undefined cover
undefined cover
Serge Marquis : Apprivoiser l'Ego pour Être soi cover
Serge Marquis : Apprivoiser l'Ego pour Être soi cover
LE SAS DES LEADERS

Serge Marquis : Apprivoiser l'Ego pour Être soi

Serge Marquis : Apprivoiser l'Ego pour Être soi

58min |23/06/2025
Play
undefined cover
undefined cover
Serge Marquis : Apprivoiser l'Ego pour Être soi cover
Serge Marquis : Apprivoiser l'Ego pour Être soi cover
LE SAS DES LEADERS

Serge Marquis : Apprivoiser l'Ego pour Être soi

Serge Marquis : Apprivoiser l'Ego pour Être soi

58min |23/06/2025
Play

Description

Bienvenue dans un nouvel épisode du SAS des leaders.

Aujourd’hui, Yvane Le Dot, coach professionnelle accréditée ICF et fondatrice du cabinet Franco-Canadien "Le SAS" a le plaisir d’accueillir Serge Marquis.


Médecin, conférencier, auteur engagé… il explore avec humanité des sujets qui nous parlent à tous : le stress, l’ego — qu’il a si justement nommé Pensouillard le hamster —
et plus récemment, l’espérance, avec son dernier livre L’Espoir.


Serge nous invite à ralentir, à revenir à soi, à regarder autrement ce qui nous encombre : ce mental agité, ces pensées en boucle…
Ce bavard intérieur qui, trop souvent, nous éloigne de notre véritable nature.


Dans cette série consacrée à la liberté d’être, nous allons explorer avec lui une question à la fois simple… et essentielle :
Qu’est-ce qui nous empêche d’être vraiment nous-mêmes ?
Et comment retrouver ce chemin d’authenticité, en particulier dans un monde professionnel qui nous pousse à performer, à contrôler, à paraître ?


Dans cet épisode, nous parlerons de :

  • Ce que signifie concrètement la liberté d’être – et comment la cultiver ;

  • En quoi l’ego peut freiner notre authenticité au travail ;

  • Comment avancer avec plus de conscience de soi ;

  • Et comment les leaders peuvent créer des environnements où chacun se sent libre d’être… sans masque, sans rôle à jouer.


Et si, finalement, la liberté d’être n’était pas un objectif à atteindre,
mais une nature à retrouver ?

Très bonne écoute.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast Le Sass des leaders. Votre espace-temps pour ensemble, passez à la prochaine étape et avancez en cohérence avec les nouvelles attentes de la société. Bonjour à vous et bienvenue dans un nouvel épisode du Sas des leaders. Aujourd'hui, j'ai la joie d'accueillir Serge Marquis. Médecin, conférencier, auteur engagé, il explore avec humanité des sujets qui nous parlent à tous, le stress, l'ego, qu'il a si justement nommé « Pense-Rouillard le hamster » et plus récemment le sujet de l'espérance avec son tout dernier livre « L'espoir » . Serge nous invite à ralentir, à revenir à soi, à regarder autrement ce qui nous encombre, ce mental agité, ces pensées en boucle, ce bavard intérieur qui trop souvent nous éloigne de notre véritable nature. Dans cette série consacrée à la liberté d'être, nous allons explorer ensemble une question à la fois simple et essentielle. Qu'est-ce qui nous empêche d'être vraiment nous-mêmes ? Comment retrouver ce chemin d'authenticité, en particulier dans un monde professionnel qui nous pousse à performer, à contrôler, à paraître ? Alors nous parlerons ensemble de ce que signifie concrètement la liberté d'être et comment la cultiver. en quoi l'ego peut freiner notre enthousiastie au travail, comment avancer avec plus de conscience de soi, et comment les leaders peuvent créer des environnements où chacun se sent libre d'être, sans masque, sans rôle à jouer. Et si finalement, la liberté d'être n'était pas un objectif à atteindre, mais une nature à retrouver. Je vous souhaite une très bonne écoute et un très bon moment. Serge, je suis vraiment, ravie de vous avoir parmi nous aujourd'hui. pour ce podcast avec cette série spéciale quand même sur la liberté d'être. Alors, ça avait énormément de sens pour moi de vous recevoir. Et la première question que j'avais pour vous, c'était quelle est votre propre définition de la liberté d'être ?

  • Speaker #1

    Merci de m'accueillir, Yvanne. C'est très gentil. J'apprécie énormément d'être avec vous. C'est très simple. La liberté d'être, c'est la présence. C'est-à-dire la présence totale. de toute la conscience. Il y a des mots qui parfois se chevauchent, mais c'est la présence à ce qui se passe à l'intérieur et à ce qui se passe à l'extérieur. Sans jugement, sans critique, sans blâme, simplement une présence. Avoir, par exemple, au moment où on contemple, je raconte ça parce que c'est arrivé tout récemment, un oiseau par la fenêtre. En pleine liberté d'être, c'est qu'il n'y a plus que cet oiseau dans la tête. Même pas de jugement à propos de l'oiseau. Comment s'appelle-t-il cet oiseau ? Je ne m'en souviens pas. Ah, la couleur à gauche. Non, simplement une observation totale. Ça, c'est la liberté d'être. C'est la même chose avec les autres. On est en connexion complète avec l'autre, dans une présence à l'autre, sans qu'il y ait de jugement, encore une fois, sur l'autre. ou sur soi par rapport à l'autre. Voilà pour nous voir la véritable liberté d'être.

  • Speaker #0

    Là, vous m'amenez à faire le pont finalement avec une de vos grandes spécialités qui est l'ego. C'est comment finalement on amène à se défaire de l'ego. Et notamment, j'adore votre définition de l'ego à travers cette métaphore de l'oignon. Est-ce que vous pourriez la retransmettre ?

  • Speaker #1

    Oui, j'aime bien cette métaphore parce que pour moi, à travers les pelures de l'oignon, On peut parler des pelures comme étant des pelures identitaires. C'est très important parce que ça implique que ces pelures, on puisse en observer l'apparition et en observer aussi l'impact. Ce que je veux dire par là, c'est que le cerveau, c'est délicat, mais c'est important qu'on le dise, le cerveau à notre époque, je reviendrai tout à l'heure à la liberté d'être, le cerveau ne fait pas la distinction entre la perception d'une menace à la survie Et... perception d'une menace à une pelure identitaire, à toutes ces pelures qui constituent notre égo. Toute notre vie, il y a un mécanisme dans notre tête, ça commence très tôt, qui s'appelle un processus d'identification, qui fabrique ces pelures identitaires. Les enfants s'identifient à un jouet, s'identifient à un petit-fils, mon petit-fils s'est identifié à une carte. Pokémon. C'est très important parce que ça devient une pelure identitaire. Je suis ma carte Pokémon. Et dès qu'il y a un commentaire négatif à propos de la carte, ta carte est moins forte que la mienne, donc tu es moins fort que moi. Le cerveau, lui, saisit cette information et en fait l'objet d'un jugement intérieur. Ça se met à tourner dans la tête. De là la métaphore du hamster qui tourne dans sa roue. Ta carte est moins forte que la mienne, donc tu es moins fort que moi. devient dans la tête d'un enfant de 5 ans, je suis nul. Parce qu'il s'est identifié à la carte Pokémon. C'est très important d'échanger avec lui pour l'amener à découvrir qu'il n'est pas une carte Pokémon. Fondamental. Mais c'est comme ça toute la vie. On s'identifie plus tard comme adulte au travail que l'on fait. Je suis mon travail. Je suis le dossier sur lequel j'ai travaillé. Je suis le... projet sur lequel j'ai travaillé. Je dépose ce projet en réunion dans un groupe et alors les commentaires apparaissent, qui sont perçus comme des commentaires qui peuvent être perçus négativement à propos du projet. Qu'est-ce que c'est que ce projet ? On n'a pas les ressources pour faire ça. Qu'est-ce que tu as pris de travailler là-dessus ? Des choses du genre. Le cerveau entend ces commentaires. S'il y a eu identification au projet, les commentaires ne sont plus perçus comme des commentaires à propos du projet, mais à propos de la personne. Je suis mon projet. Donc, il est très important de développer une vigilance, et ce serait merveilleux si elle pouvait être présente toute notre vie, à chaque instant, qui nous permet de découvrir que nous ne sommes pas non plus ce que nous faisons. Les pelures, c'est entière. Il peut y en avoir une qui est liée à ce que l'on possède. Je suis ce que je possède. Les vêtements que je porte, la voiture que je conduis, la maison dans laquelle j'habite, etc. Une deuxième pelure, je suis ce que je fais. Donc, le travail que je fais chaque semaine, ça peut être une œuvre d'art, un livre que j'écris, ça peut être un tableau que je peins, mais on ne peint pas. Une troisième peur de l'identitaire est liée aux opinions que je peux émettre, aux idées que je peux émettre. Je suis mon opinion, je suis mon idée. Ça aussi, il faut une grande vigilance pour constater que nous ne sommes pas une idée, que nous ne sommes pas une opinion, qu'on peut changer d'idée et qu'on ne disparaîtra pas, qu'on peut changer d'opinion heureusement d'ailleurs et qu'on ne disparaîtra pas. Mais on peut se surprendre à défendre une opinion comme s'il en allait de notre survie, toujours pour la même raison, parce que le cerveau ne fait pas la distinction entre la perception d'une menace à la survie et la perception d'une menace à une pelure identitaire qui constitue l'ego. Donc, ce que nous possédons, ce que nous faisons, nos opinions, nos idées, notre apparence, ça fait une autre pelure identitaire. Je suis mon apparence, de sorte que si mon apparence change, une ride apparaît. Tout à coup, c'est la panique. Je ne suis plus qui j'étais. Je perds ma jeunesse, etc. Mais là, on essaie de faire disparaître la ride par toutes sortes de moyens pour maintenir l'apparence à laquelle on s'est identifié. Ça peut aller très, très loin avec les réseaux sociaux. Présentement, il y a beaucoup de jeunes qui sont victimes de ce processus d'identification. à leur apparence, à travers les photos qu'ils vont publier sur les réseaux sociaux, et à travers les commentaires négatifs qu'ils vont recevoir à propos de la photo. Ils se sont identifiés à la photo, je suis mon apparence, et qu'il y a un commentaire négatif à propos de la photo. Ce commentaire n'est plus perçu comme un commentaire à propos de la photo, mais à propos de leur être. Et là, ça entre dans la roue. Je suis laid, je suis laide, donc je ne serai plus apprécié, donc je ne serai plus aimé, donc il est possible que je sois rejeté, donc il est possible que je disparaisse.

  • Speaker #0

    Et alors comment, Serge ? Parce que j'entends effectivement que quelque part c'est un allant assez naturel de développer son avis pour créer sa propre identité, mais le risque c'est aussi de se perdre. et c'est de perdre finalement la nature de ce que l'on est profondément. Alors comment finalement on peut les enlever ces pelures ? Quels sont les protocoles, les pratiques ? J'ai entendu l'observation.

  • Speaker #1

    Oui, c'est un mot très important. C'est très important, Yvan, ce mot. Ça, c'est la clé. Le cerveau est capable de s'observer lui-même. Il le fait très peu. L'attention ne peut pas être à deux endroits en même temps. Si l'attention est accaparée par le discours intérieur, je suis nul, je suis laid, je suis incompétent, je suis trop vieux, je suis trop vieille. Ce genre de phrase, si l'attention est accaparée par ce discours, elle ne peut plus être dans le présent, là où sont nos ressources, nos capacités, notre créativité, là où peut s'exprimer notre intelligence. Donc, il faut apprendre, il faut permettre au cerveau d'apprendre à observer où est l'attention. Est-elle accaparée par des jugements sur soi ? Est-elle accaparée par des jugements sur les autres, ce qui est très important dans les entreprises d'ailleurs ? Est-elle accaparée par le fait qu'elle est dans le passé ? Ah, c'était tellement plus extraordinaire il y a un an, il y a deux ans, quand on fonctionnait de cette façon, blablabla, sans qu'il y ait d'une piste d'action possible. Autrement dit, la tension est accaparée par... C'était tellement extraordinaire quand j'étais dans tel lieu, à fréquenter telle personne, à avoir telle tâche comme responsabilité. C'est tellement merveilleux. Mais dans ce discours, il n'y a pas de piste d'action. Il n'y a pas d'apprentissage. Ah oui, c'était bien. Que puis-je tirer comme apprentissage de cette époque ? Que souhaiterais-je recréer qui pourrait être utile ? Donc, trans... transformer l'apprentissage en piste d'action possible. Un autre endroit où peut aller l'attention, c'est dans le futur, bien sûr, à travers des scénarios catastrophes. On ne sera jamais capable, on n'a pas les ressources nécessaires. Tout ça déclenche de l'inconfort, tout ça déclenche de l'anxiété, tout ça déclenche de la déprime. Mais à partir du moment où il y a eu observation, je reviens au mot. Du fait que l'attention est en train de construire des scénarios catastrophes, l'attention peut être ramenée dans le présent pour élaborer des pistes d'action en rapport avec les ressources que nous possédons pour aller vers les objectifs qu'on vise ou la mission qui est la nôtre, etc. Là, je parle d'une entreprise, bien sûr, d'une organisation. Mais il y a une chose très importante. nous ne sommes aucune de nos peulures identitaires. Ça, c'est très difficile à accepter, à accueillir. Je ne suis pas mon opinion. Le cerveau, au départ, la réaction quand notre opinion est attaquée par une opinion différente, que quelqu'un se met à essayer de détruire notre opinion ou notre idée, le cerveau instantanément réagit, comme s'il était devant un grand fauve. À l'époque où on marchait dans la plaine, on est autour d'une table en réunion, dans un comité, et quelqu'un est en train d'attaquer avec des mots une opinion que j'ai émise. Mon corps au complet réagit comme s'il était devant un grand fauve, parce qu'il s'est identifié à l'opinion. Il est d'ailleurs prêt à rugir en attaquant l'opinion de l'autre. Et là, c'est une escalade. Ça devient une tempête pendant la réunion entre les deux individus qui ont perdu de vue qu'ils travaillaient pour la même organisation et qu'ils pourraient mettre en commun leurs opinions respectives pour essayer d'extraire de ces deux opinions ce qui pourrait servir la mission, ce qui pourrait servir à atteindre les objectifs. L'ego devient un obstacle à la possibilité... de faire avancer la réflexion, de faire avancer la nature. Alors, c'est là que l'importance d'apprendre, et c'est un entraînement, permettre au cerveau de développer la capacité qu'il a de s'observer, de découvrir où est l'attention et de la ramener doucement. Sur ce que nous sommes vraiment, parce que vous avez mentionné ça tout à l'heure dans notre essence, je ne suis pas une pelure identitaire. Que suis-je ? J'emprunte la réponse toujours à la même personne, Marie de Hénézel, psychologue extraordinaire, qui disait, ici à Montréal, dans une conférence, elle disait, il faut découvrir en nous ce qui ne vieillit jamais.

  • Speaker #0

    C'est magnifique, cette phrase-là.

  • Speaker #1

    C'est une phrase extraordinaire. C'est une phrase fantastique. Qu'est-ce qui en nous ne vieillit jamais ? Toutes les pelures identitaires vieillissent. Ma voiture se transforme. J'ai pu m'identifier à ma voiture. Si quelqu'un fait un commentaire négatif à propos de sa voiture, je vais avoir une réaction négative. J'ai pu m'identifier à une opinion. Cette opinion se transforme. Il y a des événements, il y a des éléments dans l'environnement qui vont tout à coup faire en sorte que mon opinion disparaisse, se transforme. Donc, je ne suis pas ça. Je ne suis pas une opinion. Je ne suis pas ce que j'ai fabriqué. J'ai écrit un livre. Un an plus tard, il y a des idées nouvelles qui sont apparues. Et le livre est déjà un objet qui a sa propre vie, mais pour lequel il serait nécessaire de faire quelques ajustements, quelques nuances, parce que la science a découvert des choses nouvelles, etc. Et d'ailleurs,

  • Speaker #0

    je trouve quand même, Serge… Plus j'avance justement aussi sur le chemin de la liberté d'être, que ce soit avec mes clients ou sur mon propre chemin, je me rends compte à quel point, en fait, les choix les plus difficiles que l'on va faire, ça va être pour nous retrouver en tant qu'enfant, finalement, ce que l'on était de manière complètement innée, naturelle, ce que l'on aimait de manière profonde, et qui était là juste quand on était gamin. Et c'est un peu ça que vous dites, c'est comment on se défait finalement. du conditionnement de la société, de notre manière de créer notre propre identité dans le système, etc.

  • Speaker #1

    Très important de vous amener l'enfant dans la conversation, parce que très, très tôt, l'enfant, quand il joue, l'enfant est dans une présence complète. Toute son attention est dans le moment présent. Il est déjà à sa capacité, parce que qui en nous ne vieillit jamais, c'est ça. La capacité d'être présent au présent, qu'a l'enfant quand il joue, ça ne vieillit jamais. Je peux très bien, à 90 ans, jouer avec un enfant, entrer dans son monde, et cette capacité est intacte chez moi à 90 ans. Je suis encore capable de ça. Je suis encore capable de créer, de dessiner, tout ça, c'est encore là. Donc, cette capacité d'être présent au présent ne vieillit jamais. Elle est associée à... Il y a beaucoup de capacités qui ne vieillissent jamais. La capacité d'aimer ne vieillit jamais. La capacité de s'émerveiller ne vieillit jamais. Il y a des personnes, je le sais, j'en ai accompagné au soin palliatif, des personnes qui, à quelques heures avant leur mort, étaient encore en train de s'émerveiller devant un petit enfant, qu'un enfant leur amenait. J'ai vu ça, une femme qui avait accouché alors que sa mère était au soin palliatif, et elle a amené ses enfants à leur grand-mère. Elle s'est émerveillée, la capacité d'émerveillement était intacte. La capacité de savourer, ça ne vieillit jamais. La capacité d'apprendre, ça ne vieillit jamais. La capacité de transmettre, ça ne vieillit jamais. Toutes ces capacités, le grand défi. C'est à travers l'observation de détacher l'attention des pelures identitaires pour ramener l'attention sur ce qui en nous ne vieillit jamais. Ce que l'enfant fait naturellement. Mais l'enfant est lui-même piégé par l'apparition de ses propres pelures identitaires. Parce que déjà à 4 ans ou 5 ans, il peut s'identifier à une carte Pokémon.

  • Speaker #0

    Oui, c'est sûr.

  • Speaker #1

    Pour l'attention, on est accaparé par les jugements qui sont portés sur la carte Pokémon. C'est extraordinaire. Nous aussi, on fait ce travail, comme adultes, comme parents. Si on est capable d'observer là où est notre attention, si on est capable de la ramener sur ce qui est en nous ne vieillit jamais, on peut servir de modèle à l'enfant. On peut lui montrer que c'est possible. Il peut apprendre à le faire très tôt. Il peut apprendre à apaiser les jugements sur lui-même par lui-même. Il peut apprendre à apaiser les jugements sur l'autre par lui-même. Il peut apprendre à découvrir ce que devient la relation avec l'autre, les amitiés, les collaborations, les coopérations dans l'espace de travail plus tard. Tout ça, il peut découvrir, faire ses apprentissages très tôt et découvrir sa capacité à savourer, à profiter au maximum de ce que je viens de dénumérer.

  • Speaker #0

    Serge, justement... au-delà de la nature de l'ego, si on revient sur la notion de la liberté d'être, et notamment du monde du travail, quel est votre regard justement sur les entreprises, les sociétés où justement les égos sont bien en présence, mais aussi avec d'autres contraintes qui sont portées par la quête de la performance, ou quelque part où on recherche aussi à beaucoup amener les gens à se conformer au modèle, à avancer, peut-être de manière aussi Merci. moins dans la singularité. Alors, qu'est-ce que vous en pensez de ça ?

  • Speaker #1

    C'est un des grands pièges. L'émotion qui est au cœur de l'activité de l'égo, c'est la peur. La peur de ne pas être assez intéressant, donc de ne pas être reconnu, parce que très tôt, l'enfant associe le fait d'être reconnu avec recevoir de l'attention, ce qui va lui permettre de survivre. J'ai 4 ans, j'ai 5 ans. Je raconte souvent cet exemple-là parce que ça m'a beaucoup frappé de voir ça un jour. On a 4 ans, 5 ans, on est au pied de l'arbre de Noël, on récite un poème avec Kathleen et on termine le poème. Et là, toutes les personnes qui sont devant nous se mettent à applaudir. Bravo, bravo, t'es extraordinaire, t'es merveilleux. Tu ne t'es pas trompé. C'est ce qu'on entend. On a cinq ans et on entend « je suis merveilleux parce que je ne me suis pas trompé. Donc, si je veux continuer à être merveilleux, il ne faut plus que je me trompe. Et je veux continuer à être merveilleux parce qu'on m'applaudit quand je suis merveilleux. Donc, on s'occupe de moi. On m'apporte de l'attention. Donc, je vais survivre. Je ne dois donc plus me tromper. Je dois être. » parfait ou parfait, exceptionnel, pour continuer à recevoir l'attention qui va me permettre de survivre. Comme adulte, on a encore le même problème. On est au travail et là on cherche les moyens de performer, être exceptionnel, extraordinaire. On entre même en compétition parfois avec les collaborateurs, les collaboratrices, etc. pour des postes, pour toujours, c'est le vieux mécanisme là, pour recevoir la reconnaissance. Ça, c'est l'ego qui est dans ça. À travers le pelure identitaire travail, je veux être exceptionnel, me démarquer, être extraordinaire pour recevoir cette attention, cette reconnaissance qui est associée primitivement à la survie. J'ai zéro attention quand je suis enfant. On ne s'occupe plus de moi. J'ai peur de mourir. J'ai 5 ans, si personne ne s'occupe de moi, il va m'arriver quoi ? Alors qu'il y a eu un mécanisme. Mais là, je suis adulte, ce n'est plus du tout la même chose, mais c'est le même mécanisme qui joue. Donc là, je cache l'information, parce que je ne veux pas que l'autre ait la même information, parce que cette information va m'apporter un privilège, je vais pouvoir me démarquer, être spécial, exceptionnel, et donc recevoir les applaudissements. T'es donc extraordinaire, t'es donc merveilleux. Et c'est un piège, parce que je ne suis plus dans cette capacité qui en moi ne vieillit jamais, d'être présent au présent et d'entrer dans la collaboration avec les collaboratrices, les collaborateurs, pour entrer dans un contentement d'avoir créé quelque chose ensemble dont on va pouvoir se réjouir. Parce qu'au fond, ce n'est pas être... Ce n'est pas que l'ego soit flatté qui amène du contentement. Je répète, ce n'est pas que l'ego soit flatté qui amène du contentement. Ce qui amène du contentement, c'est la possibilité de développer ses capacités, ses compétences, son potentiel, ses ressources. Et c'est pour ça que dans une entreprise, si un leader est conscient de ça, une leader est consciente de ça, ils vont, ils ou elles, vont créer des espaces. Non pas où les gens vont pouvoir se donner des tables dans le dos, mais des espaces où ils vont pouvoir développer leur potentiel, leurs ressources, leurs capacités, ensemble, dans des dialogues. Parce que le dialogue permet de dire « Ah, merci, ça, je n'avais pas vu ça comme ça » . Ça va me permettre de cheminer davantage. Ça va me permettre d'aller plus loin. dans l'utilisation de mon potentiel et de mes ressources. Donc, on n'est plus dans « t'es donc extraordinaire, t'es donc merveilleux » , ce qui peut être de la flatterie de l'ego. On est dans « qu'est-ce qu'on pourrait faire pour que tu développes tes compétences, ton potentiel, tes ressources, tes capacités ? » Parce que c'est une des plus grandes sources de plaisir qu'un être humain puisse ressentir la possibilité de développer. son potentiel, que son potentiel s'exprime pleinement. L'intelligence, les talents, les dons.

  • Speaker #0

    Notamment, c'est un bon point parce que ça me fait penser à un podcast que j'ai fait avec Bernard Antselem. Je ne sais pas si ça vous parle. C'est un neuroscientifique qui, du coup, a étudié beaucoup les motivations profondes. Il reprend notamment ce que vous dites en disant qu'effectivement, tant qu'on va permettre à la personne de développer tout son affect, Donc, d'aimer, d'aimer son travail, d'aimer les autres, d'être en relation avec les autres, tant qu'on va l'amener à apprendre davantage, développer ses compétences, mais aussi tant qu'on va lui permettre d'agir de manière concrète et d'être en liberté d'agir et d'avoir de l'impact, là, finalement, on répond vraiment à ses souhaits profonds et à sa motivation profonde. C'est en lien avec ce que vous disiez.

  • Speaker #1

    C'est très important parce que... Il y a une dimension aussi qui est liée à la liberté d'être, qui est associée au mot « autonomie » . C'est-à-dire que quand la personne se sent complètement contrôlée, elle peut développer une peur de ne pas performer adéquatement parce qu'elle a l'impression constamment d'être contrôlée. Donc, elle se surveille, surveille ses moindres gestes, ses moindres… paroles, etc. Pour ne pas être prise en flagrant délit d'erreur, puisqu'elle doit être parfaite pour recevoir de l'attention, comme quand elle offrait un poème de Kathleen, enfin, qu'elle ne s'était pas trompée. Donc, c'est la même chose. Et pour ne pas faire d'erreur, la personne, toute son attention, va être mobilisée par la surveillance de ce qu'elle pourrait faire, qu'elle pourrait être prise en flagrant délit d'erreur. comme être un impair qui pourrait amener un jugement sur elle et là activer l'ego dans sa peur de disparaître à cause du jugement lié à la pelure identitaire de ce qu'elle faisait, au lieu d'être dans l'autonomie et la possibilité de créer avec toute l'attention disponible, c'est une question de disponibilité d'attention, disponible pour permettre aux ressources, à l'intelligence, mais vraiment à l'intelligence. C'est pas la disparition de... Il y a des gens qui me disent, quand j'écris le livre, on est foutu, on pense trop. Oui. Il y a des gens qui disent, oui, mais on peut pas s'habituer de penser. C'est pas ce qu'on veut dire. C'est l'utilisation de l'intelligence pour une pensée pleine de créativité, pour une pensée en quête de solution, pour une pensée juste. C'est au lieu d'être dans une pensée inutile, sous forme d'un jugement sur soi, d'un blanc, d'une critique, donc il n'y a pas d'apprentissage qui a été tiré. Elle est là, la nuance, et elle est fondamentale.

