- Speaker #0
L'écho des papillons, des ailes et de l'espoir face au cancer, un mardi sur deux.
- Speaker #1
Elle est loin d'être simple, mais il y a une vie après, c'est pas terminé. Peut-être que c'est même presque où tout commence, où tout recommence, je sais pas comment on pourrait le dire, mais en tout cas pour moi c'est comme ça. Est-ce que j'aurai la même insouciance maintenant qu'à 20 ans ? Je ne sais rien. Mais j'ai une nouvelle insouciance. C'est de se dire, vas-y, prends-en le désir, tu t'as à perdre.
- Speaker #0
Bonjour, je m'appelle Uriel. Uriel avec deux L, comme un papillon, symbole de résilience et de renaissance. Née de mon propre parcours face à un cancer colorectal, j'ai créé l'Echo des papillons, un podcast nomade réalisé à vélo et en camion. Mon but ? Recueillir sur ma route toute forme d'initiatives et de parcours, sources d'espoir, afin de transmettre à mon tour un peu de lumière aux personnes touchées par un cancer. Cheminer avec moi au cœur de conversations intimes et conviviales, partagées avec des hommes et des femmes qui ont transformé la maladie en force. Découvrez aussi une approche novatrice, globale et prometteuse dans le traitement du cancer, appelée oncologie intégrative. Et parce qu'être malade ne signifie pas renoncer à ses rêves, suivez-moi sur ma route dans mes réflexions et conseils personnels sur le voyage avec un cancer. Que ces dialogues et ces ressources vous aident à déployer vos ailes et dessiner votre chemin sur la voie de l'espoir et de la transformation à l'image de la chrysalide qui devient papillon. Bon voyage sonore ! Vous êtes en plein traitement contre le cancer ou vous vous en sortez tout juste ? La fatigue, les douleurs, le moral en dents de scie, tout cela peut être éprouvant, épuisant, au point que certaines activités que vous faisiez avant ou dont vous rêviez vous semblent désormais inaccessibles. Bien sûr, chaque parcours est unique, chaque personne, chaque cancer aussi, mais pour ce premier épisode de l'écho des papillons, j'aimerais vous montrer que même avec un cancer, rien n'est impossible. Alors aujourd'hui, Ma première escale sonore se trouve près de Poitiers. Là-bas, j'ai fait une halte pour rencontrer Alexandra Delon, dont l'histoire et le parcours m'ont profondément touchée. Vous allez vite comprendre pourquoi. Connue sur les réseaux sociaux sous le nom « Une gazelle après un cancer » , Alexandra nous raconte comment elle a traversé la maladie, mais aussi le désert marocain, avant de se prêter à un petit jeu de questions-réponses. Alexandra, tu as 44 ans et en 2020... On t'a diagnostiqué un cancer du sein HER2+++, une forme particulièrement agressive. En rémission depuis 2022, tu as choisi de transformer cette épreuve en défi en participant en mars 2023 au rallye Aïcha des gazelles du Maroc avec ton équipe, les Capzelles. Et cette année, tu repars à l'aventure, mais cette fois à pied, en participant au Trekking Gazelle 2025. Un immense merci de m'accueillir chez toi aujourd'hui. Bonjour Alexandra.
- Speaker #1
Bonjour.
- Speaker #0
Pour commencer Alexandra, cet échange, j'ai envie de citer l'extrait d'un de tes postes sur Instagram, sur lequel on voit une photo de chaque femme de ton équipe, dont toi, tu écris, je cite, « Je regarde ces photos et je me dis que je n'ai jamais perdu mon sourire. C'est bien la seule chose que l'on peut... » ne pas me prendre. Alors aujourd'hui, dans cet après-cancer trop difficile, je me dois de continuer par tous les moyens de conserver mon sourire. En effet, ton sourire est magnifique, mais au-delà de ça, que symbolise ce sourire ?
- Speaker #1
C'est la seule chose qui m'appartient. C'est la seule chose que je peux dévoiler quand j'en ai envie. C'est la seule chose que personne ne pourra jamais m'enlever, en fait. Le sourire, c'est transmissible, c'est communicatif, ça fait du bien. Moi, j'aime bien voir les gens sourire.
- Speaker #0
C'est un sourire que tu avais déjà avant, autant ?
- Speaker #1
Peut-être pas, peut-être moins. Maintenant, le sourire, il a plus de valeur.
- Speaker #0
Mais il n'empêche que tu as envie de sourire au monde. C'est ce que j'entends.
- Speaker #1
Sourire au monde, sourire à la vie, sourire aux gens, sourire... aux arbres quand je marche sourire voilà parce que c'est juste chouette d'être encore là et parce que merci la vie quoi parce que c'est Parce que c'est cool.
- Speaker #0
Et alors, justement, tu vas nous raconter un peu dans les grandes lignes ton parcours.
- Speaker #1
C'est l'histoire banale d'une femme banale, avec un cancer qui est devenu banal, de se réveiller un matin, de déposer sa fille à l'école, à 8h30, et à 15h, on vous apprend que vous avez un cancer, qu'il est agressif et qu'il faut y aller vite, très vite. Et que dix jours après, je suis sur une table d'opération. Trois semaines après, on m'installe à une chambre implantable. Ouf ! Voilà, et le même jour je commence la chimio. Donc voilà, j'ai le même protocole que toutes les autres femmes atteintes d'un cancer du sein, donc les 60 000 femmes par an. Donc chirurgie, 33 séances de radiothérapie, 16 séances de chimiothérapie. 18 cures de chimio en immunothérapie. Donc ça, ça a duré un an et demi. Et pour encore quelques années sous hormonothérapie.
- Speaker #0
Tu n'avais pas de métastase ?
- Speaker #1
Non, j'avais un ganglion d'atteint. Pour du chimio, du coup ? Donc la chimio a permis... D'autant qu'ils ont été enlevés. En fait, j'ai eu un curage axillaire pour enlever toute la chaîne ganglionnaire. On est toutes un peu dans ce cas-là. Et puis après, la chimio a fait son travail.
- Speaker #0
Tout ça du début, du jour où tu as pris jusqu'à ta rémission, ça a duré ?
- Speaker #1
Alors, j'ai été diagnostiquée le 5 novembre 2020 et j'ai été déclarée cliniquement en rémission, parce que j'aime bien ce mot, cliniquement, cliniquement en rémission le 1er septembre 2021.
- Speaker #0
Donc, c'est écrit en fait, c'est ça ? Oui. C'est écrit. Ça doit être beau à lire.
