Speaker #0Depuis la semaine dernière, nous avons commencé une série de quatre épisodes pour prendre du recul sur notre contexte, ce que nous vivons en tant que femmes modernes. Et après l'histoire de la place de la femme que nous avons explorée la semaine dernière, bien évidemment, le sujet qui s'invite aujourd'hui, c'est le couple. C'est un sujet tellement maltraité dans notre société moderne qu'il en est presque tabou. Et oui, c'est ainsi, le couple traverse une crise qui touche toutes les générations. Alors, mon souhait dans cet épisode, c'est de te proposer un regard neuf sur cette réalité. Que tu sois en couple, en questionnement, séparé, cette réflexion pourrait bien t'éclairer sur les dimensions insoupçonnées de cette crise et ses répercussions. Prête à plonger dans cette exploration ?
Alors dans cette série où je tente de montrer notre contexte et l'impact qu'il a sur nos vies et bien nombre de nos difficultés, je ne pouvais pas passer à côté du couple aujourd'hui. Le couple, le pauvre, à la bourse de la vie, c'est un investissement qui est bien boudé. Selon ses sensibilités, on le regarde différemment, mais collectivement, c'est pas très positif en fait. Ca ressemble plutôt à une illusion, une énigme, un casse-tête, parfois une impasse, une entrave, un mystère, un traquenard, voire même un péril. En tout cas, c'est rarement une stabilité, un endroit ressource, une fierté.U n but ultime. Il me semble que collectivement, nous avons succombé à cette désillusion, comme si nous avions accepté de passer du mythe, du prince charmant au réalisme, du couple qui finit fatalement dans un cas sur deux par un divorce. Alors tu vas peut-être me dire, mais oui, c'est comme ça, c'est un fait, c'est statistique. Mais je ne suis pas journaliste. Mon travail, ce n'est pas juste de décrire ce qui se passe et les phénomènes, non. Toutes les semaines, j'accompagne des femmes, des femmes dans leur réalité, des femmes dans leurs difficultés de famille, et je me rends bien compte qu'il y a un os. Je me rends bien compte que cette question du couple, elle est centrale, et en même temps, elle est épineuse et elle n'est pas complètement explorée. Pour beaucoup de couples, la réalité, c'est un manque de communication, des disputes, des désaccords à une distance qui s'installent. On se dit qu'on verra plus tard, qu'on verra demain, que l'autre a tort, qu'il s'y prend mal avec les enfants. Et on n'en fait pas grand-chose. Peu de solutions mises en place pour pallier à tout ça. Le problème du couple, c'est que ce n'est pas vraiment un sujet qu'on peut ignorer parce qu'on construit énormément de choses dessus. On construit bien évidemment la vie de famille et la parentalité. On construit aussi une construction économique pour nous. On construit aussi notre intimité et un cocon de développement pour nous-mêmes. Même s'il est crucial et fondamental, il me semble que face à cet écueil et cette difficulté, on a juste baissé les bras, accepté que c'était comme ça, avec plusieurs extrêmes d'ailleurs, entre ceux qui subissent et acceptent de subir et ceux qui, à la moindre occasion, se disent ça ne marche pas, alors on se sépare.
