- Speaker #0
Vous écoutez Learning Coach by Trending, le podcast qui part à la rencontre de ceux qui ont maîtrisé l'art d'apprendre et de former. Tout au long de cette saison, nous vous invitons à un voyage au cœur de l'innovation pédagogique, là où les rôles de formateur et de facilitateur s'entrelacent pour stimuler l'autonomie et l'engagement de vos apprenants. Dans cette série d'échanges, les conseils pratiques et les expériences personnelles de nos invités vous inspireront vers une maîtrise renouvelée de l'art d'accompagner l'apprentissage. Bienvenue dans ce nouvel épisode de Learning Coach, bienvenue à notre invité Didier Poulazan. avec qui nous allons évoquer la question de la facilitation sous un intitulé prometteur. Rendre acteur, résilient et citoyen. Et pour bien débuter, pouvez-vous, s'il vous plaît, compléter votre présentation et nous donner, puisque c'est d'elle dont nous parlons, votre définition de la facilitation en formation. Comment s'applique-t-elle ? Quelles en sont les interactions ? Finalement, quels bénéfices, quels apports ?
- Speaker #1
Au moment où je vous parle, j'ai envie de... de porter la casquette que j'ai souvent portée il y a quelques années de cela, que je porte moins aujourd'hui parce que ça se prête moins. Mais du fait de notre échange sur ces sujets-là, j'ai vraiment envie de la revêtir et de me présenter comme étant un citoyen policier. Parce que je pense qu'au-delà de l'institution qui joue son rôle aujourd'hui, donc l'Académie de police, dans laquelle j'ai servi à l'époque, c'était la direction centrale de recrutement de la formation, organise un diplôme universitaire au sein de la police nationale pour permettre aux policiers d'avoir une approche sociologique des enjeux du rapport police-population. Et c'est très très bien. Dans le temps où j'étais partie prenante de cette direction centrale devenue académie, ce DU n'existait pas. Et à l'époque, j'interagissais souvent hors service, bien sûr en prévenant ma hiérarchie, mais le cadre institutionnel ne... ne permettait pas forcément que je puisse le faire dans les conditions dans lesquelles je souhaitais le faire. Et toujours bien sûr dans le respect des règles, je ne me faisais jamais rémunérer, j'intervenais à titre personnel et associatif, et je revêtais cette casquette de policier citoyen pour pouvoir être au plus près des citoyens et des associations qui me sollicitaient afin de témoigner de ce que doit être selon moi un rapport police-population apaisé. Et donc je parle de ce point de vue-là. comme étant cet acteur qui a acquis des connaissances, des compétences, des compréhensions de la société du fait d'un parcours professionnel très riche. De ce point de vue-là, c'est important pour moi de rendre à la cité ce que l'institution m'a donné. Donc qui je suis ? Je suis un policier qui a fait beaucoup de police buissonnière. Je n'ai pas toujours été dans l'institution policière. Aujourd'hui encore, je suis en détachement et je travaille au Centre national de la fonction publique territoriale en tant que chef de projet sur les enjeux de risque et crise et de résilience. Et c'est là où on est justement le caïchant sur cette dynamique. et cet enjeu de prendre en compte ce qu'est le citoyen, ce qu'est la résilience et comment on rend acteur, plus petit dénominateur commun, la personne qui est dans un quartier difficile et qui aujourd'hui n'a peut-être dans son esprit du quotidien la vision de ce qu'est l'impact par rapport au changement climatique. Mais si cette personne est impactée par une canicule, il va bien falloir aussi qu'elle réagisse. Et comment va-t-elle réagir ? Comment on va l'aider le cas échéant à réagir ? Si c'est une personne handicapée, comment on va faire pour l'aider dans ce quartier sensible ? Vous voyez, c'est tout ça qui me tient à cœur. parce qu'aujourd'hui, il y a des enjeux qui sont à la fois de l'ordre de la prise de conscience citoyenne et de la prise de conscience institutionnelle pour être le plus proactif possible et répondre à des enjeux comme cela. Donc ça, c'est des choses qui me meufent depuis des années et qui me font me présenter comme étant cet acteur citoyen policier riche d'une diversité et d'un parcours qui me permet aussi d'être aujourd'hui sur des enjeux de risque et crise ou de gouvernance par rapport à ces enjeux-là.
