- Speaker #0
Donc je le dépassais tous les jours pour aller au handball. Ils m'interceptaient. Il faut venir faire du basket. Je dis non, moi je fais du handball.
- Speaker #1
À cette époque-là, est-ce qu'il y a beaucoup de joueuses africaines ? Il n'y en a pas.
- Speaker #0
Qui étaient ici pour aller jouer en France, pour dire que tu vas aller jouer en France. Non, là, tu sens les préjugés. Je suis l'africaine, je vais venir, je vais griffer. Je leur dis, écoutez, vous savez, on risque de perdre contre le Sénégal. Ils me disent « Ah bon ? » Je dis « Oui, nous on a des… on a bout. » Parce qu'avant, le contrat, il se coupait. D'accord.
- Speaker #1
Il vous tombait enceinte.
- Speaker #0
Oui, le contrat, il est coupé. C'est le championnat du monde qui m'a fait découvrir c'était quoi le basket de haut niveau. C'était quoi le basket de haut niveau. Et je pense que c'est à partir de là que je me suis dit « Je veux être basketteuse. »
- Speaker #1
Une femme d'exception. Je reçois une femme qui a brisé des carrières. Elle a cassé des codes. Elle a ouvert des portes. Elle a changé les règles du jeu. Je reçois Madame Fatou Hinenjai dans le OVSHOW. Bonjour Fatou, vous allez bien ? Bonjour,
- Speaker #0
ça va bien, merci.
- Speaker #1
Bien installée ?
- Speaker #0
Très bien.
- Speaker #1
C'est un plaisir de vous recevoir, vraiment un grand, grand plaisir. Je parlais avec elle en off, je connais très,
- Speaker #0
très,
- Speaker #1
très peu son histoire, je voulais garder la surprise. Vous savez, je suis un fan de basket, donc je reçois une basketteuse de légende. Attention, je vous préviens, c'est une basketteuse de légende que vous voyez ici. Et aujourd'hui, elle va nous partager son histoire, son parcours, ses défis tout au long de sa carrière et surtout nous dire qu'est-ce qu'elle fait aujourd'hui encore parce qu'elle fait beaucoup, beaucoup, beaucoup de choses. mais Fatou, je vais vous laisser vous présenter d'abord. Comment vous vous présentez aujourd'hui avec tout ce que vous avez fait et tout ce que vous faites aujourd'hui ? Comment vous vous présentez à quelqu'un qui ne vous connaît pas ?
- Speaker #0
Je me présente en tant que Fatkine Ndiaye, une ancienne professionnelle internationale, sénégalaise d'abord, puis française par la suite, de basket. Et aujourd'hui, je suis présidente de Pulse Africa Sport, une asso qui est dédiée aux jeunes filles pour les accompagner dans leur double projet études et sport.
- Speaker #1
D'accord, d'accord. Très belle présentation. Et vous avez entendu, elle a joué pour l'équipe du Sénégal et l'équipe de France. Et ça, c'est une question que j'ai pour elle. On va y arriver. Mais Madame Diaï, d'abord, est-ce que vous pouvez me dire, vous êtes née où ?
- Speaker #0
Alors moi, je suis née à Dakar, dans le quartier du Point E. Je suis née en face du Tour de l'œuf, ce qui est aujourd'hui la piscine olympique. Je suis née là, j'ai grandi là. Et donc, je pense que c'est de là que l'amour, la passion du sport m'est venue. Parce que le Tour de l'œuf, vous savez, le Tour de l'œuf, c'était des terrains. Plein de terrains, des terrains de football, de handball, de basket. C'était vraiment multisport.
- Speaker #1
Tout à fait.
- Speaker #0
Et tout le quartier, quand on finissait l'école, on se retrouvait là à pratiquer, donc à faire du sport. Donc, c'est très, très vite que je me suis retrouvée dans le sport. Il y avait aussi l'université, juste à côté de l'université aussi. Et c'est là que, voilà, après les cours, on allait pratiquer le sport. OK.
- Speaker #1
Mais avant d'arriver dans le sport, comment vous diriez, comment était votre enfance ? Déjà, vous êtes dans une grande famille ?
- Speaker #0
Non. Pas vraiment. Pas vraiment dans une grande famille. J'étais petite. D'abord, j'ai eu un père, un ancien militaire français. Et après, il est resté en France. Il a fait sa carrière dans la poste. Donc, je sais qu'au début, il voulait qu'on aille tous vivre en France avec lui. Mais ma mère n'a pas supporté. Donc, on est resté là. Mais mes deux soeurs, j'ai deux grandes soeurs qui ont suivi le papa. et le grand frère aussi. Et moi, je suis restée ici avec ma maman. D'accord. Toute petite, jusqu'à l'âge de 10 ans, 12 ans. Et après la retraite, mon père est venu.
- Speaker #1
D'accord. Donc, vous étiez toute seule avec votre maman ici.
- Speaker #0
Avec la maman ici, oui.
- Speaker #1
D'accord. Entre l'école.
- Speaker #0
Entre l'école. Et le sport. Voilà.
- Speaker #1
Mais de ce que j'ai lu, le sport, ce n'était pas tout de suite le basket. Ce qui vous intéressait, c'était le hand.
- Speaker #0
Oui, ce qui m'intéressait, c'était le hand. Parce que dans le quartier, les grandes sœurs, les copains, tout le monde faisait du hand au duc à l'université. Donc, c'est naturellement que je les ai suivis.
- Speaker #1
Bien sûr.
- Speaker #0
Oui, je les ai suivis. Et que vraiment, pour me sortir de là, il a fallu que mon entraîneur, Kader Diallo, il a fallu qu'il se batte pour me... pour m'arracher du handball.
- Speaker #1
Mais il vous arrache du handball parce qu'il vous repère, il vous voit ? Oui.
- Speaker #0
En plus, c'est comme un oncle. Il était de la famille. On est des Saint-Louisiens. Team Saint-Louis. Team Saint-Louis. Donc, il me voyait. Donc, lui, il était sur le terrain du duc de basket. Donc, je le dépassais tous les jours pour aller au handball. Il m'interceptait. il faut venir faire du basket, je dis non moi je fais du handball tous mes amis sont au handball, je ne fais pas de basket, donc c'est quand il en a eu marre, il est allé voir mon papa un jour, oui carrément il est allé voir papa il a dit, Fatou je lui dis de venir faire du basket, mais elle ne veut pas elle va au handball et tout ça parce que je la regarde je sais qu'elle a un bon physique elle pourrait faire quelque chose avec le basket mais elle ne veut rien comprendre Donc ce jour-là, quand je suis revenue à la maison, papa m'appelle et tout. Il me dit, attends, ton cadet, il est venu ici. J'ai dit, qu'est-ce qu'il veut celui-là ? Je lui ai dit, qu'est-ce qu'il veut encore ? Il dit qu'il faut que tu ailles faire du basket avec lui. Non papa, moi je ne veux pas faire du basket. Il me dit, si, si, si. Et c'est comme il est venu jusqu'ici. Franchement, voilà, vas-y. Et puis si ça ne te plaît pas, tu arrêtes. Mais vas-y quand même, ne me fais pas honte et tout ça. Donc... OK, c'est comme ça, je suis allé le premier jour, et je suis allé faire et tout. J'avoue que je n'aimais pas, parce que par rapport à une balle, une balle, ça cogne, on se rampe dedans et tout ça.
- Speaker #1
Exact.
- Speaker #0
Le basket, boum, il y a faute. Tu prends la balle, tu marches. Je dis, mais c'est quoi ce sport-là ? On ne se touche pas et tout, moi, je ne fais pas ça.
- Speaker #1
Et puis naturellement, je trouve que le hand, jeter le ballon. Oui. Comparé à tirer au basket, ce n'était pas pareil. Ce n'était plus « naturel » de tirer au hand que de tirer au basket. Donc, si on n'en a jamais fait, quand on arrive le premier cours,
- Speaker #0
c'était quand même assez bizarre. Bon, j'y vais, ça ne me plaisait pas trop. Donc, le lendemain ou le surlendemain, Tonton Kader, on habitait ensemble, au point E. Donc, du coup, il vient me chercher. Par force, il vient me chercher, on va à l'entraînement et il me ramène à la maison. Et c'est comme ça que ça a démarré.
- Speaker #1
Vous aviez quel âge quand ça a...
- Speaker #0
J'avais 14 ans.
- Speaker #1
En plus, parce que si ça a été quelque chose de plus jeune, ça veut dire que vous pouvez... Allez, si vous avez 8-9 ans, vous avez le temps de développer vos aptitudes après au basket. Mais 14 ans, beaucoup de gens, on va dire entre guillemets... Il y a déjà beaucoup de choses faites. C'est un peu dur de faire une carrière pour quelqu'un qui commence tard.
- Speaker #0
Exactement, c'est mon cas. J'ai commencé à 14-15 ans. J'ai commencé le basket très tard. Très, très tard par rapport à mes coéquipiers qui sont passés par le mini-basket et tout ça. Pendant qu'ils faisaient ça, moi, j'étais au handball. Mais Tonton Kader, il a forcé, il venait me chercher. Ma maman disait, elle est là, elle se cache. Il venait me tirer, il m'amenait, il me ramenait. à Après, on se fait des copines. Bien sûr. Voilà, on se fait des copines et ça a commencé à me plaire. Et c'est comme ça que je suis arrivé au basket.
- Speaker #1
Alors, c'est comme ça que vous arrivez au basket. Mais entre-temps, il y a l'école. À l'école, vous faites quoi ?
- Speaker #0
Alors, à l'école, j'étais au lycée Blaise Diagne. J'étais au lycée Blaise Diagne. C'est pareil, j'étais au lycée Blaise Diagne. Et pourtant, quand j'étais au lycée Blaise Diagne, il y a un entraîneur, c'était So. Donc c'était mon prof d'éducation physique. Et donc j'étais là au lycée. Chaque fois, je lui demandais un ballon. Prête-moi un ballon, je vais aller shooter et tout ça. Il me disait, va apprendre tes leçons, vas-y et tout ça.
- Speaker #1
Ah, mais donc la passion du basket est arrivée parce que maintenant, vous réclamez le ballon.
- Speaker #0
Voilà, là, je réclame le ballon et tout. Mais lui, il n'a pas vu ce que Kader, tonton Kader a vu. Lui, au contraire, il me... Et après, plus tard, il a dit vraiment, j'ai regretté parce que c'est l'entraîneur de la gendarme. Et c'était l'entraîneur national et l'entraîneur de la gendarme. Il disait que vraiment, il n'a pas vu.
- Speaker #1
Il n'a pas eu le flair.
- Speaker #0
Sinon, je serais allé à la gendarme.
- Speaker #1
Et c'est super intéressant. Et en fait, moi, la question que je me pose, c'est. Quand vous découvrez le basket à 14 ans, il y a les copines, ça commence à plaire, tout. Mais dans votre tête, il n'y a pas encore cette idée de faire une carrière professionnelle.
- Speaker #0
Non, non, non.
- Speaker #1
Pas du tout. Dans l'orientation de vie que vous pensiez à ce moment dans votre tête, à la suite des études, vous pensiez faire quoi ? Vous vouliez vous orienter vers quoi ?