- Speaker #1
C'est beau à lire et on a beaucoup rigolé parce que c'est mon radiothérapeute qui m'a annoncé. ma rémission et qui me dit ben voilà vous êtes gay vous êtes en rémission madame je suis guérie non non non non vous êtes en rémission clinique c'est pas la même chose et pour moi c'était pareil et ben non parce que si vous devez revenir me voir dans deux ans vous allez me dire attendez docteur vous avez chié là moi j'ai m'avait dit que j'étais guérie Et vous allez me détester. Alors que moi, si vous devez venir me voir dans deux ans ou dans trois ans, je veux que vous m'aimiez. Vous ne m'entendrez pas dire le mot guérison.
- Speaker #0
C'est purement égoïste de sa part,
- Speaker #1
mais sur ce coup-là, je me suis dit je ne suis pas guérie. Je suis juste en sursis, mais c'est déjà bien.
- Speaker #0
Souvent, on attend cinq ans avant de parler de guérison.
- Speaker #1
Cinq ans avant de parler de guérison.
- Speaker #0
En tout cas, tu es sous hormonothérapie depuis Yeah !
- Speaker #1
Alors, je suis sous hormonothérapie depuis juillet 2021 et j'en ai encore pour quelques temps.
- Speaker #0
Comment tu as vécu ce parcours de soins au niveau physique et psychologique ?
- Speaker #1
Alors, physiquement, ça a été des montagnes russes physiquement. Je pense que toutes les personnes qui sont... Alors déjà, je pense qu'on ne peut pas en parler si on n'a pas vécu, si on n'est pas passé par cette étape-là. Physiquement, les trois premières chimio ont été l'enfer. La quatrième a été plus que l'enfer. J'étais dans les fins fonds des abîmes de je ne sais où. Et après, comme une lettre à la poste. Comme quoi, il n'y a pas de règles. J'en ai bavé les quatre premières, clairement. J'ai perdu mes cheveux. Je ne mangeais plus. C'était l'enfer. Et puis après, ça a roulé vraiment cool. J'ai vraiment bien vécu quand même cette période-là. Après, psychologiquement, j'ai rencontré une nénette incroyable en chimio. Une voisine,
- Speaker #0
tu veux dire ?
- Speaker #1
Une voisine de chimio, oui. Ah oui, ok. Une nénette... Merci. qui s'appelait Mélodie, qu'on retrouvait sur les réseaux sociaux sous le nom de la galerie de Dodie. C'est juste une meuf incroyable. Et tatouée de partout, et 32 ans, et cancer du sein métastatique. Enfin, voilà, ça a été... Et je me suis dit, waouh ! Et elle avait plein de trucs à présenter. Elle parlait tout le temps, son compte Instagram était incroyable. Voilà, c'est devenu un petit peu mon mentor. Et je me suis dit, si cette... petite nénette, cette petite personne y arrive, moi aussi je vais y arriver.
- Speaker #0
Ça t'a donné l'inspiration ?
- Speaker #1
Ah oui, ça m'a donné une force incroyable. Et puis voilà, on a commencé à communiquer sur les réseaux. Mélodie, elle était malade depuis six ans déjà. Et elle avait une association où elle était en train de créer des box avec des produits adaptés pour les patients, etc. Donc je me suis dit, waouh, elle est incroyable. Et c'est elle qui m'a tenue la tête hors de l'eau parce que de ça est né mon projet. d'aller faire la débile dans le désordre. D'aller faire la débile.
- Speaker #0
Quelle idée, heureusement.
- Speaker #1
Quelle idée. Et de me dire, je sais ce que je vais faire de tout ça. Merci, Mélodie. Aujourd'hui, c'est une étoile. Elle est partie. Mais je continue pour elle. et pour tout ce qu'elle a commencé, et tout ce qu'elle a entrepris. Et moi, ça m'a tenu la tête hors de l'eau pendant les traitements, en fait. D'avoir un but, alors pas forcément de faire quelque chose de la maladie, mais en tout cas d'y trouver un certain sens, et d'y trouver, moi, l'apaisement que j'avais besoin.
- Speaker #0
Tu étais entourée ?
- Speaker #1
Alors, mon mari, mes enfants, mes parents, les amis. Alors après, les amis, c'est difficile. Les amis,
- Speaker #0
ça dépend.
- Speaker #1
Les amis, ils sont passés par mon mari. prendre des nouvelles, et ça j'ai eu du mal à comprendre. Ils n'osaient pas... Bon, c'est vrai que c'est pas facile de prendre le téléphone et de dire comment tu vas, si c'est un lendemain de chimio, je vais pas hyper bien. Donc souvent, quand ils appelaient, une fois, deux fois, je répondais pas, parce que je dormais, parce que je sais pas. Ils passaient par mon mari. Et puis après, j'ai mon mari qui est incroyable, j'ai mes deux enfants qui ont été super.
- Speaker #0
Oui, parce que ta deuxième était jeune quand même.
- Speaker #1
Oui, Louise avait 7 ans. 7 ans, c'est chaud.
- Speaker #0
Tu as choisi du coup, alors je ne sais pas si c'est lié à ta rencontre avec Mélodie, mais d'être très présente sur les réseaux sociaux pour évoquer ton parcours au quotidien ou en tout cas ton challenge, peut-être ton défi dans le désert dont tu vas parler après. Comment c'est venu ? Je ne sais pas. Honnêtement,
- Speaker #1
je ne sais rien. J'avais un compte Instagram où j'avais posé 4 photos parce que ma meilleure amie habite à Singapour. Et puis je ne sais pas, après je me suis dit, est-ce que je ne raconterais pas cette histoire ? Est-ce que je n'en ferais pas quelque chose ? Et puis comme après la deuxième chimiothérapie, j'ai eu cette idée folle de partir dans le désert, je me suis dit, je vais utiliser mon compte pour parler de ce projet. Et puis ce compte, il a grossi.
- Speaker #0
Je ne sais pas pourquoi.
- Speaker #1
Un mort. Clairement, j'en sais rien. Je ne sais pas. Je ne cherche pas les noms d'abonnés. Je n'ai strictement rien à faire. Par contre, ça m'a permis de donner de la visibilité à l'association que j'ai créée quand même. Et puis, chose improbable, les filles qui s'abonnaient à moi sont mises à me poser des questions.
- Speaker #0
T'étais devenue une source d'inspiration ?
