Speaker #0Pour resituer le contexte, je suis dans l'entreprise depuis 2016, donc ça va faire 7 ans cette année. Je suis dans un poste qui est très simple, je suis conseillère au téléphone. Et j'ai évolué... pendant la période de confinement, sur un poste intermédiaire entre celui que j'avais de conseillère et celui de manager. Donc j'ai pris ce poste qui a toujours une partie d'ambivalence puisqu'on est un peu au-dessus de nos collègues, mais 70% du temps avec nos collègues et 30% le bras droit du manager. Au début, je ne voulais pas postuler. Et pendant le confinement, quand j'ai vu à quel point j'étais autonome sur mon poste et performante, je me suis dit pourquoi pas. C'était un point de challenge personnel. Et je me suis dit, c'est une perspective d'évolution, je vais être un peu plus rémunérée. Quelque part, c'est une reconnaissance de mes compétences, de mon travail, de mon investissement. Et j'ai été à ce moment-là très dans le besoin de reconnaissance, dans un besoin de reconnaissance très prononcé, on va dire. Pendant cette période très précise de ma vie, le travail, c'était la seule chose de ma vie. Donc forcément, j'en attendais tout et j'y avais mis tout. Mes relations amicales, toutes mes motivations, presque mes relations affectives, tout tournait autour du travail et j'avais l'impression de me réaliser là où je ne m'étais jamais réalisée. Donc j'étais plutôt hyper impliquée, hyper excitée par l'idée de faire plein de choses, d'amener des choses différentes. Dans ce contexte-là, j'étais bien. J'ai eu un niveau de formation qui était génial, même s'il était en distanciel, ce qui n'était pas évident. La posture même du poste, c'était compliqué. et à prendre pour un tempérament comme le mien qui est plutôt entier. Et ensuite, c'est la gestion du poste en lui-même, l'année où je l'ai pris, qui a été très compliquée. Déjà, le fait que le manager n'ait pas vraiment été formé pour accompagner ce poste, ça se ressent tout de suite. On est quand même sur des fonctions qu'on ne connaît pas. Nous, on nous demandait d'être exemplaires à des endroits où même le manager n'était pas forcément. Il fallait souvent anticiper les besoins qui changeaient tout le temps. Donc on était sur une hyper adaptabilité. On a bien compris qu'il fallait être adaptable sur ce poste, mais l'hyper adaptabilité était trop forte en fait. Je me suis épuisée à devancer les besoins de mon manager qui me demandait de faire un brief ou alors ne me demandait pas. Mais moi, je me disais, ce jour-là, il faut que je le fasse parce qu'il n'est pas là. Mais il ne me le dit pas. C'est à moi d'y penser. Sinon, le matin, l'équipe n'a pas de brief. Et zéro autonomie aussi, il faut préciser. Je pensais qu'on aurait un peu plus d'autonomie que ça, mais les managers n'en ayant pas beaucoup, forcément, nous, on n'en a pas. Sachant en plus que le poste était normalement divisé en 70% de temps au téléphone, 30% de temps à former, à faire la montée en compétence des collaborateurs, etc. En réalité, c'était du 50-50, mais nos objectifs étaient exactement les mêmes que si on était à 70% de notre temps au téléphone. Donc ça, c'était une pression supplémentaire. Mais pour préparer une animation, par exemple, sur tout le plateau, avec 50 personnes, ils ne nous dégageaient pas de temps en fait. Et les jours d'animation, on devait prendre des appels et gérer les Ausha et gérer l'animation. Et en fait, c'était... C'est-à-dire qu'on prenait des appels, on devait faire nos contrats et en même temps, on devait animer. C'était ingérable, vraiment ingérable parce que tu ne peux pas techniquement prendre des appels, gérer un chat, compter où on en est, quelle équipe est devant, quelle équipe est derrière. J'avais le sentiment surtout de faire cinq choses en même temps, en permanence. Ça, c'était hyper fatigant. Je ne me sentais pas valorisée dans ce poste à ce moment-là. Je me sentais... J'avais l'impression d'être un bouche-crou, de rendre service quand personne d'autre pouvait le faire et qu'on