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Sabine VICTOR-PUJEBET, de la transmission dans les tuyaux, 1/2 cover
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Le territoire en Éc[h]o

Sabine VICTOR-PUJEBET, de la transmission dans les tuyaux, 1/2

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10min |12/02/2025
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Transcription

  • Speaker #0

    Les histoires d'entrepreneurs, les échos du territoire, le territoire en écho, un podcast de Roissy Dev.

  • Speaker #1

    Bonjour et bienvenue dans cette série réalisée pour et par les entrepreneurs du territoire de Roissy Pays de France. Dans ce podcast, vous découvrirez les parcours inspirants de celles et ceux qui façonnent l'économie locale. Aujourd'hui, vous avez rendez-vous avec la dirigeante de CQFT, le comptoir de quincaillerie fers et tubes à Goussainville. Elle hésite à se définir en trois mots et finalement en choisit cinq. Obstinée, volontaire, pointilleuse, exigeante et un peu de MacGyver, car elle trouve toujours des solutions à tout. Voici la première partie d'un rendez-vous avec Sabine Victor-Pujebet.

  • Speaker #0

    Le territoire en écho, un podcast de Roissy Dev.

  • Speaker #1

    Bonjour Sabine.

  • Speaker #2

    Bonjour.

  • Speaker #1

    Vous êtes la dirigeante de CQFT, c'est le comptoir de quincaillerie fer et tube. Et c'est une belle histoire qui dure depuis longtemps maintenant.

  • Speaker #2

    Oui, depuis très longtemps. Nous sommes dans les bâtiments depuis 1970. Donc voilà. Et nous avons racheté avec mon mari en 1991. Voilà, c'est une affaire familiale. J'ai pris la suite de mon père. Et mes enfants sont en passe de prendre la suite. Donc on en est à la troisième génération.

  • Speaker #1

    Je ne suis pas un perdreau de l'année, vous m'avez dit. Donc, je transmets à mes enfants. Alors, c'est quoi le lien entre je transmets à mes enfants parce que je ne suis pas un perdreau de l'année ?

  • Speaker #2

    Parce qu'il y a un moment où on arrive à vouloir arrêter, à vouloir faire autre chose. Et puis, quand les enfants sont dans la société, on a envie qu'ils prennent leur envol. Donc, pour qu'ils prennent leur envol comme il faut, il faut savoir se retirer. Donc, je pense qu'on est sur cette dynamique-là pour l'instant.

  • Speaker #1

    Alors pour l'instant, vous êtes en période de tuilage, en quelque sorte. Vous êtes encore…

  • Speaker #2

    On est en train de les former, de leur mettre le pied à l'étrier, je dis on, parce que mon mari travaille avec nous également, c'est vraiment la société familiale. Et donc, on est en train de les former, de les initier à pas mal de choses. Et quand ils seront assez grands, entre guillemets, on les laissera s'envoler. Mais ils ont déjà bien pris l'envol.

  • Speaker #1

    J'ai l'impression, il y a Léa, il y a Thomas.

  • Speaker #2

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #1

    Léa et Thomas. Léa est à la communication ?

  • Speaker #2

    Léa est rentrée à la communication. En fait, elle a fait des études de com, etc. Et puis, elle a fait plusieurs, des boulots un petit peu partout, aussi bien dans des grosses boîtes que dans des toutes petites. Et puis, à un moment, elle tournait un peu en rond. Quand il fallait une signature, demander quatre signatures, ça l'a énervée. Et donc, je lui ai dit, écoute, nous, on cherche quelqu'un. Donc, si tu veux, tu viens.

  • Speaker #1

    Ça ne s'est pas fait automatiquement, en fait. Elle a tracé sa route et puis un jour…

  • Speaker #2

    Ils ont tous les deux tracé leur route avant. Il y a un moment où ils avaient fait le tour du poste dans lequel ils étaient ou des postes dans lequel ils étaient. Et en fait, moi, j'ai appliqué la même méthode que mon père avait fait avec moi, c'est-à-dire au bout d'un moment, tu essayes, tu viens et si ça va, ça va. Si ça va pas, dans un an, tu reprends tes études ou tu refais autre chose. Ce n'est pas un souci.

  • Speaker #1

    Ça voudrait dire quoi, ça va pas ?

  • Speaker #2

    On ne s'entend pas, le métier ne me plaît pas. Travailler en famille, ce n'est pas forcément toujours évident. Oui, c'est vrai. Donc, on s'entend très bien, ça se passe bien, mais quand on travaille ensemble, les relations sont différentes. Donc, je pense qu'on s'est donné un an dans tous les cas en disant on essaye.

  • Speaker #1

    On a parlé de Léa et Thomas, quelle est sa place ?

  • Speaker #2

    Alors, donc Léa, je continue sur Léa. Donc, elle a la place communication et je l'initie de plus en plus à la gestion, puisque c'est quand même ma partie initiale. Donc, elle a l'air de bien s'y mettre. Au début, elle était un peu réticente, mais finalement, ça lui plaît et elle ne fait pas que ça. Et Thomas, sa place, c'est plus commercial. Achat, vente et développement. Et il vend ? Thomas est un gros développeur. Il nous booste beaucoup sur plein de choses. Donc là, on est en pleine mutation, je dirais.

  • Speaker #1

    Et il vend des tubes, des tôles, des poutrelles, des grillages et tout ça ?

  • Speaker #2

    On a plus de 2000 références en stock maintenant. Donc oui, on vend de tout. Mais c'est le produit métallurgique à la base.

  • Speaker #1

    Ah si, allu, Inox, bon, je fais le pitch à votre place et à la place de Thomas. Vous demanderez à Thomas si le pitch était bon. Et alors, c'est vrai qu'on dit souvent qu'avoir des enfants, c'est devenir manager d'une certaine façon. Mais alors vous, vous êtes deux fois manager. C'est quoi la méthode Sabine pour manager ses enfants ?

  • Speaker #2

    C'est une bonne question. J'essaye, c'est compliqué parce que j'essaye de ne pas appliquer ce que mon père a fait avec moi parce que je ne l'ai pas très bien vécu.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui s'est passé ?

