Description
Transcription
- Speaker #0
Ce qui fait ma force, c'est que j'affiche mes ambitions, je le dis haut et fort. Aujourd'hui, je dois réaliser le record de France. Aujourd'hui, je pars sur ces allures-là et je n'ai pas le choix. Si ça ne se passe pas bien, ce n'est pas grave, je repars à l'entraînement. Si ça se passe bien, tant mieux, c'est coché. Maintenant, on passe à autre chose, on réfléchit à d'autres objectifs.
- Speaker #1
Bienvenue dans ADN d'athlète, le podcast by Décathlon. qui explore les coulisses de la performance. Pour cette première saison, en partenariat avec Keep Run, le champion d'athlétisme Jimmy Gressier nous ouvre les portes de son quotidien. À ses côtés, des experts nous livrent dans chaque épisode des leviers concrets pour repousser nos limites et atteindre de nouveaux objectifs. Dans ce quatrième épisode, Jimmy nous en dit plus sur son mindset et son rapport à la santé mentale. Et pour comprendre l'impact du mental sur la performance, Mathias Wattin, psychologue clinicien, psychothérapeute. psychologue du sport et préparateur mental, nous parle des outils qu'un athlète peut mettre en place pour continuer à performer de manière saine. Mais avant ça, Jimmy nous raconte ce qui se joue dans sa tête quelques secondes avant le départ.
- Speaker #0
Mon mindset, c'est vraiment, une fois que je suis sur une ligne de départ, c'est OK, je me dis débranche. Une fois que le coup de départ est donné, je ne sais plus comment je m'appelle, je ne sais plus j'ai quel âge, je ne sais plus je suis qui. Mon cerveau est complètement déconnecté et je veux vraiment aller chercher qu'une seule chose, c'est la victoire. Et je me mets à 100%. Même quand on se sent un peu inférieur sur le papier en termes de chrono, on essaye de se persuader qu'aujourd'hui on va les battre, on essaye de se mettre dans un mood un peu plus énervé, un peu plus un truc où on part un peu à la chasse à la médaille. Dans l'athlète de haut niveau aujourd'hui, c'est hyper important. d'être suivi mentalement, d'être accompagné mentalement. Mais pour ma part, je n'ai pas d'accompagnement mental, parce qu'aujourd'hui j'ai les clés qui m'aident à réussir, à réaliser mes objectifs. C'est un peu par la force de mon histoire, de là où je viens, que j'arrive à trouver les clés les plus faciles et les plus appropriées. Quand tu sais d'où tu viens, quand tu sais où tu veux aller, toutes ces choses te permettent aussi de relativiser et de prendre ça avec beaucoup de plaisir. avec beaucoup d'envie aussi. Quand je suis prêt physiquement, je sais ce que je fais, c'est mon métier. Je le répète des tonnes de fois à l'entraînement, et c'est ce qui fait généralement la différence, et surtout que j'ai aussi confiance en moi. Et aussi ce qui fait ma force, c'est que j'affiche mes ambitions, je le dis haut et fort, et en fait ça, ça ne me met pas la pression. Aujourd'hui je dois réaliser le record de France, je dois courir en 12,55 au 5000 mètres, aujourd'hui je pars sur ces allures-là, et je n'ai pas le choix, je vais faire le record de France. Si ça ne se passe pas bien, ce n'est pas grave, je repars à l'entraînement. Si ça se passe bien, tant mieux, c'est coché. Maintenant, on passe à autre chose, on réfléchit à d'autres objectifs. À partir du moment où tu te mets des objectifs clairs en tête et que tu prépares bien tes objectifs, le plus important, c'est l'avant, ce n'est pas le pendant. Là où mes coachs m'aident beaucoup, c'est aussi sur la visualisation de compétition. Aux Jeux Olympiques, quand je suis sur la ligne de départ, pourtant je sais qu'il y en a quelques-uns plus forts que moi, je me perçois que je vais gagner. Et donc des fois, quand tu n'arrives pas à réaliser ton objectif, tu es là, enfin c'est fini, on partira sur une prochaine. Mais là, enfin c'est fini. Et puis quand tu gagnes aussi, des fois, ça m'est arrivé d'être en train de gagner une course, c'est tellement dur. Tu as une partie de ton cerveau qui dit arrête, tu as une partie de ton cerveau qui dit non, continue, c'est magnifique ce que tu es en train de faire. Mais c'est sûr que j'ai l'impression... d'avoir deux d'unimis, un d'unimis d'un côté qui veut arrêter, un d'unimis de l'autre côté qui veut tout casser. Généralement, c'est celui qui veut tout casser qui prend le relais à chaque fois, donc c'est une bataille interne.
