Speaker #0Moi, j'aime bien utiliser l'exemple de mes étudiants que j'ai en troisième année ou en master, parce que c'est eux qui utilisent des outils d'IA de manière assez naturelle, et pourtant, on est encore très surpris de la manière dont ils l'utilisent. Il y a un truc chez mes étudiants, c'est que, et je pense que c'est commun à à peu près à tous les étudiants, il y en a beaucoup qui utilisent les outils d'IA génératifs, notamment ChatGPT. Et le truc, c'est que la plupart du temps, ils l'utilisent pour tout et n'importe quoi, c'est-à-dire que je vais leur donner une consigne, un exercice à faire, un projet à construire, et eux... le premier réflexe qu'ils vont avoir, c'est d'utiliser ChatGPT. Maintenant, là où ils n'ont pas de bol, c'est que quand je passe dans les rangs pour regarder ce qu'ils font, je vois directement à la première phrase que c'est ChatGPT qui l'a écrit, mais que ce n'est pas eux. Et donc, plutôt que moi de leur interdire ces outils d'IA ou bien de, je ne sais pas, de les sermonner, je préfère les accompagner. L'objectif, là, avec ces étudiants-là, c'était leur faire faire demander quelque chose à ChatGPT, une question complexe par rapport au domaine qu'on est en train d'étudier. Et je leur demande d'analyser la réponse de l'IA en les confrontant avec d'autres sources, soit d'autres sources d'IA, soit d'autres sources documentaires, donc des sites internet, des ressources académiques. Et ensuite, une fois qu'ils ont confronté ces arguments-là et qu'ils voient qu'il y a une différence entre la réponse de l'IA et la réponse qu'ils peuvent trouver ailleurs, je leur demande de corriger ou d'améliorer la réponse de l'IA par rapport à leur propre choix. Et c'est en fait en travaillant sur ces choses-là que les étudiants se rendent compte que l'IA n'est pas du tout infaillible et qu'elle est capable de faire preuve de beaucoup d'erreurs et que la plupart du temps, ça peut leur porter préjudice. Et ils étaient très intéressés par la question, ça a ouvert beaucoup de portes chez eux, beaucoup de réflexions, parce qu'ils ont découvert qu'il y avait beaucoup de biais qui étaient présents, et que ces biais-là, en fonction de la formulation, c'était capable d'influencer les résultats, et qu'eux-mêmes étaient capables d'influencer les résultats en reformulant correctement les questions et en challengeant l'IA. Et donc plutôt que d'utiliser l'IA comme un outil comme ça, basique, dès qu'on a une consigne à répondre, l'objectif pour nous c'était, est-ce que vous êtes capables... de comprendre les réponses qui sont données et de les mettre en contexte et de les améliorer avec votre propre esprit critique. Et l'effet, il a été immédiat. Dès qu'on a mis en place ces petits exercices et qu'ils ont pris conscience de tout ce qui se jouait derrière, la posture, elle a complètement changé. Ils étaient beaucoup plus critiques par rapport à leur utilisation de l'IA et beaucoup plus critiques par rapport aux résultats qu'ils avaient reçus. Et plutôt que de voir ça comme un outil, une solution qui est prête à l'emploi, ils ont commencé à s'en servir plutôt pour structurer leurs idées, identifier des angles d'analyse. Et surtout, ils ont beaucoup gagné en autonomie. parce qu'ils sont capables de l'utiliser correctement. Et là, ça a apporté beaucoup de questionnements chez eux. Et ce n'est pas que moi qui ai répondu du coup, parce qu'il y en a beaucoup qui en ont parlé entre eux. Ils ont testé leurs promptes, ils ont comparé leurs réponses, ils ont comparé leurs questions. Et ça a vraiment fait un gros mélange intellectuel de plusieurs cerveaux qui ont réfléchi ensemble pour utiliser l'IA correctement. Et là, la dynamique, elle a complètement changé. Je trouvais ça super intéressant et c'est la parfaite illustration de la manière dont on utilise l'IA, si elle est bien encadrée, parfaitement comprise. Là,