- Speaker #0
Bonjour et bienvenue sur l'écho des museaux, le podcast qui donne de la voix pour le monde animal. Je suis Marine, une passionnée d'animaux depuis toujours. J'ai avant tout imaginé ce podcast afin de mettre en lumière celles et ceux qui se dévouent dans l'ombre pour les animaux au sein de la vie associative. A travers l'écho des museaux, je souhaite valoriser leur engagement et offrir de la visibilité à leurs actions. Qu'elles soient mobilisées pour la prise en charge des animaux abandonnés, la lutte contre le virus, contre la maltraitance, la protection de la faune sauvage ou une meilleure inclusion des animaux dans la société, chaque association sera la bienvenue, parce qu'il suffit d'une personne pour changer positivement la vie d'un animal. Les professionnels qui soutiennent la cause animale dans leur activité auront également la parole. Sur ce podcast, retrouvez aussi informations et conseils afin d'améliorer nos relations avec les animaux et optimiser leur bien-être. Je vous souhaite une bonne écoute de l'épisode du jour. Pour ce quatorzième épisode, qui sort justement le 14 novembre, le hasard fait bien les choses, on va plonger ensemble vers le grand large, dans la beauté des océans. Ces espaces géants, peuplés de créatures fascinantes, qu'on ne respecte malheureusement pas toujours. Mais avant d'en parler, je vous explique le lien qui me relie à mon invité du jour, Marion. Avec Marion, on s'est connus pendant nos études à Lyon, il y a une quinzaine d'années déjà. Quinze ans, ça ne nous rajeunit pas. Marion est devenue graphiste et illustratrice et j'ai toujours admiré la finesse de son travail. Les animaux et la nature ont d'ailleurs une place de choix dans ses illustrations que je vois passer sur Instagram. Et c'est justement à travers son compte Instagram que j'ai découvert ses livres jeunesse sur la faune marine pour les petits entre 2 et 6 ans. J'ai évidemment tout de suite adoré la thématique de l'environnement marin et j'ai trouvé ça à la fois beau parce que les illustrations sont très belles, les histoires sont positives tout en étant inspirantes, et je trouve que c'est très intelligent d'aborder ces thèmes avec les tout-petits. Parler des océans et des animaux marins aux plus jeunes, c'est les sensibiliser à la vie marine et à la protection de l'environnement dès l'enfance. La sauvegarde de la faune marine est un engagement cher au cœur de Marion et je me suis donc dit que ce serait une belle idée d'en parler ensemble dans cette première saison du podcast. On a donc enregistré cet été dans un petit village du Gard, au moment d'ailleurs de la sortie de son troisième livre jeunesse. Vous entendrez d'ailleurs... quelques cigales en fond sonore et peut-être quelques bruits de la vie d'un village l'été et c'est tout le charme d'un enregistrement en plein air. En plus donc d'être comme un rayon de soleil estival qui accompagnera votre automne, cet épisode est surtout une plongée dans trois thématiques autour de ces animaux marins. Les requins, les tortues marines et les orques. Trois animaux différents, trois causes parfois dures mais qu'il est important d'évoquer. Avec Marion, on parlera aussi de cette importance de sensibiliser les enfants à la préservation de l'environnement et au respect des animaux. ces causes qu'ils pourront défendre plus tard dans leur vie d'adulte.
- Speaker #1
Je m'appelle Marion Lodi, j'ai 35 ans. J'habite actuellement à Joyeuse, en Ardèche, avec mon conjoint et mes deux petits garçons. Je suis graphiste et illustratrice en freelance et j'ai écrit et illustré mon premier livre jeunesse il y a maintenant 5 ans et je viens de sortir mon troisième il y a une semaine. Un des moments qui m'a le plus amenée à m'interroger sur la faune marine, c'était lors d'une sortie d'observation des baleines en Zodiac sur le Saint-Laurent. quand j'habitais au Québec. C'était une sortie, on était huit sur un zodiaque. On les voyait plonger, on les voyait avec leur queue ressortir. Elles venaient nager aussi à 3-4 mètres du zodiaque, dans les remous du bateau. C'était super, on voyait même leurs yeux à des moments. C'est totalement irréel, presque, de voir ces êtres si immenses. Et du coup, c'est à partir de ce moment-là que j'ai commencé à lire des choses sur leur sujet. On a déménagé à Montréal après les études. Donc c'est là-bas que j'ai commencé à travailler. On a grandi aussi en même temps, et on a commencé à plus s'interroger sur nos modes de... consommation, etc. Et du coup, de se sensibiliser aussi à la faune marine, t'en viens à lire des choses sur la surpêche, la déforestation des fonds marins par les filets, les déchets liés à la pêche et autres. Et du coup, tu te rends compte que tout se relie. Ça a été un peu l'élément déclencheur par rapport à la faune marine et puis après, du coup, aussi plein de questions liées à l'environnement. Donc après le Canada, on est allés vivre aussi dans les Landes, en deux ans, et on a été beaucoup confrontés, bien sûr, à la pollution sur les plages. Tous ces micro-plastiques, c'est fou tout ce qu'on trouve, pas que micro d'ailleurs. On entend aussi beaucoup les histoires de prises accidentelles dans les filets de pêche de dauphins. Je n'ai pas les chiffres, mais le nombre de dauphins qui se prennent dans les filets de pêche, qui sont remontés sur les bateaux. Les dauphins qui se prennent dans les filets meurent asphyxiés sous l'eau parce qu'ils ont besoin de remonter à la surface pour respirer. Ce genre d'histoires, on les entend un peu partout, mais c'est vrai que d'être en plus proche du lieu où ça se passe, ça touche encore plus. J'aurais été plus ou moins sensible à la présence des animaux. mais sans m'interroger vraiment encore sur leurs conditions, etc.
- Speaker #0
D'autant qu'ils sont extrêmement présents dans tes illustrations en plus. Les animaux ? Oui,
- Speaker #1
oui. C'est venu après, petit à petit, en grandissant, tu t'interroges de plus en plus sur le monde qui t'entoure.
- Speaker #0
Elles sont très belles d'ailleurs. Plein d'illustrations d'animaux qui sont très belles. Est-ce que tu t'es dit, je vais être active, on va parler de tes livres évidemment, mais est-ce que tu t'es dit, je rejoins une asso, je fais quelque chose de bénévolement, je nettoie les plages, est-ce qu'il y a des choses comme ça que tu as mis en place ?
- Speaker #1
Quand je habitais dans l'Islande, on a fait une ou deux fois justement des moments où on va nettoyer la plage avec des assos, etc. Mais sinon c'est quelque chose qu'on faisait juste quotidiennement, on allait à la plage, on avait toujours un sac avec nous, et puis lors de nos balades on ramassait. Et je ne me suis pas vraiment engagée dans les associations, mais par contre j'en suis pas mal. leur travail, etc. Ce qui me permet aussi de pas mal me sensibiliser et d'en parler un peu à travers mes posts Instagram. Quand je fais des illustrations.
- Speaker #0
Tu as des noms d'assaut ou pas ?
- Speaker #1
Oui, il y a C'est assez qui milite beaucoup justement. On en parlera peut-être un peu après pour la captivité des orques. Il y a One Voice aussi. Après, je parle d'eux, mais il y a plein d'autres thèmes engagés. Il y a beaucoup aussi Sea Shepherd, toutes leurs manifestations qu'ils font. Par exemple, on en parlera aussi après pour un de mes livres par rapport au braconnage des tortues. Par exemple, Sea Shepherd, ils font beaucoup de... Ils ont eu beaucoup de présence sur l'île de la Réunion pour essayer de... de contrer ses braconnages.
- Speaker #0
C'est bien qu'il y ait des gens qui soient actifs là dedans.
- Speaker #1
C'est quelque chose que j'aimerais beaucoup faire, mais là, ce n'est pas forcément le moment, etc. Mais c'est vrai qu'en ayant des petits enfants, c'est des trucs hyper prenants. Donc je sens que ce n'est pas le moment, mais dans une autre vie, si on n'avait pas eu d'enfants, ou peut être plus tard, je pense que c'est des choses dans lesquelles on se serait plus engagé.
- Speaker #0
Avec ton compagnon, il est comme toi.
- Speaker #1
Peut être pas autant, mais oui, on est sur la même longueur d'onde. Il s'implique moins au niveau des informations, etc. Bien que ça intéresse évidemment, mais c'est plus moi qui fais le relais des enfants. Mais voilà, dans notre vie, c'est le genre de choses qu'il aurait pu faire avec nous.
- Speaker #0
Du coup, tu fais des livres jeunesse. Donc sur le thème justement de la faune marine et de la pollution des océans, sensibiliser les jeunes. Donc déjà, tu vas nous expliquer pourquoi ces animaux-là choisis et pourquoi une cible jeunesse plutôt qu'une autre cible.