- Speaker #1
Dans le sport de haut niveau, cette tension intérieure est une réalité bien connue des athlètes. Ils font souvent face à des situations complexes et doivent sans cesse naviguer entre doute, fatigue et envie de repousser leurs limites.
- Speaker #2
Dans le sport de haut niveau, oui, très souvent, il y a une lutte interne. Et c'est là aussi où je pense que c'est important d'être centré sur son corps et de pouvoir se baser sur ses indicateurs physiologiques.
- Speaker #1
Pour appréhender ses dynamiques internes plus sereinement, Mathias Wattin, psychologue clinicien, psychothérapeute, psychologue du sport et préparateur mental, nous explique en quoi et dans quelle mesure le mental peut devenir un levier pour transformer ses moments de lutte intérieure en apprentissage et en progression.
- Speaker #2
Parfois, oui, la tête, elle dit j'en peux plus. Et malgré tout, je suis capable de continuer. Souvent c'est lié à des peurs, et on a le droit d'avoir des peurs, pas de problème, mais c'est de voir comment j'arrive à laisser la place plus à l'une, à faire taire l'autre dans les voies internes. dans ces dilemmes internes qu'on peut avoir, pour arriver à augmenter les chances de parvenir à faire ce qu'on a prévu de faire. Et se dire, comment je peux rester maître ? Ça vient faire écho à la notion d'autoréalisation des prophéties. J'affirme ce que je veux, et en le disant, j'augmente les chances d'y arriver. Parce que du coup, dans notre organisme, il va aussi y avoir des réactions physiologiques qui vont augmenter les chances qu'on y arrive. La motivation. Voilà, de la détermination, on va avoir de l'adrénaline. Tous ces éléments-là vont pouvoir nous aider aussi à réaliser nos objectifs, tout simplement.
- Speaker #0
Des fois, je réalise des objectifs et quelques mois après, je vais me poser quand même des questions, savoir si je suis capable de repartir sur cet objectif. Et mon coach adrénautologique me dit « mais non, mais c'est bon, ça tu l'as réalisé il y a trois mois, maintenant on va chercher plus rapide » . Et eux, ils décomplexent un peu ça et généralement, à chaque fois qu'ils m'ont dit ça, j'ai réussi à le faire. Du coup, je crois en ce qu'il dit et ce qu'il me dit de faire, je le fais. Je mets les ambitions pour le faire et généralement, ça passe. Ça m'est arrivé d'échouer deux fois au championnat d'Europe de Munich sur la piste, sur la finale du 10 000 mètres et sur celle de Rome aussi, sur la finale du 10 000 mètres. J'étais favori pour aller chercher la médaille et le titre aussi. Sauf que sur ces deux courses, c'est les pires échecs de ma vie. Il y en a un. J'étais cramé mentalement à Munich, c'était en fin de saison. Et en fait, on avait mal géré la saison, mal géré les priorités de piques de forme, etc. Et donc j'arrive sur la ligne de départ, j'ai plus envie de courir, faire 25 tours de piste, ça me paraît insurmontable. J'étais vraiment cramé mentalement. Et du coup, ça se solde pour avoir une quatrième place, je ne vais pas chercher la médaille. Sauf que le lendemain, j'ai quand même pleuré, j'étais pas bien dans ma tête, parce que j'avais l'impression d'être un peu un clown. Je culpabilisais beaucoup. Par contre, je suis parti en vacances et je suis revenu quelques mois après plus fort que ce que j'étais encore parce que ça m'a servi d'apprentissage. Et l'année dernière, à Rome, je n'ai pas eu d'autre choix d'y aller blessé. Je me suis fait une blessure au tendon deux semaines avant et donc je suis arrivé là-bas pas à 100% de mes capacités. Et je refais cinquième et c'est les deux premiers échecs que je garde quand même au fond de moi, mais que