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Conseil Sport, le podcast bien-être, santé et nutrition de DECATHLON

[Coup de coeur] Le déclic de Laurianne Plaçais : devenir la première femme à remporter une épreuve sportive mixte

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21min |12/08/2025|

544

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21min |12/08/2025|

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Description

Une nouvelle histoire se prépare pour la chaîne. Avant de revenir très vite avec des épisodes inédits, on se replonge dans vos épisodes coups de cœur. Bonne écoute et à très bientôt !


Laurianne est championne du monde d’ultra-cyclisme : une épreuve de longue distance en totale autonomie. Elle est également reconnue pour être la première femme à avoir remporté une épreuve mixte dans cette discipline. 


C’est à 18 ans que son histoire avec le vélo débute alors qu’elle commence à pédaler pour s’occuper, changer d’air et puis se dépenser. Elle avale les kilomètres et découvre toutes les routes autour de chez elle. 


Aujourd’hui, nombre de kilomètres plus tard, elle est reconnue sur la scène internationale. 


En dehors, du sport, Laurianne est webdesigner et mène aussi, une vie de famille bien remplie.  


Dans cet épisode, elle se livre sur sa passion, sa relation au sport, à la compétition et, plus largement, sur comment le sport a déclenché chez elle un important bouleversement. Elle nous partage aussi sa vision des choses pour trouver l’équilibre dans sa vie de sportive et de femme épanouie. 


Conseil Sport, c’est le podcast bien-être, santé et nutrition made by DECATHLON pour prendre soin de vous, garder la forme et bien manger. On y parle sport, connaissance de soi, épanouissement, voyage... L’objectif ? S’informer, s’évader, se trouver de nouvelles manières de s’épanouir et de performer par le sport et le mouvement.


Chaque mercredi, Céciliane et Manon, sportives passionnées et journalistes chez Decathlon, vous proposent un nouvel épisode.


Retrouvez : “La réponse” (des interviews d’experte·s du sport et de la santé sur des sujets ciblés et d’actualité), “Le déclic” (des interviews de personnalités et influenceur·ses sur un déclic sportif, un événement qui a transformé leur vie) et “L’aventure” (le récit immersif d’une aventure sportive extraordinaire).


🎧🗣 Cet épisode vous a plu ? Abonnez-vous à l’émission pour être notifié•e des nouveaux épisodes. Parlez-en et partagez-le autour de vous ! Vous pouvez aussi nous laisser un commentaire et des étoiles sur Apple podcast ou Spotify, toute l’équipe a hâte de vous lire.


Le podcast Conseil Sport peut plaire à toutes celles et ceux qui veulent prendre soin d’eux, de leur corps, leur santé, leur bien être mental et physique, celles et ceux qui cherchent des conseils pour un lifestyle healthy, se remettre au sport, entretenir leur santé, que ce soit à travers la course à pied, le yoga, cyclisme, ou tout autre sport, ou encore mettre en place de bonnes habitudes d’alimentation, nutrition, ou enfin celles et ceux qui cherchent de l’inspiration à travers des récits d’aventures extraordinaires de personnes ordinaires, ou passer un bon moment en découvrant une nouvelle facette de leurs athlètes et créateur•ices de contenus préférés.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Rencontre,

  • Speaker #1

    rupture,

  • Speaker #0

    joie, échec, transformation, bonheur. Tout commence par un déclic. Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans ce nouvel épisode.

  • Speaker #1

    Vous écoutez le déclic de Lauriane Plassé.

  • Speaker #0

    Bonjour Lauriane.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Comment tu vas ?

  • Speaker #1

    Ça va très bien.

  • Speaker #0

    Je suis ravie de te recevoir aujourd'hui dans le déclic. Alors pour débuter cet épisode, je vais me permettre de commencer par te présenter. Lauriane, tu es championne du monde d'ultra-endurance BikingMan. On va commencer par ça. Et tu es en effet reconnue pour être la première femme à avoir remporté une épreuve d'ultra-cyclisme.

  • Speaker #1

    En France. En France,

  • Speaker #0

    oui. Pardon. Mais c'est que déjà...

  • Speaker #1

    Oui, oui, non, je préfère préciser.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Tu nous expliqueras davantage dans cet épisode ce que c'est l'ultracyclisme, mais il s'agit en bref d'épreuves de cyclisme de très longue distance, je pense qu'on peut le dire.

  • Speaker #1

    Ouais, et en autonomie totale.

  • Speaker #0

    En autonomie totale, exactement. Toi, l'extrême et le sport, c'est quelque chose qui te parle, tu es aujourd'hui familière et tu as aussi participé plusieurs fois à des triathlons dits extrêmes aussi, on en parlera dans cet épisode. Et je crois que tu as commencé à pédaler à l'âge de 18 ans pour t'occuper, changer d'air et puis te dépenser aussi. Bref, tu as commencé à avaler les kilomètres et à prendre toutes les routes autour de chez toi. et aujourd'hui je ne sais pas de quoi combien de kilomètres plus tard. Je ne sais même pas si toi, tu le sais, d'ailleurs. Non,

  • Speaker #1

    moi, je ne le sais pas. Strava, c'est depuis que j'ai Strava. Les petits numériques sont super intéressants pour ça. C'était déjà il y a quelques années. On m'avait dit, mais tu as déjà fait le tour de sa Terre.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    ce serait intéressant pour moi. Il y a plein d'années que je n'ai pas dessus, mais ce serait intéressant de regarder. Et là,

  • Speaker #0

    du coup, tu es à combien ?

  • Speaker #1

    Je ne sais pas. Je ne me réveille pas trop, mais sûrement plus de 100 000. Oui,

  • Speaker #0

    bon. Donc on va dire plus de 5000 kilomètres plus tard, tu es reconnue aujourd'hui sur la scène internationale. Et en dehors du sport, tu es webdesigner aussi dans la vie et tu as une vie de famille bien remplie. On en reparlera sûrement aussi dans cet épisode. Alors avant qu'on revienne sur tout ça, la première chose que j'ai envie de savoir, c'est ce que ça fait de se dire qu'on est championne et de se dire que finalement, personne n'a jamais fait mieux que soi sur cette épreuve. Moi, c'est un truc qui m'intrigue. Qu'est-ce que ça te fait, toi ? Est-ce que c'est un truc dont tu penses régulièrement ?

  • Speaker #1

    Non, pas du tout. C'est bizarre, c'est pas quelque chose qui me satisfait quelque part. C'est plutôt l'expérience que j'ai vécue, dont je suis pas forcément fière, mais je suis heureuse de l'avoir vécue. Et le titre, c'est un bonus que je suis allée chercher. Mais au quotidien, ça change pas ta vie. C'est surtout ça, je reste la même.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu dirais que tu es compétitive ou pas du tout ? Si,

  • Speaker #1

    beaucoup. Contre moi-même et contre les autres. Ça a toujours été un peu ça même à l'école.

  • Speaker #0

    Ok, donc c'est quelque chose d'inné pour chez toi ?

  • Speaker #1

    Ouais, c'est un peu... Je pense que c'est venu d'un besoin de reconnaissance par rapport à des événements plus personnels ou pour dire, moi aussi j'existe. C'est ma façon à moi de... Mais je suis quelqu'un d'hyper perfectionniste, c'est jamais assez bien. Et l'école c'était la compétition aussi pour moi.

  • Speaker #0

    La première compétition dont tu te souviens c'était à l'école justement ?

  • Speaker #1

    En fait, ce dont je me souviens, c'était la première fois entre guillemets où j'ai perdu. J'ai pas perdu, c'était des notes, c'était l'école. Mais j'avais déjà instauré une espèce de petite compétition comme ça au début du collège. Parce qu'en primaire, tu connais pas les notes et tout ça. Et c'est là que j'ai découvert que j'avais un esprit de compétition, de réussite en fait.

  • Speaker #0

    Et cet esprit de compétition, c'est un truc que t'entretiens ou qui reste là naturellement ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est tellement inné que j'aurais du mal à m'en séparer. Même si ce qui est bizarre, c'est que je dis que ce n'est pas ce que je recherche et tout ça. Mais je sais que si c'est un sujet que je maîtrise, je vais essayer de le maîtriser jusqu'au bout. Si c'est un truc que je ne maîtrise pas du tout, par contre, en fait, on ne va même pas... Si on me met sur une piste de ski, ça fait rire toutes les personnes et surtout mes collègues avec qui j'ai déjà skié. Je suis derrière, je ne suis pas, tout le monde m'attend, mais je m'en fous totalement parce que je sais que je ne maîtrise pas en fait. Par contre, si on me met sur un vélo, j'ai un chien derrière un os.

  • Speaker #0

    Et du coup, est-ce qu'à l'inverse, des fois, ça ne te desserre pas cet esprit de compétition ?

  • Speaker #1

    Oui, dans certaines situations, ce n'est pas très sain, en fait.

  • Speaker #0

    Et comment tu gères ça, du coup ?

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si je le gère.

  • Speaker #0

    Comment tu as commencé à t'orienter vers les défis, la compétition et vers le sport extrême ?

  • Speaker #1

    Quand j'ai commencé le triathlon, j'ai tout de suite été entraînée dans un groupe qui préparait la longue distance, 3,8 km de natation, 180 km de vélo et un marathon. dans le club que j'avais intégré. J'ai tout de suite eu, pas des capacités sur le long, mais une appétence. Et je pense que physiologiquement, je ne suis pas faite pour le cours, pour les sports courts et intenses, et plutôt pour des sports comme ça. Et c'est là que je trouvais mon plaisir. Et je me souviens, on m'avait dit, mais si tu commences l'Aironman à 23 ans, qu'est-ce que tu vas faire après ? Parce que dans la tête de certaines personnes, c'était on commence par les petites distances, et puis on monte, et puis si ça se trouve, on n'en fera jamais. Si ça se trouve, ce sera dans 10 ans. Qui se lancera sur la longue distance ? C'est moi, non ? Je ne me suis même pas posé de question. C'était la longue distance directe. La longue distance, c'est 11 heures d'effort. Par rapport à ce que je fais maintenant, ça ne fait pas grand-chose. C'est la même préparation. Je veux dire, c'est le même temps de préparation au final.

  • Speaker #0

    Tu parlais du plaisir que ça te procurerait. Justement, le plaisir, tu le trouves plus dans la préparation, pendant l'effort ou après l'effort ?

  • Speaker #1

    Pas après.

  • Speaker #0

    Ah non,

  • Speaker #1

    ok. Non, c'est plus dans l'instant, en fait. C'est vraiment dans le moment où je suis sur le vélo. J'ai fait de la course à pied. La course à pied, c'est tellement ingrat qu'en fait, on est dans la course à pied. Oui, mais je veux dire, une fois qu'on est... En fait, on souffre quand on court. Enfin, moi, je souffre quand on court, à chaque fois que je cours. Et on est super bien quand on arrête. Et moi, c'est plutôt le plaisir que ça amène et tout ce qu'on fait quand je suis sur le vélo, en fait. Quand je suis dessus et que je roule, quoi.

  • Speaker #0

    Mais tu souffres quand même parfois à vélo. Oui,

  • Speaker #1

    mais en fait, le cerveau, il oublie.

  • Speaker #0

    Et justement, est-ce que tu n'es pas un peu hors du temps quand tu fais des... Ce genre de compétition.

  • Speaker #1

    Dans les courses, c'est ça que j'aime bien aussi. C'est qu'on déconnecte du jour, de la nuit, des horaires, de tout. Moi, je suis dans une bulle totale. Il y a même des moments où tu oublies quel jour on est, tu oublies quelle heure il est. Il n'y a plus toute la notion sociale et d'obligation. J'ai un quotidien qui est hyper rythmé par les horaires, par tout. Il faut s'organiser. et puis que c'est la... J'ai des horaires d'école, j'ai des horaires du boulot, il y a tout ça, l'horaire du coucher pour ma fille, on a le nez rivé sur le temps tout le temps. Et là, t'as faim, tu manges, t'es fatiguée, tu dors même si il est 14h, tu fais une sieste, tu roules toute la nuit. En fait, c'est quelques jours dans l'année qui permettent de complètement déconnecter et moi c'est une façon un peu de, pas de respirer, mais de faire un petit reset par rapport au quotidien. En fait,

  • Speaker #0

    tu reviens à des choses très primaires, finalement. Oui,

  • Speaker #1

    et puis il y a plusieurs choses aussi que j'aime bien dans ces moments-là. C'est qu'en fait, il y a tout le quotidien, les obligations de ménage de rangement, des choses pas super... Et pas super... Ouais, qui disparaissent. Il y a tout le côté, parce qu'on est vachement connectés aussi, réseaux sociaux et tout, où je n'y touche pas du tout. Je déconnecte aussi totalement de ça. Moi, je ne touche pas du tout au téléphone de toute la course. C'est vraiment une déconnexion.

  • Speaker #0

    Et justement, à quoi tu penses quand tu es dans le dur, dans ces moments-là ? Tu es tellement déconnectée de tout, qu'est-ce qui te fait tenir ? Est-ce que du coup, c'est le fait de repenser justement à cette vie que tu as à côté ?

  • Speaker #1

    Je sais, ça fait plusieurs fois qu'on me pose la question, j'ai du mal à le définir. Je sais que dans les moments très durs, en fait, je me sors de la douleur et j'essaie de penser à autre chose. Peut-être de m'ancrer, par exemple, plus dans le... paysage, vraiment profiter de me dire que t'es mal, mais t'es là et tu pourrais être à un autre endroit où t'es pas bien en fait et ça tout de suite en fait ça fait relativiser et tu dis bah t'es mal mais profites-en parce que c'est toi qui as choisi d'être là et tu serais pas là, tu serais ailleurs t'aurais envie d'être là en fait en inversant le mode de pensée après tu te rends compte que 2-3 heures après ça va mieux quoi.

  • Speaker #0

    J'ai expliqué brièvement ce que c'était l'ultra distance, le bikeman, tout ça. Est-ce que tu peux nous expliquer davantage ce que c'est ? Est-ce qu'il fait la particularité de ces épreuves-là ?

