Speaker #2Nous vivons dans une époque marquée par des progrès techniques et matériels spectaculaires. Nos conditions de vie extérieures se sont d'ailleurs considérablement améliorées. Et pourtant, un vide persiste, une absence criante de sens. Inès Weber le mentionne d'ailleurs dans son livre La quête de soi et je vous invite vraiment à le découvrir. Tout semble indiquer que nous avons délaissé notre quête de soi au profit de la croissance matérielle. Notre société, guidée par un système productiviste et consumériste, valorise d'abord l'efficacité et la performance. Mais à quel prix ? Les besoins aujourd'hui les plus profonds de l'âme humaine, eux, restent trop souvent ignorés. Nous vivons donc dans une ère où les grandes questions existentielles, le qui suis-je, le pourquoi suis-je, sont rééligées au second plan, étouffées par l'urgence de produire et de performer. Et bien évidemment, on a perdu la connexion à notre être. Nous avons oublié l'essentiel, cherché qui nous sommes vraiment. Simone Veil, elle aussi l'exprimait bien. Être enraciné est peut-être le besoin le plus important et le plus méconnu de l'âme humaine. Aujourd'hui, on peut dire que nous sommes devenus des êtres déracinés, coupés de notre essence. Alors au lieu d'apprendre à découvrir qui nous sommes, on grandit dans une direction complètement opposée. On nous pousse à être comme tout le monde. Et ça commence très tôt. Dès l'enfance, nous sommes conditionnés à entrer dans le moule, à rester dans la norme, à ne pas déranger, à être acceptés. Et l'éducation valorise aussi fortement l'obéissance, la rigueur, la compétition, mais rarement l'exploration de soi. Et ce conditionnement, il continue une fois adulte. Dans nos vies professionnelles, nous sommes souvent incités à nous développer pour répondre aux besoins de l'organisation, mais ça au détriment de ce que nous sommes vraiment. Savez-vous d'ailleurs que 90% des plans de formation en entreprise se concentrent sur le développement des faiblesses des employés plutôt que sur leur force et leur singularité ? C'est tout dans ce système qui semble être conçu pour nous éloigner de notre nature profonde, pour nous faire oublier finalement ce que nous sommes vraiment et nous conformer à ce que nous devons être dans la norme. Mais c'est quoi la normalité ? mais finalement c'est être conforme, c'est ne pas surprendre, ne pas déranger, ne pas attirer l'attention. Et cette normalité, elle nivelle vers le bas, elle uniformise également et elle nous éloigne de notre potentiel. Elle nous détourne certainement aussi du chemin intérieur que l'on a à faire. Au lieu de nous réaliser pleinement, au lieu de trouver notre place en tant qu'être humain unique, nous devenons finalement des rouages. dans un système des maillons interchangeables. J'aime beaucoup une expression de Pierre Rabhi qui quelque part résume cette idée. De la maternelle à l'université, on est enfermé. Ensuite, tout le monde travaille dans des boîtes, des petites, des grandes. Pour s'amuser, on va en boîte et on y va comment ? Dans sa caisse. Et ensuite, il y a la boîte à vieux en attendant la dernière boîte. Alors la question s'impose, sommes-nous vraiment libres ? Au-delà de ce constat, il est important d'y associer la révolution que nous vivons avec l'intelligence artificielle, qui porte aussi en elle un risque, celui de standardiser nos comportements, nos pensées et Ausha. En cherchant à maximiser l'efficacité, l'IA pourrait bien renforcer également l'uniformisation déjà présente dans nos sociétés. Et pourtant, elle nous rappelle aussi une chose qui est essentielle, c'est l'importance de cultiver tout ce qui ne peut être codé et réduit à des données. Alors posons-nous cette question, et si l'unique finalement, ce qui nous rend profondément humains, devenait notre véritable richesse ? Et c'est en revendiquant notre authenticité et en cultivant notre liberté d'être que nous pourrons véritablement coexister avec l'intelligence artificielle. sans jamais perdre ce qui fait de nous des humains. Face au défi de notre époque, il est plus que jamais urgent de cheminer vers une plus grande liberté d'être. Mais qu'est-ce que l'on entend réellement par cette notion ? Le mot liberté vient du latin libertas qui signifie état de l'homme libre par opposition à esclavage ou à servitude D'un point de vue philosophique, la liberté c'est bien plus qu'un droit, c'est la manifestation de la vie elle-même, avec un grand V. C'est ce mouvement vital qui nous pousse à sortir de l'inertie, à activer notre moteur interne, à briser les chaînes qui sont visibles, invisibles, qui nous retiennent. Pour comprendre pleinement la liberté, il faut distinguer donc deux dimensions fondamentales de notre être. Le moi. Le moi c'est notre identité. que nous construisons à travers nos expériences, notre environnement, les conditionnements sociaux. Le moi est façonné par notre rôle, nos pensées, nos émotions, et souvent influencé par les attentes extérieures de vos parents, de votre famille, de la société. Le soi, quant à lui, est notre essence profonde. C'est la dimension de nous qui existe au-delà des masques et que nous portons, et des influences également extérieures. Le soi, c'est ce que nous sommes au plus intime, connecté à quelque chose de plus vaste et de plus grand. Donc, relier le moi et le soi, c'est permettre finalement à ce que nous sommes vraiment de s'exprimer pleinement. Mais cela, bien évidemment, ça demande de refuser que les circonstances, les contraintes ou les justifications extérieures réduisent notre élan. Donc, développer sa liberté d'être, c'est assumer notre responsabilité. totale. Il ne s'agit pas de chercher des excuses dans ce qui nous