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Le Phil d'Actu - Philosophie et Actualité

Donald Trump contre Zohran Mamdani : une philosophie de l'Amérique

Donald Trump contre Zohran Mamdani : une philosophie de l'Amérique

13min |05/11/2025
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13min |05/11/2025
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Description

Aujourd’hui, cela fait un an que Donald Trump a été réélu président des Etats-Unis d’Amérique.  Et à l’heure où j’enregistre cet épisode, Zohran Mamdani, candidat démocrate portant un projet de gauche de rupture, est favori pour la mairie de New-York. Un face-à-face qui résume bien les contradictions des USA, pris entre liberté et impérialisme. Alors, que nous enseigne l’histoire de l’Amérique ? On en parle avec le philosophe japonais Osamu Nishitani.


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Transcription

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, ça fait un an que Donald Trump a été réélu président des Etats-Unis d'Amérique. Et à l'heure où j'enregistre cet épisode, Zohran Mamdani, candidat démocrate portant un projet de gauche de rupture, est favori pour la mairie de New York. Un face-à-face qui résume bien les contradictions des Etats-Unis pris entre liberté et impérialisme. Alors, que nous enseigne l'histoire de l'Amérique ? On en parle avec le philosophe japonais Osamu Nishitani. Je suis Alice de Rochechouart et vous écoutez le Phil d'Actu, le podcast engagé qui met la philosophie au cœur de l'actualité. Ce podcast est totalement indépendant et il ne survit que grâce à vos dons. Alors si vous voulez soutenir mon travail, vous pouvez faire un don en cliquant sur la page indiquée en description. Et bien sûr, vous pouvez aussi acheter mon livre privilège aux éditions J.C. Lattès. Merci pour votre soutien. En 1492, Christophe Colomb, découvre l'Amérique. Il débarque au Bahamas, mais il est convaincu qu'il vient d'arriver en Asie et nomme les habitants locaux les Indiens. Christophe Colomb ne saura jamais qu'il a découvert un continent jusque-là inconnu. C'est l'explorateur Amerigo Vespucci qui, le premier, émet cette hypothèse après son exploration de la Patagonie en 1502. En 1507, un cartographe lorrain nomme le continent Amérique en l'honneur d'Amerigo Vespucci. Le continent est peu à peu colonisé par les Espagnols, les Français et les Anglais. En 1607 est fondée la première colonie britannique en Amérique du Nord et en 1620, des Anglais protestants, persécutés chez eux pour leur croyance religieuse, débarquent à bord du navire le Mayflower. Tout au long du XVIIe et du XVIIIe siècle, des Européens émigrent dans les colonies britanniques d'Amérique du Nord. Dans les années 1770, les colons américains se révoltent contre la couronne britannique et le 4 juillet 1776, l'indépendance est proclamée. C'est la naissance des États-Unis d'Amérique. Les États-Unis d'Amérique se pensent alors comme un empire, l'empire de la liberté, selon l'expression de Thomas Jefferson, principal rédacteur de la Déclaration d'indépendance américaine. Un empire de la liberté ? Doté d'une mission presque religieuse, hérité de la pensée des pères fondateurs, persuadé d'être des élus de Dieu, guidé par la Providence et arrivant sur une terre promise. C'est ce qu'on appelle la doctrine de la destinée manifeste, qui est un élément central, fondateur dans la culture américaine. Les Américains auraient une mission, celle de construire un pays qui deviendra un guide moral et religieux pour toute l'humanité et devra se déployer sur tout le continent américain, quitte à massacrer les Amérindiens au nom de la liberté. Le philosophe japonais Osamu Nishitani écrit en 2022 un livre intitulé « L'impérialisme de la liberté » en référence à l'expression de Thomas Jefferson. Nishitani se demande pourquoi les États-Unis sont le seul pays à être désigné par le nom du continent. Pourquoi dit-on l'Amérique ou les Américains pour parler d'un seul pays parmi tous ceux qui constituent ce double continent ? Selon Nishitani, cela s'explique par la fondation même du pays. Quand les pères pèlerins débarquent dans ce nouveau monde, ils sont convaincus de porter une mission divine, providentielle et d'arriver sur une terre vierge, sur une terre totalement libre. L'Amérique, c'est le nom de ce mythe. C'est le nom de la liberté, de la fondation d'une civilisation radicalement nouvelle, délivrée de la tutelle et de la persécution de l'ancien monde. L'Amérique, c'est cette terre imaginaire, cette idée, qui n'est pas tout à fait l'entité politique, institutionnelle, fédérale que sont les Etats-Unis. L'Amérique, c'est la liberté, « the land of the free » , comme le dit l'hymne national. Mais quelle est cette liberté américaine ? Selon Nishitani, il s'agit d'une liberté définie comme propriété privée, dans la lignée de philosophes comme John Locke, pour qui le droit de propriété est un droit fondamental de l'être humain. L'empire de la liberté, c'est la liberté individuelle, la liberté de posséder et de suivre ses désirs. Un nouveau monde où seules les choses qui font l'objet d'un droit de propriété ont de la valeur. où les lois du marché et de l'économie dérégulées sont semblables à la providence divine, où toute la terre et toute la vie sont converties en propriété, en biens, ce qui permet rapidement aux États-Unis de devenir le pays le plus riche du monde. Or, cette conception de la liberté se heurte à celle des Amérindiens, pour qui la propriété, et en particulier la propriété de la terre, est inconcevable. Qu'à cela ne tienne, les Indiens sont massacrés, éradiqués. Le mythe de l'Amérique est fondé sur un péché originel, l'anéantissement des premiers habitants au nom de la liberté. Comment expliquer ce paradoxe ? Comment l'Amérique peut-elle s'ériger en civilisation morale, en modèle du monde civilisé, qui définit ce qui est juste et ce qui ne l'est pas, quand sa fondation même repose sur un massacre ? Selon Nishitani, l'État américain a toujours combattu dans des guerres dans lesquelles il désignait un ennemi à abattre afin de se construire et de se développer lui-même. L'adversaire était toujours un hors-la-loi, ou alors un État voyou, quand ce n'était pas un peuple barbare, sans foi ni loi. Les États-Unis ont toujours déshumanisé leurs opposants et leur ont daigné toute légitimité, en en faisant des