- Speaker #0
Rencontre, rupture, joie, échec, transformation, bonheur, tout commence par un déclic. Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans ce nouvel épisode, vous écoutez le déclic de Stéphane Houdet. Bonjour Stéphane.
- Speaker #1
Bonjour Manon.
- Speaker #0
Comment tu vas ?
- Speaker #1
Très bien.
- Speaker #0
Merci beaucoup de me recevoir, je suis ravie. Je suis ravie de te recevoir et aussi de te rencontrer, de rencontrer un champion comme toi. Pour te présenter à celles et ceux qui ne te connaissent pas, je vais commencer par parler de ton lieu de naissance. Est-ce que tu sais pourquoi ?
- Speaker #1
Peut-être pour la chanson de Michel Sardou, le France, la France Puisqu'on va accueillir le monde entier, peut-être que ça commence à Saint-Nazaire avec les paquebours Ça aurait pu,
- Speaker #0
mais en fait il faut que je sois aussi née à Saint-Nazaire Ah bah voilà Donc ça n'est pas en commun Des Nazériens C'est ça exactement, on se retrouve finalement Alors aujourd'hui on se retrouve chez toi à Paris Pour te présenter Stéphane, tu joues au tennis depuis tout petit je crois Et puis tu es devenue vétérinaire Merci. Il y a quelques années maintenant, tu as vécu un événement important, un accident de moto à l'âge de 25 ans. À la suite de celui-ci, tu perds l'usage de ton genou gauche et puis tu décideras quelques années plus tard de te faire amputer de cette même jambe et on en reparlera dans cet épisode. De cet accident, tu puisses une force assez exceptionnelle. Tu décides de t'investir d'autant plus dans le tennis et puis à l'envie, le talent et les choses aussi qui font que tu performes. Aujourd'hui, tu es joueur de tennis professionnel, mais surtout, entre autres, champion du monde, triple champion aux Jeux Paralympiques de tennis. Et le vainqueur de 23 grands chlèmes, tu es aussi papa. 24. 24, mais oui, 24, c'est vrai. Récemment 24, c'est vrai, tu pourrais bien le préciser. Et tu es aussi papa, je crois que c'est quelque chose qui est important pour toi, alors je me permets d'en parler. Papa de 4 enfants, 2 jumeaux en plus.
- Speaker #1
5 enfants.
- Speaker #0
5 enfants, mais tu ne peux pas à jour. Parmi toutes ces victoires et ce parcours de vie que j'ai brièvement résumé, finalement c'est quoi ton plus grand triomphe ?
- Speaker #1
C'est cette vie de famille. Et puis l'histoire, elle commence, puisque tu connais bien, au SNOS, à côté de la Soucoupe, grand parc sportif à Saint-Nazaire, puisque ma maman, qui était à l'époque professeure d'éducation physique et sportive, prof de gym, m'a emmené au club de foot, à côté de la Soucoupe, pour m'inscrire un mercredi. Et je ne sais pas pourquoi, parce que ce n'est pas du tout mon heure aujourd'hui, mais en arrivant devant ce grand établissement, j'ai fait machine arrière et je lui ai dit non, en fait, je ne veux pas m'inscrire dans ce club de foot. Et elle, elle est retournée dans son établissement scolaire le lendemain. Elle en a parlé avec ses collègues profs de gym également. Il y en a un qui lui a dit, écoute, s'il ne veut pas jouer au foot, alors que je joue au foot régulièrement avec les copains, essaye de me l'amener au tennis samedi et puis on verra si ça lui plaît. Et c'est comme ça que je suis arrivé au tennis. Le samedi que j'ai adoré, que le prof a décelé, que j'adorais. Et c'était le début de mes aventures tennistiques.
- Speaker #0
Et tant d'années plus tard, tu es toujours autant passionné. Est-ce que tu l'entretiens cette passion ?