- Speaker #1
Alors, je sais pas. Mais en tout cas, je pense que je le fais naturellement. Et que du coup, ça a mis certaines nénettes en confiance. Et est-ce que toi, t'as eu ça ? Toi, tu l'as vécu comment ? Et toi, tu ferais quoi ? Alors, je suis personne, moi, pour donner des conseils. Mais juste redire comment moi, je l'ai vécu. Ou comment moi, ça s'est passé. Et voilà. Et puis, ça continue de grossir. Et c'est plutôt cool. Oui,
- Speaker #0
et puis en même temps, tu essaies de faire un peu de sensibilisation.
- Speaker #1
Alors, ça, c'est hyper important parce qu'avec l'association que j'ai créée, j'ai créé aussi un atelier qui s'appelle « Touche tes boupes » . Alors là, j'ai un peu moins le temps en ce moment, mais j'ai fait des ateliers d'autopalpation à l'école d'infirmière, à l'école d'aide-soignante, dans des entreprises, pour apprendre aux nénettes à se toucher les nichons, en fait, simplement. Sans tabou. elle dit qu'est-ce que tu peux faire aujourd'hui pour te sauver la vie c'est de toucher les seins une fois par mois en fait c'est pas hyper compliqué ça te prend 4 secondes et ça enlèvera pas le le diagnostic non mais ça permet de prendre un temps ça
- Speaker #0
changera pas le cours du diagnostic mais par contre si c'est possible de le prendre un temps c'est cool c'est quand même mieux d'ailleurs j'ai vu tu as posté récemment je crois un chiffre assez effarant qui dit je sais plus 14 ou 17% des personnes ne savent pas Merci. Les femmes ne savent pas qu'il faut s'auto-palper.
- Speaker #1
C'est ça. Et ça, ça me paraît complètement fou, comme on voit que le dépistage organisé à 50 ans... qui est un flop intersidéral, puisqu'on a plus de 54% des femmes de plus de 50 ans qui reçoivent leur invitation, qui ne vont pas faire leur mammographie.
- Speaker #0
Le cancer colorectal, c'est pareil.
- Speaker #1
Mais comme pour le cancer colorectal. Donc, c'est dommage. C'est dommage, parce qu'on pourrait en sauver. Donc moi, si je peux sauver ne serait-ce qu'une nénette qui est venue à mon atelier, ou si je peux sauver une nénette qui, tous les premiers du mois, voit ma publication, parce que ça fait trois ans que tous les premiers du mois... J'ai un message assez fort sur l'autopalpation qui sauve des vies. Ça a sauvé la mienne. Eh bien, tant mieux. Si j'en ai sauvé une, tant mieux. Voilà.
- Speaker #0
Ça sert à ça. C'est pas mal, déjà. C'est hyper chouette.
- Speaker #1
Déjà, ça.
- Speaker #0
Je vois aussi sur ton compte, je ne m'étendrai pas plus longtemps après, mais sur ton compte Insta, on te voit avec ou sans cheveux, avec ou sans vêtements.
- Speaker #1
Avec ou sans.
- Speaker #0
Tu oses t'afficher dans presque toute ta nudité, mais aussi dans Merci. finalement dans toute ton authenticité celle de l'âme aussi c'est ce qui se dégage en tout cas c'était naturel pour toi ou est-ce que c'était une manière de te reconnecter à ton corps de reconnaître toute ta beauté au sens noble du terme parce que suite à tout ce que tu avais vécu comment tu vois les choses par rapport à ça ?
- Speaker #1
Cheveux, pas cheveux à poil, habillé je vais être hyper franche, je m'en fous Merci. Parce qu'en fait, c'est moi. Et je ne l'aurais jamais fait avant. Et en plus, moi, j'ai un métier qui ne me permet pas. J'ai un métier hyper sérieux, hyper carré, machin. Donc, c'est complètement un décalage avec ma vie pro. Et c'est une sorte d'exutoire aussi. Et puis, c'est montré que le vrai, en fait. J'ai pris 15 kilos avec les traitements. J'ai les nichons qui sont plus asymétriques. J'ai des cheveux, pas des cheveux, ils sont revenus blancs. Voilà, super.
- Speaker #0
Avant, tu étais...
- Speaker #1
J'étais brune, voilà. La vraie vie, c'est ça, en fait. C'est qu'on est plus bien comme on est, en fait. Et c'est OK.
- Speaker #0
En fait, tu montres que c'est OK et qu'en fait, on peut vivre une vie après.
- Speaker #1
Elle n'est pas simple. Elle est loin d'être simple. Mais il y a une vie après. Ce n'est pas terminé. Peut-être que c'est même presque où tout commence, où tout recommence. Je ne sais pas comment on pourrait le dire. En tout cas, pour moi, c'est comme ça. Mais oui, non. Je ne suis pas pudique de mes sentiments, en tout cas. Et en fait, du coup, comme je ne suis pas pudique de mes sentiments, je ne suis pas pudique du tout. Alors que dans la vraie vie et au quotidien, je suis hyper pudique il faut dire que les photos sont belles aussi après j'ai aussi un photographe j'ai une photographe qui arrive à faire ressortir pas du tout la nudité quand c'est des photos un petit peu plus nues ou un peu plus déshabillées il n'y a jamais de vulgarité il y a un vrai message et elle sait capter l'âme l'âme sans rien
- Speaker #0
Je voulais quand même, parce qu'il y a une photo que je trouvais magnifique. C'est une photo, tu es dans la rue, on voit tes seins enserrés par...
- Speaker #1
Enchaînés.
- Speaker #0
Enchaînés. Tu exprimes une émotion très forte, on te voit crier en fait. C'est ça. C'est la douceur et en même temps la dureté de la maladie, c'est ces contrastes-là. Et puis la photo est magnifique.
- Speaker #1
Donc cette photo, c'était pour le concours Estée Lauder, qui est organisé depuis dix ans. Et donc, c'était l'année dernière et le thème était invisible. Et ce que je voulais, c'était montrer l'invisible. Dans la rue, tu vois, on ne sait pas que j'ai été malade. On ne sait pas ce que j'ai traversé. Par contre, dans mes tripes, dans mon ventre, c'est ce que je voulais montrer. Toute la rage et toute la difficulté du combat. Et qu'on est véritablement enchaînés à ce qu'on ne peut pas montrer. C'est pas possible de montrer aujourd'hui une femme détruite par la maladie. La société, elle ne veut pas. Elle ne veut pas parce que tu retournes au boulot, parce que tu as toujours ta maison à faire tourner, parce que tu as toujours des potes à aller voir, parce que tu as fini les traitements, donc tu es guérie pour les gens, et puis parce que ça fait peur. Donc je voulais montrer... Voilà, ce côté ultra féminin avec une coiffure et un maquillage, avec les pétales, etc. Donc effectivement, à poil dans les rues de Poitiers, ça par contre. C'était chaud. Et à côté de ça, le côté un peu dark de la vérité. Et c'est toujours ce que j'essaie de montrer. C'est la vérité. Il n'y a pas d'octobre rose, il n'y a pas de paillettes. On m'a sollicité pour faire des trucs à paillettes. C'est toujours un nom catégorique.
