- Speaker #0
Aujourd'hui, avec Julien Bré, kinésithérapeute diplômé en micronutrition, on parle de bactéries, d'intelligence intestinale et de régime crétois. Vous avez une question ? On a la réponse ! Vous écoutez Conseil Sport, le podcast bien-être, santé, nutrition de Décathlon. Bonjour Julien !
- Speaker #1
Salut Céciliane.
- Speaker #0
Comment ça va ?
- Speaker #1
Ça va et toi ?
- Speaker #0
Ça va bien. Merci de me recevoir chez toi.
- Speaker #1
Avec plaisir.
- Speaker #0
Aujourd'hui, on parle d'intestin. Et l'intestin, on en parle depuis assez longtemps. Ça fait plusieurs années qu'on commence à en parler. Il y a beaucoup de littérature qui est sortie sur le sujet. On en parle comme le deuxième cerveau. Tu peux nous dire pourquoi ?
- Speaker #1
Alors oui, pour de multiples raisons, si tu veux. Déjà parce que c'est le lieu d'assimilation de nombreuses molécules. vraiment indispensables au fonctionnement cérébral. Alors, il y a les grosses molécules dont on entend parler souvent, les lipides, les glucides et les protéines.
- Speaker #0
Les macronutriments.
- Speaker #1
Voilà, les macronutriments qui sont tous indispensables pour le fonctionnement du cerveau et les micronutriments, donc le fer, le zinc, magnésium et j'en passe. Voilà, je te parlais de protéines. Dans ces protéines, il y a des acides aminés aussi. Les acides aminés, en fait, sont indispensables à la fabrication de neurotransmetteurs. C'est des molécules qui servent à la communication du cerveau, en gros. D'accord. Qui permettent d'envoyer les messages, c'est ça ? Oui, exactement, qui permettent d'envoyer des messages. Et ces neurotransmetteurs sont même dans l'intestin, ils sont même fabriqués dans l'intestin, notamment la sérotonine, par exemple. Je ne sais pas si tu as déjà entendu parler, mais voilà, entre autres. Donc, c'est primordial. Et enfin, parce qu'il abrite le microbiote, le microbiote qui va avoir cette faculté de moduler et de faire varier le fonctionnement cérébral, si tu veux.
- Speaker #0
Comme le cerveau qui sécrète toutes ces hormones. Souvent, ce n'est pas la sérotonine dont on parle, mais c'est plutôt la dopamine ou les endorphines.
- Speaker #1
Oui, tout à fait.
- Speaker #0
Tout ça est sécrété souvent via le sport. En tout cas, c'est pour ça que moi j'en parle.
- Speaker #1
Oui, tout à fait. Justement, l'intestin joue un rôle majeur dans ses fabrications. Par exemple, la dopamine, si les intestins ne fonctionnent pas correctement, il peut y avoir des altérations de la fabrication de dopamine, par exemple.
- Speaker #0
D'accord, ça peut aller jusque là.
- Speaker #1
Oui, tout à fait.
- Speaker #0
Tu as parlé de microbiote. À quoi ça sert le microbiote ? C'est quoi son rôle ?
- Speaker #1
C'est un rôle vraiment de modulateur. En fait, c'est plein de bactéries qui vivent en symbiose avec nous et qui permettent de moduler le fonctionnement du corps et du cerveau également.
- Speaker #0
D'accord. Qu'est-ce qui favorise un bon fonctionnement des intestins ?
- Speaker #1
Déjà, un microbiote sain, pour le coup, qui vit en harmonie avec notre hôte, c'est-à-dire nous. Une bonne gestion du stress, pour le coup, c'est très important aussi. Une alimentation adaptée, évidemment, riche en fruits, légumes, oméga 3, je dirais aussi. Donc, adaptée en tout cas à chacun. Faire attention à la pratique sportive qui est plutôt un moment de fragilité pour la sphère intestinale, en fait.
- Speaker #0
Alors, attends, là, t'as dit fragilité. T'es en train de me dire que ce ne serait pas forcément bon de faire du sport pour notre intestin, en tout cas pour son bon fonctionnement ?
- Speaker #1
En gros, c'est un moment de fragilité de la sphère intestinale. Mais si tu fais du sport de manière adaptée, dans de bonnes conditions, ton corps va s'adapter et il n'y aura aucun problème pour ta sphère intestinale. Mais c'est clair que c'est une fragilité possible de ta muqueuse intestinale.
- Speaker #0
Donc ça met un peu en stress nos intestins. Mais si nos intestins sont en bonne santé en général, s'ils sont dans un bon état de fonctionnement, etc., La pratique du sport, finalement, ne va pas forcément le fragiliser ?
- Speaker #1
Non, pas du tout. En tout cas, si les modalités de pratique sont bonnes.
- Speaker #0
Ok, ça me rassure quand même. Oui,
- Speaker #1
il n'y a pas de souci.
- Speaker #0
Mais en tout cas, si tu as une fragilité de base, par contre, il faut se méfier. J'imagine qu'il y a des choses auxquelles il faut penser en amont.
- Speaker #1
En fait, il faut être d'autant plus vigilant et comprendre que le sport ne règle pas tous les problèmes, clairement.
