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Le Pervers Narcissique par Pascal Couderc, Podcast sur la manipulation affective et les relations toxiques

LE PERVERS NARCISSIQUE ET L'ALCOOL

LE PERVERS NARCISSIQUE ET L'ALCOOL

23min |30/06/2025|

206

Play
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Le Pervers Narcissique par Pascal Couderc, Podcast sur la manipulation affective et les relations toxiques

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23min |30/06/2025|

206

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Description


Dans cet épisode, Pascal Couderc soulève une question cruciale : comment l'alcool peut-il exacerber la dynamique déjà toxique des pervers narcissiques ? En explorant cette thématique, il met en lumière les effets dévastateurs que l'alcool peut avoir sur les victimes de pervers narcissiques, souvent piégées dans des relations d'emprise. Cet épisode est une invitation à comprendre les violences psychologiques insidieuses qui se cachent derrière les comportements des pervers narcissiques et comment ces derniers utilisent l'alcool comme un outil de manipulation.


Au fil de la discussion, Pascal Couderc révèle que l'alcool agit comme un amplificateur, désinhibant les comportements du manipulateur narcissique tout en maintenant un contrôle coercitif sur son partenaire. Les victimes, souvent en proie à une dépendance affective, se retrouvent dans un cycle de confusion émotionnelle, rendant difficile la distinction entre la réalité et les manipulations mentales. La relation toxique devient alors un véritable labyrinthe où il est ardu de sortir de l'emprise.


Pascal Couderc aborde également les caractéristiques des pervers narcissiques, leurs techniques de manipulation et les signes de maltraitance psychologique qui peuvent passer inaperçus. L'épisode met en exergue les séquelles psychologiques durables que ces relations peuvent engendrer, notamment le stress post-traumatique et la difficulté à établir des limites dans de futures interactions. Comment se remettre en couple après avoir été victime d'un manipulateur pervers ? Comment se protéger contre un pervers narcissique et sortir de la dépendance affective ?


Il est essentiel de reconnaître que l'alcool ne doit pas être perçu simplement comme un problème à traiter, mais comme un révélateur des mécanismes de domination en jeu. En discutant des conséquences sur la santé mentale des victimes, Pascal Couderc offre des pistes pour gérer une relation toxique et démasquer un pervers narcissique. Les experts en violences conjugales et médiation familiale pourront également trouver des éclairages précieux sur la dynamique entre pervers narcissique et divorce, ainsi que sur les implications de la garde alternée dans ces contextes.


Rejoignez-nous pour cet épisode captivant qui éclaire les comportements pervers narcissiques et les effets dévastateurs de l'alcool dans ces relations abusives. Apprenez à reconnaître les signes d'un manipulateur et à réagir face à la manipulation. Ne laissez pas la honte ou la peur vous empêcher de vous libérer de l'emprise d'un pervers narcissique. Écoutez dès maintenant et commencez votre chemin vers la guérison.


Retrouvez-nous sur pervers-narcissique. com">www. pervers-narcissique. com</a> et sur notre <a target="_blank" rel="noopener noreferrer nofollow" href="https://www. facebook. com/PerversNarcissiqueparPascalCouderc">page Facebook



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Le pervers narcissique et l'alcool, quand la désinhibition devient manipulation. Alcool et perversion narcissique, une alliance toxique sous-estimée. Si l'on évoque fréquemment la figure du pervers narcissique sous l'angle de la manipulation affective ou de l'emprise psychologique, on aborde plus rarement la question de ses comportements addictifs. Et pourtant, dans de nombreuses configurations cliniques, l'alcool joue un rôle aussi silencieux que central. Il ne s'agit pas ici de réduire la perversion narcissique à une forme d'alcoolisme, ni de considérer toute consommation comme pathologique. Mais dans certaines trajectoires, la présence d'une addiction vient révéler ou aggraver un fonctionnement narcissique déjà perturbé. Loin d'être anodine, la consommation d'alcool chez un individu présentant une structure perverse narcissique fonctionne souvent comme un amplificateur de sa dynamique pathologique. Derrière l'usage de la substance, on observe des enjeux profonds. la régulation d'un vide intérieur insupportable, l'évitement de la frustration ou encore le renforcement du clivage entre images sociales et réalités intimes. L'alcool devient alors un outil de désinhibition, mais aussi, dans certains cas, un vecteur de manipulation. Il permet d'installer une confusion, de justifier des passages à l'acte, de renforcer l'emprise sur l'autre en jouant sur sa compassion ou sa culpabilité. Ce chapitre propose une lecture croisée entre psychopathologie de la perversion narcissique et processus addictif, pour mieux comprendre cette double toxicité et ses effets délétères sur les victimes prises dans cette dynamique.

  • Speaker #1

    Cette réflexion est tirée d'un article du site internet www.pervers-narcissique.com, dirigé par Pascal Coudert, psychanalyste et psychologue clinicien, co-auteur de l'ouvrage de référence ... la manipulation affective dans le couple, faire face à un pervers narcissique. Depuis plus de 30 ans, Pascal Coudert et son équipe de thérapeutes spécialistes des questions autour de la manipulation sentimentale prennent en charge les victimes de PN francophones partout dans le monde grâce à la vidéoconsultation. Rendez-vous sur pervers-narcissique.com pour accéder gratuitement à une multitude de ressources précieuses.

