- Speaker #0
Mon père est une des premières personnes qui ont amené la cuisine asiatique au Sénégal.
- Speaker #1
Donc tu es auto-formé avec YouTube.
- Speaker #0
Sincèrement, aujourd'hui l'Internet m'a tout donné. Depuis 2012 que je voyage, j'ai fait beaucoup de pays et je ne sais même pas comment écouter une billette d'avion. La question que je me pose toujours c'est qu'est-ce que je vais faire pour mon pays. Le métier de la branche c'est un bon métier.
- Speaker #1
bien au revoir confortablement et préparez les croissants, les pains au chocolat à côté de vous parce que mon invité aujourd'hui va vous mettre l'eau à la bouche. C'est un artiste dans son domaine. Il est champion d'Afrique dans son domaine. Il réveille les gourmands comme moi et Karel. Je reçois le chef Ibrahima Dia dans le home show.
- Speaker #0
Merci Karel.
- Speaker #1
Merci Olivier. Pourquoi tu me dis merci ?
- Speaker #0
Je pense à Karel.
- Speaker #1
Ouais, non, t'inquiète. Si tu me vois, tu vois Karel. On est inséparables. Même si on n'est pas dans la même pièce, on est ensemble.
- Speaker #0
C'est vrai.
- Speaker #1
Tu vas bien ?
- Speaker #0
Ça va.
- Speaker #1
En forme, bien installé ?
- Speaker #0
Oui, bien installé.
- Speaker #1
C'est un plaisir de te recevoir Ibrahima.
- Speaker #0
C'est un plaisir pour moi aussi de venir ici.
- Speaker #1
Parce que tu es quelqu'un que je vois depuis un moment, on se voit depuis un moment, qui fait des choses extraordinaires au Sénégal, mais qui est dans l'ombre. On ne parle pas assez de toi. Je trouve qu'on ne parle pas assez de toi et de tout ce que tu réalises et de tout ce que tu fais. Et donc forcément, j'étais curieux. Je me suis dit, il faut que je le reçoive ici, qu'il vienne me raconter son histoire. Et puis bon, peut-être il y a des gens qui vont écouter à côté, mais c'est à moi que tu racontes ton histoire d'abord.
- Speaker #0
C'est vrai.
- Speaker #1
Donc, un plaisir de te recevoir. Et je vais te poser la première question que je pose à tous mes invités. C'est la question la plus dure. Une fois que tu as fait cette question-là, tout le reste est facile. C'est comment tu te présentes aujourd'hui, Ibrahima, à quelqu'un qui ne te connaît pas ?
- Speaker #0
Si j'avais à me présenter, je dirais que je suis Ibrahima Dia, l'artisan boulanger. C'est sa présentation qui m'appelait le plus. Ok,
- Speaker #1
c'est celle qui te parle le plus quand tu te présentes.
- Speaker #0
Bien sûr. Mais pour ceux qui ne me connaissent pas, je dirais que je suis Ibrahima Dia, artisan boulanger depuis plus de 20 ans. actuellement chef boulanger à l'hôtel Terubi, passionné de la boulangerie et la valorisation des produits locaux et parallèlement chef d'entreprise exactement,
- Speaker #1
non t'inquiète tu vas tout nous raconter mais là maintenant on va commencer notre discussion donc Ibrahima toi déjà tu nais où ?
- Speaker #0
ici à Dakar boy Dakar boy Dakar, comme tous les boys Dakar t'as fait les 400 coups dans les rues de Dakar bien sûr c'est ici que je suis né, je suis né à Dakar, je suis grandi à Dakar Voilà, j'ai fait mes études à Dakar et j'ai fait ce métier aussi à Dakar. J'ai tout fait à Dakar.
- Speaker #1
Comment est l'enfance du chef Ibrahima ? Est-ce que tu étais un sage ? Tu étais un bandit ? Tu fais comment ?
- Speaker #0
Sincèrement, j'ai toujours été très, très, très timide. C'est ce qu'on me rapproche tous les jours.
- Speaker #1
Il est venu avec son manager. Son manager m'a dit, Olivier, fais-le parler, sinon il va faire le timide ici.
- Speaker #0
C'est vrai, j'ai été toujours timide. Donc, comme je te disais tout à l'heure, c'est ici que j'ai fait mes études, c'est ici que j'ai grandi, c'est ici que j'ai appris ce métier. J'ai tout fait à Dakar.
- Speaker #1
Donc, enfance à Dakar. Est-ce que déjà quand tu es petit, est-ce que dans tes souvenirs, tu as déjà quelque chose ? Tu aimes le pain, tu aimes les croissants. Est-ce que tu as des souvenirs déjà d'avoir quelque chose qui te rapproche de la boulangerie ?
- Speaker #0
Oui, bien sûr. Tu sais que toute ma famille est dans la restauration. Ok. Que ce soit mon père, ma mère. Ah,
- Speaker #1
je ne savais pas.
- Speaker #0
Aussi, tous mes frères et sœurs. Ah ouais ? Ils sont tous dans la cuisine.
- Speaker #1
Donc toi, tu es né dans la cuisine.
- Speaker #0
C'est ça. Donc, dès ma jeunesse, à chaque fois que tu rentrais à la maison, tu vois mon père en train de... cuisinier et tout. Mais mon père faisait partie des premières personnes qui ont amené la cuisine asiatique au Sénégal.
- Speaker #1
Vraiment ?
- Speaker #0
Chef, comment dire ça encore ?
- Speaker #1
Il a amené la cuisine asiatique au Sénégal ? Mais attends, mais lui d'où il connaissait la cuisine asiatique ?
- Speaker #0
Non, il était au Japon. What ? Oui, c'est là-bas qu'il a fait ses études, c'est là-bas qu'il a appris son métier. Il était chef cuisinier à l'ambassade du Japon.
- Speaker #1
Incroyable ! Toi, tu as beaucoup de frères et sœurs ?
- Speaker #0
Oui, j'en ai sept.
- Speaker #1
Et toi, tu te places où dans les frères et sœurs ?
- Speaker #0
Je suis le quatrième. Ok,
- Speaker #1
ok. Toi, tu es presque le milieu,
- Speaker #0
l'équilibre. Oui, je suis au milieu.
- Speaker #1
Ok, ok. Donc, tu grandis avec un papa qui est dans la cuisine. Ta maman aussi est dans la restauration ? Oui. Elle fait quoi dans la restauration ?
- Speaker #0
C'était une cuisinière.
- Speaker #1
Donc les deux parents sont cuisiniers ?
- Speaker #0
Bien sûr.
- Speaker #1
Tu vois, ça je savais pas.
- Speaker #0
Il a tous mes frères et soeurs, même mon grand-père est boulanger. Actuellement, il est en Italie. Tous les autres sont des cuisiniers.
- Speaker #1
Ok, ok. Alors ça c'est une question parce que... Quand tu as des parents qui sont cuisiniers, quand c'est leur travail, ils cuisinent au travail, mais quand ils rentrent à la maison, est-ce qu'ils font aussi la cuisine ?
- Speaker #0
Bien sûr. Mon père aimait cuisiner. Tout ce qu'il mangeait, c'est lui qui le cuisinait. Oh ! Oui, bien sûr.
- Speaker #1
Et ça, c'est intéressant parce que... On est au Sénégal. Des hommes en cuisine au Sénégal, c'est rare.
- Speaker #0
C'est vrai qu'on n'a pas cette culture, mais mon père nous a mis dans sa bain très tôt. Il n'a jamais accepté qu'on cuisine pour nous, il n'a jamais accepté qu'on lave nos habits pour nous, donc on faisait tout.
- Speaker #1
Ok, donc tu as eu cette éducation déjà petite, ou en tout cas ça ne t'a jamais choqué de voir un homme... En cuisine ? Non. De plus petit ?
- Speaker #0
Du tout.
- Speaker #1
C'est quoi ton plat préféré que ton père fait ?
- Speaker #0
C'est pour Kandia.
- Speaker #1
Ah ouais ? J'ai cru que tu allais me sortir un plat japonais. Non, non, non.
- Speaker #0
J'aime les plats sénégalais. Ouais ? J'aime les plats sénégalais le plus.
- Speaker #1
Ok. Donc, tu grandis en voyant papa et maman dans la restauration. Oui. Est-ce que c'est quoi tes premiers souvenirs de toi en cuisine ? Est-ce que tu te souviens des premières fois où toi, tu veux essayer la cuisine ?
- Speaker #0
En fait, comme j'étais en cuisine tout le temps avec mon père, un jour j'en ai parlé avec lui pour lui dire que vraiment je veux faire ce métier, mais pas forcément la cuisine, que ce soit sur le milieu de la restauration. C'est ainsi qu'il m'a... J'ai mis un rapport avec un ami libanais qui était ici à Dakar, qui avait une boulangerie. C'est là-bas que j'ai commencé à faire mon apprentissage. Et ça, pour autant, je sais que ça va te... comment dire ça encore ? Ça va te surprendre, mais je n'ai pas fait une formation de boulangerie.
- Speaker #1
Non, attends, tu vas trop vite. Il ne faut pas me dire ça. Moi, ce que je veux savoir, c'est, est-ce que déjà petit, tu rentrais en cuisine pour toi préparer quand tu étais petit, quand tu étais boy ?
- Speaker #0
Ah non, sincèrement non. Non ? C'est mon père qui cuisinait pour moi et ma mère.
- Speaker #1
Mais toi, tu n'as jamais essayé petit ?
- Speaker #0
Non, non. Sincèrement.
- Speaker #1
Ok, donc tu voyais maman, papa en cuisine. Oui. Avant d'arriver à la formation en boulangerie et comment tu y rentres, moi je veux savoir, parce que tu fais ton cursus scolaire, école, tu sais au lycée, c'est là qu'on commence un petit peu à s'orienter. Tu vois, tu choisis si tu veux faire première mathématiques, scientifique. première L, des choses comme ça. Toi, tu t'orientes vers quoi ?
- Speaker #0
Je sais que tu vas rigoler, mais je n'étais pas bien à l'école.
- Speaker #1
Oui, ça ne te plaisait pas à l'école ? Non,
- Speaker #0
du tout, ça ne me plaisait pas à l'école. Raison pour laquelle j'ai laissé les études très tôt. Ok. À l'âge de 17-18 ans, comme ça. Oui.
- Speaker #1
Non, ça va. Il y a des gens qui quittent l'école plus tôt. Donc, 17-18 ans, toi, tu sens que l'école, ce n'est pas le truc qui te plaît.
- Speaker #0
Donc,
- Speaker #1
tu décides que l'école, tu vas arrêter. mais Tu ne peux pas venir voir ton papa et ta maman et dire « À 17-18 ans, j'arrête l'école » . Est-ce que tu as déjà une idée de ce que tu veux faire ? Ou quand tu décides d'arrêter, tu sais juste que tu n'aimes pas l'école et que bon, je préfère arrêter et trouver autre chose ? Ou tu sais déjà ce que tu veux faire quand tu arrêtes ?