- Speaker #0
J'avoue qu'à 14-15 ans, on ne se pose pas la question. On est là, on a la passion, on joue, on ne se pose pas trop de questions. On essaie de progresser, d'échelonner. Ce que j'ai fait très vite. À 16 ans, j'étais surclassée déjà. En un an, un an et demi, j'étais déjà surclassée. Et j'ai été remarquée par l'entraîneur national Bonaventure Carvalho.
- Speaker #1
En un an et demi.
- Speaker #0
Alors, l'équipe nationale s'entraînait à l'époque deux fois par semaine au stade Marisignac. Donc, un beau jour, Tonton Kader vient et me dit, il faut qu'on aille à l'équipe nationale. Je lui dis, équipe nationale ? Moi, il me dit, oui, oui, il y a l'entraîneur qui te réclame là-bas. Je dis, ah non, non, non, je peux pas. Il me dit, si, si, on va y aller. C'était le mardi, on y va à l'entraîneur. Alors, il criait, il criait, il faisait peur. Il criait sur les joueuses. Moi qui suis encore débutante, il va crier encore plus. Et donc, on y va cette fois-là. Je reviens, je devais y retourner le jeudi. Donc, Adar me dit, il faut que tu retournes. Je dis, je ne retourne pas. Il me dit, si, si, il faut que tu retournes. Je dis, je ne retourne pas encore. Mais pourquoi ? Je dis, je ne suis pas encore prête. continuons à travailler ici. Quand je serai prête, je vais aller. Comme ça, il va moins crier. Mais là, pour l'instant, non. Et effectivement, c'est ce qu'on a fait. Oui, j'ai arrêté. Et après, quand j'étais vraiment confirmée, ma place en équipe senior, là, je suis retournée. Et là, il n'y avait pas à discuter.
- Speaker #1
Parce que pour que j'explique aux gens, pour qu'ils comprennent, c'est que quand vous arrivez en équipe nationale à 16 ans, Les vos coéquipières, elles, elles ont 20 ans, 22 ans, elles sont plus âgées en équipe nationale. Oui, oui. Vous êtes une des plus jeunes.
- Speaker #0
Oui, je suis l'une des plus jeunes. Enfin, je suis arrivée à 79, j'avais 17 ans. 79, les premières compétitions, on a fait le tournoi de la zone 2. Et puis, on a fait aussi les championnats du monde derrière. D'accord. Alors, c'était dans une période où... L'entraîneur national Bonaventure Carvalho voulait faire une transition. Les joueuses devaient aller à la retraite. Donc, il a pris au moins six jeunes joueuses pour commencer à construire la suite. C'est comme ça que je suis arrivée dans cette période-là.
- Speaker #1
D'accord. Et ça vous fait quoi quand vous portez le maillot du Sénégal la première fois ?
- Speaker #0
Quand je porte le maillot du Sénégal la première fois, en plus c'était fort, très très fort parce qu'on est parti pour faire le tournoi de la zone 2. C'est la Guinée qui avait organisé. J'ai les origines guinéennes aussi, du côté de ma mère. Et à l'époque, ce tournoi-là était super important parce que c'est l'époque où Sékou Touré... se réconcilier avec le président Senghor Abdujouf. Abdujouf, non Senghor. Ils se réconciliaient parce que pendant longtemps, ils étaient en froid et tout ça. Et donc, ils ont organisé ce tournoi-là pour célébrer.
- Speaker #1
Montrer le signe de réconciliation.
- Speaker #0
Et on a été reçus par le président Sekou Touré au palais. Il nous a reçus toute l'équipe et tout ça. Wow. Voilà. Et il m'a dit, toi, je te reconnais, ta maman, elle est guinéenne. On m'a dit que ta maman, elle est guinéenne. Donc, tu ne dois pas jouer avec l'équipe du Sénégal. Je vais te prendre, tu vas venir jouer avec l'équipe de la Guinée. Donc, ça, c'est bien resté. Et c'est vrai que c'était fort. Comme première sélection, c'était fort.
- Speaker #1
J'imagine parce qu'il y a cette fierté de porter le maillot du Sénégal. En même temps, il y a de la famille peut-être guinéenne qui vient vous regarder jouer. Contre eux, donc forcément, il doit y avoir beaucoup d'émotions. Et comment vos parents réagissent ? Parce que finalement, est-ce qu'il y avait d'autres gens dans le sport, dans votre famille ? Ou vous êtes la première à vraiment porter le maillot du pays dans la famille ?
- Speaker #0
Oui, je suis la première à porter le maillot du pays. Mon grand frère était footballeur, il était très bon footballeur. dans l'équipe nawetan du point E qu'on appelait le Hakadju. Il était très doué, mais très tôt, il a eu des blessures et ça l'a freiné. Je pense que lui, il avait vraiment des chances d'aller très loin dans le sport, mais à cause des blessures, il n'a pas pu. Donc, je suis la seule à porter.
- Speaker #1
Et comment les parents réagissent à cette première sélection ?
- Speaker #0
Les parents réagissent. C'est vrai que du côté de ma mère, elle ne comprenait pas tout le temps. Elle met dans le jardin à la maison. Et j'avoue que c'est mon papa, militaire, sportif. C'est mon papa qui m'a beaucoup poussé. Parce que quand maman me disait, non, viens, tu dois apprendre à faire la cuisine. Chaque fois, tu pars, entraînement, entraînement. Non, non, non, aujourd'hui, tu ne pars pas. Tu es à la cuisine, tu apprends, tu vas voir comment on fait ci, comment on fait ça. Tu dois rester à la cuisine. Et puis, mon papa disait, non, laisse-la partir. Elle a tout le temps pour apprendre à faire la cuisine. Laisse-la partir faire du sport. Donc vraiment, merci papa. Donc vraiment, à cause de lui, grâce à lui, j'ai pu...
- Speaker #1
Il était fier. Il avait sa fille qui portait le maillot du Sénégal. Bien sûr, il y a la fierté. Donc, première compétition, on va dire internationale. Vous portez le maillot de l'équipe du Sénégal. Combien, donc après il y a le retour, vous jouez pour quel club ici au Sénégal ?
- Speaker #0
As fonctionnaire.
- Speaker #1
As fonctionnaire.
- Speaker #0
L'association des fonctionnaires.
- Speaker #1
Est-ce que vous pouvez me rappeler combien de fois vous avez été élue meilleure joueuse du championnat ?
- Speaker #0
Alors là, je ne peux même pas dire.
- Speaker #1
Parce que vous avez été élue meilleure joueuse du championnat du Sénégal ?
- Speaker #0
Enfin, j'ai gagné trois fois le championnat du Sénégal.
- Speaker #1
Trois fois le championnat du Sénégal.
- Speaker #0
Trois fois la coupe Madame Abdou Diouf.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Et puis championne junior également. Voilà un peu les titres que j'ai gagnés au niveau de mon club. D'accord.
- Speaker #1
Mais donc là maintenant, est-ce que quand vous êtes dans ce processus-là, est-ce que vous êtes une joueuse considérée comme une joueuse professionnelle ? Est-ce que vous gagnez votre vie à ce moment-là avec ça ? Ou est-ce que vous continuez les études en même temps que vous jouez ?
- Speaker #0
Non, on continue les études. On continue carrément les études. Il n'y avait pas de... Ce n'était pas encore un métier. Ah non, ce n'était pas du tout encore un métier.
- Speaker #1
Et quand vous continuez les études, vous vouliez faire quoi ?
- Speaker #0
Moi, je voulais être comptable. Je voulais faire la comptabilité. D'ailleurs, après le bac, quand je suis parti en France, j'avais commencé pour faire un BTS de comptabilité. Mais comme je dis, à un moment donné, il fallait faire un choix entre le professionnalisme basket et les études. Et comme j'avais toutes mes chances, j'ai choisi. d'être basketteuse professionnelle.
- Speaker #1
Donc, vous jouez pendant trois ans ici, au Sénégal. Vous remportez donc tes championnats. À quel moment vous partez en France ?
- Speaker #0
Alors, à quel moment je partais en France ? Comme je vous ai dit au départ, j'avais de la famille en France. Mes soeurs, mon frère, ils étaient tous en France. Donc, j'allais quand même pendant les vacances, faire des vacances et revenir. Et ce qui m'a déclic dans ma tête, c'est quand on est parti au championnat du monde. D'accord. Quand on est parti au championnat du monde, c'était à Séoul. En parenthèse, j'ai une anecdote. Ah oui ? On est parti à Séoul. Les Coréens, je pense qu'ils n'avaient jamais vu de noir dans leur vie. Et on partait au marché, donc on avait les tresses. On avait les tresses. et On demandait, par exemple, quand on était intéressé, on demandait la barrière de la langue, déjà, c'était compliqué. Mais tu sentais que la vendeuse, ce n'était pas ça qui l'intéressait. Donc, d'un seul coup, ils te tiraient les cheveux pour voir si vraiment c'était tes cheveux qui étaient collés à la tête. Ou bien alors, ils te frottaient la peau pour voir si la noirceur, là, ça allait rester sur leur... Incroyable. Oui, ça s'est resté.
- Speaker #1
Non, j'imagine parce qu'on est en quelle année quand vous parlez ?
- Speaker #0
Ça, c'était en 79. 79. Oui, le championnat du monde.
- Speaker #1
Pour que les gens comprennent, on n'est pas encore dans le monde d'aujourd'hui où tout le monde est connecté, on voit un petit peu ce qui se passe. Donc j'imagine ces gens à Séoul qui voient débarquer l'équipe du Sénégal féminine.
- Speaker #0
Noir, il est noir pour la première fois, ils voyaient ça en tout cas. C'était quelque chose, en fait. J'imagine ce voyage partiel. Et même nous, voir des Coréens, c'était... Mais ça, c'est la magie du sport. C'est le sport qui fait ça.
- Speaker #1
Incroyable, qui fait traverser le monde. Et plus de frontières. Tout le monde se rencontre,
- Speaker #0
tout le monde s'affronte,
- Speaker #1
tout le monde partage.
- Speaker #0
Tout le monde partage. Ce que je disais tout à l'heure, ça crée les liens, ça renforce les liens. entre les pays et tout. Donc vraiment, ne serait-ce que pour ça, être international, c'est...
- Speaker #1
Ah oui, non, bien sûr. Ça fait voir le monde sous un autre œil, de pouvoir être international. Et c'est une chance, d'un, de représenter son pays, de porter les couleurs de son pays et de voir le monde à travers tous ces championnats, tout ce que vous avez pu vivre. Et donc, est-ce que ce championnat Séoul, c'est le premier, je vais dire, voyage international loin ?
- Speaker #0
Loin, bien sûr. C'est le premier voyage international loin. Et donc, quand on est parti là-bas, donc une petite équipe du Sénégal aussi, championne d'Afrique.
- Speaker #1
Vous étiez championne d'Afrique en Tic-Tac-Toe ?
- Speaker #0
Oui, oui, oui, on est championne d'Afrique. À l'époque, on gagnait tous les titres. Mais c'était l'équipe de transition, comme je vous disais, nous les jeunes qui venaient et tout ça. Donc vraiment, on allait là-bas pour avoir de l'expérience.
