour d'un peu plus de sérénité.
- Speaker #1
Un podcast pour se déculpabiliser et peut-être se donner une nouvelle impulsion.
- Speaker #0
Le Juste Rythme est soutenu par l'Auberge Basque, une maison relais et château. Toutes les informations et réservations sont sur le site de l'Auberge Basque, www.aubergebasque.com En ce mois d'octobre rose, nous souhaitons adresser un message particulier à toutes les femmes. Prenez soin de vous, offrez-vous du temps pour votre bien-être et votre juste rythme. Dans cet épisode avec Pia Lecanu, il est question de souffle, de peau, de voix. De ce temps qu'on s'accorde pour se retrouver en tant que femme tout en apprenant à être mère. Pia a longtemps vécu à Paris. Les métros bondés, les matins pressés, les odeurs de ville qu'elle ne supportait plus. Et puis il y a eu une épreuve, une de celles qui laisse une trace invisible. mais transforme tout. Ce deuil est devenu une présence silencieuse, une cicatrice, mais aussi un guide. Alors Pia a ralenti, et sur son tapis de yoga, elle a retrouvé le silence, le corps, la respiration. Et puis il y a eu le chant, ce rituel intime qu'elle sauve pour se reconnecter à elle, pour laisser vibrer ce qui vit encore. Dans cet épisode avec Pia, nous avons abordé la présence-absence, le chant, le silence et la délivrance de l'identité. Je vous laisse entrer dans mon échange avec Pia.
- Speaker #1
Bonjour Pia. Bonjour Marion.
- Speaker #0
Avant que nous commencions notre échange, je voulais savoir dans quelle énergie tu es.
- Speaker #1
Belle énergie. Écoute, ça fait longtemps qu'on n'a pas dormi aussi longtemps. Nos deux enfants se sont réveillés à 8h du matin. Extraordinaire. Et je crois que j'ai beaucoup apprécié venir avec toi en voiture. Et le petit rayon de soleil, là, juste avant de rentrer. Donc, je suis dans cet élan-là. Super.
- Speaker #0
Si tu devais décrire ton rythme actuel en trois mots, Pia, lesquels choisirais-tu ?
- Speaker #1
Frénétique, pour préparer la vie du studio actuel, la vie du studio à venir. Ensuite, j'ai un rythme enfantin, avec mon bébé et avec ma petite-fille de 6 ans. Et ensuite, recherche, troisième mot. Là, je dois faire des choix. Et ces choix-là, il faut que je les équilibre entre ce qui m'apporte, ce qui est nécessaire et ce qui va me vider et qui n'est pas nécessaire et que je m'ajoute moi, en fait. Ça, c'est ma grande compréhension des derniers moments.
- Speaker #0
Très intéressant. Si on revient un petit peu en arrière, quel a été le moment où tu as compris que tu ne pouvais plus continuer dans le rythme parisien ?
- Speaker #1
Je pense que ce n'était pas tant le rythme parisien qui me... plaisaient pas, c'est que moi, je suis très olfactive. Donc moi, ce qui m'a demandé de quitter Paris, c'est les odeurs. Vraiment. Les odeurs du métro, les odeurs de la cigarette, les odeurs de la vie de manière générale, même, tu vois, les boucheries, les trucs qui, moi, m'agressent vraiment beaucoup. Mais si tu veux, j'ai une propension à beaucoup travailler. Donc je travaillais énormément, mais c'était aussi beaucoup de plaisir, tu vois. Je pense que, en fait, tu as lu des articles que j'ai dit. Et en fait, à l'époque, j'ai toujours demandé de ne pas vraiment citer la source de tout. Et je pense qu'aujourd'hui, c'est assez loin dans ma vie pour assez mûrement réfléchir, pour que je puisse en parler ouvertement. Mais ce qui m'a réaxée dans toute ma vie, qui a fait un point de rupture... Chez moi, c'est la mort de mon troisième frère. Ça a tout changé. Je venais juste de commencer un CDI, j'étais dans la communication, et je me faisais vraiment harceler au travail. Ça, pour le coup, j'en ai jamais parlé publiquement, mais bon. Et si tu veux, j'étais dans un moment où je me disais, ben non, puis en fait, tu continues parce que c'est ton premier CDI. Qu'est-ce que tu vas faire ? T'as 24 ans, t'es directrice communication, tu restes, tu vois. Et j'étais avec, je pense qu'on peut vraiment dire, des sombres idiots, tellement fiers d'eux-mêmes et tellement incorrects. Et en fait, j'étais hyper, hyper mal, vraiment, tu vois, avec de la tachycardie, des insomnies. Je comprenais rien à ce qui m'arrivait. Et mon frère meurt. Et donc en fait, c'est lui qui... Il me redonne une sensation du temps, c'est-à-dire un point de rupture, je dis au revoir à ces hommes. Et en plus, j'ai une drôle de position parce que comme ils ne savent pas que ce sont des personnes à ne pas fréquenter, ils se disent « la petite, elle a perdu son frère, donc on va lui permettre d'avoir une rupture conventionnelle » . Et donc, en fait, quand t'as une rupture conventionnelle, je sais pas si t'as déjà vécu, tu vois, ce genre de moment où tu as la chance d'être en France et d'avoir cet apport financier qui te sécurise et qui te permet, en fait... Moi, j'ai plongé. Donc là, en fait, j'ai un tout autre rythme qui apparaît puisque, par exemple, j'ai des gros insomnies, donc je vis la nuit beaucoup. J'ai la chance d'être dans le sixième arrondissement, donc en fait, je me balade dans la rue. Et il ne m'arrive rien. Je suis à peu près en sécurité, tu vois. Et même, je fais des rencontres qui vont changer ma vie, des belles choses. Et ensuite, je vais retourner dans le rythme du travail à peu près six mois plus tard. Et donc là, je redécouvre un rythme, mais un rythme avec une autre perception de moi-même. Je deviens cette personne qui, à la fois, doit se sauver. Donc, il y a comme... une grosse empreinte de moi-même. Genre, si je veux rester là, en fait, il faut que je sois consciente de moi. Mais en même temps, je me suis ouverte à... Il y a des vrais problèmes et il y a des faux problèmes. Et moi, en fait, à 24 ans, je comprends que j'étais pleine de faux problèmes. Et donc, voilà. Donc commence, en fait, cette nouvelle vie, tant bien que mal. Et tu vois, là... Je pense que je réfléchissais beaucoup, en fait ça fait longtemps que j'y réfléchis, parce que depuis que j'ai mes enfants, je comprends que quand t'as pas d'enfants, tu peux vivre les choses. Donc moi, comparé à mes autres frères qui avaient déjà leurs enfants, j'ai pu me laisser sombrer pour pouvoir ressortir vers la lumière, tu vois. Et la lumière de mon frère en fait, c'est elle qui m'habite. Et là, depuis que j'ai mes enfants, je comprends qu'en fait, tu rentres plutôt dans une manœuvre un peu... Alors, c'est un peu violent de dire ça, mais c'est un peu marche ou crève, tu vois. Parce que souvent, on dit non, mais les enfants te portent, ils t'apportent la vie, c'est clair. Mais en même temps, t'es aussi dans ce rythme qui n'est pas le tien.