- Speaker #0
Non, je ne savais même pas ce que je devais faire. D'accord. Tout ce que je voulais, c'est vraiment arrêter l'école pour faire un métier. Ok. Mais que ce soit un métier dans la restauration, cuisinier, manger ou peut-être quelque chose comme ça.
- Speaker #1
Donc tu savais que j'arrête l'école, mais je veux être dans le domaine quand même que je connais. où j'ai vu mes parents, où je vois mon grand frère qui est, tu voulais faire de la restauration sans savoir quoi dans la restauration.
- Speaker #0
C'est ça.
- Speaker #1
Ok, donc tu dis que tu veux arrêter, tu dis à tes parents que tu veux arrêter mais que tu veux être dans la restauration, qu'est-ce qu'ils te disent ?
- Speaker #0
Ils étaient contents que je prenne cette décision. Voilà, parce que tous mes grands frères et sœurs aussi, c'était comme moi, ils n'ont pas eu un long processus à l'école, donc ils laissaient l'école très tôt pour se lancer dans le travail.
- Speaker #1
donc ça ne les a pas surpris ça c'est bien d'avoir des parents qui encouragent comme ça parce que tu vois tu aurais pu avoir des parents qui te disent non il faut que tu continues il faut que tu aies ton bac, il faut que tu aies des diplômes il faut que tu aies ça tout et tout après c'est sûr que ça aide parce que eux ils sont déjà dans le métier donc c'est bien qu'ils t'encouragent c'est bien qu'ils ne te bloquent pas en te disant non il faut que tu ailles Non, au contraire, dis « Ok, c'est ça que tu veux faire. » on va t'aider pour trouver ce que tu veux faire et faire ce que tu veux faire. Donc, quand ils te disent, OK, on va t'aider, c'est là où tu arrives en boulangerie ou tu fais d'autres choses avant ?
- Speaker #0
Non, c'est là que j'ai arrivé en boulangerie. C'est là qu'il m'a mis en rapport avec un ami qui avait une boulangerie ici à Dakar. Donc, c'est là que j'ai commencé à faire mon apprentissage.
- Speaker #1
Et pourquoi il choisit la boulangerie, ton père ? Pourquoi il te voit, toi, en boulangerie ?
- Speaker #0
Peut-être qu'il saurait que c'est ça qui va arriver. Ouais.
- Speaker #1
Tu penses qu'il le savait, tu penses qu'il le voyait déjà ?
- Speaker #0
On ne dirait pas.
- Speaker #1
Mais moi, peut-être que je me suis dit, est-ce que c'est parce que ton grand frère avait déjà commencé la boulangerie ?
- Speaker #0
Il avait déjà commencé bien avant moi. Donc, il était dans la boulangerie. La raison pour laquelle, lorsque je lui ai dit qu'il faut que je fasse quelque chose, il m'a mis en rapport avec mon grand frère. On travaillait ensemble. C'est lui qui m'a appris le métier.
- Speaker #1
D'accord. Donc, tu rentres chez l'ami de ton père en boulangerie. C'est comment le premier jour d'Ibrahima qui arrive en boulangerie ?
- Speaker #0
C'était chaud. Chaud.
- Speaker #1
Pourquoi ?
- Speaker #0
Parce que j'étais encore jeune, je n'avais même pas la force de soulever des sacs de 50 kilos. Mais derrière, je ne pouvais pas revenir en arrière parce que comme j'avais pris la décision de quitter les bancs, il fallait que je suive.
- Speaker #1
Mais, parce que pour que les gens se rendent compte... Déjà, la boulangerie, c'est un métier que tu commences très tôt. Donc, ton premier jour, est-ce que tu te souviens à peu près à quelle heure tu dois arriver au travail ? Oui,
- Speaker #0
le premier jour, je me suis réveillé à 3h du mat. Je n'avais même pas l'habitude, je me réveillais toujours à 7h. Et on te dit qu'à 4h, tu dois être au labo. C'est compliqué.
- Speaker #1
Donc, tu arrives au labo à 4h du mat, c'est ton premier jour. C'est mon premier jour. Tu n'es pas bien réveillé.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Qu'est-ce qu'on te demande de faire quand tu es un apprenti ? Qu'est-ce qu'on te demande de faire au début du premier jour ?
- Speaker #0
Comme tous les apprentissages. on te montre les matériels on te demande d'amener les plaques on te demande de nettoyer les plaques on te demande de déplacer les sacs de farine des choses comme ça c'est tout à fait normal 50 kilos et quand tu finis la première journée est-ce que tu te dis c'est ça que je veux faire ou tu te dis mais dans quelle galère je me suis mis tu as raison dans quelle galère je me suis mis je me souviens le premier jour que je suis descendu Merci. J'ai carrément dormi toute la nuit. C'était tellement, tellement, tellement dur. Mais voilà, au fur et à mesure, tu l'oublies.
- Speaker #1
Parce qu'une journée d'un apprenti boulanger, tu dis que ça commence à 4 heures. Tu dirais que tu travailles jusqu'à quelle heure ?
- Speaker #0
Normalement, c'est de 4 heures à midi.
- Speaker #1
De 4 heures à midi.
- Speaker #0
C'est 8 heures de temps.
- Speaker #1
Donc à midi, tu rentres chez toi. Et tu dors ?
- Speaker #0
Tu dors jusqu'au soir. Tu te réveilles, tu vas aller faire un peu de sport, revenir et te coucher encore. Pour recommencer le lendemain.
- Speaker #1
Donc, tu commences cet apprentissage-là. Tu commences le métier. Tu dirais que ça prend combien de temps ? avant que tu comprennes que tu aimes ça. Parce que là, il y a l'Ibrahima qui arrive, qui a arrêté l'école. Son père l'a aidé à trouver une nouvelle expérience. Mais ce n'est pas forcément ce que toi, tu voulais faire. Combien de temps ça prend entre ce moment où tu découvres et le moment où tu te dis, j'aime ça, en fait ? Ça prend combien de temps ?
- Speaker #0
Ça prend deux ans. Oui. Comme, voilà. J'étais avec un chef français lorsque j'ai commencé, mais on a juste travaillé une ou deux mois, je pense. Il a démissionné pour rentrer en France, donc on n'avait pas un chef entre nous. Donc tout ce que je faisais, c'est de rentrer sur Internet, rentrer sur YouTube, me documenter. Et voilà, à chaque fois que je suis au labo, je faisais des tests. J'essayais de me former tout seul en fait.
- Speaker #1
Ah, donc tu t'es auto-formé ? avec YouTube.
- Speaker #0
Sincèrement, aujourd'hui, l'Internet m'a tout donné. Incroyable. Bien sûr. À chaque fois que j'étais sur YouTube, j'étais sur Internet, je regardais des recettes. J'essayais de s'arrêter, mais je n'ai pas arrêté. À force de le faire, après, tu as des... Je ne sais pas comment le dire. Tu as des repères pour ce que tu fais. Je me souviens que les premiers tests que je faisais, on m'a tellement rigolé que... J'ai dit que non. On arrête. Mais sincèrement, je n'ai pas laissé. J'ai continué à creuser jusqu'à, comme je disais tout à l'heure, avoir de bons repères sur ce que je fais.
- Speaker #1
Mais ça, c'est incroyable dans ton histoire. Parce que donc, tu t'auto-formes grâce à l'Internet. Et tu vois, moi, je trouve que ça, c'est hyper inspirant et hyper motivant parce que... Tu vois, on parle souvent des réussites par des gens qui ont des diplômes ou qui ont suivi le cursus scolaire classique pour devenir boulanger ou tout et tout. Mais là, pour moi, tu viens d'ouvrir une porte où tu montres que tu es capable d'être dans l'excellence sans forcément passer par le cursus traditionnel. Mais tu vois, la question aussi qui me vient, c'est qu'est-ce qui te pousse, toi, Ibrahima, justement, à être curieux et à aller sur Internet. Parce que, comme tu dis, le chef est parti, vous vous retrouvez votre équipe sans chef pour diriger. Tu peux faire le minimum, tu peux faire juste ce qu'on te demande. Mais là, tu décides, toi, de faire plus que ce qu'on te demande. Qu'est-ce qui te donne cette envie-là de faire plus ? Qu'est-ce qui te rend curieux jusqu'au point d'aller sur YouTube pour trouver comment faire ?
- Speaker #0
Comme tu dis, je pense que ce n'est pas les diplômes qui font l'homme, mais c'est plutôt la discipline.
- Speaker #1
Tellement vrai.
- Speaker #0
Et c'est important. Je me souviens à chaque fois que je prenais 2 kilos de maïs, 2 kilos de farine de miel pour faire des tests et tout. Des fois ça réussit, des fois c'est capoté. Mais je te dis une chose, à chaque fois que je rate... Une recette, j'ai même envie de danser. Oui. Parce qu'à chaque fois que tu rates quelque chose, tu apprends beaucoup de choses. Mais si tu fais une recette et que tu réussis...
- Speaker #1
Du premier coup.
- Speaker #0
Du premier coup, c'est pas forcément ça. Mais à chaque fois que tu rates une recette, tu apprends beaucoup de choses. Oui.
- Speaker #1
Donc, tu fais tes recherches sur YouTube, tu commences à essayer des choses. Donc finalement, tu commences à tomber amoureux.
- Speaker #0
Bien sûr.
- Speaker #1
Un petit peu de la boulangerie. Et ce que les gens ne réalisent pas, c'est que la boulangerie... Alors, tu vas me corriger si je me trompe. Est-ce que la boulangerie, c'est comme la pâtisserie ? Parce que tu vois, Karel, par exemple, elle me dit toujours, la boulangerie, la pâtisserie, en tout cas, c'est le plus dur. Parce que tu sais, quand tu fais une recette salée, bon, tu mets un peu de sel, un peu de poivre, tu peux réajuster, tu peux modifier. Tandis que, en tout cas, ce qu'elle me dit en pâtisserie, c'est quand on te dit c'est 100 grammes de sucre, C'est 100 grammes de sucre que tu dois être. C'est de la précision.
- Speaker #0
C'est de la précision, bien sûr.
- Speaker #1
La boulangerie, c'est pareil ?
- Speaker #0
C'est pareil, oui. Beaucoup de gens pensent que la boulangerie est plus simple que la pâtisserie, mais moi, je dis que c'est le contraire. La boulangerie, ce n'est pas seulement de la farine, du sel et de l'eau. C'est au-delà de ça. C'est de la biologie, c'est de la chimie. Ce n'est pas facile, comme les gens le pensent.
- Speaker #1
Ah non, bien sûr. C'est de la précision, c'est des... temps de pousse, c'est des temps de cuisson, c'est comprendre l'impact, par exemple, de la levure que tu vas mettre dans ta pâte que tu fais. T'as vu, je connais. On dirait un petit peu que j'ai une femme blogueuse culinaire.