  • Speaker #2

    Il n'a pas su se retirer à temps en fait, il était là sans être là. Donc, il me laissait faire, mais il prenait quand même encore les décisions. Donc, j'étais en porte à faux. C'était compliqué jusqu'au moment où on a fini par clasher, gentiment mais bien clasher quand même. Et là, il était intelligent, il m'a dit bon, c'est bon, j'ai compris, j'arrête, je te laisse. C'est pour ça que je dis, quand les enfants seront prêts, je pars. Je ne veux plus rester parce qu'il faut qu'ils prennent leurs responsabilités, il faut qu'ils s'assument. Donc en fait, manager, c'est les préparer. et puis après les laisser faire. Et ils feront des bêtises, ils feront des erreurs. Mais il faut en faire, c'est comme ça qu'on apprend.

  • Speaker #1

    Vous avez des souvenirs d'une erreur que vous avez commise ?

  • Speaker #2

    Une erreur ? Non, oui et non. Enfin, j'ai fait des erreurs de jeunesse. C'est comme la visite de l'usine.

  • Speaker #1

    Alors, la visite de l'usine, tiens, justement.

  • Speaker #2

    C'est une belle erreur, oui et non.

  • Speaker #1

    Vous êtes une jeune professionnelle à l'époque et vous débarquez en usine en talons ?

  • Speaker #2

    Oui, en fait. C'était une très grosse usine, des usines sidérurgiques de l'époque, vraiment les grosses usines. Et c'était un fournisseur très important pour nous. Et donc, mon père voulait me montrer l'usine et me faire découvrir cet endroit qui était une fabrique de tubes. C'est impressionnant à voir. Ça fait du bruit, ça sent fort. Il y a une ambiance vraiment d'industrie. Donc, je voulais faire bonne impression. Donc, je m'étais mis petite jupette, chaussures à talons pour faire bonne impression. Il faut lui faire confiance. J'avais besoin qu'il me croit et qu'il me croit capable de gérer cette boîte. Et donc, j'y vais, très bien. Et donc, on arrive là-bas. On est reçus comme des rois. Puis, il me dit, ça vous intéresse de visiter l'usine ? Oui, bien sûr que ça m'intéresse. Je veux savoir comment les produits sont fabriqués. Et nous voilà partis dans l'usine. Et l'usine, c'est que des caillebottis. Donc, vous savez, les trucs en métal avec des trous partout.

  • Speaker #1

    Ah oui, ben oui.

  • Speaker #2

    Et les caillebottis... passaient au-dessus des lignes. Donc, vous aviez tous les ouvriers en dessous, nous au-dessus, donc moi en petite jupe et talons, sur des caillebottis, juste du bonheur. Voilà. Donc, j'étais en mode un peu pingouin sur mes... Enfin, c'était terrible. Donc, je suis arrivée... Donc, finalement, ça s'est bien passé, ils m'ont expliqué. Et puis, sur les pointes de pied, à la fin de la journée, j'avais mal aux jambes, j'avais mal au mollet. C'était une horreur.

  • Speaker #1

    La bonne nouvelle, c'est qu'on ne peut pas monter sur ses grands chevaux quand c'est comme ça. En quelque sorte.

  • Speaker #2

    Non, mais c'était assez. Mais ça me laisse de très bons souvenirs. Je suis arrivée, j'ai pris mes chaussures à talons qui étaient complètement bousillées. Je les ai mises à la poubelle. Et depuis, je suis en jean basket. C'est très bien.

  • Speaker #1

    Et puis, ça se passe bien quand même. Justement, en parlant de jean basket, ça me fait penser au mouvement. Quelle place a la notion de mouvement dans votre quotidien de dirigeante, Sabine ?

  • Speaker #2

    On est toujours au mouvement. On est sans arrêt en train de courir, en train de bouger, en train de… Le mouvement, pour moi, c'est naturel. Enfin, c'est obligatoire. On ne peut pas rester figés. Celui qui fige… Enfin, oui, non. Nous, on avance tout le temps. On est toujours en train d'innover, en train de bouger, en train de courir, en train de recevoir, en train de…

  • Speaker #1

    Si je viens tourner avec une caméra chez vous, je vois Speedy Gonzales. Je vois qui ? Je vois quoi ?

  • Speaker #2

    Il y a du tout de partout. Oui, oui, tout à fait. C'est un peu ça. Je voudrais quand même revenir un peu sur les visites d'usines, parce qu'il faut quand même dire une chose, c'était donc il y a longtemps, il y a 40 ans, il y a 30 ans, oui, 40 ans. À l'époque, dans ces usines-là, ça m'avait frappé également, c'est qu'en fait, il n'y avait aucune femme. Même les secrétaires étaient des hommes. Et donc, en fait, ils n'avaient absolument pas l'habitude de voir débarquer une petite nenette de 20 ans. Donc, ça ne leur avait même pas venu à l'esprit de me dire, attention, vous mettez chaussures et machin. Parce qu'en fait, ils ne l'envoyaient jamais. Donc, j'étais un peu un ovni, un cheveu sur la soupe arrivé dans cette usine. On ne sait pas pourquoi.

  • Speaker #1

    Un récent magazine vous a invité, d'ailleurs, au sein d'un dossier intitulé Dirigeante dans un métier d'homme Alors, est-ce que vous exercez un métier d'homme sous prétexte qu'ils sont majoritaires ou est-ce que c'est un métier mixte ? parce que vous n'avez pas encore dit votre dernier mot.

  • Speaker #2

    C'est un métier qui évolue énormément. J'étais la semaine dernière encore en usine et c'est une femme qui dirige maintenant l'usine. Donc, les choses changent. Et heureusement. Mais moi, je n'ai jamais été... Voilà, en me disant, je suis une femme, donc je ne peux pas. Ça, ça ne m'est jamais venu à l'esprit. Je suis moi. C'est tout. Et voilà. À partir du moment où je peux, je peux. Que je sois une femme, un homme, un machin, ça n'a aucune importance pour moi.

  • Speaker #1

    Il y a quelques gros bras qui ont dû vous regarder un peu de travers, un peu de haut parfois ?

  • Speaker #2

    J'ai eu beaucoup de bizu, oui.

  • Speaker #1

    Ah oui ? Vous allez nous en parler dans le prochain épisode. Merci beaucoup Sabine et on se retrouve très vite pour un deuxième épisode.