  • Speaker #0

    Oui, complètement. Et c'est vrai que dans les entreprises, juste pour rebondir sur ce que vous dites, on a ces dernières décennies surprocessisées, en fait, les systèmes, les façons de travailler. Et en impliquant aussi un sur-contrôle. C'est vrai que j'entends encore beaucoup de managers qui disent « la confiance n'exclut pas le contrôle » . Sauf que cette phrase-là faisait partie du manifeste de Lénine et qu'aujourd'hui, c'est bien plus important d'être dans le soutien, dans l'humain, pour que la personne puisse être davantage, à son maximum, contribuer à sa juste place, en fait.

  • Speaker #1

    Il faut distinguer, vous venez de le dire, c'est super important, je reprends vos mots. Il faut distinguer contrôle de soutien.

  • Speaker #0

    Complètement.

  • Speaker #1

    Elle est là, la nuance. C'est très important.

  • Speaker #0

    Certaines personnes associent le contrôle au soutien. C'est complètement faux. Le soutien est une présence réelle à l'autre, à ses besoins, à travers une écoute. Toujours pour favoriser effectivement le développement de l'organisation, pour permettre la réalisation de la mission. Il peut arriver qu'une personne ne soit pas dans un espace. où son potentiel puisse se développer. Ça peut arriver. Elle est dans un poste qui ne correspond pas à ses talents. Ça, ça peut arriver. Un véritable soutien va permettre de découvrir ça.

  • Speaker #1

    De l'amener à mettre en lumière, effectivement, ce décalage.

  • Speaker #0

    Mettre en lumière pour découvrir qu'il y aurait peut-être un autre espace ou un réaménagement de l'espace ou un autre espace où le potentiel pourrait s'exprimer, plutôt que de donner.

  • Speaker #1

    Oui, mais d'ailleurs, très souvent, Serge, moi, je partage ce point de dire que parfois, d'amener une personne à réfléchir à sa prochaine étape, que ce soit à l'extérieur ou en interne, c'est un acte bienveillance. C'est l'amener aussi à voir clairement là où sont ses forces, où sont ses talents et là où elle peut contribuer à son maximum, plutôt que de la laisser dépérir dans une place qui n'est pas la sienne, où elle va être en échec. Ce qui va avoir aussi un impact important sur l'équipe et aussi sur soi en tant que manager. C'est important, effectivement, d'avoir conscience de ça. Même un licenciement peut être un acte de bienveillance quand l'intention est portée aussi sur la volonté, en fait, de faire grandir l'autre, de le faire avancer.

  • Speaker #0

    Plutôt que d'essayer la personne s'acharner à vouloir faire ouvrir à tout le monde qu'elle a de la valeur. Les tâches, une fonction qui ne correspond pas du tout à ses talents, son potentiel, ses capacités. Alors, ça devient un piège parce qu'elle peut se brûler elle-même. Et effectivement, ça peut avoir un impact sur l'équipe. Puis, elle passe à côté de la possibilité d'éprouver le plaisir qu'on a à développer son potentiel. Alors oui, dans la bienveillance, ça c'est du soutien. C'est pas du contrôle. C'est une relation bienveillante, saine. une collaboration même pour découvrir où est-ce que mon potentiel pourrait s'exprimer. Mais ça demande aussi parfois un acte d'humilité, au sens de, autant chez les deux personnes.

  • Speaker #1

    Bien sûr.

  • Speaker #0

    Parce qu'elles, par exemple, parfois passent par le contrôle pour elles-mêmes faire la preuve qu'elles sont au bon endroit. Il y a des gens qui vont confondre soutien et contrôle parce que leur propre égo peut avoir peur. de commettre une erreur si elle ne contrôle pas davantage une situation. Alors, donc, il y a un acte d'humilité de découvrir que tout à coup, peut-être que je suis en train de tomber dans le piège de vouloir tout contrôler et que c'est pour me rassurer moi-même. Donc, j'ai peut-être simplement observé là où je me sens menacé, découvrir qu'il n'y a peut-être pas. de véritables menaces, qui c'est peut-être simplement mon attention et mon hamster qui tourne dans ma tête, en train de me dire « si je ne fais pas ça, qu'est-ce qui va m'arriver ? » Apaiser ça, apaiser ça, découvrir tout à coup que je peux entrer dans un espace où peut-être je peux amener dans un dialogue l'autre personne dans la bienveillance à découvrir qu'il y aurait quelque chose qui lui conviendrait davantage. Qu'est-ce qu'on peut faire pour lui, pour elle ? Quel genre d'espace peut-on aménager pour que son potentiel s'exprime ? Où est son potentiel ? Quel est son potentiel ? Donc, tout ça, ça se découvre dans le dialogue. Mais ça demande un apaisement de l'ego.

  • Speaker #1

    Et ça demande, oui, un apaisement de l'ego. Et c'est un très bon point parce que là, vous mettez en exergue le fait que, finalement, on ne peut pas faire évoluer le système, une équipe des gens, si soi-même, en tant que leader, on n'a pas travaillé sur son ego. On n'est pas conscient de qui l'on est et on n'a pas acquis. Comme vous le disiez, une certaine humanité, un certain éveil finalement sur soi et sur les autres, de fait.

  • Speaker #0

    Sur le fonctionnement de ses propres peinures identitaires qui se sentent constamment menacées. Est-ce que je suis tombé dans le piège de croire que je suis ce que je fais ? Et là, je trouve ça très important de souligner ça parce que je l'ai vécu. C'est pour ça que j'en parle peut-être avec autant de passion, parce que mon père, à la poche de 56 ans, avait été convoqué avec tous les hommes de 50 ans et plus de l'endroit où il travaillait. On leur avait dit... Ils étaient dans un petit local, un après-midi à 16 heures, et on leur a dit, vous quittez vendredi. Donc, deux jours plus tard, c'est un mercredi, vous quittez dans deux jours. On leur avait donné une année de salaire, il n'y avait pas de fonds de retraite, rien de ça. On leur avait donné une année de salaire et un crayon. Et trois mois plus tard, en cours d'un repas de famille, un repas familial, je me suis retourné vers mon père, puis il tremblait, il transpirait. Il était blanc comme un drap. Il me disait que je n'allais vraiment pas bien. Et il avait un problème cardiaque. Je l'ai amené aux urgences. Il a été soigné. Mais l'image que je ne vous dirai jamais, il était assis sur une filière dans sa petite chemise d'hôpital. Il a pris ma main et il a dit, « Tu sais, je suis devenu un déchet social. »

  • Speaker #1

    Oh là là !

  • Speaker #0

    « Coup de massue dans mon front. Qu'arrive-t-il à mon père ? » Mais c'est la pelleur identitaire. Je suis ce que je fais. 56 ans, je suis ce que je fais. Je n'ai plus ce que je fais, donc je ne suis plus rien. Et là, dans une société où la performance et l'excellence occupaient déjà beaucoup de place, il a fabriqué une nouvelle pelure identitaire à travers ce jugement à l'intérieur de sa tête qu'il devait porter d'ailleurs depuis plusieurs mois sans en avoir parlé. Je suis un déchet social, je suis un déchet social. Sans l'avoir exprimé, il a fallu qu'il soit aux urgences de l'hôpital. pour exprimer ce qui l'habitait depuis trois mois et qui avait probablement généré le problème pour lequel il était. Alors donc, c'est...

  • Speaker #1

    Est-ce que juste cette petite histoire que vous nous partagez, elle est en lien avec ce qui a créé votre mission, quelque part ? Le fait que vous soyez dans l'accompagnement, la santé mentale, dans tout ce chemin-là que vous décrivez.

  • Speaker #0

    Ça a sûrement contribué. Ça a sûrement beaucoup contribué parce qu'évidemment, moi, devant lui, j'étais seul avec lui à ce moment-là. J'étais complètement désormais, estomaqué, subjugué parce que je venais d'entendre, tétanisé parce que je venais d'entendre. Et là, je me disais, mais qu'est-ce qu'il s'est-il passé dans sa tête ? Comment se fait-il qu'il en soit rendu là pour découvrir qu'il n'avait pas encore pris conscience qu'il était ce qui en lui ne vieillit jamais ? Son attention était tellement dans « je suis un richesse sociale, on m'a complètement rejeté » , etc. Avec tous les hommes de 50 ans et plus de cette organisation, c'était le critère. Donc, il y avait probablement d'autres hommes que lui qui avaient vécu ça aussi, mais que je ne voyais pas parce que j'étais évidemment avec mon père et mon père, c'est collaborateur. Il y avait seulement des hommes, il n'y avait pas de femmes. Alors donc, voilà l'importance pour n'importe quel manager de prendre conscience de ce qui se passe dans sa tête pour éviter de tomber dans le piège dans lequel mon père était tombé. Parce que c'est un piège qu'il y a tous les êtres humains. La connaissance de soi, la connaissance de soi, c'est ça que ça signifie.

  • Speaker #1

    Oui, oui, j'entends. Et c'est vrai qu'au regard de ce que vous dites, il y a ce rôle, l'importance finalement de développer la connaissance de soi en tant que leader. Il y a aussi quand même cette co-responsabilité aussi en tant que salarié. Et c'est vrai que moi, je l'ai beaucoup vécu dans les entreprises en tant que RH, où je trouvais qu'à force de transformation, on voyait toujours les processus d'affaires, les rôles et responsabilités, les indicateurs de performance. On positionnait les gens dans ces fonctions et puis les gens s'éteignaient. On passait... à côté d'un grand potentiel de contribution, parce que finalement, on ne s'était pas intéressé à leur singularité. Mais de la même manière, les salariés eux-mêmes, quelque part, faisaient partie du système, puisqu'ils étaient en attente de ce qui allait arriver, sans forcément se dire, « Ok, comment je peux remettre les mains sur le volant pour prendre aussi, être acteur de ce que je veux devenir en tant que professionnel et en tant qu'être humain, d'ailleurs ? » Et c'est là où, effectivement, c'est à deux niveaux. que ça se joue. Il y a la responsabilité de l'entreprise, des leaders aussi en tant que tels parce qu'ils sont quelque part un peu le niveau de plafonnement des changements qu'on peut opérer. Mais il y a aussi cette prise en charge et cette responsabilité que l'on a en tant qu'individu de décider à un moment donné de ne pas être attentiste et puis de créer son propre chemin aussi de vie professionnelle, voire de vie.

  • Speaker #0

    Je suis d'accord avec vous, mais totalement d'accord avec vous. Et je reviens à un impact extraordinaire sous-estimé chez les leaders. En tant que modèle.

  • Speaker #1

    Ah ben, complètement l'exemplarité.

  • Speaker #0

    L'exemplarité. Exactement, l'exemplarité. C'est le mot que vous utilisez davantage en France.

  • Speaker #1

    Peut-être.

  • Speaker #0

    Je suis convaincue, parce que en apprenant à observer le fonctionnement de son propre psychisme, en prenant à faire les distinctions dont on a parlé, entre tout l'univers de l'ego et l'univers de ce qui en nous ne vieillit jamais, c'est-à-dire la présence, etc. Il devient un exemple. Il ne faut pas sous-estimer l'impact au niveau symbolique que peut avoir, en tant qu'exemple, un leader dans une organisation. Parce que, qu'on le veuille ou non, dès qu'on devient leader, on est, ici on dit, on devient un modèle, c'est-à-dire on devient une espèce d'exemple, effectivement, de ce qu'il peut être, de ce qu'il peut s'exprimer, vivre. Et il y a beaucoup de personnes qui peuvent être influencées par ça de façon très saine, très positive.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui se passe chez lui ? Comme un parent, d'ailleurs, avec l'enfant, ou un professeur, un enseignant, une enseignante. L'enfant qui voit ce professeur, tout à coup, dans son cerveau, ça fait « Que fait-il ? » Quand le professeur ou l'enseignante est très présent, présent, il offre… un exemple de ce qu'est la présence, c'est-à-dire la capacité, ce qui en nous ne vient jamais, la capacité d'être là, sans qu'il y ait ces jugements qui viennent accaparer l'attention. Juste être là complètement, complètement. Mais ça, quand l'enfant voit ça, il voit que c'est possible. Dans une organisation, un leader, un manager, une manager peut offrir cette présence. proposition. Ce n'est pas imposer ça, c'est proposer ça. Parce que son comportement est observé qu'est-ce que cette personne-là a de particulier. Qu'est-ce qui la rend ça c'est important, qu'est-ce qui la rend si intéressante. Parce que l'intérêt qui se dégage de la présence rend la personne intéressante. L'intérêt qui se dégage à la présence, c'est l'intérêt pour l'autre, rend la personne intéressante. Ce n'est pas l'ego qui devient intéressant, c'est l'être.

  • Speaker #1

    Complètement. Et c'est vrai que de plus en plus, on est en quête quand même de dirigeants qui soient inspirants, qui soient inspirants de par leur authenticité finalement. Leur capacité aussi à avancer en étant cohérents, congruents avec... leur valeur au-delà, effectivement, du prisme de l'entreprise. C'est comment je reste en respect et en alignement avec qui je suis, même dans l'adversité. Donc ça, effectivement, c'est quelque chose qui fait sens aujourd'hui de plus en plus. Et c'était tout un exercice, finalement, d'amener à se rendre compte des masques que l'on peut porter au quotidien, et puis d'accepter surtout de les déposer. Et pour le moment, c'est vrai que je vois, quand j'accompagne des dirigeants, à quel point il y a quelque part... une jouissance vraie, à redécouvrir finalement qui l'on est et à oser finalement le porter et à se rendre compte de l'impact, effectivement, en termes de modèle que vous citez, sur justement les équipes, les entreprises que l'on peut diriger. Mais ça commence effectivement par soi en tant que dirigeant. Serge, j'aimerais ça effectivement sur juste, j'avais une question pour vous, j'aimerais ça avoir votre regard aussi sur notamment la notion de liberté individuelle, c'est vrai qu'on a cette vérité de se dire oui il faudrait cultiver la singularité de chacun, que le leader favorise cette singularité, de le oser être davantage en toute authenticité, mais on se rend bien compte que le défi finalement pour un dirigeant c'est de se dire comment effectivement on peut avancer dans une dynamique collective en travaillant sur sa liberté d'être individuelle.

  • Speaker #0

    La singularité, je l'associe dans l'espace de travail aux forces, aux capacités, aux talents de chacune et de chacun. Parce que les forces peuvent être complémentaires, les talents peuvent être complémentaires. Et les talents sont de l'ordre de la singularité. On n'a pas tous et toutes les mêmes talents. On n'a pas tous et toutes les mêmes forces. Alors, l'enjeu, le défi, à travers la présence, c'est de découvrir où sont les forces, les talents de chacune et de chacun. Et je reviens à ce que je disais tout à l'heure, si on crée des espaces où ces talents et ces forces peuvent se développer dans leur complémentarité, c'est beau être important, parce que les forces de l'un peuvent être complémentaires aux espaces où l'autre est moins fort, où l'autre est moins fort, et là c'est là que l'équipe apparaît bien sûr. Cette singularité n'est pas de l'ordre de l'ego. les phoques de chacun et de chacun, ce n'est pas dans l'univers de l'ego. C'est très concret, c'est une réalité. L'opinion que je développe, à laquelle je peux m'identifier, je peux en changer dans l'espace d'une fraction de seconde. Le talent qu'une personne peut avoir, elle va l'avoir toute sa vie. La force qu'une personne peut avoir, elle va l'avoir toute sa vie. Donc, c'est quelque chose qu'elle peut développer, même transmettre éventuellement. Si j'ai un talent dans le monde du sport... Je peux éventuellement avoir développé ce talent et même aider des personnes à développer le même talent. Si j'ai appris à jouer au tennis, j'ai un talent dans le tennis, je peux aider une personne, des enfants, des jeunes, à développer éventuellement le même talent. Alors, dans une organisation, c'est ça. Où sont les forces, les talents, les capacités de chacune et de chacun ? Comment peut-on créer un espace où elles peuvent se compléter ? s'appuyer les uns les uns les uns. Comment ces deux-là peuvent s'appuyer les uns sur les autres, etc. Alors, se complémenter. On n'est plus dans l'univers de l'ego où chacun, comment dirais-je, est dans les pelouses identitaires à défendre. Il faut entendre toutes les opinions, mais on ne peut pas nécessairement donner la même place à toutes les opinions parce que Il faut éventuellement faire une espèce de choix collectif, le plus possible ensemble, des opinions qui vont nous amener ensemble un peu plus loin dans le cheminement de l'organisation, de ce qu'on a à faire, de la mission qu'on a. Ça peut être autant dans le privé que dans le public, dans le public, dans une école.

  • Speaker #1

    C'est vrai que c'est oser finalement la confrontation saine, c'est oser faire part de sa vulnérabilité. c'est mettre à jour comme vous disiez les forces et d'ailleurs j'ai fait un podcast là-dessus avec un de vos compatriotes Jacques Forest je ne sais pas si ça vous parle qui travaille à l'université qui est spécialisé j'adore j'adore et je sais que vous avez fait une conférence en France avec lui un autre film voilà donc et oui je l'ai interviewé deux fois Jacques Forest sur le management par les forces qui est vraiment ce en quoi je crois profondément justement l'importance de travailler sur les forces plutôt que les faiblesses, ce que l'on n'est pas d'ailleurs.

  • Speaker #0

    Absolument, on n'est pas ces faiblesses non plus. C'est très important, c'est toujours le processus d'identification. Si je m'identifie à ce que je considère être une faible, enfin allons encore plus loin, si le cerveau crée une pelure identitaire avec une faiblesse et que le discours fait « je suis ce faible » , Évidemment, on entre dans l'état de déprime, alors que non, c'est le processus d'identification qui a créé une pelure identitaire avec une faiblesse. C'est un espace où il est préférable que je ne passe pas ma vie, que toute mon attention ne soit pas là toute ma vie, dans l'espoir que cette faiblesse deviendra tout à coup autre chose, plutôt que de permettre à l'attention d'aller vers les forces pour les développer. et découvrir chez l'autre quelque chose qui pourrait lui être utile à travers l'expression de ses forces.

  • Speaker #1

    Oui, complètement. Et notamment, vous savez que 90 % des plans de formation sont orientés sur le développement des faiblesses. De la même manière, à l'école, alors surtout en France, on entoure constamment les fautes plutôt que de souligner ce qui a été bien fait. Donc, on amène, finalement, on nous éduque à nous développer tout au long de notre vie sur ce que l'on n'est pas plutôt que sur ce que l'on est.

  • Speaker #0

    C'est un piège du cerveau. C'est très important d'observer pour sortir de ce conditionnement-là, parce que c'est un conditionnement, ce que vous venez de décrire.

  • Speaker #1

    Complètement.

  • Speaker #0

    Le cerveau, pendant des millions d'années, a eu tendance à privilégier de placer l'attention sur ce qu'il percevait comme une menace. Il l'a fait pendant des millions d'années. Alors donc, c'est devenu un conditionnement d'aller vers une faiblesse. est perçue comme une faiblesse, pourrait être considérée comme menaçante. Donc, l'attention est là, plutôt que d'aller vers la force, de leur importance. D'observer où est l'attention, parce que si elle passe des heures chaque jour dans ce qui est considéré comme une faiblesse, elle n'est plus disponible pour développer la force.

  • Speaker #1

    Complètement. Alors que le retour sur investissement du développement des faiblesses est vraiment moindre par rapport à... rapport au développement des forces. Et c'est vrai que ça m'arrive très fécamment des personnes que j'accompagne qui me disent, Yvan, j'ai fait un questionnaire de personnalité, regarde, en termes de leadership, il me manque ça, il me manque ça, il faudrait que tu m'aides à me développer là-dessus. Et je leur dis, non, on va déjà se concentrer sur ce qui a fait votre succès, ce qui fonctionne bien en vous, et on va voir comment on va le cultiver parce qu'il est là où vous allez trouver votre épanouissement et vous allez travailler avec un impact beaucoup plus important. Avant de se quitter, moi j'aimerais ça que vous nous transmettiez, que vous nous partagiez, comment vous vous cultivez au quotidien, dans votre vie professionnelle ou personnelle, justement, votre propre liberté d'être. Quelles sont vos pratiques, Serge ?

  • Speaker #0

    Je m'entraîne tous les jours. Le mot entraînement est très important. Comme on parle d'entraînement physique, on peut parler d'entraînement psychique. Alors, il y a un entraînement psychique que je fais tous les jours qu'on a appelé de la méditation. Moi, j'aime bien l'appeler entraînement psychique, parce que le mot méditation est accroché à des images parfois, où on voit quelqu'un assis en position de lotus. Bon, c'est correct de le faire, mais c'est aussi quelque chose, cet entraînement psychique peut se faire dans d'innombrables situations, tous les jours. Au volant de la voiture, quand on arrive, je donne souvent cet exemple-là, quand on arrive et que le feu change de couleur, qui devient jaune au moment où c'est notre tour, et qu'apparaît une réaction dans le corps, « Oh non, c'est encore à moi que ça arrive. » C'est une opportunité d'observer où est l'attention. D'aller sur ce discours qui peste contre l'environnement, qui a fait apparaître le feu jaune au moment orange, vous dites orange, au moment où j'arrive. Et ça, c'est la méditation. Quand j'écoute une autre personne, me rendre compte que pendant que je l'écoute, tout à coup, j'ai perdu son discours. Ah, je viens de me rendre compte. Je ramène l'attention sur ce que la personne est en train de dire. Ça, c'est de la méditation. C'est de la méditation. C'est de découvrir où est l'attention. Bien sûr, je peux, à un moment où j'aménage un 10 minutes, où je m'assois, 5 minutes, je m'assois et j'observe. où est mon attention en l'amenant sur mon souffle. J'observe sa danse. Parce que je l'amène sur mon souffle, ça fait trois secondes, elle n'est plus sur mon souffle parce qu'elle est accaparée par le hamster qui dit « Ah, j'ai oublié de faire ça ce matin. Ah non, non, j'y arriverai pas. Hop, hop, hop, je m'en rends compte. Ah, c'est pas grave, c'est pas grave, c'est pas grave, c'est pas grave. » Je ramène l'attention sur le souffle. Pendant cinq minutes, dix minutes. Plus je fais ça, plus il y a des synapses Plus qu'une configuration neurologique qui se structure pour faire en sorte que ce soit un réflexe au quotidien, cette observation de la danse de l'attention pour la ramener là où elle peut être vraiment, vraiment dans la présence. À la fois pour créer, à la fois pour collaborer, à la fois pour savourer complètement le spectacle de la vie.

  • Speaker #1

    Mais vous avez raison de revenir sur cette notion d'entraînement. Et notamment dans mon dernier podcast avec Thierry Hadda, qui est un philosophe, on est revenu sur le concept de la liberté d'être. Et il expliquait à quel point il y a un paradoxe finalement de la liberté, parce qu'il implique finalement de l'effort et de la discipline pour se restreintrer constamment finalement à qui l'on est profondément, plutôt que de se faire happer par le quotidien et par toute l'agitation externe et être nourri par son égo. Donc c'est complètement en lien. Finalement, il y a... un entraînement, il y a un effort, il y a une discipline à mettre en place pour être davantage au quotidien et ne pas se laisser happer.

  • Speaker #0

    Pour développer ce que j'aime appeler la vigilance. Cette espèce de vigilance qui nous permet de découvrir que tout à coup, la tension est accaparée par des jugements qui n'ont aucune utilité. Si un jugement peut avoir une utilité, on s'en rend compte aussi. Par exemple, si je dis, je ne sais pas moi, mon père qui disait je suis un déchet social, s'il avait pu observer ce jugement-là, il dirait oh oh oh oh, piège, ce n'est pas ce que je suis. Donc, ça devient utile de découvrir. On est tout à coup dans la connaissance de soi. Et qu'on peut ramener l'attention dans le présent sur ce que mon père a fini par faire, d'ailleurs. Sur des capacités qu'il possédait et qu'il a pu développer à partir de cet âge-là. Il ne les avait pas encore développées. Même en train d'avantage dans sa vulnérabilité, sa sensibilité, sa capacité d'exprimer des émotions qu'il ressentait, qu'il n'avait pas encore exprimées. Tout ça s'est fait à partir de ce moment-là. Alors là, ça devient utile. Autrement, c'est quelque chose qui entraîne un inconfort de la souffrance inutile.

  • Speaker #1

    Avant que je vous laisse partir, ça serait quoi le petit premier pas que vous pourriez suggérer aux personnes qui vous écoutent pour avancer vers une plus grande liberté d'être ? Un premier pas.

  • Speaker #0

    Je vais en faire quelques moments un chat de jour pour faire cette observation. Ça peut être, bon, on en parle depuis quelques centaines d'années de ça, mais c'est se donner la permission de le faire. Moi, si j'ouvre mon ordinateur, là, puis que tout à coup, je travaille, et que là, je n'en ai plus d'idées, là, j'en ai plus, là. Je suis en train d'écrire un texte, et puis, bon, il n'y a plus rien qui sort. Je m'arrête, et pendant quelques instants, là, ça, c'est le premier pas, je place mon attention sur mon souffle. Pour observer où est la tension. Est-ce qu'elle est en train de porter des jugements ? Alors, je n'y arriverai pas, je ne suis pas capable. Ou si elle est en train simplement d'être sur le souffle. Une minute, deux minutes, dans une file d'attente, dans une salle d'attente, au volant de sa voiture, peu importe où, dans la conversation, autour d'une table, avec d'autres. Parce que là, tout à coup, je me rends compte qu'il y a une contraction à l'intérieur de mon corps parce que quelqu'un... prononcer une phrase ou émise une opinion qui vient contredire l'opinion que j'avais émise avant. Hop ! Premier pas, observer ça. Je fais juste observer. Et tout à coup, il y a comme une espèce d'apaisement qui apparaît parce que je me rends compte que je ne suis pas mon opinion. Je veux juste observer ça pendant un repas de famille, avec des amis. Ça suffit. Ce sont ces petits pas-là qui, les uns après les autres, permettent d'entrer dans une meilleure connaissance de soi. Entrer dans un apaisement qui nous amène à la liberté d'être.

  • Speaker #1

    Qui nous amène à revenir à ce qui ne viendra jamais en nous. Celle-ci est la vie.

  • Speaker #0

    Celle-ci ne viendra jamais.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Serge, c'était vraiment un vrai bonheur de vous avoir.

  • Speaker #0

    Merci, merci à vous Yvanne.

  • Speaker #1

    Sans oublier votre prochaine sortie qui risque de ne pas tarder en France, de votre nouvel ouvrage, L'Espoir.

  • Speaker #0

    Un livre qui s'appelle Espoir au curiel. J'ai eu la chance de collaborer avec trois autres personnes sur cette réflexion qu'on a faite à propos de l'espoir aujourd'hui. Est-il possible, et j'utilise la phrase d'Albert Camus, j'ai introduit le texte que j'ai écrit avec la phrase d'Albert Camus, « Là, il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer » . J'adore cette phrase. Alors, il y a une réflexion autour de cette phrase-là, comment l'inventer, l'espoir. comment l'inventer. Et nous sommes tous et toutes capables de l'inventer.