ne me disait jamais merci. Alors que oui, j'entends bien qu'on est au travail et qu'on est payé pour ça, mais un merci, ça ne coûte rien. Heureusement que tu étais là, ça ne coûte rien. Et je ne les avais pas ces mots-là de la part d'un manager. C'était normal. Donc le cumul de toutes ces choses a fait qu'effectivement, au bout de sept ou huit mois dans le poste, j'ai commencé à avoir des symptômes. Maintenant, je peux le dire, mais à l'époque, je ne les voyais pas. J'ai pris mes trois semaines de vacances en août et la première semaine, je n'ai fait que dormir. Déjà, c'est un peu étonnant. Je n'ai pas eu souvent trois semaines de vacances dans ma vie, mais normalement, je ne fais pas que dormir la première semaine. La deuxième semaine, je l'ai un peu profité et la troisième semaine, j'ai eu un enterrement de quelqu'un de très proche. Je suis revenue de vacances encore plus fatiguée que quand je suis partie. Donc, on peut y mettre derrière les événements personnels, etc. Mais toujours est-il que je sais que ces vacances-là... à ce moment-là ne m'ont pas suffi du tout pour récupérer. Et là, j'ai commencé à me dire, c'est bizarre. C'est bizarre parce que je suis vraiment très fatiguée. Et je repars et j'ai 18 de tension et je suis à fond tout de suite parce que j'ai l'impression que la seule chose qui me tient, c'est les nerfs en fait. Et ça, c'était en août. Et ensuite, il y a eu des événements en octobre, novembre, des événements concrets avec mon manager que moi, j'ai mis en place. J'ai eu des attitudes au travail qui n'étaient pas des attitudes que j'avais normalement. Le fameux cynisme dont on parle dans le burn-out, j'étais complètement cynique. J'en étais même dans la provocation, comme un enfant de 4 ans qui veut montrer qu'il est là en fait. Donc je faisais des actions qui sortaient du cadre, du style à prendre des pauses quand c'était pas du tout le moment, juste pour que les gens réagissent autour de moi en fait. Et ça s'est fini par une convocation avec ma N2 et une discussion à bâton rompu avec mon manager et elle. J'ai peut-être un peu débordé du cadre, à ce moment-là on va pas se mentir. en pointant du doigt l'état émotionnel de mon manager à ce moment-là qui n'était pas bien dans sa vie et ça se ressentait au travail. Je l'ai fait avec la douceur que je peux avoir, mais j'ai senti que ça, il l'avait très mal pris. Je lui ai simplement dit en fait tu ne vas pas bien et ce n'est pas grave. Simplement, l'équipe le ressent. Parce que du coup, on avait une très mauvaise ambiance dans notre équipe. Alors le manager n'est pas responsable de toutes les personnes qui managent, mais il transmet quand même une énergie. Et je voulais juste qu'on pointe le doigt sur le fait que, moi, en étant son bras droit, je me prenais un peu tout ça dans la figure tous les jours, qu'il le veuille ou non. Et c'est ça qui l'a mal pris et il ne m'a pas adressé la parole pendant 10 jours. Et là, physiquement, j'ai senti que ça me... Parce que j'avais un attachement particulier avec lui, une relation professionnelle qui comptait beaucoup. Parce que quelque part, c'est lui qui m'a amenée là où j'étais. Et j'avais l'impression qu'il me lâchait complètement. Et en plus, il était en colère, quoi. Il a fallu que j'aille m'excuser pour que la communication reprenne. Et je trouvais que ce n'était pas juste que je l'aie fait pour le bien de tout le monde. Mais je trouvais que ce n'était pas juste, parce que j'avais simplement exprimé ce que je ressentais en fait. Donc le relationnel devenait en plus compliqué. Donc j'ai vu que ma N plus 2, elle essayait de faire des choses pour m'aider, mais maladroitement, en me confiant certaines choses, plus à moi qu'à d'autres, parce qu'elle a dû voir un espèce de besoin de reconnaissance. de valorisation, alors que ce n'était pas ce dont j'avais besoin à ce moment-là, en fait. Enfin, en tout cas, pas de cette manière-là. Donc là, octobre-novembre, ça a commencé à devenir très compliqué psychologiquement et émotionnellement. Et