- Speaker #0
Bienvenue dans Le Juste Rythme, le podcast qui explore le cœur, le corps et la tête. Je suis Marion Béchade, une femme, une mère, une entrepreneuse passionnée mais souvent débordée, en quête chaque jour d'un peu plus de sérénité. Un podcast pour se déculpabiliser et peut-être se donner une nouvelle impulsion. Cet épisode du podcast Le Juste Rythme est soutenu par l'Auberge Basque, un hôtel-restaurant, relais et châteaux. Un lieu unique au cœur du Pays Basque qui invite... à ralentir, à se reconnecter à ses cinq sens et à prendre un temps pour soi, l'endroit parfait pour retrouver son juste rythme. Dans mon échange avec Gaëtan, nous avons échangé sur l'ambition, l'amour, la créativité et l'énergie, mais aussi sur la liberté d'être soi, pleinement. Gaëtan nous a parlé de ses débuts, après la nouvelle star, de cette période où l'on a tenté de la mettre dans une case après son premier album. Elle, qui n'aime pas être enfermée, a dû apprendre à s'affranchir des attentes, à retrouver son souffle et sa propre voix. Aujourd'hui, les années ont passé et elle s'autorise à créer sans limite, à écrire des chansons de 7 ou 8 minutes, à laisser la musique respirer, à suivre son intuition plutôt que les formats. Dans cet épisode, elle nous parle de cette liberté retrouvée, de l'importance du vivant, du lien entre la scène, le corps, la terre et le silence. Un échange profond et lumineux où se dessine une artiste entière, sincère et inspirante. Je vous laisse découvrir le juste rythme de Gaëtan. Bonjour Gaëtan.
- Speaker #1
Bonjour.
- Speaker #0
Bienvenue dans le juste rythme. Avant de commencer notre échange, j'aimerais savoir dans quelle énergie tu es.
- Speaker #1
Je suis légère, enjouée, excitée. Bien quoi.
- Speaker #0
Bien. Super. La chanson 33,33 sort le 3 novembre. On imagine que tu es dans un rythme un petit peu plus soutenu que d'habitude. Si tu devais nous décrire ton rythme actuel en trois mots, lesquels choisirais-tu ?
- Speaker #1
Impatiente. Impatiente. Un peu de stress quand même. Plus d'appréhension que le stress. Et puis débordée.
- Speaker #0
Si on revient un petit peu au début de ta vie, comment est-ce que la musique est entrée dans ta vie ?
- Speaker #1
Alors, elle est entrée d'une façon tellement naturelle que je pourrais pas te dire, je pourrais pas te dater en fait ce moment-là. Je crois que je chante depuis toujours, réellement, et je me souviens déjà toute petite dans ma chambre, j'avais mon lecteur cassette et je m'enregistrais, j'enregistrais ma voix. Donc j'ai presque l'impression d'avoir chanté avant de parler. Je ne sais pas l'expliquer.
- Speaker #0
Est-ce que tu as quand même un premier souvenir marquant lié à un chant ou à une scène ?
- Speaker #1
Alors oui, je crois que l'événement le plus marquant de ma vie, d'ailleurs je suis encore émue de ça, c'est mes parents qui m'ont offert pour un Noël, pour mes dix ans. Je suis née en octobre, donc c'était deux mois après, à Noël. Ils m'ont offert une petite carte et c'était marqué « Bon pour une chanson dans un studio d'enregistrement » . Et là, je me suis dit, waouh, c'est trop bien. Donc, j'avais choisi de chanter L'Aigle Noir de Barbara.
- Speaker #0
Tu comprenais tout le sens de la chanson à l'époque.
- Speaker #1
Pas du tout, mais certainement, c'est pas anodin. En tout cas, c'était vraiment puissant. Donc ça, c'est vraiment un souvenir incroyable. Je me souviens bizarrement, pas vraiment du moment où je l'ai chanté, mais de l'avant et de l'après. Et donc, j'ai remis ça les années d'après. Je demandais de l'argent pour pouvoir enregistrer à nouveau. Donc ça, c'est mon plus beau souvenir. Et ensuite, peut-être au début, dans mon cercle plutôt familial, j'ai une grande famille. Quand on est tous réunis, on peut être 300. Si je remonte à mes arrière-grands-parents. Donc c'est fou. Et tous les quatre ans, on se faisait une grande réunion de famille. Et je me souviens avoir chanté devant eux. Je pense que j'avais dix ans aussi. C'était moi Lolita d'ailleurs, de Julien Doré. De Julien Doré, parce que du coup... Bon, on en parlera peut-être après, mais... Qui l'avait reprise, donc ça m'avait fait rire. Moi, j'étais de Alizé, et donc j'avais chanté devant toute ma famille. Ça, c'est mes premiers pas, on va dire.
- Speaker #0
Et à quel moment est-ce que tu t'es dit, c'est ce métier que je veux faire ?
- Speaker #1
Pareil, depuis toujours. Personne ne fait ce métier dans ma famille. Personne ne chante vraiment, non plus. Peut-être mes grands-parents, un petit peu, ils chantaient à l'église. Et mes parents écoutaient beaucoup de musique, c'est vrai. Mais ce rapport à ma voix, il est là depuis... toujours et je sais au fond de moi profondément, je savais depuis le début que j'allais en faire mon métier. Donc c'est assez fou. C'était quelque chose de puissant, de débordant et en même temps, ça m'a permis de vivre mon adolescence d'une manière un peu plus tranquille. Je pense.
- Speaker #0
Ça t'a porté, oui. Est-ce qu'il y a des moments, on imagine une carrière, il y a des hauts, il y a des bas, est-ce qu'il y a eu des moments où tu as eu envie de tout arrêter ?
- Speaker #1
Alors oui, il y a deux moments, je m'en souviens très bien, parce que c'est pas rien d'arrêter ça en sachant que ça fait aussi partie de ma vie. Moi, je chante tous les jours. Donc, il y a deux moments où je me suis vraiment dit, OK, stop, je ne retrouve plus ma voix. Il n'y a plus de sens. Ça a été la première fois, après mon premier album, que j'ai sorti quand j'avais 18 ans. Et donc, j'étais à Paris, dans un système qui m'a complètement dépassée. Et je me rendais compte que mon corps était complètement envahi. J'étais tout le temps en bataille. J'étais en guerre contre tous les gens autour de moi. Et donc, je devais sans cesse me défendre. Et c'était très, très difficile. Et je crois que j'ai perdu à ce moment-là ma voix. Ma voix aussi, V-O-I-E. Oui,
- Speaker #0
oui.
- Speaker #1
D'ailleurs, je perdais souvent ma voix à cette époque-là. Mon corps me parlait beaucoup. Et j'ai fui Paris, en fait. Je suis partie de Paris. Et ce qui m'a reliée à Paris, ensuite, c'était le théâtre. Parce qu'à cette époque-là, je faisais du théâtre. Et c'était vraiment ma récréation. Ça me faisait tellement de bien de m'exprimer moi, en fait. Intimement. Et voilà, j'avais plus cette connexion. Donc finalement, j'ai... À ce moment-là, je pense que je n'assumais rien, puisque je ne me sentais pas écoutée. Et la deuxième fois, ça a été après mon duo que j'ai avec Bonner pendant des années. Alors c'était un peu différent, mais pareil, je suis rentrée dans un gros engrenage de labels, etc. Et j'en suis arrivée à un point où je me suis demandé ce que je faisais, en fait. On me disait que j'avais une belle voix, ok, mais et donc ? qu'est-ce qui se passe après. Donc, je ne venais plus rien nourrir. Et donc, pareil, je me suis dit, je préfère arrêter plutôt que de...
- Speaker #0
Ça n'a pas de sens,
- Speaker #1
en fait. Donc, voilà. Mais à chaque fois, je reviens avec la même naïveté, la même énergie, le même élan. Donc, je me dis, il y a quand même quelque chose.
- Speaker #0
Forcément. Et comment ton style et ton rapport à la scène ont-ils évolué au fil des années ?
