undefined cover
undefined cover
#111 Transformation et Innovation : Le mariage stratégique de John Cockerill et Arquus cover
#111 Transformation et Innovation : Le mariage stratégique de John Cockerill et Arquus cover
Les Afters de la Transformation

#111 Transformation et Innovation : Le mariage stratégique de John Cockerill et Arquus

#111 Transformation et Innovation : Le mariage stratégique de John Cockerill et Arquus

17min |13/03/2025
Play
undefined cover
undefined cover
#111 Transformation et Innovation : Le mariage stratégique de John Cockerill et Arquus cover
#111 Transformation et Innovation : Le mariage stratégique de John Cockerill et Arquus cover
Les Afters de la Transformation

#111 Transformation et Innovation : Le mariage stratégique de John Cockerill et Arquus

#111 Transformation et Innovation : Le mariage stratégique de John Cockerill et Arquus

17min |13/03/2025
Play

Description

Plongez au cœur de la transformation du secteur de la défense avec Anne-Françoise Laime, directrice de l'intégration chez John Cockerill. Découvrez les enjeux de l'acquisition stratégique d'Arquus et les défis d'une intégration réussie entre deux acteurs majeurs de l'industrie de défense.


Au programme :


  • La fusion d'Arquus et John Cockerill : enjeux et objectifs

  • Les défis d'intégration dans un secteur de haute technologie

  • La gestion des différences culturelles et organisationnelles

  • L'importance de l'innovation et de la cybersécurité dans la défense moderne

  • Les perspectives d'avenir et la stratégie à long terme du groupe John Cockerill


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Générique

    Les Afters de la Transformation, le podcast des acteurs qui façonnent l'entreprise de demain. Un rendez-vous qui donne la parole aux dirigeants, présenté par Fanny Bourdin, une production Adequancy.

  • Fanny Bourdin

    Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode des Afters de la Transformation, le podcast qui met en lumière les acteurs du changement. Nous sommes aujourd'hui avec Anne-Françoise Laime, directrice de l'intégration chez John Cockerill. Bonjour Anne-Françoise, merci d'être avec nous.

  • Anne-Françoise Laime

    Bonjour Fanny.

  • Fanny Bourdin

    Est-ce que vous pouvez nous parler de l'histoire du groupe ?

  • Anne-Françoise Laime

    Alors John Cockerill c'est un groupe privé, familial, qui appartient à un industriel français qui s'appelle Bernard Serin. Le groupe a plus de 200 ans. Il a été créé en 1817 avant la création de la Belgique par un industriel qui s'appelle John Cockerill à qui Guillaume d'Orange a demandé de développer les activités autour de l'acier et de la vapeur. Donc John Cockerill développe ses activités, on commence à produire des canons, des fours à coque, des locomotives. Au XXe siècle, c'est vraiment l'essor de la sidérurgie et puis d'acquisition, de fusion en acquisition, etc. John Cockerill devient Cockerill-Sambre, puis Usinor, Arcelor. Et en 2002, Bernard Serin qui travaillait chez Usinor, Arcelor. décide de racheter à son propre compte les activités d'ingénierie et de maintenance qui n'étaient pas core à l'époque. Donc le groupe devient à l'époque CMI et il y a 5-6 ans a repris son identité d'origine John Cockerill. Le groupe à l'époque du spin-off avait un chiffre d'affaires de peu près 350 000 euros, 1500 collaborateurs avant l'acquisition, la dernière acquisition d'Arquus. On était pratiquement 6 000 présents dans 29 pays avec un chiffre d'affaires de plus d'un milliard. Donc une formidable réussite industrielle.

  • Fanny Bourdin

    Une entreprise familiale ?

  • Anne-Françoise Laime

    Bernard Serin est toujours là, c'est lui qui a fait le spin-off en 2002. Il est toujours président du groupe John Cockerill, c'est toujours le groupe familial. Ce groupe est co-présidé avec son fils Nicolas Serin qui prendra la relève après.

  • Fanny Bourdin

    Avec des valeurs familiales j'imagine ?

  • Anne-Françoise Laime

    Avec des valeurs familiales, avec vraiment un groupe où on se sent bien, où on est fier de travailler pour un entrepreneur comme Bernard Serin.

  • Fanny Bourdin

    Alors qu'est-ce qui a motivé cette acquisition et quelles sont les synergies principales entre ces deux entreprises ?

  • Anne-Françoise Laime

    Alors c'est deux sociétés qui adressent les mêmes marchés, le marché de la défense. Arquus est un leader dans les véhicules blindés, John Cockerill est leader dans les systèmes d'armes. Donc le rapprochement c'est pour rapprocher un véhicule, un système d'armes et pouvoir proposer à nos clients un système combiné armes et véhicules.

  • Fanny Bourdin

    C'était Volvo je crois, Arquus c'est ça ?

  • Anne-Françoise Laime

    Oui c'est ça, Arquus appartenait à Volvo avant notre acquisition.

  • Fanny Bourdin

    Et comment s'est passée l'acquisition ? Déjà elle date d'il y a combien de temps ?

  • Anne-Françoise Laime

    Alors l'acquisition elle est toute récente, elle date du 1er juillet 2024, donc c'est tout tout récent.

  • Fanny Bourdin

    Et est-ce qu'on peut parler en chiffres des deux entreprises ?

  • Anne-Françoise Laime

    Toute acquisition est toujours différente, ça dépend énormément de la nature des sociétés. Ici on va appeler ça un reverse integration. Pourquoi ? Parce que John Cockerill acquiert Arquus avec 2000 collaborateurs, alors que John Cockerill dans le domaine de la défense a 500 collaborateurs. Le groupe John Cockerill c'est plus de 6000 collaborateurs avant l'acquisition d'Arquus, mais dans le domaine de la défense on n'était que 500. Donc on acquiert là une société de 2000 personnes, donc c'est ce qu'on appelle un reverse integration.

  • Fanny Bourdin

    Et comment ça se passe alors ? Comment on intègre justement 2000 personnes ?

  • Anne-Françoise Laime

    Alors un reverse integration... Évidemment, il y a des points d'attention qu'il faut vraiment étudier. Alors ici, une intégration, comme je vous l'ai dit, un système d'armes et un véhicule, il n'y a pas de recouvrement d'activité. Donc il n'y a pas de tension comme si on achetait un concurrent pour dire avec deux équipes, il va falloir n'en garder qu'une seule. Ici, c'est vraiment deux activités qu'on met côte à côte. Donc pour ça, il n'y a pas d'inquiétude. Mais le reverse integration, si il y a des différences culturelles. notamment liées à l'histoire industrielle. Arquus vient du groupe Volvo, qui est un groupe coté. John Cockerill est un groupe familial, privé, donc avec des cultures industrielles complètement différentes. Il faut faire attention au leadership, à la gouvernance, parce que certains cadres du grand vont dire « Mais pourquoi je devrais être dirigé par le CIO du plus petit ? » Donc ça, il faut faire très attention et bien définir les rôles, les responsabilités, etc. Il y a aussi l'image. Comment va-t-on combiner la marque Arquus avec le John Cockerill ? Il faut qu'il y ait un endossement. La marque Arcus est une marque reconnue pour sa qualité, ses véhicules, etc. Un endossement, ça va être Arquus, a John Cockerill Company. Dans cette acquisition, nos deux États, c'est-à-dire l'État belge et l'État français, nous ont très fortement soutenus et ont souhaité prendre une part du capital. Donc on a 10% pour la France et 10% pour la Belgique, John Cockerill ayant 80%. Et ça, c'est très important de savoir que les États soutenaient l'opération.

  • Fanny Bourdin

    Comment vous arrivez à homogénéiser tout ça ?

  • Anne-Françoise Laime

    Une intégration, c'est avant tout une aventure humaine. Vous achetez une société, la société ce sont des talents qui la composent et donc il faut faire très attention à toujours garder les talents motivés. Un talent qui est heureux de venir travailler le matin, c'est un talent performant. Donc ça c'est vraiment la partie sur laquelle il faut vraiment faire le plus attention. Après, vous préparez. Nous ce qu'on a fait, c'est acquisition le 1er juillet. Le 3 et 4 juillet, on avait déjà 40 à 50 managers de Arquus dans nos locaux. On les accueillait dans le siège du groupe John Cockerill, qui est très beau en Belgique, un château qui date de plus de deux siècles, vraiment magnifique. Et donc on les a accueillis pour leur présenter le groupe. Ensuite, quelques jours après, on a fait un roadshow sur tous les sites d'Arquus. avec le CEO lui-même du groupe, l'équipe de direction, etc. pour aller à la rencontre des salariés, des représentants du personnel et leur souhaiter la bienvenue. Et ensuite, moi, en charge de l'intégration, je suis pratiquement maintenant à 100% dans leurs locaux avec la porte ouverte. Et je leur dis à chaque fois, si vous avez la moindre question sur l'intégration, sur le groupe John Cockerill, ma porte est ouverte.

  • Fanny Bourdin

    Ce rachat, il a pris combien de temps ? Depuis combien de temps vous en parlez ?

  • Anne-Françoise Laime

    Oula ! En fait, j'avais été embauchée il y a 7 ans et demi pour racheter Arquus, qui s'appelait à l'époque Renault Traits Defense. Puis Volvo avait annulé la vente après 6 mois de discussion d'analyse et a repris les négociations il y a un peu plus de 2 ans. C'est vraiment très très long. Oui,

  • Fanny Bourdin

    c'est très très long. C'est très très long. Donc une fois que c'est mis en place...

  • Anne-Françoise Laime

    Par contre, c'est vraiment un mariage voulu du coup.

  • Fanny Bourdin

    Effectivement. Le secteur de l'industrie de défense est en pleine mutation. Les besoins sont de plus en plus complexes. Quelles sont les grandes priorités de John Cockerill après ce rachat, avec ce rachat ?

