- Speaker #0
Aujourd'hui, j'ai le grand plaisir et même le bonheur de partager avec toi un échange unique avec une personne dont la profondeur et l'expérience éclairent notre époque, Vincent Houba. Alors, après une carrière d'architecte, il s'est dirigé vers l'humain en devenant à la fois psychoanalyste, formateur certifié en communication non-violente, médiateur de conflits et conférencier, il a fondé le cabinet des architectures invisibles. Vincent, tu vas le voir, c'est quelqu'un qui t'emmène dans des réflexions à la fois rapides et profondes,
- Speaker #1
tout en restant...
- Speaker #0
incroyablement humains et accessibles. Et dans cet épisode, on plonge au fil de notre échange dans des sujets essentiels et parfois tabous, comme la complexité de la parentalité aujourd'hui, le rôle des hommes dans notre société moderne et la solitude qui s'installe souvent dans les couples. Tout ça de manière authentique, sans filtre, et ça fait du bien. Bref, une conversation à écouter et réécouter pour repenser nos relations, notre famille et peut-être un petit peu nous-mêmes. Prête à plonger ?
- Speaker #1
Je suis le premier invité de ce podcast, les Bienveillantes. Donc déjà, c'est un peu une émotion de bouger le format du podcast. Je l'avais imaginé avec des invités. Et voilà, c'est aujourd'hui. C'est le premier pour moi. Et c'est assez drôle que tu sois le premier, parce qu'il n'y est pas pour rien dans mon parcours, puisque ça fait quelques années maintenant que tu m'aides à être, à me dépouiller de mes entraves, à m'aider à prendre mes ailes et à faire des choses qui me tiennent à cœur. Donc, c'est chouette. Puis parce que tu es un homme aussi, pour un podcast qui s'appelle Les Bienveillantes. Je trouve que c'est super. d'avoir un homme en invité. Et finalement, j'ai pas mal d'hommes qui m'envoient des commentaires en me disant Mais moi aussi, je me sens hyper concernée par ce podcast et le sujet. Et moi aussi, je me sens être une bienveillante. Et ça pourrait être ma première question. Est-ce que, de ton point de vue, toi qui accompagnes tous les jours des personnes à grandir, à aller plus vers eux-mêmes, est-ce que ça te semble normal, étonnant, anecdotique, peu importe ? Qu'est-ce que ça t'évoque ? le fait que ce podcast qui vise à aider les femmes dans ce monde moderne à vivre avec courage et bienveillance, que des hommes soient interpellés comme ça ?
- Speaker #2
Déjà, je te remercie de donner un espace de parole dans ton podcast. Et ce qui me vient juste là par rapport à bienveillante ou bienveillant, c'est que nous sommes toutes et tous en train de faire juste du mieux que nous pouvons notre histoire, avec notre conscience, avec les moyens que nous avons de pouvoir. dans ce monde complexe et que ce changement aussi de paradigme qui est en train de se passer là repère. Et je trouve important justement qu'au travers de ton podcast, tu laisses une place à reconnaître ça, à reconnaître notre bienveillance parce qu'il nous en faut beaucoup de bienveillance. Et souvent, la vie, on l'a célébré et que là, en même temps, ça donne de l'aide, des outils, etc. Mais aussi... juste de le reconnaître, de le nommer. Je crois que ça peut mettre du cœur à l'ouvrage, du coup, pour les mamans, voire les occuper avec leur parentalité, avec le fait de faire du mieux qu'on peut pour accompagner les enfants dans ce monde complexe et faire du mieux qu'on peut. On ne peut pas dire en rester là et se contenter de ça.
- Speaker #1
C'est marrant parce que tu as dit mettre du cœur à l'ouvrage, et c'est vrai que cœur à l'ouvrage, ça mélange déjà ces deux notions finalement.
- Speaker #2
Bien sûr, on l'oublie parfois, c'est simplement dans cette expression, avoir du cœur à l'ouvrage. Si on prend par exemple le monde du travail, est-ce qu'il y a encore du cœur au travail ? Et les vies deviennent complexes, cette charge qui est là, on doit être performant partout aujourd'hui.