  • Speaker #1

    Alors, le bikeman, c'est des courses de 1000 kilomètres, entre 20 et 26 000 de dénivelé positif, en totale autonomie. Donc, pas d'aide extérieure, on roule tout seul et pas en peloton. On se débrouille pour manger, boire, dormir, réparer son vélo, s'il nous arrive une coquille. et on a un tracés à suivre sur notre GPS qui est donné, on nous donne la trace et on suit tous le même tracé et on a 2 à 3 points de contrôle sur la course on va pointer notre carte et voir du monde aussi, c'est hyper important à préciser, c'est qu'on fait un truc seul, mais il y a une organisation il y a des gens qu'on retrouve à chaque fois c'est des gens qu'on voit et en fait on passe pas je sais pas, 50, 60 heures seul, c'est des petites portions seules et après on voit quand même du monde ... et je sais pas si j'étais seule sur 60 heures si j'irais quoi en fait parce que c'est aussi difficile de se retrouver comme ça sans parler à personne parce que souvent les concurrents autour de moi ils parlent très peu en fait Il n'y a qu'une exception dans ce que je liste. Un concurrent, lui, il déconne et tout ça, mais souvent, ils sont dans leur bulle. Tu leur parles, ils ont les écouteurs, ils ne les retirent même pas. C'est assez spécial, surtout sur l'avant de la course. Je pense que quand tu passes un peu derrière, l'ambiance est moins compétition, moins peut-être concentrée aussi. Mais oui, c'est difficile de parler avec tes concurrents pendant la course.

  • Speaker #0

    Mais du coup, c'est quoi le... Je me dis, qu'est-ce que tu cherches, toi, avec l'ultra-distance ? parce que... C'est d'aller voir jusqu'où peut aller ton corps et ta tête ?

  • Speaker #1

    Il y a une partie de ça, c'est toute la liberté que ça met. C'est vrai que j'aime bien chercher mes limites. Ce n'est pas volontaire, mais je sais qu'inconsciemment, ce n'est pas marrant, mais on se rend compte qu'on est capable de beaucoup plus que ce qu'on pense.

  • Speaker #0

    Et même après toutes ces années de pratique, tu arrives encore à te dire que tu pourras toujours faire mieux ou tu ne te dis pas qu'un jour tu vas atteindre un palier où tu vas toujours chercher à repousser ses limites.

  • Speaker #1

    Après, j'essaye de donner le meilleur à l'instant T. Ça fait deux ans que j'en fais. Après, j'ai fait du triathlon et tout. Après, il y a aussi la notion de plaisir. Si je suis au maximum, je donne mon maximum à ce moment-là. Je ne cherche pas forcément à être la meilleure. C'est surtout que je me prépare pour que la chose passe bien le jour J et que ce ne soit pas une souffrance tout le long. Puis que ça se passe facilement.

  • Speaker #0

    L'endurance et la résistance, est-ce que tu penses que... T'as l'impression qu'on le gère mieux. Quand on est une femme, on dit souvent que les femmes ont une meilleure tolérance à la douleur, ce genre de choses.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu...

  • Speaker #1

    Je sais pas.

  • Speaker #0

    C'est difficile parce qu'on est pas dans le corps d'un homme.

  • Speaker #1

    Exactement. Et puis, moi, je le disais, je vois souvent, en fait, autour de moi, on dit ça, et autour de moi, tu dis que t'as mal à la tête au boulot, et là, t'as 40 personnes qui te proposent de l'oliprane, et c'est des femmes, souvent. Donc, je dis, on a une meilleure résistance à la douleur ? Je ne sais pas. Peut-être qu'on n'en parle pas pareil. Après, il y a la douleur, puis la douleur physique quand on fait du sport et tout ça. Ça, c'est une question. Je viens de savoir au niveau de la science ce que tu as dit, en fait.

  • Speaker #0

    Et je te parlais de cette notion d'endurance parce que tu le disais aussi au début de l'épisode que toi, tu avais l'impression que tu étais physiologiquement fait pour faire de la résistance. Comment tu l'expliques ? Comment tu le ressens, ça ?

  • Speaker #1

    C'est simple. Tous les efforts physiques intenses, et oui, il faut être rapide, je n'y arrive pas. J'ai l'impression de me battre contre l'air, contre tout. Si je fais une séance intense, je ne récupère pas. Je me souviens, j'ai fait une année de demi-fonds, on faisait des sprints, et ils étaient au milieu de la piste, et moi, j'avais fait 5 mètres. J'y arrivais pas, j'y arrivais pas à courir vite.

  • Speaker #0

    Mais c'est intéressant de se dire que t'as réussi à t'écouter et à trouver le type d'épreuve qui te correspondait à ton mental et à ton corps.

  • Speaker #1

    En fait, ce que j'ai fait, c'est que je suis allée dans mon point fort. J'ai pas essayé de m'acharner, j'ai essayé de progresser sur des points faibles. Et j'ai trouvé un peu, oui, l'épreuve qui me correspond bien.

  • Speaker #0

    Et selon toi, c'est ça, se concentrer sur ses points forts, le secret pour performer ?

  • Speaker #1

    Moi, c'est toujours un peu ce que j'ai pensé. C'est qu'en ayant fait du triathlon, je me suis longtemps acharnée. J'ai appris à nager à 24 ans. Quand j'ai commencé la première année où j'ai fait du triathlon, je faisais ça en brasse, la tête hors de l'eau, je précise. En fait, j'ai passé, mais parfois, j'allais nager tous les soirs avec le club et je ne progressais pas. Et quand je regarde l'énergie que j'ai mise pour gagner 5 centièmes au 100, Sur plusieurs années, j'ai fait l'effet inverse. Je préfère travailler les points forts que les gros points faibles qui ne sont pas si handicapants.

  • Speaker #0

    Et toutes ces méthodes de travail, d'entraînement, ça te sert aussi dans ta vie à côté ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est le caractère que j'ai qui fait que si c'est des gros projets, j'en ai eu deux ces dernières années, je mets le même investissement que sur une course. Sur la fin, je suis capable de travailler, de bosser 24 heures sur 24 pour que ce soit à l'heure. Et ouais, j'ai le même investissement et je n'abandonne rien. C'est pareil, c'est le même engagement.

  • Speaker #0

    La particularité de cette épreuve, c'est aussi qu'elle est mixte. C'est une force pour toi ? Tu penses que c'est un gros plus ? Ça t'a encouragée vers ce sport-là ou tu ne t'es pas orientée ?

  • Speaker #1

    Je ne me suis pas trop posé la question. Après, c'est vrai que ça n'aurait été qu'un sport. Un truc où il n'y aurait que des femmes, je ne sais pas si j'y serais allée. C'est une force que ce ne soit pas genré, mais ça c'est pour toutes les épreuves de cyclo. Je parle qu'en public, quoi. Parce que je ne vais pas parler du cyclisme pro. Après, ça permet de se mesurer aux hommes, quoi. Donc, pour moi, c'est... Ouais, c'est sympa.

  • Speaker #0

    Et surtout que tu dis de se mesurer, mais toi, surtout que tu les as battues. Oui,

  • Speaker #1

    ouais, ouais. En fait, ouais, je fais la course avec des humains, en fait. Pas la course avec des hommes, mais des femmes, ouais.

  • Speaker #0

    Et est-ce qu'avant de gagner, justement, aux hommes, tu te disais un peu au fond de toi que ce n'était pas possible ?

  • Speaker #1

    Oui. Oui, déjà moi avant de commencer l'ultra, je me disais que ce n'était pas possible de faire, je ne m'en sentais pas capable en fait. Et c'est le premier que j'ai fait où j'ai vu que c'était possible.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce qui a fait justement que c'était possible ? L'entraînement ?

  • Speaker #1

    C'était vraiment dans la course en fait. On passe un cap, le 200, le 300 qu'on n'a jamais fait, le 400, puis en fait après c'est pareil quoi. 400, 500, 600, 700. C'est toujours un peu le même engagement physique en fait.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu avais un peu l'impression d'essuyer les plâtres en étant la première femme à remporter ce type d'épreuve ? Ou tu as l'impression que ça a été un peu dur à assumer au niveau des réactions autour de toi ?

  • Speaker #1

    Pour moi, oui. Si, si. Des fois, j'ai regretté à certains moments de ne pas avoir été un homme. Ça m'a dit que j'aurais été plus tranquille en fait. J'ai regretté la première victoire que j'ai eue en juillet 2022. Après, il y a des trucs qui se sont mal passés. J'ai regretté d'avoir gagné presque.

  • Speaker #0

    Et aujourd'hui, ce n'est plus le cas ?

  • Speaker #1

    Non, parce que c'était des cons en face.

  • Speaker #0

    C'est ce qu'il faudrait savoir. Selon toi, quelles sont les barrières que les femmes se mettent parfois avant de se lancer et se bloquent pour se lancer dans le genre d'épreuve ? Même les barrières que toi, tu as pu te mettre aussi.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si c'est déjà son sentir capable. Moi, je ne sais pas mon ressenti. Mais il y en a beaucoup qui parlent de la peur, rouler la nuit, des choses comme ça. Mais en fait, moi, je n'ai jamais ressenti d'insécurité. par rapport à ça.

  • Speaker #0

    Et toi, justement, c'est quoi ton insécurité dans le sport ? Qu'est-ce qui te fait peur dans ces épreuves-là ?

  • Speaker #1

    Moi, ce serait plus de me faire renverser par une voiture, par des choses que je ne peux pas maîtriser, en fait. Je me suis déjà fait renverser par une voiture qui roulait en sens inverse. Donc, je n'ai pas pu l'éviter. Et ça, c'est vrai, c'est des choses auxquelles j'essaie de ne pas penser pendant la course, mais qui me font peur, parce que ça veut dire que ça arrête tout et tu n'en es pas responsable. Tu grilles un feu, tu te fais renverser. tu sais que tu as joué avec le feu mais là... Ces petits points auxquels il ne faut pas penser pendant la course.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu aurais envie que les gens retiennent de tes performances et de toi ?

  • Speaker #1

    C'est la sincérité, l'honnêteté et le fait de faire ça en travaillant, en ayant une vie de famille, en arrivant à tout gérer et pas en faisant ça. en loisirs déguisés, où j'ai tout mon temps pour moi. Je vais faire ma sortie vélo, je me mets sur mon canapé. C'est plutôt là où je tiens un peu de, pas de la fierté, mais de la satisfaction de réussir à performer à ce niveau-là en ayant un travail à temps complet et une vie sociale normale.

  • Speaker #0

    C'est pas pesant parfois d'avoir cette vie tout le temps à 100 à l'heure ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est pour ça que les courses sont là parfois pour souffler. Après, moi, une fois que je suis sur le vélo, c'est vraiment un moment où je souffle aussi et où je déconnecte. Donc finalement, ça fait partie de l'équilibre.

  • Speaker #0

    Parce que j'ai tendance à me dire, tu vois, moi, je fais beaucoup de courses à pied et je trouve que justement, quand tu fais du sport comme ça, tu réfléchis beaucoup et des fois,

  • Speaker #1

    c'est difficile de déconnecter. C'est vrai, c'est assez bizarre parce que moi, je sais que si je vais rouler le midi, je pense au boulot, mais inconsciemment, il y a plein de trucs qui se débloquent. Il y a des trucs que j'arrive à... mais en fait, il fallait faire comme ça ou... Mais il y a aussi ce côté où, au bout d'un moment, je sens que j'ai déconnecté et que je me dis « ça y est, là, je peux y retourner » . C'est vraiment flagrant. On a passé la matinée sur l'ordinateur, on a un peu voilé. Puis au bout d'un moment, tout s'ouvre et au bout d'une heure, une heure vingt, c'est reset et on est prêt à repartir totalement frais.

  • Speaker #0

    Il y a un côté méditatif en fait dans les sports. Oui,

  • Speaker #1

    je ne sais pas, mais je sens vraiment à chaque fois une espèce de... Pas de déclic, mais se dire, ça y est, ça va mieux.

  • Speaker #0

    Tu parlais de déclic. Oui,

  • Speaker #1

    je ne me souviens pas.

  • Speaker #0

    Ce podcast, ça a été quoi pour toi ton plus gros déclic ? Que ce soit sportif ou pas, mais j'imagine qu'il a forcément un petit lien avec le sport.

  • Speaker #1

    Oui, le sport m'a aidée à prendre confiance en moi, à sortir de schémas qui n'étaient pas forcément super. et tout ça, ouais, ça m'a mis un... c'est quelque chose qui est constructeur en fait pour moi je sais pas comment l'exprimer mais ouais c'est euh C'est un peu une renaissance grâce au sport. Oui,

  • Speaker #0

    c'est fort de dire ça. Qu'est-ce qu'on peut te souhaiter ? Tu es déjà championne aujourd'hui,

  • Speaker #1

    mais qu'est-ce qu'on peut te souhaiter ? Continuer à prendre du plaisir. Ce que je fais, c'est quand même le plus important. Des fois, on voit des gens qui s'acharnent pour avoir des résultats, mais au final, le résultat, moi, je n'en tire pas de plaisir. C'est ça que je me dis. Il vaut mieux avoir du plaisir sur le moment que le plaisir d'un résultat qui ne te change pas ton quotidien. C'est dans les faits.

  • Speaker #0

    C'est intéressant, ça veut dire que même à haut niveau, le sport doit rester un plaisir.

  • Speaker #1

    Oui, parce que pour moi, c'est du sport amateur, ça reste un loisir. Donc, il ne faudrait pas que ça devienne une contrainte.

  • Speaker #0

    C'est jamais une contrainte, justement,

  • Speaker #1

    pour toi d'aller te reconnaître ? Non, la contrainte, c'est de ne pas pouvoir sortir, en fait. C'est quand je ne peux pas sortir, c'est plus la contrainte, elle est plus là. Moi, sortir, c'est jamais, même sous la pluie, j'ai jamais de problème de motivation, d'envie, de devoir y aller.

  • Speaker #0

    C'est de la discipline aussi, peut-être.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas. Ouais, il y a peut-être un peu de ça, mais j'y trouve toujours mon compte. Ça, c'est chouette.

  • Speaker #0

    Super. Merci beaucoup, Lauriane, pour ton témoignage. Est-ce que tu peux nous dire où est-ce qu'on peut te suivre, peut-être sur les réseaux sociaux ?

  • Speaker #1

    Sur les réseaux sociaux, je crois que c'est lauriane.placé. Sur Instagram, je suis... pas trop présente sur les réseaux sociaux. J'ai Instagram et c'est tout.

  • Speaker #0

    Et alors, quelles sont les prochaines épreuves sportives sur lesquelles on pourra te retrouver ?

  • Speaker #1

    Je prépare le Bikiman Sri Lanka qui est fin avril. C'est un peu spécial, je le fais en duo avec mon mari. Ce sera plus l'aventure et la course. Et après, je pense qu'il y aura une autre vraie course dans la saison, une ou deux.

