Speaker #0Bon, je dois t'avouer que cet épisode, je le fais pour me faire plaisir, un peu à contre-courant de ce qu'on entend dans nos oreilles en ce début de XXIe siècle. Aujourd'hui, je veux te parler d'une chanson qui me touche particulièrement, mais pas n'importe quelle chanson "des gens qui doutent" écrite par Anne Sylvestre. L'œuvre d'une grande dame, d'une pionnière qui a beaucoup de choses inspirantes à nous transmettre. Prête à suivre mes élucubrations ? Welcome dans les BienvAillantes ! Petit coin du monde qui est le nôtre, un endroit où nous, femmes pleines d'ambition et mamans au grand cœur, venons échanger, s'inspirer et grandir ensemble. Moi, c'est Rozenn, coach certifiée spécialisée dans l'accompagnement de l'équilibre de vie des femmes. Je suis ta compagne de route sur ce chemin parfois chaotique, mais ô combien enrichissant quand on veut marier nos rêves professionnels, personnels et nos joies familiales. Alors j'étais dans ma voiture en train de faire les fameuses conduites du mercredi quand j'ai eu envie de réécouter cette chanson que j'avais déjà redécouverte il y a quelques années grâce à la version en live de Vincent Delerm qui est vraiment adaptée avec beaucoup de sensibilité. Et en l'écoutant, quelque chose s'est déclenché en moi. J'ai vraiment eu envie de parler de cette chanson qui me touche et finalement qui me touche de plus en plus. Et ceci pour plusieurs raisons. "J'aime les gens qui doutent, les gens qui trop écoutent leur cœur se balancer. J'aime le gens qui disent et qui se contredisent et sans se dénoncer. J'aime les gens qui tremblent que parfois ils ne semblent capables de juger. J'aime les gens qui passent moitié dans leurs godasses et moitié à côté". D'abord, dans cette chanson, il y a Anne Sylvestre. Et plus je travaille avec les femmes, et plus je deviens sensible à celles qui ont traçé un chemin avant nous. Et Anne Sylvestre, elle en fait partie. Parce qu'elle a pris la plume à une époque où les femmes étaient très peu nombreuses à le faire dans le milieu de la chanson. C'est à peu près l'époque de Georges Brassens, pour te situer. Un peu comme Barbara, elles ont toutes les deux été pionnières. Et elles ont fait entendre, malgré les conventions de l'époque, la voix des femmes. Anne-Sylvestre, c'est aussi une figure de mon enfance, puisque chez moi, on écoutait en boucle le 33 tours des fabulettes. Mais ça, c'est une autre histoire. Anne, c'est aussi un répertoire de dingue que j'ai découvert en étant adulte, avec des textes vibrants de profondeur, ultra sensibles sur les femmes. "Une sorcière comme les autres", "Frangine", "Ma chérie", "Clémence en vacances"... Voilà, quelques indices pour les curieux et les curieuses et aussi pour les poètes. Je veux te parler de cette chanson "Les gens qui doutent" parce qu'aujourd'hui, le doute, il me semble qu'il a disparu de nos vies. Que la certitude, elle est devenue une norme et cette norme-là, personnellement, elle me fait peur. Alors, quand je travaillais en entreprise, j'avais remarqué que parler avec aplomb, avec certitude, permettaient de marquer des points. Et qu'à l'inverse, les "peut-être", "je ne sais pas" ou "il faut vérifier" faisaient perdre de la crédibilité. Et ce, même si les personnes qui semblaient si sûres d'elles ne basaient pas du tout leur certitude sur des faits concrets! Non, c'était juste une posture, une manière de poser les choses. Et puis, depuis quelque temps, en fait, je suis frappée par Cette obsession ambiante de la certitude, du clivage. Et notamment chez les jeunes, sur les réseaux sociaux, dans les discussions, tout le monde semble avoir une opinion tranchée. Et ça, ça m'interroge parce que personnellement, je ne sais pas ce que c'était pour toi, quand j'étais adolescente, j'étais pleine de doute. J'étais indécise sur tout. Loin d'avoir des certitudes