- Speaker #1
C'était plus de l'apprentissage.
- Speaker #0
Oui, exactement.
- Speaker #1
Ce n'était pas pour... gagner parce que vous savez que c'est compliqué mais au moins à fond.
- Speaker #0
Pas du tout. D'ailleurs, tous les matchs, c'était minimum 20-30 points de cas. Je jouais contre les Etats-Unis. Alors, je jouais contre les Etats-Unis. On joue. Alors moi, je n'étais pas titulaire, j'étais remplaçante. Donc, on joue. Fatou Mbeye, qui est la titulaire, elle fait deux, trois allers-retours et tire la langue. Elle dit, changement, changement. Moi, j'étais là, sur le bout, là, je dis, mais, à ma copine, là, je dis, mais qui ? Elle n'y a que faille de main. Elle n'a même pas joué, même pas deux minutes, elle demande changement. C'est quoi ça ? L'entraîneur, il m'a entendu. Et d'un seul coup, il m'a dit, Fatou, changement. Je vais m'asseoir. Je dis, c'est tout ? Il dit, d'habitude, je ne rentre pas à cette heure. Il m'a dit, allez, changement, je rentre. un aller-retour, deux aller-retours, j'étais asphyxiée.
- Speaker #1
Ah, le tempo des amis. Ah non,
- Speaker #0
non, non, incroyable. J'étais, je fais comme ça, changement, ils me regardent même pas. Je parlais. Tu parlais, allez maintenant, cours. Non, mais pour te dire que, bon, c'est les sept championnats du monde là qui m'ont fait découvrir c'était quoi le basket haut niveau. C'était quoi le basket haut niveau. Je pense que c'est à partir de là que je me suis dit, je veux être basketteuse. Je veux être basketteuse, je veux jouer comme elle, les États-Unis, la France, le Japon. Je veux être comme ces filles-là, je veux atteindre ce niveau-là. Je pense que c'est à partir de là que j'ai commencé à rêver.
- Speaker #1
À rêver et à dire que maintenant, ce n'est plus une passion, je veux en faire quelque chose, je veux en faire une profession.
- Speaker #0
Exactement.
- Speaker #1
Et donc, c'est après ce championnat-là ?
- Speaker #0
Après ce championnat-là, on est revenus. J'ai fait le championnat d'Afrique en 1981. D'accord. On a fait le championnat d'Afrique. On a été championne d'Afrique. Et c'est là que j'étais MVP du championnat. Et c'était ici à Dakar. Wow,
- Speaker #1
à la maison en plus.
- Speaker #0
Wow,
- Speaker #1
ça devait être la fête, cette victoire-là.
- Speaker #0
Ah oui, c'était dur. C'était contre une grande équipe de Zahiroises. Une grande équipe zahirouise qui nous a vraiment malmenés, fatigués, fatigués. On a arraché la victoire de 7 points ici. C'était quelque chose.
- Speaker #1
Ça devait être quelque chose la fête aussi. Comment vous avez célébré ? Parce que j'ai posé la même question aux grands frères Maktar quand ils ont gagné leur titre ici, vous les garçons, champions d'Afrique. Vous, comment ça se passe ? Quand le buzzer retentit, vous savez que vous êtes champion d'Afrique, mais en plus... Pour vous, ce n'est pas une sensation nouvelle parce que vous l'avez déjà gagné deux fois ou trois fois avant le championnat d'Afrique ?
- Speaker #0
Non, ça c'est une fois. D'accord. Ça c'est le championnat du Sénégal.
- Speaker #1
Ah d'accord, donc c'est le championnat du Sénégal que vous avez gagné trois fois.
- Speaker #0
Oui, oui.
- Speaker #1
Et le championnat d'Afrique, vous ne l'aviez plus gagné depuis combien de temps ?
- Speaker #0
Non. Ah,
- Speaker #1
c'était le premier titre ?
- Speaker #0
À moi.
- Speaker #1
Oui, à vous.
- Speaker #0
Mais sinon, avant, les Lyonnes gagnaient tous les titres.
- Speaker #1
Non, c'est ça. C'est pour ça que je disais que les Lyonnes avaient déjà été champions. Ah,
- Speaker #0
plusieurs fois.
- Speaker #1
Mais pas à la maison.
- Speaker #0
Pas à la maison,
- Speaker #1
oui.
- Speaker #0
C'est ça. À la maison.
- Speaker #1
À la maison. Comment vous vous sentez quand le buzzer retentit ? Et là, vous savez que c'est fini. Vous êtes championne d'Afrique et à la maison. Le stade qui crie, le stade qui est derrière vous, c'était comment la sensation ?
- Speaker #0
C'était fort parce qu'à l'époque, il y avait des barrières comme ça. Mais bon, les gens pouvaient traverser et venir. D'un seul coup, le terrain est envahi. Mais c'était toute une pression qui descend. Parce que jouer à domicile, ce n'est pas simple. Ce n'est pas simple. Donc, c'est beaucoup de mélange de sentiments. Mais avant tout, c'est... C'est la joie, c'est le bonheur, c'est le graal.
- Speaker #1
Et en plus, vous êtes élue meilleure joueuse du tournoi.
- Speaker #0
Meilleure joueuse du tournoi, oui.
- Speaker #1
Donc là, je vais dire, il y a beaucoup de choses que vous avez accomplies au Sénégal. Vous avez gagné des titres nationaux. Vous avez été championne d'Afrique. Vous avez été élue meilleure joueuse du championnat d'Afrique. Meilleure joueuse du championnat sénégalais. Donc je vais dire, tout est tracé. pour que vous continuiez à régner sur le basket sénégalais. Oui. Mais vous, vous partez.
- Speaker #0
Je partais, comme je vous ai dit, parce que j'avais mon rêve.
- Speaker #1
Vous avez ce rêve.
- Speaker #0
J'avais ce rêve.
- Speaker #1
Donc, vous partez en France. Mais est-ce que vous partez en France en 10 ans à vos parents ? Parce que vous avez quel âge à ce moment-là ?
- Speaker #0
J'avais 20 ans.
- Speaker #1
20 ans. On connaît les familles sénégalaises. Vous laissez partir la petite dernière.
- Speaker #0
Même pas 20 ans, j'avais 19 ans. Et j'avais 19 ans. Papa et maman étaient ici. Moi, j'étais la petite fille.
- Speaker #1
Parce que vous avez dit que votre père est rentré.
- Speaker #0
Mon père est rentré. C'était seulement papa, maman et moi. J'étais là avec eux. C'était extrêmement dur.
- Speaker #1
Et j'imagine que pour les parents, c'est la petite dernière. Donc, c'est elle qui va rester avec nous au Sénégal, qui va prendre soin un petit peu de nous. Et surtout, on ne peut pas leur dire à cette époque-là, je vais aller faire une carrière de basket en France.
- Speaker #0
Je n'ai pas dit. Je n'ai pas dit du tout. J'allais en vacances comme d'habitude.
- Speaker #1
Donc la version officielle, vous allez juste en vacances voir les frères et soeurs.
- Speaker #0
Voilà, exactement.
- Speaker #1
Jusqu'au moment où ?
- Speaker #0
Jusqu'au moment où je leur dis, papa, maman, je reste ici, je vais jouer en France.
- Speaker #1
Je ne reviens pas.
- Speaker #0
Je ne reviens pas. Et ça, non seulement ça, quand mes dirigeants ont su que je n'allais pas revenir au Sénégal, j'ai fait encore autre chose. C'est encore autre chose. Ils sont venus au niveau des parents. Déjà que c'était difficile pour que ça passe. Quand ils sont revenus au niveau des parents, non, il ne faut pas qu'elle reste là-bas. Il faut qu'elle revienne. Elle est partie là-bas, comme ça, ça ne va pas aller. Il faut qu'elle revienne. On va la préparer pour que l'année prochaine, qu'elle parte avec un club et tout. Moi, je sais, si je reviens, c'était fini. J'allais pas repartir. Mais j'ai dit, chaque jour, chaque jour, papa, il m'appelait, ma maman et tout. Non, il faut que tu viennes, ton président était là. Il faut que tu reviennes. Je dis non, papa, je reviens pas, je reste ici. Et c'était dur.
- Speaker #1
Et quand vous êtes en France, vous êtes dans quelle ville ?
- Speaker #0
Je suis à Paris, chez ma soeur. Je suis à Paris, chez ma soeur. Après... Après, j'ai dit, bon, OK, tu restes là, mais voilà, il faut trouver un club quand même et tout ça. Et donc, avec les copains qui étaient déjà partis, il y en avait un qui m'a trouvé, qui m'a dit, tiens, je t'ai trouvé un club. C'était un club qui était dans le sud de la France, qui jouait en National 3 ou 4. J'ai dit, ah oui, c'est bien, pour commencer, c'est bien, je vais aller faire les tests là-bas. Donc, je prends le train, je vais là-bas, je fais le test. Je me baladais. C'était trop facile. C'est quoi ce basket-là ? Ici, ce n'est pas ma place. Je ne reste pas là. Je reviens à Paris. Je regarde avec les connaissances et tout ça. Je vois qu'il y a quand même des clubs à Paris. Il y avait à l'époque trois clubs en première division. Le Stade français, Agner, et puis il y avait Racing Club de France. D'accord. Et il y avait Orly, et pareil, il était en deuxième division. Je me suis dit, il y a cinq clubs là, je vais tenter ma chance. Je vais tenter ma chance, c'est ce que j'ai fait. Je suis allée dans les cinq clubs. Oui. Oui, et Horacine, c'est Horacine qui m'a retenue.
- Speaker #1
Alors moi, ce qui m'intéresse, là, dans ce que vous dites, c'est la détermination. Parce que vous n'avez pas d'entrée dans ces clubs-là. Est-ce que vous connaissez des gens dans ces clubs ? Vous ne connaissez personne ?
- Speaker #0
Pas du tout. Pas du tout.
- Speaker #1
Et pour que je puisse comprendre aussi, à cette époque-là, est-ce qu'il y a beaucoup de joueuses africaines ? Il n'y en a pas. Il n'y en a pas ?
- Speaker #0
Qui étaient ici pour aller jouer en France, pour dire que tu vas aller jouer en France ? Non. Les garçons partaient. Les garçons avaient le droit. D'ailleurs, c'est eux qui venaient, même les Français, les Espagnols. Ils venaient ici, regarder, chercher les talents et les ramener. Mais les filles, on n'y pensait pas.
- Speaker #1
D'accord. Mais donc, comment vous faites ?
- Speaker #0
Justement pour avoir des essais avec ces clubs, c'est vous qui allez ?
- Speaker #1
C'est moi, j'appelle, on me donne, j'appelle, je suis là, on me dit oui, vous voulez venir, on s'entraîne, je fais l'entraînement et tout, voilà,
- Speaker #0
comme ça. Et moi, c'est cette notion qui est super importante parce que… Vous avez cru en votre rêve, vous avez cru en votre talent, vous avez cru en votre force et vous n'avez pas laissé...
- Speaker #1
Personne ne m'a dit...