- Speaker #0
Et en quoi le yoga, du coup, ça a été une évidence dans ta vie ?
- Speaker #1
En fait, je pense qu'il y a deux choses. prendre un cours et je n'ai pas du tout été touchée. Et c'est plus tard, c'est en début 2015, où là, je prends un cours et je me dis, ah, OK. Et en fait, c'était, si tu veux, c'était un moment où là, c'était une Américaine. Donc, c'était très dans le dépassement de soi. Je peux même, par exemple, je sais qu'elle nous avait fait tenir une planche. Elle nous disait... Et tu tiens la planche parce que là, c'est comme si tu étais en train de nager pour aller chercher ta meilleure amie qui est en train de se noyer. Et donc, en fait, moi, je ne dirais jamais ça aujourd'hui en cours de yoga. Mais c'était ce que j'avais besoin d'entendre à ce moment-là. Parce que moi, ça fait deux ans que mon frère est mort. Donc, en fait, je suis constamment en train de nager pour aller me sauver moi-même. Et donc, en fait, elle me touche. Et donc, je commence, tu vois, comme ça. Et en fait, je me rends compte que si je veux faire ça bien, parce que c'est vraiment quelque chose qui m'importe, il faut que je me forme. Donc, parce que tu le disais, moi, j'ai fait sept ans de karaté, donc je savais de quoi je parlais. Et ensuite, quand j'ai fait de la boxe, j'en faisais au moins six heures par semaine, pendant un an. Donc, quand je fais quelque chose, j'essaye de le faire bien, pour comprendre, tu vois. Parce que, par exemple, j'ai fait de la salsa sans jamais trop prendre de cours. Et donc, tu vois, là, je sais, il y a des trucs, ça ne va pas. J'ai des ailes de poulet quand je danse. Il y a des trucs, on pourrait vraiment les corriger. Et donc, dans le yoga, je me dis, tu ne fais pas comme à la salsa, tu fais vraiment comme à la boxe taï ou au karaté. Et donc, je me forme dès octobre 2015. Je commence un 300 heures qui va s'allonger en 200 heures supplémentaires. Mais je me dis pas du tout « Oh là là, c'est si beau ce que ça fait en moi qu'il faut que je le transmette. » Je me dis vraiment « Non, là, en fait, tu sens qu'il y a quelque chose qui se passe et tu veux l'apprendre. » et après quand je transmets pour la première fois là pour le coup pas mal de gens le ressentent c'est ce sourire dont je parle en fait cette sensation d'avoir d'être au bon endroit qu'est-ce
- Speaker #0
que tu refuses désormais de faire même pour réussir ?
- Speaker #1
réussir quoi Marion ?
- Speaker #0
sa vie Ça veut dire quoi pour toi, réussir sa vie ? On peut commencer par là.
- Speaker #1
Écoute, ça fait partie aussi de mes grandes réflexions auxquelles je n'ai pas de réponse. J'ai l'impression que tu peux vraiment dire que tu as réussi ta vie le jour où tu es en train de la regarder parce qu'elle va t'échapper, parce que tu es sur ton lit de mort. Réussir sa vie, en tout cas à mon âge, dans ma situation, Ce serait de me dire que j'ai de la joie dans ma maison, que mes filles se sentent fortes pour vivre et que je me traite aussi bien que ce que je fais avec mes professeurs pour mon studio.
- Speaker #0
Est-ce que tu as eu un moment de doute, un moment où tu t'es dit est-ce que je suis légitime à enseigner le yoga ? Pas du tout.