- Speaker #1
Oui, je pense que ce qui se passe, et là on fait un bond loin en avant, mais ça a aussi été ma formation de vétérinaire, d'avoir appris à apprendre et d'avoir cette curiosité sur tous les sujets où j'ai envie, une fois que je les découvre, d'en apprendre plus. Et aujourd'hui, je continue à apprendre du tennis en fauteuil volant, que ce soit sur la partie innovation technologique, ma raquette, mon fauteuil, le jeu qui évolue. de plus en plus puissant, qui a changé depuis mes débuts. C'est magique. Donc, j'ai fait ceci, j'ai fait cela. Et puis, je contemple le passé. Je pense que le passé, il aurait pu s'interrompre quand j'avais 25 ans avec mon accident sur une route magnifique en Autriche. Donc, tout est un peu comme un bonus. Et je le découvre avec des yeux d'enfant. J'ai écouté, il n'y a pas très longtemps, une DRH qui disait à quel point l'adulte avait besoin de se remémorer ou de vivre des premières fois. Et ça m'a parlé comme un message important. C'est vrai que faire des choses pour la première fois, il y a cette excitation, ces petits papillons dans le cœur qui vont aussi me remémorer quelques années en arrière. J'ai eu deux pères de jumeaux qui sont grands aujourd'hui et je pensais plus d'enfants, plus de vie en couple. Pas dans le même appartement, pas de remariage, pas de choses comme ça. Et puis j'ai rencontré Marie et ça a tout bousculé. Et je me suis dit, si cette femme, j'étais sur ce même canapé, si elle veut des enfants, si elle veut se marier, si elle veut qu'on vive ensemble, j'aimerais vivre tout ça avec elle. Et puis voilà, c'était un renouveau. C'était une première fois avec les papillons dans le ventre. Donc je pense que c'est ce qui anime nos vies. Et d'ailleurs, je continue, je suis désolé, je suis très bavard. Il se trouve que je travaille depuis mon retour des Jeux de Tokyo pour une fondation. Une fondation qui va créer un bâtiment entièrement dédié à l'innovation, au service du handicap et de la perte d'autonomie. Et hier, on était avec le grand mécène qui a mis ça en place et qui faisait une présentation à toutes les équipes. Et il y a un monsieur qui, lui, s'occupe de formation, qui nous a conté une histoire autour des pulsions de mort et des pulsions de vie. Et en fait, nous, ce qui nous arrive, ce sont des pulsions de vie. Et le jour où on prend conscience qu'on peut... inverser un éventuel cercle vicieux en cercle vertueux, simplement parce qu'on a envie de vivre, et bien c'est ça qui m'anime et c'est ça qui, je pense, nous fait continuer à faire des choses malgré les différences, malgré les modifications morphologiques, malgré les troubles psychologiques associés au moment, et ça m'a bien plu. La pulsion de vie, donc ça c'est d'hier, et puis vivre des premières fois, c'est de la semaine dernière, mais voilà, c'est nouveau. et donc à chaque fois Je ne me dis pas que je me repose sur mes lauriers, sur un passé. Je regarde ce qui va se passer aujourd'hui. Et demain, je suis ravi de te découvrir et qu'on puisse échanger sur le sujet. C'est aussi une première fois.
- Speaker #0
C'est sûr. C'est marrant que tu parles de pulsion de vie. Ce podcast s'appelle Le Déclic. Et je me dis, finalement, un déclic, c'est aussi une pulsion de vie qu'on a d'un coup.
- Speaker #1
C'est exactement ça. On a tous deux vies. Et la deuxième commence le jour où on prend conscience qu'on n'en a qu'une. Et c'est ça, le déclic, en fait. C'était moi, à 25 ans, où je suis... invincible, j'ai pas le souvenir en dehors d'avoir perdu des matchs de tennis d'échec dans ma vie la vie est toute rose et puis boum, je fais une erreur je double une voiture qui se déporte pour doubler des vélos, je touche la voiture qui arrive en face de moi, je prends conscience que l'invincibilité elle est imaginaire, que je suis vulnérable et à ce moment là je me dis aussi c'était court, parce que je me vide de mon sang et je pense que c'est la fin ... C'était court, mais c'était bien. Et puis finalement, je vais avoir 15 jours de coma provoqué, me réveiller, et je prends ça comme un bonus. Donc c'est ça la pulsion de vie, c'est de se dire « Ah, en fait, t'as une deuxième chance. » Sauf que maintenant, t'as conscience que c'est très fragile, que ça peut s'arrêter du jour au lendemain, et que donc vois plutôt le verre à moitié plein, parce que le monde entier te proposera un verre à moitié vide, donc si tu veux que ce soit joyeux, essaye de le faire autrement.