  • Speaker #0

    une addiction à l'échappatoire, ce que l'alcool révèle réellement. Dans la constellation des comportements du pervers narcissique, l'alcool tient une place à part. Il ne s'agit pas là d'un simple penchant festif ou d'un excès isolé. Sa consommation s'inscrit dans un rapport particulier au réel, à soi et surtout à l'autre. Loin d'être un hasard ou une faiblesse passagère, L'usage de l'alcool par un pervers narcissique s'ancre dans une structure psychique bien spécifique, celle d'un sujet incapable de composer avec les limites, la frustration, l'altérité. Ce que l'on observe chez ces profils, c'est que l'alcool fonctionne moins comme une échappatoire que comme un filtre déformant. Il ne fait pas disparaître les conflits internes, il les diffracte, il ne calme pas l'angoisse. Il la projette. Et surtout, il ne libère pas le sujet de ses tensions. Il les transpose dans la relation, souvent au détriment de celui ou celle qui se trouve à ses côtés. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, le pervers narcissique ne boit pas pour se soulager. Il ne cherche pas l'oubli, encore moins la consolation. Il boit pour se maintenir dans une position où il n'a jamais à se confronter à sa propre faille. là où d'autres s'effondreraient ou se remettraient en question, lui détourne. L'alcool devient alors un outil de distorsion. Il éloigne l'angoisse sans jamais l'affronter. Il transforme le manque en puissance agressive. Il fait du malaise un théâtre de domination. Ce n'est pas l'addiction en elle-même qui pose problème, car tous les addicts ne sont pas pervers, mais la manière dont elle s'articule à une organisation psychique fondée sur le déni le clivage et la projection. L'alcool vient ici soutenir des mécanismes de défense massifs. Ils permettent au sujet de rester dans l'illusion d'un moi tout puissant irréprochable, persécuté par un monde injuste. Et lorsque cette illusion se fissure, la rage n'est jamais loin. Ce qui émerge alors, c'est une violence plus nue, plus crue. Sous l'effet de l'alcool, le pervers narcissique perd parfois le contrôle de la forme, mais jamais du fond. L'humiliation, la dérision, le dénigrement deviennent plus directs, moins enrobés. Ce n'est pas un autre homme qui apparaît, mais le même, débarrassé de ses filtres sociaux, de ses stratégies de façade. L'ivresse n'invente rien, elle dévoile ce qui, en temps normal, est simplement dissimulé. Le rapport au réel se modifie également. Dans cette altération de la conscience, les repères se brouillent, mais pas de façon anodine. La mémoire devient sélective, les responsabilités sont renversées, les récits déformés. L'alcool offre ainsi une marge de manœuvre supplémentaire. Il autorise l'excès tout en facilitant l'effacement de ses traces. Il permet de dire « je ne me souviens pas » ou « ce n'était pas moi » tout en sachant très bien ce que ces formules induisent chez l'autre. Dans l'économie psychique du pervers narcissique, tout ce qui permet d'échapper à la limite est intégré. L'alcool ne fait pas exception. Il agit à la fois comme un sédatif interne et comme un perturbateur externe. Il pacifie temporairement le monde intérieur du sujet, tout en instaurant un climat chaotique autour de lui. Et c'est dans ce désordre soigneusement entretenu que l'emprise se renforce, que la domination se redéploie, que la victime perd pied. Il faut ici se méfier des lectures compassionnelles. Ce n'est pas un être souffrant qu'on découvre derrière le verre levé. C'est un sujet qui instrumentalise même ce qui, chez d'autres, serait une fragilité. L'alcool ne l'adoucit pas, il le rend plus lui-même. C'est là toute la toxicité de cette configuration, et ce qui la rend si difficile à repérer, tant elle oscille entre drame banal et violence psychique sophistiquée. L'alcool, dans ce contexte, n'est pas un simple problème à traiter. Il est un révélateur clinique, un symptôme dynamique, un indice de plus dans la compréhension d'une structure qui ne supporte ni la frustration, ni l'égalité, ni le lien véritable. Un outil, parfois, mais surtout un langage. Le langage trouble, dissonant et souvent destructeur d'un sujet qui refuse obstinément de rencontrer l'autre autrement que dans la domination. L'alcool comme désorganisateur du lien ? Une emprise par le flou. Si l'alcool permet au pervers narcissique de préserver son monde interne du chaos, il a, dans la relation à l'autre, une fonction tout aussi redoutable, celle de déstructurer le lien, de brouiller la perception et d'installer insidieusement une dynamique de confusion affective. Dans la relation d'emprise, rien ne se joue jamais sur un seul plan. Et l'ivresse, loin d'être une circonstance atténuante, devient une scène propice à l'érosion du discernement de l'autre. Ce n'est pas tant l'alcool qui manipule, mais ce qu'il permet. Il altère l'ambiance, désorganise les repères, modifie les registres d'interaction. Le langage devient fluctuant, les affects contradictoires, les comportements imprévisibles. La victime se retrouve exposée à une série d'interactions paradoxales. Geste tendre, puis rejet. Rire, puis menace. Aveu soudain, puis accusation. Rien n'est stable. Tout glisse. Dans cet état, le pervers narcissique n'est pas perdu. Il est au contraire dans un terrain familier. Se floue, il le connaît, il l'habite. Il y évolue, avec une forme de jouissance froide, parce qu'il sait que l'autre Lui perd pied. Et c'est précisément ce déséquilibre qui accroît son ascendant. Plus l'environnement relationnel est confus, plus son pouvoir s'étend. L'ivresse lui offre donc un cadre idéal pour exercer cette forme de domination floue qui ne dit pas son nom. Une domination sans cri, sans menace explicite, mais d'autant plus efficace qu'elle déstabilise l'autre jusque dans sa perception de la réalité. Sous l'effet de l'alcool, les limites du dissible et de l'acceptable sont repoussées, parfois subtilement, parfois brutalement. Ce qui hier semblait intolérable devient aujourd'hui excusé. banaliser puis intégrer. Et ce glissement ne se fait pas sans conséquences psychiques. Il engendre chez la victime un trouble profond de la pensée, une forme de dissociation douce dans laquelle elle n'est plus sûre de rien, ni de ce qu'elle a vécu, ni de ce qu'elle ressent, ni de ce qu'elle peut dire. Le doute s'installe, rongeant progressivement ses repères intérieurs. Elle n'est plus dans la colère, ni même dans la peur, elle est dans le flou, dans l'incertitude, dans l'impossibilité de nommer ce qui la malmène. C'est ici que l'on touche à une forme de perversion plus sophistiquée. L'alcool devient alors un agent de brouillage. Il ne vise pas directement la souffrance, mais la confusion. Non la douleur, mais le doute. Ce doute qui empêche toute mise à distance, toute réaction claire, tout positionnement. Ce doute qui paralyse. Plus encore, le pervers narcissique peut instrumentaliser l'après-coup. Après l'orage, viennent les excuses floues, les regrets sans engagement, les récits réécrits. Il jure qu'il ne recommencera pas, qu'il ne se reconnaît pas lui-même dans ses actes. Mais au fond, rien ne change, car ces moments font partie du cycle. Il participe au brouillage de la frontière entre l'agresseur et la victime, entre la responsabilité et l'accident, entre la violence et l'amour. La victime, quant à elle, se débat avec une série d'interrogations silencieuses. « Est-ce moi qui en fais trop ? » « Était-ce si grave ? » « Il était sous l'emprise de l'alcool ? » « Peut-être ne savait-il pas ce qu'il faisait ? » En réalité, c'est précisément cette oscillation intérieure, ce flottement affectif, qui constitue le cœur de l'emprise. Car dans cette dynamique, Le lien est toujours contaminé. Ce n'est plus une relation où chacun peut se tenir, mais une zone trouble, sans contour clair, dans laquelle l'un se dilue dans les projections de l'autre. Et l'alcool, par sa capacité à suspendre momentanément le sens, devient l'un des outils les plus puissants de cette aliénation affective. Il faut donc cesser de penser l'ivresse comme un facteur externe ou accidentel Elle est, dans ce type de configuration, un espace de déliaison symbolique où le pervers narcissique prospère, non pas en toute conscience, mais en pleine cohérence avec la logique interne qui sous-tend sa manière d'être au monde, détruire l'autre pour ne pas avoir à le rencontrer. Coaddiction, quand le lien à l'autre devient aussi une dépendance. Il arrive que dans certaines configurations, La consommation d'alcool du pervers narcissique déborde sur la relation elle-même. Pas frontalement, pas toujours de manière assumée, mais par capillarité, par imprégnation. Comme si, à force d'être confrontée à l'ivresse de l'autre, la victime finissait par y prendre part. Non pas par goût ni par abandon, mais pour suivre, s'adapter, rester connecté. Ne pas perdre le lien, même si ce lien est déjà faussé. c'est que le pervers narcissique ne partage pas réellement, il entraîne, il implique, et parfois, il contamine. L'alcool devient alors un « entre-nous » dévoyé, un terrain qui semble complice en apparence, mais qui ne fait que renforcer la dissymétrie de la relation. Il ne s'agit plus de boire pour se détendre ou pour célébrer. Il s'agit de boire pour tenir, pour supporter ce qui, sobre, devient. insoutenable. Et c'est précisément là que naît le piège, lorsque l'alcool devient un moyen de rester dans une relation qui détruit. La victime, à ce stade, ne s'en rend pas toujours compte. Elle croit peut-être qu'il s'agit d'un moment partagé, d'un instant de relâchement. Mais l'arrière-plan est tout autre. Car en s'alignant sur les usages de l'autre, en baissant ses propres seuils, Elle finit par éroder ses repères. Ce qui la choquait hier devient supportable aujourd'hui. Ce qu'elle n'aurait jamais toléré sobre lui paraît presque banal, normal même, dans cette bulle déformée par l'alcool et l'habitude. Et puis il y a cette sensation étrange, difficile à nommer, celle de se perdre un peu, mais pour mieux se sentir proche. L'illusion que l'on touche enfin quelque chose de vrai. que l'on accède à une forme d'intimité. d'abandon partagé, comme si l'ivresse ouvrait une brèche où l'on peut enfin se rencontrer. Mais cette brèche n'est pas un espace de vérité. C'est un terrain glissant, flou, sans contour. Et dans ce flou, le pervers narcissique se déplace avec une aisance que l'autre ne possède pas. C'est ainsi que se met en place une forme de coaddiction. Non pas une dépendance conjointe à la substance, ce n'est pas toujours le cas, mais une dépendance affective renforcée par la présence de l'alcool. Une dépendance au rituel, à la scène, au relâchement qui permet d'endurer l'invivable. L'alcool devient un médiateur du lien, un anesthésiant relationnel. On reste, on endure, on se tait. Et parfois, on trinque à ça, comme pour rendre la douleur un peu plus digeste. Mais cette coaddiction est très tresse. car elle crée une complicité factice, un sentiment de fusion qui empêche de voir la violence pour ce qu'elle est. La victime se surprend à rire, à relâcher la pression, à croire que, finalement, ce n'est pas si grave. Et c'est précisément là que le piège se referme, quand l'alcool sert à lisser les angles d'une relation dont la structure même est abusive. Le pervers narcissique, quant à lui, ne cherche pas forcément à rendre l'autre dépendant de la substance, mais il tolère, voire encourage, tout ce qui affaiblit ses défenses. Il suggère, il banalise, il flatte. Il peut même aller jusqu'à faire croire que l'autre est plus intéressant, plus séduisant, plus vivant, une fois désinhibé. Et ce discours, répété, intériorisé, finit par peser lourd, très lourd. Quand la victime essaie de sortir de ce cercle, de reprendre le contrôle, de poser des limites, elle se heurte souvent à une nouvelle forme de violence, moquerie, dénigrement, sabotage des tentatives de sobriété. Parce qu'un partenaire lucide, ancré, capable de dire non, devient soudain plus difficile à contrôler. C'est là tout le paradoxe de cette dynamique. Elle donne l'impression de créer du lien, alors qu'elle isole. Elle fait croire à une proximité alors qu'elle creuse une dépendance. Et elle finit par faire oublier que la relation, à la base, était censée être un espace de sécurité, pas un endroit où l'on boit pour ne pas sombrer. Les traces invisibles, ce que l'on emporte après. On pourrait croire que tout s'arrête lorsque la relation prend fin, qu'une fois le pervers narcissique hors de portée, Les choses se calment, s'apaisent, rentrent dans l'ordre. Mais il n'en est rien. Car si l'emprise a agi en profondeur, elle laisse des empreintes. Des traces, souvent silencieuses, mais persistantes. Et lorsque l'alcool s'est ajouté à la dynamique, ces traces se complexifient. Le lien n'a pas été qu'affectif. Il a été sensoriel, émotionnel, chimique parfois. Et ce type d'enchevêtrement ne disparaît pas du jour au lendemain. La mémoire du corps, celle du manque, celle des habitudes induites, continue de parler longtemps après la séparation. Il ne s'agit pas ici de dépendance à l'alcool au sens strict, bien que cela puisse survenir, mais d'une forme de dépendance à l'état modifié que l'alcool permettait et que la relation imposait. Beaucoup de victimes sortent de cette relation en état de flou intérieur. Elles ne parviennent plus à faire confiance à leur propre perception. Leurs repères ont été altérés, non pas brutalement, mais goutte à goutte. Un brouillage progressif de ce qui était juste ou déplacé, sain ou toxique, réel ou imaginé. Et ce doute-là est, à bien des égards, plus difficile à dissiper qu'un souvenir douloureux. Dans certains cas, Le simple fait de ressentir un besoin de relâchement, de s'asseoir, de respirer, de décompresser, ravive des automatismes issus de la relation. Ouvrir une bouteille, s'évader, se dissocier un peu. Parce que dans l'histoire vécue avec le pervers narcissique, l'alcool est devenu un outil de survie. Et ce conditionnement, même discret, même socialement toléré, peut ressurgir dans l'après. C'est là que l'on réalise à quel point cette relation n'a pas seulement envahi l'intimité émotionnelle, mais aussi infiltré les gestes du quotidien. Les modes de réponse au stress, le rapport au plaisir, au relâchement, à l'altérité. Ce que la victime emporte avec elle n'est pas toujours une blessure visible, mais une forme de reprogrammation silencieuse de ses équilibres internes. On ne sort pas indemne d'un lien où la confusion a été permanente, où l'alcool a participé à la déréalisation, et où l'on a dû s'adapter à ce qui n'aurait jamais dû être normal. Les séquelles peuvent prendre des formes diverses. Anxiété diffuse, difficulté à poser des limites, rapport ambivalent à la fête, à la détente, au plaisir, culpabilité, méfiance, et parfois, plus profondément encore, une honte silencieuse, celle d'avoir participé, même passivement, à sa propre dérive. Cette honte-là est l'un des pièges les plus tenaces de l'après. Elle enferme, elle isole, et elle fait croire que l'on est seul à avoir vécu cela. Or, il n'en est rien. Ces scénarios, ces spirales, ces pièges sont plus fréquents qu'on ne l'imagine, mais ils sont aussi, heureusement, repérables. Et lorsqu'ils sont mis en lumière, ils peuvent lentement, mais sûrement, perdre leur pouvoir. Ce que révèle la présence d'alcool dans une relation avec un pervers narcissique est une manière d'occuper l'espace relationnel, une manière trouble, diffuse, de maintenir l'autre sous emprise. Une manière de rendre la violence moins identifiable, plus excusable et surtout plus internalisée par la victime. Enfin, il serait réducteur de penser que cette configuration toxique se limite à l'usage de l'alcool. Dans de nombreuses trajectoires, on retrouve des formes d'addiction tout aussi problématiques drogue, sexualité compulsive, etc. qui jouent un rôle similaire. Ce ne sont pas les substances ou les comportements en eux-mêmes qui posent problème, mais la manière dont ils sont utilisés pour entretenir le déni, éviter toute remise en question et renforcer une emprise déjà bien installée. Dans ces dynamiques, Tout ce qui permet de désorganiser le lien devient un outil, un outil de brouillage, d'inversion, d'effacement des repères. Là encore, il ne s'agit pas de souffrance pure, mais d'un usage stratégique de la faille, une instrumentalisation du flou pour maintenir l'autre dans la confusion. Ces configurations multiples, et souvent imbriquées, ne font que confirmer une chose. Ce n'est pas l'addiction qui crée la perversion, mais c'est la structure perverse qui capte l'addiction pour en faire un levier de contrôle. Une mécanique redoutable où chaque faille devient une opportunité de domination.