j'apprends et que je vais continuer d'apprendre pour le futur. Et il y a justement les championnats d'Europe de Birmingham l'année prochaine. J'ai déjà mon plan d'action pour éviter d'arriver 1. cramé ou 2. blessé comme les années d'avant. Mentalement, parfois, c'est dur, mais il faut savoir s'octroyer des moments de vacances. Je n'ai pas peur de me dire que quand je vais revenir, je vais être nul. Parce que du coup, quand je reviens, oui, c'est une certitude, je suis nul par rapport à mon niveau de base. Mais sauf que je repasse les caps à l'entraînement. Petit à petit, je repère un peu de poids, je refais un peu plus attention à comment je dehors. un peu toutes les choses que je mets au quotidien. Et donc du coup, ça me permet d'avoir un bon équilibre mental et à quasiment jamais être blessé, d'enchaîner les saisons assez facilement.
- Speaker #1
Pour s'inspirer de la manière dont les athlètes de haut niveau traversent les réussites et les échecs, Mathias Ouattine nous donne quelques clés de compréhension à propos des mécanismes à déjouer et des outils à mettre en place.
- Speaker #2
Le mental des athlètes de haut niveau peut-être a une particularité. Il y a toujours un dilemme entre... Ce dont à quoi j'aspire, donc mes exigences, et la notion de frustration, déception parce que je n'ai pas réussi. Il y a souvent des points de bascule. À certains moments, c'est moteur. À certains moments, c'est un frein. On ne peut pas être tout le temps à fond et que tout se passe bien. Ça fait partie du processus de tomber, de se relever. Le plus important, c'est de savoir qu'est-ce que je fais, pourquoi je suis tombé et comment je pourrais faire la prochaine fois pour ne pas tomber. dans cette situation-là. Finalement, on avance par essais-erreurs. Et on progresse, et on progresse. Je pense que c'est présent, ou ça peut être présent chez tout le monde, finalement, la mentalité de compétiteur-compétitrice, c'est quelle motivation je vais avoir par rapport à tel événement. Comment je vais me positionner d'un point de vue interne, comment je l'aborde, en fait. C'est pas simplement avoir envie de gagner, avoir envie de faire son mieux, c'est de savoir aussi... Même si ça ne se passe pas comme je veux, je recommence. Et je veux réussir.
- Speaker #1
La santé mentale des sportifs, qui était encore taboue il y a peu, est davantage prise au sérieux. Selon Mathias Wattin, c'est lié à l'émergence du rôle de préparateur mental qui a mis en lumière le besoin d'accompagnement psychologique des sportifs. Beaucoup d'athlètes aujourd'hui adressent la question du mental, de son impact sur la capacité à performer, voire à poursuivre leur carrière. Ils s'entourent de professionnels et Mathias nous explique justement ce qui différencie le rôle de psychologue du sport de celui de préparateur mental.
- Speaker #2
La psychologie du sport, c'est le travail de fond, le pourquoi, d'où ça vient. Et la préparation mentale, ça va être plus le comment. Alors les deux sont à la fois totalement différents mais aussi très complémentaires. Et en fonction du besoin, en fonction de la demande des athlètes, parfois ça va être plus un parce que l'un va être sur la sphère privée. Donc ça c'est plus la psychologie du sport qui va m'aider à essayer de comprendre comment cette problématique elle vient impacter le champ du sport, la performance en l'occurrence. Et quand c'est directement lié à la spécificité du sport, C'est voilà, quels outils, quelle compréhension de ce qui se passe va pouvoir m'aider moi à essayer d'apporter des éléments plus concrets pour que l'athlète puisse l'utiliser dans sa pratique et s'épanouir.