  • Speaker #2

    Au revoir.

  • Speaker #0

    Les histoires d'entrepreneurs. Les échos du territoire, le territoire en écho, un podcast de Roissy Dev.

Transcription

  • Speaker #0

    Les histoires d'entrepreneurs, les échos du territoire, le territoire en écho, un podcast de Roissy Dev.

  • Speaker #1

    Bonjour et bienvenue dans cette série réalisée pour et par les entrepreneurs du territoire de Roissy Pays de France. Dans ce podcast, vous découvrirez les parcours inspirants de celles et ceux qui façonnent l'économie locale. Aujourd'hui, vous avez rendez-vous avec la dirigeante de CQFT, le comptoir de quincaillerie fers et tubes à Goussainville. Elle hésite à se définir en trois mots et finalement en choisit cinq. Obstinée, volontaire, pointilleuse, exigeante et un peu de MacGyver, car elle trouve toujours des solutions à tout. Voici la première partie d'un rendez-vous avec Sabine Victor-Pujebet.

  • Speaker #0

    Le territoire en écho, un podcast de Roissy Dev.

  • Speaker #1

    Bonjour Sabine.

  • Speaker #2

    Bonjour.

  • Speaker #1

    Vous êtes la dirigeante de CQFT, c'est le comptoir de quincaillerie fer et tube. Et c'est une belle histoire qui dure depuis longtemps maintenant.

  • Speaker #2

    Oui, depuis très longtemps. Nous sommes dans les bâtiments depuis 1970. Donc voilà. Et nous avons racheté avec mon mari en 1991. Voilà, c'est une affaire familiale. J'ai pris la suite de mon père. Et mes enfants sont en passe de prendre la suite. Donc on en est à la troisième génération.

  • Speaker #1

    Je ne suis pas un perdreau de l'année, vous m'avez dit. Donc, je transmets à mes enfants. Alors, c'est quoi le lien entre je transmets à mes enfants parce que je ne suis pas un perdreau de l'année ?

  • Speaker #2

    Parce qu'il y a un moment où on arrive à vouloir arrêter, à vouloir faire autre chose. Et puis, quand les enfants sont dans la société, on a envie qu'ils prennent leur envol. Donc, pour qu'ils prennent leur envol comme il faut, il faut savoir se retirer. Donc, je pense qu'on est sur cette dynamique-là pour l'instant.

  • Speaker #1

    Alors pour l'instant, vous êtes en période de tuilage, en quelque sorte. Vous êtes encore…

  • Speaker #2

    On est en train de les former, de leur mettre le pied à l'étrier, je dis on, parce que mon mari travaille avec nous également, c'est vraiment la société familiale. Et donc, on est en train de les former, de les initier à pas mal de choses. Et quand ils seront assez grands, entre guillemets, on les laissera s'envoler. Mais ils ont déjà bien pris l'envol.

  • Speaker #1

    J'ai l'impression, il y a Léa, il y a Thomas.

  • Speaker #2

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #1

    Léa et Thomas. Léa est à la communication ?

  • Speaker #2

    Léa est rentrée à la communication. En fait, elle a fait des études de com, etc. Et puis, elle a fait plusieurs, des boulots un petit peu partout, aussi bien dans des grosses boîtes que dans des toutes petites. Et puis, à un moment, elle tournait un peu en rond. Quand il fallait une signature, demander quatre signatures, ça l'a énervée. Et donc, je lui ai dit, écoute, nous, on cherche quelqu'un. Donc, si tu veux, tu viens.

  • Speaker #1

    Ça ne s'est pas fait automatiquement, en fait. Elle a tracé sa route et puis un jour…

  • Speaker #2

    Ils ont tous les deux tracé leur route avant. Il y a un moment où ils avaient fait le tour du poste dans lequel ils étaient ou des postes dans lequel ils étaient. Et en fait, moi, j'ai appliqué la même méthode que mon père avait fait avec moi, c'est-à-dire au bout d'un moment, tu essayes, tu viens et si ça va, ça va. Si ça va pas, dans un an, tu reprends tes études ou tu refais autre chose. Ce n'est pas un souci.

  • Speaker #1

    Ça voudrait dire quoi, ça va pas ?

  • Speaker #2

    On ne s'entend pas, le métier ne me plaît pas. Travailler en famille, ce n'est pas forcément toujours évident. Oui, c'est vrai. Donc, on s'entend très bien, ça se passe bien, mais quand on travaille ensemble, les relations sont différentes. Donc, je pense qu'on s'est donné un an dans tous les cas en disant on essaye.

  • Speaker #1

    On a parlé de Léa et Thomas, quelle est sa place ?

  • Speaker #2

    Alors, donc Léa, je continue sur Léa. Donc, elle a la place communication et je l'initie de plus en plus à la gestion, puisque c'est quand même ma partie initiale. Donc, elle a l'air de bien s'y mettre. Au début, elle était un peu réticente, mais finalement, ça lui plaît et elle ne fait pas que ça. Et Thomas, sa place, c'est plus commercial. Achat, vente et développement. Et il vend ? Thomas est un gros développeur. Il nous booste beaucoup sur plein de choses. Donc là, on est en pleine mutation, je dirais.

  • Speaker #1

    Et il vend des tubes, des tôles, des poutrelles, des grillages et tout ça ?

  • Speaker #2

    On a plus de 2000 références en stock maintenant. Donc oui, on vend de tout. Mais c'est le produit métallurgique à la base.

  • Speaker #1

    Ah si, allu, Inox, bon, je fais le pitch à votre place et à la place de Thomas. Vous demanderez à Thomas si le pitch était bon. Et alors, c'est vrai qu'on dit souvent qu'avoir des enfants, c'est devenir manager d'une certaine façon. Mais alors vous, vous êtes deux fois manager. C'est quoi la méthode Sabine pour manager ses enfants ?

  • Speaker #2

    C'est une bonne question. J'essaye, c'est compliqué parce que j'essaye de ne pas appliquer ce que mon père a fait avec moi parce que je ne l'ai pas très bien vécu.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui s'est passé ?