- Speaker #1
Alors, ça a toujours été plus ou moins un rêve de faire des livres jeunesse. C'est toujours quelque chose que j'ai eu en tête. C'était surtout au niveau des dessins, etc. Faire des illustrations pour les enfants. Après, ma formation de graphiste a fait que je me suis vraiment plus engagée dans le graphisme. travailler dans des agences de communication, etc. Et pendant mon premier congé maternité, je me suis dit que c'était le moment de prendre le temps, même si on n'a pas forcément le temps, de faire mon premier livre pour enfants. Et quand j'ai commencé à réfléchir à l'histoire, vu que j'étais dans une période où je sensibilisais aussi beaucoup à la faune marine, je me suis dit que ce serait intéressant de relier un peu ces deux passions, du dessin et de l'environnement marin. Donc la première histoire que j'ai écrite, c'est Talia et Oli. C'est l'histoire d'un petit requin, Oli, qui va voir la grande barrière de corail et qui se retrouve piégée dans un filet. il n'arrive pas à s'en dépêtrer. Du coup, c'est son histoire pour surmonter sa peur et aller demander de l'aide à une petite humaine, Thalia. Dans l'autre sens, c'est aussi Thalia qui surmonte sa peur, donc d'aller vers le requin qu'elle voit en danger. Et donc voilà, elle lui vient en aide, et c'est une histoire assez positive et simple pour les petits, mais toujours avec un fond sur le thème des déchets marins, au travers du filet. Et ça me tenait à cœur, parce que c'est un thème qui est assez récurrent, qu'on entend beaucoup parler, etc., les déchets dans l'océan.
- Speaker #0
Je trouve ça génial, si je peux rebondir. Tu as pris un requin plus qu'un dauphin pour dédiaboliser aussi l'animal. Je pense que ce n'est pas pour rien que tu as choisi le requin.
- Speaker #1
Oui, c'était aussi pour dédiaboliser, on le sait, tout ce qui est de l'industrie du cinéma qui a diabolisé l'image du requin. Alors qu'au final, ils sont très peu dangereux. Je crois qu'il n'y a que trois espèces vraiment qui seraient plus ou moins dangereuses pour l'humain. Après, à côté de ça, t'en as qui sont pas du tout attirés par la hauteur du sang. Y en a même qui sont végétariens ou alors y en a d'autres qui mangent que du krill ou du plancton. Les accidents qu'on voit liés aux requins, c'est souvent juste des malentendus, ils nous confondent avec des proies. Et en fait, ça fait mal au cœur, toutes ces mauvaises images qu'ils ont, alors que c'est juste qu'ils sont dans leurs éléments, qu'ils sont chez eux dans l'eau.
- Speaker #0
Je vous propose une partie consacrée aux requins. Pour le présenter, apprendre des choses sur cet acteur de l'océan, souvent mal connu, mal compris, mal aimé, et pourquoi il est important de briser les idées reçues à son sujet. Le requin, c'est un animal vieux de centaines de millions d'années. Il ne s'agit pas d'un mammifère, mais d'un poisson, à squelettes cartilagineux comme la raie. Les requins respirent dans l'eau avec leurs branchies, comme tous les poissons. Il existe environ 500 espèces de requins dans tous les océans de la planète, des eaux polaires aux récifs tropicaux. D'une espèce à l'autre, ils ont des tailles, des formes, ou encore des modes de vie extrêmement variables. Certains sont aussi petits qu'un bébé, et d'autres feront la taille d'un bus. Comme les requins sont des poissons, ils n'allaitent pas leurs petits, mais il y a quelques subtilités dans leur manière de donner la vie. Environ 200 espèces sont ovipares, ce qui signifie qu'ils pondent des œufs dans l'eau. Mais il y a aussi de nombreuses espèces de requins ovovivipares, ce qui signifie que leurs œufs se développent à l'intérieur du ventre de la maman requin, puis éclosent juste avant la naissance, comme le requin marteau. Enfin, il existe aussi quelques espèces vivipares, comme le requin gris dressif, dont les petits grandissent dans le ventre de leur mère, puis ils naissent vivants. C'est assez rare dans le monde des poissons pour être mis en avant. Les requins mettent du temps à atteindre l'âge adulte, et les femelles n'ont que quelques petits à la fois. Résultat, quand ils sont victimes de surpêches ou de captures accidentelles, les populations mettent des décennies à se reconstituer. Le mot requin évoque immédiatement la peur, le danger, pour nombre d'entre nous. Le cinéma n'y est pas pour rien, inutile de vous citer les dents de la mer de Steven Spielberg, avec son affiche, cette mâchoire de requins pleine de dents, prête à mordre comme un monstre assoiffé de sang humain. et pourtant. Sachez que sur environ 500 espèces de requins, seulement 4 sont considérées comme réellement dangereuses pour l'homme. Le requin blanc, le requin tigre, le requin bulldog et le requin océanique. Et quand on dit dangereux, il faut comprendre potentiellement dangereux et non pas prédateurs d'êtres humains, parce qu'aucune espèce de requin ne considère l'homme comme une proie naturelle, mais que certaines espèces, on va dire, ont les caractéristiques physiques qui font qu'en cas de rencontre, l'accident et la morsure peuvent être graves pour l'homme. Rappelons quand même que que les attaques de requins sur l'homme sont extrêmement rares. Chaque année, on compte en moyenne moins de 80 incidents dans le monde, dont moins d'une dizaine sont mortels. Une étude américaine mentionne une chance d'environ 1 sur 3 748 000 de mourir d'une attaque de requin. On a beaucoup plus de risques de se noyer, d'avoir un accident de la route, et même d'être frappé par la foudre que d'être attaqué par un requin. La grande majorité du temps, ce ne sont pas de vraies attaques intentionnelles de requins pour tuer l'homme, puisqu'ils ne le prédatent pas. Le requin n'a aucune raison naturelle de chasser l'humain. Il préfère les phoques, les poissons et les tortues. ces proies naturelles qui sont bien plus à son goût. Les accidents avec les requins se produisent quand même de temps en temps pour plusieurs raisons. L'erreur d'identification avec une vraie proie est la cause d'accidents la plus répandue. Vu du dessous, un surfeur allongé sur sa planche ressemble beaucoup à un phoque ou à une tortue, une silhouette sombre qui bouge à la surface. Donc le requin teste sa proie, donc il attaque. Il réalise ensuite que ce n'est pas ce qu'il pensait. C'est pour ça que souvent les humains ne sont que blessés, je mets évidemment des guillemets parce que ce sont des grosses blessures. Il y a aussi la curiosité qui va pousser un requin à explorer son environnement avec sa bouche, puisqu'il n'a pas de mains. Ils peuvent aussi se tromper dans des moments d'agitation dans des zones de pêche par exemple, où de nombreux poissons sont morts, que l'eau est trouble. Et dans cette frénésie, ça peut arriver qu'un requin confonde un poisson et un humain qui s'y trouveraient en train de pêcher. Enfin, si un requin se sent menacé par un plongeur trop proche, là aussi il aura le réflexe de mordre par défense. Retenons donc que le requin n'est pas un prédateur d'humains. Les attaques sont exceptionnelles liées à une erreur de proie ou à de la curiosité. À chaque fois qu'il y a une attaque, on en fait énormément dans les médias, donc forcément ça contribue à le diaboliser. Mais c'est plus une victime qu'un prédateur. Oui, c'est bien l'homme qui représente plus un danger pour le requin que l'inverse. Chaque année, plus de 100 millions de requins sont tués par la pêche, essentiellement pour le commerce de leurs ailerons. L'aileron de requin est un mets très prisé, notamment en Asie. Les ailerons de requin peuvent se vendre jusqu'à 1000 dollars le kilo. Si la consommation se fait essentiellement en Asie, le reste du monde... incluant l'Europe, ont leur responsabilité puisqu'une étude de 2020 a montré que 45% des ailerons de requins exportés vers l'Asie provenaient de pêche européenne. Là, je fais une parenthèse, je me souviens avoir vu le magnifique film Océan de Jacques Perrin, que je vous invite à regarder, qui rend hommage à la beauté absolue des espèces marines, et où on voit aussi malheureusement l'impact néfaste de l'être humain, justement avec la pollution au plastique, la pêche intensive, la chasse à la baleine, et moi j'avais notamment été particulièrement choquée dans ce film par l'image de pêcheurs attrapant des requins, découper les nageoires sur l'animal encore vivant et le remettre à l'eau