- Speaker #0
Tu disais, donc tu es partie dans le désert. Oui,
- Speaker #1
en mars 2023.
- Speaker #0
Donc tu participes au rallye Aïcha des Gazelles avec mon équipe les Capzelles. Alors d'abord, que signifie ce nom ?
- Speaker #1
Alors, rallye Aïcha des Gazelles, on voulait un rappel de L, Gazelle de L. Cap, c'était pour garder le cap. Garder le cap dans le désert parce que le rallye Aéchal et Gazelle, pour celles qui ne connaissent pas, ceux qui ne connaissent pas, c'est un rallye 100% féminin dans le désert, mais à l'ancienne, donc à la carte et à la boussole. Aucun équipement de technologie, donc pas de GPS, pas de rien, juste une règle, une carte et des crayons. Et démerde-toi avec ça. Donc il faut garder le cap. Et ça reprend aussi le garder le cap dans la maladie. Moi j'avais un focus. c'était d'aller faire ce rallye. Donc mon cap pendant la maladie, c'était d'aller au Maroc. Je suis partie avec ma cousine, qui est tout pour moi, qui a perdu son papa d'un cancer du pancréas une semaine avant de se marier.
- Speaker #0
Donc vous étiez deux dans l'équipe ?
- Speaker #1
On était deux.
- Speaker #0
Comment est venue cette idée, du coup, de partir dans le désert ?
- Speaker #1
Ça, c'est une connerie à moi. C'est une bêtise.
- Speaker #0
Pas tant que ça.
- Speaker #1
Non, pas tant que ça, mais sur le coup, c'était stupide. En fait, j'ai vu un reportage sur le Trophée Rose des Sables.
- Speaker #0
Tu peux rapidement expliquer ?
- Speaker #1
Le Trophée Rose des Sables, c'est la même chose que le rallye Aïcha des Gazelles, sauf que c'est en octobre, c'est pour le cancer du sein, c'est aussi en voiture. Mais là, c'est avec un roadbook. Donc, en fait, on te dit, tourne à gauche, machin, etc. Et je dis, je vais faire ça, moi. Sachant que mon papa... Et le papa de ma cousine était d'ancien coureur automobile. Je me suis dit, voilà, c'est ça qu'il faut que je fasse. Après, je l'appelle et je lui dis, ça te dit un rallye dans le désert au mois d'octobre ? Oui. Elle ne réfléchit pas, évidemment, c'est Virginie. Oui, elle me rappelle une demi-heure après, elle est viticultrice.
- Speaker #0
Ah, donc c'est pas le bon...
- Speaker #1
C'est octobre, c'est pas possible. Je peux pas. Elle me dit, bon, ok. Elle me dit, désolé, mais ça va pas être possible. C'est pas grave, t'inquiète pas, je vais trouver autre chose. Donc au moins, j'ai trouvé un truc en Mongolie, j'ai trouvé plein de trucs, je me suis dit, bon... Ah non, bah je sais. En fait, ce sera pas en octobre, ce sera en mars. Et c'est le rallye H&D Gazelle, c'est plus cher, c'est plus dur, mais ça va être chouette. Elle me dit, bon, bah... Allez, choix ! Vas-y ! Moi, j'ai dit à mon mari, je vais dans le désert. Il me dit, non, non, t'es en chimio. Non, mais si, je finis mes chimios et puis j'y vais. J'ai dit, mais t'es complète. Mais ça va pas. T'es pas bien ou quoi ?
- Speaker #0
Tu finissais tes chimios quand ?
- Speaker #1
Je finissais les chimios le 8 mars et on partait le 21. Donc, le Covid, c'est le destin. parce qu'on était inscrite, on partait, machin, c'était OK. Sauf qu'on est allé à Nice pour le départ, tout ça, tout ça, et on a emmené le Covid avec nous. Comme le Maroc demandait un test PCR négatif pour pouvoir rentrer sur le sol marocain, on a repris ma falda, donc notre voiture, et on est rentrés. Après, voilà, c'est le destin et c'est très bien comme ça parce qu'en fait, eu la difficulté physique, j'aurais jamais pu. trois semaines après les chimios j'aurais jamais pu tenir le rythme tu t'en es rendu compte après je m'en suis rendu compte là en 2023 quand on est parti je suis rentré j'étais j'étais quitte de chez quitte mais voilà c'était le destin et comme tout en fait c'est tout ce fin voilà et tout tout est une histoire de destin chez moi il n'y a pas de mauvais pas de mauvais rendez vous il ya que c'est comme ça. C'est comme ça que tu vois le monde.
- Speaker #0
C'est comme ça que tu...
- Speaker #1
Oui, c'est comme ça que je vois les choses. On était prêtes, il n'y avait pas de soucis, mais ce n'était pas le moment. Peut-être que c'est Mélodie là-haut qui m'a dit « Tu fais de la merde. » Hop là, on a chopé le Covid dans la voiture. Donc, on n'est pas partis. En 2022, on est partis. En 2023.
- Speaker #0
Alors là, cette fois-ci, c'est la bonne ?
- Speaker #1
Cette fois-ci, c'est la bonne. Neuf jours de compétition et puis comme on est jusque dans le désert de Merzouga, quand même dans le sud-est, du Maroc, on y va en voiture et en bateau. Il y a deux jours de bateau, puis deux jours pour descendre tout le Maroc. Donc cinq jours pour y aller, cinq jours pour revenir, neuf jours de rallye, trois semaines partie de la maison et...
- Speaker #0
Et des souvenirs.
- Speaker #1
Ah waouh ! C'était incroyable.
- Speaker #0
Qu'est-ce qui t'a le plus marquée ?
