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Les invisibles

# 37 Fiona, apprivoiser l'instabilité émotionnelle

# 37 Fiona, apprivoiser l'instabilité émotionnelle

1h01 |28/11/2024|

635

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# 37 Fiona, apprivoiser l'instabilité émotionnelle

# 37 Fiona, apprivoiser l'instabilité émotionnelle

1h01 |28/11/2024|

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Description

Passer de « je me trouve incroyable » à « je ne mérite pas de vivre » est un schéma de pensées peu toléré dans nos sociétés où l’on valorise la maîtrise émotionnelle et la stabilité.
Mais que se passe-t-il quand on vit avec des émotions très intenses (des up ans down) dans un monde qui stigmatise l’instabilité ?

À ses 18 ans, alors que son amoureux du Brésil vient d’emménager chez elle à Bruxelles, Fiona prend conscience d’une réalité particulièrement anxiogène : « je ne pourrais jamais rompre avec lui maintenant qu’il a quitté le Brésil pour vivre avec moi. »

Ce sentiment d’enfermement déclenche chez elle une avalanche de troubles psychiques comme un toc du couple qui la pousse sans cesse à se demander : suis-je avec la bonne personne ?, et un trouble anxieux généralisé.

Ce n’est pourtant qu’à 28 ans, lorsqu’elle se rend pour un diagnostic de TDAH, que Fiona découvre une toute autre réalité : elle vit avec un trouble de la personnalité borderline.

Multipotentielles, couteau suisse, touche-à-tout, Fiona voit les entretiens d’embauches comme des « dates » et les CDI lui font peur en amour. Pourtant elle rêverait d’une pilule magique qui lui permette d’aimer une seule et unique personne jusqu’à la fin de ses jours.

Dans cet épisode, Fiona nous livre le témoignage qu’elle aurait aimé entendre il y a 10 ans.
Forte d’exemples concrets, elle nous livre les outils qui lui permettent de réguler son système nerveux au quotidien pour se sentir en sécurité et
mieux gérer cette intensité émotionnelle.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les Invisibles. Juin 2020. Ma vie bascule du jour au lendemain dans une maladie neurologique, rare, qui n'a de poétique que le nom. Le syndrome du mal de débarquement. Les symptômes qu'elle m'amène vivent en colocation avec moi. 7 jours sur 7. 24 heures sur 24. Et ne prennent jamais leur week-end. Je n'ai donc pas la place pour un autre combat. Du moins, c'est ce que je crois. Puis vient ce jour où je témoigne dans une émission télé, dans l'espoir de rendre visible l'invisibilité du syndrome dont je suis atteinte. À peine sortie du plateau, forte de cette expérience et encore dans mes talons rouges, une évidence s'installe. Je n'en resterai pas là. Dans le train du retour, Je rejoins à la fois ma maison et mon nouveau combat. Offrir un espace de parole au travers d'un podcast, aux personnes qui composent, bien souvent en silence, avec des maladies invisibles, et avec les regards de sociétés qui ne croient que ce qu'elles voient, deux réalités plus souvent subies que choisies. Aujourd'hui, loin de mes talons rouges et au plus proche de l'engagement, l'évidence s'étend. C'est à l'invisible au pluriel que je vous invite. Ceux qui dans la chair... L'esprit et les sociétés se vivent, sans pour autant faire de bruit. Si comme le dit Antoine de Saint-Exupéry, l'essentiel est invisible pour les yeux, ici, on compte bien le faire entendre. Bonne écoute !

  • Speaker #1

    Passé de je me trouve incroyable à je ne mérite pas de vivre est un schéma de pensée peu toléré dans nos sociétés où l'on valorise la maîtrise émotionnelle et la stabilité. Mais que se passe-t-il quand on vit avec des émotions très intenses, des up and down, dans un monde qui stigmatise l'instabilité ? À ses 18 ans, alors que son amoureux du Brésil vient d'emménager chez elle à Bruxelles, Fiona prend conscience d'une réalité particulièrement anxiogène. Je ne pourrais jamais rompre avec lui maintenant qu'il a quitté le Brésil pour vivre avec moi. Ce sentiment d'enfermement déclenche chez elle une avalanche de troubles psychiques, comme un trouble anxieux généralisé et un toque du couple, qui la pousse sans cesse à se demander suis-je avec la bonne personne ? Ce n'est pourtant qu'à 28 ans, lorsqu'elle se rend pour un diagnostic de TDAH, que Fiona découvre une toute autre réalité. Elle vit avec un trouble de la personnalité borderline. Multipotentiel, couteau suisse, touche à tout, Fiona voit les entretiens d'embauche comme des dates et les CDI lui font peur en amour. Pourtant, elle rêverait d'une pilule magique qui lui permette d'aimer une seule et unique personne jusqu'à la fin de ses jours. Dans cet épisode, Fiona nous livre le témoignage qu'elle aurait aimé entendre il y a dix ans. Forte d'exemples concrets, elle nous livre les outils qui lui permettent de réguler son système nerveux au quotidien pour se sentir en sécurité et mieux gérer cette intensité émotionnelle.

  • Speaker #2

    Hello Fiona !

  • Speaker #3

    Salut Tamara !

  • Speaker #2

    Je suis ravie de te recevoir aujourd'hui dans le podcast Les Invisibles et comment tu vas aujourd'hui ?

  • Speaker #3

    Écoute, déjà merci beaucoup, je suis très contente d'être là, donc merci à toi de me recevoir, c'est un réel plaisir. Comment je me sens aujourd'hui ? Je dirais que ça va, mais que ça reste pas évident. Je suis dans une période un peu transitoire dans ma vie où je change de travail le mois prochain et j'ai décidé de m'octroyer ce temps-là pour vraiment prendre le temps, prendre le temps de me reposer, prendre le temps de lâcher prise et prendre le temps d'accepter toute émotion qui... voudrait venir, voudrait toquer à ma porte, comme on peut dire, et de vraiment l'accueillir. Et ce n'est pas facile, il y a des symptômes difficiles qui sont là, des émotions qui émergent, et c'est rude, et en même temps j'ai l'intime conviction et l'espoir que c'est nécessaire pour continuer dans mon chemin de guérison et de rétablissement. Donc ça me convient parfaitement comme tel, et comme je disais, je suis très contente d'être là. Et toi Tamara, comment ça va ?

  • Speaker #2

    Écoute, moi j'expérimente ce matin la mauvaise humeur. C'est une sensation que j'ai découvert en tombant enceinte. J'avais jamais été de mauvaise humeur avant. Alors attends, je suis loin pas parfaite, j'ai été 500 fois en colère, triste, dans l'anxiété. Mais de mauvaise humeur, pas vraiment. Et je sais pas quel bouleversement hormonal il y a eu avec la grossesse, l'allaitement. Mais depuis, il y a peut-être eu 5-6 matins où je me suis réveillée de mauvaise humeur. Alors j'en parlais l'autre jour à ma psy et je disais non mais j'y ai... Un truc en plus, maintenant j'ai la mauvaise humeur, sérieux. Et elle me disait, mais quelque part c'est plutôt chouette, parce que c'est une humeur qui n'est pas forcément quelque chose de hyper puissant, comme la colère, l'anxiété ou la tristesse qui des fois vient vraiment t'accaparer. La mauvaise humeur, c'est un peu une humeur plus lambda, que tout le monde expérimente comme ça dans son quotidien. Et c'était intéressant de voir ça sous cet angle-là, en fait. Tout d'un coup, c'était une chose de plus à expérimenter, mais qui était peut-être... un peu moins forte et un peu moins violente. J'aimais bien, en tout cas, moi, ça m'a fait du bien d'entendre ça.

  • Speaker #3

    Tu m'étonnes. Et puis, surtout, comme toujours, c'est OK, en fait. Quelque seule émotion, c'est OK et c'est temporaire.

  • Speaker #2

    C'est clair. Après, on doit se le rappeler très, très souvent, le c'est OK Mais je suis tout à fait d'accord. Et tu entendras, j'ai un peu perdu ma voix, mais je suis là, avec joie, avec toi.

  • Speaker #3

    Merci beaucoup.

  • Speaker #2

    Alors, toi, tu as eu envie de témoigner dans ce podcast. Et je me demandais quelles étaient vraiment les motivations. à offrir ton témoignage.

  • Speaker #3

    Oui, donc, j'ai l'impression d'être passée par des difficultés, des difficultés assez extrêmes en termes de symptômes, en rapport avec le trouble de la personnalité borderline, notamment, mais pas que. D'autres troubles également desquels j'ai été concernée, et encore concernée aujourd'hui. Et il y a vraiment une envie, en fait, de transmettre. Dans le sens où, lorsque j'en ai des frissons, comme à chaque fois que je transmets quelque chose, J'ai vraiment vécu des difficultés horribles, notamment il y a une dizaine d'années. Et lorsque j'ai cherché des témoignages pour me sentir moins seule sur Google, je trouvais vraiment très peu. Et c'était d'autant plus difficile de me sentir si seule et incomprise malgré mon entourage qui était présent. Et du coup, j'aime bien être aujourd'hui incarnée, ce que j'aurais aimé recevoir il y a dix ans, et pouvoir transmettre tout mon savoir expérientiel comme j'aurais aimé. avoir du contenu similaire, en fait, il y a une dizaine d'années. Et donc, c'est vraiment dans cette envie de, je dirais, de booster, de guider et de donner des clés pour aider des personnes qui passeraient par des symptômes similaires à ce que j'ai pu vivre et vivre encore aujourd'hui.

  • Speaker #2

    Ça fait quand même plaisir de voir, entre guillemets, le changement qu'il y a eu en dix ans, parce que je pense qu'aujourd'hui, si tu taperais Troupe de la personnalité borderline sur Google, j'espère que tu aurais beaucoup plus d'outils qu'il y en avait à l'époque. Est-ce que tu pourrais me dire ce que c'est exactement un trouble de la personnalité ?

  • Speaker #3

    Oui, donc un trouble de la personnalité, il y a plusieurs troubles de la personnalité, il y en a 8 ou 9 si je me rappelle bien, et il y a du coup le trouble de la personnalité borderline, qui est un trouble qui se manifeste non pas comme d'autres troubles neurodéveloppementaux, comme par exemple le trouble autistique ou le TDAH, qui se développe eux plutôt au début de... quand on est, quoi, neurodéveloppemental. Ici, le trouble borderline, c'est plutôt à la fin de l'adolescence, en fait, qui va se manifester. Et de manière globale, si je devais le définir en un mot, ce serait vraiment le mot instabilité, en fait. Il y a vraiment une tendance à l'instabilité dans les schémas de pensée, dans les comportements et ce genre de choses. C'est pour ça qu'on dit que c'est un trouble de la personnalité et pas un trouble de l'humeur, comme le trouble bipolaire, par exemple. Donc, c'est un trouble de la personnalité. Et donc, en fait, afin d'être diagnostiqué de ce trouble, par un psychiatre ou une psychiatre, il faut ressentir cinq symptômes parmi neuf qui sont proposés dans ce trouble. Et donc ces symptômes, en fait, c'est majoritairement beaucoup d'instabilité, du coup par exemple dans les comportements, dans les relations sociales. Donc ça va être par exemple avoir une tendance à idéaliser l'autre et puis très rapidement dévaloriser l'autre personne à quelques heures d'intervalle. Ça va être des changements d'humeur. Donc pareil, à quelques heures d'intervalle, je peux me sentir incroyablement bien. Vraiment, la vie est belle, la vie est parfaite. Et puis, il suffit que j'entende une petite critique à mon égard. J'en sais rien, ma meilleure amie qui me dit que parfois je suis un peu pot de colle, j'en sais rien. Et là, mon monde s'écroule et finalement, ça ne va plus du tout, par exemple. Donc de manière globale, c'est vraiment une tendance à pouvoir être très up et puis ensuite très down très facilement. Donc on va avoir aussi un changement d'image, d'identité, donc me trouver incroyable, et puis ensuite avoir la sensation que je ne mérite pas d'exister. Ça peut être aussi des crises de colère très très fortes, donc il y a une difficulté à réguler ces émotions. On a tendance à avoir des émotions qui sont vraiment extrêmes et avoir du coup une difficulté à les réguler. Et du coup ça peut aller jusqu'à, attention trigger warning, de l'automutilation, où en fait parfois les émotions elles sont tellement fortes. que du coup c'est juste une manière de se focaliser sur autre chose et ou même de se punir aussi, se punir d'exister. Et ça peut aller du coup jusqu'à des tentatives de suicide. tellement en fait, c'est pas tant que ça pour mourir, c'est vraiment plus pour arrêter de sentir des émotions aussi fortes. Parmi les autres symptômes, on a aussi une sensation de vide, donc on va se sentir comme incomplet, incomplète. On a la sensation qu'il nous manque toujours quelque chose, ce qui nous amène aux symptômes suivants, qui sont des comportements impulsifs. Donc là, il va y avoir vraiment cette envie de ressentir des choses, puisqu'on peut avoir l'impression de ne pas ressentir des choses de façon... normal et donc il va y avoir envie d'avoir des addictions, d'avoir une conduite automobile assez forte, ou tout type d'addiction pour ressentir vraiment l'adrénaline, pour ressentir qu'on vit. Et aussi un des autres symptômes par lequel moi je suis particulièrement concernée, normalement c'est que dans des cas de stress vraiment intense, on peut être face à de la dissociation. Donc la dissociation, c'est le principe de sentir en dehors de son corps et ou en dehors de la réalité. C'est un symptôme qui est là pour nous protéger. Quand les émotions sont tellement, tellement, tellement, tellement intenses, notre cerveau, notre système nerveux plus spécifiquement, peut avoir tendance à se mettre en dissociation pour se protéger de ces émotions. Et on peut également faire face à de la paranoïa, qui ont mis le symptôme ensemble dans le DSM-5. Donc ça fait un bon lot, beaucoup, beaucoup, beaucoup de symptômes. qui sont tous les uns les autres vraiment très intenses, très dures. Et c'est vrai qu'une des questions qu'on me pose souvent, mais c'est hormis peut-être la dissociation, c'est mais qu'est-ce qui change en fait par rapport à quelqu'un d'autre ? Parce que tout le monde est sujet à des changements d'humeur, tout le monde est sujet, j'ai oublié de le préciser, ce symptôme-là, au sentiment d'abandon aussi. Beaucoup de personnes ont tendance à avoir des crises de colère, un sentiment d'abandon, la dépendance affective, les changements d'humeur. Et ce qui va vraiment faire la différence en fait, c'est l'intensité. Et aussi l'instabilité dans le sens où ce sont des changements d'humeur, comme je disais par exemple, à quelques heures d'écart. Donc là actuellement je suis célibataire, mais quand j'étais en couple, je pouvais me dire mon copain est incroyable, et puis quelques heures après, remettre en question ma relation de couple, parce qu'il n'avait pas rangé ses chaussettes comme il fallait.

  • Speaker #2

    C'est hyper intéressant ce que tu racontes, et je trouve hyper explicite, parce que tu donnes des exemples très concrets. Donc je pense que n'importe qui va forcément se reconnaître un bout, sans s'autodiagnostiquer forcément, mais se reconnaître un bout en effet. Et je pense que c'est important de rappeler que c'est l'intensité, comme tu dis, des symptômes qui va créer le diagnostic, générer le diagnostic. Moi, j'ai une question qui m'a traversé l'esprit, là, en t'entendant, je me suis dit, mais est-ce qu'on ne vit pas dans une société qui peut rendre plus borderline ? Je m'explique, parce que par exemple, aujourd'hui, on sait que le fait de ne... rien faire, d'être dans le vide, c'est quelque chose qui n'est absolument pas valorisé de manière générale. Donc la majorité des gens, quand elles n'ont pas, les personnes quand elles n'ont pas leur agenda complet et puis qu'elles se retrouvent tout d'un coup à être chez elles, sur leur canapé, à rien avoir à faire entre guillemets, peuvent très vite ressentir un sentiment d'anxiété et avoir envie de tout faire péter pour redonner un petit peu de stimulation là dedans parce qu'on peut se sentir seul ou... Voilà donc je me pose tout d'un coup cette question est ce que aussi dans ce que le monde aujourd'hui propose, toujours plus de sensations fortes, plus d'intensité, c'est-à-dire que l'être humain maintenant il est en sécurité de manière assez générale chez nous, je mets mille guillemets en disant ça, mais voilà on a un toit sur la tête, la plupart, on mange à notre faim, la plupart, non c'est pas la plupart en fait, c'est peut-être l'inverse même, la minorité, mais nous par exemple c'est notre cas, on a cette Ausha, et, excuse-moi pour cette voix qui part, et en fait je me dis, Du coup, on est dans un monde qui nous propulse à toujours vivre plus d'intensité parce que la sécurité, on l'a à peu près chez nous. Donc, allez, go, il faut aller faire des trucs qui donnent des grosses sensations fortes. Donc voilà, en t'écoutant, tout d'un coup, j'ai fait un peu un parallèle avec le monde d'aujourd'hui.