  • Anne-Françoise Laime

    Avec ce rachat, effectivement, parce que dans une acquisition, c'est ce qu'on appelle toujours dans le jargon, un plus un doit être plus grand que deux. Donc, je dirais, ce mariage, il doit créer de la valeur. Et on va chercher à créer cette valeur. Alors, l'intégration, il y a plusieurs types d'actions. D'abord, il y a ce qu'on appelle la séparation. Parce que quand vous acquérez une société, il y a tous les systèmes, systèmes d'information, systèmes financiers, systèmes RH, la paye, etc., qui étaient sur les systèmes de Volvo, et il faut pouvoir les intégrer dans les systèmes de John Cockerill. C'est ce qu'on appelle la séparation. Ça ne se fait pas du jour au lendemain, ça prend quelques semaines, quelques mois, et donc pendant ce laps de temps, nous avons ce qu'on appelle des TSC, qui sont des accords court terme avec Volvo pour la continuité des différents services. Vous avez après l'intégration dans les processus de John Cockerill, ces processus, je dirais les processus essentiels de John Cockerill. Par exemple, le reporting financier ne se fait pas n'importe quand, il faut s'intégrer dans le reporting et la consolidation du groupe. La RH c'est pareil, la communication aussi. Puis après vous allez chercher toutes les créations de valeurs. Pour cela, on a mis en place tous des binômes, des ateliers de travail, avec chaque fois une personne de John Cockerill, une personne d'Arquus. Celle adresse vraiment toutes les activités de la société, que ce soit les fonctions opérationnelles ou les fonctions support. Et là, les personnes se rencontrent, se parlent au moins une fois par semaine, pour identifier des idées de création de valeur.

  • Fanny Bourdin

    Ce rachat est un tournant important dans l'industrie de la défense, mais j'aimerais savoir en quoi et comment Arquus renforce la stratégie de l'entreprise de John Cockerill ?

  • Anne-Françoise Laime

    La stratégie, on ne va pas dire qu'elle n'est pas décidée par John Cockerill et imposée par Arquus. On a fait une... co-construction ensemble. C'était aussi très important, étant donné aussi le caractère de reverse integration. On ne peut pas arriver en disant, nous, on est les plus forts, on va vous imposer votre stratégie. Donc, on a fait au moins deux séminaires depuis le 1er juillet, avec les équipes de direction d'une part et d'autre pour co-construire notre stratégie, que ce soit une stratégie produite, une stratégie commerciale, etc., les missions, les visions, etc.

  • Fanny Bourdin

    Donc finalement, tout est une question de communication.

  • Anne-Françoise Laime

    Oui, communication, conduite du changement, pour accompagner les personnes, parce que c'est quand même un changement. Même si on le co-construit, ce n'est plus tout à fait le même contexte qu'avant et donc il faut vraiment accompagner les salariés.

  • Fanny Bourdin

    Quels ont été les plus grands défis lors de cet acquis ?

  • Anne-Françoise Laime

    Moi je n'ai pas fait partie vraiment de la due diligence comme on appelle cette période de due diligence parce qu'elle était quand même dans un cercle très restreint et Volvo avait blacklisté toute l'équipe qui avait fait partie de la première tentative d'acquisition il y a 7 ans et demi. Donc j'étais blacklistée, donc je suis arrivée qu'à la fin, juste avant l'acquisition, le groupe Volvo étant listé, il ne souhaitait pas qu'il y ait trop de rapprochements. en amont de l'acquisition pour éviter évidemment de l'information non contrôlée. Parce que même si Volvo a vendu Arcus, ça reste quand même un sous-traitant, un fournisseur assez important pour les véhicules. Par contre, ils avaient mis en place ce qu'on appelle des deep dive sessions sur l'IT, la finance et les RH, en fait les systèmes, pour assurer quand même la continuité des opérations le 1er juillet. Mais la découverte, je dirais, de nos... aux collègues, la culture d'entreprise, etc. Elle s'est faite vraiment le 1er juillet.

  • Fanny Bourdin

    Un chamboulement.

  • Anne-Françoise Laime

    Oui, oui, oui. Par la petite blague, je disais à mes collègues, on a l'impression d'être à tourner manège, et puis le rideau se lève et on dit, c'est vous, c'est nous, etc. Mais c'est très, très excitant. C'est vrai que c'est vraiment une belle aventure.

  • Fanny Bourdin

    La défense et les technologies de sécurité sont des secteurs de l'innovation clés aujourd'hui. Dans le monde, quelles sont selon vous les prochaines grandes tendances dans ces domaines ?

  • Anne-Françoise Laime

    On voit de grandes tendances, vous voyez dans le combat pour l'instant entre l'Ukraine et la Russie, on parle énormément de drones, on en a parlé aussi du côté du Yémen, etc. Donc tous ces drones...

  • Fanny Bourdin

    Vous en produisez des drones ?

  • Anne-Françoise Laime

    Nous on produit de l'anti-drone, c'est-à-dire de l'anti-drone, c'est vraiment une protection contre les drones. Une fois que vous avez détecté... un drone, que vous avez analysé ce drone et que vous voyez que c'est un drone ennemi, soit vous arrivez à en prendre le contrôle, soit vous arrivez à le brouiller, soit vous allez devoir tirer pour le détruire.

  • Fanny Bourdin

    Les deux entités combinées vont développer d'autres technologies ?

  • Anne-Françoise Laime

    Après, on parle de la digitalisation, on parle de la robotisation, on parle de l'autonomie. On a beaucoup de discussions aussi sur le champ de bataille connecté. où vous pouvez avoir différents véhicules qui vont par exemple repérer un ennemi, mais ce n'est peut-être pas le véhicule qui a repéré le système ennemi qui va tirer, c'est peut-être un véhicule qui est mieux positionné sur le champ de bataille. Puis après vous avez bien sûr la cybersécurité pour éviter, quand vous parlez de digitalisation, forcément il faut aussi se protéger de l'ennemi et donc la cybersécurité est aussi très importante.

  • Fanny Bourdin

    Vous y êtes quoi avant John Cochrill ?

  • Anne-Françoise Laime

    J'ai travaillé pendant 28 ans pour le groupe Safran. D'abord pour Sagem à l'époque, et puis à fusionner avec Snetma pour donner le groupe Safran. À des postes divers, moi j'ai un background d'ingénieur, j'ai fait un MBA, puis j'ai du coup travaillé plutôt en finance et puis en stratégie.

  • Fanny Bourdin

    Donc vous avez quand même une longue expérience dans les secteurs industriels stratégiques. Quel conseil donneriez-vous à une entreprise dans le secteur de la défense qui envisage une acquisition pour se renforcer à l'international ?

  • Anne-Françoise Laime

    D'abord, pour se renforcer à l'international, la première des choses, c'est d'avoir les autorisations administratives. Oui,

  • Fanny Bourdin

    bien sûr.

  • Anne-Françoise Laime

    Parce qu'on parle vraiment de technologie stratégique. Donc, même nous, en tant que société belge, on a dû demander une autorisation d'investissement étranger en France parce que Arcus est vraiment une technologie stratégique pour la France. Donc la première des choses c'est déjà de s'assurer de la compatibilité on va dire stratégique entre les deux pays et d'avoir toutes les autorisations administratives.

  • Fanny Bourdin

    Ça doit prendre des années ça ?

  • Anne-Françoise Laime

    Non pas nécessairement. Pas nécessairement ? Non non pas nécessairement mais bon voilà il faut pouvoir démontrer que toutes les technologies, la R&D, la propriété industrielle etc. française restera sur le terrain. sur le territoire français et ne s'ébattra pas. Vous ne pouvez pas avoir une société aujourd'hui, à la limite de défense française, qui va aller investir dans une société en Chine avec une fuite des technologies chinoises.

  • Fanny Bourdin

    Évidemment. Donc, c'est fabriqué, tout est fabriqué en France.

  • Anne-Françoise Laime

    Donc, tout est fabriqué en France,

  • Fanny Bourdin

    oui. Et vos usines sont où ?

  • Anne-Françoise Laime

    Alors, il y en a une à Saint-Nazaire, il y en a une à Limoges, il y en a une à Garchisy près de Nevers, ça c'est pour la partie Arctus, et à Distrof, donc dans l'Est de la France, pour la partie système d'armes, anciennement John Cockerill, et une autre en Belgique.

  • Fanny Bourdin

    Et si une entreprise souhaite diversifier ses produits et services, quel conseil vous lui donneriez ?

  • Anne-Françoise Laime

    C'est de travailler beaucoup l'idéation, l'innovation, et d'être très très proche de ses clients. et surtout des utilisateurs finaux des produits parce que finalement quand vous voulez diversifier ou si vous voulez innover Absolument que ce produit puisse répondre à une contrainte et un besoin du client. Si vous ne voulez vous faire que... Vous pouvez vous faire plaisir en tant qu'ingénieur à dire « Moi je vais développer la Rolls Royce parce que c'est vraiment une belle voiture. » Si votre client n'a besoin que d'une 2 chevaux ou d'un blindé, vous pouvez arriver avec la plus belle des voitures. Si ça ne répond pas à son besoin, vous n'avez pas créé de valeur.

  • Fanny Bourdin

    Les deux entreprises recrutent tout le temps.

  • Anne-Françoise Laime

    Oui, on recrute régulièrement.

  • Fanny Bourdin

    Pour conclure, en fait, quelle est votre vision à long terme pour le secteur de la défense, notamment en termes de développement technologique, de sécurité, de transition énergétique ?

  • Anne-Françoise Laime

    Alors, transition énergétique, on commence à y penser. Dans la défense, oui, on commence à y penser. C'est Florence Parly, lorsqu'elle était en poste, qui avait dit à un moment donné qu'elle voulait rendre l'armée plus verte que Tati. Voilà, c'était une belle expression, mais pour montrer quand même que l'armée commençait aussi à penser environnement. Oui. Donc c'est vrai qu'on va essayer de travailler sur des moteurs hybrides, par exemple pour les véhicules, regarder un petit peu la consommation énergétique aussi. Le groupe est déjà très engagé dans une démarche ESG, notamment pour mesurer l'empreinte carbone de nos produits, que ce soit notre propre empreinte carbone en tant qu'organisation, mais aussi l'empreinte carbone de nos différents produits. Le groupe John Cotterill regarde aussi tout ce qui est un peu sociétal, la fondation, la gouvernance, on a des administrateurs très engagés.

  • Fanny Bourdin

    Génial !

  • Anne-Françoise Laime

    Voilà.

  • Fanny Bourdin

    Qu'est-ce qu'on pourrait vous souhaiter pour l'avenir ?

  • Anne-Françoise Laime

    L'avenir ? Je dirais l'avenir proche sincèrement, c'est que l'intégration qui se passe très bien pour l'instant continue à bien se passer et que nos nouveaux collègues d'Arquus se sentent vraiment à l'aise dans le groupe John Cochrill qui est un groupe extrêmement familial, motivant et voilà ils y prennent autant de plaisir que ce que j'y prends depuis 7 ans

  • Fanny Bourdin

    Merci infiniment Anne-Françoise Laime pour ce partage d'expérience exceptionnel, je rappelle que vous êtes la directrice de l'intégration chez John Cockerill, nous vous souhaitons beaucoup de succès dans l'intégration de ces deux grands acteurs industriels, merci beaucoup d'être venu sur notre plateau

  • Anne-Françoise Laime

    Merci Fanny de m'avoir reçu.

