Speaker #0Pourquoi sommes-nous si souvent à bout de nerfs, épuisés, vidés dans notre rôle de parents ? On remet en question nos compétences, on culpabilise, on achète des livres sur l'éducation, on cherche la méthode miracle pour mieux faire, mais est-ce vraiment notre faute ? Est-ce qu'on est vraiment pas à la hauteur ? Ou bien, est-ce qu'il est temps d'ouvrir les yeux sur la réalité de la parentalité aujourd'hui ? Dans cet épisode, on va parler des pressions, de ces injonctions, de cette société qui ne nous épargne pas. Et pourquoi ? non, non, non, ce n'est pas juste toi qui es nul. Alors reste avec moi, on va décrypter tout ça ensemble, sans langue de bois et surtout sans culpabilité.
Avant de commencer, je voudrais remercier Jeanne qui m'a écrit un message et qui me dit Bonjour Rozenn, c'est une amie qui m'a fait découvrir votre travail avant-hier et depuis j'ai dû écouter au moins 15 épisodes de votre podcast. Vous décrivez tout ce que je vis, vous avez une justesse dans votre analyse, j'aime votre approche du couple, de la parentalité. de l'éducation. Alors merci chère Rozenn pour tout ce que vous faites. Merci beaucoup Jeanne d'avoir pris le temps de m'écrire. Ça me touche beaucoup de savoir que mon travail te parle autant. En tout cas c'est ce que j'essaye de faire ici, parler de la vraie vie, des vrais gens, des vrais sujets pour que chacune et chacun, je sais que des hommes m'écoutent aussi, se sentent moins seuls et se sentent surtout plus à leur place dans notre société aujourd'hui. Et aujourd'hui on va clôturer cette série de quatre épisodes que j'ai voulu faire pour prendre du recul sur tous ces moments où on ne se sent pas à la hauteur, où on est contracté, où on est stressé. Parce qu'en fait, il y a des grandes tendances de fond qui nous entourent et qui nous impactent. Dans l'épisode 23, on a parlé de la place et du combat des femmes avec un petit regard historique. Dans l'épisode 24, je t'ai parlé du couple en crise depuis 50 ans et de l'impact que ça a clairement sur nos vies. Dans l'épisode 25, on a eu le magnifique témoignage de ma tante Paulette de 94 ans qui collait... tellement à ces deux problématiques. Dans l'épisode de la semaine dernière, je t'ai parlé de l'hyper-maternité et aujourd'hui, enfin, on s'attaque au problème de la parentalité actuellement. On ne va pas trop tourner autour du pot. Être parent, aujourd'hui, c'est un vrai défi, voire même, on peut le dire, c'est un peu la merde. Les règles d'une bonne parentalité qui a tellement changé, l'enfant qui est devenu central, précieux, presque sacralisé, et nous parents qui sommes sous une pression constante pour être parfaits. Résultat, nous sommes épuisés, stressés, le burn-out parental est aussi présent que le burn-out professionnel. Bref, parlons-en, parlons-en sérieusement, regardons en face tout ce qui nous entoure et fait que cette réalité de parents, rôle qu'on a pourtant choisi, attendu, est si difficile aujourd'hui. Et dans cet épisode, j'ai mis en lumière six phénomènes que nous subissons et qui peuvent rendre notre vie de parents un enfer. Alors il pourrait y en avoir plus, mais mon sujet ici, c'est de t'aider à prendre ce recul et à comprendre vraiment ce qui se joue, à aller retirer toi ce qui te concerne davantage et là où tu peux être beaucoup plus vigilant pour trouver plus de sérénité dans ta vie. Le premier phénomène, c'est qu'on est rentré dans l'ère de la parentalité intensive. La parentalité intensive, c'est le fait d'avoir fait comprendre aux parents qu'il fallait qu'ils passent beaucoup de temps avec leurs enfants s'ils voulaient avoir des enfants qui soient bien dans leur basket, qui soient intelligents et qui développent tout leur potentiel. C'est une forme de parentalité, de performance. Mais la conséquence de ça, c'est qu'on n'est plus juste parent, ce qui n'est déjà pas facile d'éduquer un enfant, voire plusieurs. Ça complexifie bien les choses pendant 20 ans. Non, on devient l'éducateur, le psychologue, le nutritionniste, le coach sportif, etc. Et ça, c'est épuisant. Et ça, c'est une pression incroyable. Être bon dans tout, être attentif, présent. Ne pas faire d'erreur, c'est ça la croyance qui repose sur nous et c'est super lourd. Alors bien sûr c'est noble et bien sûr c'est chouette d'avoir des enfants et de se dire qu'on va donner le meilleur. Mais j'ai lu ce chiffre assez marquant, 75% des parents estiment qu'ils ne passent pas assez de temps avec leurs enfants. Alors qu'en parallèle, le temps moyen qu'un parent passe avec ses enfants a doublé en 50 ans. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'on en fait déjà beaucoup mais qu'on a l'impression que... on n'en fait jamais assez. Donc c'est difficile d'aller contre cette tendance, mais je pense qu'il y a quand même une urgence à accepter qu'on ne peut pas tout faire, qu'on ne peut pas avoir tous les rôles, à s'appuyer sur d'autres personnes qui vont pouvoir être des relais pour nous dans l'éducation, à établir des priorités et puis surtout à planifier du temps pour d'autres choses en comprenant que cette parentalité, ça peut être un puits sans fond. En deuxième phénomène, bien sûr, il y a l'éducation positive et bienveillante et ses limites. Alors, bien évidemment que cette éducation, elle est géniale sur le papier. Elle invite à l'écoute, à la compréhension des émotions, à une relation par enfant harmonieuse. Et bien évidemment que c'est génial et bien évidemment qu'heureusement qu'on est sortis de l'éducation dite traditionnelle. Et en même temps, pour beaucoup d'entre nous, c'est un challenge pour plusieurs raisons. La première, c'est qu'on n'a pas été éduqués comme ça. Donc... C'est très, très, très difficile pour nous d'avoir cette patience. Notre cerveau n'est pas câblé pour entendre les pleurs, par exemple, et être immédiatement pris d'empathie. Il y a autant de gestes et d'habitudes qu'on doit apprendre pour donner ça à nos enfants. Donc ça, déjà, ça nous challenge énormément. L'autre chose, c'est que ça nous met un standard, le standard d'être un parent qui arrive à être constamment disponible, toujours à l'écoute, toujours calme. C'est ça qu'on voit sur comment gérer une crise, comment gérer un enfant qui est dans l'opposition. Et tout ça, ça donne une idée de parentalité idéalisée, alors que ce n'est pas comme ça. On est des êtres humains avec des défauts, avec notre niveau de ressources, de patience, d'énergie, et on ne peut pas toujours être le parent qu'on lit dans les livres. Tout après une journée de travail, 30 minutes de bouchons, et les enfants qui se disputent non-stop. Et en fait, dans l'absolu. C'est pas très grave, il y a des fois on est bon, il y a des fois on est moins bon, c'est comme au boulot, c'est comme j'en sais rien dans toute performance que l'on fait. Sauf qu'avec cette pression de la parentalité positive et bienveillante, on a l'impression que dès qu'on n'est pas bon, on va gâcher notre enfant et que ça va être la catastrophe. 67% des parents reconnaissent qu'ils ont du mal à rester calme face aux crises de leurs enfants. Mais c'est normal, on est humain, c'est tellement difficile. Puis un enfant c'est tellement changeant. Alors moi je crois qu'il faut comprendre. L'éducation positive et bienveillante, en avoir les préceptes et puis prendre aussi du recul et se donner beaucoup, beaucoup de bienveillance, beaucoup, beaucoup d'empathie, beaucoup, beaucoup de compassion pour devenir avant tout un parent authentique, beaucoup plus qu'un parent parfait qui de toute façon n'existe pas. Et c'est d'autant plus important qu'il y a un troisième phénomène qui existe, c'est le climat qui nous entoure. C'est un climat de stress et d'anxiété permanent. Plein de raisons, toutes les crises économiques, sanitaires. climatique qui nous entourent viennent inévitablement nous stresser mais pas seulement. Tout ce qui est sollicitation, publicité, tout ce qui vient interagir, nous capter notre attention, ça vient aussi augmenter notre niveau de stress constamment, puisque on sait que toutes les infos, toutes les publicités