- Speaker #1
La légitimité, c'est pas du tout quelque chose qui m'habite. En fait, je pense, si je me permets d'avoir une opinion sur ça, je pense que la légitimité, elle vient d'une comparaison. Et qu'aujourd'hui, en fait, on peut travailler cette légitimité par le travail, en fait. Tu vois... Par exemple, j'ai vu un mécanisme se mettre en place dans mon couple. Avant, j'adorais enseigner les inversions. C'était vraiment un truc, tu vois, je me souviens, mon martre, mon cours du samedi à 18h, on finissait toujours en inversion, tu vois. Et quand je me mets en couple avec Kamel, et qui est vraiment tellement bon en inversion, c'est joyeux, c'est pensé, je me dis... C'est plus pour moi. Et en fait, c'est mon problème, tu vois. Il m'a jamais dit... Quand on t'enseigne les inversions, pourquoi tu fais pas ci, pourquoi tu fais pas ça, tu vois. Il m'a jamais posé de questions. Donc c'est moi qui me mets dans cette position-là. Et ensuite, cultivant cette position, je me dis pas, tu vois, tranquillement dans mon coin, ou même lui demandant, genre... Apprends-moi, tu vois. Apprends-moi à aller là où je vais pas encore. Et donc, je me suis retirée de ça. Je pense que la légitimité, en tout cas pour celles professionnelles, si tu te mets dans un esprit de recherche, dans de la curiosité, en fait, tout est œuvre de formation. On prend constamment une forme. C'est Pierre Hadot qui dit qu'on est le sculpteur de notre propre sculpture. Aujourd'hui, je pense que je m'assois dans certains lieux que je continue de découvrir. C'est hors d'une question de légitimité.
- Speaker #0
Merci. Est-ce que, juste pour repondir sur Kamel, vous travaillez ensemble, c'est quoi la complémentarité entre vous deux ?
- Speaker #1
On est très très différents. Alors en fait, quand on habite une même pièce, on a quelque chose de très commun. Donc je dirais que quand on vit avec nous, par exemple un stage de yoga, on est... On est très complémentaires dans l'approche. Même si on fait des choses différentes, elles ne sont pas fondamentalement différentes. Alors que, par exemple, pour le studio de yoga, on va avoir des choses fondamentalement différentes à apporter. Kamel, lui, c'est la longue durée. Il s'inscrit vraiment dans un travail de recherche. Il est chercheur. Et donc, il va... Il va faire ce travail qui s'étale en fait sur maintenant beaucoup plus que 20 ans, mais qui fait que quand il délivre quelque chose, par exemple en formation... C'est quelque chose qu'il a peut-être lu il y a 20 ans et qu'il a mis 20 ans à comprendre. Donc moi, je dirais ça, c'est qu'AML, c'est la longue durée. Et moi, c'est le quotidien, le moyen terme aussi. Et en fait, moi, je suis très efficace. C'est vraiment ça, ça va être ça, notre complémentarité. Et moi, je fais, par exemple, que Yoga Echea est debout tous les jours, tu vois. Parce que je suis là sur la compta, je suis là sur la com, je suis là sur les choix des professeurs. Et en fait, Kamel, il est ce pilier de confiance, en fait.
- Speaker #0
Ça se ressent comme ça. Donc, tu es maman, compagne, entrepreneuse, mais derrière tout cela, il y a aussi la femme. Quand tu es devenue maman, qu'est-ce qui a le plus bouleversé ton rythme ?
- Speaker #1
Moi, je me suis complètement perdue quand j'ai eu Pénélope. En fait, si tu veux, elle naît... Pour moi, en fait, tu ne peux pas naître en dehors d'un contexte. Donc le contexte, c'est qu'elle naît le 11 décembre 2019. Le 12 décembre 2019 commence une grève monumentale en France où, en fait, il n'y a plus de taxi. Plus de métro, plus de TGV. On habite rue du Faubourg Saint-Denis. Donc, en fait, on ne peut pas rentrer de la maison de naissance parce que Paris est bloqué, donc il n'y a pas de taxi, il n'y a pas de bus, on ne peut rien faire. Parce que donc, en maison de naissance, tu rentres dans les 24 heures. Et donc, tu vois, il y a cette première... Agression, en fait, OK, bon, là, on est comme prisonniers et on ne peut pas aller dans notre chez-nous, qui était notre projet. Donc, on finit par pouvoir rentrer en une heure et demie de voiture, alors qu'on est à 20 minutes, normalement. Et là, donc, on arrive dans notre appartement, qui n'était vraiment pas un bon choix, et on est à côté du boulevard Magenta, où tout le monde crie, tout le monde hurle, tout le monde n'est pas content. Et moi, quand je veux aller marcher, je dois traverser ces personnes au point levé, tu vois. Et donc, c'est tellement dur, en fait. Et il n'y a pas de TGV, donc mes parents ne peuvent pas venir de Biarritz pour venir me voir. Et je pense que tu sais à quel point, si tu as une bonne relation avec ta maman, à quel point elle est importante quand toi, tu deviens maman.
- Speaker #0
Donc moi, je n'ai pas ça.
- Speaker #1
Et en fait, Pénélope, c'est ce qu'on va nommer aujourd'hui, je pense que je peux vraiment le dire assez sereinement, mais c'est un baby, un bébé aux besoins intenses, auquel vraiment on ne va rien comprendre. Donc elle va énormément pleurer, elle va très très peu dormir. Et donc, tu vois, par exemple, moi, quelque chose dans mon rythme qui est rompu, c'est ma relation à la nourriture. Donc, je vais, par exemple, je vais manger dans l'urgence parce qu'en fait, je ne sais pas quand est-ce qu'elle va se réveiller. Ou même si elle est éveillée, en fait, il faut que je mange vite, vite, vite pour pouvoir m'occuper d'elle. Parce que comme elle ne dort pas assez, en fait, elle a vraiment besoin d'être à notre contact. Parce que sinon, elle a trop d'informations à gérer. Son cerveau, il ne s'est pas reposé, tu vois. Et ça, en fait, on déménage à Biarritz trois mois après sa naissance, deux mois après sa naissance, et trois mois après sa naissance, il y a le Covid. Donc, en fait, comme on est plongé dans une solitude, donc solitude du déménagement, puis solitude du Covid, en fait, on ne va pas pouvoir rattraper un rythme, tu vois. Il va falloir, on va demander de l'aide. pour pouvoir comprendre son sommeil. Et donc, en fait, on a vraiment... Enfin, moi, en tout cas, j'ai vraiment ce point de rupture où je ne m'habite plus, tu vois. Ce matin, je prenais ma douche et je me disais, oh, tiens, est-ce que Marion connaît la douche qui pleure ? Tu connais la douche qui pleure ?