  • Fanny Bourdin

    Merci à vous toutes et tous de nous écouter de plus en plus nombreux chaque semaine. Retrouvez les autres épisodes des After de la Transformation sur vos plateformes d'écoute préférées. A très vite.

  • Générique

    Les Afters de la Transformation, le podcast des acteurs qui façonnent l'entreprise de demain. Un rendez-vous qui donne la parole aux dirigeants. Présenté par Fanny Bourdin, une production Adequancy.

Description

Plongez au cœur de la transformation du secteur de la défense avec Anne-Françoise Laime, directrice de l'intégration chez John Cockerill. Découvrez les enjeux de l'acquisition stratégique d'Arquus et les défis d'une intégration réussie entre deux acteurs majeurs de l'industrie de défense.


Au programme :


  • La fusion d'Arquus et John Cockerill : enjeux et objectifs

  • Les défis d'intégration dans un secteur de haute technologie

  • La gestion des différences culturelles et organisationnelles

  • L'importance de l'innovation et de la cybersécurité dans la défense moderne

  • Les perspectives d'avenir et la stratégie à long terme du groupe John Cockerill


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Générique

    Les Afters de la Transformation, le podcast des acteurs qui façonnent l'entreprise de demain. Un rendez-vous qui donne la parole aux dirigeants, présenté par Fanny Bourdin, une production Adequancy.

  • Fanny Bourdin

    Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode des Afters de la Transformation, le podcast qui met en lumière les acteurs du changement. Nous sommes aujourd'hui avec Anne-Françoise Laime, directrice de l'intégration chez John Cockerill. Bonjour Anne-Françoise, merci d'être avec nous.

  • Anne-Françoise Laime

    Bonjour Fanny.

  • Fanny Bourdin

    Est-ce que vous pouvez nous parler de l'histoire du groupe ?

  • Anne-Françoise Laime

    Alors John Cockerill c'est un groupe privé, familial, qui appartient à un industriel français qui s'appelle Bernard Serin. Le groupe a plus de 200 ans. Il a été créé en 1817 avant la création de la Belgique par un industriel qui s'appelle John Cockerill à qui Guillaume d'Orange a demandé de développer les activités autour de l'acier et de la vapeur. Donc John Cockerill développe ses activités, on commence à produire des canons, des fours à coque, des locomotives. Au XXe siècle, c'est vraiment l'essor de la sidérurgie et puis d'acquisition, de fusion en acquisition, etc. John Cockerill devient Cockerill-Sambre, puis Usinor, Arcelor. Et en 2002, Bernard Serin qui travaillait chez Usinor, Arcelor. décide de racheter à son propre compte les activités d'ingénierie et de maintenance qui n'étaient pas core à l'époque. Donc le groupe devient à l'époque CMI et il y a 5-6 ans a repris son identité d'origine John Cockerill. Le groupe à l'époque du spin-off avait un chiffre d'affaires de peu près 350 000 euros, 1500 collaborateurs avant l'acquisition, la dernière acquisition d'Arquus. On était pratiquement 6 000 présents dans 29 pays avec un chiffre d'affaires de plus d'un milliard. Donc une formidable réussite industrielle.

  • Fanny Bourdin

    Une entreprise familiale ?

  • Anne-Françoise Laime

    Bernard Serin est toujours là, c'est lui qui a fait le spin-off en 2002. Il est toujours président du groupe John Cockerill, c'est toujours le groupe familial. Ce groupe est co-présidé avec son fils Nicolas Serin qui prendra la relève après.

  • Fanny Bourdin

    Avec des valeurs familiales j'imagine ?

  • Anne-Françoise Laime

    Avec des valeurs familiales, avec vraiment un groupe où on se sent bien, où on est fier de travailler pour un entrepreneur comme Bernard Serin.

  • Fanny Bourdin

    Alors qu'est-ce qui a motivé cette acquisition et quelles sont les synergies principales entre ces deux entreprises ?

  • Anne-Françoise Laime

    Alors c'est deux sociétés qui adressent les mêmes marchés, le marché de la défense. Arquus est un leader dans les véhicules blindés, John Cockerill est leader dans les systèmes d'armes. Donc le rapprochement c'est pour rapprocher un véhicule, un système d'armes et pouvoir proposer à nos clients un système combiné armes et véhicules.

  • Fanny Bourdin

    C'était Volvo je crois, Arquus c'est ça ?

  • Anne-Françoise Laime

    Oui c'est ça, Arquus appartenait à Volvo avant notre acquisition.

  • Fanny Bourdin

    Et comment s'est passée l'acquisition ? Déjà elle date d'il y a combien de temps ?

  • Anne-Françoise Laime

    Alors l'acquisition elle est toute récente, elle date du 1er juillet 2024, donc c'est tout tout récent.

  • Fanny Bourdin

    Et est-ce qu'on peut parler en chiffres des deux entreprises ?

  • Anne-Françoise Laime

    Toute acquisition est toujours différente, ça dépend énormément de la nature des sociétés. Ici on va appeler ça un reverse integration. Pourquoi ? Parce que John Cockerill acquiert Arquus avec 2000 collaborateurs, alors que John Cockerill dans le domaine de la défense a 500 collaborateurs. Le groupe John Cockerill c'est plus de 6000 collaborateurs avant l'acquisition d'Arquus, mais dans le domaine de la défense on n'était que 500. Donc on acquiert là une société de 2000 personnes, donc c'est ce qu'on appelle un reverse integration.

  • Fanny Bourdin

    Et comment ça se passe alors ? Comment on intègre justement 2000 personnes ?

  • Anne-Françoise Laime

    Alors un reverse integration... Évidemment, il y a des points d'attention qu'il faut vraiment étudier. Alors ici, une intégration, comme je vous l'ai dit, un système d'armes et un véhicule, il n'y a pas de recouvrement d'activité. Donc il n'y a pas de tension comme si on achetait un concurrent pour dire avec deux équipes, il va falloir n'en garder qu'une seule. Ici, c'est vraiment deux activités qu'on met côte à côte. Donc pour ça, il n'y a pas d'inquiétude. Mais le reverse integration, si il y a des différences culturelles. notamment liées à l'histoire industrielle. Arquus vient du groupe Volvo, qui est un groupe coté. John Cockerill est un groupe familial, privé, donc avec des cultures industrielles complètement différentes. Il faut faire attention au leadership, à la gouvernance, parce que certains cadres du grand vont dire « Mais pourquoi je devrais être dirigé par le CIO du plus petit ? » Donc ça, il faut faire très attention et bien définir les rôles, les responsabilités, etc. Il y a aussi l'image. Comment va-t-on combiner la marque Arquus avec le John Cockerill ? Il faut qu'il y ait un endossement. La marque Arcus est une marque reconnue pour sa qualité, ses véhicules, etc. Un endossement, ça va être Arquus, a John Cockerill Company. Dans cette acquisition, nos deux États, c'est-à-dire l'État belge et l'État français, nous ont très fortement soutenus et ont souhaité prendre une part du capital. Donc on a 10% pour la France et 10% pour la Belgique, John Cockerill ayant 80%. Et ça, c'est très important de savoir que les États soutenaient l'opération.

  • Fanny Bourdin

    Comment vous arrivez à homogénéiser tout ça ?

  • Anne-Françoise Laime

    Une intégration, c'est avant tout une aventure humaine. Vous achetez une société, la société ce sont des talents qui la composent et donc il faut faire très attention à toujours garder les talents motivés. Un talent qui est heureux de venir travailler le matin, c'est un talent performant. Donc ça c'est vraiment la partie sur laquelle il faut vraiment faire le plus attention. Après, vous préparez. Nous ce qu'on a fait, c'est acquisition le 1er juillet. Le 3 et 4 juillet, on avait déjà 40 à 50 managers de Arquus dans nos locaux. On les accueillait dans le siège du groupe John Cockerill, qui est très beau en Belgique, un château qui date de plus de deux siècles, vraiment magnifique. Et donc on les a accueillis pour leur présenter le groupe. Ensuite, quelques jours après, on a fait un roadshow sur tous les sites d'Arquus. avec le CEO lui-même du groupe, l'équipe de direction, etc. pour aller à la rencontre des salariés, des représentants du personnel et leur souhaiter la bienvenue. Et ensuite, moi, en charge de l'intégration, je suis pratiquement maintenant à 100% dans leurs locaux avec la porte ouverte. Et je leur dis à chaque fois, si vous avez la moindre question sur l'intégration, sur le groupe John Cockerill, ma porte est ouverte.

  • Fanny Bourdin

    Ce rachat, il a pris combien de temps ? Depuis combien de temps vous en parlez ?

  • Anne-Françoise Laime

    Oula ! En fait, j'avais été embauchée il y a 7 ans et demi pour racheter Arquus, qui s'appelait à l'époque Renault Traits Defense. Puis Volvo avait annulé la vente après 6 mois de discussion d'analyse et a repris les négociations il y a un peu plus de 2 ans. C'est vraiment très très long. Oui,

  • Fanny Bourdin

    c'est très très long. C'est très très long. Donc une fois que c'est mis en place...

  • Anne-Françoise Laime

    Par contre, c'est vraiment un mariage voulu du coup.

  • Fanny Bourdin

    Effectivement. Le secteur de l'industrie de défense est en pleine mutation. Les besoins sont de plus en plus complexes. Quelles sont les grandes priorités de John Cockerill après ce rachat, avec ce rachat ?

  • Anne-Françoise Laime

    Avec ce rachat, effectivement, parce que dans une acquisition, c'est ce qu'on appelle toujours dans le jargon, un plus un doit être plus grand que deux. Donc, je dirais, ce mariage, il doit créer de la valeur. Et on va chercher à créer cette valeur. Alors, l'intégration, il y a plusieurs types d'actions. D'abord, il y a ce qu'on appelle la séparation. Parce que quand vous acquérez une société, il y a tous les systèmes, systèmes d'information, systèmes financiers, systèmes RH, la paye, etc., qui étaient sur les systèmes de Volvo, et il faut pouvoir les intégrer dans les systèmes de John Cockerill. C'est ce qu'on appelle la séparation. Ça ne se fait pas du jour au lendemain, ça prend quelques semaines, quelques mois, et donc pendant ce laps de temps, nous avons ce qu'on appelle des TSC, qui sont des accords court terme avec Volvo pour la continuité des différents services. Vous avez après l'intégration dans les processus de John Cockerill, ces processus, je dirais les processus essentiels de John Cockerill. Par exemple, le reporting financier ne se fait pas n'importe quand, il faut s'intégrer dans le reporting et la consolidation du groupe. La RH c'est pareil, la communication aussi. Puis après vous allez chercher toutes les créations de valeurs. Pour cela, on a mis en place tous des binômes, des ateliers de travail, avec chaque fois une personne de John Cockerill, une personne d'Arquus. Celle adresse vraiment toutes les activités de la société, que ce soit les fonctions opérationnelles ou les fonctions support. Et là, les personnes se rencontrent, se parlent au moins une fois par semaine, pour identifier des idées de création de valeur.