vont agir sur notamment tous les ressorts de la peur et du stress pour nous mener à une action. Et on peut rajouter une couche avec le fait d'être hyper... hyper connecté et d'avoir un cerveau branché sur le virtuel, ce qui n'aide pas à être apaisé. Bref, il est bien loin le temps où on arrivait à être en paix, où on arrivait à ralentir, où on arrivait à être tranquille. Et c'est dans ce contexte-là qu'on doit, on se comprend bien sur le on doit être ce parent présent, disponible, attentif, calme, serein. Waouh, c'est juste impossible. Mais là-dessus, tu peux faire des choses puisque... Tu peux résister au fait de tomber dans ce stress en pratiquant la déconnexion. Je pense que tu en entends parler très souvent, mais je t'assure qu'il n'y a pas meilleur moyen pour se refaire un sas de sérénité. Personnellement, il y a des années que je n'écoute plus la télévision, que je limite mon accès aux informations, je les choisis uniquement, c'est fini la radio dans ma voiture et ça fait énormément de bien. Je choisis le stress que je m'inflige et je t'invite vraiment à faire la même chose. Ça va te donner beaucoup plus d'énergie et de bande passante. pour gérer ton rôle de parent. Le quatrième phénomène que je vois, tu as bien compris, il n'y a pas d'ordre, c'est ce contexte de société de consommation et on ne peut pas y échapper. Et nos enfants, même si on fait de notre mieux pour les élever avec d'autres valeurs, ils sont littéralement assiégés. Les publicités, et on sait que la plus grande publicité, c'est quand même dans la cour de récréation, les influenceurs, tout ce qui est à la mode, tous leurs cris qu'ils ont besoin de plus. Encore, on n'est pas aidé parce qu'en France, il n'y a pas de loi qui interdise, par exemple, les publicités sur tous les produits sucrés, salés, gras. Donc, on va envoyer ça dans le cerveau de nos enfants, de leur dire que c'est vachement bien de manger ces nouveaux gâteaux pleins de fructose qui leur détruisent la santé. Et on écrit ensuite pour le parent qu'il faut que leurs enfants mangent cinq fruits et légumes par jour, plutôt que d'interdire ces publicités à destination des enfants, ce qui serait tellement plus simple pour nous. Donc là, je prends l'exemple sur... l'alimentation, mais ça concerne absolument tout. Tout, 76% des achats ou des demandes d'achat des enfants de 4 à 10 ans sont directement influencés par les publicités. Et c'est là-dedans que nos enfants baignent. Alors, ce n'est pas étonnant qu'ils leur demandent, qu'ils réclament, qu'il leur faut à chaque fois quelque chose de plus, quelque chose de mieux. Et nous, qu'est-ce qui se passe ? Eh bien, on est assiégé par ça, par ces demandes sans fin qui n'arrêtent jamais. Ce n'est pas parce que tu es faible, ce n'est pas parce que ton enfant est hyper capricieux. Alors, on est obligé d'être le rempart, on est obligé de dire non tout le temps, ce qui est quand même hyper usant. Et quand on dit oui, eh bien, c'est jusqu'à la sollicitation suivante. On a beau inculquer des principes de consommation raisonnable, de montrer qu'on peut se contenter de moins, cette société de consommation, elle ne nous facilite pas la tâche. Alors, on est bien loin de l'époque où on a dû te raconter tes grands-parents sur la fameuse orange à Noël, malheureusement. Et là encore, moi, ce qui m'intéresse, c'est... ta vie de parent et c'est de te dire ben ouais avec ce contexte, avec ces réactions, avec ces sollicitations constantes de tes enfants, ouais la vie de parent est devenue quand même super difficile. Et tu n'y peux rien à part résister du mieux que tu peux. Le cinquième phénomène il est très proche en fait, c'est les écrans. Les écrans qui sont devenus omniprésents dans nos vies et celles des enfants. Alors on le sait nos enfants passent beaucoup trop de temps, en moyenne il s'agirait de trois heures par jour. Et ça, ça crée des conflits constants pour poser des limites. Et je crois que tu le sais très bien. Je me souviens d'une discussion avec ma fille sur ses habitudes de connexion. Et