entoure, mais de prendre la pleine liberté, la pleine responsabilité plutôt, de Ausha et de nos actions. C'est comme finalement le dit Jean-Paul Sartre, l'homme est condamné à être libre, condamné parce qu'il ne s'est pas créé lui-même, et néanmoins libre parce qu'une fois jeté dans le monde, il est responsable de tout ce qu'il fait. Assumer cette responsabilité, c'est choisir de ne plus être prisonnier de notre moi façonné par le monde extérieur. C'est laisser finalement notre partie intime, notre soi, ce que nous sommes vraiment, se manifester pleinement dans tout ce que nous faisons. Alors bien évidemment, il est légitime de se demander si cette quête de liberté est peut-être perçue comme égocentrique ou individualiste. Mais la nuance, elle est essentielle parce que la connaissance du moi ne mène qu'à soi-même. Elle nous éclaire sur nos expériences, nos pensées, nos émotions. Alors que la connaissance du soi nous conduit bien au-delà de nous-mêmes. Et c'est d'ailleurs ce que disent les sagesses traditionnelles. Aller en soi, c'est aller vers plus grand que soi. Et c'est d'ailleurs ce que nous dit également Socrate, qui simplifie finalement cette idée en disant Connais-toi toi-même et tu connaîtras les dieux et l'univers. Et c'est justement souvent la deuxième partie de cette phrase qui est oubliée et qui pourtant souligne que la connaissance de soi est bien plus qu'une fin en soi. Elle devient une porte vers quelque chose de plus vaste, une connexion un tout plus grand, qu'il s'agisse des autres, de la nature ou de l'univers. Cette quête finalement, ce n'est pas un repli sur soi. C'est... Comme le mentionne Inès Weber dans son livre, une invitation à se prendre pour point de départ n'est jamais pour but. Alors comment finalement avancer avec une plus grande liberté d'être ? Et si la liberté, ce n'était pas finalement ce que l'on croyait ? On associe souvent la liberté à une absence de contraintes, mais en réalité, être libre demande un effort, une discipline. Et en fait, c'est là où il y a un réel paradoxe. Parce que se recentrer sur soi, c'est un vrai choix, c'est une démarche exigeante. C'est loin d'être un état de facilité, c'est une construction quotidienne. Et une des clés essentielles qu'on oublie souvent pour y parvenir, c'est l'obéissance, qui d'ailleurs, étymologiquement parlant, signifie obéir et écouter. Alors quand on parle d'obéissance, c'est obéir à quoi ? Pas aux injonctions extérieures, mais à nos valeurs, nos convictions. ce qui résonne profondément à nous. Et d'ailleurs Simone Weil disait l'obéissance est un besoin de l'âme et Platon ajoutait seuls les hommes libres peuvent obéir, les esclaves se soumettent Alors êtes-vous vraiment libre ? Et comment ne pas se laisser emporter par les circonstances ? C'est souvent effectivement ce qu'amènent sur la table mes clients, qui ont l'impression d'être pris par le tourbillon. auxquels leur entreprise, leurs équipes et eux-mêmes font face. Donc, imaginer un navire, son but, c'est d'arriver à destination. Mais s'il se laisse porter par les vents, sans ajuster sa trajectoire, il dérive. Nous aussi, nous devons ajuster nos voiles pour rester sur notre cap. Et pour ça, il y a trois principes fondamentaux avec lesquels avancer. Le premier, c'est de rester aligné avec vos valeurs, même quand tout pousse finalement à vous dévier. et ce n'est pas le plus simple. Le deuxième, c'est d'agir avec courage. Étymologiquement, on parle d'agir avec cœur. Donc en cohérence avec ce qui vous définit profondément. Le troisième, c'est de prendre la responsabilité de votre trajectoire sans attendre que les vents décident pour vous. Et tout ça nécessite un entraînement quotidien. C'est un peu comme un athlète de haut niveau. Chaque jour, il choisit de s'entraîner, même quand c'est dur, même quand il doute. Se construire une vie alignée demande de la rigueur et même de la constance. Mais c'est aussi cette discipline qui vous donnera la force de naviguer avec confiance et de construire une vie qui soit fidèle à qui vous êtes vraiment. Et ça demande de faire des choix parfois très difficiles, mais qui seront effectivement alignés à qui vous êtes. Alors, est-ce que vous êtes prêts finalement à tenir cette barre ? Avant de se quitter, j'aimerais vous laisser sur une réflexion simple mais essentielle. La liberté d'être n'est pas une destination, c'est un chemin. Un chemin fait de choix, d'action et parfois de petits pas. Et bien que cette quête soit profondément personnelle, elle n'est pas solitaire. On se découvre essentiellement à travers nos interactions avec les autres. Et d'ailleurs, Simone Wey, que j'aime tant, dit que c'est dans nos relations aux autres que nous nous transcendons individuellement. Donc la liberté d'être, c'est aussi une responsabilité partagée. En avançant ensemble avec cette intention, nous avons le pouvoir bien évidemment de créer un impact bien plus grand que si nous étions seuls. Alors posez-vous cette question, à quoi ressemblerait un pas vers votre liberté d'être aujourd'hui ? Peut-être est-ce un oui que vous n'avez jamais osé dire, ou au contraire un non qui affirme vos limites ? Peut-être est-ce une décision en accord avec vos valeurs, ou simplement un moment que vous allez vous accorder pour vous recentrer ? Chaque petit pas compte, chaque geste a le pouvoir de transformer votre chemin et d'inspirer ceux qui vous entourent. Alors merci d'avoir été là, j'ai vraiment aimé partager ce moment avec vous et nous allons continuer à explorer ce thème avec de nouveaux invités dans les prochains épisodes. Donc d'ici là, je vous invite à partager en commentaire quel est votre prochain pas avec votre liberté d'être. Je vous dis à très bientôt.