  • Fanny Bourdin

    Ce rachat est un tournant important dans l'industrie de la défense, mais j'aimerais savoir en quoi et comment Arquus renforce la stratégie de l'entreprise de John Cockerill ?

  • Anne-Françoise Laime

    La stratégie, on ne va pas dire qu'elle n'est pas décidée par John Cockerill et imposée par Arquus. On a fait une... co-construction ensemble. C'était aussi très important, étant donné aussi le caractère de reverse integration. On ne peut pas arriver en disant, nous, on est les plus forts, on va vous imposer votre stratégie. Donc, on a fait au moins deux séminaires depuis le 1er juillet, avec les équipes de direction d'une part et d'autre pour co-construire notre stratégie, que ce soit une stratégie produite, une stratégie commerciale, etc., les missions, les visions, etc.

  • Fanny Bourdin

    Donc finalement, tout est une question de communication.

  • Anne-Françoise Laime

    Oui, communication, conduite du changement, pour accompagner les personnes, parce que c'est quand même un changement. Même si on le co-construit, ce n'est plus tout à fait le même contexte qu'avant et donc il faut vraiment accompagner les salariés.

  • Fanny Bourdin

    Quels ont été les plus grands défis lors de cet acquis ?

  • Anne-Françoise Laime

    Moi je n'ai pas fait partie vraiment de la due diligence comme on appelle cette période de due diligence parce qu'elle était quand même dans un cercle très restreint et Volvo avait blacklisté toute l'équipe qui avait fait partie de la première tentative d'acquisition il y a 7 ans et demi. Donc j'étais blacklistée, donc je suis arrivée qu'à la fin, juste avant l'acquisition, le groupe Volvo étant listé, il ne souhaitait pas qu'il y ait trop de rapprochements. en amont de l'acquisition pour éviter évidemment de l'information non contrôlée. Parce que même si Volvo a vendu Arcus, ça reste quand même un sous-traitant, un fournisseur assez important pour les véhicules. Par contre, ils avaient mis en place ce qu'on appelle des deep dive sessions sur l'IT, la finance et les RH, en fait les systèmes, pour assurer quand même la continuité des opérations le 1er juillet. Mais la découverte, je dirais, de nos... aux collègues, la culture d'entreprise, etc. Elle s'est faite vraiment le 1er juillet.

  • Fanny Bourdin

    Un chamboulement.

  • Anne-Françoise Laime

    Oui, oui, oui. Par la petite blague, je disais à mes collègues, on a l'impression d'être à tourner manège, et puis le rideau se lève et on dit, c'est vous, c'est nous, etc. Mais c'est très, très excitant. C'est vrai que c'est vraiment une belle aventure.

  • Fanny Bourdin

    La défense et les technologies de sécurité sont des secteurs de l'innovation clés aujourd'hui. Dans le monde, quelles sont selon vous les prochaines grandes tendances dans ces domaines ?

  • Anne-Françoise Laime

    On voit de grandes tendances, vous voyez dans le combat pour l'instant entre l'Ukraine et la Russie, on parle énormément de drones, on en a parlé aussi du côté du Yémen, etc. Donc tous ces drones...

  • Fanny Bourdin

    Vous en produisez des drones ?

  • Anne-Françoise Laime

    Nous on produit de l'anti-drone, c'est-à-dire de l'anti-drone, c'est vraiment une protection contre les drones. Une fois que vous avez détecté... un drone, que vous avez analysé ce drone et que vous voyez que c'est un drone ennemi, soit vous arrivez à en prendre le contrôle, soit vous arrivez à le brouiller, soit vous allez devoir tirer pour le détruire.

  • Fanny Bourdin

    Les deux entités combinées vont développer d'autres technologies ?

  • Anne-Françoise Laime

    Après, on parle de la digitalisation, on parle de la robotisation, on parle de l'autonomie. On a beaucoup de discussions aussi sur le champ de bataille connecté. où vous pouvez avoir différents véhicules qui vont par exemple repérer un ennemi, mais ce n'est peut-être pas le véhicule qui a repéré le système ennemi qui va tirer, c'est peut-être un véhicule qui est mieux positionné sur le champ de bataille. Puis après vous avez bien sûr la cybersécurité pour éviter, quand vous parlez de digitalisation, forcément il faut aussi se protéger de l'ennemi et donc la cybersécurité est aussi très importante.

  • Fanny Bourdin

    Vous y êtes quoi avant John Cochrill ?

  • Anne-Françoise Laime

    J'ai travaillé pendant 28 ans pour le groupe Safran. D'abord pour Sagem à l'époque, et puis à fusionner avec Snetma pour donner le groupe Safran. À des postes divers, moi j'ai un background d'ingénieur, j'ai fait un MBA, puis j'ai du coup travaillé plutôt en finance et puis en stratégie.

  • Fanny Bourdin

    Donc vous avez quand même une longue expérience dans les secteurs industriels stratégiques. Quel conseil donneriez-vous à une entreprise dans le secteur de la défense qui envisage une acquisition pour se renforcer à l'international ?

  • Anne-Françoise Laime

    D'abord, pour se renforcer à l'international, la première des choses, c'est d'avoir les autorisations administratives. Oui,

  • Fanny Bourdin

    bien sûr.

  • Anne-Françoise Laime

    Parce qu'on parle vraiment de technologie stratégique. Donc, même nous, en tant que société belge, on a dû demander une autorisation d'investissement étranger en France parce que Arcus est vraiment une technologie stratégique pour la France. Donc la première des choses c'est déjà de s'assurer de la compatibilité on va dire stratégique entre les deux pays et d'avoir toutes les autorisations administratives.

  • Fanny Bourdin

    Ça doit prendre des années ça ?

  • Anne-Françoise Laime

    Non pas nécessairement. Pas nécessairement ? Non non pas nécessairement mais bon voilà il faut pouvoir démontrer que toutes les technologies, la R&D, la propriété industrielle etc. française restera sur le terrain. sur le territoire français et ne s'ébattra pas. Vous ne pouvez pas avoir une société aujourd'hui, à la limite de défense française, qui va aller investir dans une société en Chine avec une fuite des technologies chinoises.

  • Fanny Bourdin

    Évidemment. Donc, c'est fabriqué, tout est fabriqué en France.

  • Anne-Françoise Laime

    Donc, tout est fabriqué en France,

  • Fanny Bourdin

    oui. Et vos usines sont où ?

  • Anne-Françoise Laime

    Alors, il y en a une à Saint-Nazaire, il y en a une à Limoges, il y en a une à Garchisy près de Nevers, ça c'est pour la partie Arctus, et à Distrof, donc dans l'Est de la France, pour la partie système d'armes, anciennement John Cockerill, et une autre en Belgique.

  • Fanny Bourdin

    Et si une entreprise souhaite diversifier ses produits et services, quel conseil vous lui donneriez ?

  • Anne-Françoise Laime

    C'est de travailler beaucoup l'idéation, l'innovation, et d'être très très proche de ses clients. et surtout des utilisateurs finaux des produits parce que finalement quand vous voulez diversifier ou si vous voulez innover Absolument que ce produit puisse répondre à une contrainte et un besoin du client. Si vous ne voulez vous faire que... Vous pouvez vous faire plaisir en tant qu'ingénieur à dire « Moi je vais développer la Rolls Royce parce que c'est vraiment une belle voiture. » Si votre client n'a besoin que d'une 2 chevaux ou d'un blindé, vous pouvez arriver avec la plus belle des voitures. Si ça ne répond pas à son besoin, vous n'avez pas créé de valeur.

  • Fanny Bourdin

    Les deux entreprises recrutent tout le temps.

  • Anne-Françoise Laime

    Oui, on recrute régulièrement.

  • Fanny Bourdin

    Pour conclure, en fait, quelle est votre vision à long terme pour le secteur de la défense, notamment en termes de développement technologique, de sécurité, de transition énergétique ?

  • Anne-Françoise Laime

    Alors, transition énergétique, on commence à y penser. Dans la défense, oui, on commence à y penser. C'est Florence Parly, lorsqu'elle était en poste, qui avait dit à un moment donné qu'elle voulait rendre l'armée plus verte que Tati. Voilà, c'était une belle expression, mais pour montrer quand même que l'armée commençait aussi à penser environnement. Oui. Donc c'est vrai qu'on va essayer de travailler sur des moteurs hybrides, par exemple pour les véhicules, regarder un petit peu la consommation énergétique aussi. Le groupe est déjà très engagé dans une démarche ESG, notamment pour mesurer l'empreinte carbone de nos produits, que ce soit notre propre empreinte carbone en tant qu'organisation, mais aussi l'empreinte carbone de nos différents produits. Le groupe John Cotterill regarde aussi tout ce qui est un peu sociétal, la fondation, la gouvernance, on a des administrateurs très engagés.

  • Fanny Bourdin

    Génial !

  • Anne-Françoise Laime

    Voilà.

  • Fanny Bourdin

    Qu'est-ce qu'on pourrait vous souhaiter pour l'avenir ?

  • Anne-Françoise Laime

    L'avenir ? Je dirais l'avenir proche sincèrement, c'est que l'intégration qui se passe très bien pour l'instant continue à bien se passer et que nos nouveaux collègues d'Arquus se sentent vraiment à l'aise dans le groupe John Cochrill qui est un groupe extrêmement familial, motivant et voilà ils y prennent autant de plaisir que ce que j'y prends depuis 7 ans

  • Fanny Bourdin

    Merci infiniment Anne-Françoise Laime pour ce partage d'expérience exceptionnel, je rappelle que vous êtes la directrice de l'intégration chez John Cockerill, nous vous souhaitons beaucoup de succès dans l'intégration de ces deux grands acteurs industriels, merci beaucoup d'être venu sur notre plateau

  • Anne-Françoise Laime

    Merci Fanny de m'avoir reçu.