  • Speaker #2

    Il n'a pas su se retirer à temps en fait, il était là sans être là. Donc, il me laissait faire, mais il prenait quand même encore les décisions. Donc, j'étais en porte à faux. C'était compliqué jusqu'au moment où on a fini par clasher, gentiment mais bien clasher quand même. Et là, il était intelligent, il m'a dit bon, c'est bon, j'ai compris, j'arrête, je te laisse. C'est pour ça que je dis, quand les enfants seront prêts, je pars. Je ne veux plus rester parce qu'il faut qu'ils prennent leurs responsabilités, il faut qu'ils s'assument. Donc en fait, manager, c'est les préparer. et puis après les laisser faire. Et ils feront des bêtises, ils feront des erreurs. Mais il faut en faire, c'est comme ça qu'on apprend.

  • Speaker #1

    Vous avez des souvenirs d'une erreur que vous avez commise ?

  • Speaker #2

    Une erreur ? Non, oui et non. Enfin, j'ai fait des erreurs de jeunesse. C'est comme la visite de l'usine.

  • Speaker #1

    Alors, la visite de l'usine, tiens, justement.

  • Speaker #2

    C'est une belle erreur, oui et non.

  • Speaker #1

    Vous êtes une jeune professionnelle à l'époque et vous débarquez en usine en talons ?

  • Speaker #2

    Oui, en fait. C'était une très grosse usine, des usines sidérurgiques de l'époque, vraiment les grosses usines. Et c'était un fournisseur très important pour nous. Et donc, mon père voulait me montrer l'usine et me faire découvrir cet endroit qui était une fabrique de tubes. C'est impressionnant à voir. Ça fait du bruit, ça sent fort. Il y a une ambiance vraiment d'industrie. Donc, je voulais faire bonne impression. Donc, je m'étais mis petite jupette, chaussures à talons pour faire bonne impression. Il faut lui faire confiance. J'avais besoin qu'il me croit et qu'il me croit capable de gérer cette boîte. Et donc, j'y vais, très bien. Et donc, on arrive là-bas. On est reçus comme des rois. Puis, il me dit, ça vous intéresse de visiter l'usine ? Oui, bien sûr que ça m'intéresse. Je veux savoir comment les produits sont fabriqués. Et nous voilà partis dans l'usine. Et l'usine, c'est que des caillebottis. Donc, vous savez, les trucs en métal avec des trous partout.

  • Speaker #1

    Ah oui, ben oui.

  • Speaker #2

    Et les caillebottis... passaient au-dessus des lignes. Donc, vous aviez tous les ouvriers en dessous, nous au-dessus, donc moi en petite jupe et talons, sur des caillebottis, juste du bonheur. Voilà. Donc, j'étais en mode un peu pingouin sur mes... Enfin, c'était terrible. Donc, je suis arrivée... Donc, finalement, ça s'est bien passé, ils m'ont expliqué. Et puis, sur les pointes de pied, à la fin de la journée, j'avais mal aux jambes, j'avais mal au mollet. C'était une horreur.

  • Speaker #1

    La bonne nouvelle, c'est qu'on ne peut pas monter sur ses grands chevaux quand c'est comme ça. En quelque sorte.

  • Speaker #2

    Non, mais c'était assez. Mais ça me laisse de très bons souvenirs. Je suis arrivée, j'ai pris mes chaussures à talons qui étaient complètement bousillées. Je les ai mises à la poubelle. Et depuis, je suis en jean basket. C'est très bien.

  • Speaker #1

    Et puis, ça se passe bien quand même. Justement, en parlant de jean basket, ça me fait penser au mouvement. Quelle place a la notion de mouvement dans votre quotidien de dirigeante, Sabine ?

  • Speaker #2

    On est toujours au mouvement. On est sans arrêt en train de courir, en train de bouger, en train de… Le mouvement, pour moi, c'est naturel. Enfin, c'est obligatoire. On ne peut pas rester figés. Celui qui fige… Enfin, oui, non. Nous, on avance tout le temps. On est toujours en train d'innover, en train de bouger, en train de courir, en train de recevoir, en train de…

  • Speaker #1

    Si je viens tourner avec une caméra chez vous, je vois Speedy Gonzales. Je vois qui ? Je vois quoi ?

  • Speaker #2

    Il y a du tout de partout. Oui, oui, tout à fait. C'est un peu ça. Je voudrais quand même revenir un peu sur les visites d'usines, parce qu'il faut quand même dire une chose, c'était donc il y a longtemps, il y a 40 ans, il y a 30 ans, oui, 40 ans. À l'époque, dans ces usines-là, ça m'avait frappé également, c'est qu'en fait, il n'y avait aucune femme. Même les secrétaires étaient des hommes. Et donc, en fait, ils n'avaient absolument pas l'habitude de voir débarquer une petite nenette de 20 ans. Donc, ça ne leur avait même pas venu à l'esprit de me dire, attention, vous mettez chaussures et machin. Parce qu'en fait, ils ne l'envoyaient jamais. Donc, j'étais un peu un ovni, un cheveu sur la soupe arrivé dans cette usine. On ne sait pas pourquoi.

  • Speaker #1

    Un récent magazine vous a invité, d'ailleurs, au sein d'un dossier intitulé Dirigeante dans un métier d'homme Alors, est-ce que vous exercez un métier d'homme sous prétexte qu'ils sont majoritaires ou est-ce que c'est un métier mixte ? parce que vous n'avez pas encore dit votre dernier mot.

  • Speaker #2

    C'est un métier qui évolue énormément. J'étais la semaine dernière encore en usine et c'est une femme qui dirige maintenant l'usine. Donc, les choses changent. Et heureusement. Mais moi, je n'ai jamais été... Voilà, en me disant, je suis une femme, donc je ne peux pas. Ça, ça ne m'est jamais venu à l'esprit. Je suis moi. C'est tout. Et voilà. À partir du moment où je peux, je peux. Que je sois une femme, un homme, un machin, ça n'a aucune importance pour moi.

  • Speaker #1

    Il y a quelques gros bras qui ont dû vous regarder un peu de travers, un peu de haut parfois ?

  • Speaker #2

    J'ai eu beaucoup de bizu, oui.

  • Speaker #1

    Ah oui ? Vous allez nous en parler dans le prochain épisode. Merci beaucoup Sabine et on se retrouve très vite pour un deuxième épisode.