  • Speaker #3

    C'est une bonne question. Évidemment, je réfléchissais pendant que tu parlais. C'est très intéressant. Donc, merci à toi. Je ne sais pas. Tout ce qui est sensations de vide, je pense oui, ça me faisait penser, ça me faisait écho à une vidéo que je regardais hier en rapport avec Tinder et sur comment on pouvait être tenté de toujours vouloir revenir sur Tinder avec cette envie de peut-être il y a mieux pour moi. Et donc on n'est jamais satisfait de ce qu'on a. Donc ça, ça me parle pour le côté vide, pour le côté addiction. Mais après, pour le reste des symptômes, je pense que ces symptômes, ils sont quand même... Les changements d'humeur, ils sont quand même bien réels. Donc je pense que c'est quand même là. Mais je pense que c'est d'autant plus dur par contre quand on souffre du trouble borderline, qui d'ailleurs en tant que tel n'est qu'une étiquette, un diagnostic ça aide pour déculpabiliser. Mais moi j'aime, parce que des fois j'ai peur, je me dis mon dieu je souffre d'un trouble mental, je me répète ça en boucle, puis ensuite je me rappelle qu'en fait non c'est juste un diagnostic et que derrière ce qui importe c'est des symptômes. Et je pense que c'est dur des fois de vivre surtout avec ces symptômes dans une société où même si ça commence à aller un petit peu mieux. mais on vit quand même dans une société où les émotions, ça reste encore fort tabou, surtout, où il y a encore beaucoup de personnes qui pensent que quand on est au travail, on est censé être robotisé et mettre nos émotions de côté, où les émotions et pleurer, c'est mal, où on n'aime pas l'hypersensibilité. Et donc là, il y a un décalage pas possible entre les personnes qui souffrent d'un trouble borderline et qui ont donc des émotions extrêmement extrêmes et instables, lui est-ce une partie du monde qui est un petit peu robotisée ? Et c'est là où le trouble borderline va du coup être très stigmatisé, en fait, de par ses difficultés émotionnelles. Et donc, on peut faire face, quand on a un trouble borderline, à beaucoup d'invalidation des émotions, qui va ne faire que renforcer, du coup, nos émotions, parce qu'on ne se sent pas écouté, pas entendu. Et donc, ça augmente encore plus nos émotions. Et il y a vraiment cette sensation de non-mérite d'exister, à cause de tout ça. Personnellement, j'ai vraiment vécu avec ça pendant des années. C'était... Je ne mérite pas de vivre, je suis une atroce personne qui fait des atroces choses, qui n'arrive pas à gérer sa colère, qui n'arrive pas à faire autrement et qui est affreuse en fait. Ça c'était très dur. Donc il y a un peu de tout ça je dirais.

  • Speaker #2

    Ouais merci. Tu parlais avant du fait que tu changeais de travail. Et là tu viens de nommer la robotisation au travail. Et tout d'un coup je me dis, est-ce que tu étais justement dans un travail ou un domaine où tu te sentais robotisée ou pas ?

  • Speaker #3

    Alors non, je travaille, je travaillais, je travaille encore pour quelques semaines dans le secteur des jeux de société. Je travaille actuellement dans une société qui propose, qui distribue des jeux de société aux boutiques et je m'occupe de tout ce qui est marketing. Donc clairement, il y a un côté fun et c'est chouette et c'est dur d'ailleurs de quitter ce milieu-là parce que je sais que je suis fan. Mais c'est vrai que j'ai pu sentir des difficultés avec certains collègues. Je pense que je suis quand même assez exigeante et que j'ai des attentes, des attentes sur le besoin, l'envie, qu'on puisse se demander avec nos collègues comment on se sent et pas juste ça va, ça va et toi et parler de la pluie et du beau temps, que c'est important pour moi de partager les émotions, d'avoir des réels moments de qualité aussi et d'avoir des discussions profondes. Je n'arrive pas à les discussions superficielles. Et donc, j'ai souvent senti de plus en plus depuis que je suis dans la santé mentale, dans Border Attitude avec le Troupe de la personnalité Borderline, Depuis l'annonce du diagnostic aussi au travail, j'ai vraiment senti une différence avec certains de mes collègues. Et j'ai surpris aussi des collègues qui parlaient dans mon dos. Donc ça, ça n'a pas été OK. J'ai gueulé, je n'ai pas su faire autrement. J'ai pété un câble. Et j'ai vraiment pu... Je ne vais pas dire qu'ils étaient horribles. Je pense qu'ils étaient tous très bienveillants. Mais je sentais de plus en plus un décalage. Et mes besoins ont évolué. Et j'avais besoin d'être dans une société où on parle de façon vraiment authentique.

  • Speaker #2

    Et c'est ce qui t'annonce pour toi, du coup ?

  • Speaker #3

    Et du coup, dans mon nouveau travail, où je stresse un petit peu, mais je suis toute excitée, c'est en gros une société qui propose des formations en rapport avec le bien-être au travail. Donc oui, ça me correspond beaucoup. Et mon travail sera assez multitasking, avec du coup, marketing, communication, mais également... du support en termes de création de contenu pédagogique, en support des formations, et également mon travail aimerait bien que je devienne formatrice. Donc l'idée ce serait de donner des formations à long terme, et sachant que parmi nos clients on a tout ce qui est Parlement européen, institutions européennes. Donc oui, ce n'est pas rien, c'est très stressant, mais je suis très très très très contente.

  • Speaker #2

    Ah magnifique, je suis contente pour toi aussi.

  • Speaker #3

    Merci.

  • Speaker #2

    Du coup, tu parlais du diagnostic que tu as annoncé au travail. Ce diagnostic-là, toi, il est arrivé quand dans ta vie ?

  • Speaker #3

    Oui, donc ce diagnostic, il est arrivé l'an passé, c'est-à-dire quand j'avais 28 ans, en avril 2023. Donc de base, en fait, ça faisait 10 ans déjà que je sentais qu'il y avait des gros problèmes. Et je me sentais concernée par le TDAH de base, le trouble du déficit d'attention avec hyperactivité, parce que j'avais des symptômes, je reconnaissais quand même beaucoup de symptômes que j'avais, difficulté à se concentrer, besoin de bouger surtout. difficulté après une heure de réunion à rester assise, le besoin de faire autre chose, il y avait vraiment des grosses difficultés. Et donc, ça faisait déjà dix ans comme je disais que je sentais qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas, et je ne trouvais pas réponse à mes maux, on va dire, maux, m-a-u-x. Et donc du coup, j'ai décidé de plein gré d'aller voir une neuropsychologue pour effectuer un diagnostic TDAH. Et c'est avec elle en fait, après avoir eu, on s'est vu pendant je dirais cinq, six séances, Elle m'a fait répondre à certaines questions. Et à la fin, c'est elle qui a établi l'hypothèse du trouble borderline, qui a ensuite été validée par un psychiatre quelques semaines plus tard.

  • Speaker #2

    Ça a été comment de le recevoir ?

  • Speaker #3

    Alors, ça s'est fait en deux temps. Parce qu'elle m'a d'abord émis l'hypothèse en mars, mais elle a dit qu'elle avait besoin d'en parler avec ses collègues. Et ensuite, c'est moi qui lui ai dit Ah, mais je viens d'écouter justement un épisode de podcast à ce sujet, je vais vous le partager. Ce n'était pas le tien, c'était un...

  • Speaker #2

    Je suis très déçue.

  • Speaker #3

    et donc c'était très bizarre en fait pour être honnête je ne me rappelle pas bien de cette période là de ma vie je pense que ça a été tellement dur de nouveau ce côté j'ai un trouble mental et en plus un trouble mental particulièrement stigmatisé c'est pas rien, j'aurais préféré être diagnostiqué du TDAH pour être honnête ça aurait été plus facile à recevoir ça a été tellement dur que vraiment je me rappelle peu Je sais que mon copain de l'époque, avec qui j'ai rompu depuis, m'avait dit quelque chose du style que tu aies ce trouble ou pas, je t'aimerai toujours Donc ça, c'était quelque chose qui m'avait rassurée. Mais sinon, beaucoup de mes amis essaient de me rassurer en me disant c'est pas grave, ça change rien à ta personne Surtout que les symptômes datent surtout d'avant, parce que c'est vrai que j'ai été diagnostiquée, mais les symptômes, c'était surtout quand j'avais de 18 à 23 ans, donc c'était déjà moins grave. Donc mes proches ont essayé, je pense, de faire comme ils ont pu, mais je crois que ça m'a pris un an. Je crois que tout doucement, maintenant, un an plus tard, je me rends vraiment compte de ce qui se passe, pour être honnête.

  • Speaker #2

    Quand tu dis que tu t'en souviens pas vraiment, justement, est-ce que tu étais à ce moment-là dans un état dissocié ?

  • Speaker #3

    Ouais, donc déjà, je vis de la dissociation depuis dix ans, de façon plus ou moins chronique, à petite échelle, dans le sens où j'appelle ça du figement fonctionnel. Donc ça veut dire que je suis tout à fait apte à travailler, je suis quelqu'un de très très actif, qui fait beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup de choses. Mais en même temps, j'ai une dissociation par rapport à la réalité permanente. Donc, c'est de la déréalisation pour me protéger. Je reviendrai peut-être plus en détail après, mais par rapport à une peur extrême de ce qui se passe après la mort de base. Et du coup, vivre est traumatisant pour moi. Ça commence à l'être moins, mais avec cette peur chronique de mourir en sortant de chez moi au coin de la rue. Et donc, il y a une déréalisation qui s'est mise en place de façon constante pour me protéger, en fait. dans le cas où je mourrais là maintenant tout de suite. Et du coup, quand il y a eu le diagnostic, je pense que la dissociation a été encore plus forte pour vraiment me protéger. Et puis après, j'ai décidé de prendre la parole sur les réseaux sociaux sous le nom de Border Attitude. Et je pense que là, la dissociation a continué de se mettre en place pour oser en fait. J'avais tellement peur mine de rien du regard des autres, de ce que les gens, ce que j'ai partagé, tous mes amis, tous mes proches, n'importe qui sait que j'ai ce trouble ou peut savoir facilement. Et ça a été vraiment très dur. Je me suis beaucoup demandé ce que les gens pouvaient penser de moi, les gens à qui je ne parle plus, même les gens qui sont encore mes amis sur Facebook et qui tomberaient sur mes posts. Et donc, il y a eu, je pense, cette dissociation qui a continué de se mettre en place pour me protéger et pour oser continuer de faire tout ça. Parce que faire tout ça, pour moi, c'était plus important que ma personne, en fait. En se protégeant, bien sûr, attention à ma santé mentale, bien sûr, mais voilà, c'était très important pour moi.

  • Speaker #2

    Est-ce que quand tu es dans ces phases-là, est-ce que tu as l'envie ? de sortir de cette dissociation ou pas ?

  • Speaker #3

    Alors, il y a une part de moi qui, bien sûr, en a envie. Et ce qui est assez paradoxal, c'est qu'il y a une autre part de moi qui a peur parce que ça pourrait être beaucoup trop. La dissociation, c'est vraiment le symptôme à ne pas prendre à la légère. Si la dissociation, elle est là, je continue d'avoir des frissons de partout, c'est à chaque fois que je suis authentique. Si la dissociation, elle est là, elle est là pour nous protéger de quelque chose. Et c'est comme en thérapie psycho-corporelle où on va essayer de libérer les traumas. C'est hyper important d'y aller vraiment très, très, très tranquillement. Parce que si on enlève, entre guillemets, en un coup la dissociation, en tout cas dans mon cas, ça peut être dévastateur et ça peut être d'autant plus traumatisant. Donc l'idée, c'est vraiment, mais vraiment, vraiment d'y aller petit à petit. Et je suis exactement là-dedans en ce moment.

  • Speaker #2

    D'accord. Il y a des gens qui t'y accompagnent ?

  • Speaker #3

    Oui. Actuellement, je suis deux thérapies en parallèle. D'un côté, je fais de la somatic experiencing. C'est une thérapie psychocorporelle dans le but de libérer les traumas, qui va plutôt s'axer sur l'instant présent, et où le thérapeute me demande, on choisit en général un sujet, et il va me demander par rapport à ce sujet comment je me sens dans mon corps. Et l'idée, c'est de comprendre ce qui se passe dans mon corps. surtout au niveau de mon système nerveux, et de voir comment c'est possible de libérer des traumas et apprendre à mon système nerveux d'être plus régulé pour se sentir plus en sécurité. Et donc plus évidemment je me sens en sécurité, plus je pourrais sortir de la dissociation, dans l'idée du coup d'ouvrir cette fenêtre, j'ai oublié le mot, c'est pas grave, par rapport à la théorie polyvagale. Et de l'autre côté du coup je vois une autre thérapeute qui est formée à l'IFS et à l'EMDR. Donc le MDR, ce sont toutes les deux déjà des thérapies psychocorporelles dans l'idée de libérer les traumas. Donc le MDR, on va aller revisiter des traumas du passé, petit à petit, pour essayer d'enlever la charge émotionnelle qui est reliée à ces traumas. Et l'IFS, donc Internal Family System, si je me rappelle bien, là ici l'idée c'est d'aller voir quelles sont les parts émotionnelles qui ressurgissent dans mon présent pour leur laisser leur place. C'est comme ça qu'en tout cas, moi, je l'interprète.

  • Speaker #2

    L'IFS aussi, c'est le fait de voir qu'on a une famille mentale, non ? Oui. Et qu'il y a chacun qui a un rôle, qui discute. Enfin, il y a plein de parties de nous-mêmes qui discutent ensemble toute la journée. Elles sont des fois en friction, en contradiction. Et l'idée, c'est un peu de les harmoniser, non ? De les amener à aller dans une direction un peu plus harmonieuse.

  • Speaker #3

    Oui, il y a une forme d'équilibre. Donc, il y a plusieurs... Ils les appellent... Je sais qu'il y a les pompiers. Il y a les exilés et les managers. Les pompiers, les managers et les exilés, exactement. Quel travail d'équipe. Et donc, les exilés, c'est ceux évidemment qui sont complètement exilés, si je me rappelle bien. Et donc, l'idée, c'est de leur laisser leur place, je crois. Il y a les pompiers qui arrivent en réaction. Et puis, il y a les managers. Eux, ça, c'est pour la vie de tous les jours. Et l'idée, c'est de laisser... Parce qu'en fait, ce qu'on a tendance à faire avec les émotions de manière globale, c'est que quand une émotion arrive, comme elle est désagréable, parfois, on ne veut pas ce genre d'émotion. et on a tendance à la rejeter. Sauf qu'en fait, c'est les rejeter qui est le plus dur, et ça va faire que l'émotion va faire que toquer et toquer et toquer encore à la porte, parce qu'elle ne demande qu'une seule chose, c'est d'être accueillie et qu'on lui laisse sa place. Et donc l'idée dans l'IFS, ce serait donc de laisser la place aux parts émotionnelles du passé, donc j'en sais rien, moi, à la petite moi de 8 ans, qui s'est sentie très triste parce que, j'en sais rien, quelqu'un de la famille lui aurait mal parlé selon elle, ce serait de laisser sa place pour le dire. Tout est OK maintenant, tout est sous contrôle. Moi, Fiona, adulte, je suis là pour toi et tu as ta place ici. Si tu ressens le besoin de pleurer, je t'en prie et tout est OK.