- Speaker #0
Vous n'avez pas laissé quelqu'un vous dire non, tu restes à Dakar ou tu fais ça. Vous auriez pu, une fois arrivé en France, dire ah bon, je ne trouve pas de club, ce n'est pas grave, je vais trouver un petit boulot en attendant tout et tout. Non. Vous êtes allé à taper aux portes de tous ces clubs-là en Ile-de-France pour dire « Je suis là, regardez-moi jouer, je veux jouer et je vais vous montrer que j'ai le niveau pour jouer. » Et vous faites combien d'essais ? Déjà, c'est quel club chez qui vous signez ? Et vous faites combien d'essais avant de trouver ce club ?
- Speaker #1
Non, juste un seul essai. Un premier essai. Un entraînement avec l'équipe. Après, je regarde. Mais c'est le racing qui m'a donné la chance. Oui, le racing qui m'a donné la chance. Mais après, c'est plein d'embouches, ce n'était pas facile.
- Speaker #0
Moi, c'est ça qui m'intéresse parce qu'on n'est pas encore dans ce monde hyper connecté où tout le monde sait un petit peu ce qui se passe partout, où tout est documenté, ou comme vous le disiez tout de suite. Aujourd'hui, le championnat de basket en France, Des joueuses africaines, il y en a dans tous les clubs. Ou des, je vais dire, des deuxièmes générations de parents qui sont partis en France pour étudier ou pour trouver du travail, et c'est leur fille ou leur petite-fille qui joue. Maintenant, c'est monnaie courante. Vous, vous êtes une des premières à casser les barrières et à arriver, venir directement du Sénégal. J'imagine que les regards n'ont pas dû être simples. Il a dû y avoir des mots qui n'étaient pas simples. Est-ce que vous pouvez nous raconter des choses qui ont été dures, surtout pour une jeune fille, parce que vous êtes une jeune fille qui arrive. Et moi, ce qui m'impressionne, c'est ça, c'est d'avoir la force mentale de dire, ce n'est pas ça encore qui va m'arrêter. C'est encore d'autres portes où des gens se seraient arrêtés, où auraient baissé les bras, où se seraient sentis, ouais, je ne suis pas à ma place, je vais rentrer au Sénégal parce que les gens ici... Non, vous n'avez pas lâché et vous vous êtes imposé et vous vous êtes fait respecter. dans ça. Est-ce que vous pouvez nous raconter des anecdotes, justement, de choses qui vous ont un petit peu choqué sur le comportement des gens quand vous êtes arrivée dans ce championnat en France ?
- Speaker #1
Oui, les choses qui m'ont choqué, bon, premièrement, le fait d'avoir coupé avec mes parents quand même pendant un certain temps. C'était extrêmement dur. Mais j'ai tenu et puis après, ils ont compris, je pense. Mais aussi face à mon club, à ma fédération, parce qu'au moment où j'ai choisi de jouer avec le Racing, au moment de signer, quand on sort comme ça, on a besoin d'une lettre de sortie, de l'aval.
- Speaker #0
Du club où vous étiez avant ? Voilà. Donc du club au Sénégal ?
- Speaker #1
Du club au Sénégal. Alors, je n'ai pas eu l'aval. Je n'ai pas eu l'aval. Ça, c'était, je devais jouer en tant que Sénégalaise. Donc, je n'ai pas eu l'aval. Comme quoi, l'histoire, comment ça se peut bien suivre. Donc, je suis restée un an sans jouer.
- Speaker #0
OK. Parce que, comme vous avez les papiers sénégalais, vous dépendez de votre club sénégalais pour avoir l'autorisation ou le dernier pass pour jouer pour le club français.
- Speaker #1
Je n'ai pas joué la première année. Je me suis entraîné, ils ont été vraiment gentils. Je fais toute l'année, je me suis entraîné avec la racine, mais je n'ai pas joué. En attendant, comme mon père, c'est un ancien militaire français, mon père, c'est un français. Donc, c'est entre-temps que j'ai fait mes papiers français, moi réintégrer en tant que française.
- Speaker #0
D'accord. Donc, vous récupérez la nationalité française.
- Speaker #1
Je récupère ma nationalité française et voilà. Et quand j'ai récupéré ma nationalité française, l'année d'après, hop, je rentre dans le championnat. La personne ne peut me barrer, je suis française, je rentre dans le championnat. D'accord. Effectivement.
- Speaker #0
Mais moi, il y a quelque chose que je veux que les gens comprennent, c'est votre talent. Pourquoi je dis votre talent ? Parce que vous deviez avoir un talent incroyable pour qu'un club se casse la tête. à garder une joueuse un an qui ne peut pas intégrer dans l'effectif tout de suite, mais à quand même s'entraîner avec elle, j'imagine vous mettre à disposition peut-être des commodités, parce que là vous avez un contrat de joueuse, ou pas encore certaine année ? Pas encore. D'accord.
- Speaker #1
Pas encore, on n'est pas encore...
- Speaker #0
Vous avez juste un accord verbal ?
- Speaker #1
J'ai juste un accord verbal.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Voilà, j'ai juste un accord verbal au début. On te donne juste la carte orange. La carte orange, c'est la carte Navigo aujourd'hui. Une petite prime de transport qu'on te donne. C'est tout.
- Speaker #0
Mais pour eux, et même pour l'époque, c'est déjà un investissement sur la personne. Donc pour qu'ils investissent ça sur vous et qu'en même temps, j'imagine, pour la nationalité, ils ont dû peut-être dire oui, on a une promesse de boulot ou d'emploi pour elles, des choses comme ça. Ça a peut-être facilité d'avoir les papiers peut-être plus vite.
- Speaker #1
Non, ça n'a rien à voir. Mon père était français.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Mon père est français, donc c'est juste le temps que les papiers sortent. D'accord. Assez rapidement, j'ai pu récupérer mes papiers français.
- Speaker #0
D'accord. Mais quand même, le club vous met des petites facilités. C'est parce qu'ils ne veulent pas vous perdre. Oui. Ils se disent, cette joueuse-là, il ne faut pas qu'on la perde, il faut qu'on la garde. Donc, on fait tout pour l'intégrer dans l'effectif, même si elle ne joue pas encore avec nous. Mais on veut qu'elle sente qu'elle fait partie de l'équipe. Oui,
- Speaker #1
j'étais déjà dans l'esprit, j'étais déjà dans la famille du Racing.
- Speaker #0
D'accord, donc vous avez votre nationalité française, vous n'êtes plus dépendante du club au Sénégal. Donc là, vous jouez, vous rentrez dans le championnat français.
- Speaker #1
Je rentre dans le championnat français.
- Speaker #0
C'est comment la première année ?
- Speaker #1
La première année, c'était comme vous dites, première joueuse d'origine. africaine qui vient directement de son Sénégal et tout ça, c'est vrai qu'on le ressent tout de suite. Une petite anecdote, le premier match que j'ai fait à l'extérieur, on était à Clermont-Ferrand. Donc je m'échauffe et tout ça. En face, il y avait une métisse camerounaise, mais française. Et donc, c'est elle qui dominait le championnat physiquement et tout ça. Donc déjà, là, il y avait...
- Speaker #0
Un combat.
- Speaker #1
Un combat. Il y avait un combat. Et à l'échauffement, je vois que l'arbitre vient vers moi et l'arbitre me demande, Mademoiselle, s'il vous plaît, est-ce que vous pouvez me montrer vos mains ? Je dis, mais pourquoi je vais vous montrer mes mains ? Il me dit, non, c'est juste pour regarder. Je dis, non. J'étais sur la défensive. J'ai dit, pourquoi il va regarder ma main ? On est 20 joueuses là. Vous alignez les 20 joueuses à la présentation. Tout le monde présente ses mains, mais moi, je ne vais pas vous montrer mes mains toutes seules. Pourquoi ? Et donc là, tu sens là les préjugés que bon, voilà, je suis l'Africaine, je vais venir, je vais griffer. Je vais griffer les gens et tout ça. Mais je ne suis pas laissée faire. J'ai dit non, je ne montre pas mes mains. Tout le monde montre ses mains ou moi, je ne... Voilà, et là je monte, sinon je ne monte pas mes mains. Incroyable. Comme ça.
- Speaker #0
Ça montre déjà les préjugés dans lesquels vous rentrez dans ce premier match.
- Speaker #1
Ce premier match.
- Speaker #0
Et donc la première année, comment ça se passe ? Est-ce que vous vous amusez ? Est-ce que vous sentez que le championnat finalement est plus dur qu'au Sénégal ? Vous vous sentez à un niveau ? Comment vous vous sentez la première année ?
- Speaker #1
Je me sens à un niveau. Oui. Je me sens à un niveau, surtout que j'ai eu quand même une année à me préparer par rapport à cela. Mais j'avoue que j'étais bien, j'étais à ma place. Et au bout de cette année de championnat d'ailleurs, que l'équipe nationale, c'était une dame, qui était la coach, qui m'a remarqué et m'a fait appel à moi.
- Speaker #0
Et c'est ça qui, là où ma curiosité arrive. Parce que, pour que les gens comprennent, dans le sport, généralement, un jeune a jusqu'à ses 18 ans pour choisir l'équipe nationale, quelqu'un qui a une double nationalité, pour choisir l'équipe nationale pour laquelle il va jouer. Après, une fois qu'on devient senior, à partir du moment où on joue pour une équipe, on ne peut plus jouer pour une autre équipe. Mais vous, c'est là où l'histoire est intéressante, c'est que donc vous, vous avez déjà joué pour l'équipe du Sénégal. Vous êtes senior, parce que vous n'avez plus 18 ans quand vous jouez en France. Certes, vous avez pris la nationalité française, mais à ce moment-là, vous avez double nationalité, vous avez toujours vos papiers sénégalais. Donc normalement... En tout cas, si c'est aujourd'hui, vous ne pourriez pas jouer pour l'équipe de France.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Comment vous réussissez ça ? Est-ce que c'est parce que, d'un point de vue, je vais dire, dans les règles, ce n'est pas encore établi ce cas ? Je sais, je pense. Ok.
- Speaker #1
Je pense que ce n'était pas encore clairement établi. D'accord. Il n'y avait pas encore les règles. Après, je pense que peut-être le Sénégal pouvait mettre son veto. Mais je pense que dans les relations diplomatiques entre le Sénégal et la France, et qu'à l'époque, franchement, le Sénégal, les filles, ici, on était tellement fortes. Je vous dis, quand le coach voulait faire une sélection, il y avait deux équipes nationales.
- Speaker #0
Qui pouvaient aller représenter.
- Speaker #1
Qui pouvaient aller représenter. Donc, le fait que moi, je sois partie, la transition était faite. Mes petites sœurs, comme ma mati, tout ça, avaient déjà bien remplacé, fait la transition. En fait, le Sénégal n'a pas...
- Speaker #0
En fait, l'équipe ne dépendait pas de vous.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
Donc, elle pouvait continuer.
- Speaker #1
Elle pouvait continuer sans...
- Speaker #0
Mais est-ce que sur la... L'année où vous faites vos papiers, pensez, parce qu'il y a des sélections sénégalaises qui se déroulent. Est-ce qu'ils vous recontactent quand même pour venir jouer, malgré que vous n'êtes plus en club au Sénégal ?