  • Speaker #1

    Merci pour ce mot de fin en tous les cas et ce mot d'espoir. Merci beaucoup Serge.

  • Speaker #0

    Merci à vous Yvan. Bonne continuation. Merci.

  • Speaker #1

    Vous avez écouté le podcast Le SaaS des leaders. Si vous aussi avez envie de passer à la prochaine étape dans votre carrière, le développement de votre leadership ou avec vos équipes, rendez-vous sur le-saas-coaching.com

Description

Bienvenue dans un nouvel épisode du SAS des leaders.

Aujourd’hui, Yvane Le Dot, coach professionnelle accréditée ICF et fondatrice du cabinet Franco-Canadien "Le SAS" a le plaisir d’accueillir Serge Marquis.


Médecin, conférencier, auteur engagé… il explore avec humanité des sujets qui nous parlent à tous : le stress, l’ego — qu’il a si justement nommé Pensouillard le hamster —
et plus récemment, l’espérance, avec son dernier livre L’Espoir.


Serge nous invite à ralentir, à revenir à soi, à regarder autrement ce qui nous encombre : ce mental agité, ces pensées en boucle…
Ce bavard intérieur qui, trop souvent, nous éloigne de notre véritable nature.


Dans cette série consacrée à la liberté d’être, nous allons explorer avec lui une question à la fois simple… et essentielle :
Qu’est-ce qui nous empêche d’être vraiment nous-mêmes ?
Et comment retrouver ce chemin d’authenticité, en particulier dans un monde professionnel qui nous pousse à performer, à contrôler, à paraître ?


Dans cet épisode, nous parlerons de :

  • Ce que signifie concrètement la liberté d’être – et comment la cultiver ;

  • En quoi l’ego peut freiner notre authenticité au travail ;

  • Comment avancer avec plus de conscience de soi ;

  • Et comment les leaders peuvent créer des environnements où chacun se sent libre d’être… sans masque, sans rôle à jouer.


Et si, finalement, la liberté d’être n’était pas un objectif à atteindre,
mais une nature à retrouver ?

Très bonne écoute.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast Le Sass des leaders. Votre espace-temps pour ensemble, passez à la prochaine étape et avancez en cohérence avec les nouvelles attentes de la société. Bonjour à vous et bienvenue dans un nouvel épisode du Sas des leaders. Aujourd'hui, j'ai la joie d'accueillir Serge Marquis. Médecin, conférencier, auteur engagé, il explore avec humanité des sujets qui nous parlent à tous, le stress, l'ego, qu'il a si justement nommé « Pense-Rouillard le hamster » et plus récemment le sujet de l'espérance avec son tout dernier livre « L'espoir » . Serge nous invite à ralentir, à revenir à soi, à regarder autrement ce qui nous encombre, ce mental agité, ces pensées en boucle, ce bavard intérieur qui trop souvent nous éloigne de notre véritable nature. Dans cette série consacrée à la liberté d'être, nous allons explorer ensemble une question à la fois simple et essentielle. Qu'est-ce qui nous empêche d'être vraiment nous-mêmes ? Comment retrouver ce chemin d'authenticité, en particulier dans un monde professionnel qui nous pousse à performer, à contrôler, à paraître ? Alors nous parlerons ensemble de ce que signifie concrètement la liberté d'être et comment la cultiver. en quoi l'ego peut freiner notre enthousiastie au travail, comment avancer avec plus de conscience de soi, et comment les leaders peuvent créer des environnements où chacun se sent libre d'être, sans masque, sans rôle à jouer. Et si finalement, la liberté d'être n'était pas un objectif à atteindre, mais une nature à retrouver. Je vous souhaite une très bonne écoute et un très bon moment. Serge, je suis vraiment, ravie de vous avoir parmi nous aujourd'hui. pour ce podcast avec cette série spéciale quand même sur la liberté d'être. Alors, ça avait énormément de sens pour moi de vous recevoir. Et la première question que j'avais pour vous, c'était quelle est votre propre définition de la liberté d'être ?

  • Speaker #1

    Merci de m'accueillir, Yvanne. C'est très gentil. J'apprécie énormément d'être avec vous. C'est très simple. La liberté d'être, c'est la présence. C'est-à-dire la présence totale. de toute la conscience. Il y a des mots qui parfois se chevauchent, mais c'est la présence à ce qui se passe à l'intérieur et à ce qui se passe à l'extérieur. Sans jugement, sans critique, sans blâme, simplement une présence. Avoir, par exemple, au moment où on contemple, je raconte ça parce que c'est arrivé tout récemment, un oiseau par la fenêtre. En pleine liberté d'être, c'est qu'il n'y a plus que cet oiseau dans la tête. Même pas de jugement à propos de l'oiseau. Comment s'appelle-t-il cet oiseau ? Je ne m'en souviens pas. Ah, la couleur à gauche. Non, simplement une observation totale. Ça, c'est la liberté d'être. C'est la même chose avec les autres. On est en connexion complète avec l'autre, dans une présence à l'autre, sans qu'il y ait de jugement, encore une fois, sur l'autre. ou sur soi par rapport à l'autre. Voilà pour nous voir la véritable liberté d'être.

  • Speaker #0

    Là, vous m'amenez à faire le pont finalement avec une de vos grandes spécialités qui est l'ego. C'est comment finalement on amène à se défaire de l'ego. Et notamment, j'adore votre définition de l'ego à travers cette métaphore de l'oignon. Est-ce que vous pourriez la retransmettre ?

  • Speaker #1

    Oui, j'aime bien cette métaphore parce que pour moi, à travers les pelures de l'oignon, On peut parler des pelures comme étant des pelures identitaires. C'est très important parce que ça implique que ces pelures, on puisse en observer l'apparition et en observer aussi l'impact. Ce que je veux dire par là, c'est que le cerveau, c'est délicat, mais c'est important qu'on le dise, le cerveau à notre époque, je reviendrai tout à l'heure à la liberté d'être, le cerveau ne fait pas la distinction entre la perception d'une menace à la survie Et... perception d'une menace à une pelure identitaire, à toutes ces pelures qui constituent notre égo. Toute notre vie, il y a un mécanisme dans notre tête, ça commence très tôt, qui s'appelle un processus d'identification, qui fabrique ces pelures identitaires. Les enfants s'identifient à un jouet, s'identifient à un petit-fils, mon petit-fils s'est identifié à une carte. Pokémon. C'est très important parce que ça devient une pelure identitaire. Je suis ma carte Pokémon. Et dès qu'il y a un commentaire négatif à propos de la carte, ta carte est moins forte que la mienne, donc tu es moins fort que moi. Le cerveau, lui, saisit cette information et en fait l'objet d'un jugement intérieur. Ça se met à tourner dans la tête. De là la métaphore du hamster qui tourne dans sa roue. Ta carte est moins forte que la mienne, donc tu es moins fort que moi. devient dans la tête d'un enfant de 5 ans, je suis nul. Parce qu'il s'est identifié à la carte Pokémon. C'est très important d'échanger avec lui pour l'amener à découvrir qu'il n'est pas une carte Pokémon. Fondamental. Mais c'est comme ça toute la vie. On s'identifie plus tard comme adulte au travail que l'on fait. Je suis mon travail. Je suis le dossier sur lequel j'ai travaillé. Je suis le... projet sur lequel j'ai travaillé. Je dépose ce projet en réunion dans un groupe et alors les commentaires apparaissent, qui sont perçus comme des commentaires qui peuvent être perçus négativement à propos du projet. Qu'est-ce que c'est que ce projet ? On n'a pas les ressources pour faire ça. Qu'est-ce que tu as pris de travailler là-dessus ? Des choses du genre. Le cerveau entend ces commentaires. S'il y a eu identification au projet, les commentaires ne sont plus perçus comme des commentaires à propos du projet, mais à propos de la personne. Je suis mon projet. Donc, il est très important de développer une vigilance, et ce serait merveilleux si elle pouvait être présente toute notre vie, à chaque instant, qui nous permet de découvrir que nous ne sommes pas non plus ce que nous faisons. Les pelures, c'est entière. Il peut y en avoir une qui est liée à ce que l'on possède. Je suis ce que je possède. Les vêtements que je porte, la voiture que je conduis, la maison dans laquelle j'habite, etc. Une deuxième pelure, je suis ce que je fais. Donc, le travail que je fais chaque semaine, ça peut être une œuvre d'art, un livre que j'écris, ça peut être un tableau que je peins, mais on ne peint pas. Une troisième peur de l'identitaire est liée aux opinions que je peux émettre, aux idées que je peux émettre. Je suis mon opinion, je suis mon idée. Ça aussi, il faut une grande vigilance pour constater que nous ne sommes pas une idée, que nous ne sommes pas une opinion, qu'on peut changer d'idée et qu'on ne disparaîtra pas, qu'on peut changer d'opinion heureusement d'ailleurs et qu'on ne disparaîtra pas. Mais on peut se surprendre à défendre une opinion comme s'il en allait de notre survie, toujours pour la même raison, parce que le cerveau ne fait pas la distinction entre la perception d'une menace à la survie et la perception d'une menace à une pelure identitaire qui constitue l'ego. Donc, ce que nous possédons, ce que nous faisons, nos opinions, nos idées, notre apparence, ça fait une autre pelure identitaire. Je suis mon apparence, de sorte que si mon apparence change, une ride apparaît. Tout à coup, c'est la panique. Je ne suis plus qui j'étais. Je perds ma jeunesse, etc. Mais là, on essaie de faire disparaître la ride par toutes sortes de moyens pour maintenir l'apparence à laquelle on s'est identifié. Ça peut aller très, très loin avec les réseaux sociaux. Présentement, il y a beaucoup de jeunes qui sont victimes de ce processus d'identification. à leur apparence, à travers les photos qu'ils vont publier sur les réseaux sociaux, et à travers les commentaires négatifs qu'ils vont recevoir à propos de la photo. Ils se sont identifiés à la photo, je suis mon apparence, et qu'il y a un commentaire négatif à propos de la photo. Ce commentaire n'est plus perçu comme un commentaire à propos de la photo, mais à propos de leur être. Et là, ça entre dans la roue. Je suis laid, je suis laide, donc je ne serai plus apprécié, donc je ne serai plus aimé, donc il est possible que je sois rejeté, donc il est possible que je disparaisse.

  • Speaker #0

    Et alors comment, Serge ? Parce que j'entends effectivement que quelque part c'est un allant assez naturel de développer son avis pour créer sa propre identité, mais le risque c'est aussi de se perdre. et c'est de perdre finalement la nature de ce que l'on est profondément. Alors comment finalement on peut les enlever ces pelures ? Quels sont les protocoles, les pratiques ? J'ai entendu l'observation.

  • Speaker #1

    Oui, c'est un mot très important. C'est très important, Yvan, ce mot. Ça, c'est la clé. Le cerveau est capable de s'observer lui-même. Il le fait très peu. L'attention ne peut pas être à deux endroits en même temps. Si l'attention est accaparée par le discours intérieur, je suis nul, je suis laid, je suis incompétent, je suis trop vieux, je suis trop vieille. Ce genre de phrase, si l'attention est accaparée par ce discours, elle ne peut plus être dans le présent, là où sont nos ressources, nos capacités, notre créativité, là où peut s'exprimer notre intelligence. Donc, il faut apprendre, il faut permettre au cerveau d'apprendre à observer où est l'attention. Est-elle accaparée par des jugements sur soi ? Est-elle accaparée par des jugements sur les autres, ce qui est très important dans les entreprises d'ailleurs ? Est-elle accaparée par le fait qu'elle est dans le passé ? Ah, c'était tellement plus extraordinaire il y a un an, il y a deux ans, quand on fonctionnait de cette façon, blablabla, sans qu'il y ait d'une piste d'action possible. Autrement dit, la tension est accaparée par... C'était tellement extraordinaire quand j'étais dans tel lieu, à fréquenter telle personne, à avoir telle tâche comme responsabilité. C'est tellement merveilleux. Mais dans ce discours, il n'y a pas de piste d'action. Il n'y a pas d'apprentissage. Ah oui, c'était bien. Que puis-je tirer comme apprentissage de cette époque ? Que souhaiterais-je recréer qui pourrait être utile ? Donc, trans... transformer l'apprentissage en piste d'action possible. Un autre endroit où peut aller l'attention, c'est dans le futur, bien sûr, à travers des scénarios catastrophes. On ne sera jamais capable, on n'a pas les ressources nécessaires. Tout ça déclenche de l'inconfort, tout ça déclenche de l'anxiété, tout ça déclenche de la déprime. Mais à partir du moment où il y a eu observation, je reviens au mot. Du fait que l'attention est en train de construire des scénarios catastrophes, l'attention peut être ramenée dans le présent pour élaborer des pistes d'action en rapport avec les ressources que nous possédons pour aller vers les objectifs qu'on vise ou la mission qui est la nôtre, etc. Là, je parle d'une entreprise, bien sûr, d'une organisation. Mais il y a une chose très importante. nous ne sommes aucune de nos peulures identitaires. Ça, c'est très difficile à accepter, à accueillir. Je ne suis pas mon opinion. Le cerveau, au départ, la réaction quand notre opinion est attaquée par une opinion différente, que quelqu'un se met à essayer de détruire notre opinion ou notre idée, le cerveau instantanément réagit, comme s'il était devant un grand fauve. À l'époque où on marchait dans la plaine, on est autour d'une table en réunion, dans un comité, et quelqu'un est en train d'attaquer avec des mots une opinion que j'ai émise. Mon corps au complet réagit comme s'il était devant un grand fauve, parce qu'il s'est identifié à l'opinion. Il est d'ailleurs prêt à rugir en attaquant l'opinion de l'autre. Et là, c'est une escalade. Ça devient une tempête pendant la réunion entre les deux individus qui ont perdu de vue qu'ils travaillaient pour la même organisation et qu'ils pourraient mettre en commun leurs opinions respectives pour essayer d'extraire de ces deux opinions ce qui pourrait servir la mission, ce qui pourrait servir à atteindre les objectifs. L'ego devient un obstacle à la possibilité... de faire avancer la réflexion, de faire avancer la nature. Alors, c'est là que l'importance d'apprendre, et c'est un entraînement, permettre au cerveau de développer la capacité qu'il a de s'observer, de découvrir où est l'attention et de la ramener doucement. Sur ce que nous sommes vraiment, parce que vous avez mentionné ça tout à l'heure dans notre essence, je ne suis pas une pelure identitaire. Que suis-je ? J'emprunte la réponse toujours à la même personne, Marie de Hénézel, psychologue extraordinaire, qui disait, ici à Montréal, dans une conférence, elle disait, il faut découvrir en nous ce qui ne vieillit jamais.

  • Speaker #0

    C'est magnifique, cette phrase-là.

  • Speaker #1

    C'est une phrase extraordinaire. C'est une phrase fantastique. Qu'est-ce qui en nous ne vieillit jamais ? Toutes les pelures identitaires vieillissent. Ma voiture se transforme. J'ai pu m'identifier à ma voiture. Si quelqu'un fait un commentaire négatif à propos de sa voiture, je vais avoir une réaction négative. J'ai pu m'identifier à une opinion. Cette opinion se transforme. Il y a des événements, il y a des éléments dans l'environnement qui vont tout à coup faire en sorte que mon opinion disparaisse, se transforme. Donc, je ne suis pas ça. Je ne suis pas une opinion. Je ne suis pas ce que j'ai fabriqué. J'ai écrit un livre. Un an plus tard, il y a des idées nouvelles qui sont apparues. Et le livre est déjà un objet qui a sa propre vie, mais pour lequel il serait nécessaire de faire quelques ajustements, quelques nuances, parce que la science a découvert des choses nouvelles, etc. Et d'ailleurs,

  • Speaker #0

    je trouve quand même, Serge… Plus j'avance justement aussi sur le chemin de la liberté d'être, que ce soit avec mes clients ou sur mon propre chemin, je me rends compte à quel point, en fait, les choix les plus difficiles que l'on va faire, ça va être pour nous retrouver en tant qu'enfant, finalement, ce que l'on était de manière complètement innée, naturelle, ce que l'on aimait de manière profonde, et qui était là juste quand on était gamin. Et c'est un peu ça que vous dites, c'est comment on se défait finalement. du conditionnement de la société, de notre manière de créer notre propre identité dans le système, etc.

  • Speaker #1

    Très important de vous amener l'enfant dans la conversation, parce que très, très tôt, l'enfant, quand il joue, l'enfant est dans une présence complète. Toute son attention est dans le moment présent. Il est déjà à sa capacité, parce que qui en nous ne vieillit jamais, c'est ça. La capacité d'être présent au présent, qu'a l'enfant quand il joue, ça ne vieillit jamais. Je peux très bien, à 90 ans, jouer avec un enfant, entrer dans son monde, et cette capacité est intacte chez moi à 90 ans. Je suis encore capable de ça. Je suis encore capable de créer, de dessiner, tout ça, c'est encore là. Donc, cette capacité d'être présent au présent ne vieillit jamais. Elle est associée à... Il y a beaucoup de capacités qui ne vieillissent jamais. La capacité d'aimer ne vieillit jamais. La capacité de s'émerveiller ne vieillit jamais. Il y a des personnes, je le sais, j'en ai accompagné au soin palliatif, des personnes qui, à quelques heures avant leur mort, étaient encore en train de s'émerveiller devant un petit enfant, qu'un enfant leur amenait. J'ai vu ça, une femme qui avait accouché alors que sa mère était au soin palliatif, et elle a amené ses enfants à leur grand-mère. Elle s'est émerveillée, la capacité d'émerveillement était intacte. La capacité de savourer, ça ne vieillit jamais. La capacité d'apprendre, ça ne vieillit jamais. La capacité de transmettre, ça ne vieillit jamais. Toutes ces capacités, le grand défi. C'est à travers l'observation de détacher l'attention des pelures identitaires pour ramener l'attention sur ce qui en nous ne vieillit jamais. Ce que l'enfant fait naturellement. Mais l'enfant est lui-même piégé par l'apparition de ses propres pelures identitaires. Parce que déjà à 4 ans ou 5 ans, il peut s'identifier à une carte Pokémon.

  • Speaker #0

    Oui, c'est sûr.

  • Speaker #1

    Pour l'attention, on est accaparé par les jugements qui sont portés sur la carte Pokémon. C'est extraordinaire. Nous aussi, on fait ce travail, comme adultes, comme parents. Si on est capable d'observer là où est notre attention, si on est capable de la ramener sur ce qui est en nous ne vieillit jamais, on peut servir de modèle à l'enfant. On peut lui montrer que c'est possible. Il peut apprendre à le faire très tôt. Il peut apprendre à apaiser les jugements sur lui-même par lui-même. Il peut apprendre à apaiser les jugements sur l'autre par lui-même. Il peut apprendre à découvrir ce que devient la relation avec l'autre, les amitiés, les collaborations, les coopérations dans l'espace de travail plus tard. Tout ça, il peut découvrir, faire ses apprentissages très tôt et découvrir sa capacité à savourer, à profiter au maximum de ce que je viens de dénumérer.

  • Speaker #0

    Serge, justement... au-delà de la nature de l'ego, si on revient sur la notion de la liberté d'être, et notamment du monde du travail, quel est votre regard justement sur les entreprises, les sociétés où justement les égos sont bien en présence, mais aussi avec d'autres contraintes qui sont portées par la quête de la performance, ou quelque part où on recherche aussi à beaucoup amener les gens à se conformer au modèle, à avancer, peut-être de manière aussi Merci. moins dans la singularité. Alors, qu'est-ce que vous en pensez de ça ?

  • Speaker #1

    C'est un des grands pièges. L'émotion qui est au cœur de l'activité de l'égo, c'est la peur. La peur de ne pas être assez intéressant, donc de ne pas être reconnu, parce que très tôt, l'enfant associe le fait d'être reconnu avec recevoir de l'attention, ce qui va lui permettre de survivre. J'ai 4 ans, j'ai 5 ans. Je raconte souvent cet exemple-là parce que ça m'a beaucoup frappé de voir ça un jour. On a 4 ans, 5 ans, on est au pied de l'arbre de Noël, on récite un poème avec Kathleen et on termine le poème. Et là, toutes les personnes qui sont devant nous se mettent à applaudir. Bravo, bravo, t'es extraordinaire, t'es merveilleux. Tu ne t'es pas trompé. C'est ce qu'on entend. On a cinq ans et on entend « je suis merveilleux parce que je ne me suis pas trompé. Donc, si je veux continuer à être merveilleux, il ne faut plus que je me trompe. Et je veux continuer à être merveilleux parce qu'on m'applaudit quand je suis merveilleux. Donc, on s'occupe de moi. On m'apporte de l'attention. Donc, je vais survivre. Je ne dois donc plus me tromper. Je dois être. » parfait ou parfait, exceptionnel, pour continuer à recevoir l'attention qui va me permettre de survivre. Comme adulte, on a encore le même problème. On est au travail et là on cherche les moyens de performer, être exceptionnel, extraordinaire. On entre même en compétition parfois avec les collaborateurs, les collaboratrices, etc. pour des postes, pour toujours, c'est le vieux mécanisme là, pour recevoir la reconnaissance. Ça, c'est l'ego qui est dans ça. À travers le pelure identitaire travail, je veux être exceptionnel, me démarquer, être extraordinaire pour recevoir cette attention, cette reconnaissance qui est associée primitivement à la survie. J'ai zéro attention quand je suis enfant. On ne s'occupe plus de moi. J'ai peur de mourir. J'ai 5 ans, si personne ne s'occupe de moi, il va m'arriver quoi ? Alors qu'il y a eu un mécanisme. Mais là, je suis adulte, ce n'est plus du tout la même chose, mais c'est le même mécanisme qui joue. Donc là, je cache l'information, parce que je ne veux pas que l'autre ait la même information, parce que cette information va m'apporter un privilège, je vais pouvoir me démarquer, être spécial, exceptionnel, et donc recevoir les applaudissements. T'es donc extraordinaire, t'es donc merveilleux. Et c'est un piège, parce que je ne suis plus dans cette capacité qui en moi ne vieillit jamais, d'être présent au présent et d'entrer dans la collaboration avec les collaboratrices, les collaborateurs, pour entrer dans un contentement d'avoir créé quelque chose ensemble dont on va pouvoir se réjouir. Parce qu'au fond, ce n'est pas être... Ce n'est pas que l'ego soit flatté qui amène du contentement. Je répète, ce n'est pas que l'ego soit flatté qui amène du contentement. Ce qui amène du contentement, c'est la possibilité de développer ses capacités, ses compétences, son potentiel, ses ressources. Et c'est pour ça que dans une entreprise, si un leader est conscient de ça, une leader est consciente de ça, ils vont, ils ou elles, vont créer des espaces. Non pas où les gens vont pouvoir se donner des tables dans le dos, mais des espaces où ils vont pouvoir développer leur potentiel, leurs ressources, leurs capacités, ensemble, dans des dialogues. Parce que le dialogue permet de dire « Ah, merci, ça, je n'avais pas vu ça comme ça » . Ça va me permettre de cheminer davantage. Ça va me permettre d'aller plus loin. dans l'utilisation de mon potentiel et de mes ressources. Donc, on n'est plus dans « t'es donc extraordinaire, t'es donc merveilleux » , ce qui peut être de la flatterie de l'ego. On est dans « qu'est-ce qu'on pourrait faire pour que tu développes tes compétences, ton potentiel, tes ressources, tes capacités ? » Parce que c'est une des plus grandes sources de plaisir qu'un être humain puisse ressentir la possibilité de développer. son potentiel, que son potentiel s'exprime pleinement. L'intelligence, les talents, les dons.

  • Speaker #0

    Notamment, c'est un bon point parce que ça me fait penser à un podcast que j'ai fait avec Bernard Antselem. Je ne sais pas si ça vous parle. C'est un neuroscientifique qui, du coup, a étudié beaucoup les motivations profondes. Il reprend notamment ce que vous dites en disant qu'effectivement, tant qu'on va permettre à la personne de développer tout son affect, Donc, d'aimer, d'aimer son travail, d'aimer les autres, d'être en relation avec les autres, tant qu'on va l'amener à apprendre davantage, développer ses compétences, mais aussi tant qu'on va lui permettre d'agir de manière concrète et d'être en liberté d'agir et d'avoir de l'impact, là, finalement, on répond vraiment à ses souhaits profonds et à sa motivation profonde. C'est en lien avec ce que vous disiez.

  • Speaker #1

    C'est très important parce que... Il y a une dimension aussi qui est liée à la liberté d'être, qui est associée au mot « autonomie » . C'est-à-dire que quand la personne se sent complètement contrôlée, elle peut développer une peur de ne pas performer adéquatement parce qu'elle a l'impression constamment d'être contrôlée. Donc, elle se surveille, surveille ses moindres gestes, ses moindres… paroles, etc. Pour ne pas être prise en flagrant délit d'erreur, puisqu'elle doit être parfaite pour recevoir de l'attention, comme quand elle offrait un poème de Kathleen, enfin, qu'elle ne s'était pas trompée. Donc, c'est la même chose. Et pour ne pas faire d'erreur, la personne, toute son attention, va être mobilisée par la surveillance de ce qu'elle pourrait faire, qu'elle pourrait être prise en flagrant délit d'erreur. comme être un impair qui pourrait amener un jugement sur elle et là activer l'ego dans sa peur de disparaître à cause du jugement lié à la pelure identitaire de ce qu'elle faisait, au lieu d'être dans l'autonomie et la possibilité de créer avec toute l'attention disponible, c'est une question de disponibilité d'attention, disponible pour permettre aux ressources, à l'intelligence, mais vraiment à l'intelligence. C'est pas la disparition de... Il y a des gens qui me disent, quand j'écris le livre, on est foutu, on pense trop. Oui. Il y a des gens qui disent, oui, mais on peut pas s'habituer de penser. C'est pas ce qu'on veut dire. C'est l'utilisation de l'intelligence pour une pensée pleine de créativité, pour une pensée en quête de solution, pour une pensée juste. C'est au lieu d'être dans une pensée inutile, sous forme d'un jugement sur soi, d'un blanc, d'une critique, donc il n'y a pas d'apprentissage qui a été tiré. Elle est là, la nuance, et elle est fondamentale.

  • Speaker #0

    Oui, complètement. Et c'est vrai que dans les entreprises, juste pour rebondir sur ce que vous dites, on a ces dernières décennies surprocessisées, en fait, les systèmes, les façons de travailler. Et en impliquant aussi un sur-contrôle. C'est vrai que j'entends encore beaucoup de managers qui disent « la confiance n'exclut pas le contrôle » . Sauf que cette phrase-là faisait partie du manifeste de Lénine et qu'aujourd'hui, c'est bien plus important d'être dans le soutien, dans l'humain, pour que la personne puisse être davantage, à son maximum, contribuer à sa juste place, en fait.