ensuite, mutilé, dégoulinant de sang. C'est la première fois que je voyais ça de mes yeux. Et en fait, cette pratique cruelle est très répandue dans la pêche aux requins. Ça s'appelle le finning en anglais. On coupe les nageoires d'un requin encore vivant et on le remet à l'eau où il meurt ensuite d'hémorragie, dans de grandes souffrances. Heureusement, il y a des mesures de protection mises en place contre cette pratique cruelle. Depuis 2003, l'Union européenne a adopté un texte majeur qui interdit le finning pour tous les navires communautaires, ainsi que la rétention et le débarquement des nageoires détachées. Ce texte a été mis à jour en 2013, ce qui a permis de renforcer certaines dispositions, notamment le fait qu'il faut impérativement que les nageoires soient toujours attachées au corps du requin au débarquement du navire. Ça ne protège pas le requin de la pêche, mais au moins de la cruauté du finning, c'est toujours ça. L'Union européenne est aussi signataire de la Convention sur le... commerce international des espèces de faune et de flore sauvage menacées d'extinction, dite CITES, qui impose des contrôles à l'international pour certaines espèces de requins exportés. En mai 2020, les autorités hongkongaises ont procédé à une importante saisie de 26 tonnes d'ailerons en provenance de l'équateur, prélevés sur les corps de 38 500 requins en voie de disparition. Certaines nageoires étaient en effet issues d'espèces protégées par des conventions internationales. C'est une anecdote choquante qui montre l'urgence de mieux protéger les requins et de prendre des mesures pour encadrer leur pêche. En 2023, une initiative citoyenne européenne soutenue par l'association Sea Shepherd a recueilli plus de 1,1 million de signatures contre le finning et le commerce des ailerons de requins. En gros, les citoyens européens demandent que l'Union européenne interdise complètement le commerce des nageoires détachées des requins et plus seulement juste la découpe des nageoires à bord. Pour le moment, il n'y a pas de... pas encore de législation, toujours pas d'interdiction complète du commerce et du transit des ailerons de requins. Mais cette initiative est quand même un signal fort des citoyens européens qui ne cautionnent plus la souffrance des requins et qui demandent une meilleure protection de ces animaux essentiels à l'équilibre marin. Car oui, le requin est un régulateur marin et essentiel à l'équilibre des océans. En éliminant les animaux malades ou faibles et en régulant la population des poissons, il préserve la santé des écosystèmes marins. Un monstre assoiffé de sang ? Vraiment pas du tout. De très nombreuses espèces de requins se nourrissent uniquement de petits poissons ou de crustacés. Le requin tiburot est par exemple essentiellement végétarien. Des études ont montré que son alimentation est composée à plus de 60% d'herbiers marins. Allez, quelques autres fun facts pour dédiaboliser les requins. Le requin lanterne nain ne mesure adulte que 20 cm. Souvenez-vous de votre double décimètre à l'école. Et ben voilà, c'est sa taille. Le requin baleine peut mesurer jusqu'à 18 mètres, soit la taille d'un bus, mais il ne mange que du plancton et des tout petits poissons. Ce géant des mers se laisse parfois approcher par les plongeurs sans aucune agressivité. Doyen de l'espèce, le requin du Groenland peut vivre jusqu'à 400 ans et atteindre sa maturité sexuelle à 150 ans. Enfin, les requins ont un super pouvoir. Des organes appelés ampoules de Lorenzini détectent les champs électriques produits par les muscles des animaux. Ce pouvoir presque magique leur permet de sentir un battement de cœur à plusieurs mètres de distance, même enfoui sous le sable. Moins de 10 décès par an pour cause d'attaques, principalement accidentelles, de requins, contre plus de 100 millions de requins tués chaque année par l'homme pour la pêche aux ailerons ou par prise accidentelle, vous l'avez compris, le vrai danger pour le requin, c'est nous. Près de 60% des requins pélagiques, c'est-à-dire ceux qui vivent au grand large, en pleine mer, sont aujourd'hui menacés d'extinction. Plus généralement, une espèce sur trois est menacée d'extinction dans le monde. Ça fait peur, d'autant qu'au jour d'aujourd'hui, il n'existe toujours pas une interdiction mondiale de la pêche aux requins. Mais on peut garder espoir, certaines espèces sont interdites de pêche dans des zones précises ou par certains pays, tandis que d'autres sont très strictement réglementées par la CITES, la Convention internationale que j'ai citée un peu plus tôt, qui réglemente donc le commerce d'une centaine d'espèces de requins. Bien sûr, ce n'est pas parfait et même si des progrès peuvent être faits, il vaut mieux ces textes que rien du tout. Pour finir sur une note positive concernant le requin, sachez qu'au Bahamas, au Honduras ou encore au Brésil, des sanctuaires de requins ont vu le jour où la pêche est totalement bannie. Au Bahamas par exemple, le premier sanctuaire des requins de l'océan Atlantique a été créé en 2011. Plus de 40 espèces de requins y vivent paisiblement dans une zone de 630 000 km² où les touristes se donnent à cœur joie de plonger à leur rencontre tout en les respectant. Notons aussi quelques associations engagées pour la préservation des requins en France. Si vous souhaitez vous renseigner sur cette cause et pourquoi pas les rejoindre. L'association Elron à Montpellier, Shark Mission France, Shark Citizen ou encore l'association Sauvegarde des requins. Je distrais toutes ces associations dans les notes de l'épisode. Allez, on reprend le cours de notre récit avec Marion qui nous présente le thème qu'elle a abordé dans son deuxième livre jeunesse.
- Speaker #1
Du coup, j'écris toute mon histoire. Ça m'a pris un an en tout pour écrire l'histoire et faire les dessins. Et puis après un an pour trouver une maison d'édition.
- Speaker #0
Tu fais ton livre avant que tu fais tout ton dessin ?
- Speaker #1
Ah oui, oui. Mon fichier était prêt à livrer à l'imprimeur. J'ai fait toute la mise en page, etc. Après, ça me tenait à cœur aussi, pour que ça ressemble vraiment à ce que je voulais. Et puis voilà, cette maison d'édition, la Hello Edition, qui est une maison d'édition parisienne, qui m'a dit oui, et c'était parti. Et du coup, deux ans après, je me suis lancée dans mon deuxième livre. Enfin, il est sorti deux ans après, Donc je suis mise à travailler dessus un peu avant. Donc à cette période-là, je suivais beaucoup l'association Sea Shepherd. leur mission dans l'île de la Réunion, pour montrer un peu les braconnages des tortues. Donc là, c'est l'histoire de Lucie, une jeune tortue qui vient pondre sur la plage où elle est née, et qui rencontre un événement qui fait qu'elle a peur de s'avancer sur le sable. Donc il y a Thalia qui vient l'aider à surmonter cette épreuve. En fait, cette épreuve, c'est une jeune famille qui est venue faire un feu et qui a mis un peu de musique sur la plage. Mais du coup, ces éléments-là font peur à la tortue. Et donc voilà, c'est l'histoire de Thalia qui vient l'aider.
- Speaker #0
Et après elle peut pondre.
- Speaker #1
Et après elle peut pondre.
- Speaker #0
Il y a beaucoup de braconnage de tortues.
- Speaker #1
La viande est consommée,
- Speaker #0
je ne veux pas trop dire de bêtises,
- Speaker #1
mais le marché est assez dense, entre guillemets. Après, il n'y a pas que ça, il y a aussi, du coup, j'en parle dans mon livre, la pollution lumineuse sur les côtes, qui attire les tortues là où il ne faudrait pas qu'elles aillent, ou qui leur font peur. Donc là, dans mon cas, la tortue a peur de sortir de l'eau pour aller sur la plage, mais quand les petites tortues sortent des œufs, qu'elles luttent déjà pour sortir du sable, etc., parfois la pollution lumineuse les attire vers la ville plutôt que vers l'océan. Donc il y a plein de pertes de petites tortues. Il y a ça, mais il y a aussi les filets pêche. Il y a plein de prises accidentelles de tortues. Ça fait 150 millions d'années qu'elles existent, les tortues. Elles ont vécu avec les dinosaures. C'est fou quand on y pense. Je crois qu'il y a 7 espèces de tortues marines, et il y a plus de la moitié aujourd'hui qui sont en danger d'extinction. C'est avec l'arrivée de l'homme qu'elles sont mises en danger, alors que ça fait tellement longtemps qu'elles sont là.