  • Speaker #0

    Bon, débat en longue idée.

  • Speaker #1

    J'aime pas trop planifier, donc on verra après comment je vais récupérer.

  • Speaker #0

    Peut-être que ça fait aussi partie du sport plaisir, ça de pas trop planifier. Oui,

  • Speaker #1

    j'ai du mal. Tout planifier, tout ça, j'aime bien faire décider à la dernière minute.

  • Speaker #0

    C'est une belle approche du sport. Merci beaucoup, Lauriane, pour ton partage et puis à bientôt et plein de succès dans tes prochains projets.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager et à en parler autour de vous. Qui sait, il n'est peut-être pas si loin, ce déclic.

Description

Une nouvelle histoire se prépare pour la chaîne. Avant de revenir très vite avec des épisodes inédits, on se replonge dans vos épisodes coups de cœur. Bonne écoute et à très bientôt !


Laurianne est championne du monde d’ultra-cyclisme : une épreuve de longue distance en totale autonomie. Elle est également reconnue pour être la première femme à avoir remporté une épreuve mixte dans cette discipline. 


C’est à 18 ans que son histoire avec le vélo débute alors qu’elle commence à pédaler pour s’occuper, changer d’air et puis se dépenser. Elle avale les kilomètres et découvre toutes les routes autour de chez elle. 


Aujourd’hui, nombre de kilomètres plus tard, elle est reconnue sur la scène internationale. 


En dehors, du sport, Laurianne est webdesigner et mène aussi, une vie de famille bien remplie.  


Dans cet épisode, elle se livre sur sa passion, sa relation au sport, à la compétition et, plus largement, sur comment le sport a déclenché chez elle un important bouleversement. Elle nous partage aussi sa vision des choses pour trouver l’équilibre dans sa vie de sportive et de femme épanouie. 


Conseil Sport, c’est le podcast bien-être, santé et nutrition made by DECATHLON pour prendre soin de vous, garder la forme et bien manger. On y parle sport, connaissance de soi, épanouissement, voyage... L’objectif ? S’informer, s’évader, se trouver de nouvelles manières de s’épanouir et de performer par le sport et le mouvement.


Chaque mercredi, Céciliane et Manon, sportives passionnées et journalistes chez Decathlon, vous proposent un nouvel épisode.


Retrouvez : “La réponse” (des interviews d’experte·s du sport et de la santé sur des sujets ciblés et d’actualité), “Le déclic” (des interviews de personnalités et influenceur·ses sur un déclic sportif, un événement qui a transformé leur vie) et “L’aventure” (le récit immersif d’une aventure sportive extraordinaire).


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Rencontre,

  • Speaker #1

    rupture,

  • Speaker #0

    joie, échec, transformation, bonheur. Tout commence par un déclic. Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans ce nouvel épisode.

  • Speaker #1

    Vous écoutez le déclic de Lauriane Plassé.

  • Speaker #0

    Bonjour Lauriane.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Comment tu vas ?

  • Speaker #1

    Ça va très bien.

  • Speaker #0

    Je suis ravie de te recevoir aujourd'hui dans le déclic. Alors pour débuter cet épisode, je vais me permettre de commencer par te présenter. Lauriane, tu es championne du monde d'ultra-endurance BikingMan. On va commencer par ça. Et tu es en effet reconnue pour être la première femme à avoir remporté une épreuve d'ultra-cyclisme.

  • Speaker #1

    En France. En France,

  • Speaker #0

    oui. Pardon. Mais c'est que déjà...

  • Speaker #1

    Oui, oui, non, je préfère préciser.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Tu nous expliqueras davantage dans cet épisode ce que c'est l'ultracyclisme, mais il s'agit en bref d'épreuves de cyclisme de très longue distance, je pense qu'on peut le dire.

  • Speaker #1

    Ouais, et en autonomie totale.

  • Speaker #0

    En autonomie totale, exactement. Toi, l'extrême et le sport, c'est quelque chose qui te parle, tu es aujourd'hui familière et tu as aussi participé plusieurs fois à des triathlons dits extrêmes aussi, on en parlera dans cet épisode. Et je crois que tu as commencé à pédaler à l'âge de 18 ans pour t'occuper, changer d'air et puis te dépenser aussi. Bref, tu as commencé à avaler les kilomètres et à prendre toutes les routes autour de chez toi. et aujourd'hui je ne sais pas de quoi combien de kilomètres plus tard. Je ne sais même pas si toi, tu le sais, d'ailleurs. Non,

  • Speaker #1

    moi, je ne le sais pas. Strava, c'est depuis que j'ai Strava. Les petits numériques sont super intéressants pour ça. C'était déjà il y a quelques années. On m'avait dit, mais tu as déjà fait le tour de sa Terre.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    ce serait intéressant pour moi. Il y a plein d'années que je n'ai pas dessus, mais ce serait intéressant de regarder. Et là,

  • Speaker #0

    du coup, tu es à combien ?

  • Speaker #1

    Je ne sais pas. Je ne me réveille pas trop, mais sûrement plus de 100 000. Oui,

  • Speaker #0

    bon. Donc on va dire plus de 5000 kilomètres plus tard, tu es reconnue aujourd'hui sur la scène internationale. Et en dehors du sport, tu es webdesigner aussi dans la vie et tu as une vie de famille bien remplie. On en reparlera sûrement aussi dans cet épisode. Alors avant qu'on revienne sur tout ça, la première chose que j'ai envie de savoir, c'est ce que ça fait de se dire qu'on est championne et de se dire que finalement, personne n'a jamais fait mieux que soi sur cette épreuve. Moi, c'est un truc qui m'intrigue. Qu'est-ce que ça te fait, toi ? Est-ce que c'est un truc dont tu penses régulièrement ?

  • Speaker #1

    Non, pas du tout. C'est bizarre, c'est pas quelque chose qui me satisfait quelque part. C'est plutôt l'expérience que j'ai vécue, dont je suis pas forcément fière, mais je suis heureuse de l'avoir vécue. Et le titre, c'est un bonus que je suis allée chercher. Mais au quotidien, ça change pas ta vie. C'est surtout ça, je reste la même.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu dirais que tu es compétitive ou pas du tout ? Si,

  • Speaker #1

    beaucoup. Contre moi-même et contre les autres. Ça a toujours été un peu ça même à l'école.

  • Speaker #0

    Ok, donc c'est quelque chose d'inné pour chez toi ?

  • Speaker #1

    Ouais, c'est un peu... Je pense que c'est venu d'un besoin de reconnaissance par rapport à des événements plus personnels ou pour dire, moi aussi j'existe. C'est ma façon à moi de... Mais je suis quelqu'un d'hyper perfectionniste, c'est jamais assez bien. Et l'école c'était la compétition aussi pour moi.

  • Speaker #0

    La première compétition dont tu te souviens c'était à l'école justement ?

  • Speaker #1

    En fait, ce dont je me souviens, c'était la première fois entre guillemets où j'ai perdu. J'ai pas perdu, c'était des notes, c'était l'école. Mais j'avais déjà instauré une espèce de petite compétition comme ça au début du collège. Parce qu'en primaire, tu connais pas les notes et tout ça. Et c'est là que j'ai découvert que j'avais un esprit de compétition, de réussite en fait.

  • Speaker #0

    Et cet esprit de compétition, c'est un truc que t'entretiens ou qui reste là naturellement ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est tellement inné que j'aurais du mal à m'en séparer. Même si ce qui est bizarre, c'est que je dis que ce n'est pas ce que je recherche et tout ça. Mais je sais que si c'est un sujet que je maîtrise, je vais essayer de le maîtriser jusqu'au bout. Si c'est un truc que je ne maîtrise pas du tout, par contre, en fait, on ne va même pas... Si on me met sur une piste de ski, ça fait rire toutes les personnes et surtout mes collègues avec qui j'ai déjà skié. Je suis derrière, je ne suis pas, tout le monde m'attend, mais je m'en fous totalement parce que je sais que je ne maîtrise pas en fait. Par contre, si on me met sur un vélo, j'ai un chien derrière un os.

  • Speaker #0

    Et du coup, est-ce qu'à l'inverse, des fois, ça ne te desserre pas cet esprit de compétition ?

  • Speaker #1

    Oui, dans certaines situations, ce n'est pas très sain, en fait.

  • Speaker #0

    Et comment tu gères ça, du coup ?

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si je le gère.

  • Speaker #0

    Comment tu as commencé à t'orienter vers les défis, la compétition et vers le sport extrême ?

  • Speaker #1

    Quand j'ai commencé le triathlon, j'ai tout de suite été entraînée dans un groupe qui préparait la longue distance, 3,8 km de natation, 180 km de vélo et un marathon. dans le club que j'avais intégré. J'ai tout de suite eu, pas des capacités sur le long, mais une appétence. Et je pense que physiologiquement, je ne suis pas faite pour le cours, pour les sports courts et intenses, et plutôt pour des sports comme ça. Et c'est là que je trouvais mon plaisir. Et je me souviens, on m'avait dit, mais si tu commences l'Aironman à 23 ans, qu'est-ce que tu vas faire après ? Parce que dans la tête de certaines personnes, c'était on commence par les petites distances, et puis on monte, et puis si ça se trouve, on n'en fera jamais. Si ça se trouve, ce sera dans 10 ans. Qui se lancera sur la longue distance ? C'est moi, non ? Je ne me suis même pas posé de question. C'était la longue distance directe. La longue distance, c'est 11 heures d'effort. Par rapport à ce que je fais maintenant, ça ne fait pas grand-chose. C'est la même préparation. Je veux dire, c'est le même temps de préparation au final.

  • Speaker #0

    Tu parlais du plaisir que ça te procurerait. Justement, le plaisir, tu le trouves plus dans la préparation, pendant l'effort ou après l'effort ?

  • Speaker #1

    Pas après.

  • Speaker #0

    Ah non,

  • Speaker #1

    ok. Non, c'est plus dans l'instant, en fait. C'est vraiment dans le moment où je suis sur le vélo. J'ai fait de la course à pied. La course à pied, c'est tellement ingrat qu'en fait, on est dans la course à pied. Oui, mais je veux dire, une fois qu'on est... En fait, on souffre quand on court. Enfin, moi, je souffre quand on court, à chaque fois que je cours. Et on est super bien quand on arrête. Et moi, c'est plutôt le plaisir que ça amène et tout ce qu'on fait quand je suis sur le vélo, en fait. Quand je suis dessus et que je roule, quoi.

  • Speaker #0

    Mais tu souffres quand même parfois à vélo. Oui,

  • Speaker #1

    mais en fait, le cerveau, il oublie.

  • Speaker #0

    Et justement, est-ce que tu n'es pas un peu hors du temps quand tu fais des... Ce genre de compétition.

  • Speaker #1

    Dans les courses, c'est ça que j'aime bien aussi. C'est qu'on déconnecte du jour, de la nuit, des horaires, de tout. Moi, je suis dans une bulle totale. Il y a même des moments où tu oublies quel jour on est, tu oublies quelle heure il est. Il n'y a plus toute la notion sociale et d'obligation. J'ai un quotidien qui est hyper rythmé par les horaires, par tout. Il faut s'organiser. et puis que c'est la... J'ai des horaires d'école, j'ai des horaires du boulot, il y a tout ça, l'horaire du coucher pour ma fille, on a le nez rivé sur le temps tout le temps. Et là, t'as faim, tu manges, t'es fatiguée, tu dors même si il est 14h, tu fais une sieste, tu roules toute la nuit. En fait, c'est quelques jours dans l'année qui permettent de complètement déconnecter et moi c'est une façon un peu de, pas de respirer, mais de faire un petit reset par rapport au quotidien. En fait,

  • Speaker #0

    tu reviens à des choses très primaires, finalement. Oui,

  • Speaker #1

    et puis il y a plusieurs choses aussi que j'aime bien dans ces moments-là. C'est qu'en fait, il y a tout le quotidien, les obligations de ménage de rangement, des choses pas super... Et pas super... Ouais, qui disparaissent. Il y a tout le côté, parce qu'on est vachement connectés aussi, réseaux sociaux et tout, où je n'y touche pas du tout. Je déconnecte aussi totalement de ça. Moi, je ne touche pas du tout au téléphone de toute la course. C'est vraiment une déconnexion.

  • Speaker #0

    Et justement, à quoi tu penses quand tu es dans le dur, dans ces moments-là ? Tu es tellement déconnectée de tout, qu'est-ce qui te fait tenir ? Est-ce que du coup, c'est le fait de repenser justement à cette vie que tu as à côté ?

  • Speaker #1

    Je sais, ça fait plusieurs fois qu'on me pose la question, j'ai du mal à le définir. Je sais que dans les moments très durs, en fait, je me sors de la douleur et j'essaie de penser à autre chose. Peut-être de m'ancrer, par exemple, plus dans le... paysage, vraiment profiter de me dire que t'es mal, mais t'es là et tu pourrais être à un autre endroit où t'es pas bien en fait et ça tout de suite en fait ça fait relativiser et tu dis bah t'es mal mais profites-en parce que c'est toi qui as choisi d'être là et tu serais pas là, tu serais ailleurs t'aurais envie d'être là en fait en inversant le mode de pensée après tu te rends compte que 2-3 heures après ça va mieux quoi.

  • Speaker #0

    J'ai expliqué brièvement ce que c'était l'ultra distance, le bikeman, tout ça. Est-ce que tu peux nous expliquer davantage ce que c'est ? Est-ce qu'il fait la particularité de ces épreuves-là ?

  • Speaker #1

    Alors, le bikeman, c'est des courses de 1000 kilomètres, entre 20 et 26 000 de dénivelé positif, en totale autonomie. Donc, pas d'aide extérieure, on roule tout seul et pas en peloton. On se débrouille pour manger, boire, dormir, réparer son vélo, s'il nous arrive une coquille. et on a un tracés à suivre sur notre GPS qui est donné, on nous donne la trace et on suit tous le même tracé et on a 2 à 3 points de contrôle sur la course on va pointer notre carte et voir du monde aussi, c'est hyper important à préciser, c'est qu'on fait un truc seul, mais il y a une organisation il y a des gens qu'on retrouve à chaque fois c'est des gens qu'on voit et en fait on passe pas je sais pas, 50, 60 heures seul, c'est des petites portions seules et après on voit quand même du monde ... et je sais pas si j'étais seule sur 60 heures si j'irais quoi en fait parce que c'est aussi difficile de se retrouver comme ça sans parler à personne parce que souvent les concurrents autour de moi ils parlent très peu en fait Il n'y a qu'une exception dans ce que je liste. Un concurrent, lui, il déconne et tout ça, mais souvent, ils sont dans leur bulle. Tu leur parles, ils ont les écouteurs, ils ne les retirent même pas. C'est assez spécial, surtout sur l'avant de la course. Je pense que quand tu passes un peu derrière, l'ambiance est moins compétition, moins peut-être concentrée aussi. Mais oui, c'est difficile de parler avec tes concurrents pendant la course.