  • Speaker #1

    Il faut distinguer, vous venez de le dire, c'est super important, je reprends vos mots. Il faut distinguer contrôle de soutien.

  • Speaker #0

    Complètement.

  • Speaker #1

    Elle est là, la nuance. C'est très important.

  • Speaker #0

    Certaines personnes associent le contrôle au soutien. C'est complètement faux. Le soutien est une présence réelle à l'autre, à ses besoins, à travers une écoute. Toujours pour favoriser effectivement le développement de l'organisation, pour permettre la réalisation de la mission. Il peut arriver qu'une personne ne soit pas dans un espace. où son potentiel puisse se développer. Ça peut arriver. Elle est dans un poste qui ne correspond pas à ses talents. Ça, ça peut arriver. Un véritable soutien va permettre de découvrir ça.

  • Speaker #1

    De l'amener à mettre en lumière, effectivement, ce décalage.

  • Speaker #0

    Mettre en lumière pour découvrir qu'il y aurait peut-être un autre espace ou un réaménagement de l'espace ou un autre espace où le potentiel pourrait s'exprimer, plutôt que de donner.

  • Speaker #1

    Oui, mais d'ailleurs, très souvent, Serge, moi, je partage ce point de dire que parfois, d'amener une personne à réfléchir à sa prochaine étape, que ce soit à l'extérieur ou en interne, c'est un acte bienveillance. C'est l'amener aussi à voir clairement là où sont ses forces, où sont ses talents et là où elle peut contribuer à son maximum, plutôt que de la laisser dépérir dans une place qui n'est pas la sienne, où elle va être en échec. Ce qui va avoir aussi un impact important sur l'équipe et aussi sur soi en tant que manager. C'est important, effectivement, d'avoir conscience de ça. Même un licenciement peut être un acte de bienveillance quand l'intention est portée aussi sur la volonté, en fait, de faire grandir l'autre, de le faire avancer.

  • Speaker #0

    Plutôt que d'essayer la personne s'acharner à vouloir faire ouvrir à tout le monde qu'elle a de la valeur. Les tâches, une fonction qui ne correspond pas du tout à ses talents, son potentiel, ses capacités. Alors, ça devient un piège parce qu'elle peut se brûler elle-même. Et effectivement, ça peut avoir un impact sur l'équipe. Puis, elle passe à côté de la possibilité d'éprouver le plaisir qu'on a à développer son potentiel. Alors oui, dans la bienveillance, ça c'est du soutien. C'est pas du contrôle. C'est une relation bienveillante, saine. une collaboration même pour découvrir où est-ce que mon potentiel pourrait s'exprimer. Mais ça demande aussi parfois un acte d'humilité, au sens de, autant chez les deux personnes.

  • Speaker #1

    Bien sûr.

  • Speaker #0

    Parce qu'elles, par exemple, parfois passent par le contrôle pour elles-mêmes faire la preuve qu'elles sont au bon endroit. Il y a des gens qui vont confondre soutien et contrôle parce que leur propre égo peut avoir peur. de commettre une erreur si elle ne contrôle pas davantage une situation. Alors, donc, il y a un acte d'humilité de découvrir que tout à coup, peut-être que je suis en train de tomber dans le piège de vouloir tout contrôler et que c'est pour me rassurer moi-même. Donc, j'ai peut-être simplement observé là où je me sens menacé, découvrir qu'il n'y a peut-être pas. de véritables menaces, qui c'est peut-être simplement mon attention et mon hamster qui tourne dans ma tête, en train de me dire « si je ne fais pas ça, qu'est-ce qui va m'arriver ? » Apaiser ça, apaiser ça, découvrir tout à coup que je peux entrer dans un espace où peut-être je peux amener dans un dialogue l'autre personne dans la bienveillance à découvrir qu'il y aurait quelque chose qui lui conviendrait davantage. Qu'est-ce qu'on peut faire pour lui, pour elle ? Quel genre d'espace peut-on aménager pour que son potentiel s'exprime ? Où est son potentiel ? Quel est son potentiel ? Donc, tout ça, ça se découvre dans le dialogue. Mais ça demande un apaisement de l'ego.

  • Speaker #1

    Et ça demande, oui, un apaisement de l'ego. Et c'est un très bon point parce que là, vous mettez en exergue le fait que, finalement, on ne peut pas faire évoluer le système, une équipe des gens, si soi-même, en tant que leader, on n'a pas travaillé sur son ego. On n'est pas conscient de qui l'on est et on n'a pas acquis. Comme vous le disiez, une certaine humanité, un certain éveil finalement sur soi et sur les autres, de fait.

  • Speaker #0

    Sur le fonctionnement de ses propres peinures identitaires qui se sentent constamment menacées. Est-ce que je suis tombé dans le piège de croire que je suis ce que je fais ? Et là, je trouve ça très important de souligner ça parce que je l'ai vécu. C'est pour ça que j'en parle peut-être avec autant de passion, parce que mon père, à la poche de 56 ans, avait été convoqué avec tous les hommes de 50 ans et plus de l'endroit où il travaillait. On leur avait dit... Ils étaient dans un petit local, un après-midi à 16 heures, et on leur a dit, vous quittez vendredi. Donc, deux jours plus tard, c'est un mercredi, vous quittez dans deux jours. On leur avait donné une année de salaire, il n'y avait pas de fonds de retraite, rien de ça. On leur avait donné une année de salaire et un crayon. Et trois mois plus tard, en cours d'un repas de famille, un repas familial, je me suis retourné vers mon père, puis il tremblait, il transpirait. Il était blanc comme un drap. Il me disait que je n'allais vraiment pas bien. Et il avait un problème cardiaque. Je l'ai amené aux urgences. Il a été soigné. Mais l'image que je ne vous dirai jamais, il était assis sur une filière dans sa petite chemise d'hôpital. Il a pris ma main et il a dit, « Tu sais, je suis devenu un déchet social. »

  • Speaker #1

    Oh là là !

  • Speaker #0

    « Coup de massue dans mon front. Qu'arrive-t-il à mon père ? » Mais c'est la pelleur identitaire. Je suis ce que je fais. 56 ans, je suis ce que je fais. Je n'ai plus ce que je fais, donc je ne suis plus rien. Et là, dans une société où la performance et l'excellence occupaient déjà beaucoup de place, il a fabriqué une nouvelle pelure identitaire à travers ce jugement à l'intérieur de sa tête qu'il devait porter d'ailleurs depuis plusieurs mois sans en avoir parlé. Je suis un déchet social, je suis un déchet social. Sans l'avoir exprimé, il a fallu qu'il soit aux urgences de l'hôpital. pour exprimer ce qui l'habitait depuis trois mois et qui avait probablement généré le problème pour lequel il était. Alors donc, c'est...

  • Speaker #1

    Est-ce que juste cette petite histoire que vous nous partagez, elle est en lien avec ce qui a créé votre mission, quelque part ? Le fait que vous soyez dans l'accompagnement, la santé mentale, dans tout ce chemin-là que vous décrivez.

  • Speaker #0

    Ça a sûrement contribué. Ça a sûrement beaucoup contribué parce qu'évidemment, moi, devant lui, j'étais seul avec lui à ce moment-là. J'étais complètement désormais, estomaqué, subjugué parce que je venais d'entendre, tétanisé parce que je venais d'entendre. Et là, je me disais, mais qu'est-ce qu'il s'est-il passé dans sa tête ? Comment se fait-il qu'il en soit rendu là pour découvrir qu'il n'avait pas encore pris conscience qu'il était ce qui en lui ne vieillit jamais ? Son attention était tellement dans « je suis un richesse sociale, on m'a complètement rejeté » , etc. Avec tous les hommes de 50 ans et plus de cette organisation, c'était le critère. Donc, il y avait probablement d'autres hommes que lui qui avaient vécu ça aussi, mais que je ne voyais pas parce que j'étais évidemment avec mon père et mon père, c'est collaborateur. Il y avait seulement des hommes, il n'y avait pas de femmes. Alors donc, voilà l'importance pour n'importe quel manager de prendre conscience de ce qui se passe dans sa tête pour éviter de tomber dans le piège dans lequel mon père était tombé. Parce que c'est un piège qu'il y a tous les êtres humains. La connaissance de soi, la connaissance de soi, c'est ça que ça signifie.

  • Speaker #1

    Oui, oui, j'entends. Et c'est vrai qu'au regard de ce que vous dites, il y a ce rôle, l'importance finalement de développer la connaissance de soi en tant que leader. Il y a aussi quand même cette co-responsabilité aussi en tant que salarié. Et c'est vrai que moi, je l'ai beaucoup vécu dans les entreprises en tant que RH, où je trouvais qu'à force de transformation, on voyait toujours les processus d'affaires, les rôles et responsabilités, les indicateurs de performance. On positionnait les gens dans ces fonctions et puis les gens s'éteignaient. On passait... à côté d'un grand potentiel de contribution, parce que finalement, on ne s'était pas intéressé à leur singularité. Mais de la même manière, les salariés eux-mêmes, quelque part, faisaient partie du système, puisqu'ils étaient en attente de ce qui allait arriver, sans forcément se dire, « Ok, comment je peux remettre les mains sur le volant pour prendre aussi, être acteur de ce que je veux devenir en tant que professionnel et en tant qu'être humain, d'ailleurs ? » Et c'est là où, effectivement, c'est à deux niveaux. que ça se joue. Il y a la responsabilité de l'entreprise, des leaders aussi en tant que tels parce qu'ils sont quelque part un peu le niveau de plafonnement des changements qu'on peut opérer. Mais il y a aussi cette prise en charge et cette responsabilité que l'on a en tant qu'individu de décider à un moment donné de ne pas être attentiste et puis de créer son propre chemin aussi de vie professionnelle, voire de vie.

  • Speaker #0

    Je suis d'accord avec vous, mais totalement d'accord avec vous. Et je reviens à un impact extraordinaire sous-estimé chez les leaders. En tant que modèle.

  • Speaker #1

    Ah ben, complètement l'exemplarité.

  • Speaker #0

    L'exemplarité. Exactement, l'exemplarité. C'est le mot que vous utilisez davantage en France.

  • Speaker #1

    Peut-être.

  • Speaker #0

    Je suis convaincue, parce que en apprenant à observer le fonctionnement de son propre psychisme, en prenant à faire les distinctions dont on a parlé, entre tout l'univers de l'ego et l'univers de ce qui en nous ne vieillit jamais, c'est-à-dire la présence, etc. Il devient un exemple. Il ne faut pas sous-estimer l'impact au niveau symbolique que peut avoir, en tant qu'exemple, un leader dans une organisation. Parce que, qu'on le veuille ou non, dès qu'on devient leader, on est, ici on dit, on devient un modèle, c'est-à-dire on devient une espèce d'exemple, effectivement, de ce qu'il peut être, de ce qu'il peut s'exprimer, vivre. Et il y a beaucoup de personnes qui peuvent être influencées par ça de façon très saine, très positive.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui se passe chez lui ? Comme un parent, d'ailleurs, avec l'enfant, ou un professeur, un enseignant, une enseignante. L'enfant qui voit ce professeur, tout à coup, dans son cerveau, ça fait « Que fait-il ? » Quand le professeur ou l'enseignante est très présent, présent, il offre… un exemple de ce qu'est la présence, c'est-à-dire la capacité, ce qui en nous ne vient jamais, la capacité d'être là, sans qu'il y ait ces jugements qui viennent accaparer l'attention. Juste être là complètement, complètement. Mais ça, quand l'enfant voit ça, il voit que c'est possible. Dans une organisation, un leader, un manager, une manager peut offrir cette présence. proposition. Ce n'est pas imposer ça, c'est proposer ça. Parce que son comportement est observé qu'est-ce que cette personne-là a de particulier. Qu'est-ce qui la rend ça c'est important, qu'est-ce qui la rend si intéressante. Parce que l'intérêt qui se dégage de la présence rend la personne intéressante. L'intérêt qui se dégage à la présence, c'est l'intérêt pour l'autre, rend la personne intéressante. Ce n'est pas l'ego qui devient intéressant, c'est l'être.

  • Speaker #1

    Complètement. Et c'est vrai que de plus en plus, on est en quête quand même de dirigeants qui soient inspirants, qui soient inspirants de par leur authenticité finalement. Leur capacité aussi à avancer en étant cohérents, congruents avec... leur valeur au-delà, effectivement, du prisme de l'entreprise. C'est comment je reste en respect et en alignement avec qui je suis, même dans l'adversité. Donc ça, effectivement, c'est quelque chose qui fait sens aujourd'hui de plus en plus. Et c'était tout un exercice, finalement, d'amener à se rendre compte des masques que l'on peut porter au quotidien, et puis d'accepter surtout de les déposer. Et pour le moment, c'est vrai que je vois, quand j'accompagne des dirigeants, à quel point il y a quelque part... une jouissance vraie, à redécouvrir finalement qui l'on est et à oser finalement le porter et à se rendre compte de l'impact, effectivement, en termes de modèle que vous citez, sur justement les équipes, les entreprises que l'on peut diriger. Mais ça commence effectivement par soi en tant que dirigeant. Serge, j'aimerais ça effectivement sur juste, j'avais une question pour vous, j'aimerais ça avoir votre regard aussi sur notamment la notion de liberté individuelle, c'est vrai qu'on a cette vérité de se dire oui il faudrait cultiver la singularité de chacun, que le leader favorise cette singularité, de le oser être davantage en toute authenticité, mais on se rend bien compte que le défi finalement pour un dirigeant c'est de se dire comment effectivement on peut avancer dans une dynamique collective en travaillant sur sa liberté d'être individuelle.

  • Speaker #0

    La singularité, je l'associe dans l'espace de travail aux forces, aux capacités, aux talents de chacune et de chacun. Parce que les forces peuvent être complémentaires, les talents peuvent être complémentaires. Et les talents sont de l'ordre de la singularité. On n'a pas tous et toutes les mêmes talents. On n'a pas tous et toutes les mêmes forces. Alors, l'enjeu, le défi, à travers la présence, c'est de découvrir où sont les forces, les talents de chacune et de chacun. Et je reviens à ce que je disais tout à l'heure, si on crée des espaces où ces talents et ces forces peuvent se développer dans leur complémentarité, c'est beau être important, parce que les forces de l'un peuvent être complémentaires aux espaces où l'autre est moins fort, où l'autre est moins fort, et là c'est là que l'équipe apparaît bien sûr. Cette singularité n'est pas de l'ordre de l'ego. les phoques de chacun et de chacun, ce n'est pas dans l'univers de l'ego. C'est très concret, c'est une réalité. L'opinion que je développe, à laquelle je peux m'identifier, je peux en changer dans l'espace d'une fraction de seconde. Le talent qu'une personne peut avoir, elle va l'avoir toute sa vie. La force qu'une personne peut avoir, elle va l'avoir toute sa vie. Donc, c'est quelque chose qu'elle peut développer, même transmettre éventuellement. Si j'ai un talent dans le monde du sport... Je peux éventuellement avoir développé ce talent et même aider des personnes à développer le même talent. Si j'ai appris à jouer au tennis, j'ai un talent dans le tennis, je peux aider une personne, des enfants, des jeunes, à développer éventuellement le même talent. Alors, dans une organisation, c'est ça. Où sont les forces, les talents, les capacités de chacune et de chacun ? Comment peut-on créer un espace où elles peuvent se compléter ? s'appuyer les uns les uns les uns. Comment ces deux-là peuvent s'appuyer les uns sur les autres, etc. Alors, se complémenter. On n'est plus dans l'univers de l'ego où chacun, comment dirais-je, est dans les pelouses identitaires à défendre. Il faut entendre toutes les opinions, mais on ne peut pas nécessairement donner la même place à toutes les opinions parce que Il faut éventuellement faire une espèce de choix collectif, le plus possible ensemble, des opinions qui vont nous amener ensemble un peu plus loin dans le cheminement de l'organisation, de ce qu'on a à faire, de la mission qu'on a. Ça peut être autant dans le privé que dans le public, dans le public, dans une école.

  • Speaker #1

    C'est vrai que c'est oser finalement la confrontation saine, c'est oser faire part de sa vulnérabilité. c'est mettre à jour comme vous disiez les forces et d'ailleurs j'ai fait un podcast là-dessus avec un de vos compatriotes Jacques Forest je ne sais pas si ça vous parle qui travaille à l'université qui est spécialisé j'adore j'adore et je sais que vous avez fait une conférence en France avec lui un autre film voilà donc et oui je l'ai interviewé deux fois Jacques Forest sur le management par les forces qui est vraiment ce en quoi je crois profondément justement l'importance de travailler sur les forces plutôt que les faiblesses, ce que l'on n'est pas d'ailleurs.

  • Speaker #0

    Absolument, on n'est pas ces faiblesses non plus. C'est très important, c'est toujours le processus d'identification. Si je m'identifie à ce que je considère être une faible, enfin allons encore plus loin, si le cerveau crée une pelure identitaire avec une faiblesse et que le discours fait « je suis ce faible » , Évidemment, on entre dans l'état de déprime, alors que non, c'est le processus d'identification qui a créé une pelure identitaire avec une faiblesse. C'est un espace où il est préférable que je ne passe pas ma vie, que toute mon attention ne soit pas là toute ma vie, dans l'espoir que cette faiblesse deviendra tout à coup autre chose, plutôt que de permettre à l'attention d'aller vers les forces pour les développer. et découvrir chez l'autre quelque chose qui pourrait lui être utile à travers l'expression de ses forces.

  • Speaker #1

    Oui, complètement. Et notamment, vous savez que 90 % des plans de formation sont orientés sur le développement des faiblesses. De la même manière, à l'école, alors surtout en France, on entoure constamment les fautes plutôt que de souligner ce qui a été bien fait. Donc, on amène, finalement, on nous éduque à nous développer tout au long de notre vie sur ce que l'on n'est pas plutôt que sur ce que l'on est.

  • Speaker #0

    C'est un piège du cerveau. C'est très important d'observer pour sortir de ce conditionnement-là, parce que c'est un conditionnement, ce que vous venez de décrire.

  • Speaker #1

    Complètement.

  • Speaker #0

    Le cerveau, pendant des millions d'années, a eu tendance à privilégier de placer l'attention sur ce qu'il percevait comme une menace. Il l'a fait pendant des millions d'années. Alors donc, c'est devenu un conditionnement d'aller vers une faiblesse. est perçue comme une faiblesse, pourrait être considérée comme menaçante. Donc, l'attention est là, plutôt que d'aller vers la force, de leur importance. D'observer où est l'attention, parce que si elle passe des heures chaque jour dans ce qui est considéré comme une faiblesse, elle n'est plus disponible pour développer la force.

  • Speaker #1

    Complètement. Alors que le retour sur investissement du développement des faiblesses est vraiment moindre par rapport à... rapport au développement des forces. Et c'est vrai que ça m'arrive très fécamment des personnes que j'accompagne qui me disent, Yvan, j'ai fait un questionnaire de personnalité, regarde, en termes de leadership, il me manque ça, il me manque ça, il faudrait que tu m'aides à me développer là-dessus. Et je leur dis, non, on va déjà se concentrer sur ce qui a fait votre succès, ce qui fonctionne bien en vous, et on va voir comment on va le cultiver parce qu'il est là où vous allez trouver votre épanouissement et vous allez travailler avec un impact beaucoup plus important. Avant de se quitter, moi j'aimerais ça que vous nous transmettiez, que vous nous partagiez, comment vous vous cultivez au quotidien, dans votre vie professionnelle ou personnelle, justement, votre propre liberté d'être. Quelles sont vos pratiques, Serge ?

  • Speaker #0

    Je m'entraîne tous les jours. Le mot entraînement est très important. Comme on parle d'entraînement physique, on peut parler d'entraînement psychique. Alors, il y a un entraînement psychique que je fais tous les jours qu'on a appelé de la méditation. Moi, j'aime bien l'appeler entraînement psychique, parce que le mot méditation est accroché à des images parfois, où on voit quelqu'un assis en position de lotus. Bon, c'est correct de le faire, mais c'est aussi quelque chose, cet entraînement psychique peut se faire dans d'innombrables situations, tous les jours. Au volant de la voiture, quand on arrive, je donne souvent cet exemple-là, quand on arrive et que le feu change de couleur, qui devient jaune au moment où c'est notre tour, et qu'apparaît une réaction dans le corps, « Oh non, c'est encore à moi que ça arrive. » C'est une opportunité d'observer où est l'attention. D'aller sur ce discours qui peste contre l'environnement, qui a fait apparaître le feu jaune au moment orange, vous dites orange, au moment où j'arrive. Et ça, c'est la méditation. Quand j'écoute une autre personne, me rendre compte que pendant que je l'écoute, tout à coup, j'ai perdu son discours. Ah, je viens de me rendre compte. Je ramène l'attention sur ce que la personne est en train de dire. Ça, c'est de la méditation. C'est de la méditation. C'est de découvrir où est l'attention. Bien sûr, je peux, à un moment où j'aménage un 10 minutes, où je m'assois, 5 minutes, je m'assois et j'observe. où est mon attention en l'amenant sur mon souffle. J'observe sa danse. Parce que je l'amène sur mon souffle, ça fait trois secondes, elle n'est plus sur mon souffle parce qu'elle est accaparée par le hamster qui dit « Ah, j'ai oublié de faire ça ce matin. Ah non, non, j'y arriverai pas. Hop, hop, hop, je m'en rends compte. Ah, c'est pas grave, c'est pas grave, c'est pas grave, c'est pas grave. » Je ramène l'attention sur le souffle. Pendant cinq minutes, dix minutes. Plus je fais ça, plus il y a des synapses Plus qu'une configuration neurologique qui se structure pour faire en sorte que ce soit un réflexe au quotidien, cette observation de la danse de l'attention pour la ramener là où elle peut être vraiment, vraiment dans la présence. À la fois pour créer, à la fois pour collaborer, à la fois pour savourer complètement le spectacle de la vie.

  • Speaker #1

    Mais vous avez raison de revenir sur cette notion d'entraînement. Et notamment dans mon dernier podcast avec Thierry Hadda, qui est un philosophe, on est revenu sur le concept de la liberté d'être. Et il expliquait à quel point il y a un paradoxe finalement de la liberté, parce qu'il implique finalement de l'effort et de la discipline pour se restreintrer constamment finalement à qui l'on est profondément, plutôt que de se faire happer par le quotidien et par toute l'agitation externe et être nourri par son égo. Donc c'est complètement en lien. Finalement, il y a... un entraînement, il y a un effort, il y a une discipline à mettre en place pour être davantage au quotidien et ne pas se laisser happer.

  • Speaker #0

    Pour développer ce que j'aime appeler la vigilance. Cette espèce de vigilance qui nous permet de découvrir que tout à coup, la tension est accaparée par des jugements qui n'ont aucune utilité. Si un jugement peut avoir une utilité, on s'en rend compte aussi. Par exemple, si je dis, je ne sais pas moi, mon père qui disait je suis un déchet social, s'il avait pu observer ce jugement-là, il dirait oh oh oh oh, piège, ce n'est pas ce que je suis. Donc, ça devient utile de découvrir. On est tout à coup dans la connaissance de soi. Et qu'on peut ramener l'attention dans le présent sur ce que mon père a fini par faire, d'ailleurs. Sur des capacités qu'il possédait et qu'il a pu développer à partir de cet âge-là. Il ne les avait pas encore développées. Même en train d'avantage dans sa vulnérabilité, sa sensibilité, sa capacité d'exprimer des émotions qu'il ressentait, qu'il n'avait pas encore exprimées. Tout ça s'est fait à partir de ce moment-là. Alors là, ça devient utile. Autrement, c'est quelque chose qui entraîne un inconfort de la souffrance inutile.

  • Speaker #1

    Avant que je vous laisse partir, ça serait quoi le petit premier pas que vous pourriez suggérer aux personnes qui vous écoutent pour avancer vers une plus grande liberté d'être ? Un premier pas.

  • Speaker #0

    Je vais en faire quelques moments un chat de jour pour faire cette observation. Ça peut être, bon, on en parle depuis quelques centaines d'années de ça, mais c'est se donner la permission de le faire. Moi, si j'ouvre mon ordinateur, là, puis que tout à coup, je travaille, et que là, je n'en ai plus d'idées, là, j'en ai plus, là. Je suis en train d'écrire un texte, et puis, bon, il n'y a plus rien qui sort. Je m'arrête, et pendant quelques instants, là, ça, c'est le premier pas, je place mon attention sur mon souffle. Pour observer où est la tension. Est-ce qu'elle est en train de porter des jugements ? Alors, je n'y arriverai pas, je ne suis pas capable. Ou si elle est en train simplement d'être sur le souffle. Une minute, deux minutes, dans une file d'attente, dans une salle d'attente, au volant de sa voiture, peu importe où, dans la conversation, autour d'une table, avec d'autres. Parce que là, tout à coup, je me rends compte qu'il y a une contraction à l'intérieur de mon corps parce que quelqu'un... prononcer une phrase ou émise une opinion qui vient contredire l'opinion que j'avais émise avant. Hop ! Premier pas, observer ça. Je fais juste observer. Et tout à coup, il y a comme une espèce d'apaisement qui apparaît parce que je me rends compte que je ne suis pas mon opinion. Je veux juste observer ça pendant un repas de famille, avec des amis. Ça suffit. Ce sont ces petits pas-là qui, les uns après les autres, permettent d'entrer dans une meilleure connaissance de soi. Entrer dans un apaisement qui nous amène à la liberté d'être.

  • Speaker #1

    Qui nous amène à revenir à ce qui ne viendra jamais en nous. Celle-ci est la vie.

  • Speaker #0

    Celle-ci ne viendra jamais.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Serge, c'était vraiment un vrai bonheur de vous avoir.

  • Speaker #0

    Merci, merci à vous Yvanne.

  • Speaker #1

    Sans oublier votre prochaine sortie qui risque de ne pas tarder en France, de votre nouvel ouvrage, L'Espoir.

  • Speaker #0

    Un livre qui s'appelle Espoir au curiel. J'ai eu la chance de collaborer avec trois autres personnes sur cette réflexion qu'on a faite à propos de l'espoir aujourd'hui. Est-il possible, et j'utilise la phrase d'Albert Camus, j'ai introduit le texte que j'ai écrit avec la phrase d'Albert Camus, « Là, il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer » . J'adore cette phrase. Alors, il y a une réflexion autour de cette phrase-là, comment l'inventer, l'espoir. comment l'inventer. Et nous sommes tous et toutes capables de l'inventer.

  • Speaker #1

    Merci pour ce mot de fin en tous les cas et ce mot d'espoir. Merci beaucoup Serge.