à partir de décembre, j'ai commencé à avoir des extinctions de voix et des douleurs au ventre que je n'expliquais pas. Mais le plus flagrant, c'était les extinctions de voix, parce que je n'en ai jamais eu de la vie et que nous, notre voix, c'est notre outil de travail. Donc, trois extinctions de voix en un mois, c'était significatif. J'avais des palpitations. Alors, je suis d'un tempérament nerveux, on ne va pas se mentir. Mais j'avais des palpitations au boulot. Il faut savoir que depuis que j'avais pris le poste, j'étais sous traitement pour la tension. Donc, j'avais des palpitations, des vertiges. Pas très fréquents, mais récurrents. Ça revenait tout le temps. Je dormais très mal. J'ai toujours un problème de sommeil, mais là, ça devenait très exacerbé. Donc là, j'ai commencé à réaliser qu'il se passait un truc. Je suis allée voir mon médecin pour les extinctions de voix parce que je ne pouvais pas travailler. Il y a des jours, quand je ne prenais pas d'appel, où je venais quand même travailler en étant à faune parce que j'étais dans ce truc de il faut que j'y aille On a des choses à faire, j'ai des animations à préparer, ils comptent sur moi, etc. Donc, les jours où j'étais au téléphone, je n'y suis pas allée, mais j'ai dû m'absenter deux jours par-ci, trois jours par-là, mais pas plus. J'avais dans l'optique qu'en janvier, on change d'équipe et que ça change tout. donc je tenais en fait je tenais en me disant au 1er janvier on change d'équipe en décembre j'ai appris qu'on ne changeait pas d'équipe et de manager là ça m'a mis un petit coup je me suis dit ah bon ça va être compliqué donc j'ai repris après les vacances de Noël en me disant prends du recul prends de la distance travaille sur toi etc ça s'est vu parce qu'il y a des gens qui me l'ont dit des managers qui m'ont dit ouais t'es différente t'as pris ton poste ta posture est différente etc t'es plus affirmée t'es plus sûre de toi oui et ça me coûtait tous les jours Ça me coûtait beaucoup d'être comme ça. Et le 17 mars, parce qu'on se souvient toujours de la date à laquelle ça arrive, le 17 mars, après une semaine très compliquée, j'avais eu des gros vertiges au travail, mais vraiment des vertiges où la pièce tournait. J'ai fait des crises qui ressemblaient à des crises d'hypoglycémie. Alors, je n'étais pas en hypoglycémie, donc envie de vomir, très mal au ventre, trois nuits de suite, à me réveiller à être liée en deux. Le mercredi, je suis arrivée en retard au travail, ce qui ne m'arrive jamais. parce que j'avais trop mal au ventre et je n'arrivais pas à sortir de mon lit. Et cette journée de jeudi, elle a été horrible, mais vraiment horrible. Et le jeudi soir, moi j'étais avec des nouveaux embauchés toute la journée. On devait organiser une animation, on était trois à ce moment-là sur poste, donc on commençait à être un peu plus nombreux aussi. Et on devait organiser une animation pour le lendemain, le jeudi pour le vendredi. J'ai une collègue de travail qui m'a appelée le soir, moi je l'avais prévenu de l'animation, elle ne travaillait pas ce jour-là, pour me dire oui, mais on ne peut pas t'organiser, nous on ne travaillait pas, mon équipe ne savait pas Le soir, pour me dire ça. Et en fait, là, ça a été l'élément déclencheur d'une montée d'angoisse que je n'ai pas gérée de la nuit en fait. Et le lendemain matin, je ne me suis pas levée, je n'ai pas réussi à sortir de mon lit. J'étais en angoisse totale, comme si j'allais mourir si je sortais de mon lit. C'est terrible de dire ça parce que ça paraît des mots très très forts, mais la veille déjà, j'avais ressenti ça au travail. Je me suis dit, je vais mourir devant mon PC en fait. Ils sont en train de me rendre folle, j'ai l'impression que mon corps va lâcher, que mon cœur va lâcher et que je vais faire un arrêt cardiaque devant mon PC. Je ne vais pas plus me lever, je ne vais pas plus y aller. J'ai prévenu que je ne serais pas là. J'ai appelé mon médecin, je lui ai pris un rendez-vous en urgence et je lui ai expliqué