- Speaker #0
Qu'est-ce qui a fait que tu t'es tourné vers le tennis après cet accident, enfin retourné ? Tu n'avais jamais vraiment arrêté, il me semble, mais que tu te sois davantage consacré.
- Speaker #1
Si, j'ai quand même arrêté. Quand j'étais vétérinaire en exercice, le sport social dans les petits villages, c'était le foot. Et puis mon histoire avec le tennis, où j'avais rêvé d'être un joueur professionnel, finalement appartenait au domaine du passé. Donc j'avais tourné la page, joué avec des amis. Mais comme je suis très branché compétition, j'avais mis ça de côté. Je retrouvais ça à la compète avec le foot. Après mon accident, j'ai retrouvé la compétition avec le bridge, parce qu'au début, je ne pouvais pas me déplacer, donc je m'asseyais autour d'une table et je trouvais la compète avec les compétitions de ce jeu de cartes qui est assez incroyable, qui est le bridge. Ensuite, j'ai retrouvé le golf comme sport de compétition. Et pourquoi je suis revenu au tennis ? Parce que je pense que dans le processus de reconstruction, au départ, j'avais un besoin de reconstruction personnelle. Est-ce qu'on va m'aimer ? Est-ce que je vais être aimé ? Est-ce que je vais pouvoir travailler à nouveau en tant que vétérinaire ? Donc la seule reconstruction professionnelle. Et puis cerise sur le gâteau, c'était de me dire l'image de moi que j'avais quand j'étais plus jeune. C'était celle d'un sportif, plutôt d'un sportif qui faisait des compètes, et d'un sportif qui faisait des compètes qui gagnait. Donc pour retrouver ça, je me suis tourné vers la compète, donc le bridge, le golf. Et puis ensuite, quand j'ai découvert le tennis, qui était mes premiers amours, ça m'a semblé être évident, d'autant plus que le circuit de tennis est juste incroyable, le circuit de tennis en fauteuil roulant. Et donc, j'ai tenté cette expérience en me disant, j'essaye de devenir un joueur de tennis pro. Puis si ça ne marche pas, de toute façon, je redeviens vétérinaire, donc c'est assez facile. Et c'est comme ça que j'ai décidé de tenter.
- Speaker #0
Et très vite, tu es monté en compétences ? Ça a été rapide ?
- Speaker #1
Oui, j'avais des repères et en fait, le premier tournoi auquel je participe, qui est un tournoi national, je le gagne. Je bats un joueur qui avait été 12e mondial et qui avait participé au jeu de Sydney. Au bout d'un an, je suis 9e. Au bout de trois ans, puisque mes premiers jeux à Pékin, je suis 3e mondial. En fait, j'avais un besoin d'apprentissage du déplacement avec le fauteuil roulant. Mais j'avais un bagage ténistique qui, même si je l'avais interrompu pendant quelques années, existait déjà. Donc je dirais que j'ai joué au tennis pendant 17 ans, et puis au tennis en fauteuil pendant quelques années pour gravir cet échelon et par la suite même devenir numéro un mondial.
- Speaker #0
Après ton accident, tu as perdu l'usage de ton genou, mais la décision de te faire amputer, c'est toi qui l'as prise plusieurs années après. Est-ce que tu l'as fait par passion pour le sport ? Est-ce que c'était uniquement pour le tennis ? Comment ça s'est passé pour toi ?
