- Speaker #0
Bonjour et bienvenue sur l'Echo des museaux, le podcast qui donne de la voix pour le monde animal. Je suis Marine, une passionnée d'animaux depuis toujours. J'ai avant tout imaginé ce podcast afin de mettre en lumière celles et ceux qui se dévouent dans l'ombre pour les animaux au sein de la vie associative. À travers l'Echo des museaux, je souhaite valoriser leur engagement et offrir de la visibilité à leurs actions. Qu'elle soit mobilisée pour la prise en charge des animaux abandonnés, la lutte contre la maltraitance, la protection de la faune sauvage ou une meilleure inclusion des animaux dans la société, chaque association sera la bienvenue, parce qu'il suffit d'une personne pour changer positivement la vie d'un animal. Les professionnels qui soutiennent la cause animale dans leur activité auront également la parole. Sur ce podcast, retrouvez aussi informations et conseils afin d'améliorer nos relations avec les animaux et optimiser leur bien-être. Je vous souhaite une bonne écoute de l'épisode du jour ! Dans cet épisode, je vous emmène au plus près de la faune sauvage, celle qui peuple discrètement nos campagnes et forêts, parfois même nos jardins. Hérissons, écureuils, blaireaux ou encore chauves-souris, ces petits habitants des milieux ruraux, parfois citadins, qu'on se sent toujours privilégiés d'apercevoir. Personnellement, je me souviens de toutes les fois où j'ai pu faire ce type de rencontre magique, voir dans mon jardin les hérissons à la nuit tombante ou les écureuils sauter d'arbre en arbre la journée. Une nuit, j'ai aussi aperçu une fratrie de renardeaux jouer sur une route de campagne. J'ai même vu un cerf, une fois, un cerf immense et majestueux, courir à quelques mètres de moi dans la campagne auvergnate. Et j'étais tellement fascinée et médusée par la surprise que je n'ai même pas eu le réflexe de sortir mon téléphone pour immortaliser le moment absolument magique. Bref, la faune sauvage, c'est une multitude d'espèces non domestiques qui vivent autour de nous et malheureusement, ce petit monde se retrouve parfois blessé ou impacté par l'activité humaine. Pour parler de tout ça, j'ai rencontré l'association Pensebête en mai dernier à Chamalières, dans le Puy-de-Dôme, une commune voisine de Clermont-Ferrand. Pensebête, c'est une association de type loi 1901 et un centre de soins pour faune sauvage qui a pour premier objectif de porter secours aux animaux en détresse. On reviendra plus tard sur le type d'animaux accueillis. qu'il soit victime de... collisions, d'empoisonnements, d'accidents de tondeuses à gazon, de rotophiles, trouver orphelins, etc. Pensebête est là pour prendre en charge les animaux sauvages dans le besoin, les remettre sur pattes avant de les relâcher. L'association compte également d'autres missions que nous détaillerons dans l'épisode. Précision importante, le centre de soins est actuellement fermé parce qu'ils n'ont plus de capacitaire, mais nous y reviendrons également et ça permettra aussi d'expliquer toute la complexité administrative que peut... impliquer l'ouverture d'un centre de soins pour faunes sauvages. Pour la première fois depuis le début du podcast, je n'ai pas un invité unique, mais quatre ! Donc dans cet épisode à cinq voix, en comptant la mienne, vous entendrez quatre des bénévoles impliqués activement au sein de l'association. Tout d'abord Christine, la présidente, puis Bertrand, rapatrieur, ensuite Pascal, responsable de la médiation, et Jodie, bénévole active touche-à-tout. À tour de rôle, ils se sont confiés sur leur rôle au sein de l'association et leur amour... communs des animaux de nos campagnes. Vous découvrirez aussi à travers leurs témoignages des conseils et des informations utiles sur la faune sauvage qui a besoin plus que tout aujourd'hui qu'on y fasse attention et qu'on la protège. Allez, je vous propose de commencer avec Christine, la présidente de l'association.
- Speaker #1
Christine, j'ai 68 ans, je suis mariée, j'ai deux enfants, j'ai quatre petits-enfants et je suis dans l'association depuis dix ans et ça fait presque un an que je suis présidente. L'ancien président est parti pour raisons personnelles et du coup, je me suis présentée, étant donné que j'aime énormément cette association et les gens qui y travaillent. J'ai été élue à l'unanimité et ça, c'est en juillet de l'année dernière.
- Speaker #0
D'accord. Donc avant, tu avais un autre rôle dans l'association ?
- Speaker #1
J'étais bénévole et rapatrieuse. Ça a commencé parce que j'ai trouvé, il y a donc dix ans, une petite belette dans mon jardin. C'était un samedi après-midi, donc mon veto est enfermé. J'ai voulu voir comment la soigner. J'ai regardé sur Internet et là, j'ai été très choquée de voir. Avant de voir comment nourrir une belette, ils ont montré plein de vidéos de gens avec des petites belettes, soit dans le lit, soit dans le divan, soit sur un bureau. Et ça m'a choquée parce que pour moi, une bête sauvage doit rester dans la nature. Donc, j'ai été à la pharmacie, j'ai pris ce qu'il fallait pour la petite belette et dès le lundi matin, j'ai été voir mon vétérinaire. qui m'a donné l'adresse de Pensebête. Donc moi j'habite du côté de Thiers, et quand je l'ai amené, j'ai trouvé le capacitaire, donc Laurent, qui m'a remercié de l'avoir amené. Et puis quand j'ai vu tout ce qui était fait, comment marchait l'association, c'est-à-dire qu'il soignait les animaux dans le but de les relâcher. Donc là automatiquement, moi ça fait titre,
- Speaker #0
je lui ai dit,
- Speaker #1
c'est dommage que je suis si loin, sinon je viendrais bien vous aider. Et il m'a dit, pas de problème, tu peux être rapatrieuse. Et voilà comment je suis rentrée dans l'association il y a 10 ans.
- Speaker #0
Donc bien au contact des animaux en plus. Oui,
- Speaker #1
oui, oui, oui. J'aime beaucoup la faune, la flore, me promener dans la nature.
- Speaker #0
En tant que présidente, tu dois être moins au contact des animaux. Ça doit peut-être plus t'occuper l'administratif et du coup ça t'éloigne un peu du terrain ?
- Speaker #1
Non, parce qu'on a quand même une secrétaire qui est au top. Donc je suis présidente. Pascal, que tu vas voir tout à l'heure, est vice-présidente. Il y a une secrétaire, une vice-secrétaire. trésorière, vice-trésorière. Et puis même, tout le monde participe. Il n'y a personne, si tu veux, dans l'association. Bon, on a les titres, mais on est tous au même niveau, sinon. Ça fait dix ans que j'y suis, mais je ne vois vraiment pas le temps passer.
- Speaker #0
La petite belette, elle s'en est sortie ?
- Speaker #1
Oui, c'était une prédation, donc apparemment c'était un rapace ou un hibou qui l'avait fait tomber, puisqu'elle avait la queue sectionnée. Mais elle s'en est sortie sans aucun problème.
- Speaker #0
Christine a en effet succédé à Laurent, président d'origine de l'association, qui a été créée en 2006. Elle s'est d'abord appelée Mamalia. puis Asama Savi pour Association de sauvegarde des mammifères sauvages des villes, avant donc de s'appeler Pensebête en 2012. Aujourd'hui, Pensebête comptabilise une cinquantaine de bénévoles et une centaine de rapatrieurs. On reviendra sur le rôle du rapatrieur avec Bertrand un peu plus loin dans l'épisode, donc pour le moment je n'en dis pas plus. En attendant, Christine nous rappelle ce qu'est un centre de soins pour faunes sauvages et le cadre légal nécessaire à la création d'une telle structure.
- Speaker #1
Un centre de soins, c'est fait pour accueillir les animaux blessés, les animaux orphelins, les animaux qui sont faibles, parce que des fois, il suffit juste de leur redonner un petit peu à manger, du repos, et ça va mieux. Et le but principal, c'est de pouvoir les remettre dans leur milieu naturel, là où on les a trouvés. Il y a trois arrêtés qui sont nécessaires pour l'ouverture d'un centre de soins. Le certificat de capacité, l'autorisation d'ouverture. et l'autorisation de transport. Dans chaque département, il faut qu'on ait notre autorisation de transport. Ici, on peut accueillir les hérissons, ce qui est vraiment le gros de la troupe, on va dire. Après, en deuxième, je crois que c'est les chauves-souris, parce qu'il y a énormément de prédation chat. Après, on a les écureuils. Et puis après, on a quelques fouines, quelques martres. On a même eu un castor, une fois. Et on a eu aussi des loutres.
- Speaker #0
Vous faites un peu les reptiles ?
- Speaker #1
On fait un petit peu les reptiles, mais c'est à la marge, on va dire. Quand même, on a nos cistudes, c'est une tortue de notre région. Et on a eu aussi quelques amphibiens, comme quelques crapauds.
- Speaker #0
Et les oiseaux ?
