Speaker #0Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode du Journal d'une agoraphobe. Dans ce podcast, je partage mon parcours d'ancienne agoraphobe. Je ne suis ni médecin ni thérapeute. Mais si mon humble expérience peut offrir quelques pistes à certains d'entre vous et contribuer à libérer la parole sur un sujet qui stigmatise encore trop de personnes, eh bien, mission accomplie ! Après ces deux mois d'été, durant lesquels je vous ai présenté chaque semaine un livre important dans mon parcours de guérison, reprenons ensemble le fil de l'histoire. Pour rappel, j'avais effectué deux séances d'hypnose dont j'avais retenu un message crucial. « Quelle que soit la situation, je suis capable de m'en sortir » . Cette phrase était devenue à la fois un élan et... une béquille. Un élan, car elle me donnait la force mentale d'affronter des situations que je n'aurais pas pu envisager quelques mois auparavant. Une béquille aussi, car lors des montées d'angoisse, je me la répétais jusqu'à me sentir mieux et prête à faire face. Parallèlement, un psychiatre m'avait prescrit de la sertraline, un antidépresseur couramment utilisé dans des cas comme le mien. C'est donc armé d'une arme mentale, cette fameuse phrase, et d'une arme chimique, la sertraline, que je me suis préparée à affronter mon déménagement. Mais tout ne s'est pas passé comme prévu. En juin de cette année-là, il a plu littéralement tous les jours, provoquant un retard de chantier d'un mois et demi. Je devais absolument libérer mon appartement vendu, mais... Ma nouvelle maison n'était pas prête. Rappelez-vous, quelle que soit la situation, je suis capable de m'en sortir. Mais bon, là, ça a été un peu facile. Mes parents habitent près de chez nous. Nous avons donc mis nos affaires dans un garde-meubles et avons vécu chez eux pendant un mois et demi. Retourner chez ses parents, même temporairement, quelle expérience ! À part son contre-temps qui n'a finalement générait aucune angoisse, je n'ai aucun souvenir d'angoisse ou d'attaque de panique durant cette période. Mais, pour être honnête, je n'avais pas vraiment de raison d'en faire. Pourquoi ? Je n'étais jamais seule. Il y avait toujours un de mes parents pour m'emmener au travail ou venir me chercher. Que des objets contrafobiques et aucune raison de sortir de ma zone de confort. Pour ceux qui découvrent ce podcast pour la première fois, Vous trouverez en note un lien vers l'épisode expliquant en détail ce qu'est un objet contre la phobie. J'étais sous traitement, entourée de personnes qui s'étaient spontanément proposées de gérer mes trajets maison-travail. Je n'avais aucune question à me poser, aucune crise d'angoisse à l'horizon. Pour moi, tout allait parfaitement bien. Le jour J du déménagement est finalement arrivé. Là aussi, pas de problème. Nous avons pris possession des lieux, trop contents et sans encombre. Cette maison est vraiment géniale et agréable à vivre. J'avais vraiment l'impression que tout allait bien. Mes parents ont continué à jouer le rôle de chauffeur pour ma fille. Ils l'emmenaient et la récupéraient au lycée. Du coup, je faisais partie du lot, partant avec eux le matin et rentrant le soir. Cela a duré plusieurs mois. Tout allait pour le mieux. dans le meilleur des mondes. Jusqu'à ce fameux samedi après-midi. Je n'avais plus de cigarette. Le tabac était à 10 minutes à pied de chez moi. Dans un premier temps, je ne me suis pas vraiment aperçue que je retardais le moment d'y aller. Je retardais, je retardais et je retardais encore. Et oui, je me trouvais de bonnes raisons de ne pas y aller la manant de suite. J'étends une machine, je vis de la vaisselle, je lis un peu. Est-ce que je me suis dit qu'il était temps d'arrêter de fumer ? Eh bien non ! Finalement, j'ai demandé à ma fille d'y aller à ma place. Ayant été assistée durant ces derniers mois, je ne m'étais rendue compte de rien. Je n'avais absolument pas remarqué que je venais de remettre en place un système me permettant d'éviter de sortir seule, de prendre le bus seule. Tout cela s'était fait de manière totalement... inconsciente et c'est seulement remonté à ma conscience le jour où, une fois de plus, j'ai refusé de sortir seule et j'ai envoyé ma fille au tabac à ma place. Pendant plusieurs mois, aucun signe d'alarme, pas d'angoisse, pas de crise de panique, rien. Mais je n'avais pas non plus remarqué que j'étais en train de remettre en place exactement le système qui m'avait conduite à l'agoraphobie en premier lieu. Ce n'est pas la première fois que je vous le dis dans ce podcast. la guérison de l'agoraphobie n'est pas linéaire. Et les rechutes existent. Ce n'était pas la première pour moi. Mais il faut avouer que j'ai trouvé celle-ci assez insidieuse. Je ne me suis vraiment rendu compte de rien. C'est revenu dans mon quotidien sans que je m'en aperçois. Cela m'a fait penser à ces films où il y a des réunions d'alcooliques anonymes. C'est exactement le sentiment que j'ai ressenti. Vous savez, ce fameux Merci. Il suffit d'une goutte et c'est reparti. Je vais éviter de terminer cet épisode sur une note aussi négative. Je ne vais pas vous dire que c'est simple, ça ne l'est pas. Mais nous ne sommes pas non plus dans le cadre de la dépendance à l'alcool, domaine que je ne connais pas. Alors oui, en ce qui concerne l'agoraphobie, ces mécanismes de protection sont plus forts que nous. Si, on y prend garde et se remet en place sans même que nous nous en rendions compte. Mais une fois que l'on s'en aperçoit, guérir devient plus simple que la première fois. Les mécanismes, on les connaît, on les comprend, on sait par quelle étape on va passer, c'est plus fluide. Et pour être tout à fait honnête avec vous, quand on sait qu'on a une certaine tendance à remettre en place ce type de mécanisme, on entretient avec soi-même une certaine vigilance qui donne une autre saveur à la vie. Sur ces quelques mots, Je vous laisse et je vous remercie de votre écho. Si mon histoire vous parle, si vous vous êtes reconnu, même un tout petit peu, dites-le moi. Laissez un commentaire, une évaluation, abonnez-vous. Ça m'aide énormément et ça donne vie à ce podcast. Ce podcast, qui est aussi le vôtre, vos retours, vos messages, vos histoires me nourrissent et me donnent envie de continuer à partager avec vous. À très vite ! pour la suite du journal de Nagoraphob.