- Speaker #1
Non, non, non, c'est pas du tout une démarche ténistique. En fait, en termes de temporalité, au mois de septembre 2004, je rencontre un joueur de golf qui joue en Bermuda et dont on voit la prothèse. Et c'est le premier amputé que je vois super bien marcher. Moi, dans mon parcours médical, ma jambe a été récupérée sur la route. On m'a mis un clou. depuis le haut du fémur jusqu'au bas de la cheville, où je n'ai pas du tout la possibilité de plier mon genou. Et en plus, je n'arrive pas à relever mon pied. Donc j'ai une jambe raide, je marche avec une jambe raide, qui m'aide pas mal d'ailleurs pour le golf, puisque tous les amputés avec leur prothèse, je vois des difficultés. En revanche, ce jeune anglais marche super bien, et c'est le premier qui me fait rêver en me disant « Ah, mais ça c'est mieux que ce que j'ai vu jusqu'à présent » . Donc on sait que mon parcours médical est plus ou moins à terme, et que j'ai des douleurs, parce que je marche avec une jambe raide, des douleurs dorsales, et qu'un jour, il va falloir qu'on évolue sur ce plan-là, et ce sera probablement une amputation. En septembre, je le rencontre, au mois d'octobre, je le revois, et à cette occasion, je rencontre Johan Cruyff, le joueur de foot, qui me fait découvrir le tennis-fauteuil, parce qu'il me parle de tennis-fauteuil. Au mois de novembre, je filme, j'échange avec mon chirurgien de l'époque, où je lui dis que j'ai vu cette prothèse et que sur le plan fonctionnel, c'est bien mieux que ce que j'ai. On se met d'accord et il me dit « oui, tu as raison, on ne fera pas mieux que ce qu'on en a aujourd'hui avec ta jambe raide, et en plus elle est à risque, donc au mois de décembre, je vis cette amputation comme un cadeau de Noël. Qu'est-ce que ça va se passer le 28 décembre ? » Et l'objet est fonctionnel, c'est-à-dire qu'on fait un bilan fonctionnel en disant « voilà, Avec un membre prothétique, tu vas faire ceci, cela, tu vas t'asseoir. Alors qu'auparavant, moi, avec ma jambe raide, je ne pouvais pas aller au cinéma parce que je mettais mon pied entre les oreilles ou près de l'oreille de mon voisin de devant. Le resto, je me baladais toujours avec un petit tabouret, que la démarche, c'était l'enfer. Donc, on fait vraiment un bilan fonctionnel. Et assez simplement, comme feraient les anglo-saxons, on dit ça, c'est mieux que ce membre physiologique très abîmé. Donc, on décide, plutôt que de l'amputation, En fait, je décide de supprimer un point mort pour le remplacer par un membre hypothétique hyper fonctionnel. Et je fais ce choix dans un souci de bien-être physiologique. Et il se trouve que par la suite, ou de façon concomitante, je découvre le tennis en fauteuil. Mais mes débuts sont autour de jouer au golf. Je veux jouer au golf avec ma prothèse. Et d'ailleurs, au début, je vais faire les deux. Je vais jouer au golf et au tennis.
- Speaker #0
Est-ce que, après tout ce que tu as vécu depuis cet accident, que ce soit sportivement parlant, même dans ta famille, émotionnellement parlant, tout ça, est-ce que l'accident, c'est quelque chose auquel tu penses souvent ?
- Speaker #1
Mes enfants m'ont un jour posé la question, les plus beaux jours de ma vie, et je cherchais un moment clé dans ma vie qui m'avait permis de vivre mon rêve d'enfant, qui était probablement d'être un sportif professionnel et d'un joueur de tennis professionnel. J'avais vu Yannick Noah gagner en 1983 à Roland-Garros, je l'avais vu à la télé, mais c'était aussi à Saint-Nazaire, un jour de fête des mères chez moi et mon mère. À un moment où je suis vétérinaire, en exercice, où ma carrière est presque tracée, l'accident va me permettre d'envisager de revivre ce rêve d'enfant. Donc j'y pense dans le sens où c'est le moment qui l'a permis. Et puis tout ce qui en découle depuis. Hier, j'ai fléchissé avec une géographie qui était limitée. Quand on est vétérinaire, on a une patientèle. une clientèle, une zone de chalandise qui fait à peu près 12 km de diamètre et on vit dans cet univers. Là, je découvre le monde et tous les projets sont autour du monde entier. Donc je change et la bascule vers le sport, elle découle de ce jour. C'est de façon très positive que je pense à ce 9 août 1996 qui m'a permis de vivre tout ça.
- Speaker #0
Est-ce que tu penses que ça a changé ton regard sur le sport et ton rapport au sport ?
- Speaker #1
Je ne crois pas, non. Justement, tout ce que je voudrais faire évoluer dans le mouvement paralympique découle de mon passif de sportif. Et comment j'aimerais qu'on ait des jeux universels où on trouve des sports qu'on pourrait pratiquer tous ensemble. Si toi tu t'assieds dans un fauteuil, quelle que soit ta différence, d'un seul coup on peut jouer ensemble au lieu de se dire... Dis-moi d'abord à quel point tu as un problème et quel est ton problème pour que tu puisses participer aux Jeux paralympiques. Et si et seulement si tu as un problème, tu as le droit de participer. Moi, j'aimerais bien qu'on chamboule tout ça et au contraire qu'on dise si tu t'assieds, tu joues avec moi et c'est fini.