- Speaker #1
Comment ils ont évolué ? Je crois que j'aime me laisser porter par ce qui se passe. Donc, ça peut être soit des rencontres. C'est à l'extérieur, vraiment une rencontre qui va créer quelque chose, soit ce que je suis en train de vivre. Et c'est vrai que même aujourd'hui, je me le dis, d'ailleurs parfois j'y pense alors que mon album n'est pas encore sorti, mais je sais que le prochain album, parce qu'il y en aura certainement un prochain, il peut être complètement différent de celui-ci. Ça va dépendre, encore une fois, de qui je vais rencontrer, de ce que je vais avoir envie de donner à ce moment-là. Donc c'est plus un moment présent, je pense. Après, mon rapport à la scène, forcément, j'ai gagné en confiance. Je pense que j'habite plus mes chansons aussi, mes silences. J'aime ça. Et peut-être aussi la question de la légitimité. Même si elle reste toujours là, quelque part en suspens. Mais en tout cas, mon pacte avec moi-même, qui coule de source, c'est fais, sois, chante ce que tu es vraiment. Aujourd'hui, je me sens bien parce que je ressens cette connexion et j'assume complètement ce que je fais.
- Speaker #0
Tu es alignée.
- Speaker #1
Oui, je le ressens vraiment. Mais c'est tellement bon.
- Speaker #0
Tu te le ressens dans ton corps aussi ?
- Speaker #1
Oui. Vraiment, c'est...
- Speaker #0
Là, tu as les yeux qui pétillent déjà. Oui, voilà. Ça fait du bien. Quand tu te présentes aujourd'hui, quand tu arrives dans un endroit où il y a des inconnus, comment tu te présentes ?
- Speaker #1
Très bonne question. Maintenant, aujourd'hui. Je crois qu'aujourd'hui, je peux dire... Mon prénom, déjà. Non, mais je pense que je peux dire que je suis artiste. Alors qu'avant, je disais que je suis chanteuse. Et très vite, je me suis dit que c'était réducteur, ce truc-là. Parce que... Ouais, c'était réducteur. Et ensuite, à un moment donné, quand j'ai arrêté la musique, j'ai fait de la céramique. Et donc là, je me suis dit, bah merde. Du coup, je suis qui ? Et quand je devais me présenter, je me disais, ah ouais, je suis céramiste, ok. Mais finalement, ça veut rien dire. C'est beaucoup plus que ça. Et donc, je crois que c'est pour ça qu'aujourd'hui, je peux dire que je suis artiste. C'est surtout la façon que j'ai d'aborder la vie, de la mordre, de la vivre, de la transpirer, tout ça. Donc,
- Speaker #0
ça va au-delà de chanter,
- Speaker #1
je crois.
- Speaker #0
Si on revient un petit peu à une période un peu plus folle, tu as connu la lumière très jeune avec la nouvelle star. Si tu pouvais parler à la Gaëtan de cette époque, tu lui dirais quoi ?
- Speaker #1
Bon, déjà, j'ai des poils partout. Je lui dirais, tu savais déjà tout. Fais-toi confiance. Assume qui tu es. T'as le droit de ne pas plaire à tout le monde, et c'est OK. Et voilà.
- Speaker #0
Quand tu écris, quand tu composes, tu commences par quoi ?
- Speaker #1
Alors, habituellement, je commence... par les paroles. Mais sur ma dernière chanson, ça a été l'inverse. J'allais dire j'ai écrit, mais j'ai écrit de mes mains une ligne de piano. Et c'est ensuite que j'ai mis les paroles. Mais sinon, j'aime être complètement libre dans les textes. Surtout que je ne sais jamais sur quoi je vais écrire. Les mots me dépassent toujours. Et en quelque sorte, ils précèdent ma conscience. Je ne sais pas ce que je vais écrire et je découvre après. C'est une super bonne thérapie, ça. J'aime jouer avec les mots, avec leur sonorité. J'aime les faire rebondir, j'aime leur musicalité. Donc, je me sens complètement libre là-dedans. Et c'est vrai qu'avec une base d'un instrument de musique, je me sens peut-être plus limitée. Il y a déjà une mélodie aussi, donc voilà.
- Speaker #0
Est-ce qu'il y a des thèmes qui reviennent toujours dans tes chansons ou pas du tout ?
- Speaker #1
Ouais, je crois. En plus, c'est rigolo ta question parce qu'il n'y a pas si longtemps que ça, j'ai relu tout parce que j'ai déménagé il y a quelques mois. Et donc, forcément, quand on déménage, on ressort tout et puis on dit « Ah, tu peux voir si j'ouvre un peu ? » Et puis en fait, tu lis tout. Et j'ai énormément de carnets, de notes qui sont plus que des journaux intimes, qui sont juste toute ma vie que j'ai écrite, mais aussi des chansons, beaucoup de chansons que je n'ai jamais sorties. Et en relisant, je me dis « Waouh, en fait, tout est là tout le temps. On ne se rend pas compte sur le moment, mais c'est déjà là. Les clés, les messages sont là. » Et je crois que j'ai beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup écrit sur la liberté. Et dans cette liberté, forcément, il y a l'amour, la connexion aux autres, les liens aussi. Mais parce qu'en fait, c'est des sujets qui, finalement... Ça englobe tellement de choses, ça paraît bête, mais c'est ça qui me porte. Mais ce qui a peut-être changé, d'ailleurs qui m'énervait un petit peu avant, c'est que j'écrivais beaucoup perché. C'est-à-dire qu'il y avait quelque chose un peu de nébuleux, tu vois. Comme si j'avais du mal à me raccrocher à mon corps. Donc c'était très là, au-dessus. Je me disais, merde, mais comment je peux faire pour écrire sur du concret, quoi ? Et je me suis rendue compte... Ouais, je me suis rendue compte que, de plus en plus, je viens descendre dans du concret. Et j'aime ça, aussi.
- Speaker #0
Et tu dirais que c'est en vieillissant ?
- Speaker #1
En mûrissant ? Alors, certainement, certainement, en vieillissant. Et puis aussi, je crois, par mon passage par la céramique. Donc, le travail de la terre, qui m'a...
- Speaker #0
Tu t'es recentrée ?
- Speaker #1
Qui m'a recentrée. En plus, moi, ce qui me plaisait dans ce travail-là, au-delà du modelage, c'était vraiment le tour. J'ai fait que du tournage.
- Speaker #0
D'accord. Tu es hyper physique.
- Speaker #1
Ah ouais, j'avais un petit peu mal au dos. Je me suis dit, la musique, c'est sympa, finalement. C'est quand même léger. J'ai besoin de cette légèreté. Mais ouais, le tournage, ça a été déjà une méditation. Incroyable. Mais t'arrives, t'es pas centrée ou t'as quelque chose dans la tête. pas tout qui qui vrille quoi donc c'est comment tu reviens toujours toujours à ton centre et à ce moment là tu ne peux rien faire d'autre que d'être complètement présent avec ce truc qui tourne sans cesse et c'est un bonheur j'ai adoré, j'ai eu beaucoup de messages vraiment de la terre, ça peut paraître bizarre mais beaucoup plus qu'en musique très concret et ces messages là ils m'ont aidée dans ma musique en fait, en parallèle ok Et à ce moment-là, j'avais décidé d'arrêter mon métier de musique. Je continuais à chanter, mais je me suis aussi formée. J'étais l'élève d'une méthode qui remet vraiment la voix dans le corps et qui la place au centre. J'ai des frissons aussi de le dire, parce que je n'avais jamais fait le lien comme ça. Mais finalement, dans cette temporalité-là, il y avait la terre, mais il y avait aussi ma voix, qui existait d'une autre manière. Et je crois qu'aujourd'hui, je chante certainement différemment d'avant parce que j'ai vraiment trouvé mon centre.
- Speaker #0
Et quand tu faisais de la céramique, est-ce que tu travaillais dans le silence ?
- Speaker #1
Ouais, dès que j'avais de la musique.
- Speaker #0
Pas pareil.
- Speaker #1
Pareil, ben voilà. C'était une autre mélodie, donc je pouvais pas. Par contre, ça m'arrivait de fredonner. Mais c'était en accord avec ce que j'étais en train de faire. C'est pas une musique extérieure, tu vois.
- Speaker #0
T'étais vraiment dans l'instant présent de partage avec la terre.
- Speaker #1
Oui, et puis mon tour faisait un petit bruit aussi, donc c'était déjà une musique.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Et j'aimais bien que tout sonne bien, même mes instruments. La terre qui racle, comme ça. Tout était musique, mais c'était en création. Ce n'est pas une musique qui était déjà créée. Donc ça me manque, ça y est. Parfois, je me le dis maintenant, parce que j'ai arrêté il y a deux ans, je pense. Et oui, parfois, ça me manque un peu. Mais c'est là.