- Speaker #0
On m'a toujours dit, le sport c'est bien mais il faut toujours préparer l'avenir. Donc je prépare déjà l'avenir aujourd'hui, mais moi j'envisage de faire une carrière jusqu'à mes 50 ans parce que je veux passer derrière sur marathon, ensuite je veux passer dans le trail. Et puis je pense que quand tu as fait une carrière et que tu as vécu des choses, il y a aussi des choses à transmettre à travers le sport. Et ça peut aussi devenir mon métier si j'arrive à bien m'en sortir. Je pourrais vivre du sport peut-être toute ma vie. Et donc c'est un objectif pour moi aujourd'hui, c'est d'avoir la sensation d'avoir vécu ma vie sans avoir eu l'impression de travailler.
- Speaker #1
Vous venez d'écouter le dernier épisode d'ADN d'athlète avec Jimmy Grécier, le podcast qui vous dévoile le quotidien d'athlète de haut niveau. À très bientôt pour une nouvelle saison avec un athlète d'exception, un parcours unique et de nouveaux défis à relever. Cette série a été imaginée par Décathlon en partenariat avec Keep Run. Écriture et mise en voix, Mery Royer. Réalisation et mix, Tahissia Froidure. Production, Lacmé. Si le podcast vous a plu, n'hésitez pas à vous abonner sur votre appli audio et à partager l'info autour de vous. Vous pouvez aussi nous laisser 5 étoiles sur Apple Podcasts ou Spotify.
Chapters
Introduction
00:00
Le mindset de Jimmy avant une compétition
00:26
L'importance de la santé mentale dans le sport
01:06
Stratégies pour gérer la pression et les échecs
01:53
Le rôle du psychologue du sport et préparation mentale
04:00
Conclusion
08:11
Description
Transcription
- Speaker #0
Ce qui fait ma force, c'est que j'affiche mes ambitions, je le dis haut et fort. Aujourd'hui, je dois réaliser le record de France. Aujourd'hui, je pars sur ces allures-là et je n'ai pas le choix. Si ça ne se passe pas bien, ce n'est pas grave, je repars à l'entraînement. Si ça se passe bien, tant mieux, c'est coché. Maintenant, on passe à autre chose, on réfléchit à d'autres objectifs.
- Speaker #1
Bienvenue dans ADN d'athlète, le podcast by Décathlon. qui explore les coulisses de la performance. Pour cette première saison, en partenariat avec Keep Run, le champion d'athlétisme Jimmy Gressier nous ouvre les portes de son quotidien. À ses côtés, des experts nous livrent dans chaque épisode des leviers concrets pour repousser nos limites et atteindre de nouveaux objectifs. Dans ce quatrième épisode, Jimmy nous en dit plus sur son mindset et son rapport à la santé mentale. Et pour comprendre l'impact du mental sur la performance, Mathias Wattin, psychologue clinicien, psychothérapeute. psychologue du sport et préparateur mental, nous parle des outils qu'un athlète peut mettre en place pour continuer à performer de manière saine. Mais avant ça, Jimmy nous raconte ce qui se joue dans sa tête quelques secondes avant le départ.