- Speaker #0
Et ton rapport au corps, est-ce qu'il est différent ?
- Speaker #1
Alors au tout début, c'est sûr que quand on se regarde dans un miroir et qu'il manque un bout, c'est un cheminement qu'on doit avoir. De se dire, j'ai prononcé cette phrase tout à l'heure, mais... Puisqu'on s'aime moins ou qu'on ne s'aime plus, est-ce que quelqu'un d'autre va nous aimer ? Et puis petit à petit, on remplace le bout qui manque par une prothèse. Puis finalement, on trouve la prothèse jolie, comme presque. Il y a des gens qui l'imaginent avec un tatouage ou un piercing. Moi, je relis ça à deux moments clés, à les trois. 3. Ce joueur que j'ai rencontré en jouant au golf, qui était en bermuda, c'est parce que sa prothèse était visible que j'ai compris ce qu'il était possible de faire. Donc j'ai voulu aussi marcher avec un bermuda et prothèse nue. Sur le plan fonctionnel, c'est mieux aussi. donc au départ je n'osais pas le faire en France, donc je faisais ça plutôt j'en profitais quand j'étais à l'étranger en me disant j'entends pas ce que les gens disent donc cette image de pas de soi même mais de ce que les autres peuvent...
- Speaker #0
C'est toujours le plus compliqué le regard des autres.
- Speaker #1
Je suis pas sûr. Ah ouais ? Non je suis pas sûr parce qu'aujourd'hui je pense que la communication agit en effet miroir donc si tu es à l'aise avec toi même tu renvoies cette image et pour les autres c'est facile de te renvoyer un sourire si tu as un sourire comme c'est facile de demander de la compassion. Je ne sais pas, je prends l'exemple du conducteur. Quand tu te fâches au volant, les autres vont se fâcher. Alors que si tu fais un sourire, tu dis, « Ah, excusez-moi, je n'ai pas fait exprès. » Ça se passe plutôt bien. Et donc, au début, je me baladais en Bermuda comme ça. Et puis ensuite, mes parents sont venus sur des tournois à l'étranger, je pense en Australie. Et mon père me disait, « Ah, tu sais, ça me fait bizarre de te voir avec le Bermuda. » Et je lui disais oui. Mais je vais te raconter quelque chose qui est très importante pour moi. Dans un hôtel en Australie, je marchais, et puis j'ai un monsieur qui m'a interpellé, qui m'a tapé sur l'épaule et qui m'a dit merci. Et je lui ai dit mais merci pourquoi ? Vous êtes venu voir le tennis ? Vous avez vu des choses ? Il m'a dit non, non. En fait, j'ai la même prothèse que vous et j'ose pas faire ce que vous faites. Là, d'un seul coup, vous me libérez. Alors je dis à mon père, c'est comme un message important à véhiculer. Il faut pouvoir montrer aux gens qu'on peut bien marcher avec une prothèse. Et puis l'autre histoire, je sais pas pourquoi, j'adore l'Australie, mais je crois que c'est aussi en Australie, où je suis assis à l'aéroport. Et puis un petit garçon qui arrête pas d'interroger sa maman, et je vois bien qu'ils demandent C'est quoi ce truc ? C'est quoi ce truc ? Et la maman n'ose pas répondre. Donc je réponds, je lui dis, mais ce truc, c'est une prothèse magique, c'est une jambe robot. C'est la jambe de l'homme qui valait 3 milliards. Ça me permet de courir plus vite et de sauter plus loin. Elle me dit, ah bon, c'est vrai ? Je lui dis, oui, si tu veux, on fait la course. Il était tout jeune. Si tu veux, on fait la course, tu vas voir. Et hop, je me lève et je fais la course avec lui. Je gagne. Évidemment, je reviens. Je m'assieds. Il regarde sa maman et il dit « Maman, parce que je peux avoir la même et donc voilà c'est un peu comme ça aussi qu'on éduque sur la différence qu'on partage et qu'on modifie son rapport à soi-même et donc son rapport aux autres parce que le début de l'histoire c'est quand même comment je communique mieux avec moi-même pour mieux communiquer avec les autres éduquer,
- Speaker #0
partager, expliquer tu penses que c'est ça qui fait un mental de champion ? est-ce que tu penses déjà avoir toi un mental de champion ?