  • Speaker #2

    Et est-ce que tu as travaillé sur justement ta peur de l'après-mort ?

  • Speaker #3

    Alors oui, beaucoup déjà. Oui, donc en fait, je me suis rendu compte, je pense, qu'en fait, cette peur est arrivée quand j'étais assez enfant. sans raison, je dirais pas valable parce que tout est valable, mais sans raison, j'ai pas eu de décès, il y a pas eu de décès dans la famille, il y a rien eu de spécial, mais en attendant j'ai commencé à mon avis à me rendre compte de façon assez précoce par rapport aux autres enfants que je me demandais ce qui se passait après la mort. Et je pense, et ce qu'on a vu avec mon thérapeute, que ce que j'espérais c'était d'en fait être rassurée de mes parents. Et ce n'est pas forcément arrivé parce que, tout simplement, mes parents sont des personnes qui avaient peut-être à cette époque du mal à partager leurs émotions et à être rassurants, en tout cas rassurants comme je l'espérais. Et donc, je les comprends tout à fait et c'est tout à fait OK. Et donc, malheureusement, la peur de l'après-mort n'a fait que continuer de grandir. Donc, comment je percevais cette peur ? Comment je percevais l'après-mort ? Je le percevais comme un sas, un sas où je suis seule. pour toujours, dans le noir, et où techniquement je vis en fait encore, mais je suis seule, et il n'y a pas de stimulation, et je m'imagine un peu recroquevillée, un peu comme dans le ventre de ma mère, sauf que je suis juste dans le noir, dans les quatre dimensions, il n'y a rien, je ne touche rien, et juste je suis recroquevillée, et il ne se passe rien pour toujours. Donc ça c'est comme ça que je percevais, et en fait cette peur n'a fait que continuer de grandir, grandir, grandir, et même si tout le monde me disait mais tu ne mourras pas aujourd'hui, ce sera pour plus tard moi je disais mais ça ne change rien, ça va arriver et le fait que ça arrive, ça ne va pas. Ça ne va pas, ça ne va pas pour moi. Je crois que ce qui était le plus dur c'était que quand j'en parlais, peu de gens comprenaient mon ressenti et ça c'était encore plus dur parce que du coup je ne comprenais pas comment les gens pouvaient vivre tranquillement sur terre alors que moi j'étais parasité par cette peur.

  • Speaker #0

    Et donc, elle n'a fait que grandir, grandir, grandir, grandir. Et là, ça fait que depuis peu de temps, en fait, j'arrive à mieux la gérer, je dirais, grâce à deux choses. Je pense que cette peur, déjà, c'était un trauma, un trauma qui était du coup irrationnel, parce que finalement, a priori, ceci, ce que je viens d'illustrer comme image, il y a peu de chances que ça arrive. Je trouve d'ailleurs, je ne serais même pas seule le jour où je mourrais. On ne sait pas ce qui se passe après la mort, donc je ne sais pas. Donc ça a été le fait, donc il y a trois choses, le fait de me rendre compte que ceci était une peur et un trauma irrationnel. La deuxième chose, ça a été le fait d'apprendre à m'aimer vraiment de façon inconditionnelle. Et du coup, à me rendre compte que techniquement, je ne suis jamais seule parce que je suis avec moi et que je m'aime. Et que la petite moi de quand j'avais cinq ans, moi je suis avec elle maintenant et je suis là pour la rassurer. Et que si en effet, je suis seule pour toujours quand je serai morte, c'est ok parce que ma compagnie est quand même assez chouette finalement. En tout cas, moi, je m'aime bien, donc c'est cool. Et la troisième chose, c'est parce qu'en fait, je me suis rendu compte que j'avais besoin de sens dans ma vie et que du coup, le fait de faire des choses pour aider les gens, moi, ça me fait du bien parce que je me dis, et littéralement, quand j'ai peur de mourir, en me disant, t'imagines si la vie, on me tombe dessus, je me rassure en me disant, Fio, tu fais du mieux que tu peux pour aider les gens. Tu fais du mieux que tu peux avec Border Attitude, avec ce nouveau boulot qui t'attend, en transmettant tout ce que tu peux, tout le savoir, tout ce que tu apprends, tu essaies de le transmettre aux autres. en utilisant la communication non violente et tout ça, donc tu fais du mieux que tu peux pour rendre ce monde meilleur. Et le fait, en fait, de devenir de plus en plus humble et d'arrêter de penser à ma petite personne, mais plutôt de penser à la place, à la communauté, au monde, de faire en sorte que le monde aille mieux, moi, ça m'apaise en me disant que c'est pas si grave si je meurs tant que le monde va mieux. Et il y a vraiment un dévouement très fort derrière faire en sorte que le monde aille mieux. Et moi, ça m'apaise, en fait, par rapport à la mort.

  • Speaker #1

    C'est intéressant parce que... Entre les lignes, c'est comme si j'entendais plus une peur de la solitude qu'une peur de la mort, de l'après-mort. Oui,

  • Speaker #0

    c'est ça. C'est une peur vraiment d'être seule pour toujours. Et c'est ça. Du coup, maintenant, ça va beaucoup mieux. Mais oui, c'est ça. C'était une peur de solitude après l'après-mort. Exactement.

  • Speaker #1

    Moi, je suis assez épatée parce que ton diagnostic, tu l'as eu il y a seulement une année. Et tu en parles avec tellement de recul et de maturité. C'est assez fou. J'avais envie de savoir quelles étaient les habitudes de vie. que tu as mis en place pour mieux gérer ces émotions dans ton quotidien ?

  • Speaker #0

    Oui. Bon, alors là, je reste de monologuer. Donc déjà, c'est peut-être important que je temporalise, si c'est OK pour toi, quand est-ce que le trouble est arrivé, si c'est OK. Donc, le trouble est arrivé quand j'avais 18 ans. Et pour ma part, il est vraiment arrivé du jour au lendemain. Donc, mon ex, mon copain de l'époque, avec qui j'étais en relation à distance, Brésil-Belgique, parce que j'ai vécu au Brésil quelques années, on s'est rencontrés là-bas. Et puis on a décidé que lui vienne du Brésil en Belgique pour moi. Et donc, alors que j'étais très contente que ça se passe, c'est même moi qui l'ai proposé, pour justement ne plus jamais être seule, pour être toute la vie avec quelqu'un. Je l'aimais et c'est ce que je voulais. Il est arrivé et je me suis sentie en fait profondément bloquée. Et ça m'a stressée parce que je me suis dit Mais mon Dieu, maintenant je suis bloquée avec lui, je ne pourrai plus jamais rompre parce qu'il est venu pour moi du Brésil en Belgique. C'est quelque chose qui n'est donc pas possible. Et là, en fait... littéralement tout est arrivé en même temps donc je pense le trouble de stress post-traumatique complexe je pense être concerné par ce trouble aussi de mon enfance parce qu'avec une peur de la mort allant au point où je me giflais la nuit tellement j'avais peur de la mort et que je ne savais pas comment faire et donc je me giflais pour penser à autre chose donc c'est déjà une forme d'automutilation donc tout ceci s'est passé et donc en fait quand mon copain de l'époque est arrivé tout tout tout s'est manifesté en même temps donc tout le trouble de stress post-traumatique complexe le trouble borderline Le toque du couple, on en parle très peu de ce toque, le toque du couple c'est douter de si l'autre est le bon choix, de se demander si peut-être on ne devrait pas plutôt être avec quelqu'un d'autre, remettre en question la relation, juste parce que la personne, comme je disais avec les chaussettes, ne range pas les chaussettes, on se demande subitement si peut-être quelqu'un d'autre ne nous conviendrait pas mieux, et ce genre de choses. Donc le toque du couple c'est vraiment très difficile à vivre, et le trouble anxieux généralisé, donc avec des crises d'angoisse avec sensation. de mort imminente. Du coup, assez horrible pour moi qui ai peur de la mort, j'ai pu un petit peu y faire face entre guillemets avec ces sensations de mort imminente. Donc tout est arrivé littéralement d'un coup en deux semaines, tous les symptômes. Donc ça a fait juste une explosion avec des crises d'angoisse, avec de la distanciation, de la colère, de l'automutilation, enfin bref j'ai été concernée par les neuf symptômes du trouble borderline. Et du coup pendant plusieurs années ça a été de pire en pire, vraiment de pire en pire. A l'époque je faisais des études de pharmacie parce que j'avais envie de devenir pharmacienne et c'était vraiment difficile. En gros ce qui se passait c'était qu'à chaque fois quand j'étais en couple, j'avais le toque du couple qui revenait en me demandant si je devais être avec cette personne ou pas. Et c'était tellement difficile à vivre que du coup à un moment je rompais et quand j'étais célibataire j'étais prise par une dépendance affective. Et donc du coup j'avais ce besoin de me remettre en couple. entre guillemets avec le premier venu. Donc ça, c'était comme ça que ça se faisait. Et puis, c'est vers mes 22 ans, là, je suis passée déjà par des antidépresseurs. Donc j'ai pris des antidépresseurs pendant un an et demi. Ces antidépresseurs, ils m'ont aidée. Vraiment, je ne regrette pas les avoir pris. Je les vois comme une béquille, une béquille qui était nécessaire, parce qu'honnêtement, je n'ai jamais tenté de me suicider, tout simplement parce que j'avais trop peur de l'après-mort, donc ce n'était pas possible. Mais je me sentais profondément coincée dans la vie, puisque vivre était devenu... traumatisant vraiment genre c'était devenu une terreur chaque seconde où je vivais était un supplice parce que je pensais au fait qu'un jour j'allais mourir et du coup j'étais prise par une angoisse constante et c'était juste ignoble jusqu'à ce qu'en plus les crises d'angoisse arrive ensuite dans mon sommeil et là c'était encore pire et donc et donc les antidépresseurs ont été ont été nécessaires pour pour en tant que béquille pour pour survivre en fait tout simplement face à ces symptômes qui étaient vraiment très extrêmes. Mais les antidépresseurs n'ont pas réglé le problème. Je faisais beaucoup de thérapie en parallèle avec des psys spécialisés dans l'anxiété, pas dans le trouble borderline puisque je ne connaissais pas ce trouble à ce moment-là. Mais voilà, les antidépresseurs, oui c'est bien pour diminuer les symptômes, mais mine de rien ça provoque quand même pas mal d'effets secondaires, comme des problèmes de mémoire, de libido aussi. Mais ça ne résout pas le problème de fond et donc pour moi, heureusement j'ai eu la chance de tomber sur un psychète. qui a préconisé le fait de ne prendre les antidépresseurs que pendant un an et demi. Donc le fait d'avoir une deadline, c'est quelque chose qui m'a aidée. Et en effet, je les ai gardés pendant un an et demi. Et ensuite, j'ai diminué petit à petit la dose. Et je n'ai plus jamais pris le médicament depuis, si ce n'est de temps en temps, je prends un petit peu de médicaments à base de plantes, comme par exemple le C-Distress, mais ça reste léger. Mais du coup, la première étape qui m'a vraiment, vraiment, vraiment aidée pour moi, ça a été un bon pied dans le cul, comme on dirait. Ça a été d'arrêter mes études, en fait. J'ai arrêté mes études de pharmacie en troisième année. Mes parents voulaient que je les retrouve. Ils habitaient à Lyon à ce moment-là. Ils voulaient que je vienne les retrouver. Et moi, je ne sais honnêtement pas pourquoi, mais j'ai dit non. Et j'ai dit, je veux rester à Bruxelles et je veux trouver ma place dans les jeux de société. Je suis passionnée des jeux de société. Je veux travailler dans les jeux de société. Et ils ont dit, alors très bien, mais si tu fais ça, tu te débrouilles financièrement. Et en fait, ça pour moi, et je les remercie, ça a été le plus beau cadeau. Parce que le fait de devoir me débrouiller financièrement, thérapeutiquement, là, il m'aidait toujours. Pour le suivi thérapeutique, financièrement, ça, oui. Mais le reste, le fait de devoir payer mon appartement et payer ma vie, je fumais à l'époque, donc mes clopes, ma bouffe et tout ça, j'ai été obligée de me responsabiliser. J'ai eu la chance de trouver, du coup, ce travail en tant que vendeuse dans les jeux de société, dans un magasin de jeux à l'époque. Et j'ai commencé, entre guillemets, on pourrait dire un peu from scratch, de rien. Et j'ai un peu comme gravi les échelons. Et le fait d'avoir un travail, c'est vraiment quelque chose qui m'a responsabilisée, qui m'a fait du bien. J'ai ressenti beaucoup de reconnaissance. Je suis une personne, j'ai besoin de reconnaissance pour vivre, j'ai besoin de me sentir utile. Et là où j'avais l'impression d'être un peu un numéro au moment des études, en fait, ça manquait de cadre. En fait, c'est vraiment ça, j'ai eu un cadre avec un travail. J'étais obligée de me lever le matin. Et même si j'avais 38 de fièvre, idéalement, j'allais quand même au travail parce qu'on comptait sur moi. Et le fait d'avoir tout ça, le fait d'avoir ce cadre, c'est vraiment ça qui m'a fait beaucoup de bien. Donc ça a été la première étape. Et après, ça a été de chercher, en fait, de chercher qu'est-ce qui pourrait me faire du bien. Et ça, ça doit venir de soi, je pense. Ça doit vraiment venir de soi, ce côté où je me dis, bon, maintenant, ça suffit. Entre guillemets, de toute façon, je suis bloquée sur Terre parce que le suicide n'est pas possible. Donc, autant chercher des outils. Je sais qu'à l'époque, ma mère, avant cette période-là, me proposait beaucoup de choses, la cohérence cardiaque, la méditation. Et en fait, je ne voulais pas l'écouter. Donc, pour les proches qui m'entendraient, je sais qu'à quel point, parfois, on a envie d'aider la personne concernée. mais ça doit venir de la personne concernée. Ce n'est pas possible autrement. Et donc, pour moi, tout est venu petit à petit. Je sais qu'une des premières choses, ça a été le sport. Sport qui avait déjà une place importante dans ma vie quand j'étais plus jeune. C'est revenu dans ma vie quand j'avais 24-25 ans. Et maintenant, je fais du sport 4 à 5 fois par semaine. Et là, j'ai un marathon que je prépare pour l'année prochaine. Donc, pour moi, c'est un must. Ça fait tellement de choses. J'ai besoin de bouger. Ça secrète des hormones. On se sent bien dans son corps, tellement de vertus positives, ça met un rythme de vie, un cadre de vie aussi, on se sent fier de soi. Donc le sport. Et puis après, tout ce qui est en rapport avec la respiration. Donc ça a commencé pour ma part par la cohérence cardiaque. Et puis ensuite, j'ai suivi une formation de pleine conscience de huit semaines, donc la méditation. Et maintenant, je fais des séances de brace work. Donc c'est une technique de respiration contrôlée de type hyperventilation où on peut libérer des traumas. Et ça, je pratique tous les jours depuis cinq mois là, une à deux fois par jour. Donc je dirais au total, je dirais 45 minutes comme ça par jour. C'est pareil, non négociable, je sais que j'en ai besoin et ça m'a changé la vie, vraiment life changer, donc trop chouette.

  • Speaker #1

    Mais t'as combien d'heures dans une journée Fiona ? Je suis quelqu'un. Moi j'ai un souvenir que tu travailles à 100%. Oui. Compte c'est ton site internet, t'es en train d'écrire un e-book, tu fais des marathons, tu fais du breastwork deux fois par jour. Moi j'aimerais juste comprendre.

  • Speaker #0

    Alors on dit de moi que je suis quelqu'un de très très efficace. En fait, je sais hyper bien gérer mon temps. Donc, ça veut dire que mon temps est souvent très chronométré, y compris prendre son temps, y compris dans le chronomètre, on va dire ça comme ça. Et donc, j'arrive très bien à pouvoir... On me disait toujours quand j'étais enfant que j'avais une horloge dans l'estomac. Je suis capable de dire parfois l'heure comme ça. Et je sais en fait combien de temps dure chaque chose et j'ai une capacité à faire plusieurs choses à la fois aussi. Donc voilà, j'ai une très très bonne gestion du temps. Donc voilà.