- Speaker #1
Je pense que je suis revenue une fois l'été. Je suis revenue une fois et on a fait le tournoi de zone 2 ici au Sénégal. Le tournoi qu'on avait fait en Guinée, on a fait le même tournoi ici au Sénégal.
- Speaker #0
Donc l'année où vous vous entraînez avec votre club, vous avez quitté le club sénégalais. le club français, vous revenez quand même jouer avec l'équipe du Stéphane Galle. Et l'année d'après ?
- Speaker #1
Et l'année d'après, je suis...
- Speaker #0
Vous êtes appelée par l'équipe de France.
- Speaker #1
L'équipe de France. Et la première compétition avec l'équipe de France, on s'est retrouvés pour les premiers Jeux de la francophonie. Je crois que c'était les premiers Jeux de la francophonie. C'était en quelle année, là ? Je n'ai pas une bonne mémoire, mais je crois qu'on s'est retrouvés avec l'équipe du Sénégal en finale.
- Speaker #0
Oui, et c'est ça que j'ai vu. C'est ça ma deuxième question que j'avais pour vous.
- Speaker #1
C'est arrivé.
- Speaker #0
Avant d'arriver à ce match, parce que j'ai tellement de questions par rapport à ce match. Déjà, parce que vous avez connu la sélection Sénégal. Vous avez affronté ou vous avez vu l'équipe de France jouer quand vous étiez à ce championnat à Séoul, qui vous a montré la différence et qui vous a fait comprendre que vous vouliez jouer à ce niveau-là. quand vous savez qu'en l'espace de moins d'un an parce que ça encore ça c'est quelque chose qu'il faut que les gens se rendent compte c'est-à-dire qu'en moins d'un an allez en moins de deux ans vous rentrez en équipe de France c'est un des rêves que vous aviez le temps il est très court c'est-à-dire que vous prenez votre place très vite donc le le talent de la joueuse est reconnu très vite et on vous appelle en équipe de France Merci. Quel est votre sentiment à vous, humainement ? Parce que moi, je me dis, déjà, porter le maillot de l'équipe de France, c'est une folie. Mais sachant que vous, vous aviez déjà représenté un autre pays et que c'était votre rêve dans votre tête, comment vous vous sentez quand on vous appelle pour cette sélection ? Quand on vous dit que vous êtes dans la liste des joueuses et qu'il faut que vous veniez représenter la France ? Merci.
- Speaker #1
On se sent bien parce qu'on se dit, OK, on est sur la bonne voie.
- Speaker #0
Tous les sacrifices que j'ai faits.
- Speaker #1
Ça commence, ça paye. Mais ça paye, effectivement, on y va. On a gagné sa place. Ça, on l'a toujours dans un coin de la tête parce qu'on est deux fois ou trois fois meilleur. une Française de chouche.
- Speaker #0
Oui,
- Speaker #1
c'est ça. Toujours garder ça.
- Speaker #0
Il faut garder ça en tête.
- Speaker #1
Oui, il faut toujours garder ça en tête. Ce qui fait que c'est la motivation qui fait qu'il ne faut pas baisser ses gardes. Si on t'a prise, c'est parce que tu es meilleur.
- Speaker #0
C'est ça. et c'est pour ça que pour moi j'insiste beaucoup dessus parce que je le redis encore pour que les gens comprennent on n'est pas dans cette époque où aujourd'hui cosmopolite même en équipe de France vous êtes combien de femmes noires à cette époque-là ? on les compte ouais j'imagine c'est pas comme ben shout out tata Tima Tima Pouille parce que l'équipe de France est en compétition en Grèce et c'est ma c'est ma soeur Tima qui joue là-bas hier je regardais le match justement, elle jouait contre la Suisse. Je suis désolé, on regarde l'équipe de France de basket, aujourd'hui, c'est que des métisses, ou des Africaines de deuxième ou troisième génération qui sont là, et il y a plus de métisses et d'Africaines que finalement de Françaises. Aujourd'hui, de souches dans l'équipe de France. Mais j'imagine qu'à ce moment-là, vous, c'est le contraire. Vous êtes combien, vous pensez, à votre première sélection ?
- Speaker #1
Première sélection, on est... On est peut-être trois ou quatre.
- Speaker #0
Trois ou quatre. Et en plus, vous, vous n'êtes pas une joueuse qui depuis petite a évolué dans le championnat français, a grandi. Vous, en plus, vous êtes la Sénégalaise qui a changé de nationalité.
- Speaker #1
La seule.
- Speaker #0
Qui vient pour jouer pour l'équipe de France. Comment, même si la presse, ce n'est pas comme aujourd'hui, déjà, comment la presse sénégalaise, est-ce qu'ils en parlent ? Dans la presse sénégalaise, pour dire que on a Fatou Kine Ndiaye qui était dans notre équipe, qui vient de partir. et qui maintenant va jouer en équipe de France. Est-ce que la presse française en parle, du fait que vous arriviez et qu'avant vous jouiez en équipe du Sénégal ? Non,
- Speaker #1
ils n'en parlaient pas.
- Speaker #0
Ils n'en parlaient pas ? Non, non. Parce qu'aujourd'hui, ils seraient partis partout où vous avez été.
- Speaker #1
Non, non, on n'en parlait pas. On était françaises.
- Speaker #0
Donc, vous avez cette compétition, les Jeux de la francophonie, avec l'équipe de France. Vous jouez et vous arrivez en finale contre...
- Speaker #1
Le Sénégal. Le Sénégal.
- Speaker #0
Vos anciennes coéquipières.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Mais déjà, est-ce que c'est vous qui vous qualifiez en premier pour la finale ou c'est le Sénégal qui se qualifie en premier pour la finale, si vous vous en souvenez ?
- Speaker #1
Je pense que c'est nous.
- Speaker #0
D'accord, donc vous.
- Speaker #1
Je pense que c'est nous.
- Speaker #0
Et vous regardez donc la demi-finale de l'autre match après ?
- Speaker #1
De l'autre match. Je crois que c'est la demi-finale de l'autre match. Est-ce que ce n'était pas contre le Zaire qu'elles ont gagné, je crois ? ou le Congo, un truc comme ça.
- Speaker #0
Comment ça se passe dans votre tête quand vous savez que vous allez devoir affronter vos coéquipières en finale ?
- Speaker #1
Ça se passe... D'abord, tout le monde chambre.
- Speaker #0
Chambre dans votre équipe ou les Sénégalaises ?
- Speaker #1
Dans mon équipe d'abord. Mais bon, j'avais une bonne astuce pour calmer tout ça. Parce que je leur dis, écoutez, vous savez, on risque de perdre contre le Sénégal. Ils me disent « Ah bon ? » Je dis « Oui, nous on a des... on marabout. » Vous allez voir, vous n'allez pas pouvoir jouer. Donc j'étais en chambre avec Santanyélo, Odile. La meilleure de l'équipe et tout ça. Et puis je lui dis, Odile, elles m'ont dit qu'elles vont te marabouter, tu ne vas pas pouvoir jouer demain. Elle me dit, ah bon ? Je dis, non, non, non, tu ne vas pas pouvoir jouer. Et comme par hasard, la coïncidence, elle se lève le matin. matin de la finale. Et surtout, j'ai dit quoi ? Quoi qu'il m'a rabouté, j'ai mal au ventre. Je n'arrête pas d'aller...
- Speaker #0
Elle a dormi sur ça.
- Speaker #1
Je n'arrête pas d'aller aux toilettes dans la nuit. Je me suis levée deux fois. J'ai dit wow, wow, wow. Ah, elle t'a eu. Aïe, aïe, aïe. Comment on va faire ? Elle t'a eu. Elle me dit, tu crois que... Je dis, oui, mais bien sûr que c'est ça. Tu ne pourras pas jouer. Non, ce n'est pas possible. Qu'est-ce qu'il faut que je fasse ? Je dis, ah... Moi, j'avais un truc de, mais je ne sais pas si tu vas pouvoir le faire. Elle me dit, mais dis toujours, dis-moi. J'ai dit, ah, tu pisses et après tu prends ton pipi, tu laves tout ton corps et tout ce qu'ils t'ont fait, ça va partir. Elle me dit, ah oui, ah non, calme-toi. Ah oui, tu penses ? J'ai dit, ah, il n'y a que ça à faire pour enlever tout ça, il n'y a que ça à faire. Elle s'assoit, elle me dit, je ne sais pas. Bon, allez, j'y vais alors. Et au dernier moment, je la rattrape. Je dis non, mais ça va passer. Va voir le médecin, il va te donner un truc.
- Speaker #0
J'imagine sa tête.
- Speaker #1
J'imagine sa tête. J'ai fait ça, j'ai fait ça.
- Speaker #0
Vous avez dû rigoler ce jour-là.
- Speaker #1
Rigoler. J'ai trop rigolé ce jour-là. Et puis bon, voilà, c'est arrivé. C'est vrai que ça fait drôle. Quand on est arrêté, les deux hymnes nationals. C'est ça. Les hymnes qui retentissent. Ça fait quand même, ça fait des frissons. Les deux hymnes.
- Speaker #0
Parce que vous êtes là pour l'hymne de la France, mais quand l'hymne du Sénégal vient, vous ne pouvez pas chanter avec votre bouche, mais dans votre tête.
- Speaker #1
Bien sûr, les deux, je chante. Les deux, je chante dans ma tête.
- Speaker #0
Et là, vos anciennes coéquipières du Sénégal, même, doivent vous parler en holof sur le terrain. Oui. Vous pouvez dire des choses.
- Speaker #1
Elles me parlent. Elles me parlent. Et les autres disent, qu'est-ce qu'elle a dit ? La hula. Qu'est-ce qu'elle a dit ? Qu'est-ce qu'elles disent, là ? Je dis, ah, moi, je ne sais pas. Je ne peux pas dire. Donc voilà, une fois que le match est lancé, tu n'y penses plus à rien. Tu es une compétitrice, tu ne penses qu'à gagner. Bien sûr,
- Speaker #0
bien sûr. Et vous gagnez le match.
- Speaker #1
Et on gagne. On gagne, je sors de là, on revient en France, je viens en vacances. Je viens en vacances, je vais à l'aéroport, je descends, je vais faire ma formalité. Je donne aux policiers, je donne mon... passeport et tout ça, le policier qui regarde et tout ça. Il me dit, met toi sur le côté là. J'ai dit, mais qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi il me dit ça ? Tu ne vas pas rentrer dans le pays. L'autre, il me dit, qu'est-ce que j'ai fait ? Il y a un problème. Il me dit, tu ne vas pas rentrer dans le pays aujourd'hui. Tu vas là-bas, tu nous gagnes. C'est toi qui gagnes le match. Et puis, tu veux comme ça de la France. Tu viens, tu rentres comme tu veux. Tu ne vas pas rentrer ici. Je rigole, je dis, mais non, vraiment, j'ai rien fait. Moi, j'ai rien fait. Ablaï Diou qui te crie que j'ai marqué le panier, mais j'ai rien fait. Vraiment, ce jour-là, je pouvais rien faire. Enfin, on a rigolé et puis le mal s'est passé.