- Speaker #1
Et oui, j'enchaîne justement avec peut-être ce challenge, tu parles de parentalité, en quoi tu trouves peut-être que la vie actuellement, cette société actuellement, rend la parentalité complexe ?
- Speaker #2
Je crois qu'elle est complexe déjà sur un axe qui est le fait qu'on est dans une conscience qui augmente, qui s'ouvre, on se rend compte des séquelles d'éducation qui n'ont pas été... au meilleur rendez-vous de l'enfant et de notre être. qui nous a porté un peu en déportation de qui nous sommes vraiment, avec les conséquences que ça a.
- Speaker #1
Là, tu parles de ce qu'on pourrait appeler l'éducation traditionnelle.
- Speaker #2
Voilà, l'éducation traditionnelle, qui aussi faisait du mieux qu'on pouvait, mais qui reste l'éducation. C'est-à-dire, moi j'ai toujours un problème avec ce mot d'éducation, d'éduquer des enfants. Bon, on éduque son chien et encore à la limite. Je crois qu'on doit tout doucement comprendre qu'on... En tant que parent, on n'est pas là pour éduquer un enfant, on est là pour se mettre à disposition d'aider un être à venir s'incarner et à accompagner les frustrations que ça représente de s'incarner déjà dans un corps physique, dans de la matière, dans des relations. Ce n'est pas rien de venir s'incarner, c'est frustrant. Et donc, on a un rôle d'accompagner ça et pas d'en rajouter une couche. Et généralement, l'éducation ancienne, je dirais, a rajouté des couches parce qu'elle était... complètement basée sur le bien et le mal. Elle n'était pas basée sur le vivant. Et du coup, de mesurer toutes les conséquences que ça a dans la société, on en est venu du coup à aller à l'extrême opposée, qui est une parentalité laxiste. Du coup, on écoute, on apprend à écouter les besoins des enfants, mais on va au-delà de ça, on les satisfait dans l'instant. Donc, il n'y a plus de frustration. Il faut toujours savoir qu'être parent, accepter d'être parent, c'est accepter d'être le bourreau de service de son enfant dans le sens où on est la personne qui va accompagner la frustration. On va en rajouter pour en rajouter, mais c'est je vais lui apprendre qu'effectivement, il y a les autres, il y a du vivre ensemble, etc. Et je ne suis pas là pour le rendre libre, le libérer de toute frustration. Ça, c'est une erreur. Et donc, on va dans des extrêmes aujourd'hui d'hyper-parentalité. Tout est axé sur l'enfant, la famille ne vit plus parce que l'enfant prend toute la place, et ça devient un peu justement l'enfant roi du coup. Je demande de comprendre qu'il est primordial d'écouter les besoins de l'enfant et de les reconnaître, mais qu'il est aussi primordial de ne pas les satisfaire dans l'instant, sinon j'en fais un enfant roi qui n'a plus de limites, ce sont les limites qui construisent. C'est difficile en tant que parent parce qu'on est confronté. À notre propre enfance, Christian Bobin disait, on est plus nos enfants avec nos principes et notre enfance qu'avec un adulte. On est adulte physiquement, mais on n'est pas très adulte affectivement, donc c'est compliqué. C'est là où on fait du mieux qu'on peut aussi, mais plus on va mettre de la conscience, plus on va pouvoir trouver des outils aussi pour nous aider à nous former quelque part, à être parent, pouvoir évoluer peu à peu vers un autre type de société. qui n'aura plus besoin d'éduquer, mais qui va avoir des espaces d'accompagnement, jeune, agrandi, et dans une société qui sera plus vivante et plus organique. Du coup, la charge sera peut-être moindre aussi, parce que là, on charge un peu la mule en tant que parent. Comme une feuille, quand elle a été pliée, une feuille de papier, quand on essaye de la remettre à plat, il faut la plier complètement dans l'autre sens, avant qu'elle puisse revenir à plat. Et c'est un peu ça, on est allé dans un sens à fond. règles, des lois, c'est comme ça, pas autrement, blablabla, très dur, très strict. Et puis pouf, on va à fond dans juste l'énergie, l'amour, et puis ce bourse. Et on doit réintégrer les deux.