mes symptômes. Les symptômes pour mon médecin, quand je suis arrivée, moi c'était j'ai très très mal au ventre, j'ai des vertiges, je suis épuisée, je ne sais pas ce qui m'arrive, je n'ai jamais eu des douleurs comme ça au ventre, je suis pliée en deux, c'était au niveau de l'estomac. Mon médecin, il me connaissait un peu mais pas beaucoup parce que ce n'était pas mon médecin depuis longtemps, me dit on va faire les examens, vous allez faire une prise de sang, vous allez passer une échographie, je vous arrête 15 jours, vous faites tout ça. Donc déjà, je vous arrête 15 jours, je suis un peu en panique. 15 jours, c'est beaucoup pour... Non, non, mais voilà, vous faites les examens et vous revenez me voir. Donc, me voilà arrêtée 15 jours, je fais les examens. Évidemment, rien ne ressort. Et quand je retourne voir mon médecin, là, il me dit, en fait, je pense que vous faites un burn-out. Moi, je lui dis d'accord, mais je ne connaissais pas trop le burn-out à ce moment-là. J'en entendais parler, comme c'est un mot qui est un peu galvaudé, j'en entendais parler comme tout le monde, en fait. Et il m'explique que c'est mon corps qui est en train de m'envoyer des signaux et qui n'en peut plus, qui est vidé et qu'il va falloir que je me repose. Mais vraiment. Et il me dit, je vous arrête un mois. Je dis, mais je ne peux pas m'arrêter un mois. Vous ne vous rendez pas compte. Il me rassure. Il me dit, mais peut-être que ça ne durera pas, peut-être que ce ne sera pas très long. Mais là, vous avez vraiment besoin de repos. Il faut que vous dormiez, il ne faut que vous ne fassiez rien. Si vous sortez, il me dit, je vous mets en sortie libre parce que je ne veux pas non plus que vous tombiez dans la dépression. Donc, sortez de chez vous, allez marcher dans la nature, quand vous en avez l'énergie, mais si vous n'avez l'énergie de rien, ne faites rien. Donc, je ne repars pas très bien quand même. Un peu peur d'annoncer que je suis arrêtée un mois, puis un peu peur de la suite, parce que je me dis, là, si je lâche, j'avais un peu conscience que ça allait durer, que mon état de fatigue était tel que je n'allais pas être arrêtée un mois ni deux. Il m'avait dit que ça allait être compliqué, parce qu'en fait, ce qui se passe, c'est que vous êtes addict au travail, et comme toute addiction, il faut que vous s'oeuvrez. Et ça m'a fait comme une gifle. quand il me l'a dit. Parce qu'il avait tellement raison. Et effectivement, c'est comme un sevrage. Donc, je suis passée par des phases d'angoisse, assise sur mon canapé, en pleurs, à me dire Mais je ne suis pas au travail, je ne travaille pas, je ne suis rien, je ne fais rien. Et ça a duré quand même pas loin de trois mois, ça. Pendant trois mois, je n'ai fait que dormir avec le déni du burn-out. Non, je ne suis pas en burn-out, ce n'est pas ça. Incapable de répondre aux gens qui m'envoyaient des messages pour me demander ce que j'avais parce que je ne savais pas quoi répondre. J'ai eu besoin avec le temps. tempérament que j'ai d'être dans l'action un peu, à peu, au niveau de quelqu'un qui est en burn-out. J'ai fait un peu l'inverse de beaucoup de gens, c'est-à-dire que j'ai voulu soigner mon mental avant mon physique. Je me suis dit, en fait, il faut que je prenne de l'aide parce que j'ai mon psy, mais il n'est pas à côté, il n'est pas là tout le temps. Je suis toute seule, je vis toute seule. Si je reste comme ça, à un moment donné, je risque de flancher vraiment et j'ai besoin qu'il y ait des gens autour de moi avec qui je peux m'exprimer, à qui je peux en parler. Donc, j'ai commencé à prendre des rendez-vous. avec des coachs, avec des sophrologues. Et là, pour en parler, il fallait bien que je l'admette. Donc, ça a créé la chute du déni. Je me suis dit, là, de toute façon, si tu veux entamer une démarche, il faut que tu acceptes l'idée que tu es en burn-out, si tu veux que les gens t'aident, sinon ils ne pourront pas t'aider. Donc, à partir de ce moment-là, j'ai pu dire aux gens, je suis en burn-out et ça va être