  • Fanny Bourdin

    Merci à vous toutes et tous de nous écouter de plus en plus nombreux chaque semaine. Retrouvez les autres épisodes des After de la Transformation sur vos plateformes d'écoute préférées. A très vite.

  • Générique

    Les Afters de la Transformation, le podcast des acteurs qui façonnent l'entreprise de demain. Un rendez-vous qui donne la parole aux dirigeants. Présenté par Fanny Bourdin, une production Adequancy.

Share

Embed

You may also like

Description

Plongez au cœur de la transformation du secteur de la défense avec Anne-Françoise Laime, directrice de l'intégration chez John Cockerill. Découvrez les enjeux de l'acquisition stratégique d'Arquus et les défis d'une intégration réussie entre deux acteurs majeurs de l'industrie de défense.


Au programme :


  • La fusion d'Arquus et John Cockerill : enjeux et objectifs

  • Les défis d'intégration dans un secteur de haute technologie

  • La gestion des différences culturelles et organisationnelles

  • L'importance de l'innovation et de la cybersécurité dans la défense moderne

  • Les perspectives d'avenir et la stratégie à long terme du groupe John Cockerill


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Générique

    Les Afters de la Transformation, le podcast des acteurs qui façonnent l'entreprise de demain. Un rendez-vous qui donne la parole aux dirigeants, présenté par Fanny Bourdin, une production Adequancy.

  • Fanny Bourdin

    Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode des Afters de la Transformation, le podcast qui met en lumière les acteurs du changement. Nous sommes aujourd'hui avec Anne-Françoise Laime, directrice de l'intégration chez John Cockerill. Bonjour Anne-Françoise, merci d'être avec nous.

  • Anne-Françoise Laime

    Bonjour Fanny.

  • Fanny Bourdin

    Est-ce que vous pouvez nous parler de l'histoire du groupe ?

  • Anne-Françoise Laime

    Alors John Cockerill c'est un groupe privé, familial, qui appartient à un industriel français qui s'appelle Bernard Serin. Le groupe a plus de 200 ans. Il a été créé en 1817 avant la création de la Belgique par un industriel qui s'appelle John Cockerill à qui Guillaume d'Orange a demandé de développer les activités autour de l'acier et de la vapeur. Donc John Cockerill développe ses activités, on commence à produire des canons, des fours à coque, des locomotives. Au XXe siècle, c'est vraiment l'essor de la sidérurgie et puis d'acquisition, de fusion en acquisition, etc. John Cockerill devient Cockerill-Sambre, puis Usinor, Arcelor. Et en 2002, Bernard Serin qui travaillait chez Usinor, Arcelor. décide de racheter à son propre compte les activités d'ingénierie et de maintenance qui n'étaient pas core à l'époque. Donc le groupe devient à l'époque CMI et il y a 5-6 ans a repris son identité d'origine John Cockerill. Le groupe à l'époque du spin-off avait un chiffre d'affaires de peu près 350 000 euros, 1500 collaborateurs avant l'acquisition, la dernière acquisition d'Arquus. On était pratiquement 6 000 présents dans 29 pays avec un chiffre d'affaires de plus d'un milliard. Donc une formidable réussite industrielle.

  • Fanny Bourdin

    Une entreprise familiale ?

  • Anne-Françoise Laime

    Bernard Serin est toujours là, c'est lui qui a fait le spin-off en 2002. Il est toujours président du groupe John Cockerill, c'est toujours le groupe familial. Ce groupe est co-présidé avec son fils Nicolas Serin qui prendra la relève après.

  • Fanny Bourdin

    Avec des valeurs familiales j'imagine ?

  • Anne-Françoise Laime

    Avec des valeurs familiales, avec vraiment un groupe où on se sent bien, où on est fier de travailler pour un entrepreneur comme Bernard Serin.

  • Fanny Bourdin

    Alors qu'est-ce qui a motivé cette acquisition et quelles sont les synergies principales entre ces deux entreprises ?

  • Anne-Françoise Laime

    Alors c'est deux sociétés qui adressent les mêmes marchés, le marché de la défense. Arquus est un leader dans les véhicules blindés, John Cockerill est leader dans les systèmes d'armes. Donc le rapprochement c'est pour rapprocher un véhicule, un système d'armes et pouvoir proposer à nos clients un système combiné armes et véhicules.

  • Fanny Bourdin

    C'était Volvo je crois, Arquus c'est ça ?

  • Anne-Françoise Laime

    Oui c'est ça, Arquus appartenait à Volvo avant notre acquisition.

  • Fanny Bourdin

    Et comment s'est passée l'acquisition ? Déjà elle date d'il y a combien de temps ?

  • Anne-Françoise Laime

    Alors l'acquisition elle est toute récente, elle date du 1er juillet 2024, donc c'est tout tout récent.

  • Fanny Bourdin

    Et est-ce qu'on peut parler en chiffres des deux entreprises ?

  • Anne-Françoise Laime

    Toute acquisition est toujours différente, ça dépend énormément de la nature des sociétés. Ici on va appeler ça un reverse integration. Pourquoi ? Parce que John Cockerill acquiert Arquus avec 2000 collaborateurs, alors que John Cockerill dans le domaine de la défense a 500 collaborateurs. Le groupe John Cockerill c'est plus de 6000 collaborateurs avant l'acquisition d'Arquus, mais dans le domaine de la défense on n'était que 500. Donc on acquiert là une société de 2000 personnes, donc c'est ce qu'on appelle un reverse integration.

  • Fanny Bourdin

    Et comment ça se passe alors ? Comment on intègre justement 2000 personnes ?

  • Anne-Françoise Laime

    Alors un reverse integration... Évidemment, il y a des points d'attention qu'il faut vraiment étudier. Alors ici, une intégration, comme je vous l'ai dit, un système d'armes et un véhicule, il n'y a pas de recouvrement d'activité. Donc il n'y a pas de tension comme si on achetait un concurrent pour dire avec deux équipes, il va falloir n'en garder qu'une seule. Ici, c'est vraiment deux activités qu'on met côte à côte. Donc pour ça, il n'y a pas d'inquiétude. Mais le reverse integration, si il y a des différences culturelles. notamment liées à l'histoire industrielle. Arquus vient du groupe Volvo, qui est un groupe coté. John Cockerill est un groupe familial, privé, donc avec des cultures industrielles complètement différentes. Il faut faire attention au leadership, à la gouvernance, parce que certains cadres du grand vont dire « Mais pourquoi je devrais être dirigé par le CIO du plus petit ? » Donc ça, il faut faire très attention et bien définir les rôles, les responsabilités, etc. Il y a aussi l'image. Comment va-t-on combiner la marque Arquus avec le John Cockerill ? Il faut qu'il y ait un endossement. La marque Arcus est une marque reconnue pour sa qualité, ses véhicules, etc. Un endossement, ça va être Arquus, a John Cockerill Company. Dans cette acquisition, nos deux États, c'est-à-dire l'État belge et l'État français, nous ont très fortement soutenus et ont souhaité prendre une part du capital. Donc on a 10% pour la France et 10% pour la Belgique, John Cockerill ayant 80%. Et ça, c'est très important de savoir que les États soutenaient l'opération.

  • Fanny Bourdin

    Comment vous arrivez à homogénéiser tout ça ?

  • Anne-Françoise Laime

    Une intégration, c'est avant tout une aventure humaine. Vous achetez une société, la société ce sont des talents qui la composent et donc il faut faire très attention à toujours garder les talents motivés. Un talent qui est heureux de venir travailler le matin, c'est un talent performant. Donc ça c'est vraiment la partie sur laquelle il faut vraiment faire le plus attention. Après, vous préparez. Nous ce qu'on a fait, c'est acquisition le 1er juillet. Le 3 et 4 juillet, on avait déjà 40 à 50 managers de Arquus dans nos locaux. On les accueillait dans le siège du groupe John Cockerill, qui est très beau en Belgique, un château qui date de plus de deux siècles, vraiment magnifique. Et donc on les a accueillis pour leur présenter le groupe. Ensuite, quelques jours après, on a fait un roadshow sur tous les sites d'Arquus. avec le CEO lui-même du groupe, l'équipe de direction, etc. pour aller à la rencontre des salariés, des représentants du personnel et leur souhaiter la bienvenue. Et ensuite, moi, en charge de l'intégration, je suis pratiquement maintenant à 100% dans leurs locaux avec la porte ouverte. Et je leur dis à chaque fois, si vous avez la moindre question sur l'intégration, sur le groupe John Cockerill, ma porte est ouverte.

  • Fanny Bourdin

    Ce rachat, il a pris combien de temps ? Depuis combien de temps vous en parlez ?

  • Anne-Françoise Laime

    Oula ! En fait, j'avais été embauchée il y a 7 ans et demi pour racheter Arquus, qui s'appelait à l'époque Renault Traits Defense. Puis Volvo avait annulé la vente après 6 mois de discussion d'analyse et a repris les négociations il y a un peu plus de 2 ans. C'est vraiment très très long. Oui,

  • Fanny Bourdin

    c'est très très long. C'est très très long. Donc une fois que c'est mis en place...

  • Anne-Françoise Laime

    Par contre, c'est vraiment un mariage voulu du coup.

  • Fanny Bourdin

    Effectivement. Le secteur de l'industrie de défense est en pleine mutation. Les besoins sont de plus en plus complexes. Quelles sont les grandes priorités de John Cockerill après ce rachat, avec ce rachat ?

  • Anne-Françoise Laime

    Avec ce rachat, effectivement, parce que dans une acquisition, c'est ce qu'on appelle toujours dans le jargon, un plus un doit être plus grand que deux. Donc, je dirais, ce mariage, il doit créer de la valeur. Et on va chercher à créer cette valeur. Alors, l'intégration, il y a plusieurs types d'actions. D'abord, il y a ce qu'on appelle la séparation. Parce que quand vous acquérez une société, il y a tous les systèmes, systèmes d'information, systèmes financiers, systèmes RH, la paye, etc., qui étaient sur les systèmes de Volvo, et il faut pouvoir les intégrer dans les systèmes de John Cockerill. C'est ce qu'on appelle la séparation. Ça ne se fait pas du jour au lendemain, ça prend quelques semaines, quelques mois, et donc pendant ce laps de temps, nous avons ce qu'on appelle des TSC, qui sont des accords court terme avec Volvo pour la continuité des différents services. Vous avez après l'intégration dans les processus de John Cockerill, ces processus, je dirais les processus essentiels de John Cockerill. Par exemple, le reporting financier ne se fait pas n'importe quand, il faut s'intégrer dans le reporting et la consolidation du groupe. La RH c'est pareil, la communication aussi. Puis après vous allez chercher toutes les créations de valeurs. Pour cela, on a mis en place tous des binômes, des ateliers de travail, avec chaque fois une personne de John Cockerill, une personne d'Arquus. Celle adresse vraiment toutes les activités de la société, que ce soit les fonctions opérationnelles ou les fonctions support. Et là, les personnes se rencontrent, se parlent au moins une fois par semaine, pour identifier des idées de création de valeur.