  • Speaker #1

    En tout cas, je l'admire beaucoup parce que là, il est bientôt 10h. Moi, je suis encore en pyjama. Je ne me suis pas lavé les dents. La seule chose que j'ai fait, c'est nourrir ma fille et la déposer à la crèche.

  • Speaker #0

    Mais c'est très bien aussi.

  • Speaker #1

    Elle est debout depuis 6h, donc il y en a eu du temps.

  • Speaker #0

    Et c'est très, très bien aussi.

  • Speaker #1

    Je t'en viens un peu, je t'avoue.

  • Speaker #0

    Merci. Après, j'essaie aussi de me laisser le temps. Parce que parfois, j'étais vraiment à fond. J'étais vraiment efficace, Ça fait aussi du bien, je trouve, de prendre son temps. C'est aussi quelque chose qui est important. Et des fois, littéralement, de ne pas savoir ce que je vais faire. De me laisser plusieurs heures, voire une journée, et de me dire, je ne sais pas ce que je vais faire. Et on verra. Je n'ai pas envie de cadrer toute ma vie. C'est important aussi de laisser de la spontanéité. J'aime beaucoup découvrir, d'ailleurs. J'aime beaucoup les surprises. J'aime beaucoup sortir de ma zone de confort. Je pense qu'un de mes mots d'ordre, c'est le mot oser. C'est toujours ça, c'est toujours oser. Mes amis disent ça de moi. Ils disent, grâce à toi, Fio, j'ai appris à oser. Et ça les aide beaucoup. Donc, ouais.

  • Speaker #1

    C'est beau, ça. Justement, tu semblais dire que l'ennui est un défi majeur pour toi. Comment tu fais pour gérer ces moments ? Tu dis que maintenant, justement, tu as des moments où tu ne sais pas forcément ce que tu vas faire. Donc, probablement qu'il peut y avoir l'ennui qui ne fera pas ta porte. Qu'est-ce que tu en fais ?

  • Speaker #0

    Alors, oui, l'ennui a été pendant très longtemps une problématique dans ma vie. Encore plus l'ennui avec des gens. Là c'est encore pire, parce que là je remettais en question ma relation avec mes proches, en me disant mais pourquoi je suis amie avec cette personne ? Pourquoi je sors avec cette personne alors que je m'ennuie avec cette personne ? Ça me provoquait vraiment des angoisses terribles. Et pourquoi déjà ? Pourquoi ça me provoquait toutes ces angoisses ? Parce que mon système nerveux était tellement dérégulé qu'en fait quand je m'ennuyais, mes pensées parasites, mes pensées intrusives étaient tellement fortes dans mon esprit qu'elles étaient indomptables. Donc déjà la première étape pour faire face à l'ennui, pour pouvoir... gérer, canaliser cet ennui. Pour moi, ça a été de me sentir mieux dans mon corps. Et donc ça, comment j'ai fait, comment je fais au quotidien ? Depuis janvier 2024, là c'est arrêt de l'alcool. Donc je n'ai pas bu une goutte d'alcool depuis presque six mois maintenant. Ça, ça a été pareil, life changer. De nouveau, comme toujours, tout ça, ça se fait petit à petit. Pendant plusieurs années, je faisais le dry january. Et voilà, ça fait dix ans que je me dis que ma consommation d'alcool est un petit peu excessive. Et là, j'ai décidé de passer le pas. pour quelqu'un qui m'écouterait et qui se dirait mais comment elle a fait tout ça ? Tout ça, ça se fait vraiment petit à petit. Mais l'arrêt de l'alcool m'a beaucoup, beaucoup, beaucoup aidée. Et en parallèle de ça, le Bracework, du coup, comme je disais, qui m'a vraiment aidée à pouvoir du coup mieux réguler mon système nerveux et me sentir plus en sécurité dans mon corps. Et du coup, il y a mon chat derrière, je ne sais pas si on l'entend. Pas du tout. Parfait. Elle est en train de monter sur la table. Tout va bien. Et elle se réveille. Et donc du coup, grâce à ça, en étant du coup ainsi mieux dans mon corps, et pouvoir ainsi mieux réguler mon système nerveux. Ça fait que du coup, mes pensées qui arrivent lorsque je m'ennuie, elles sont beaucoup plus gérables parce qu'en fait, mes émotions déjà sont moins intenses. Elles sont beaucoup, beaucoup, beaucoup moins intenses qu'avant mes émotions du fait que mon système nerveux est plus régulé. Ça fait moins... C'était ça dont je parlais tout à l'heure, c'est la fenêtre de tolérance. J'ouvre petit à petit ma fenêtre de tolérance, ce qui fait que du coup, je switch moins dans différents états du système nerveux et donc je me sens plus régulée. plus en sécurité, mes émotions sont plus stables. Et donc du coup, maintenant que je suis face à cet ennui, je suis... j'arrive beaucoup mieux à gérer ces pensées intrusives et donc grâce à ça je peux me sentir beaucoup plus dans l'être et prendre beaucoup plus le temps de me sentir tranquille, de méditer et d'accepter que c'est ok l'ennui et je suis plus prise comme avant par ces angoisses.

  • Speaker #1

    Tu parlais des divers états du système nerveux que tu switchais moins des uns avec les autres. Peut-être que c'est intéressant de rappeler aux auditeurs et auditrices aussi quels sont ces différents états. Moi, là, j'ai en tête l'état de fight or flight, donc de se battre ou de fuir. J'ai en tête l'état de shutdown, donc de vraiment être plus dans la déprime, des sentiments vraiment de vide ou d'abandon, enfin voilà, de tristesse. Et j'ai oublié le troisième.

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui, c'est très intéressant, merci. J'adore ce sujet sur la physiologie, donc merci d'en parler. Donc en effet, ça a rapport avec la théorie polyvagale de Stephen Porches qui... qui date un petit peu, où en effet on a d'abord le premier état, donc dans la vague parasympathique ventrale, donc c'est l'état où on se sent en sécurité, c'est l'état le plus haut, si on pourrait prendre une échelle, c'est l'état où on se sent bien, en sécurité, on est assez enclin, encline à aussi du coup aller dans l'échange, dans le contact social, puisqu'on rappelle que c'est hyper important d'avoir des échanges humains, c'est nécessaire pour notre système nerveux, et d'ailleurs c'est une manière... de réguler son système nerveux, c'est la co-régulation justement, c'est d'être avec d'autres personnes qui ont un système nerveux qui est régulé, qui est dans cet état parasympathique ventral, pour se sentir bien. Et puis ensuite, on a l'état sympathique, donc comme tu le disais si bien, le fight or flight, donc combat ou fuite. Donc dans cet état-là, il y a certaines hormones qui vont être secrétées, l'adrénaline, la noradrénaline et le cortisol. Et donc c'est dans ces états-là que... C'est pour ça qu'en fait, des fois, les gens s'énervent et qu'on ne comprend pas et qu'on se dit mais enfin, cette personne-là ne sait pas gérer sa colère, par exemple En fait, la personne, elle a été ce qu'on appelle être activée par, en général, un de ses souvenirs du passé. Donc, quelque chose va se passer dans le présent qui lui rappelle quelque chose du passé. Et pour la personne, ça va être beaucoup trop. Et donc là, c'est colère. Ça peut être une des réponses de traumatique, une des réponses de survie. C'est la colère pour marquer son territoire. Et en fait... C'est pour ça que c'est ok, en fait, la colère. C'est ok, c'est une manière de se défendre, en fait. Et en effet, parfois, c'est tellement fort, c'est tellement trop d'émotions, c'est tellement d'hormones secrétées que là, en fait, le corps va sécréter une autre hormone qui est l'endorphine, si je me rappelle bien. Et donc, on va switcher encore d'état, du coup, en état parasympathique dorsal, cette fois-ci. Et là, il y a deux réponses traumatiques. Il y a soit celle que tu disais, à savoir, du coup, le freeze, donc le moment où, du coup, là...

  • Speaker #1

    Le freeze, on n'ose plus bouger, en fait. Oui,

  • Speaker #0

    c'est exactement ça. Comme les animaux, d'ailleurs. Les animaux aussi, c'est des animaux qui font le mort. Donc, ils font le mort parfois pour se protéger, pour attendre que le tigre s'en aille. Et là, hop, ils courront pour se protéger. Mais il y a encore une autre réponse traumatique dont on parle peu, qui s'appelle le Fawn, F-A-W-N en anglais. Il n'y a pas de mot en français qui a été traduit actuellement. Et ça, c'est le principe du people pleasing. Donc, c'est le fait qu'en fait, c'est aussi un dérèglement où on va être en shutdown. Mais en fait, on va avoir tendance à dire oui à tout, oui à l'autre personne, parce qu'on veut éviter le conflit. On préfère qu'il n'y ait pas de conflit. Et donc, on suit en fait. On dit oui à tout, comme ça, pas de problème.

  • Speaker #1

    Et le people pleasing, en dehors de dire oui à tout, c'est vraiment aussi ne pas oser mettre sa limite face à l'autre. C'est quelque chose que j'essaie d'observer beaucoup chez moi, notamment parce que je sais que je suis énormément là-dedans, de moins en moins, heureusement. Mais vraiment, ce truc où tout d'un coup, on va... me lancer une pique ou me dire quelque chose qui va me déranger, parce que peut-être ça va réveiller un trauma, certes, mais là où j'aurais besoin de dire, mais en fait, moi, je ne suis pas OK avec le fait que tu viennes dire ça, maintenant ou jamais, d'ailleurs. Ça, c'est quelque chose auquel j'ai beaucoup de mal, parce que dans le trauma, j'ai peur ensuite d'être abandonnée ou encore pire pour moi, oubliée.

  • Speaker #0

    Oui, je comprends tout à fait. Alors qu'en fait, mais c'est super dur à faire, en osant prendre, moi, j'aime bien cette idée de prendre sa place. Donc, attends, je vais juste... descendre mon chat parce qu'elle est remontée voilà tout va bien en fait en osant moi je me suis rendu compte que j'étais beaucoup concerné par cette histoire de prendre sa place et de me sentir considéré c'est vraiment très important pour moi de me sentir considéré de sentir que j'ai le droit à ma place mais en fait un peu comme tu disais de se dire de doser dire c'est c'est pas ok en fait pour moi en utilisant la communication non violente donc du coup le principe vraiment de dire quand ceci se passe c'est neutre un sans jugement je me sens comme cela Or, mon besoin est ceci, serait-ce possible de, donc formuler une demande claire et qui est évidemment négociable, que l'autre personne peut refuser, et bien c'est une manière de partager ses besoins, déjà c'est trop cool de partager ses besoins, de fixer ses limites, et d'oser du coup prendre sa place. Et j'aime me dire que du coup, moi j'aime bien cette expression, j'aime me dire que si l'autre personne n'est pas prête à l'entendre, que la personne veut un compromis, c'est ok, bien sûr, on est là pour discuter, c'est ok, on va trouver notre juste compromis. Mais si la personne... invalide mes émotions et me dit c'est quoi ton problème ? Et des émotions moins fortes ou le truc horrible. En fait, moi, je me dis bon débarras. Bon débarras dans le sens où je ne veux plus de comportements toxiques, malsains, d'invalidation des émotions dans ma vie. Et j'ose fixer mes limites, partager mes besoins. Et si ce n'est pas accepté, eh bien tant pis en fait.

  • Speaker #1

    C'est intéressant ce que tu dis, le bon débarras. Alors évidemment, on peut continuer à avoir une relation si on le souhaite, mais en tout cas... Moi, c'est ce que je vis aussi actuellement, sauf pour des relations évidemment très fortes où je me dis, là, on va avoir une bonne métacommunication là autour. Mais des personnes où ce n'est pas forcément le cas, je me dis, OK, en fait, tant pis, je lâche et je ne recontacterai pas cette personne-là. Mais c'est vrai que peut-être juste rappeler quand même que quand on est dans le freezing, ce n'est pas forcément évident de reformuler, de poser ses limites. Donc, nous, on en parle là comme ça, mais c'est un travail de longue haleine. Moi, je sais que quand je suis figée, il n'y a rien qui sort. Et c'est après, quand je rentre chez moi, que j'ai tous les scénarios de ce que j'aurais pu dire à la personne. Mais c'est beaucoup plus difficile sur le moment. Donc voilà, on n'est pas non plus des extra-communicatifs tout le temps. Des fois, c'est difficile pour nous aussi. Et donc voilà, c'est un chemin. Et c'est un chemin. J'ai vraiment une voix de grosse fumeuse. Mais c'est intéressant d'être accompagnée là-dedans. Est-ce que toi, tu disais...

  • Speaker #0

    Pardon. C'est juste que j'allais dire que oui, que le mot qui me vient quand tu dis tout ça, c'est vraiment le mot exposition, qui est le mot clé en effet de la TCC, thérapie cognitive et comportementale, où l'idée en fait c'est ça, c'est d'y aller petit à petit, moi j'adore ce mot, c'est step by step, d'essayer en fait de sortir de sa zone de confort. Au début, ça va être de juste partager un petit besoin, et puis petit à petit en fait, d'y aller vraiment petit à petit. Au début avec son meilleur ami ou sa meilleure amie, son proche, avec qui on est le plus proche. Et puis petit à petit, en fait, d'oser de plus en plus de sortir de sa zone de confort en s'exposant, mais vraiment petit à petit.

  • Speaker #1

    Et donc, tu disais tout à l'heure que vraiment, toi, tu as appris à moins switcher dans ces différents états qu'on a certes ultra résumés. Mais du coup, il y a quand même une sorte de confiance plus grande. Tu te sens plus apaisée avec toi-même de manière générale.

  • Speaker #0

    Oui, là, c'est vraiment ces derniers mois qu'il y a eu tout un changement. Je me connais mieux. Je crois que c'est surtout ça. Même des fois j'ai l'impression qu'on est deux quoi, c'est vraiment ouf, il y a moi, enfin la personne là qui parle dans mon cerveau, et puis il y a mon corps et ses besoins, et littéralement des fois j'ai l'impression du coup d'écouter mon corps, donc je vais dire à mes amis Ah là je sens que mon corps a besoin de manger, ah là je sens que mon corps a besoin de bouger et donc en fait c'est ok, enfin j'y peux rien entre guillemets, c'est mon besoin, il est là, c'est un besoin qui est physiologique, et en fait moins je l'écoute, plus ça va devenir difficile par la suite quoi. Donc si par exemple je sens que j'ai besoin de bouger, mais que je me retiens, parce que je reste avec mes amis alors qu'on est posé sur un parc et qu'on ne fait pas grand-chose. Plus j'attends, plus ça va avoir des conséquences désagréables, voire même désastreuses sur ma psyché après. Donc en fait, autant que j'écoute dans la mesure du possible, parce que bien sûr, c'est important aussi de faire des compromis, bien sûr, mais c'est important en fait que j'écoute aussi mon corps. Et donc en fait, plus j'écoute mon corps, ses besoins physiologiques, tout en fait, tout ce dont il a besoin, mieux je me sens, et plus régulé je suis, et plus en sécurité, je dirais.

  • Speaker #1

    Et maintenant que tu expérimentes justement cette meilleure régulation, quels sont tes souhaits pour l'avenir qui concernent ta vie à la fois personnelle et professionnelle ?