- Speaker #0
Tu y retourneras peut-être. J'y retournerai,
- Speaker #1
quand je serai très, très vieille.
- Speaker #0
Est-ce que t'as des rituels ou un environnement que tu mets en place qui t'aide à te reconnecter à toi avant d'écrire ?
- Speaker #1
Je me marre parce que je sais pas si je peux tout dire ici. J'ai pas de rituel à proprement parler, mais je crois que si je devais dire un rituel, c'est sûrement mon lien avec les autres. Bizarrement. Enfin, tu vois ce que je veux dire ? C'est... J'aime... Ça, j'en ai besoin et ça me donne des choses à écrire aussi. Mais pour écrire, je dois être dans le silence absolu. Donc je dois me confronter à la solitude. Et en plus, j'aime cette solitude. Je ne pense pas la subir, mais en tout cas, je dois être dans cette profonde solitude et ce profond silence pour pouvoir écrire. En tout cas, de la façon dont j'aime écrire, c'est-à-dire être complètement dans un état un peu second, en trance. et me laisser traverser par un flot de mots, etc. Et un jour, j'ai écrit dans un café. En fait, plusieurs jours, dans le même café. Dans une période de ma vie qui était particulière, où je voyais tout nouveau. Je venais de me séparer. Et je trouve ça hyper beau d'écrire avec du monde autour. Et donc, je l'ai fait. Ça a marché, mais ce n'étaient pas des chansons. plutôt quelque chose que je venais de livrer ou en tout cas ma posture dans ce monde par rapport à tous les autres. Donc c'était intéressant, mais c'est jamais devenu des chansons.
- Speaker #0
C'était peut-être thérapeutique ? Oui,
- Speaker #1
certainement.
- Speaker #0
Si on parle un petit peu de ton nouvel album qui va bientôt sortir, qu'est-ce que tu as voulu dire avec ce dernier album qui vient de sortir ?
- Speaker #1
Alors, qu'est-ce que j'ai voulu dire ? Je crois que c'est eux qui ont voulu dire des choses de moi. D'ailleurs, il y a une citation de René Char que j'adore et qui dit que les mots qui vont sortir savent de nous des choses que nous ignorons d'eux. Et j'adore cette phrase. Plus que je l'adore, je la vis tout le temps, en fait. Et donc, il n'y a rien qui a été décidé. Ça s'est fait. Et un jour, c'était il y a un an et demi, j'ai eu cet espace-là. dans ma vie pour écrire tout ça. Et ça m'a traversée, vraiment. Et c'est après, en les relisant, que j'ai compris le lien. Et il y en a beaucoup, des liens. Cet album, il y a l'eau qui relie, je pense, toutes ses chansons dans cet album. L'eau sous toutes ses formes, dans tous ses états. Il parle d'amour. et sûrement aussi de retrouvailles avec soi, je crois. Un peu comme une renaissance. Donc il y a des choses qui peut-être sont assez intenses et je dirais pas lourdes, parce que je crois que j'aime tellement cette légèreté qu'elle m'habite tellement et que je crois qu'il y a toujours une lumière dans les mots qui sont là. Mais c'est waouh ! C'est quand même intense et aujourd'hui je m'en rends compte, j'ai commencé mes concerts, j'en ai fait deux. Et après une chanson, j'aurais presque envie de me poser pendant cinq minutes sans rien faire, tellement c'est intense.
- Speaker #0
Lala, quel teasing ! Là, t'as un petit peu répondu à mes questions au niveau de l'inspiration, donc l'eau, l'amour.
- Speaker #1
L'eau, l'amour, le lien, encore une fois. En tout cas, à chaque fois, ce sont des choses qui me dépassent. Je crois que j'ai besoin de créer quand ça déborde. C'est ma manière à moi de survivre, de gérer. Du coup, c'est intense parce que je me dis, mais attends, il va me falloir toujours autant de nourriture comme ça. Mais ouais, je crois que c'est là où je suis la meilleure. En tout cas, pour moi-même, où je sens que c'est là. J'ai juste à ouvrir et ça ne se discute pas. Mais si je devais écrire aujourd'hui sur un sujet précis ? Ce serait compliqué, je pense. Mais c'est un exercice que j'aimerais bien aussi aborder.
- Speaker #0
Le 3 novembre sort 33,33, un titre intriguant. Est-ce que tu peux nous en dire plus sur l'histoire de cette chanson et ce lien avec le chiffre 3 ?
- Speaker #1
Bien sûr. Comme d'habitude, au début, je voyais aucun lien. Mais j'ai vécu quelque chose de fort pendant quatre jours avec quelqu'un. et je... Et puis je suis rentrée chez moi et je me suis arrêtée à la station service. Et j'ai mis 33 euros, 33 d'essence. Pourquoi ? Je veux dire, c'est complètement con. On n'aime pas aller dans une station service normalement, donc on fait le plein. On n'a pas envie d'y aller chaque jour. Et cette fois-ci, je ne sais pas pourquoi, je me suis arrêtée à 33, 33. En fait, j'ai vu ce 33 et je me suis dit, tiens, je vais faire 33, 33. Et puis j'y suis arrivée. Donc dans une partie de la chanson, finalement je raconte ça. Et il y a quelque chose de fort là-dedans, quand on vit en plus des moments qui sont forts et qui sortent d'une réalité, d'un quotidien. Et on vient se raccrocher à ça, tout simplement. Et depuis, j'ai tellement de signes. Un jour j'ai remis de l'essence. T'imagines bien que les autres fois, les fois d'après, j'ai voulu mettre 33-33 et ça n'a jamais marché. Donc voilà. Et en fait, un jour, pour la petite anecdote, mais c'était quelques temps après, je veux remettre 33, 33, je n'y arrive pas. Donc je dis, je vais essayer 50, 50. Je n'y arrive pas non plus. Et je prends mon ticket. Pour la première fois, d'habitude, je ne veux pas savoir ce que je dépense. Et je regarde et il y avait le montant sans la TVA. 33, 33. C'est une blague. Donc voilà. D'où aussi le 3 novembre. Je me suis 3 fois 11, 33. Bien. ça devait sortir beaucoup plus tôt j'ai pris du retard mais c'est vrai que j'aime bien,
- Speaker #0
j'aime bien m'appuyer sur les chiffres voilà et quand on écoute ta musique on sent qu'il y a une âme derrière pour toi c'est quoi l'âme d'une chanson ?
- Speaker #1
ben quand j'écoute une chanson j'aime être touchée voir au-delà de la chanson je crois que c'est ça l'âme d'une chanson C'est pour ça que c'est important un texte, mais il y a au-delà du texte. Ça peut être un texte froid, un texte très beau, mais il n'y a rien qui respire dessous. Je crois que c'est ça. Je dirais que l'âme d'une chanson, c'est ce qui respire, ce qui vit dessous.
- Speaker #0
Et est-ce qu'un artiste peut garder son âme intacte quand la musique devient un métier, un produit ?
- Speaker #1
C'est une quête. En tout cas, la mienne.
- Speaker #0
Oui, je sais.
- Speaker #1
C'est pour ça que je m'en suis éloignée deux fois, parce que j'étais en train de perdre mon âme, clairement. Que je ne peux pas vivre sans quelque chose qui m'anime au point de me faire vivre, en fait. Donc j'ai trouvé autre chose. Mais je crois que c'est possible. Je suis même sûre. C'est pour ça que je suis là aujourd'hui.
- Speaker #0
Oui, exactement.
- Speaker #1
Mais à certaines conditions aussi. Et c'est ça qui est difficile, de se dire, OK, en fait, j'ai envie d'être entourée de personnes. J'ai envie de ne pas faire tout toute seule, mais j'ai envie de sentir que c'est OK. Et des rencontres magnifiques, il y en a plein. Et là, j'en fais plein et c'est trop beau. Donc, avoir ces personnes magnifiques comme levier vers encore plus grand. Ouais.
- Speaker #0
Quand on te voit chanter, on sent une vraie présence, quelque chose de brut et d'habité. Comment est-ce que tu fais pour garder ta liberté dans un milieu qui demande souvent de contrôler, d'être parfaite et de rentrer dans une case ?