  • Fanny Bourdin

    Ce rachat est un tournant important dans l'industrie de la défense, mais j'aimerais savoir en quoi et comment Arquus renforce la stratégie de l'entreprise de John Cockerill ?

  • Anne-Françoise Laime

    La stratégie, on ne va pas dire qu'elle n'est pas décidée par John Cockerill et imposée par Arquus. On a fait une... co-construction ensemble. C'était aussi très important, étant donné aussi le caractère de reverse integration. On ne peut pas arriver en disant, nous, on est les plus forts, on va vous imposer votre stratégie. Donc, on a fait au moins deux séminaires depuis le 1er juillet, avec les équipes de direction d'une part et d'autre pour co-construire notre stratégie, que ce soit une stratégie produite, une stratégie commerciale, etc., les missions, les visions, etc.

  • Fanny Bourdin

    Donc finalement, tout est une question de communication.

  • Anne-Françoise Laime

    Oui, communication, conduite du changement, pour accompagner les personnes, parce que c'est quand même un changement. Même si on le co-construit, ce n'est plus tout à fait le même contexte qu'avant et donc il faut vraiment accompagner les salariés.

  • Fanny Bourdin

    Quels ont été les plus grands défis lors de cet acquis ?

  • Anne-Françoise Laime

    Moi je n'ai pas fait partie vraiment de la due diligence comme on appelle cette période de due diligence parce qu'elle était quand même dans un cercle très restreint et Volvo avait blacklisté toute l'équipe qui avait fait partie de la première tentative d'acquisition il y a 7 ans et demi. Donc j'étais blacklistée, donc je suis arrivée qu'à la fin, juste avant l'acquisition, le groupe Volvo étant listé, il ne souhaitait pas qu'il y ait trop de rapprochements. en amont de l'acquisition pour éviter évidemment de l'information non contrôlée. Parce que même si Volvo a vendu Arcus, ça reste quand même un sous-traitant, un fournisseur assez important pour les véhicules. Par contre, ils avaient mis en place ce qu'on appelle des deep dive sessions sur l'IT, la finance et les RH, en fait les systèmes, pour assurer quand même la continuité des opérations le 1er juillet. Mais la découverte, je dirais, de nos... aux collègues, la culture d'entreprise, etc. Elle s'est faite vraiment le 1er juillet.

  • Fanny Bourdin

    Un chamboulement.

  • Anne-Françoise Laime

    Oui, oui, oui. Par la petite blague, je disais à mes collègues, on a l'impression d'être à tourner manège, et puis le rideau se lève et on dit, c'est vous, c'est nous, etc. Mais c'est très, très excitant. C'est vrai que c'est vraiment une belle aventure.

  • Fanny Bourdin

    La défense et les technologies de sécurité sont des secteurs de l'innovation clés aujourd'hui. Dans le monde, quelles sont selon vous les prochaines grandes tendances dans ces domaines ?

  • Anne-Françoise Laime

    On voit de grandes tendances, vous voyez dans le combat pour l'instant entre l'Ukraine et la Russie, on parle énormément de drones, on en a parlé aussi du côté du Yémen, etc. Donc tous ces drones...

  • Fanny Bourdin

    Vous en produisez des drones ?

  • Anne-Françoise Laime

    Nous on produit de l'anti-drone, c'est-à-dire de l'anti-drone, c'est vraiment une protection contre les drones. Une fois que vous avez détecté... un drone, que vous avez analysé ce drone et que vous voyez que c'est un drone ennemi, soit vous arrivez à en prendre le contrôle, soit vous arrivez à le brouiller, soit vous allez devoir tirer pour le détruire.

  • Fanny Bourdin

    Les deux entités combinées vont développer d'autres technologies ?

  • Anne-Françoise Laime

    Après, on parle de la digitalisation, on parle de la robotisation, on parle de l'autonomie. On a beaucoup de discussions aussi sur le champ de bataille connecté. où vous pouvez avoir différents véhicules qui vont par exemple repérer un ennemi, mais ce n'est peut-être pas le véhicule qui a repéré le système ennemi qui va tirer, c'est peut-être un véhicule qui est mieux positionné sur le champ de bataille. Puis après vous avez bien sûr la cybersécurité pour éviter, quand vous parlez de digitalisation, forcément il faut aussi se protéger de l'ennemi et donc la cybersécurité est aussi très importante.

  • Fanny Bourdin

    Vous y êtes quoi avant John Cochrill ?

  • Anne-Françoise Laime

    J'ai travaillé pendant 28 ans pour le groupe Safran. D'abord pour Sagem à l'époque, et puis à fusionner avec Snetma pour donner le groupe Safran. À des postes divers, moi j'ai un background d'ingénieur, j'ai fait un MBA, puis j'ai du coup travaillé plutôt en finance et puis en stratégie.

  • Fanny Bourdin

    Donc vous avez quand même une longue expérience dans les secteurs industriels stratégiques. Quel conseil donneriez-vous à une entreprise dans le secteur de la défense qui envisage une acquisition pour se renforcer à l'international ?

  • Anne-Françoise Laime

    D'abord, pour se renforcer à l'international, la première des choses, c'est d'avoir les autorisations administratives. Oui,

  • Fanny Bourdin

    bien sûr.

  • Anne-Françoise Laime

    Parce qu'on parle vraiment de technologie stratégique. Donc, même nous, en tant que société belge, on a dû demander une autorisation d'investissement étranger en France parce que Arcus est vraiment une technologie stratégique pour la France. Donc la première des choses c'est déjà de s'assurer de la compatibilité on va dire stratégique entre les deux pays et d'avoir toutes les autorisations administratives.

  • Fanny Bourdin

    Ça doit prendre des années ça ?

  • Anne-Françoise Laime

    Non pas nécessairement. Pas nécessairement ? Non non pas nécessairement mais bon voilà il faut pouvoir démontrer que toutes les technologies, la R&D, la propriété industrielle etc. française restera sur le terrain. sur le territoire français et ne s'ébattra pas. Vous ne pouvez pas avoir une société aujourd'hui, à la limite de défense française, qui va aller investir dans une société en Chine avec une fuite des technologies chinoises.

  • Fanny Bourdin

    Évidemment. Donc, c'est fabriqué, tout est fabriqué en France.

  • Anne-Françoise Laime

    Donc, tout est fabriqué en France,

  • Fanny Bourdin

    oui. Et vos usines sont où ?

  • Anne-Françoise Laime

    Alors, il y en a une à Saint-Nazaire, il y en a une à Limoges, il y en a une à Garchisy près de Nevers, ça c'est pour la partie Arctus, et à Distrof, donc dans l'Est de la France, pour la partie système d'armes, anciennement John Cockerill, et une autre en Belgique.

  • Fanny Bourdin

    Et si une entreprise souhaite diversifier ses produits et services, quel conseil vous lui donneriez ?

  • Anne-Françoise Laime

    C'est de travailler beaucoup l'idéation, l'innovation, et d'être très très proche de ses clients. et surtout des utilisateurs finaux des produits parce que finalement quand vous voulez diversifier ou si vous voulez innover Absolument que ce produit puisse répondre à une contrainte et un besoin du client. Si vous ne voulez vous faire que... Vous pouvez vous faire plaisir en tant qu'ingénieur à dire « Moi je vais développer la Rolls Royce parce que c'est vraiment une belle voiture. » Si votre client n'a besoin que d'une 2 chevaux ou d'un blindé, vous pouvez arriver avec la plus belle des voitures. Si ça ne répond pas à son besoin, vous n'avez pas créé de valeur.

  • Fanny Bourdin

    Les deux entreprises recrutent tout le temps.

  • Anne-Françoise Laime

    Oui, on recrute régulièrement.

  • Fanny Bourdin

    Pour conclure, en fait, quelle est votre vision à long terme pour le secteur de la défense, notamment en termes de développement technologique, de sécurité, de transition énergétique ?

  • Anne-Françoise Laime

    Alors, transition énergétique, on commence à y penser. Dans la défense, oui, on commence à y penser. C'est Florence Parly, lorsqu'elle était en poste, qui avait dit à un moment donné qu'elle voulait rendre l'armée plus verte que Tati. Voilà, c'était une belle expression, mais pour montrer quand même que l'armée commençait aussi à penser environnement. Oui. Donc c'est vrai qu'on va essayer de travailler sur des moteurs hybrides, par exemple pour les véhicules, regarder un petit peu la consommation énergétique aussi. Le groupe est déjà très engagé dans une démarche ESG, notamment pour mesurer l'empreinte carbone de nos produits, que ce soit notre propre empreinte carbone en tant qu'organisation, mais aussi l'empreinte carbone de nos différents produits. Le groupe John Cotterill regarde aussi tout ce qui est un peu sociétal, la fondation, la gouvernance, on a des administrateurs très engagés.

  • Fanny Bourdin

    Génial !

  • Anne-Françoise Laime

    Voilà.

  • Fanny Bourdin

    Qu'est-ce qu'on pourrait vous souhaiter pour l'avenir ?

  • Anne-Françoise Laime

    L'avenir ? Je dirais l'avenir proche sincèrement, c'est que l'intégration qui se passe très bien pour l'instant continue à bien se passer et que nos nouveaux collègues d'Arquus se sentent vraiment à l'aise dans le groupe John Cochrill qui est un groupe extrêmement familial, motivant et voilà ils y prennent autant de plaisir que ce que j'y prends depuis 7 ans

  • Fanny Bourdin

    Merci infiniment Anne-Françoise Laime pour ce partage d'expérience exceptionnel, je rappelle que vous êtes la directrice de l'intégration chez John Cockerill, nous vous souhaitons beaucoup de succès dans l'intégration de ces deux grands acteurs industriels, merci beaucoup d'être venu sur notre plateau

  • Anne-Françoise Laime

    Merci Fanny de m'avoir reçu.

  • Fanny Bourdin

    Merci à vous toutes et tous de nous écouter de plus en plus nombreux chaque semaine. Retrouvez les autres épisodes des After de la Transformation sur vos plateformes d'écoute préférées. A très vite.