- Speaker #1
Alors l'esprit gazelle évidemment, c'est-à-dire que tu as 380 femmes qui sont juste là. Alors après pour des assos, pas des assos, juste pour le kiff, juste parce qu'elles ont 50 ans qu'elles veulent se faire plaisir, parce que je n'en sais rien, elles sont là pour ce qu'elles veulent d'ailleurs. Et nous on était là-bas, on savait pourquoi, et on savait qu'on voulait récupérer de l'argent, on savait qu'on avait des... des choses à faire avec cet argent. Et ce qui a été magique, c'est cette immensité, en fait. L'immensité et de se dire « Attends, moi, je fais ça, moi ? Moi, moi, moi. Moi, je suis là. Et je suis en vie. Et je suis les deux pieds dans le sable. Et je la monte, la dune. Et c'est magique. C'était magique. C'était magique, un de mes plus beaux souvenirs. En plus des deux nuits qu'on a passées à la belle étoile dans le désert, sous la voie lactée, parce qu'aucune pollution lumineuse, tu n'as que les étoiles qui te servent de lampes de chevet, c'est magique, c'est d'être montée sur une dune, très très haute dune, où j'ai galéré à monter. Et il fallait que j'aille voir si Virginie pouvait... Parce que moi je naviguais, Virginie conduisait.
- Speaker #0
Toi, tu naviguais ? Ah oui, tu fais le...
- Speaker #1
Car, tu stoles, machin, caca. Virginie, elle conduisait, sauf que quand tu es dans les dunes, il faut que tu vois ce qu'il y a derrière, parce que ça ne passe pas forcément. Une dune, c'est rond, ou ça peut être à pique. Enfin bon, tu la montes pour aller voir si ça passe. Et en fait, je suis montée sur cette dune, immense dune. Et là, j'avais le désert pour moi. Là-haut, il n'y avait rien. Rien. C'était une crête, toute petite crête. de dunes et donc effectivement par contre ça passait pas du tout en bagnole et en fait je me suis assise il n'y avait pas une trace de bagnole c'est là où je me suis dit tiens on est peut-être perdu pas une trace de bagnole rien pas un 4x4 à l'horizon et un scarabée qui fait des traces et là je me suis assise je me suis dit vas-y juste profite alors j'avais virginie qui qui est bougnée là au fond. Ben oui, elle attendait ! Et moi, j'étais juste en train de me savourer,
- Speaker #0
quoi.
- Speaker #1
Et de me dire, voilà ce que tu as fait.
- Speaker #0
Et d'avoir un sentiment de...
- Speaker #1
De gratitude. De fierté, oui, mais pas tant que ça. De gratitude, vraiment. De gratitude pour ce que j'étais en train de vivre. C'était incroyable. Puis après, le rallye s'est très bien en plus passé pour nous. On a fini 50e sur 195. C'est chouette. Parce que l'idée, ce n'est pas d'aller vite, mais c'est de faire le moins de kilomètres possible. Et quand on a trouvé cette dernière balise qui marquait aussi la fin de cette aventure, on s'est regardé et là, on n'a pas retenu nos larmes. Et voilà, c'était magique. Ce moment qu'on a vécu toutes les deux, il était fou. Parce que c'est du boulot comme préparation. Il fallait trouver des sponsors. C'est un rallye qui vaut très, très cher.
- Speaker #0
Oui, d'ailleurs, vous avez monté une cagnotte en fait.
- Speaker #1
Oui, on a démarché des entreprises pour nous aider. Et puis l'idée, c'était de rapporter un chèque le plus gros possible après. On a donné 50% de nos bénéfices à l'Allie Contre le Cancer. Et on a donné l'autre moitié à l'unité des soins palliatifs du CHU de Poitiers, à l'association Pallium 86. L'idée, c'était d'apporter un petit peu de jour à la vie ou de vie au jour dans cette unité des soins palliatifs. Où Mélodie m'a dit un jour avant de mourir, putain, je vais mourir dans des draps qui grattent. Et je me suis dit, bon,
- Speaker #0
si tu peux faire quelque chose pour améliorer ce...
- Speaker #1
Voilà, c'est ça. Donc, on a quand même refilé 8 800 euros. Donc, ils ont pu faire des aménagements. Ils ont payé des formations. Ils ont payé des licences de musicologie pour faire de la musicothérapie auprès des patients. Ils ont fait venir... Ils ont fait des formations de massage, ils ont aménagé une petite salle un peu plus sympathique que ce qu'elle ne l'est. C'est du con. Et c'est ça que je montre.
- Speaker #0
En fait, dans mon compte, c'est qu'il n'y a pas de code promo, il n'y a rien de tout ça chez moi. Par contre, il y a du concret. Et sinon, pour moi, ça n'a pas de sens. Je pouvais aller faire la couillonne dans le désert pour rien, mais à part cramer du gasoil dans le désert,
- Speaker #1
voilà. Là, ça a du sens pour toi.
- Speaker #0
Là, ça a du sens pour moi, et pour ceux qui nous suivent, et puis pour les entreprises qui nous suivent. pour nos partenaires, pour nos sponsors. Ça a du sens. Derrière, il y a un vrai engagement.
- Speaker #1
Oui, et pour, en plus, un rallye comme le trek qui est éco-responsable.
- Speaker #0
Oui, alors du coup, là, on s'est engagés sur le trek, le trekking gazelle, qui est la même chose, sauf que la dimension écologique sur le rallye Aïcha des gazelles, bon...
- Speaker #1
C'est en voiture, donc.
- Speaker #0
C'est en voiture. C'est peut-être un petit peu moins dans mes valeurs, pour le coup. Voilà. Et donc, à pied, c'était bien aussi.
- Speaker #1
Voilà, donc là, le trek de 2025 que tu t'apprêtes à faire, novembre 2025, c'est à pied.
- Speaker #0
C'est à pied. Donc, c'est dans le même désert, même dune. Donc là, je ne sais même pas. Enfin, je me dis que c'est n'importe quoi, parce que j'en ai monté une. J'ai mis deux heures à m'en remettre. Là, il va falloir en monter tout le temps. Alors ça dure moins longtemps évidemment, il n'y a que 5 jours de compétition, mais c'est toujours à la carte et à la boussole, avec une dimension solidaire puisque chaque point de passage c'est 5 euros pour le secours populaire. On a des sacs avec l'obligation de ramasser tout ce qu'on trouve dans le désert.