  • Speaker #0

    Mais du coup, c'est quoi le... Je me dis, qu'est-ce que tu cherches, toi, avec l'ultra-distance ? parce que... C'est d'aller voir jusqu'où peut aller ton corps et ta tête ?

  • Speaker #1

    Il y a une partie de ça, c'est toute la liberté que ça met. C'est vrai que j'aime bien chercher mes limites. Ce n'est pas volontaire, mais je sais qu'inconsciemment, ce n'est pas marrant, mais on se rend compte qu'on est capable de beaucoup plus que ce qu'on pense.

  • Speaker #0

    Et même après toutes ces années de pratique, tu arrives encore à te dire que tu pourras toujours faire mieux ou tu ne te dis pas qu'un jour tu vas atteindre un palier où tu vas toujours chercher à repousser ses limites.

  • Speaker #1

    Après, j'essaye de donner le meilleur à l'instant T. Ça fait deux ans que j'en fais. Après, j'ai fait du triathlon et tout. Après, il y a aussi la notion de plaisir. Si je suis au maximum, je donne mon maximum à ce moment-là. Je ne cherche pas forcément à être la meilleure. C'est surtout que je me prépare pour que la chose passe bien le jour J et que ce ne soit pas une souffrance tout le long. Puis que ça se passe facilement.

  • Speaker #0

    L'endurance et la résistance, est-ce que tu penses que... T'as l'impression qu'on le gère mieux. Quand on est une femme, on dit souvent que les femmes ont une meilleure tolérance à la douleur, ce genre de choses.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu...

  • Speaker #1

    Je sais pas.

  • Speaker #0

    C'est difficile parce qu'on est pas dans le corps d'un homme.

  • Speaker #1

    Exactement. Et puis, moi, je le disais, je vois souvent, en fait, autour de moi, on dit ça, et autour de moi, tu dis que t'as mal à la tête au boulot, et là, t'as 40 personnes qui te proposent de l'oliprane, et c'est des femmes, souvent. Donc, je dis, on a une meilleure résistance à la douleur ? Je ne sais pas. Peut-être qu'on n'en parle pas pareil. Après, il y a la douleur, puis la douleur physique quand on fait du sport et tout ça. Ça, c'est une question. Je viens de savoir au niveau de la science ce que tu as dit, en fait.

  • Speaker #0

    Et je te parlais de cette notion d'endurance parce que tu le disais aussi au début de l'épisode que toi, tu avais l'impression que tu étais physiologiquement fait pour faire de la résistance. Comment tu l'expliques ? Comment tu le ressens, ça ?

  • Speaker #1

    C'est simple. Tous les efforts physiques intenses, et oui, il faut être rapide, je n'y arrive pas. J'ai l'impression de me battre contre l'air, contre tout. Si je fais une séance intense, je ne récupère pas. Je me souviens, j'ai fait une année de demi-fonds, on faisait des sprints, et ils étaient au milieu de la piste, et moi, j'avais fait 5 mètres. J'y arrivais pas, j'y arrivais pas à courir vite.

  • Speaker #0

    Mais c'est intéressant de se dire que t'as réussi à t'écouter et à trouver le type d'épreuve qui te correspondait à ton mental et à ton corps.

  • Speaker #1

    En fait, ce que j'ai fait, c'est que je suis allée dans mon point fort. J'ai pas essayé de m'acharner, j'ai essayé de progresser sur des points faibles. Et j'ai trouvé un peu, oui, l'épreuve qui me correspond bien.

  • Speaker #0

    Et selon toi, c'est ça, se concentrer sur ses points forts, le secret pour performer ?

  • Speaker #1

    Moi, c'est toujours un peu ce que j'ai pensé. C'est qu'en ayant fait du triathlon, je me suis longtemps acharnée. J'ai appris à nager à 24 ans. Quand j'ai commencé la première année où j'ai fait du triathlon, je faisais ça en brasse, la tête hors de l'eau, je précise. En fait, j'ai passé, mais parfois, j'allais nager tous les soirs avec le club et je ne progressais pas. Et quand je regarde l'énergie que j'ai mise pour gagner 5 centièmes au 100, Sur plusieurs années, j'ai fait l'effet inverse. Je préfère travailler les points forts que les gros points faibles qui ne sont pas si handicapants.

  • Speaker #0

    Et toutes ces méthodes de travail, d'entraînement, ça te sert aussi dans ta vie à côté ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est le caractère que j'ai qui fait que si c'est des gros projets, j'en ai eu deux ces dernières années, je mets le même investissement que sur une course. Sur la fin, je suis capable de travailler, de bosser 24 heures sur 24 pour que ce soit à l'heure. Et ouais, j'ai le même investissement et je n'abandonne rien. C'est pareil, c'est le même engagement.

  • Speaker #0

    La particularité de cette épreuve, c'est aussi qu'elle est mixte. C'est une force pour toi ? Tu penses que c'est un gros plus ? Ça t'a encouragée vers ce sport-là ou tu ne t'es pas orientée ?

  • Speaker #1

    Je ne me suis pas trop posé la question. Après, c'est vrai que ça n'aurait été qu'un sport. Un truc où il n'y aurait que des femmes, je ne sais pas si j'y serais allée. C'est une force que ce ne soit pas genré, mais ça c'est pour toutes les épreuves de cyclo. Je parle qu'en public, quoi. Parce que je ne vais pas parler du cyclisme pro. Après, ça permet de se mesurer aux hommes, quoi. Donc, pour moi, c'est... Ouais, c'est sympa.

  • Speaker #0

    Et surtout que tu dis de se mesurer, mais toi, surtout que tu les as battues. Oui,

  • Speaker #1

    ouais, ouais. En fait, ouais, je fais la course avec des humains, en fait. Pas la course avec des hommes, mais des femmes, ouais.

  • Speaker #0

    Et est-ce qu'avant de gagner, justement, aux hommes, tu te disais un peu au fond de toi que ce n'était pas possible ?

  • Speaker #1

    Oui. Oui, déjà moi avant de commencer l'ultra, je me disais que ce n'était pas possible de faire, je ne m'en sentais pas capable en fait. Et c'est le premier que j'ai fait où j'ai vu que c'était possible.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce qui a fait justement que c'était possible ? L'entraînement ?

  • Speaker #1

    C'était vraiment dans la course en fait. On passe un cap, le 200, le 300 qu'on n'a jamais fait, le 400, puis en fait après c'est pareil quoi. 400, 500, 600, 700. C'est toujours un peu le même engagement physique en fait.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu avais un peu l'impression d'essuyer les plâtres en étant la première femme à remporter ce type d'épreuve ? Ou tu as l'impression que ça a été un peu dur à assumer au niveau des réactions autour de toi ?

  • Speaker #1

    Pour moi, oui. Si, si. Des fois, j'ai regretté à certains moments de ne pas avoir été un homme. Ça m'a dit que j'aurais été plus tranquille en fait. J'ai regretté la première victoire que j'ai eue en juillet 2022. Après, il y a des trucs qui se sont mal passés. J'ai regretté d'avoir gagné presque.

  • Speaker #0

    Et aujourd'hui, ce n'est plus le cas ?

  • Speaker #1

    Non, parce que c'était des cons en face.

  • Speaker #0

    C'est ce qu'il faudrait savoir. Selon toi, quelles sont les barrières que les femmes se mettent parfois avant de se lancer et se bloquent pour se lancer dans le genre d'épreuve ? Même les barrières que toi, tu as pu te mettre aussi.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si c'est déjà son sentir capable. Moi, je ne sais pas mon ressenti. Mais il y en a beaucoup qui parlent de la peur, rouler la nuit, des choses comme ça. Mais en fait, moi, je n'ai jamais ressenti d'insécurité. par rapport à ça.

  • Speaker #0

    Et toi, justement, c'est quoi ton insécurité dans le sport ? Qu'est-ce qui te fait peur dans ces épreuves-là ?

  • Speaker #1

    Moi, ce serait plus de me faire renverser par une voiture, par des choses que je ne peux pas maîtriser, en fait. Je me suis déjà fait renverser par une voiture qui roulait en sens inverse. Donc, je n'ai pas pu l'éviter. Et ça, c'est vrai, c'est des choses auxquelles j'essaie de ne pas penser pendant la course, mais qui me font peur, parce que ça veut dire que ça arrête tout et tu n'en es pas responsable. Tu grilles un feu, tu te fais renverser. tu sais que tu as joué avec le feu mais là... Ces petits points auxquels il ne faut pas penser pendant la course.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu aurais envie que les gens retiennent de tes performances et de toi ?

  • Speaker #1

    C'est la sincérité, l'honnêteté et le fait de faire ça en travaillant, en ayant une vie de famille, en arrivant à tout gérer et pas en faisant ça. en loisirs déguisés, où j'ai tout mon temps pour moi. Je vais faire ma sortie vélo, je me mets sur mon canapé. C'est plutôt là où je tiens un peu de, pas de la fierté, mais de la satisfaction de réussir à performer à ce niveau-là en ayant un travail à temps complet et une vie sociale normale.

  • Speaker #0

    C'est pas pesant parfois d'avoir cette vie tout le temps à 100 à l'heure ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est pour ça que les courses sont là parfois pour souffler. Après, moi, une fois que je suis sur le vélo, c'est vraiment un moment où je souffle aussi et où je déconnecte. Donc finalement, ça fait partie de l'équilibre.

  • Speaker #0

    Parce que j'ai tendance à me dire, tu vois, moi, je fais beaucoup de courses à pied et je trouve que justement, quand tu fais du sport comme ça, tu réfléchis beaucoup et des fois,

  • Speaker #1

    c'est difficile de déconnecter. C'est vrai, c'est assez bizarre parce que moi, je sais que si je vais rouler le midi, je pense au boulot, mais inconsciemment, il y a plein de trucs qui se débloquent. Il y a des trucs que j'arrive à... mais en fait, il fallait faire comme ça ou... Mais il y a aussi ce côté où, au bout d'un moment, je sens que j'ai déconnecté et que je me dis « ça y est, là, je peux y retourner » . C'est vraiment flagrant. On a passé la matinée sur l'ordinateur, on a un peu voilé. Puis au bout d'un moment, tout s'ouvre et au bout d'une heure, une heure vingt, c'est reset et on est prêt à repartir totalement frais.

  • Speaker #0

    Il y a un côté méditatif en fait dans les sports. Oui,

  • Speaker #1

    je ne sais pas, mais je sens vraiment à chaque fois une espèce de... Pas de déclic, mais se dire, ça y est, ça va mieux.

  • Speaker #0

    Tu parlais de déclic. Oui,

  • Speaker #1

    je ne me souviens pas.

  • Speaker #0

    Ce podcast, ça a été quoi pour toi ton plus gros déclic ? Que ce soit sportif ou pas, mais j'imagine qu'il a forcément un petit lien avec le sport.

  • Speaker #1

    Oui, le sport m'a aidée à prendre confiance en moi, à sortir de schémas qui n'étaient pas forcément super. et tout ça, ouais, ça m'a mis un... c'est quelque chose qui est constructeur en fait pour moi je sais pas comment l'exprimer mais ouais c'est euh C'est un peu une renaissance grâce au sport. Oui,

  • Speaker #0

    c'est fort de dire ça. Qu'est-ce qu'on peut te souhaiter ? Tu es déjà championne aujourd'hui,

  • Speaker #1

    mais qu'est-ce qu'on peut te souhaiter ? Continuer à prendre du plaisir. Ce que je fais, c'est quand même le plus important. Des fois, on voit des gens qui s'acharnent pour avoir des résultats, mais au final, le résultat, moi, je n'en tire pas de plaisir. C'est ça que je me dis. Il vaut mieux avoir du plaisir sur le moment que le plaisir d'un résultat qui ne te change pas ton quotidien. C'est dans les faits.

  • Speaker #0

    C'est intéressant, ça veut dire que même à haut niveau, le sport doit rester un plaisir.

  • Speaker #1

    Oui, parce que pour moi, c'est du sport amateur, ça reste un loisir. Donc, il ne faudrait pas que ça devienne une contrainte.

  • Speaker #0

    C'est jamais une contrainte, justement,

  • Speaker #1

    pour toi d'aller te reconnaître ? Non, la contrainte, c'est de ne pas pouvoir sortir, en fait. C'est quand je ne peux pas sortir, c'est plus la contrainte, elle est plus là. Moi, sortir, c'est jamais, même sous la pluie, j'ai jamais de problème de motivation, d'envie, de devoir y aller.

  • Speaker #0

    C'est de la discipline aussi, peut-être.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas. Ouais, il y a peut-être un peu de ça, mais j'y trouve toujours mon compte. Ça, c'est chouette.

  • Speaker #0

    Super. Merci beaucoup, Lauriane, pour ton témoignage. Est-ce que tu peux nous dire où est-ce qu'on peut te suivre, peut-être sur les réseaux sociaux ?

  • Speaker #1

    Sur les réseaux sociaux, je crois que c'est lauriane.placé. Sur Instagram, je suis... pas trop présente sur les réseaux sociaux. J'ai Instagram et c'est tout.

  • Speaker #0

    Et alors, quelles sont les prochaines épreuves sportives sur lesquelles on pourra te retrouver ?

  • Speaker #1

    Je prépare le Bikiman Sri Lanka qui est fin avril. C'est un peu spécial, je le fais en duo avec mon mari. Ce sera plus l'aventure et la course. Et après, je pense qu'il y aura une autre vraie course dans la saison, une ou deux.

  • Speaker #0

    Bon, débat en longue idée.

  • Speaker #1

    J'aime pas trop planifier, donc on verra après comment je vais récupérer.

  • Speaker #0

    Peut-être que ça fait aussi partie du sport plaisir, ça de pas trop planifier. Oui,

  • Speaker #1

    j'ai du mal. Tout planifier, tout ça, j'aime bien faire décider à la dernière minute.