- Speaker #0
Quel est le lien direct que tu peux faire entre le sport et les intestins ?
- Speaker #1
Comme je te disais, le sport c'est une situation de fragilité au niveau intestinal. En gros, si tu veux, le sang qui irrigue les intestins, lors de la pratique sportive, il va venir être utilisé par les muscles, éventuellement la peau dans des ambiances chaudes. Donc il va y avoir ce qu'on appelle une ischémie au niveau de l'intestin qui s'ensuit à l'arrêt de la pratique sportive, d'un retour d'un influx massif du sang. Et qu'est-ce que transporte le sang ? En fait l'oxygène également. Et cet oxygène nous amène un gros stress oxydatif. Je ne sais pas si tu as déjà entendu parler de ce terme. En gros, c'est une réaction chimique qui détruit les tissus. Et ça va détruire en partie notre muqueuse intestinale et créer un phénomène d'hyperperméabilité intestinale.
- Speaker #0
D'accord. Alors si j'essaye de reformuler, quand on fait du sport, le sang s'occupe d'autre chose que des intestins.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Et à l'arrêt du sport, on a du coup du sang qui revient. qui se réoccupe de cette zone-là, et donc un afflux un peu plus important d'oxygène. Et c'est là qu'arrive cette perméabilité. Oui,
- Speaker #1
via le stress oxydatif qui est fait par l'oxygène. Alors du coup, cette hyperperméabilité, dans la plupart des cas, elle est physiologique.
- Speaker #0
Donc normale.
- Speaker #1
Voilà, tout à fait. C'est une adaptation. C'est une adaptation et la muqueuse revient à la normale au bout de quelques heures. Tout va bien.
- Speaker #0
Donc ça veut dire que tu dis qu'il y a physiologique, est-ce que tu l'opposes au fait que ça pourrait être pathologique ?
- Speaker #1
Oui, tout à fait. On peut tomber dans une hyperperméabilité chronique et occasionner des troubles inflammatoires, infectieux, immunitaires, notamment dans deux situations.
- Speaker #0
Quel genre de troubles tu peux avoir ?
- Speaker #1
En fait, ça peut entraîner des problèmes de fatigue chronique, des sportifs qui tombent malades très régulièrement, des gens qui se blessent tout le temps sans mettre de surcharge sur leur corps, par exemple. aussi, les problèmes... inflammatoires chroniques, pour le coup.
- Speaker #0
Et pas directement liés aux digestifs, comme des diarrhées ou des choses comme ça ?
- Speaker #1
Ah si, aussi. Ça, c'est les troubles les plus directs qu'on va avoir tout de suite pendant ou après la pratique sportive et qui peuvent devenir chroniques aussi. Effectivement, des troubles type diarrhée ou constipation ou les deux.
- Speaker #0
Qui peuvent vraiment gêner pendant la pratique, même voire après. Ouais,
- Speaker #1
si tu deviens hyper perméable de manière chronique. tu peux garder ces problèmes même après la pratique du sport et même les autres jours finalement.
- Speaker #0
Mais quand c'est physiologique, quand c'est le déroulement normal, ça n'arrive pas ?
- Speaker #1
Non, ça n'arrive pas.
- Speaker #0
D'accord. Tu me disais qu'il y avait deux situations de risque, je pense aux personnes qui sont déjà bien conscientes de leur fragilité intestinale, c'est important qu'elles sachent quelles sont les situations où leurs intestins vont être davantage en risque. C'est quoi ces situations ?
- Speaker #1
Alors déjà, quand on fait une pratique sportive qui occasionne une perte de... plus de 2% de son poids du corps entre le début et la fin de la pratique sportive. On est vraiment très à risque de développer une hyperperméabilité chronique. Deuxième chose, c'est quand on tape trop dans ses réserves de glycogène de manière trop importante. Typiquement, les gens à risque, ce seraient les gens qui vont courir à jeun régulièrement avec des séances de qualité à jeun régulièrement. Eux sont très susceptibles de devenir comme ça aussi.
- Speaker #0
Je rappelle, le glycogène, on en a parlé dans... Dans l'épisode sur le marathon, tu peux nous faire un petit rappel sur le glycogène ?
- Speaker #1
Alors oui, le glycogène finalement c'est notre carburant principal, c'est le sucre qui nous permet de faire fonctionner nos muscles, notre système cardio-respi, voilà.
- Speaker #0
Tout simplement, merci de ce petit rappel. Est-ce que nos intestins influencent nos performances sportives ?
- Speaker #1
Alors pour le coup là... Je vais te demander ton avis, Céciliane. À ton avis, est-ce que ça influence nos performances ?
- Speaker #0
Je dois t'avouer que si tu es gênée au niveau intestinal, clairement, ça doit te freiner. Enfin, j'imagine en tout cas. Donc, je dirais oui.
- Speaker #1
Oui. Alors, pour plein de raisons, oui. Puisque finalement, l'entraînement, c'est quoi ? C'est la meilleure adaptation possible à son stress, donc à son entraînement. Et la performance, c'est la meilleure adaptation à ça. Et finalement, l'intestin, on va dire que c'est l'organe de l'adaptation ou de la désadaptation s'il y a des problèmes, pour le coup. Donc, ouais, carrément.