Je voudrais faire quelques pas en arrière pour essayer de comprendre cette impasse dans laquelle on est actuellement avec le couple. Pendant longtemps, le couple a été une réalité avant tout économique et un rapport de force. Et on peut en dire ce qu'on veut. C'était pas juste, mais ça fonctionnait. Ça posait les règles. Et avec les règles, une forme de fonctionnement et une forme d'équilibre. Et puis, après le mariage plus ou moins convenu, plus ou moins arrangé, pour des raisons économiques, il y a eu le mariage par amour. On s'est dit que le ciment du couple, ça devait être l'amour. Quelle belle idée romantique. Et c'était pas mal, c'était bien pensé. Et bien évidemment qu'à la base du couple, souvent, on l'espère, il y a cet amour. Le problème, c'est qu'en basant le couple et sa construction sur un sentiment, eh bien, on le fragilise en même temps, puisque un sentiment, c'est volatile et ça, c'est dangereux. L'amour, ça fluctue, ça change. Et en plus, l'amour va subir beaucoup de mises à l'épreuve avec le quotidien de la famille, comme l'arrivée des enfants, la fatigue, le stress, les charges du quotidien. Donc, ce qui semblait être une avancée avec l'amour ciment du couple, s'est avérée aussi être une fragilisation. Le fameux on se sépare, on ne s'aime plus Oui, je ne dis pas qu'un couple où il n'y a plus d'amour doit durer, mais je dis, est-ce qu'il n'y a pas d'autres ingrédients à mettre quand on construit et qu'on met autant de choses sur cette fondation ? Et puis malheureusement, je crois que ce qui a précipité la chute du couple, c'est peut-être une forme de développement personnel qui est devenue une norme, le fait de penser à soi, à ses besoins. On a beaucoup plus pensé à nous, individus, avant de penser au couple. Et c'était certainement nécessaire à un moment donné pour rebattre les cartes et construire ce couple dans la modernité. Mais ça n'aide vraiment pas à ce qu'on reste ensemble. Et puis l'autre phénomène bien sûr auquel le couple moderne... et confrontées, c'est le manque de repères. C'est difficile aujourd'hui d'avoir des modèles de femme, quelle femme on veut être ? C'est difficile d'avoir des repères d' « homme, quel homme on veut être ? parce que tout ça, ça a été rebattu et tous ces modèles doivent être définis.
Et donc, les conséquences de ça, c'est que beaucoup de couples aujourd'hui naviguent au milieu de cette désillusion, de l'amour ciment et des contraintes économiques et familiales. Alors, Au milieu des couples qui se séparent, il y a aussi tous ces couples dysfonctionnels, désenchantés, distants. Je ne connais pas les chiffres exactement, mais si on additionne tout ça, ça doit représenter une belle majorité. Bref, on se trouve des raisons pour s'arrêter devant l'obstacle avant de le sauter, mais ce faisant, on accepte sans même s'en rendre compte tout ce que cela entraîne. Et on en paye le prix fort.
Ça entraîne d'abord de la solitude. Il y a énormément de couples. dans lequel on vit, dans la solitude, où il n'y a plus de partage, il n'y a plus d'écoute, il n'y a plus d'authenticité. Parfois, il n'y a même plus de relais. Vivre seul, mais en couple.
La deuxième conséquence, c'est l'hyper-parentalité. À force d'être désillusionné du couple et de cet amour-là, on se dit qu'investir l'amour de ses enfants, et l'amour filial, c'est une manière d'investir dans une valeur refuge, dans cet amour. inconditionnel, une relation qu'on surdéveloppe, qu'on surinvestit et qui entraîne nécessairement des déséquilibres pour nous et pour l'enfant. Et puis la troisième conséquence c'est d'accepter finalement un quotidien qui est plein de tensions et de compromis mal taillés. Voir et détester ces désaccords, se sentir opposé voire ennemi sur certains sujets comme l'éducation, regarder des déséquilibres comme la répartition des tâches et se dire que c'est comme ça. ou les laisser, à force d'entailler la relation, devenir un fossé qui sépare inéluctablement.