ennemis plutôt que des adversaires légitimes. En Europe, dans l'Ancien Monde, le principe géopolitique était celui de la reconnaissance de la souveraineté et de l'égalité des États. C'est ce qu'on appelle le système westphalien, du nom des traités de Westphalie signés au XVIIe siècle. Les États-Unis, quant à eux, s'éloignent de l'ordre westphalien et refusent de reconnaître la souveraineté et la légitimité de leurs adversaires. Ils se présentent comme les seuls légitimes face à des hordes de sauvages déshumanisés. Selon Nishitani, c'est ce qui leur a permis de maintenir une ambiguïté, de se comporter comme un pays souverain sur le monde entier, tout en prétendant ne pas faire preuve d'impérialisme et même d'être un pays anticolonialiste. La colonisation territoriale devient, dans le vocabulaire américain, expansion, croissance naturelle. Et la guerre devient lutte contre la barbarie ou, plus récemment, contre le terrorisme. L'essence de l'Amérique, c'est un sentiment d'exception. déjà remarqué par le philosophe Alexis de Tocqueville dans son ouvrage « De la démocratie en Amérique » paru au début du XIXe siècle. L'exceptionnalisme américain, c'est la croyance profonde que l'Amérique est un état démocratique exceptionnel, la première démocratie moderne, en dépit de l'anéantissement des Amérindiens et de l'esclavage. L'Amérique serait une exception permanente, ce qui lui permet de s'extraire de l'ordre juridique international. Selon Osamu Nishitani, c'est ce dont témoigne l'emploi permanent du terme de terrorisme. Au milieu du XIXe siècle, ce mot est employé pour désigner des actions exercées contre l'État. Et peu à peu, il est élevé au rang de vocable politique officiel sur la base duquel on dessine une carte du monde, opposant les pays civilisés aux terroristes. Ce terme est par ailleurs intimement lié à l'histoire coloniale. Ceux qui se rebellent contre l'Empire sont qualifiés de terroristes, ce qui permet de réprimer sévèrement toute résistance. Aux Etats-Unis, après les attentats du 11 septembre 2001, le président George W. Bush nomme les campagnes militaires « War on Terror » , guerre contre le terrorisme. Le concept de terrorisme traverse en réalité toute l'histoire de l'Amérique, depuis l'extermination des Amérindiens jusqu'aux opérations américaines au Moyen-Orient. Nishitani fait d'ailleurs remarquer que lors des missions pour assassiner Osama Ben Laden, l'organisateur des attentats du 11 septembre, celui-ci avait pour nom de code Géronimo, du nom du chef des Apaches, qui avait orchestré la résistance amérindienne contre les Américains à la fin du XIXe siècle. Pour Nishitani, le concept de terrorisme permet de créer, je cite, « une catégorie d'êtres dont il n'était pas nécessaire de reconnaître les droits humains, une catégorie de non-humains que l'on pouvait tuer sans être puni, et dont le meurtre pouvait même être recommandé. Et cela, bien sûr, en dépit de la reconnaissance universelle des droits de l'homme. Tout cela a subverti le langage politique vers un langage déréglé, bon, comme le dit Nishitani, pour les truands et les gangsters, comme en témoigne l'élection d'un personnage comme Donald Trump. En se présentant comme la Terre Nouvelle, comme l'Empire de la Liberté et de la Justice, Tout en fermant les yeux sur ses propres exactions, l'Amérique a finalement balayé la logique des droits humains et de la démocratie. L'Empire est devenu impérialisme. Désormais, l'impérialisme de la liberté ne concerne plus seulement les relations internationales. Il dévore l'intérieur du pays. La politique de Trump n'a de cesse de désigner des ennemis intérieurs, de considérer les minorités comme des non-humains. La police anti-immigration, ICE, Fait régner la terreur dans tous les Etats-Unis d'Amérique, et les droits humains ne cessent de reculer. Au nom de la défense de la liberté d'expression, on entend des discours de plus en plus violents qui ont des conséquences directes sur les populations vulnérables. Les Etats-Unis sont en train de devenir un pays fasciste. Alors, continuons d'avoir les yeux rivés sur l'Amérique. Et nous ferions bien de nous inspirer de la probable élection de Zoran Mamdani à la mairie de New York. Lui qui était encore inconnu il y a un an, a conquis les foules sur un projet de rupture, rendre la ville à nouveau abordable pour ses habitants et habitantes. Dans son programme, il promet de geler les loyers dans certaines zones, de rendre les transports en commun gratuits, de mettre en place un système de garde d'enfants et de baisser le prix de la nourriture. Alors que le parti démocrate avait adopté depuis plusieurs années une ligne centriste, le projet ambitieux et social de Zoran, ainsi que son engagement en faveur de la Palestine, parvient à faire bouger les foules. Contrairement à Kamala Harris, qui avait, il y a tout juste un an, largement perdu contre Trump. Précisément parce qu'elle n'a jamais réussi à mobiliser la jeunesse, qui le reprojait son programme centriste, en continuité avec la politique de Joe Biden, et son soutien inconditionnel à Israël. Aujourd'hui, deux Amériques se font face. Celle de Trump, brutale, raciste, fasciste, climato-sceptique, et celle de Zohran Mamdani, qui témoigne d'un souffle politique nouveau, en particulier chez les jeunes générations. Ce qu'on peut sans doute déduire du cas états-unien, c'est que la meilleure défense contre l'extrême droite, c'est la gauche de rupture, seule capable de mobiliser des populations meurtries par les politiques précédentes. Reste à voir qui pourrait être notre Zohran français. Et à mon avis, c'est certainement pas Raphaël Glucksmann... C'est la fin de cet épisode. On se retrouve très vite pour un nouvel épisode du Phil d'Actu. En attendant, pour des infos exclusives et parfois des petites blagues, vous pouvez me suivre sur Instagram sur mon compte Alice de Rochechouart. Et un grand merci à toutes celles et ceux qui, grâce à leurs dons, me permettent de continuer sereinement le podcast. Un grand merci à Elodie, Alix, Bruno, Alexandre, Étienne, Barthélémy, Romain, Aurélie, Claire, Denis, Nicolas, Franck, Béatrice, Gauthier, Florence, Bastien, Florian, Tristan, Mathieu, Clément, Cédric, Laurent, Olivier, Agathe, Vincent, Antoine, Mathilde, Odile, Stéphanie, Julia, Sylvain, Emeric, Lucille. Vous aussi, vous pouvez rejoindre l'aventure du phil d'actu. Merci et à très vite !