- Speaker #0
Donc, on est d'accord que ça touche tous les sportifs et pas que les sportifs et les sportives qui font des sports d'endurance.
- Speaker #1
Ah non, pour le coup.
- Speaker #0
Je pense par exemple à mon collègue qui fait du badminton et qui observe aussi des difficultés parfois intestinales.
- Speaker #1
Non, non, ça touche tous les sportifs. À partir du moment où on fait une pratique sportive, il y a ce phénomène. Donc, il faut être vigilant, finalement.
- Speaker #0
Et comment on fait alors pour être vigilant ? Comment on fait pour chouchouter nos petits intestins ?
- Speaker #1
Alors, les petits,
- Speaker #0
ils sont longs quand même.
- Speaker #1
Ils sont longs quand même. Première chose, prendre soin de son microbiote, déjà. Il y a le régime crétois qui est quand même assez intéressant pour avoir des bonnes teneurs en macro et micronutriments. Moi,
- Speaker #0
je ne connais pas du tout ce régime.
- Speaker #1
C'est un dérivé du régime méditerranéen pour le coup.
- Speaker #0
D'accord, je ne connais pas non plus le régime méditerranéen.
- Speaker #1
Si tu veux, je pourrais te donner une affiche de la pyramide crétoise qu'on pourra mettre à côté si tu veux.
- Speaker #0
Super, je la mettrai dans le descriptif.
- Speaker #1
Voilà, faire attention évidemment à son stress. Si on a des problèmes de stress un peu pathologiques, essayez de gérer son stress. Ça peut être yoga, tai-chi, cohérence cardiaque. Et pour revenir au sport, faire attention à sa pratique sportive. Donc je t'avais déjà dit, je pense que... Pas faire de sport après avoir mangé, respecter au moins trois heures.
- Speaker #0
Oui, ça, tu l'as dit dans un épisode qui est passé au mois de janvier sur la reprise durable du sport. Et Mathieu l'a encore répété également dans, il me semble, les idées reçues des coureurs. Donc, trois heures après le repas, c'est le meilleur timing. Enfin, c'est le minimum.
- Speaker #1
Trois heures minimum.
- Speaker #0
Avant de partir faire son sport, sa séance.
- Speaker #1
Exactement, trois heures. Pour éviter notre perte de 2% de poids de corps et pour éviter ces problèmes de déplétion glycogénique, on va essayer de prendre des boissons d'effort régulièrement. Faire attention à sa ration de récupération, notamment pour les compètes ou pour les séances difficiles. C'est quand même important parce qu'il faut pouvoir reconstruire tout ce qui a été lésé par l'entraînement. Et ça, ça vient de l'alimentation. Et j'avais entendu Mathieu parler de fenêtres métaboliques et c'est le cas. Pour le coup, c'est très important.
- Speaker #0
Est-ce que tu peux juste rappeler la fenêtre métabolique, en quoi ça consiste ?
- Speaker #1
Oui, du coup, la fenêtre métabolique, en fait, c'est un moment privilégié pour pouvoir reconstruire ses stocks. Mais c'est aussi, alors, en termes de performance, c'est intéressant, mais en termes de prévention de fragilité, en termes de prévention de santé, c'est aussi extrêmement important. C'est-à-dire que c'est sûr que si tu remets du carburant dans ta machine, tu vas mieux fonctionner, mieux récupérer, donc être plus performant. Ça, c'est pour la partie entraînement. Mais si tu laisses encore plus les tissus qui ont été lésés par l'entraînement ou par la compétition, finalement, tu deviens à risque de chronicité de problèmes de santé.
- Speaker #0
Alors, il dit papa ?
- Speaker #1
Oui,
- Speaker #0
il dit papa. Je ne sais pas si vous entendez le petit garçon de Julien qui l'appelle. Il voudrait que l'épisode se termine. Justement, il va se terminer. Quel dernier message tu pourrais nous donner, Julien ?
- Speaker #1
Pour le coup, un message de prévention. On sait tous que le sport est plutôt bénéfique pour la santé, ce qui est totalement vrai. En revanche, ça ne nous autorise pas des écarts et peut-être même bien au contraire, parce que finalement, plus on fait de sport, plus notre système digestif et notre système tout entier va être dépendant de ce qu'on y met. Comment on le nourrit. Comment on le nourrit, exactement.
- Speaker #0
Pour un bon calculurant, il faut avoir avancé.
- Speaker #1
globalement, quand on entend « je suis allé courir, je peux manger tout et n'importe quoi » ou « je peux boire tout et n'importe quoi » , c'est plutôt très faux. Sorry,
- Speaker #0
non.
- Speaker #1
Voilà.
- Speaker #0
Ok, merci Julien.
- Speaker #1
Merci à toi.
- Speaker #0
À la prochaine. Salut. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager. Et si vous en voulez encore, ajoutez des étoiles sur Spotify et Apple Podcasts. Et surtout, laissez-nous un commentaire sur Apple Podcasts.