- Speaker #1
Grande question aussi. En plus, ça fait partie de mon histoire, cette perfection, de mon éducation aussi. Donc, c'est mon chemin. vraiment c'est très fort et j'adore enfin je trouve ça passionnant heureusement qu'on vieillit parce qu'on découvre plein de choses mais c'est vrai que depuis toujours j'ai ce souci du détail de la perfection de... d'être tout bien, pour tout. Donc, c'est insupportable. Mais j'aime tellement aussi l'instant, l'inattendu, l'inconnu, que ça vient contrebalancer aussi tout le temps.
- Speaker #0
J'allais dire, t'aimes bien lâcher prise.
- Speaker #1
Ouais, je peux complètement... Moi, par exemple, je peux avoir le plus gros problème du monde, je dors. J'arrive à lâcher comme ça d'un coup. Donc ça, c'est un grand luxe. Heureusement que j'ai ce truc-là. Et donc, pour ces dernières chansons, par exemple, j'ai aucun problème à sortir quelque chose sur le moment en me disant « Ok, là c'est bon, ça vibre, c'est bon. » Mais si je commence à mettre du mental, à me dire « Ok. » Ou alors à y revenir plus tard, dans une autre énergie, forcément, je vais changer des trucs. Donc ça, c'est compliqué. Mais j'en ai conscience. Et donc, je préfère vraiment laisser le brut. Même dans mes chansons, j'ai des voix qui sont mes voix de maquettes. d'ailleurs 33,33 j'ai commencé à composer à 10h du soir j'avais écrit à 20h j'ai enregistré à 23h minuit c'était fini et la chanson qui sort c'est celle-ci j'ai pas retouché mes voix ni mon piano et j'aime trop ça en fait est-ce
- Speaker #0
que le chant c'est aussi devenu une pratique de soins pour toi ?
- Speaker #1
Alors, je crois qu'elle l'est depuis toujours, vis-à-vis de moi-même. Le champ m'a soignée, le champ m'a réparée, le champ m'a protégée aussi, je crois.
- Speaker #0
De quoi ?
- Speaker #1
Eh bien, de rester dans mon axe, quoi. Donc, protégée des autres, ouais, je crois. Et il m'a sauvée aussi. Mais bizarrement, il m'a à la fois protégée et il m'a à la fois mise en danger aussi. Parce que j'ai jamais eu peur de chanter l'intime. Et donc forcément, après, tu t'ouvres... En fait, il y a les deux pôles.
- Speaker #0
Tu te montres vulnérable.
- Speaker #1
Oui. Donc c'est une grande force, c'est une grande puissance. C'est hyper réparateur, mais à la fois, ça peut aussi te mettre en danger. Il y a les deux... Mais en tout cas, j'ai ouvert ce possible aux autres. Récemment, notamment avec les voyages sonores que j'organise, des kirtans aussi que j'ai guidées, je me suis rendue compte de la portée d'une voix et que si elle venait vraiment être habitée à l'intérieur de moi, alors elle pouvait résonner encore plus loin. Et donc aujourd'hui, je fais aussi la connexion avec mes propres chansons. Je me rends compte que je les habite différemment. Et d'ailleurs, la personne dont j'ai été l'élève pendant quelques années disait souvent, votre corps est une cathédrale immense et votre voix, elle vient juste résonner à l'intérieur. Mais pour ça, il faut venir tout ouvrir. Et j'adore ça, le corps comme contenant. Ça me parle beaucoup et j'utilise ça dans tout ce que je fais écrire.
- Speaker #0
C'est ce qui te guide.
- Speaker #1
Oui. Et du coup, qu'apporte le kirtan par rapport à une scène classique ? Ce que j'ai aimé dans le kirtan, c'est cette idée que tout le monde est à la même place. C'est-à-dire que même si je le guidais, je venais juste donner les voix et ensuite chacun vient créer par sa propre voix, vient s'emmêler aux autres voix. dans un mouvement circulaire, même si on n'était pas forcément en cercle, mais il y a ce mouvement circulaire.
- Speaker #0
On était très proches. Moi, j'ai participé à un de tes voyages sonores, même déjà, on est proches. Oui, on est proches. Il y a de l'énergie,
- Speaker #1
quand même. Oui, voilà. Mais ce qui est génial dans les Kirtan, c'est que tout le monde chante. Moi, les voyages sonores, c'est moi qui chante. Là, tu vois, il y a vraiment ce truc du collectif où on vient co-créer ensemble. Même s'il y a un morceau qui est donné au début, mais on vient co-créer ensemble. et ça, c'est magique. Ouais, ça vibre fort, quoi. Sur une scène, c'est différent. Parce que tu es sur une scène, les gens sont devant toi. C'est pas pareil. Mais je crois que maintenant, je vois l'autre différemment aussi. Et d'ailleurs, ça, c'est quelque chose que je me vois être.
- Speaker #0
Sur une scène, pas sur une scène. Au milieu des gens. J'aime vraiment ça. J'aime vraiment l'idée.
- Speaker #1
Et le regard sur toi, quand tu es sur scène, tout le monde te regarde, toi. On peut dire qu'il t'écoute, mais il te regarde aussi. Tu le vis comment ?
- Speaker #0
Je crois que je préfère être écoutée que regardée. Vraiment sincère. Mais je suis sur le sujet en ce moment. Parce que j'ai eu un duo, j'ai fait partie d'un duo, donc c'est mon duo. Mais pendant de nombreuses années, et finalement, tu peux facilement te cacher derrière l'autre. C'est facile, c'est pas que toi. Donc c'est beaucoup plus facile d'assumer tout, en fait. Que ce soit les réussites, les échecs, n'importe quoi qui t'arrive. Et donc là, je reviens seule. Donc je n'avais pas fait ça depuis que j'ai 18 ans. Donc c'est... waouh, c'est pas rien. Et je me rends compte que là, les gens, ils me regardent moins. Je ne peux plus me cacher. Et en plus, mes chansons, elles sont vraiment intimes. Donc, waouh ! Je n'ai pas de problème avec mes chansons, mais en tout cas, je me dis, voilà, aujourd'hui, je sais que je suis à ma place, mais parfois, je dois me le redire. Tu vois, je dois me l'entendre dire. Ce qui me permet d'être sur scène aujourd'hui, c'est le fait d'être complètement habitée par les mots que je chante. Et du coup, tout prend sens et c'est OK.
- Speaker #1
Ta voix, elle t'accompagne depuis toujours. Dans une interview, tu as dit que ta voix était devenue une sorte d'amie pour toi. Quelles places ont les amitiés féminines dans ton équilibre ?
- Speaker #0
Une immense. Une immense place. Pareil, je suis émue. J'ai la chance. Je crois que c'est une chance quand même. En fait, je déteste ce mot. Je me dis, mais il n'y a pas d'autres mots qui existent. Parce que c'est une chance sans en être une. Mais merci, en tout cas, la vie. J'ai des amis que j'aime d'amour. On peut tout dire, tout se dire, tout s'échanger. Du coup, on co-construit aussi tout ensemble. C'est magnifique, quoi. Donc, on vient se nourrir mutuellement, être là sans attendre non plus de l'autre. Donc, ça, c'est énorme aussi. Et je me sens dans une immense liberté aujourd'hui, dans mes relations, notamment avec des femmes. Et je trouve ça magnifique. Après, j'ai... Cette sororité dont on parle souvent, j'ai l'impression d'y avoir été tellement connectée à un moment de ma vie que ça y est, je sais. Et je sais en plus le moment où c'est arrivé, où j'ai découvert ça. Je me suis dit, waouh, en fait, on est toute une part de femmes et on les a toutes en nous. Et c'était un peu comme ce diamant et toutes ses facettes. Et ça a été une révélation à ce moment-là. C'était il y a 5-6 ans maintenant.
- Speaker #1
C'est beau. Le milieu de la musique, il est plein d'injonctions. Il faut être visible, il faut produire, il faut rester dans le moule. Comment est-ce que tu fais ? On en a déjà un petit peu parlé, mais pour ne pas te laisser happer.
- Speaker #0
C'est sans cesse des allers-retours en plus. Parce que je me suis rendue compte que j'avais une certaine audace et ambition aussi. J'avais peur de ce mot.