  • Speaker #0

    Oui, j'en ai plusieurs. Du coup, je n'en ai pas encore parlé. Là, le symptôme par lequel je passe le plus en ce moment, c'est un symptôme assez compliqué à gérer où j'ai beaucoup de flashbacks de ma vie qui reviennent. Ces flashbacks, on pourrait dire un peu comme des reviviscences un peu traumatiques. Sauf que... Comme je disais, ma vie a été vécue comme traumatique, du coup ce sont des flashbacks juste de ma vie, ils n'ont rien de spéciaux, ce sont juste des souvenirs, ils ne sont pas agréables ou désagréables, mais j'ai l'impression que c'est ma manière à mon cerveau de ranger ces souvenirs comme des tiroirs. qui sont rangés. Donc du coup, mon premier souhait, ce serait de ne plus avoir ces flashbacks, de me sentir stable et bien, que tout soit rangé et que je vive de façon sereine en acceptant que je vais mourir un jour et en sortant de la dissertation et en acceptant que ça peut être demain comme dans 20 ans, mais que d'ici là, ou comme dans 50 ans, soyons plus optimistes, mais que d'ici là, je ferai du mieux de ma personne pour continuer d'être dévouée dans cette envie de transmettre et d'aider les gens, tout en respectant mes propres besoins. Donc ça veut dire toujours prendre soin de moi, etc. Donc ça, c'est mon premier souhait. Mon deuxième, ce serait un de mes plus gros problèmes, je dirais, en plus du premier, c'est de ne pas savoir ce que j'ai envie d'avoir comme relation amoureuse. Parce que quand je suis en couple, j'ai tendance à me sentir facilement oppressée et coincée. Donc ce serait de comprendre, d'explorer ce dont j'ai besoin. Est-ce que je veux une relation monogame ou pas ? Une relation libre ou pas ? Est-ce que je veux être avec un homme, avec une femme ? Tout ça est vraiment très flou depuis des années pour moi. Donc ce serait de savoir qu'est-ce que je veux. Est-ce que je veux un enfant ? Moi j'aimerais bien idéalement. Est-ce que j'en suis capable malgré mes symptômes ? Idéalement, moi j'aimerais bien tout ça. Savoir sur toute cette sphère, être plus stable.

  • Speaker #1

    Ouais, en fait, je me souviens que tu me parlais la dernière fois par rapport à la monogamie. ou relation non exclusive. Moi, j'aime bien les dire non exclusive plutôt que relation libre parce que personnellement, avec mon mari, on est dans une relation monogame mais on se sent tout à fait libre dans cette relation. Tu me parlais de l'ambivalence que tu avais avec ce concept-là parce que quelque part, tu avais un souhait d'être peut-être en couple avec une seule personne parce que tu as peur d'être abandonnée et de peut-être pas être l'unique, chose que je comprends tout à fait, soit disant pas ça, mais d'une autre façon. part, avec une seule personne, t'as peur de t'ennuyer, en fait, et t'as peut-être besoin de vivre d'autres choses. Et je trouve hyper intéressant cette ambivalence-là, et qui, je pense, touche aussi beaucoup d'autres personnes. Est-ce que tu serais d'accord de nous en parler un peu plus ?

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr, avec plaisir. Merci beaucoup. Oui, en effet, ça rejoint un peu ce côté un peu multipotentiel, même si, de nouveau, ça reste une étiquette et c'est pas très important. Je me considère multipotentiel au sens professionnel du terme, donc ça veut dire que... Pendant longtemps, j'ai cherché le boulot de mes rêves. En fait, je me suis rendue compte de manière globale qu'il y avait une énorme... Pour moi, il y a tellement de liens entre le côté professionnel et les relations amoureuses. Je viens de passer des entretiens d'embauche, j'ai vu ça comme des dates. Et là, actuellement, je vais être en CDI et c'est la même chose en relation. Bref, un jour, peut-être, j'écrirai un livre sur les ressemblances et les différences entre les deux. Du coup, je me suis rendue compte qu'au niveau du travail, j'ai arrêté. Pendant des années, j'ai cherché le travail qui me ferait du bien. Peut-être je devrais être web-designeuse, graphiste, pharmacienne ou que sais-je. Et en fait, je me suis rendu compte qu'en fait, j'adore être couteau suisse, qu'en fait, ma force, c'est justement d'être douée et même d'être très curieuse et d'apprécier plein de domaines différents. Et c'est justement ça qu'ils ont apprécié dans mon nouveau travail. C'est qu'en fait, ils m'ont donné des tâches tellement différentes. En fait, je suis un réel couteau suisse. Et je sais en plus que ce travail-là, ce sera que pour quelques années. Travail que d'ailleurs je ne ferai qu'en 4-5ème pour me consacrer à Border Attitude un 5ème du temps aussi. Donc j'aime avoir cette diversité, j'ai besoin de cette diversité dans ma vie. Et du coup en effet je me dis, mais je rêve, franchement, moi on me donne un médicament, je le dis toujours ça, on me donne un médicament pour être amoureuse d'une seule personne toute ma vie et qu'elle me suffise. Mais je dis oui, je plonge dans cette mer remplie de médicaments et je le prends parce que c'est tellement plus simple comme avoir un travail qui nous plaît et un seul pour les restes de sa vie. Mais mon Dieu, c'est tellement plus simple, je trouve. Malheureusement, la simplicité ne fait pas partie de mon ADN, je pense. Et en effet, il y a cette peur, en fait. Il y a cette peur que la personne, l'autre personne, en fait, ne me suffise pas. C'est vraiment ça, c'est le mot suffire que l'autre personne ne me suffise pas parce que je n'arrive pas à comprendre émotionnellement comment c'est possible, même si j'aimerais que ce soit le cas, qu'une seule personne nous suffise pour toute la vie, quoi. Même si évidemment, on peut avoir des activités autres avec des amis, etc. et des proches et la famille sur le côté, bien sûr. Mais c'est quelque chose qui me perturbe et qui me fait peur sur ça. Et donc, c'est vraiment tout un dilemme dans ma tête. C'est dur et du coup, c'est très dur quand je fais des nouvelles rencontres parce que quelqu'un va me dire qu'est-ce que tu veux dans la vie ? Je ne sais pas, on va voir ce que mon corps me propose. Je ne sais pas encore. Ce n'est pas facile.

  • Speaker #1

    Moi j'arrive gentiment Fiona sur les deux dernières questions de l'interview. Est-ce que toi avant ça, tu as envie de rajouter quelque chose ?

  • Speaker #0

    Est-ce que j'ai envie de rajouter quelque chose ? Actuellement pas, je te laisse shoot avec tes questions. Merci.

  • Speaker #1

    Alors je voulais te demander quel message tu souhaitais faire passer aux personnes qui vivent avec une maladie invisible mentale ?

  • Speaker #0

    Oui, alors la première chose qui me vient, évidemment, c'est le fait que quoi que vous ayez, vous n'êtes pas seul. On est beaucoup à ressentir des difficultés qui sont malheureusement invisibles. Et certes, c'est difficile d'en parler parce que c'est invisible et mental. Et c'est vraiment difficile dans la société dans laquelle on vit, même si heureusement, grâce à des podcasts comme celui de Tamara, ça évolue. Mais c'est dur, mais vous n'êtes pas seul. Et c'est surtout l'envie de se battre. C'est ça que j'ai envie de donner. C'est vraiment ce message d'espoir, d'oser, de rien lâcher, qu'il y a moyen d'aller mieux, que c'est dur, que parfois on a l'impression qu'il n'y a pas de bout du tunnel. On a même l'impression d'aller moins bien. qu'avant parce que le chemin n'est pas linéaire vers le rétablissement et la guérison. Ce n'est pas linéaire. Et donc, même si parfois, on a l'impression que ça va être pire en pire ou que ça ne va pas mieux ou autre, je vous invite vraiment à ne pas lâcher parce qu'il y a vraiment moyen d'aller mieux, de se sentir mieux. Et puis surtout, en plus, quand on a vécu ça, je trouve qu'ensuite, et ça va bien se toucher avec la dernière question, je pense, on voit la vie différemment.

  • Speaker #1

    on voit vraiment la vie différemment et ça nous donne une force incroyable et quel super pouvoir le troupe Borderline t'a amené ?

  • Speaker #0

    du coup quel super pouvoir je dirais que c'est vraiment cette petit à petit cette capacité à avoir plus d'empathie en fait envers les gens, je pense que de base j'étais quelqu'un de très égocentré très narcissique aussi très mine de rien quand même assez arrogante Et petit à petit, j'arrive de mieux en mieux. J'essaye en tout cas de plus en plus d'être humble, d'arrêter de tout ramener à moi, d'arrêter de chercher à me mettre en avant et d'être plutôt dans cette envie, comme je disais, de transmettre et d'essayer de vraiment prendre le temps, petit à petit, c'est encore difficile pour moi, d'écouter l'autre, de comprendre l'autre, de comprendre ce qui se passe dans sa tête et d'essayer de l'aider à pouvoir mettre des mots sur ses mots. d'essayer d'aller mieux, d'oser prendre sa place, d'oser sortir de sa zone de confort et d'être dans tout ce cheminement émotionnel, d'entraide, plutôt que d'être centré sur soi. Je dirais que c'est ça.

  • Speaker #1

    Pour moi, c'est la fin, sauf si justement là maintenant, il y a quelque chose qui vient pour toi.

  • Speaker #0

    Non merci, c'est très gentil.

  • Speaker #1

    Je te remercie vraiment pour ton précieux témoignage que j'ai hyper hâte de diffuser.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, c'était un plaisir d'être là, j'ai hâte de l'écouter.

  • Speaker #2

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Description

Passer de « je me trouve incroyable » à « je ne mérite pas de vivre » est un schéma de pensées peu toléré dans nos sociétés où l’on valorise la maîtrise émotionnelle et la stabilité.
Mais que se passe-t-il quand on vit avec des émotions très intenses (des up ans down) dans un monde qui stigmatise l’instabilité ?

À ses 18 ans, alors que son amoureux du Brésil vient d’emménager chez elle à Bruxelles, Fiona prend conscience d’une réalité particulièrement anxiogène : « je ne pourrais jamais rompre avec lui maintenant qu’il a quitté le Brésil pour vivre avec moi. »

Ce sentiment d’enfermement déclenche chez elle une avalanche de troubles psychiques comme un toc du couple qui la pousse sans cesse à se demander : suis-je avec la bonne personne ?, et un trouble anxieux généralisé.

Ce n’est pourtant qu’à 28 ans, lorsqu’elle se rend pour un diagnostic de TDAH, que Fiona découvre une toute autre réalité : elle vit avec un trouble de la personnalité borderline.

Multipotentielles, couteau suisse, touche-à-tout, Fiona voit les entretiens d’embauches comme des « dates » et les CDI lui font peur en amour. Pourtant elle rêverait d’une pilule magique qui lui permette d’aimer une seule et unique personne jusqu’à la fin de ses jours.

Dans cet épisode, Fiona nous livre le témoignage qu’elle aurait aimé entendre il y a 10 ans.
Forte d’exemples concrets, elle nous livre les outils qui lui permettent de réguler son système nerveux au quotidien pour se sentir en sécurité et
mieux gérer cette intensité émotionnelle.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les Invisibles. Juin 2020. Ma vie bascule du jour au lendemain dans une maladie neurologique, rare, qui n'a de poétique que le nom. Le syndrome du mal de débarquement. Les symptômes qu'elle m'amène vivent en colocation avec moi. 7 jours sur 7. 24 heures sur 24. Et ne prennent jamais leur week-end. Je n'ai donc pas la place pour un autre combat. Du moins, c'est ce que je crois. Puis vient ce jour où je témoigne dans une émission télé, dans l'espoir de rendre visible l'invisibilité du syndrome dont je suis atteinte. À peine sortie du plateau, forte de cette expérience et encore dans mes talons rouges, une évidence s'installe. Je n'en resterai pas là. Dans le train du retour, Je rejoins à la fois ma maison et mon nouveau combat. Offrir un espace de parole au travers d'un podcast, aux personnes qui composent, bien souvent en silence, avec des maladies invisibles, et avec les regards de sociétés qui ne croient que ce qu'elles voient, deux réalités plus souvent subies que choisies. Aujourd'hui, loin de mes talons rouges et au plus proche de l'engagement, l'évidence s'étend. C'est à l'invisible au pluriel que je vous invite. Ceux qui dans la chair... L'esprit et les sociétés se vivent, sans pour autant faire de bruit. Si comme le dit Antoine de Saint-Exupéry, l'essentiel est invisible pour les yeux, ici, on compte bien le faire entendre. Bonne écoute !

  • Speaker #1

    Passé de je me trouve incroyable à je ne mérite pas de vivre est un schéma de pensée peu toléré dans nos sociétés où l'on valorise la maîtrise émotionnelle et la stabilité. Mais que se passe-t-il quand on vit avec des émotions très intenses, des up and down, dans un monde qui stigmatise l'instabilité ? À ses 18 ans, alors que son amoureux du Brésil vient d'emménager chez elle à Bruxelles, Fiona prend conscience d'une réalité particulièrement anxiogène. Je ne pourrais jamais rompre avec lui maintenant qu'il a quitté le Brésil pour vivre avec moi. Ce sentiment d'enfermement déclenche chez elle une avalanche de troubles psychiques, comme un trouble anxieux généralisé et un toque du couple, qui la pousse sans cesse à se demander suis-je avec la bonne personne ? Ce n'est pourtant qu'à 28 ans, lorsqu'elle se rend pour un diagnostic de TDAH, que Fiona découvre une toute autre réalité. Elle vit avec un trouble de la personnalité borderline. Multipotentiel, couteau suisse, touche à tout, Fiona voit les entretiens d'embauche comme des dates et les CDI lui font peur en amour. Pourtant, elle rêverait d'une pilule magique qui lui permette d'aimer une seule et unique personne jusqu'à la fin de ses jours. Dans cet épisode, Fiona nous livre le témoignage qu'elle aurait aimé entendre il y a dix ans. Forte d'exemples concrets, elle nous livre les outils qui lui permettent de réguler son système nerveux au quotidien pour se sentir en sécurité et mieux gérer cette intensité émotionnelle.

  • Speaker #2

    Hello Fiona !

  • Speaker #3

    Salut Tamara !

  • Speaker #2

    Je suis ravie de te recevoir aujourd'hui dans le podcast Les Invisibles et comment tu vas aujourd'hui ?

  • Speaker #3

    Écoute, déjà merci beaucoup, je suis très contente d'être là, donc merci à toi de me recevoir, c'est un réel plaisir. Comment je me sens aujourd'hui ? Je dirais que ça va, mais que ça reste pas évident. Je suis dans une période un peu transitoire dans ma vie où je change de travail le mois prochain et j'ai décidé de m'octroyer ce temps-là pour vraiment prendre le temps, prendre le temps de me reposer, prendre le temps de lâcher prise et prendre le temps d'accepter toute émotion qui... voudrait venir, voudrait toquer à ma porte, comme on peut dire, et de vraiment l'accueillir. Et ce n'est pas facile, il y a des symptômes difficiles qui sont là, des émotions qui émergent, et c'est rude, et en même temps j'ai l'intime conviction et l'espoir que c'est nécessaire pour continuer dans mon chemin de guérison et de rétablissement. Donc ça me convient parfaitement comme tel, et comme je disais, je suis très contente d'être là. Et toi Tamara, comment ça va ?

  • Speaker #2

    Écoute, moi j'expérimente ce matin la mauvaise humeur. C'est une sensation que j'ai découvert en tombant enceinte. J'avais jamais été de mauvaise humeur avant. Alors attends, je suis loin pas parfaite, j'ai été 500 fois en colère, triste, dans l'anxiété. Mais de mauvaise humeur, pas vraiment. Et je sais pas quel bouleversement hormonal il y a eu avec la grossesse, l'allaitement. Mais depuis, il y a peut-être eu 5-6 matins où je me suis réveillée de mauvaise humeur. Alors j'en parlais l'autre jour à ma psy et je disais non mais j'y ai... Un truc en plus, maintenant j'ai la mauvaise humeur, sérieux. Et elle me disait, mais quelque part c'est plutôt chouette, parce que c'est une humeur qui n'est pas forcément quelque chose de hyper puissant, comme la colère, l'anxiété ou la tristesse qui des fois vient vraiment t'accaparer. La mauvaise humeur, c'est un peu une humeur plus lambda, que tout le monde expérimente comme ça dans son quotidien. Et c'était intéressant de voir ça sous cet angle-là, en fait. Tout d'un coup, c'était une chose de plus à expérimenter, mais qui était peut-être... un peu moins forte et un peu moins violente. J'aimais bien, en tout cas, moi, ça m'a fait du bien d'entendre ça.

  • Speaker #3

    Tu m'étonnes. Et puis, surtout, comme toujours, c'est OK, en fait. Quelque seule émotion, c'est OK et c'est temporaire.

  • Speaker #2

    C'est clair. Après, on doit se le rappeler très, très souvent, le c'est OK Mais je suis tout à fait d'accord. Et tu entendras, j'ai un peu perdu ma voix, mais je suis là, avec joie, avec toi.

  • Speaker #3

    Merci beaucoup.