  • Speaker #2

    Au revoir.

  • Speaker #0

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    Les histoires d'entrepreneurs, les échos du territoire, le territoire en écho, un podcast de Roissy Dev.

  • Speaker #1

    Bonjour et bienvenue dans cette série réalisée pour et par les entrepreneurs du territoire de Roissy Pays de France. Dans ce podcast, vous découvrirez les parcours inspirants de celles et ceux qui façonnent l'économie locale. Aujourd'hui, vous avez rendez-vous avec la dirigeante de CQFT, le comptoir de quincaillerie fers et tubes à Goussainville. Elle hésite à se définir en trois mots et finalement en choisit cinq. Obstinée, volontaire, pointilleuse, exigeante et un peu de MacGyver, car elle trouve toujours des solutions à tout. Voici la première partie d'un rendez-vous avec Sabine Victor-Pujebet.

  • Speaker #0

    Le territoire en écho, un podcast de Roissy Dev.

  • Speaker #1

    Bonjour Sabine.

  • Speaker #2

    Bonjour.

  • Speaker #1

    Vous êtes la dirigeante de CQFT, c'est le comptoir de quincaillerie fer et tube. Et c'est une belle histoire qui dure depuis longtemps maintenant.

  • Speaker #2

    Oui, depuis très longtemps. Nous sommes dans les bâtiments depuis 1970. Donc voilà. Et nous avons racheté avec mon mari en 1991. Voilà, c'est une affaire familiale. J'ai pris la suite de mon père. Et mes enfants sont en passe de prendre la suite. Donc on en est à la troisième génération.

  • Speaker #1

    Je ne suis pas un perdreau de l'année, vous m'avez dit. Donc, je transmets à mes enfants. Alors, c'est quoi le lien entre je transmets à mes enfants parce que je ne suis pas un perdreau de l'année ?

  • Speaker #2

    Parce qu'il y a un moment où on arrive à vouloir arrêter, à vouloir faire autre chose. Et puis, quand les enfants sont dans la société, on a envie qu'ils prennent leur envol. Donc, pour qu'ils prennent leur envol comme il faut, il faut savoir se retirer. Donc, je pense qu'on est sur cette dynamique-là pour l'instant.

  • Speaker #1

    Alors pour l'instant, vous êtes en période de tuilage, en quelque sorte. Vous êtes encore…

  • Speaker #2

    On est en train de les former, de leur mettre le pied à l'étrier, je dis on, parce que mon mari travaille avec nous également, c'est vraiment la société familiale. Et donc, on est en train de les former, de les initier à pas mal de choses. Et quand ils seront assez grands, entre guillemets, on les laissera s'envoler. Mais ils ont déjà bien pris l'envol.

  • Speaker #1

    J'ai l'impression, il y a Léa, il y a Thomas.

  • Speaker #2

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #1

    Léa et Thomas. Léa est à la communication ?

  • Speaker #2

    Léa est rentrée à la communication. En fait, elle a fait des études de com, etc. Et puis, elle a fait plusieurs, des boulots un petit peu partout, aussi bien dans des grosses boîtes que dans des toutes petites. Et puis, à un moment, elle tournait un peu en rond. Quand il fallait une signature, demander quatre signatures, ça l'a énervée. Et donc, je lui ai dit, écoute, nous, on cherche quelqu'un. Donc, si tu veux, tu viens.

  • Speaker #1

    Ça ne s'est pas fait automatiquement, en fait. Elle a tracé sa route et puis un jour…

  • Speaker #2

    Ils ont tous les deux tracé leur route avant. Il y a un moment où ils avaient fait le tour du poste dans lequel ils étaient ou des postes dans lequel ils étaient. Et en fait, moi, j'ai appliqué la même méthode que mon père avait fait avec moi, c'est-à-dire au bout d'un moment, tu essayes, tu viens et si ça va, ça va. Si ça va pas, dans un an, tu reprends tes études ou tu refais autre chose. Ce n'est pas un souci.

  • Speaker #1

    Ça voudrait dire quoi, ça va pas ?

  • Speaker #2

    On ne s'entend pas, le métier ne me plaît pas. Travailler en famille, ce n'est pas forcément toujours évident. Oui, c'est vrai. Donc, on s'entend très bien, ça se passe bien, mais quand on travaille ensemble, les relations sont différentes. Donc, je pense qu'on s'est donné un an dans tous les cas en disant on essaye.

  • Speaker #1

    On a parlé de Léa et Thomas, quelle est sa place ?

  • Speaker #2

    Alors, donc Léa, je continue sur Léa. Donc, elle a la place communication et je l'initie de plus en plus à la gestion, puisque c'est quand même ma partie initiale. Donc, elle a l'air de bien s'y mettre. Au début, elle était un peu réticente, mais finalement, ça lui plaît et elle ne fait pas que ça. Et Thomas, sa place, c'est plus commercial. Achat, vente et développement. Et il vend ? Thomas est un gros développeur. Il nous booste beaucoup sur plein de choses. Donc là, on est en pleine mutation, je dirais.

  • Speaker #1

    Et il vend des tubes, des tôles, des poutrelles, des grillages et tout ça ?

  • Speaker #2

    On a plus de 2000 références en stock maintenant. Donc oui, on vend de tout. Mais c'est le produit métallurgique à la base.

  • Speaker #1

    Ah si, allu, Inox, bon, je fais le pitch à votre place et à la place de Thomas. Vous demanderez à Thomas si le pitch était bon. Et alors, c'est vrai qu'on dit souvent qu'avoir des enfants, c'est devenir manager d'une certaine façon. Mais alors vous, vous êtes deux fois manager. C'est quoi la méthode Sabine pour manager ses enfants ?

  • Speaker #2

    C'est une bonne question. J'essaye, c'est compliqué parce que j'essaye de ne pas appliquer ce que mon père a fait avec moi parce que je ne l'ai pas très bien vécu.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui s'est passé ?