- Speaker #1
Ah, pas du tout. Les oiseaux, c'est la LPO. Là, nous, on fait mammifères, amphibiens et reptiles. On reçoit à peu près 1 000 animaux par an. Proportion vraiment hérisson en 1, chauve-souris en 2 et curie en 3.
- Speaker #0
Petit aparté qu'il me semble important de faire sur la réglementation en vigueur. En France, s'occuper d'animaux sauvages, ce n'est pas quelque chose qu'on peut faire librement. Tout est strictement encadré par la loi, et c'est bien normal, puisque les animaux sauvages ne sont ni des animaux domestiques, ni bien évidemment des peluches. Comme l'a expliqué Christine, un centre de soins pour faunes sauvages, c'est donc une catégorie très particulière d'établissements encadrés par plusieurs documents clés. Son rôle, c'est uniquement de soigner des animaux sauvages blessés ou en détresse, puis de les relâcher dans leur milieu naturel, mais absolument jamais de les garder en captivité, ni même de gérer la reproduction des espèces. Pour fonctionner, il faut deux autorisations clés. L'autorisation d'ouverture, délivrée par la préfecture, le certificat de capacité accordé à une personne, donc le capacitaire, qui prouve qu'elle a les compétences et l'expérience pour prendre soin des animaux. Le transport est aussi très clairement réglementé, et les particuliers ne peuvent pas transporter eux-mêmes un animal sauvage en détresse. Donc comme l'a rappelé Christine, une autorisation de transport pour ces animaux est également nécessaire. Alors, une tolérance est accordée depuis quelques années, en fait depuis l'émergence des centres de soins, si et seulement si le particulier en question a prévenu le centre de soins le plus proche pour y amener l'animal blessé dans un délai le plus court possible ou la gendarmerie. Enfin, une précision importante, un centre de soins n'est pas un parc animalier, il n'est donc pas ouvert au public, justement pour éviter que les animaux s'habituent à l'homme et puissent ensuite retrouver une vraie vie sauvage. En résumé, un centre de soins est un lieu d'accueil temporaire et transitoire encadrés strictement par la loi pour les animaux sauvages blessés, orphelins, affaiblis, avant la liberté retrouvée. En plus d'être un centre de soins, Pensebête cumule d'autres missions que nous rappelle à présent Christine.
- Speaker #1
Alors les missions, nous on en a vraiment trois. La première, c'est soigner et relâcher les animaux. La seconde, c'est une mission de médiation. Ça c'est Pascal qui est dedans. C'est super aussi parce que c'est... Des gens qui nous appellent, ils ont un blaireau dans le jardin ou autre chose. Ils sont affolés et avec la médiation, en principe, nos spécialistes arrivent à faire rester la bête et puis que les humains vivent avec. Ils arrivent à faire vivre ensemble l'humain et l'animal. Donc très important. Et la troisième, c'est l'information. On fait des stands en présentant notre association, en faisant des jeux avec les enfants. Il y a beaucoup d'écoles maintenant qui font appel à nous. Donc pareil, pour la connaissance des animaux, pour voir leurs traces. Soins relâchés, médiation et information.
- Speaker #0
C'est quoi les espèces menacées par exemple ?
- Speaker #1
Le hérisson, il commence un peu à y être. La loutre, elle est bien protégée aussi. On a l'écureuil, les chauves-souris.
- Speaker #0
Il faudrait qu'il y ait les fouines, mais je ne sais pas, je crois que ça change.
- Speaker #1
Ah non, les fouines, elles ne sont pas protégées.
- Speaker #0
J'en ai une dans mon grenier. Si la médiation peut m'aider, ça va, c'est un autre débat. Après, d'ailleurs, c'était protégé, donc...
- Speaker #1
Maintenant, elle est au contraire dans les espèces isodes, anciennement nuisibles.
- Speaker #0
On va revenir sur les espèces menacées dans quelques secondes. J'en profite juste pour vous dire qu'il existe une centaine de centres de soins pour faune sauvage en France, et qu'il n'y en a pas dans tous les départements. C'est d'ailleurs le cas dans le département dans lequel je vis. Donc voilà, on sent quand même que c'est un écosystème très fragile. Pensebête fait partie de l'Union française des centres de sauvegarde de la faune sauvage. Ce réseau est composé de 34 centres qui secourent également des animaux dans leur secteur géographique avant de les relâcher dans leur milieu naturel, mais il a également une autre fonction. Il permet de faire des recherches sur les causes de la destruction des milieux naturels et participe à des programmes de restauration des espèces menacées. Alors là encore un petit aparté juridique, parce que c'est important de bien comprendre la différence entre un animal sauvage protégé et un animal sauvage non protégé. En France, une espèce protégée, c'est une espèce sauvage pour laquelle l'État a mis en place des mesures de conservation. Ça concerne par exemple le hérisson, l'écureuil, la loutre, le castor, les chauves-souris, mais aussi des reptiles comme la viperaspique ou des amphibiens comme la salamandre noire. Pour ces espèces protégées, l'article L411-1 du Code de l'environnement prévoit qu'il est interdit de détruire ou d'enlever les œufs et les nids, de mutiler, tuer, capturer ou simplement perturber intentionnellement les animaux dans leur milieu naturel, de les naturaliser, dans le langage courant de les empailler, de les transporter, de les vendre, de les acheter, et de détruire ou dégrader leur habitat naturel. A noter que ces interdictions s'appliquent à la fois aux spécimens vivants, morts, et à toute partie ou produits issus de l'animal, comme la peau, les plumes, etc. On comprend bien donc qu'aucune intervention directe de l'homme n'est permise. sauf autorisation très spécifique donnée à des centres agréés, des centres de soins, des capacitaires ou des scientifiques pour la recherche. Ne pas respecter ces interdictions, c'est d'ailleurs risquer jusqu'à 3 ans de prison et 150 000 euros d'amende. Mais qu'en est-il alors des espèces qui ne sont pas classées protégées ? Vous vous en doutez, ça ne veut pas dire qu'on peut faire ce qu'on veut avec eux. La détention, la capture, le transport et même la chasse restent très encadrées par la loi. Par exemple, dans le cadre de chasse, de pêche, certaines espèces qualifiées de gibier sont soumises aux règles du Code de l'environnement, qui définit des périodes d'ouverture, des quotas de chasse, ou encore les interdictions de certains modes de capture. Il y aura quelques cas très très rares à la marge, d'espèces non domestiques détenues par des particuliers. Vous avez peut-être entendu l'histoire du sanglier Riette, qui avait fait grand bruit sur les réseaux sociaux il n'y a pas si longtemps que ça. Je vous laisserai découvrir l'histoire si vous ne la connaissez pas. Mais pour la résumer, il s'agit d'une lait qui a été adoptée tout bébé, enfin tout marcassin, par une jeune femme, Élodie. qu'il avait prise sous son aile et qu'il avait nourrie. Le marcassin est donc devenu une lait adulte, très familière et habituée aux humains. Donc Elodie avait tout mis en œuvre pour régulariser la situation de Riette et obtenir l'autorisation administrative de la garder. On le rappelle, la détention d'un animal sauvage comme un sanglier dans cet exemple est un cas exceptionnel et évidemment soumis à une autorisation préfectorale avec des règles de détention de l'animal très strictes à respecter. Donc la préfecture compétente sur ce dossier avait fini par donner son accord puisque toutes les cases étaient remplies pour la détention de rillettes, sans risque sanitaire ou de sécurité pour les humains ou les autres animaux. Mais elle avait néanmoins déclaré « La détention d'un sanglier doit rester rare puisque sa place est dans la nature. » Ça sera la clôture de cette partie un peu explicative pour dire que oui, la place d'un animal sauvage est bien dans la nature et que l'animal sauvage, qu'il soit protégé ou non, est soumis à une réglementation très stricte. Je vous le disais au début de l'épisode, depuis un an, l'association Pensebête n'a plus de capacitaire Merci. et ne peut donc plus recevoir d'animaux à l'heure actuelle, ce que nous explique désormais Christine.
- Speaker #1
Nous n'avons plus de capacitaire, et tant que nous n'avons pas de capacitaire, nous ne pouvons pas rouvrir le centre de soins. On peut continuer les deux autres missions, médiation et information, mais aucun animal ne transite par notre centre tant qu'on n'aura pas de capacitaire.
- Speaker #0
Un capacitaire, c'est ?
- Speaker #1
C'est celui qui a l'agrément, et c'est pour ça qu'il faut passer justement un certificat de capacité. Dans le même dossier, il va falloir présenter tous les mammifères. que nous, on a au centre. Par exemple, on peut percevoir, nous, tout ce qui est cervidé, parce qu'on n'a pas l'espace. Donc, on présente tous les animaux qu'on voudrait avoir et qu'on peut avoir au centre. Mais ils sont obligés de faire un dossier avec chaque animal.
- Speaker #0
Donc là, qu'est-ce qui ferait que ça pourrait changer ? Vous faites des appels ? Enfin, comment ça peut...