- Speaker #1
Même si moi j'y vois un gros travail sur soi, parce que quand on prend l'éducation positive et bienveillante en tant que telle, c'est très bien quoi. C'est pas tant les préceptes qui sont problématiques, c'est finalement... on les donne, on les présente, et puis quelque part, on les impose aussi, parce que c'est devenu un peu la bonne manière absolue à des personnes qui n'ont pas toujours cette capacité, pas au niveau capacité mentale, mais tu en parlais, c'est qui on est au départ, et comment on arrive à être ce parent, à faire du mieux que l'on peut. C'est un équilibre difficile, sachant qu'on a aussi énormément de pression, des pressions, je ne sais pas. pression d'être imparfait, de vouloir bien faire. Et puis actuellement, ces parents qui sont particulièrement seuls, la mentalité se fait dans notre société de manière très isolée. Le fait de parler d'Instagram et de tous ces idéaux qui sont mis partout. Et finalement, je trouve qu'on peut aussi le voir en se disant, mais il y a matière à travailler sur soi d'abord, se dire que ce ne sont pas les outils qui vont faire.
- Speaker #2
Non. les outils qu'ils ont fait c'est l'usagé que je vais en faire des outils Les outils sont à notre service. Il y a des choses qui s'inversent, où on donne du pouvoir à la méthode, à l'outil. On se remet sous pression, on déplace la pression d'endroit.
- Speaker #1
Carrément. On se dit même, j'ai eu la bonne recette et je n'y arrive toujours pas. Je suis vraiment nulle.
- Speaker #2
Je suis nulle. Il y a ce travail-là aussi à faire en tant que parent, de se dire que je suis l'adulte qui accompagne cet enfant, qui est mon enfant, mais je suis aussi occupé avec mon enfant intérieur qui est... rejoue des choses au travers de l'enfance de mon enfant. Je vois par exemple des exemples de parents qui ne supportent pas de voir la liberté que prennent leurs enfants parfois parce qu'ils ont tellement aimé avoir cette liberté d'être, moi que je n'ai pas eu, je trouve ça injuste. Et c'est inconscient, c'est des jeux inconscients qui se rejouent et de se dire, je fais payer à mon enfant mon manque de liberté à moi en lui imposant des règles qui sont soi-disant à son service. Donc c'est tout un travail qui commence toujours par la prise de conscience. Il n'y a pas de transformation, de modification sans le préalable, le indispensable qui est de prendre conscience. Après, c'est là que ça commence à être difficile, parce que quand j'ai pris conscience, je ne peux plus dire que je ne sais pas, mais je n'ai pas encore les moyens de faire autrement. Et donc ça rajoute en plus une couche de travail, alors qu'on est déjà sous pression. En plus, ce travail sur soi qui se met en place, Soit je ne le fais pas, je ne veux pas le voir et je continue avec des principes. On éduque beaucoup nos enfants avec nos principes, réponse à nos histoires. Et c'est là où on fait du mieux qu'on peut, dans ce mélange, dans cette projection qui se fait entre eux et mon histoire qui se rejoue, que je projette sur mon enfant, etc. Qui se rejoue aussi beaucoup dans vouloir protéger son enfant. Non, réussisse à l'école, qu'il ne lui arrive rien, etc. Et en fait, souvent, on ne se rend pas compte que quand on se préoccupe pour notre enfant, on s'occupe de nous à travers lui. C'est-à-dire qu'on ne voudrait pas voir notre enfant en difficulté parce que ça viendrait réveiller peut-être des difficultés que nous avons connues et qui n'ont pas été pacifiées ou des vieilles blessures. Surtout, ne me montre pas ça, mon fils, ma fille, et je veux que tu fasses en sorte que ça ne se réveille pas chez moi. Et là, il y a un travail à faire, justement, d'être en paix avec sa propre histoire. En fait, on doit accepter aussi qu'on n'est pas en capacité d'être parent. Et c'est là où on fait du mieux qu'on peut. Pour pouvoir vraiment être parent, je