Speaker #0Un souvenir mémorable d'une facilitation, il s'agissait d'un atelier de tissage, tissage dans le domaine du luxe, avec une personne qui est ce qu'on appelle faiseur de chair, qui est un métier rare, qui est devenu un métier rare, avec des gestes rares, et pour lesquels aujourd'hui il existe peu de détenteurs, voire plus de détenteurs. Donc on est allé demander à un monsieur qui était parti en retraite depuis presque dix ans, et qui est revenu avec... toute son envie de transmettre, mais aussi son arthrose, sa difficulté à reproduire les gestes. Et il s'agissait de transmettre à des personnes qui sortaient d'école des Gobelins, donc avec un apprentissage très théorique des schémas de tissage et à la volonté d'assez rapidement être dans la pratique. On s'était dit que ce qui était intéressant, c'était d'introduire le numérique dans cette transmission pour faciliter la sauvegarde. et la transmission et intégrer l'intergénérationnel, puisque les jeunes qui sortaient d'école me disaient moi je n'envisage pas de ne pas apprendre avec le numérique, c'est notre façon d'apprendre et c'est comme ça qu'on réfléchit aujourd'hui, dans nos modalités d'apprentissage Et le vieux Tisseron me disait moi s'ils sont sur leur téléphone ou leur portable dans la journée, ça ne va pas le faire Et donc… Je m'étais posé la question au démarrage, après avoir eu des entretiens avec les uns et les autres, de comment est-ce que j'allais faire se rencontrer ces deux générations avec une défiance très forte de part et d'autre. Et donc, pour l'occasion, je me suis amusée à faire des t-shirts. On avait envisagé un t-shirt vieux con et des t-shirts jeunes cons. Et derrière le vieux con, on avait imaginé mettre connaisseur. Et derrière les jeunes cons, jeunes connectés. Ça permet d'amener de l'humour sur une rencontre qui peut être un peu chahutée par la défiance de part et d'autre. Et finalement, j'ai invité les personnes à se laisser guider par ce qui allait se passer. Et donc, assez rapidement, le tisserand s'est mis sur son métier à tisser. Il a fait des gestes qui ont été filmés par les jeunes. Et lorsqu'on a mis fin à la première séquence, j'ai demandé à Otis Rand de regarder ce qu'avaient filmé les jeunes. Et en fait, il a été ébloui, voire il avait une larme à l'œil, parce qu'il ne s'était jamais vu faire. Et là, il s'est vu faire avec le zoom, avec la beauté du geste, qui était un geste assez remarquable. Et donc, ça a été une entrée en matière qui a été, pour moi, au départ, une difficulté. qui était cette défiance intergénérationnelle sur les modalités d'apprentissage et qui finalement a été une découverte pour les deux. À ce moment-là, le tisserouan a pris conscience que non seulement il n'allait pas perdre ce qu'il maîtrisait, mais qu'en plus il allait apprendre des choses aussi. Et que ça, c'était la magie de la sauvegarde et de la transmission des savantes.