  • Speaker #0

    Merci à vous Yvan. Bonne continuation. Merci.

  • Speaker #1

    Vous avez écouté le podcast Le SaaS des leaders. Si vous aussi avez envie de passer à la prochaine étape dans votre carrière, le développement de votre leadership ou avec vos équipes, rendez-vous sur le-saas-coaching.com

Share

Embed

You may also like

Description

Bienvenue dans un nouvel épisode du SAS des leaders.

Aujourd’hui, Yvane Le Dot, coach professionnelle accréditée ICF et fondatrice du cabinet Franco-Canadien "Le SAS" a le plaisir d’accueillir Serge Marquis.


Médecin, conférencier, auteur engagé… il explore avec humanité des sujets qui nous parlent à tous : le stress, l’ego — qu’il a si justement nommé Pensouillard le hamster —
et plus récemment, l’espérance, avec son dernier livre L’Espoir.


Serge nous invite à ralentir, à revenir à soi, à regarder autrement ce qui nous encombre : ce mental agité, ces pensées en boucle…
Ce bavard intérieur qui, trop souvent, nous éloigne de notre véritable nature.


Dans cette série consacrée à la liberté d’être, nous allons explorer avec lui une question à la fois simple… et essentielle :
Qu’est-ce qui nous empêche d’être vraiment nous-mêmes ?
Et comment retrouver ce chemin d’authenticité, en particulier dans un monde professionnel qui nous pousse à performer, à contrôler, à paraître ?


Dans cet épisode, nous parlerons de :

  • Ce que signifie concrètement la liberté d’être – et comment la cultiver ;

  • En quoi l’ego peut freiner notre authenticité au travail ;

  • Comment avancer avec plus de conscience de soi ;

  • Et comment les leaders peuvent créer des environnements où chacun se sent libre d’être… sans masque, sans rôle à jouer.


Et si, finalement, la liberté d’être n’était pas un objectif à atteindre,
mais une nature à retrouver ?

Très bonne écoute.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast Le Sass des leaders. Votre espace-temps pour ensemble, passez à la prochaine étape et avancez en cohérence avec les nouvelles attentes de la société. Bonjour à vous et bienvenue dans un nouvel épisode du Sas des leaders. Aujourd'hui, j'ai la joie d'accueillir Serge Marquis. Médecin, conférencier, auteur engagé, il explore avec humanité des sujets qui nous parlent à tous, le stress, l'ego, qu'il a si justement nommé « Pense-Rouillard le hamster » et plus récemment le sujet de l'espérance avec son tout dernier livre « L'espoir » . Serge nous invite à ralentir, à revenir à soi, à regarder autrement ce qui nous encombre, ce mental agité, ces pensées en boucle, ce bavard intérieur qui trop souvent nous éloigne de notre véritable nature. Dans cette série consacrée à la liberté d'être, nous allons explorer ensemble une question à la fois simple et essentielle. Qu'est-ce qui nous empêche d'être vraiment nous-mêmes ? Comment retrouver ce chemin d'authenticité, en particulier dans un monde professionnel qui nous pousse à performer, à contrôler, à paraître ? Alors nous parlerons ensemble de ce que signifie concrètement la liberté d'être et comment la cultiver. en quoi l'ego peut freiner notre enthousiastie au travail, comment avancer avec plus de conscience de soi, et comment les leaders peuvent créer des environnements où chacun se sent libre d'être, sans masque, sans rôle à jouer. Et si finalement, la liberté d'être n'était pas un objectif à atteindre, mais une nature à retrouver. Je vous souhaite une très bonne écoute et un très bon moment. Serge, je suis vraiment, ravie de vous avoir parmi nous aujourd'hui. pour ce podcast avec cette série spéciale quand même sur la liberté d'être. Alors, ça avait énormément de sens pour moi de vous recevoir. Et la première question que j'avais pour vous, c'était quelle est votre propre définition de la liberté d'être ?

  • Speaker #1

    Merci de m'accueillir, Yvanne. C'est très gentil. J'apprécie énormément d'être avec vous. C'est très simple. La liberté d'être, c'est la présence. C'est-à-dire la présence totale. de toute la conscience. Il y a des mots qui parfois se chevauchent, mais c'est la présence à ce qui se passe à l'intérieur et à ce qui se passe à l'extérieur. Sans jugement, sans critique, sans blâme, simplement une présence. Avoir, par exemple, au moment où on contemple, je raconte ça parce que c'est arrivé tout récemment, un oiseau par la fenêtre. En pleine liberté d'être, c'est qu'il n'y a plus que cet oiseau dans la tête. Même pas de jugement à propos de l'oiseau. Comment s'appelle-t-il cet oiseau ? Je ne m'en souviens pas. Ah, la couleur à gauche. Non, simplement une observation totale. Ça, c'est la liberté d'être. C'est la même chose avec les autres. On est en connexion complète avec l'autre, dans une présence à l'autre, sans qu'il y ait de jugement, encore une fois, sur l'autre. ou sur soi par rapport à l'autre. Voilà pour nous voir la véritable liberté d'être.

  • Speaker #0

    Là, vous m'amenez à faire le pont finalement avec une de vos grandes spécialités qui est l'ego. C'est comment finalement on amène à se défaire de l'ego. Et notamment, j'adore votre définition de l'ego à travers cette métaphore de l'oignon. Est-ce que vous pourriez la retransmettre ?

  • Speaker #1

    Oui, j'aime bien cette métaphore parce que pour moi, à travers les pelures de l'oignon, On peut parler des pelures comme étant des pelures identitaires. C'est très important parce que ça implique que ces pelures, on puisse en observer l'apparition et en observer aussi l'impact. Ce que je veux dire par là, c'est que le cerveau, c'est délicat, mais c'est important qu'on le dise, le cerveau à notre époque, je reviendrai tout à l'heure à la liberté d'être, le cerveau ne fait pas la distinction entre la perception d'une menace à la survie Et... perception d'une menace à une pelure identitaire, à toutes ces pelures qui constituent notre égo. Toute notre vie, il y a un mécanisme dans notre tête, ça commence très tôt, qui s'appelle un processus d'identification, qui fabrique ces pelures identitaires. Les enfants s'identifient à un jouet, s'identifient à un petit-fils, mon petit-fils s'est identifié à une carte. Pokémon. C'est très important parce que ça devient une pelure identitaire. Je suis ma carte Pokémon. Et dès qu'il y a un commentaire négatif à propos de la carte, ta carte est moins forte que la mienne, donc tu es moins fort que moi. Le cerveau, lui, saisit cette information et en fait l'objet d'un jugement intérieur. Ça se met à tourner dans la tête. De là la métaphore du hamster qui tourne dans sa roue. Ta carte est moins forte que la mienne, donc tu es moins fort que moi. devient dans la tête d'un enfant de 5 ans, je suis nul. Parce qu'il s'est identifié à la carte Pokémon. C'est très important d'échanger avec lui pour l'amener à découvrir qu'il n'est pas une carte Pokémon. Fondamental. Mais c'est comme ça toute la vie. On s'identifie plus tard comme adulte au travail que l'on fait. Je suis mon travail. Je suis le dossier sur lequel j'ai travaillé. Je suis le... projet sur lequel j'ai travaillé. Je dépose ce projet en réunion dans un groupe et alors les commentaires apparaissent, qui sont perçus comme des commentaires qui peuvent être perçus négativement à propos du projet. Qu'est-ce que c'est que ce projet ? On n'a pas les ressources pour faire ça. Qu'est-ce que tu as pris de travailler là-dessus ? Des choses du genre. Le cerveau entend ces commentaires. S'il y a eu identification au projet, les commentaires ne sont plus perçus comme des commentaires à propos du projet, mais à propos de la personne. Je suis mon projet. Donc, il est très important de développer une vigilance, et ce serait merveilleux si elle pouvait être présente toute notre vie, à chaque instant, qui nous permet de découvrir que nous ne sommes pas non plus ce que nous faisons. Les pelures, c'est entière. Il peut y en avoir une qui est liée à ce que l'on possède. Je suis ce que je possède. Les vêtements que je porte, la voiture que je conduis, la maison dans laquelle j'habite, etc. Une deuxième pelure, je suis ce que je fais. Donc, le travail que je fais chaque semaine, ça peut être une œuvre d'art, un livre que j'écris, ça peut être un tableau que je peins, mais on ne peint pas. Une troisième peur de l'identitaire est liée aux opinions que je peux émettre, aux idées que je peux émettre. Je suis mon opinion, je suis mon idée. Ça aussi, il faut une grande vigilance pour constater que nous ne sommes pas une idée, que nous ne sommes pas une opinion, qu'on peut changer d'idée et qu'on ne disparaîtra pas, qu'on peut changer d'opinion heureusement d'ailleurs et qu'on ne disparaîtra pas. Mais on peut se surprendre à défendre une opinion comme s'il en allait de notre survie, toujours pour la même raison, parce que le cerveau ne fait pas la distinction entre la perception d'une menace à la survie et la perception d'une menace à une pelure identitaire qui constitue l'ego. Donc, ce que nous possédons, ce que nous faisons, nos opinions, nos idées, notre apparence, ça fait une autre pelure identitaire. Je suis mon apparence, de sorte que si mon apparence change, une ride apparaît. Tout à coup, c'est la panique. Je ne suis plus qui j'étais. Je perds ma jeunesse, etc. Mais là, on essaie de faire disparaître la ride par toutes sortes de moyens pour maintenir l'apparence à laquelle on s'est identifié. Ça peut aller très, très loin avec les réseaux sociaux. Présentement, il y a beaucoup de jeunes qui sont victimes de ce processus d'identification. à leur apparence, à travers les photos qu'ils vont publier sur les réseaux sociaux, et à travers les commentaires négatifs qu'ils vont recevoir à propos de la photo. Ils se sont identifiés à la photo, je suis mon apparence, et qu'il y a un commentaire négatif à propos de la photo. Ce commentaire n'est plus perçu comme un commentaire à propos de la photo, mais à propos de leur être. Et là, ça entre dans la roue. Je suis laid, je suis laide, donc je ne serai plus apprécié, donc je ne serai plus aimé, donc il est possible que je sois rejeté, donc il est possible que je disparaisse.

  • Speaker #0

    Et alors comment, Serge ? Parce que j'entends effectivement que quelque part c'est un allant assez naturel de développer son avis pour créer sa propre identité, mais le risque c'est aussi de se perdre. et c'est de perdre finalement la nature de ce que l'on est profondément. Alors comment finalement on peut les enlever ces pelures ? Quels sont les protocoles, les pratiques ? J'ai entendu l'observation.

  • Speaker #1

    Oui, c'est un mot très important. C'est très important, Yvan, ce mot. Ça, c'est la clé. Le cerveau est capable de s'observer lui-même. Il le fait très peu. L'attention ne peut pas être à deux endroits en même temps. Si l'attention est accaparée par le discours intérieur, je suis nul, je suis laid, je suis incompétent, je suis trop vieux, je suis trop vieille. Ce genre de phrase, si l'attention est accaparée par ce discours, elle ne peut plus être dans le présent, là où sont nos ressources, nos capacités, notre créativité, là où peut s'exprimer notre intelligence. Donc, il faut apprendre, il faut permettre au cerveau d'apprendre à observer où est l'attention. Est-elle accaparée par des jugements sur soi ? Est-elle accaparée par des jugements sur les autres, ce qui est très important dans les entreprises d'ailleurs ? Est-elle accaparée par le fait qu'elle est dans le passé ? Ah, c'était tellement plus extraordinaire il y a un an, il y a deux ans, quand on fonctionnait de cette façon, blablabla, sans qu'il y ait d'une piste d'action possible. Autrement dit, la tension est accaparée par... C'était tellement extraordinaire quand j'étais dans tel lieu, à fréquenter telle personne, à avoir telle tâche comme responsabilité. C'est tellement merveilleux. Mais dans ce discours, il n'y a pas de piste d'action. Il n'y a pas d'apprentissage. Ah oui, c'était bien. Que puis-je tirer comme apprentissage de cette époque ? Que souhaiterais-je recréer qui pourrait être utile ? Donc, trans... transformer l'apprentissage en piste d'action possible. Un autre endroit où peut aller l'attention, c'est dans le futur, bien sûr, à travers des scénarios catastrophes. On ne sera jamais capable, on n'a pas les ressources nécessaires. Tout ça déclenche de l'inconfort, tout ça déclenche de l'anxiété, tout ça déclenche de la déprime. Mais à partir du moment où il y a eu observation, je reviens au mot. Du fait que l'attention est en train de construire des scénarios catastrophes, l'attention peut être ramenée dans le présent pour élaborer des pistes d'action en rapport avec les ressources que nous possédons pour aller vers les objectifs qu'on vise ou la mission qui est la nôtre, etc. Là, je parle d'une entreprise, bien sûr, d'une organisation. Mais il y a une chose très importante. nous ne sommes aucune de nos peulures identitaires. Ça, c'est très difficile à accepter, à accueillir. Je ne suis pas mon opinion. Le cerveau, au départ, la réaction quand notre opinion est attaquée par une opinion différente, que quelqu'un se met à essayer de détruire notre opinion ou notre idée, le cerveau instantanément réagit, comme s'il était devant un grand fauve. À l'époque où on marchait dans la plaine, on est autour d'une table en réunion, dans un comité, et quelqu'un est en train d'attaquer avec des mots une opinion que j'ai émise. Mon corps au complet réagit comme s'il était devant un grand fauve, parce qu'il s'est identifié à l'opinion. Il est d'ailleurs prêt à rugir en attaquant l'opinion de l'autre. Et là, c'est une escalade. Ça devient une tempête pendant la réunion entre les deux individus qui ont perdu de vue qu'ils travaillaient pour la même organisation et qu'ils pourraient mettre en commun leurs opinions respectives pour essayer d'extraire de ces deux opinions ce qui pourrait servir la mission, ce qui pourrait servir à atteindre les objectifs. L'ego devient un obstacle à la possibilité... de faire avancer la réflexion, de faire avancer la nature. Alors, c'est là que l'importance d'apprendre, et c'est un entraînement, permettre au cerveau de développer la capacité qu'il a de s'observer, de découvrir où est l'attention et de la ramener doucement. Sur ce que nous sommes vraiment, parce que vous avez mentionné ça tout à l'heure dans notre essence, je ne suis pas une pelure identitaire. Que suis-je ? J'emprunte la réponse toujours à la même personne, Marie de Hénézel, psychologue extraordinaire, qui disait, ici à Montréal, dans une conférence, elle disait, il faut découvrir en nous ce qui ne vieillit jamais.

  • Speaker #0

    C'est magnifique, cette phrase-là.

  • Speaker #1

    C'est une phrase extraordinaire. C'est une phrase fantastique. Qu'est-ce qui en nous ne vieillit jamais ? Toutes les pelures identitaires vieillissent. Ma voiture se transforme. J'ai pu m'identifier à ma voiture. Si quelqu'un fait un commentaire négatif à propos de sa voiture, je vais avoir une réaction négative. J'ai pu m'identifier à une opinion. Cette opinion se transforme. Il y a des événements, il y a des éléments dans l'environnement qui vont tout à coup faire en sorte que mon opinion disparaisse, se transforme. Donc, je ne suis pas ça. Je ne suis pas une opinion. Je ne suis pas ce que j'ai fabriqué. J'ai écrit un livre. Un an plus tard, il y a des idées nouvelles qui sont apparues. Et le livre est déjà un objet qui a sa propre vie, mais pour lequel il serait nécessaire de faire quelques ajustements, quelques nuances, parce que la science a découvert des choses nouvelles, etc. Et d'ailleurs,

  • Speaker #0

    je trouve quand même, Serge… Plus j'avance justement aussi sur le chemin de la liberté d'être, que ce soit avec mes clients ou sur mon propre chemin, je me rends compte à quel point, en fait, les choix les plus difficiles que l'on va faire, ça va être pour nous retrouver en tant qu'enfant, finalement, ce que l'on était de manière complètement innée, naturelle, ce que l'on aimait de manière profonde, et qui était là juste quand on était gamin. Et c'est un peu ça que vous dites, c'est comment on se défait finalement. du conditionnement de la société, de notre manière de créer notre propre identité dans le système, etc.

  • Speaker #1

    Très important de vous amener l'enfant dans la conversation, parce que très, très tôt, l'enfant, quand il joue, l'enfant est dans une présence complète. Toute son attention est dans le moment présent. Il est déjà à sa capacité, parce que qui en nous ne vieillit jamais, c'est ça. La capacité d'être présent au présent, qu'a l'enfant quand il joue, ça ne vieillit jamais. Je peux très bien, à 90 ans, jouer avec un enfant, entrer dans son monde, et cette capacité est intacte chez moi à 90 ans. Je suis encore capable de ça. Je suis encore capable de créer, de dessiner, tout ça, c'est encore là. Donc, cette capacité d'être présent au présent ne vieillit jamais. Elle est associée à... Il y a beaucoup de capacités qui ne vieillissent jamais. La capacité d'aimer ne vieillit jamais. La capacité de s'émerveiller ne vieillit jamais. Il y a des personnes, je le sais, j'en ai accompagné au soin palliatif, des personnes qui, à quelques heures avant leur mort, étaient encore en train de s'émerveiller devant un petit enfant, qu'un enfant leur amenait. J'ai vu ça, une femme qui avait accouché alors que sa mère était au soin palliatif, et elle a amené ses enfants à leur grand-mère. Elle s'est émerveillée, la capacité d'émerveillement était intacte. La capacité de savourer, ça ne vieillit jamais. La capacité d'apprendre, ça ne vieillit jamais. La capacité de transmettre, ça ne vieillit jamais. Toutes ces capacités, le grand défi. C'est à travers l'observation de détacher l'attention des pelures identitaires pour ramener l'attention sur ce qui en nous ne vieillit jamais. Ce que l'enfant fait naturellement. Mais l'enfant est lui-même piégé par l'apparition de ses propres pelures identitaires. Parce que déjà à 4 ans ou 5 ans, il peut s'identifier à une carte Pokémon.

  • Speaker #0

    Oui, c'est sûr.

  • Speaker #1

    Pour l'attention, on est accaparé par les jugements qui sont portés sur la carte Pokémon. C'est extraordinaire. Nous aussi, on fait ce travail, comme adultes, comme parents. Si on est capable d'observer là où est notre attention, si on est capable de la ramener sur ce qui est en nous ne vieillit jamais, on peut servir de modèle à l'enfant. On peut lui montrer que c'est possible. Il peut apprendre à le faire très tôt. Il peut apprendre à apaiser les jugements sur lui-même par lui-même. Il peut apprendre à apaiser les jugements sur l'autre par lui-même. Il peut apprendre à découvrir ce que devient la relation avec l'autre, les amitiés, les collaborations, les coopérations dans l'espace de travail plus tard. Tout ça, il peut découvrir, faire ses apprentissages très tôt et découvrir sa capacité à savourer, à profiter au maximum de ce que je viens de dénumérer.

  • Speaker #0

    Serge, justement... au-delà de la nature de l'ego, si on revient sur la notion de la liberté d'être, et notamment du monde du travail, quel est votre regard justement sur les entreprises, les sociétés où justement les égos sont bien en présence, mais aussi avec d'autres contraintes qui sont portées par la quête de la performance, ou quelque part où on recherche aussi à beaucoup amener les gens à se conformer au modèle, à avancer, peut-être de manière aussi Merci. moins dans la singularité. Alors, qu'est-ce que vous en pensez de ça ?

  • Speaker #1

    C'est un des grands pièges. L'émotion qui est au cœur de l'activité de l'égo, c'est la peur. La peur de ne pas être assez intéressant, donc de ne pas être reconnu, parce que très tôt, l'enfant associe le fait d'être reconnu avec recevoir de l'attention, ce qui va lui permettre de survivre. J'ai 4 ans, j'ai 5 ans. Je raconte souvent cet exemple-là parce que ça m'a beaucoup frappé de voir ça un jour. On a 4 ans, 5 ans, on est au pied de l'arbre de Noël, on récite un poème avec Kathleen et on termine le poème. Et là, toutes les personnes qui sont devant nous se mettent à applaudir. Bravo, bravo, t'es extraordinaire, t'es merveilleux. Tu ne t'es pas trompé. C'est ce qu'on entend. On a cinq ans et on entend « je suis merveilleux parce que je ne me suis pas trompé. Donc, si je veux continuer à être merveilleux, il ne faut plus que je me trompe. Et je veux continuer à être merveilleux parce qu'on m'applaudit quand je suis merveilleux. Donc, on s'occupe de moi. On m'apporte de l'attention. Donc, je vais survivre. Je ne dois donc plus me tromper. Je dois être. » parfait ou parfait, exceptionnel, pour continuer à recevoir l'attention qui va me permettre de survivre. Comme adulte, on a encore le même problème. On est au travail et là on cherche les moyens de performer, être exceptionnel, extraordinaire. On entre même en compétition parfois avec les collaborateurs, les collaboratrices, etc. pour des postes, pour toujours, c'est le vieux mécanisme là, pour recevoir la reconnaissance. Ça, c'est l'ego qui est dans ça. À travers le pelure identitaire travail, je veux être exceptionnel, me démarquer, être extraordinaire pour recevoir cette attention, cette reconnaissance qui est associée primitivement à la survie. J'ai zéro attention quand je suis enfant. On ne s'occupe plus de moi. J'ai peur de mourir. J'ai 5 ans, si personne ne s'occupe de moi, il va m'arriver quoi ? Alors qu'il y a eu un mécanisme. Mais là, je suis adulte, ce n'est plus du tout la même chose, mais c'est le même mécanisme qui joue. Donc là, je cache l'information, parce que je ne veux pas que l'autre ait la même information, parce que cette information va m'apporter un privilège, je vais pouvoir me démarquer, être spécial, exceptionnel, et donc recevoir les applaudissements. T'es donc extraordinaire, t'es donc merveilleux. Et c'est un piège, parce que je ne suis plus dans cette capacité qui en moi ne vieillit jamais, d'être présent au présent et d'entrer dans la collaboration avec les collaboratrices, les collaborateurs, pour entrer dans un contentement d'avoir créé quelque chose ensemble dont on va pouvoir se réjouir. Parce qu'au fond, ce n'est pas être... Ce n'est pas que l'ego soit flatté qui amène du contentement. Je répète, ce n'est pas que l'ego soit flatté qui amène du contentement. Ce qui amène du contentement, c'est la possibilité de développer ses capacités, ses compétences, son potentiel, ses ressources. Et c'est pour ça que dans une entreprise, si un leader est conscient de ça, une leader est consciente de ça, ils vont, ils ou elles, vont créer des espaces. Non pas où les gens vont pouvoir se donner des tables dans le dos, mais des espaces où ils vont pouvoir développer leur potentiel, leurs ressources, leurs capacités, ensemble, dans des dialogues. Parce que le dialogue permet de dire « Ah, merci, ça, je n'avais pas vu ça comme ça » . Ça va me permettre de cheminer davantage. Ça va me permettre d'aller plus loin. dans l'utilisation de mon potentiel et de mes ressources. Donc, on n'est plus dans « t'es donc extraordinaire, t'es donc merveilleux » , ce qui peut être de la flatterie de l'ego. On est dans « qu'est-ce qu'on pourrait faire pour que tu développes tes compétences, ton potentiel, tes ressources, tes capacités ? » Parce que c'est une des plus grandes sources de plaisir qu'un être humain puisse ressentir la possibilité de développer. son potentiel, que son potentiel s'exprime pleinement. L'intelligence, les talents, les dons.

  • Speaker #0

    Notamment, c'est un bon point parce que ça me fait penser à un podcast que j'ai fait avec Bernard Antselem. Je ne sais pas si ça vous parle. C'est un neuroscientifique qui, du coup, a étudié beaucoup les motivations profondes. Il reprend notamment ce que vous dites en disant qu'effectivement, tant qu'on va permettre à la personne de développer tout son affect, Donc, d'aimer, d'aimer son travail, d'aimer les autres, d'être en relation avec les autres, tant qu'on va l'amener à apprendre davantage, développer ses compétences, mais aussi tant qu'on va lui permettre d'agir de manière concrète et d'être en liberté d'agir et d'avoir de l'impact, là, finalement, on répond vraiment à ses souhaits profonds et à sa motivation profonde. C'est en lien avec ce que vous disiez.

  • Speaker #1

    C'est très important parce que... Il y a une dimension aussi qui est liée à la liberté d'être, qui est associée au mot « autonomie » . C'est-à-dire que quand la personne se sent complètement contrôlée, elle peut développer une peur de ne pas performer adéquatement parce qu'elle a l'impression constamment d'être contrôlée. Donc, elle se surveille, surveille ses moindres gestes, ses moindres… paroles, etc. Pour ne pas être prise en flagrant délit d'erreur, puisqu'elle doit être parfaite pour recevoir de l'attention, comme quand elle offrait un poème de Kathleen, enfin, qu'elle ne s'était pas trompée. Donc, c'est la même chose. Et pour ne pas faire d'erreur, la personne, toute son attention, va être mobilisée par la surveillance de ce qu'elle pourrait faire, qu'elle pourrait être prise en flagrant délit d'erreur. comme être un impair qui pourrait amener un jugement sur elle et là activer l'ego dans sa peur de disparaître à cause du jugement lié à la pelure identitaire de ce qu'elle faisait, au lieu d'être dans l'autonomie et la possibilité de créer avec toute l'attention disponible, c'est une question de disponibilité d'attention, disponible pour permettre aux ressources, à l'intelligence, mais vraiment à l'intelligence. C'est pas la disparition de... Il y a des gens qui me disent, quand j'écris le livre, on est foutu, on pense trop. Oui. Il y a des gens qui disent, oui, mais on peut pas s'habituer de penser. C'est pas ce qu'on veut dire. C'est l'utilisation de l'intelligence pour une pensée pleine de créativité, pour une pensée en quête de solution, pour une pensée juste. C'est au lieu d'être dans une pensée inutile, sous forme d'un jugement sur soi, d'un blanc, d'une critique, donc il n'y a pas d'apprentissage qui a été tiré. Elle est là, la nuance, et elle est fondamentale.

  • Speaker #0

    Oui, complètement. Et c'est vrai que dans les entreprises, juste pour rebondir sur ce que vous dites, on a ces dernières décennies surprocessisées, en fait, les systèmes, les façons de travailler. Et en impliquant aussi un sur-contrôle. C'est vrai que j'entends encore beaucoup de managers qui disent « la confiance n'exclut pas le contrôle » . Sauf que cette phrase-là faisait partie du manifeste de Lénine et qu'aujourd'hui, c'est bien plus important d'être dans le soutien, dans l'humain, pour que la personne puisse être davantage, à son maximum, contribuer à sa juste place, en fait.