- Speaker #0
Oui, les tortues sont présentes sur Terre depuis des millénaires. Elles sont apparues il y a à peu près 300 millions d'années, et génération après génération, je ne veux pas s'en accélérer, mais en gros 150 millions d'années plus tard. certaines d'entre elles se sont tournées vers les océans, s'adaptant peu à peu à une vie dans l'eau. Leurs pattes se sont transformées en de véritables nageoires, et leur carapace s'est allongée en devenant plate et plus légère pour une meilleure pénétration dans l'eau. Aujourd'hui, il existe plus de 300 espèces de tortues dans le monde, 250 espèces aquatiques qui vivent en eau douce ou en milieu humide, 60 espèces terrestres, et donc, Marion l'a dit, 7 espèces de tortues qui vivent en mer, les tortues marines dont voici les noms. La tortue caouane, la tortue verte, la tortue lute, La tortue olivâtre, la tortue imbriquée, la tortue de camp et la tortue à dos plat. Les plus en danger aujourd'hui, ce sont la tortue imbriquée et la tortue de camp. La première a été massacrée pendant des décennies pour sa carapace. En effet, la tortue imbriquée, c'est celle qui est la plus utilisée pour les bijoux, les objets avec sa carapace caractéristique. Les humains en ont fait des lunettes, des pendentifs, des plats, etc. Elle est en danger d'extinction et aujourd'hui rigoureusement protégée. Mais malheureusement, son trafic continue parce que ses écailles sont considérées comme les plus... plus belles du monde et ça en fait un produit considéré comme précieux, notamment encore en Asie ou en Amérique du Sud, et même au Caraïbe où des trafics continuent. La tortue de camp, elle, vit principalement dans le golfe du Mexique. C'est la plus rare des tortues marines et l'une des deux plus petites. On a décompté à un moment moins d'un millier de femelles reproductrices dans le monde, donc c'est extrêmement peu. Sa population remonte très lentement malgré des efforts de fait, notamment grâce au dispositif d'exclusion de tortues sur les chaluts de pêche. C'est un système qui permet aux tortues de se libérer des filets. Ça fait ses preuves, mais c'est encore fragile. La tortue olivâtre, considérée comme la deuxième plus petite tortue marine, fréquente principalement les mers chaudes. Son plus gros site de ponte se trouve en Inde, dans l'état d'Orissa, où 150 000 à 800 000 nids y sont comptabilisés chaque année. Sa population est considérée comme vulnérable et même quasi menacée en Guyane. La tortue caouane arpente les océans du monde entier. D'ailleurs elle sert de moyen de transport à de nombreuses espèces d'animales et végétales qui se fixent sur sa carapace et donc traversent le monde sur son dos. Elle est considérée comme vulnérable et elle est aussi en danger à cause de la pêche dont elle est victime. Depuis 1988, 186 tortues kawan ont été reçues au centre d'études et de soins pour les tortues marines de l'aquarium de la Rochelle. La tortue luth, la plus grande de toutes, mesure en moyenne 1m80 pour 500 kg. Il existe des traces d'individus qui dépassent la tonne et mesurent plus de 3 mètres de long. Elle a la particularité de ne pas avoir de carapace osseuse comme les autres tortues. Son dos est composé de peau recouvrant une épaisse couche de graisse, lui donnant un aspect de cuir. Dans certains océans comme le Pacifique, elle est quasiment éteinte. En revanche, dans l'Atlantique, les populations résistent un peu mieux. Elle figure quand même au registre des espèces protégées. et est considéré comme vulnérable sur la liste rouge de l'UICN, qui est pour rappel l'inventaire mondial le plus complet de l'état de conservation globale des espèces végétales et animales. La tortue australienne à dos plat est une espèce mystérieuse. On en sait encore très peu sur elle, les données manquent, mais pour l'instant sa population semble relativement stable, évidemment donnée à prendre avec des pincettes, puisque parfois malheureusement les tendances peuvent basculer rapidement vers le négatif. D'ailleurs elle n'est pas non plus épargnée par l'activité humaine parce qu'elle vit en Australie. exploitation gazière, pétrolière, destruction de son habitat ou encore pollution lumineuse la concernent aussi. Là je vous ai parlé de six espèces de tortues et quasi toutes sont menacées. Heureusement il est possible d'inverser la tendance. C'est le cas de la tortue verte qui a connu une reprise spectaculaire grâce à des années de protection intensive. Longtemps pourchassée pour sa chair et la consommation de ses œufs, elle était aussi chassée pour son corps qui servait aussi à produire de l'huile, du cuir ou encore des cartilages. Ça va mieux pour elles, mais malheureusement, le braconnage persiste. Sur l'île de Mayotte notamment, encore aujourd'hui, le braconnage de la tortue verte atteint des proportions quasi industrielles. Chaque année, c'est plus de 400 tortues dépecées retrouvées sur les plages où elles viennent pondre. Des femelles massacrées alors qu'elles s'apprêtaient à donner la vie, alimentant un marché clandestin toujours présent. Malgré la mobilisation d'associations, pourtant, manger de la tortue verte pourrait être dangereux pour la santé humaine. Ces animaux vivent très longtemps. et accumulent au fil du temps des métaux lourds, des toxines dans leur chair. Leur viande peut donc être toxique même après cuisson. Il s'est d'ailleurs produit un drame en octobre 2021 à Madagascar. Un pêcheur avait partagé une grande tortue avec tout son village. 27 personnes ont été hospitalisées pour une intoxication alimentaire à la viande de tortue et 4 en sont mortes, dont 3 enfants. Plus tôt dans la même année, 19 personnes, dont 9 enfants, étaient décédées aussi après avoir consommé une tortue dans l'est de l'île. Aujourd'hui... La tortue verte est protégée dans la plupart des pays. Elle a figuré longtemps sur la liste rouge de l'UICN comme espèce en danger d'extinction. Et là, tout récemment, en octobre de cette année, elle a été reclassée en préoccupation mineure. Donc c'est très encourageant. La population mondiale des tortues vertes a en effet augmenté d'environ 28% depuis les années 70. Une protection totale, notamment en France, qui porte ses fruits, avec un plan de restauration qui a été mis en place pour les tortues marines des Antilles françaises, dont la tortue verte fait partie. On retrouve aussi des lieux emblématiques pour la protection des tortues, comme le centre Keleonia à l'île de la Réunion, qui est un hôpital pour tortues blessées, qui existe depuis 2006 et qui a clairement contribué à la préservation de l'espèce. Pour le moment, la tortue verte serait donc sauvée de l'extinction, mais parlons au conditionnel. Les tortues marines, ces silhouettes paisibles, ces créatures bien plus anciennes que nous, restent en danger aujourd'hui. Gardons à l'esprit que même si la route est encore longue, contre la pollution des océans, contre le braconnage, Quand il y a des efforts de fait et quand la mobilisation humaine est collective et ancrée dans le temps, les résultats sont là. En parlant de mobilisation humaine, ça va aussi concerner le troisième et dernier thème marin abordé dans le troisième ouvrage de Marion qu'elle nous présente à présent.
- Speaker #1
Les deux premiers, je les ai faits pendant mes deux premiers congés maternité. Donc ça a été le seul que j'ai fait, n'ayant pas de tout petit à mes côtés. Du coup, j'ai eu un peu plus de mal à le sortir.
- Speaker #0
Parce qu'on te l'a demandé, honnêtement ?
- Speaker #1
Non, on m'en parlait quand même pas mal après. Moi, je fais beaucoup de marchés, donc c'est sur les marchés que je les vends. Et c'est vrai que, par exemple, l'année dernière, que je ne l'avais pas encore, mais qu'il était en travail, il y a plusieurs personnes vraiment qui me demandaient « Ah, le troisième, c'est quand qu'il sort ? » etc. Du coup, il est sorti là, il y a une semaine. Vraiment dessus, je pense que j'ai travaillé pendant un an et demi. Donc là... Pour la sortie de ce livre, vous m'entendez beaucoup parler, ces dernières années, du parc aquatique de Marine Land d'Antibes. Et du coup pareil, c'est une histoire que j'ai suivie de près, qui me touche beaucoup. Une loi qui est passée, c'est la loi contre la maltraitance animale qui interdit la détention et la reproduction des cétacés en captivité, ainsi que leur participation à des spectacles d'ici 2026. Et du coup, dans cette optique-là, le Marine Land ne pouvait plus exercer ses spectacles avec les orques. Du coup, au moment de cette loi, il y a eu quatre orques encore dans le parc. Il y en a deux qui sont décédés en 2023. La première, c'était Moana, elle est morte suite à une septicémie assez grave. La deuxième, c'est Inuk, qui a avalé un bout de métal et qui en est morte. Et en fait, tout au long de la captivité des orques dans le parc, il y en a six ou huit, je crois, qui ont été capturés en milieu sauvage pour être intégrés ensuite au Marine Land. Il y a eu plusieurs naissances aussi au sein du parc. Et tous les décès, c'était lié à une mauvaise santé. Elles sont toutes mortes entre 10 et 20 ans, alors qu'elles ont une espérance de vie humaine, normalement, comme nous. On voit bien qu'il y a quelque chose qui cloche, qu'elle ne devrait pas être là.
- Speaker #0
C'est inadapté pour elle ?
- Speaker #1
Totalement inadapté. Elles sont dans des bassins, alors que normalement, elles parcourent des kilomètres et des kilomètres tout en famille. C'est toujours en famille, normalement, les orques. Alors que là, elles sont séparées. Donc, ça me tenait à cœur de parler de ce thème-là. C'est Thalia et Kiwi. Kiwi, c'est la jeune orque qui a été capturée en milieu sauvage et qui se retrouve à faire des spectacles dans un parc. Et donc, au moment de mon histoire, le parc vient à fermer. Et c'est son histoire, pour retrouver sa liberté aidée de Thalia.