- Speaker #0
Tu as raison. Tu sais, à chaque fois où nous avons à faire nos pétrées, pour te montrer à quel point la boulangerie est tellement sensible et compliquée, même quand tu dois faire un pétrin, tu dois regarder la température.
- Speaker #1
Bien sûr,
- Speaker #0
de la pièce. la température de la pièce, la température de la météo, il fait quel temps, l'humidité, tout ça, ça joue. Donc c'est pour ça qu'une recette, elle ne reste jamais intacte. À chaque fois que ça bouge. C'est pour ça qu'il faut toujours faire des mises à jour sur la recette.
- Speaker #1
Justement, maintenant que tu me dis ça, la température de la pièce, ça me fait penser justement à cette première cuisine où tu apprends la boulangerie-pâtisserie. Parce qu'aujourd'hui, tu l'as dit dans ton introduction, tu es au Téroubi. pour avoir visité les cuisines du Terubi, ils ont vraiment du matériel haut de gamme, ils sont à la pointe de la technologie dans tout ce qu'ils font, tu es dans un univers très bien construit. Mais est-ce que la première cuisine où tu apprends la boulangerie, est-ce que justement tu as cette possibilité de contrôler la température de la pièce ou est-ce que justement c'est un peu plus compliqué au début ? Comment ça se passe au début ?
- Speaker #0
Sincèrement, j'avais la chance d'être dans une... Dans une bonne boulangerie, où il y avait les climes des chambres de fermentation, en fait, on travaillait de la même façon qu'en Europe.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #0
Raison pour laquelle j'ai très tôt maîtrisé les bases.
- Speaker #1
Et tes autres collègues, est-ce qu'eux se sont formés en boulangerie ou est-ce que c'est des autodidactes comme toi ? les autres autour de toi ?
- Speaker #0
Sincèrement, toutes les personnes qui travaillaient avec moi, ils étaient au Tidra comme moi. C'est là-bas qu'ils ont appris ce métier.
- Speaker #1
Ben ça, tu vois, c'est super intéressant parce que ça veut dire que quand même, la personne qui vous a embauché, croyez au talent plus qu'au diplôme. Croyez en la détermination peut-être plus qu'au diplôme parce qu'il aurait pu dire non, moi, je prends que des gens qui sont diplômés, qui ont un minimum de formation. Là, il fait quand même un pari sur des gens qui ne connaissent rien du tout au métier. Et donc, tu restes combien de temps dans cette cuisine, cet endroit ?
- Speaker #0
Je pense que j'ai fait une bonne dizaine d'années là-bas. Ah ouais ? Deux ans, oui. De 2005 jusqu'en 2016, excuse-moi. Mais de 2005 jusqu'en 2012, c'est en 2012 que je suis parti au Muroc pour représenter le Sénégal à la Coupe d'Afrique de la boulangerie en
- Speaker #1
2013. Ok. Alors attends, tu m'as dit que tu rentres là-bas en 2005 ?
- Speaker #0
En 2005, oui.
- Speaker #1
Ok. Avant d'aller à cette première compétition, Tu dirais, c'est quoi tes meilleurs souvenirs dans cette période de temps ? Qu'est-ce que tu découvres sur la boulangerie où tu te dis, « Waouh, j'aime ça ! » Qu'est-ce que c'est quoi tes meilleurs souvenirs dans ce moment-là, qui t'ont marqué ?
- Speaker #0
Ce qui m'a marqué le plus, je dirais, c'est les fermentations.
- Speaker #1
Oui, c'est ça qui te passionne ?
- Speaker #0
Quand je fais une pâte et que je la mets dans un centre de fermentation, quand j'arrive le lendemain. Et que j'ouvre la pâte, je vois les alvéolages, comment ça développe. C'est comme si, voilà, tu as mis une boule de glace dans mon cœur. Ah oui, hein ? Ça me fait plaisir. Moi, j'aime le pain. J'aime tous les processus de fabrication.
- Speaker #1
Mais donc, parce que là, Ibrahima qui rentre dans la boulangerie, il n'y connaît rien. Et là, maintenant, à ce moment-là... Tu vois, là tu deviens amoureux du process, des processus. Qu'est-ce qui a créé ce changement dans ta tête pour tomber amoureux de ce métier ?
- Speaker #0
En fait, la propriété du boulanger avec qui je travaillais, certes il n'était pas au labo avec nous, mais il s'y connaissait un peu parce qu'il fait partie des membres du jury de la Coupe du Monde.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #0
Donc à chaque fois qu'il nous expliquait une chose ou bien il nous donnait une petite recette, quelque chose comme ça, tous les autres me disaient que lui, il ne fait que de la théorie. Donc nous, nous sommes là, nous faisons la pratique, nous connaissons les choses mieux que lui. Mais moi, sincèrement, tout ce qu'il disait, je l'écoutais et j'essayais d'appliquer ça à la lettre ou à la voix.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #0
Et à chaque fois, je voyais... la différence entre moi et eux. Hummm. Je me souviens lorsque je faisais j'avais à peine 21 ans comme ça hummm lorsqu'il nous a appelés tous pour nous dire qu'à partir d'aujourd'hui, c'est vraiment votre responsable. Et c'est comme si le monde tombait.
- Speaker #1
La pression.
- Speaker #0
La pression, parce que voilà, je les ai trouvés là-bas. Ils avaient commencé ce métier 10-15 ans avant moi. Mais à chaque fois qu'une personne partait en congé ou bien qu'une personne partait en repos et que je les remplace, ils voyaient carrément la différence. Donc... C'est par là-bas que j'ai vraiment pris la décision de foncer, de foncer, de foncer.
- Speaker #1
Tu as quel âge quand ils te nomment responsable du truc ?
- Speaker #0
Je pense que 21 ans.
- Speaker #1
Donc ça fait quoi ? Tu es rentré à 17 ans ?
- Speaker #0
17 ans, oui.
- Speaker #1
Donc ça ne fait que 4 ans, tu n'as que 4 ans d'expérience ?
- Speaker #0
5 ans.
- Speaker #1
4-5 ans d'expérience et là tu deviens responsable de toute la partie boulangerie.
- Speaker #0
De toute la partie boulangerie.
- Speaker #1
La pression, et en plus, tu as des gens qui sont plus âgés que toi.
- Speaker #0
Ah oui, ah oui. Donc, même des fois, quand ils me voyaient venir, ils m'ont dit, attention, c'est le fils du boss. Tellement que c'était rigolo. Mais voilà, on a cru en nous, on a continué à se lancer. Voilà, ça va, ça s'est bien passé.
- Speaker #1
Mais après, comme tu dis, ils ne te nomment pas responsable de la boulangerie parce qu'ils t'aiment bien. Il te nomme responsable parce qu'il voit que tu fournis les efforts, il voit que tu es curieux et il voit que tu écoutes ses conseils, alors que les autres se moquent de ses conseils. Toi, tu écoutes les conseils et tu les appliques. Donc forcément, il se rend compte que, ok, Ibrahima, il est sérieux. Ibrahima, il est concentré. Ibrahima, il travaille. Ibrahima, il est focus. Donc, je peux lui donner des responsabilités, tu vois. Et donc, tu prends ses responsabilités. Et donc en 2017, tu vas au championnat d'Afrique de boulangerie, c'est ça ?
- Speaker #0
Non, en 2013. 2013, pardon. C'est mon premier compétition.
- Speaker #1
Alors, déjà, comment tu entends parler de la compétition la première fois ? Comment tu te sens quand tu sais que tu te prépares ? Déjà, c'est combien de temps pour se préparer pour une compétition comme ça ? Et qu'est-ce que ça fait aux jeunes Ibrahima ? qui ne savait pas qu'il voulait devenir boulanger et qui maintenant se retrouve dans une compétition intercontinentale et qui représente le Sénégal dans ce domaine-là. Est-ce que tu peux nous raconter tout ça un petit peu ?
- Speaker #0
En fait, j'ai été rapproché par la Fédération nationale des boulangers du Sénégal pour que je représente le Sénégal dans cette compétition. Mais je vais vous dire une chose, en partant dans cette aventure, dans ma tête je me disais que j'étais le meilleur boulanger d'Afrique.
- Speaker #1
Quand tu vas à la compétition, tu le penses dans la tête déjà ?
- Speaker #0
C'est ce que j'avais en tête. Mais arrivé au Maroc, je voyais les autres concurrents qui venaient avec des sacs de 40-50 kilos de motos. Alors que j'avais moi une sac de 10-15 kilos de motos. Je sais qu'il y a beaucoup de choses qui m'ont resté, il y a beaucoup de choses qui m'ont manqué. Même quand on travaillait sur le jour de la conversion, c'est là-bas que je sais qu'il y a plein de choses qui m'ont manqué. Et lorsqu'on a fini de faire ce concours, on a discuté avec le gagnant du trophée, je lui ai dit avec qui tu travailles, comment tu as fait pour en arriver. Il m'a dit qu'il... qui travaille pour son propre compte. Alors que moi, j'étais avec mon patron. Donc moi, je lui ai dit que je venais avec mon patron. Mais vu qu'il m'a dit qu'il travaillait pour son propre compte, j'ai tenu ça en tête, je n'ai pas oublié ça. Raison pour laquelle, lorsque je suis rentré, j'ai tout fait pour avoir mon propre labo. Parce que quand tu as ton propre labo, ce n'est pas la même chose que quand tu travailles pour quelqu'un. Quand tu travailles sur ton propre labo, tu peux... Voilà, tu peux t'investir sur des matériels, tu peux faire toutes les richesses que tu veux.
- Speaker #1
Oui, mais moi, il y a un truc, c'est que tous tes autres concurrents, toi, tu es autodidacte. Moi, je me demande comment tu te sens quand tu te dis, mais en fait, moi, je n'ai pas fait d'études pour ça, je n'ai pas fait de formation boulangerie, je n'ai pas un diplôme pour me dire que je suis boulanger. Moi, j'ai appris sur YouTube. Tous les autres en face de moi, ils sortent d'écoles françaises, d'écoles de ci, d'écoles de ça. Et pourtant, je suis sur la même compétition qu'eux. Moi, c'est ça qui m'impressionne. Déjà, un, dans le truc, de me dire que tu arrives à ce niveau-là alors que tu te formes sur YouTube. Certes, je veux bien que les gens comprennent quand je dis que tu te formes sur YouTube. Pour moi, c'est vraiment montrer le niveau de travail et de détermination. Ça veut dire que... tu as dû travailler énormément seul pour rattraper le retard que tu avais et rattraper les cours que tu n'as pas fait, toute la partie théorique, comme tu disais tout à l'heure, que tu n'as pas eu. Et pour arriver à ce niveau-là, c'est que tu as dû mettre des heures et des heures et des heures et des heures d'essais, de travail, d'échecs, comme tu disais tout à l'heure, avant que la fédération de boulangerie au Sénégal te dise qu'on veut que ce soit toi qui y aille. Déjà, comment la fédération te repère ? Il y a un concours au Sénégal ?
