Speaker #0Hello, Je suis très contente de vous retrouver, de reprendre le micro seule, même si le dialogue avec Vincent Houba était vraiment génial. J'espère que tu as écouté ces deux épisodes inédits. En tout cas, nous revoilà ensemble. Et aujourd'hui, je voulais commencer un thème que j'ai en tête depuis pas mal de temps maintenant. En tant que femme et en particulier avec toutes les femmes que j'accompagne, je me rends compte qu'on parle souvent et on traite souvent des maux du quotidien. Le stress, notre fatigue, notre anxiété, notre charge mentale. Et c'est très bien. C'est très bien d'en parler, de chercher des solutions, mais je me rends compte que parfois, prendre un petit peu de recul, regarder cette ambiance dans laquelle on baigne, regarder en quoi tout ça influe ce que l'on ressent, nos difficultés quotidiennes, est hyper important. C'est pour ça que j'ai décidé de consacrer les quatre prochains épisodes solo à ça, à ce contexte social, culturel qui nous entoure, pour comprendre comment ça vient. accentuer et rendre notre vie de femme moderne et de parent moderne si difficile.
Et avant de commencer, je voudrais remercier chaleureusement Magali Pett qui m'écrit Merci Rozenn pour la justesse et la profondeur de ton analyse. J'aime aussi le ton léger et les exemples souvent drôles que tu utilises. Je me surprends enfin à apprécier de les réécouter plusieurs fois et j'y découvre une autre pépite en fonction du vécu du moment. Merci. Merci à toi Magali Pett. Ça fait vraiment plaisir de voir que... mon travail et ces épisodes de podcast vous sont utiles et vous touchent. Et si toi aussi, tu as envie de me partager un commentaire, de m'expliquer ce que ça te fait de m'avoir dans tes oreilles régulièrement, n'hésite pas, ça me fait extrêmement plaisir. Pour prendre un petit peu de recul sur nos tracas du quotidien, nos mots, j'ai, comme je viens de te le dire, décidé d'aborder un thème en quatre épisodes sur cela. Le premier, ça sera sur la place de la femme aujourd'hui. Et les suivants seront respectivement sur le couple. L'hyper-maternité et la difficulté d'être parent aujourd'hui. Alors, commençons ne se pas par la place de la femme aujourd'hui. Où en est-on réellement ? Alors, quand je dis réellement, c'est réellement de mon point de vue. Et ça, c'est super important. Parce que je ne suis pas historienne, je ne suis pas sociologue, je n'ai pas mené des recherches approfondies sur le sujet. Non, mais j'ai juste envie de te partager quelques grandes réflexions personnelles avec l'espoir que ça va te donner de la clarté et ça va te permettre... d'avancer parce que mon but au final reste toujours le même, t'aider à mieux vivre ta vie. Donc place à ma version de la place de la femme dans l'histoire que j'estime essentielle pour comprendre nos combats actuels et surtout notre mal-être. Je crois profondément que nous sommes portés par les conditionnements, les croyances et même les énergies de toutes ces femmes qui nous ont précédées. Donc j'ai fait une synthèse vraiment synthétique pour te parler de ça en cinq étapes. Et pour moi, la première étape, c'est de parler de l'origine, l'origine de ce qu'on pourrait appeler le sexe faible. Pourquoi ça a commencé comme ça ? Et je ne sais pas si tu le sais, mais ça remonte à très loin. Ça remonte à la survie de notre espèce, en fait, puisque au temps préhistorique, c'est à ce moment-là que les rôles se sont répartis. Pour une raison vraiment très bête, mais très importante, c'est que notre espèce n'aurait pas survécu s'il n'y avait pas eu une répartition des rôles. L'espèce humaine se retrouvait à avoir... un seul enfant par grossesse et ça rendait... Je suis désolée, il y a mon chat qui participe. Et ça rendait la survie même de notre espèce difficile. Et pour ce faire, l'homme est parti à la chasse et la femme est restée à la grotte pour s'occuper des enfants qui étaient très, très, très, très maturés. Puisque un enfant humain qui naît, il ne sait absolument rien faire. Alors que le petit de l'antilope, lui, en quelques heures, il sait déjà courir pour échapper au lion. Et de cette répartition des rôles est née une sorte de répartition aussi du pouvoir, puisque les hommes, avec ses activités outdoor, physiques, sont devenus de plus en plus forts. Et nous, nous avons de facto, à ce moment-là, pris en charge la charge mentale de gérer le foyer ou la caverne. Enfin, comme tu veux. En tout cas, les rôles se sont répartis il y a si longtemps que ça. Tu imagines la pression. Là, on essaye d'abattre le patriarcat, mais il est tellement ancien. L'étape 2, pour moi, dont on parle assez peu en ces termes, c'est la chasse aux sorcières, parce qu'il y a eu une vraie, massive oppression silencieuse qui a eu lieu. Dans son livre Âme de sorcière Odile Chabriaqu en parle. Elle dit qu'entre le Xe