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Aujourd’hui, cela fait un an que Donald Trump a été réélu président des Etats-Unis d’Amérique.  Et à l’heure où j’enregistre cet épisode, Zohran Mamdani, candidat démocrate portant un projet de gauche de rupture, est favori pour la mairie de New-York. Un face-à-face qui résume bien les contradictions des USA, pris entre liberté et impérialisme. Alors, que nous enseigne l’histoire de l’Amérique ? On en parle avec le philosophe japonais Osamu Nishitani.


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  • Speaker #0

    Aujourd'hui, ça fait un an que Donald Trump a été réélu président des Etats-Unis d'Amérique. Et à l'heure où j'enregistre cet épisode, Zohran Mamdani, candidat démocrate portant un projet de gauche de rupture, est favori pour la mairie de New York. Un face-à-face qui résume bien les contradictions des Etats-Unis pris entre liberté et impérialisme. Alors, que nous enseigne l'histoire de l'Amérique ? On en parle avec le philosophe japonais Osamu Nishitani. Je suis Alice de Rochechouart et vous écoutez le Phil d'Actu, le podcast engagé qui met la philosophie au cœur de l'actualité. Ce podcast est totalement indépendant et il ne survit que grâce à vos dons. Alors si vous voulez soutenir mon travail, vous pouvez faire un don en cliquant sur la page indiquée en description. Et bien sûr, vous pouvez aussi acheter mon livre privilège aux éditions J.C. Lattès. Merci pour votre soutien. En 1492, Christophe Colomb, découvre l'Amérique. Il débarque au Bahamas, mais il est convaincu qu'il vient d'arriver en Asie et nomme les habitants locaux les Indiens. Christophe Colomb ne saura jamais qu'il a découvert un continent jusque-là inconnu. C'est l'explorateur Amerigo Vespucci qui, le premier, émet cette hypothèse après son exploration de la Patagonie en 1502. En 1507, un cartographe lorrain nomme le continent Amérique en l'honneur d'Amerigo Vespucci. Le continent est peu à peu colonisé par les Espagnols, les Français et les Anglais. En 1607 est fondée la première colonie britannique en Amérique du Nord et en 1620, des Anglais protestants, persécutés chez eux pour leur croyance religieuse, débarquent à bord du navire le Mayflower. Tout au long du XVIIe et du XVIIIe siècle, des Européens émigrent dans les colonies britanniques d'Amérique du Nord. Dans les années 1770, les colons américains se révoltent contre la couronne britannique et le 4 juillet 1776, l'indépendance est proclamée. C'est la naissance des États-Unis d'Amérique. Les États-Unis d'Amérique se pensent alors comme un empire, l'empire de la liberté, selon l'expression de Thomas Jefferson, principal rédacteur de la Déclaration d'indépendance américaine. Un empire de la liberté ? Doté d'une mission presque religieuse, hérité de la pensée des pères fondateurs, persuadé d'être des élus de Dieu, guidé par la Providence et arrivant sur une terre promise. C'est ce qu'on appelle la doctrine de la destinée manifeste, qui est un élément central, fondateur dans la culture américaine. Les Américains auraient une mission, celle de construire un pays qui deviendra un guide moral et religieux pour toute l'humanité et devra se déployer sur tout le continent américain, quitte à massacrer les Amérindiens au nom de la liberté. Le philosophe japonais Osamu Nishitani écrit en 2022 un livre intitulé « L'impérialisme de la liberté » en référence à l'expression de Thomas Jefferson. Nishitani se demande pourquoi les États-Unis sont le seul pays à être désigné par le nom du continent. Pourquoi dit-on l'Amérique ou les Américains pour parler d'un seul pays parmi tous ceux qui constituent ce double continent ? Selon Nishitani, cela s'explique par la fondation même du pays. Quand les pères pèlerins débarquent dans ce nouveau monde, ils sont convaincus de porter une mission divine, providentielle et d'arriver sur une terre vierge, sur une terre totalement libre. L'Amérique, c'est le nom de ce mythe. C'est le nom de la liberté, de la fondation d'une civilisation radicalement nouvelle, délivrée de la tutelle et de la persécution de l'ancien monde. L'Amérique, c'est cette terre imaginaire, cette idée, qui n'est pas tout à fait l'entité politique, institutionnelle, fédérale que sont les Etats-Unis. L'Amérique, c'est la liberté, « the land of the free » , comme le dit l'hymne national. Mais quelle est cette liberté américaine ? Selon Nishitani, il s'agit d'une liberté définie comme propriété privée, dans la lignée de philosophes comme John Locke, pour qui le droit de propriété est un droit fondamental de l'être humain. L'empire de la liberté, c'est la liberté individuelle, la liberté de posséder et de suivre ses désirs. Un nouveau monde où seules les choses qui font l'objet d'un droit de propriété ont de la valeur. où les lois du marché et de l'économie dérégulées sont semblables à la providence divine, où toute la terre et toute la vie sont converties en propriété, en biens, ce qui permet rapidement aux États-Unis de devenir le pays le plus riche du monde. Or, cette conception de la liberté se heurte à celle des Amérindiens, pour qui la propriété, et en particulier la propriété de la terre, est inconcevable. Qu'à cela ne tienne, les Indiens sont massacrés, éradiqués. Le mythe de l'Amérique est fondé sur un péché originel, l'anéantissement des premiers habitants au nom de la liberté. Comment expliquer ce paradoxe ? Comment l'Amérique peut-elle s'ériger en civilisation morale, en modèle du monde civilisé, qui définit ce qui est juste et ce qui ne l'est pas, quand sa fondation même repose sur un massacre ? Selon Nishitani, l'État américain a toujours combattu dans des guerres dans lesquelles il désignait un ennemi à abattre afin de se construire et de se développer lui-même. L'adversaire était toujours un hors-la-loi, ou alors un État voyou, quand ce n'était pas un peuple barbare, sans foi ni loi. Les États-Unis ont toujours déshumanisé leurs opposants et leur ont daigné toute légitimité, en en faisant des ennemis plutôt que des adversaires légitimes. En Europe, dans l'Ancien Monde, le principe géopolitique était celui