- Speaker #0
Non, en fait, en ce moment, il n'y avait pas de presse-léction comme on fait maintenant. Donc, tout ce qu'ils font, c'est de regarder un peu partout parmi les meilleurs qui sont ici, qui sont à Dakar. Mais comme tu disais tout à l'heure, ce n'est pas du jour au lendemain que tu peux arriver à faire certaines choses. Bien sûr. Moi, il y a des jours que je venais au labo à 2 heures du matin. Je faisais tout mon travail, mes huit heures de travail. Et une fois fini mes huit heures de travail, je commence à m'entraîner pour moi. Donc, tu vois, ce n'est pas du tout facile.
- Speaker #1
Et tu t'entraînes dans l'optique d'aller à la compétition ou tu t'entraînes juste parce que tu as envie de t'entraîner ?
- Speaker #0
Non, j'avais juste envie de m'entraîner. Je voyais des choses sur Internet, sur YouTube. Ça me plaisait, mais je me disais dans la tête, il faut que je fasse ça. Même si je n'ai pas quelqu'un qui me montre comment le faire.
- Speaker #1
mais il faut que j'y arrive il faut que j'y arrive donc tu vas à ce premier concours
- Speaker #0
Tu vois les autres, tu vois la différence entre toi et les autres. Tu comprends qu'eux, ils ont leur labo, où ils peuvent s'entraîner, passer des heures, passer du temps. Donc tu rentres à Dakar en te disant que tu vas faire ton labo. Tu le fais tout de suite ton labo ou ça prend du temps ?
- Speaker #1
Ça prend du temps. J'ai fait mon labo six ans après.
- Speaker #0
Ça te prend six ans entre le moment de la première compétition et d'avoir ton labo ?
- Speaker #1
Bien sûr.
- Speaker #0
Est-ce que tu peux expliquer aux gens qui nous écoutent, c'est quoi un labo déjà pour un boulanger ?
- Speaker #1
Un labo, c'est un centre de production où tu as le minimum de matériel pour travailler, que ce soit un pétrin, une façonnose, tous les matériels nécessaires pour faire une production.
- Speaker #0
Et c'est une pièce, j'imagine, où tu dois contrôler la température, des choses comme ça aussi ?
- Speaker #1
Oui, bien sûr.
- Speaker #0
Donc, ça te prend six ans pour construire ce labo. Pendant ces six ans, tu travailles toujours pour le premier boulanger chez qui tu as commencé ?
- Speaker #1
Après ce concours, j'ai continué à travailler dans ce boulanger, tout en continuant à faire du consulting.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Le premier consulting que j'ai fait, c'était au Mali, parce qu'il y avait un Libanais qu'on avait envoyé un stage. Chez moi, il était avec moi pendant un mois. Et avant de rentrer au Mali, il m'a dit que j'ai vu ta façon de travailler. J'aimerais beaucoup que tu viennes au Mali pour ouvrir ma boulangerie. C'est ainsi que je me suis dit pourquoi pas. Mais il y avait quelque chose qui m'a bloqué. La première, c'est que j'entendais une voix qui m'a parlé, qui me disait « Ibrahim, tu es qui pour faire du consulting ? »
- Speaker #0
C'est ça que j'allais te dire.
- Speaker #1
Tu n'as pas fait de grandes études. tu n'as même pas un diplôme sur ce que tu fais, et tu peux faire du consulting. Et à côté aussi, il y avait la famille. Tu sais, nous aussi, on a une façon qu'on nous a éduqués. À savoir que tu veux faire une chose, tu discutes. avec tes frères, tes amis, mais à chaque fois ils te disent pourquoi tu es trop pressé, tu as un boulot, tu as un bon salaire, voilà tu peux continuer et prendre ton temps. Mais à chaque fois que je voulais avoir une réponse à toutes ces questions, j'entrais au labo, j'ai fait une production et une fois que je regarde mes produits, j'ai trouvé une réponse.
- Speaker #0
Incroyable ! en fait pourquoi je dis c'est incroyable ce que tu dis parce que Ça me rappelle tellement moi. Quand je dis ça me rappelle moi, c'est que moi, j'ai remarqué que souvent, quand j'ai des questions, quand je cherche des idées pour faire des trucs, souvent, ce n'est pas quand je m'assois et que je pense qu'à ça, qu'à ça, qu'à ça, que je trouve des idées. Souvent, moi, c'est quand je vais à la salle de sport. Ah ouais ? Quand j'ai un blocage, je vais à la salle de sport parce que c'est comme si là, en fait, mon cerveau déconnecte parce que je mets ma musique, je suis concentré sur l'effort physique et souvent, c'est en plein milieu de la séance que je vais trouver mon idée. Et toi, ce que tu me dis, ça me fait penser à ça, parce que c'est comme si quand tu es dans ce truc qui te passionne, quand tu es en train de faire ce pain que tu aimes faire, quand tu es en train de faire cette pâte que tu aimes faire, où tu es concentré sur ça, finalement ton esprit ne réfléchit plus aux problèmes que tu te poses, donc ton esprit est libre, ton esprit est détendu. Et c'est là où, boum, tu as la solution ou tu as la réponse qui t'arrive.
- Speaker #1
À chaque fois que je vois mes produits. J'ai la réponse à toutes mes questions qui me venaient en tête, qui me disaient non, tu ne peux pas, c'est très tôt. Mais quand je vois mes produits, j'ai la réponse.
- Speaker #0
Et quelle est la réponse quand tu vois tes produits ?
- Speaker #1
Quand je vois mes produits, la réponse que j'ai est que tu peux le faire, tu es capable de le faire parce que tu l'as fait seul. Donc pourquoi pas le faire pour les autres.
- Speaker #0
Et donc, toi Ibrahima, qui n'as pas de formation, qui t'es auto-formé sur YouTube, qui t'es auto-formé par ta détermination et par ton travail, par les heures supplémentaires que tu as mis, tu te retrouves à faire du consulting. Et donc, tu pars au Mali ?
- Speaker #1
Oui, je pars au Mali. Je pense que j'ai fait là-bas, c'était un mois, deux mois comme ça. Oui. Mais vu que, comme je t'ai dit tout à l'heure, la famille, ils ne voulaient pas que tu prennes ce risque. parce que si tu parfaits les consignes c'est que tu laisses ton autre travail et que tu laisses ton travail que tu reviens au pays que t'as pas ta part de boulot mais c'est pas c'est pas tout ça donc mais j'avais réussi à avoir une consensus avec avec avec avec la
- Speaker #0
personne avec qui je travaille donc je pouvais me déplacer à chaque fois que je vais ok ah mais il était super il était super le boss donc qui te permettait d'aller faire du consulting mais tu savais que tu gardais ta place dans l'équipe donc quand tu reviens tu peux reprendre ta place Donc tu pars au Mali, tu fais du consulting. Et c'est quoi la suite après ? Qu'est-ce que tu fais ?
- Speaker #1
Après, je reviens au Sénégal. Je continue à travailler là-bas. Jusqu'en 2019, le théoribie m'a contacté. Je suis parti au théoribie, j'ai fait un an.
- Speaker #0
Donc c'est le théoribie qui te débauche, il vient te chercher.
- Speaker #1
En fait, même le théoribie, c'est moi qui faisais leur pain chez moi. C'est là-bas qu'ils prenaient tout ce qui était pain spécial. Donc ils le prenaient chez moi. D'accord. Donc,
- Speaker #0
vous le prenez dans la boulangerie où vous travaillez ?
- Speaker #1
Dans la boulangerie, là où je travaille. Lorsqu'ils ont fini de faire leur laboratoire, ils ont fait tout pour que je vienne travailler pour eux. Donc, même en étant au Téhérubi, j'ai fait, je pense, au moins un an. Des investisseurs qui étaient au Chechel aussi. m'ont rapproché pour faire du consulting là-bas aussi. Je suis parti au CHSL, je suis revenu. J'ai 26 ans, j'ai été contacté au Niger. Je suis parti au Niger, je suis revenu. Comme je travaille ici au Sénégal avec des gens qui vendent les matériels de boulangerie et les produits de boulangerie, c'est eux souvent qui me mettent en rapport avec ces investisseurs.
- Speaker #0
Mais c'est une... Est-ce que tu... Est-ce que le jeune Ibrahima... qui rentre son premier jour en boulangerie, qui rentre ce premier matin à 4h du matin en boulangerie la première fois, est-ce que tu penses qu'il pourrait imaginer que ce métier-là va l'amener au Seychelles, va l'amener au Niger, va l'amener au Mali, va l'amener au Maroc faire des compétitions ? Est-ce que tu aurais pu imaginer ça ?
- Speaker #1
Sincèrement, je ne m'attendais pas du tout à ça. tu sais j'ai toujours je voulais pas être au-devant de la scène. Ouais. Tu vois. Donc, je m'y m'attendais pas, mais à force de travailler, à force de, voilà, montrer ton savoir-faire, voilà, ça vient naturellement.
- Speaker #0
Ouais. Donc, tu commences au Téhéroubi. Tu commences au Téhéroui en quelle année ?
- Speaker #1
Je pense en 2018-2019, comme ça.
- Speaker #0
2018-2019. Et tu m'as dit que la première compétition où tu vas au championnat d'Afrique, c'était en 2013, si je ne dis pas de bêtises.
- Speaker #1
Oui, en 2013 au Maroc.
- Speaker #0
Entre 2013 et... 2018-2019, est-ce que tu retentes la compétition ?
- Speaker #1
Non, c'est en 2024, je pense, que j'ai vu une annonce sur Facebook comme quoi il y a une compétition qui s'organise en Côte d'Ivoire pour le titre de meilleur boulanger d'Afrique de l'Ouest. Mais j'ai juste regardé les informations mais je ne me suis pas inscrit du tout.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Parce que en fait ce n'était pas ma première compétition, je sais ce qui m'attendait. Ce n'était pas parce que j'avais peur. Je croyais en moi, je savais ce que je faisais. Mais une compétition ça te prend trop de temps. de préparation mentalement, financièrement.
- Speaker #0
Est-ce que tu peux justement nous expliquer, parce que je veux que les gens qui ne connaissent pas comprennent c'est quoi la préparation pour justement une telle compétition, combien de temps de préparation et c'est quoi les investissements pour se préparer pour une telle compétition ?