- Speaker #0
Mon mindset, c'est vraiment, une fois que je suis sur une ligne de départ, c'est OK, je me dis débranche. Une fois que le coup de départ est donné, je ne sais plus comment je m'appelle, je ne sais plus j'ai quel âge, je ne sais plus je suis qui. Mon cerveau est complètement déconnecté et je veux vraiment aller chercher qu'une seule chose, c'est la victoire. Et je me mets à 100%. Même quand on se sent un peu inférieur sur le papier en termes de chrono, on essaye de se persuader qu'aujourd'hui on va les battre, on essaye de se mettre dans un mood un peu plus énervé, un peu plus un truc où on part un peu à la chasse à la médaille. Dans l'athlète de haut niveau aujourd'hui, c'est hyper important. d'être suivi mentalement, d'être accompagné mentalement. Mais pour ma part, je n'ai pas d'accompagnement mental, parce qu'aujourd'hui j'ai les clés qui m'aident à réussir, à réaliser mes objectifs. C'est un peu par la force de mon histoire, de là où je viens, que j'arrive à trouver les clés les plus faciles et les plus appropriées. Quand tu sais d'où tu viens, quand tu sais où tu veux aller, toutes ces choses te permettent aussi de relativiser et de prendre ça avec beaucoup de plaisir. avec beaucoup d'envie aussi. Quand je suis prêt physiquement, je sais ce que je fais, c'est mon métier. Je le répète des tonnes de fois à l'entraînement, et c'est ce qui fait généralement la différence, et surtout que j'ai aussi confiance en moi. Et aussi ce qui fait ma force, c'est que j'affiche mes ambitions, je le dis haut et fort, et en fait ça, ça ne me met pas la pression. Aujourd'hui je dois réaliser le record de France, je dois courir en 12,55 au 5000 mètres, aujourd'hui je pars sur ces allures-là, et je n'ai pas le choix, je vais faire le record de France. Si ça ne se passe pas bien, ce n'est pas grave, je repars à l'entraînement. Si ça se passe bien, tant mieux, c'est coché. Maintenant, on passe à autre chose, on réfléchit à d'autres objectifs. À partir du moment où tu te mets des objectifs clairs en tête et que tu prépares bien tes objectifs, le plus important, c'est l'avant, ce n'est pas le pendant. Là où mes coachs m'aident beaucoup, c'est aussi sur la visualisation de compétition. Aux Jeux Olympiques, quand je suis sur la ligne de départ, pourtant je sais qu'il y en a quelques-uns plus forts que moi, je me perçois que je vais gagner. Et donc des fois, quand tu n'arrives pas à réaliser ton objectif, tu es là, enfin c'est fini, on partira sur une prochaine. Mais là, enfin c'est fini. Et puis quand tu gagnes aussi, des fois, ça m'est arrivé d'être en train de gagner une course, c'est tellement dur. Tu as une partie de ton cerveau qui dit arrête, tu as une partie de ton cerveau qui dit non, continue, c'est magnifique ce que tu es en train de faire. Mais c'est sûr que j'ai l'impression... d'avoir deux d'unimis, un d'unimis d'un côté qui veut arrêter, un d'unimis de l'autre côté qui veut tout casser. Généralement, c'est celui qui veut tout casser qui prend le relais à chaque fois, donc c'est une bataille interne.
- Speaker #1
Dans le sport de haut niveau, cette tension intérieure est une réalité bien connue des athlètes. Ils font souvent face à des situations complexes et doivent sans cesse naviguer entre doute, fatigue et envie de repousser leurs limites.
- Speaker #2
Dans le sport de haut niveau, oui, très souvent, il y a une lutte interne. Et c'est là aussi où je pense que c'est important d'être centré sur son corps et de pouvoir se baser sur ses indicateurs physiologiques.
- Speaker #1
Pour appréhender ses dynamiques internes plus sereinement, Mathias Wattin, psychologue clinicien, psychothérapeute, psychologue du sport et préparateur mental, nous explique en quoi et dans quelle mesure le mental peut devenir un levier pour transformer ses moments de lutte intérieure en apprentissage et en progression.