  • Speaker #2

    Il n'a pas su se retirer à temps en fait, il était là sans être là. Donc, il me laissait faire, mais il prenait quand même encore les décisions. Donc, j'étais en porte à faux. C'était compliqué jusqu'au moment où on a fini par clasher, gentiment mais bien clasher quand même. Et là, il était intelligent, il m'a dit bon, c'est bon, j'ai compris, j'arrête, je te laisse. C'est pour ça que je dis, quand les enfants seront prêts, je pars. Je ne veux plus rester parce qu'il faut qu'ils prennent leurs responsabilités, il faut qu'ils s'assument. Donc en fait, manager, c'est les préparer. et puis après les laisser faire. Et ils feront des bêtises, ils feront des erreurs. Mais il faut en faire, c'est comme ça qu'on apprend.

  • Speaker #1

    Vous avez des souvenirs d'une erreur que vous avez commise ?

  • Speaker #2

    Une erreur ? Non, oui et non. Enfin, j'ai fait des erreurs de jeunesse. C'est comme la visite de l'usine.

  • Speaker #1

    Alors, la visite de l'usine, tiens, justement.

  • Speaker #2

    C'est une belle erreur, oui et non.

  • Speaker #1

    Vous êtes une jeune professionnelle à l'époque et vous débarquez en usine en talons ?

  • Speaker #2

    Oui, en fait. C'était une très grosse usine, des usines sidérurgiques de l'époque, vraiment les grosses usines. Et c'était un fournisseur très important pour nous. Et donc, mon père voulait me montrer l'usine et me faire découvrir cet endroit qui était une fabrique de tubes. C'est impressionnant à voir. Ça fait du bruit, ça sent fort. Il y a une ambiance vraiment d'industrie. Donc, je voulais faire bonne impression. Donc, je m'étais mis petite jupette, chaussures à talons pour faire bonne impression. Il faut lui faire confiance. J'avais besoin qu'il me croit et qu'il me croit capable de gérer cette boîte. Et donc, j'y vais, très bien. Et donc, on arrive là-bas. On est reçus comme des rois. Puis, il me dit, ça vous intéresse de visiter l'usine ? Oui, bien sûr que ça m'intéresse. Je veux savoir comment les produits sont fabriqués. Et nous voilà partis dans l'usine. Et l'usine, c'est que des caillebottis. Donc, vous savez, les trucs en métal avec des trous partout.

  • Speaker #1

    Ah oui, ben oui.

  • Speaker #2

    Et les caillebottis... passaient au-dessus des lignes. Donc, vous aviez tous les ouvriers en dessous, nous au-dessus, donc moi en petite jupe et talons, sur des caillebottis, juste du bonheur. Voilà. Donc, j'étais en mode un peu pingouin sur mes... Enfin, c'était terrible. Donc, je suis arrivée... Donc, finalement, ça s'est bien passé, ils m'ont expliqué. Et puis, sur les pointes de pied, à la fin de la journée, j'avais mal aux jambes, j'avais mal au mollet. C'était une horreur.

  • Speaker #1

    La bonne nouvelle, c'est qu'on ne peut pas monter sur ses grands chevaux quand c'est comme ça. En quelque sorte.

  • Speaker #2

    Non, mais c'était assez. Mais ça me laisse de très bons souvenirs. Je suis arrivée, j'ai pris mes chaussures à talons qui étaient complètement bousillées. Je les ai mises à la poubelle. Et depuis, je suis en jean basket. C'est très bien.

  • Speaker #1

    Et puis, ça se passe bien quand même. Justement, en parlant de jean basket, ça me fait penser au mouvement. Quelle place a la notion de mouvement dans votre quotidien de dirigeante, Sabine ?

  • Speaker #2

    On est toujours au mouvement. On est sans arrêt en train de courir, en train de bouger, en train de… Le mouvement, pour moi, c'est naturel. Enfin, c'est obligatoire. On ne peut pas rester figés. Celui qui fige… Enfin, oui, non. Nous, on avance tout le temps. On est toujours en train d'innover, en train de bouger, en train de courir, en train de recevoir, en train de…

  • Speaker #1

    Si je viens tourner avec une caméra chez vous, je vois Speedy Gonzales. Je vois qui ? Je vois quoi ?

  • Speaker #2

    Il y a du tout de partout. Oui, oui, tout à fait. C'est un peu ça. Je voudrais quand même revenir un peu sur les visites d'usines, parce qu'il faut quand même dire une chose, c'était donc il y a longtemps, il y a 40 ans, il y a 30 ans, oui, 40 ans. À l'époque, dans ces usines-là, ça m'avait frappé également, c'est qu'en fait, il n'y avait aucune femme. Même les secrétaires étaient des hommes. Et donc, en fait, ils n'avaient absolument pas l'habitude de voir débarquer une petite nenette de 20 ans. Donc, ça ne leur avait même pas venu à l'esprit de me dire, attention, vous mettez chaussures et machin. Parce qu'en fait, ils ne l'envoyaient jamais. Donc, j'étais un peu un ovni, un cheveu sur la soupe arrivé dans cette usine. On ne sait pas pourquoi.

  • Speaker #1

    Un récent magazine vous a invité, d'ailleurs, au sein d'un dossier intitulé Dirigeante dans un métier d'homme Alors, est-ce que vous exercez un métier d'homme sous prétexte qu'ils sont majoritaires ou est-ce que c'est un métier mixte ? parce que vous n'avez pas encore dit votre dernier mot.

  • Speaker #2

    C'est un métier qui évolue énormément. J'étais la semaine dernière encore en usine et c'est une femme qui dirige maintenant l'usine. Donc, les choses changent. Et heureusement. Mais moi, je n'ai jamais été... Voilà, en me disant, je suis une femme, donc je ne peux pas. Ça, ça ne m'est jamais venu à l'esprit. Je suis moi. C'est tout. Et voilà. À partir du moment où je peux, je peux. Que je sois une femme, un homme, un machin, ça n'a aucune importance pour moi.

  • Speaker #1

    Il y a quelques gros bras qui ont dû vous regarder un peu de travers, un peu de haut parfois ?

  • Speaker #2

    J'ai eu beaucoup de bizu, oui.

  • Speaker #1

    Ah oui ? Vous allez nous en parler dans le prochain épisode. Merci beaucoup Sabine et on se retrouve très vite pour un deuxième épisode.

  • Speaker #2

    Au revoir.

  • Speaker #0

    Les histoires d'entrepreneurs. Les échos du territoire, le territoire en écho, un podcast de Roissy Dev.