devrais avoir pacifié mon histoire, être en paix, être dans la liberté de choisir, de me mettre à disposition, d'accompagner un être à venir s'incarner. Les enfants vivent, et c'est comme ça, on fait du mieux qu'on peut. Voir. On fait des enfants inconsciemment pour nourrir nos propres besoins, pour nous, et pas pour... Et tout ça est là, donc c'est complexe. Et il faut beaucoup de bienveillance aussi pour ça, pour se dire, voilà, on en est dans notre humanité occidentale, contemporaine, on en est rendu à cet endroit-là. J'en suis rendu là, à ce moment-ci dans ma vie aussi, de voir que, tiens, j'ai cru que ce... Au mieux, en fait, non, j'étais juste en train de continuer à obéir à des principes. Je n'étais pas libre moi-même. Et j'ai peut-être le travers de vouloir du coup complètement libérer mon enfant. Et c'est là mon patauge. Et c'est là, je crois, justement, où on a besoin de sortir de ces isolements, d'essayer chacun dans son coin de faire du mieux qu'on peut. Parce qu'avant, on était quand même dans des familles élargies, on vivait avec des générations ensemble. Il y avait de la... Il y avait de l'épaulement. On n'a plus maintenant, donc maintenant, cette société est devenue très individualiste avec le bon côté de la chose. Mais on a aussi à retrouver de la fraternité, de la sororité, de la collaboration dans tout ça, de l'échange.
- Speaker #1
Du développement fraternel.
- Speaker #2
Oui, oui, mais oui. Et d'avoir des espaces où on peut déposer, exprimer notre vulnérabilité. Je fais du mieux que je peux. peu et je ne suis pas nul. C'est juste que je n'ai pas les moyens parce que je n'ai pas reçu ce qu'il fallait pour pouvoir être à même d'avoir des repères et c'est difficile. Moi, je peux parler en tant qu'homme. Oui, les hommes sont en difficulté aujourd'hui. On est en changement de repères et nous, en tant qu'homme, on n'a pas eu les modèles. C'est quoi être un homme aujourd'hui ? C'est quoi être un père ? C'est quoi être viril ? On a des vestiges, des espèces de statues de virilité qui sont juste des cordes ou des traditions ou des croyances. Mais c'est quoi être un homme aujourd'hui ? Et je vois beaucoup d'hommes qui auraient beaucoup de pères qui aimeraient s'impliquer plus, mais qui sont retenus dans des peurs de ne plus paraître homme aux yeux des hommes. et de perdre leur virilité et de se dire, tiens, mais au niveau identitaire, parce que je ne suis pas en train de basculer de l'autre côté, là, et il y a beaucoup de peur à ce niveau-là, beaucoup de pudeur aussi, et dont il faut parler. Dont il faut parler aussi dans le couple, qu'il faut échanger dans le couple et dire, voilà, moi, je n'y arrive pas, j'essaie de faire du mieux que je peux, j'aimerais ça, mais…
- Speaker #1
Justement, on va en parler, c'est marrant ce que tu dis là, parce que… Dans mon programme, tu sais que j'ai un programme d'accompagnement des parents débordés, et il se fait en groupe, exactement pour ce que tu dis là, c'est-à-dire de commencer par ne pas se sentir seule, de pouvoir poser sa vulnérabilité. Mais à travers la vulnérabilité, c'est ouvrir le chemin à bon, ok, j'en suis là, qu'est-ce qu'il me faut pour rentrer dans ce rôle de parent avec beaucoup plus de réalisme ? Le réalisme, c'est l'imperfection de qui on est de la vie et beaucoup moins de... Tu parlais de règles, mais les règles aujourd'hui, elles ont changé. Ce n'est pas les règles qu'on nous dictait petit. Et aujourd'hui, c'est des règles de contrôler, faire très bien, faire mieux, réussir. Tu parlais, tu as commencé comme ça, avec la performance, cette parentalité de performance très présente. Elle étouffe et c'est une pression. Et c'est vrai que de manière assez magique... Parler et être en groupe, c'est déjà une première réponse qui fait déjà beaucoup, beaucoup. Et commence à creuser le sillon et le chemin, finalement.