bon. Sachant qu'en parallèle, il y a l'accompagnement de la sécurité sociale. Il ne faut pas le nier, ça m'a aidée, moi. Quand la sécurité sociale appelle au bout de trois mois en disant, bon, là, on va faire un point, vous en êtes où ? vous allez passer en ALD, on sait que ça va durer. Donc on est dans l'acceptation, on est un peu obligés. Dans les rencontres que j'ai faites pendant cette période, il y a eu la coach que j'ai prise pendant trois mois. Alors avec le recul, c'était un peu tôt, mais elle m'a beaucoup aidée parce que j'avais un interlocuteur, j'avais quelqu'un que je voyais une fois par semaine avec qui je pouvais parler. C'était un rendez-vous par semaine pendant trois mois où je savais que j'avais un moment où je m'étais consacrée avec quelqu'un. Pour les personnes du burn-out qui m'ont vraiment vraiment aidé, il y a mon médecin, le médecin du travail aussi, que j'ai quand même eu assez souvent, et l'assistante sociale de la sécurité sociale qui m'a beaucoup aidé, vraiment parce que... À ce moment-là, j'ai eu des interlocuteurs qui comprenaient que j'étais en burn-out, qui savaient ce qu'était un burn-out et qui ne m'ont jamais discrédité. Parce qu'on a toujours peur, avec le burn-out, de ne pas être légitime. Mais le vrai burn-out, on ne l'a pas décidé, il nous arrive dessus, il nous tombe dessus. Au début, on ne sait même pas que c'est ça. On a quand même peur de ne pas être pris au sérieux. Et j'ai quand même eu des personnes qui, à chaque fois qu'elles me rencontraient, même au bout de 10 ou 12 mois, me disaient Vous savez, ça ne fait pas longtemps que vous êtes arrêté pour un burn-out. Et ça, c'est tellement déculpabilisant, ça fait tellement du bien que ça m'a énormément aidée à accepter que oui, au bout de 10 mois, je suis toujours en arrêt, que oui, au bout de 12 mois, je suis toujours en arrêt et que c'est normal. Quand on va lâcher le fait de devoir être parfait et de se dire que les gens nous prendront comme on est dans la vie maintenant et ce sera comme ça, c'est là qu'on lâche la culpabilité. Parce que oui, on n'est pas parfait en fait, mais autour de nous, personne ne l'est. En général, on a un tempérament à faire attention à tout ce qu'on dit, à tout ce qu'on fait, à ne pas blesser les gens, à ne pas déborder du cadre. Eh bien si, ce n'est pas grave en fait. Les autres, ils le font, ils ne se posent pas autant de questions. Pourquoi nous, on s'en poserait autant finalement ? Nous, on supporte les débordements des autres ou les choses un peu compliquées qui nous renvoient. Là, il faut juste accepter qu'on est pareil. Personne ne nous a demandé d'être mieux que la moyenne des gens en fait. Il faut qu'on s'enlève nous-mêmes du pied des salles sur lequel on s'est mis quelque part. Ce n'est pas facile parce qu'il faut travailler son égo aussi. Mais franchement, qu'est-ce que c'est libérateur ? Aujourd'hui, j'ai presque envie de le remercier, le burn-out, pour ce temps qu'il m'a donné, même si c'était du temps difficile, même si je suis passée par des phases compliquées, pour en arriver même au bout de 12 mois, à part accepter un traitement que je refusais jusque-là, parce que j'étais trop mal. Même ce traitement, je le remercie parce que je n'y serais pas arrivée sans. J'avais besoin de faire une petite parenthèse sur le traitement. Je vois beaucoup de choses où les gens se questionnent. Quand on n'en a jamais eu, c'est très compliqué d'accepter de prendre des antidépresseurs. Ce n'est pas parce qu'on va prendre des antidépresseurs dans le cadre d'un burn-out qu'on va être sous antidépresseurs toute sa vie. Parce qu'on a toujours cette peur-là un peu du médicament. C'est vraiment une vraie béquille parce que techniquement, effectivement, la dopamine dont on manque pour faire des choses, pendant 15 mois, je n'ai vraiment pas fait grand-chose. J'ai lu, quand j'ai pu, j'ai recommencé à regarder la télé. J'ai fait des promenades. Je suis très peu sortie de chez moi parce que c'était anxiogène. pour moi. Mais par