  • Speaker #2

    Alors, toi, tu as eu envie de témoigner dans ce podcast. Et je me demandais quelles étaient vraiment les motivations. à offrir ton témoignage.

  • Speaker #3

    Oui, donc, j'ai l'impression d'être passée par des difficultés, des difficultés assez extrêmes en termes de symptômes, en rapport avec le trouble de la personnalité borderline, notamment, mais pas que. D'autres troubles également desquels j'ai été concernée, et encore concernée aujourd'hui. Et il y a vraiment une envie, en fait, de transmettre. Dans le sens où, lorsque j'en ai des frissons, comme à chaque fois que je transmets quelque chose, J'ai vraiment vécu des difficultés horribles, notamment il y a une dizaine d'années. Et lorsque j'ai cherché des témoignages pour me sentir moins seule sur Google, je trouvais vraiment très peu. Et c'était d'autant plus difficile de me sentir si seule et incomprise malgré mon entourage qui était présent. Et du coup, j'aime bien être aujourd'hui incarnée, ce que j'aurais aimé recevoir il y a dix ans, et pouvoir transmettre tout mon savoir expérientiel comme j'aurais aimé. avoir du contenu similaire, en fait, il y a une dizaine d'années. Et donc, c'est vraiment dans cette envie de, je dirais, de booster, de guider et de donner des clés pour aider des personnes qui passeraient par des symptômes similaires à ce que j'ai pu vivre et vivre encore aujourd'hui.

  • Speaker #2

    Ça fait quand même plaisir de voir, entre guillemets, le changement qu'il y a eu en dix ans, parce que je pense qu'aujourd'hui, si tu taperais Troupe de la personnalité borderline sur Google, j'espère que tu aurais beaucoup plus d'outils qu'il y en avait à l'époque. Est-ce que tu pourrais me dire ce que c'est exactement un trouble de la personnalité ?

  • Speaker #3

    Oui, donc un trouble de la personnalité, il y a plusieurs troubles de la personnalité, il y en a 8 ou 9 si je me rappelle bien, et il y a du coup le trouble de la personnalité borderline, qui est un trouble qui se manifeste non pas comme d'autres troubles neurodéveloppementaux, comme par exemple le trouble autistique ou le TDAH, qui se développe eux plutôt au début de... quand on est, quoi, neurodéveloppemental. Ici, le trouble borderline, c'est plutôt à la fin de l'adolescence, en fait, qui va se manifester. Et de manière globale, si je devais le définir en un mot, ce serait vraiment le mot instabilité, en fait. Il y a vraiment une tendance à l'instabilité dans les schémas de pensée, dans les comportements et ce genre de choses. C'est pour ça qu'on dit que c'est un trouble de la personnalité et pas un trouble de l'humeur, comme le trouble bipolaire, par exemple. Donc, c'est un trouble de la personnalité. Et donc, en fait, afin d'être diagnostiqué de ce trouble, par un psychiatre ou une psychiatre, il faut ressentir cinq symptômes parmi neuf qui sont proposés dans ce trouble. Et donc ces symptômes, en fait, c'est majoritairement beaucoup d'instabilité, du coup par exemple dans les comportements, dans les relations sociales. Donc ça va être par exemple avoir une tendance à idéaliser l'autre et puis très rapidement dévaloriser l'autre personne à quelques heures d'intervalle. Ça va être des changements d'humeur. Donc pareil, à quelques heures d'intervalle, je peux me sentir incroyablement bien. Vraiment, la vie est belle, la vie est parfaite. Et puis, il suffit que j'entende une petite critique à mon égard. J'en sais rien, ma meilleure amie qui me dit que parfois je suis un peu pot de colle, j'en sais rien. Et là, mon monde s'écroule et finalement, ça ne va plus du tout, par exemple. Donc de manière globale, c'est vraiment une tendance à pouvoir être très up et puis ensuite très down très facilement. Donc on va avoir aussi un changement d'image, d'identité, donc me trouver incroyable, et puis ensuite avoir la sensation que je ne mérite pas d'exister. Ça peut être aussi des crises de colère très très fortes, donc il y a une difficulté à réguler ces émotions. On a tendance à avoir des émotions qui sont vraiment extrêmes et avoir du coup une difficulté à les réguler. Et du coup ça peut aller jusqu'à, attention trigger warning, de l'automutilation, où en fait parfois les émotions elles sont tellement fortes. que du coup c'est juste une manière de se focaliser sur autre chose et ou même de se punir aussi, se punir d'exister. Et ça peut aller du coup jusqu'à des tentatives de suicide. tellement en fait, c'est pas tant que ça pour mourir, c'est vraiment plus pour arrêter de sentir des émotions aussi fortes. Parmi les autres symptômes, on a aussi une sensation de vide, donc on va se sentir comme incomplet, incomplète. On a la sensation qu'il nous manque toujours quelque chose, ce qui nous amène aux symptômes suivants, qui sont des comportements impulsifs. Donc là, il va y avoir vraiment cette envie de ressentir des choses, puisqu'on peut avoir l'impression de ne pas ressentir des choses de façon... normal et donc il va y avoir envie d'avoir des addictions, d'avoir une conduite automobile assez forte, ou tout type d'addiction pour ressentir vraiment l'adrénaline, pour ressentir qu'on vit. Et aussi un des autres symptômes par lequel moi je suis particulièrement concernée, normalement c'est que dans des cas de stress vraiment intense, on peut être face à de la dissociation. Donc la dissociation, c'est le principe de sentir en dehors de son corps et ou en dehors de la réalité. C'est un symptôme qui est là pour nous protéger. Quand les émotions sont tellement, tellement, tellement, tellement intenses, notre cerveau, notre système nerveux plus spécifiquement, peut avoir tendance à se mettre en dissociation pour se protéger de ces émotions. Et on peut également faire face à de la paranoïa, qui ont mis le symptôme ensemble dans le DSM-5. Donc ça fait un bon lot, beaucoup, beaucoup, beaucoup de symptômes. qui sont tous les uns les autres vraiment très intenses, très dures. Et c'est vrai qu'une des questions qu'on me pose souvent, mais c'est hormis peut-être la dissociation, c'est mais qu'est-ce qui change en fait par rapport à quelqu'un d'autre ? Parce que tout le monde est sujet à des changements d'humeur, tout le monde est sujet, j'ai oublié de le préciser, ce symptôme-là, au sentiment d'abandon aussi. Beaucoup de personnes ont tendance à avoir des crises de colère, un sentiment d'abandon, la dépendance affective, les changements d'humeur. Et ce qui va vraiment faire la différence en fait, c'est l'intensité. Et aussi l'instabilité dans le sens où ce sont des changements d'humeur, comme je disais par exemple, à quelques heures d'écart. Donc là actuellement je suis célibataire, mais quand j'étais en couple, je pouvais me dire mon copain est incroyable, et puis quelques heures après, remettre en question ma relation de couple, parce qu'il n'avait pas rangé ses chaussettes comme il fallait.

  • Speaker #2

    C'est hyper intéressant ce que tu racontes, et je trouve hyper explicite, parce que tu donnes des exemples très concrets. Donc je pense que n'importe qui va forcément se reconnaître un bout, sans s'autodiagnostiquer forcément, mais se reconnaître un bout en effet. Et je pense que c'est important de rappeler que c'est l'intensité, comme tu dis, des symptômes qui va créer le diagnostic, générer le diagnostic. Moi, j'ai une question qui m'a traversé l'esprit, là, en t'entendant, je me suis dit, mais est-ce qu'on ne vit pas dans une société qui peut rendre plus borderline ? Je m'explique, parce que par exemple, aujourd'hui, on sait que le fait de ne... rien faire, d'être dans le vide, c'est quelque chose qui n'est absolument pas valorisé de manière générale. Donc la majorité des gens, quand elles n'ont pas, les personnes quand elles n'ont pas leur agenda complet et puis qu'elles se retrouvent tout d'un coup à être chez elles, sur leur canapé, à rien avoir à faire entre guillemets, peuvent très vite ressentir un sentiment d'anxiété et avoir envie de tout faire péter pour redonner un petit peu de stimulation là dedans parce qu'on peut se sentir seul ou... Voilà donc je me pose tout d'un coup cette question est ce que aussi dans ce que le monde aujourd'hui propose, toujours plus de sensations fortes, plus d'intensité, c'est-à-dire que l'être humain maintenant il est en sécurité de manière assez générale chez nous, je mets mille guillemets en disant ça, mais voilà on a un toit sur la tête, la plupart, on mange à notre faim, la plupart, non c'est pas la plupart en fait, c'est peut-être l'inverse même, la minorité, mais nous par exemple c'est notre cas, on a cette Ausha, et, excuse-moi pour cette voix qui part, et en fait je me dis, Du coup, on est dans un monde qui nous propulse à toujours vivre plus d'intensité parce que la sécurité, on l'a à peu près chez nous. Donc, allez, go, il faut aller faire des trucs qui donnent des grosses sensations fortes. Donc voilà, en t'écoutant, tout d'un coup, j'ai fait un peu un parallèle avec le monde d'aujourd'hui.

  • Speaker #3

    C'est une bonne question. Évidemment, je réfléchissais pendant que tu parlais. C'est très intéressant. Donc, merci à toi. Je ne sais pas. Tout ce qui est sensations de vide, je pense oui, ça me faisait penser, ça me faisait écho à une vidéo que je regardais hier en rapport avec Tinder et sur comment on pouvait être tenté de toujours vouloir revenir sur Tinder avec cette envie de peut-être il y a mieux pour moi. Et donc on n'est jamais satisfait de ce qu'on a. Donc ça, ça me parle pour le côté vide, pour le côté addiction. Mais après, pour le reste des symptômes, je pense que ces symptômes, ils sont quand même... Les changements d'humeur, ils sont quand même bien réels. Donc je pense que c'est quand même là. Mais je pense que c'est d'autant plus dur par contre quand on souffre du trouble borderline, qui d'ailleurs en tant que tel n'est qu'une étiquette, un diagnostic ça aide pour déculpabiliser. Mais moi j'aime, parce que des fois j'ai peur, je me dis mon dieu je souffre d'un trouble mental, je me répète ça en boucle, puis ensuite je me rappelle qu'en fait non c'est juste un diagnostic et que derrière ce qui importe c'est des symptômes. Et je pense que c'est dur des fois de vivre surtout avec ces symptômes dans une société où même si ça commence à aller un petit peu mieux. mais on vit quand même dans une société où les émotions, ça reste encore fort tabou, surtout, où il y a encore beaucoup de personnes qui pensent que quand on est au travail, on est censé être robotisé et mettre nos émotions de côté, où les émotions et pleurer, c'est mal, où on n'aime pas l'hypersensibilité. Et donc là, il y a un décalage pas possible entre les personnes qui souffrent d'un trouble borderline et qui ont donc des émotions extrêmement extrêmes et instables, lui est-ce une partie du monde qui est un petit peu robotisée ? Et c'est là où le trouble borderline va du coup être très stigmatisé, en fait, de par ses difficultés émotionnelles. Et donc, on peut faire face, quand on a un trouble borderline, à beaucoup d'invalidation des émotions, qui va ne faire que renforcer, du coup, nos émotions, parce qu'on ne se sent pas écouté, pas entendu. Et donc, ça augmente encore plus nos émotions. Et il y a vraiment cette sensation de non-mérite d'exister, à cause de tout ça. Personnellement, j'ai vraiment vécu avec ça pendant des années. C'était... Je ne mérite pas de vivre, je suis une atroce personne qui fait des atroces choses, qui n'arrive pas à gérer sa colère, qui n'arrive pas à faire autrement et qui est affreuse en fait. Ça c'était très dur. Donc il y a un peu de tout ça je dirais.

  • Speaker #2

    Ouais merci. Tu parlais avant du fait que tu changeais de travail. Et là tu viens de nommer la robotisation au travail. Et tout d'un coup je me dis, est-ce que tu étais justement dans un travail ou un domaine où tu te sentais robotisée ou pas ?

  • Speaker #3

    Alors non, je travaille, je travaillais, je travaille encore pour quelques semaines dans le secteur des jeux de société. Je travaille actuellement dans une société qui propose, qui distribue des jeux de société aux boutiques et je m'occupe de tout ce qui est marketing. Donc clairement, il y a un côté fun et c'est chouette et c'est dur d'ailleurs de quitter ce milieu-là parce que je sais que je suis fan. Mais c'est vrai que j'ai pu sentir des difficultés avec certains collègues. Je pense que je suis quand même assez exigeante et que j'ai des attentes, des attentes sur le besoin, l'envie, qu'on puisse se demander avec nos collègues comment on se sent et pas juste ça va, ça va et toi et parler de la pluie et du beau temps, que c'est important pour moi de partager les émotions, d'avoir des réels moments de qualité aussi et d'avoir des discussions profondes. Je n'arrive pas à les discussions superficielles. Et donc, j'ai souvent senti de plus en plus depuis que je suis dans la santé mentale, dans Border Attitude avec le Troupe de la personnalité Borderline, Depuis l'annonce du diagnostic aussi au travail, j'ai vraiment senti une différence avec certains de mes collègues. Et j'ai surpris aussi des collègues qui parlaient dans mon dos. Donc ça, ça n'a pas été OK. J'ai gueulé, je n'ai pas su faire autrement. J'ai pété un câble. Et j'ai vraiment pu... Je ne vais pas dire qu'ils étaient horribles. Je pense qu'ils étaient tous très bienveillants. Mais je sentais de plus en plus un décalage. Et mes besoins ont évolué. Et j'avais besoin d'être dans une société où on parle de façon vraiment authentique.

  • Speaker #2

    Et c'est ce qui t'annonce pour toi, du coup ?

  • Speaker #3

    Et du coup, dans mon nouveau travail, où je stresse un petit peu, mais je suis toute excitée, c'est en gros une société qui propose des formations en rapport avec le bien-être au travail. Donc oui, ça me correspond beaucoup. Et mon travail sera assez multitasking, avec du coup, marketing, communication, mais également... du support en termes de création de contenu pédagogique, en support des formations, et également mon travail aimerait bien que je devienne formatrice. Donc l'idée ce serait de donner des formations à long terme, et sachant que parmi nos clients on a tout ce qui est Parlement européen, institutions européennes. Donc oui, ce n'est pas rien, c'est très stressant, mais je suis très très très très contente.

  • Speaker #2

    Ah magnifique, je suis contente pour toi aussi.

  • Speaker #3

    Merci.

  • Speaker #2

    Du coup, tu parlais du diagnostic que tu as annoncé au travail. Ce diagnostic-là, toi, il est arrivé quand dans ta vie ?

  • Speaker #3

    Oui, donc ce diagnostic, il est arrivé l'an passé, c'est-à-dire quand j'avais 28 ans, en avril 2023. Donc de base, en fait, ça faisait 10 ans déjà que je sentais qu'il y avait des gros problèmes. Et je me sentais concernée par le TDAH de base, le trouble du déficit d'attention avec hyperactivité, parce que j'avais des symptômes, je reconnaissais quand même beaucoup de symptômes que j'avais, difficulté à se concentrer, besoin de bouger surtout. difficulté après une heure de réunion à rester assise, le besoin de faire autre chose, il y avait vraiment des grosses difficultés. Et donc, ça faisait déjà dix ans comme je disais que je sentais qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas, et je ne trouvais pas réponse à mes maux, on va dire, maux, m-a-u-x. Et donc du coup, j'ai décidé de plein gré d'aller voir une neuropsychologue pour effectuer un diagnostic TDAH. Et c'est avec elle en fait, après avoir eu, on s'est vu pendant je dirais cinq, six séances, Elle m'a fait répondre à certaines questions. Et à la fin, c'est elle qui a établi l'hypothèse du trouble borderline, qui a ensuite été validée par un psychiatre quelques semaines plus tard.

  • Speaker #2

    Ça a été comment de le recevoir ?

  • Speaker #3

    Alors, ça s'est fait en deux temps. Parce qu'elle m'a d'abord émis l'hypothèse en mars, mais elle a dit qu'elle avait besoin d'en parler avec ses collègues. Et ensuite, c'est moi qui lui ai dit Ah, mais je viens d'écouter justement un épisode de podcast à ce sujet, je vais vous le partager. Ce n'était pas le tien, c'était un...