- Speaker #1
Moi je dirais que c'est une compétition mondiale. Au minimum, il te faut un an. Parce que si tu prends les pays asiatiques, ils préparent ça deux, trois ans. Ils se fixent des objectifs. Ils se disent que d'ici quatre ans, on va être sur le podium. on prépare ça pour six, maximum un an, c'est un peu limite. Donc, raison pour laquelle, comme je disais tout à l'heure, je ne voulais pas m'inscrire dans ce concours, vu que ça va prendre énormément de temps et de recherche. Et une semaine après, lorsque j'ai vu l'annonce, un ami m'a envoyé un capture d'écran pour me dire « Est-ce que tu as vu ce concours ? » Je lui ai dit que oui, il m'a dit qu'il faut que tu participes dans ce concours. Je lui ai dit de passage, il m'a dit que je sais que si tu participes dans ce concours, tu as les moyens de le gagner au niveau national. Je sais que si tu le gagnes au niveau national et que tu pars au niveau international, je sais que tu as les moyens et les capacités aussi de le gagner. Donc il faut que tu participes. C'est là-bas que j'ai eu ce déclic. J'ai pris les fiches, je suis rentré sur Internet, j'ai fait mes inscriptions et tout.
- Speaker #0
Donc là, le concours pour lequel tu t'inscris, c'est un concours qui a lieu à Abidjan.
- Speaker #1
Abidjan, oui.
- Speaker #0
Pour élire le meilleur boulanger d'Afrique. Combien de temps entre l'inscription et le concours ? Il y a quoi ? 6 mois, 3 mois, 1 an ?
- Speaker #1
Je pense qu'on avait 6 mois devant nous. Parce que comme c'était une compétition au niveau de toute l'Afrique, tous les pays vont l'organiser. D'accord. Donc, on avait organisé ici un concours au niveau national. C'était en mode main aux giens comme ça. D'accord. Donc, j'ai remporté.
- Speaker #0
D'accord. Donc, il y avait des concours dans chaque pays.
- Speaker #1
Dans chaque pays.
- Speaker #0
Il fallait d'abord gagner ce concours dans le pays.
- Speaker #1
Il fallait d'abord gagner ce concours dans ce pays.
- Speaker #0
Pour aller en Côte d'Ivoire.
- Speaker #1
Pour aller en Côte d'Ivoire. D'accord. Il y avait les membres de jury qui venaient au Sénégal, qui faisaient une semaine. D'accord. Lorsque le concours est fini au Sénégal, ils sont allés en Abidjan. au Congo, au Bénin.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Ils ont fait chaque pays avant de faire la finale. Avant de faire la finale en Abidjan. C'était un mois d'octobre passé.
- Speaker #0
D'accord. Tu prépares quoi au Sénégal pour gagner ?
- Speaker #1
Le Drops Revisité à la Mangue.
- Speaker #0
Ah ! Si vous suivez les stories de Karel, les posts de Karel, vous savez c'est quoi le Drops Revisité à la Mangue. Et pour l'avoir mangé, je n'ai pas dit goûter, je l'ai mangé. Ah, c'est une tuerie. C'est une tuerie.
- Speaker #1
et le pain au manioc. Comme on avait deux recettes à faire, une vieux nazerie et une recette de pain, donc l'idée qui me venait en tête, c'est que comment puis-je faire pour... pour valoriser aussi nos produits locaux. Puisque j'ai mon propre entreprise qui s'appelle Les Céréales Locales, je ne peux pas me permettre de partir en compétition et de faire d'autres recettes que nos produits. Donc j'ai fait des recherches, j'ai fait des recherches, j'ai fait des recherches. J'ai commencé d'abord par la vie en Asie je pense, la dropshipping. Mais je profite de cette occasion d'ailleurs pour remercier toutes mes équipes au collègue parce qu'à chaque fois que je faisais mes tests, c'est eux que je faisais goûter. Bien sûr. Et ils m'ont donné le ravi. Je me souviens le premier jour que j'ai parlé à M. Lidovic. que j'ai gagné le concours au niveau national et que je dois représenter le Sénégal en Abidjan, il m'a dit, est-ce que tu as un préparateur ? Est-ce que tu veux qu'on t'amène quelqu'un pour te préparer ? Waouh,
- Speaker #0
ça c'est une très bonne réponse de la part de ton équipe.
- Speaker #1
Je lui ai dit que non, je n'ai pas besoin d'un préparateur. Pour plusieurs raisons. Dans ma tête, je dois partir dans une compétition en amenant nos produits locaux. Donc, si tu amènes quelqu'un pour me préparer avec des produits qu'il ne connaisse pas forcément, ce n'est pas trop ça. Donc, j'ai cru en moi et j'ai cru aussi à mes équipes. Parce que pour moi, aujourd'hui, on ne réussit pas seul. On réussit en équipe. Et à chaque fois que je faisais mes recherches et les tests, je prenais les avis aussi de mes équipes. Des commis, des chefs pâtissiers, des cuisiniers. c'est pour cela que ce trophée c'est pas seulement pour moi mais c'est pour tous donc comme je disais tout à l'heure j'ai fait les recherches d'abord pour la vie en Angérie c'est parce que Au bout d'un mois et demi, deux mois, j'avais la bonne recette et tout. Donc, il me restait pour le pain.
- Speaker #0
Mais avant que tu ailles sur le pain, moi je veux savoir comment cette idée du drop revisité, comment elle te vient dans la tête ? C'est quoi le truc qui te fait penser à je vais faire ça, comme ça ? C'est quoi le déclic ?
- Speaker #1
C'est venu comme ça, parce que je me dis que par exemple... Les gens ont l'habitude de manger des produits que ça soit la viande, l'azurie ou le pain. Mais à chaque fois, les noms qu'ils prenaient, c'était des noms qui ne nous appartenaient pas. Donc dans ma tête, je me suis dit pourquoi pas. faire une recette avec nos produits locaux. C'est là-bas que j'ai pensé. J'avais deux choix, soit le mangue, soit, comment dire, encore le bissap.
- Speaker #0
J'ai commencé
- Speaker #1
d'abord pour le bisap, mais j'avais un goût qui était un peu amer, je n'aimais pas du tout.
- Speaker #0
Le même drop que tu fais, tu le voyais avec du bisap à l'intérieur ?
- Speaker #1
Je le voyais avec du crème au bisap pourri à l'intérieur, mais comme la texture était jaune et tout, et le mangue est jaune, j'ai dit voilà, c'est mieux de prendre le mangue. C'est là-bas que j'ai commencé à faire des recherches sur le crème, parce qu'il y a plusieurs crèmes que que je pourrais faire. Bien sûr. Donc, voilà, j'ai commencé à faire des recherches, recherches, recherches, jusqu'à trouver vraiment une bonne recette. Pas moi seul, mais avec mes équipes, avec qui j'ai changé tout le monde. Tout le temps, je faisais des recettes, je les faisais goûter, ils me donnaient leur avis et tout. Et lorsque j'ai fini de faire...
- Speaker #0
Brahim, si tu as besoin d'un goûteur, moi je suis là aussi. Il ne m'appelle jamais pour venir goûter.
- Speaker #1
Non, désolé, c'est Kadel le goûteur.
- Speaker #0
Non, non, non, Kadel le prépare. C'est moi qui goûte pour lui dire si c'est bon. Moi, j'ai un palais très développé, mais ne t'inquiète pas. Donc,
- Speaker #1
une fois que j'avais élaboré la recette pour... Pour la vie aux noiseries, il me restait la recette pour le pain. Donc j'ai commencé à travailler sur le pain. J'avais un bon goût, mais je n'arrivais pas à trouver le format.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Donc un jour, j'ai discuté avec un ami qui m'a dit que, voilà, est-ce que tu sais faire un peu en forme de curry ?
- Speaker #0
Ok.
- Speaker #1
J'ai dit, mais pourquoi pas ? Mais c'était difficile. En fait, je voyais l'image, mais c'était très difficile de le faire. J'ai commencé à faire la recherche sur le pain au curry, je faisais des tests, je faisais des tests, je faisais des tests, mais ça ne venait pas. Donc j'ai carrément oublié la recette, l'idée, parce que je pense qu'il restait deux mois comme ça avant d'aller en concours. Donc j'avais pris un autre modèle qui pouvait rentrer dans le temps. Comme on avait huit heures devant nous pour faire tous les produits, j'avais... trouver un format qui pouvait rentrer dans les huit heures. Mais lorsqu'on m'a signalé que le concurrent ivoirien a participé trois fois à la Coupe du Monde, j'ai dit que non, ce n'est pas ça que je vais amener.
- Speaker #0
Tu savais qu'il y avait un gros challenger en face.
- Speaker #1
Oui, bien sûr. Il a eu à participer trois fois dans la Coupe du Monde, donc ce n'est pas ça qui le bat. Ce n'est pas ça qui le bat. J'ai repris l'esprit du peintre d'équipe, Du, du, du, du, pépé. jusqu'à trouver en fait le bon format mais c'était pas du tout du tout du tout facile justement c'est ça que je veux que les gens comprennent est-ce que à mon avis ça m'étonnerait que tu aies le chiffre exact
- Speaker #0
mais est-ce que tu peux me dire par exemple pour le drop revisité de tête comme ça, tu penses que tu as réalisé combien de tests ? Est-ce que tu pourrais dire un chiffre, tu penses, dans ta tête ? Tu l'as refait combien de fois avant d'avoir la recette parfaite ?
- Speaker #1
Sincèrement, je ne peux pas dire le nombre de fois que je l'ai fait. Parce qu'à chaque fois que je venais le matin, je faisais des tests. À chaque fois que je faisais des tests. Il est arrivé à un moment donné, mes équipes m'ont dit que chef, arrête. c'est sûr que tu vas gagner ce concours parce que vraiment je voulais pas je voulais je voulais rien rien lâcher voilà parce que juste le drop allez le drop c'est quoi un mois deux mois de test trois mois de test c'était plus rapide vraiment c'était plus rapide je pense que c'était maximum deux mois il
- Speaker #0
dit c'est rapide il fait des tests tous les matins pendant deux mois et sur le pain tu penses que c'est combien de temps de test trois quatre mois ouais pour avoir la recette parfaite tu prends trois quatre mois ou tu refais le même produit tous les
- Speaker #1
Tous les jours. Tous les jours. En fait, tu sais pourquoi c'est compliqué ? Parce que les membres du jury regardent d'abord le côté visuel. Oui. Et ils regardent le goût.
- Speaker #0
Oui, la texture. La mie.
- Speaker #1
La mie.
- Speaker #0
Comme si c'est croustillant l'extérieur.
- Speaker #1
Et ils regardent aussi le poids. Ah. Donc, tu ne dois pas avoir... 10% de plus, ni 10% de moins.
- Speaker #0
Waouh, ça va jusqu'à ce niveau de précision.
- Speaker #1
Oui, bien sûr, que ça soit sur la vie en Angleterre, que ça soit sur le pain. Ok. Raison pour laquelle, il faut toujours faire des tests. pour vraiment essayer de trouver la bonne formule pour pouvoir s'en sortir.
- Speaker #0
Et c'est là où je veux que les gens, justement, respectent ton travail et ta détermination. Parce que ce qu'il faut que les gens comprennent, c'est que quand tu fais ces tests, tu travailles en même temps.