  • Speaker #0

    C'est une belle approche du sport. Merci beaucoup, Lauriane, pour ton partage et puis à bientôt et plein de succès dans tes prochains projets.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager et à en parler autour de vous. Qui sait, il n'est peut-être pas si loin, ce déclic.

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Description

Une nouvelle histoire se prépare pour la chaîne. Avant de revenir très vite avec des épisodes inédits, on se replonge dans vos épisodes coups de cœur. Bonne écoute et à très bientôt !


Laurianne est championne du monde d’ultra-cyclisme : une épreuve de longue distance en totale autonomie. Elle est également reconnue pour être la première femme à avoir remporté une épreuve mixte dans cette discipline. 


C’est à 18 ans que son histoire avec le vélo débute alors qu’elle commence à pédaler pour s’occuper, changer d’air et puis se dépenser. Elle avale les kilomètres et découvre toutes les routes autour de chez elle. 


Aujourd’hui, nombre de kilomètres plus tard, elle est reconnue sur la scène internationale. 


En dehors, du sport, Laurianne est webdesigner et mène aussi, une vie de famille bien remplie.  


Dans cet épisode, elle se livre sur sa passion, sa relation au sport, à la compétition et, plus largement, sur comment le sport a déclenché chez elle un important bouleversement. Elle nous partage aussi sa vision des choses pour trouver l’équilibre dans sa vie de sportive et de femme épanouie. 


Conseil Sport, c’est le podcast bien-être, santé et nutrition made by DECATHLON pour prendre soin de vous, garder la forme et bien manger. On y parle sport, connaissance de soi, épanouissement, voyage... L’objectif ? S’informer, s’évader, se trouver de nouvelles manières de s’épanouir et de performer par le sport et le mouvement.


Chaque mercredi, Céciliane et Manon, sportives passionnées et journalistes chez Decathlon, vous proposent un nouvel épisode.


Retrouvez : “La réponse” (des interviews d’experte·s du sport et de la santé sur des sujets ciblés et d’actualité), “Le déclic” (des interviews de personnalités et influenceur·ses sur un déclic sportif, un événement qui a transformé leur vie) et “L’aventure” (le récit immersif d’une aventure sportive extraordinaire).


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Rencontre,

  • Speaker #1

    rupture,

  • Speaker #0

    joie, échec, transformation, bonheur. Tout commence par un déclic. Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans ce nouvel épisode.

  • Speaker #1

    Vous écoutez le déclic de Lauriane Plassé.

  • Speaker #0

    Bonjour Lauriane.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Comment tu vas ?

  • Speaker #1

    Ça va très bien.

  • Speaker #0

    Je suis ravie de te recevoir aujourd'hui dans le déclic. Alors pour débuter cet épisode, je vais me permettre de commencer par te présenter. Lauriane, tu es championne du monde d'ultra-endurance BikingMan. On va commencer par ça. Et tu es en effet reconnue pour être la première femme à avoir remporté une épreuve d'ultra-cyclisme.

  • Speaker #1

    En France. En France,

  • Speaker #0

    oui. Pardon. Mais c'est que déjà...

  • Speaker #1

    Oui, oui, non, je préfère préciser.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Tu nous expliqueras davantage dans cet épisode ce que c'est l'ultracyclisme, mais il s'agit en bref d'épreuves de cyclisme de très longue distance, je pense qu'on peut le dire.

  • Speaker #1

    Ouais, et en autonomie totale.

  • Speaker #0

    En autonomie totale, exactement. Toi, l'extrême et le sport, c'est quelque chose qui te parle, tu es aujourd'hui familière et tu as aussi participé plusieurs fois à des triathlons dits extrêmes aussi, on en parlera dans cet épisode. Et je crois que tu as commencé à pédaler à l'âge de 18 ans pour t'occuper, changer d'air et puis te dépenser aussi. Bref, tu as commencé à avaler les kilomètres et à prendre toutes les routes autour de chez toi. et aujourd'hui je ne sais pas de quoi combien de kilomètres plus tard. Je ne sais même pas si toi, tu le sais, d'ailleurs. Non,

  • Speaker #1

    moi, je ne le sais pas. Strava, c'est depuis que j'ai Strava. Les petits numériques sont super intéressants pour ça. C'était déjà il y a quelques années. On m'avait dit, mais tu as déjà fait le tour de sa Terre.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    ce serait intéressant pour moi. Il y a plein d'années que je n'ai pas dessus, mais ce serait intéressant de regarder. Et là,

  • Speaker #0

    du coup, tu es à combien ?

  • Speaker #1

    Je ne sais pas. Je ne me réveille pas trop, mais sûrement plus de 100 000. Oui,

  • Speaker #0

    bon. Donc on va dire plus de 5000 kilomètres plus tard, tu es reconnue aujourd'hui sur la scène internationale. Et en dehors du sport, tu es webdesigner aussi dans la vie et tu as une vie de famille bien remplie. On en reparlera sûrement aussi dans cet épisode. Alors avant qu'on revienne sur tout ça, la première chose que j'ai envie de savoir, c'est ce que ça fait de se dire qu'on est championne et de se dire que finalement, personne n'a jamais fait mieux que soi sur cette épreuve. Moi, c'est un truc qui m'intrigue. Qu'est-ce que ça te fait, toi ? Est-ce que c'est un truc dont tu penses régulièrement ?

  • Speaker #1

    Non, pas du tout. C'est bizarre, c'est pas quelque chose qui me satisfait quelque part. C'est plutôt l'expérience que j'ai vécue, dont je suis pas forcément fière, mais je suis heureuse de l'avoir vécue. Et le titre, c'est un bonus que je suis allée chercher. Mais au quotidien, ça change pas ta vie. C'est surtout ça, je reste la même.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu dirais que tu es compétitive ou pas du tout ? Si,

  • Speaker #1

    beaucoup. Contre moi-même et contre les autres. Ça a toujours été un peu ça même à l'école.

  • Speaker #0

    Ok, donc c'est quelque chose d'inné pour chez toi ?

  • Speaker #1

    Ouais, c'est un peu... Je pense que c'est venu d'un besoin de reconnaissance par rapport à des événements plus personnels ou pour dire, moi aussi j'existe. C'est ma façon à moi de... Mais je suis quelqu'un d'hyper perfectionniste, c'est jamais assez bien. Et l'école c'était la compétition aussi pour moi.

  • Speaker #0

    La première compétition dont tu te souviens c'était à l'école justement ?

  • Speaker #1

    En fait, ce dont je me souviens, c'était la première fois entre guillemets où j'ai perdu. J'ai pas perdu, c'était des notes, c'était l'école. Mais j'avais déjà instauré une espèce de petite compétition comme ça au début du collège. Parce qu'en primaire, tu connais pas les notes et tout ça. Et c'est là que j'ai découvert que j'avais un esprit de compétition, de réussite en fait.

  • Speaker #0

    Et cet esprit de compétition, c'est un truc que t'entretiens ou qui reste là naturellement ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est tellement inné que j'aurais du mal à m'en séparer. Même si ce qui est bizarre, c'est que je dis que ce n'est pas ce que je recherche et tout ça. Mais je sais que si c'est un sujet que je maîtrise, je vais essayer de le maîtriser jusqu'au bout. Si c'est un truc que je ne maîtrise pas du tout, par contre, en fait, on ne va même pas... Si on me met sur une piste de ski, ça fait rire toutes les personnes et surtout mes collègues avec qui j'ai déjà skié. Je suis derrière, je ne suis pas, tout le monde m'attend, mais je m'en fous totalement parce que je sais que je ne maîtrise pas en fait. Par contre, si on me met sur un vélo, j'ai un chien derrière un os.

  • Speaker #0

    Et du coup, est-ce qu'à l'inverse, des fois, ça ne te desserre pas cet esprit de compétition ?

  • Speaker #1

    Oui, dans certaines situations, ce n'est pas très sain, en fait.

  • Speaker #0

    Et comment tu gères ça, du coup ?

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si je le gère.

  • Speaker #0

    Comment tu as commencé à t'orienter vers les défis, la compétition et vers le sport extrême ?

  • Speaker #1

    Quand j'ai commencé le triathlon, j'ai tout de suite été entraînée dans un groupe qui préparait la longue distance, 3,8 km de natation, 180 km de vélo et un marathon. dans le club que j'avais intégré. J'ai tout de suite eu, pas des capacités sur le long, mais une appétence. Et je pense que physiologiquement, je ne suis pas faite pour le cours, pour les sports courts et intenses, et plutôt pour des sports comme ça. Et c'est là que je trouvais mon plaisir. Et je me souviens, on m'avait dit, mais si tu commences l'Aironman à 23 ans, qu'est-ce que tu vas faire après ? Parce que dans la tête de certaines personnes, c'était on commence par les petites distances, et puis on monte, et puis si ça se trouve, on n'en fera jamais. Si ça se trouve, ce sera dans 10 ans. Qui se lancera sur la longue distance ? C'est moi, non ? Je ne me suis même pas posé de question. C'était la longue distance directe. La longue distance, c'est 11 heures d'effort. Par rapport à ce que je fais maintenant, ça ne fait pas grand-chose. C'est la même préparation. Je veux dire, c'est le même temps de préparation au final.

  • Speaker #0

    Tu parlais du plaisir que ça te procurerait. Justement, le plaisir, tu le trouves plus dans la préparation, pendant l'effort ou après l'effort ?

  • Speaker #1

    Pas après.

  • Speaker #0

    Ah non,

  • Speaker #1

    ok. Non, c'est plus dans l'instant, en fait. C'est vraiment dans le moment où je suis sur le vélo. J'ai fait de la course à pied. La course à pied, c'est tellement ingrat qu'en fait, on est dans la course à pied. Oui, mais je veux dire, une fois qu'on est... En fait, on souffre quand on court. Enfin, moi, je souffre quand on court, à chaque fois que je cours. Et on est super bien quand on arrête. Et moi, c'est plutôt le plaisir que ça amène et tout ce qu'on fait quand je suis sur le vélo, en fait. Quand je suis dessus et que je roule, quoi.

  • Speaker #0

    Mais tu souffres quand même parfois à vélo. Oui,

  • Speaker #1

    mais en fait, le cerveau, il oublie.

  • Speaker #0

    Et justement, est-ce que tu n'es pas un peu hors du temps quand tu fais des... Ce genre de compétition.

  • Speaker #1

    Dans les courses, c'est ça que j'aime bien aussi. C'est qu'on déconnecte du jour, de la nuit, des horaires, de tout. Moi, je suis dans une bulle totale. Il y a même des moments où tu oublies quel jour on est, tu oublies quelle heure il est. Il n'y a plus toute la notion sociale et d'obligation. J'ai un quotidien qui est hyper rythmé par les horaires, par tout. Il faut s'organiser. et puis que c'est la... J'ai des horaires d'école, j'ai des horaires du boulot, il y a tout ça, l'horaire du coucher pour ma fille, on a le nez rivé sur le temps tout le temps. Et là, t'as faim, tu manges, t'es fatiguée, tu dors même si il est 14h, tu fais une sieste, tu roules toute la nuit. En fait, c'est quelques jours dans l'année qui permettent de complètement déconnecter et moi c'est une façon un peu de, pas de respirer, mais de faire un petit reset par rapport au quotidien. En fait,

  • Speaker #0

    tu reviens à des choses très primaires, finalement. Oui,

  • Speaker #1

    et puis il y a plusieurs choses aussi que j'aime bien dans ces moments-là. C'est qu'en fait, il y a tout le quotidien, les obligations de ménage de rangement, des choses pas super... Et pas super... Ouais, qui disparaissent. Il y a tout le côté, parce qu'on est vachement connectés aussi, réseaux sociaux et tout, où je n'y touche pas du tout. Je déconnecte aussi totalement de ça. Moi, je ne touche pas du tout au téléphone de toute la course. C'est vraiment une déconnexion.

  • Speaker #0

    Et justement, à quoi tu penses quand tu es dans le dur, dans ces moments-là ? Tu es tellement déconnectée de tout, qu'est-ce qui te fait tenir ? Est-ce que du coup, c'est le fait de repenser justement à cette vie que tu as à côté ?

  • Speaker #1

    Je sais, ça fait plusieurs fois qu'on me pose la question, j'ai du mal à le définir. Je sais que dans les moments très durs, en fait, je me sors de la douleur et j'essaie de penser à autre chose. Peut-être de m'ancrer, par exemple, plus dans le... paysage, vraiment profiter de me dire que t'es mal, mais t'es là et tu pourrais être à un autre endroit où t'es pas bien en fait et ça tout de suite en fait ça fait relativiser et tu dis bah t'es mal mais profites-en parce que c'est toi qui as choisi d'être là et tu serais pas là, tu serais ailleurs t'aurais envie d'être là en fait en inversant le mode de pensée après tu te rends compte que 2-3 heures après ça va mieux quoi.

  • Speaker #0

    J'ai expliqué brièvement ce que c'était l'ultra distance, le bikeman, tout ça. Est-ce que tu peux nous expliquer davantage ce que c'est ? Est-ce qu'il fait la particularité de ces épreuves-là ?

  • Speaker #1

    Alors, le bikeman, c'est des courses de 1000 kilomètres, entre 20 et 26 000 de dénivelé positif, en totale autonomie. Donc, pas d'aide extérieure, on roule tout seul et pas en peloton. On se débrouille pour manger, boire, dormir, réparer son vélo, s'il nous arrive une coquille. et on a un tracés à suivre sur notre GPS qui est donné, on nous donne la trace et on suit tous le même tracé et on a 2 à 3 points de contrôle sur la course on va pointer notre carte et voir du monde aussi, c'est hyper important à préciser, c'est qu'on fait un truc seul, mais il y a une organisation il y a des gens qu'on retrouve à chaque fois c'est des gens qu'on voit et en fait on passe pas je sais pas, 50, 60 heures seul, c'est des petites portions seules et après on voit quand même du monde ... et je sais pas si j'étais seule sur 60 heures si j'irais quoi en fait parce que c'est aussi difficile de se retrouver comme ça sans parler à personne parce que souvent les concurrents autour de moi ils parlent très peu en fait Il n'y a qu'une exception dans ce que je liste. Un concurrent, lui, il déconne et tout ça, mais souvent, ils sont dans leur bulle. Tu leur parles, ils ont les écouteurs, ils ne les retirent même pas. C'est assez spécial, surtout sur l'avant de la course. Je pense que quand tu passes un peu derrière, l'ambiance est moins compétition, moins peut-être concentrée aussi. Mais oui, c'est difficile de parler avec tes concurrents pendant la course.