- Speaker #2
Parfois, oui, la tête, elle dit j'en peux plus. Et malgré tout, je suis capable de continuer. Souvent c'est lié à des peurs, et on a le droit d'avoir des peurs, pas de problème, mais c'est de voir comment j'arrive à laisser la place plus à l'une, à faire taire l'autre dans les voies internes. dans ces dilemmes internes qu'on peut avoir, pour arriver à augmenter les chances de parvenir à faire ce qu'on a prévu de faire. Et se dire, comment je peux rester maître ? Ça vient faire écho à la notion d'autoréalisation des prophéties. J'affirme ce que je veux, et en le disant, j'augmente les chances d'y arriver. Parce que du coup, dans notre organisme, il va aussi y avoir des réactions physiologiques qui vont augmenter les chances qu'on y arrive. La motivation. Voilà, de la détermination, on va avoir de l'adrénaline. Tous ces éléments-là vont pouvoir nous aider aussi à réaliser nos objectifs, tout simplement.
- Speaker #0
Des fois, je réalise des objectifs et quelques mois après, je vais me poser quand même des questions, savoir si je suis capable de repartir sur cet objectif. Et mon coach adrénautologique me dit « mais non, mais c'est bon, ça tu l'as réalisé il y a trois mois, maintenant on va chercher plus rapide » . Et eux, ils décomplexent un peu ça et généralement, à chaque fois qu'ils m'ont dit ça, j'ai réussi à le faire. Du coup, je crois en ce qu'il dit et ce qu'il me dit de faire, je le fais. Je mets les ambitions pour le faire et généralement, ça passe. Ça m'est arrivé d'échouer deux fois au championnat d'Europe de Munich sur la piste, sur la finale du 10 000 mètres et sur celle de Rome aussi, sur la finale du 10 000 mètres. J'étais favori pour aller chercher la médaille et le titre aussi. Sauf que sur ces deux courses, c'est les pires échecs de ma vie. Il y en a un. J'étais cramé mentalement à Munich, c'était en fin de saison. Et en fait, on avait mal géré la saison, mal géré les priorités de piques de forme, etc. Et donc j'arrive sur la ligne de départ, j'ai plus envie de courir, faire 25 tours de piste, ça me paraît insurmontable. J'étais vraiment cramé mentalement. Et du coup, ça se solde pour avoir une quatrième place, je ne vais pas chercher la médaille. Sauf que le lendemain, j'ai quand même pleuré, j'étais pas bien dans ma tête, parce que j'avais l'impression d'être un peu un clown. Je culpabilisais beaucoup. Par contre, je suis parti en vacances et je suis revenu quelques mois après plus fort que ce que j'étais encore parce que ça m'a servi d'apprentissage. Et l'année dernière, à Rome, je n'ai pas eu d'autre choix d'y aller blessé. Je me suis fait une blessure au tendon deux semaines avant et donc je suis arrivé là-bas pas à 100% de mes capacités. Et je refais cinquième et c'est les deux premiers échecs que je garde quand même au fond de moi, mais que j'apprends et que je vais continuer d'apprendre pour le futur. Et il y a justement les championnats d'Europe de Birmingham l'année prochaine. J'ai déjà mon plan d'action pour éviter d'arriver 1. cramé ou 2. blessé comme les années d'avant. Mentalement, parfois, c'est dur, mais il faut savoir s'octroyer des moments de vacances. Je n'ai pas peur de me dire que quand je vais revenir, je vais être nul. Parce que du coup, quand je reviens, oui, c'est une certitude, je suis nul par rapport à mon niveau de base. Mais sauf que je repasse les caps à l'entraînement. Petit à petit, je repère un peu de poids, je refais un peu plus attention à comment je dehors. un peu toutes les choses que je mets au quotidien. Et donc du coup, ça me permet d'avoir un bon équilibre mental et à quasiment jamais être blessé, d'enchaîner les saisons assez facilement.
- Speaker #1
Pour s'inspirer de la manière dont les athlètes de haut niveau traversent les réussites et les échecs, Mathias Ouattine nous donne quelques clés de compréhension à propos des mécanismes à déjouer et des outils à mettre en place.