- Speaker #0
Et pour ce qui relève de votre définition de la facilitation ?
- Speaker #1
Fondamentalement, pour moi, si on parle de... de pédagogie, mais plutôt d'apprenance par rapport à une personne en posture d'apprentissage et en étant adulte. La facilitation, déjà, je n'aurais même pas envie de lui donner une définition livresque. J'aurais plus envie de dire en quoi, dans une posture non descendante, un intervenant pédagogue, les mots sont pesés, je ne veux pas dire formateur, je ne veux pas dire enseignant, un intervenant pédagogue va faire en sorte de trouver dans une dynamique... d'interaction entre lui et les apprenants, la meilleure façon de développer l'apprentissage des apprenants. Et il y a bien, du coup, dans cette facilitation, ce que tous ceux qui travaillent dans la complexité connaissent bien, c'est cette question de la reliance, c'est-à-dire qu'il faut qu'il y ait vraiment une interaction entre l'apprenant et l'intervenant pédagogue. Et en ce sens, la facilitation intervient pour pouvoir fournir des outils, des techniques, des expériences qui permettront... à l'apprenant d'acquérir des compétences.
- Speaker #0
Auriez-vous un exemple concret pour illustrer votre propos ?
- Speaker #1
Je suis à DAP depuis des années sur l'enjeu de traiter de problématiques complexes dans les questions de formation pour la sécurité, de faire changer les regards de différents apprenants qui ont des cœurs de métiers différents. Je vais être précis, lors d'une formation intitulée Urbanisme et coproduction de sécurité, où on faisait travailler des policiers nationaux, municipaux, des représentants de l'éducation nationale, des personnes qui pouvaient avoir d'autres métiers. l'idée c'était de leur donner à connaître un cas pratique identique, et en l'occurrence c'était une manifestation d'étudiants qui nécessitaient d'avoir une interaction entre un représentant de l'éducation nationale, un représentant de la police nationale et un représentant de la police municipale. Et lorsque, ensemble, ils réfléchissent à ce cas pratique, qui est à la fois commun, mais qu'ils regardent à travers leurs regards respectifs par rapport à leur cœur de métier, la facilitation pour eux déjà, c'est les amener à avoir une posture de réflexivité pour changer leur regard. En quoi on facilite ce qui va être pour eux finalement une expérience de réflexivité ? Parce que lorsque le responsable de l'établissement scolaire, sur ce même événement de la manifestation des étudiants, va donner sa vision des choses avec sa façon de vouloir traiter du problème, ça va forcément impacter celui qui a une autre façon de traiter la problématique du point de vue de l'ordre public, et l'enrichissement des deux va permettre d'avoir une approche beaucoup plus efficace. et adapté à l'enjeu parce que justement il y aura eu ce croisement des regards. Et donc on a, j'espère être clair de ce point de vue là, par l'expérience du cas pratique partagé, un exemple de facilitation qui conduit l'apprenant à faire un pas de côté par rapport à son cœur de métier habituel pour que tout d'un coup il comprenne que la problématique n'est pas aussi simple que celle de l'avoir avec son seul prisme. Et de ce point de vue là, l'apport du cas pratique devient un acte de facilitation parce qu'on enrichit. le regard expérientiel de l'opérationnel avec son cœur de métier unique, en générant chez lui une prise de conscience qui est celle de l'enrichissement par l'autre. Et je crois qu'une fois qu'on a vécu ça, une fois, je crois qu'on a facilité cet apprentissage de la coproduction et du passage du 1 plus 1 égale 3. On n'est jamais seul pour traiter des problématiques complexes.