- Speaker #0
Non.
- Speaker #1
Eh bien, la douche qui pleure, c'est quand t'es parent et que, en fait, tu crois que ton bébé pleure quand t'es sous la douche.
- Speaker #0
Si, oui. Je connais ton cas de nom, mais oui, je connais. Effectivement.
- Speaker #1
Moi, on a eu ça pendant, je pense, au moins trois ans, Kamel et moi. Alors qu'en fait, Pénélope, elle a vraiment pleuré très, très fort, on va dire. Neuf mois. Et donc, même ce temps de la douche qui est si précieux, en fait, il était habité d'un trauma, en fait. Oui, oui, complètement. Tu vois ? Et ça, aujourd'hui, ce matin, je me disais, oh, ma douche ne pleure pas. C'est chouette. Mais je sais que je suis attendue de l'autre côté. Mais au moins, ça ne pleure pas. Ça ne pleure pas,
- Speaker #0
oui. Oui, c'est... Je ne connaissais pas le nom, effectivement, mais je vois bien... Je ne sais pas s'il existe vraiment. Non, mais je vois bien de quoi tu parles, en tout cas. Ça fait très peu de temps que je n'ai plus l'impression qu'il y a quelqu'un qui pleure. C'est depuis peu. Je reviens sur le yoga. Comment est-ce que tu vis le rapport à l'image et aux injonctions autour du corps dans le monde du yoga ?
- Speaker #1
Disons déjà, ma façon de faire pour moi. Je mets des pantalons larges. Je n'ai pas envie que quiconque sache quels sous-vêtements je porte. C'est ma façon à moi de parer à ce genre de connaissances de mes élèves. Ils ne savent pas si je suis musclée ou pas. Je pense que dans le yoga, il y a une espèce de justification du vêtement moulant. parce qu'on est censé voir la direction du genou par rapport à la cheville ou des choses comme ça. Je pense qu'on peut faire autrement. En fait, je pense que le karaté a été essentiel pour moi. Et en fait, j'étais très tôt, mine de rien, gênée, tu vois, parce que même en karaté, alors que... En fait, t'as un pantalon large, il est rigide. Mais je crois que j'ai eu le même pantalon de ma sixième à ma première. Donc en fait, il y a un moment, il était vraiment petit, tu vois. Et donc, tu vois, j'avais cette conscience qu'il fallait... Enfin, qu'il fallait. Tu vois, c'est hyper intéressant, ce genre de formulation. Donc, je faisais attention à être épilée. Mais il n'y a personne qui m'a demandé de m'épiler. Jamais. Donc, tu vois, dans le yoga, en tout cas d'un point de vue uniquement vestimentaire, personne ne te demande réellement de t'habiller en legging. Moi, je pense que tu as une forme de pression sociale, peut-être. Par exemple, je sais que moi, je faisais attention à comment je m'habillais. Quand on a donné un 311 heures, on a formé des élèves à Paris. Quand je montais, quand je faisais ma valise, je me disais, bon, là, il faut que je mette ci, ça, ça. Mais parce que, tu vois, je me mettais ma pression. Je reviens de ma province, je vais à Paris, je vais être devant tant de personnes, donc je vais avoir trois pantalons. Bon, aujourd'hui, je pense que je m'en fiche. J'essaye de ne pas avoir des vêtements, ni un tapis d'ailleurs, qui attirent l'attention. Tu sais, c'est un peu comme les psys quand ils s'habillent toujours de la même façon, pour que tu n'y réfléchisses pas. Donc voilà, moi, je me suis placée là-dedans. Je ne veux pas que les élèves se disent « Ah, il est beau son tapis ! » « Ah, mais c'est quoi son haut ? » Donc voilà, j'essaye de faire ça. Et ensuite, dans mon vocabulaire, par exemple, je ne parle jamais des fesses. Je vais dire les fessiers. Je ne vais jamais dire « Bah tenez, faites comme telle personne. » Ou dans cette posture, Oh ! Charlotte, elle déploie son cœur comme nul autre. Moi, je vais faire très attention à ne pas démarquer un élève par rapport aux autres. Après, je peux faire rentrer de la familiarité dans un cours, parce qu'on se connaît, mais ça ne sera jamais sur le physique de quiconque.
- Speaker #0
Est-ce que le silence a une place dans ta vie, avec tes deux petites filles ?
- Speaker #1
Alors déjà, le rapport au silence, je pense qu'il fonctionne en vase communiquant avec la dose de travail que tu as dans la journée. Donc honnêtement, par exemple, en ce moment, là, par exemple, pour cette semaine, je suis incapable d'être en silence. Tu vois, je l'ai remarqué hier, j'ai fait la vaisselle, j'avais besoin d'avoir un podcast. Je ne pouvais pas être avec moi-même dans mon silence. Après, pour le rapport au silence avec mes enfants, je chante beaucoup avec elles.
- Speaker #0
Et tu chantes très bien.
- Speaker #1
Mon second bébé, là, elle n'a plus besoin que je chante avant de dormir, donc je suis un peu triste. Mais grâce à elle, les nombres d'heures que j'ai passées à chanter, un jour, ma voix a évolué. Donc, en fait, je lui dois beaucoup. Pénélope, aujourd'hui, avant, je chantais et je l'amassais. Maintenant, je l'amasse. Là, en ce moment, je ne chante plus avec elle. et donc il y a ce moment de silence avant le sommeil après Pénélope par exemple elle est très belle dans certains moments parce qu'elle va lire et donc je suis capable d'entendre par exemple Kamel il adore acheter des livres de seconde main hyper anciens bon parfois les histoires sont pas géniales parce que dans les années 70 il y a quand même des petits... Des petits problèmes...