- Speaker #0
Bien sûr. Non, mais c'est ça que j'allais vous demander. Comment, justement, comment le Sénégal ou comment ça se passe le retour quand vous avez gagné avec la France ? Est-ce que, parce que vous avez quand même réalisé quelque chose d'incroyable. Est-ce que vous êtes quand même reçu sur des plateaux pour parler de ce que vous avez fait ?
- Speaker #1
Oui, bien sûr. C'est ça ? Oui, ils étaient fiers. Sénégal était fier parce que, comme je dis toujours, j'étais une ambassadrice.
- Speaker #0
Bien sûr.
- Speaker #1
J'étais une ambassadrice. C'était la preuve que notre basket au Sénégal avait atteint un très bon niveau.
- Speaker #0
Bien sûr.
- Speaker #1
Les gens le prenaient bien. Ils étaient contents de ma réussite.
- Speaker #0
Bien sûr. Ça, c'est ça. Ça, je trouve que c'est très important que vous le disiez, parce que ça montre quand même le respect encore qu'on vous donne. Parce que même si... Et ça, je pense que ce qui, je veux dire, sauve cette situation, c'est qu'encore une fois, on n'est pas dans cette ère d'aujourd'hui où une telle situation, aujourd'hui, aurait pris tellement d'ampleur sur les réseaux, sur Instagram, TikTok. Ça serait allé tellement loin. À cette époque, vous êtes encore... Tranquille. Tranquille, oui. Il n'y a pas de fausses polémiques, de faux problèmes, de choses créées par les médias pour vendre du clic ou pour vendre du buzz. Donc, vous rentrez au Sénégal, vous montrez à votre famille votre titre, vous avez gagné, jeune de la francophonie, tout. Vous passez l'été, vous repartez. On repart. Donc, en France.
- Speaker #1
Ah oui, oui.
- Speaker #0
Quand j'ai regardé un petit peu votre historique, votre carrière, vous avez joué à Villeurbanne. Oui. Vous avez joué dans des grands clubs à travers la France. Vous faites une carrière de combien de temps en France, vous diriez ?
- Speaker #1
Alors, je dirais... tout condensé, je dirais à peu près 14 ans.
- Speaker #0
14 ans, au niveau professionnel. Donc vous avez vu une vraie évolution quand même de ce sport et de comment le basket féminin a évolué aux yeux du public. Parce que je rappelle beaucoup, parce qu'il y a peut-être beaucoup de gens qui nous écoutent qui ne sont pas dans le monde du basket. Le basket, la fédération de basket en France, est une des plus grandes d'Europe, est une des plus évoluées. Les clubs français ont un très beau palmarès au niveau européen. Donc ça reste quand même une fédération qui a eu beaucoup d'avance et beaucoup d'ambition par rapport aux autres pays, je vais dire d'Europe autour. Dans ces 14 ans de carrière, Qu'est-ce que vous retenez ? Quels ont été vos meilleurs moments ? Ou quelles ont été peut-être les difficultés que vous avez rencontrées dans ces 14 ans qui vous ont marquées et qui vous servent aujourd'hui dans ce que vous faites ?
- Speaker #1
Dans ces 14 ans, on va dire, il y a eu des combats quand même. On n'a pas été professionnels tout de suite. Il y a eu des inégalités. Il a fallu se battre.
- Speaker #0
Des inégalités à quel niveau ?
- Speaker #1
au niveau des contrats, des conditions de travail. Il a fallu se battre pour qu'on ait des contrats écrits comme les garçons. Au début, on était même critiqués par rapport à ça. et qu'elle joue pour de l'argent, des choses comme ça. Alors que nous, on avait déjà fait le choix, c'était un métier qu'on vive avec. Bien sûr. Et donc sur ce plan-là, on a vu l'évolution, on s'est beaucoup battu pour être reconnus, pour être à la sécurité sociale, pour cotiser aux ascédiques et tout ça. Oui. Et même au niveau des équipes de France aussi, il a fallu aussi se battre. Les conditions, les garçons, ils voyageaient en avion, ils avaient des hôtels, alors que les filles, c'était tout ça. Maintenant, voilà, mais nous, on s'est battus, on a été les pionnières par rapport à ça.
- Speaker #0
Parce que, par exemple, quand vous dites les garçons étaient à l'hôtel, c'est-à-dire que vous, par exemple, vous mettez où l'équipe de France féminine ?
- Speaker #1
Peut-être dans des hôtels, mais pas dans des hôtels... Pas prestigieux. Pas prestigieux. Donc il a fallu se battre pour vraiment mettre les choses à niveau.
- Speaker #0
Et vous, vous étiez au front de ces couples-là ?
- Speaker #1
Oui, on était au front de ceux-là. On était les premiers. à revendiquer les choses.
- Speaker #0
Et c'est quoi, vous diriez, votre plus beau souvenir dans ces 14 ans-là, professionnel ? Qu'est-ce qui vous a le plus marqué ? Si vous deviez retenir un moment de ces 14 ans-là ? C'est dur, parce que vous avez vécu beaucoup de belles choses.
- Speaker #1
C'est compliqué.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
C'est difficile, mais peut-être que, bon, le fait que... Comme vous dites, j'ai fait beaucoup de clubs. J'ai fait beaucoup de clubs, j'ai été pendant longtemps au Racing, j'étais vice-championne de France. Villeurbanne, pareil, vice-championne de France. Et j'ai été dans l'ensemble des 12-14 ans, j'ai été au moins 8 fois vice-championne de France. Et donc, quand j'ai gagné le titre de championne de France avec l'USVO Valenciennes, ça m'a marqué. Ah non, c'est sûr. Ça m'a beaucoup marqué ce titre-là de championne de France.
- Speaker #0
C'est sûr. Il y a un titre que j'ai oublié de mentionner que vous avez gagné aussi. Vous avez été élue meilleure joueuse du continent.
- Speaker #1
Meilleure joueuse du continent, c'est... Par rapport à l'Afrique ?
- Speaker #0
Oui, par rapport à l'Afrique. MVP ?
- Speaker #1
Non, pas le MVP.
- Speaker #0
Sur Wikipédia, j'ai vu que vous avez été élue meilleure.
- Speaker #1
Meilleure joueuse européenne du championnat européen. Meilleure joueuse africaine, d'origine africaine, du championnat européen. C'est ça.
- Speaker #0
Ce titre-là, ça n'existe plus aujourd'hui. On ne décerne plus ce titre-là.
- Speaker #1
Enfin, ce titre-là, c'était il y a quoi ? Il y a cinq ans. Je pense que c'était des journalistes qui avaient fait un sondage pour voir c'est quelle joueuse qui a le plus... Marqué, voilà, c'est ce titre-là que j'ai gagné. C'est une belle reconnaissance, j'avoue, c'est une très belle reconnaissance.
- Speaker #0
Et il y a quelque chose aussi que j'aimerais que les gens comprennent quand vous parlez du fait que vous défendiez vos droits en tant que joueuse, parce que c'est vrai qu'on oublie souvent, les joueuses, elles décident de mettre pause à certaines choses de femmes. Par exemple, avoir un enfant. Construire une vie de famille, quand on est une joueuse professionnelle, c'est très difficile.
- Speaker #1
Très, très difficile.
- Speaker #0
Et donc, on accepte de donner des avantages aux équipes masculines. Mais les hommes, mis à part une blessure, ils ne vont pas mettre pause à une année parce qu'ils vont porter un enfant et tout comme ça. Et donc, c'est normal que vous puissiez défendre vos droits parce qu'en tant que femme, vous avez des choses que vous vivez que les hommes ne vivent pas. Et il est important que les fédérations prennent en compte. et prennent conscience de ce que vous vivez. Donc, j'imagine que les combats n'ont pas dû être faciles.
- Speaker #1
Voilà, justement, ces combats-là, je crois que c'est les handballeuses qui ont commencé. Pour qu'au moins, quand elles décident de faire un enfant, pour avoir des congés, parce qu'avant, le contrat, il se coupait.
- Speaker #0
D'accord, il vous tombait enceinte. Oui,
- Speaker #1
le contrat, il est coupé. Alors que maintenant, elles se sont battues et tout, pour qu'elle ait des... une suspension.
- Speaker #0
C'est tellement horrible. Oui,
- Speaker #1
c'est horrible. Ce qui fait que les combats, c'est au fur et à mesure. Mais c'est bien parce que ça avance. On voit l'évolution quand même. On voit l'évolution. Et ce qui avance, ça a stoppé carrément la carrière. Mais maintenant, on voit que des jeunes professionnels... prennent l'option, s'arrêtent une année, font l'enfant et reviennent encore plus en forme. Valériane Ayahi de l'équipe de France, elle est maman maintenant, mais elle est revenue vraiment.
- Speaker #0
Et même dans d'autres sports, on a vu des études scientifiques qui ont été menées qui ont montré que des femmes enceintes avaient de meilleures performances que quand elles n'étaient pas enceintes. donc comme quoi ça n'empêche pas Il faut juste faire attention à la grossesse, effectivement, parce que faire attention à l'enfant et tout et tout. Mais ce n'est pas quelque chose qui doit empêcher quelqu'un de continuer son travail, parce que ça reste un travail. Tout à fait. Il ne faut pas que les gens pensent que c'est un loisir ou que c'est du divertissement. Vous, c'est votre carrière professionnelle que vous faites. Durant ces 14 ans, à quel moment... vous commencez à réfléchir à la suite.
- Speaker #1
La suite.
- Speaker #0
Parce qu'en tant que professionnel du sport, vous savez que ça a un temps limité. Et à quel moment vous commencez à vous dire, OK, quand ça s'arrête, cette carrière de basketteuse professionnelle, qu'est-ce que je fais ? À quel moment vous commencez à vous poser cette question ?
- Speaker #1
À quel moment je me pose cette question ? Voilà, moi, j'étais quelqu'un de très, très, très attaché à mes origines, là, ici.
- Speaker #0
J'avoue que je ne suis jamais restée une année sans venir. Je faisais mon championnat dès que c'était fini. Je revenais parce que ma maman était toute seule ici. Donc, je revenais et tout. Donc, moi, c'était clair dans ma tête que dès que je finissais la carrière, je revenais. Alors, au niveau professionnel, ce qui se faisait, c'est que... Nous, en tant que professionnels, on avait des heures à donner aux enfants du club. D'accord. On les encadrait et tout ça. Je pense que c'est de là que m'est venu l'amour de transmettre, de transmettre aux enfants. Et donc, je crois, deux ans avant la fin de ma carrière, j'ai commencé à me former, voilà, pour être entraîneur, coach. Donc, en vue de transmettre aux plus jeunes. Donc, je pense, voilà, deux, trois ans avant de finir, j'ai commencé et je savais que j'allais être coach.
- Speaker #1
Que vous alliez revenir ici.
- Speaker #0
Revenir ici et être coach et former les enfants.
- Speaker #1
Donc, votre carrière se termine où, dans quel club ?
- Speaker #0
Mon carrière se termine à l'USVO.
- Speaker #1
L'USVO ?
- Speaker #0
Oui, à Valenciennes. Voilà, j'ai remporté le titre.