c'est difficile parce que lui interdire les réseaux sociaux, c'est la priver de liens avec ses amis. Mais en même temps, on est toujours sur le qui-vive, toujours à surveiller ce qui s'y passe, la dépendance, etc. Et ce dilemme et cette relation, elle est épuisante. Et ça non plus nos parents, nos grands-parents. n'avait pas à traverser ça entre des jeux ou des réseaux sociaux hyper addictifs et nous, qui gagne ? Faire comprendre des comportements raisonnables à des enfants qui ont des cerveaux complètement immatures. Alors encore une fois, on doit peser des limites. Encore une fois, ça vient nous challenger. Encore une fois, ça rend les relations avec les enfants difficiles, pas fluides. Ça nous ramène aussi à la parentalité intensive parce que souvent, pour les éloigner de l'écran, il faut leur... proposer des activités. Je n'ai pas la solution à tout et je sais très bien que cette question de l'écran et de limite, elle est hyper personnelle et à voir dans chaque foyer. Je veux juste montrer que tout ça, ce sont autant de challenges auxquels les générations d'avant n'étaient pas confrontées. Et puis, le dernier phénomène, bien sûr, c'est la solitude des parents. On dit souvent, il faut un village pour élever un enfant, mais ce village, il a bien souvent disparu autour de nous. Avant, il y avait les grands-parents, les voisins ou les enfants, les aînés, en fait, qui s'occupaient des plus petits. Aujourd'hui, 63% des parents disent ne pas avoir de soutien régulier de leur entourage. 63%, c'est énorme. Tout ça avec, on le rappelle, des vies où les femmes n'ont jamais autant travaillé. Alors quand on n'a pas ce village, moi je crois qu'il faut le créer pour, un, ne pas se sentir seule, se sentir soutenue, se sentir épaulée, c'est ce que je fais exactement avec mes programmes NEST. Et puis il faut trouver d'autres relais, des relais physiques pour être soutenue dans l'encadrement de nos enfants, développer. de la solidarité entre parents, trouver des solutions, en tout cas, se dire que cette solitude, bien qu'elle paraisse normale, elle est néfaste. Alors voilà, tout ça pour dire qu'être parent aujourd'hui, c'est un combat. Et ce qui le rend encore plus difficile, c'est la pression qu'on se met nous-mêmes à cause de toutes ces attentes sociétales. La vérité, c'est qu'on n'a pas besoin d'être parfait. On n'a pas besoin de faire tout, tout seul. Donc, accepte que tu ne pourras pas tout faire, que tu auras ... des moments de faiblesse et que tu as absolument le droit. Moi, je vois de plus en plus mon rôle de parent comme un acte de résistance contre cette société, en fait. Et n'oublie surtout pas que pour être un bon parent, il faut déjà être bien dans sa peau, bien dans sa vie. J'espère que cet épisode t'a aidé. Je voulais te donner deux ressources qui m'ont beaucoup inspiré, que j'ai lues ou écoutées il y a quelque temps, mais qui t'aideront à aller plus loin. Le premier, c'est un livre qui s'appelle Non coupables, de Aude Sécheret et Vincent Joly. Et la deuxième ressource, c'est un podcast extraordinaire d'ARTE Radio: vivons Heureux Avant la Fin du Monde, de Delphine Saltel. Deux épisodes qui datent un petit peu, je suis allée revoir, c'est en février et mars 2021. Comment la parentalité intensive nous bouffe la vie et comment renoncer à être parent parfait. Voilà, si tu as du temps, n'hésite pas à plonger dans ces ressources qui sont très, très élaborées, bien plus que mon petit résumé de ce jour, qui t'aideront à ouvrir les yeux encore davantage. J'étais. hyper contente de vous partager ces quatre épisodes et de vous aider à prendre du recul. Si tu aimes mon travail, eh bien n'hésite pas à me laisser un petit commentaire, à me mettre une note, 5 étoiles par exemple, et puis surtout, surtout, surtout à partager autour de toi à la cantine avec tes collègues, avec tes sœurs, avec tes amis. C'est le meilleur moyen de soutenir mon travail en le faisant connaître. Je t'embrasse et je te souhaite une excellente semaine et je te dis à la semaine prochaine. Ciao !