Chapters

  • Introduction à l'alcool et la perversion narcissique

    00:18

  • Rôle de l'alcool dans la dynamique narcissique

    00:43

  • L'alcool comme outil de désinhibition et de manipulation

    01:11

  • Impact de l'alcool sur les victimes de pervers narcissiques

    01:58

  • L'alcool comme révélateur et agent de confusion

    04:04

  • Coaddiction et dépendance affective

    06:01

  • Conséquences psychologiques de la relation toxique

    08:01

  • Conclusion : Les séquelles de la relation avec un pervers narcissique

    17:42

Description


Dans cet épisode, Pascal Couderc soulève une question cruciale : comment l'alcool peut-il exacerber la dynamique déjà toxique des pervers narcissiques ? En explorant cette thématique, il met en lumière les effets dévastateurs que l'alcool peut avoir sur les victimes de pervers narcissiques, souvent piégées dans des relations d'emprise. Cet épisode est une invitation à comprendre les violences psychologiques insidieuses qui se cachent derrière les comportements des pervers narcissiques et comment ces derniers utilisent l'alcool comme un outil de manipulation.


Au fil de la discussion, Pascal Couderc révèle que l'alcool agit comme un amplificateur, désinhibant les comportements du manipulateur narcissique tout en maintenant un contrôle coercitif sur son partenaire. Les victimes, souvent en proie à une dépendance affective, se retrouvent dans un cycle de confusion émotionnelle, rendant difficile la distinction entre la réalité et les manipulations mentales. La relation toxique devient alors un véritable labyrinthe où il est ardu de sortir de l'emprise.


Pascal Couderc aborde également les caractéristiques des pervers narcissiques, leurs techniques de manipulation et les signes de maltraitance psychologique qui peuvent passer inaperçus. L'épisode met en exergue les séquelles psychologiques durables que ces relations peuvent engendrer, notamment le stress post-traumatique et la difficulté à établir des limites dans de futures interactions. Comment se remettre en couple après avoir été victime d'un manipulateur pervers ? Comment se protéger contre un pervers narcissique et sortir de la dépendance affective ?


Il est essentiel de reconnaître que l'alcool ne doit pas être perçu simplement comme un problème à traiter, mais comme un révélateur des mécanismes de domination en jeu. En discutant des conséquences sur la santé mentale des victimes, Pascal Couderc offre des pistes pour gérer une relation toxique et démasquer un pervers narcissique. Les experts en violences conjugales et médiation familiale pourront également trouver des éclairages précieux sur la dynamique entre pervers narcissique et divorce, ainsi que sur les implications de la garde alternée dans ces contextes.


Rejoignez-nous pour cet épisode captivant qui éclaire les comportements pervers narcissiques et les effets dévastateurs de l'alcool dans ces relations abusives. Apprenez à reconnaître les signes d'un manipulateur et à réagir face à la manipulation. Ne laissez pas la honte ou la peur vous empêcher de vous libérer de l'emprise d'un pervers narcissique. Écoutez dès maintenant et commencez votre chemin vers la guérison.


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    Le pervers narcissique et l'alcool, quand la désinhibition devient manipulation. Alcool et perversion narcissique, une alliance toxique sous-estimée. Si l'on évoque fréquemment la figure du pervers narcissique sous l'angle de la manipulation affective ou de l'emprise psychologique, on aborde plus rarement la question de ses comportements addictifs. Et pourtant, dans de nombreuses configurations cliniques, l'alcool joue un rôle aussi silencieux que central. Il ne s'agit pas ici de réduire la perversion narcissique à une forme d'alcoolisme, ni de considérer toute consommation comme pathologique. Mais dans certaines trajectoires, la présence d'une addiction vient révéler ou aggraver un fonctionnement narcissique déjà perturbé. Loin d'être anodine, la consommation d'alcool chez un individu présentant une structure perverse narcissique fonctionne souvent comme un amplificateur de sa dynamique pathologique. Derrière l'usage de la substance, on observe des enjeux profonds. la régulation d'un vide intérieur insupportable, l'évitement de la frustration ou encore le renforcement du clivage entre images sociales et réalités intimes. L'alcool devient alors un outil de désinhibition, mais aussi, dans certains cas, un vecteur de manipulation. Il permet d'installer une confusion, de justifier des passages à l'acte, de renforcer l'emprise sur l'autre en jouant sur sa compassion ou sa culpabilité. Ce chapitre propose une lecture croisée entre psychopathologie de la perversion narcissique et processus addictif, pour mieux comprendre cette double toxicité et ses effets délétères sur les victimes prises dans cette dynamique.

  • Speaker #1

    Cette réflexion est tirée d'un article du site internet www.pervers-narcissique.com, dirigé par Pascal Coudert, psychanalyste et psychologue clinicien, co-auteur de l'ouvrage de référence ... la manipulation affective dans le couple, faire face à un pervers narcissique. Depuis plus de 30 ans, Pascal Coudert et son équipe de thérapeutes spécialistes des questions autour de la manipulation sentimentale prennent en charge les victimes de PN francophones partout dans le monde grâce à la vidéoconsultation. Rendez-vous sur pervers-narcissique.com pour accéder gratuitement à une multitude de ressources précieuses.