et le XVIIIe siècle, c'est près d'un demi-million de femmes qui ont trouvé la mort, soit sur le bûcher, soit de moyer, seules ou avec leurs enfants ou même leurs animaux. Ce chiffre, quand je l'ai appris, m'a beaucoup touchée parce que je ne m'étais jamais rendue compte de l'ampleur du phénomène. Et pour moi, c'était plus une histoire, une légende, quelque chose de moyenâgeux, loin de moi. Mais non, pas du tout. En fait, on se rend compte que ça a été un véritable génocide, une manière de faire taire et d'abolir ces femmes qui étaient trop libres, qui étaient... Trop indépendantes, puisque souvent c'était des femmes seules et vieilles. Ces femmes qui avaient un savoir, ces femmes qui étaient proches de la nature. Donc juste parce qu'elles étaient différentes, qu'elles avaient un pouvoir, qu'elles étaient guérisseuses, indépendantes ou libres, autant de qualités qui ne rentraient pas dans les normes religieuses ou patriarcales, elles en ont payé le prix cher. Elles représentaient une menace à l'ordre établi. Et on voit bien avec ces chiffres que ça a été un véritable phénomène, une véritable ambiance. qui visait à contrôler et à muser les femmes qui voulaient sortir du cadre. Et je crois que ça, c'est encore là. C'est encore dans nos peurs les plus profondes, nous, les femmes. Et peut-être qu'on peut regarder ça en se disant, oui, il y a encore ça que nous portons tous. Le troisième phénomène historique, pour moi, même s'il s'en est pas un exactement, c'est le modèle du couple que l'on porte depuis tant de siècles. Alors, le couple avec l'homme, père de famille et la femme. avait au départ une logique purement économique. Et pendant des siècles, le mariage n'était pas une affaire de sentiments, c'était une affaire de survie. L'homme, chef du foyer, la femme devait s'en conformer. C'était un modèle stable, imposé par la force physique, par des siècles de domination masculine. Et ce schéma, il n'a laissé que très peu de place à les libertés individuelles. Et même dans un passé pas si lointain, ce modèle était largement répandu. Moi, ma grand-mère, elle me disait souvent, mais avec une... Certitude absolue, mais la femme est faite pour souffrir. C'est comme ça. Ce n'était pas seulement un état d'esprit, c'était la réalité de la vie de beaucoup de femmes à cette époque pas si lointaine. Le quatrième fait historique pour moi, et ça m'a beaucoup touchée quand je l'ai appris, c'est la période après les deux guerres mondiales. Ces deux guerres ont été des véritables bouleversements et la femme alors, parce que les hommes étaient au front, ont pris les rênes des foyers, de l'économie, elles ont travaillé, elles ont goûté à l'indépendance. Et après la guerre, face à cette menace, la société a cherché à les remettre à leur place. Et on sait aujourd'hui qu'il y a eu un véritable marketing d'après-guerre, après la seconde guerre mondiale, qui a joué un rôle énorme en en délissant l'image de la femme au foyer parfaite pour qu'elle retourne à leur tâche domestique bien sagement. C'est l'époque, je ne sais pas si tu te souviens, toutes les pubs, parce que c'était les débuts de la réclame aussi, on les voyait heureuses. avec leur nouvel appareil électro-ménager qui allait pouvoir les combler de bonheur. Eh bien, c'était une véritable opération pour que les femmes retournent à la maison, bien sagement, et ne gagnent pas plus d'indépendance qu'elles avaient acquise pendant la Seconde Guerre. Bref, un véritable retour à la case départ. Et puis, bien évidemment, et heureusement, il y a les mouvements féministes du XXe siècle qui ont changé la donne. Des victoires cruciales ont été obtenues, comme le droit de vote, L'accès à l'éducation, l'indépendance financière, la liberté de divorcer, le droit de disposer de son propre corps. Ces avancées, elles sont énormes. Et par exemple, en 2023, 70% des femmes travaillent en France. Un chiffre qui était inimaginable encore il y a un siècle. Mais tous ces changements, toutes ces mustations, elles sont très très très récentes. Je pense souvent à une anecdote que m'a racontée ma belle-mère, et qui m'explique comment elle a dû se battre pour que son salaire soit versé. sur son compte bancaire juste parce qu'elle voulait acheter des chaussures pour son fils de deux ans et que son mari jugeait cet achat pas très utile. Elle a dû se battre pour que l'argent qu'elle gagnait grâce à son travail lui soit donné. Et c'était, on parle de ça, il y a à peine 50 ans. Bref, ses acquis ont été absolument fondamentaux et ils ne sont pas si anciens que ça. Et puis, il y a la vie aujourd'hui. Alors, on pourrait croire que tout va mieux. dans nos cultures occidentales, bien sûr, où on a les mêmes droits que les hommes, où sur le papier, on a acquis cette égalité. Et pourtant, il y a un gros mal-être qui persiste, comme si on avait