- Speaker #1
Oui c'est ça,
- Speaker #0
et s'il y a des déchets ? S'il y a des déchets, on est obligé de les ramasser. Et chaque kilo récupéré, c'est aussi... des sous versées à une association. Il y a également la dimension solidaire avec Coeur de Gazelle, où, comme sur le rallye à Echalé-Gazelle et comme sur tous les événements Mayenga, Coeur de Gazelle, c'est très très important, c'est 3000 consultations médicales en gynéco, en obstétrique, en ophtalmo, dentiste, etc. Pendant l'événement sur toutes les populations du désert. C'est des semis remorques remplies de fringues, de matos, d'hygiène scolaire, etc. Donc il y a une vraie dimension aussi humanitaire, je dirais, presque derrière qui va avec nos valeurs. Donc là, je pars avec mes deux meilleurs amis. Avec la même finalité, c'est de reverser un chèque le plus gros possible. à l'unité des soins palliatifs. Donc voilà, chaque euro est un grain de sable, donc ça fait grossir la cagnotte. Encore une fois, c'est une nouvelle aventure. Donc là, tu commences... Je commence la prépa physique parce que même s'il ne faut pas être une super grande sportive pour faire le trekking gazelle, c'est quand même mieux d'arriver un peu en forme. Un an pour se préparer, ce n'est pas si long, sachant qu'on fait 20 km par jour. Alors, on peut se dire, 20 km par jour, ce n'est rien. Alors, 20 km par jour sur du plat, sur de la route, c'est parti. 20 km par jour dans les cailloux, dans les roches et dans le sable, ça met... 12 heures,
- Speaker #1
c'est notre affaire. Et vous avez un sac à dos aussi ?
- Speaker #0
Sac à dos, oui, forcément.
- Speaker #1
Vous dormez sous tente.
- Speaker #0
Alors, on rentre au bivouac tous les soirs, mais par contre, on est obligé d'avoir, au cas où on ne rentre pas, le minimum, une ration pour manger et beaucoup d'eau, une paire de chaussures de rechange aussi. On a quand même un petit peu de matériel à emmener.
- Speaker #1
Tu te sens comment, physiquement ?
- Speaker #0
Ce n'est pas le physique qui va m'aider, moi. C'est le mental qui va m'aider. Parce que très clairement, je ne suis pas physiquement prête. Parce que l'hormonothérapie, ça bousille les articulations. Parce que j'ai pris du poids. Parce que j'ai un souffle qui est ce qu'il est. Et que quand ça monte un peu en cardio, il faut un peu que ça redescende. Donc j'ai un an pour essayer de récupérer. Une bonne motricité, un bon cardio, et ça va le faire. Puis après, il y a le mental. Le mental, il marche. Puis c'est tout. Bien sûr.
- Speaker #1
Pendant le rallye, d'ailleurs, tu as eu des soucis, rencontré des soucis au niveau physique ?
- Speaker #0
Incroyable. Je suis partie, j'avais mal partout. Je n'ai pas eu une seule douleur. pendant le rallye. Mais vraiment, quand l'adrénaline te porte, je pense, il y a ça. L'adrénaline, la dopamine, tout ça, toutes ces hormones un peu du plaisir, etc. Quand elles te portent, j'étais hyper en forme. Je suis revenue, j'étais cuite.
- Speaker #1
Si des personnes qui nous écoutent ont envie de faire soit le rallye, soit le trek, est-ce que tu avais un conseil à donner pour ceux qui hésitent ?
- Speaker #0
Fais ce que tu as envie de faire. Si tu as envie de le faire, fais-le. Et ça peut être dans deux ans.
- Speaker #1
Oui, et puis de toute façon, même s'ils le font, même si la personne part, sur place,
- Speaker #0
il y a un staff médical. C'est l'hôpital américain au milieu du désert. Donc, tout va bien. Il y a des podologues, des kinés, des médecins. Il y a tout ce qu'il faut. Donc, médicalement, il n'y a aucune contre-indication médicale à le faire. Donc, si tu as envie, il faut y aller. Il y a juste un peu d'argent. Ce n'est pas gratuit, gratuit.
- Speaker #1
Là, ça va se passer du 9 au 14 novembre 2025. Il y a les inscriptions, il y a une date limite ?
- Speaker #0
Là, c'est complet.
- Speaker #1
C'est complet, c'est fini. C'est tous les ans ?
- Speaker #0
C'est tous les ans, c'est pris d'assaut, forcément. Là, cette année, en une semaine, les 300 inscriptions étaient bouclées.
- Speaker #1
Je te souhaite une bonne préparation avec tes amis. ça va le faire ça va le faire je pense que sûr aussi on va passer à la deuxième partie qui concerne le petit portrait chinois et les autres questions donc je vais te laisser tirer le petit papier alors s'il y a des questions ou tu n'as pas de réponse c'est pas grave on passe à la suivante ça marche je tire dans l'anthe ? oui s'il te plaît
- Speaker #0
Avant le cancer, tu étais. Après le cancer, tu es. Alors, avant le cancer, j'étais hypochondriaque. Après le cancer, je m'en fous. J'adore. C'est ça. Si ta résilience était une personne et ou un animal ? Le petit scarabée. Le petit scarabée, la route sacrée, qui est tout seul. Il est tout seul dans le désert, comme un couillon, mais il avance. Donc je ferais ça, ce petit scarabée-là. Il était mignon. Si ta résilience était un objet, un compas de visée.
- Speaker #1
Ah, qui t'a servi pendant le rallye.
- Speaker #0
Qui m'a servi pendant le rallye. Parce que c'est ça en fait, c'est garder son cap. Et te dire, là il faut que j'aille à 180 degrés Est, ok. j'y vais je sais pas comment tu te fixes un objet mais j'y vais et à moi de trouver la solution pour y aller et ça ça marche vraiment si ta résilience était un lieu où un paysage alors je vais sortir du désert et je vais partir au vietnam parce qu'on est allé au vietnam cet été et je les ai trouvés d'une résilience à toute épreuve. Parfois, il y a 1,50 m de flotte dans les rues, ou alors il fait 50 degrés et 95% d'humidité, et ils continuent à marcher tranquillement, ou alors sur leur petit vélo, à porter des fruits.
- Speaker #1
C'est incroyable. Mais pourquoi ?
- Speaker #0
Pourquoi tu fais ça ? Mais comment c'est possible ? Mais comment c'est possible ? Va attendre qu'il n'y ait plus de flotte, ou qu'il fasse moins chaud, ou je ne sais pas. Ou alors pire, ils prennent... pour continuer à travailler, ils prennent des manteaux avec des petits ventilateurs. Si ça, c'est pas de la résilience, des fois, ça me...
- Speaker #1
Donc ça t'aide, toi aussi, du coup, quand tu regardes ça ?
