Speaker #0Bonjour Samuel. Installez-vous Sébastien, je vous en prie. Jeudi 10 mars 2022, 13h28. Alors Sébastien, que sais-je ? 16e arrêt depuis le cabinet de mon psy. Ah ! Depuis 5 mois, le mois d'octobre. Vous avez un beau feu de cheminée, ça. Sur une thérapie dont la régularité nous laisse montoir. oui bah écoutez samuel vous tenez absolument à ce que je vous raconte ma vie je veux bien mais enfin faut qu'il m'arrive des choses aussi évidemment donc on fait ce qu'on peut vous n'avez pas des bœufs tout à fait sébastien on fait quoi on se regarde dans le blanc de l'œil le compteur tourne et on perd notre temps et le temps c'est de l'argent Surtout quand je suis dans votre cabinet. Alors maintenant, j'ai décidé de vivre les choses, de les analyser moi-même, et de venir vous les rapporter tous les semestres. Je vous mâche un petit peu le boulot, ne me dites pas merci, même si ça mériterait bien une petite ristourne. Mais ça, c'est une autre histoire à laquelle je vous laisse réfléchir, Samuel. Parfait. Alors, quel est le bilan de ce semestre, Sébastien ? Le bilan ? Ce que vous retenez de cette semaine. Allons-y, moi. Le grand thème. Le grand thème de ce semestre. La mort. oui tout a une fin et c'est ça la vie est-ce que vous pouvez me parler de votre enfance donc qu'est-ce qui s'est passé ces six derniers mois c'est ça que vous vouliez savoir hein samuel S'il vous plaît, Sébastien. Il n'y a qu'à demander, ce n'est pas la peine de tourner autour du cou. Alors, ces six derniers mois, je me suis fait... Je fâchais avec mes amis, mais à l'époque, je m'en foutais un peu parce que j'avais un amoureux génial, Manu. Donc, tout allait plus que pour le mieux. Je reconstruisais ma vie jusqu'au moment où on a retrouvé chez moi mon voisin mort, dead, capote. De là, Manu s'est fait la malle et j'ai été obligé de retourner vivre chez ma mère quelques mois. Heureusement, mon ex-mari m'a sorti de là en me louant son appartement du Marais dans lequel je vis actuellement. Là, c'était une vraie période de barracane. J'ai trouvé un boulot de Père Noël au dernier Lafayette, un premier rôle. Et j'ai pu récupérer Manu. Mais sur ces entrefaits, j'ai appris que Manu avait couché avec mon ex-mari, Philippe. Et comme j'avais déjà viré Philippe il y a quelques années et qu'en plus il est mon propriétaire, et ben c'est Manu que j'ai lourdé, donc retour à la caisse départ. Mais comme dirait Cloclos, ça s'en va et ça revient. Et grâce à Hubert Bernard, un voyant radiesthésiste, c'est ma titude et coton tige, un libé d'asperges sous les bras, et un doigt dans le tronfillon, j'ai retrouvé mes amis. C'est le principal. On a passé les fêtes et notre convalescence de Covid. Tous ensemble, en Normandie. En rentrant, on était crevés, alors on a décidé de partir en vacances au ski. Mais on a dû retarder le départ, car mon ex-concierge est décédé en s'étouffant avec un verre de vin rouge. Ce qui est une super belle mort pour elle. Et puis sur ces entrefaits, j'ai décroché une publicité pour le père d'eau du félicitations. Alors j'étais hyper content, je suis parti au ski serein. Sauf que là-bas, on a vécu 10 jours entassés dans 20 mètres carrés, j'en pouvais plus. Je suffoquais, je me suis mis à faire du ski, du patin à glace. Pardon Samuel, mais... J'ai pas du tout envie de parler de tout ça en fait. Comment vous vous sentez Sébastien en ce moment ? Je sais pas. Comment on peut se sentir en ce moment ? Entre attente et espoir, mon cœur balance. Vous parlez de la guerre Sébastien ? Ouais, ça vous perturbe ? Bah comme tout le monde. Même si je suppose que