  • Générique

    Les Afters de la Transformation, le podcast des acteurs qui façonnent l'entreprise de demain. Un rendez-vous qui donne la parole aux dirigeants. Présenté par Fanny Bourdin, une production Adequancy.

Description

Plongez au cœur de la transformation du secteur de la défense avec Anne-Françoise Laime, directrice de l'intégration chez John Cockerill. Découvrez les enjeux de l'acquisition stratégique d'Arquus et les défis d'une intégration réussie entre deux acteurs majeurs de l'industrie de défense.


Au programme :


  • La fusion d'Arquus et John Cockerill : enjeux et objectifs

  • Les défis d'intégration dans un secteur de haute technologie

  • La gestion des différences culturelles et organisationnelles

  • L'importance de l'innovation et de la cybersécurité dans la défense moderne

  • Les perspectives d'avenir et la stratégie à long terme du groupe John Cockerill


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Générique

    Les Afters de la Transformation, le podcast des acteurs qui façonnent l'entreprise de demain. Un rendez-vous qui donne la parole aux dirigeants, présenté par Fanny Bourdin, une production Adequancy.

  • Fanny Bourdin

    Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode des Afters de la Transformation, le podcast qui met en lumière les acteurs du changement. Nous sommes aujourd'hui avec Anne-Françoise Laime, directrice de l'intégration chez John Cockerill. Bonjour Anne-Françoise, merci d'être avec nous.

  • Anne-Françoise Laime

    Bonjour Fanny.

  • Fanny Bourdin

    Est-ce que vous pouvez nous parler de l'histoire du groupe ?

  • Anne-Françoise Laime

    Alors John Cockerill c'est un groupe privé, familial, qui appartient à un industriel français qui s'appelle Bernard Serin. Le groupe a plus de 200 ans. Il a été créé en 1817 avant la création de la Belgique par un industriel qui s'appelle John Cockerill à qui Guillaume d'Orange a demandé de développer les activités autour de l'acier et de la vapeur. Donc John Cockerill développe ses activités, on commence à produire des canons, des fours à coque, des locomotives. Au XXe siècle, c'est vraiment l'essor de la sidérurgie et puis d'acquisition, de fusion en acquisition, etc. John Cockerill devient Cockerill-Sambre, puis Usinor, Arcelor. Et en 2002, Bernard Serin qui travaillait chez Usinor, Arcelor. décide de racheter à son propre compte les activités d'ingénierie et de maintenance qui n'étaient pas core à l'époque. Donc le groupe devient à l'époque CMI et il y a 5-6 ans a repris son identité d'origine John Cockerill. Le groupe à l'époque du spin-off avait un chiffre d'affaires de peu près 350 000 euros, 1500 collaborateurs avant l'acquisition, la dernière acquisition d'Arquus. On était pratiquement 6 000 présents dans 29 pays avec un chiffre d'affaires de plus d'un milliard. Donc une formidable réussite industrielle.

  • Fanny Bourdin

    Une entreprise familiale ?

  • Anne-Françoise Laime

    Bernard Serin est toujours là, c'est lui qui a fait le spin-off en 2002. Il est toujours président du groupe John Cockerill, c'est toujours le groupe familial. Ce groupe est co-présidé avec son fils Nicolas Serin qui prendra la relève après.

  • Fanny Bourdin

    Avec des valeurs familiales j'imagine ?

  • Anne-Françoise Laime

    Avec des valeurs familiales, avec vraiment un groupe où on se sent bien, où on est fier de travailler pour un entrepreneur comme Bernard Serin.

  • Fanny Bourdin

    Alors qu'est-ce qui a motivé cette acquisition et quelles sont les synergies principales entre ces deux entreprises ?

  • Anne-Françoise Laime

    Alors c'est deux sociétés qui adressent les mêmes marchés, le marché de la défense. Arquus est un leader dans les véhicules blindés, John Cockerill est leader dans les systèmes d'armes. Donc le rapprochement c'est pour rapprocher un véhicule, un système d'armes et pouvoir proposer à nos clients un système combiné armes et véhicules.

  • Fanny Bourdin

    C'était Volvo je crois, Arquus c'est ça ?

  • Anne-Françoise Laime

    Oui c'est ça, Arquus appartenait à Volvo avant notre acquisition.

  • Fanny Bourdin

    Et comment s'est passée l'acquisition ? Déjà elle date d'il y a combien de temps ?

  • Anne-Françoise Laime

    Alors l'acquisition elle est toute récente, elle date du 1er juillet 2024, donc c'est tout tout récent.

  • Fanny Bourdin

    Et est-ce qu'on peut parler en chiffres des deux entreprises ?

  • Anne-Françoise Laime

    Toute acquisition est toujours différente, ça dépend énormément de la nature des sociétés. Ici on va appeler ça un reverse integration. Pourquoi ? Parce que John Cockerill acquiert Arquus avec 2000 collaborateurs, alors que John Cockerill dans le domaine de la défense a 500 collaborateurs. Le groupe John Cockerill c'est plus de 6000 collaborateurs avant l'acquisition d'Arquus, mais dans le domaine de la défense on n'était que 500. Donc on acquiert là une société de 2000 personnes, donc c'est ce qu'on appelle un reverse integration.

  • Fanny Bourdin

    Et comment ça se passe alors ? Comment on intègre justement 2000 personnes ?

  • Anne-Françoise Laime

    Alors un reverse integration... Évidemment, il y a des points d'attention qu'il faut vraiment étudier. Alors ici, une intégration, comme je vous l'ai dit, un système d'armes et un véhicule, il n'y a pas de recouvrement d'activité. Donc il n'y a pas de tension comme si on achetait un concurrent pour dire avec deux équipes, il va falloir n'en garder qu'une seule. Ici, c'est vraiment deux activités qu'on met côte à côte. Donc pour ça, il n'y a pas d'inquiétude. Mais le reverse integration, si il y a des différences culturelles. notamment liées à l'histoire industrielle. Arquus vient du groupe Volvo, qui est un groupe coté. John Cockerill est un groupe familial, privé, donc avec des cultures industrielles complètement différentes. Il faut faire attention au leadership, à la gouvernance, parce que certains cadres du grand vont dire « Mais pourquoi je devrais être dirigé par le CIO du plus petit ? » Donc ça, il faut faire très attention et bien définir les rôles, les responsabilités, etc. Il y a aussi l'image. Comment va-t-on combiner la marque Arquus avec le John Cockerill ? Il faut qu'il y ait un endossement. La marque Arcus est une marque reconnue pour sa qualité, ses véhicules, etc. Un endossement, ça va être Arquus, a John Cockerill Company. Dans cette acquisition, nos deux États, c'est-à-dire l'État belge et l'État français, nous ont très fortement soutenus et ont souhaité prendre une part du capital. Donc on a 10% pour la France et 10% pour la Belgique, John Cockerill ayant 80%. Et ça, c'est très important de savoir que les États soutenaient l'opération.

  • Fanny Bourdin

    Comment vous arrivez à homogénéiser tout ça ?

  • Anne-Françoise Laime

    Une intégration, c'est avant tout une aventure humaine. Vous achetez une société, la société ce sont des talents qui la composent et donc il faut faire très attention à toujours garder les talents motivés. Un talent qui est heureux de venir travailler le matin, c'est un talent performant. Donc ça c'est vraiment la partie sur laquelle il faut vraiment faire le plus attention. Après, vous préparez. Nous ce qu'on a fait, c'est acquisition le 1er juillet. Le 3 et 4 juillet, on avait déjà 40 à 50 managers de Arquus dans nos locaux. On les accueillait dans le siège du groupe John Cockerill, qui est très beau en Belgique, un château qui date de plus de deux siècles, vraiment magnifique. Et donc on les a accueillis pour leur présenter le groupe. Ensuite, quelques jours après, on a fait un roadshow sur tous les sites d'Arquus. avec le CEO lui-même du groupe, l'équipe de direction, etc. pour aller à la rencontre des salariés, des représentants du personnel et leur souhaiter la bienvenue. Et ensuite, moi, en charge de l'intégration, je suis pratiquement maintenant à 100% dans leurs locaux avec la porte ouverte. Et je leur dis à chaque fois, si vous avez la moindre question sur l'intégration, sur le groupe John Cockerill, ma porte est ouverte.

  • Fanny Bourdin

    Ce rachat, il a pris combien de temps ? Depuis combien de temps vous en parlez ?

  • Anne-Françoise Laime

    Oula ! En fait, j'avais été embauchée il y a 7 ans et demi pour racheter Arquus, qui s'appelait à l'époque Renault Traits Defense. Puis Volvo avait annulé la vente après 6 mois de discussion d'analyse et a repris les négociations il y a un peu plus de 2 ans. C'est vraiment très très long. Oui,

  • Fanny Bourdin

    c'est très très long. C'est très très long. Donc une fois que c'est mis en place...

  • Anne-Françoise Laime

    Par contre, c'est vraiment un mariage voulu du coup.

  • Fanny Bourdin

    Effectivement. Le secteur de l'industrie de défense est en pleine mutation. Les besoins sont de plus en plus complexes. Quelles sont les grandes priorités de John Cockerill après ce rachat, avec ce rachat ?

  • Anne-Françoise Laime

    Avec ce rachat, effectivement, parce que dans une acquisition, c'est ce qu'on appelle toujours dans le jargon, un plus un doit être plus grand que deux. Donc, je dirais, ce mariage, il doit créer de la valeur. Et on va chercher à créer cette valeur. Alors, l'intégration, il y a plusieurs types d'actions. D'abord, il y a ce qu'on appelle la séparation. Parce que quand vous acquérez une société, il y a tous les systèmes, systèmes d'information, systèmes financiers, systèmes RH, la paye, etc., qui étaient sur les systèmes de Volvo, et il faut pouvoir les intégrer dans les systèmes de John Cockerill. C'est ce qu'on appelle la séparation. Ça ne se fait pas du jour au lendemain, ça prend quelques semaines, quelques mois, et donc pendant ce laps de temps, nous avons ce qu'on appelle des TSC, qui sont des accords court terme avec Volvo pour la continuité des différents services. Vous avez après l'intégration dans les processus de John Cockerill, ces processus, je dirais les processus essentiels de John Cockerill. Par exemple, le reporting financier ne se fait pas n'importe quand, il faut s'intégrer dans le reporting et la consolidation du groupe. La RH c'est pareil, la communication aussi. Puis après vous allez chercher toutes les créations de valeurs. Pour cela, on a mis en place tous des binômes, des ateliers de travail, avec chaque fois une personne de John Cockerill, une personne d'Arquus. Celle adresse vraiment toutes les activités de la société, que ce soit les fonctions opérationnelles ou les fonctions support. Et là, les personnes se rencontrent, se parlent au moins une fois par semaine, pour identifier des idées de création de valeur.