- Speaker #1
Oui, on ne l'aime pas mais finalement,
- Speaker #0
on en a besoin. Oui, carrément, je veux que mes chansons existent. Je veux voyager avec elle, je veux faire voyager les gens. Donc ouais, en fait, je crois que je le suis vraiment, ambitieuse. Mais donc, quand on a de l'ambition et qu'on voit... Enfin, on peut être attiré par des choses, des gens. Et là, avec cet album, j'avais décidé de faire... Je vais créer mon propre label, c'est en cours. J'avais décidé de rester autoproduite. Et après, je me suis dit, tiens, il y a des gens que j'aimais beaucoup, que j'ai rencontrés dans mes expériences d'avant. Tiens, recontacte-les. Et j'ai fait. J'ai fait cet aller-retour. Et j'ai vu et j'ai entendu aussi des discours que j'ai déjà entendus avant qui m'ont éteint de sa petit feu aussi. À un moment donné, heureusement que je réagis vite et que je ne peux pas le supporter. Mais aujourd'hui, je me suis dit mais ce n'est pas possible, en fait. Et puis, en plus, mes chansons, elles n'ont pas été créées dans un but. Il n'y a aucun but, sinon celui de l'instant. Donc, finalement, mes chansons, aujourd'hui, elles n'ont même pas de... de cadres dans mon album, en tout cas qui sortira à partir de février, journée qui dure 7-8 minutes. Donc clairement... Sur le papier, c'est la merde. Mais en fait, moi, j'adore les chanter comme ça, les jouer comme ça. Et c'est ce que je vais faire. Donc, je suis sortie du couplet-refrain, couplet-refrain, et des deux minutes trente, je crois que maintenant, ça atteint même plus de trois minutes. Puisqu'apparemment, on est de moins en moins patient et à l'écoute. Donc, voilà, en fait, c'est de me dire que tout est possible et que je suis touchée par mes chansons. C'est aussi bizarre à dire, mais en fait, oui. Je sais que si je suis touchée par mes chansons, alors c'est bon, c'est que j'ai envie de les chanter et qu'elles vont vivre d'une façon ou d'une autre. Donc, je crois que c'est ça aujourd'hui. Et c'est d'accepter ça et d'aller au bout de son idée.
- Speaker #1
La liberté, c'est un peu une valeur qui t'accompagne dans tout ce parcours-là.
- Speaker #0
Ouais. En plus,
- Speaker #1
t'as d'autres valeurs qui t'accompagnent.
- Speaker #0
Euh... Ouais. La liberté, il y a aussi l'amitié j'allais dire, mais en fait l'amour, vraiment. En fait c'est l'amour, on y revient, mais les gens qui travaillent autour de moi aujourd'hui, c'est des personnes, c'est pas forcément mes amis, mais c'est ma famille. C'est encore plus, c'est quelque chose, et j'ai envie d'être entourée. de personnes qui ont les mêmes valeurs que moi, mais aussi qui... J'ai envie qu'on se comprenne, en fait. Mais moi aussi, avec eux, tu vois, c'est un échange, en fait. J'ai envie qu'ils se soient circulaires, en échange. J'ai envie de baigner là-dedans, aujourd'hui. Et après, la valeur, peut-être l'éthique, en tout cas, de me respecter et de faire ce que j'ai envie de faire. Enfin, de faire ce que j'ai envie de faire. Et au-delà de ça, de ne plus faire ce que je n'ai pas envie de faire. Le plus important.
- Speaker #1
D'ailleurs, est-ce qu'on t'a souvent dit non dans cette vie d'artiste ?
- Speaker #0
Eh bien, tu sais quoi ? Pas tant. Parce que peut-être que je n'osais pas trop demander aussi. Tu sais, peur de... J'ai aussi appris moi-même à dire non. Donc, pas tant. Mais j'ai une mémoire défaillante. Donc, peut-être que...
- Speaker #1
Il y a des noms qui ont été un moteur pour toi, sinon, mais...
- Speaker #0
Non, alors le problème, c'est que... C'est pas bien, mais c'est vrai que quand je recevais un nom... Ça n'a jamais été un moteur. Enfin, c'est plutôt quelque chose qui vient me mettre à plat, à tout remettre en question. Et à me dire, mais attends, parce que ça, je vais tout refaire. Parce que je ne m'arrête jamais, en plus. Donc, dans tous les cas, ça va rebondir sur quelque chose. Mais c'est vrai qu'un nom n'a jamais été vraiment moteur. Je crois que c'est pour ça que j'ai eu tant de mal à le dire moi-même pendant des années.
- Speaker #1
Mais maintenant, oui, tu dis non.
- Speaker #0
Et maintenant, je dis non.
- Speaker #1
Je change un petit peu de sujet. Tu prends parfois la parole publiquement sur tes réseaux. Tu as fait un poste contre la loi Duplon. C'est quoi qui a été le déclencheur de ce message pour toi ? Comment est-ce que tu vois ton rôle d'artiste aujourd'hui dans ces débats de société ?
- Speaker #0
Très bonne question. Ce n'est pas facile les réseaux parce que je me suis posé la question justement quand j'ai fait ce poste. Je me suis dit mais est-ce que j'ai le droit ? Est-ce que je peux ? Et normalement, je ne fais pas ça. Donc ça sortait un peu du cadre. Et t'as remarqué ? Et en fait, c'était tellement fort. J'étais tellement saoulée. Et j'aime la poésie. J'aime poétiser les choses, j'aime dire des choses. Et je me suis dit, pourquoi pas, vas-y, balance. Donc j'ai balancé le truc. Et ça m'a fait du bien, quand même. Mais c'est aussi accepter de... que tout le monde ne soit pas d'accord, d'accepter...
- Speaker #1
De te mettre un petit peu en danger quand même sur les réseaux en tout cas. Si,
- Speaker #0
c'est carrément un danger, parce qu'en fait tu viens t'affirmer dans quelque chose, donc forcément tu auras des gens pour, des gens contre. C'est un grand raccourci, mais c'est peut-être ça le plus dur finalement, et qui peut faire peur, mais ça m'a fait du bien. Finalement c'est aussi une thérapie les réseaux, dans ce sens-là. Donc comment je vois mon rôle d'artiste ? Je pense que si on le sent, il faut le faire. Et je sais qu'aujourd'hui...
- Speaker #1
Dans les sujets, si ça te parle, t'hésites pas.
- Speaker #0
Ouais, voilà. Mais c'est vrai que c'est aussi une petite mise en danger.
- Speaker #1
Est-ce que c'était une intuition ou une responsabilité, juste, que tu t'es autorisée ?
- Speaker #0
Ah non, vraiment une intuition, un truc qui déborde encore une fois. Et voilà, et c'est sorti comme ça.
- Speaker #1
Et la réduction, elle a quelle place dans ta vie ?
- Speaker #0
Mais une tellement grande ! Une tellement grande, depuis toujours. En fait, depuis toujours. Et je crois qu'aujourd'hui, j'en ai plus conscience. Avant, c'était comme ça. Et aujourd'hui, je l'adore, mon intuition. Heureusement qu'elle est là. Et c'est vrai que si je mets trop de mental, ça va pas. Parfois, je pense que je peux faire des erreurs, mais finalement, je les vois pas comme des erreurs. Je les vois plutôt comme des leçons, quoi. Mais j'aime ça. J'aime être guidée par quelque chose de plus grand que moi. Et de la même façon que le fond d'un texte. et guidée par quelque chose de plus grand que moi. J'aime ça. Ça fait vraiment partie de ma vie, de mon quotidien. Mais dans tous mes choix dans ma vie, l'intuition en a été la source. Des trucs improbables, des trucs irraisonnés. Et je déteste le raisonnement. La raison. Mais j'aime ce qui résonne. Donc ça, c'est sûr.
- Speaker #1
Merci pour ce choix des mots très judicieux. Si on enlève maintenant la musique, on revient un petit peu à la céramique. Est-ce que tu peux juste nous partager comment la céramique est entrée dans ta vie ?