contre, à l'intérieur de moi, du moment où j'ai pris ce médicament, je me suis réveillée le matin, j'étais plus fatiguée comme avant. J'ai commencé à prendre de la distance avec toutes mes angoisses, pour le prendre vraiment comme une béquille et se dire Ok, là j'en ai besoin, ça va m'aider à prendre du recul, à être un peu détachée sur mes angoisses. Et puis après, on va l'arrêter tranquillement. De toute façon, le suivi, il est fait pour ça. Pendant 10 mois, 12 mois, je me suis dit Jamais, je pourrais y retourner. J'étais tellement en colère. contre les autres, je me suis dit s'ils y vivaient, je vais les détruire. Je leur en veux. Et je ne sais pas, après, petit à petit, avec ce fameux détachement, les trois, quatre derniers mois, est venu un espèce d'apaisement, de c'est OK, donc je suis comme ça, je m'accepte comme ça, et maintenant je vais poser des limites. Quand c'est posé la question de je vais mieux, je vais pouvoir reprendre une activité professionnelle, j'en ai besoin, ça me manque. Ça me manque d'avoir un rythme, ça me manque d'aller au travail. Je ne suis plus dans l'addiction, mais c'est quand même quelque chose qui, au-delà de me nourrir financièrement, me nourrit à plein de niveaux. Et là, je me suis dit, si tu vas retourner au même endroit, parce que quoi de mieux que d'expérimenter ce que tu viens de travailler dans l'environnement qui t'a fait tomber. Et ça, c'est très, très personnel. Et reprendre un autre travail, ça voulait dire aussi repartir à plein temps, repartir tête baissée et peut-être chuter. Je trouvais ça plus rassurant pour moi. de ne pas inclure de la nouveauté dans un changement qui aurait été trop grand à assumer avec le niveau d'énergie que j'ai encore aujourd'hui. Du coup, je suis retournée au même poste, avec les mêmes personnes, en temps partiel. Les trois premières semaines, j'ai été globalement en formation, j'ai repris mes marques, j'ai repris contact avec les gens. Ça représentait six jours sur trois semaines. C'est le temps qu'il me fallait vraiment pour reprendre contact avec simplement l'environnement. Et pour ça, j'ai la bonne manager qui a bien compris où se situaient mes besoins, ce que j'avais traversé, et comment fallait... gérer le rythme, en fait. Après mes vacances, ma manager était absente et j'avoue que ça a été un peu compliqué. Là, je me retrouvais avec d'autres personnes qui ne comprenaient pas forcément mes besoins et qui, en fait, faisaient exactement les mêmes erreurs que quand je suis tombée. Donc, ça m'a fait un renvoi à ma chute, mais violent. Il n'y a aucune prise en compte de ce que j'ai traversé et comme il n'y a pas eu de questionnement sur qu'est-ce qui t'est arrivé, qu'est-ce qu'on aurait pu faire pour que ça n'arrive pas, maintenant, de quoi tu aurais besoin pour que... que je reprenne dans de bonnes conditions. Je l'ai eu par mon manager, mais c'est quelqu'un déjà qui a compris. Mais le reste de l'équipe n'a pas fait cette démarche. Là, ça a réveillé tous les symptômes. Mal de ventre, mal de tête, vertige. Je suis allée voir mon médecin et il m'a arrêtée jusqu'au retour de ma manager. Trois jours, ce n'est pas énorme, mais là, je ne me sentais pas capable. J'ai dit, avant de refuter, je préfère devancer les choses. Et ma manager est revenue, j'ai repris des appels. Donc, je reprends ma fonction de base de conseillère depuis 15 jours. Et ça me fait super du bien parce que là, je me sens à ma place. Je vais au travail, je fais mon travail, je suis impliquée à mon travail. Et quand je sors du travail, je ne suis plus au travail. Chose que je n'avais jamais réussi à faire. Il faut accepter qu'on ne sera plus jamais la même personne aussi. C'est le plus gros travail dans le cheminement. Mais c'est comme ça qu'on va s'accepter. On ne sera plus pareil. Il y a des gens qui vont nous dire qu'on a changé. Il y a des gens qui vont s'en aller. Il y a un avant et un après burnout. C'est une vérité. Il faut juste l'accepter. Et en général, on aime mieux la personne qu'on est après.