- Speaker #0
Kiwi et Thalia fait bien évidemment écho à la fermeture du Marineland d'Antibes. Je vous propose qu'on s'intéresse à elles justement, toutes ces orques du parc dont deux y vivent toujours, parce que ça me semble important de leur rendre hommage. Toutes méritent qu'on cite leur nom et qu'on rappelle leur histoire. Au total, de 1969 à 2024, le Marineland d'Antibes a accueilli 14 orques dans ses bassins. Huit ont été capturés en pleine mer et six sont nés en captivité. L'aventure a commencé avec Calypso, capturé en décembre 1969 en Colombie-Britannique. Après une longue escale dans un bassin en Angleterre, elle arrive en 1970 au Marineland d'Antibes. Elle n'aura survécu qu'un an à la captivité. Clovis a été le deuxième orc à arriver au Marineland d'Antibes, après avoir été capturé en août 1970 à Pencov, dans la baie de Washington aux Etats-Unis. Dans le film Blackfish, on y voit d'ailleurs des captures des orcs de la zone de Pencov. des images déchirantes où on voit les orques émettre des sons de détresse autour du bateau qui a capturé certaines de leurs congénères. D'ailleurs, cette série de captures a décimé la population des orques résidentes du Sud. C'est une communauté d'orques du Nord-Pacifique dont Clovis était originaire. Aujourd'hui, il n'en resterait que 70 environ. Clovis décèdera trois ans plus tard à Antibes. À quatre ans, c'est extrêmement jeune. Et citons d'ailleurs l'exceptionnelle longévité de Granny, qui est une orque qui a fait partie de la même zone de capture que Clovis. Granny a vécu 150, ce qui est... Kim avait environ 5 ans lorsqu'elle a été capturée en octobre 1976 dans les eaux islandaises. Elle a enchaîné les problèmes de santé jusqu'à devenir aveugle d'un œil. Elle ne survivra que 5 années à la captivité. Betty a été capturée en octobre 1978 à l'âge de 3 ans, elle aussi dans les eaux islandaises. Elle a survécu 9 ans dans les bassins où elle mourra d'une pneumonie foudroyante. Kim II a été capturée en octobre 1982, toujours en Islande. Il avait moins d'un an. Il a survécu 23 ans au Maryland d'Antibes. Selon le parc, Kim 2 serait décédé d'une pneumonie, tandis que les associations de protection animale évoquent plutôt une langue des primes après le départ de sa fille Ausha dans un parc américain dont il était très proche. Après son départ, il s'est laissé dépérir. On rappelle l'importance du lien social chez les orques. Freya est capturée en même temps que Kim 2 en octobre 82, elle est morte en juin 2015 et c'était la dernière orque islandaise capturée à mourir. Tanook est capturée en 1989 en Islande et arrive à Antibes en janvier 90. La cohabitation avec Kim 2 se passe très mal, ce qui fait qu'elle sera transférée 5 ans plus tard au Japon par avion et elle y est morte en 2000. Sharkan est capturée en même temps que Tanook à environ 4 ans. Notons quand même que pour Sharkan et Tanouk, l'acitesse, la convention qui encadre le le commerce international des espèces sauvages que j'ai cité précédemment dans la partie sur le requin, avait interdit à cette époque déjà l'importation de cétacés vivants en Europe, mais le marine land d'Antibes a bénéficié d'une dérogation exceptionnelle du ministère de l'Environnement pour obtenir les deux orques. Sharkan est morte d'une septicémie, elle était âgée de 23 ans. C'est la maman de Ausha Inukewiki que je vous présente dans quelques secondes. Ausha est la première orque à être née en captivité au marine land d'Antibes en février 1993. En 2004, elle est transférée dans un parc américain, parce qu'elle était trop proche de son père Kim 2 et que Marineland craignait un accouplement consanguin, bien que ce type de comportement soit inexistant dans la nature. Elle est d'abord arrivée au Six Flags d'Ohio. Au départ, elle devait avoir un compagnon, un orc argentin, mais le transfert ne s'est jamais fait. Elle a ensuite déménagé au Six Flags Marine World de Californie où elle vivait avec deux dauphins. Elle a d'ailleurs appris à vocaliser comme les dauphins à leur contact. Et après une altercation avec le dernier dauphin qui partageait son bassin, elle a vécu à nouveau isolée plusieurs années. une habitante de la ville californienne où se situe le parc, la ville de Valero, a fini par lancer une pétition en 2012 après des années de solitude de l'orque, puisque cette solitude d'une baleine violait la loi sur le bien-être animal. La pétition qu'elle a lancée a recueilli plus de 7000 signatures et l'orque a été transférée au Sea World d'Orlando où elle a réappris à se sociabiliser avec des orques, notamment grâce à la doyenne du parc, Corky, qui avait été capturée et qui comptabilise tristement 50 ans de captivité. mais en tout cas elle a pris Ausha sous son aile, ou sous sa nageoire, et Ausha est toujours à ce jour aussi World d'Orlando où elle s'est bien intégrée au groupe d'orques du parc. Valentin est ensuite né au parc en février 1996. C'est le seul enfant survivant de Freya qui avait avant lui donné naissance à deux veaux morts-nés. Oui oui, on appelle les bébés des orques des veaux. Valentin est décédé en 2015 après les inondations d'octobre. Sans trop d'explications du parc, il était très jeune pour mourir. Il montrait plusieurs comportements stéréotypiques, des mouvements répétitifs, anormaux, qui sont des manifestations explicites de mal-être. Il pouvait tourner de manière répétitive dans son bassin, il mâchonnait le béton, il se cognait la tête contre les murs, etc. Inuk est né au parc marin en 1999 et il est décédé en 2024, après avoir fait une torsion intestinale, après avoir ingéré un bout de métal. Wiki est née au Marineland d'Antibes en juin 2001. Elle est la fille de Kim 2 et de Sharkan. Elle est toujours en vie et toujours au parc. à l'heure où j'enregistre cet épisode. Moana est une orque mâle née en 2011 dans les bassins du parc, après l'insémination de sa mère Wiki. Moana est décédée en octobre 2023 à l'âge de 12 ans. Les résultats de l'autopsie ont montré par la suite que Moana est morte d'une septicémie aiguë. Et enfin Keijo, né en captivité le 20 novembre 2013. Ses parents sont Wiki et Valentin, ce qui en fait une orque consanguine, puisque Wiki et Valentin avaient le même père, Kim II. Wiki et Keijo sont les deux dernières orques du Maryland d'Antibes.
- Speaker #1
Elles sont plus que deux, les orques. Il y a eu un moment où elles devaient être transférées au Japon, mais au Japon, c'est dans des nouveaux parcs aquatiques, donc où elles auraient été encore une fois exploitées. Finalement, ce n'est pas passé grâce aux associations qui ont pas mal lutté contre ça. Et là, il n'y a rien pour l'instant, elles sont juste dans leur bassin.
- Speaker #0
On continue quand même à les nourrir ?
- Speaker #1
Oui, bien sûr. Les personnes qui travaillaient au Marineland travaillent encore là pour le soin des animaux. Elles sont nourries et stimulées, mais ce n'est pas l'endroit où elles devraient être. C'est ça aussi le côté sombre de cette loi qui a été votée. Donc t'as une loi qui dit que t'as plus le droit d'avoir de cétacés en captivité, mais à côté de ça, tu prévois rien pour l'après. Donc les parcs se retrouvent un peu démunis, et même les associations, du coup, elles n'ont rien à proposer derrière comme endroit.
- Speaker #0
L'idée est bonne, mais il y a des manquements.
- Speaker #1
Il y a totalement des manquements derrière. C'est une bonne loi pour la cause animale, c'est vraiment quelque chose de bien. Mais derrière, l'État ne donne pas les moyens aux associations pour prévoir un endroit pour ces cétacés.
- Speaker #0
Et c'est vrai ça, qu'on les met dans des bassins de réhabilitation ?
- Speaker #1
Alors donc, ça existe. Et justement, quand j'ai écrit mon livre, j'ai écrit à l'association Cétacés pour leur demander un petit peu ce serait quoi le centre de réhabilitation idéal en fait, pour qu'ils retrouvent leur instinct. Après, ce n'est pas forcément possible pour celles qui sont nées dans le parc aquatique. Mais celles qui ont été capturées, il y a un espoir. Donc ils m'ont expliqué qu'il faudrait au maximum leur donner de l'autonomie dans le centre de réhabilitation, tout en ayant un suivi vétérinaire. Il faudrait qu'elles ne soient pas seules aussi, sinon il faudrait qu'elles soient stimulées notamment par les humains, sachant que les orques ne sont jamais seules, normalement elles vivent beaucoup en famille. Il faudrait essayer de leur apprendre au maximum du sonar, d'apprendre à chasser.
- Speaker #0
Ça existe déjà ça dans le monde ?
- Speaker #1
Alors pour les orques, non. Il y en a un qui existe en Nouvelle-Écosse, je crois.