Et ces trois conséquences, elles sont encore pires quand il y a une séparation, et notamment pour les femmes. Sur la solitude, par exemple, on sait que 80% des femmes assument la garde principale des enfants. Qu'après une séparation, 20 à 25% d'entre elles auront un niveau de vie inférieur et seulement 7% des hommes. 60% resteront seules contre seulement 28% des hommes. Bref, encore plus de solitude, encore plus d'hypermaternité, encore plus de tension dans le quotidien. Regardé comme ça, moi je me dis, ne pas s'occuper du couple, c'est vraiment accroître sa charge mentale, sa culpabilité, son stress. Et donc vient la question de à quel moment on dit stop ? À quel moment on arrête de construire nos vies sur des fondations si foireuses ? À quel moment on se dit que si on n'a pas le modèle et les codes, il faut les inventer ? Et il faut se mettre au travail. À quel moment on se dit qu'il faut donner la priorité à ce travail de couple ? Je sais que ce n'est pas la mode. Je me souviens encore d'une de mes collègues au tout début de ma carrière et ça m'avait vraiment étonnée comme réflexion qui me disait "Moi, je refuse que l'amour pour mes enfants dépasse l'amour pour mon mari". Ça m'avait vraiment choquée comme réflexion de devoir mettre une forme de hiérarchie. Mais maintenant que je suis maman et maintenant que je coach, je me dis mais c'est hyper sensé de se donner des formes de limites et de préserver en fait cet amour contre tout ce qui arrivera après. De lui donner de l'attention, de ne pas laisserle tsunami du reste de la vie complètement le submerger. Bref, de savoir dessiner une ligne rouge. Ça ne veut pas dire qu'on restera ensemble, ça veut dire qu'on aura investi au bon endroit.
Et qu'est-ce que ça voudrait dire finalement investir dans son couple maintenant que ce n'est plus forcément une réalité économique nécessaire, un rapport de force ou une idylle romantique ? Et bien,je pense personnellement que ça peut être l'ouverture sur plein de choses. Ça peut être par exemple un endroit que l'on construit, qui serait un endroit d'écoute, d'accueil, de qui on est profondément. Ça peut être aussi un endroit d'évolution et de soutien par rapport à tout ce qu'on aura à traverser. Mais ça peut être aussi un endroit de jeu, de fun. D'ailleurs, il paraît que l'humour est un des premiers ciments du couple. Et puis surtout, ça peut être un endroit où on construit la famille. Être une famille avant tout, avant de penser à être parent, être un système. Et sur ce système, le couple vient en priorité.
Et quand on regarde les choses comme ça et qu'on accepte cette construction, et bien, ca change un petit peu notre regard. Ça nous oblige à commencer à aimer nos différences inévitables, à accepter les imperfections d'un fonctionnement, d'un caractère, à accepter les désaccords, à les voir même comme une normalité, voir comme un bien. En fait, plus je pense aux coupes modernes et à ce qu'ils pourraient nous offrir, plus je vois cette image du kintsugi. Tu sais le kintsugi, c'est cet art de poterie japonaise où là où il y a des fissures, des craquelures, elles sont mises en avant. On met de l'or à l'intérieur et on sublime ces fissures, ce qui rend la poterie unique. Et en fait, c'est certainement ça qu'on devrait faire, c'est de prendre soin de notre couple avec ses imperfections et d'arriver à accepter ce travail unique et en faire cette poterie qui pourra accueillir tout notre développement. et celui de notre famille. Je sais que ce n'est pas simple et que ça demande aussi une revisite du temps que l'on passe, peut-être un peu moins de temps avec les enfants, un peu plus de temps avec le couple, un peu moins d'écoute des enfants, un peu plus d'écoute du couple. Ça nécessite de construire quelque chose de nouveau et qui n'existe pas et d'abandonner cette idée d'un couple qui pourrait être jetable ou qui pourrait juste être subi.
Voilà les réflexions que j'ai personnellement et au contact de toutes ces femmes sur ce que pourrait devenir le couple moderne, un endroit sur lequel on s'appuie beaucoup plus pour faire famille, pour notre bien-être, pour le bien-être de nos enfants. Je sais que tout est à construire et que ce n'est pas si simple et en même temps, je serais très curieuse d'entendre tes réflexions. Si tu aimes mon podcast, c'est très important pour moi si tu peux mettre un avis, 5 étoiles par exemple, sur Apple Podcast. me faire un commentaire, le partager autour de toi. La semaine prochaine, nous allons aborder un sujet passionnant qui est le phénomène de l'hypermaternité. Je t'embrasse et je te dis à la semaine prochaine. Ciao !