  • Speaker #1

    Il faut distinguer, vous venez de le dire, c'est super important, je reprends vos mots. Il faut distinguer contrôle de soutien.

  • Speaker #0

    Complètement.

  • Speaker #1

    Elle est là, la nuance. C'est très important.

  • Speaker #0

    Certaines personnes associent le contrôle au soutien. C'est complètement faux. Le soutien est une présence réelle à l'autre, à ses besoins, à travers une écoute. Toujours pour favoriser effectivement le développement de l'organisation, pour permettre la réalisation de la mission. Il peut arriver qu'une personne ne soit pas dans un espace. où son potentiel puisse se développer. Ça peut arriver. Elle est dans un poste qui ne correspond pas à ses talents. Ça, ça peut arriver. Un véritable soutien va permettre de découvrir ça.

  • Speaker #1

    De l'amener à mettre en lumière, effectivement, ce décalage.

  • Speaker #0

    Mettre en lumière pour découvrir qu'il y aurait peut-être un autre espace ou un réaménagement de l'espace ou un autre espace où le potentiel pourrait s'exprimer, plutôt que de donner.

  • Speaker #1

    Oui, mais d'ailleurs, très souvent, Serge, moi, je partage ce point de dire que parfois, d'amener une personne à réfléchir à sa prochaine étape, que ce soit à l'extérieur ou en interne, c'est un acte bienveillance. C'est l'amener aussi à voir clairement là où sont ses forces, où sont ses talents et là où elle peut contribuer à son maximum, plutôt que de la laisser dépérir dans une place qui n'est pas la sienne, où elle va être en échec. Ce qui va avoir aussi un impact important sur l'équipe et aussi sur soi en tant que manager. C'est important, effectivement, d'avoir conscience de ça. Même un licenciement peut être un acte de bienveillance quand l'intention est portée aussi sur la volonté, en fait, de faire grandir l'autre, de le faire avancer.

  • Speaker #0

    Plutôt que d'essayer la personne s'acharner à vouloir faire ouvrir à tout le monde qu'elle a de la valeur. Les tâches, une fonction qui ne correspond pas du tout à ses talents, son potentiel, ses capacités. Alors, ça devient un piège parce qu'elle peut se brûler elle-même. Et effectivement, ça peut avoir un impact sur l'équipe. Puis, elle passe à côté de la possibilité d'éprouver le plaisir qu'on a à développer son potentiel. Alors oui, dans la bienveillance, ça c'est du soutien. C'est pas du contrôle. C'est une relation bienveillante, saine. une collaboration même pour découvrir où est-ce que mon potentiel pourrait s'exprimer. Mais ça demande aussi parfois un acte d'humilité, au sens de, autant chez les deux personnes.

  • Speaker #1

    Bien sûr.

  • Speaker #0

    Parce qu'elles, par exemple, parfois passent par le contrôle pour elles-mêmes faire la preuve qu'elles sont au bon endroit. Il y a des gens qui vont confondre soutien et contrôle parce que leur propre égo peut avoir peur. de commettre une erreur si elle ne contrôle pas davantage une situation. Alors, donc, il y a un acte d'humilité de découvrir que tout à coup, peut-être que je suis en train de tomber dans le piège de vouloir tout contrôler et que c'est pour me rassurer moi-même. Donc, j'ai peut-être simplement observé là où je me sens menacé, découvrir qu'il n'y a peut-être pas. de véritables menaces, qui c'est peut-être simplement mon attention et mon hamster qui tourne dans ma tête, en train de me dire « si je ne fais pas ça, qu'est-ce qui va m'arriver ? » Apaiser ça, apaiser ça, découvrir tout à coup que je peux entrer dans un espace où peut-être je peux amener dans un dialogue l'autre personne dans la bienveillance à découvrir qu'il y aurait quelque chose qui lui conviendrait davantage. Qu'est-ce qu'on peut faire pour lui, pour elle ? Quel genre d'espace peut-on aménager pour que son potentiel s'exprime ? Où est son potentiel ? Quel est son potentiel ? Donc, tout ça, ça se découvre dans le dialogue. Mais ça demande un apaisement de l'ego.

  • Speaker #1

    Et ça demande, oui, un apaisement de l'ego. Et c'est un très bon point parce que là, vous mettez en exergue le fait que, finalement, on ne peut pas faire évoluer le système, une équipe des gens, si soi-même, en tant que leader, on n'a pas travaillé sur son ego. On n'est pas conscient de qui l'on est et on n'a pas acquis. Comme vous le disiez, une certaine humanité, un certain éveil finalement sur soi et sur les autres, de fait.

  • Speaker #0

    Sur le fonctionnement de ses propres peinures identitaires qui se sentent constamment menacées. Est-ce que je suis tombé dans le piège de croire que je suis ce que je fais ? Et là, je trouve ça très important de souligner ça parce que je l'ai vécu. C'est pour ça que j'en parle peut-être avec autant de passion, parce que mon père, à la poche de 56 ans, avait été convoqué avec tous les hommes de 50 ans et plus de l'endroit où il travaillait. On leur avait dit... Ils étaient dans un petit local, un après-midi à 16 heures, et on leur a dit, vous quittez vendredi. Donc, deux jours plus tard, c'est un mercredi, vous quittez dans deux jours. On leur avait donné une année de salaire, il n'y avait pas de fonds de retraite, rien de ça. On leur avait donné une année de salaire et un crayon. Et trois mois plus tard, en cours d'un repas de famille, un repas familial, je me suis retourné vers mon père, puis il tremblait, il transpirait. Il était blanc comme un drap. Il me disait que je n'allais vraiment pas bien. Et il avait un problème cardiaque. Je l'ai amené aux urgences. Il a été soigné. Mais l'image que je ne vous dirai jamais, il était assis sur une filière dans sa petite chemise d'hôpital. Il a pris ma main et il a dit, « Tu sais, je suis devenu un déchet social. »

  • Speaker #1

    Oh là là !

  • Speaker #0

    « Coup de massue dans mon front. Qu'arrive-t-il à mon père ? » Mais c'est la pelleur identitaire. Je suis ce que je fais. 56 ans, je suis ce que je fais. Je n'ai plus ce que je fais, donc je ne suis plus rien. Et là, dans une société où la performance et l'excellence occupaient déjà beaucoup de place, il a fabriqué une nouvelle pelure identitaire à travers ce jugement à l'intérieur de sa tête qu'il devait porter d'ailleurs depuis plusieurs mois sans en avoir parlé. Je suis un déchet social, je suis un déchet social. Sans l'avoir exprimé, il a fallu qu'il soit aux urgences de l'hôpital. pour exprimer ce qui l'habitait depuis trois mois et qui avait probablement généré le problème pour lequel il était. Alors donc, c'est...

  • Speaker #1

    Est-ce que juste cette petite histoire que vous nous partagez, elle est en lien avec ce qui a créé votre mission, quelque part ? Le fait que vous soyez dans l'accompagnement, la santé mentale, dans tout ce chemin-là que vous décrivez.

  • Speaker #0

    Ça a sûrement contribué. Ça a sûrement beaucoup contribué parce qu'évidemment, moi, devant lui, j'étais seul avec lui à ce moment-là. J'étais complètement désormais, estomaqué, subjugué parce que je venais d'entendre, tétanisé parce que je venais d'entendre. Et là, je me disais, mais qu'est-ce qu'il s'est-il passé dans sa tête ? Comment se fait-il qu'il en soit rendu là pour découvrir qu'il n'avait pas encore pris conscience qu'il était ce qui en lui ne vieillit jamais ? Son attention était tellement dans « je suis un richesse sociale, on m'a complètement rejeté » , etc. Avec tous les hommes de 50 ans et plus de cette organisation, c'était le critère. Donc, il y avait probablement d'autres hommes que lui qui avaient vécu ça aussi, mais que je ne voyais pas parce que j'étais évidemment avec mon père et mon père, c'est collaborateur. Il y avait seulement des hommes, il n'y avait pas de femmes. Alors donc, voilà l'importance pour n'importe quel manager de prendre conscience de ce qui se passe dans sa tête pour éviter de tomber dans le piège dans lequel mon père était tombé. Parce que c'est un piège qu'il y a tous les êtres humains. La connaissance de soi, la connaissance de soi, c'est ça que ça signifie.

  • Speaker #1

    Oui, oui, j'entends. Et c'est vrai qu'au regard de ce que vous dites, il y a ce rôle, l'importance finalement de développer la connaissance de soi en tant que leader. Il y a aussi quand même cette co-responsabilité aussi en tant que salarié. Et c'est vrai que moi, je l'ai beaucoup vécu dans les entreprises en tant que RH, où je trouvais qu'à force de transformation, on voyait toujours les processus d'affaires, les rôles et responsabilités, les indicateurs de performance. On positionnait les gens dans ces fonctions et puis les gens s'éteignaient. On passait... à côté d'un grand potentiel de contribution, parce que finalement, on ne s'était pas intéressé à leur singularité. Mais de la même manière, les salariés eux-mêmes, quelque part, faisaient partie du système, puisqu'ils étaient en attente de ce qui allait arriver, sans forcément se dire, « Ok, comment je peux remettre les mains sur le volant pour prendre aussi, être acteur de ce que je veux devenir en tant que professionnel et en tant qu'être humain, d'ailleurs ? » Et c'est là où, effectivement, c'est à deux niveaux. que ça se joue. Il y a la responsabilité de l'entreprise, des leaders aussi en tant que tels parce qu'ils sont quelque part un peu le niveau de plafonnement des changements qu'on peut opérer. Mais il y a aussi cette prise en charge et cette responsabilité que l'on a en tant qu'individu de décider à un moment donné de ne pas être attentiste et puis de créer son propre chemin aussi de vie professionnelle, voire de vie.

  • Speaker #0

    Je suis d'accord avec vous, mais totalement d'accord avec vous. Et je reviens à un impact extraordinaire sous-estimé chez les leaders. En tant que modèle.

  • Speaker #1

    Ah ben, complètement l'exemplarité.

  • Speaker #0

    L'exemplarité. Exactement, l'exemplarité. C'est le mot que vous utilisez davantage en France.

  • Speaker #1

    Peut-être.

  • Speaker #0

    Je suis convaincue, parce que en apprenant à observer le fonctionnement de son propre psychisme, en prenant à faire les distinctions dont on a parlé, entre tout l'univers de l'ego et l'univers de ce qui en nous ne vieillit jamais, c'est-à-dire la présence, etc. Il devient un exemple. Il ne faut pas sous-estimer l'impact au niveau symbolique que peut avoir, en tant qu'exemple, un leader dans une organisation. Parce que, qu'on le veuille ou non, dès qu'on devient leader, on est, ici on dit, on devient un modèle, c'est-à-dire on devient une espèce d'exemple, effectivement, de ce qu'il peut être, de ce qu'il peut s'exprimer, vivre. Et il y a beaucoup de personnes qui peuvent être influencées par ça de façon très saine, très positive.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui se passe chez lui ? Comme un parent, d'ailleurs, avec l'enfant, ou un professeur, un enseignant, une enseignante. L'enfant qui voit ce professeur, tout à coup, dans son cerveau, ça fait « Que fait-il ? » Quand le professeur ou l'enseignante est très présent, présent, il offre… un exemple de ce qu'est la présence, c'est-à-dire la capacité, ce qui en nous ne vient jamais, la capacité d'être là, sans qu'il y ait ces jugements qui viennent accaparer l'attention. Juste être là complètement, complètement. Mais ça, quand l'enfant voit ça, il voit que c'est possible. Dans une organisation, un leader, un manager, une manager peut offrir cette présence. proposition. Ce n'est pas imposer ça, c'est proposer ça. Parce que son comportement est observé qu'est-ce que cette personne-là a de particulier. Qu'est-ce qui la rend ça c'est important, qu'est-ce qui la rend si intéressante. Parce que l'intérêt qui se dégage de la présence rend la personne intéressante. L'intérêt qui se dégage à la présence, c'est l'intérêt pour l'autre, rend la personne intéressante. Ce n'est pas l'ego qui devient intéressant, c'est l'être.

  • Speaker #1

    Complètement. Et c'est vrai que de plus en plus, on est en quête quand même de dirigeants qui soient inspirants, qui soient inspirants de par leur authenticité finalement. Leur capacité aussi à avancer en étant cohérents, congruents avec... leur valeur au-delà, effectivement, du prisme de l'entreprise. C'est comment je reste en respect et en alignement avec qui je suis, même dans l'adversité. Donc ça, effectivement, c'est quelque chose qui fait sens aujourd'hui de plus en plus. Et c'était tout un exercice, finalement, d'amener à se rendre compte des masques que l'on peut porter au quotidien, et puis d'accepter surtout de les déposer. Et pour le moment, c'est vrai que je vois, quand j'accompagne des dirigeants, à quel point il y a quelque part... une jouissance vraie, à redécouvrir finalement qui l'on est et à oser finalement le porter et à se rendre compte de l'impact, effectivement, en termes de modèle que vous citez, sur justement les équipes, les entreprises que l'on peut diriger. Mais ça commence effectivement par soi en tant que dirigeant. Serge, j'aimerais ça effectivement sur juste, j'avais une question pour vous, j'aimerais ça avoir votre regard aussi sur notamment la notion de liberté individuelle, c'est vrai qu'on a cette vérité de se dire oui il faudrait cultiver la singularité de chacun, que le leader favorise cette singularité, de le oser être davantage en toute authenticité, mais on se rend bien compte que le défi finalement pour un dirigeant c'est de se dire comment effectivement on peut avancer dans une dynamique collective en travaillant sur sa liberté d'être individuelle.

  • Speaker #0

    La singularité, je l'associe dans l'espace de travail aux forces, aux capacités, aux talents de chacune et de chacun. Parce que les forces peuvent être complémentaires, les talents peuvent être complémentaires. Et les talents sont de l'ordre de la singularité. On n'a pas tous et toutes les mêmes talents. On n'a pas tous et toutes les mêmes forces. Alors, l'enjeu, le défi, à travers la présence, c'est de découvrir où sont les forces, les talents de chacune et de chacun. Et je reviens à ce que je disais tout à l'heure, si on crée des espaces où ces talents et ces forces peuvent se développer dans leur complémentarité, c'est beau être important, parce que les forces de l'un peuvent être complémentaires aux espaces où l'autre est moins fort, où l'autre est moins fort, et là c'est là que l'équipe apparaît bien sûr. Cette singularité n'est pas de l'ordre de l'ego. les phoques de chacun et de chacun, ce n'est pas dans l'univers de l'ego. C'est très concret, c'est une réalité. L'opinion que je développe, à laquelle je peux m'identifier, je peux en changer dans l'espace d'une fraction de seconde. Le talent qu'une personne peut avoir, elle va l'avoir toute sa vie. La force qu'une personne peut avoir, elle va l'avoir toute sa vie. Donc, c'est quelque chose qu'elle peut développer, même transmettre éventuellement. Si j'ai un talent dans le monde du sport... Je peux éventuellement avoir développé ce talent et même aider des personnes à développer le même talent. Si j'ai appris à jouer au tennis, j'ai un talent dans le tennis, je peux aider une personne, des enfants, des jeunes, à développer éventuellement le même talent. Alors, dans une organisation, c'est ça. Où sont les forces, les talents, les capacités de chacune et de chacun ? Comment peut-on créer un espace où elles peuvent se compléter ? s'appuyer les uns les uns les uns. Comment ces deux-là peuvent s'appuyer les uns sur les autres, etc. Alors, se complémenter. On n'est plus dans l'univers de l'ego où chacun, comment dirais-je, est dans les pelouses identitaires à défendre. Il faut entendre toutes les opinions, mais on ne peut pas nécessairement donner la même place à toutes les opinions parce que Il faut éventuellement faire une espèce de choix collectif, le plus possible ensemble, des opinions qui vont nous amener ensemble un peu plus loin dans le cheminement de l'organisation, de ce qu'on a à faire, de la mission qu'on a. Ça peut être autant dans le privé que dans le public, dans le public, dans une école.

  • Speaker #1

    C'est vrai que c'est oser finalement la confrontation saine, c'est oser faire part de sa vulnérabilité. c'est mettre à jour comme vous disiez les forces et d'ailleurs j'ai fait un podcast là-dessus avec un de vos compatriotes Jacques Forest je ne sais pas si ça vous parle qui travaille à l'université qui est spécialisé j'adore j'adore et je sais que vous avez fait une conférence en France avec lui un autre film voilà donc et oui je l'ai interviewé deux fois Jacques Forest sur le management par les forces qui est vraiment ce en quoi je crois profondément justement l'importance de travailler sur les forces plutôt que les faiblesses, ce que l'on n'est pas d'ailleurs.

  • Speaker #0

    Absolument, on n'est pas ces faiblesses non plus. C'est très important, c'est toujours le processus d'identification. Si je m'identifie à ce que je considère être une faible, enfin allons encore plus loin, si le cerveau crée une pelure identitaire avec une faiblesse et que le discours fait « je suis ce faible » , Évidemment, on entre dans l'état de déprime, alors que non, c'est le processus d'identification qui a créé une pelure identitaire avec une faiblesse. C'est un espace où il est préférable que je ne passe pas ma vie, que toute mon attention ne soit pas là toute ma vie, dans l'espoir que cette faiblesse deviendra tout à coup autre chose, plutôt que de permettre à l'attention d'aller vers les forces pour les développer. et découvrir chez l'autre quelque chose qui pourrait lui être utile à travers l'expression de ses forces.

  • Speaker #1

    Oui, complètement. Et notamment, vous savez que 90 % des plans de formation sont orientés sur le développement des faiblesses. De la même manière, à l'école, alors surtout en France, on entoure constamment les fautes plutôt que de souligner ce qui a été bien fait. Donc, on amène, finalement, on nous éduque à nous développer tout au long de notre vie sur ce que l'on n'est pas plutôt que sur ce que l'on est.

  • Speaker #0

    C'est un piège du cerveau. C'est très important d'observer pour sortir de ce conditionnement-là, parce que c'est un conditionnement, ce que vous venez de décrire.

  • Speaker #1

    Complètement.

  • Speaker #0

    Le cerveau, pendant des millions d'années, a eu tendance à privilégier de placer l'attention sur ce qu'il percevait comme une menace. Il l'a fait pendant des millions d'années. Alors donc, c'est devenu un conditionnement d'aller vers une faiblesse. est perçue comme une faiblesse, pourrait être considérée comme menaçante. Donc, l'attention est là, plutôt que d'aller vers la force, de leur importance. D'observer où est l'attention, parce que si elle passe des heures chaque jour dans ce qui est considéré comme une faiblesse, elle n'est plus disponible pour développer la force.

  • Speaker #1

    Complètement. Alors que le retour sur investissement du développement des faiblesses est vraiment moindre par rapport à... rapport au développement des forces. Et c'est vrai que ça m'arrive très fécamment des personnes que j'accompagne qui me disent, Yvan, j'ai fait un questionnaire de personnalité, regarde, en termes de leadership, il me manque ça, il me manque ça, il faudrait que tu m'aides à me développer là-dessus. Et je leur dis, non, on va déjà se concentrer sur ce qui a fait votre succès, ce qui fonctionne bien en vous, et on va voir comment on va le cultiver parce qu'il est là où vous allez trouver votre épanouissement et vous allez travailler avec un impact beaucoup plus important. Avant de se quitter, moi j'aimerais ça que vous nous transmettiez, que vous nous partagiez, comment vous vous cultivez au quotidien, dans votre vie professionnelle ou personnelle, justement, votre propre liberté d'être. Quelles sont vos pratiques, Serge ?

  • Speaker #0

    Je m'entraîne tous les jours. Le mot entraînement est très important. Comme on parle d'entraînement physique, on peut parler d'entraînement psychique. Alors, il y a un entraînement psychique que je fais tous les jours qu'on a appelé de la méditation. Moi, j'aime bien l'appeler entraînement psychique, parce que le mot méditation est accroché à des images parfois, où on voit quelqu'un assis en position de lotus. Bon, c'est correct de le faire, mais c'est aussi quelque chose, cet entraînement psychique peut se faire dans d'innombrables situations, tous les jours. Au volant de la voiture, quand on arrive, je donne souvent cet exemple-là, quand on arrive et que le feu change de couleur, qui devient jaune au moment où c'est notre tour, et qu'apparaît une réaction dans le corps, « Oh non, c'est encore à moi que ça arrive. » C'est une opportunité d'observer où est l'attention. D'aller sur ce discours qui peste contre l'environnement, qui a fait apparaître le feu jaune au moment orange, vous dites orange, au moment où j'arrive. Et ça, c'est la méditation. Quand j'écoute une autre personne, me rendre compte que pendant que je l'écoute, tout à coup, j'ai perdu son discours. Ah, je viens de me rendre compte. Je ramène l'attention sur ce que la personne est en train de dire. Ça, c'est de la méditation. C'est de la méditation. C'est de découvrir où est l'attention. Bien sûr, je peux, à un moment où j'aménage un 10 minutes, où je m'assois, 5 minutes, je m'assois et j'observe. où est mon attention en l'amenant sur mon souffle. J'observe sa danse. Parce que je l'amène sur mon souffle, ça fait trois secondes, elle n'est plus sur mon souffle parce qu'elle est accaparée par le hamster qui dit « Ah, j'ai oublié de faire ça ce matin. Ah non, non, j'y arriverai pas. Hop, hop, hop, je m'en rends compte. Ah, c'est pas grave, c'est pas grave, c'est pas grave, c'est pas grave. » Je ramène l'attention sur le souffle. Pendant cinq minutes, dix minutes. Plus je fais ça, plus il y a des synapses Plus qu'une configuration neurologique qui se structure pour faire en sorte que ce soit un réflexe au quotidien, cette observation de la danse de l'attention pour la ramener là où elle peut être vraiment, vraiment dans la présence. À la fois pour créer, à la fois pour collaborer, à la fois pour savourer complètement le spectacle de la vie.

  • Speaker #1

    Mais vous avez raison de revenir sur cette notion d'entraînement. Et notamment dans mon dernier podcast avec Thierry Hadda, qui est un philosophe, on est revenu sur le concept de la liberté d'être. Et il expliquait à quel point il y a un paradoxe finalement de la liberté, parce qu'il implique finalement de l'effort et de la discipline pour se restreintrer constamment finalement à qui l'on est profondément, plutôt que de se faire happer par le quotidien et par toute l'agitation externe et être nourri par son égo. Donc c'est complètement en lien. Finalement, il y a... un entraînement, il y a un effort, il y a une discipline à mettre en place pour être davantage au quotidien et ne pas se laisser happer.

  • Speaker #0

    Pour développer ce que j'aime appeler la vigilance. Cette espèce de vigilance qui nous permet de découvrir que tout à coup, la tension est accaparée par des jugements qui n'ont aucune utilité. Si un jugement peut avoir une utilité, on s'en rend compte aussi. Par exemple, si je dis, je ne sais pas moi, mon père qui disait je suis un déchet social, s'il avait pu observer ce jugement-là, il dirait oh oh oh oh, piège, ce n'est pas ce que je suis. Donc, ça devient utile de découvrir. On est tout à coup dans la connaissance de soi. Et qu'on peut ramener l'attention dans le présent sur ce que mon père a fini par faire, d'ailleurs. Sur des capacités qu'il possédait et qu'il a pu développer à partir de cet âge-là. Il ne les avait pas encore développées. Même en train d'avantage dans sa vulnérabilité, sa sensibilité, sa capacité d'exprimer des émotions qu'il ressentait, qu'il n'avait pas encore exprimées. Tout ça s'est fait à partir de ce moment-là. Alors là, ça devient utile. Autrement, c'est quelque chose qui entraîne un inconfort de la souffrance inutile.

  • Speaker #1

    Avant que je vous laisse partir, ça serait quoi le petit premier pas que vous pourriez suggérer aux personnes qui vous écoutent pour avancer vers une plus grande liberté d'être ? Un premier pas.

  • Speaker #0

    Je vais en faire quelques moments un chat de jour pour faire cette observation. Ça peut être, bon, on en parle depuis quelques centaines d'années de ça, mais c'est se donner la permission de le faire. Moi, si j'ouvre mon ordinateur, là, puis que tout à coup, je travaille, et que là, je n'en ai plus d'idées, là, j'en ai plus, là. Je suis en train d'écrire un texte, et puis, bon, il n'y a plus rien qui sort. Je m'arrête, et pendant quelques instants, là, ça, c'est le premier pas, je place mon attention sur mon souffle. Pour observer où est la tension. Est-ce qu'elle est en train de porter des jugements ? Alors, je n'y arriverai pas, je ne suis pas capable. Ou si elle est en train simplement d'être sur le souffle. Une minute, deux minutes, dans une file d'attente, dans une salle d'attente, au volant de sa voiture, peu importe où, dans la conversation, autour d'une table, avec d'autres. Parce que là, tout à coup, je me rends compte qu'il y a une contraction à l'intérieur de mon corps parce que quelqu'un... prononcer une phrase ou émise une opinion qui vient contredire l'opinion que j'avais émise avant. Hop ! Premier pas, observer ça. Je fais juste observer. Et tout à coup, il y a comme une espèce d'apaisement qui apparaît parce que je me rends compte que je ne suis pas mon opinion. Je veux juste observer ça pendant un repas de famille, avec des amis. Ça suffit. Ce sont ces petits pas-là qui, les uns après les autres, permettent d'entrer dans une meilleure connaissance de soi. Entrer dans un apaisement qui nous amène à la liberté d'être.

  • Speaker #1

    Qui nous amène à revenir à ce qui ne viendra jamais en nous. Celle-ci est la vie.

  • Speaker #0

    Celle-ci ne viendra jamais.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Serge, c'était vraiment un vrai bonheur de vous avoir.

  • Speaker #0

    Merci, merci à vous Yvanne.

  • Speaker #1

    Sans oublier votre prochaine sortie qui risque de ne pas tarder en France, de votre nouvel ouvrage, L'Espoir.

  • Speaker #0

    Un livre qui s'appelle Espoir au curiel. J'ai eu la chance de collaborer avec trois autres personnes sur cette réflexion qu'on a faite à propos de l'espoir aujourd'hui. Est-il possible, et j'utilise la phrase d'Albert Camus, j'ai introduit le texte que j'ai écrit avec la phrase d'Albert Camus, « Là, il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer » . J'adore cette phrase. Alors, il y a une réflexion autour de cette phrase-là, comment l'inventer, l'espoir. comment l'inventer. Et nous sommes tous et toutes capables de l'inventer.

  • Speaker #1

    Merci pour ce mot de fin en tous les cas et ce mot d'espoir. Merci beaucoup Serge.

  • Speaker #0

    Merci à vous Yvan. Bonne continuation. Merci.