- Speaker #0
La loi du 30 novembre 2021 contre la maltraitance animale interdit les spectacles de cétacés ainsi que leur détention, hormis en sanctuaire, dès 2026. Et c'est une belle avancée pour les orques, dauphins et autres cétacés, même s'il y a des manquements, parce qu'une fois que la détention est interdite pour des animaux nés en captivité, et bien qu'est-ce qu'on fait ? On ne parle pas de chiens ou de Ausha, mais d'animaux gigantesques, aquatique qui pesait, donc la question n'est pas simple. Il existe en effet un projet de sanctuaire en Nouvelle-Écosse, province du Canada. Annoncé en 2020, le projet prévoit la construction d'un enclos de 40 hectares pour les orques, les bélugas et les dauphins. Il permettrait d'accueillir des animaux nés et élevés en captivité qui ne peuvent pas retrouver la liberté complète, car ils n'auraient pas les connaissances pour y survivre. Les créateurs de ce projet avaient annoncé que ce site accueillerait ses premiers pensionnaires dès 2022, mais malheureusement, la pandémie de Covid a ralenti le projet. Le tout premier sanctuaire de baleines a ouvert ses portes dans le sud de l'Islande en 2019. Deux femelles belugas, Little White et Little Grey, y ont redécouvert la semi-liberté. Elles avaient été arrachées à la vie sauvage, donc capturées dans l'océan, puis avaient passé 8 ans dans un parc aquatique de Shanghai avant d'être recueillies dans ce tout premier sanctuaire. Mais imaginez l'intendance qui a pu demander de faire voyager deux baleines d'une tonne chacune dans deux conteneurs de 5 mètres pour parcourir 10 000 kilomètres qui séparent la Chine de l'Islande. par voie aérienne, terrienne et maritime. C'est assez impressionnant. C'est grâce à l'association Sea Life Trust qu'elles ont pu retrouver un environnement semi-naturel. Le processus est long, quarantaine, adaptation à l'eau froide, réapprentissage des comportements naturels. Rien n'a été laissé au hasard pour les réhabituer à la vie sauvage. Aujourd'hui, les bélugas sont toujours en phase d'adaptation à la vie sauvage dans un habitat intermédiaire. Ça paraît long, mais réadapter un animal captif des années à la vie sauvage, ça ne fait pas en un claquement de doigts. Sea Life Trust a donné de leurs nouvelles cet été. expliquant que les bélugas étaient toujours en acclimatation progressive avant de rejoindre la baie pensée pour elles, plutôt au printemps 2026. Little Grey et Little White se portent bien, et même si c'est long, ça donne de l'espoir et ça ouvre la voie vers un avenir où les cétacés n'auraient plus à vivre dans des bassins, mais dans des sanctuaires plus respectueux de leur nature. La réintroduction en milieu naturel est néanmoins impossible pour des animaux élevés en captivité, et les sanctuaires marins, eux, sont seulement à l'état de projet dans le monde. En tout cas, réhabiliter un cétacé capturé à l'état sauvage, c'est un immense défi. Quand un dauphin ou un orc a passé des années dans un bassin, il a perdu une partie de ses instincts naturels. En captivité, il ne chasse pas, il ne plonge pas en profondeur, il n'utilise pas son sonar, donc il ne s'oriente plus. Il dépend totalement de l'humain pour se nourrir. Il faut d'abord le désimprégner de l'homme, lui redonner de l'autonomie, le goût de la chasse. C'est un process long, délicat et puis parfois incertain. En plus de l'exemple des deux bélugas cités précédemment, on peut aussi parler de Sampal, une femelle dauphin capturée illégalement en Corée du Sud en 2009, avec trois autres dauphins, pour rejoindre un aquarium coréen. Mais lorsqu'il fut prouvé que les dauphins avaient été capturés illégalement, la cour suprême de Corée décida de remettre les dauphins à l'océan. Sampal fut alors entraînée à ne plus obéir aux hommes. Elle fut ensuite placée dans un enclos en pleine mer, près de l'endroit où elle avait été capturée, afin de se réacclimater à son milieu naturel. Mais trop impatiente de retrouver la vie sauvage, Sampal s'évada de cet enclos un mois avant la libération prévue. Après avoir repéré un petit trou dans l'enclos, ses trois camarades ont attendu sagement d'être lâchés dans l'étang. Mais l'histoire est belle puisque Sampal a retrouvé sa famille d'origine et quelques années plus tard, on l'a même vu avec un petit delphino à ses côtés. C'est pas la majorité des cas évidemment et c'est encore très rare, mais ça donne de l'espoir, même si les cétacés nés captifs, eux, ne pourront jamais connaître le grand large. Il reste donc les sanctuaires marins, limite de la vie sauvage et de la captivité. On en est au balbutiement, mais c'est un mouvement porteur d'espoir. Celui d'offrir enfin une vraie alternative à la captivité, une retraite digne pour des animaux qui ont trop longtemps vécu derrière des vitres. par la faute de l'être humain. Dans cette prise de conscience collective sur la captivité des orques, parlons quelques minutes de Keiko, l'orque star du film Sauver Willy, capturé en 1979 au sud de l'Islande à l'âge de 3 ans. Il a été transféré au Marineland d'Ontario au Canada, où il a commencé à se produire pour le public et à développer des lésions cutanées révélatrices d'une mauvaise santé. En 1985, Il a été revendu à Six Flags Mexico, puis au Reina Adventura, toujours au Mexique. Ses conditions de vie ne sont pas meilleures là-bas, puisqu'il est placé dans un bassin minuscule, avec une température à 27 degrés, ce qui est bien trop élevé pour lui. Et c'est là qu'il commence le spectacle, à un rythme affolant de 5 spectacles par jour. Sa santé se dégrade dangereusement, et à à peine 20 ans, son pronostic vital est engagé. La mobilisation s'organise alors, et la Free Willy Keiko Foundation est créée en 1994. Son objectif est simple, libérer Keiko et le rendre à la vie sauvage. Grâce à de nombreux dons, un bassin de réhabilitation est construit afin de préparer l'orque à cette nouvelle vie. En 1996, Keiko est transféré à l'Oregon Coast Aquarium, dans un bassin 4 fois plus grand que celui du Mexique. Et les résultats ne se font pas attendre puisqu'il reprend du poids, plus de 450 kg la première année c'est pas rien. Ses lésions cutanées disparaissent et il sort de sa léthargie. Un an après son arrivée, ses soigneurs commencent à lui donner des poissons vivants pour qu'il réapprenne à chasser. Finalement, trois ans après son arrivée dans l'Oregon, Keiko est déclaré prêt à être relâché dans l'océan. C'est donc le 9 septembre 1998 que Keiko est de retour dans les eaux de sa naissance, en Islande. Il est placé dans une baie, fermée au préalable afin d'y poursuivre sa réadaptation. Ses soigneurs lui apprennent alors à suivre un bateau afin de le mener par la suite en pleine mer, mais la captivité laisse des traces. A chaque fois que Keiko rencontre un groupe d'orques, le mâle ne semble pas s'y intéresser, il retourne auprès des hommes. Il est alors décidé en 2002 de stopper toute interaction humaine avec lui. Il arrive à se nourrir seul, il s'intéresse enfin à ses congénères, donc ça se passe bien, mais la balise dont il est équipé montre qu'il reste quand même à une certaine distance des autres orques. On l'aperçoit même à plus de 1500 km de l'Islande en Norvège, où il cherche à nouveau l'interaction avec les hommes, il laisse même des enfants monter sur son dos. Keiko décède finalement le 12 décembre 2003 d'une pneumonie. Cinq ans après avoir retrouvé la liberté, il avait 26 ans. On peut se dire qu'il a eu la chance d'être relâché, ce que la plupart des orques capturés en milieu sauvage n'auront jamais connu. Depuis janvier 2025, le parc Marineland d'Antibes a fermé ses portes au public. Fin des spectacles, fin des visiteurs. mais pas fin de l'histoire, car derrière les grilles fermées, il reste encore des vies. Deux orques et douze dauphins, qui pour le moment n'ont pas de solution de relogement si j'ose dire. Les soigneurs continuent chaque jour de les nourrir, mais la situation devient de plus en plus critique. Le 21 octobre 2025, donc c'est tout récent, le parc a interpellé officiellement le gouvernement parlant d'une situation d'urgence. Les infrastructures sont vieillissantes, avec des fissures et des fractures visibles dans les bassins. Les équipes sur place craignent désormais pour la sécurité des animaux. et pour la leur, il y a une vraie souffrance psychique des animaux mais aussi des soigneurs. On ne sait pas à ce jour où iront les deux orques. Les dauphins, eux, pourraient être relogés en Espagne, scindés en deux groupes, mais là encore, ça bouge très vite. Récemment, le zoo de Boval a aussi été mentionné comme futur demeure potentiel à suivre. Je tiens à préciser que l'idée de l'épisode, ce n'était pas de dire que aux Marineland d'Antibes, ils sont tous méchants, que les gens qui travaillent dans des parcs aquatiques avec des animaux marins ne les aiment pas, qu'ils s'en occupent mal, etc. C'est pas du tout ce que je pense. À mon avis, il y a des amoureux des animaux chez les soigneurs aussi, des amoureux des orques, et que c'est aussi pour ça qu'ils ont eu envie de faire ce métier. Donc c'est pas tout blanc ou tout noir. Ça me fait penser à cet ancien soigneur américain qui est devenu un fervent défenseur de la cause des orques. J'ai nommé John Hargrove, qui est passé de dresseur d'orques à militant pour leur liberté, qui a travaillé plus de 11 ans pour SeaWorld aux Etats-Unis, mais également en France, au Maryland d'Antibes. Pendant longtemps, ça a été sa passion de dresser ses animaux, d'organiser des spectacles avec eux, d'évoluer à leur côté. ... Cette passion est venue de son enfance, où il avait vu un spectacle d'orques au SeaWorld d'Orlando. Il avait été fasciné par la relation magique entre l'homme et l'animal. Il s'était donc juré d'en faire son métier. Pendant des années, John a nagé avec ces géants des mers. Ils connaissaient