  • Speaker #0

    une addiction à l'échappatoire, ce que l'alcool révèle réellement. Dans la constellation des comportements du pervers narcissique, l'alcool tient une place à part. Il ne s'agit pas là d'un simple penchant festif ou d'un excès isolé. Sa consommation s'inscrit dans un rapport particulier au réel, à soi et surtout à l'autre. Loin d'être un hasard ou une faiblesse passagère, L'usage de l'alcool par un pervers narcissique s'ancre dans une structure psychique bien spécifique, celle d'un sujet incapable de composer avec les limites, la frustration, l'altérité. Ce que l'on observe chez ces profils, c'est que l'alcool fonctionne moins comme une échappatoire que comme un filtre déformant. Il ne fait pas disparaître les conflits internes, il les diffracte, il ne calme pas l'angoisse. Il la projette. Et surtout, il ne libère pas le sujet de ses tensions. Il les transpose dans la relation, souvent au détriment de celui ou celle qui se trouve à ses côtés. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, le pervers narcissique ne boit pas pour se soulager. Il ne cherche pas l'oubli, encore moins la consolation. Il boit pour se maintenir dans une position où il n'a jamais à se confronter à sa propre faille. là où d'autres s'effondreraient ou se remettraient en question, lui détourne. L'alcool devient alors un outil de distorsion. Il éloigne l'angoisse sans jamais l'affronter. Il transforme le manque en puissance agressive. Il fait du malaise un théâtre de domination. Ce n'est pas l'addiction en elle-même qui pose problème, car tous les addicts ne sont pas pervers, mais la manière dont elle s'articule à une organisation psychique fondée sur le déni le clivage et la projection. L'alcool vient ici soutenir des mécanismes de défense massifs. Ils permettent au sujet de rester dans l'illusion d'un moi tout puissant irréprochable, persécuté par un monde injuste. Et lorsque cette illusion se fissure, la rage n'est jamais loin. Ce qui émerge alors, c'est une violence plus nue, plus crue. Sous l'effet de l'alcool, le pervers narcissique perd parfois le contrôle de la forme, mais jamais du fond. L'humiliation, la dérision, le dénigrement deviennent plus directs, moins enrobés. Ce n'est pas un autre homme qui apparaît, mais le même, débarrassé de ses filtres sociaux, de ses stratégies de façade. L'ivresse n'invente rien, elle dévoile ce qui, en temps normal, est simplement dissimulé. Le rapport au réel se modifie également. Dans cette altération de la conscience, les repères se brouillent, mais pas de façon anodine. La mémoire devient sélective, les responsabilités sont renversées, les récits déformés. L'alcool offre ainsi une marge de manœuvre supplémentaire. Il autorise l'excès tout en facilitant l'effacement de ses traces. Il permet de dire « je ne me souviens pas » ou « ce n'était pas moi » tout en sachant très bien ce que ces formules induisent chez l'autre. Dans l'économie psychique du pervers narcissique, tout ce qui permet d'échapper à la limite est intégré. L'alcool ne fait pas exception. Il agit à la fois comme un sédatif interne et comme un perturbateur externe. Il pacifie temporairement le monde intérieur du sujet, tout en instaurant un climat chaotique autour de lui. Et c'est dans ce désordre soigneusement entretenu que l'emprise se renforce, que la domination se redéploie, que la victime perd pied. Il faut ici se méfier des lectures compassionnelles. Ce n'est pas un être souffrant qu'on découvre derrière le verre levé. C'est un sujet qui instrumentalise même ce qui, chez d'autres, serait une fragilité. L'alcool ne l'adoucit pas, il le rend plus lui-même. C'est là toute la toxicité de cette configuration, et ce qui la rend si difficile à repérer, tant elle oscille entre drame banal et violence psychique sophistiquée. L'alcool, dans ce contexte, n'est pas un simple problème à traiter. Il est un révélateur clinique, un symptôme dynamique, un indice de plus dans la compréhension d'une structure qui ne supporte ni la frustration, ni l'égalité, ni le lien véritable. Un outil, parfois, mais surtout un langage. Le langage trouble, dissonant et souvent destructeur d'un sujet qui refuse obstinément de rencontrer l'autre autrement que dans la domination. L'alcool comme désorganisateur du lien ? Une emprise par le flou. Si l'alcool permet au pervers narcissique de préserver son monde interne du chaos, il a, dans la relation à l'autre, une fonction tout aussi redoutable, celle de déstructurer le lien, de brouiller la perception et d'installer insidieusement une dynamique de confusion affective. Dans la relation d'emprise, rien ne se joue jamais sur un seul plan. Et l'ivresse, loin d'être une circonstance atténuante, devient une scène propice à l'érosion du discernement de l'autre. Ce n'est pas tant l'alcool qui manipule, mais ce qu'il permet. Il altère l'ambiance, désorganise les repères, modifie les registres d'interaction. Le langage devient fluctuant, les affects contradictoires, les comportements imprévisibles. La victime se retrouve exposée à une série d'interactions paradoxales. Geste tendre, puis rejet. Rire, puis menace. Aveu soudain, puis accusation. Rien n'est stable. Tout glisse. Dans cet état, le pervers narcissique n'est pas perdu. Il est au contraire dans un terrain familier. Se floue, il le connaît, il l'habite. Il y évolue, avec une forme de jouissance froide, parce qu'il sait que l'autre Lui perd pied. Et c'est précisément ce déséquilibre qui accroît son ascendant. Plus l'environnement relationnel est confus, plus son pouvoir s'étend. L'ivresse lui offre donc un cadre idéal pour exercer cette forme de domination floue qui ne dit pas son nom. Une domination sans cri, sans menace explicite, mais d'autant plus efficace qu'elle déstabilise l'autre jusque dans sa perception de la réalité. Sous l'effet de l'alcool, les limites du dissible et de l'acceptable sont repoussées, parfois subtilement, parfois brutalement. Ce qui hier semblait intolérable devient aujourd'hui excusé. banaliser puis intégrer. Et ce glissement ne se fait pas sans conséquences psychiques. Il engendre chez la victime un trouble profond de la pensée, une forme de dissociation douce dans laquelle elle n'est plus sûre de rien, ni de ce qu'elle a vécu, ni de ce qu'elle ressent, ni de ce qu'elle peut dire. Le doute s'installe, rongeant progressivement ses repères intérieurs. Elle n'est plus dans la colère, ni même dans la peur, elle est dans le flou, dans l'incertitude, dans l'impossibilité de nommer ce qui la malmène. C'est ici que l'on touche à une forme de perversion plus sophistiquée. L'alcool devient alors un agent de brouillage. Il ne vise pas directement la souffrance, mais la confusion. Non la douleur, mais le doute. Ce doute qui empêche toute mise à distance, toute réaction claire, tout positionnement. Ce doute qui paralyse. Plus encore, le pervers narcissique peut instrumentaliser l'après-coup. Après l'orage, viennent les excuses floues, les regrets sans engagement, les récits réécrits. Il jure qu'il ne recommencera pas, qu'il ne se reconnaît pas lui-même dans ses actes. Mais au fond, rien ne change, car ces moments font partie du cycle. Il participe au brouillage de la frontière entre l'agresseur et la victime, entre la responsabilité et l'accident, entre la violence et l'amour. La victime, quant à elle, se débat avec une série d'interrogations silencieuses. « Est-ce moi qui en fais trop ? » « Était-ce si grave ? » « Il était sous l'emprise de l'alcool ? » « Peut-être ne savait-il pas ce qu'il faisait ? » En réalité, c'est précisément cette oscillation intérieure, ce flottement affectif, qui constitue le cœur de l'emprise. Car dans cette dynamique, Le lien est toujours contaminé. Ce n'est plus une relation où chacun peut se tenir, mais une zone trouble, sans contour clair, dans laquelle l'un se dilue dans les projections de l'autre. Et l'alcool, par sa capacité à suspendre momentanément le sens, devient l'un des outils les plus puissants de cette aliénation affective. Il faut donc cesser de penser l'ivresse comme un facteur externe ou accidentel Elle est, dans ce type de configuration, un espace de déliaison symbolique où le pervers narcissique prospère, non pas en toute conscience, mais en pleine cohérence avec la logique interne qui sous-tend sa manière d'être au monde, détruire l'autre pour ne pas avoir à le rencontrer. Coaddiction, quand le lien à l'autre devient aussi une dépendance. Il arrive que dans certaines configurations, La consommation d'alcool du pervers narcissique déborde sur la relation elle-même. Pas frontalement, pas toujours de manière assumée, mais par capillarité, par imprégnation. Comme si, à force d'être confrontée à l'ivresse de l'autre, la victime finissait par y prendre part. Non pas par goût ni par abandon, mais pour suivre, s'adapter, rester connecté. Ne pas perdre le lien, même si ce lien est déjà faussé. c'est que le pervers narcissique ne partage pas réellement, il entraîne, il implique, et parfois, il contamine. L'alcool devient alors un « entre-nous » dévoyé, un terrain qui semble complice en apparence, mais qui ne fait que renforcer la dissymétrie de la relation. Il ne s'agit plus de boire pour se détendre ou pour célébrer. Il s'agit de boire pour tenir, pour supporter ce qui, sobre, devient. insoutenable. Et c'est précisément là que naît le piège, lorsque l'alcool devient un moyen de rester dans une relation qui détruit. La victime, à ce stade, ne s'en rend pas toujours compte. Elle croit peut-être qu'il s'agit d'un moment partagé, d'un instant de relâchement. Mais l'arrière-plan est tout autre. Car en s'alignant sur les usages de l'autre, en baissant ses propres seuils, Elle finit par éroder ses repères. Ce qui la choquait hier devient supportable aujourd'hui. Ce qu'elle n'aurait jamais toléré sobre lui paraît presque banal, normal même, dans cette bulle déformée par l'alcool et l'habitude. Et puis il y a cette sensation étrange, difficile à nommer, celle de se perdre un peu, mais pour mieux se sentir proche. L'illusion que l'on touche enfin quelque chose de vrai. que l'on accède à une forme d'intimité. d'abandon partagé, comme si l'ivresse ouvrait une brèche où l'on peut enfin se rencontrer. Mais cette brèche n'est pas un espace de vérité. C'est un terrain glissant, flou, sans contour. Et dans ce flou, le pervers narcissique se déplace avec une aisance que l'autre ne possède pas. C'est ainsi que se met en place une forme de coaddiction. Non pas une dépendance conjointe à la substance, ce n'est pas toujours le cas, mais une dépendance affective renforcée par la présence de l'alcool. Une dépendance au rituel, à la scène, au relâchement qui permet d'endurer l'invivable. L'alcool devient un médiateur du lien, un anesthésiant relationnel. On reste, on endure, on se tait. Et parfois, on trinque à ça, comme pour rendre la douleur un peu plus digeste. Mais cette coaddiction est très tresse. car elle crée une complicité factice, un sentiment de fusion qui empêche de voir la violence pour ce qu'elle est. La victime se surprend à rire, à relâcher la pression, à croire que, finalement, ce n'est pas si grave. Et c'est précisément là que le piège se referme, quand l'alcool sert à lisser les angles d'une relation dont la structure même est abusive. Le pervers narcissique, quant à lui, ne cherche pas forcément à rendre l'autre dépendant de la substance, mais il tolère, voire encourage, tout ce qui affaiblit ses défenses. Il suggère, il banalise, il flatte. Il peut même aller jusqu'à faire croire que l'autre est plus intéressant, plus séduisant, plus vivant, une fois désinhibé. Et ce discours, répété, intériorisé, finit par peser lourd, très lourd. Quand la victime essaie de sortir de ce cercle, de reprendre le contrôle, de poser des limites, elle se heurte souvent à une nouvelle forme de violence, moquerie, dénigrement, sabotage des tentatives de sobriété. Parce qu'un partenaire lucide, ancré, capable de dire non, devient soudain plus difficile à contrôler. C'est là tout le paradoxe de cette dynamique. Elle donne l'impression de créer du lien, alors qu'elle isole. Elle fait croire à une proximité alors qu'elle creuse une dépendance. Et elle finit par faire oublier que la relation, à la base, était censée être un espace de sécurité, pas un endroit où l'on boit pour ne pas sombrer. Les traces invisibles, ce que l'on emporte après. On pourrait croire que tout s'arrête lorsque la relation prend fin, qu'une fois le pervers narcissique hors de portée, Les choses se calment, s'apaisent, rentrent dans l'ordre. Mais il n'en est rien. Car si l'emprise a agi en profondeur, elle laisse des empreintes. Des traces, souvent silencieuses, mais persistantes. Et lorsque l'alcool s'est ajouté à la dynamique, ces traces se complexifient. Le lien n'a pas été qu'affectif. Il a été sensoriel, émotionnel, chimique parfois. Et ce type d'enchevêtrement ne disparaît pas du jour au lendemain. La mémoire du corps, celle du manque, celle des habitudes induites, continue de parler longtemps après la séparation. Il ne s'agit pas ici de dépendance à l'alcool au sens strict, bien que cela puisse survenir, mais d'une forme de dépendance à l'état modifié que l'alcool permettait et que la relation imposait. Beaucoup de victimes sortent de cette relation en état de flou intérieur. Elles ne parviennent plus à faire confiance à leur propre perception. Leurs repères ont été altérés, non pas brutalement, mais goutte à goutte. Un brouillage progressif de ce qui était juste ou déplacé, sain ou toxique, réel ou imaginé. Et ce doute-là est, à bien des égards, plus difficile à dissiper qu'un souvenir douloureux. Dans certains cas, Le simple fait de ressentir un besoin de relâchement, de s'asseoir, de respirer, de décompresser, ravive des automatismes issus de la relation. Ouvrir une bouteille, s'évader, se dissocier un peu. Parce que dans l'histoire vécue avec le pervers narcissique, l'alcool est devenu un outil de survie. Et ce conditionnement, même discret, même socialement toléré, peut ressurgir dans l'après. C'est là que l'on réalise à quel point cette relation n'a pas seulement envahi l'intimité émotionnelle, mais aussi infiltré les gestes du quotidien. Les modes de réponse au stress, le rapport au plaisir, au relâchement, à l'altérité. Ce que la victime emporte avec elle n'est pas toujours une blessure visible, mais une forme de reprogrammation silencieuse de ses équilibres internes. On ne sort pas indemne d'un lien où la confusion a été permanente, où l'alcool a participé à la déréalisation, et où l'on a dû s'adapter à ce qui n'aurait jamais dû être normal. Les séquelles peuvent prendre des formes diverses. Anxiété diffuse, difficulté à poser des limites, rapport ambivalent à la fête, à la détente, au plaisir, culpabilité, méfiance, et parfois, plus profondément encore, une honte silencieuse, celle d'avoir participé, même passivement, à sa propre dérive. Cette honte-là est l'un des pièges les plus tenaces de l'après. Elle enferme, elle isole, et elle fait croire que l'on est seul à avoir vécu cela. Or, il n'en est rien. Ces scénarios, ces spirales, ces pièges sont plus fréquents qu'on ne l'imagine, mais ils sont aussi, heureusement, repérables. Et lorsqu'ils sont mis en lumière, ils peuvent lentement, mais sûrement, perdre leur pouvoir. Ce que révèle la présence d'alcool dans une relation avec un pervers narcissique est une manière d'occuper l'espace relationnel, une manière trouble, diffuse, de maintenir l'autre sous emprise. Une manière de rendre la violence moins identifiable, plus excusable et surtout plus internalisée par la victime. Enfin, il serait réducteur de penser que cette configuration toxique se limite à l'usage de l'alcool. Dans de nombreuses trajectoires, on retrouve des formes d'addiction tout aussi problématiques drogue, sexualité compulsive, etc. qui jouent un rôle similaire. Ce ne sont pas les substances ou les comportements en eux-mêmes qui posent problème, mais la manière dont ils sont utilisés pour entretenir le déni, éviter toute remise en question et renforcer une emprise déjà bien installée. Dans ces dynamiques, Tout ce qui permet de désorganiser le lien devient un outil, un outil de brouillage, d'inversion, d'effacement des repères. Là encore, il ne s'agit pas de souffrance pure, mais d'un usage stratégique de la faille, une instrumentalisation du flou pour maintenir l'autre dans la confusion. Ces configurations multiples, et souvent imbriquées, ne font que confirmer une chose. Ce n'est pas l'addiction qui crée la perversion, mais c'est la structure perverse qui capte l'addiction pour en faire un levier de contrôle. Une mécanique redoutable où chaque faille devient une opportunité de domination.