- Speaker #1
Non, mais on a deux de nos bénévoles qui sont en train de le préparer, de préparer cet examen pour passer ce certificat de capacité. Et une fois qu'elles l'auront finie, il faut encore qu'on passe devant une commission qui va leur donner l'agrément.
- Speaker #0
Et si quelqu'un, un nouveau bénévole arrive en disant j'ai ça, c'est le Saint Graal et ça peut réouvrir l'agrément.
- Speaker #1
Oui, oui,
- Speaker #0
oui. C'est tout ce qu'on vous souhaite. Et vous avez quand même en parallèle des gens qui vous appellent et vous réorienter.
- Speaker #1
Et bien voilà, avec Pascal, on se partage le téléphone allègrement. Et nous, des fois, on fait aussi la route. S'ils ne peuvent pas la faire, on fait la route.
- Speaker #0
Pour compléter le propos de Christine, je vous explique ce qu'est un capacitaire. Il s'agit donc du titulaire d'un certificat de capacité pour l'entretien d'animaux d'espèces non domestiques. C'est un certificat prévu par le Code de l'environnement, qui atteste que son titulaire possède les compétences théoriques et pratiques nécessaires pour assurer la détention d'une espèce sauvage, son entretien, c'est-à-dire le respect de ses besoins physiologiques, et le soin de ses animaux, en particulier lorsqu'il s'agit d'espèces protégées. Le capacitaire est donc la personne responsable légalement de la gestion des animaux dans un centre de soins pour faune sauvage. Et comme l'a expliqué Christine, sans capacitaire déclaré et agréé, aucun centre ne peut fonctionner. Dans le cadre d'un centre de soins pour faune sauvage, le capacitaire doit être doté du certificat de capacité pour la faune sauvage captive à des fins de soins, qui précise en détail les espèces concernées qui seront accueillies au centre de soins, le type d'activité autorisée au centre de soins, donc dans ce cas précis, la réhabilitation, le soin temporaire. en vue de la remise en liberté. Un futur capacitaire ne passe pas un examen au sens scolaire du terme, mais il constitue un dossier pour demander le certificat de capacité. Et dans ce dossier, il doit apporter la preuve qu'il a les compétences nécessaires en biologie, en soins animaliers, connaissances en alimentation des animaux sauvages, dans leur manipulation, voilà. Il doit pouvoir prouver son expérience en centre de soins ou son expérience professionnelle avec la faune sauvage et sa bonne connaissance de la réglementation en vigueur. Donc on voit que c'est beaucoup de travail. Une fois le dossier constitué, il sera examiné par les services de l'état compétent, la DDPP et l'ADREAL. A noter que le certificat de capacité est nominatif, donc accordé à une personne et non à une association. C'est donc toute la difficulté quand le capacitaire quitte le centre de soins, ce que vie actuellement pense Bette. Pour résumer, le capacitaire est le garant légal et technique de la prise en charge des animaux sauvages recueillis dans un centre de soins. Sans capacitaire agréé, un centre de soins pour faune sauvage ne peut pas ouvrir ni fonctionner légalement. Est-ce qu'avec les années, tu sens que les gens se sentent plus concernés ou plus de respect envers la faune sauvage ou les comportements qui changent ?
- Speaker #1
Je dirais quand même qu'il y a des comportements qui changent et puis il y a des comportements qu'on a du mal à faire changer. Mais dans l'ensemble, quand même, je trouve que puisqu'on a plus d'animaux, c'est que les gens font plus attention et il y en a qui font vraiment une heure, deux heures de route pour nous les amener. Donc oui, on peut dire quand même qu'il y a de l'amélioration.
- Speaker #0
Il y a plus d'attention.
- Speaker #1
Il y a plus d'attention, oui.
- Speaker #0
Ça te prend beaucoup de temps l'association ?
- Speaker #1
Oui, oui, si je vais être honnête, oui. Puis, comme il y a du vivant par le fait, même si je ne le fais pas, je me renseigne comment ça s'est passé, comment ça va. Mais c'est un plaisir, ce n'est pas du tout une obligation, sinon je ne le ferais plus. Je suis toujours aussi motivée, aussi partante, après dix ans de Pense-Vet.
- Speaker #0
C'est bien d'avoir des gens qui restent positifs et motivés, même après autant de temps engagés, bravo !
- Speaker #1
Non, je trouve ça facile. Puis en plus, on est un groupe d'amis. Il y en a un qui est plus fatigué ou n'importe, l'autre, il prend le relais. Et ça, je trouve ça super.
- Speaker #0
On continue l'épisode avec le témoignage de Bertrand, rapatrieur pour l'association et grand allié des animaux, sauvage ou non.
- Speaker #2
Donc Bertrand, 48 ans, je suis rapatrieur. Je n'ai pas d'enfants. Enfin, j'ai deux Ausha à la maison. Ce sont mes enfants. Je suis chef d'entreprise. J'ai un... une cabine d'assurance. Ça me laisse relativement de temps libre pour m'organiser quand j'ai besoin. Je peux modifier assez facilement mon emploi du temps quand il y a des urgences, notamment pour Ponce-Mètre.
- Speaker #0
Toi, ça fait combien de temps que tu es dans l'association ?
- Speaker #2
Ça doit faire 3-4 ans à peu près. Ça faisait un petit moment que j'avais dans l'idée de m'impliquer pour le monde animal. Et puis, renseignement pris, il y avait cette possibilité d'allier ma passion de la route, puisque je roule énormément, j'aime beaucoup ça, et finalement de le faire pour la bonne cause. Donc, ça a été un premier point. Puis, un deuxième point, c'est que c'est une association qui a besoin aussi de donateurs pour en vivre. Beaucoup de gens donnent de leur temps libre. C'est indispensable pour l'organisation et le fonctionnement de l'agence. Et donc, ces associations sont habilitées aujourd'hui, effectivement, pour recueillir aussi des fonds et bénéficier aussi d'une déduction d'impôt. Ça, c'est important de le rappeler aussi pour tous les gens qui ont cette possibilité. C'est qu'en donnant dans ces associations-là, vous pouvez déduire jusqu'à 66% du don au titre de votre impôt. donc voilà, il y a besoin aussi de... de soutenir financièrement ces associations, c'est très très important, c'est indispensable.
- Speaker #0
Tu as parlé d'engagement dans le monde animal, donc pourquoi plus la faune sauvage qu'autre chose que le chien domestique par exemple ?
- Speaker #2
Parce que je considère que la faune sauvage paye vraiment un très très lourd tribut sur notre mode de vie. C'est juste une catastrophe, on vit un effondrement des espèces, on est dans la sixième extinction de masse, et nous sommes les seuls responsables de cette situation. L'humain est le seul responsable de par son empreinte, son mode de vie. Alors il ne s'agit pas de nous faire culpabiliser, mais c'est un constat. Il faut en avoir conscience. Et en ce sens, je rejoins complètement le propos de Christine, où de plus en plus de gens, y compris et surtout même chez les jeunes générations, se sensibilisent à la cause animale, la préservation de la faune sauvage. Maintenant, on doit faire face effectivement à des causes qui nous dépassent, qui sont extrêmement fortes. L'agriculture intensive, tous les pesticides qui aujourd'hui ont détruit la quasi-totalité des insectes, des insectes volants. Tout ça étant une chaîne alimentaire, tout se répercute. Et au final, on se retrouve effectivement avec un effondrement de la biodiversité. nous sommes voilà une toute petite goutte dans un océan de larmes et on essaye de faire ce qu'on peut les petites gouttes font les grandes rivières on dit toujours Quand tu aimes les animaux, tu les aimes sans distinction, donc après tu as envie de t'impliquer. Que tu le fasses au travers d'une association de préservation de la faune sauvage ou bien dans une association où tu vas lutter pour la surpopulation féline ou ce genre de choses. Il y a plein de sujets. Il y a une grosse souffrance du monde animal d'une manière générale et qui prend de multiples facettes, quel que soit l'endroit où tu t'inscris aujourd'hui pour ainsi de t'impliquer, c'est toujours bienvenu.
- Speaker #0
Le rapatrieur est celui qui se déplace pour récupérer l'animal à secourir afin de le ramener au centre de soins si la personne qui a trouvé l'animal ne peut pas se déplacer ou ne peut faire qu'un mi-route selon la distance. Bertrand nous en dit plus sur ce rôle crucial, mais juste avant, il rappelle la marche à suivre lorsque l'on trouve un animal sauvage dans le besoin.