- Speaker #2
Et sortir du tout seul permet de réduire le doute. Je suis seul, je vais toujours douter à un moment donné parce que je ne suis pas sûr, il n'y a que moi avec moi, etc. Quand je l'ai posé dans un cercle où j'ai déposé ma vulnérabilité, c'est posé dans le monde, je ne suis plus tout seul avec ça. Ça a été entendu, je ne peux plus douter de ce que j'ai dit et exprimé. Et ça permet justement, c'est un peu comme de la marche, ça permet d'avoir un pied au sol qui me permet de faire le pas suivant. Et du coup, d'utiliser le doute non plus comme quelque chose qui va me faire basculer, dans je suis nul, je n'y arriverai pas plutôt dans, j'avais une enseignante qui disait, le doute est le muscle de la foi. Donc de se dire, tiens, quand je doute, c'est que je suis peut-être en perte de confiance, que je suis sur le bon chemin, que je peux faire aussi confiance à la vie qui m'accompagne et qui, comme l'eau, qui essaie de trouver son chemin pour retrouver le lit de la rivière.
- Speaker #1
Oui, et puis le doute, c'est aussi ce dont on a besoin pour tester. Tu parlais tout à l'heure de tester, d'avancer, en acceptant le doute. On accepte d'avancer et de ne pas se dire, je vais avoir cette fameuse recette qu'on va me donner, qui ne va pas s'appliquer à moi et qui va ne plus me faire douter, mais me faire être certain que je n'y arrive pas.
- Speaker #2
Oui, j'ai envie de dire, justement, le chemin est un peu d'inviter le doute dans ma vie, parce qu'une vie sans doute est une vie de certitude. Et ça, c'est ce qu'on a connu. C'est l'éducation d'avant qui était prise de certitude.
- Speaker #1
Et l'enfant viendra de toute façon. J'ai emboulé tout ça, comme une bonne balle dans un jeu de quilles, en disant, tu avais des certitudes, maman, papa,
- Speaker #2
en fait… Il est plein de vie, il arrive avec la vie. Comme on dit toujours, c'est la vie qui déloge les souffrances. Et c'est vrai que l'enfant qui déboule plein de vie, il vient se cogner aux certitudes, à tout ce qui n'est pas dans le vivant.
- Speaker #1
Et donc, on parlait du couple, parce que c'est vrai que… Enfin, tu en parles naturellement. Mais à force de côtoyer la peine des mamans et leurs difficultés, bien sûr qu'il y a beaucoup de travail personnel. En tout cas, c'est comme ça que je le vois, moi, sur la manière dont on s'accroche à le fait de faire, le fait de bien faire, le fait de contrôler. Parfois, le fait de faire comme avant, comme faisaient maman, grand-maman, etc. Mais je me rends compte à quel point c'est aussi la crise du couple. probablement on surinvestit énormément. On met un poids aussi très important sur l'enfant. On investit énormément dans cette relation. Parce que le couple est en crise, d'une manière globale. Et je me dis, mais waouh, que deviendrait cette parentalité ? Je pense que c'est ce qui arrive, en tout cas je l'espère. Où le couple serait beaucoup plus intégré.