- Speaker #0
C'est l'adulte qui a grandi dans un quartier difficile de la banlieue lyonnaise Les Minguettes qui vous pose la question suivante. Nous évoquons des contextes souvent complexes, des réalités sociales qui peuvent l'être tout autant. Rendre acteur, résilient et citoyen, c'est probablement faire en sorte de passer de l'opposition au dialogue, de la confrontation à l'écoute. Comment fait-on pour relever ce défi-là ?
- Speaker #1
Ça résonne beaucoup ce que vous venez de me dire. Vous parlez des minguettes, je vais du coup contextualiser un tout petit peu dans un quartier difficile. Une expérience que j'ai vécue, que j'ai trouvée remarquable par rapport justement à la question du concernement. Comment on fait pour qu'à un moment donné, une personne en but avec une situation difficile, dans le cadre notamment du rapport police-population, puisse ensuite se sentir concernée. J'ai vécu une expérience très intéressante de dynamique citoyenne, à partir d'un vécu organisé par une sociologue. qui justement, dans un premier temps, avait été interpellé par une partenaire intervenante sociale, en tout cas connectée avec la jeunesse, et des jeunes qui se plaignaient des contrôles réguliers de la police nationale à la rencontre. Du coup, plutôt que d'être dans une logique de confrontation et de validation d'une confrontation comme étant un état de fait immuable, la réflexion qui a été faite et proposée aux jeunes, ça a été de se dire, OK, il y a une situation complète, mais qu'est-ce qu'on en fait ? En quoi on interroge cette situation complexe ? En quoi on peut donner à voir une autre façon de voir cet enjeu en allant voir comment ça se passe ailleurs ? Ça a nourri un projet qui a bénéficié de fonds, qui a permis aux jeunes d'aborder cette problématique sous un angle sociologique. Donc ce pas de côté a été fait, les jeunes sont allés en Angleterre, ils sont allés au Québec. Et de ça est né ensuite un événement avec une dynamique innovante. de confrontation dans le bon sens du terme cette fois-ci citoyenne avec des acteurs institutionnels, des acteurs de la recherche. et avec les jeunes. Et c'était passionnant de voir à quel point des jeunes qui, au départ, étaient en but avec quelque chose qu'ils ne comprenaient pas, ont pu beaucoup mieux comprendre les enjeux en ayant fait cette démarche du pas de côté, de la confrontation à des situations dans d'autres endroits. Et au final, ça n'a pas été le grand soir, il n'y a pas eu de révolution totale, et aujourd'hui, le projet, malheureusement, n'a pas été développé comme on aurait pu l'espérer. Mais moi, j'en retiens quelque chose d'assez magique quand même, parce que, pour le policier que je suis, avoir été cherché à la gare par justement ces jeunes-là, qui, du coup, étaient dans une posture et une attitude très bienveillante et qui, ensuite, ont été co-animateurs de l'animation de l'événement qui consistait à expliquer tout ce qu'ils avaient vécu avec des personnes invitées, notamment du Québec, qui étaient présentes, ça reste pour moi un souvenir magique. Et quand, ensuite, la personne sociologue qui avait travaillé avec eux me faisait part d'un témoignage où elle m'expliquait que ces mêmes jeunes qui, ensuite, allaient dans un collège pour expliquer ce qu'ils avaient vécu et que, lorsqu'il y avait des personnes du collège qui leur disaient le mal qu'ils pouvaient penser des policiers pour telle ou telle situation, c'était ces mêmes jeunes qui expliquaient aux autres, à leur père, Ouais, mais là, tu vois, ça se passe comme ça parce qu'ils avaient compris, ils avaient mis des mots sur des situations complexes qui, au-delà des cas d'espèce qui peuvent être des fois, effectivement, des sorties de route, si j'ose dire, peuvent, dans la grande majorité des cas, trouver une explication beaucoup plus rationnelle. Sauf que si on n'y met pas d'explication rationnelle, c'est là où, effectivement, monte l'incompréhension et monte aussi le cas échéant, le rejet réciproque. Tout l'enjeu est là. Et de ce point de vue-là, je pense qu'on est bien dans la notion de facilitation, où là on voit que le pas de côté à porter, le regard d'un sociologue, le fait de mettre à distance une problématique complexe comme la relation police-population, ça permet à des personnes qui au départ étaient bloquées d'avoir un regard, je dirais, fleuri, enrichi, neuf. Et là, on gagne quelque chose. Et c'est vraiment quelque chose d'important à mon avis, et ça renvoie à la question fondamentale du dialogue.