- Speaker #2
La première chose, c'est de prendre contact de toute façon par téléphone avec le centre de soins le plus proche. Alors ce ne sera pas nécessairement Pensebête, puisque ton podcast est national. Les gens peuvent simplement se renseigner pour trouver le centre de soins le plus proche. Il y a toujours un numéro d'urgence et au bout, il y aura toujours un permanent qui va déjà permettre d'identifier la situation, de donner les précieux conseils à ce moment-là. Parce que tous les animaux qui sont découverts ne sont pas nécessairement en détresse. Il s'agit de savoir si l'animal qu'on a en face de soi présente des caractéristiques qui nécessitent une intervention humaine et un soutien derrière pour être soigné. Le permanent au bout du téléphone va permettre d'identifier, de préciser la situation. Si on a affaire à un animal blessé, on peut l'identifier plus ou moins facilement. Tu peux avoir affaire à un hérisson le jour, un hérisson n'a rien à faire le jour. C'est un animal nocturne, donc peut-être qu'il présente des faiblesses, des choses qui nécessitent une intervention. À ce moment-là, il va être donné par téléphone de précieuses informations pour déjà préserver l'animal dans une boîte en carton, éventuellement lui mettre une bouillotte, quelque chose. Et c'est tout de suite après qu'un rapatrieur va prendre le relais. En fonction des secteurs géographiques, l'association contacte plusieurs personnes et essaie de trouver leur appâtreur qui sera disponible le plus tôt possible pour aller récupérer l'animal et le ramener au centre de soins, comme une sorte d'ambulance. Donc il s'agit en fonction des degrés d'urgence, soit d'intervenir rapidement, soit d'attendre et de s'organiser pour intervenir peut-être que 24 ou 48 heures et rationaliser après le déplacement avec possiblement d'autres animaux aussi à récupérer.
- Speaker #0
Et tu fais ça dans ton véhicule à toi ?
- Speaker #2
Absolument. Parfois ça fait de drôles d'expéditions. Avant que Erina, un centre de soins qui se trouvait à côté de Limoges, soit ouvert, on avait des animaux sur ce territoire-là du Limousin qui nécessitaient d'être récupérés et j'ai eu à faire quelques rapatriements sur cet axe-là. Et donc parfois on se retrouve avec des nichets complets de cartons dans la voiture, avec des hérissons, des renards, des pipistrelles, des petites chauves-souris. C'est assez incroyable. Et puis il s'agit d'être prudent. de mettre en place les meilleures conditions pour assurer un répatriement serein. Pour ça, pas mettre de musique, évidemment, pas mettre trop froid, pas mettre trop chaud non plus. L'idée, c'est de ne pas faire enrhumer les animaux qui sont déjà très affaiblis. Et puis, de ne pas tarder, évidemment. Du coup,
- Speaker #0
c'est des animaux sauvages, donc on garde une distance, mais est-ce que tu es amené à les manipuler ?
- Speaker #2
En général, non. Dans le véhicule que j'ai à utiliser, il y a toujours une caisse qui est préparée avec une couverture, différents matériels pour essayer de... prendre soin de l'animal si besoin, évidemment avec des gants bien sûr, manipuler l'animal pour l'occasion du transfert et puis après à direction le centre de soins. Là encore une fois il s'agit de sécuriser l'animal pendant le transport de telle manière qu'il ne s'échappe pas du véhicule parce que là ça peut être aussi très dangereux donc il faut absolument tout mettre en oeuvre. Comme tu transporterais ton propre animal domestique dans une caisse, tu l'emmènes chez le vétérinaire, c'est exactement la même chose. C'est toujours touchant. Que ce soit des petits lièvres, des petites souris, c'est une occasion assez inespérée de voir ces animaux. Alors malheureusement, quand j'ai à intervenir, c'est qu'ils ne sont pas très en forme. Des renards, c'est toujours touchant. Il y a cette détresse que tu vois dans ce regard, cette peur, et tu n'as qu'une envie, c'est de les aider et de faire au mieux parce qu'on a une dette vis-à-vis... Enfin, je considère que nous avons collectivement une dette vis-à-vis du monde animal. Et donc, c'est important d'en prendre soin. Après, ça ne se passe pas toujours bien. Parfois, tu mets beaucoup de temps, beaucoup d'énergie à rapatrier, parfois à aider aussi à récupérer l'animal. Et une fois qu'on a ramené l'animal, on prend des nouvelles, évidemment. Et parfois, les nouvelles ne sont pas bonnes. Une fois que les examens sont passés, que les blessures sont trop grandes et que la possibilité de soigner un animal n'est plus possible, il faut procéder à l'euthanasie de l'animal. Et ça, ce n'est jamais de bonnes nouvelles. Mais c'est vrai des rapatrieurs, c'est surtout vrai des soigneurs. Les soigneurs qui passent leur nuit complète, leur journée, leur nuit à biberonner, à faire de l'art possible, et puis quand parfois ça se seule par un échec, ça te déchire le cœur. Il faut recommencer parce que t'as pas le choix, c'est comme ça.
- Speaker #0
Ça fait partie d'un tout et ça fait partie du job.
- Speaker #2
C'est un tout, absolument.
- Speaker #0
C'est beau de faire ça. Moi, je ne savais pas qu'il y avait des rapatrières. Je ne m'étais jamais posé la question. J'imaginais bien les soigneurs, mais...
- Speaker #2
Tu as tout type de rapatrières dans l'association. Tu as des chauffeurs poids lourds qui viennent parfois s'arrêter parce qu'ils ont toujours la même liaison. Parfois, ils peuvent être contactés aussi, aider à ramener aussi un animal. C'est vraiment une chaîne de solidarité. Tu as tout type de gens, tout type de véhicules, toutes sortes de milieux socioprofessionnels. Il y a vraiment de tout.
- Speaker #0
Toi tu peux faire beaucoup de route.
- Speaker #2
Pas plus tard qu'aujourd'hui, j'avais l'interview, mais c'est ma compagne qui est partie au centre de soins de Millau aller faire un rapatriement pour cinq petits hérissons et un petit chat forestier également, qui était en détresse, dont la maman avait certainement été abattue par des chasseurs sur un acte malencontreux. C'est vraiment une forme d'enrichissement, d'abord cette solidarité, elle est absolument admirable, elle tient avec des bouts de ficelle, comme bien souvent, et ça fonctionne. et c'est parce que tout le monde s'implique, ça c'est assez fantastique. Donc voilà, c'est peu de choses, mais c'est juste indispensable aujourd'hui pour essayer de soulager un petit peu de douleur dans un monde qui est vraiment un monde de brutes, qui est un monde assez dégueulasse et assez difficile.
- Speaker #0
Je partage le constat de Bertrand, il y a une vraie souffrance du monde animal. et ça ne rend que plus précieux son témoignage que je trouve très inspirant, et bien sûr son engagement. J'avais jamais vraiment pensé à ça d'ailleurs, au réseau des rapatrieurs, venus de tous les horizons, parfois chauffeurs poids lourds, etc. Mais c'est une pensée assez jolie en fait, de se dire que parfois dans les poids lourds qu'on croise, ou les autres véhicules, il y a peut-être une petite bête en transit pour être soignée. Forcément une petite bête mal en point, mais je trouve que ça réchauffe quand même un peu le cœur. Donc c'est une belle chaîne de solidarité qu'on ne peut que saluer et encourager. Peut-être que vous aussi, auditeurs, qui aimez la route, et qui écoutez peut-être le podcast en roulant, ça vous donnera des idées pour vous investir comme Bertrand. L'épisode continue avec le témoignage de Pascale, la responsable de la médiation. Moi c'est Pascale, je suis dans l'association, ça fera bientôt 5 ans, en septembre.
- Speaker #1
Je suis bénévole sur les permanences, à la médiation, au téléphone,
- Speaker #0
à la sensibilisation. Je fais partie du conseil d'administration. Tu fais plein de choses. Donc oui, j'ai trois enfants et trois petits-enfants. Tu ne t'ennuies pas. Alors avant de passer dans la vie du sujet de la médiation déjà, pourquoi avoir voulu s'engager pour la faune sauvage ? Moi je dirais que ça me vient de mon enfance en fait, parce que mes grands-parents habitaient à la campagne.
- Speaker #1
J'allais donc passer les vacances à la campagne et donc mon grand-père était très proche de la nature forcément.
- Speaker #0
Donc on voyait beaucoup d'animaux sauvages à l'époque.
- Speaker #1
En tout cas, l'endroit où j'étais,
- Speaker #0
il n'y avait pas du tout de pression de chasse.