  • Speaker #2

    Je suis très déçue.

  • Speaker #3

    et donc c'était très bizarre en fait pour être honnête je ne me rappelle pas bien de cette période là de ma vie je pense que ça a été tellement dur de nouveau ce côté j'ai un trouble mental et en plus un trouble mental particulièrement stigmatisé c'est pas rien, j'aurais préféré être diagnostiqué du TDAH pour être honnête ça aurait été plus facile à recevoir ça a été tellement dur que vraiment je me rappelle peu Je sais que mon copain de l'époque, avec qui j'ai rompu depuis, m'avait dit quelque chose du style que tu aies ce trouble ou pas, je t'aimerai toujours Donc ça, c'était quelque chose qui m'avait rassurée. Mais sinon, beaucoup de mes amis essaient de me rassurer en me disant c'est pas grave, ça change rien à ta personne Surtout que les symptômes datent surtout d'avant, parce que c'est vrai que j'ai été diagnostiquée, mais les symptômes, c'était surtout quand j'avais de 18 à 23 ans, donc c'était déjà moins grave. Donc mes proches ont essayé, je pense, de faire comme ils ont pu, mais je crois que ça m'a pris un an. Je crois que tout doucement, maintenant, un an plus tard, je me rends vraiment compte de ce qui se passe, pour être honnête.

  • Speaker #2

    Quand tu dis que tu t'en souviens pas vraiment, justement, est-ce que tu étais à ce moment-là dans un état dissocié ?

  • Speaker #3

    Ouais, donc déjà, je vis de la dissociation depuis dix ans, de façon plus ou moins chronique, à petite échelle, dans le sens où j'appelle ça du figement fonctionnel. Donc ça veut dire que je suis tout à fait apte à travailler, je suis quelqu'un de très très actif, qui fait beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup de choses. Mais en même temps, j'ai une dissociation par rapport à la réalité permanente. Donc, c'est de la déréalisation pour me protéger. Je reviendrai peut-être plus en détail après, mais par rapport à une peur extrême de ce qui se passe après la mort de base. Et du coup, vivre est traumatisant pour moi. Ça commence à l'être moins, mais avec cette peur chronique de mourir en sortant de chez moi au coin de la rue. Et donc, il y a une déréalisation qui s'est mise en place de façon constante pour me protéger, en fait. dans le cas où je mourrais là maintenant tout de suite. Et du coup, quand il y a eu le diagnostic, je pense que la dissociation a été encore plus forte pour vraiment me protéger. Et puis après, j'ai décidé de prendre la parole sur les réseaux sociaux sous le nom de Border Attitude. Et je pense que là, la dissociation a continué de se mettre en place pour oser en fait. J'avais tellement peur mine de rien du regard des autres, de ce que les gens, ce que j'ai partagé, tous mes amis, tous mes proches, n'importe qui sait que j'ai ce trouble ou peut savoir facilement. Et ça a été vraiment très dur. Je me suis beaucoup demandé ce que les gens pouvaient penser de moi, les gens à qui je ne parle plus, même les gens qui sont encore mes amis sur Facebook et qui tomberaient sur mes posts. Et donc, il y a eu, je pense, cette dissociation qui a continué de se mettre en place pour me protéger et pour oser continuer de faire tout ça. Parce que faire tout ça, pour moi, c'était plus important que ma personne, en fait. En se protégeant, bien sûr, attention à ma santé mentale, bien sûr, mais voilà, c'était très important pour moi.

  • Speaker #2

    Est-ce que quand tu es dans ces phases-là, est-ce que tu as l'envie ? de sortir de cette dissociation ou pas ?

  • Speaker #3

    Alors, il y a une part de moi qui, bien sûr, en a envie. Et ce qui est assez paradoxal, c'est qu'il y a une autre part de moi qui a peur parce que ça pourrait être beaucoup trop. La dissociation, c'est vraiment le symptôme à ne pas prendre à la légère. Si la dissociation, elle est là, je continue d'avoir des frissons de partout, c'est à chaque fois que je suis authentique. Si la dissociation, elle est là, elle est là pour nous protéger de quelque chose. Et c'est comme en thérapie psycho-corporelle où on va essayer de libérer les traumas. C'est hyper important d'y aller vraiment très, très, très tranquillement. Parce que si on enlève, entre guillemets, en un coup la dissociation, en tout cas dans mon cas, ça peut être dévastateur et ça peut être d'autant plus traumatisant. Donc l'idée, c'est vraiment, mais vraiment, vraiment d'y aller petit à petit. Et je suis exactement là-dedans en ce moment.

  • Speaker #2

    D'accord. Il y a des gens qui t'y accompagnent ?

  • Speaker #3

    Oui. Actuellement, je suis deux thérapies en parallèle. D'un côté, je fais de la somatic experiencing. C'est une thérapie psychocorporelle dans le but de libérer les traumas, qui va plutôt s'axer sur l'instant présent, et où le thérapeute me demande, on choisit en général un sujet, et il va me demander par rapport à ce sujet comment je me sens dans mon corps. Et l'idée, c'est de comprendre ce qui se passe dans mon corps. surtout au niveau de mon système nerveux, et de voir comment c'est possible de libérer des traumas et apprendre à mon système nerveux d'être plus régulé pour se sentir plus en sécurité. Et donc plus évidemment je me sens en sécurité, plus je pourrais sortir de la dissociation, dans l'idée du coup d'ouvrir cette fenêtre, j'ai oublié le mot, c'est pas grave, par rapport à la théorie polyvagale. Et de l'autre côté du coup je vois une autre thérapeute qui est formée à l'IFS et à l'EMDR. Donc le MDR, ce sont toutes les deux déjà des thérapies psychocorporelles dans l'idée de libérer les traumas. Donc le MDR, on va aller revisiter des traumas du passé, petit à petit, pour essayer d'enlever la charge émotionnelle qui est reliée à ces traumas. Et l'IFS, donc Internal Family System, si je me rappelle bien, là ici l'idée c'est d'aller voir quelles sont les parts émotionnelles qui ressurgissent dans mon présent pour leur laisser leur place. C'est comme ça qu'en tout cas, moi, je l'interprète.

  • Speaker #2

    L'IFS aussi, c'est le fait de voir qu'on a une famille mentale, non ? Oui. Et qu'il y a chacun qui a un rôle, qui discute. Enfin, il y a plein de parties de nous-mêmes qui discutent ensemble toute la journée. Elles sont des fois en friction, en contradiction. Et l'idée, c'est un peu de les harmoniser, non ? De les amener à aller dans une direction un peu plus harmonieuse.

  • Speaker #3

    Oui, il y a une forme d'équilibre. Donc, il y a plusieurs... Ils les appellent... Je sais qu'il y a les pompiers. Il y a les exilés et les managers. Les pompiers, les managers et les exilés, exactement. Quel travail d'équipe. Et donc, les exilés, c'est ceux évidemment qui sont complètement exilés, si je me rappelle bien. Et donc, l'idée, c'est de leur laisser leur place, je crois. Il y a les pompiers qui arrivent en réaction. Et puis, il y a les managers. Eux, ça, c'est pour la vie de tous les jours. Et l'idée, c'est de laisser... Parce qu'en fait, ce qu'on a tendance à faire avec les émotions de manière globale, c'est que quand une émotion arrive, comme elle est désagréable, parfois, on ne veut pas ce genre d'émotion. et on a tendance à la rejeter. Sauf qu'en fait, c'est les rejeter qui est le plus dur, et ça va faire que l'émotion va faire que toquer et toquer et toquer encore à la porte, parce qu'elle ne demande qu'une seule chose, c'est d'être accueillie et qu'on lui laisse sa place. Et donc l'idée dans l'IFS, ce serait donc de laisser la place aux parts émotionnelles du passé, donc j'en sais rien, moi, à la petite moi de 8 ans, qui s'est sentie très triste parce que, j'en sais rien, quelqu'un de la famille lui aurait mal parlé selon elle, ce serait de laisser sa place pour le dire. Tout est OK maintenant, tout est sous contrôle. Moi, Fiona, adulte, je suis là pour toi et tu as ta place ici. Si tu ressens le besoin de pleurer, je t'en prie et tout est OK.

  • Speaker #2

    Et est-ce que tu as travaillé sur justement ta peur de l'après-mort ?

  • Speaker #3

    Alors oui, beaucoup déjà. Oui, donc en fait, je me suis rendu compte, je pense, qu'en fait, cette peur est arrivée quand j'étais assez enfant. sans raison, je dirais pas valable parce que tout est valable, mais sans raison, j'ai pas eu de décès, il y a pas eu de décès dans la famille, il y a rien eu de spécial, mais en attendant j'ai commencé à mon avis à me rendre compte de façon assez précoce par rapport aux autres enfants que je me demandais ce qui se passait après la mort. Et je pense, et ce qu'on a vu avec mon thérapeute, que ce que j'espérais c'était d'en fait être rassurée de mes parents. Et ce n'est pas forcément arrivé parce que, tout simplement, mes parents sont des personnes qui avaient peut-être à cette époque du mal à partager leurs émotions et à être rassurants, en tout cas rassurants comme je l'espérais. Et donc, je les comprends tout à fait et c'est tout à fait OK. Et donc, malheureusement, la peur de l'après-mort n'a fait que continuer de grandir. Donc, comment je percevais cette peur ? Comment je percevais l'après-mort ? Je le percevais comme un sas, un sas où je suis seule. pour toujours, dans le noir, et où techniquement je vis en fait encore, mais je suis seule, et il n'y a pas de stimulation, et je m'imagine un peu recroquevillée, un peu comme dans le ventre de ma mère, sauf que je suis juste dans le noir, dans les quatre dimensions, il n'y a rien, je ne touche rien, et juste je suis recroquevillée, et il ne se passe rien pour toujours. Donc ça c'est comme ça que je percevais, et en fait cette peur n'a fait que continuer de grandir, grandir, grandir, et même si tout le monde me disait mais tu ne mourras pas aujourd'hui, ce sera pour plus tard moi je disais mais ça ne change rien, ça va arriver et le fait que ça arrive, ça ne va pas. Ça ne va pas, ça ne va pas pour moi. Je crois que ce qui était le plus dur c'était que quand j'en parlais, peu de gens comprenaient mon ressenti et ça c'était encore plus dur parce que du coup je ne comprenais pas comment les gens pouvaient vivre tranquillement sur terre alors que moi j'étais parasité par cette peur.

  • Speaker #0

    Et donc, elle n'a fait que grandir, grandir, grandir, grandir. Et là, ça fait que depuis peu de temps, en fait, j'arrive à mieux la gérer, je dirais, grâce à deux choses. Je pense que cette peur, déjà, c'était un trauma, un trauma qui était du coup irrationnel, parce que finalement, a priori, ceci, ce que je viens d'illustrer comme image, il y a peu de chances que ça arrive. Je trouve d'ailleurs, je ne serais même pas seule le jour où je mourrais. On ne sait pas ce qui se passe après la mort, donc je ne sais pas. Donc ça a été le fait, donc il y a trois choses, le fait de me rendre compte que ceci était une peur et un trauma irrationnel. La deuxième chose, ça a été le fait d'apprendre à m'aimer vraiment de façon inconditionnelle. Et du coup, à me rendre compte que techniquement, je ne suis jamais seule parce que je suis avec moi et que je m'aime. Et que la petite moi de quand j'avais cinq ans, moi je suis avec elle maintenant et je suis là pour la rassurer. Et que si en effet, je suis seule pour toujours quand je serai morte, c'est ok parce que ma compagnie est quand même assez chouette finalement. En tout cas, moi, je m'aime bien, donc c'est cool. Et la troisième chose, c'est parce qu'en fait, je me suis rendu compte que j'avais besoin de sens dans ma vie et que du coup, le fait de faire des choses pour aider les gens, moi, ça me fait du bien parce que je me dis, et littéralement, quand j'ai peur de mourir, en me disant, t'imagines si la vie, on me tombe dessus, je me rassure en me disant, Fio, tu fais du mieux que tu peux pour aider les gens. Tu fais du mieux que tu peux avec Border Attitude, avec ce nouveau boulot qui t'attend, en transmettant tout ce que tu peux, tout le savoir, tout ce que tu apprends, tu essaies de le transmettre aux autres. en utilisant la communication non violente et tout ça, donc tu fais du mieux que tu peux pour rendre ce monde meilleur. Et le fait, en fait, de devenir de plus en plus humble et d'arrêter de penser à ma petite personne, mais plutôt de penser à la place, à la communauté, au monde, de faire en sorte que le monde aille mieux, moi, ça m'apaise en me disant que c'est pas si grave si je meurs tant que le monde va mieux. Et il y a vraiment un dévouement très fort derrière faire en sorte que le monde aille mieux. Et moi, ça m'apaise, en fait, par rapport à la mort.

  • Speaker #1

    C'est intéressant parce que... Entre les lignes, c'est comme si j'entendais plus une peur de la solitude qu'une peur de la mort, de l'après-mort. Oui,

  • Speaker #0

    c'est ça. C'est une peur vraiment d'être seule pour toujours. Et c'est ça. Du coup, maintenant, ça va beaucoup mieux. Mais oui, c'est ça. C'était une peur de solitude après l'après-mort. Exactement.

  • Speaker #1

    Moi, je suis assez épatée parce que ton diagnostic, tu l'as eu il y a seulement une année. Et tu en parles avec tellement de recul et de maturité. C'est assez fou. J'avais envie de savoir quelles étaient les habitudes de vie. que tu as mis en place pour mieux gérer ces émotions dans ton quotidien ?