- Speaker #0
D'injonction pour les petits chiens.
- Speaker #1
Oui, même de racisme clair. Et donc là, elle a un vieux Donald. Et comme les pages sont énormes, quand elle les tourne, on les entend tourner. Donc ça, elle peut offrir une forme de... Par le fait qu'elle aille s'asseoir et qu'elle ouvre un livre, elle donne une présence aux autres sons. Mais honnêtement, je pense que je manque de silence en ce moment.
- Speaker #0
Est-ce que tu laisses de la place à la vulnérabilité dans ta vie ?
- Speaker #1
Oui. Pour moi, la vulnérabilité, elle vient avec énormément de courage. Il y a eu plein de fois ces derniers mois, parce que je suis tout le temps dans cette projection pour le prochain studio, mais où je dis que j'ai un torrent de larmes à l'intérieur de moi, mais je suis incapable de pleurer. Vraiment incapable. Donc, tu vois, je sens qu'en fait, il y a cette chose vulnérable à l'intérieur de moi, je la sais. Mais par contre, en fait, tu sais quand tu vas te taper le pied quelque part et là, tu vas... Moi, j'ai besoin de cette brèche. T'as envie de ça ? Ouais, j'ai besoin, j'aimerais avoir cette brèche.
- Speaker #0
T'as pas pleuré depuis longtemps ou c'est en ce moment ?
- Speaker #1
Là, si, récemment, j'ai bien pleuré. Oh, ben justement, tu vois, j'ai eu cette petite occasion. Je me suis brûlée. Et en fait, là, inarrêtable. Mais c'était tellement bon, tu vois. Donc, en fait, je sais qu'il y a une problématique, tu vois. Si tu viens à ce moment-là, où t'es dans l'incapacité, et que quand on te... En fait, c'est quand tu crées l'occasion, ou quand elle vient à toi. Elle vient à toi, oui. Et ben, là, si t'as tout à déverser, bon ben, il faut repenser les choses. mais je pense que En ce moment, je suis dans un temps, il faut juste l'accepter, tu vois. En ce moment, moi, je pense que j'axe mon courage, ma force de vie dans mes filles et dans mon travail. Mais pour l'instant, dans cette phase de ma vie, je ne me tourne pas beaucoup vers moi. Donc en fait, la vulnérabilité, elle vient avec une lecture. Et moi, ma lecture en ce moment, c'est que je ne m'accorde pas de ressentir les petites choses, les tristesses particulièrement. Mais tout ça, c'est un rapport. Je pense qu'en ce moment, je suis dans un rapport au monde et dans un rapport à moi-même qui est de l'ordre de la machine à laver. C'est très loin de l'enseignement que m'a offert mon frère et de la façon dont il vivait sa vie. Donc je sais que c'est là et que bientôt j'y retournerai. Tu vois, même quand je m'offre des moments, par exemple vendredi dernier, je suis allée voir Laurelène Chambauvé, qui est une femme incroyable. Tu vois, elle a les yeux bleus océans. Elle s'appelle Laurelène et elle travaille dans l'eau. Vraiment, et elle a une présence incroyable. Et tu vois, elle m'a fait ce resserrage, elle m'a contenue, elle m'a offert aussi des mots que je n'ai pas du tout dans mon quotidien sur la féminité, sur la maternité. Et donc, pour s'ouvrir à la vulnérabilité, en tout cas pour prétendre à réellement s'ouvrir à la vulnérabilité, il faut pouvoir se mettre dans des dispositions où tu comprends ce que tu t'imposes. et ce qui t'est imposé par la vie. Surtout quand on a un rythme comme le mien, c'est-à-dire que c'est moi qui décide de mon rythme. Plus ou moins, quand même. Mais si je me rajoute des choses volontairement, je ne me permets pas d'accéder à ma vulnérabilité.
- Speaker #0
Est-ce que tu dirais parfois qu'il y a peut-être des gens qui ne veulent pas y avoir accès ? Et du coup, c'est qu'ils se remplissent le calendrier, justement.
- Speaker #1
Oui, je pense qu'en fait, tout ça...
- Speaker #0
Ça, c'est des... En fait, c'est des processus de protection, tu vois. Moi, j'en ai dans mon entourage proche et je pense que chacun se sauve comme il peut, tu vois.
- Speaker #1
C'est quoi ton regard sur la charge mentale qui est parfois invisible, mais que portent beaucoup de femmes ?
- Speaker #0
Déjà, moi, j'ai Kamel dans ma vie. qui est un homme qui participe énormément. Donc je ne peux pas du tout dire que c'est dans mon foyer. Même si, tu vois, si je voulais tenir ce discours, je pourrais. Parce que c'est moi qui achète tous les vêtements des filles, c'est moi qui fait toutes les réservations de l'école. Mais en fait, je trouve que si je me plaçais dans ce schéma-là, ce ne serait pas juste du tout, parce que ce serait refuser de voir tout ce qu'il fait. Je crois qu'aussi... dans les moments difficiles, que ce soit avec ma fille ou avec cette espèce de sensation de charge mentale, en fait, je me dis, c'est ma façon à moi, je dis pas qu'il faut le faire, mais je me dis honnêtement, je préfère mille fois qu'il y ait tous ces vêtements par terre ou tous ces grinderies collées à mon parquet ou tous ces pulls mis seulement une seule fois. à laver et à étendre et tout ça, que rien du tout parce que je vis seule.
- Speaker #1
C'est une belle façon de voir les choses.
