Speaker #0Musique Musique Bonjour et bienvenue sur le podcast Le Yoga en Vous. Je suis Bérangère, professeure de yoga à Caen et en ligne chez Béry Yoga. Ici, je vous propose des réflexions et des conseils pratiques pour intégrer le yoga à votre vie quotidienne, mieux comprendre ses bienfaits et vous reconnecter à vous-même avec bienveillance. Bonne écoute ! Hello et bienvenue dans ce nouvel épisode du Yoga en Vous. Aujourd'hui, j'ai envie de te parler de quelque chose de simple et pourtant de tellement essentiel, la joie. Donc c'est pas l'euphorie, pas l'excitation, pas le toujours positif, mais vraiment la vraie joie, celle qui s'installe profondément et celle qui ne dépend pas vraiment de ce qui se passe autour de toi. En fait, on confond souvent la joie avec l'excitation, l'euphorie, donc qui sont des états intenses, presque bruyants, alors que dans le yoga, la joie c'est plutôt un état intérieur calme, une qualité du vivant. Dans les textes yogiques d'ailleurs, il y a plusieurs mots qui peuvent désigner la joie et notamment le mot Ananda. Ananda en fait c'est la félicité, la joie sans fin qui va impliquer la satisfaction de tous les désirs. En fait Ananda c'est formé du nom sanscrit Nanda, le plaisir, et du préfixe A qui indique le lieu où se trouve l'action, c'est-à-dire notre être profond. En fait, ça signifie que la joie n'est pas quelque chose à obtenir car elle est en nous. Elle fait partie de notre nature, de notre humanité. Nous ne devons pas chercher à la posséder, mais on doit plutôt retrouver le chemin qui nous y conduit. Dans cet épisode, j'ai envie de te montrer comment le yoga peut réveiller cette joie simple, naturelle. Comment tu peux la laisser venir à travers ton corps, à travers ton souffle, à travers ta présence. Et on commence par le corps, parce que tout part de là. Quand tu arrives dans un cours de yoga, souvent au tout début du cours d'ailleurs, tu as ton mental qui tourne. Ton énergie qui est un peu éparpillée, c'est tout à fait normal, parce qu'il y a toute la journée qui est derrière. Il y a tout ce qui nous attend après aussi. Donc voilà, tu déroules ton tapis, tu t'installes, mais tu ne sens pas encore ton corps. Tu n'es pas vraiment encore dans toi, un peu au-dessus de toi. Et puis il y a ce moment, donc parfois c'est après quelques respirations, où quelque chose se dépose. Et tu vas te tourner vers toi. Et ce retour vers toi, dans le yoga, on l'appelle pratyara. Donc c'est le fait de se détourner du bruit extérieur, de se retirer des sens et de revenir vers l'intérieur. Donc c'est pas une concentration, c'est pas un effort, c'est juste revenir à soi. Par exemple, tu poses une main sur ton bas-ventre, l'autre sur tes côtes, tu expires doucement depuis le bas du ventre, tu observes une petite pause et tu laisses inspirer en laissant tes côtes s'ouvrir, s'écarter. Donc c'est pas le ventre qui se gonfle, ce sont tes côtes qui s'ouvrent sous l'action des poumons qui se remplissent d'air. Donc ça c'est tout simple, c'est la respiration physiologique. Mais ça change tout. Pourquoi ? Parce que ton système nerveux entend tout va bien, tu peux ralentir. Et quand ton système nerveux ralentit, tu redeviens disponible. Disponible à ce qui est là, à ce que tu ressens et donc à la joie. Je suis sûre que ça t'est déjà arrivé. Par exemple, un jour où tu n'avais pas trop envie de pratiquer parce que tu étais fatigué, préoccupé. Et puis après dix minutes, tu te sens mieux. Pas parce que ta vie a changé, mais parce que... Toi-même, tu as changé d'état. C'est une sensation de mieux-être. Ça, c'est déjà une forme de joie. Dans le texte des Yogasutras, dont je te parle parfois, qui est un texte ancien, très ancien, et écrit, en tout cas, compilé par Patanjali, il y a une phrase très connue qui est et qui signifie une posture stable et confortable. Alors, Gérard Blitz en fait d'ailleurs cette jolie traduction, il dit être fermement établi dans un espace heureux. Donc ça désigne en fait une posture où il n'y a pas de lutte, plus de lutte. Et quand il n'y a plus de lutte, le corps respire et quand le corps respire, la joie apparaît. Ensuite, j'ai envie de te parler de ce qui se passe quand tu entres dans le mouvement. Donc au bout d'un moment dans ta pratique, tu commences à sentir que tu es vraiment là. Tu sens l'appui de tes pieds dans le sol, donc le contact du sol. Tu sens le passage du souffle dans ta cage thoracique. Tu sens la détente dans tes épaules. dans les traits de ton visage. Donc ça n'a rien de spectaculaire, c'est même très banal, mais c'est finalement là que la magie opère. Parce que dans le yoga, cette présence continue s'appelle dhyana. Ce n'est pas méditer pour méditer, c'est simplement habiter