je me rends pas bien compte. Je vis pas l'horreur de ces pauvres gens, évidemment. Après je crois qu'on a tous une vague idée de la chose. on a tous bien compris que l'humanité tenait au bon vouloir d'un mec qui a peur de disparaître et puis vous savez samuel j'crois que on vit tous ça chacun à notre échelle ah oui alors évidemment on n'a pas tous le doigt posé sur la bombe nucléaire dieu merci mais à notre On pose tous des actions, on attend de voir. On attend de voir si on existe, si on est valable, si on se souvient de nous. Finalement, bienheureux sont ceux qui n'attendent rien. Même si, a fortiori, tout ce qui est traversé par la vie semble attendre quelque chose. Si on regarde autour de nous, là, tiens, vos plantes, elles attendent désespérément qu'on les arrose. Euh, non. Oh, bah si, Samuel. Ah bon ? Michel, mon chien, lui, passe ses journées à attendre que je lui file à bouffer. Hum, hum. Et puis votre magnifique feu de bois, là, attend qu'on lui foute une bonne bûche. Ah oui, c'est vrai. On attend. Oui. On espère. Hum, hum. Pour se maintenir en vie. Hum, hum. Continuer à se développer. Oui. Et poursuivre notre existence. Il y a peut-être une chose à laquelle vos plantes, Michel, mon chien, et votre feu de cheminée ne s'attendent pas, c'est laquelle ? C'est mourir. Donc bienheureux sont ceux qui ne s'attendent pas à mourir. Hein, Sam ? Oui. Parce que pour les autres, c'est la merde. Oui. C'est chiant d'avoir conscience que tout se finira un jour ou l'autre. je trouve que ça rend con ça rend violent il y en a même qui du coup préfèrent ne rien commencer ou tout gâcher ou tout saboter surtout pas expérimenter viser la ligne d'arrivée la mort puisque de toute façon on y va autant la contrôler et puis y a un autre fléau aussi pour nous les humains c'est la mémoire mémoire dans le sens quelle impression on laisse aux autres et dans ce cas seulement on s'attarde sur les autres alors qu'en fait on s'en branle les autres on s'attarde juste pour voir si on compte un peu combien de likes, combien de vues on va envoyer des messages pour voir si l'autre est réceptif et puis une fois qu'on est rassuré je dis encore une fois il vaut mieux contrôler sinon Le problème de la mémoire, c'est que ça alimente la comparaison. Comment ça ? Ce qui nous conduit à dire « Ah bah tiens, c'était mieux avant. » « Il y a 10 ans, il y a 20 ans, il y a 50 ans, c'était bien. » Et du coup, on préfère reproduire les mêmes conneries alors qu'on sait très bien que ça nous mène à notre perte. Mais comme on a peur de faire autrement. Comment ça ? Bah ça fait peur, c'est nouveau. Alors comme des vieux clébards, on se mord la queue. en se remémorant ah comme c'était mieux avant alors on fait comme avant comme des cons vous voyez samuel je suis pas d'un naturel pessimiste non mais disons que là je suis un peu lassé je comprends un peu lassé circonspect d'observer que la tension la considération, l'appel, le respect, puis allez, soyons dingos, peut-être l'humour, l'amour, soit encore considéré au mieux comme désuet. Et au pire, comme des menaces. Parfait, Sébastien, je crois que... Bon, Samuel, on prend rendez-vous pour la semaine prochaine ? La semaine prochaine, Sébastien ? Mais vous n'êtes pas venu depuis cinq mois. Oui, j'ai un peu raté mon coup. Comment ça ? Normalement, lorsque je viens vers vous, vous racontez ma vie, j'ai toujours le secret espoir de vous amuser un peu, vous voyez. Même si vous êtes aimable comme une porte de prison. C'est aimable. Mais cette semaine, j'ai pas pu. Oui. On s'en fout. Oui. On remet ça la semaine prochaine.