- Speaker #2
Cette évocation, il y a une tristesse qui me vient de... tellement de solitude dans le couple, tellement seul dans un couple, alors que justement on est là pour être en coopération, en alliance, et tout simplement parfois par maladresse, par pudeur, de ne pas oser parler du côté des hommes, du côté des hommes, il y a... ou parler, c'est du domaine des femmes, s'exprimer dans ce qu'on ressent, c'est du domaine des femmes. Et de nouveau, c'est un truc de pseudo-virilité qu'il faut un peu casser aujourd'hui. Du coup, ça se sépare, en fait, puisque ça nous unit. Et effectivement, quand arrive la parentalité, déjà, quand arrive un bébé dans un couple, on ne se rend pas compte, heureusement qu'on ne le sait pas trop à l'avance. Ça va être un boulot à plus que temps plein. Ça prend toute la place, un bébé. Peut-être qu'il faudrait aussi un peu du travail de préparation de ça, parce qu'on ne prépare pas l'accouchement, mais qu'est-ce qu'on prépare à la parentalité de se dire qu'il va falloir être vigilant, de préserver des espaces pour le couple. Et puis il y a ce truc aussi qui est très imprimé des rôles de l'homme et de la femme, qui ne charge sur la mère que parce qu'elle donne la vie. qu'elle a eu tout ce temps de gestation, c'est elle qui donne la vie, mais en plus c'est elle qui doit s'occuper après. C'est des trucs, c'est une espèce d'égrégore, c'est un de d'un puissant, d'être égrégore des mères, on est là-dedans parce que tu as donné la vie, c'est toi qui dois s'occuper. Tout ça est à casser aujourd'hui, mais ce n'est pas facile. Et ça demande de l'aide, ça demande de dialogue. Ça démarre par là, ça a déjà posé les choses, même si on n'a pas de solution. C'est ça aussi, on est tellement dans un monde de problèmes-solutions, que déjà de comprendre qu'en parler, le début d'une solution, on rêve de couple, d'alliance.
- Speaker #1
Oui, c'est ça.
- Speaker #2
Des amis.
- Speaker #1
Finalement, c'est être profondément une équipe.
- Speaker #2
C'est ça. J'avais vu il y a très longtemps sur une... Je ne sais plus où c'était. Petite tribu où là, ils avaient un autre mode de vie. C'est les jeunes qui produisent des enfants. Parce qu'ils sont jeunes, ils sont en pleine libido, ils font l'amour toute la journée. Ça produit des enfants. Et hop, les enfants sont pris par les plus vieux et ils sont accompagnés. C'est eux qui éduquent les enfants, qui les accompagnent. Et on se dit non, les jeunes, ils sont là pour faire l'amour. C'est leur temps. Ils n'ont pas de temps à s'occuper des enfants. Et les parents restent les parents. mais ils reviennent de temps en temps et c'était pas idiot en fait de se dire nous dans notre société on doit mettre complètement un couple qui vient de se former qui voilà si on a des enfants assez rapidement en plus ça vient comme casser quelque chose c'est beau et en même temps c'est un frein parce que ça prend tellement de place et ça demande tellement quelque chose qui est très beau aussi qui est une belle valeur mais qu'il faut vivre c'est l'abnégation et un temps d'abnégation dans la petite enfance. Tu te mets complètement à disposition parce que tu ne peux pas te mettre sur pause et dire je reviendrai après mon cours de danse Et ça, on n'est pas trop préparé à ça. On n'est pas trop... Est-ce qu'on est prêt à... Est-ce qu'on en a parlé ? Est-ce qu'on envisage ça ? Est-ce qu'on va mettre en place pour ça, pour préserver aussi notre couple ?