Chapters

  • Introduction à l'alcool et la perversion narcissique

    00:18

  • Rôle de l'alcool dans la dynamique narcissique

    00:43

  • L'alcool comme outil de désinhibition et de manipulation

    01:11

  • Impact de l'alcool sur les victimes de pervers narcissiques

    01:58

  • L'alcool comme révélateur et agent de confusion

    04:04

  • Coaddiction et dépendance affective

    06:01

  • Conséquences psychologiques de la relation toxique

    08:01

  • Conclusion : Les séquelles de la relation avec un pervers narcissique

    17:42

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Description


Dans cet épisode, Pascal Couderc soulève une question cruciale : comment l'alcool peut-il exacerber la dynamique déjà toxique des pervers narcissiques ? En explorant cette thématique, il met en lumière les effets dévastateurs que l'alcool peut avoir sur les victimes de pervers narcissiques, souvent piégées dans des relations d'emprise. Cet épisode est une invitation à comprendre les violences psychologiques insidieuses qui se cachent derrière les comportements des pervers narcissiques et comment ces derniers utilisent l'alcool comme un outil de manipulation.


Au fil de la discussion, Pascal Couderc révèle que l'alcool agit comme un amplificateur, désinhibant les comportements du manipulateur narcissique tout en maintenant un contrôle coercitif sur son partenaire. Les victimes, souvent en proie à une dépendance affective, se retrouvent dans un cycle de confusion émotionnelle, rendant difficile la distinction entre la réalité et les manipulations mentales. La relation toxique devient alors un véritable labyrinthe où il est ardu de sortir de l'emprise.


Pascal Couderc aborde également les caractéristiques des pervers narcissiques, leurs techniques de manipulation et les signes de maltraitance psychologique qui peuvent passer inaperçus. L'épisode met en exergue les séquelles psychologiques durables que ces relations peuvent engendrer, notamment le stress post-traumatique et la difficulté à établir des limites dans de futures interactions. Comment se remettre en couple après avoir été victime d'un manipulateur pervers ? Comment se protéger contre un pervers narcissique et sortir de la dépendance affective ?


Il est essentiel de reconnaître que l'alcool ne doit pas être perçu simplement comme un problème à traiter, mais comme un révélateur des mécanismes de domination en jeu. En discutant des conséquences sur la santé mentale des victimes, Pascal Couderc offre des pistes pour gérer une relation toxique et démasquer un pervers narcissique. Les experts en violences conjugales et médiation familiale pourront également trouver des éclairages précieux sur la dynamique entre pervers narcissique et divorce, ainsi que sur les implications de la garde alternée dans ces contextes.


Rejoignez-nous pour cet épisode captivant qui éclaire les comportements pervers narcissiques et les effets dévastateurs de l'alcool dans ces relations abusives. Apprenez à reconnaître les signes d'un manipulateur et à réagir face à la manipulation. Ne laissez pas la honte ou la peur vous empêcher de vous libérer de l'emprise d'un pervers narcissique. Écoutez dès maintenant et commencez votre chemin vers la guérison.


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Transcription

  • Speaker #0

    Le pervers narcissique et l'alcool, quand la désinhibition devient manipulation. Alcool et perversion narcissique, une alliance toxique sous-estimée. Si l'on évoque fréquemment la figure du pervers narcissique sous l'angle de la manipulation affective ou de l'emprise psychologique, on aborde plus rarement la question de ses comportements addictifs. Et pourtant, dans de nombreuses configurations cliniques, l'alcool joue un rôle aussi silencieux que central. Il ne s'agit pas ici de réduire la perversion narcissique à une forme d'alcoolisme, ni de considérer toute consommation comme pathologique. Mais dans certaines trajectoires, la présence d'une addiction vient révéler ou aggraver un fonctionnement narcissique déjà perturbé. Loin d'être anodine, la consommation d'alcool chez un individu présentant une structure perverse narcissique fonctionne souvent comme un amplificateur de sa dynamique pathologique. Derrière l'usage de la substance, on observe des enjeux profonds. la régulation d'un vide intérieur insupportable, l'évitement de la frustration ou encore le renforcement du clivage entre images sociales et réalités intimes. L'alcool devient alors un outil de désinhibition, mais aussi, dans certains cas, un vecteur de manipulation. Il permet d'installer une confusion, de justifier des passages à l'acte, de renforcer l'emprise sur l'autre en jouant sur sa compassion ou sa culpabilité. Ce chapitre propose une lecture croisée entre psychopathologie de la perversion narcissique et processus addictif, pour mieux comprendre cette double toxicité et ses effets délétères sur les victimes prises dans cette dynamique.

  • Speaker #1

    Cette réflexion est tirée d'un article du site internet www.pervers-narcissique.com, dirigé par Pascal Coudert, psychanalyste et psychologue clinicien, co-auteur de l'ouvrage de référence ... la manipulation affective dans le couple, faire face à un pervers narcissique. Depuis plus de 30 ans, Pascal Coudert et son équipe de thérapeutes spécialistes des questions autour de la manipulation sentimentale prennent en charge les victimes de PN francophones partout dans le monde grâce à la vidéoconsultation. Rendez-vous sur pervers-narcissique.com pour accéder gratuitement à une multitude de ressources précieuses.