  • Speaker #1

    Vous avez écouté le podcast Le SaaS des leaders. Si vous aussi avez envie de passer à la prochaine étape dans votre carrière, le développement de votre leadership ou avec vos équipes, rendez-vous sur le-saas-coaching.com

Description

Bienvenue dans un nouvel épisode du SAS des leaders.

Aujourd’hui, Yvane Le Dot, coach professionnelle accréditée ICF et fondatrice du cabinet Franco-Canadien "Le SAS" a le plaisir d’accueillir Serge Marquis.


Médecin, conférencier, auteur engagé… il explore avec humanité des sujets qui nous parlent à tous : le stress, l’ego — qu’il a si justement nommé Pensouillard le hamster —
et plus récemment, l’espérance, avec son dernier livre L’Espoir.


Serge nous invite à ralentir, à revenir à soi, à regarder autrement ce qui nous encombre : ce mental agité, ces pensées en boucle…
Ce bavard intérieur qui, trop souvent, nous éloigne de notre véritable nature.


Dans cette série consacrée à la liberté d’être, nous allons explorer avec lui une question à la fois simple… et essentielle :
Qu’est-ce qui nous empêche d’être vraiment nous-mêmes ?
Et comment retrouver ce chemin d’authenticité, en particulier dans un monde professionnel qui nous pousse à performer, à contrôler, à paraître ?


Dans cet épisode, nous parlerons de :

  • Ce que signifie concrètement la liberté d’être – et comment la cultiver ;

  • En quoi l’ego peut freiner notre authenticité au travail ;

  • Comment avancer avec plus de conscience de soi ;

  • Et comment les leaders peuvent créer des environnements où chacun se sent libre d’être… sans masque, sans rôle à jouer.


Et si, finalement, la liberté d’être n’était pas un objectif à atteindre,
mais une nature à retrouver ?

Très bonne écoute.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast Le Sass des leaders. Votre espace-temps pour ensemble, passez à la prochaine étape et avancez en cohérence avec les nouvelles attentes de la société. Bonjour à vous et bienvenue dans un nouvel épisode du Sas des leaders. Aujourd'hui, j'ai la joie d'accueillir Serge Marquis. Médecin, conférencier, auteur engagé, il explore avec humanité des sujets qui nous parlent à tous, le stress, l'ego, qu'il a si justement nommé « Pense-Rouillard le hamster » et plus récemment le sujet de l'espérance avec son tout dernier livre « L'espoir » . Serge nous invite à ralentir, à revenir à soi, à regarder autrement ce qui nous encombre, ce mental agité, ces pensées en boucle, ce bavard intérieur qui trop souvent nous éloigne de notre véritable nature. Dans cette série consacrée à la liberté d'être, nous allons explorer ensemble une question à la fois simple et essentielle. Qu'est-ce qui nous empêche d'être vraiment nous-mêmes ? Comment retrouver ce chemin d'authenticité, en particulier dans un monde professionnel qui nous pousse à performer, à contrôler, à paraître ? Alors nous parlerons ensemble de ce que signifie concrètement la liberté d'être et comment la cultiver. en quoi l'ego peut freiner notre enthousiastie au travail, comment avancer avec plus de conscience de soi, et comment les leaders peuvent créer des environnements où chacun se sent libre d'être, sans masque, sans rôle à jouer. Et si finalement, la liberté d'être n'était pas un objectif à atteindre, mais une nature à retrouver. Je vous souhaite une très bonne écoute et un très bon moment. Serge, je suis vraiment, ravie de vous avoir parmi nous aujourd'hui. pour ce podcast avec cette série spéciale quand même sur la liberté d'être. Alors, ça avait énormément de sens pour moi de vous recevoir. Et la première question que j'avais pour vous, c'était quelle est votre propre définition de la liberté d'être ?

  • Speaker #1

    Merci de m'accueillir, Yvanne. C'est très gentil. J'apprécie énormément d'être avec vous. C'est très simple. La liberté d'être, c'est la présence. C'est-à-dire la présence totale. de toute la conscience. Il y a des mots qui parfois se chevauchent, mais c'est la présence à ce qui se passe à l'intérieur et à ce qui se passe à l'extérieur. Sans jugement, sans critique, sans blâme, simplement une présence. Avoir, par exemple, au moment où on contemple, je raconte ça parce que c'est arrivé tout récemment, un oiseau par la fenêtre. En pleine liberté d'être, c'est qu'il n'y a plus que cet oiseau dans la tête. Même pas de jugement à propos de l'oiseau. Comment s'appelle-t-il cet oiseau ? Je ne m'en souviens pas. Ah, la couleur à gauche. Non, simplement une observation totale. Ça, c'est la liberté d'être. C'est la même chose avec les autres. On est en connexion complète avec l'autre, dans une présence à l'autre, sans qu'il y ait de jugement, encore une fois, sur l'autre. ou sur soi par rapport à l'autre. Voilà pour nous voir la véritable liberté d'être.

  • Speaker #0

    Là, vous m'amenez à faire le pont finalement avec une de vos grandes spécialités qui est l'ego. C'est comment finalement on amène à se défaire de l'ego. Et notamment, j'adore votre définition de l'ego à travers cette métaphore de l'oignon. Est-ce que vous pourriez la retransmettre ?

  • Speaker #1

    Oui, j'aime bien cette métaphore parce que pour moi, à travers les pelures de l'oignon, On peut parler des pelures comme étant des pelures identitaires. C'est très important parce que ça implique que ces pelures, on puisse en observer l'apparition et en observer aussi l'impact. Ce que je veux dire par là, c'est que le cerveau, c'est délicat, mais c'est important qu'on le dise, le cerveau à notre époque, je reviendrai tout à l'heure à la liberté d'être, le cerveau ne fait pas la distinction entre la perception d'une menace à la survie Et... perception d'une menace à une pelure identitaire, à toutes ces pelures qui constituent notre égo. Toute notre vie, il y a un mécanisme dans notre tête, ça commence très tôt, qui s'appelle un processus d'identification, qui fabrique ces pelures identitaires. Les enfants s'identifient à un jouet, s'identifient à un petit-fils, mon petit-fils s'est identifié à une carte. Pokémon. C'est très important parce que ça devient une pelure identitaire. Je suis ma carte Pokémon. Et dès qu'il y a un commentaire négatif à propos de la carte, ta carte est moins forte que la mienne, donc tu es moins fort que moi. Le cerveau, lui, saisit cette information et en fait l'objet d'un jugement intérieur. Ça se met à tourner dans la tête. De là la métaphore du hamster qui tourne dans sa roue. Ta carte est moins forte que la mienne, donc tu es moins fort que moi. devient dans la tête d'un enfant de 5 ans, je suis nul. Parce qu'il s'est identifié à la carte Pokémon. C'est très important d'échanger avec lui pour l'amener à découvrir qu'il n'est pas une carte Pokémon. Fondamental. Mais c'est comme ça toute la vie. On s'identifie plus tard comme adulte au travail que l'on fait. Je suis mon travail. Je suis le dossier sur lequel j'ai travaillé. Je suis le... projet sur lequel j'ai travaillé. Je dépose ce projet en réunion dans un groupe et alors les commentaires apparaissent, qui sont perçus comme des commentaires qui peuvent être perçus négativement à propos du projet. Qu'est-ce que c'est que ce projet ? On n'a pas les ressources pour faire ça. Qu'est-ce que tu as pris de travailler là-dessus ? Des choses du genre. Le cerveau entend ces commentaires. S'il y a eu identification au projet, les commentaires ne sont plus perçus comme des commentaires à propos du projet, mais à propos de la personne. Je suis mon projet. Donc, il est très important de développer une vigilance, et ce serait merveilleux si elle pouvait être présente toute notre vie, à chaque instant, qui nous permet de découvrir que nous ne sommes pas non plus ce que nous faisons. Les pelures, c'est entière. Il peut y en avoir une qui est liée à ce que l'on possède. Je suis ce que je possède. Les vêtements que je porte, la voiture que je conduis, la maison dans laquelle j'habite, etc. Une deuxième pelure, je suis ce que je fais. Donc, le travail que je fais chaque semaine, ça peut être une œuvre d'art, un livre que j'écris, ça peut être un tableau que je peins, mais on ne peint pas. Une troisième peur de l'identitaire est liée aux opinions que je peux émettre, aux idées que je peux émettre. Je suis mon opinion, je suis mon idée. Ça aussi, il faut une grande vigilance pour constater que nous ne sommes pas une idée, que nous ne sommes pas une opinion, qu'on peut changer d'idée et qu'on ne disparaîtra pas, qu'on peut changer d'opinion heureusement d'ailleurs et qu'on ne disparaîtra pas. Mais on peut se surprendre à défendre une opinion comme s'il en allait de notre survie, toujours pour la même raison, parce que le cerveau ne fait pas la distinction entre la perception d'une menace à la survie et la perception d'une menace à une pelure identitaire qui constitue l'ego. Donc, ce que nous possédons, ce que nous faisons, nos opinions, nos idées, notre apparence, ça fait une autre pelure identitaire. Je suis mon apparence, de sorte que si mon apparence change, une ride apparaît. Tout à coup, c'est la panique. Je ne suis plus qui j'étais. Je perds ma jeunesse, etc. Mais là, on essaie de faire disparaître la ride par toutes sortes de moyens pour maintenir l'apparence à laquelle on s'est identifié. Ça peut aller très, très loin avec les réseaux sociaux. Présentement, il y a beaucoup de jeunes qui sont victimes de ce processus d'identification. à leur apparence, à travers les photos qu'ils vont publier sur les réseaux sociaux, et à travers les commentaires négatifs qu'ils vont recevoir à propos de la photo. Ils se sont identifiés à la photo, je suis mon apparence, et qu'il y a un commentaire négatif à propos de la photo. Ce commentaire n'est plus perçu comme un commentaire à propos de la photo, mais à propos de leur être. Et là, ça entre dans la roue. Je suis laid, je suis laide, donc je ne serai plus apprécié, donc je ne serai plus aimé, donc il est possible que je sois rejeté, donc il est possible que je disparaisse.

  • Speaker #0

    Et alors comment, Serge ? Parce que j'entends effectivement que quelque part c'est un allant assez naturel de développer son avis pour créer sa propre identité, mais le risque c'est aussi de se perdre. et c'est de perdre finalement la nature de ce que l'on est profondément. Alors comment finalement on peut les enlever ces pelures ? Quels sont les protocoles, les pratiques ? J'ai entendu l'observation.

  • Speaker #1

    Oui, c'est un mot très important. C'est très important, Yvan, ce mot. Ça, c'est la clé. Le cerveau est capable de s'observer lui-même. Il le fait très peu. L'attention ne peut pas être à deux endroits en même temps. Si l'attention est accaparée par le discours intérieur, je suis nul, je suis laid, je suis incompétent, je suis trop vieux, je suis trop vieille. Ce genre de phrase, si l'attention est accaparée par ce discours, elle ne peut plus être dans le présent, là où sont nos ressources, nos capacités, notre créativité, là où peut s'exprimer notre intelligence. Donc, il faut apprendre, il faut permettre au cerveau d'apprendre à observer où est l'attention. Est-elle accaparée par des jugements sur soi ? Est-elle accaparée par des jugements sur les autres, ce qui est très important dans les entreprises d'ailleurs ? Est-elle accaparée par le fait qu'elle est dans le passé ? Ah, c'était tellement plus extraordinaire il y a un an, il y a deux ans, quand on fonctionnait de cette façon, blablabla, sans qu'il y ait d'une piste d'action possible. Autrement dit, la tension est accaparée par... C'était tellement extraordinaire quand j'étais dans tel lieu, à fréquenter telle personne, à avoir telle tâche comme responsabilité. C'est tellement merveilleux. Mais dans ce discours, il n'y a pas de piste d'action. Il n'y a pas d'apprentissage. Ah oui, c'était bien. Que puis-je tirer comme apprentissage de cette époque ? Que souhaiterais-je recréer qui pourrait être utile ? Donc, trans... transformer l'apprentissage en piste d'action possible. Un autre endroit où peut aller l'attention, c'est dans le futur, bien sûr, à travers des scénarios catastrophes. On ne sera jamais capable, on n'a pas les ressources nécessaires. Tout ça déclenche de l'inconfort, tout ça déclenche de l'anxiété, tout ça déclenche de la déprime. Mais à partir du moment où il y a eu observation, je reviens au mot. Du fait que l'attention est en train de construire des scénarios catastrophes, l'attention peut être ramenée dans le présent pour élaborer des pistes d'action en rapport avec les ressources que nous possédons pour aller vers les objectifs qu'on vise ou la mission qui est la nôtre, etc. Là, je parle d'une entreprise, bien sûr, d'une organisation. Mais il y a une chose très importante. nous ne sommes aucune de nos peulures identitaires. Ça, c'est très difficile à accepter, à accueillir. Je ne suis pas mon opinion. Le cerveau, au départ, la réaction quand notre opinion est attaquée par une opinion différente, que quelqu'un se met à essayer de détruire notre opinion ou notre idée, le cerveau instantanément réagit, comme s'il était devant un grand fauve. À l'époque où on marchait dans la plaine, on est autour d'une table en réunion, dans un comité, et quelqu'un est en train d'attaquer avec des mots une opinion que j'ai émise. Mon corps au complet réagit comme s'il était devant un grand fauve, parce qu'il s'est identifié à l'opinion. Il est d'ailleurs prêt à rugir en attaquant l'opinion de l'autre. Et là, c'est une escalade. Ça devient une tempête pendant la réunion entre les deux individus qui ont perdu de vue qu'ils travaillaient pour la même organisation et qu'ils pourraient mettre en commun leurs opinions respectives pour essayer d'extraire de ces deux opinions ce qui pourrait servir la mission, ce qui pourrait servir à atteindre les objectifs. L'ego devient un obstacle à la possibilité... de faire avancer la réflexion, de faire avancer la nature. Alors, c'est là que l'importance d'apprendre, et c'est un entraînement, permettre au cerveau de développer la capacité qu'il a de s'observer, de découvrir où est l'attention et de la ramener doucement. Sur ce que nous sommes vraiment, parce que vous avez mentionné ça tout à l'heure dans notre essence, je ne suis pas une pelure identitaire. Que suis-je ? J'emprunte la réponse toujours à la même personne, Marie de Hénézel, psychologue extraordinaire, qui disait, ici à Montréal, dans une conférence, elle disait, il faut découvrir en nous ce qui ne vieillit jamais.

  • Speaker #0

    C'est magnifique, cette phrase-là.

  • Speaker #1

    C'est une phrase extraordinaire. C'est une phrase fantastique. Qu'est-ce qui en nous ne vieillit jamais ? Toutes les pelures identitaires vieillissent. Ma voiture se transforme. J'ai pu m'identifier à ma voiture. Si quelqu'un fait un commentaire négatif à propos de sa voiture, je vais avoir une réaction négative. J'ai pu m'identifier à une opinion. Cette opinion se transforme. Il y a des événements, il y a des éléments dans l'environnement qui vont tout à coup faire en sorte que mon opinion disparaisse, se transforme. Donc, je ne suis pas ça. Je ne suis pas une opinion. Je ne suis pas ce que j'ai fabriqué. J'ai écrit un livre. Un an plus tard, il y a des idées nouvelles qui sont apparues. Et le livre est déjà un objet qui a sa propre vie, mais pour lequel il serait nécessaire de faire quelques ajustements, quelques nuances, parce que la science a découvert des choses nouvelles, etc. Et d'ailleurs,

  • Speaker #0

    je trouve quand même, Serge… Plus j'avance justement aussi sur le chemin de la liberté d'être, que ce soit avec mes clients ou sur mon propre chemin, je me rends compte à quel point, en fait, les choix les plus difficiles que l'on va faire, ça va être pour nous retrouver en tant qu'enfant, finalement, ce que l'on était de manière complètement innée, naturelle, ce que l'on aimait de manière profonde, et qui était là juste quand on était gamin. Et c'est un peu ça que vous dites, c'est comment on se défait finalement. du conditionnement de la société, de notre manière de créer notre propre identité dans le système, etc.

  • Speaker #1

    Très important de vous amener l'enfant dans la conversation, parce que très, très tôt, l'enfant, quand il joue, l'enfant est dans une présence complète. Toute son attention est dans le moment présent. Il est déjà à sa capacité, parce que qui en nous ne vieillit jamais, c'est ça. La capacité d'être présent au présent, qu'a l'enfant quand il joue, ça ne vieillit jamais. Je peux très bien, à 90 ans, jouer avec un enfant, entrer dans son monde, et cette capacité est intacte chez moi à 90 ans. Je suis encore capable de ça. Je suis encore capable de créer, de dessiner, tout ça, c'est encore là. Donc, cette capacité d'être présent au présent ne vieillit jamais. Elle est associée à... Il y a beaucoup de capacités qui ne vieillissent jamais. La capacité d'aimer ne vieillit jamais. La capacité de s'émerveiller ne vieillit jamais. Il y a des personnes, je le sais, j'en ai accompagné au soin palliatif, des personnes qui, à quelques heures avant leur mort, étaient encore en train de s'émerveiller devant un petit enfant, qu'un enfant leur amenait. J'ai vu ça, une femme qui avait accouché alors que sa mère était au soin palliatif, et elle a amené ses enfants à leur grand-mère. Elle s'est émerveillée, la capacité d'émerveillement était intacte. La capacité de savourer, ça ne vieillit jamais. La capacité d'apprendre, ça ne vieillit jamais. La capacité de transmettre, ça ne vieillit jamais. Toutes ces capacités, le grand défi. C'est à travers l'observation de détacher l'attention des pelures identitaires pour ramener l'attention sur ce qui en nous ne vieillit jamais. Ce que l'enfant fait naturellement. Mais l'enfant est lui-même piégé par l'apparition de ses propres pelures identitaires. Parce que déjà à 4 ans ou 5 ans, il peut s'identifier à une carte Pokémon.

  • Speaker #0

    Oui, c'est sûr.

  • Speaker #1

    Pour l'attention, on est accaparé par les jugements qui sont portés sur la carte Pokémon. C'est extraordinaire. Nous aussi, on fait ce travail, comme adultes, comme parents. Si on est capable d'observer là où est notre attention, si on est capable de la ramener sur ce qui est en nous ne vieillit jamais, on peut servir de modèle à l'enfant. On peut lui montrer que c'est possible. Il peut apprendre à le faire très tôt. Il peut apprendre à apaiser les jugements sur lui-même par lui-même. Il peut apprendre à apaiser les jugements sur l'autre par lui-même. Il peut apprendre à découvrir ce que devient la relation avec l'autre, les amitiés, les collaborations, les coopérations dans l'espace de travail plus tard. Tout ça, il peut découvrir, faire ses apprentissages très tôt et découvrir sa capacité à savourer, à profiter au maximum de ce que je viens de dénumérer.

  • Speaker #0

    Serge, justement... au-delà de la nature de l'ego, si on revient sur la notion de la liberté d'être, et notamment du monde du travail, quel est votre regard justement sur les entreprises, les sociétés où justement les égos sont bien en présence, mais aussi avec d'autres contraintes qui sont portées par la quête de la performance, ou quelque part où on recherche aussi à beaucoup amener les gens à se conformer au modèle, à avancer, peut-être de manière aussi Merci. moins dans la singularité. Alors, qu'est-ce que vous en pensez de ça ?

  • Speaker #1

    C'est un des grands pièges. L'émotion qui est au cœur de l'activité de l'égo, c'est la peur. La peur de ne pas être assez intéressant, donc de ne pas être reconnu, parce que très tôt, l'enfant associe le fait d'être reconnu avec recevoir de l'attention, ce qui va lui permettre de survivre. J'ai 4 ans, j'ai 5 ans. Je raconte souvent cet exemple-là parce que ça m'a beaucoup frappé de voir ça un jour. On a 4 ans, 5 ans, on est au pied de l'arbre de Noël, on récite un poème avec Kathleen et on termine le poème. Et là, toutes les personnes qui sont devant nous se mettent à applaudir. Bravo, bravo, t'es extraordinaire, t'es merveilleux. Tu ne t'es pas trompé. C'est ce qu'on entend. On a cinq ans et on entend « je suis merveilleux parce que je ne me suis pas trompé. Donc, si je veux continuer à être merveilleux, il ne faut plus que je me trompe. Et je veux continuer à être merveilleux parce qu'on m'applaudit quand je suis merveilleux. Donc, on s'occupe de moi. On m'apporte de l'attention. Donc, je vais survivre. Je ne dois donc plus me tromper. Je dois être. » parfait ou parfait, exceptionnel, pour continuer à recevoir l'attention qui va me permettre de survivre. Comme adulte, on a encore le même problème. On est au travail et là on cherche les moyens de performer, être exceptionnel, extraordinaire. On entre même en compétition parfois avec les collaborateurs, les collaboratrices, etc. pour des postes, pour toujours, c'est le vieux mécanisme là, pour recevoir la reconnaissance. Ça, c'est l'ego qui est dans ça. À travers le pelure identitaire travail, je veux être exceptionnel, me démarquer, être extraordinaire pour recevoir cette attention, cette reconnaissance qui est associée primitivement à la survie. J'ai zéro attention quand je suis enfant. On ne s'occupe plus de moi. J'ai peur de mourir. J'ai 5 ans, si personne ne s'occupe de moi, il va m'arriver quoi ? Alors qu'il y a eu un mécanisme. Mais là, je suis adulte, ce n'est plus du tout la même chose, mais c'est le même mécanisme qui joue. Donc là, je cache l'information, parce que je ne veux pas que l'autre ait la même information, parce que cette information va m'apporter un privilège, je vais pouvoir me démarquer, être spécial, exceptionnel, et donc recevoir les applaudissements. T'es donc extraordinaire, t'es donc merveilleux. Et c'est un piège, parce que je ne suis plus dans cette capacité qui en moi ne vieillit jamais, d'être présent au présent et d'entrer dans la collaboration avec les collaboratrices, les collaborateurs, pour entrer dans un contentement d'avoir créé quelque chose ensemble dont on va pouvoir se réjouir. Parce qu'au fond, ce n'est pas être... Ce n'est pas que l'ego soit flatté qui amène du contentement. Je répète, ce n'est pas que l'ego soit flatté qui amène du contentement. Ce qui amène du contentement, c'est la possibilité de développer ses capacités, ses compétences, son potentiel, ses ressources. Et c'est pour ça que dans une entreprise, si un leader est conscient de ça, une leader est consciente de ça, ils vont, ils ou elles, vont créer des espaces. Non pas où les gens vont pouvoir se donner des tables dans le dos, mais des espaces où ils vont pouvoir développer leur potentiel, leurs ressources, leurs capacités, ensemble, dans des dialogues. Parce que le dialogue permet de dire « Ah, merci, ça, je n'avais pas vu ça comme ça » . Ça va me permettre de cheminer davantage. Ça va me permettre d'aller plus loin. dans l'utilisation de mon potentiel et de mes ressources. Donc, on n'est plus dans « t'es donc extraordinaire, t'es donc merveilleux » , ce qui peut être de la flatterie de l'ego. On est dans « qu'est-ce qu'on pourrait faire pour que tu développes tes compétences, ton potentiel, tes ressources, tes capacités ? » Parce que c'est une des plus grandes sources de plaisir qu'un être humain puisse ressentir la possibilité de développer. son potentiel, que son potentiel s'exprime pleinement. L'intelligence, les talents, les dons.

  • Speaker #0

    Notamment, c'est un bon point parce que ça me fait penser à un podcast que j'ai fait avec Bernard Antselem. Je ne sais pas si ça vous parle. C'est un neuroscientifique qui, du coup, a étudié beaucoup les motivations profondes. Il reprend notamment ce que vous dites en disant qu'effectivement, tant qu'on va permettre à la personne de développer tout son affect, Donc, d'aimer, d'aimer son travail, d'aimer les autres, d'être en relation avec les autres, tant qu'on va l'amener à apprendre davantage, développer ses compétences, mais aussi tant qu'on va lui permettre d'agir de manière concrète et d'être en liberté d'agir et d'avoir de l'impact, là, finalement, on répond vraiment à ses souhaits profonds et à sa motivation profonde. C'est en lien avec ce que vous disiez.

  • Speaker #1

    C'est très important parce que... Il y a une dimension aussi qui est liée à la liberté d'être, qui est associée au mot « autonomie » . C'est-à-dire que quand la personne se sent complètement contrôlée, elle peut développer une peur de ne pas performer adéquatement parce qu'elle a l'impression constamment d'être contrôlée. Donc, elle se surveille, surveille ses moindres gestes, ses moindres… paroles, etc. Pour ne pas être prise en flagrant délit d'erreur, puisqu'elle doit être parfaite pour recevoir de l'attention, comme quand elle offrait un poème de Kathleen, enfin, qu'elle ne s'était pas trompée. Donc, c'est la même chose. Et pour ne pas faire d'erreur, la personne, toute son attention, va être mobilisée par la surveillance de ce qu'elle pourrait faire, qu'elle pourrait être prise en flagrant délit d'erreur. comme être un impair qui pourrait amener un jugement sur elle et là activer l'ego dans sa peur de disparaître à cause du jugement lié à la pelure identitaire de ce qu'elle faisait, au lieu d'être dans l'autonomie et la possibilité de créer avec toute l'attention disponible, c'est une question de disponibilité d'attention, disponible pour permettre aux ressources, à l'intelligence, mais vraiment à l'intelligence. C'est pas la disparition de... Il y a des gens qui me disent, quand j'écris le livre, on est foutu, on pense trop. Oui. Il y a des gens qui disent, oui, mais on peut pas s'habituer de penser. C'est pas ce qu'on veut dire. C'est l'utilisation de l'intelligence pour une pensée pleine de créativité, pour une pensée en quête de solution, pour une pensée juste. C'est au lieu d'être dans une pensée inutile, sous forme d'un jugement sur soi, d'un blanc, d'une critique, donc il n'y a pas d'apprentissage qui a été tiré. Elle est là, la nuance, et elle est fondamentale.

  • Speaker #0

    Oui, complètement. Et c'est vrai que dans les entreprises, juste pour rebondir sur ce que vous dites, on a ces dernières décennies surprocessisées, en fait, les systèmes, les façons de travailler. Et en impliquant aussi un sur-contrôle. C'est vrai que j'entends encore beaucoup de managers qui disent « la confiance n'exclut pas le contrôle » . Sauf que cette phrase-là faisait partie du manifeste de Lénine et qu'aujourd'hui, c'est bien plus important d'être dans le soutien, dans l'humain, pour que la personne puisse être davantage, à son maximum, contribuer à sa juste place, en fait.

  • Speaker #1

    Il faut distinguer, vous venez de le dire, c'est super important, je reprends vos mots. Il faut distinguer contrôle de soutien.

  • Speaker #0

    Complètement.