- Speaker #0
Intuition. Quelle belle trousse. Oui, une belle trousse. Des messages que j'ai eus. Mais vraiment. Alors, je m'en souviens d'un très fort, mais je sais qu'il y en a eu plusieurs. J'étais au bord du lac d'Annecy, parce que ma famille n'habite pas loin. Je vois un grand panneau bleu avec la flèche blanche et en dessous, céramique. Et à ce moment-là, j'avais décidé d'arrêter de la musique et je me suis dit « qu'est-ce que je vais faire ? » Et quand je vois ce panneau, j'étais dans ce questionnement-là. Et je l'ai vu comme un signe, mais puissance infinie. Et donc, une heure après, j'appelais un centre de formation et de financement, plutôt de financement pour pouvoir faire une formation, que je n'ai pas eue. Donc je ne me suis pas démontée, je me suis dit je vais faire un stage d'une semaine. J'ai fait ce stage, je suis tombée en amour de la terre, je ne connaissais rien. Donc là j'ai regardé toutes les vidéos, j'ai voulu tout savoir, tout connaître. Et donc je prenais des cours une fois par semaine, mais ça a été un bonheur, ça m'a remplie d'une façon incroyable. Ça faisait longtemps que ça ne m'était pas arrivé. Et ensuite je me suis dit... J'ai envie d'en faire plus, en fait. Et ça coûte cher. Donc, tiens, si je montais mon atelier, comme ça, je pourrais en faire tous les jours, être autonome, libre et progresser, du coup. Et donc, c'est ce que j'ai fait. Et j'ai eu la chance de trouver un garage où j'ai monté tout mon atelier sans trop m'y connaître, finalement, à ce moment-là. J'ai bossé tous les jours. Et au bout de quelques mois, j'ai sorti ma première collection. Et bonheur, quoi. Et puis de faire les choses moi-même. C'était la première fois dans ma vie que, professionnellement, même si je n'aime pas dire ça, parce que mon professionnel a toujours été passionné. Enfin, mes passions, en fait. Mais c'était la première fois que j'étais
- Speaker #1
100% autonome.
- Speaker #0
Et donc très solitaire. J'ai découvert ma solitude là. Parce que j'étais toute seule dans mon atelier, toute la journée.
- Speaker #1
C'est une solitude choisie, quand même.
- Speaker #0
Complètement. C'était génial. Et je me suis dit, waouh, mais en fait, j'ai besoin de ça dans mon équilibre. Je ne peux plus, maintenant, ne plus me permettre ça. Donc voilà, et puis après, j'ai continué, j'ai appris aussi. Et j'ai assouvi, je crois, mon besoin de forme. de géométrie, de perfection aussi. Et pour la première fois de ma vie, j'avais un objet parce qu'une chanson, elle est impalpable. Donc c'est super dur de... Enfin, c'est autre chose.
- Speaker #1
C'est un travail manuel.
- Speaker #0
Ouais, manuel. Donc déjà, je pensais que j'étais nulle. Je me suis toujours dit, parce que je ne sais pas dessiner, donc je n'ai jamais dessiné des pièces. Elles se faisaient sous mes mains. Et puis, d'avoir cet objet-là, je me suis dit, OK, en fait... J'ai fait cet objet, mais il ne m'appartient plus. Et en même temps, il est là. Et donc, je pense que ça aussi, ça m'a aidée dans la transition après avec la musique. Me dire, en fait, ma chanson, elle est là. Et puis, elle existe au-delà de moi. Et petit à petit, j'ai appris à aimer mes erreurs. D'ailleurs, mon prof de céramique est devenu quelqu'un de vraiment très important pour moi. C'est quelqu'un de passionné. J'aime trop. J'aime les gens passionnés. Et il me disait toujours, « Mais tes pièces, elles sont tellement nickels. Enfin, tranquille. » Et moi, je me mettais une pression, mais que j'aimais. Ça me nourrissait, en fait, cette pression-là. C'était pas douloureux. Et puis, petit à petit, j'ai laissé des imperfections. Et j'ai appris à les aimer et à les vendre aussi. Au début, je les vendais moins cher.
- Speaker #1
Je me rappelle.
- Speaker #0
Tu vois, tu te souviens ? Donc, génial. C'était un magnifique apprentissage. Vraiment.
- Speaker #1
Ton regard sur les imperfections a évolué.
- Speaker #0
Oui. Je pense quand même qu'il y a aussi l'âge, forcément. Mais ça, ça a été un accélérateur. Et donc aussi, je peux carrément faire le lien avec mon corps. Je crois. Je crois que c'est aussi...
- Speaker #1
Du coup... Ça m'aimait aussi, c'est ce que j'avais jamais fait lire.
- Speaker #0
Ça me dépasse, tu vois, mes mots me dépassent. Mais vraiment, je crois que c'est... Avec mon corps aussi, sur le papier, on est censé avoir de plus en plus d'imperfections. On est bien d'accord. Donc, c'est mal barré l'histoire. Mais non, et là, vraiment, avec mon corps, je sens que ça y est. J'apprends à aimer mes imperfections. Vraiment. Donc c'est pas mal, je le conseille à tout le monde, je suis en train de me dire.
- Speaker #1
C'est un ami. Tu es aussi maman, tu es devenue maman jeune. Comment est-ce que la maternité a changé ton rapport au temps et à la création ?
- Speaker #0
J'étais tellement jeune que je n'ai pas senti la bascule. Comme si j'étais passée presque du monde de l'enfant à celui de maman. Donc tant mieux d'un côté. En tout cas, en ce qui me concerne, ça s'est fait hyper naturellement. Et ce n'est qu'après. Des années après. Et il n'y a pas longtemps encore, je me suis dit, ma fille, elle m'a permis, je pense, de me cadrer. Malgré elle. parce que je suis quelqu'un qui va... C'est pas dans tous les sens non plus, parce que je sais où je vais, mais il y a toujours plein de branches. Plein, plein, plein, plein, plein. Et donc forcément, elle m'a posée en quelque sorte. J'en suis sûre qu'en fait, elle m'a fait du bien. Et puis j'ai aussi grandi avec elle. On grandit toujours avec nos enfants, mais je pense que moi, j'avais 22 ans, donc...
- Speaker #1
J'étais un bébé encore.
- Speaker #0
J'ai tout découvert, en fait. Puis en plus, je vivais dans un... Je suis arrivée au Pays Basque à ce moment-là. Elle avait un mois. Je connaissais personne. Je n'avais pas de travail à ce moment-là. C'était fou. On revenait d'un voyage à l'autre bout du monde avec son papa. Et ouais, je crois qu'elle m'a imposé ça. Son rythme aussi. Et c'est trop beau parce que ça m'a donné le cadre pour créer. Peut-être même que si j'avais plus de temps, donc pas d'enfants plus de temps, j'aurais eu du mal peut-être à créer aussi. Et là, ça m'a vraiment donné un cadre. Donc, c'est génial. Après, parfois, je me suis dit « Ah, c'est vrai que quand t'as pas d'enfant, tu peux faire plein de concerts n'importe où. » Ça a toujours été une grande organisation pour réussir à concilier les deux. Et puis, en plus, j'étais quand même très proche, enfin, je le suis toujours, mais... proche de ma fille, donc c'était très important de ne pas la laisser trop. Donc voilà, ça c'était le petit point peut-être plus compliqué. En même temps, tu sais aussi pourquoi tu le fais. Donc c'est plutôt cool ça. Et voilà, c'est vrai que ce moment-là de ma vie, j'avais trouvé, j'ai l'impression, un équilibre où en fait j'avais et du temps avec ma fille de qualité, et du temps pour créer, et du temps pour le mettre au monde. Et du temps pour mes amis, mes activités. C'est complètement fou. Parce que j'ai plus cette impression aujourd'hui. Mais en tout cas, à cette époque-là, je pense que ça dépend aussi dans quel contexte tu fais un enfant. Là, on était deux, on s'en occupait tous les deux, on travaillait ensemble. Donc voilà, c'est sûrement ça aussi.
- Speaker #1
Est-ce que tu as des rituels que tu partages avec ta fille ?