  • Speaker #0

    une addiction à l'échappatoire, ce que l'alcool révèle réellement. Dans la constellation des comportements du pervers narcissique, l'alcool tient une place à part. Il ne s'agit pas là d'un simple penchant festif ou d'un excès isolé. Sa consommation s'inscrit dans un rapport particulier au réel, à soi et surtout à l'autre. Loin d'être un hasard ou une faiblesse passagère, L'usage de l'alcool par un pervers narcissique s'ancre dans une structure psychique bien spécifique, celle d'un sujet incapable de composer avec les limites, la frustration, l'altérité. Ce que l'on observe chez ces profils, c'est que l'alcool fonctionne moins comme une échappatoire que comme un filtre déformant. Il ne fait pas disparaître les conflits internes, il les diffracte, il ne calme pas l'angoisse. Il la projette. Et surtout, il ne libère pas le sujet de ses tensions. Il les transpose dans la relation, souvent au détriment de celui ou celle qui se trouve à ses côtés. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, le pervers narcissique ne boit pas pour se soulager. Il ne cherche pas l'oubli, encore moins la consolation. Il boit pour se maintenir dans une position où il n'a jamais à se confronter à sa propre faille. là où d'autres s'effondreraient ou se remettraient en question, lui détourne. L'alcool devient alors un outil de distorsion. Il éloigne l'angoisse sans jamais l'affronter. Il transforme le manque en puissance agressive. Il fait du malaise un théâtre de domination. Ce n'est pas l'addiction en elle-même qui pose problème, car tous les addicts ne sont pas pervers, mais la manière dont elle s'articule à une organisation psychique fondée sur le déni le clivage et la projection. L'alcool vient ici soutenir des mécanismes de défense massifs. Ils permettent au sujet de rester dans l'illusion d'un moi tout puissant irréprochable, persécuté par un monde injuste. Et lorsque cette illusion se fissure, la rage n'est jamais loin. Ce qui émerge alors, c'est une violence plus nue, plus crue. Sous l'effet de l'alcool, le pervers narcissique perd parfois le contrôle de la forme, mais jamais du fond. L'humiliation, la dérision, le dénigrement deviennent plus directs, moins enrobés. Ce n'est pas un autre homme qui apparaît, mais le même, débarrassé de ses filtres sociaux, de ses stratégies de façade. L'ivresse n'invente rien, elle dévoile ce qui, en temps normal, est simplement dissimulé. Le rapport au réel se modifie également. Dans cette altération de la conscience, les repères se brouillent, mais pas de façon anodine. La mémoire devient sélective, les responsabilités sont renversées, les récits déformés. L'alcool offre ainsi une marge de manœuvre supplémentaire. Il autorise l'excès tout en facilitant l'effacement de ses traces. Il permet de dire « je ne me souviens pas » ou « ce n'était pas moi » tout en sachant très bien ce que ces formules induisent chez l'autre. Dans l'économie psychique du pervers narcissique, tout ce qui permet d'échapper à la limite est intégré. L'alcool ne fait pas exception. Il agit à la fois comme un sédatif interne et comme un perturbateur externe. Il pacifie temporairement le monde intérieur du sujet, tout en instaurant un climat chaotique autour de lui. Et c'est dans ce désordre soigneusement entretenu que l'emprise se renforce, que la domination se redéploie, que la victime perd pied. Il faut ici se méfier des lectures compassionnelles. Ce n'est pas un être souffrant qu'on découvre derrière le verre levé. C'est un sujet qui instrumentalise même ce qui, chez d'autres, serait une fragilité. L'alcool ne l'adoucit pas, il le rend plus lui-même. C'est là toute la toxicité de cette configuration, et ce qui la rend si difficile à repérer, tant elle oscille entre drame banal et violence psychique sophistiquée. L'alcool, dans ce contexte, n'est pas un simple problème à traiter. Il est un révélateur clinique, un symptôme dynamique, un indice de plus dans la compréhension d'une structure qui ne supporte ni la frustration, ni l'égalité, ni le lien véritable. Un outil, parfois, mais surtout un langage. Le langage trouble, dissonant et souvent destructeur d'un sujet qui refuse obstinément de rencontrer l'autre autrement que dans la domination. L'alcool comme désorganisateur du lien ? Une emprise par le flou. Si l'alcool permet au pervers narcissique de préserver son monde interne du chaos, il a, dans la relation à l'autre, une fonction tout aussi redoutable, celle de déstructurer le lien, de brouiller la perception et d'installer insidieusement une dynamique de confusion affective. Dans la relation d'emprise, rien ne se joue jamais sur un seul plan. Et l'ivresse, loin d'être une circonstance atténuante, devient une scène propice à l'érosion du discernement de l'autre. Ce n'est pas tant l'alcool qui manipule, mais ce qu'il permet. Il altère l'ambiance, désorganise les repères, modifie les registres d'interaction. Le langage devient fluctuant, les affects contradictoires, les comportements imprévisibles. La victime se retrouve exposée à une série d'interactions paradoxales. Geste tendre, puis rejet. Rire, puis menace. Aveu soudain, puis accusation. Rien n'est stable. Tout glisse. Dans cet état, le pervers narcissique n'est pas perdu. Il est au contraire dans un terrain familier. Se floue, il le connaît, il l'habite. Il y évolue, avec une forme de jouissance froide, parce qu'il sait que l'autre Lui perd pied. Et c'est précisément ce déséquilibre qui accroît son ascendant. Plus l'environnement relationnel est confus, plus son pouvoir s'étend. L'ivresse lui offre donc un cadre idéal pour exercer cette forme de domination floue qui ne dit pas son nom. Une domination sans cri, sans menace explicite, mais d'autant plus efficace qu'elle déstabilise l'autre jusque dans sa perception de la réalité. Sous l'effet de l'alcool, les limites du dissible et de l'acceptable sont repoussées, parfois subtilement, parfois brutalement. Ce qui hier semblait intolérable devient aujourd'hui excusé. banaliser puis intégrer. Et ce glissement ne se fait pas sans conséquences psychiques. Il engendre chez la victime un trouble profond de la pensée, une forme de dissociation douce dans laquelle elle n'est plus sûre de rien, ni de ce qu'elle a vécu, ni de ce qu'elle ressent, ni de ce qu'elle peut dire. Le doute s'installe, rongeant progressivement ses repères intérieurs. Elle n'est plus dans la colère, ni même dans la peur, elle est dans le flou, dans l'incertitude, dans l'impossibilité de nommer ce qui la malmène. C'est ici que l'on touche à une forme de perversion plus sophistiquée. L'alcool devient alors un agent de brouillage. Il ne vise pas directement la souffrance, mais la confusion. Non la douleur, mais le doute. Ce doute qui empêche toute mise à distance, toute réaction claire, tout positionnement. Ce doute qui paralyse. Plus encore, le pervers narcissique peut instrumentaliser l'après-coup. Après l'orage, viennent les excuses floues, les regrets sans engagement, les récits réécrits. Il jure qu'il ne recommencera pas, qu'il ne se reconnaît pas lui-même dans ses actes. Mais au fond, rien ne change, car ces moments font partie du cycle. Il participe au brouillage de la frontière entre l'agresseur et la victime, entre la responsabilité et l'accident, entre la violence et l'amour. La victime, quant à elle, se débat avec une série d'interrogations silencieuses. « Est-ce moi qui en fais trop ? » « Était-ce si grave ? » « Il était sous l'emprise de l'alcool ? » « Peut-être ne savait-il pas ce qu'il faisait ? » En réalité, c'est précisément cette oscillation intérieure, ce flottement affectif, qui constitue le cœur de l'emprise. Car dans cette dynamique, Le lien est toujours contaminé. Ce n'est plus une relation où chacun peut se tenir, mais une zone trouble, sans contour clair, dans laquelle l'un se dilue dans les projections de l'autre. Et l'alcool, par sa capacité à suspendre momentanément le sens, devient l'un des outils les plus puissants de cette aliénation affective. Il faut donc cesser de penser l'ivresse comme un facteur externe ou accidentel Elle est, dans ce type de configuration, un espace de déliaison symbolique où le pervers narcissique prospère, non pas en toute conscience, mais en pleine cohérence avec la logique interne qui sous-tend sa manière d'être au monde, détruire l'autre pour ne pas avoir à le rencontrer. Coaddiction, quand le lien à l'autre devient aussi une dépendance. Il arrive que dans certaines configurations, La consommation d'alcool du pervers narcissique déborde sur la relation elle-même. Pas frontalement, pas toujours de manière assumée, mais par capillarité, par imprégnation. Comme si, à force d'être confrontée à l'ivresse de l'autre, la victime finissait par y prendre part. Non pas par goût ni par abandon, mais pour suivre, s'adapter, rester connecté. Ne pas perdre le lien, même si ce lien est déjà faussé. c'est que le pervers narcissique ne partage pas réellement, il entraîne, il implique, et parfois, il contamine. L'alcool devient alors un « entre-nous » dévoyé, un terrain qui semble complice en apparence, mais qui ne fait que renforcer la dissymétrie de la relation. Il ne s'agit plus de boire pour se détendre ou pour célébrer. Il s'agit de boire pour tenir, pour supporter ce qui, sobre, devient. insoutenable. Et c'est précisément là que naît le piège, lorsque l'alcool devient un moyen de rester dans une relation qui détruit. La victime, à ce stade, ne s'en rend pas toujours compte. Elle croit peut-être qu'il s'agit d'un moment partagé, d'un instant de relâchement. Mais l'arrière-plan est tout autre. Car en s'alignant sur les usages de l'autre, en baissant ses propres seuils, Elle finit par éroder ses repères. Ce qui la choquait hier devient supportable aujourd'hui. Ce qu'elle n'aurait jamais toléré sobre lui paraît presque banal, normal même, dans cette bulle déformée par l'alcool et l'habitude. Et puis il y a cette sensation étrange, difficile à nommer, celle de se perdre un peu, mais pour mieux se sentir proche. L'illusion que l'on touche enfin quelque chose de vrai. que l'on accède à une forme d'intimité. d'abandon partagé, comme si l'ivresse ouvrait une brèche où l'on peut enfin se rencontrer. Mais cette brèche n'est pas un espace de vérité. C'est un terrain glissant, flou, sans contour. Et dans ce flou, le pervers narcissique se déplace avec une aisance que l'autre ne possède pas. C'est ainsi que se met en place une forme de coaddiction. Non pas une dépendance conjointe à la substance, ce n'est pas toujours le cas, mais une dépendance affective renforcée par la présence de l'alcool. Une dépendance au rituel, à la scène, au relâchement qui permet d'endurer l'invivable. L'alcool devient un médiateur du lien, un anesthésiant relationnel. On reste, on endure, on se tait. Et parfois, on trinque à ça, comme pour rendre la douleur un peu plus digeste. Mais cette coaddiction est très tresse. car elle crée une complicité factice, un sentiment de fusion qui empêche de voir la violence pour ce qu'elle est. La victime se surprend à rire, à relâcher la pression, à croire que, finalement, ce n'est pas si grave. Et c'est précisément là que le piège se referme, quand l'alcool sert à lisser les angles d'une relation dont la structure même est abusive. Le pervers narcissique, quant à lui, ne cherche pas forcément à rendre l'autre dépendant de la substance, mais il tolère, voire encourage, tout ce qui affaiblit ses défenses. Il suggère, il banalise, il flatte. Il peut même aller jusqu'à faire croire que l'autre est plus intéressant, plus séduisant, plus vivant, une fois désinhibé. Et ce discours, répété, intériorisé, finit par peser lourd, très lourd. Quand la victime essaie de sortir de ce cercle, de reprendre le contrôle, de poser des limites, elle se heurte souvent à une nouvelle forme de violence, moquerie, dénigrement, sabotage des tentatives de sobriété. Parce qu'un partenaire lucide, ancré, capable de dire non, devient soudain plus difficile à contrôler. C'est là tout le paradoxe de cette dynamique. Elle donne l'impression de créer du lien, alors qu'elle isole. Elle fait croire à une proximité alors qu'elle creuse une dépendance. Et elle finit par faire oublier que la relation, à la base, était censée être un espace de sécurité, pas un endroit où l'on boit pour ne pas sombrer. Les traces invisibles, ce que l'on emporte après. On pourrait croire que tout s'arrête lorsque la relation prend fin, qu'une fois le pervers narcissique hors de portée, Les choses se calment, s'apaisent, rentrent dans l'ordre. Mais il n'en est rien. Car si l'emprise a agi en profondeur, elle laisse des empreintes. Des traces, souvent silencieuses, mais persistantes. Et lorsque l'alcool s'est ajouté à la dynamique, ces traces se complexifient. Le lien n'a pas été qu'affectif. Il a été sensoriel, émotionnel, chimique parfois. Et ce type d'enchevêtrement ne disparaît pas du jour au lendemain. La mémoire du corps, celle du manque, celle des habitudes induites, continue de parler longtemps après la séparation. Il ne s'agit pas ici de dépendance à l'alcool au sens strict, bien que cela puisse survenir, mais d'une forme de dépendance à l'état modifié que l'alcool permettait et que la relation imposait. Beaucoup de victimes sortent de cette relation en état de flou intérieur. Elles ne parviennent plus à faire confiance à leur propre perception. Leurs repères ont été altérés, non pas brutalement, mais goutte à goutte. Un brouillage progressif de ce qui était juste ou déplacé, sain ou toxique, réel ou imaginé. Et ce doute-là est, à bien des égards, plus difficile à dissiper qu'un souvenir douloureux. Dans certains cas, Le simple fait de ressentir un besoin de relâchement, de s'asseoir, de respirer, de décompresser, ravive des automatismes issus de la relation. Ouvrir une bouteille, s'évader, se dissocier un peu. Parce que dans l'histoire vécue avec le pervers narcissique, l'alcool est devenu un outil de survie. Et ce conditionnement, même discret, même socialement toléré, peut ressurgir dans l'après. C'est là que l'on réalise à quel point cette relation n'a pas seulement envahi l'intimité émotionnelle, mais aussi infiltré les gestes du quotidien. Les modes de réponse au stress, le rapport au plaisir, au relâchement, à l'altérité. Ce que la victime emporte avec elle n'est pas toujours une blessure visible, mais une forme de reprogrammation silencieuse de ses équilibres internes. On ne sort pas indemne d'un lien où la confusion a été permanente, où l'alcool a participé à la déréalisation, et où l'on a dû s'adapter à ce qui n'aurait jamais dû être normal. Les séquelles peuvent prendre des formes diverses. Anxiété diffuse, difficulté à poser des limites, rapport ambivalent à la fête, à la détente, au plaisir, culpabilité, méfiance, et parfois, plus profondément encore, une honte silencieuse, celle d'avoir participé, même passivement, à sa propre dérive. Cette honte-là est l'un des pièges les plus tenaces de l'après. Elle enferme, elle isole, et elle fait croire que l'on est seul à avoir vécu cela. Or, il n'en est rien. Ces scénarios, ces spirales, ces pièges sont plus fréquents qu'on ne l'imagine, mais ils sont aussi, heureusement, repérables. Et lorsqu'ils sont mis en lumière, ils peuvent lentement, mais sûrement, perdre leur pouvoir. Ce que révèle la présence d'alcool dans une relation avec un pervers narcissique est une manière d'occuper l'espace relationnel, une manière trouble, diffuse, de maintenir l'autre sous emprise. Une manière de rendre la violence moins identifiable, plus excusable et surtout plus internalisée par la victime. Enfin, il serait réducteur de penser que cette configuration toxique se limite à l'usage de l'alcool. Dans de nombreuses trajectoires, on retrouve des formes d'addiction tout aussi problématiques drogue, sexualité compulsive, etc. qui jouent un rôle similaire. Ce ne sont pas les substances ou les comportements en eux-mêmes qui posent problème, mais la manière dont ils sont utilisés pour entretenir le déni, éviter toute remise en question et renforcer une emprise déjà bien installée. Dans ces dynamiques, Tout ce qui permet de désorganiser le lien devient un outil, un outil de brouillage, d'inversion, d'effacement des repères. Là encore, il ne s'agit pas de souffrance pure, mais d'un usage stratégique de la faille, une instrumentalisation du flou pour maintenir l'autre dans la confusion. Ces configurations multiples, et souvent imbriquées, ne font que confirmer une chose. Ce n'est pas l'addiction qui crée la perversion, mais c'est la structure perverse qui capte l'addiction pour en faire un levier de contrôle. Une mécanique redoutable où chaque faille devient une opportunité de domination.