- Speaker #1
Oui, bien sûr.
- Speaker #0
Donc, toi, tu as ton boulot, Oterubi, à ce moment-là. Donc, Oterubi,
- Speaker #1
tu commences à quelle heure ? 6h, 7h du matin.
- Speaker #0
Tu commences à 6h, 7h du matin, tu finis à ?
- Speaker #1
Normalement à 15h-16h. Ok,
- Speaker #0
donc de 6h du matin jusqu'à 15h-16h, on est sur 9-10h de boulot. Tu es au T-Ruby, tu finis ça, tu vas dans tes tests.
- Speaker #1
Oui, à chaque fois que je finis mon boulot, je... Je continue à faire des tests. Il y avait des jours que je descendais à 20h, 21h. Parce qu'à chaque fois que tu fais un test et que voilà, tu vois qu'il t'a manqué quelque chose ou bien tu as arrêté la recette et que tu veux rentrer, tu dis non, tu rentres, tu perds tout. Ouais. Tu recommences. Ouais. Tu vois. Ouais. Raison pour laquelle tu peux faire 15, 14 heures de temps sur le laboratoire mais en fait, tu ne le sens pas.
- Speaker #0
Quand c'est ta passion, quand c'est quelque chose que tu aimes, quand c'est quelque chose qui te motive, tu ne vois pas les heures.
- Speaker #1
Tu ne vois pas les heures.
- Speaker #0
Et c'est pour ça que pour moi, c'est important de dire le travail qu'il y a derrière ça parce que pour les gens qui ont eu la chance de goûter, par exemple, le drop revisité, Tu le vois, le truc, il est grand comme ça, il est haut comme ça, c'est mignon, tout, c'est beau, c'est joli. Mais les gens ne s'imaginent pas le temps que tu as mis avant de sortir ce produit. Ils ne s'imaginent pas que c'est des heures, c'est des mois de travail avant d'arriver à ce produit final et de le sortir, de le livrer, de pouvoir le faire goûter. Déjà à un jury sur ton concours et après à des clients qui ont eu la chance parce que tu as fait un pop-up à un moment au Térubi où pendant une semaine, les gens pouvaient le commander, pouvaient le goûter. Donc les gens n'imaginent pas le travail qu'il y a derrière juste ce produit-là. Et c'est un produit parmi tous les autres produits que tu fais parce que Euh... Quand on parle de volume et de quantité, par exemple, aujourd'hui, avec tes équipes, je n'imagine pas combien de pain, combien de viennoiserie vous sortez par jour, ne serait-ce qu'au Téhéroubi. Tu vois ? Donc, tu réussis tes tests. Tu as ta viennoiserie qui est bonne, tu as ton pain qui est bon, tu pars à Abidjan, dans ta tête, tu es prêt.
- Speaker #1
Oui, dans ma tête, j'étais prêt. Mais comme ce n'était pas mon premier concours, l'objectif, c'était vraiment d'être sur le podium.
- Speaker #0
Quand tu pars à Abidjan, dans ta tête, tu te dis, il faut que je sois sur le podium.
- Speaker #1
Il faut que je sois sur le podium. Mais je te dis une chose, même si je ne gagnais pas ce concours, même si je ne l'avais pas gagné, Honnêtement, à l'intérieur de moi, j'étais fier de moi, c'est ce que j'avais fait. Oui,
- Speaker #0
tu étais fier des produits que tu avais.
- Speaker #1
J'étais très fier des produits. De raison pour laquelle, même si je ne montais pas sur le podium, vraiment ça m'a suffisé. Pour moi, c'est ça l'objectif, que tu sois fier de toi, que tu sois fier de tes produits. Oui, oui.
- Speaker #0
Donc, tu arrives à Abidjan. Déjà un, tu fais la compétition, tu es tout seul, tu n'as pas d'équipe. C'est que toi tout seul. Ok. Vous êtes combien de concurrents ? C'est un par pays ?
- Speaker #1
C'est un par pays, oui.
- Speaker #0
Ok. Donc vous étiez combien ?
- Speaker #1
Je ne sais pas, on était une douzaine.
- Speaker #0
Une douzaine de concurrents ? Ça se déroule sur 8 heures de temps, la compétition. Et dans les 8 heures de temps, tout seul, tu dois ressortir la viennoiserie et ressortir un pain. C'est ça ?
- Speaker #1
C'est ça, oui. Je me souviens lorsque j'avais fini de faire mes produits, le concurrent que je te parlais tout à l'heure, L'Ivoirien ? L'Ivoirien m'a dit, mon frère... Ça fait trois fois que je pars en Coupe du Monde, mais je ne voyais même pas ta tête. Tu vas au Sénégal ? Il m'a dit que tu as pris énormément de risques sur tes projets. Moi, je ne vais jamais faire ça.
- Speaker #0
Ah ouais, ton concurrent, quand il regarde ce que tu fais, il voit le risque.
- Speaker #1
Il m'a dit que tu as pris trop de risques. Parce que pour faire une pâte levée feuilletée sur huit heures de temps... C'est pas évident. Ok.
- Speaker #0
Donc, tu fais la compétition, tu sors tes deux produits. Quand tu regardes les autres concurrents à côté de toi, est-ce que tu te dis, ouais, j'ai mieux ? Ou est-ce que tu doutes en regardant ce qu'ils ont sorti ?
- Speaker #1
Non, sincèrement, lorsque j'avais sorti mes produits et que les membres de jury m'ont rapproché pour commencer à prendre des photos, c'est là-bas que je suis vraiment les déchets ont jetés. Ah ouais ?
- Speaker #0
Ouais. Qu'est-ce que tu as vu ?
- Speaker #1
Il m'aurait dû m'aider à savoir qu'un intérieur, moi, il était... Ils étaient impressionnés parce qu'ils n'étaient pas à ce genre de prestations.
- Speaker #0
Donc, ils regardent chaque concurrent. Comment ça se passe pour dire qui a gagné ? Ils font d'abord quoi ? Ils disent d'abord le troisième, le deuxième ? Ou ils disent tout de suite qui a gagné ?
- Speaker #1
Non, ils commencent d'abord par le troisième. D'abord, ce n'était pas un seul jour. Comme on avait 12 concurrents, je pense que... c'était trois ou quatre concurrents par jour.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Donc, ça a pris trois jours.
- Speaker #0
D'accord. Et donc, toi, tu passes dans le premier jour ou dans les derniers ?
- Speaker #1
Dans le premier jour. J'étais le premier candidat avec Livorien. Ah oui ?
- Speaker #0
Donc, toi, tu passes le premier jour, tu sors tes produits et après, tu dois rester trois jours et tu as le droit de regarder ce que les autres ont fait pendant les trois jours ?
- Speaker #1
Non.
- Speaker #0
Non, OK. Donc, toi, tu ne sais pas ce qui se passe pendant les trois jours ?
- Speaker #1
Non, seulement le premier jour parce que tu as travaillé avec eux. Oui, parce que toi,
- Speaker #0
tu travailles
- Speaker #1
Mais les deux autres, non, on ne sait pas.
- Speaker #0
Donc, tu ne sais pas ce que les autres sortent ?
- Speaker #1
Non.
- Speaker #0
Tu ne vois pas ce qu'ils sortent ?
- Speaker #1
Honnêtement. Mais j'étais confiant, vu qu'en partant en Abidjan, moi, je ne le connaissais pas. Je ne connaissais que l'Ivoirien. Oui. Mais tous les autres concurrents me connaissaient.
- Speaker #0
Ok. Donc, ça veut dire que ta réputation était déjà là et tu savais que tu étais en confiance.
- Speaker #1
Oui. J'étais confiant.
- Speaker #0
Toi, quand tu pars, tu te dis, ma vraie compétition, c'est l'ivoirien. C'est lui que je dois battre.
- Speaker #1
Honnêtement, oui.
- Speaker #0
OK. Donc, les trois jours de compétition se font. Arrive le jour du résultat. Comment ça s'annonce ? Comment se passe le jour du résultat ?
- Speaker #1
Comme tu as dit tout à l'heure, ils ont commencé par le troisième d'abord. Je pense que c'était en Cap-Vertien, quelque chose comme ça. Oui. Et après, l'ivoirien.
- Speaker #0
Donc, ils annoncent deuxième l'ivoirien.
- Speaker #1
Oui. Ça ne m'a pas surpris. Soit c'était lui, soit moi.
- Speaker #0
Donc quand ils annoncent l'ivraie, tu sais que tu as gagné ? Oui. Et c'est quoi le sentiment dans ton cœur ?
- Speaker #1
Je dirais un sentiment de satisfaction. D'abord de pouvoir, pas pour moi, mais de pouvoir représenter son pays. mais aussi de valoriser nos produits locaux. Oui. A qui, à mon avis, comme je dis toujours, pour nous aider à lutter contre la malnutrition, manger aussi plus sain, diminuer l'importation des aliments. Ça crée aussi toute une chaîne de valeur. Bien sûr. Du cultivateur jusqu'à l'assiette du consommateur.
- Speaker #0
Bien sûr. Donc, tout le monde profite.
- Speaker #1
Bien sûr.
- Speaker #0
Si on a le bon produit final, tout le monde profite à tous les niveaux. donc là ils annoncent ton nom devant tout le monde et le gagnant est le meilleur boulanger d'Afrique et le chef Ibrahim Adia il y a quoi dans ton coeur ?
- Speaker #1
J'étais vraiment très très très très content. Mais voilà, j'ai toujours gardé la tête sur les épaules et en quittant Abidjan, c'est ce jour-là que j'ai ouvert le toit et mettre là-bas le titre du meilleur boulanger d'Afrique de l'Ouest et continuer à travailler.
- Speaker #0
C'est quoi qu'ils te remettent ? Ils te remettent quoi ? Une médaille ? Ils te remettent un titre, un diplôme ? Ils te remettent quoi ?
- Speaker #1
Oui, ils te remettent une médaille, un diplôme de participation. Et j'ai préféré d'ailleurs cette occasion pour remercier les organisateurs. qui est le groupe le SAF et le SOCOMAF parce que voilà ils m'ont donné cette opportunité pour que les gens me connaissent. Donc à part les médailles, les diplômes et tout, ils te donnent un chèque, ils te donnent aussi des produits de la brangerie sur le montant je pense 2 millions, 5 millions, 3 millions.
- Speaker #0
Donc tu as ce titre, tu rentres au Sénégal avec ce titre, mais est-ce que les médias en parlent ? Est-ce que la presse en parle ?
- Speaker #1
Sincèrement, non. Ouais,
- Speaker #0
et moi c'est ça qui me fait un petit peu mal, parce que je me dis, on a un champion d'Afrique. C'était en quelle année tu m'as dit ?
- Speaker #1
2024.
- Speaker #0
2024 ? Ouais,
- Speaker #1
octobre.