- Speaker #1
Donc, avant d'y être confronté, on peut... on n'y est pas vraiment préparé du tout même et que le couple s'est construit sur des bases et des choses qui sont finalement très différentes du couple de mon point de vue parental qui venait de ça et sur un fantasme qu'on va avoir un enfant et que ça va être merveilleux il
- Speaker #2
y a un côté merveilleux évidemment d'accueillir la vie mais il y a un côté très dur très dur où bah oui il y a des jours on a envie de le mettre par la fenêtre quoi parce que ah
- Speaker #1
j'en peux plus en tout cas on a aussi envie de reprendre notre vie et de ne pas être que dans ça voilà et ça dure quelques années c'est à dire quand c'est que le petit humain est très prématuré il sait rien faire à la naissance ça dure ça dure ça dure donc il y a aussi ce travail dans la durée et il y a ouais que tu disais fantasme l'attente moi je travaille plus du côté des femmes même si j'aimerais beaucoup avoir des hommes dans mes groupes d'accompagnement mais il y a tellement cette attente de devenir mère et ça ça prend une place oui terrible dans le couple. Je pense que c'est aussi très, très, très déstabilisant pour les parents. Cette passion dévorante de la mère pour l'enfant. C'est ça aussi qui a régulé.
- Speaker #2
Il y a deux choses là-dedans. Il y a ce syndrome de la bonne mère. C'est vrai que la bonne mère, c'est vraiment un truc, une espèce de spectre qui est là, comme un œil qui te regarde. Est-ce que tu es une bonne mère ou pas ? Qu'est-ce qui est juste ou pas ? De nouveau, c'est l'éducation du bien et du mal. Et puis, il y a à reconnaître un peu les lois du vivant. Et je crois là, les femmes ont peut-être un travail à faire dans l'acceptation de leur puissance et de leur pouvoir. Parce qu'elles ont ce pouvoir de porter la vie. Il y a dans la vie, la femme porte un enfant et a quelque part pouvoir de vie ou de mort sur cet enfant pendant tout un temps. Et c'est un truc qui échappe à l'homme. L'homme n'a pas ça. Et je crois que l'homme, quelque part, dans un fantasme qui remonte à très loin, en veut à la femme de ne pas avoir ce pouvoir. Et veut lui faire payer quelque part. Ah ben puisque c'est... comme ça, ben garde-le et tu t'en occupes. Je suis un peu réducteur, un peu caricatural, mais il y a quelque chose de cet ordre-là de, en même temps, tu vois, il y a ce travers des hommes qui ont voulu reprendre un pouvoir sur le féminin, et en fait, l'éradication non pas de la femme, mais du féminin, et au travers de la femme, parce que le féminin est dangereux, parce que le féminin porte la vie, a droit de vivre ou de mort sur la vie, mais aussi porte la vie, donc porte les lois du vivant. Et les hommes, ils veulent la loi des hommes, mais pas des droits des vivants. Et en même temps, chez les femmes, il y a un travail pour moi de reconnaissance et d'acceptation de ce pouvoir, qui aujourd'hui part dans parfois certains travers du féminisme, qui est de revendiquer des choses, mais au mauvais endroit. C'est-à-dire, oui, c'est vrai que nous avons cette particularité en tant que femmes, et je l'assume. C'est un pouvoir énorme. C'est un pouvoir énorme dont je peux abuser et dont j'abuse à certains moments. Dans le pouvoir aussi que j'ai de faire obéir un enfant rien qu'avec mon regard. Et si c'était complètement accepté, ce truc qui peut même être dangereux, ce serait plus paisible.
- Speaker #1
Oui, ça pourrait être plus doux.
- Speaker #2
Ça pourrait être plus doux parce que...
- Speaker #1
Ça pourrait être moins revendiqué. Et donc, quand on revendique, c'est là où on marque le territoire.
- Speaker #2
Et on entre en guerre. Et on rentre en combat. Alors que si c'est assumé... C'est juste, ok, je suis dans les lois de vivant, de la nature, qui a fait que c'est comme ça que ça fonctionne. Ok, tout est en place.