- Speaker #1
Quand ça se termine, quand vous décidez de mettre... Fin à la carrière. Déjà, comment vous le vivez ? Est-ce que c'est une année ? Parce que maintenant, on voit beaucoup ça. On voit des joueurs qui annoncent leur année. Leur dernière année, c'est la nouvelle tendance. Et ils font comme une année de jubilé où à chaque fois, ils vont dans les stades, les gens viennent les voir parce qu'ils savent que c'est la dernière année. Est-ce que vous, vous pensez votre fin sur la dernière année ? Ou c'est juste quand la saison se finit ? Vous vous dites, bon, non, là, c'est bon, je ne veux plus continuer. Est-ce que c'est quelque chose que vous préparez en amont ?
- Speaker #0
Oui, c'est quelque chose qu'on prépare en amont. En faisant la dernière année, on sait que c'est la dernière année. C'est ça,
- Speaker #1
vous commentez la saison.
- Speaker #0
Oui, en sachant que c'est la dernière année. Mais ce n'est pas médiatisé comme c'est aujourd'hui.
- Speaker #1
Bien sûr,
- Speaker #0
bien sûr. Comme c'est aujourd'hui.
- Speaker #1
Le dernier match fini, dernier coup de sifflet. Vous savez que c'était votre dernier match, que c'est terminé. Qu'est-ce que vous faites ?
- Speaker #0
Je sais que c'est terminé, mais entre-temps aussi, ce que je n'ai pas dit, c'est que mon mari, que j'ai connu en France, à Villeurbanne, pendant qu'il était étudiant, moi j'étais basketteuse professionnelle. Entre-temps, lui, il a fini, il est rentré au pays.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #0
Et donc, quand c'était la fin, je rentrais pour que bon... qu'on se marie et qu'on fonde la famille.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #0
C'est ça aussi, c'était une grosse motivation.
- Speaker #1
Bien sûr, c'est un autre championnat. Voilà,
- Speaker #0
c'est ce qui m'attendait.
- Speaker #1
Donc vous rentrez pour vivre votre vie de famille ici au Sénégal et lancer votre projet pour entraîner. Vous créez déjà la structure qui s'appelle, rappelez-moi.
- Speaker #0
Kiné Basket School.
- Speaker #1
Kiné Basket School, vous la créez dès que vous rentrez.
- Speaker #0
Dès que je rentre,
- Speaker #1
oui. En quelle année ?
- Speaker #0
En
- Speaker #1
95. En 95. Oui. Et on est en 2025 et la structure est toujours là.
- Speaker #0
Enfin, elle est toujours là. Elle a évolué. Elle a évolué sous une autre forme. Bien sûr. Parce qu'entre-temps, j'ai beaucoup bougé aussi.
- Speaker #1
Bien sûr.
- Speaker #0
Voilà, j'ai beaucoup bougé. J'ai suivi mon mari au Cameroun, au Gabon. On est retourné en France et là, on est revenu depuis deux ans maintenant.
- Speaker #1
Au Sénégal. Dans ces, entre 95... 2025, ça fait 95, 2005, 2015, ça fait 30 ans. Ça fait 30 ans que vous sillonnez on va dire l'Afrique, de part où vous avez suivi votre mari. Est-ce que quand par exemple vous avez suivi votre mari, vous continuez ?
- Speaker #0
Oui, je continue. Au Cameroun, j'ai eu la chance de servir au lycée français, lycée Savio. Au Gabon, pareil, au lycée Blaise Pascal. J'étais là-bas, prof de PS. C'était responsable de la section de basket aussi, les enfants de la sixième à la terminale.
- Speaker #1
Est-ce que les élèves savent votre parcours quand vous les entrez ? Oui,
- Speaker #0
ils savent.
- Speaker #1
Ça doit être impressionnant quand tu sais que ton professeur de sport a fait tout ça. Je vais vous dire, le cliché c'est ça, c'est quand on arrive au collège ou des trucs comme ça, le professeur de sport souvent, on le regarde, lui il voulait faire carrière professionnelle, il n'a pas réussi, il a fini professeur de sport. Mais vous c'est le contraire. Vous avez fait une carrière professionnelle, une très belle carrière professionnelle, et maintenant vous transmettez. Mais dans ces 30 ans-là de transmission, vous avez vu des évolutions. Vous avez vu des évolutions de comportement chez les jeunes. Vous avez vu beaucoup de changements. Aujourd'hui, par exemple, c'est quoi le bilan que vous faites de ces 30 ans ? De comportements que vous avez vus, que vous essayez de changer au quotidien ? Parce que j'imagine, comme vous le disiez, déjà à l'époque dans le basket et dans le sport en général, il y avait des différences entre les filles et les garçons. Je sais que vous mettez beaucoup d'attention à éduquer les filles dans ce que vous faites au quotidien. dans votre travail, à leur dire qu'elles peuvent avoir des carrières professionnelles mais qu'elles doivent aussi se concentrer sur les études. Quel est, c'est ça, quel est un petit peu, parce que vous avez vu aussi arriver tout ce qui est téléphone, tout ça dans les habitudes, quel est le constat que vous faites un petit peu de ces 30 ans sur le terrain, avec des jeunes, qu'est-ce que vous en pensez ? Et qu'est-ce que vous pensez qu'on peut changer, améliorer, qu'est-ce que vous avez vu ? que vous trouvez positif ou que vous trouvez négatif sur ces 30 ans d'évolution ?
- Speaker #0
Sur ces 30 ans d'évolution, vous voulez dire le contexte ici au Sénégal ? Oui,
- Speaker #1
je veux dire même dans tous les pays que vous avez fait. Parce que comme vous avez fait beaucoup de pays, certes, chaque pays a ses réalités, mais j'imagine qu'il doit y avoir quand même des tendances, je vais dire un petit peu générales, que ce soit en France, que ce soit ici. Il doit y avoir quand même des choses qui se ressemblent, je vais dire, par rapport à tous ces pays, où un constat que vous faites, vous vous dites que malgré que je sois au Gabon, malgré que je sois au Cameroun, malgré que je sois au Sénégal ou malgré que je sois en France, finalement, c'est la même réalité que je constate avec ces jeunes.
- Speaker #0
Moi, je veux dire, par rapport à moi, ce que je constate chez les jeunes, peut-être, c'est que... C'est vrai, il faut rêver, comme moi j'ai rêvé d'atteindre le haut niveau et tout ça. Mais moi je trouve qu'ils sont pressés. Souvent ils sont pressés. Peut-être moi j'ai rêvé, mais ce que j'ai fait, c'est que quand même j'ai prouvé que j'avais tout fait, que j'avais tout gagné ici sur le continent et tout. Et là je suis allée attaquer. À la première étape. Mais ce qu'on remarque maintenant, c'est que les jeunes sont pressés. Ils sont pressés de partir. Ils partent, ils ne sont pas encore bien confirmés et tout ça. Et c'est ça un peu que je déplore.
- Speaker #1
Mais en même temps, vous avez vu des structures comme la vôtre s'implanter. Aujourd'hui, vous voyez des structures internationales qui viennent pour essayer de développer le sport.
- Speaker #0
NBA,
- Speaker #1
la Ligue des Fides et tout ça.
- Speaker #0
Oui,
- Speaker #1
ça doit être... Oui,
- Speaker #0
ça vraiment, nous, on n'avait pas ça. Ça, c'est vraiment une... très bonne chose aussi de développer les jeunes ici avant de les envoyer parce qu'on sait que bon de l'autre côté aussi c'est pas bien évident il y a beaucoup d'appelés et très peu d'élus aussi donc le jeune avant qu'il ne parte il faut qu'il soit vraiment très solide très déterminé dans sa tête aussi je pense et ça a évolué.
- Speaker #1
Et au niveau des jeunes filles au Sénégal qui est votre combat pour lequel vous vous battez corps et âme dans votre quotidien. Qu'est-ce que vous voulez, en plus de cette notion de se battre et de croire en ses rêves et de donner les moyens de ses rêves, qu'est-ce que vous aimez le plus au quotidien avec ces jeunes filles ? Qu'est-ce qui vous fait que vos yeux brillent et que vous êtes encore contentes tous les jours d'aller voir ces jeunes filles, d'aller les rencontrer ?
- Speaker #0
D'aller les rencontrer, c'est de les voir évoluer. De les voir évoluer au quotidien. Par exemple, l'année dernière, on avait une fille qui était chez nous et qu'elle est partie à CID Academy. CID Academy l'a repérée, elle est partie là-bas. Elle a fait un tournoi du 3 contre 3. Elle était MVP du tournoi de la zone 2. Elle a vraiment toutes ses chances pour participer aux Jeux Olympiques Dakar 2026. Quand je vois des choses comme ça, ça me fait vraiment plaisir. Les réussites scolaires aussi, qui réussissent au niveau de leurs examens. Il y en a d'autres aussi qui, je les ai eues toutes petites comme ça. Maintenant, elles jouent en première division avec leur club. Ça veut dire que ça évolue aussi là-bas. Donc, c'est ces petites choses-là qui font que vraiment, je me dis que ça vaut le coup d'être avec elles et de les motiver.
- Speaker #1
Quand vous avez commencé en… En 1995, comme je disais, vous avez peut-être des jeunes filles qui ont maintenant la vingtaine, tout et tout, que vous avez suivi, que vous avez vu évoluer, que vous avez accompagné. qui viennent encore vous voir aujourd'hui, qui sont peut-être même mamans.
- Speaker #0
Non mais oui, il y en a qui sont mamans, il y en a qui sont des papas. Les premières promotions en 85, c'était, comment il s'appelle, Alun Boub, Serin Boub. C'est les fils de Serin Boub qui sont maintenant à la NBA. C'est eux qui gèrent la NBA là-bas. Donc quand je les revois, je me dis, voilà, waouh, c'est une grosse fierté.
- Speaker #1
Ah non, c'est sûr qu'il y a une grosse fierté. En tout cas, franchement, pour moi, c'était important de vous recevoir parce que, malheureusement, comme je dis, on n'était pas dans cette ère de documenter et d'avoir les images de tout ça, de tout ce que vous avez fait.
- Speaker #0
Vous dites, quand j'étais il y a quelque temps, je suis en train de faire ma biographie, d'écrire un livre parce qu'on n'a pas cette culture-là d'écrire les choses et tout. Et donc, moi, je veux vraiment écrire mon parcours, mon histoire. et je suis allée à la fédération pour demander combien de sélections que j'ai, je sais qu'avec l'équipe de France j'ai 80 sélections mais au Sénégal je ne sais pas combien de sélections j'ai c'est quand même quelque chose c'est quand même grave de ne pas avoir gardé cette traçabilité du nombre de points et
- Speaker #1
aujourd'hui vous avez des enfants ? oui j'ai trois filles vous avez trois filles ? oui Ok.
- Speaker #0
Très bien.
- Speaker #1
Ma question, c'est, quand il y a une maman comme vous, qui a cassé beaucoup de barrières, comment vous, comment on élève un enfant en lui demandant d'écouter papa, maman, et que l'enfant vous dit, mais maman, toi, t'as pas écouté tes parents quand t'es parti en France et tout ? Non, mais aujourd'hui...