- Speaker #1
C'est quoi le mental de champion ? Je vais définir le mental de champion, je ne sais pas ce que font les autres, mais pour moi, le mental de champion, c'est celui qui se concentre en permanence, qui a des filtres et qui se concentre sur le verre à moitié plein. Donc c'est comment tu améliores. Et ça, c'est valable pour des entrepreneurs, pour des journalistes, finalement pour tout le monde, pour des enseignants. Comment tu aides l'autre à voir le verre à moitié plein ? Ça pourrait être ça, le mental de champion.
- Speaker #0
Donc, c'est quelque chose qui s'apprend, finalement ? Contrairement à ce qu'on pourrait penser, on n'est pas forcément champion, en fait. On le devient.
- Speaker #1
Alors, il semblerait qu'il y ait quand même un dosage d'hormones. qui oriente vers des gens qui sont positifs et des gens qui sont négatifs, vers des gens qui sont dans la procrastination et d'autres qui sont dans l'organisation. Comme tout, je pense qu'on peut l'apprendre et basculer d'un cercle vicieux vers un cercle vertueux. Donc je pense que cette... pulsion de vie, voilà, j'y reviens, on l'a tous au fond de nous et on n'a pas tous la chance de l'expérimenter. Et c'est vrai qu'il y a des parcours forcément, j'en fais pas abstraction et je l'ai vécu, où c'est difficile, où tu peux avoir des phases dépressives, addictives, suicidaires. En revanche, si on t'éclaire sur un autre monde des possibles, je crois que ça peut s'apprendre et que tu peux aller vers ça avec la valeur de l'exemple. J'aime beaucoup la valeur de l'exemple.
- Speaker #0
Tu penses que c'est ce mental là qui t'a amené à gagner, à remporter toutes ces victoires et tous ces prix ?
- Speaker #1
Oui, oui, forcément, parce qu'il y a un moment où aussi il faut apprendre à se détacher de ce qui est en train de se passer pour exceller dans ce que tu es en train de faire. Donc il y a un jeu entre l'automatisme et puis la réflexion autour de ce qui est en train de se passer. En fait, on a tous des monologues ou des dialogues en interne avec soi-même. Est-ce que je pose cette question ? Est-ce que j'y vais ? Est-ce que là maintenant, je suis en finale, c'est balle de match, mais si je gagne, je vais soulever le trophée, puis je vais devoir faire un discours où je vais gagner telle chose, et puis après je vais avoir tel sponsor. Tu es ailleurs, tu n'es pas du tout dans ce que tu dois faire. Et à mon avis, c'est la raison pour laquelle on voit des sportifs qui ont beaucoup de routines. Il y a un Raphaël Nadal qui est l'exemple le plus typique, qui va se toucher le front, les ailes du nez. euh le short qui pose ses bouteilles, c'est comment tu occupes ton cerveau à autre chose pour être dans l'instant présent et revenir à tes automatismes. Et lui, il ne sait pas qu'il est en train de gagner pour la 13e fois, la 14e fois, et c'est le premier, une fois qu'il a gagné, célébré, mais a rejoué le lundi ou le mardi suivant avec des adversaires qui sont là pour le battre. Donc les trophées appartiennent au passé, et il est dans comment je peux progresser pour mieux jouer la semaine suivante.
- Speaker #0
Et toi, c'est quoi ta stratégie pour rester dans l'instant présent ? Est-ce que toi, tu te touches le nez ? C'est quoi ton truc à toi ?
- Speaker #1
Le truc que je préfère, c'est de trouver des lettres qui sont soit inscrites sur le cours. Par exemple, j'étais à Melbourne. Et donc, je joue avec les lettres pour me relier à la famille.
- Speaker #0
OK.
- Speaker #1
Et donc, je fais un petit tour comme ça en me disant qu'ils sont avec moi. Et puis, si elles ne sont pas sur le cours, je vais les chercher sur les bâches ou bien je les imagine.
- Speaker #0
C'est un truc que tu fais depuis longtemps ?
- Speaker #1
C'est un truc que je fais depuis longtemps. C'est ce qui me plaît bien sur le cours pour me rattacher. Ou balle de match, moment important. Moi, je vais toucher ces petites lettres et je dirais, ils sont là. Et on joue ensemble.