  • Speaker #1

    Elle est là, la nuance. C'est très important.

  • Speaker #0

    Certaines personnes associent le contrôle au soutien. C'est complètement faux. Le soutien est une présence réelle à l'autre, à ses besoins, à travers une écoute. Toujours pour favoriser effectivement le développement de l'organisation, pour permettre la réalisation de la mission. Il peut arriver qu'une personne ne soit pas dans un espace. où son potentiel puisse se développer. Ça peut arriver. Elle est dans un poste qui ne correspond pas à ses talents. Ça, ça peut arriver. Un véritable soutien va permettre de découvrir ça.

  • Speaker #1

    De l'amener à mettre en lumière, effectivement, ce décalage.

  • Speaker #0

    Mettre en lumière pour découvrir qu'il y aurait peut-être un autre espace ou un réaménagement de l'espace ou un autre espace où le potentiel pourrait s'exprimer, plutôt que de donner.

  • Speaker #1

    Oui, mais d'ailleurs, très souvent, Serge, moi, je partage ce point de dire que parfois, d'amener une personne à réfléchir à sa prochaine étape, que ce soit à l'extérieur ou en interne, c'est un acte bienveillance. C'est l'amener aussi à voir clairement là où sont ses forces, où sont ses talents et là où elle peut contribuer à son maximum, plutôt que de la laisser dépérir dans une place qui n'est pas la sienne, où elle va être en échec. Ce qui va avoir aussi un impact important sur l'équipe et aussi sur soi en tant que manager. C'est important, effectivement, d'avoir conscience de ça. Même un licenciement peut être un acte de bienveillance quand l'intention est portée aussi sur la volonté, en fait, de faire grandir l'autre, de le faire avancer.

  • Speaker #0

    Plutôt que d'essayer la personne s'acharner à vouloir faire ouvrir à tout le monde qu'elle a de la valeur. Les tâches, une fonction qui ne correspond pas du tout à ses talents, son potentiel, ses capacités. Alors, ça devient un piège parce qu'elle peut se brûler elle-même. Et effectivement, ça peut avoir un impact sur l'équipe. Puis, elle passe à côté de la possibilité d'éprouver le plaisir qu'on a à développer son potentiel. Alors oui, dans la bienveillance, ça c'est du soutien. C'est pas du contrôle. C'est une relation bienveillante, saine. une collaboration même pour découvrir où est-ce que mon potentiel pourrait s'exprimer. Mais ça demande aussi parfois un acte d'humilité, au sens de, autant chez les deux personnes.

  • Speaker #1

    Bien sûr.

  • Speaker #0

    Parce qu'elles, par exemple, parfois passent par le contrôle pour elles-mêmes faire la preuve qu'elles sont au bon endroit. Il y a des gens qui vont confondre soutien et contrôle parce que leur propre égo peut avoir peur. de commettre une erreur si elle ne contrôle pas davantage une situation. Alors, donc, il y a un acte d'humilité de découvrir que tout à coup, peut-être que je suis en train de tomber dans le piège de vouloir tout contrôler et que c'est pour me rassurer moi-même. Donc, j'ai peut-être simplement observé là où je me sens menacé, découvrir qu'il n'y a peut-être pas. de véritables menaces, qui c'est peut-être simplement mon attention et mon hamster qui tourne dans ma tête, en train de me dire « si je ne fais pas ça, qu'est-ce qui va m'arriver ? » Apaiser ça, apaiser ça, découvrir tout à coup que je peux entrer dans un espace où peut-être je peux amener dans un dialogue l'autre personne dans la bienveillance à découvrir qu'il y aurait quelque chose qui lui conviendrait davantage. Qu'est-ce qu'on peut faire pour lui, pour elle ? Quel genre d'espace peut-on aménager pour que son potentiel s'exprime ? Où est son potentiel ? Quel est son potentiel ? Donc, tout ça, ça se découvre dans le dialogue. Mais ça demande un apaisement de l'ego.

  • Speaker #1

    Et ça demande, oui, un apaisement de l'ego. Et c'est un très bon point parce que là, vous mettez en exergue le fait que, finalement, on ne peut pas faire évoluer le système, une équipe des gens, si soi-même, en tant que leader, on n'a pas travaillé sur son ego. On n'est pas conscient de qui l'on est et on n'a pas acquis. Comme vous le disiez, une certaine humanité, un certain éveil finalement sur soi et sur les autres, de fait.

  • Speaker #0

    Sur le fonctionnement de ses propres peinures identitaires qui se sentent constamment menacées. Est-ce que je suis tombé dans le piège de croire que je suis ce que je fais ? Et là, je trouve ça très important de souligner ça parce que je l'ai vécu. C'est pour ça que j'en parle peut-être avec autant de passion, parce que mon père, à la poche de 56 ans, avait été convoqué avec tous les hommes de 50 ans et plus de l'endroit où il travaillait. On leur avait dit... Ils étaient dans un petit local, un après-midi à 16 heures, et on leur a dit, vous quittez vendredi. Donc, deux jours plus tard, c'est un mercredi, vous quittez dans deux jours. On leur avait donné une année de salaire, il n'y avait pas de fonds de retraite, rien de ça. On leur avait donné une année de salaire et un crayon. Et trois mois plus tard, en cours d'un repas de famille, un repas familial, je me suis retourné vers mon père, puis il tremblait, il transpirait. Il était blanc comme un drap. Il me disait que je n'allais vraiment pas bien. Et il avait un problème cardiaque. Je l'ai amené aux urgences. Il a été soigné. Mais l'image que je ne vous dirai jamais, il était assis sur une filière dans sa petite chemise d'hôpital. Il a pris ma main et il a dit, « Tu sais, je suis devenu un déchet social. »

  • Speaker #1

    Oh là là !

  • Speaker #0

    « Coup de massue dans mon front. Qu'arrive-t-il à mon père ? » Mais c'est la pelleur identitaire. Je suis ce que je fais. 56 ans, je suis ce que je fais. Je n'ai plus ce que je fais, donc je ne suis plus rien. Et là, dans une société où la performance et l'excellence occupaient déjà beaucoup de place, il a fabriqué une nouvelle pelure identitaire à travers ce jugement à l'intérieur de sa tête qu'il devait porter d'ailleurs depuis plusieurs mois sans en avoir parlé. Je suis un déchet social, je suis un déchet social. Sans l'avoir exprimé, il a fallu qu'il soit aux urgences de l'hôpital. pour exprimer ce qui l'habitait depuis trois mois et qui avait probablement généré le problème pour lequel il était. Alors donc, c'est...

  • Speaker #1

    Est-ce que juste cette petite histoire que vous nous partagez, elle est en lien avec ce qui a créé votre mission, quelque part ? Le fait que vous soyez dans l'accompagnement, la santé mentale, dans tout ce chemin-là que vous décrivez.

  • Speaker #0

    Ça a sûrement contribué. Ça a sûrement beaucoup contribué parce qu'évidemment, moi, devant lui, j'étais seul avec lui à ce moment-là. J'étais complètement désormais, estomaqué, subjugué parce que je venais d'entendre, tétanisé parce que je venais d'entendre. Et là, je me disais, mais qu'est-ce qu'il s'est-il passé dans sa tête ? Comment se fait-il qu'il en soit rendu là pour découvrir qu'il n'avait pas encore pris conscience qu'il était ce qui en lui ne vieillit jamais ? Son attention était tellement dans « je suis un richesse sociale, on m'a complètement rejeté » , etc. Avec tous les hommes de 50 ans et plus de cette organisation, c'était le critère. Donc, il y avait probablement d'autres hommes que lui qui avaient vécu ça aussi, mais que je ne voyais pas parce que j'étais évidemment avec mon père et mon père, c'est collaborateur. Il y avait seulement des hommes, il n'y avait pas de femmes. Alors donc, voilà l'importance pour n'importe quel manager de prendre conscience de ce qui se passe dans sa tête pour éviter de tomber dans le piège dans lequel mon père était tombé. Parce que c'est un piège qu'il y a tous les êtres humains. La connaissance de soi, la connaissance de soi, c'est ça que ça signifie.

  • Speaker #1

    Oui, oui, j'entends. Et c'est vrai qu'au regard de ce que vous dites, il y a ce rôle, l'importance finalement de développer la connaissance de soi en tant que leader. Il y a aussi quand même cette co-responsabilité aussi en tant que salarié. Et c'est vrai que moi, je l'ai beaucoup vécu dans les entreprises en tant que RH, où je trouvais qu'à force de transformation, on voyait toujours les processus d'affaires, les rôles et responsabilités, les indicateurs de performance. On positionnait les gens dans ces fonctions et puis les gens s'éteignaient. On passait... à côté d'un grand potentiel de contribution, parce que finalement, on ne s'était pas intéressé à leur singularité. Mais de la même manière, les salariés eux-mêmes, quelque part, faisaient partie du système, puisqu'ils étaient en attente de ce qui allait arriver, sans forcément se dire, « Ok, comment je peux remettre les mains sur le volant pour prendre aussi, être acteur de ce que je veux devenir en tant que professionnel et en tant qu'être humain, d'ailleurs ? » Et c'est là où, effectivement, c'est à deux niveaux. que ça se joue. Il y a la responsabilité de l'entreprise, des leaders aussi en tant que tels parce qu'ils sont quelque part un peu le niveau de plafonnement des changements qu'on peut opérer. Mais il y a aussi cette prise en charge et cette responsabilité que l'on a en tant qu'individu de décider à un moment donné de ne pas être attentiste et puis de créer son propre chemin aussi de vie professionnelle, voire de vie.

  • Speaker #0

    Je suis d'accord avec vous, mais totalement d'accord avec vous. Et je reviens à un impact extraordinaire sous-estimé chez les leaders. En tant que modèle.

  • Speaker #1

    Ah ben, complètement l'exemplarité.

  • Speaker #0

    L'exemplarité. Exactement, l'exemplarité. C'est le mot que vous utilisez davantage en France.

  • Speaker #1

    Peut-être.

  • Speaker #0

    Je suis convaincue, parce que en apprenant à observer le fonctionnement de son propre psychisme, en prenant à faire les distinctions dont on a parlé, entre tout l'univers de l'ego et l'univers de ce qui en nous ne vieillit jamais, c'est-à-dire la présence, etc. Il devient un exemple. Il ne faut pas sous-estimer l'impact au niveau symbolique que peut avoir, en tant qu'exemple, un leader dans une organisation. Parce que, qu'on le veuille ou non, dès qu'on devient leader, on est, ici on dit, on devient un modèle, c'est-à-dire on devient une espèce d'exemple, effectivement, de ce qu'il peut être, de ce qu'il peut s'exprimer, vivre. Et il y a beaucoup de personnes qui peuvent être influencées par ça de façon très saine, très positive.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui se passe chez lui ? Comme un parent, d'ailleurs, avec l'enfant, ou un professeur, un enseignant, une enseignante. L'enfant qui voit ce professeur, tout à coup, dans son cerveau, ça fait « Que fait-il ? » Quand le professeur ou l'enseignante est très présent, présent, il offre… un exemple de ce qu'est la présence, c'est-à-dire la capacité, ce qui en nous ne vient jamais, la capacité d'être là, sans qu'il y ait ces jugements qui viennent accaparer l'attention. Juste être là complètement, complètement. Mais ça, quand l'enfant voit ça, il voit que c'est possible. Dans une organisation, un leader, un manager, une manager peut offrir cette présence. proposition. Ce n'est pas imposer ça, c'est proposer ça. Parce que son comportement est observé qu'est-ce que cette personne-là a de particulier. Qu'est-ce qui la rend ça c'est important, qu'est-ce qui la rend si intéressante. Parce que l'intérêt qui se dégage de la présence rend la personne intéressante. L'intérêt qui se dégage à la présence, c'est l'intérêt pour l'autre, rend la personne intéressante. Ce n'est pas l'ego qui devient intéressant, c'est l'être.

  • Speaker #1

    Complètement. Et c'est vrai que de plus en plus, on est en quête quand même de dirigeants qui soient inspirants, qui soient inspirants de par leur authenticité finalement. Leur capacité aussi à avancer en étant cohérents, congruents avec... leur valeur au-delà, effectivement, du prisme de l'entreprise. C'est comment je reste en respect et en alignement avec qui je suis, même dans l'adversité. Donc ça, effectivement, c'est quelque chose qui fait sens aujourd'hui de plus en plus. Et c'était tout un exercice, finalement, d'amener à se rendre compte des masques que l'on peut porter au quotidien, et puis d'accepter surtout de les déposer. Et pour le moment, c'est vrai que je vois, quand j'accompagne des dirigeants, à quel point il y a quelque part... une jouissance vraie, à redécouvrir finalement qui l'on est et à oser finalement le porter et à se rendre compte de l'impact, effectivement, en termes de modèle que vous citez, sur justement les équipes, les entreprises que l'on peut diriger. Mais ça commence effectivement par soi en tant que dirigeant. Serge, j'aimerais ça effectivement sur juste, j'avais une question pour vous, j'aimerais ça avoir votre regard aussi sur notamment la notion de liberté individuelle, c'est vrai qu'on a cette vérité de se dire oui il faudrait cultiver la singularité de chacun, que le leader favorise cette singularité, de le oser être davantage en toute authenticité, mais on se rend bien compte que le défi finalement pour un dirigeant c'est de se dire comment effectivement on peut avancer dans une dynamique collective en travaillant sur sa liberté d'être individuelle.

  • Speaker #0

    La singularité, je l'associe dans l'espace de travail aux forces, aux capacités, aux talents de chacune et de chacun. Parce que les forces peuvent être complémentaires, les talents peuvent être complémentaires. Et les talents sont de l'ordre de la singularité. On n'a pas tous et toutes les mêmes talents. On n'a pas tous et toutes les mêmes forces. Alors, l'enjeu, le défi, à travers la présence, c'est de découvrir où sont les forces, les talents de chacune et de chacun. Et je reviens à ce que je disais tout à l'heure, si on crée des espaces où ces talents et ces forces peuvent se développer dans leur complémentarité, c'est beau être important, parce que les forces de l'un peuvent être complémentaires aux espaces où l'autre est moins fort, où l'autre est moins fort, et là c'est là que l'équipe apparaît bien sûr. Cette singularité n'est pas de l'ordre de l'ego. les phoques de chacun et de chacun, ce n'est pas dans l'univers de l'ego. C'est très concret, c'est une réalité. L'opinion que je développe, à laquelle je peux m'identifier, je peux en changer dans l'espace d'une fraction de seconde. Le talent qu'une personne peut avoir, elle va l'avoir toute sa vie. La force qu'une personne peut avoir, elle va l'avoir toute sa vie. Donc, c'est quelque chose qu'elle peut développer, même transmettre éventuellement. Si j'ai un talent dans le monde du sport... Je peux éventuellement avoir développé ce talent et même aider des personnes à développer le même talent. Si j'ai appris à jouer au tennis, j'ai un talent dans le tennis, je peux aider une personne, des enfants, des jeunes, à développer éventuellement le même talent. Alors, dans une organisation, c'est ça. Où sont les forces, les talents, les capacités de chacune et de chacun ? Comment peut-on créer un espace où elles peuvent se compléter ? s'appuyer les uns les uns les uns. Comment ces deux-là peuvent s'appuyer les uns sur les autres, etc. Alors, se complémenter. On n'est plus dans l'univers de l'ego où chacun, comment dirais-je, est dans les pelouses identitaires à défendre. Il faut entendre toutes les opinions, mais on ne peut pas nécessairement donner la même place à toutes les opinions parce que Il faut éventuellement faire une espèce de choix collectif, le plus possible ensemble, des opinions qui vont nous amener ensemble un peu plus loin dans le cheminement de l'organisation, de ce qu'on a à faire, de la mission qu'on a. Ça peut être autant dans le privé que dans le public, dans le public, dans une école.

  • Speaker #1

    C'est vrai que c'est oser finalement la confrontation saine, c'est oser faire part de sa vulnérabilité. c'est mettre à jour comme vous disiez les forces et d'ailleurs j'ai fait un podcast là-dessus avec un de vos compatriotes Jacques Forest je ne sais pas si ça vous parle qui travaille à l'université qui est spécialisé j'adore j'adore et je sais que vous avez fait une conférence en France avec lui un autre film voilà donc et oui je l'ai interviewé deux fois Jacques Forest sur le management par les forces qui est vraiment ce en quoi je crois profondément justement l'importance de travailler sur les forces plutôt que les faiblesses, ce que l'on n'est pas d'ailleurs.

  • Speaker #0

    Absolument, on n'est pas ces faiblesses non plus. C'est très important, c'est toujours le processus d'identification. Si je m'identifie à ce que je considère être une faible, enfin allons encore plus loin, si le cerveau crée une pelure identitaire avec une faiblesse et que le discours fait « je suis ce faible » , Évidemment, on entre dans l'état de déprime, alors que non, c'est le processus d'identification qui a créé une pelure identitaire avec une faiblesse. C'est un espace où il est préférable que je ne passe pas ma vie, que toute mon attention ne soit pas là toute ma vie, dans l'espoir que cette faiblesse deviendra tout à coup autre chose, plutôt que de permettre à l'attention d'aller vers les forces pour les développer. et découvrir chez l'autre quelque chose qui pourrait lui être utile à travers l'expression de ses forces.

  • Speaker #1

    Oui, complètement. Et notamment, vous savez que 90 % des plans de formation sont orientés sur le développement des faiblesses. De la même manière, à l'école, alors surtout en France, on entoure constamment les fautes plutôt que de souligner ce qui a été bien fait. Donc, on amène, finalement, on nous éduque à nous développer tout au long de notre vie sur ce que l'on n'est pas plutôt que sur ce que l'on est.

  • Speaker #0

    C'est un piège du cerveau. C'est très important d'observer pour sortir de ce conditionnement-là, parce que c'est un conditionnement, ce que vous venez de décrire.

  • Speaker #1

    Complètement.

  • Speaker #0

    Le cerveau, pendant des millions d'années, a eu tendance à privilégier de placer l'attention sur ce qu'il percevait comme une menace. Il l'a fait pendant des millions d'années. Alors donc, c'est devenu un conditionnement d'aller vers une faiblesse. est perçue comme une faiblesse, pourrait être considérée comme menaçante. Donc, l'attention est là, plutôt que d'aller vers la force, de leur importance. D'observer où est l'attention, parce que si elle passe des heures chaque jour dans ce qui est considéré comme une faiblesse, elle n'est plus disponible pour développer la force.

  • Speaker #1

    Complètement. Alors que le retour sur investissement du développement des faiblesses est vraiment moindre par rapport à... rapport au développement des forces. Et c'est vrai que ça m'arrive très fécamment des personnes que j'accompagne qui me disent, Yvan, j'ai fait un questionnaire de personnalité, regarde, en termes de leadership, il me manque ça, il me manque ça, il faudrait que tu m'aides à me développer là-dessus. Et je leur dis, non, on va déjà se concentrer sur ce qui a fait votre succès, ce qui fonctionne bien en vous, et on va voir comment on va le cultiver parce qu'il est là où vous allez trouver votre épanouissement et vous allez travailler avec un impact beaucoup plus important. Avant de se quitter, moi j'aimerais ça que vous nous transmettiez, que vous nous partagiez, comment vous vous cultivez au quotidien, dans votre vie professionnelle ou personnelle, justement, votre propre liberté d'être. Quelles sont vos pratiques, Serge ?

  • Speaker #0

    Je m'entraîne tous les jours. Le mot entraînement est très important. Comme on parle d'entraînement physique, on peut parler d'entraînement psychique. Alors, il y a un entraînement psychique que je fais tous les jours qu'on a appelé de la méditation. Moi, j'aime bien l'appeler entraînement psychique, parce que le mot méditation est accroché à des images parfois, où on voit quelqu'un assis en position de lotus. Bon, c'est correct de le faire, mais c'est aussi quelque chose, cet entraînement psychique peut se faire dans d'innombrables situations, tous les jours. Au volant de la voiture, quand on arrive, je donne souvent cet exemple-là, quand on arrive et que le feu change de couleur, qui devient jaune au moment où c'est notre tour, et qu'apparaît une réaction dans le corps, « Oh non, c'est encore à moi que ça arrive. » C'est une opportunité d'observer où est l'attention. D'aller sur ce discours qui peste contre l'environnement, qui a fait apparaître le feu jaune au moment orange, vous dites orange, au moment où j'arrive. Et ça, c'est la méditation. Quand j'écoute une autre personne, me rendre compte que pendant que je l'écoute, tout à coup, j'ai perdu son discours. Ah, je viens de me rendre compte. Je ramène l'attention sur ce que la personne est en train de dire. Ça, c'est de la méditation. C'est de la méditation. C'est de découvrir où est l'attention. Bien sûr, je peux, à un moment où j'aménage un 10 minutes, où je m'assois, 5 minutes, je m'assois et j'observe. où est mon attention en l'amenant sur mon souffle. J'observe sa danse. Parce que je l'amène sur mon souffle, ça fait trois secondes, elle n'est plus sur mon souffle parce qu'elle est accaparée par le hamster qui dit « Ah, j'ai oublié de faire ça ce matin. Ah non, non, j'y arriverai pas. Hop, hop, hop, je m'en rends compte. Ah, c'est pas grave, c'est pas grave, c'est pas grave, c'est pas grave. » Je ramène l'attention sur le souffle. Pendant cinq minutes, dix minutes. Plus je fais ça, plus il y a des synapses Plus qu'une configuration neurologique qui se structure pour faire en sorte que ce soit un réflexe au quotidien, cette observation de la danse de l'attention pour la ramener là où elle peut être vraiment, vraiment dans la présence. À la fois pour créer, à la fois pour collaborer, à la fois pour savourer complètement le spectacle de la vie.

  • Speaker #1

    Mais vous avez raison de revenir sur cette notion d'entraînement. Et notamment dans mon dernier podcast avec Thierry Hadda, qui est un philosophe, on est revenu sur le concept de la liberté d'être. Et il expliquait à quel point il y a un paradoxe finalement de la liberté, parce qu'il implique finalement de l'effort et de la discipline pour se restreintrer constamment finalement à qui l'on est profondément, plutôt que de se faire happer par le quotidien et par toute l'agitation externe et être nourri par son égo. Donc c'est complètement en lien. Finalement, il y a... un entraînement, il y a un effort, il y a une discipline à mettre en place pour être davantage au quotidien et ne pas se laisser happer.

  • Speaker #0

    Pour développer ce que j'aime appeler la vigilance. Cette espèce de vigilance qui nous permet de découvrir que tout à coup, la tension est accaparée par des jugements qui n'ont aucune utilité. Si un jugement peut avoir une utilité, on s'en rend compte aussi. Par exemple, si je dis, je ne sais pas moi, mon père qui disait je suis un déchet social, s'il avait pu observer ce jugement-là, il dirait oh oh oh oh, piège, ce n'est pas ce que je suis. Donc, ça devient utile de découvrir. On est tout à coup dans la connaissance de soi. Et qu'on peut ramener l'attention dans le présent sur ce que mon père a fini par faire, d'ailleurs. Sur des capacités qu'il possédait et qu'il a pu développer à partir de cet âge-là. Il ne les avait pas encore développées. Même en train d'avantage dans sa vulnérabilité, sa sensibilité, sa capacité d'exprimer des émotions qu'il ressentait, qu'il n'avait pas encore exprimées. Tout ça s'est fait à partir de ce moment-là. Alors là, ça devient utile. Autrement, c'est quelque chose qui entraîne un inconfort de la souffrance inutile.

  • Speaker #1

    Avant que je vous laisse partir, ça serait quoi le petit premier pas que vous pourriez suggérer aux personnes qui vous écoutent pour avancer vers une plus grande liberté d'être ? Un premier pas.

  • Speaker #0

    Je vais en faire quelques moments un chat de jour pour faire cette observation. Ça peut être, bon, on en parle depuis quelques centaines d'années de ça, mais c'est se donner la permission de le faire. Moi, si j'ouvre mon ordinateur, là, puis que tout à coup, je travaille, et que là, je n'en ai plus d'idées, là, j'en ai plus, là. Je suis en train d'écrire un texte, et puis, bon, il n'y a plus rien qui sort. Je m'arrête, et pendant quelques instants, là, ça, c'est le premier pas, je place mon attention sur mon souffle. Pour observer où est la tension. Est-ce qu'elle est en train de porter des jugements ? Alors, je n'y arriverai pas, je ne suis pas capable. Ou si elle est en train simplement d'être sur le souffle. Une minute, deux minutes, dans une file d'attente, dans une salle d'attente, au volant de sa voiture, peu importe où, dans la conversation, autour d'une table, avec d'autres. Parce que là, tout à coup, je me rends compte qu'il y a une contraction à l'intérieur de mon corps parce que quelqu'un... prononcer une phrase ou émise une opinion qui vient contredire l'opinion que j'avais émise avant. Hop ! Premier pas, observer ça. Je fais juste observer. Et tout à coup, il y a comme une espèce d'apaisement qui apparaît parce que je me rends compte que je ne suis pas mon opinion. Je veux juste observer ça pendant un repas de famille, avec des amis. Ça suffit. Ce sont ces petits pas-là qui, les uns après les autres, permettent d'entrer dans une meilleure connaissance de soi. Entrer dans un apaisement qui nous amène à la liberté d'être.

  • Speaker #1

    Qui nous amène à revenir à ce qui ne viendra jamais en nous. Celle-ci est la vie.

  • Speaker #0

    Celle-ci ne viendra jamais.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Serge, c'était vraiment un vrai bonheur de vous avoir.

  • Speaker #0

    Merci, merci à vous Yvanne.

  • Speaker #1

    Sans oublier votre prochaine sortie qui risque de ne pas tarder en France, de votre nouvel ouvrage, L'Espoir.

  • Speaker #0

    Un livre qui s'appelle Espoir au curiel. J'ai eu la chance de collaborer avec trois autres personnes sur cette réflexion qu'on a faite à propos de l'espoir aujourd'hui. Est-il possible, et j'utilise la phrase d'Albert Camus, j'ai introduit le texte que j'ai écrit avec la phrase d'Albert Camus, « Là, il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer » . J'adore cette phrase. Alors, il y a une réflexion autour de cette phrase-là, comment l'inventer, l'espoir. comment l'inventer. Et nous sommes tous et toutes capables de l'inventer.

  • Speaker #1

    Merci pour ce mot de fin en tous les cas et ce mot d'espoir. Merci beaucoup Serge.

  • Speaker #0

    Merci à vous Yvan. Bonne continuation. Merci.

  • Speaker #1

    Vous avez écouté le podcast Le SaaS des leaders. Si vous aussi avez envie de passer à la prochaine étape dans votre carrière, le développement de votre leadership ou avec vos équipes, rendez-vous sur le-saas-coaching.com

Share

Embed

You may also like