  • Speaker #0

    Mais du coup, c'est quoi le... Je me dis, qu'est-ce que tu cherches, toi, avec l'ultra-distance ? parce que... C'est d'aller voir jusqu'où peut aller ton corps et ta tête ?

  • Speaker #1

    Il y a une partie de ça, c'est toute la liberté que ça met. C'est vrai que j'aime bien chercher mes limites. Ce n'est pas volontaire, mais je sais qu'inconsciemment, ce n'est pas marrant, mais on se rend compte qu'on est capable de beaucoup plus que ce qu'on pense.

  • Speaker #0

    Et même après toutes ces années de pratique, tu arrives encore à te dire que tu pourras toujours faire mieux ou tu ne te dis pas qu'un jour tu vas atteindre un palier où tu vas toujours chercher à repousser ses limites.

  • Speaker #1

    Après, j'essaye de donner le meilleur à l'instant T. Ça fait deux ans que j'en fais. Après, j'ai fait du triathlon et tout. Après, il y a aussi la notion de plaisir. Si je suis au maximum, je donne mon maximum à ce moment-là. Je ne cherche pas forcément à être la meilleure. C'est surtout que je me prépare pour que la chose passe bien le jour J et que ce ne soit pas une souffrance tout le long. Puis que ça se passe facilement.

  • Speaker #0

    L'endurance et la résistance, est-ce que tu penses que... T'as l'impression qu'on le gère mieux. Quand on est une femme, on dit souvent que les femmes ont une meilleure tolérance à la douleur, ce genre de choses.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu...

  • Speaker #1

    Je sais pas.

  • Speaker #0

    C'est difficile parce qu'on est pas dans le corps d'un homme.

  • Speaker #1

    Exactement. Et puis, moi, je le disais, je vois souvent, en fait, autour de moi, on dit ça, et autour de moi, tu dis que t'as mal à la tête au boulot, et là, t'as 40 personnes qui te proposent de l'oliprane, et c'est des femmes, souvent. Donc, je dis, on a une meilleure résistance à la douleur ? Je ne sais pas. Peut-être qu'on n'en parle pas pareil. Après, il y a la douleur, puis la douleur physique quand on fait du sport et tout ça. Ça, c'est une question. Je viens de savoir au niveau de la science ce que tu as dit, en fait.

  • Speaker #0

    Et je te parlais de cette notion d'endurance parce que tu le disais aussi au début de l'épisode que toi, tu avais l'impression que tu étais physiologiquement fait pour faire de la résistance. Comment tu l'expliques ? Comment tu le ressens, ça ?

  • Speaker #1

    C'est simple. Tous les efforts physiques intenses, et oui, il faut être rapide, je n'y arrive pas. J'ai l'impression de me battre contre l'air, contre tout. Si je fais une séance intense, je ne récupère pas. Je me souviens, j'ai fait une année de demi-fonds, on faisait des sprints, et ils étaient au milieu de la piste, et moi, j'avais fait 5 mètres. J'y arrivais pas, j'y arrivais pas à courir vite.

  • Speaker #0

    Mais c'est intéressant de se dire que t'as réussi à t'écouter et à trouver le type d'épreuve qui te correspondait à ton mental et à ton corps.

  • Speaker #1

    En fait, ce que j'ai fait, c'est que je suis allée dans mon point fort. J'ai pas essayé de m'acharner, j'ai essayé de progresser sur des points faibles. Et j'ai trouvé un peu, oui, l'épreuve qui me correspond bien.

  • Speaker #0

    Et selon toi, c'est ça, se concentrer sur ses points forts, le secret pour performer ?

  • Speaker #1

    Moi, c'est toujours un peu ce que j'ai pensé. C'est qu'en ayant fait du triathlon, je me suis longtemps acharnée. J'ai appris à nager à 24 ans. Quand j'ai commencé la première année où j'ai fait du triathlon, je faisais ça en brasse, la tête hors de l'eau, je précise. En fait, j'ai passé, mais parfois, j'allais nager tous les soirs avec le club et je ne progressais pas. Et quand je regarde l'énergie que j'ai mise pour gagner 5 centièmes au 100, Sur plusieurs années, j'ai fait l'effet inverse. Je préfère travailler les points forts que les gros points faibles qui ne sont pas si handicapants.

  • Speaker #0

    Et toutes ces méthodes de travail, d'entraînement, ça te sert aussi dans ta vie à côté ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est le caractère que j'ai qui fait que si c'est des gros projets, j'en ai eu deux ces dernières années, je mets le même investissement que sur une course. Sur la fin, je suis capable de travailler, de bosser 24 heures sur 24 pour que ce soit à l'heure. Et ouais, j'ai le même investissement et je n'abandonne rien. C'est pareil, c'est le même engagement.

  • Speaker #0

    La particularité de cette épreuve, c'est aussi qu'elle est mixte. C'est une force pour toi ? Tu penses que c'est un gros plus ? Ça t'a encouragée vers ce sport-là ou tu ne t'es pas orientée ?

  • Speaker #1

    Je ne me suis pas trop posé la question. Après, c'est vrai que ça n'aurait été qu'un sport. Un truc où il n'y aurait que des femmes, je ne sais pas si j'y serais allée. C'est une force que ce ne soit pas genré, mais ça c'est pour toutes les épreuves de cyclo. Je parle qu'en public, quoi. Parce que je ne vais pas parler du cyclisme pro. Après, ça permet de se mesurer aux hommes, quoi. Donc, pour moi, c'est... Ouais, c'est sympa.

  • Speaker #0

    Et surtout que tu dis de se mesurer, mais toi, surtout que tu les as battues. Oui,

  • Speaker #1

    ouais, ouais. En fait, ouais, je fais la course avec des humains, en fait. Pas la course avec des hommes, mais des femmes, ouais.

  • Speaker #0

    Et est-ce qu'avant de gagner, justement, aux hommes, tu te disais un peu au fond de toi que ce n'était pas possible ?

  • Speaker #1

    Oui. Oui, déjà moi avant de commencer l'ultra, je me disais que ce n'était pas possible de faire, je ne m'en sentais pas capable en fait. Et c'est le premier que j'ai fait où j'ai vu que c'était possible.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce qui a fait justement que c'était possible ? L'entraînement ?

  • Speaker #1

    C'était vraiment dans la course en fait. On passe un cap, le 200, le 300 qu'on n'a jamais fait, le 400, puis en fait après c'est pareil quoi. 400, 500, 600, 700. C'est toujours un peu le même engagement physique en fait.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu avais un peu l'impression d'essuyer les plâtres en étant la première femme à remporter ce type d'épreuve ? Ou tu as l'impression que ça a été un peu dur à assumer au niveau des réactions autour de toi ?

  • Speaker #1

    Pour moi, oui. Si, si. Des fois, j'ai regretté à certains moments de ne pas avoir été un homme. Ça m'a dit que j'aurais été plus tranquille en fait. J'ai regretté la première victoire que j'ai eue en juillet 2022. Après, il y a des trucs qui se sont mal passés. J'ai regretté d'avoir gagné presque.

  • Speaker #0

    Et aujourd'hui, ce n'est plus le cas ?

  • Speaker #1

    Non, parce que c'était des cons en face.

  • Speaker #0

    C'est ce qu'il faudrait savoir. Selon toi, quelles sont les barrières que les femmes se mettent parfois avant de se lancer et se bloquent pour se lancer dans le genre d'épreuve ? Même les barrières que toi, tu as pu te mettre aussi.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si c'est déjà son sentir capable. Moi, je ne sais pas mon ressenti. Mais il y en a beaucoup qui parlent de la peur, rouler la nuit, des choses comme ça. Mais en fait, moi, je n'ai jamais ressenti d'insécurité. par rapport à ça.

  • Speaker #0

    Et toi, justement, c'est quoi ton insécurité dans le sport ? Qu'est-ce qui te fait peur dans ces épreuves-là ?

  • Speaker #1

    Moi, ce serait plus de me faire renverser par une voiture, par des choses que je ne peux pas maîtriser, en fait. Je me suis déjà fait renverser par une voiture qui roulait en sens inverse. Donc, je n'ai pas pu l'éviter. Et ça, c'est vrai, c'est des choses auxquelles j'essaie de ne pas penser pendant la course, mais qui me font peur, parce que ça veut dire que ça arrête tout et tu n'en es pas responsable. Tu grilles un feu, tu te fais renverser. tu sais que tu as joué avec le feu mais là... Ces petits points auxquels il ne faut pas penser pendant la course.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu aurais envie que les gens retiennent de tes performances et de toi ?

  • Speaker #1

    C'est la sincérité, l'honnêteté et le fait de faire ça en travaillant, en ayant une vie de famille, en arrivant à tout gérer et pas en faisant ça. en loisirs déguisés, où j'ai tout mon temps pour moi. Je vais faire ma sortie vélo, je me mets sur mon canapé. C'est plutôt là où je tiens un peu de, pas de la fierté, mais de la satisfaction de réussir à performer à ce niveau-là en ayant un travail à temps complet et une vie sociale normale.

  • Speaker #0

    C'est pas pesant parfois d'avoir cette vie tout le temps à 100 à l'heure ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est pour ça que les courses sont là parfois pour souffler. Après, moi, une fois que je suis sur le vélo, c'est vraiment un moment où je souffle aussi et où je déconnecte. Donc finalement, ça fait partie de l'équilibre.

  • Speaker #0

    Parce que j'ai tendance à me dire, tu vois, moi, je fais beaucoup de courses à pied et je trouve que justement, quand tu fais du sport comme ça, tu réfléchis beaucoup et des fois,

  • Speaker #1

    c'est difficile de déconnecter. C'est vrai, c'est assez bizarre parce que moi, je sais que si je vais rouler le midi, je pense au boulot, mais inconsciemment, il y a plein de trucs qui se débloquent. Il y a des trucs que j'arrive à... mais en fait, il fallait faire comme ça ou... Mais il y a aussi ce côté où, au bout d'un moment, je sens que j'ai déconnecté et que je me dis « ça y est, là, je peux y retourner » . C'est vraiment flagrant. On a passé la matinée sur l'ordinateur, on a un peu voilé. Puis au bout d'un moment, tout s'ouvre et au bout d'une heure, une heure vingt, c'est reset et on est prêt à repartir totalement frais.

  • Speaker #0

    Il y a un côté méditatif en fait dans les sports. Oui,

  • Speaker #1

    je ne sais pas, mais je sens vraiment à chaque fois une espèce de... Pas de déclic, mais se dire, ça y est, ça va mieux.

  • Speaker #0

    Tu parlais de déclic. Oui,

  • Speaker #1

    je ne me souviens pas.

  • Speaker #0

    Ce podcast, ça a été quoi pour toi ton plus gros déclic ? Que ce soit sportif ou pas, mais j'imagine qu'il a forcément un petit lien avec le sport.

  • Speaker #1

    Oui, le sport m'a aidée à prendre confiance en moi, à sortir de schémas qui n'étaient pas forcément super. et tout ça, ouais, ça m'a mis un... c'est quelque chose qui est constructeur en fait pour moi je sais pas comment l'exprimer mais ouais c'est euh C'est un peu une renaissance grâce au sport. Oui,

  • Speaker #0

    c'est fort de dire ça. Qu'est-ce qu'on peut te souhaiter ? Tu es déjà championne aujourd'hui,

  • Speaker #1

    mais qu'est-ce qu'on peut te souhaiter ? Continuer à prendre du plaisir. Ce que je fais, c'est quand même le plus important. Des fois, on voit des gens qui s'acharnent pour avoir des résultats, mais au final, le résultat, moi, je n'en tire pas de plaisir. C'est ça que je me dis. Il vaut mieux avoir du plaisir sur le moment que le plaisir d'un résultat qui ne te change pas ton quotidien. C'est dans les faits.

  • Speaker #0

    C'est intéressant, ça veut dire que même à haut niveau, le sport doit rester un plaisir.

  • Speaker #1

    Oui, parce que pour moi, c'est du sport amateur, ça reste un loisir. Donc, il ne faudrait pas que ça devienne une contrainte.

  • Speaker #0

    C'est jamais une contrainte, justement,

  • Speaker #1

    pour toi d'aller te reconnaître ? Non, la contrainte, c'est de ne pas pouvoir sortir, en fait. C'est quand je ne peux pas sortir, c'est plus la contrainte, elle est plus là. Moi, sortir, c'est jamais, même sous la pluie, j'ai jamais de problème de motivation, d'envie, de devoir y aller.

  • Speaker #0

    C'est de la discipline aussi, peut-être.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas. Ouais, il y a peut-être un peu de ça, mais j'y trouve toujours mon compte. Ça, c'est chouette.

  • Speaker #0

    Super. Merci beaucoup, Lauriane, pour ton témoignage. Est-ce que tu peux nous dire où est-ce qu'on peut te suivre, peut-être sur les réseaux sociaux ?

  • Speaker #1

    Sur les réseaux sociaux, je crois que c'est lauriane.placé. Sur Instagram, je suis... pas trop présente sur les réseaux sociaux. J'ai Instagram et c'est tout.

  • Speaker #0

    Et alors, quelles sont les prochaines épreuves sportives sur lesquelles on pourra te retrouver ?

  • Speaker #1

    Je prépare le Bikiman Sri Lanka qui est fin avril. C'est un peu spécial, je le fais en duo avec mon mari. Ce sera plus l'aventure et la course. Et après, je pense qu'il y aura une autre vraie course dans la saison, une ou deux.

  • Speaker #0

    Bon, débat en longue idée.

  • Speaker #1

    J'aime pas trop planifier, donc on verra après comment je vais récupérer.

  • Speaker #0

    Peut-être que ça fait aussi partie du sport plaisir, ça de pas trop planifier. Oui,

  • Speaker #1

    j'ai du mal. Tout planifier, tout ça, j'aime bien faire décider à la dernière minute.

  • Speaker #0

    C'est une belle approche du sport. Merci beaucoup, Lauriane, pour ton partage et puis à bientôt et plein de succès dans tes prochains projets.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager et à en parler autour de vous. Qui sait, il n'est peut-être pas si loin, ce déclic.

Description

Une nouvelle histoire se prépare pour la chaîne. Avant de revenir très vite avec des épisodes inédits, on se replonge dans vos épisodes coups de cœur. Bonne écoute et à très bientôt !