- Speaker #2
Le mental des athlètes de haut niveau peut-être a une particularité. Il y a toujours un dilemme entre... Ce dont à quoi j'aspire, donc mes exigences, et la notion de frustration, déception parce que je n'ai pas réussi. Il y a souvent des points de bascule. À certains moments, c'est moteur. À certains moments, c'est un frein. On ne peut pas être tout le temps à fond et que tout se passe bien. Ça fait partie du processus de tomber, de se relever. Le plus important, c'est de savoir qu'est-ce que je fais, pourquoi je suis tombé et comment je pourrais faire la prochaine fois pour ne pas tomber. dans cette situation-là. Finalement, on avance par essais-erreurs. Et on progresse, et on progresse. Je pense que c'est présent, ou ça peut être présent chez tout le monde, finalement, la mentalité de compétiteur-compétitrice, c'est quelle motivation je vais avoir par rapport à tel événement. Comment je vais me positionner d'un point de vue interne, comment je l'aborde, en fait. C'est pas simplement avoir envie de gagner, avoir envie de faire son mieux, c'est de savoir aussi... Même si ça ne se passe pas comme je veux, je recommence. Et je veux réussir.
- Speaker #1
La santé mentale des sportifs, qui était encore taboue il y a peu, est davantage prise au sérieux. Selon Mathias Wattin, c'est lié à l'émergence du rôle de préparateur mental qui a mis en lumière le besoin d'accompagnement psychologique des sportifs. Beaucoup d'athlètes aujourd'hui adressent la question du mental, de son impact sur la capacité à performer, voire à poursuivre leur carrière. Ils s'entourent de professionnels et Mathias nous explique justement ce qui différencie le rôle de psychologue du sport de celui de préparateur mental.
- Speaker #2
La psychologie du sport, c'est le travail de fond, le pourquoi, d'où ça vient. Et la préparation mentale, ça va être plus le comment. Alors les deux sont à la fois totalement différents mais aussi très complémentaires. Et en fonction du besoin, en fonction de la demande des athlètes, parfois ça va être plus un parce que l'un va être sur la sphère privée. Donc ça c'est plus la psychologie du sport qui va m'aider à essayer de comprendre comment cette problématique elle vient impacter le champ du sport, la performance en l'occurrence. Et quand c'est directement lié à la spécificité du sport, C'est voilà, quels outils, quelle compréhension de ce qui se passe va pouvoir m'aider moi à essayer d'apporter des éléments plus concrets pour que l'athlète puisse l'utiliser dans sa pratique et s'épanouir.
- Speaker #0
On m'a toujours dit, le sport c'est bien mais il faut toujours préparer l'avenir. Donc je prépare déjà l'avenir aujourd'hui, mais moi j'envisage de faire une carrière jusqu'à mes 50 ans parce que je veux passer derrière sur marathon, ensuite je veux passer dans le trail. Et puis je pense que quand tu as fait une carrière et que tu as vécu des choses, il y a aussi des choses à transmettre à travers le sport. Et ça peut aussi devenir mon métier si j'arrive à bien m'en sortir. Je pourrais vivre du sport peut-être toute ma vie. Et donc c'est un objectif pour moi aujourd'hui, c'est d'avoir la sensation d'avoir vécu ma vie sans avoir eu l'impression de travailler.
- Speaker #1
Vous venez d'écouter le dernier épisode d'ADN d'athlète avec Jimmy Grécier, le podcast qui vous dévoile le quotidien d'athlète de haut niveau. À très bientôt pour une nouvelle saison avec un athlète d'exception, un parcours unique et de nouveaux défis à relever. Cette série a été imaginée par Décathlon en partenariat avec Keep Run. Écriture et mise en voix, Mery Royer. Réalisation et mix, Tahissia Froidure. Production, Lacmé. Si le podcast vous a plu, n'hésitez pas à vous abonner sur votre appli audio et à partager l'info autour de vous. Vous pouvez aussi nous laisser 5 étoiles sur Apple Podcasts ou Spotify.
Chapters
Introduction
00:00
Le mindset de Jimmy avant une compétition
00:26
L'importance de la santé mentale dans le sport
01:06
Stratégies pour gérer la pression et les échecs
01:53
Le rôle du psychologue du sport et préparation mentale
04:00
Conclusion
08:11
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