- Speaker #1
Donc en fait,
- Speaker #0
on voyait vraiment les animaux régulièrement. Et mon grand-père m'expliquait toujours en bouillève,
- Speaker #2
le lapin,
- Speaker #1
le chevreuil. Donc je crois que vraiment,
- Speaker #0
ça vient de là. Dans le jardin, dans le verger, j'étais en train de cueillir des pommes avec ma grand-mère, c'était en plein jour. Et puis d'un coup, juste derrière, on voit deux petits bois. Il nous a regardés, c'était la première fois que je voyais un chevreuil, je devais avoir 8-10 ans. Et ça c'est magique quand on arrive à voir les animaux qui ne se sauvent pas, qui sont là, qui passent. Et la médiation sert aussi à ça, à expliquer aux gens que les animaux font partie, on est chez les animaux. La médiation, c'est apprendre aux gens la biologie des espèces qui les entourent, de sorte qu'on a plein de croyances, plein d'idées déjà préconçues sur les animaux. Et en fait, leur parler de la faune sauvage qui les entoure, ça aide à mieux les comprendre et à les accepter. Si tu veux que je donne un exemple, le renard notamment, pour parler de lui, parce que les gens ne l'aiment pas bien ou en ont peur. Il y a des croyances sur les maladies, sur le fait que ça fule, qu'il y en a plein. Donc leur expliquer comment vit le renard, ça permet de mieux comprendre et de l'accepter. La médiation, ça passe... déjà à la base soit par la ligne téléphonique, c'est-à-dire que les gens appellent, expliquent leurs problèmes de cohabitation avec la faune sauvage, ou alors par mail. Et à ce moment-là, on renvoie sur le groupe médiation. Il y a cinq personnes sur le groupe médiation. Et à ce moment-là, une personne du groupe va prendre contact, déjà téléphoniquement. Alors c'est très rapide, généralement c'est dans la journée. Donc voilà, de façon à vraiment rassurer les gens tout de suite. Et puis après, on prend rendez-vous. parce qu'il faut toujours qu'on se déplace pour avoir bien la situation, connaître le problème, et puis discuter avec les gens, et poser un piège photo. On va poser un piège photo qu'on va laisser une semaine pour identifier l'espèce, parce que des fois, les gens nous disent « Ah ben, c'est un renard » , alors qu'en fait, c'est une fouine, c'est un blaireau, alors que c'est un sanglier. Donc voilà, il faut vraiment qu'on arrive à identifier l'animal, c'est important. Ils découvrent l'animal, en fait, parce que souvent, ils voient les dégâts de l'animal, important ou pas, mais ils n'ont jamais vu l'animal. Donc, de voir l'animal, déjà, ça amène... de voir la présence de cet animal, de voir la façon dont il vient, de par où il passe, c'est toujours régulièrement, quasiment aux mêmes heures, etc. Il se familiarise avec cet animal qu'il ne voit pas et il accepte mieux.
- Speaker #1
Et concrètement, le piège photo, comment c'est ?
- Speaker #0
C'est un boîtier qui fonctionne sur pile et qui est programmable. Donc on le programme en fonction des heures, généralement on le programme la nuit, pour ne pas déranger les gens. Et en fait, ce piège photo va se déclencher devant un passage d'animal. On a eu des surprises, des fois ce n'était pas des animaux, c'était des humains.
- Speaker #1
Pascal me confie une anecdote qui s'est déroulée au printemps chez un habitant de Clermont-Ferrand qui a contacté Pensebête pour faire appel à leur service de médiation.
- Speaker #0
Il nous appelle le matin à 9h en disant « Depuis 8h ce matin, j'entends crier sous ma terrasse en permanence, je ne sais pas ce que c'est, il nous fait écouter. » Et là, on se dit « mince, ça doit être un blé routin » . Donc, c'est bizarre parce que ça fait une heure qu'il crie en permanence sans s'arrêter. Donc, on lui dit « écoutez, on va aller ouvrir » . voir on arrive chez lui. Et effectivement, quand on est arrivé, c'était bien un blaireautin au cri. Donc on a dû enlever toutes les lattes qui entouraient la piscine, qui étaient en bois, pour vérifier quand même. Effectivement, c'était un petit blaireautin aveugle qui commençait à avoir des poils, mais tout juste, il devait avoir quelques jours. Et en fait, il criait, la mère était partie. Et la cause, en fait, pourquoi la mère est partie, c'est parce que le monsieur faisait des travaux dans son jardin et il y avait beaucoup de bruit. Donc on a décidé là de poser un piège photo en se disant, tant qu'il va y avoir du bruit, parce qu'il y avait vraiment un gros bruit de bétonneuse, etc. Tant qu'il va y avoir du bruit, la mère ne va pas revenir. Mais on voulait être sûrs quand même qu'elle revienne. Donc on a posé un piège photo sous la piscine. Le soir, à 21h, on est revenus voir. Il nous a dit les cris ont cessé à partir de 18h. Soit il était mort, soit la mère était venue le récupérer. Et en fait, sur les images du piège photo, on a vu la mère qui, juste après la fin des travaux, est arrivée et a pris le petit et est partie. On a beaucoup de soucis, nous, avec ce qu'on appelle les codes de Clermont. Parce qu'en fait, on a construit, construit, on voit encore des maisons qui se construisent. Et là, en fait, il y a des blaireaux qui vivent depuis des générations avec leurs terriers. Et puis les gens ne comprennent pas des fois pourquoi. Pourquoi il est dans mon jardin ? En fait, votre jardin est sur son territoire. Et c'est ça, en fait. C'est ça le message qui est à faire passer. C'est qu'on partage.
- Speaker #1
Absolument. Et puis ça peut être ailleurs à clair moment. Enfin,
- Speaker #2
je veux dire,
- Speaker #1
une situation comme ça peut être partout. Vous avez beaucoup d'interventions ?
- Speaker #0
Alors ça dépend vraiment sur l'année. On va avoir les blaireaux par exemple qui vont faire des petits trous dans les jardins, mais ça va être à une période bien particulière, c'est maintenant. On va avoir les renards qui vont prédater les poules en journée. Ça va plutôt être aussi maintenant. Les renards ont eu leur petit, elles ont donc des bouches à nourrir et elles vont être un peu plus audacieuses, elles vont aller dans le poulailler la journée.
- Speaker #1
C'est les animaux que vous retrouvez le plus en médiation, les renards et les blaireaux ?
- Speaker #0
Les renards, blaireaux, fouines. On propose des solutions toujours de cohabitation quand c'est pas possible parce que les gens dorment plus la nuit, des personnes qui ont déménagé leur chambre au rez-de-chaussée parce que c'était plus possible de dormir. Donc là on va les conseiller sur la façon de surtout attendre qu'il n'y ait plus de petits. Quand il n'y a plus de petits, la fouine va partir, elle ne va pas rester là sur son gîte d'hiver. Donc du coup on attend que les petits soient partis, on met des pièges photos, on met des répulsifs naturels et puis après on bouche. Il faut boucher le trou, sinon on le voit bien. On a un charpentier, Naki, sur Romania, qui fabrique des gites pour les fouines, par exemple. Gites qui peuvent être intégrées dans la toiture.
- Speaker #1
Et l'animal, il déménage ? L'animal, il déménage dans le gite ?
- Speaker #0
Ça marche ? L'animal va aller dans le gite, oui. Parce qu'il ne va pas avoir d'autre choix, en fait. Ça va être fait de telle sorte que quand il va rentrer, par son entrée habituelle, il va rentrer dans le gite. Donc il va s'installer.
- Speaker #1
Il y a des situations d'échec ? Des situations où on ne peut rien faire ?
- Speaker #0
Alors là, je cherche... Oui, on en a eu une fois, oui. Situation d'échec à la campagne, mais bon. Un chasseur qui était là et qui ne voulait absolument pas, c'était pour un blaireau, et qui ne voulait pas entendre parler de toutes les solutions qu'on proposait. Donc évidemment, quand on n'essaye pas...
- Speaker #1
Oui, ça c'est sûr.
- Speaker #0
On propose même un prêt de clôture électrique pour les potagers, etc. pour montrer que ça marche. Là, il n'y avait pas de... Pas de solution possible, ils voulaient juste qu'on le déplace. Mais ça, on ne peut pas, on n'a pas le droit de déplacer un animal.
- Speaker #1
Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur la sensibilisation et sur les publics que vous ciblez,
- Speaker #0
qui font appel à vous ? La sensibilisation, c'est principalement, je dirais, sur les écoles, les centres aérés, donc c'est les enfants, clairement. Il nous est arrivé de faire de la sensibilisation dans les entreprises, mais c'est principalement au niveau des enfants. Donc ça peut être sur une journée, une demi-journée. où on va proposer des activités, expliquer ce que c'est qu'un centre de soins, pourquoi on existe, et aussi leur parler un petit peu de la faune sauvage qui les entoure, la faune sauvage auvergnate. Et ça, c'est important, parce que quand on leur demande... Citez-moi un animal sauvage, girafe, lion, qui vit ici.
- Speaker #1
Donc, les publics, c'est quoi ? C'est petit, CP ?
- Speaker #0
Oui, on a fait une petite section de maternelle, toutes les sections de maternelle, en fait, jusqu'au CP. Et on est allé aussi en collège.
- Speaker #1
Donc ça, vous devez adapter vos activités. C'est quoi vos genres d'activités alors ?
- Speaker #0
Alors ça va dépendre de l'âge, bien sûr. Ça va être des photos, des animaux, l'adulte avec le bébé, comment on appelle le bébé, comment s'appelle l'adulte, le mâle, la femelle, où est-ce que ça vit, le mode de vie de chaque espèce. Généralement, c'est les espèces qu'on reçoit ici au centre de soins. Ça va être aussi la découverte des empreintes, ou faire le parallèle entre les animaux domestiques et les animaux sauvages, le mouton,
- Speaker #2
le boufflon,
- Speaker #0
voilà. Regardez les empreintes, la façon dont ils vivent.