Laurianne est championne du monde d’ultra-cyclisme : une épreuve de longue distance en totale autonomie. Elle est également reconnue pour être la première femme à avoir remporté une épreuve mixte dans cette discipline. 


C’est à 18 ans que son histoire avec le vélo débute alors qu’elle commence à pédaler pour s’occuper, changer d’air et puis se dépenser. Elle avale les kilomètres et découvre toutes les routes autour de chez elle. 


Aujourd’hui, nombre de kilomètres plus tard, elle est reconnue sur la scène internationale. 


En dehors, du sport, Laurianne est webdesigner et mène aussi, une vie de famille bien remplie.  


Dans cet épisode, elle se livre sur sa passion, sa relation au sport, à la compétition et, plus largement, sur comment le sport a déclenché chez elle un important bouleversement. Elle nous partage aussi sa vision des choses pour trouver l’équilibre dans sa vie de sportive et de femme épanouie. 


Conseil Sport, c’est le podcast bien-être, santé et nutrition made by DECATHLON pour prendre soin de vous, garder la forme et bien manger. On y parle sport, connaissance de soi, épanouissement, voyage... L’objectif ? S’informer, s’évader, se trouver de nouvelles manières de s’épanouir et de performer par le sport et le mouvement.


Chaque mercredi, Céciliane et Manon, sportives passionnées et journalistes chez Decathlon, vous proposent un nouvel épisode.


Retrouvez : “La réponse” (des interviews d’experte·s du sport et de la santé sur des sujets ciblés et d’actualité), “Le déclic” (des interviews de personnalités et influenceur·ses sur un déclic sportif, un événement qui a transformé leur vie) et “L’aventure” (le récit immersif d’une aventure sportive extraordinaire).


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Le podcast Conseil Sport peut plaire à toutes celles et ceux qui veulent prendre soin d’eux, de leur corps, leur santé, leur bien être mental et physique, celles et ceux qui cherchent des conseils pour un lifestyle healthy, se remettre au sport, entretenir leur santé, que ce soit à travers la course à pied, le yoga, cyclisme, ou tout autre sport, ou encore mettre en place de bonnes habitudes d’alimentation, nutrition, ou enfin celles et ceux qui cherchent de l’inspiration à travers des récits d’aventures extraordinaires de personnes ordinaires, ou passer un bon moment en découvrant une nouvelle facette de leurs athlètes et créateur•ices de contenus préférés.



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Rencontre,

  • Speaker #1

    rupture,

  • Speaker #0

    joie, échec, transformation, bonheur. Tout commence par un déclic. Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans ce nouvel épisode.

  • Speaker #1

    Vous écoutez le déclic de Lauriane Plassé.

  • Speaker #0

    Bonjour Lauriane.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Comment tu vas ?

  • Speaker #1

    Ça va très bien.

  • Speaker #0

    Je suis ravie de te recevoir aujourd'hui dans le déclic. Alors pour débuter cet épisode, je vais me permettre de commencer par te présenter. Lauriane, tu es championne du monde d'ultra-endurance BikingMan. On va commencer par ça. Et tu es en effet reconnue pour être la première femme à avoir remporté une épreuve d'ultra-cyclisme.

  • Speaker #1

    En France. En France,

  • Speaker #0

    oui. Pardon. Mais c'est que déjà...

  • Speaker #1

    Oui, oui, non, je préfère préciser.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Tu nous expliqueras davantage dans cet épisode ce que c'est l'ultracyclisme, mais il s'agit en bref d'épreuves de cyclisme de très longue distance, je pense qu'on peut le dire.

  • Speaker #1

    Ouais, et en autonomie totale.

  • Speaker #0

    En autonomie totale, exactement. Toi, l'extrême et le sport, c'est quelque chose qui te parle, tu es aujourd'hui familière et tu as aussi participé plusieurs fois à des triathlons dits extrêmes aussi, on en parlera dans cet épisode. Et je crois que tu as commencé à pédaler à l'âge de 18 ans pour t'occuper, changer d'air et puis te dépenser aussi. Bref, tu as commencé à avaler les kilomètres et à prendre toutes les routes autour de chez toi. et aujourd'hui je ne sais pas de quoi combien de kilomètres plus tard. Je ne sais même pas si toi, tu le sais, d'ailleurs. Non,

  • Speaker #1

    moi, je ne le sais pas. Strava, c'est depuis que j'ai Strava. Les petits numériques sont super intéressants pour ça. C'était déjà il y a quelques années. On m'avait dit, mais tu as déjà fait le tour de sa Terre.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    ce serait intéressant pour moi. Il y a plein d'années que je n'ai pas dessus, mais ce serait intéressant de regarder. Et là,

  • Speaker #0

    du coup, tu es à combien ?

  • Speaker #1

    Je ne sais pas. Je ne me réveille pas trop, mais sûrement plus de 100 000. Oui,

  • Speaker #0

    bon. Donc on va dire plus de 5000 kilomètres plus tard, tu es reconnue aujourd'hui sur la scène internationale. Et en dehors du sport, tu es webdesigner aussi dans la vie et tu as une vie de famille bien remplie. On en reparlera sûrement aussi dans cet épisode. Alors avant qu'on revienne sur tout ça, la première chose que j'ai envie de savoir, c'est ce que ça fait de se dire qu'on est championne et de se dire que finalement, personne n'a jamais fait mieux que soi sur cette épreuve. Moi, c'est un truc qui m'intrigue. Qu'est-ce que ça te fait, toi ? Est-ce que c'est un truc dont tu penses régulièrement ?

  • Speaker #1

    Non, pas du tout. C'est bizarre, c'est pas quelque chose qui me satisfait quelque part. C'est plutôt l'expérience que j'ai vécue, dont je suis pas forcément fière, mais je suis heureuse de l'avoir vécue. Et le titre, c'est un bonus que je suis allée chercher. Mais au quotidien, ça change pas ta vie. C'est surtout ça, je reste la même.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu dirais que tu es compétitive ou pas du tout ? Si,

  • Speaker #1

    beaucoup. Contre moi-même et contre les autres. Ça a toujours été un peu ça même à l'école.

  • Speaker #0

    Ok, donc c'est quelque chose d'inné pour chez toi ?

  • Speaker #1

    Ouais, c'est un peu... Je pense que c'est venu d'un besoin de reconnaissance par rapport à des événements plus personnels ou pour dire, moi aussi j'existe. C'est ma façon à moi de... Mais je suis quelqu'un d'hyper perfectionniste, c'est jamais assez bien. Et l'école c'était la compétition aussi pour moi.

  • Speaker #0

    La première compétition dont tu te souviens c'était à l'école justement ?

  • Speaker #1

    En fait, ce dont je me souviens, c'était la première fois entre guillemets où j'ai perdu. J'ai pas perdu, c'était des notes, c'était l'école. Mais j'avais déjà instauré une espèce de petite compétition comme ça au début du collège. Parce qu'en primaire, tu connais pas les notes et tout ça. Et c'est là que j'ai découvert que j'avais un esprit de compétition, de réussite en fait.

  • Speaker #0

    Et cet esprit de compétition, c'est un truc que t'entretiens ou qui reste là naturellement ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est tellement inné que j'aurais du mal à m'en séparer. Même si ce qui est bizarre, c'est que je dis que ce n'est pas ce que je recherche et tout ça. Mais je sais que si c'est un sujet que je maîtrise, je vais essayer de le maîtriser jusqu'au bout. Si c'est un truc que je ne maîtrise pas du tout, par contre, en fait, on ne va même pas... Si on me met sur une piste de ski, ça fait rire toutes les personnes et surtout mes collègues avec qui j'ai déjà skié. Je suis derrière, je ne suis pas, tout le monde m'attend, mais je m'en fous totalement parce que je sais que je ne maîtrise pas en fait. Par contre, si on me met sur un vélo, j'ai un chien derrière un os.

  • Speaker #0

    Et du coup, est-ce qu'à l'inverse, des fois, ça ne te desserre pas cet esprit de compétition ?

  • Speaker #1

    Oui, dans certaines situations, ce n'est pas très sain, en fait.

  • Speaker #0

    Et comment tu gères ça, du coup ?

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si je le gère.

  • Speaker #0

    Comment tu as commencé à t'orienter vers les défis, la compétition et vers le sport extrême ?

  • Speaker #1

    Quand j'ai commencé le triathlon, j'ai tout de suite été entraînée dans un groupe qui préparait la longue distance, 3,8 km de natation, 180 km de vélo et un marathon. dans le club que j'avais intégré. J'ai tout de suite eu, pas des capacités sur le long, mais une appétence. Et je pense que physiologiquement, je ne suis pas faite pour le cours, pour les sports courts et intenses, et plutôt pour des sports comme ça. Et c'est là que je trouvais mon plaisir. Et je me souviens, on m'avait dit, mais si tu commences l'Aironman à 23 ans, qu'est-ce que tu vas faire après ? Parce que dans la tête de certaines personnes, c'était on commence par les petites distances, et puis on monte, et puis si ça se trouve, on n'en fera jamais. Si ça se trouve, ce sera dans 10 ans. Qui se lancera sur la longue distance ? C'est moi, non ? Je ne me suis même pas posé de question. C'était la longue distance directe. La longue distance, c'est 11 heures d'effort. Par rapport à ce que je fais maintenant, ça ne fait pas grand-chose. C'est la même préparation. Je veux dire, c'est le même temps de préparation au final.

  • Speaker #0

    Tu parlais du plaisir que ça te procurerait. Justement, le plaisir, tu le trouves plus dans la préparation, pendant l'effort ou après l'effort ?

  • Speaker #1

    Pas après.

  • Speaker #0

    Ah non,

  • Speaker #1

    ok. Non, c'est plus dans l'instant, en fait. C'est vraiment dans le moment où je suis sur le vélo. J'ai fait de la course à pied. La course à pied, c'est tellement ingrat qu'en fait, on est dans la course à pied. Oui, mais je veux dire, une fois qu'on est... En fait, on souffre quand on court. Enfin, moi, je souffre quand on court, à chaque fois que je cours. Et on est super bien quand on arrête. Et moi, c'est plutôt le plaisir que ça amène et tout ce qu'on fait quand je suis sur le vélo, en fait. Quand je suis dessus et que je roule, quoi.

  • Speaker #0

    Mais tu souffres quand même parfois à vélo. Oui,

  • Speaker #1

    mais en fait, le cerveau, il oublie.

  • Speaker #0

    Et justement, est-ce que tu n'es pas un peu hors du temps quand tu fais des... Ce genre de compétition.

  • Speaker #1

    Dans les courses, c'est ça que j'aime bien aussi. C'est qu'on déconnecte du jour, de la nuit, des horaires, de tout. Moi, je suis dans une bulle totale. Il y a même des moments où tu oublies quel jour on est, tu oublies quelle heure il est. Il n'y a plus toute la notion sociale et d'obligation. J'ai un quotidien qui est hyper rythmé par les horaires, par tout. Il faut s'organiser. et puis que c'est la... J'ai des horaires d'école, j'ai des horaires du boulot, il y a tout ça, l'horaire du coucher pour ma fille, on a le nez rivé sur le temps tout le temps. Et là, t'as faim, tu manges, t'es fatiguée, tu dors même si il est 14h, tu fais une sieste, tu roules toute la nuit. En fait, c'est quelques jours dans l'année qui permettent de complètement déconnecter et moi c'est une façon un peu de, pas de respirer, mais de faire un petit reset par rapport au quotidien. En fait,

  • Speaker #0

    tu reviens à des choses très primaires, finalement. Oui,

  • Speaker #1

    et puis il y a plusieurs choses aussi que j'aime bien dans ces moments-là. C'est qu'en fait, il y a tout le quotidien, les obligations de ménage de rangement, des choses pas super... Et pas super... Ouais, qui disparaissent. Il y a tout le côté, parce qu'on est vachement connectés aussi, réseaux sociaux et tout, où je n'y touche pas du tout. Je déconnecte aussi totalement de ça. Moi, je ne touche pas du tout au téléphone de toute la course. C'est vraiment une déconnexion.

  • Speaker #0

    Et justement, à quoi tu penses quand tu es dans le dur, dans ces moments-là ? Tu es tellement déconnectée de tout, qu'est-ce qui te fait tenir ? Est-ce que du coup, c'est le fait de repenser justement à cette vie que tu as à côté ?

  • Speaker #1

    Je sais, ça fait plusieurs fois qu'on me pose la question, j'ai du mal à le définir. Je sais que dans les moments très durs, en fait, je me sors de la douleur et j'essaie de penser à autre chose. Peut-être de m'ancrer, par exemple, plus dans le... paysage, vraiment profiter de me dire que t'es mal, mais t'es là et tu pourrais être à un autre endroit où t'es pas bien en fait et ça tout de suite en fait ça fait relativiser et tu dis bah t'es mal mais profites-en parce que c'est toi qui as choisi d'être là et tu serais pas là, tu serais ailleurs t'aurais envie d'être là en fait en inversant le mode de pensée après tu te rends compte que 2-3 heures après ça va mieux quoi.

  • Speaker #0

    J'ai expliqué brièvement ce que c'était l'ultra distance, le bikeman, tout ça. Est-ce que tu peux nous expliquer davantage ce que c'est ? Est-ce qu'il fait la particularité de ces épreuves-là ?

  • Speaker #1

    Alors, le bikeman, c'est des courses de 1000 kilomètres, entre 20 et 26 000 de dénivelé positif, en totale autonomie. Donc, pas d'aide extérieure, on roule tout seul et pas en peloton. On se débrouille pour manger, boire, dormir, réparer son vélo, s'il nous arrive une coquille. et on a un tracés à suivre sur notre GPS qui est donné, on nous donne la trace et on suit tous le même tracé et on a 2 à 3 points de contrôle sur la course on va pointer notre carte et voir du monde aussi, c'est hyper important à préciser, c'est qu'on fait un truc seul, mais il y a une organisation il y a des gens qu'on retrouve à chaque fois c'est des gens qu'on voit et en fait on passe pas je sais pas, 50, 60 heures seul, c'est des petites portions seules et après on voit quand même du monde ... et je sais pas si j'étais seule sur 60 heures si j'irais quoi en fait parce que c'est aussi difficile de se retrouver comme ça sans parler à personne parce que souvent les concurrents autour de moi ils parlent très peu en fait Il n'y a qu'une exception dans ce que je liste. Un concurrent, lui, il déconne et tout ça, mais souvent, ils sont dans leur bulle. Tu leur parles, ils ont les écouteurs, ils ne les retirent même pas. C'est assez spécial, surtout sur l'avant de la course. Je pense que quand tu passes un peu derrière, l'ambiance est moins compétition, moins peut-être concentrée aussi. Mais oui, c'est difficile de parler avec tes concurrents pendant la course.