de la reconnaissance de la souveraineté et de l'égalité des États. C'est ce qu'on appelle le système westphalien, du nom des traités de Westphalie signés au XVIIe siècle. Les États-Unis, quant à eux, s'éloignent de l'ordre westphalien et refusent de reconnaître la souveraineté et la légitimité de leurs adversaires. Ils se présentent comme les seuls légitimes face à des hordes de sauvages déshumanisés. Selon Nishitani, c'est ce qui leur a permis de maintenir une ambiguïté, de se comporter comme un pays souverain sur le monde entier, tout en prétendant ne pas faire preuve d'impérialisme et même d'être un pays anticolonialiste. La colonisation territoriale devient, dans le vocabulaire américain, expansion, croissance naturelle. Et la guerre devient lutte contre la barbarie ou, plus récemment, contre le terrorisme. L'essence de l'Amérique, c'est un sentiment d'exception. déjà remarqué par le philosophe Alexis de Tocqueville dans son ouvrage « De la démocratie en Amérique » paru au début du XIXe siècle. L'exceptionnalisme américain, c'est la croyance profonde que l'Amérique est un état démocratique exceptionnel, la première démocratie moderne, en dépit de l'anéantissement des Amérindiens et de l'esclavage. L'Amérique serait une exception permanente, ce qui lui permet de s'extraire de l'ordre juridique international. Selon Osamu Nishitani, c'est ce dont témoigne l'emploi permanent du terme de terrorisme. Au milieu du XIXe siècle, ce mot est employé pour désigner des actions exercées contre l'État. Et peu à peu, il est élevé au rang de vocable politique officiel sur la base duquel on dessine une carte du monde, opposant les pays civilisés aux terroristes. Ce terme est par ailleurs intimement lié à l'histoire coloniale. Ceux qui se rebellent contre l'Empire sont qualifiés de terroristes, ce qui permet de réprimer sévèrement toute résistance. Aux Etats-Unis, après les attentats du 11 septembre 2001, le président George W. Bush nomme les campagnes militaires « War on Terror » , guerre contre le terrorisme. Le concept de terrorisme traverse en réalité toute l'histoire de l'Amérique, depuis l'extermination des Amérindiens jusqu'aux opérations américaines au Moyen-Orient. Nishitani fait d'ailleurs remarquer que lors des missions pour assassiner Osama Ben Laden, l'organisateur des attentats du 11 septembre, celui-ci avait pour nom de code Géronimo, du nom du chef des Apaches, qui avait orchestré la résistance amérindienne contre les Américains à la fin du XIXe siècle. Pour Nishitani, le concept de terrorisme permet de créer, je cite, « une catégorie d'êtres dont il n'était pas nécessaire de reconnaître les droits humains, une catégorie de non-humains que l'on pouvait tuer sans être puni, et dont le meurtre pouvait même être recommandé. Et cela, bien sûr, en dépit de la reconnaissance universelle des droits de l'homme. Tout cela a subverti le langage politique vers un langage déréglé, bon, comme le dit Nishitani, pour les truands et les gangsters, comme en témoigne l'élection d'un personnage comme Donald Trump. En se présentant comme la Terre Nouvelle, comme l'Empire de la Liberté et de la Justice, Tout en fermant les yeux sur ses propres exactions, l'Amérique a finalement balayé la logique des droits humains et de la démocratie. L'Empire est devenu impérialisme. Désormais, l'impérialisme de la liberté ne concerne plus seulement les relations internationales. Il dévore l'intérieur du pays. La politique de Trump n'a de cesse de désigner des ennemis intérieurs, de considérer les minorités comme des non-humains. La police anti-immigration, ICE, Fait régner la terreur dans tous les Etats-Unis d'Amérique, et les droits humains ne cessent de reculer. Au nom de la défense de la liberté d'expression, on entend des discours de plus en plus violents qui ont des conséquences directes sur les populations vulnérables. Les Etats-Unis sont en train de devenir un pays fasciste. Alors, continuons d'avoir les yeux rivés sur l'Amérique. Et nous ferions bien de nous inspirer de la probable élection de Zoran Mamdani à la mairie de New York. Lui qui était encore inconnu il y a un an, a conquis les foules sur un projet de rupture, rendre la ville à nouveau abordable pour ses habitants et habitantes. Dans son programme, il promet de geler les loyers dans certaines zones, de rendre les transports en commun gratuits, de mettre en place un système de garde d'enfants et de baisser le prix de la nourriture. Alors que le parti démocrate avait adopté depuis plusieurs années une ligne centriste, le projet ambitieux et social de Zoran, ainsi que son engagement en faveur de la Palestine, parvient à faire bouger les foules. Contrairement à Kamala Harris, qui avait, il y a tout juste un an, largement perdu contre Trump. Précisément parce qu'elle n'a jamais réussi à mobiliser la jeunesse, qui le reprojait son programme centriste, en continuité avec la politique de Joe Biden, et son soutien inconditionnel à Israël. Aujourd'hui, deux Amériques se font face. Celle de Trump, brutale, raciste, fasciste, climato-sceptique, et celle de Zohran Mamdani, qui témoigne d'un souffle politique nouveau, en particulier chez les jeunes générations. Ce qu'on peut sans doute déduire du cas états-unien, c'est que la meilleure défense contre l'extrême droite, c'est la gauche de rupture, seule capable de mobiliser des populations meurtries par les politiques précédentes. Reste à voir qui pourrait être notre Zohran français. Et à mon avis, c'est certainement pas Raphaël Glucksmann... C'est la fin de cet épisode. On se retrouve très vite pour un nouvel épisode du Phil d'Actu. 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Aujourd’hui, cela fait un an que Donald Trump a été réélu président des Etats-Unis d’Amérique.  Et à l’heure où j’enregistre cet épisode, Zohran Mamdani, candidat démocrate portant un projet de gauche de rupture, est favori pour la mairie de New-York. Un face-à-face qui résume bien les contradictions des USA, pris entre liberté et impérialisme. Alors, que nous enseigne l’histoire de l’Amérique ? On en parle avec le philosophe japonais Osamu Nishitani.