Chapters

  • Introduction à l'alcool et la perversion narcissique

    00:18

  • Rôle de l'alcool dans la dynamique narcissique

    00:43

  • L'alcool comme outil de désinhibition et de manipulation

    01:11

  • Impact de l'alcool sur les victimes de pervers narcissiques

    01:58

  • L'alcool comme révélateur et agent de confusion

    04:04

  • Coaddiction et dépendance affective

    06:01

  • Conséquences psychologiques de la relation toxique

    08:01

  • Conclusion : Les séquelles de la relation avec un pervers narcissique

    17:42

Description


Dans cet épisode, Pascal Couderc soulève une question cruciale : comment l'alcool peut-il exacerber la dynamique déjà toxique des pervers narcissiques ? En explorant cette thématique, il met en lumière les effets dévastateurs que l'alcool peut avoir sur les victimes de pervers narcissiques, souvent piégées dans des relations d'emprise. Cet épisode est une invitation à comprendre les violences psychologiques insidieuses qui se cachent derrière les comportements des pervers narcissiques et comment ces derniers utilisent l'alcool comme un outil de manipulation.


Au fil de la discussion, Pascal Couderc révèle que l'alcool agit comme un amplificateur, désinhibant les comportements du manipulateur narcissique tout en maintenant un contrôle coercitif sur son partenaire. Les victimes, souvent en proie à une dépendance affective, se retrouvent dans un cycle de confusion émotionnelle, rendant difficile la distinction entre la réalité et les manipulations mentales. La relation toxique devient alors un véritable labyrinthe où il est ardu de sortir de l'emprise.


Pascal Couderc aborde également les caractéristiques des pervers narcissiques, leurs techniques de manipulation et les signes de maltraitance psychologique qui peuvent passer inaperçus. L'épisode met en exergue les séquelles psychologiques durables que ces relations peuvent engendrer, notamment le stress post-traumatique et la difficulté à établir des limites dans de futures interactions. Comment se remettre en couple après avoir été victime d'un manipulateur pervers ? Comment se protéger contre un pervers narcissique et sortir de la dépendance affective ?


Il est essentiel de reconnaître que l'alcool ne doit pas être perçu simplement comme un problème à traiter, mais comme un révélateur des mécanismes de domination en jeu. En discutant des conséquences sur la santé mentale des victimes, Pascal Couderc offre des pistes pour gérer une relation toxique et démasquer un pervers narcissique. Les experts en violences conjugales et médiation familiale pourront également trouver des éclairages précieux sur la dynamique entre pervers narcissique et divorce, ainsi que sur les implications de la garde alternée dans ces contextes.


Rejoignez-nous pour cet épisode captivant qui éclaire les comportements pervers narcissiques et les effets dévastateurs de l'alcool dans ces relations abusives. Apprenez à reconnaître les signes d'un manipulateur et à réagir face à la manipulation. Ne laissez pas la honte ou la peur vous empêcher de vous libérer de l'emprise d'un pervers narcissique. Écoutez dès maintenant et commencez votre chemin vers la guérison.


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Transcription

  • Speaker #0

    Le pervers narcissique et l'alcool, quand la désinhibition devient manipulation. Alcool et perversion narcissique, une alliance toxique sous-estimée. Si l'on évoque fréquemment la figure du pervers narcissique sous l'angle de la manipulation affective ou de l'emprise psychologique, on aborde plus rarement la question de ses comportements addictifs. Et pourtant, dans de nombreuses configurations cliniques, l'alcool joue un rôle aussi silencieux que central. Il ne s'agit pas ici de réduire la perversion narcissique à une forme d'alcoolisme, ni de considérer toute consommation comme pathologique. Mais dans certaines trajectoires, la présence d'une addiction vient révéler ou aggraver un fonctionnement narcissique déjà perturbé. Loin d'être anodine, la consommation d'alcool chez un individu présentant une structure perverse narcissique fonctionne souvent comme un amplificateur de sa dynamique pathologique. Derrière l'usage de la substance, on observe des enjeux profonds. la régulation d'un vide intérieur insupportable, l'évitement de la frustration ou encore le renforcement du clivage entre images sociales et réalités intimes. L'alcool devient alors un outil de désinhibition, mais aussi, dans certains cas, un vecteur de manipulation. Il permet d'installer une confusion, de justifier des passages à l'acte, de renforcer l'emprise sur l'autre en jouant sur sa compassion ou sa culpabilité. Ce chapitre propose une lecture croisée entre psychopathologie de la perversion narcissique et processus addictif, pour mieux comprendre cette double toxicité et ses effets délétères sur les victimes prises dans cette dynamique.

  • Speaker #1

    Cette réflexion est tirée d'un article du site internet www.pervers-narcissique.com, dirigé par Pascal Coudert, psychanalyste et psychologue clinicien, co-auteur de l'ouvrage de référence ... la manipulation affective dans le couple, faire face à un pervers narcissique. Depuis plus de 30 ans, Pascal Coudert et son équipe de thérapeutes spécialistes des questions autour de la manipulation sentimentale prennent en charge les victimes de PN francophones partout dans le monde grâce à la vidéoconsultation. Rendez-vous sur pervers-narcissique.com pour accéder gratuitement à une multitude de ressources précieuses.