  • Speaker #0

    Mais du coup, c'est quoi le... Je me dis, qu'est-ce que tu cherches, toi, avec l'ultra-distance ? parce que... C'est d'aller voir jusqu'où peut aller ton corps et ta tête ?

  • Speaker #1

    Il y a une partie de ça, c'est toute la liberté que ça met. C'est vrai que j'aime bien chercher mes limites. Ce n'est pas volontaire, mais je sais qu'inconsciemment, ce n'est pas marrant, mais on se rend compte qu'on est capable de beaucoup plus que ce qu'on pense.

  • Speaker #0

    Et même après toutes ces années de pratique, tu arrives encore à te dire que tu pourras toujours faire mieux ou tu ne te dis pas qu'un jour tu vas atteindre un palier où tu vas toujours chercher à repousser ses limites.

  • Speaker #1

    Après, j'essaye de donner le meilleur à l'instant T. Ça fait deux ans que j'en fais. Après, j'ai fait du triathlon et tout. Après, il y a aussi la notion de plaisir. Si je suis au maximum, je donne mon maximum à ce moment-là. Je ne cherche pas forcément à être la meilleure. C'est surtout que je me prépare pour que la chose passe bien le jour J et que ce ne soit pas une souffrance tout le long. Puis que ça se passe facilement.

  • Speaker #0

    L'endurance et la résistance, est-ce que tu penses que... T'as l'impression qu'on le gère mieux. Quand on est une femme, on dit souvent que les femmes ont une meilleure tolérance à la douleur, ce genre de choses.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu...

  • Speaker #1

    Je sais pas.

  • Speaker #0

    C'est difficile parce qu'on est pas dans le corps d'un homme.

  • Speaker #1

    Exactement. Et puis, moi, je le disais, je vois souvent, en fait, autour de moi, on dit ça, et autour de moi, tu dis que t'as mal à la tête au boulot, et là, t'as 40 personnes qui te proposent de l'oliprane, et c'est des femmes, souvent. Donc, je dis, on a une meilleure résistance à la douleur ? Je ne sais pas. Peut-être qu'on n'en parle pas pareil. Après, il y a la douleur, puis la douleur physique quand on fait du sport et tout ça. Ça, c'est une question. Je viens de savoir au niveau de la science ce que tu as dit, en fait.

  • Speaker #0

    Et je te parlais de cette notion d'endurance parce que tu le disais aussi au début de l'épisode que toi, tu avais l'impression que tu étais physiologiquement fait pour faire de la résistance. Comment tu l'expliques ? Comment tu le ressens, ça ?

  • Speaker #1

    C'est simple. Tous les efforts physiques intenses, et oui, il faut être rapide, je n'y arrive pas. J'ai l'impression de me battre contre l'air, contre tout. Si je fais une séance intense, je ne récupère pas. Je me souviens, j'ai fait une année de demi-fonds, on faisait des sprints, et ils étaient au milieu de la piste, et moi, j'avais fait 5 mètres. J'y arrivais pas, j'y arrivais pas à courir vite.

  • Speaker #0

    Mais c'est intéressant de se dire que t'as réussi à t'écouter et à trouver le type d'épreuve qui te correspondait à ton mental et à ton corps.

  • Speaker #1

    En fait, ce que j'ai fait, c'est que je suis allée dans mon point fort. J'ai pas essayé de m'acharner, j'ai essayé de progresser sur des points faibles. Et j'ai trouvé un peu, oui, l'épreuve qui me correspond bien.

  • Speaker #0

    Et selon toi, c'est ça, se concentrer sur ses points forts, le secret pour performer ?

  • Speaker #1

    Moi, c'est toujours un peu ce que j'ai pensé. C'est qu'en ayant fait du triathlon, je me suis longtemps acharnée. J'ai appris à nager à 24 ans. Quand j'ai commencé la première année où j'ai fait du triathlon, je faisais ça en brasse, la tête hors de l'eau, je précise. En fait, j'ai passé, mais parfois, j'allais nager tous les soirs avec le club et je ne progressais pas. Et quand je regarde l'énergie que j'ai mise pour gagner 5 centièmes au 100, Sur plusieurs années, j'ai fait l'effet inverse. Je préfère travailler les points forts que les gros points faibles qui ne sont pas si handicapants.

  • Speaker #0

    Et toutes ces méthodes de travail, d'entraînement, ça te sert aussi dans ta vie à côté ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est le caractère que j'ai qui fait que si c'est des gros projets, j'en ai eu deux ces dernières années, je mets le même investissement que sur une course. Sur la fin, je suis capable de travailler, de bosser 24 heures sur 24 pour que ce soit à l'heure. Et ouais, j'ai le même investissement et je n'abandonne rien. C'est pareil, c'est le même engagement.

  • Speaker #0

    La particularité de cette épreuve, c'est aussi qu'elle est mixte. C'est une force pour toi ? Tu penses que c'est un gros plus ? Ça t'a encouragée vers ce sport-là ou tu ne t'es pas orientée ?

  • Speaker #1

    Je ne me suis pas trop posé la question. Après, c'est vrai que ça n'aurait été qu'un sport. Un truc où il n'y aurait que des femmes, je ne sais pas si j'y serais allée. C'est une force que ce ne soit pas genré, mais ça c'est pour toutes les épreuves de cyclo. Je parle qu'en public, quoi. Parce que je ne vais pas parler du cyclisme pro. Après, ça permet de se mesurer aux hommes, quoi. Donc, pour moi, c'est... Ouais, c'est sympa.

  • Speaker #0

    Et surtout que tu dis de se mesurer, mais toi, surtout que tu les as battues. Oui,

  • Speaker #1

    ouais, ouais. En fait, ouais, je fais la course avec des humains, en fait. Pas la course avec des hommes, mais des femmes, ouais.

  • Speaker #0

    Et est-ce qu'avant de gagner, justement, aux hommes, tu te disais un peu au fond de toi que ce n'était pas possible ?

  • Speaker #1

    Oui. Oui, déjà moi avant de commencer l'ultra, je me disais que ce n'était pas possible de faire, je ne m'en sentais pas capable en fait. Et c'est le premier que j'ai fait où j'ai vu que c'était possible.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce qui a fait justement que c'était possible ? L'entraînement ?

  • Speaker #1

    C'était vraiment dans la course en fait. On passe un cap, le 200, le 300 qu'on n'a jamais fait, le 400, puis en fait après c'est pareil quoi. 400, 500, 600, 700. C'est toujours un peu le même engagement physique en fait.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu avais un peu l'impression d'essuyer les plâtres en étant la première femme à remporter ce type d'épreuve ? Ou tu as l'impression que ça a été un peu dur à assumer au niveau des réactions autour de toi ?

  • Speaker #1

    Pour moi, oui. Si, si. Des fois, j'ai regretté à certains moments de ne pas avoir été un homme. Ça m'a dit que j'aurais été plus tranquille en fait. J'ai regretté la première victoire que j'ai eue en juillet 2022. Après, il y a des trucs qui se sont mal passés. J'ai regretté d'avoir gagné presque.

  • Speaker #0

    Et aujourd'hui, ce n'est plus le cas ?

  • Speaker #1

    Non, parce que c'était des cons en face.

  • Speaker #0

    C'est ce qu'il faudrait savoir. Selon toi, quelles sont les barrières que les femmes se mettent parfois avant de se lancer et se bloquent pour se lancer dans le genre d'épreuve ? Même les barrières que toi, tu as pu te mettre aussi.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si c'est déjà son sentir capable. Moi, je ne sais pas mon ressenti. Mais il y en a beaucoup qui parlent de la peur, rouler la nuit, des choses comme ça. Mais en fait, moi, je n'ai jamais ressenti d'insécurité. par rapport à ça.

  • Speaker #0

    Et toi, justement, c'est quoi ton insécurité dans le sport ? Qu'est-ce qui te fait peur dans ces épreuves-là ?

  • Speaker #1

    Moi, ce serait plus de me faire renverser par une voiture, par des choses que je ne peux pas maîtriser, en fait. Je me suis déjà fait renverser par une voiture qui roulait en sens inverse. Donc, je n'ai pas pu l'éviter. Et ça, c'est vrai, c'est des choses auxquelles j'essaie de ne pas penser pendant la course, mais qui me font peur, parce que ça veut dire que ça arrête tout et tu n'en es pas responsable. Tu grilles un feu, tu te fais renverser. tu sais que tu as joué avec le feu mais là... Ces petits points auxquels il ne faut pas penser pendant la course.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu aurais envie que les gens retiennent de tes performances et de toi ?

  • Speaker #1

    C'est la sincérité, l'honnêteté et le fait de faire ça en travaillant, en ayant une vie de famille, en arrivant à tout gérer et pas en faisant ça. en loisirs déguisés, où j'ai tout mon temps pour moi. Je vais faire ma sortie vélo, je me mets sur mon canapé. C'est plutôt là où je tiens un peu de, pas de la fierté, mais de la satisfaction de réussir à performer à ce niveau-là en ayant un travail à temps complet et une vie sociale normale.

  • Speaker #0

    C'est pas pesant parfois d'avoir cette vie tout le temps à 100 à l'heure ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est pour ça que les courses sont là parfois pour souffler. Après, moi, une fois que je suis sur le vélo, c'est vraiment un moment où je souffle aussi et où je déconnecte. Donc finalement, ça fait partie de l'équilibre.

  • Speaker #0

    Parce que j'ai tendance à me dire, tu vois, moi, je fais beaucoup de courses à pied et je trouve que justement, quand tu fais du sport comme ça, tu réfléchis beaucoup et des fois,

  • Speaker #1

    c'est difficile de déconnecter. C'est vrai, c'est assez bizarre parce que moi, je sais que si je vais rouler le midi, je pense au boulot, mais inconsciemment, il y a plein de trucs qui se débloquent. Il y a des trucs que j'arrive à... mais en fait, il fallait faire comme ça ou... Mais il y a aussi ce côté où, au bout d'un moment, je sens que j'ai déconnecté et que je me dis « ça y est, là, je peux y retourner » . C'est vraiment flagrant. On a passé la matinée sur l'ordinateur, on a un peu voilé. Puis au bout d'un moment, tout s'ouvre et au bout d'une heure, une heure vingt, c'est reset et on est prêt à repartir totalement frais.

  • Speaker #0

    Il y a un côté méditatif en fait dans les sports. Oui,

  • Speaker #1

    je ne sais pas, mais je sens vraiment à chaque fois une espèce de... Pas de déclic, mais se dire, ça y est, ça va mieux.

  • Speaker #0

    Tu parlais de déclic. Oui,

  • Speaker #1

    je ne me souviens pas.

  • Speaker #0

    Ce podcast, ça a été quoi pour toi ton plus gros déclic ? Que ce soit sportif ou pas, mais j'imagine qu'il a forcément un petit lien avec le sport.

  • Speaker #1

    Oui, le sport m'a aidée à prendre confiance en moi, à sortir de schémas qui n'étaient pas forcément super. et tout ça, ouais, ça m'a mis un... c'est quelque chose qui est constructeur en fait pour moi je sais pas comment l'exprimer mais ouais c'est euh C'est un peu une renaissance grâce au sport. Oui,

  • Speaker #0

    c'est fort de dire ça. Qu'est-ce qu'on peut te souhaiter ? Tu es déjà championne aujourd'hui,

  • Speaker #1

    mais qu'est-ce qu'on peut te souhaiter ? Continuer à prendre du plaisir. Ce que je fais, c'est quand même le plus important. Des fois, on voit des gens qui s'acharnent pour avoir des résultats, mais au final, le résultat, moi, je n'en tire pas de plaisir. C'est ça que je me dis. Il vaut mieux avoir du plaisir sur le moment que le plaisir d'un résultat qui ne te change pas ton quotidien. C'est dans les faits.

  • Speaker #0

    C'est intéressant, ça veut dire que même à haut niveau, le sport doit rester un plaisir.

  • Speaker #1

    Oui, parce que pour moi, c'est du sport amateur, ça reste un loisir. Donc, il ne faudrait pas que ça devienne une contrainte.

  • Speaker #0

    C'est jamais une contrainte, justement,

  • Speaker #1

    pour toi d'aller te reconnaître ? Non, la contrainte, c'est de ne pas pouvoir sortir, en fait. C'est quand je ne peux pas sortir, c'est plus la contrainte, elle est plus là. Moi, sortir, c'est jamais, même sous la pluie, j'ai jamais de problème de motivation, d'envie, de devoir y aller.

  • Speaker #0

    C'est de la discipline aussi, peut-être.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas. Ouais, il y a peut-être un peu de ça, mais j'y trouve toujours mon compte. Ça, c'est chouette.

  • Speaker #0

    Super. Merci beaucoup, Lauriane, pour ton témoignage. Est-ce que tu peux nous dire où est-ce qu'on peut te suivre, peut-être sur les réseaux sociaux ?

  • Speaker #1

    Sur les réseaux sociaux, je crois que c'est lauriane.placé. Sur Instagram, je suis... pas trop présente sur les réseaux sociaux. J'ai Instagram et c'est tout.

  • Speaker #0

    Et alors, quelles sont les prochaines épreuves sportives sur lesquelles on pourra te retrouver ?

  • Speaker #1

    Je prépare le Bikiman Sri Lanka qui est fin avril. C'est un peu spécial, je le fais en duo avec mon mari. Ce sera plus l'aventure et la course. Et après, je pense qu'il y aura une autre vraie course dans la saison, une ou deux.

  • Speaker #0

    Bon, débat en longue idée.

  • Speaker #1

    J'aime pas trop planifier, donc on verra après comment je vais récupérer.

  • Speaker #0

    Peut-être que ça fait aussi partie du sport plaisir, ça de pas trop planifier. Oui,

  • Speaker #1

    j'ai du mal. Tout planifier, tout ça, j'aime bien faire décider à la dernière minute.

  • Speaker #0

    C'est une belle approche du sport. Merci beaucoup, Lauriane, pour ton partage et puis à bientôt et plein de succès dans tes prochains projets.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager et à en parler autour de vous. Qui sait, il n'est peut-être pas si loin, ce déclic.

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