chaque orque par leur nom, par leur caractère. Il s'est attaché à eux et il les aimait sincèrement. Mais petit à petit, la magie a laissé place aux doutes dans son esprit, sur leur état de santé mentale, sur le sens à donner à cette activité. Derrière les sourires du public et les applaudissements, lui voyait vraiment la réalité plus sombre. Des animaux privés de nourriture pour obéir, des bassins minuscules pour des créatures habituées à parcourir des centaines de kilomètres par jour, et surtout des séparations brutales entre les mamans et les bébés. Il raconte notamment l'histoire d'une orque dont il était très proche, qui a été arrachée à sa fille. Il se souvient des cris, des appels désespérés de cette orque, de ce lien brisé qui lui a fait mal au cœur, et qui lui a fait comprendre que l'amour que lui porte à ses animaux ne pouvait pas... compenser la souffrance de leur captivité. Les orques, dit-il, sont des êtres d'une intelligence, d'une empathie, d'une sensibilité exceptionnelle. Les priver de liberté, c'est les condamner à la souffrance. John a fini par quitter SeaWorld en 2012, choqué par certaines pratiques comme l'insémination artificielle des très jeunes femelles, alors que normalement les orques ne sont matures sexuellement que vers leur 15ème année de vie, et donc a décidé de dénoncer tout ce qu'il avait vu. Il est devenu porte-parole mondial de la cause des cétacés, il a notamment participé au documentaire Blackfish et a témoigné devant les tribunaux pour faire interdire la reproduction des orques en captivité. Et il a gagné une bataille majeure, puisqu'en 2016, SeaWorld a annoncé la fin de reproduction de ses orques. Aujourd'hui, John continue de se battre, notamment aux côtés de l'association One Voice en France, pour que les dernières orques de Marineland puissent un jour retrouver un environnement plus naturel, même si on a vu toute la difficulté que ça peut être. Je vous laisserai découvrir de vous-même le combat de John Hargrove sur les orques, mais je terminerai sur sa citation à la mort de Valentin, une orque qu'il a bien connue à Marineland. J'ai travaillé de près et j'ai nagé avec Valentin quotidiennement, bâtissant une relation forte avec lui pendant le temps où j'étais superviseur au Marineland. Bien que je l'aimais, je regrette profondément d'avoir fait partie de cette industrie qui lui a causé, et continue de causer à d'autres orques comme lui, une telle souffrance. Faisons en sorte que Valentin soit la dernière victime. Repose en paix copain, je sais que tu es mieux là où tu es. Fin de citation. Malheureusement, Valentin n'a pas été la dernière orque à mourir dans les bassins prison en béton, comme les appellent John, mais heureusement, aujourd'hui quand même, les consciences évoluent. J'ai également lu lors de mes recherches qu'un des pêcheurs qui avait capturé des orques à l'époque en milieu sauvage, aujourd'hui regrettait de l'avoir fait, et si c'était à refaire, il ne le referait plus. On va pas refaire l'histoire, mais j'avoue que je ne comprends pas moi-même comment on a pu, à une certaine époque, capturer des orques, les arracher à leur environnement, à des fins de divertissement, en se disant que c'était une bonne idée. Aujourd'hui, c'est choquant pour bon nombre d'entre nous, mais rappelons que c'était il n'y a pas si longtemps que ça. 1969, ça ne fait que 56 ans. Preuve que l'être humain évolue, que la vie des animaux compte de plus en plus. Ça ne rendra malheureusement jamais leur vie à celles qui ont été capturées. Une vie est une vie, et ça ne réparera rien pour elle. Cette pensée me rend triste, mais heureusement, d'autres ne connaîtront jamais ça. Au jour d'aujourd'hui, il y a encore une cinquantaine d'orques captifs dans le monde. dont une vingtaine dans les parcs SeaWorld aux Etats-Unis. Pour les dauphins, marsouins et bélugas, le chiffre est plus proche de 3000, ce qui est énorme, dont plus de 1300 en Chine, répartis dans une centaine de parcs. Les parcs aquatiques en Chine, c'est la nouvelle mode. Heureusement, en parallèle, un vrai mouvement anti-captivité des orques, des dauphins, des cétacés en général, a pris de l'ampleur tout autour du monde. Le Canada, l'Inde, le Chili, le Costa Rica, la Slovénie, l'Irlande, et la liste est encore longue, à laquelle s'ajoute désormais la France. On interdit la détention des dauphins et des baleines. Parfois, l'humain met du temps mais finit par apprendre de ses erreurs pour mieux respecter le vivant.
- Speaker #1
C'est des thèmes dont on entend beaucoup parler, après moi j'en entends beaucoup parler aussi parce que je m'informe autour de ça, tout ce qui est la pêche, la surpêche, quand tu t'intéresses pas ça te passe un peu au-dessus, tu te sens pas concernée. Du coup de cibler plus ou moins ces thèmes pour les enfants, c'est des thèmes qu'ils ont déjà un peu en tête et peut-être qu'ils seront plus réceptifs après quand ils en entendront parler pour s'y intéresser.
- Speaker #0
On dit souvent que les causes après que tu défends en tant qu'adulte, t'as eu une initiation quand t'étais petite et ça t'est resté bien sûr.
- Speaker #1
Oui, ça peut être juste, même des petits fragments qui te restent après en tête. Et puis après, en grandissant, quand tu t'intéresses, tu te sensibilises.
- Speaker #0
Est-ce que tu emmènes tes enfants dans des aquariums ?
- Speaker #1
Alors, le premier, oui, on l'avait déjà amené justement quand on a habité dans les Landes, l'aquarium de Biarritz. Un peu à contre-cœur, en sachant tout ça, etc., bien que l'aquarium de Biarritz vente d'être aussi un endroit de réhabilitation, justement quand ils trouvent des animaux sur la plage, un endroit un peu de transition pour retrouver après la vie sauvage. C'est bon, ça reste un aquarium où les animaux sont enfermés, etc. Mais bon, là-bas, on y avait quand même été. Et c'est toujours, bien sûr, un bon moment pour les enfants.
- Speaker #0
Est-ce que ça aide dans ce travail de sensibilisation ?
- Speaker #1
C'est surtout avec notre discours à côté de parents. On va voir les animaux et notre discours à nous, c'est de dire que ce n'est pas normal de les voir enfermés, que ce n'est pas là qu'ils vivent normalement. On ne le bloque pas d'aller voir des aquariums ou des zoos, les zoos on n'y va pas forcément. Mais je pense que c'est aussi notre discours à côté, que lui puisse voir, mais aussi se dire que ce n'était pas normal. Quand on était dans les Landes à Cap-Breton, j'avais fait une sortie d'observation, on est allé voir les dauphins. C'était super, il était super enjoué de voir dans l'océan où on se baigne d'habitude, des animaux qui vivent là tout le temps. Un jour j'aimerais bien pouvoir l'amener voir les baleines en vrai, les orques. Je n'en ai jamais vu en vrai non plus et je crois que ce sera vraiment chouette. Je pense que c'est surtout notre discours et nos gestes à côté qui font la différence. Je pense aussi que les enfants sont beaucoup réceptifs à nos gestes du quotidien. Là, on est l'été, par exemple, on fait attention à notre consommation d'eau. Et bien voilà, leur montrer que c'est précieux et que ça va être de plus en plus précieux, ça les prépare à un avenir où il y aura forcément des restrictions d'eau l'été, et peut-être pas que l'été. Nos efforts qu'on fait aujourd'hui, ça leur paraîtra normal quand ils seront plus grands. Quand on habitait dans l'Élande, on allait se promener sur la plage ramasser les déchets, etc. On le faisait avec lui. C'est lui qui ramassait aussi les déchets.
- Speaker #0
Donc toi, au-delà de juste la faune marine, c'est l'environnement en général où tu as envie de te sensibiliser ? Oui,
- Speaker #1
parce que forcément, quand tu t'intéresses à un sujet, tu te rends compte que tout est lié. Et donc, même s'il y a un thème qui te touche plus particulièrement, tu te rends compte que c'est partout pareil. Même les animaux dans la forêt, ils sont impactés par la déforestation, du coup, ils ont de moins en moins de place, etc. Ils sont touchés par la pollution, comme la faune marine. Les problèmes sont partout, les mêmes quasiment.
- Speaker #0
Si vous souhaitez en savoir plus sur les livres de Marion, rendez-vous sur www.marionlody.fr. Vous trouverez aussi les belles illustrations de Marion sur les animaux, sur sa boutique Etsy, dont je remettrai le lien dans les notes. Suivez également son actu sur son compte Instagram marion.lody, vous pourrez connaître son agenda et peut-être venir la rencontrer sur les marchés.
- Speaker #1
Le moyen le plus simple que j'ai trouvé pour diffuser mon livre, c'est de faire des marchés. Donc là, on est en été, alors je fais des marchés d'été, je fais deux nocturnes par semaine. Mais après, le reste de l'année, il y a des marchés un peu d'automne, etc. Je les fais. On est en Ardèche, du coup, il y a les castagnades. Donc, je fais certaines castagnades. C'est la fête de la châtaigne. Et après, je fais pas mal de marchés de Noël. Je les fais assez localisés autour de chez moi, du coup, autour de Joyeuse. Et après, on peut les trouver sur Internet. Il y a beaucoup de gens qui m'envoient sinon des messages. Et je leur envoie le livre, du coup, avec une dédicace personnalisée pour l'enfant. Donc voilà, on peut me contacter directement.
- Speaker #0
Il y a eu beaucoup de ventes là, sans indiscrétion.
- Speaker #1
Ça marche bien, franchement. Le livre sur les marchés, ça marche bien, c'est chouette.
- Speaker #0
T'as pas envie de le voir animé ? Ça te donne pas d'autres idées de décliner ?
- Speaker #1
Ah si, non mais j'ai tellement d'idées, Marine ! T'imagines même pas ! Mais le temps passe tellement vite ! Oui, non, j'aimerais beaucoup le décliner en d'autres choses. On avait même pensé avec mon conjoint à faire une sorte de livre interactif. Mais bon, voilà, il faut du temps. Un jour, peut-être.