- Speaker #1
Vous faites souvent les animations de sensibilisation ?
- Speaker #0
On va en faire 5, 5-6 sur l'année.
- Speaker #1
Sensibiliser les adultes, c'est essentiel. Comme par exemple, faire comprendre aux gens qui s'implantent tardivement en milieu rural que les animaux étaient déjà là et donc que ce sont les humains qui s'installent chez les animaux et non l'inverse. Mais éveiller les plus jeunes à la richesse de la faune sauvage, c'est tout aussi important. Parce que les enfants d'aujourd'hui sont les protecteurs de la nature de demain. En leur apprenant à observer, respecter et protéger les animaux qui les entourent, les associations comme Pense-Bête sèment en eux des petites graines d'attention et de curiosité qui pourraient se transformer en passion, et puis peut-être ces enfants sensibilisés deviendront les futurs bénévoles, rapatrieurs et même soigneurs de demain, ceux qui prendront le relais pour défendre et protéger à leur tour la faune sauvage. On continue avec la dernière invitée de cet épisode 100% faune sauvage, j'ai nommé Jodie qui a été mon interlocutrice privilégiée pendant tout mon travail sur cet épisode et j'en profite avant de lui laisser la parole pour la remercier de cette disponibilité et pour nos échanges qui m'ont beaucoup aidée. J'utilisais le terme « touche à tout » pour qualifier Jodie, mais vous verrez qu'effectivement, elle ne chôme pas au sein de l'association.
- Speaker #2
Moi, c'est Jodie, j'ai 34 ans, ça fait depuis janvier 2022 que j'ai rejoint l'association et je suis aussi membre du conseil d'administration depuis le début d'année. Depuis toute petite, moi, ça a toujours été ma passion, les animaux. Comme Pascal, j'étais dans la campagne, j'ai toujours vécu au milieu d'animaux. J'avais vraiment pareil une maison aux abords de vaches, de chevaux, plus nos animaux de compagnie. Et tous les matins, quand j'ouvrais la fenêtre de ma chambre qui donnait vue sur le bois, du coup, je voyais souvent une famille de chevreuils, des renards, différents oiseaux, des sangliers. Ça a renforcé cette passion depuis que je suis vraiment toute petite. Principalement, je suis au centre en général, donc je m'occupe des animaux qui sont déjà sur place. Donc l'entretien des enclos, le nourrissage, les premiers suivis de soins pour après, dès que le capacitaire arrive, puisse lui vraiment s'occuper et s'atteler vraiment à ceux qui en ont besoin. En plus, la réception et l'accueil de personnes qui viennent déposer un animal par exemple. Moi je suis aussi beaucoup maintenant sur les stands, centres de sensibilisation, et puis c'est déjà pas mal.
- Speaker #1
Bah c'est vrai, c'est carrément pas vrai.
- Speaker #2
Voilà, moi j'ai... En fait j'ai toujours voulu m'impliquer dans les animaux. Bon après par manque de temps et la vie a fait que, entre la vie professionnelle, personnelle, je me suis dit qu'on le fera mais le temps passe et on ne le fait pas. Moi j'ai connu l'association en fait, une période un petit peu compliquée, je venais de me séparer de mon conjoint avec qui j'étais restée presque dix ans. Je venais d'emménager dans mon nouvel appartement et en fait mon chat s'est sauvé. Donc du coup moi mon chat, je ne l'ai jamais retrouvé, donc du coup j'en ai un autre actuellement, mais voilà, pour moi, mon chat, c'est... comme mon enfant. En fait, un soir, j'ai eu espoir, quand j'ai vu la gamelle vide de croquettes, qu'il était dans le coin et qu'il n'allait pas tarder à revenir. Du coup, je campais sur le canapé, en espérant l'entendre et le voir. Un soir, j'ai entendu un gros bruit. J'ai découvert toute une famille de hérissons. C'était eux qui venaient taper dans la gamelle. Je suis déçue, puisque ce n'était pas mon chat, mais émerveillée de voir la situation de la mère avec ses trois, quatre petits. Donc, bon, voilà. Après, je les ai laissées faire. À un moment, j'ai dû faire un peu trop de bruit. La mère a eu peur, donc les petits se sont précipités. Et la mère, j'ai cru qu'à un moment, elle allait rester coincée dans le grillage. Et du coup, j'ai commencé un petit peu à paniquer, à savoir qu'est-ce que je fais. Par chance, elle est sortie. Mais c'est vrai qu'après, je me suis posé la question, est-ce bien de leur donner des croquettes ? Quels sont les bons gestes, finalement ? Et du coup, de fil en aiguille, j'ai rencontré l'association Ponce-Bête, qui m'ont aiguillée par téléphone. et une chose en entraînant une autre. J'ai vu qu'ils reprenaient des bénévoles actifs. Et voilà, trois ans plus tard, ici.
- Speaker #1
Et alors, c'est une bonne idée de leur donner des croquettes ou pas ? Parce que c'est un peu une idée reçue, on met des croquettes pour chat, pour chien, au haine et son.
- Speaker #2
Alors, du coup, oui, dans tous les cas, il ne faut vraiment surtout pas de lait. Premier réflexe que beaucoup de gens ont, c'est de donner du lait. Donc, rester vraiment sur des croquettes ou éventuellement du steak haché 100% sur viande. Faire vraiment attention à ce qu'on met, cru bien entendu. Et en fait, c'est surtout qu'il faut faire attention également aussi sur la période. Puisque moi, étant en période en plus estivale quand ça s'est passé... à éviter puisque du coup après ça les incite, par facilité comme nous, à les empêcher de trouver eux-mêmes leur nourriture et notamment aussi à prendre la mer, aussi à faire en sorte que les petits se débrouillent aussi tout seuls. Donc éventuellement en période hivernale, pour l'hibernation ça peut favoriser, mais pareil c'est comme pour les oiseaux, il faut faire attention, s'il y a une gamelle qui est laissée, ce n'est pas tout de remplir de nourriture comme la gamelle de graines, c'est surtout de la désinfecter, de la nettoyer au moins. une fois par semaine, car ce que les gens ne pensent pas, c'est la prolifération de bactéries, même interespèces, où ça va vite et un animal malade va contaminer et du coup, ça va se propager. Donc voilà, quand on veut faire les choses bien, il faut les faire jusqu'au bout, c'est-à-dire aussi prendre le temps de nettoyer régulièrement.
- Speaker #1
Et t'intéresser comme tu as fait, je trouve ça chouette. Tu peux finir par te poser la question sur les raisons, ce que j'ai bien fait, c'est bien.
- Speaker #2
Si j'ai un conseil à faire passer, c'est la meilleure chose à faire, c'est de ne rien faire. Notamment si on rencontre un animal isolé, notamment souvent un bébé. Pour la famille des oiseaux, pour certaines espèces, c'est souvent le cas, notamment pour les rapaces, en tout cas certains, si je ne dis pas de bêtises. Les fangs, les lapereaux, les levreaux, les mamans les mettent en zone de sécurité, mais pas forcément non plus cachée, cachée. Mais c'est fait exprès, il ne faut pas le déranger et vraiment se dire « mais il est tout seul » . je le prends et puis voilà, sachant que délocaliser un animal, on le répète, c'est interdit. Surtout s'il n'a pas de blessure apparente ou de cri alarmant, chose comme ça, le mieux, c'est vraiment de ne rien faire. Et au pire des cas, c'est vraiment d'appeler le centre de soins au plus proche. Si vous avez le moindre doute ou vous voulez être sûr, c'est vraiment le premier réflexe à avoir, mais ne pas prendre. Sachant que moi, sur mon stand le week-end dernier, j'ai un monsieur qui est venu vers moi en pensant à y en avoir bien fait. mais il ne s'attendait pas à ma réponse, comme quoi il avait trouvé un hérisson en ville, et du coup, il l'a pris pour éviter qu'il se fasse écraser, et puis il l'a emmené dans la première prairie trouvée. Le souci, c'est que surtout en cette période-là, il y a beaucoup de femelles hérissons qui sont en gestation. Même là, les petits aussi sont déjà sortis. Donc je lui ai dit, mais ça se trouve, vous avez peut-être tué une portée. C'est bête, c'est tout simple, mais si le hérisson a décidé d'être en ville, et qu'il y reste, c'est qu'en fait, c'est de son choix. Donc éventuellement de l'aider, éventuellement à traverser la route, même si pour rappel c'est interdit, sauf si on passe par un centre de soins ou une autorité compétente comme la gendarmerie. Mais bon après voilà, des fois les gens pensent bien faire, et en fait dans le geste, mais surtout pas le délocaliser vraiment, car derrière, on ne sait pas, il peut y avoir des petits qui attendent, la maman est tout simplement partie chasser, et au final, ça fait après un effet domino. un peu sympathique.
- Speaker #1
Et il l'a accueilli comment, ta réponse ?