- Speaker #0
donc ils avaient déjà gagné la coupe d'Afrique les lions ouais ils appellent parce que j'allais dire tu as été champion sinon j'allais dire tu as été champion d'Afrique avant eux mais tu vois c'est ça qui est je vais dire un petit peu dommage c'est qu'on a quelqu'un qui est dans l'excellence au niveau déjà continental encore plus quelqu'un qui s'est auto-formé, donc qui est capable de montrer à une jeunesse, à qui on dit tous les jours ou qui pense tous les jours qu'il n'y a pas de solution, dans ce pays il n'y a pas de travail, il n'y a pas de boulot. qui est en train de montrer que, par les efforts, par le temps, par la détermination, par le travail, a réussi déjà à se créer un métier, a réussi à se créer son labo, et maintenant a... a réussi à être le meilleur de tout un continent. Et on ne parle pas du continent le plus petit, on parle du continent le plus grand. Certes, ce n'est peut-être pas le continent où il y a le plus de compétition, mais ça reste quand même... un trophée continental et que tu rentres et que finalement, ta vie continue normalement sans que tu aies de, ne serait-ce que au moins des articles, un petit peu de retombées. Je trouve ça dommage. Tu vois ? Après, est-ce que c'est pas aussi le travail de la fédération d'aider justement à faire communiquer sur ce que tu fais et tout et tout. Mais j'imagine qu'il doit y avoir déjà tellement de challenges au quotidien et de choses à gérer que ça doit être difficile de faire du marketing ou de faire de la communication. Et donc, tu rentres avec ce titre. Toi, tu rentres au Terubi. Déjà, même les équipes du Terubi, tes équipes qui ont goûté avec toi le produit tous les jours, comment ils t'accueillent quand tu rentres ? C'est ça moi ils m'ont fait un accueil très très très chaleureux.
- Speaker #1
C'est sûr.
- Speaker #0
Et honnêtement je m'y attendais même pas. Et comme tu dis tout à l'heure, moi je pense qu'on devrait en parler pour que les gens sachent que le métier de la branche c'est un bon métier, c'est un métier d'avenir, c'est un métier que voilà tu peux travailler, tu peux en fait trouver ton compte.
- Speaker #1
Tu peux voyager, regarde ce que tu me dis.
- Speaker #0
Comme je t'ai expliqué tout à l'heure, ça fait depuis 2012 que je voyage, j'ai fait beaucoup de pays et je ne sais même pas comment il coûte une billette d'avion. Je n'ai jamais acheté une billette d'avion. À chaque fois qu'on te contacte, on te donne une billette d'avion, on te donne tout à ta disposition. Donc voilà, c'est un bon métier.
- Speaker #1
Non mais Ibrahima, t'es parti au Seychelles former des gens en boulangerie. T'es parti au Mali, t'es parti au Niger, toi-même tu m'as dit, t'es parti dans d'autres pays. Mais tu vois, c'est ça pour moi où je pense que c'est important de parler de gens comme toi. Parce que, encore une fois, je le dis, ça montre à ces jeunes que si tu es excellent dans ce que tu fais, peu importe le métier que tu choisis de faire, que tu veux être dans la banque, que tu veuilles être boulanger, que tu veuilles être professeur, peu importe. A partir du moment où... où tu choisis d'être dans l'excellence dans ton métier et de te donner à fond, ça peut t'ouvrir des portes incroyables auxquelles tu n'aurais même pas pensé toi-même parce que tu es une référence et que les gens savent et se parlent entre eux. Parce que si tu n'étais pas bon, le gars au Mali, il ne te dit pas de venir. S'il te dit de venir au Mali, ce n'est pas parce qu'il t'aime bien. Ce n'est pas parce que tu es gentil. C'est parce qu'il sait que tu es bon dans ce que tu fais et que tu vas lui apprendre quelque chose. Si au Seychelles, ils te disent de venir toi pour venir leur apprendre ce que tu fais, ce n'est pas parce qu'ils t'aiment bien, c'est parce que tu es bon dans ce que tu fais et parce que les gens qui ont parlé de toi ont dit « Ce mec, il est incroyable dans ce qu'il fait. Il faut que vous veniez. » C'est pour ça que c'est super important de raconter ton histoire parce que, encore une fois, je le répète et je le re-répète parce que tu viens de me l'apprendre et je ne le savais pas avant qu'on ait la discussion, tu es autodidacte en plus. Tu es un autodidacte qui devient champion. d'Afrique et qui va former des gens à travers le monde sur la boulangerie. C'est inimaginable comme histoire.
- Speaker #0
C'est vrai. Si ce n'est pas au niveau international, même au Sénégal, il y a pas mal de boulangeries que je suis en train d'accompagner. Mais comme tu dis tout à l'heure, c'est vraiment dommage parce que quand tu parles au pays, le meilleur ouvrier de Paris, c'est lui qui fournit l'Elysée du pain. Donc moi, ça me fait très plaisir de fournir le pain à son excellence, M. Basirou Diomayi Gaharfei.
- Speaker #1
Non mais alors, je ne sais pas qui écoute le podcast. Je ne sais pas qui vous êtes, vous les incroyaux qui écoutez le podcast. Mais si on peut réussir ça, est-ce que vous pensez qu'on peut réussir qu'aujourd'hui, la présidence du Sénégal soit informée de ce talent incroyable qu'on a au Sénégal ? Et réaliser ce rêve qu'il a. Parce qu'aujourd'hui, vous êtes une communauté incroyable. Je sais que si vous poussez le truc, on peut réussir. Et moi, c'est le challenge que je me donne. Il faut qu'on réussisse que ce podcast soit entendu jusqu'à la présidence et que Ibrahima m'écrive et m'envoie une photo en me disant, ça y est, c'est fait. C'est le challenge qu'il faut que je nous donne et qu'il faut qu'on réalise. Donc ça, ça va être ma mission. Il faut qu'on le réalise, Ibrahima, parce que tu le mérites et tu mérites que les gens soient au courant de ton histoire et de ce que tu fais. donc Crois-moi que ça va être mon challenge quand cet épisode va sortir et on va tout faire avec les incroyables pour le réussir. Et ils vont entendre parler de toi à la présidence, Inch'Allah. Ça fait plaisir. Mais oui, parce qu'effectivement, comme tu le dis, le meilleur boulanger de France chaque année qui gagne le concours en France, effectivement, pendant un an, c'est lui qui fournit le pain à l'Élysée.
- Speaker #0
C'est une chose normale, c'est tout à fait. Et c'est naturel. Tu sais, moi, je ne fais pas partie des personnes qui se disent qu'est-ce que l'État a fait pour moi. Plutôt, la question que je me pose toujours, c'est qu'est-ce que je peux faire pour mon pays ?
- Speaker #1
Qu'est-ce que toi, tu peux apporter ?
- Speaker #0
Qu'est-ce que je peux apporter ? C'est la question que je me pose toujours.
- Speaker #1
Et t'imagines la fierté d'un président sénégalais quand il va recevoir d'autres chefs d'État d'autres pays de servir du pain, servir de la viennoiserie et dire à ses collègues... Ah, d'ailleurs, le chef qui fait ça, c'est le meilleur d'Afrique. C'est un Sénégalais. Moi-même, je suis président, je serais trop fier de dire ça, tu vois ? De flex un petit peu devant les autres, de dire, regardez, c'est moi qui ai le meilleur chez moi. Tu vois ? Donc, c'est important qu'il ait ça. Donc, en tout cas, tu gagnes. ce prix, tu rentres au Sénégal, tes équipes te font une surprise, et ton papa, ta maman, comment ils réagissent ?
- Speaker #0
Ils étaient vraiment très très très contents de moi, et j'ai profité aussi de cette occasion pour remercier vraiment tous mes partenaires, et tous ceux qui sont derrière moi. Voilà, peut-être aujourd'hui c'est Ibrahim qu'on voit.
- Speaker #1
Oui, mais comme tu as dit, c'est...
- Speaker #0
Devant les vidéos. Oui. Mais il y a d'autres personnes qui sont derrière. Bien sûr.
- Speaker #1
Il y a ton papa qui te dit d'aller faire ça. Il y a ton grand frère, j'imagine, qui te pousse, qui t'apprend des choses, qui te donne des tips. Déjà, il y a ce monsieur, la première boulangerie chez qui tu travailles, qui te dit des choses que toi, tu décides de prendre et que tu décides de suivre et d'appliquer. Il y a tous ces gens que tu rencontres qui font que tu es. aujourd'hui la personne que tu es, que tu réalises les choses que tu fais. C'est un travail sur des années. C'est un travail d'équipe. Il y a les équipes avec qui tu travailles au quotidien. Il y a celles avec qui tu as travaillé avant qui t'apprennent des choses. Je suis d'accord. Et c'est très important. Mais pour moi, Ibrahima, il y a d'abord la détermination que tu as au fond de toi. Parce que tu peux avoir toutes les équipes, les meilleures équipes du monde, mais si toi-même, au fond de toi, tu n'as pas cette détermination. Si toi-même, au fond de toi, tu n'as pas cette envie tous les jours d'être un meilleur boulanger que tu étais hier, si toi aussi, tu n'as pas cette envie de participer à ces concours et de montrer ton talent et d'affronter les meilleurs et de voir à quel niveau tu es avec les meilleurs, si toi déjà, tu n'as pas ça au fond de toi, tu peux avoir les meilleures équipes du monde, tu n'y arriveras pas.
- Speaker #0
Oui,
- Speaker #1
c'est vrai. Tu vois ? Donc effectivement, et c'est très louable de ta part, il faut remercier les équipes, mais il faut que tu te remercies toi-même ou que tu remercies... tes parents qui t'ont inculqué ce truc de je vais être boulanger, mais je vais être le meilleur boulanger. Je ne veux pas être juste un boulanger et faire juste du pain comme ça, normal, qu'on vend à la boutique. J'ai envie d'être le meilleur et d'apporter ma touche et d'apporter mes produits locaux et de changer quelque chose dans la boulangerie au Sénégal et d'apporter des nouvelles choses.
- Speaker #0
Surtout d'apporter des nouvelles choses. Tu sais, on est de plus en plus dans un monde... plus cosmopolites. Raison pour laquelle j'essaie d'apporter mon touche personnelle, j'essaie d'apporter toutes les cultures que j'ai vues dans les autres pays. J'essaie de les mettre dans mes produits. Bien sûr. Aujourd'hui, les Sénégalais doivent manger du bon pain, comme dans les autres pays. Aujourd'hui, on doit faire des produits qui peuvent concurrencer, qui peuvent être... compétitifs, que ce soit au niveau sénégal ou au niveau international.
- Speaker #1
Bien sûr, bien sûr. Donc là, on est en 2024, tu m'as dit, quand tu gagnes le titre. Là, on est en 2025. C'est quoi, aujourd'hui, tes prochains challenges, Ibrahima ? Où est-ce que tu as envie d'aller ? C'est quoi les choses que tu as envie de réaliser ? Parce que là, tu as réalisé une belle chose, extraordinaire, une chose extraordinaire. Tu me parlais ? des championnats du monde, est-ce que c'est quelque chose vers lequel tu aimerais aller ? Que tu aimerais essayer de faire ?