ce qui est en train de se passer, donc sans partir dans le mental, sans anticiper ce qu'on va faire après. Et quand tu es vraiment présent, présente, la joie apparaît naturellement. C'est comme de l'eau qui remonte quand on enlève les pierres qui la bloquaient jusqu'alors. Je te propose d'imaginer, tu es dans une posture du guerrier 2 par exemple. Donc tu vas bien placer tes pieds, tes hanches sont bien ouvertes, tu laisses tes cuisses travailler, tu sens la force dans tes jambes. Voilà, ton bassin est bien placé en antéversion, tes épaules se relâchent, ton regard est fixé vers la main avant, vers les doigts de la main. Donc à chaque expiration, tu te déposes dans la posture, à chaque inspiration tu sens que tes côtes sourdent, tu te recharges en énergie. Et là tu sens que ton mental ne commente plus, il observe, il se tait. Tu n'as rien cherché de particulier mais pourtant tu es bien. Et c'est ça la joie yogique, c'est la joie qui naît. Quand tu es simplement là, quand tu arrêtes de te battre, de chercher quelque chose. Dans la tradition yogique, on dit que la joie surgit quand le mental devient clair, quand ce qu'on appelle les vrittis, les mouvements du mental, se calment. Donc ça ne veut pas dire qu'ils disparaissent, ça veut dire qu'ils arrêtent de nous embarquer. Et que là, quand c'est le cas, quelque chose peut enfin émerger. Donc c'est la présence qui crée la joie, ce n'est pas l'inverse. On va voir maintenant que quand l'énergie circule, la joie circule. Tu connais sans doute ce mot prana, qu'on traduit souvent par énergie vitale, la force vitale. Mais tu peux voir ce prana comme une qualité du vivant, la vitalité qui circule quand le souffle circule. Quand tu allonges ton expiration, quand tu laisses inspirer profondément, clairement, sans gonfler ton ventre, quand tu laisses tes côtes s'ouvrir, tu fais circuler le prana. Et quand le prana circule, la joie circule. Tu vois ce moment à la fin d'un cours, donc juste avant Shavasana, où tu te sens un peu différent, différente, comme si ton corps avait plus d'espace, comme si ta tête était plus claire, comme si tu voyais de façon plus nette. Rien n'a changé autour de toi, mais tout a changé en toi. Et ça, c'est grâce à ton prana qui circule, cette énergie, cette force de vie. Et cette sensation-là, cette qualité-là, c'est une autre forme de joie. C'est la joie d'être vivant, la joie d'être traversé par la vie. Et enfin, je voulais voir que la joie, finalement, c'est une pratique quotidienne. Donc, ce qu'il y a de beau, c'est que tu n'as pas besoin d'un tapis pour vivre tout ça. Tu peux cultiver la joie partout. Donc, par exemple, en faisant une pause grâce à la respiration. Tu vas respirer comme tu fais en début de séance. Tu expires du bas vers le haut. Tu fais une petite pause et tu laisses inspirer, tu laisses tes côtes s'ouvrir. Là, tu peux faire cinq grandes respirations comme ça et tu viens déjà de changer ton état interne. Autre chose, tu peux simplement bouger lentement. Peut-être faire des petits cercles d'épaules, des mouvements de nuque, t'étirer. Ces petits mouvements lents, qui peuvent être minuscules, réveillent ta présence et donc ta joie. Je te propose aussi la pratique de la contemplation. Par exemple, quand tu marches dehors, observe une fleur. Mais tu peux aussi simplement observer une sensation, une couleur, un son, écouter une musique. Voilà, ça, ça aide aussi beaucoup, je trouve, à ressentir de la joie. Et puis, enfin, tu peux t'honorer, t'exprimer à toi-même de la gratitude. Par exemple, en yoga, à chaque fois que tu ajustes tes appuis, que tu respectes ta physiologie, en yoga d'ailleurs ou dans la vie quotidienne, donc tu vas créer les conditions d'une joie stable, une joie enracinée, une joie qui ne dépend pas du mieux faire mais du mieux sentir. Donc en conclusion, je voulais te dire que la joie dont parle le yoga n'est pas un sommet à atteindre. C'est un état naturel qui se révèle quand tu reviens à toi, quand tu te réinstalles en toi, quand tu respires mieux, quand tu te fais de la place, quand tu arrêtes de te juger, quand tu reviens à ton corps. Donc c'est ça que j'aimerais que tu retiennes de cet épisode, c'est que le yoga ne t'apprend pas à être joyeux, joyeuse. Le yoga t'aide à te souvenir que tu l'es déjà. Voilà, merci beaucoup pour ton écoute. J'espère que cet épisode t'a plu. N'hésite pas à y revenir. Et puis, si tu peux me laisser une note 5 étoiles sur ta plateforme d'écoute, un commentaire, ça sera vraiment super. Ça m'aide beaucoup à me faire connaître. Ça m'encourage aussi à continuer. Merci beaucoup d'avance si tu prends le temps de le faire. Et je te dis à la semaine prochaine pour un nouvel épisode du Yoga en Vous. Bye !