- Speaker #0
Mais je pense que je peux dire ça parce que, tu vois, parce que j'ai beaucoup de chance, en fait.
- Speaker #1
Oui, tu l'as créée, t'as créé ta chance. En janvier, tu vas ouvrir un deuxième studio à Biarritz. Qu'est-ce que cette nouvelle étape signifie pour toi ?
- Speaker #0
Alors... Déjà, elle comporte tout ce que je ne peux pas prévoir.
- Speaker #1
La meilleure partie.
- Speaker #0
Elle contient un désir d'être un peu plus proche, puisque donc on habite à Biarritz. Il y a toute une mythologie créée par les élèves qui pensent qu'on vit derrière la porte de la cuisine de Yoga Eche à Aguetari, mais ceci est un couloir. Donc non, on ne vit pas dans notre studio. Souvent je dis mais il n'y a pas de salle de bain. En fait, ça vient avec plusieurs choses. Ce studio, moi j'y vois à la fois une complexité parce que c'est un deuxième lieu, en même temps une simplicité parce que ce sera proche de chez nous et qu'on va pouvoir un peu plus inclure nos enfants. parce qu'il n'y aura pas ce temps de trajet en voiture. J'y vois aussi une grande salle. Donc en fait, je ne sais pas si tu as déjà vécu des cours de yoga ou tu es une vingtaine.
- Speaker #1
Très peu, non.
- Speaker #0
Et bien en fait, il y a une énergie très particulière. Tu vois, je me souviens quand j'ai pu faire des remplacements de ma première formatrice au studio Keller. qui était une institution qui a fermé depuis. Je me souviens des personnes se plaçant dans un guerrier 2, quand tu as 20 bras qui font ça. En fait, ce qui se joue, c'est un collectif. C'est une union qui fait beaucoup de sens dans notre société où on est très seul. Donc ça, j'ai envie de ça. J'ai envie de... D'ailleurs, la disposition des tapis sera aussi différente, donc ça peut offrir autre chose. Et il y a aussi accueillir d'autres professeurs. Ceux qui sont déjà là prétendent pouvoir les faire vivre un peu mieux aussi. Parce que quand la dynamique d'une ville et la dynamique d'un village, ce n'est pas la même chose. Je pense que je ne mesure pas forcément l'impact que ça va avoir de façon quotidienne. Mais en tout cas, j'ai tellement hâte de fournir quelque chose d'hyper qualitatif et de me dire, OK, en fait, Pia, ce sur quoi tu travailles, c'est pour pouvoir faire un... Un vivier de recherche et de... Si tu commences le yoga au sein de Yoga Echea, tu auras accès à une approche subtile dès tes premiers moments. Si tu nous rejoins alors que ta pratique est déjà établie, elle va fleurir d'une autre façon. Ça me porte beaucoup ce souhait d'être un lieu pour une région.
- Speaker #1
C'est beau. Tu partages aussi ta voix à travers ton propre podcast. Qu'est-ce que ce format t'apporte ?
- Speaker #0
Alors là, je l'ai mis en pause. Parce qu'en fait, ce que ça m'apporte, c'est un temps où je m'assois, où j'écris, où je lis. Donc ça m'apporte un temps de travail qui est très nourricier. Puisque mes méditations, ce que je voulais, puisque honnêtement, méditer, c'est être en silence. Donc, en faire un podcast, ça n'est pas possible. Donc, quand tu fais un podcast de méditation, tu le guides par des mots. Et donc, moi, en tout cas, je voulais... Ce qui m'anime, c'est de me désembarrasser de moi-même. Et donc, pour créer ce... de retraite par rapport à soi, je parle d'autres choses. Et ces choses plus grandes, si je veux en parler correctement, il faut que je travaille. Donc ça, c'était vraiment passionnant. Mais ensuite, je me suis complètement dépassée. Enfin, j'ai dépassé mes possibilités parce que je l'ai mis une fois par semaine. Et en fait, quand j'ai voulu le sortir, c'était un moment un peu extraordinaire. J'étais chez mes parents, ma maman s'occupait de tout. Donc je gérais juste mon bébé et ses siestes. En fait, je n'ai pas du tout vu qu'après, j'allais retourner chez moi, j'allais devoir gérer toute ma maison. Quand j'enregistre, comme tu vois, je fais les choses moins bien que toi. Je n'ai pas de studio d'enregistrement. Donc moi, il ne faut pas que le voisin tourne sa pelouse. Il ne faut pas qu'il y ait un avion qui passe. Il ne faut pas que mon bébé se réveille. En fait, ça fait beaucoup. Et donc, si tu veux, je me suis retrouvée à stresser, mais énormément, pour que les autres soient détendues. Donc en fait, là, tu vois, j'ai trois sujets de médite dans ma tête. Je vais les laisser grandir et j'aimerais en fait, tu vois, faire un temps de pause qui me convient, même si en termes de communication, c'est pas du tout bien, machin. Enfin, tu vois, il y a quand même... Le nombre de personnes qui m'écrivaient pour me dire « Oh, ça y est, j'ai fait ma routine avec toi le mardi matin, je l'attends, je l'attends. » Eh bien, en fait, là, je préfère mettre une longue pause, préparer, et puis revenir et avoir le temps, en fait. Je pense que, en fait, tu vois, la problématique de toute personne qui... En fait, non, de toute personne. C'est d'être un peu dans l'équation quand même.
- Speaker #1
Oui, sinon ça ne fait pas sens.
- Speaker #0
C'est l'équation de ta famille. Il faut que tu sois dans l'équation quand tu prends en compte tes enfants. Pareil pour ton travail, pour ton couple et pour toi-même. Et là, je pense que je n'étais pas assez dans l'équation.
- Speaker #1
Concrètement, toi, est-ce que tu as des micro-habitudes ou des rituels qui te permettent de garder ton juste rythme ?