- Speaker #1
Oui, ce que je remarque dans les mots de beaucoup de femmes, c'est cette charge mentale, cet épuisement qui vient aussi de là, qui vient de ce moment où on a pris en charge, où on a surinvesti aussi ce pouvoir, parfois en excluant l'homme, même souvent, soit comme aide. Soit comme altérité. C'est-à-dire que c'est bien aussi d'écouter un autre point de vue, une autre polarité, un autre... Et ça amène souvent à ce déséquilibre dans le couple, ce déséquilibre aussi dans l'éducation, souvent, et dans la vie. Parce que ces femmes finissent complètement lessivées. Et c'est là où, ce que tu dis avec ton point de vue d'homme, je ne l'avais pas vu avec ce pouvoir à accepter. C'est vrai que si on accepte d'emblée que... on a ça, on a moins besoin de le revendiquer et on est plus capable aussi dans le couple de dire ok, on va répartir les tâches, là c'est moi qui prends en charge et là j'ai besoin d'aide et je pense qu'il y a beaucoup de femmes qui alors c'est des grosses généralités, on est d'accord mais qui ont du mal la femme est quelque part de devenir tellement forte que elle ne laisse pas la place à l'homme de faire équipe avec elle aussi parfois.
- Speaker #2
La question de devoir être forte est parfaite. J'ajoute une couche et qui, parfois même quand je demande de l'aide en tant que femme, est-ce que je la reçois ? Est-ce que j'accepte de la recevoir comme elle vient, qui ne sera pas comme je veux ? Absolument. Et c'est là où elle reste dans son pouvoir, si je veux que ça marche comme ça. Je ne laisse pas l'homme l'altérité d'amener une aide ou un accompagnement tellement différent, autre, qui va apprendre à l'enfant autre chose, un autre monde. Mais il y a beaucoup de femmes qui sont dans le contrôle de ça. Elles veulent que leur mari les aide comme ça, tu fais ça, tu fais ça. Et c'est là où, s'ils ont des fils, elles peuvent en faire de prochains hommes de pouvoir qui vont coller là-dessus. Parce qu'on est imprégné de notre première rencontre humaine. La première mémoire corporelle qu'on a de l'humain, c'est la première rencontre. C'est maman, la première humain que j'ai rencontrée et dont je vais garder. en permanence la mémoire corporelle à l'intérieur et tout humain que je vais rencontrer après, je vais faire un copier-coller. Ah oui, je connais déjà, je fais projecteur.
- Speaker #0
Il faut aussi accepter en tant que maman d'avoir ce pouvoir-là qui est énorme, c'est un pouvoir d'imprégnation terrible. Quand j'en suis conscient, je peux avoir ça à l'œil pour ne pas en jouer, pour ne pas en rajouter. Et pour aider cet enfant à justement intégrer que je ne suis pas seul. J'accepte aussi que papa vient me séparer, papa c'est celui qui sépare. Et ça, si déjà on avait une éducation à la compréhension de ça, en nous. simplifié en dehors des livres de psychanalyse. Bon, chacun des rôles, on a chacun. Et on va faire équipe là.
- Speaker #1
Et c'est aussi celui qui soutient maman, celui qui aime maman, celui qui équilibre maman.
- Speaker #0
Comprendre aussi que l'enfant, ce dont il a besoin, c'est de parents heureux, parce que des parents heureux, ils sont complètement présents et disponibles, et donc il peut recevoir des parents, ce dont il a besoin.
- Speaker #1
Et voilà, ceci clôture la première partie de mon échange avec Vincent Houba. J'espère que ça t'a plu, que ça t'a enrichi autant que ça m'a inspiré. Dès la semaine prochaine, tu auras la suite de cet échange, puisque nous plongerons encore plus profondément dans les défis de la parentalité aujourd'hui. Et crois-moi, tu ne voudras pas manquer ça. Il y a de vraies pépites. En attendant, j'aimerais beaucoup avoir ton retour. Si ce format t'a plu, viens me le dire sur Instagram ou LinkedIn. Et bien sûr, si tu ne l'as pas encore fait, n'oublie pas de t'abonner à mon podcast, de le partager autour de toi et pourquoi pas de me laisser un petit commentaire, une note 5 étoiles au hasard sur Apple Podcasts. Ça fait toute la différence pour moi et je te dis à la semaine prochaine. Ciao !