- Speaker #0
Rendre acteurs résilients et citoyens m'apparaît comme un défi considérable qui se... heurte aux difficultés rencontrées par des populations souffrances, entre crise économique, état totalitaire si ce n'est en guerre, minorité opprimée, injustice sociale, une liste longue que je peux interrompre ici. Comment s'y prendre alors que l'identification même de son interlocuteur est complexe ?
- Speaker #1
C'est l'univers chaotique dans lequel nous vivons tous aujourd'hui et qui perturbe tant les uns et les autres. Dans mon propos, il ne s'agit pas d'avoir un jugement de valeur et de... d'expliquer benoîtement que pour ma part je maîtrise ça, personne ne peut prétendre maîtriser ça. Par contre, pour avoir eu l'occasion de former à la gestion de crise sur un plateau de simulation, avec des personnes qui se font former à cela et puis faire intervenir des experts sur cet enjeu-là, je parle de mon expérience justement de la gestion d'univers chaotiques. C'est le quotidien dans lequel les uns et les autres sont aujourd'hui sans toujours avoir que des... clés déjà de compréhension et encore moins de compétences pour pouvoir gérer ces difficultés-là. De ce point de vue-là, justement, le fait de créer des exercices avec des scénarios, c'est une facilitation. C'est justement un acte fort de préparation pour que, je le dis de façon très imagée, vous avez vite comprendre, on apprend par corps, c'est pas par cœur, on apprend par corps. C'est le corps qui bouge, c'est le corps qui se meut quand on est autour d'un plateau de gestion de crise avec une simulation. Et c'est comme ça qu'on apprend. Et tristement, lorsqu'on est confronté à une crise, on apprend aussi. La définition chinoise de la crise, c'est bien sûr à la fois la crise, mais c'est aussi l'opportunité. Et l'idéogramme le montre bien. Et si c'est une opportunité, dès lors qu'on n'a pas disparu par la crise, on se transforme et on a appris. Dans la douleur, mais on a appris. Aujourd'hui, c'est ça aussi qu'il faut comprendre. C'est-à-dire qu'on vit une période extrêmement difficile, où effectivement, à l'instant T d'une relation, celui qu'on a en face de nous, on ne le connaît pas, on n'est pas dans un univers connu, et il faut pourtant très vite pouvoir établir une connexion pour savoir s'adapter. Est-ce que ça va être pacifique ? Est-ce que ça ne va pas l'être ? Si jamais ça ne l'est pas, quelle stratégie je mets en place ? On appelle ça aussi sur les enjeux de maintien de l'ordre la désescalade. En quoi on est dans la désescalade ? en quoi on est capable aussi de mettre en place des techniques de communication non violente. Donc ça aussi, c'est une forme de facilitation. Donc je crois qu'aujourd'hui, c'est un peu tout ça qu'il faut au minimum comprendre et au mieux apprendre. Et apprendre aujourd'hui à se mouvoir dans cet univers chaotique, ça nécessite d'avoir des accompagnements et des facilitations. Denis Cristal théorise et met en pratique des expériences d'organisation agile. C'est la facilitation qui permet aux organisations de devenir agiles. Ce n'est pas seulement le fait d'avoir une... posture de pédagogue avec une injonction d'apprentissage. Il y a forcément une question de facilitation pour accompagner cette transformation et ça ne peut pas être que de la technique pédagogique au sens strict ou ancien du terme. Donc il faut forcément inventer quelque chose d'autre et c'est aussi ce qu'on peut imaginer par rapport à la question de l'apprenance dans une dynamique collective.
- Speaker #0
Comment introduire la facilitation dans une formation à la gestion des crises, à la gestion des urgences ?