- Speaker #0
Je ne sais pas si elles savent ça. Je ne sais pas.
- Speaker #1
La question, c'est est-ce qu'elles, aujourd'hui, elles réalisent tout ce que vous avez fait ? Est-ce que vous avez encore quand même un peu de documentation pour leur montrer tout ce que vous avez fait ? Est-ce qu'elles sont conscientes de la maman extraordinaire qu'elles ont ? Pas que la maman, parce que tous les enfants pensent que notre maman, elle est extraordinaire. Vous voyez ce que je veux dire ? Mais là, j'ai une maman extraordinaire parce qu'en plus, Elle a cassé tellement de codes dans une société qui n'était même pas la sienne. Elle est venue chambouler des choses, elle est venue créer des choses. Est-ce qu'elle réalise tout ça ?
- Speaker #0
Je pense qu'elle réalise. Je pense qu'elle réalise et que des fois, c'est quand même un peu lourd à porter. D'autant plus que j'en ai eu la dernière qui a fait du basket, qui a même été dans les présélections U16 jusqu'à U20 de l'équipe de France. Mais je pense que des fois c'est lourd à porter quand même. Oui, bien sûr. Tu dis à ta maman, j'espère que tu vas être forte comme ta maman. Ta maman, elle a fait ci, ta maman, elle a fait ça. Donc je pense qu'elles sont quand même conscientes de ce que j'ai fait.
- Speaker #1
Et elles participent à ce que vous faites aujourd'hui ? Oui,
- Speaker #0
elles participent. Elles participent à ce que je fais. Surtout que la dernière, elle fait études et sport. Elle continue le basket. En même temps, elle fait ses études. donc c'est un un peu une marraine des jeunes filles de Pulse.
- Speaker #1
C'est trop bien ça.
- Speaker #0
C'est sûr. Et donc, ce que vous disiez, les filles sont nées, il y avait déjà l'école de basket et tout ça. Et donc, ce que je faisais…
- Speaker #1
La première est née après votre carrière, pas pendant la carrière ?
- Speaker #0
Pas pendant la carrière. La première est née en 1996. D'accord. Et donc, elles ont trouvé l'école de basket, cinq ans, trois ans, et l'autre, elle était presque bébé. de l'école de basket. Allez, viens. Mercredi, samedi, je les prends. Une fois, je pars en voyage.
- Speaker #1
Si vous voulez, j'ai une petite qui a 4 ans et demi que j'essaie de mettre au basket, mais elle ne veut pas jouer au basket. Je peux vous l'envoyer.
- Speaker #0
Vous me l'envoyez. Et donc, je dis, je pars en voyage. Ce qui s'est passé derrière moi, c'est qu'ils ont fait une espèce de coalition avec papa en disant que, ouais, papa, nous, on en a marrant. Maman, ils nous amènent tout le temps au basket. Samedi, dimanche, nous, on en a marre. On veut arrêter le basket. Alors, le papa leur dit, ah bon ? Qu'est-ce que vous voulez faire ? Alors, ils ont fait leur truc. Moi, je rentre. Le papa qui me dit, bon, viens, il me prend. Vraiment, il faut qu'on discute et tout. Je dis, qu'est-ce qu'il y a ? Il me dit, oui, c'est les enfants d'aujourd'hui. Il faut discuter. Il commence à me... Je dis, mais qu'est-ce qu'il y a ? dit « Ah, elles ne veulent pas plus faire du basket. » ça me rappelle quelqu'un qui ne voulait pas faire du basket quand elle était plus jeune moi je dis quoi ? ah bon ? qu'est-ce qu'elle veut faire ? Elle me dit qu'elle veut faire de la danse. Alors, là, ça ne passait pas. Je lui ai dit, danse, la danse. Je lui ai dit, non, non, dans ma tête. Mais je me suis retenue. Je lui ai dit, ah bon, c'est la danse qu'ils veulent faire. Je lui ai dit, OK, il n'y a pas de problème. De toute façon, on va aller acheter les tenues et tout. Donc, on y va. J'achète les tenues, mais vraiment avec...
- Speaker #1
Contre le cœur.
- Speaker #0
J'achète les tenues et tout, leurs tutus, machin, hop. Ok, donc le mercredi, elles vont à la danse. Le samedi, elles mangent tout tranquille. Je dis, eh, prenez vos baskets là, allez sur le terrain.
- Speaker #1
C'est fini votre histoire de danse là.
- Speaker #0
Donc mercredi, c'est la danse, mais samedi, c'est le basket. Donc, leur papa disait toujours, maman. Et papa disait, mais vous savez, maman, le premier enfant. c'est le basket d'abord. L'aîné de la famille, c'est le basket. Après, c'est vous.
- Speaker #1
Mais c'est marrant parce que ça me rappelle votre oncle qui vous tirait.
- Speaker #0
Qui me tirait. J'ai répété la même chose avec les enfants.
- Speaker #1
Non, mais c'est génial.
- Speaker #0
La même chose avec les enfants.
- Speaker #1
Et aujourd'hui, c'est quoi votre ambition avec votre structure ? Qu'est-ce que vous avez envie de réaliser ? Qu'est-ce que vous avez envie de créer encore ? avec ce que vous faites ? Où est-ce que vous voyez cette structure dans 5 ans, dans 10 ans ?
- Speaker #0
Dans 5 ans, dans 10 ans, déjà, dans un premier temps, je voudrais vraiment apporter ça au niveau des régions, au niveau des régions qui en ont plus besoin aussi, des jeunes filles là-bas. Et puis aussi, j'ai envie de créer quand même carrément une académie.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Une académie. à l'image de Sid ou de Djamba, mais pour les jeunes filles.
- Speaker #1
D'accord,
- Speaker #0
avec un focus sur les jeunes filles. Oui, un focus sur les jeunes filles, du basket, mais pourquoi pas d'autres disciplines. Et vraiment créer une académie genre d'inceptes pour les jeunes filles. Et de vraiment sortir des grandes figures. D'accord.
- Speaker #1
En tout cas, c'est tout ce qu'on vous souhaite. Merci beaucoup. C'est tout ce qu'on vous souhaite de pire, parce que vraiment, vous êtes une âme rayonnante. Merci. Vous êtes, pour moi, je pense, un exemple que beaucoup de jeunes filles devraient connaître, rencontrer, devraient pouvoir échanger avec vous parce que vous êtes une battante, mais vous êtes surtout quelqu'un qui a travaillé pour avoir ce qu'elle a eu. Parce que dans cette ère où aujourd'hui on voit beaucoup de gens sur les réseaux, tout et tout, qui montrent ce qu'ils ont, ils montrent rarement le travail qu'il y a eu à faire derrière. beaucoup de jeunes filles pourraient vous voir aujourd'hui, voir les titres, voir les récompenses, voir le parcours que vous avez eu à faire, mais elles ne voient pas la part de travail qu'il y a eu derrière, la charge mentale même qu'il y a eu derrière, parce que comme vous l'avez dit tout à l'heure, ça a été un moment compliqué avec vos parents quand vous leur avez dit que vous vouliez réaliser votre rêve. Chose qu'aujourd'hui, en tant que parent, je pense que vous comprenez, parce que c'était que de la crainte de se dire... Qu'est-ce qu'elle va faire notre fille ? Faire du basket professionnel en France ? Qu'est-ce qu'elle va faire ? C'est normal que des parents s'inquiètent. C'est normal que des parents se braquent parce que pour eux, c'est trop loin de leur réalité pour comprendre ce que vous vouliez faire. Mais votre rêve était tellement plus fort que vous, que vous avez tout fait pour leur montrer que faites-moi confiance, je sais ce que je fais, je fais où je vais.
- Speaker #0
Exactement.
- Speaker #1
Et vous avez travaillé, vous avez travaillé un an. en attendant d'avoir vos papiers. Vous avez... Vous vous êtes battus contre votre ancien club parce que vous croyez en votre rêve et que vous vouliez aller plus loin. Vous avez rêvé quand vous avez vu cette équipe de France que vous avez affrontée au jeu de Céul en vous disant je veux atteindre ce niveau-là et vous vous êtes donné les moyens pour arriver à ce niveau-là. Et moi c'est ça que je veux que les gens comprennent, c'est qu'en rêvant grand, mais en travaillant fort, on peut réaliser ses rêves. Et vous avez même réalisé des choses qu'aujourd'hui, finalement, je pense que vous faites partie de ces gens qui ont fait que les règles ont changé. Parce qu'avant, on pouvait peut-être contourner le système et jouer pour deux équipes nationales. Mais aujourd'hui, ce n'est plus le cas. Chacun essaie de protéger ses poulains ou ses talents. Mais c'est que pour moi, il faut que les gens réalisent. C'est-à-dire que le niveau où vous deviez jouer, vous deviez être très très forte et je le dis vraiment parce que pour que l'équipe de France décide de vous prendre sachant que vous aviez déjà des antécédents avec une autre équipe nationale et que vous veniez à peine d'arriver et qu'il y avait peut-être des personnes qui étaient là depuis plus longtemps avec vous et que vous avez pris leur place, c'est que vous deviez avoir un talent. Et comme vous l'avez dit, vous deviez jouer trois fois plus qu'une Française de souche, trois fois mieux qu'une Française de souche. Et j'imagine que vous devez aujourd'hui véhiculer toutes ces valeurs avec les jeunes filles que vous accompagnez, avec vos propres filles à la maison. Et on a besoin de femmes comme vous qui montrent aux jeunes filles, aux jeunes hommes... aujourd'hui, que ce soit au Sénégal, en Afrique, en France ou dans le monde, que vous pouvez rêver grand, mais il faut travailler. Il faut des efforts. Il faut se concentrer. Ça prend du temps. Ça prend de la patience. Ça prend de la détermination. Et vous en êtes le parfait exemple. Et j'espère que je vais pouvoir vous aider, en tout cas avec mon humble travail, à faire que d'autres gens découvrent votre belle histoire, votre beau parcours, qui viennent s'abonner à vos différentes... page pour voir ce que vous faites pour les jeunes filles et voir comment peut-être on peut vous accompagner, vous aider dans ce projet parce que j'imagine que vous avez besoin de main, vous avez besoin d'aide dans le quotidien, c'est pas mal quelque chose de facile que d'aider ces jeunes filles et ces jeunes hommes donc ça serait un grand plaisir de pouvoir vous aider en tout cas ça a été un plaisir de vous recevoir j'espère que vous avez passé un super bon moment avec moi, l'anime incroyable je vous mettrai tous ces réseaux de toute façon dans la description pour que vous puissiez aller voir son travail au quotidien voir sa page, voir ses réseaux. Si vous voulez lui écrire, écrivez-lui. Si vous voulez l'aider, si vous voulez l'aider dans ses projets, n'hésitez pas à lui envoyer énormément de force.
- Speaker #0
Merci.
- Speaker #1
Un plaisir incroyable de vous avoir eu comme d'habitude. N'hésitez pas, un commentaire, un like, un partage et si vous n'êtes pas encore abonné à la page, abonnez-vous à la page et je vous dis à très vite pour un nouvel épisode du Off Show.
- Speaker #0
Peace ! Au revoir.