- Speaker #0
Est-ce que tu dirais que tu es superstitieux du coup ?
- Speaker #1
Non, même pas.
- Speaker #0
Spirituel,
- Speaker #1
plus ? Certainement. Une forme de spiritualité qui n'est pas religieuse, mais qui est ancrée dans l'humain.
- Speaker #0
C'est quoi ton plus grand rêve maintenant ?
- Speaker #1
Oula ! Là, on va avoir un petit garçon bientôt. Et donc, c'est toujours rattaché à la santé, au fait que tout se passe bien et que mon moteur, c'est le plaisir. Et le bonheur, c'est la somme des moments de plaisir partagés. Donc mon rêve est autour du bonheur.
- Speaker #0
Est-ce que tes enfants font du tennis ?
- Speaker #1
Ils en ont fait un peu, mais après ils sont partis dans d'autres disciplines. Et je crois que c'est important aussi de construire avec autre chose que ce que tes parents ont fait.
- Speaker #0
Tu leur transmets quand même cet amour du sport, mais pas forcément celui du tennis ?
- Speaker #1
Je pense que c'est plutôt cet amour de la vie. Ouais. Toi,
- Speaker #0
elle passe par le sport aussi.
- Speaker #1
Oui, qui pour moi est passée par le sport parce que c'est un vecteur de communication. Mais ça peut être l'art, ça peut être l'entrepreneuriat, ça peut être le questionnement philosophique, journalistique. Chacun, je pense, est construit par rapport à ce qu'il a vécu petit. Et à mon avis, ce sont les meilleures fondations. La construction autour du rêve d'enfance. D'ailleurs, c'est une autre question d'un autre philosophe que j'adore, mais c'est est-ce que vous faites le métier qui vous animait enfant ? Et si vous vous rapprochez de vos rêves d'enfance ? Est-ce que c'est ça qui vous anime le plus ? Moi, j'aime bien aller vers ça.
- Speaker #0
Moi, je crois que je dirais oui. Je me pose la question. Donc, c'est cool. Il y a une question que je pose souvent dans ce podcast qui s'appelle le déclic. Je demande à mes invités ce que c'est pour eux un déclic. Est-ce que du coup, on reste sur cette idée de pulsion de vie ou tu as une autre définition à nous apporter, à nous partager ?
- Speaker #1
Pour moi, c'est une route qui est tracée. professionnelle, personnelle, sportive avec un point final quand j'ai 25 ans et que je suis sur la route et puis déclic, boum, je touche une voiture, et ben non, ça peut s'interrompre, la vie est hyper fragile donc il faut partir sur autre chose et cette autre chose c'est vivre. au moment où peut-être tu es en train de comprendre que tu es en train de mourir. Donc c'est ça le déclic, c'est le switch entre la pulsion de mort et la pulsion de vie. Sachant qu'on est mortel, donc ça se terminera un jour, et encore une fois, je pense que toutes nos vies, quoi qu'il arrive, seront trop courtes. Surtout si on est en bonne santé. Le rêve aujourd'hui, c'est de vivre longtemps en bonne santé. Donc le déclic qui est la pulsion de vie, j'aime bien.
- Speaker #0
On va pouvoir finir cet épisode sur ça, sur les pulsions de vie. Ça m'aura marqué,
- Speaker #1
tu vois. Tu vois, c'était trop court.
- Speaker #0
Oui, c'est trop court. Encore plein de questions à te poser, mais peut-être une autre fois. Merci beaucoup Stéphane. Merci. Est-ce que tu peux nous redire, peut-être on peut te suivre, ton actualité sur tes réseaux sociaux ?
- Speaker #1
Le plus facile, c'est Instagram. Et après, je suis très WhatsApp. Si tu m'envoies un mail, j'en reçois beaucoup et j'ai du mal à y répondre à tous. Donc, il faut essayer de choper mon numéro pour me mettre sur WhatsApp. Et là, je suis en commun. Non, non, non, j'ai une équipe dédiée. Il y a des relais qui sont parfaits.
- Speaker #0
Super. Merci beaucoup Stéphane et puis à bientôt.
- Speaker #1
Merci, à bientôt.
- Speaker #0
Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager et à en parler autour de vous. Qui sait, il n'est peut-être pas si loin ce déclic.