- Speaker #1
Vous savez, on peut faire de la prose sans le savoir, un peu comme Jourdain, un policier de terrain affecté dans un territoire difficile. en termes de dégradation du lien social et de rapports complexes à l'usager, va développer des compétences sur lesquelles il ne mettra pas forcément de la théorie, mais qui pour autant, si on devait justement reprendre ce que j'évoquais tout à l'heure avec la validation des acquis de l'expérience, permettrait de pouvoir démontrer qu'au fur et à mesure, il développe des compétences d'habileté relationnelle et sociale. Donc déjà, ça c'est un premier prérequis qui s'acquiert, je dirais, sans le savoir d'une certaine façon. De ce point de vue-là, le fait de pouvoir ensuite y mettre des... clés conceptuelles, ça peut permettre d'enrichir justement son parcours et de comprendre en quoi il y a des liens très clairs entre ce vécu, cette compréhension du coup du fait des apports conceptuels et la maîtrise des outils qui permettent ensuite soit de les intégrer pour soi, soit de les faire partager avec d'autres de telle manière que ça puisse générer de la dynamique collective. Si on parle de crise, on est obligé de parler à la fois d'un paradoxe, c'est à dire on parle de survie dans la crise. Il peut y avoir une survie individuelle, il peut y avoir aussi une survie collective du point de vue de la personne morale qui peut être impactée, et ça nécessite une réponse collective, une addition des compétences individuelles pour répondre à l'enjeu du moment. Comment on fait ? Et bien là, c'est quelque chose que je dis souvent, c'est-à-dire qu'en aucun cas, on va se contenter au moment de la crise de la seule fiche de poste d'une personne. On n'est pas seulement dans une posture institutionnelle. Au moment de la crise, on va mobiliser tout ce qui permet de trouver la solution au problème, et ça peut être des compétences anciennes. qu'on a acquise dans une expérience de vie personnelle, mais qu'on va mobiliser à cet instant T, parce que c'est cette compétence qu'il est nécessaire de mettre en œuvre. Et ça, vous ne l'aurez pas dans un manuel. Vous pouvez l'avoir dans un manuel, mais tant que vous ne l'aurez pas vécu, vous ne l'aurez pas compris. Donc il faut le vivre, il faut le comprendre. Et là, on est justement dans cet enjeu, c'est pour ça que je parle bien de la crise, et là on fait un pas de côté parce qu'on n'est pas confronté à ça, et notre échange est dans un contexte de calme et d'environnement serein, mais à l'instant de la crise, ce n'est pas le cas. Et à l'instant de la crise, on va mobiliser des compétences, encore une fois, qu'on connaît, qu'on a eu l'occasion d'acquérir, et qui vont être utiles, parce que c'est celle-là qui va être utile. Alors comment on fait ensuite pour comprendre ça pédagogiquement dès lors qu'on n'est pas en crise ? C'est tout l'intérêt de mettre en place des exercices, le fameux apprendre par corps que j'évoquais tout à l'heure, de pouvoir justement donner à connaître des expériences du point de vue de la pédagogie et la facilitation par l'exercice devient quelque chose de ce point de vue-là très intéressant, parce que justement, on peut... et ça permet de gagner beaucoup de temps. On peut prendre conscience de cela alors qu'on n'est pas encore dans la vraie crise. Et pour ma part, je préconise beaucoup justement aujourd'hui, et c'est donc un outil que je propose du point de vue de la pédagogie, c'est mettre en œuvre des exercices de crise. Il y a aujourd'hui une loi qui s'appelle la loi Matras qui préconise ça avec les plans intercommunaux de sauvegarde et la nécessité pour les collectivités territoriales de mettre en place des exercices de crise. Et le cas échéant d'impliquer des citoyens dans ces exercices, c'est fondamental. Dès lors qu'on est capable de pouvoir organiser cela selon les règles de l'art, du point de vue pédagogique et d'application sociétale et citoyenne, on a un exercice qui permet de développer des prises de conscience et qui peut justement rendre acteur un citoyen.