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  • Speaker #0

    Aujourd'hui, ça fait un an que Donald Trump a été réélu président des Etats-Unis d'Amérique. Et à l'heure où j'enregistre cet épisode, Zohran Mamdani, candidat démocrate portant un projet de gauche de rupture, est favori pour la mairie de New York. Un face-à-face qui résume bien les contradictions des Etats-Unis pris entre liberté et impérialisme. Alors, que nous enseigne l'histoire de l'Amérique ? On en parle avec le philosophe japonais Osamu Nishitani. Je suis Alice de Rochechouart et vous écoutez le Phil d'Actu, le podcast engagé qui met la philosophie au cœur de l'actualité. Ce podcast est totalement indépendant et il ne survit que grâce à vos dons. Alors si vous voulez soutenir mon travail, vous pouvez faire un don en cliquant sur la page indiquée en description. Et bien sûr, vous pouvez aussi acheter mon livre privilège aux éditions J.C. Lattès. Merci pour votre soutien. En 1492, Christophe Colomb, découvre l'Amérique. Il débarque au Bahamas, mais il est convaincu qu'il vient d'arriver en Asie et nomme les habitants locaux les Indiens. Christophe Colomb ne saura jamais qu'il a découvert un continent jusque-là inconnu. C'est l'explorateur Amerigo Vespucci qui, le premier, émet cette hypothèse après son exploration de la Patagonie en 1502. En 1507, un cartographe lorrain nomme le continent Amérique en l'honneur d'Amerigo Vespucci. Le continent est peu à peu colonisé par les Espagnols, les Français et les Anglais. En 1607 est fondée la première colonie britannique en Amérique du Nord et en 1620, des Anglais protestants, persécutés chez eux pour leur croyance religieuse, débarquent à bord du navire le Mayflower. Tout au long du XVIIe et du XVIIIe siècle, des Européens émigrent dans les colonies britanniques d'Amérique du Nord. Dans les années 1770, les colons américains se révoltent contre la couronne britannique et le 4 juillet 1776, l'indépendance est proclamée. C'est la naissance des États-Unis d'Amérique. Les États-Unis d'Amérique se pensent alors comme un empire, l'empire de la liberté, selon l'expression de Thomas Jefferson, principal rédacteur de la Déclaration d'indépendance américaine. Un empire de la liberté ? Doté d'une mission presque religieuse, hérité de la pensée des pères fondateurs, persuadé d'être des élus de Dieu, guidé par la Providence et arrivant sur une terre promise. C'est ce qu'on appelle la doctrine de la destinée manifeste, qui est un élément central, fondateur dans la culture américaine. Les Américains auraient une mission, celle de construire un pays qui deviendra un guide moral et religieux pour toute l'humanité et devra se déployer sur tout le continent américain, quitte à massacrer les Amérindiens au nom de la liberté. Le philosophe japonais Osamu Nishitani écrit en 2022 un livre intitulé « L'impérialisme de la liberté » en référence à l'expression de Thomas Jefferson. Nishitani se demande pourquoi les États-Unis sont le seul pays à être désigné par le nom du continent. Pourquoi dit-on l'Amérique ou les Américains pour parler d'un seul pays parmi tous ceux qui constituent ce double continent ? Selon Nishitani, cela s'explique par la fondation même du pays. Quand les pères pèlerins débarquent dans ce nouveau monde, ils sont convaincus de porter une mission divine, providentielle et d'arriver sur une terre vierge, sur une terre totalement libre. L'Amérique, c'est le nom de ce mythe. C'est le nom de la liberté, de la fondation d'une civilisation radicalement nouvelle, délivrée de la tutelle et de la persécution de l'ancien monde. L'Amérique, c'est cette terre imaginaire, cette idée, qui n'est pas tout à fait l'entité politique, institutionnelle, fédérale que sont les Etats-Unis. L'Amérique, c'est la liberté, « the land of the free » , comme le dit l'hymne national. Mais quelle est cette liberté américaine ? Selon Nishitani, il s'agit d'une liberté définie comme propriété privée, dans la lignée de philosophes comme John Locke, pour qui le droit de propriété est un droit fondamental de l'être humain. L'empire de la liberté, c'est la liberté individuelle, la liberté de posséder et de suivre ses désirs. Un nouveau monde où seules les choses qui font l'objet d'un droit de propriété ont de la valeur. où les lois du marché et de l'économie dérégulées sont semblables à la providence divine, où toute la terre et toute la vie sont converties en propriété, en biens, ce qui permet rapidement aux États-Unis de devenir le pays le plus riche du monde. Or, cette conception de la liberté se heurte à celle des Amérindiens, pour qui la propriété, et en particulier la propriété de la terre, est inconcevable. Qu'à cela ne tienne, les Indiens sont massacrés, éradiqués. Le mythe de l'Amérique est fondé sur un péché originel, l'anéantissement des premiers habitants au nom de la liberté. Comment expliquer ce paradoxe ? Comment l'Amérique peut-elle s'ériger en civilisation morale, en modèle du monde civilisé, qui définit ce qui est juste et ce qui ne l'est pas, quand sa fondation même repose sur un massacre ? Selon Nishitani, l'État américain a toujours combattu dans des guerres dans lesquelles il désignait un ennemi à abattre afin de se construire et de se développer lui-même. L'adversaire était toujours un hors-la-loi, ou alors un État voyou, quand ce n'était pas un peuple barbare, sans foi ni loi. Les États-Unis ont toujours déshumanisé leurs opposants et leur ont daigné toute légitimité, en en faisant des ennemis plutôt que des adversaires légitimes. En Europe, dans l'Ancien Monde, le principe géopolitique était celui de la reconnaissance de la souveraineté et de l'égalité des États. C'est ce qu'on appelle le système westphalien, du nom des traités de Westphalie signés au XVIIe siècle. Les États-Unis, quant à eux, s'éloignent de l'ordre westphalien et refusent de reconnaître la souveraineté et la légitimité de leurs adversaires. Ils se