- Speaker #0
Je te laisse le mot de la fin, ce truc un peu bâtard.
- Speaker #1
Oui, c'est ça, parce que je n'ai pas du tout réfléchi.
- Speaker #0
J'allais vous dire un truc un peu inspirant. Si vous allez sur une plage et que vous voyez un papier, même s'il n'est pas à vous. J'ai ramassé, quand on est allé dans l'Ardèche avec les chiens, j'ai ramassé une éponge et un paquet de trucs de glace. J'ai foutu à la poubelle, ce n'était pas mes déchets, mais ça m'énerve tellement. Peut-être intéressez-vous aux animaux marins parce que tout est lié, comme tu dis, et en fait, ça nous ramène à nous, à notre... Je vais faire le mot pour toi.
- Speaker #1
Mais tu fais une bonne conclusion, Marie. j'espère que tu t'enregistres oui oui bien sûr je t'enregistre
- Speaker #0
Ça nous ramène à nous, ça nous ramène à notre usage du plastique, à nos usages de respecter l'environnement dans lequel on vit. Enfin, voilà, à toi !
- Speaker #1
Ben oui, pour mes enfants plus tard, et même pour nos prochaines années, j'aimerais que les gens soient plus sensibilisés à l'environnement, comme je disais, aux gestes du quotidien, aux déchets sur la plage, aux déchets dans les rues, dans les rivières. Les déchets dans les rivières se retrouvent après dans l'océan. Ça se compte par millions le nombre de tonnes de plastique qui est jetée dans l'océan tous les ans. Bien sûr qu'il faudrait des lois pour limiter toutes ces choses, mais là, la première chose à faire, c'est déjà essayer, nous, de conscientiser ça, en fait. Quand on voit des déchets, de les ramasser, arrêter de jeter des mégots de clopes par terre. Un mégot de clope, ça pollue 500 litres d'eau. Donc ça, c'est quelque chose qui m'énerve, et dans un monde idéal, j'aimerais que mes enfants, ils ne voient plus, par exemple, des mégots de clopes par terre, que tous ces petits déchets, on ne les jette pas nonchalamment par terre. Bien que je pense qu'il y a quand même une petite évolution par rapport à ça, mais il y a encore du travail à faire. Moi personnellement, j'aimerais essayer de m'engager plus dans les associations et que ce soit quelque chose qui devienne peut-être plus... banal aussi, comme je disais, montrer l'exemple aux enfants, si moi je m'engage, ça paraîtra peut-être normal après à mes enfants et aux autres de s'engager aussi. En groupe, on a quand même le moyen d'arriver à changer les choses. Quand je vois les associations que j'ai nommées par rapport à la captivité des orques, c'est beaucoup grâce à ces associations-là. Il y a un poids vraiment. Donc voilà, dans un monde idéal, j'aimerais qu'on soit plus sensibles à nos déchets et à notre implication aussi.
- Speaker #0
À notre impact, plus engagés.
- Speaker #1
Plus engagés, oui.
- Speaker #0
Merci Marion pour ton témoignage.
- Speaker #1
Merci Marine. Pour ton interview.
- Speaker #0
Respecter les animaux, c'est aussi apprendre à respecter l'environnement, puisque les animaux sauvages, terrestres ou marins, vivent dans des environnements qui se retrouvent souvent pollués par l'activité humaine. Gardons à l'esprit que si on jette un déchet, il va polluer un environnement et potentiellement impacter des espèces de végétaux ou d'animaux. L'autre fois, je marchais sur la plage avec ma tante, qui habite en bord de plage dans les Bouches-du-Rhône, que je salue au passage, coucou Christine, et tous les mètres, même pas, il y avait des bouts de plastique. Franchement, on aurait pu remplir un sac poubelle en même pas 10 mètres. Ça a un vrai côté désespérant d'imaginer tous ces résidus qui impactent les espèces marines. Une campagne de Sea Shepherd, d'ailleurs en 2019, avait utilisé une baseline très percutante. Le plastique que vous utilisez une fois torture les océans pour toujours. Et ça rejoint ce que disait Marion un peu plus tôt dans l'épisode. Tout se rejoint. Si un environnement, quel qu'il soit, est pollué par du plastique, c'est tout un tas d'espèces d'animaux qui sont ensuite impactés. Que ce soit les océans, les forêts, les campagnes, essayons de faire plus attention à tout ça. Si on se balade et qu'on peut ramasser un emballage, même un seul, c'est toujours ça. On peut se dire oui, mais c'est les autres qui manquent de civisme, moi je ne fais pas ça. Il faut aussi se dire à ce moment-là qu'on ne le fait pas pour les autres, qu'on le fait pour nous aujourd'hui, pour les animaux d'aujourd'hui, pour les animaux de demain, comme pour les futures générations d'êtres humains. Regardez sur internet, tapez campagne pollution plastique dans un moteur de recherche et allez voir les photos liées à ces mots-clés. De très nombreuses associations ont fait des campagnes ces dernières années, toutes plus choquantes les unes que les autres, avec des vraies photos. pour réveiller les consciences. On voit des phoques, des tortues qui s'étouffent avec un sac plastique sur la tête, un crabe prisonnier dans une boîte en plastique, une tortue qui n'arrive pas à se dépêtrer d'un filet de pêche. On voit parfois des fonds marins jonchés de détritus, les espèces marines se retrouvent piégées dans ces déchets, les tortues confondent souvent les méduses avec les plastiques, et donc s'étouffent. Le plastique représente 80% de tous les déchets marins. Chaque année, c'est près de 13 millions de tonnes de plastique qui se déversent dans nos océans. qui tue plus de 100 000 mammifères marins, sans compter les oiseaux, à qui ils provoquent blessures, noyades, même famine quand ils sont ingérés. Je ne suis pas un modèle, j'ai acheté du plastique comme tout le monde, mais disons que j'ai un peu plus de prise de conscience au moment de l'acte d'achat et que d'une manière générale, j'essaye d'acheter moins d'objets en plastique et même de privilégier les emballages en carton ou le vrac. Ce n'est pas toujours simple d'ailleurs, parce que l'achat éco-responsable et local a souvent un coût, donc ce n'est pas forcément facile. Mais c'est comme tout, si chacun fait un petit effort là-dessus, ça pourra peut-être améliorer durablement la situation. Ce qui est sûr, c'est que si on ne réagit pas, il y aura bientôt plus de plastique dans la mer que de poissons. Cet épisode du podcast était le premier sur la faune marine. J'ai beaucoup aimé discuter de tout ça avec Marion, et comme quoi on n'est pas obligé d'être dans une association sur un sujet précis pour en répandre la connaissance et pour sensibiliser. L'exemple de Marion le montre bien. Il y en aura d'autres, des épisodes sur cette thématique. J'aimerais d'ailleurs beaucoup avoir l'une des associations qu'on a citées dans l'épisode, dans le futur, pour continuer ces discussions autour de la protection des requins, des tortues, des cétacés. En attendant, agissons à notre échelle contre la pollution de l'environnement dans lequel on vit. On n'est pas... obligés d'habiter à côté d'une plage pour commencer à ramasser des déchets qui traînent. Ramasser un déchet sur un trottoir ou dans un champ, c'est déjà éviter qu'il finisse dans une rivière, et enfin dans la mer, parce que tout est lié. Nos mers et nos océans ne sont pas un monde à part, même si on est parfois très loin d'eux, donc on pense moins à eux, mais ils régulent le climat, ils produisent plus de la moitié de l'oxygène que nous respirons, et, on l'a vu tout au long de l'épisode, ils abritent une vie d'une richesse inouïe. Des requins, qui loin d'être des monstres sanguinaires maintiennent l'équilibre des écosystèmes marins. Aux tortues qui parcourent des milliers de kilomètres pour venir pondre sur la plage où elles sont nées, en passant par les orques, intelligentes et sensibles, arrachées à leur famille pour divertir les foules à une époque pas si lointaine, aux baleines et dauphins et autres animaux marins impactés par la pollution et la surpêche. Réfléchir à nos habitudes de consommation, réduire massivement notre usage du plastique, soutenir les associations qui œuvrent concrètement sur le terrain pour protéger les animaux marins, Ce sont de toutes petites actions, mais qui, mises bout à bout, peuvent faire la différence.
- Speaker #1
C'était un épisode de L'écho des museaux, un podcast imaginé et réalisé par Marine Coez.
- Speaker #0
Je vous remercie beaucoup pour votre écoute précieuse. J'espère que ce podcast vous donne envie d'agir à votre niveau, car chaque action peut faire la différence pour un monde plus bienveillant envers toutes les espèces animales. Si l'épisode vous a plu, merci d'en parler autour de vous, de laisser des étoiles, des pouces en l'air, un gentil commentaire, et de vous abonner depuis votre plateforme d'écoute préférée. Si vous souhaitez être l'invité de ce podcast, ou connaissez quelqu'un qui pourrait l'être, ou me suggérer une thématique pour un prochain épisode, n'hésitez pas à me contacter à lecodemuseau.com Vous pouvez également suivre ce podcast sur les réseaux sociaux. A bientôt !