sur ce qui était bien, ce qui était mal, ce que je voulais, ce que je ne voulais pas, incapable de me positionner d'emblée. Mais aujourd'hui, j'observe cette assertivité exacerbée et je me demande si c'est juste une tendance passagère ou si c'est une évolution de la nature humaine. Et en tout cas, ça me fait peur pour mes enfants qui ont pris aussi cette habitude d'affirmer tout le temps et pour le monde. J'ai de plus en plus de discussions et de conversations avec des gens qui sont fermement convaincus de leur opinion, sans parler de la radio ou, pire encore, des débats politiques. Et ça, ça m'interroge en fait, parce qu'elle est partie où Cette partie de nous qui hésite, qui n'a pas encore d'avis, qui a besoin de temps pour réfléchir? Il est où le temps de la nuance, du questionnement ? Aujourd'hui, tout semble tellement marqué et clivé. On doit avoir un avis tranché et si possible tout de suite. Mais parfois, ce dont on a besoin, c'est de changer d'avis, c'est d'évoluer, c'est d'accepter. Et ça, ça ne semble vraiment plus du tout dans l'air du temps. enfin, sauf quand on est seul dans sa voiture et qu'on écoute Anne Sylvestre. Et d'ailleurs, j'entendais ça récemment à la radio, ça expliquait que le fonctionnement même des réseaux sociaux, il participe à cette polarisation. Parce que quand tu cliques sur une vidéo que tu aimes bien, l'algorithme, il va le remarquer et il va te proposer encore plus de contenus similaires. Et donc, ça va renforcer tes idées initiales. Et donc, ce fonctionnement-là, les réseaux sociaux, poussent de par leur fonctionnement creuser ces clivages et à garder tout le monde dans leur propre bulle d'opinion sans jamais être remis en question. C'est effrayant, non ? Donc, est-ce que c'est ça, la nourriture humaine que nous avons aujourd'hui ? Et donc, je pense aux jeunes mamans, ou aux moins jeunes d'ailleurs, que j'accompagne et qui doutent et qui se retrouvent souvent confrontées à des opinions si affirmées des autres, des opinions qu'elles se prennent comme un mur, en fait. Et ces femmes, elles finissent par se dire que quelque chose ne va pas chez elles, parce qu'elles, elles doutent. Mais moi, j'ai envie de leur dire que le doute, c'est merveilleux! Que le doute, c'est l'ouverture à l'autre, que c'est la curiosité, que c'est la capacité d'évoluer. Que le doute, ça permet de s'adapter, ça permet de grandir, ça permet de découvrir des nouvelles perspectives. Et qu'est-ce qu'il y a de mieux que le doute quand on éduque un enfant ? Qu'est-ce qu'il y a de plus sain que de savoir ne pas être dans l'affirmation tout le temps et se remettre en question? Douter, ça ne veut absolument pas dire être faible ou être mal barré dans la vie. On peut douter d'ailleurs tout en ayant parfaitement confiance. Confiance en soi, confiance en la vie, confiance en son enfant. On peut douter et se dire que tout ira bien, même si on n'a pas toutes les réponses là tout de suite. Alors à tous ceux qui doutent aujourd'hui, qui hésitent, qui se questionnent, j'ai envie de vous dire merci. Merci de garder cette attitude humaine, cette part de vie, de curiosité qui enrichit tellement nos échanges, nos relations et notre monde. Et pour conclure, je te laisse découvrir cette chanson magnifique, "les gens qui doutent" si tu ne la connais pas encore. J'ai découvert ce jour-là dans ma voiture la version de Coline Rio qui est absolument sublime, moderne et j'espère que tu l'apprécieras autant que moi. Si cet épisode t'a plu, bien que différent, si tu aimes globalement mon podcast, tu le sais peut-être, mais je te rappelle à quel point c'est super important pour moi :n'oublie pas de partager avec le monde entier mon travail, de me mettre une petite note sur l'appli de podcast ou sur YouTube et de t'abonner. Je t'embrasse bien fort et je te dis à la semaine prochaine. Ciao !