Transcription

  • Speaker #0

    Les histoires d'entrepreneurs, les échos du territoire, le territoire en écho, un podcast de Roissy Dev.

  • Speaker #1

    Bonjour et bienvenue dans cette série réalisée pour et par les entrepreneurs du territoire de Roissy Pays de France. Dans ce podcast, vous découvrirez les parcours inspirants de celles et ceux qui façonnent l'économie locale. Aujourd'hui, vous avez rendez-vous avec la dirigeante de CQFT, le comptoir de quincaillerie fers et tubes à Goussainville. Elle hésite à se définir en trois mots et finalement en choisit cinq. Obstinée, volontaire, pointilleuse, exigeante et un peu de MacGyver, car elle trouve toujours des solutions à tout. Voici la première partie d'un rendez-vous avec Sabine Victor-Pujebet.

  • Speaker #0

    Le territoire en écho, un podcast de Roissy Dev.

  • Speaker #1

    Bonjour Sabine.

  • Speaker #2

    Bonjour.

  • Speaker #1

    Vous êtes la dirigeante de CQFT, c'est le comptoir de quincaillerie fer et tube. Et c'est une belle histoire qui dure depuis longtemps maintenant.

  • Speaker #2

    Oui, depuis très longtemps. Nous sommes dans les bâtiments depuis 1970. Donc voilà. Et nous avons racheté avec mon mari en 1991. Voilà, c'est une affaire familiale. J'ai pris la suite de mon père. Et mes enfants sont en passe de prendre la suite. Donc on en est à la troisième génération.

  • Speaker #1

    Je ne suis pas un perdreau de l'année, vous m'avez dit. Donc, je transmets à mes enfants. Alors, c'est quoi le lien entre je transmets à mes enfants parce que je ne suis pas un perdreau de l'année ?

  • Speaker #2

    Parce qu'il y a un moment où on arrive à vouloir arrêter, à vouloir faire autre chose. Et puis, quand les enfants sont dans la société, on a envie qu'ils prennent leur envol. Donc, pour qu'ils prennent leur envol comme il faut, il faut savoir se retirer. Donc, je pense qu'on est sur cette dynamique-là pour l'instant.

  • Speaker #1

    Alors pour l'instant, vous êtes en période de tuilage, en quelque sorte. Vous êtes encore…

  • Speaker #2

    On est en train de les former, de leur mettre le pied à l'étrier, je dis on, parce que mon mari travaille avec nous également, c'est vraiment la société familiale. Et donc, on est en train de les former, de les initier à pas mal de choses. Et quand ils seront assez grands, entre guillemets, on les laissera s'envoler. Mais ils ont déjà bien pris l'envol.

  • Speaker #1

    J'ai l'impression, il y a Léa, il y a Thomas.

  • Speaker #2

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #1

    Léa et Thomas. Léa est à la communication ?

  • Speaker #2

    Léa est rentrée à la communication. En fait, elle a fait des études de com, etc. Et puis, elle a fait plusieurs, des boulots un petit peu partout, aussi bien dans des grosses boîtes que dans des toutes petites. Et puis, à un moment, elle tournait un peu en rond. Quand il fallait une signature, demander quatre signatures, ça l'a énervée. Et donc, je lui ai dit, écoute, nous, on cherche quelqu'un. Donc, si tu veux, tu viens.

  • Speaker #1

    Ça ne s'est pas fait automatiquement, en fait. Elle a tracé sa route et puis un jour…

  • Speaker #2

    Ils ont tous les deux tracé leur route avant. Il y a un moment où ils avaient fait le tour du poste dans lequel ils étaient ou des postes dans lequel ils étaient. Et en fait, moi, j'ai appliqué la même méthode que mon père avait fait avec moi, c'est-à-dire au bout d'un moment, tu essayes, tu viens et si ça va, ça va. Si ça va pas, dans un an, tu reprends tes études ou tu refais autre chose. Ce n'est pas un souci.

  • Speaker #1

    Ça voudrait dire quoi, ça va pas ?

  • Speaker #2

    On ne s'entend pas, le métier ne me plaît pas. Travailler en famille, ce n'est pas forcément toujours évident. Oui, c'est vrai. Donc, on s'entend très bien, ça se passe bien, mais quand on travaille ensemble, les relations sont différentes. Donc, je pense qu'on s'est donné un an dans tous les cas en disant on essaye.

  • Speaker #1

    On a parlé de Léa et Thomas, quelle est sa place ?

  • Speaker #2

    Alors, donc Léa, je continue sur Léa. Donc, elle a la place communication et je l'initie de plus en plus à la gestion, puisque c'est quand même ma partie initiale. Donc, elle a l'air de bien s'y mettre. Au début, elle était un peu réticente, mais finalement, ça lui plaît et elle ne fait pas que ça. Et Thomas, sa place, c'est plus commercial. Achat, vente et développement. Et il vend ? Thomas est un gros développeur. Il nous booste beaucoup sur plein de choses. Donc là, on est en pleine mutation, je dirais.

  • Speaker #1

    Et il vend des tubes, des tôles, des poutrelles, des grillages et tout ça ?

  • Speaker #2

    On a plus de 2000 références en stock maintenant. Donc oui, on vend de tout. Mais c'est le produit métallurgique à la base.

  • Speaker #1

    Ah si, allu, Inox, bon, je fais le pitch à votre place et à la place de Thomas. Vous demanderez à Thomas si le pitch était bon. Et alors, c'est vrai qu'on dit souvent qu'avoir des enfants, c'est devenir manager d'une certaine façon. Mais alors vous, vous êtes deux fois manager. C'est quoi la méthode Sabine pour manager ses enfants ?

  • Speaker #2

    C'est une bonne question. J'essaye, c'est compliqué parce que j'essaye de ne pas appliquer ce que mon père a fait avec moi parce que je ne l'ai pas très bien vécu.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui s'est passé ?