- Speaker #2
Il est resté un petit peu stoïque et bouche bée, parce que c'est vrai que sur le coup, il pensait bien faire, et qu'il n'avait pas anticipé toutes ses possibilités, justement. Donc surtout en cette période. Après, je lui dis, ça aurait été en pleine journée. Un émissant en pleine journée, c'est qu'il y a quelque chose qui ne va pas. Donc oui, là, il faut agir et il faut appeler un centre. Mais après, en pleine nuit, non. Si un émissant a décidé de faire sa vie en centre-ville, c'est son choix, et voilà.
- Speaker #1
On dit souvent en plus que le trou est l'ennemi du bien et par rapport au bébé, on les a sauvés et tout. En fait non, ça leur maman, ils sont condamnés.
- Speaker #2
C'est ça.
- Speaker #1
Tout à l'heure, tu as dit que tu nettoyais les enclos quand il y a des animaux. Du coup, tu as le droit de faire ça sans être capacitaire et habilité. Parce que tu imagines que tu dois être quand même au contact des animaux quand tu fais ça.
- Speaker #2
Alors, il faut que ça aille vite. Il ne faut pas y rester une pompe. Et après, principalement, notre premier animal, c'est le hérisson. Donc, en pleine journée, le hérisson, il dort. Je ne vais pas aller le déranger dans sa niche, il a son coin et éventuellement il faut que ça aille vite. Je vais juste changer autour, sachant que dans nos enclos c'est assez large. Donc vraiment, je prends mes gamelles, je fais le tour, je ramasse tout, j'enlève le maximum de crottes à l'extérieur. Mais en aucun cas on voit l'animal, sachant que les plupart sont nocturnes, donc ils sont en train de dormir dans le gîte. Le but c'est qu'ils ne nous voyaient pas et qu'on soit le plus rapide et silencieux possible.
- Speaker #1
Parce que là il y en a plus de plus d'un an, c'est ça des animaux ? Oui. Quand il y a des animaux, c'est quoi vos capacités maximales d'accueil ? Vous arrivez d'être plein en fait ?
- Speaker #2
Oui. Jusqu'à refuser pour l'instant, non, puisque nous l'avantage c'est qu'on a vraiment beaucoup de bénévoles, donc ça tourne pas mal. Il y a vraiment un centre qui peut être vite plein, surtout en période estivale, puisque c'est quand il y a les petits, il y a les prédations, les tondeuses, l'entretien des jardins qui font aussi beaucoup de dégâts. Donc c'est vrai que la période vraiment de mars à septembre est vraiment très surchargée. Moi je me suis retrouvée des fois à faire une perle, alors sans compter les autres espèces, mais avec une cinquantaine de hérissons. Juste les hérissons.
- Speaker #1
Tous dans des endroits séparés ?
- Speaker #2
Non, alors ceux qui ont vraiment de gros soins avec des plaies, des choses comme ça, eux sont vraiment séparés. Et après quand ils sont en phase de pré-relâchage, si je puis dire, quand ils sont tous en enclos extérieurs, des fois ils peuvent être 3-4 par enclos. C'est des enclos assez larges.
- Speaker #1
Quand on recueille de la faune sauvage et que l'animal a vraiment les soins, Pour aller mieux, mais vraiment, il n'y a pas de phase où il va rester pour s'habituer ? Est-ce qu'il faut que ce soit extrêmement rapide ? Est-ce que vous avez des animaux qui peuvent être là plusieurs mois ? J'en doute.
- Speaker #2
Oui. En fait, tout dépend. Par exemple, ça peut aller. Moi, j'ai eu une musaraigne, par exemple, suite à une prédation qui était assez affaiblie. Donc, elle n'avait pas forcément eu de morsure ou des choses comme ça, mais elle avait été vraiment délogée et s'est retrouvée déshydratée. Donc, on l'a gardée peut-être 3-4 jours et éventuellement qu'elle se requinque pour la relâcher. contrairement à... quand on nous a rapporté un loutron, c'était en période mars-avril. Un loutron, on le garde facilement 7 mois. Je n'aurais jamais dit. Sachant qu'il a juste été retrouvé orphelin. Du coup, le temps qu'il grandisse, qu'il apprenne et qu'il soit en âge d'être relâché, tout simplement.
- Speaker #1
Il peut apprendre,
- Speaker #2
tu penses ?
- Speaker #1
Du coup, il grandit, mais il arrive à apprendre, à être sauvage, même dans un centre de soins,
- Speaker #2
tu vois ? Oui. Après, tout part par la phase. Donc, on a un groupe de nourrices. dont j'en fais partie aussi. Et certaines qui sont vraiment spécialisées, elles, dans les mustelidés. Donc du coup, il y a des étapes de la réglementation qu'il faut respecter pour chaque espèce. Pour le loutron, en fait, il ne va pas instinctivement dans l'eau. C'est la mer, en fait, qui lui apprend à aller dans l'eau. Et c'est elle qui va l'apprendre, on va dire, après à nager, même si inconsciemment, ils ont déjà le réflexe. Voilà, il y a cette étape-là à chaque fois.
- Speaker #1
Vous l'avez fait, apprendre à le mettre à l'eau ? Oui.
- Speaker #2
C'est tout une phase, donc du coup, dans son parc. Jusqu'à ce qu'il aille après dans le bassin, comme nos enfants à nous, dans le petit coquillage bleu.
- Speaker #1
Ça doit être dur de se durer comme ça, j'aurais jamais imaginé, mais ça doit être dur de ne pas s'attacher.
- Speaker #2
Alors autant moi j'aurais pas pu faire dans le familier, parce que là c'est vraiment différent. Après on reste que quand même un animal sauvage ce n'est pas une peluche, donc oui il y a de la sensiblerie, je vais pas le nier. Mais ça reste pour moi une optique, vraiment j'ai en tête que c'est un animal sauvage, de toute façon on est tous conditionnés à ça. et qu'en fait, on leur permet, entre guillemets, de leur donner une chance de pouvoir justement réintégrer leur milieu. Moi, c'est un de mes plus beaux souvenirs quand on voit de la phase de bébé à notre relâché, ce qui me permet de continuer de me dire, je sais pourquoi je fais ça. Parce que de voir un animal retrouver sa liberté naturelle dans son environnement, pour moi, il n'y a rien de plus incroyable à voir sur l'instant.
- Speaker #1
Pour conclure sur l'anecdote du loutron, sachez qu'après avoir été pris en charge par... pense bête et suite à leurs problèmes administratifs pour la prise en charge des animaux au centre de soins, l'association a demandé au centre de soins LPO Aquitaine basé à Audange, en Gironde, de récupérer le petit loutron. Et après plusieurs mois de soins, il a finalement retrouvé sa liberté sur les berges tranquilles du lac de Vassivière, dans la Creuse, là où il avait été trouvé, orphelin et affamé des mois plus tôt. Il existe d'ailleurs un petit film sur Youtube où on voit l'animal être relâché et regagner ses eaux natales, je vous mettrai directement le lien. de la vidéo du loutron dans les notes de l'épisode si ça vous intéresse. Pour la suite, Jodie nous donne quelques conseils pour attirer la faune au jardin et sera rejoint par Pascal pour alerter sur les dangers rencontrés au jardin par le hérisson puisqu'il est le premier animal à se retrouver au centre de soins Poncebête, comme le disait Christine au début de l'épisode. En 2021, j'ai lu que Poncebête avait recueilli jusqu'à 600 hérissons sur l'année, ce qui est colossal. Il existe pourtant des préconisations simples pour éviter de les mettre en danger.
- Speaker #2
Déjà, ce qui est important pour la faune, puis même pour nous, puisque du coup, à trop tondre son jardin, c'est vraiment pas bon pour l'environnement, c'est de laisser vraiment des zones en friche dans le jardin, avec des plants de fleurs naturelles, tout simplement aussi. Et puis, de faire vraiment attention, d'être observateur. Si notamment, vous avez des tas de feuilles, c'est vraiment d'être prudent. Surtout s'il y en a qui sont là depuis un petit moment, à certaines périodes, notamment pour la période de gestation, de mise à bas. des hérissons qui aiment bien se cacher là-dessous, d'être vigilant éventuellement, de se soulever délicatement avec un gant, et de tâter avant tout simplement.
- Speaker #0
9,9 fois sur 10, une cause humaine derrière une entrée de hérisson en centre de soin. Ça peut être les pesticides, ça peut être la route, bien sûr, et tous les pièges qui existent dans un jardin, les points d'eau, les piscines. C'est un très bon nageur, le hérisson, sauf qu'il ne peut pas remonter. Donc, il faut juste penser à ce qu'il puisse ressortir. Donc oui, il y a toujours une activité humaine, le rotophine, quand il fait beau. Là, au printemps, on a beaucoup de hérissons qui arrivent avec des très grosses blessures. c'est vraiment au printemps qu'on a la vie les blessures les plus graves au niveau des hérissons, et c'est quasiment toujours des outils de jardinage. Ça peut être la tondeuse. C'est une fameuse tondeuse autonome qu'on fait fonctionner la nuit. La nuit, elle ne s'arrête pas sur le hérisson, comme elle ne va pas s'arrêter sur le levreau, qui ne va pas bouger. En fait, les gens nous disent que les animaux entendent le bruit, ils vont partir. Mais non, pas du tout. Le hérisson ou le levreau, le hérisson se met en boule, il ne bouge plus. Le levreau, il se tapit dans l'herbe. Donc toujours regarder. On n'interdit pas. De passer le rotophile, on dit simplement de regarder avant de passer le rotophile. Et la tondeuse autonome, plutôt la faire marcher le matin.