- Speaker #0
Alors, rituel, c'est un grand mot. En tout cas, je crois que si avec elle, on ritualise des moments peut-être de créativité. Ça nous arrive souvent, par exemple, le soir, après manger, je prends le piano et puis elle choisit une chanson. Moi, du coup, je m'entraîne en plus. Et puis, c'est elle qui chante, elle adore chanter. Donc, on se fait un moment de partage comme ça, musical, toutes les deux. J'adore ça. Mais ça peut aussi être lire un livre ensemble, cuisiner ensemble, danser. l'amasser. Il y a des petits moments comme ça qui nous permettent de nous remettre dans le lien et dans le présent. Et ça, j'adore. Et puis elle aussi. Pour le coup, elle... J'imagine chaque enfant, mais c'est vrai que quand tu es vraiment à l'écoute et dans ce moment de présence, pleine présence, c'est trop beau. J'adore. Donc j'essaye de... Ouais, c'est assez régulier finalement.
- Speaker #1
Si je reprends le rapport au corps, tout à l'heure tu en as parlé. Quand tu habites ton corps sur scène, est-ce que c'est différent dans ton quotidien ? Alors,
- Speaker #0
je me dis... « Habiter son corps » . C'est quoi ce délire ? Non, alors je me dis, écoute, habiter... En fait, je crois que j'habite ma voix, que ma voix habite mon corps, et que mon corps abrite ma voix. Mais du coup, qui suis-je là-dedans ? Là est la question. Je crois qu'en fait, mon corps, je l'habite en habitant les choses. Mais pour de vrai. J'adore ça. J'adore, c'est pas le mot, mais je ne vis que pour ça. Pour habiter les choses. Habiter...
- Speaker #1
C'est ce qui te rend vivante.
- Speaker #0
Moi, c'est ce qui me rend vivante. Et je crois que c'est de cette façon que j'habite mon corps. Et d'ailleurs, j'en parlais à une amie récemment, où elle me disait, moi, habiter mon corps... Enfin, elle avait pas mis ces mots-là, mais... Que elle, c'était très important d'aller dans la nature. Marcher, courir. C'était là où elle se sentait vivante. Et donc, j'imagine qu'elle habitait son corps, en fait. et moi je sais que je peux m'en passer complètement. Parce que chanter, en fait, me rend tellement vivante. Et à ce moment-là, je sens que mon corps est tellement habité. Ou même dans les rencontres que je fais.
- Speaker #1
T'as une réserve.
- Speaker #0
C'est ça, tu vois ?
- Speaker #1
Du coup, si par exemple, chanter sur scène, forcément, ça te rend vivante. Mais est-ce qu'il y a d'autres moments dans ton quotidien qui te rendent vivante aussi fortement que chanter sur scène ?
- Speaker #0
J'essaye en tout cas. Je crois que je suis dans cette recherche-là. J'aime être dans une écoute profonde de tout ce qui m'arrive. Ça peut être l'écoute de quelqu'un, mais aussi l'écoute juste d'un moment, ou d'un son, d'une saveur. Je m'extasie beaucoup. Et je crois que c'est mon moyen à moi de faire résonner les choses. Et donc mon corps, c'est le contenant de tout ça. Vraiment, je le sens. Aujourd'hui, j'en ai conscience et ce n'est pas un poids, c'est...
- Speaker #1
C'est une force.
- Speaker #0
Ouais, et c'est ce truc qui vient contenir et faire illuminer les choses. M'émerveiller. Ouais, voilà, m'émerveiller. Donc je crois que c'est à peu près le même rapport que sur scène.
- Speaker #1
Ok, j'ai vu. Parce qu'il y a des artistes qui ne vivent que pour la scène, et qui du coup peut-être trouvent leur quotidien un petit peu terne ou morose, mais là c'est pas le cas.
- Speaker #0
Non, c'est pas le cas. Mais en revanche, le quotidien me fait flipper. C'est-à-dire que la routine me fait peur. Tu n'as pas l'air d'en avoir beaucoup. Donc, je n'en ai pas beaucoup. Mais j'aime être à l'écoute, même par rapport à l'alimentation. Déjà, les deux piliers, c'est l'alimentation et le sommeil. Vraiment, en fait. Et je sais que si je n'avais pas ça, je partirais en voyant, total.
- Speaker #1
Toi, tu as dit qu'il peut t'arriver le pire problème du monde, tu dors.
- Speaker #0
Pas de souci.
- Speaker #1
Et l'alimentation, t'as des rituels, des choses bien précises ? Pas du tout.
- Speaker #0
C'est-à-dire que je peux oublier de manger, ça m'arrive souvent. Mais j'adore manger. J'adore, mais pareil, je suis à l'écoute aujourd'hui. Donc forcément, après t'as plus mal au ventre, tu te sens bien, tu te sens léger, t'es nourrie quoi. Mais je peux me nourrir d'une chanson.
- Speaker #1
Et c'est sympa, tu vois. Et justement, qu'est-ce qui t'aide à trouver des moments ... Pour toi, dans un quotidien bien rempli ?
- Speaker #0
Pas simple. Alors, je dirais que c'est vraiment des phases. Donc, c'est vraiment des phases. Le problème, c'est que j'aime tellement ce que je fais que ça pourrait être des moments... En fait, ce sont des moments pour moi.
- Speaker #1
Oui, donc ce n'est pas un problème au final.
- Speaker #0
Non, mais je suis souvent dans l'action.
- Speaker #1
Dans le faire.
- Speaker #0
Dans le faire. Et donc, c'est vrai que j'ai besoin. de me poser, j'adore. Mais parfois, il y a un petit sentiment de culpabilité qui peut me similiser. Ça dépend, en fait, ça dépend. Mais, tu vois, par exemple, récemment, j'ai pris un bain en plein milieu de l'après-midi. J'avais froid chez moi et je me suis dit, tiens, je prends la main. Et du coup, j'ai écrit une façon. Tu vois ?
- Speaker #1
Quand tu dis ça dépend, ça dépend de quoi ? De la saison ?
- Speaker #0
Peut-être que ça dépend de ce que j'ai à faire. Tu vois, s'il y a... Non, en fait, je te dis n'importe quoi, c'est pas vrai. C'est pas vrai. En fait, même si j'ai des trucs à faire et que je sens un truc, je le fais. Non, non, c'est pas vrai. Je me mens, je me mens. non non je crois que j'arrive en fait j'arrive à J'arrive à lâcher des trucs, c'est n'importe quoi. Du coup, je me mets en retard. Mais tu vois, typiquement, avant de venir, il fallait que j'éteinde mon linge. Et en fait, j'avais envie d'écrire un autre truc qui me sonnait à cœur. Vraiment, il fallait que je l'écrive. Du coup, j'ai écrit l'autre truc.
- Speaker #1
Tu t'éteindras de linge après. Tu vois ?
- Speaker #0
Mais du coup, je me mets un peu dans le speed. Je suis quand même souvent débordée. peut-être que c'est ce que je m'autorise le moins c'est faire du sport, je sais pas pourquoi je vais plus être dans un sentiment de culpabilité. Si je prends ce temps pour moi, comme si ça n'avait pas de valeur, en fait. Il y a un peu ce truc-là.
- Speaker #1
Ok.
- Speaker #0
Ouais. À méditer.
- Speaker #1
À méditer.
- Speaker #0
Avec quoi est-ce que tu te fiches la paix ? Avec quoi je me fiche la paix ? Je pense que les choses sur lesquelles je ne me fichais pas la paix avant existent toujours, sont toujours là, mais ça va mieux. Je suis un petit peu plus douce avec moi. même s'il y a encore du taf. Et avec quoi je me fiche la paix ? En fait, je crois que c'est ça, la réponse. C'est que c'est mes créations, justement parce qu'elles ne sont pas mentalisées. Parce qu'à partir du moment où je mentalise, par exemple, même l'éducation d'un enfant, c'est une construction. Et donc, c'est dur de se foutre la paix sur une construction. Donc, je me fiche la paix quand je suis complètement...
- Speaker #1
Quand tu ne mentalises pas.
- Speaker #0
Voilà. Quand je suis complètement dans mon intuition, dans mes créations sans but.
- Speaker #1
C'est génial.
- Speaker #0
Et ça, je crois que c'est pour ça que j'en ai tant besoin. Sinon, je vais être plus dure avec moi-même sur des conneries du quotidien. Tu vois, l'ordre.
- Speaker #1
Enfin, voilà. Voilà. Et qu'est-ce que tu assumes aujourd'hui que tu n'assumais pas il y a dix ans ?
- Speaker #0
Déjà mes chansons. Il y a dix ans peut-être, mon premier album, c'était il y a presque vingt ans. Aïe,
- Speaker #1
aïe, aïe, aïe.