- Speaker #0
Nous approchons du terme de notre enregistrement et je vous dois une question que je pose à pratiquement chaque invité. Avez-vous un exemple de pratique de facilitation qui a vos faveurs ou qui vous aurait marqué récemment ?
- Speaker #1
On s'est vécu là, l'innovation et l'organisation européenne de l'innovation publique. territorial. Et dans ce contexte, j'avais présenté avec d'autres personnes sur l'enjeu justement du rapport police-population. C'est un vécu intéressant parce que, pour répondre à votre question, je pense que visant à traiter de cet irritant qu'est la police-population quand il est conflictué fort aux jeunes, mettre à la place de ceux qui le vivent, que ce soit les jeunes ou la police, ça a été pour moi un moment très intéressant du vécu avec des personnes faisant partie de ce groupe de réflexion. avec l'approche encore une fois par design, qui permettait de prendre en compte le regard d'autres personnes sur cette problématique complexe. Et au final, c'était assez magique, il y a un documentaire qui est issu d'ailleurs de ce moment, je le vois encore, je pourrais vous passer le lien, ce qui a été issu de cet échange, ça a été ce qui est le message in a bottle, pendant le temps où ils sont tombés sur un article de police, et c'est là où ceux qui ont participé... avec la facilitation justement à ce défi, ont pu nous délivrer un message aux porteurs de défis en disant On ne peut pas répondre à votre problème du rapport police-population, la clé, elle est en vous. mais le vous, il était collectif. Comment faites-vous maintenant pour retravailler sur le sujet et en étant dans une logique de la coproduction ? Et finalement, c'était un retour à l'envoyeur, en ce sens que ce défi dont on parlait et qui mobilisait les personnes pour y trouver des réponses, nous était renvoyé en disant Et vous finalement, est-ce que vous le faites réellement ? Je crois que le message dans la bouteille, c'est un peu ça, pour chacun d'entre nous, à l'aune de notre... connaissance, de notre vision des choses dans la société pour eux. Et puis on peut aller très loin sur ce qu'est aussi la police. Au sens grec du terme, c'était la politeia et c'était l'âme de la cité.
- Speaker #0
Comment votre action, comment vos messages passent-ils entre vous, émetteur, et votre public, récepteur ?
- Speaker #1
Ce qui me semble intéressant dans cet exercice auquel j'ai parfaitement consenti avec vous, c'est... Je vais utiliser un média qui est celui de l'audio, qui du coup selon moi permet encore une fois une mise à distance et qui permet de distancier entre l'émetteur que je suis et le cerveau derrière l'oreille qui va recevoir ce message, en plus avec un temps différé. Et pour reprendre ce message dans la bouteille, Je crois qu'il faut déjà savoir qu'à l'éthique dans laquelle nous sommes aujourd'hui, c'est très complexe d'être dans la reliance. Donc en quoi ce que dit l'autre, ça me parle ? Je ne prétends pas avoir une quelconque vérité. Moi, le plus, c'est de ce qui est ma vision de cette réalité, mais ce n'est pas forcément une vérité, c'est ma vérité. Mais est-ce qu'elle est la même aujourd'hui qu'elle le sera demain ? Je crois que l'enjeu fondamental dans cette écoute, c'est ce que je veux passer comme message, c'est en quoi ce que j'entends me change et en quoi ce que je vais entendre le caillouchant d'une autre personne en réponse à ce que je dis aujourd'hui pourra aussi me changer. Je crois que le maître mot, il est là, c'est gardons cette fraîcheur d'une capacité de réflexivité pour ne pas être dans des disques où on voit les autres dans les yeux et non dans une acceptation de la différence.
- Speaker #0
Merci Didier Poulasant pour votre participation. Merci à vous, chers auditeurs. Pour aller plus loin, découvrez la Masterclass Facilitateur d'apprenance sur le site www.learning.coach. Vous retrouverez cet épisode, comme tous ceux qui l'ont précédé, sur le site internet trendy.io, sur nos réseaux sociaux et sur l'ensemble des plateformes d'écoute. A très bientôt pour le prochain épisode.