présentent comme les seuls légitimes face à des hordes de sauvages déshumanisés. Selon Nishitani, c'est ce qui leur a permis de maintenir une ambiguïté, de se comporter comme un pays souverain sur le monde entier, tout en prétendant ne pas faire preuve d'impérialisme et même d'être un pays anticolonialiste. La colonisation territoriale devient, dans le vocabulaire américain, expansion, croissance naturelle. Et la guerre devient lutte contre la barbarie ou, plus récemment, contre le terrorisme. L'essence de l'Amérique, c'est un sentiment d'exception. déjà remarqué par le philosophe Alexis de Tocqueville dans son ouvrage « De la démocratie en Amérique » paru au début du XIXe siècle. L'exceptionnalisme américain, c'est la croyance profonde que l'Amérique est un état démocratique exceptionnel, la première démocratie moderne, en dépit de l'anéantissement des Amérindiens et de l'esclavage. L'Amérique serait une exception permanente, ce qui lui permet de s'extraire de l'ordre juridique international. Selon Osamu Nishitani, c'est ce dont témoigne l'emploi permanent du terme de terrorisme. Au milieu du XIXe siècle, ce mot est employé pour désigner des actions exercées contre l'État. Et peu à peu, il est élevé au rang de vocable politique officiel sur la base duquel on dessine une carte du monde, opposant les pays civilisés aux terroristes. Ce terme est par ailleurs intimement lié à l'histoire coloniale. Ceux qui se rebellent contre l'Empire sont qualifiés de terroristes, ce qui permet de réprimer sévèrement toute résistance. Aux Etats-Unis, après les attentats du 11 septembre 2001, le président George W. Bush nomme les campagnes militaires « War on Terror » , guerre contre le terrorisme. Le concept de terrorisme traverse en réalité toute l'histoire de l'Amérique, depuis l'extermination des Amérindiens jusqu'aux opérations américaines au Moyen-Orient. Nishitani fait d'ailleurs remarquer que lors des missions pour assassiner Osama Ben Laden, l'organisateur des attentats du 11 septembre, celui-ci avait pour nom de code Géronimo, du nom du chef des Apaches, qui avait orchestré la résistance amérindienne contre les Américains à la fin du XIXe siècle. Pour Nishitani, le concept de terrorisme permet de créer, je cite, « une catégorie d'êtres dont il n'était pas nécessaire de reconnaître les droits humains, une catégorie de non-humains que l'on pouvait tuer sans être puni, et dont le meurtre pouvait même être recommandé. Et cela, bien sûr, en dépit de la reconnaissance universelle des droits de l'homme. Tout cela a subverti le langage politique vers un langage déréglé, bon, comme le dit Nishitani, pour les truands et les gangsters, comme en témoigne l'élection d'un personnage comme Donald Trump. En se présentant comme la Terre Nouvelle, comme l'Empire de la Liberté et de la Justice, Tout en fermant les yeux sur ses propres exactions, l'Amérique a finalement balayé la logique des droits humains et de la démocratie. L'Empire est devenu impérialisme. Désormais, l'impérialisme de la liberté ne concerne plus seulement les relations internationales. Il dévore l'intérieur du pays. La politique de Trump n'a de cesse de désigner des ennemis intérieurs, de considérer les minorités comme des non-humains. La police anti-immigration, ICE, Fait régner la terreur dans tous les Etats-Unis d'Amérique, et les droits humains ne cessent de reculer. Au nom de la défense de la liberté d'expression, on entend des discours de plus en plus violents qui ont des conséquences directes sur les populations vulnérables. Les Etats-Unis sont en train de devenir un pays fasciste. Alors, continuons d'avoir les yeux rivés sur l'Amérique. Et nous ferions bien de nous inspirer de la probable élection de Zoran Mamdani à la mairie de New York. Lui qui était encore inconnu il y a un an, a conquis les foules sur un projet de rupture, rendre la ville à nouveau abordable pour ses habitants et habitantes. Dans son programme, il promet de geler les loyers dans certaines zones, de rendre les transports en commun gratuits, de mettre en place un système de garde d'enfants et de baisser le prix de la nourriture. Alors que le parti démocrate avait adopté depuis plusieurs années une ligne centriste, le projet ambitieux et social de Zoran, ainsi que son engagement en faveur de la Palestine, parvient à faire bouger les foules. Contrairement à Kamala Harris, qui avait, il y a tout juste un an, largement perdu contre Trump. Précisément parce qu'elle n'a jamais réussi à mobiliser la jeunesse, qui le reprojait son programme centriste, en continuité avec la politique de Joe Biden, et son soutien inconditionnel à Israël. Aujourd'hui, deux Amériques se font face. Celle de Trump, brutale, raciste, fasciste, climato-sceptique, et celle de Zohran Mamdani, qui témoigne d'un souffle politique nouveau, en particulier chez les jeunes générations. Ce qu'on peut sans doute déduire du cas états-unien, c'est que la meilleure défense contre l'extrême droite, c'est la gauche de rupture, seule capable de mobiliser des populations meurtries par les politiques précédentes. Reste à voir qui pourrait être notre Zohran français. Et à mon avis, c'est certainement pas Raphaël Glucksmann... C'est la fin de cet épisode. On se retrouve très vite pour un nouvel épisode du Phil d'Actu. En attendant, pour des infos exclusives et parfois des petites blagues, vous pouvez me suivre sur Instagram sur mon compte Alice de Rochechouart. Et un grand merci à toutes celles et ceux qui, grâce à leurs dons, me permettent de continuer sereinement le podcast. Un grand merci à Elodie, Alix, Bruno, Alexandre, Étienne, Barthélémy, Romain, Aurélie, Claire, Denis, Nicolas, Franck, Béatrice, Gauthier, Florence, Bastien, Florian, Tristan, Mathieu, Clément, Cédric, Laurent, Olivier, Agathe, Vincent, Antoine, Mathilde, Odile, Stéphanie, Julia, Sylvain, Emeric, Lucille. Vous aussi, vous pouvez rejoindre l'aventure du phil d'actu. Merci et à très vite !