- Speaker #1
Vous l'aurez compris, les dangers sont nombreux pour les hérissons de nos jardins, sans parler même de la prédation des chiens, qui s'attaque aussi bien aux juvéniles qu'aux adultes. Donc, vigilance avec nos compagnons à quatre pattes. Et sachez que pour favoriser la préservation de l'espèce, Pensebête se joint à la LPO dans le cadre du dispositif Mission Hérisson. C'est une opération citoyenne qui vise à protéger ce petit mammifère qui est de plus en plus menacé. Le principe est très simple. En s'appuyant sur les habitants volontaires, Pensebête et la LPO mettent en place des petits passages entre les jardins pour que le hérisson puisse se déplacer sans danger la nuit, à la recherche de nourriture ou d'un compagnon, loin des routes. On peut donc devenir jardin volontaire dans le cadre de la mission hérisson pour participer à l'enquête, relever les empreintes, les analyser, les faire valider, etc. Ce qui permet en fait de faire un recensement des hérissons autour de chez vous et d'aider les scientifiques à mieux connaître l'état de santé de la population des hérissons en France. Vous pouvez même devenir ambassadeur hérisson pour promouvoir la mission hérisson. L'objectif aussi de ce dispositif est d'étudier nos jardins, de faire en sorte qu'ils deviennent des refuges sûrs pour les hérissons. Par exemple, laisser des haies, éviter les obstacles dangereux, supprimer les produits phytosanitaires, étudier les dangers éventuels, etc. Mission Hérisson, c'est un bel exemple concret de la façon dont on peut agir localement, à petite échelle, pour la biodiversité et le bien-être de ces petits visiteurs nocturnes. Vous trouverez toutes les informations sur missionhérisson.org pour toute la France, et si vous êtes spécifiquement en Auvergne, vous pouvez aussi avoir des informations par Pensebête. Pour conclure cet épisode déjà riche en informations sur la faune sauvage, je rends la parole à Pascal qui va nous parler d'une dernière thématique qui leur tient à cœur sur le renard.
- Speaker #0
On a monté un collectif renard, qui s'appelle le collectif Renard 63. On est plusieurs associations, on n'est pas tout seul. Dans l'espoir de faire déclasser le renard de son statut d'ésode. Ésode, ça veut dire espèce susceptible d'occasionner les dégâts. L'anciennement nuisible, ça n'a rien changé pour lui, le nom a changé. Il est donc chassable par ce biais-là toute l'année, par toutes les méthodes possibles et inimaginables de chasse, dont le déterrage, le tir, le piégeage. Et même en période de reproduction, alors que les jeunes renardeaux sortent du terrier tout de suite, ils peuvent être massacrés sans compter. Donc on essaye, on va un petit peu voir avec les élus ce qu'ils en pensent. Les citoyens vont faire des manifestations. On ne va pas être avec des pancartes dans la rue, mais on va créer des stands informatifs pour que les gens sachent ce que ça veut dire qu'un classement ESODE. Alors il n'y a pas que le renard dans le classement ESODE, mais on a décidé de se tourner vers le renard. parce qu'on ne peut pas parler de tout le monde. D'ailleurs, le blaireau... Non, le blaireau ne fait pas partie des zézones. Il y a la pfouine, donc la martre est sortie. Après, il y a des oiseaux, la pie, le jet, les tourneaux. Il y a plein d'animaux comme ça qui peuvent être chassés un peu toute l'année. Alors, on n'est pas du tout anti-chasse, c'est important de le dire. Notre but, c'est qu'ils restent chassables puisque ça fait partie des espèces chassables, qu'ils restent chassables de septembre à... à février, je crois que c'est l'ouverture de la chasse, et qu'après, on laisse avoir ses petits se reproduire, et qu'on ne s'acharne pas sur nous.
- Speaker #1
Le collectif Renard 63 rassemble aujourd'hui une quarantaine d'associations locales, incluant des naturalistes, des photographes, des enseignants, des agriculteurs, des scientifiques, et des centres de soins, tous unis pour défendre le renard injustement stigmatisé, et mieux faire connaître son rôle dans la biodiversité. Pour avoir plus de renseignements sur le... collectif Renard 63. Rendez-vous sur collectif-renard-63.org Renard au singulier. Si vous avez des questions sur la faune sauvage, les bénévoles de l'association Pensebête se feront un plaisir de vous répondre. Vous trouverez leur numéro de téléphone sur la page d'accueil du site pensebête.fr. Vous pouvez également les contacter par mail pensebête.com. Bien sûr, si vous êtes en Auvergne et que vous avez trouvé un animal sauvage en difficulté, sauf pour les oiseaux, rappelons que par choix, Pensebête ne prend pas en charge les oiseaux, il faut bien s'adresser à la LPO pour les oiseaux. Mais en ce qui concerne les mammifères, les amphibiens ou les reptiles, vous pouvez... contacter Pensebête sur leur numéro de téléphone et évidemment pas par le mail parce qu'il s'agit d'une urgence. Vous pouvez suivre Pensebête sur les réseaux sociaux pour leur actualité et être prévenu quand ils auront à nouveau un capacitaire et que le centre de soins pourra rouvrir. Leur compte Insta et leur page Facebook, c'est Pensebête tout attaché. Pensebête a d'ailleurs des grands rendez-vous toute l'année comme des stands de sensibilisation, notamment au Parc du Pal dans l'Allier ou au Parc Animalier d'Auvergne à Arde-sur-Cause dans le Puy-de-Dôme ou parfois même à d'autres endroits, donc n'hésitez pas à suivre leur actualité sur les réseaux sociaux. Vous pouvez aussi soutenir l'association, et comme le disait Bertrand, c'est indispensable de pouvoir soutenir les associations de protection animale pour les aider dans leur fonctionnement, mais c'est surtout important de rappeler aussi que votre don ouvre le droit à une réduction fiscale. Vous pourrez le déduire de vos impôts. Vous pouvez adhérer à l'association ou faire un don libre via Eloasso. Je vous mettrai le lien de la page Pensebête Eloasso dans les notes. Merci à Christine, Bertrand, Pascal et Jody qui ont pris le temps de témoigner de leur engagement à mon micro. Merci à tous les bénévoles et rapatrieurs de Pince-Bête pour leur dévouement à la cause animale. Par extension, merci à tous ceux qui s'impliquent pour préserver la faune sauvage autour d'eux dans des associations ou centres de soins. Je terminerai cet épisode avec un constat alarmant puisque le rapport Planète Vivante 2024 du WWF a révélé qu'entre 1970 et 2020, la population moyenne des vertébrés sauvages, incluant donc les oiseaux, mammifères, amphibiens, reptiles et poissons, a chuté de 73%. C'est vraiment un signal d'urgence, d'autant plus que cette chute de la biodiversité est largement due à l'activité humaine. Destruction des habitats et déforestation pour les aménagements urbains ou l'agriculture intensive, surexploitation et pollution des sols, et se rajoute à tout ça le changement climatique, lui aussi causé par les activités humaines, qui provoquent déjà des mortalités. massives et des disparitions d'espèces. Il y a de quoi se décourager, mais on peut aussi s'accrocher au fait que chaque geste compte à notre échelle. Préserver son jardin du surentretien, laisser pousser une haie ou un talus d'herbes sauvages, éviter d'utiliser des produits chimiques dans son potager, installer des hôtels à insectes, des abreuvoirs, des nichoirs, des petits abris, ne pas utiliser de robots tondeuses la nuit, aménager des petits passages dans un grillage, Soutenir les centres de soins, signaler tout animal mal en point ou orphelin et bien d'autres actions, tous ces petits gestes cumulés et répétés feront la différence pour préserver la faune sauvage autour de nous, ce souffle vivant de nos campagnes, forêts et jardins. C'était un épisode de l'Echo des museaux, un podcast imaginé et réalisé par Marine Coez. Je vous remercie beaucoup pour votre écoute précieuse. J'espère que ce podcast vous donne envie d'agir à votre niveau, car chaque action peut faire la différence pour un monde plus bienveillant envers toutes les espèces animales. Si l'épisode vous a plu, merci d'en parler autour de vous, de laisser des étoiles, des pouces en l'air, un gentil commentaire, et de vous abonner depuis votre plateforme d'écoute préférée. Si vous souhaitez être l'invité de ce podcast, ou connaissez quelqu'un qui pourrait l'être, ou me suggérer une thématique pour un prochain épisode, n'hésitez pas à me contacter à l'éco des museaux Vous pouvez également suivre ce podcast sur les réseaux sociaux. A bientôt !