  • Speaker #0

    une addiction à l'échappatoire, ce que l'alcool révèle réellement. Dans la constellation des comportements du pervers narcissique, l'alcool tient une place à part. Il ne s'agit pas là d'un simple penchant festif ou d'un excès isolé. Sa consommation s'inscrit dans un rapport particulier au réel, à soi et surtout à l'autre. Loin d'être un hasard ou une faiblesse passagère, L'usage de l'alcool par un pervers narcissique s'ancre dans une structure psychique bien spécifique, celle d'un sujet incapable de composer avec les limites, la frustration, l'altérité. Ce que l'on observe chez ces profils, c'est que l'alcool fonctionne moins comme une échappatoire que comme un filtre déformant. Il ne fait pas disparaître les conflits internes, il les diffracte, il ne calme pas l'angoisse. Il la projette. Et surtout, il ne libère pas le sujet de ses tensions. Il les transpose dans la relation, souvent au détriment de celui ou celle qui se trouve à ses côtés. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, le pervers narcissique ne boit pas pour se soulager. Il ne cherche pas l'oubli, encore moins la consolation. Il boit pour se maintenir dans une position où il n'a jamais à se confronter à sa propre faille. là où d'autres s'effondreraient ou se remettraient en question, lui détourne. L'alcool devient alors un outil de distorsion. Il éloigne l'angoisse sans jamais l'affronter. Il transforme le manque en puissance agressive. Il fait du malaise un théâtre de domination. Ce n'est pas l'addiction en elle-même qui pose problème, car tous les addicts ne sont pas pervers, mais la manière dont elle s'articule à une organisation psychique fondée sur le déni le clivage et la projection. L'alcool vient ici soutenir des mécanismes de défense massifs. Ils permettent au sujet de rester dans l'illusion d'un moi tout puissant irréprochable, persécuté par un monde injuste. Et lorsque cette illusion se fissure, la rage n'est jamais loin. Ce qui émerge alors, c'est une violence plus nue, plus crue. Sous l'effet de l'alcool, le pervers narcissique perd parfois le contrôle de la forme, mais jamais du fond. L'humiliation, la dérision, le dénigrement deviennent plus directs, moins enrobés. Ce n'est pas un autre homme qui apparaît, mais le même, débarrassé de ses filtres sociaux, de ses stratégies de façade. L'ivresse n'invente rien, elle dévoile ce qui, en temps normal, est simplement dissimulé. Le rapport au réel se modifie également. Dans cette altération de la conscience, les repères se brouillent, mais pas de façon anodine. La mémoire devient sélective, les responsabilités sont renversées, les récits déformés. L'alcool offre ainsi une marge de manœuvre supplémentaire. Il autorise l'excès tout en facilitant l'effacement de ses traces. Il permet de dire « je ne me souviens pas » ou « ce n'était pas moi » tout en sachant très bien ce que ces formules induisent chez l'autre. Dans l'économie psychique du pervers narcissique, tout ce qui permet d'échapper à la limite est intégré. L'alcool ne fait pas exception. Il agit à la fois comme un sédatif interne et comme un perturbateur externe. Il pacifie temporairement le monde intérieur du sujet, tout en instaurant un climat chaotique autour de lui. Et c'est dans ce désordre soigneusement entretenu que l'emprise se renforce, que la domination se redéploie, que la victime perd pied. Il faut ici se méfier des lectures compassionnelles. Ce n'est pas un être souffrant qu'on découvre derrière le verre levé. C'est un sujet qui instrumentalise même ce qui, chez d'autres, serait une fragilité. L'alcool ne l'adoucit pas, il le rend plus lui-même. C'est là toute la toxicité de cette configuration, et ce qui la rend si difficile à repérer, tant elle oscille entre drame banal et violence psychique sophistiquée. L'alcool, dans ce contexte, n'est pas un simple problème à traiter. Il est un révélateur clinique, un symptôme dynamique, un indice de plus dans la compréhension d'une structure qui ne supporte ni la frustration, ni l'égalité, ni le lien véritable. Un outil, parfois, mais surtout un langage. Le langage trouble, dissonant et souvent destructeur d'un sujet qui refuse obstinément de rencontrer l'autre autrement que dans la domination. L'alcool comme désorganisateur du lien ? Une emprise par le flou. Si l'alcool permet au pervers narcissique de préserver son monde interne du chaos, il a, dans la relation à l'autre, une fonction tout aussi redoutable, celle de déstructurer le lien, de brouiller la perception et d'installer insidieusement une dynamique de confusion affective. Dans la relation d'emprise, rien ne se joue jamais sur un seul plan. Et l'ivresse, loin d'être une circonstance atténuante, devient une scène propice à l'érosion du discernement de l'autre. Ce n'est pas tant l'alcool qui manipule, mais ce qu'il permet. Il altère l'ambiance, désorganise les repères, modifie les registres d'interaction. Le langage devient fluctuant, les affects contradictoires, les comportements imprévisibles. La victime se retrouve exposée à une série d'interactions paradoxales. Geste tendre, puis rejet. Rire, puis menace. Aveu soudain, puis accusation. Rien n'est stable. Tout glisse. Dans cet état, le pervers narcissique n'est pas perdu. Il est au contraire dans un terrain familier. Se floue, il le connaît, il l'habite. Il y évolue, avec une forme de jouissance froide, parce qu'il sait que l'autre Lui perd pied. Et c'est précisément ce déséquilibre qui accroît son ascendant. Plus l'environnement relationnel est confus, plus son pouvoir s'étend. L'ivresse lui offre donc un cadre idéal pour exercer cette forme de domination floue qui ne dit pas son nom. Une domination sans cri, sans menace explicite, mais d'autant plus efficace qu'elle déstabilise l'autre jusque dans sa perception de la réalité. Sous l'effet de l'alcool, les limites du dissible et de l'acceptable sont repoussées, parfois subtilement, parfois brutalement. Ce qui hier semblait intolérable devient aujourd'hui excusé. banaliser puis intégrer. Et ce glissement ne se fait pas sans conséquences psychiques. Il engendre chez la victime un trouble profond de la pensée, une forme de dissociation douce dans laquelle elle n'est plus sûre de rien, ni de ce qu'elle a vécu, ni de ce qu'elle ressent, ni de ce qu'elle peut dire. Le doute s'installe, rongeant progressivement ses repères intérieurs. Elle n'est plus dans la colère, ni même dans la peur, elle est dans le flou, dans l'incertitude, dans l'impossibilité de nommer ce qui la malmène. C'est ici que l'on touche à une forme de perversion plus sophistiquée. L'alcool devient alors un agent de brouillage. Il ne vise pas directement la souffrance, mais la confusion. Non la douleur, mais le doute. Ce doute qui empêche toute mise à distance, toute réaction claire, tout positionnement. Ce doute qui paralyse. Plus encore, le pervers narcissique peut instrumentaliser l'après-coup. Après l'orage, viennent les excuses floues, les regrets sans engagement, les récits réécrits. Il jure qu'il ne recommencera pas, qu'il ne se reconnaît pas lui-même dans ses actes. Mais au fond, rien ne change, car ces moments font partie du cycle. Il participe au brouillage de la frontière entre l'agresseur et la victime, entre la responsabilité et l'accident, entre la violence et l'amour. La victime, quant à elle, se débat avec une série d'interrogations silencieuses. « Est-ce moi qui en fais trop ? » « Était-ce si grave ? » « Il était sous l'emprise de l'alcool ? » « Peut-être ne savait-il pas ce qu'il faisait ? » En réalité, c'est précisément cette oscillation intérieure, ce flottement affectif, qui constitue le cœur de l'emprise. Car dans cette dynamique, Le lien est toujours contaminé. Ce n'est plus une relation où chacun peut se tenir, mais une zone trouble, sans contour clair, dans laquelle l'un se dilue dans les projections de l'autre. Et l'alcool, par sa capacité à suspendre momentanément le sens, devient l'un des outils les plus puissants de cette aliénation affective. Il faut donc cesser de penser l'ivresse comme un facteur externe ou accidentel Elle est, dans ce type de configuration, un espace de déliaison symbolique où le pervers narcissique prospère, non pas en toute conscience, mais en pleine cohérence avec la logique interne qui sous-tend sa manière d'être au monde, détruire l'autre pour ne pas avoir à le rencontrer. Coaddiction, quand le lien à l'autre devient aussi une dépendance. Il arrive que dans certaines configurations, La consommation d'alcool du pervers narcissique déborde sur la relation elle-même. Pas frontalement, pas toujours de manière assumée, mais par capillarité, par imprégnation. Comme si, à force d'être confrontée à l'ivresse de l'autre, la victime finissait par y prendre part. Non pas par goût ni par abandon, mais pour suivre, s'adapter, rester connecté. Ne pas perdre le lien, même si ce lien est déjà faussé. c'est que le pervers narcissique ne partage pas réellement, il entraîne, il implique, et parfois, il contamine. L'alcool devient alors un « entre-nous » dévoyé, un terrain qui semble complice en apparence, mais qui ne fait que renforcer la dissymétrie de la relation. Il ne s'agit plus de boire pour se détendre ou pour célébrer. Il s'agit de boire pour tenir, pour supporter ce qui, sobre, devient. insoutenable. Et c'est précisément là que naît le piège, lorsque l'alcool devient un moyen de rester dans une relation qui détruit. La victime, à ce stade, ne s'en rend pas toujours compte. Elle croit peut-être qu'il s'agit d'un moment partagé, d'un instant de relâchement. Mais l'arrière-plan est tout autre. Car en s'alignant sur les usages de l'autre, en baissant ses propres seuils, Elle finit par éroder ses repères. Ce qui la choquait hier devient supportable aujourd'hui. Ce qu'elle n'aurait jamais toléré sobre lui paraît presque banal, normal même, dans cette bulle déformée par l'alcool et l'habitude. Et puis il y a cette sensation étrange, difficile à nommer, celle de se perdre un peu, mais pour mieux se sentir proche. L'illusion que l'on touche enfin quelque chose de vrai. que l'on accède à une forme d'intimité. d'abandon partagé, comme si l'ivresse ouvrait une brèche où l'on peut enfin se rencontrer. Mais cette brèche n'est pas un espace de vérité. C'est un terrain glissant, flou, sans contour. Et dans ce flou, le pervers narcissique se déplace avec une aisance que l'autre ne possède pas. C'est ainsi que se met en place une forme de coaddiction. Non pas une dépendance conjointe à la substance, ce n'est pas toujours le cas, mais une dépendance affective renforcée par la présence de l'alcool. Une dépendance au rituel, à la scène, au relâchement qui permet d'endurer l'invivable. L'alcool devient un médiateur du lien, un anesthésiant relationnel. On reste, on endure, on se tait. Et parfois, on trinque à ça, comme pour rendre la douleur un peu plus digeste. Mais cette coaddiction est très tresse. car elle crée une complicité factice, un sentiment de fusion qui empêche de voir la violence pour ce qu'elle est. La victime se surprend à rire, à relâcher la pression, à croire que, finalement, ce n'est pas si grave. Et c'est précisément là que le piège se referme, quand l'alcool sert à lisser les angles d'une relation dont la structure même est abusive. Le pervers narcissique, quant à lui, ne cherche pas forcément à rendre l'autre dépendant de la substance, mais il tolère, voire encourage, tout ce qui affaiblit ses défenses. Il suggère, il banalise, il flatte. Il peut même aller jusqu'à faire croire que l'autre est plus intéressant, plus séduisant, plus vivant, une fois désinhibé. Et ce discours, répété, intériorisé, finit par peser lourd, très lourd. Quand la victime essaie de sortir de ce cercle, de reprendre le contrôle, de poser des limites, elle se heurte souvent à une nouvelle forme de violence, moquerie, dénigrement, sabotage des tentatives de sobriété. Parce qu'un partenaire lucide, ancré, capable de dire non, devient soudain plus difficile à contrôler. C'est là tout le paradoxe de cette dynamique. Elle donne l'impression de créer du lien, alors qu'elle isole. Elle fait croire à une proximité alors qu'elle creuse une dépendance. Et elle finit par faire oublier que la relation, à la base, était censée être un espace de sécurité, pas un endroit où l'on boit pour ne pas sombrer. Les traces invisibles, ce que l'on emporte après. On pourrait croire que tout s'arrête lorsque la relation prend fin, qu'une fois le pervers narcissique hors de portée, Les choses se calment, s'apaisent, rentrent dans l'ordre. Mais il n'en est rien. Car si l'emprise a agi en profondeur, elle laisse des empreintes. Des traces, souvent silencieuses, mais persistantes. Et lorsque l'alcool s'est ajouté à la dynamique, ces traces se complexifient. Le lien n'a pas été qu'affectif. Il a été sensoriel, émotionnel, chimique parfois. Et ce type d'enchevêtrement ne disparaît pas du jour au lendemain. La mémoire du corps, celle du manque, celle des habitudes induites, continue de parler longtemps après la séparation. Il ne s'agit pas ici de dépendance à l'alcool au sens strict, bien que cela puisse survenir, mais d'une forme de dépendance à l'état modifié que l'alcool permettait et que la relation imposait. Beaucoup de victimes sortent de cette relation en état de flou intérieur. Elles ne parviennent plus à faire confiance à leur propre perception. Leurs repères ont été altérés, non pas brutalement, mais goutte à goutte. Un brouillage progressif de ce qui était juste ou déplacé, sain ou toxique, réel ou imaginé. Et ce doute-là est, à bien des égards, plus difficile à dissiper qu'un souvenir douloureux. Dans certains cas, Le simple fait de ressentir un besoin de relâchement, de s'asseoir, de respirer, de décompresser, ravive des automatismes issus de la relation. Ouvrir une bouteille, s'évader, se dissocier un peu. Parce que dans l'histoire vécue avec le pervers narcissique, l'alcool est devenu un outil de survie. Et ce conditionnement, même discret, même socialement toléré, peut ressurgir dans l'après. C'est là que l'on réalise à quel point cette relation n'a pas seulement envahi l'intimité émotionnelle, mais aussi infiltré les gestes du quotidien. Les modes de réponse au stress, le rapport au plaisir, au relâchement, à l'altérité. Ce que la victime emporte avec elle n'est pas toujours une blessure visible, mais une forme de reprogrammation silencieuse de ses équilibres internes. On ne sort pas indemne d'un lien où la confusion a été permanente, où l'alcool a participé à la déréalisation, et où l'on a dû s'adapter à ce qui n'aurait jamais dû être normal. Les séquelles peuvent prendre des formes diverses. Anxiété diffuse, difficulté à poser des limites, rapport ambivalent à la fête, à la détente, au plaisir, culpabilité, méfiance, et parfois, plus profondément encore, une honte silencieuse, celle d'avoir participé, même passivement, à sa propre dérive. Cette honte-là est l'un des pièges les plus tenaces de l'après. Elle enferme, elle isole, et elle fait croire que l'on est seul à avoir vécu cela. Or, il n'en est rien. Ces scénarios, ces spirales, ces pièges sont plus fréquents qu'on ne l'imagine, mais ils sont aussi, heureusement, repérables. Et lorsqu'ils sont mis en lumière, ils peuvent lentement, mais sûrement, perdre leur pouvoir. Ce que révèle la présence d'alcool dans une relation avec un pervers narcissique est une manière d'occuper l'espace relationnel, une manière trouble, diffuse, de maintenir l'autre sous emprise. Une manière de rendre la violence moins identifiable, plus excusable et surtout plus internalisée par la victime. Enfin, il serait réducteur de penser que cette configuration toxique se limite à l'usage de l'alcool. Dans de nombreuses trajectoires, on retrouve des formes d'addiction tout aussi problématiques drogue, sexualité compulsive, etc. qui jouent un rôle similaire. Ce ne sont pas les substances ou les comportements en eux-mêmes qui posent problème, mais la manière dont ils sont utilisés pour entretenir le déni, éviter toute remise en question et renforcer une emprise déjà bien installée. Dans ces dynamiques, Tout ce qui permet de désorganiser le lien devient un outil, un outil de brouillage, d'inversion, d'effacement des repères. Là encore, il ne s'agit pas de souffrance pure, mais d'un usage stratégique de la faille, une instrumentalisation du flou pour maintenir l'autre dans la confusion. Ces configurations multiples, et souvent imbriquées, ne font que confirmer une chose. Ce n'est pas l'addiction qui crée la perversion, mais c'est la structure perverse qui capte l'addiction pour en faire un levier de contrôle. Une mécanique redoutable où chaque faille devient une opportunité de domination.

Chapters

  • Introduction à l'alcool et la perversion narcissique

    00:18

  • Rôle de l'alcool dans la dynamique narcissique

    00:43

  • L'alcool comme outil de désinhibition et de manipulation

    01:11

  • Impact de l'alcool sur les victimes de pervers narcissiques

    01:58

  • L'alcool comme révélateur et agent de confusion

    04:04

  • Coaddiction et dépendance affective

    06:01

  • Conséquences psychologiques de la relation toxique

    08:01

  • Conclusion : Les séquelles de la relation avec un pervers narcissique

    17:42

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