- Speaker #0
Pourquoi pas. Mais par exemple, aujourd'hui, s'il y avait un autre concours en Afrique, ce qui me fera plaisir, c'est de former quelqu'un qui pourra participer dans ce concours. Et pourquoi pas le gagner ? Parce que je n'aime pas chaque fois qu'on monopolise quelque chose, chaque fois c'est toi qui pars. Je pense qu'aujourd'hui, on doit arriver à un niveau où... Moi personnellement, ce qui me fait plaisir, c'est d'avoir des personnes, de leur former et qu'ils peuvent partir aussi, pourquoi pas, faire des compétitions et les gagner comme moi. Et comme tu dis tout à l'heure, je pense que mon challenge aujourd'hui, le plus grand challenge que j'ai, c'est de mettre en œuvre mes expériences acquises toutes ces années au service de mon pays. C'est-à-dire former, accompagner et partager aussi mon savoir-faire avec les passionnés.
- Speaker #1
Bien sûr. Aujourd'hui, au Terubi, tu gères une équipe de combien de personnes ?
- Speaker #0
Huit.
- Speaker #1
Huit personnes. Et vous sortez combien de produits par jour ? Parce que moi, ça m'impressionne.
- Speaker #0
Ah bon ? En fait, ça dépend des...
- Speaker #1
Oui, ça dépend s'il y a beaucoup de...
- Speaker #0
S'il y a des fonctions. Oui,
- Speaker #1
parce que pour les gens qui ne connaissent pas le Terubi, qui nous écoutent, c'est un hôtel, mais il y a aussi beaucoup d'événements. Il peut y avoir des forums, il peut y avoir des événements tous les jours. Donc, tu as les clients de l'hôtel, mais tu es aussi en production pour les événements qui sont à côté. Mais tu dirais en moyenne, allez juste en pain. Vous sortez combien de pain par jour ?
- Speaker #0
Pour les pains de table, je pense qu'on fait minimum 1500 à 2000 pains.
- Speaker #1
Par jour ? Oui, par maison.
- Speaker #0
Par maison. Sans compter les pains spéciaux, les vieux noiseries. Il y a des jours où, si on a des séminaires de 250-300 personnes, il y a des jours où il y a des séminaires de 300 personnes ici et 150 personnes ici. Donc, il y a des jours où c'est chaud.
- Speaker #1
Ah ouais, j'imagine, ça va être très, très, très, très, très, très chaud. Et aujourd'hui, tu parlais un petit peu, justement, de formation, de transmission. Est-ce que tu... aimerais monter ton école peut-être un jour ou monter ton établissement justement pour former, avoir la formation Ibrahima Dia ?
- Speaker #0
Sincèrement ça fait partie de mes objectifs et je pense que aujourd'hui si tu prends une boulangerie comme Eric Kaiser, ils sont partout dans le monde. Pourquoi pas le marque Ibrahima Dia ? Mais bien sûr ! En Afrique et dans le monde entier.
- Speaker #1
Mais bien sûr !
- Speaker #0
C'est quelque chose qui peut se faire.
- Speaker #1
C'est quelque chose qui peut totalement se faire. Et surtout qu'aujourd'hui, tu as la chance, de par la position où tu es, comme tu le disais plus tôt, tu rencontres des investisseurs. Donc aujourd'hui, tu es quelqu'un qui, s'il pose le bon business plan, est capable de pitcher ce business plan à des gens et de montrer ton propre établissement, ta marque Ibrahima Dia. Et en plus, tu as des produits qui gagnent des compétitions internationales que tu peux avoir en vitrine, tu vois ? Donc, clairement, clairement. Je vais te poser une question aussi parce que tu t'es auto-formé sur YouTube. Avoir ta chaîne YouTube, est-ce que ce n'est pas un truc auquel tu penserais peut-être un jour pour permettre à d'autres jeunes, par exemple, qui sont, je vais dire une bêtise, qui sont peut-être en région au Sénégal, qui n'ont pas la possibilité de venir à Dakar et qui pourraient apprendre le métier avec la chaîne YouTube du chef Ibrahim Hadia et apprendre peut-être déjà, ne serait-ce que des bases en boulangerie ?
- Speaker #0
Bien sûr, j'y travaille avec... avec mon manager et avec mes partenaires. Parce qu'il y a pas mal d'étudiants qui me le demandent. Donc, c'est sûr qu'on va le faire.
- Speaker #1
Oui, ça serait marrant. T'imagines que le prochain Sénégalais qui gagne la compétition, en tout cas, le prochain champion d'Afrique, puisse dire, je me suis formé avec les vidéos du chef sur YouTube, alors que le chef lui-même s'est formé sur YouTube. Bien sûr. Ça serait une histoire incroyable que de raconter ça.
- Speaker #0
Bien sûr.
- Speaker #1
Mais en tout cas... Moi, Ibrahima, ça a été un plaisir de te recevoir parce que je ne connaissais pas ton histoire. Tu vois, comme on travaille au Terubi, tu travailles au Terubi, on se voit souvent. On a déjà fait des contenus ensemble avec Karel, tout et tout. Mais je ne connaissais pas du tout ton parcours. Et je trouve que c'est encore plus inspirant et c'est encore plus... Tu vois, je me dis, les gens qui vont regarder cet épisode, tu vas aller manger au Terubi. Tu vas manger le pain d'une manière différente. parce que tu vas comprendre l'histoire qu'il y a derrière ce pain. Ce n'est pas juste un pain que tu manges, tu vois. Parce que tu peux aller dans des hôtels ici où c'est des pains surgelés, qu'ils achètent, qu'ils réchauffent. Déjà, tu sais que ce pain, il est fait par un Sénégalais. Tu sais le travail, tu sais les années qu'il y a eu derrière, tu sais les équipes qu'il y a derrière, tu sais ce qui anime la personne derrière. Tu sais que dans ce pain-là, tu sais l'amour qu'il y a dedans, tu sais la sueur qu'il y a dedans, tu sais la détermination qu'il y a dedans. Et pour moi, c'est ça qui est encore plus beau dans ton histoire, c'est que tu n'avais rien qui te destine à être ça. Mis à part d'avoir des parents qui sont dans la restauration, tu n'avais rien qui te faisait te diriger vers ça. Et la manière dont je te vois parler de boulangerie là, on sent que tu as encore tellement de choses que tu as envie de faire, que tu as tellement de choses que tu as envie de réaliser dans ça. Et je trouve que c'est magnifique et je trouve que c'est super que des jeunes... J'espère qu'un maximum de jeunes pourront voir ce podcast, pourront écouter ce podcast et réaliser que tu peux rêver grand avec ce métier.
- Speaker #0
Bien sûr.
- Speaker #1
Tu peux rêver et aller même au-delà de ce que toi-même tu rêves avec ce métier à partir du moment où tu décides d'être le meilleur ou d'être dans les meilleurs et de fournir les efforts. Absolument. Tu vois ? Et c'est ça, je trouve, qui est magnifique dans ton histoire. Et j'espère te recevoir peut-être... dans un an, dans deux ans, que tu me dises, Olivier, maintenant je suis champion du monde. Ou même si tu n'es pas champion du monde, ne serait-ce que tu es allé à cette compétition et tu es allé affronter les meilleurs dans le monde, tu es allé voir ce qu'ils font et comme la première fois où tu es parti au Maroc, tu as vu ce qu'ils font, après tu vas fournir les efforts pour peut-être devenir demain le premier champion du monde de boulangerie sénégalais, ou même africain, parce que je ne sais même pas si on a déjà eu un africain qui a été champion du monde de boulangerie. Non,
- Speaker #0
pas encore.
- Speaker #1
Ça serait une histoire incroyable. Et tu vois, même ça aujourd'hui, on parle de nos gouvernants, nos gouvernements parlent d'excellence locale et de valoriser... le savoir-faire et l'expérience locale. Pour moi, aujourd'hui, si jamais ils écoutent notre podcast et si jamais ils le voient, et ce que j'espère, pourront dire, tiens, Ibrahima, c'est ton rêve, tu veux aller représenter le Sénégal à la Coupe du Monde, comment nous, on peut faire pour t'aider ? Tu vois ? Ça, ça serait magnifique, que tu puisses avoir de l'aide, soit des gens qui vont nous écouter, soit de... On ne sait jamais de où ça peut venir et c'est tout le malheur que je te souhaite, que l'on puisse trouver des gens qui décident de t'accompagner dans ce rêve que tu as. et d'aller plus loin. Donc vraiment, merci beaucoup d'être venu. Merci pour ta très belle histoire. Merci pour tout ce que tu as partagé. Et vraiment, je vous recommande au moins d'aller au Terubi. Et quand vous allez au Terubi, vous prenez le pain, vous prenez un peu de beurre. Tu mets un peu le beurre comme ça. Quand le pain est bien, tu croques et tu penses au chef Ibrahima, tu penses au podcast et puis tu nous mets un commentaire. D'accord ? Est-ce que tu as un dernier mot que tu aimerais dire avant qu'on termine l'épisode ?
- Speaker #0
Déjà, je te remercie de vraiment m'inviter sur ce plateau.
- Speaker #1
Avec plaisir.
- Speaker #0
Et je profite aussi de cette occasion pour dire que bientôt, je vais lancer une masterclass.
- Speaker #1
Effectivement.
- Speaker #0
Et voilà, pour donner la chance aux personnes qui me voient dans les vidéos et tout, et qui veulent vraiment monter en compétence, c'est pour eux.
- Speaker #1
Ouais.
- Speaker #0
Donc, on va faire des masterclass pour les... pour les professionnels, des masterclass aussi pour les amateurs. Même s'ils veulent faire des reconversions, on programme aussi de faire des masterclass qui seront ouverts pour les étudiants. Parce qu'ils me réclament tous les jours. Donc, attendez-nous dans cette aventure.
- Speaker #1
De toute façon, je vous mets tous les réseaux d'Ibrahima sur Instagram, sur YouTube, je vous mets dans la description, je vous mettrai partout. Si vous avez des questions pour Ibrahima, allez lui écrire en DM ou écrivez les questions en commentaire sur YouTube il les verra je les verrai je lui enverrai n'hésitez pas allez voir son travail allez encourager ce qu'il fait allez goûter ce qu'il fait et vous m'en direz des nouvelles en tout cas la team incroyable merci d'avoir écouté l'épisode merci d'être resté jusqu'à la fin c'est que ça vous a passionné autant que ça me passionne de rencontrer des gens extraordinaires comme ça je vous dis à très vite pour un nouvel épisode Peace la famille
- Speaker #0
Merci Allow me to reduce myself and every soul ! Oh,
- Speaker #1
chouette !