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Aujourd’hui, cela fait un an que Donald Trump a été réélu président des Etats-Unis d’Amérique.  Et à l’heure où j’enregistre cet épisode, Zohran Mamdani, candidat démocrate portant un projet de gauche de rupture, est favori pour la mairie de New-York. Un face-à-face qui résume bien les contradictions des USA, pris entre liberté et impérialisme. Alors, que nous enseigne l’histoire de l’Amérique ? On en parle avec le philosophe japonais Osamu Nishitani.


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    Aujourd'hui, ça fait un an que Donald Trump a été réélu président des Etats-Unis d'Amérique. Et à l'heure où j'enregistre cet épisode, Zohran Mamdani, candidat démocrate portant un projet de gauche de rupture, est favori pour la mairie de New York. Un face-à-face qui résume bien les contradictions des Etats-Unis pris entre liberté et impérialisme. Alors, que nous enseigne l'histoire de l'Amérique ? On en parle avec le philosophe japonais Osamu Nishitani. Je suis Alice de Rochechouart et vous écoutez le Phil d'Actu, le podcast engagé qui met la philosophie au cœur de l'actualité. Ce podcast est totalement indépendant et il ne survit que grâce à vos dons. Alors si vous voulez soutenir mon travail, vous pouvez faire un don en cliquant sur la page indiquée en description. Et bien sûr, vous pouvez aussi acheter mon livre privilège aux éditions J.C. Lattès. Merci pour votre soutien. En 1492, Christophe Colomb, découvre l'Amérique. Il débarque au Bahamas, mais il est convaincu qu'il vient d'arriver en Asie et nomme les habitants locaux les Indiens. Christophe Colomb ne saura jamais qu'il a découvert un continent jusque-là inconnu. C'est l'explorateur Amerigo Vespucci qui, le premier, émet cette hypothèse après son exploration de la Patagonie en 1502. En 1507, un cartographe lorrain nomme le continent Amérique en l'honneur d'Amerigo Vespucci. Le continent est peu à peu colonisé par les Espagnols, les Français et les Anglais. En 1607 est fondée la première colonie britannique en Amérique du Nord et en 1620, des Anglais protestants, persécutés chez eux pour leur croyance religieuse, débarquent à bord du navire le Mayflower. Tout au long du XVIIe et du XVIIIe siècle, des Européens émigrent dans les colonies britanniques d'Amérique du Nord. Dans les années 1770, les colons américains se révoltent contre la couronne britannique et le 4 juillet 1776, l'indépendance est proclamée. C'est la naissance des États-Unis d'Amérique. Les États-Unis d'Amérique se pensent alors comme un empire, l'empire de la liberté, selon l'expression de Thomas Jefferson, principal rédacteur de la Déclaration d'indépendance américaine. Un empire de la liberté ? Doté d'une mission presque religieuse, hérité de la pensée des pères fondateurs, persuadé d'être des élus de Dieu, guidé par la Providence et arrivant sur une terre promise. C'est ce qu'on appelle la doctrine de la destinée manifeste, qui est un élément central, fondateur dans la culture américaine. Les Américains auraient une mission, celle de construire un pays qui deviendra un guide moral et religieux pour toute l'humanité et devra se déployer sur tout le continent américain, quitte à massacrer les Amérindiens au nom de la liberté. Le philosophe japonais Osamu Nishitani écrit en 2022 un livre intitulé « L'impérialisme de la liberté » en référence à l'expression de Thomas Jefferson. Nishitani se demande pourquoi les États-Unis sont le seul pays à être désigné par le nom du continent. Pourquoi dit-on l'Amérique ou les Américains pour parler d'un seul pays parmi tous ceux qui constituent ce double continent ? Selon Nishitani, cela s'explique par la fondation même du pays. Quand les pères pèlerins débarquent dans ce nouveau monde, ils sont convaincus de porter une mission divine, providentielle et d'arriver sur une terre vierge, sur une terre totalement libre. L'Amérique, c'est le nom de ce mythe. C'est le nom de la liberté, de la fondation d'une civilisation radicalement nouvelle, délivrée de la tutelle et de la persécution de l'ancien monde. L'Amérique, c'est cette terre imaginaire, cette idée, qui n'est pas tout à fait l'entité politique, institutionnelle, fédérale que sont les Etats-Unis. L'Amérique, c'est la liberté, « the land of the free » , comme le dit l'hymne national. Mais quelle est cette liberté américaine ? Selon Nishitani, il s'agit d'une liberté définie comme propriété privée, dans la lignée de philosophes comme John Locke, pour qui le droit de propriété est un droit fondamental de l'être humain. L'empire de la liberté, c'est la liberté individuelle, la liberté de posséder et de suivre ses désirs. Un nouveau monde où seules les choses qui font l'objet d'un droit de propriété ont de la valeur. où les lois du marché et de l'économie dérégulées sont semblables à la providence divine, où toute la terre et toute la vie sont converties en propriété, en biens, ce qui permet rapidement aux États-Unis de devenir le pays le plus riche du monde. Or, cette conception de la liberté se heurte à celle des Amérindiens, pour qui la propriété, et en particulier la propriété de la terre, est inconcevable. Qu'à cela ne tienne, les Indiens sont massacrés, éradiqués. Le mythe de l'Amérique est fondé sur un péché originel, l'anéantissement des premiers habitants au nom de la liberté. Comment expliquer ce paradoxe ? Comment l'Amérique peut-elle s'ériger en civilisation morale, en modèle du monde civilisé, qui définit ce qui est juste et ce qui ne l'est pas, quand sa fondation même repose sur un massacre ? Selon Nishitani, l'État américain a toujours combattu dans des guerres dans lesquelles il désignait un ennemi à abattre afin de se construire et de se développer lui-même. L'adversaire était toujours un hors-la-loi, ou alors un État voyou, quand ce n'était pas un peuple barbare, sans foi ni loi. Les États-Unis ont toujours déshumanisé leurs opposants et leur ont daigné toute légitimité, en en faisant des ennemis plutôt que des adversaires légitimes. En Europe, dans l'Ancien Monde, le principe géopolitique était celui de la reconnaissance de la souveraineté et de l'égalité des États. C'est ce qu'on appelle le système