- Speaker #0
Je ne pense pas les avoir assumées. Je les ai réécoutées récemment en plus. Et je me suis dit, mais il était trop cool cet album. Et je regrette. J'aurais aimé, j'aimerais le revivre juste pour ça. Parce que c'est certain que la réception aurait été différente. Donc clairement, c'est par rapport à moi. C'est que je n'acceptais pas beaucoup de part de moi. qui ne me permettaient pas d'accepter ces chansons-là. Donc aujourd'hui, je ne sais plus ta question, mais en tout cas...
- Speaker #1
Parce que tu assumes, excuse-moi, je dis que tu n'assumes pas, Ilaliz.
- Speaker #0
Ouais, donc mes chansons, donc forcément plus moi aussi.
- Speaker #1
Par contre, dans un concert, est-ce que tu es capable de rechanter des chansons de cet album-là ? Ou pas du tout ?
- Speaker #0
Alors non, parce que je ne sais plus les jouer. D'ailleurs, je joue aussi, je joue de la guitare un petit peu. Mais j'ai cette envie cachée. D'un jour... pouvoir peut-être les ressortir. Parce qu'en fait, l'essence de ces morceaux, même si les arrangements sont un peu dépassés, l'essence... Et pourtant, on m'a écrit ces chansons aussi. Mais tout était là. C'est là, quoi. La source, elle est là. Donc, il y a aussi cette naïveté qu'aujourd'hui, j'assume complètement. Bah voilà, par exemple. Je l'aime, en fait. Je l'aime, cette naïveté, parce qu'elle me porte dans plein d'endroits géniaux. Et surtout, je n'ai pas de limites, je n'ai pas de barrières. J'y crois toujours. Donc peut-être un peu trop parfois, mais ce n'est pas grave. En fait, ça me fait plus de bien que de mal.
- Speaker #1
Donc il n'y a pas de raison d'arrêter.
- Speaker #0
Voilà, peut-être ça. Et peut-être aussi, j'ai découvert ça récemment, d'être une artiste. C'est-à-dire de ne pas être justement tout le temps dans ce faire. qui définit notre société de travail. Et ça, je sais que c'est aussi mon éducation. Je me suis rendue compte que ce que je faisais le moins, par exemple avec mon duo, c'était vraiment d'être dans la création pure. Par contre, sur tout ce qui était démarchage, promouvoir notre projet, je n'avais aucun problème. Ça, c'était un vrai travail. Mais être derrière sa guitare, ce n'est pas un vrai travail, en fait. Si. Mais aujourd'hui, je... Je suis vraiment en voie d'acceptation de ça, ce qui est immense en fait.
- Speaker #1
Oui, carrément.
- Speaker #0
Mais voilà, c'est un long chemin.
- Speaker #1
Le meilleur, c'est le chemin.
- Speaker #0
C'est clair.
- Speaker #1
Tu en as déjà un petit peu parlé, mais où est-ce que tu trouves le silence dans ta vie ?
- Speaker #0
Dans mes nuits déjà, que j'adore. J'adore le silence, j'adore le noir. Et puis... Ouais, dans des moments... Je crois que j'essaie de me garder ces moments-là. Et ce que je découvre... Ces derniers temps, ces dernières années, c'est le moment où tu te réveilles et où tu n'as pas à sortir et où en fait je reste dans ce silence. Donc c'est pas tout le temps, mais quand ça m'arrive, j'adore. Je ne dis rien, je ne réponds pas au téléphone, je ne dis rien. Et mon premier mot peut surgir à 14h. Et dans ces moments-là, j'adore. Oh, quel bonheur ! Ouais.
- Speaker #1
Si ton rythme naturel... n'avait pas à s'adapter aux autres, qu'est-ce que tu abandonnerais en chemin ?
- Speaker #0
Malheureusement, je crois que mon rythme naturel est complètement barré. Et que même s'il n'y a pas de rythme établi, j'ai vraiment une énergie... Je ne savais pas que j'avais ça avant. Mais je crois que j'ai énormément d'énergie et je suis portée par... par l'élan. Donc j'ai du mal à m'arrêter. Donc finalement, ça me va bien ce truc à fond, mais aujourd'hui, c'est plus d'accepter que mon rythme n'est pas cohérent. Et qu'il peut y avoir des phases où vraiment je suis à fond, je dors pas, je suis portée par une énergie beaucoup plus grande que moi, je peux dormir 4h par jour, par nuit. Et c'est ok, tu vois. Et puis d'autres moments où je sens que y'a rien, quoi. Et donc là, c'est ok. Je peux aller au cinéma, lire des livres, j'adore lire, ne rien faire de spécial. Et ça, j'aime ça. Peut-être que ce serait ça, c'est d'assumer encore plus ces deux parts de moi, quand je le ressens et quand je sais que c'est là.
- Speaker #1
De s'écouter.
- Speaker #0
Voilà, ce serait ça.
- Speaker #1
Pour toi, réussir sa vie, ça veut dire quoi ?
- Speaker #0
Je n'aime pas cette expression.
- Speaker #1
Je sais, personne ne l'aime.
- Speaker #0
C'est pour ça que... Parce que réussir sa vie, ça voudrait dire qu'on peut l'échouer. Et donc, échouer sa vie, ça voudrait dire quoi ? Qu'on est mort. et donc être mort c'est-à-dire qu'on n'est pas en vie donc réussir sa vie ce serait être en vie donc je crois que c'est ça, réussir ma vie, être vivante et garder cette curiosité oser quoi et ne pas avoir de regrets si tu dis une chanson qui te reconnecte à ton enfant intérieur
- Speaker #1
Résiste de France Gall si tu pouvais chanter sur une scène Qui te fait rêver ? Un lieu symbolique ? Ce serait où ?
- Speaker #0
Ce qui me vient là, c'est l'Olympia.
- Speaker #1
Parfait. Je me doutais bien que tu n'allais pas me dire le Stade de France. Si tu pouvais partager un duo avec n'importe quel artiste, vivant ou disparu, ce serait avec qui ?
- Speaker #0
Très difficile. Parce qu'il faudrait que je connaisse cette personne pour vraiment en avoir envie. Donc sinon, ce ne sont que des projections. Mais là, comme ça, je dirais... Mais non, je ne sais pas pourquoi, je dirais La Nadelle Ray, parce que j'aime beaucoup ses chansons.
- Speaker #1
OK.
- Speaker #0
Voilà.
- Speaker #1
Si ta musique était un paysage, à quoi ressemblerait-il ?
- Speaker #0
L'apocalypse ?
- Speaker #1
Carrément.
- Speaker #0
Non, mais je ne sais pas. En fait, je vois tellement tout, là. Je ne sais pas, un paysage, ce serait... À la fois sombre et à la fois lumineuse. Non, mais on garde l'apocalypse. Apocalypse, je veux dire.
- Speaker #1
Si ta vie avait une bande-son, quelle chanson ouvrirait le générique ?
- Speaker #0
« Résiste » de France Gall. Vraiment, celle-ci, je peux la chanter, la danser.
- Speaker #1
Et pour finir, une femme inspirante qui t'accompagne symboliquement ?
- Speaker #0
Ma mère.
- Speaker #1
Merci beaucoup Gaëtan. Et si tu veux bien nous faire le plaisir de chanter un petit peu.
- Speaker #0
Ça nous ferait très plaisir. Ok. t'attends, je t'attends dans les coussins, dans l'auteur, dans l'ombre. Une partie de moi est restée là, dans ce monde où nous étions deux. Merci beaucoup. Merci beaucoup.
- Speaker #1
La chœur de poule, moi aussi. Merci d'avoir partagé ce moment avec nous dans le juste rythme. J'espère que cet épisode vous a offert Un souffle, un sourire ou une idée à glisser dans votre quotidien pour avancer un peu plus à votre rythme. Si cet échange vous a plu, parlez-en autour de vous et abonnez-vous à votre plateforme préférée. Laissez un commentaire, c'est ce qui permet au podcast de rayonner. Pour découvrir d'autres épisodes ou me contacter, rendez-vous sur le juste rythme. Et si une femme inspirante vous vient à l'esprit, écrivez-moi, elle pourrait être ma prochaine invitée. A très bientôt, et d'ici là, prenez soin de votre cœur, de votre corps. de votre tête.