hérité de tout, de la charge professionnelle et de la charge familiale, et avec cela, la charge mentale. Les femmes continuent d'assumer aujourd'hui 70% des tâches domestiques, et cela même si elles travaillent autant que les hommes. L'inégalité salariale existe. avec près de 15 à 20% selon les pays et les secteurs à poste égal. 8 femmes sur 10 souffrent de charges mentales. Chaque jour, 200 femmes meurent d'accidents cardiovasculaires, notamment lié à l'hyperstress, c'est 100 fois plus que les accidents de la route et 6 fois plus que le cancer du sein. Et le suicide est la deuxième cause de mortalité maternelle. Nous sommes donc libres, mais nous restons prisonnières d'une double, voire d'une triple charge. Alors la question c'est, mais qu'est-ce qui nous bloque encore aujourd'hui ? Alors bien évidemment, je ne parle pas de ces luttes évidentes qu'il faut continuer de mener sur les violences conjugales et sexuelles, sur la misogynie ordinaire ou la discrimination. Bien évidemment, ce sont des faits établis et il y a encore du travail. Mais je parle ici de ce combat moins visible, celui que je vois chaque jour en coachant des femmes. C'est une forme d'emprise dans laquelle beaucoup de femmes se trouvent enfermées. Notre besoin de perfection, notre peur du jugement, notre incapacité à déléguer, ce ne sont que des émanations de cette pression que nous nous mettons encore et encore. Et c'est pour ça que j'ai voulu faire cette petite rétrospective de la place de la femme pour dire que c'est lourd, c'est long. Mon Dieu, s'affranchir, retrouver cette liberté. Heureusement que les lois nous y ont aidé. Mais en mindset, en posture, c'est difficile d'acquérir ça. C'est difficile d'acquérir cette égalité. C'est difficile de définir notre place quand avant nous, des générations de femmes nous apportaient un modèle davantage de soumission. C'est difficile d'avoir des ambitions professionnelles autant que les hommes et d'avoir encore à cœur d'être une mère et d'être à la hauteur et de prendre soin de ses enfants et à ce titre aussi de la société avec tout notre amour. Ce n'est pas facile. C'est vraiment une posture et un positionnement qui est délicat et qu'on n'a jamais vu avant. Donc oui, reprendre l'histoire, ça aide à prendre de la hauteur et à nous donner de la bienveillance et de la respiration. Et en même temps, j'ai envie de dire, oui, mais quand on regarde... Aujourd'hui, on a tout. Donc, qu'est-ce qui bloque ? Eh bien, ce qui bloque, c'est nous. C'est ce travail personnel que nous devons toutes faire pour nous libérer. Moi, je pense souvent à mes ancêtres, en fait, à ces femmes, et elles auraient adoré avoir tous les droits qu'on a là. Elles auraient adoré avoir toutes ces portes ouvertes que l'on peut prendre. Et il faut les prendre. Il faut le faire. Ça ne dépend plus que de nous que de faire avancer cette libération. Ce combat, il est le nôtre. Et il commence dans nos têtes. Il commence par le fait de pouvoir s'assumer, le fait de pouvoir lâcher le regard des autres, lâcher le perfectionnisme ou notre besoin de contrôler, lâcher des habitudes bien ancrées. Ne serait-ce pas merveilleux que notre génération arrive à lâcher davantage toute cette histoire pesante et qui attend entraver les femmes, lâcher toutes ces obligations que l'on porte encore, lâcher cette charge mentale pour libérer les générations qui vont nous suivre ? Personnellement, c'est cette vision qui me porte et qui fait qu'aujourd'hui je suis autant engagée auprès des femmes. Toutes les femmes, celles qui ont envie de poursuivre le combat vers la liberté, mais avec la liberté des femmes, il y a le fait de rendre le féminin, d'où beaucoup plus accessible à tous, de rendre cet amour, cette créativité, cette intuition, cette douceur, cette écoute et en même temps cette clairvoyance à l'ensemble du monde. Voilà, c'est ma conviction qu'aujourd'hui, le chemin des femmes, c'est avant tout un chemin de croissance personnelle et fraternelle, enfin de sororité. Car si nous voulons alléger cette charge invisible, nous devons commencer par nous-mêmes, regarder en face ce qui nous entrave et choisir avec courage de lâcher prise. Ce travail, c'est le tien, c'est aussi le mien. Je serais extrêmement curieuse d'entendre tes réflexions par rapport à cet épisode. N'hésite pas à venir m'envoyer un DM sur LinkedIn ou sur Instagram pour me partager tout ça. Si tu aimes mon podcast, il y a un truc qui ne te coûte rien du tout et qui est très important pour moi, c'est de partager ces podcasts, d'en parler autour de toi, de me mettre une jolie note et de me donner un commentaire. Je te dis à la semaine prochaine pour la suite de ce thème sur cette prise de recul. On parlera du couple et de la crise du couple. En attendant, porte-toi bien. Je te souhaite une excellente semaine. Ciao !