- Speaker #0
Mais voilà, enfin, on est hyper privilégiés, dans tout ce qu'on a. Même si on est malade, je veux pas dire que c'est un privilège d'être malade, c'est pas vrai. Et personne me croirait, de toute façon. Mais franchement, on est hyper privilégiés. Si ta résilience était une musique ou une chanson, Il y a une chanson qui pourrait vraiment me mettre les poils, comme on dit, et qui m'attache à quelque chose. C'est « Expérience » de Ludovico Ennodi. C'est une connexion. Eh bien oui, personne ne connaît. On connaît tous ses musiques, pourtant, parce que c'est le pianiste-compositeur de, par exemple, « Intouchables » . Et en fait, cette chanson, cette musique, « Expérience » , elle résonne vraiment. Elle est toute douce et elle explose d'un seul coup. Et en fait, c'est ça mon histoire. C'est d'être toute douce et puis d'exploser quand il y a besoin. Voilà.
- Speaker #1
Belle image.
- Speaker #0
C'est ça. Alors, si ta résilience était un livre ou un film ou un documentaire, ce serait quoi ? Ah bah, on en a parlé tout à l'heure. C'est le livre et le film La Tresse. Pourquoi ? Parce que moi, je n'ai pas voulu de perruque. Je ne sais pas si les gens connaissent ce film et ce livre. C'est l'histoire de trois femmes en Inde, en Italie et au Canada. Et en fait, c'est une histoire de résilience d'une femme indienne. qui veut sortir de sa problématique de casse-té etc. et qui va se faire raser la tête et qui va faire tout un périple avec sa petite fille. C'est l'histoire d'une jeune femme en Italie qui, après le décès de son papa, qui a une entreprise de perruques en cheveux naturels et qui va fermer, trouve la force de faire autre chose que la tradition familiale. Et puis c'est l'histoire d'une femme au Canada, avocate. Wonder Woman. Mais en fait, ça touche aussi les Wonder Wubans, le cancer du sein. Et comment ces trois femmes, sans le savoir, vont avoir un lien ? Pourquoi je parle de ce film ? Parce que moi, je n'ai pas voulu de perruque. Jamais. J'ai eu l'impression que je ressemblais à... à pas à moi, en tout cas. Et ça aussi, ça fait partie de la résilience de se dire, non mais j'assume en fait de ne pas mettre de perruque. Si ta résilience était un rituel ? Je... je prie. Je prie beaucoup. Et notamment, je prie beaucoup Marie. Et voilà, c'est quelqu'un pour moi qui me porte. Je ne crois pas en grand-chose, mais ça, ça me fait du bien. Si ta résilience était une phrase et une citation ? Je reprendrais le mantra de Mélodie, la personne qui m'a inspirée. Et je suis capitaine de mon âme. Ça, c'est... Je suis capitaine de mon âme, maître de mes envies.
- Speaker #1
Ça, ça venait d'elle,
- Speaker #0
donc. Alors, ça ne vient pas d'elle. Alors, ça vient de Nelson Mandela, je peux te dire. Mais voilà, reste maître de ta vie. Crois-tu que ton environnement, famille, amis, collègues, etc. a pu contribuer au développement de sa résidence ? Pas du tout. Pas du tout. Non. Non. Pourquoi ? Parce que... Parce que... Je pense que la résilience, c'est très personnel. T'as envie de te battre ou t'as pas envie de te battre, en fait. Et c'est pour eux que tu le fais, mais c'est pas grâce à eux.
- Speaker #1
Non, mais souvent... Leur présence, simplement, peut-être. Leur écoute,
- Speaker #0
leur... La famille, tout ça, tes amis. Mais c'est aussi très contradictoire avec le fait de se dire... qu'une fois que tu as fini tes traitements, plus personne ne comprend que tu sois crevée. J'ai beaucoup d'effets secondaires liés à la chimiothérapie. C'est celui d'avoir une dyslexie. J'ai fait de l'orthophonie, machin, tout ça. Mais de perdre mes mots, de chercher mes mots, de louper des lettres, etc. Et ça, c'est cognitif. C'est comme ça. Ça reviendra.
- Speaker #1
Ça revient, je confirme.
- Speaker #0
J'espère.
- Speaker #1
Moi, j'ai eu ça aussi.
- Speaker #0
C'est vraiment pénible. C'est très handicapant. C'est d'être fatigué, c'est d'avoir mal aux articulations, tout ça. Et en fait, les gens, ils ne comprennent pas. Ils te disent toutes les phrases que tu ne veux pas entendre. Ça y est, tu es guéri. Passe à autre chose. Allez, voilà, tourne la page. Tu vois, on te l'avait dit que ce n'était pas grave, un cancer du sein. Moi, je les ai entendues, ces phrases-là. Effectivement, c'est pour eux. que tu vas chercher la résilience parce que j'ai pas envie d'abandonner mon mari, mes gosses, ma famille, qui... voilà. Mais parfois ça fait aussi très très mal. Voilà. Une ou deux ressources psychologiques que tu possédais déjà avant de faire face à la maladie et qui ont pu t'aider ? Eh ben là, clairement aucune.
- Speaker #1
Tu t'es découverte ?
- Speaker #0
Ouais. Je... Non, aucune. Alors, je suis... Je ne suis pas hyper carriériste. On s'en fout sur la maladie. Non, non, je n'ai pas de...
- Speaker #1
Si ce n'est peut-être avoir un objectif et t'y tenir.
- Speaker #0
Oui, si ce n'est qu'avoir un objectif et m'y tenir. Après, c'est vrai que moi, je n'ai pas eu trop de chance physique. Finalement, mon fils est né avec une malformation cardiaque. Après, on a mis quatre ans à avoir ma fille. On a fait cinq fives. J'ai quand même eu mon jeune âge. A l'époque, quand même pas mal de galères. Mais en fait, je ne me suis jamais posé la question d'avance. j'avais pas le choix quoi, t'avances et puis c'est tout La phrase ou le mot insupportable ? La phrase qu'on m'a dite quand j'ai annoncé que j'avais un cancer du sein et une personne très proche. Ah bon ? Ah bah ça va, c'est pas un vrai cancer, c'est un cancer du sein. C'est le même que les autres. C'est le plus meurtrier accessoirement chez la femme.
- Speaker #1
Finalement, il est tellement banalisé.
- Speaker #0
Mais en fait, c'est ça que je veux arrêter. Je suis une femme banale avec un cancer banal. Et ça, ce n'est pas possible. Parce qu'on peut être une femme banale, la madame tout le monde, je n'ai pas de sujet là-dessus, mais le cancer du sein, il faut arrêter qu'il soit banal. Il tue 13 000 femmes par an. Des mamans, des cousines, des sœurs, des épouses.