- Speaker #0
Je chante. Ouais. Et en fait, là, tu vois, on sort d'une formation... On a donné une formation de yin avec Kamel, mon compagnon, et Charlotte Dupiné, une grande amie. Nos trois enseignements se rejoignent vraiment beaucoup. Et notre formation de yin, c'était, en partie, de verser le quotidien dans la pratique. c'est-à-dire comment est-ce que la façon dont tu vis ta vie il peut déjà y avoir du yin à l'intérieur et donc moi par exemple je sais que si ma pratique de yoga aujourd'hui j'ai besoin de suivre un cours pour m'autoriser à avoir un temps vraiment d'une heure et quart de pratique autant pour le chant En fait, je peux le faire n'importe quand. Et donc ça va être ça, ça va me ramener, ça va me poser. De temps en temps, en plus, je vais me dire, tiens, ça, ça va être une mélodie pour un chant que je vais pouvoir mettre ensuite avec les élèves. Mais je ne suis jamais pressée, tu vois, je les laisse vraiment vivre. Ça, ça va être essentiel. Et ensuite, un juste rythme, ça commence par le matin, quand t'es dans le feu et que tu dis quand même bonjour avec amour à chaque personne qui est présente dans ta maison. Sinon, c'est foireux.
- Speaker #1
C'est hyper intéressant, l'amour. Au niveau de ton énergie ? D'ailleurs, j'ai une première question. Est-ce que tu crois, est-ce que c'est une idée, une croyance ? Est-ce qu'il y a vraiment des personnes yin et des personnes yang ? Est-ce que ça, c'est quelque chose auquel tu crois ou pas ?
- Speaker #0
Alors, c'est difficile pour moi de catégoriser, tu vois. Parce que, notamment, en fait, on a des grandes évolutions dans la vie, tu vois. Notamment, je te parlais tout à l'heure des points de rupture. Enfin, moi, j'ai... accéder à des états vraiment où j'étais super sereine et tout était... Je pouvais rire de tout, en fait. J'avais beaucoup d'humour. Et quand je suis devenue maman, je suis devenue très sérieuse. J'étais plus très drôle, tu vois. Aujourd'hui, je suis de nouveau drôle, avec des petits retours en arrière. Et donc, en fait, ce qui compte pour moi, je pense que c'est la liberté. Et la liberté, c'est prendre ses responsabilités pour pouvoir se documenter, être avec des personnes qui te nourrissent, mais qui te nourrissent vraiment, je veux dire. Et donc, avec ça, on peut prétendre à ne jamais être enserré dans une identité. Je pense que c'est pour ça que je pratique le yoga. Une personne qui en parle très, très bien et c'est très accessible, je pense que c'était dans le podcast des Racines du Ciel, un excellent podcast qui s'est terminé en 2013 ou en 2016, je ne sais plus. Mais grâce à l'appli Radio France, tu peux toujours avoir accès. C'est Alexandre Jolien. Un philosophe qui est né, en fait quand il est né, il avait son cordon ombilical trois fois autour du cou, il a eu un vrai manque d'oxygène et donc il est handicapé. Il te parle très justement de l'identité et à quel point en fait, lorsque tu te définis, c'est terrible. Quand mon frère est mort, je suis soudainement devenue... Non pas par l'action de quiconque d'autre, mais par moi-même, je suis devenue la sœur d'un mort. Pendant au moins un à deux ans, je pense. Bien, tu vois. Je ne pouvais pas me définir autrement. C'était très gênant pour plein de gens, tu vois. Et pour moi-même, en fait, c'était... En fait, je me suis labellisée. Donc j'ai perdu plein d'autres éléments de moi, tu vois. Et en fait, je pense que la... Le yin, le yang, en fait, c'est compliqué de s'établir dans l'un ou dans l'autre parce que c'est s'enfermer, en fait. Et la vie, c'est être le plus libre possible pour accéder, en fait, à la grâce, à ce qui va t'élever, tu vois. Je me rendais compte, il n'y a pas longtemps, que Pénélope, comme... beaucoup d'enfants, tu vois, elle va voir un caca, crotte de chien, il y a plein à Biarritz. Elle la voit, elle marche vers elle. Donc elle arrive à son niveau, elle la regarde. Et puis ensuite, elle la dépasse mais elle continue de la regarder, tu vois. Et en fait, moi, si honnêtement je regarde ma vie, il y a plein de moments, c'est pas une crotte de chien, mais je fais franchement ça. Et donc, en fait, c'est tout plein de moments où je perds ma possibilité de me désétiqueter. Et donc, en fait, de fluidement aller osciller. C'est très différent de la constance. On a une forme, je dirais... Enfin, moi, je me réveille le matin, je suis pia. Il n'y a pas de question. Mais par contre, tu vois, je vais essayer de ne pas me dire « je suis blonde, je suis une femme, je suis une maman de deux enfants » . Parce qu'à partir de là, je restreins tant de possibilités. Je suis tout et je suis rien.
- Speaker #1
Comment est-ce que tu gères l'énergie dans ton quotidien pour garder l'équilibre entre les projets, ta famille et toi ?
- Speaker #0
Je ne sais pas. En fait, moi, je fonctionne beaucoup avec le futur. En fait, je pense que les années me le confirment. Tu vois, je suis quelqu'un, j'ai énormément d'espoir. Mais parfois, c'est un espoir qui m'aveugle. C'est-à-dire que je devrais peut-être bosser un peu plus sur mon présent. Mais par exemple, avec ma deuxième enfant, grâce à l'expérience, j'ai pu me dire, OK, je te porte. Je suis en portage 24h sur 24 avec toi, je sais que ça ne va pas durer. Mais tu sais, ça c'est le vrai. C'est pas quand t'as un premier enfant et que c'est l'enfer et que tout le monde te dit « ça passe » . C'est pas du tout la même chose. Là, c'est moi, je savais dans mon cœur que ça allait pas durer. Par exemple, j'ai accouché à la maison pour ma deuxième et c'était voulu.