  • Fanny Bourdin

    Ce rachat est un tournant important dans l'industrie de la défense, mais j'aimerais savoir en quoi et comment Arquus renforce la stratégie de l'entreprise de John Cockerill ?

  • Anne-Françoise Laime

    La stratégie, on ne va pas dire qu'elle n'est pas décidée par John Cockerill et imposée par Arquus. On a fait une... co-construction ensemble. C'était aussi très important, étant donné aussi le caractère de reverse integration. On ne peut pas arriver en disant, nous, on est les plus forts, on va vous imposer votre stratégie. Donc, on a fait au moins deux séminaires depuis le 1er juillet, avec les équipes de direction d'une part et d'autre pour co-construire notre stratégie, que ce soit une stratégie produite, une stratégie commerciale, etc., les missions, les visions, etc.

  • Fanny Bourdin

    Donc finalement, tout est une question de communication.

  • Anne-Françoise Laime

    Oui, communication, conduite du changement, pour accompagner les personnes, parce que c'est quand même un changement. Même si on le co-construit, ce n'est plus tout à fait le même contexte qu'avant et donc il faut vraiment accompagner les salariés.

  • Fanny Bourdin

    Quels ont été les plus grands défis lors de cet acquis ?

  • Anne-Françoise Laime

    Moi je n'ai pas fait partie vraiment de la due diligence comme on appelle cette période de due diligence parce qu'elle était quand même dans un cercle très restreint et Volvo avait blacklisté toute l'équipe qui avait fait partie de la première tentative d'acquisition il y a 7 ans et demi. Donc j'étais blacklistée, donc je suis arrivée qu'à la fin, juste avant l'acquisition, le groupe Volvo étant listé, il ne souhaitait pas qu'il y ait trop de rapprochements. en amont de l'acquisition pour éviter évidemment de l'information non contrôlée. Parce que même si Volvo a vendu Arcus, ça reste quand même un sous-traitant, un fournisseur assez important pour les véhicules. Par contre, ils avaient mis en place ce qu'on appelle des deep dive sessions sur l'IT, la finance et les RH, en fait les systèmes, pour assurer quand même la continuité des opérations le 1er juillet. Mais la découverte, je dirais, de nos... aux collègues, la culture d'entreprise, etc. Elle s'est faite vraiment le 1er juillet.

  • Fanny Bourdin

    Un chamboulement.

  • Anne-Françoise Laime

    Oui, oui, oui. Par la petite blague, je disais à mes collègues, on a l'impression d'être à tourner manège, et puis le rideau se lève et on dit, c'est vous, c'est nous, etc. Mais c'est très, très excitant. C'est vrai que c'est vraiment une belle aventure.

  • Fanny Bourdin

    La défense et les technologies de sécurité sont des secteurs de l'innovation clés aujourd'hui. Dans le monde, quelles sont selon vous les prochaines grandes tendances dans ces domaines ?

  • Anne-Françoise Laime

    On voit de grandes tendances, vous voyez dans le combat pour l'instant entre l'Ukraine et la Russie, on parle énormément de drones, on en a parlé aussi du côté du Yémen, etc. Donc tous ces drones...

  • Fanny Bourdin

    Vous en produisez des drones ?

  • Anne-Françoise Laime

    Nous on produit de l'anti-drone, c'est-à-dire de l'anti-drone, c'est vraiment une protection contre les drones. Une fois que vous avez détecté... un drone, que vous avez analysé ce drone et que vous voyez que c'est un drone ennemi, soit vous arrivez à en prendre le contrôle, soit vous arrivez à le brouiller, soit vous allez devoir tirer pour le détruire.

  • Fanny Bourdin

    Les deux entités combinées vont développer d'autres technologies ?

  • Anne-Françoise Laime

    Après, on parle de la digitalisation, on parle de la robotisation, on parle de l'autonomie. On a beaucoup de discussions aussi sur le champ de bataille connecté. où vous pouvez avoir différents véhicules qui vont par exemple repérer un ennemi, mais ce n'est peut-être pas le véhicule qui a repéré le système ennemi qui va tirer, c'est peut-être un véhicule qui est mieux positionné sur le champ de bataille. Puis après vous avez bien sûr la cybersécurité pour éviter, quand vous parlez de digitalisation, forcément il faut aussi se protéger de l'ennemi et donc la cybersécurité est aussi très importante.

  • Fanny Bourdin

    Vous y êtes quoi avant John Cochrill ?

  • Anne-Françoise Laime

    J'ai travaillé pendant 28 ans pour le groupe Safran. D'abord pour Sagem à l'époque, et puis à fusionner avec Snetma pour donner le groupe Safran. À des postes divers, moi j'ai un background d'ingénieur, j'ai fait un MBA, puis j'ai du coup travaillé plutôt en finance et puis en stratégie.

  • Fanny Bourdin

    Donc vous avez quand même une longue expérience dans les secteurs industriels stratégiques. Quel conseil donneriez-vous à une entreprise dans le secteur de la défense qui envisage une acquisition pour se renforcer à l'international ?

  • Anne-Françoise Laime

    D'abord, pour se renforcer à l'international, la première des choses, c'est d'avoir les autorisations administratives. Oui,

  • Fanny Bourdin

    bien sûr.

  • Anne-Françoise Laime

    Parce qu'on parle vraiment de technologie stratégique. Donc, même nous, en tant que société belge, on a dû demander une autorisation d'investissement étranger en France parce que Arcus est vraiment une technologie stratégique pour la France. Donc la première des choses c'est déjà de s'assurer de la compatibilité on va dire stratégique entre les deux pays et d'avoir toutes les autorisations administratives.

  • Fanny Bourdin

    Ça doit prendre des années ça ?

  • Anne-Françoise Laime

    Non pas nécessairement. Pas nécessairement ? Non non pas nécessairement mais bon voilà il faut pouvoir démontrer que toutes les technologies, la R&D, la propriété industrielle etc. française restera sur le terrain. sur le territoire français et ne s'ébattra pas. Vous ne pouvez pas avoir une société aujourd'hui, à la limite de défense française, qui va aller investir dans une société en Chine avec une fuite des technologies chinoises.

  • Fanny Bourdin

    Évidemment. Donc, c'est fabriqué, tout est fabriqué en France.

  • Anne-Françoise Laime

    Donc, tout est fabriqué en France,

  • Fanny Bourdin

    oui. Et vos usines sont où ?

  • Anne-Françoise Laime

    Alors, il y en a une à Saint-Nazaire, il y en a une à Limoges, il y en a une à Garchisy près de Nevers, ça c'est pour la partie Arctus, et à Distrof, donc dans l'Est de la France, pour la partie système d'armes, anciennement John Cockerill, et une autre en Belgique.

  • Fanny Bourdin

    Et si une entreprise souhaite diversifier ses produits et services, quel conseil vous lui donneriez ?

  • Anne-Françoise Laime

    C'est de travailler beaucoup l'idéation, l'innovation, et d'être très très proche de ses clients. et surtout des utilisateurs finaux des produits parce que finalement quand vous voulez diversifier ou si vous voulez innover Absolument que ce produit puisse répondre à une contrainte et un besoin du client. Si vous ne voulez vous faire que... Vous pouvez vous faire plaisir en tant qu'ingénieur à dire « Moi je vais développer la Rolls Royce parce que c'est vraiment une belle voiture. » Si votre client n'a besoin que d'une 2 chevaux ou d'un blindé, vous pouvez arriver avec la plus belle des voitures. Si ça ne répond pas à son besoin, vous n'avez pas créé de valeur.

  • Fanny Bourdin

    Les deux entreprises recrutent tout le temps.

  • Anne-Françoise Laime

    Oui, on recrute régulièrement.

  • Fanny Bourdin

    Pour conclure, en fait, quelle est votre vision à long terme pour le secteur de la défense, notamment en termes de développement technologique, de sécurité, de transition énergétique ?

  • Anne-Françoise Laime

    Alors, transition énergétique, on commence à y penser. Dans la défense, oui, on commence à y penser. C'est Florence Parly, lorsqu'elle était en poste, qui avait dit à un moment donné qu'elle voulait rendre l'armée plus verte que Tati. Voilà, c'était une belle expression, mais pour montrer quand même que l'armée commençait aussi à penser environnement. Oui. Donc c'est vrai qu'on va essayer de travailler sur des moteurs hybrides, par exemple pour les véhicules, regarder un petit peu la consommation énergétique aussi. Le groupe est déjà très engagé dans une démarche ESG, notamment pour mesurer l'empreinte carbone de nos produits, que ce soit notre propre empreinte carbone en tant qu'organisation, mais aussi l'empreinte carbone de nos différents produits. Le groupe John Cotterill regarde aussi tout ce qui est un peu sociétal, la fondation, la gouvernance, on a des administrateurs très engagés.

  • Fanny Bourdin

    Génial !

  • Anne-Françoise Laime

    Voilà.

  • Fanny Bourdin

    Qu'est-ce qu'on pourrait vous souhaiter pour l'avenir ?

  • Anne-Françoise Laime

    L'avenir ? Je dirais l'avenir proche sincèrement, c'est que l'intégration qui se passe très bien pour l'instant continue à bien se passer et que nos nouveaux collègues d'Arquus se sentent vraiment à l'aise dans le groupe John Cochrill qui est un groupe extrêmement familial, motivant et voilà ils y prennent autant de plaisir que ce que j'y prends depuis 7 ans

  • Fanny Bourdin

    Merci infiniment Anne-Françoise Laime pour ce partage d'expérience exceptionnel, je rappelle que vous êtes la directrice de l'intégration chez John Cockerill, nous vous souhaitons beaucoup de succès dans l'intégration de ces deux grands acteurs industriels, merci beaucoup d'être venu sur notre plateau

  • Anne-Françoise Laime

    Merci Fanny de m'avoir reçu.

  • Fanny Bourdin

    Merci à vous toutes et tous de nous écouter de plus en plus nombreux chaque semaine. Retrouvez les autres épisodes des After de la Transformation sur vos plateformes d'écoute préférées. A très vite.

  • Générique

    Les Afters de la Transformation, le podcast des acteurs qui façonnent l'entreprise de demain. Un rendez-vous qui donne la parole aux dirigeants. Présenté par Fanny Bourdin, une production Adequancy.

Share

Embed

You may also like