- Speaker #1
Et jeunes,
- Speaker #0
et beaucoup de jeunes. Et jeunes, et jeunes, de plus en plus jeunes. Et nous, on nous fait prendre, alors je ne sais pas si ça a un lien ou pas, mais on nous fait prendre des pilules aux hormones. Moi, j'ai fait des fives. Je suis bourrée d'hormones. Comme par hasard, après, je développe un cancer du sein. Et si on demande au nombre de nénettes qui sont passées par les fives pour avoir leurs enfants, qui ont développé un cancer du sein, malheureusement...
- Speaker #1
C'est ce que vous êtes en train de me dire.
- Speaker #0
Je pense que si on devait vraiment faire l'étude...
- Speaker #1
Il n'y en a pas ?
- Speaker #0
Non, il n'y en a pas. Ah, il n'y en a pas ? Non, mais non. Je pense qu'on n'a pas encore trop développé les cancers. Mais ça va arriver. J'en suis convaincue. La phrase ou le mot qui t'a fait du bien, c'est une phrase de Mélodie. Meuf, t'es une putain de meuf. Ça, ça m'a fait du bien. Parce que c'est vrai, ça aussi. C'est pas qu'est-ce que t'es cool, qu'est-ce que t'es gentille, qu'est-ce que t'es résiliente. Non, t'es une putain de meuf. Et on est toutes les putains de meufs en joujou. Au final, pour toi, résilience rime avec insouciance. En plus, ça rime pour de vrai. Oui, tant qu'à faire,
- Speaker #1
c'est un peu la question.
- Speaker #0
Insouciance. Est-ce que je la garde ? Est-ce que j'en crée une nouvelle ? Est-ce que j'aurai jamais l'insouciance de mes 15 ans ? de mes 17 ans, de mes 18 ans. Je suis avec mon mari depuis qu'on a 20 ans. On en a 44 aujourd'hui. Est-ce que j'aurai la même insouciance maintenant qu'à 20 ans ? J'en sais rien. Mais j'ai une nouvelle insouciance.
- Speaker #1
Qui s'est développée grâce à la maladie ? Ouais.
- Speaker #0
C'est de se dire « Vas-y, fonce dans le désert. Tu t'as à perdre. » Oui.
- Speaker #1
Tu me disais que finalement, le cancer a été pour toi un cadeau. Peut-être pas un cadeau.
- Speaker #0
C'est pas ça, mais c'est la plus belle chose qui me soit arrivée. Voilà, c'est vraiment la plus belle chose qui me soit arrivée. Parce que je sais qui je suis maintenant. Et finalement, je ne suis pas une femme banale. À qui as-tu envie de dire merci aujourd'hui et pourquoi ? Oh là là, plein de monde. J'irai quand même sur mon mari. Parce que ce n'est pas facile pour les aidants de vivre avec une autre personne pendant quelques temps. Ce n'est pas facile du tout même. Et puis merci Mélodie, parce qu'elle a fait preuve d'une résilience à toute épreuve. Jusqu'au dernier jour, elle est partie avec ses Jordans au pied, avec son outfit de dingue, ses Ray-Bans, ses bagues et ses tatouages. Non mais voilà, parce que ce petit bout de femme, il est exceptionnel, elle était exceptionnelle. Donc merci parce que grâce à elle, je pense que je m'en suis sortie aussi. Pas indemne, parce que jamais on s'en sortira indemne. Je pense que ça laissera des traces, des marques indélébiles. C'est un peu comme les tatouages de la radiothérapie, tu vois.
- Speaker #1
Oui, parce que ça laisse des traces aussi.
- Speaker #0
Oui, parce que du coup, on est marqués comme les vaches. C'est des tout petits points, mais quand même, il y en a six. Et je les vois, donc c'est pas si petit que ça. Donc ça, ce serait des traces, les cicatrices du pack, les cicatrices sur mon sang. D'ailleurs, je ne veux pas être reconstruite, moi, pour ça. Ça laissera des traces, mais je ne dirais pas que c'est comme les vergetures après les grossesses. C'est ce qui m'a fait être maman, oui. Très bien, mais enfin, quand même, c'est moche. On ne va pas se mentir. On ne peut pas se mentir. On va plus se mentir, quand même. Au moment où il faut arrêter les conneries. Mais par contre, ces cicatrices-là, elles me rappelleront toujours ce par quoi je suis passée et ce par quoi d'autres passeront. Et à quel point c'est... C'est une aventure formidable et incroyable.
- Speaker #1
Je trouve que c'est une jolie fin.
- Speaker #0
Voilà,
- Speaker #1
une jolie fin pour terminer notre échange. Alexandra, je te remercie infiniment. Je mettrai bien sûr le lien vers le site internet de LOSO, donc votre cagnotte, et également le site internet de Trekking Gazelle et le rallye Aïcha des Gazelles. Les personnes qui ont envie d'y participer, moi, je pense que je vais y songer.
- Speaker #0
C'est bien. Fais-le.
- Speaker #1
Merci encore à toi, Alexandra.
- Speaker #0
Merci. Merci,
- Speaker #1
chers auditeurs et auditrices. J'espère que ce témoignage vous donnera l'envie de croire en vos rêves et de relever vos propres défis, que ce soit dans le désert ou ailleurs, quels qu'ils soient et en dépit de la maladie. Vous pouvez soutenir le projet d'Alexandra et son équipe sur LOSO, Capzel, Reprenne du service. Vous aussi, vous avez peut-être vécu une expérience similaire à celle d'Alexandra, dans le désert ou ailleurs, et cette expérience vous a aidé à transcender la maladie ? N'hésitez pas à la partager sur mes réseaux sociaux. Dans le prochain épisode, je vous donne rendez-vous avec le Dr Christelle Vénard-Charvet, présidente de l'association Ressources au Lyon. Nous parlerons d'oncologie intégrative, cette approche globale dans le traitement du cancer qui combine le meilleur de la médecine moderne aux thérapies complémentaires pour mieux vivre la maladie. Si cet épisode vous a inspiré, vous pouvez soutenir sa diffusion en le partageant ou en laissant un avis sur votre plateforme d'écoute préférée. Pensez aussi à vous abonner pour ne manquer aucun épisode et à rejoindre ma newsletter pour suivre mon actualité. Pour cela, rendez-vous sur mon site www.lesdeuxailesduriel.com. Attends deux semaines pour une nouvelle escale sonore. L'écho des papillons, des ailes et de l'espoir face au cancer. Un mardi sur deux.
- Speaker #2
Merci.