- Speaker #1
Quand je suis rentrée dans le vif du sujet, tu vois.
- Speaker #0
Je me suis dit, oh mince, là, je suis à la maison. Et en même temps, je me suis dit, si c'est comme ça, Pia, c'est que ça va aller vite. Genre, je sais, tu vois. Et donc, tu vois, il y a cette gestion de l'énergie du quotidien qui vient quand tu sais. Donc, qui va être... En fait, genre, je suis capable de mettre cette énergie-là parce que je sais que ça va pas durer. Là, en ce moment, tu vois... je sens que je fonctionne sur mes réserves. Donc, c'était hyper intéressant, tu vois, quand on était toutes les deux, tu m'as parlé de ce moment dans ta vie où tu mangeais moins. Eh bien, en ce moment, je mange très peu. C'est pas du tout de mon souhait. Et en fait, je me dis, hum, puis il y a drapeau rouge.
- Speaker #1
Warning, oui.
- Speaker #0
Ouais. Genre, tu sens, tu vois, donc t'as eu ce torrent de larmes. à l'intérieur de toi. Oui, il a fallu que t'attendes que tu te fasses mal pour que ça sorte un peu. Tu enchaînes, tu vois. Et en même temps, en fait, ce qui est étrange, là, c'est que j'ai développé un cerveau qui me donne mes temps de récompense, en fait. Genre, tu vois, quand on a une situation difficile au studio et qu'on va la surmonter, je vais me dire, mais qu'est-ce qu'on a assuré avec Kamel ? Parce qu'en fait, on est deux personnes qui assurent énormément. On est vraiment là, quoi. Mais le truc, c'est de savoir... En fait, cette énergie, c'était l'introduction. Il y a un moment où ton énergie, elle a des limites. Et l'idée, c'est de prendre ce temps de recul pour accepter ta vulnérabilité et te dire... En fait, là, tu es dans un bouillon, tu sens, ok, ça crée de l'excitation, il y a de l'adrénaline, mais après, en fait, ça va avec ce temps de repli. Il faut, à un moment, laisser l'hiver venir.
- Speaker #1
Voilà. Merci. Si ton rythme naturel n'avait pas à s'adapter à celui des autres, de la société, est-ce que tu abandonnerais quelque chose ?
- Speaker #0
Oui. Oui, j'abandonnerai la gestion du studio. Je serai professeure, uniquement. Professeure de cours, professeure de stage, professeure de formatrice. Enfin, professeure formatrice, plutôt.
- Speaker #1
Et qu'est-ce que tu retrouverais du coup ?
- Speaker #0
Nos longues heures de lecture et de balade avec Kamel.
- Speaker #1
Merci Pia. Je vais terminer avec le portrait chinois. Pia, si tu étais un rituel de femme, lequel serais-tu ?
- Speaker #0
Ce que j'ai, c'est de chanter. Vraiment, je reviens au chant. Même, en fait, tu vois des sons M, du murmure, juste créer une vibration qui est si enveloppante, en fait, pour un bébé et si apaisante pour un adulte.
- Speaker #1
Si tu étais une émotion que tu laisses aujourd'hui circuler librement ?
- Speaker #0
La joie.
- Speaker #1
Si tu étais une blessure qui s'est transformée en force, laquelle incarnerais-tu ?
- Speaker #0
La perte de mon frère.
- Speaker #1
Si tu étais un moment de la journée, lequel raconterait ton énergie intérieure ?
- Speaker #0
À moi, c'est 11h du matin. Précise. Parce qu'en fait, quand tu ne travailles pas à 11h du matin, tu sais que le reste des gens travaillent en général. Et donc ça donne une saveur à ton moment. C'est vraiment beau.
- Speaker #1
J'ai ça avec le lundi matin. Je vois. Si tu étais un geste de douceur que tu offres à tes filles ?
- Speaker #0
Le massage.
- Speaker #1
Si tu étais une odeur qui te rassure et qui te ramène à l'enfance ?
- Speaker #0
J'ai adoré cette question quand je l'ai lue. Je ne peux pas les qualifier, mais je sais que dans la rue, si quelqu'un passe et a le parfum de ma maîtresse de maternelle, je le sais. Et après, l'odeur, le parfum de ma mère, celui de mon père et de mon premier frère. Donc en fait, j'ai vraiment grandi avec ces trois parfums, qui sont très apaisants.
- Speaker #1
Si tu étais un silence, où résonnerait-il ?
- Speaker #0
Dans mon bassin.
- Speaker #1
Si tu étais un mot que toutes les femmes devraient entendre au moins une fois dans leur vie ?
- Speaker #0
J'arrive tout de suite. Super,
- Speaker #1
merci beaucoup Pia.
- Speaker #0
Merci Marion, merci beaucoup.
- Speaker #1
Merci d'avoir partagé ce moment avec nous dans le juste rythme. J'espère que cet épisode vous a offert un souffle, un sourire ou une idée à glisser dans votre quotidien pour avancer un peu plus à votre rythme. Si cet échange vous a plu, parlez-en autour de vous et abonnez-vous à votre plateforme préférée. Laissez un commentaire, c'est ce qui permet au podcast de rayonner. Pour découvrir d'autres épisodes ou me contacter, rendez-vous sur le juste rythme. Et si une femme inspirante vous vient à l'esprit, écrivez-moi, il pourrait être ma prochaine invitée. A très bientôt, et d'ici là, prenez soin de votre cœur, de votre corps et de votre tête.