  • Speaker #2

    Il n'a pas su se retirer à temps en fait, il était là sans être là. Donc, il me laissait faire, mais il prenait quand même encore les décisions. Donc, j'étais en porte à faux. C'était compliqué jusqu'au moment où on a fini par clasher, gentiment mais bien clasher quand même. Et là, il était intelligent, il m'a dit bon, c'est bon, j'ai compris, j'arrête, je te laisse. C'est pour ça que je dis, quand les enfants seront prêts, je pars. Je ne veux plus rester parce qu'il faut qu'ils prennent leurs responsabilités, il faut qu'ils s'assument. Donc en fait, manager, c'est les préparer. et puis après les laisser faire. Et ils feront des bêtises, ils feront des erreurs. Mais il faut en faire, c'est comme ça qu'on apprend.

  • Speaker #1

    Vous avez des souvenirs d'une erreur que vous avez commise ?

  • Speaker #2

    Une erreur ? Non, oui et non. Enfin, j'ai fait des erreurs de jeunesse. C'est comme la visite de l'usine.

  • Speaker #1

    Alors, la visite de l'usine, tiens, justement.

  • Speaker #2

    C'est une belle erreur, oui et non.

  • Speaker #1

    Vous êtes une jeune professionnelle à l'époque et vous débarquez en usine en talons ?

  • Speaker #2

    Oui, en fait. C'était une très grosse usine, des usines sidérurgiques de l'époque, vraiment les grosses usines. Et c'était un fournisseur très important pour nous. Et donc, mon père voulait me montrer l'usine et me faire découvrir cet endroit qui était une fabrique de tubes. C'est impressionnant à voir. Ça fait du bruit, ça sent fort. Il y a une ambiance vraiment d'industrie. Donc, je voulais faire bonne impression. Donc, je m'étais mis petite jupette, chaussures à talons pour faire bonne impression. Il faut lui faire confiance. J'avais besoin qu'il me croit et qu'il me croit capable de gérer cette boîte. Et donc, j'y vais, très bien. Et donc, on arrive là-bas. On est reçus comme des rois. Puis, il me dit, ça vous intéresse de visiter l'usine ? Oui, bien sûr que ça m'intéresse. Je veux savoir comment les produits sont fabriqués. Et nous voilà partis dans l'usine. Et l'usine, c'est que des caillebottis. Donc, vous savez, les trucs en métal avec des trous partout.

  • Speaker #1

    Ah oui, ben oui.

  • Speaker #2

    Et les caillebottis... passaient au-dessus des lignes. Donc, vous aviez tous les ouvriers en dessous, nous au-dessus, donc moi en petite jupe et talons, sur des caillebottis, juste du bonheur. Voilà. Donc, j'étais en mode un peu pingouin sur mes... Enfin, c'était terrible. Donc, je suis arrivée... Donc, finalement, ça s'est bien passé, ils m'ont expliqué. Et puis, sur les pointes de pied, à la fin de la journée, j'avais mal aux jambes, j'avais mal au mollet. C'était une horreur.

  • Speaker #1

    La bonne nouvelle, c'est qu'on ne peut pas monter sur ses grands chevaux quand c'est comme ça. En quelque sorte.

  • Speaker #2

    Non, mais c'était assez. Mais ça me laisse de très bons souvenirs. Je suis arrivée, j'ai pris mes chaussures à talons qui étaient complètement bousillées. Je les ai mises à la poubelle. Et depuis, je suis en jean basket. C'est très bien.

  • Speaker #1

    Et puis, ça se passe bien quand même. Justement, en parlant de jean basket, ça me fait penser au mouvement. Quelle place a la notion de mouvement dans votre quotidien de dirigeante, Sabine ?

  • Speaker #2

    On est toujours au mouvement. On est sans arrêt en train de courir, en train de bouger, en train de… Le mouvement, pour moi, c'est naturel. Enfin, c'est obligatoire. On ne peut pas rester figés. Celui qui fige… Enfin, oui, non. Nous, on avance tout le temps. On est toujours en train d'innover, en train de bouger, en train de courir, en train de recevoir, en train de…

  • Speaker #1

    Si je viens tourner avec une caméra chez vous, je vois Speedy Gonzales. Je vois qui ? Je vois quoi ?

  • Speaker #2

    Il y a du tout de partout. Oui, oui, tout à fait. C'est un peu ça. Je voudrais quand même revenir un peu sur les visites d'usines, parce qu'il faut quand même dire une chose, c'était donc il y a longtemps, il y a 40 ans, il y a 30 ans, oui, 40 ans. À l'époque, dans ces usines-là, ça m'avait frappé également, c'est qu'en fait, il n'y avait aucune femme. Même les secrétaires étaient des hommes. Et donc, en fait, ils n'avaient absolument pas l'habitude de voir débarquer une petite nenette de 20 ans. Donc, ça ne leur avait même pas venu à l'esprit de me dire, attention, vous mettez chaussures et machin. Parce qu'en fait, ils ne l'envoyaient jamais. Donc, j'étais un peu un ovni, un cheveu sur la soupe arrivé dans cette usine. On ne sait pas pourquoi.

  • Speaker #1

    Un récent magazine vous a invité, d'ailleurs, au sein d'un dossier intitulé Dirigeante dans un métier d'homme Alors, est-ce que vous exercez un métier d'homme sous prétexte qu'ils sont majoritaires ou est-ce que c'est un métier mixte ? parce que vous n'avez pas encore dit votre dernier mot.

  • Speaker #2

    C'est un métier qui évolue énormément. J'étais la semaine dernière encore en usine et c'est une femme qui dirige maintenant l'usine. Donc, les choses changent. Et heureusement. Mais moi, je n'ai jamais été... Voilà, en me disant, je suis une femme, donc je ne peux pas. Ça, ça ne m'est jamais venu à l'esprit. Je suis moi. C'est tout. Et voilà. À partir du moment où je peux, je peux. Que je sois une femme, un homme, un machin, ça n'a aucune importance pour moi.

  • Speaker #1

    Il y a quelques gros bras qui ont dû vous regarder un peu de travers, un peu de haut parfois ?

  • Speaker #2

    J'ai eu beaucoup de bizu, oui.

  • Speaker #1

    Ah oui ? Vous allez nous en parler dans le prochain épisode. Merci beaucoup Sabine et on se retrouve très vite pour un deuxième épisode.

  • Speaker #2

    Au revoir.

  • Speaker #0

    Les histoires d'entrepreneurs. Les échos du territoire, le territoire en écho, un podcast de Roissy Dev.

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