westphalien, du nom des traités de Westphalie signés au XVIIe siècle. Les États-Unis, quant à eux, s'éloignent de l'ordre westphalien et refusent de reconnaître la souveraineté et la légitimité de leurs adversaires. Ils se présentent comme les seuls légitimes face à des hordes de sauvages déshumanisés. Selon Nishitani, c'est ce qui leur a permis de maintenir une ambiguïté, de se comporter comme un pays souverain sur le monde entier, tout en prétendant ne pas faire preuve d'impérialisme et même d'être un pays anticolonialiste. La colonisation territoriale devient, dans le vocabulaire américain, expansion, croissance naturelle. Et la guerre devient lutte contre la barbarie ou, plus récemment, contre le terrorisme. L'essence de l'Amérique, c'est un sentiment d'exception. déjà remarqué par le philosophe Alexis de Tocqueville dans son ouvrage « De la démocratie en Amérique » paru au début du XIXe siècle. L'exceptionnalisme américain, c'est la croyance profonde que l'Amérique est un état démocratique exceptionnel, la première démocratie moderne, en dépit de l'anéantissement des Amérindiens et de l'esclavage. L'Amérique serait une exception permanente, ce qui lui permet de s'extraire de l'ordre juridique international. Selon Osamu Nishitani, c'est ce dont témoigne l'emploi permanent du terme de terrorisme. Au milieu du XIXe siècle, ce mot est employé pour désigner des actions exercées contre l'État. Et peu à peu, il est élevé au rang de vocable politique officiel sur la base duquel on dessine une carte du monde, opposant les pays civilisés aux terroristes. Ce terme est par ailleurs intimement lié à l'histoire coloniale. Ceux qui se rebellent contre l'Empire sont qualifiés de terroristes, ce qui permet de réprimer sévèrement toute résistance. Aux Etats-Unis, après les attentats du 11 septembre 2001, le président George W. Bush nomme les campagnes militaires « War on Terror » , guerre contre le terrorisme. Le concept de terrorisme traverse en réalité toute l'histoire de l'Amérique, depuis l'extermination des Amérindiens jusqu'aux opérations américaines au Moyen-Orient. Nishitani fait d'ailleurs remarquer que lors des missions pour assassiner Osama Ben Laden, l'organisateur des attentats du 11 septembre, celui-ci avait pour nom de code Géronimo, du nom du chef des Apaches, qui avait orchestré la résistance amérindienne contre les Américains à la fin du XIXe siècle. Pour Nishitani, le concept de terrorisme permet de créer, je cite, « une catégorie d'êtres dont il n'était pas nécessaire de reconnaître les droits humains, une catégorie de non-humains que l'on pouvait tuer sans être puni, et dont le meurtre pouvait même être recommandé. Et cela, bien sûr, en dépit de la reconnaissance universelle des droits de l'homme. Tout cela a subverti le langage politique vers un langage déréglé, bon, comme le dit Nishitani, pour les truands et les gangsters, comme en témoigne l'élection d'un personnage comme Donald Trump. En se présentant comme la Terre Nouvelle, comme l'Empire de la Liberté et de la Justice, Tout en fermant les yeux sur ses propres exactions, l'Amérique a finalement balayé la logique des droits humains et de la démocratie. L'Empire est devenu impérialisme. Désormais, l'impérialisme de la liberté ne concerne plus seulement les relations internationales. Il dévore l'intérieur du pays. La politique de Trump n'a de cesse de désigner des ennemis intérieurs, de considérer les minorités comme des non-humains. La police anti-immigration, ICE, Fait régner la terreur dans tous les Etats-Unis d'Amérique, et les droits humains ne cessent de reculer. Au nom de la défense de la liberté d'expression, on entend des discours de plus en plus violents qui ont des conséquences directes sur les populations vulnérables. Les Etats-Unis sont en train de devenir un pays fasciste. Alors, continuons d'avoir les yeux rivés sur l'Amérique. Et nous ferions bien de nous inspirer de la probable élection de Zoran Mamdani à la mairie de New York. Lui qui était encore inconnu il y a un an, a conquis les foules sur un projet de rupture, rendre la ville à nouveau abordable pour ses habitants et habitantes. Dans son programme, il promet de geler les loyers dans certaines zones, de rendre les transports en commun gratuits, de mettre en place un système de garde d'enfants et de baisser le prix de la nourriture. Alors que le parti démocrate avait adopté depuis plusieurs années une ligne centriste, le projet ambitieux et social de Zoran, ainsi que son engagement en faveur de la Palestine, parvient à faire bouger les foules. Contrairement à Kamala Harris, qui avait, il y a tout juste un an, largement perdu contre Trump. Précisément parce qu'elle n'a jamais réussi à mobiliser la jeunesse, qui le reprojait son programme centriste, en continuité avec la politique de Joe Biden, et son soutien inconditionnel à Israël. Aujourd'hui, deux Amériques se font face. Celle de Trump, brutale, raciste, fasciste, climato-sceptique, et celle de Zohran Mamdani, qui témoigne d'un souffle politique nouveau, en particulier chez les jeunes générations. Ce qu'on peut sans doute déduire du cas états-unien, c'est que la meilleure défense contre l'extrême droite, c'est la gauche de rupture, seule capable de mobiliser des populations meurtries par les politiques précédentes. Reste à voir qui pourrait être notre Zohran français. Et à mon avis, c'est certainement pas Raphaël Glucksmann... C'est la fin de cet épisode. On se retrouve très vite pour un nouvel épisode du Phil d'Actu. En attendant, pour des infos exclusives et parfois des petites blagues, vous pouvez me suivre sur Instagram sur mon compte Alice de Rochechouart. Et un grand merci à toutes celles et ceux qui, grâce à leurs dons, me permettent de continuer sereinement le podcast. Un grand merci à Elodie, Alix, Bruno, Alexandre, Étienne, Barthélémy, Romain, Aurélie, Claire, Denis, Nicolas, Franck, Béatrice, Gauthier, Florence, Bastien, Florian, Tristan, Mathieu, Clément, Cédric, Laurent, Olivier, Agathe, Vincent, Antoine, Mathilde, Odile, Stéphanie, Julia, Sylvain, Emeric, Lucille. Vous aussi, vous pouvez rejoindre l'aventure du phil d'actu. Merci et à très vite !

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