  • Speaker #0

    Oui. Bon, alors là, je reste de monologuer. Donc déjà, c'est peut-être important que je temporalise, si c'est OK pour toi, quand est-ce que le trouble est arrivé, si c'est OK. Donc, le trouble est arrivé quand j'avais 18 ans. Et pour ma part, il est vraiment arrivé du jour au lendemain. Donc, mon ex, mon copain de l'époque, avec qui j'étais en relation à distance, Brésil-Belgique, parce que j'ai vécu au Brésil quelques années, on s'est rencontrés là-bas. Et puis on a décidé que lui vienne du Brésil en Belgique pour moi. Et donc, alors que j'étais très contente que ça se passe, c'est même moi qui l'ai proposé, pour justement ne plus jamais être seule, pour être toute la vie avec quelqu'un. Je l'aimais et c'est ce que je voulais. Il est arrivé et je me suis sentie en fait profondément bloquée. Et ça m'a stressée parce que je me suis dit Mais mon Dieu, maintenant je suis bloquée avec lui, je ne pourrai plus jamais rompre parce qu'il est venu pour moi du Brésil en Belgique. C'est quelque chose qui n'est donc pas possible. Et là, en fait... littéralement tout est arrivé en même temps donc je pense le trouble de stress post-traumatique complexe je pense être concerné par ce trouble aussi de mon enfance parce qu'avec une peur de la mort allant au point où je me giflais la nuit tellement j'avais peur de la mort et que je ne savais pas comment faire et donc je me giflais pour penser à autre chose donc c'est déjà une forme d'automutilation donc tout ceci s'est passé et donc en fait quand mon copain de l'époque est arrivé tout tout tout s'est manifesté en même temps donc tout le trouble de stress post-traumatique complexe le trouble borderline Le toque du couple, on en parle très peu de ce toque, le toque du couple c'est douter de si l'autre est le bon choix, de se demander si peut-être on ne devrait pas plutôt être avec quelqu'un d'autre, remettre en question la relation, juste parce que la personne, comme je disais avec les chaussettes, ne range pas les chaussettes, on se demande subitement si peut-être quelqu'un d'autre ne nous conviendrait pas mieux, et ce genre de choses. Donc le toque du couple c'est vraiment très difficile à vivre, et le trouble anxieux généralisé, donc avec des crises d'angoisse avec sensation. de mort imminente. Du coup, assez horrible pour moi qui ai peur de la mort, j'ai pu un petit peu y faire face entre guillemets avec ces sensations de mort imminente. Donc tout est arrivé littéralement d'un coup en deux semaines, tous les symptômes. Donc ça a fait juste une explosion avec des crises d'angoisse, avec de la distanciation, de la colère, de l'automutilation, enfin bref j'ai été concernée par les neuf symptômes du trouble borderline. Et du coup pendant plusieurs années ça a été de pire en pire, vraiment de pire en pire. A l'époque je faisais des études de pharmacie parce que j'avais envie de devenir pharmacienne et c'était vraiment difficile. En gros ce qui se passait c'était qu'à chaque fois quand j'étais en couple, j'avais le toque du couple qui revenait en me demandant si je devais être avec cette personne ou pas. Et c'était tellement difficile à vivre que du coup à un moment je rompais et quand j'étais célibataire j'étais prise par une dépendance affective. Et donc du coup j'avais ce besoin de me remettre en couple. entre guillemets avec le premier venu. Donc ça, c'était comme ça que ça se faisait. Et puis, c'est vers mes 22 ans, là, je suis passée déjà par des antidépresseurs. Donc j'ai pris des antidépresseurs pendant un an et demi. Ces antidépresseurs, ils m'ont aidée. Vraiment, je ne regrette pas les avoir pris. Je les vois comme une béquille, une béquille qui était nécessaire, parce qu'honnêtement, je n'ai jamais tenté de me suicider, tout simplement parce que j'avais trop peur de l'après-mort, donc ce n'était pas possible. Mais je me sentais profondément coincée dans la vie, puisque vivre était devenu... traumatisant vraiment genre c'était devenu une terreur chaque seconde où je vivais était un supplice parce que je pensais au fait qu'un jour j'allais mourir et du coup j'étais prise par une angoisse constante et c'était juste ignoble jusqu'à ce qu'en plus les crises d'angoisse arrive ensuite dans mon sommeil et là c'était encore pire et donc et donc les antidépresseurs ont été ont été nécessaires pour pour en tant que béquille pour pour survivre en fait tout simplement face à ces symptômes qui étaient vraiment très extrêmes. Mais les antidépresseurs n'ont pas réglé le problème. Je faisais beaucoup de thérapie en parallèle avec des psys spécialisés dans l'anxiété, pas dans le trouble borderline puisque je ne connaissais pas ce trouble à ce moment-là. Mais voilà, les antidépresseurs, oui c'est bien pour diminuer les symptômes, mais mine de rien ça provoque quand même pas mal d'effets secondaires, comme des problèmes de mémoire, de libido aussi. Mais ça ne résout pas le problème de fond et donc pour moi, heureusement j'ai eu la chance de tomber sur un psychète. qui a préconisé le fait de ne prendre les antidépresseurs que pendant un an et demi. Donc le fait d'avoir une deadline, c'est quelque chose qui m'a aidée. Et en effet, je les ai gardés pendant un an et demi. Et ensuite, j'ai diminué petit à petit la dose. Et je n'ai plus jamais pris le médicament depuis, si ce n'est de temps en temps, je prends un petit peu de médicaments à base de plantes, comme par exemple le C-Distress, mais ça reste léger. Mais du coup, la première étape qui m'a vraiment, vraiment, vraiment aidée pour moi, ça a été un bon pied dans le cul, comme on dirait. Ça a été d'arrêter mes études, en fait. J'ai arrêté mes études de pharmacie en troisième année. Mes parents voulaient que je les retrouve. Ils habitaient à Lyon à ce moment-là. Ils voulaient que je vienne les retrouver. Et moi, je ne sais honnêtement pas pourquoi, mais j'ai dit non. Et j'ai dit, je veux rester à Bruxelles et je veux trouver ma place dans les jeux de société. Je suis passionnée des jeux de société. Je veux travailler dans les jeux de société. Et ils ont dit, alors très bien, mais si tu fais ça, tu te débrouilles financièrement. Et en fait, ça pour moi, et je les remercie, ça a été le plus beau cadeau. Parce que le fait de devoir me débrouiller financièrement, thérapeutiquement, là, il m'aidait toujours. Pour le suivi thérapeutique, financièrement, ça, oui. Mais le reste, le fait de devoir payer mon appartement et payer ma vie, je fumais à l'époque, donc mes clopes, ma bouffe et tout ça, j'ai été obligée de me responsabiliser. J'ai eu la chance de trouver, du coup, ce travail en tant que vendeuse dans les jeux de société, dans un magasin de jeux à l'époque. Et j'ai commencé, entre guillemets, on pourrait dire un peu from scratch, de rien. Et j'ai un peu comme gravi les échelons. Et le fait d'avoir un travail, c'est vraiment quelque chose qui m'a responsabilisée, qui m'a fait du bien. J'ai ressenti beaucoup de reconnaissance. Je suis une personne, j'ai besoin de reconnaissance pour vivre, j'ai besoin de me sentir utile. Et là où j'avais l'impression d'être un peu un numéro au moment des études, en fait, ça manquait de cadre. En fait, c'est vraiment ça, j'ai eu un cadre avec un travail. J'étais obligée de me lever le matin. Et même si j'avais 38 de fièvre, idéalement, j'allais quand même au travail parce qu'on comptait sur moi. Et le fait d'avoir tout ça, le fait d'avoir ce cadre, c'est vraiment ça qui m'a fait beaucoup de bien. Donc ça a été la première étape. Et après, ça a été de chercher, en fait, de chercher qu'est-ce qui pourrait me faire du bien. Et ça, ça doit venir de soi, je pense. Ça doit vraiment venir de soi, ce côté où je me dis, bon, maintenant, ça suffit. Entre guillemets, de toute façon, je suis bloquée sur Terre parce que le suicide n'est pas possible. Donc, autant chercher des outils. Je sais qu'à l'époque, ma mère, avant cette période-là, me proposait beaucoup de choses, la cohérence cardiaque, la méditation. Et en fait, je ne voulais pas l'écouter. Donc, pour les proches qui m'entendraient, je sais qu'à quel point, parfois, on a envie d'aider la personne concernée. mais ça doit venir de la personne concernée. Ce n'est pas possible autrement. Et donc, pour moi, tout est venu petit à petit. Je sais qu'une des premières choses, ça a été le sport. Sport qui avait déjà une place importante dans ma vie quand j'étais plus jeune. C'est revenu dans ma vie quand j'avais 24-25 ans. Et maintenant, je fais du sport 4 à 5 fois par semaine. Et là, j'ai un marathon que je prépare pour l'année prochaine. Donc, pour moi, c'est un must. Ça fait tellement de choses. J'ai besoin de bouger. Ça secrète des hormones. On se sent bien dans son corps, tellement de vertus positives, ça met un rythme de vie, un cadre de vie aussi, on se sent fier de soi. Donc le sport. Et puis après, tout ce qui est en rapport avec la respiration. Donc ça a commencé pour ma part par la cohérence cardiaque. Et puis ensuite, j'ai suivi une formation de pleine conscience de huit semaines, donc la méditation. Et maintenant, je fais des séances de brace work. Donc c'est une technique de respiration contrôlée de type hyperventilation où on peut libérer des traumas. Et ça, je pratique tous les jours depuis cinq mois là, une à deux fois par jour. Donc je dirais au total, je dirais 45 minutes comme ça par jour. C'est pareil, non négociable, je sais que j'en ai besoin et ça m'a changé la vie, vraiment life changer, donc trop chouette.

  • Speaker #1

    Mais t'as combien d'heures dans une journée Fiona ? Je suis quelqu'un. Moi j'ai un souvenir que tu travailles à 100%. Oui. Compte c'est ton site internet, t'es en train d'écrire un e-book, tu fais des marathons, tu fais du breastwork deux fois par jour. Moi j'aimerais juste comprendre.

  • Speaker #0

    Alors on dit de moi que je suis quelqu'un de très très efficace. En fait, je sais hyper bien gérer mon temps. Donc, ça veut dire que mon temps est souvent très chronométré, y compris prendre son temps, y compris dans le chronomètre, on va dire ça comme ça. Et donc, j'arrive très bien à pouvoir... On me disait toujours quand j'étais enfant que j'avais une horloge dans l'estomac. Je suis capable de dire parfois l'heure comme ça. Et je sais en fait combien de temps dure chaque chose et j'ai une capacité à faire plusieurs choses à la fois aussi. Donc voilà, j'ai une très très bonne gestion du temps. Donc voilà.

  • Speaker #1

    En tout cas, je l'admire beaucoup parce que là, il est bientôt 10h. Moi, je suis encore en pyjama. Je ne me suis pas lavé les dents. La seule chose que j'ai fait, c'est nourrir ma fille et la déposer à la crèche.

  • Speaker #0

    Mais c'est très bien aussi.

  • Speaker #1

    Elle est debout depuis 6h, donc il y en a eu du temps.

  • Speaker #0

    Et c'est très, très bien aussi.

  • Speaker #1

    Je t'en viens un peu, je t'avoue.

  • Speaker #0

    Merci. Après, j'essaie aussi de me laisser le temps. Parce que parfois, j'étais vraiment à fond. J'étais vraiment efficace, Ça fait aussi du bien, je trouve, de prendre son temps. C'est aussi quelque chose qui est important. Et des fois, littéralement, de ne pas savoir ce que je vais faire. De me laisser plusieurs heures, voire une journée, et de me dire, je ne sais pas ce que je vais faire. Et on verra. Je n'ai pas envie de cadrer toute ma vie. C'est important aussi de laisser de la spontanéité. J'aime beaucoup découvrir, d'ailleurs. J'aime beaucoup les surprises. J'aime beaucoup sortir de ma zone de confort. Je pense qu'un de mes mots d'ordre, c'est le mot oser. C'est toujours ça, c'est toujours oser. Mes amis disent ça de moi. Ils disent, grâce à toi, Fio, j'ai appris à oser. Et ça les aide beaucoup. Donc, ouais.

  • Speaker #1

    C'est beau, ça. Justement, tu semblais dire que l'ennui est un défi majeur pour toi. Comment tu fais pour gérer ces moments ? Tu dis que maintenant, justement, tu as des moments où tu ne sais pas forcément ce que tu vas faire. Donc, probablement qu'il peut y avoir l'ennui qui ne fera pas ta porte. Qu'est-ce que tu en fais ?

  • Speaker #0

    Alors, oui, l'ennui a été pendant très longtemps une problématique dans ma vie. Encore plus l'ennui avec des gens. Là c'est encore pire, parce que là je remettais en question ma relation avec mes proches, en me disant mais pourquoi je suis amie avec cette personne ? Pourquoi je sors avec cette personne alors que je m'ennuie avec cette personne ? Ça me provoquait vraiment des angoisses terribles. Et pourquoi déjà ? Pourquoi ça me provoquait toutes ces angoisses ? Parce que mon système nerveux était tellement dérégulé qu'en fait quand je m'ennuyais, mes pensées parasites, mes pensées intrusives étaient tellement fortes dans mon esprit qu'elles étaient indomptables. Donc déjà la première étape pour faire face à l'ennui, pour pouvoir... gérer, canaliser cet ennui. Pour moi, ça a été de me sentir mieux dans mon corps. Et donc ça, comment j'ai fait, comment je fais au quotidien ? Depuis janvier 2024, là c'est arrêt de l'alcool. Donc je n'ai pas bu une goutte d'alcool depuis presque six mois maintenant. Ça, ça a été pareil, life changer. De nouveau, comme toujours, tout ça, ça se fait petit à petit. Pendant plusieurs années, je faisais le dry january. Et voilà, ça fait dix ans que je me dis que ma consommation d'alcool est un petit peu excessive. Et là, j'ai décidé de passer le pas. pour quelqu'un qui m'écouterait et qui se dirait mais comment elle a fait tout ça ? Tout ça, ça se fait vraiment petit à petit. Mais l'arrêt de l'alcool m'a beaucoup, beaucoup, beaucoup aidée. Et en parallèle de ça, le Bracework, du coup, comme je disais, qui m'a vraiment aidée à pouvoir du coup mieux réguler mon système nerveux et me sentir plus en sécurité dans mon corps. Et du coup, il y a mon chat derrière, je ne sais pas si on l'entend. Pas du tout. Parfait. Elle est en train de monter sur la table. Tout va bien. Et elle se réveille. Et donc du coup, grâce à ça, en étant du coup ainsi mieux dans mon corps, et pouvoir ainsi mieux réguler mon système nerveux. Ça fait que du coup, mes pensées qui arrivent lorsque je m'ennuie, elles sont beaucoup plus gérables parce qu'en fait, mes émotions déjà sont moins intenses. Elles sont beaucoup, beaucoup, beaucoup moins intenses qu'avant mes émotions du fait que mon système nerveux est plus régulé. Ça fait moins... C'était ça dont je parlais tout à l'heure, c'est la fenêtre de tolérance. J'ouvre petit à petit ma fenêtre de tolérance, ce qui fait que du coup, je switch moins dans différents états du système nerveux et donc je me sens plus régulée. plus en sécurité, mes émotions sont plus stables. Et donc du coup, maintenant que je suis face à cet ennui, je suis... j'arrive beaucoup mieux à gérer ces pensées intrusives et donc grâce à ça je peux me sentir beaucoup plus dans l'être et prendre beaucoup plus le temps de me sentir tranquille, de méditer et d'accepter que c'est ok l'ennui et je suis plus prise comme avant par ces angoisses.

  • Speaker #1

    Tu parlais des divers états du système nerveux que tu switchais moins des uns avec les autres. Peut-être que c'est intéressant de rappeler aux auditeurs et auditrices aussi quels sont ces différents états. Moi, là, j'ai en tête l'état de fight or flight, donc de se battre ou de fuir. J'ai en tête l'état de shutdown, donc de vraiment être plus dans la déprime, des sentiments vraiment de vide ou d'abandon, enfin voilà, de tristesse. Et j'ai oublié le troisième.

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui, c'est très intéressant, merci. J'adore ce sujet sur la physiologie, donc merci d'en parler. Donc en effet, ça a rapport avec la théorie polyvagale de Stephen Porches qui... qui date un petit peu, où en effet on a d'abord le premier état, donc dans la vague parasympathique ventrale, donc c'est l'état où on se sent en sécurité, c'est l'état le plus haut, si on pourrait prendre une échelle, c'est l'état où on se sent bien, en sécurité, on est assez enclin, encline à aussi du coup aller dans l'échange, dans le contact social, puisqu'on rappelle que c'est hyper important d'avoir des échanges humains, c'est nécessaire pour notre système nerveux, et d'ailleurs c'est une manière... de réguler son système nerveux, c'est la co-régulation justement, c'est d'être avec d'autres personnes qui ont un système nerveux qui est régulé, qui est dans cet état parasympathique ventral, pour se sentir bien. Et puis ensuite, on a l'état sympathique, donc comme tu le disais si bien, le fight or flight, donc combat ou fuite. Donc dans cet état-là, il y a certaines hormones qui vont être secrétées, l'adrénaline, la noradrénaline et le cortisol. Et donc c'est dans ces états-là que... C'est pour ça qu'en fait, des fois, les gens s'énervent et qu'on ne comprend pas et qu'on se dit mais enfin, cette personne-là ne sait pas gérer sa colère, par exemple En fait, la personne, elle a été ce qu'on appelle être activée par, en général, un de ses souvenirs du passé. Donc, quelque chose va se passer dans le présent qui lui rappelle quelque chose du passé. Et pour la personne, ça va être beaucoup trop. Et donc là, c'est colère. Ça peut être une des réponses de traumatique, une des réponses de survie. C'est la colère pour marquer son territoire. Et en fait... C'est pour ça que c'est ok, en fait, la colère. C'est ok, c'est une manière de se défendre, en fait. Et en effet, parfois, c'est tellement fort, c'est tellement trop d'émotions, c'est tellement d'hormones secrétées que là, en fait, le corps va sécréter une autre hormone qui est l'endorphine, si je me rappelle bien. Et donc, on va switcher encore d'état, du coup, en état parasympathique dorsal, cette fois-ci. Et là, il y a deux réponses traumatiques. Il y a soit celle que tu disais, à savoir, du coup, le freeze, donc le moment où, du coup, là...

  • Speaker #1

    Le freeze, on n'ose plus bouger, en fait. Oui,

  • Speaker #0

    c'est exactement ça. Comme les animaux, d'ailleurs. Les animaux aussi, c'est des animaux qui font le mort. Donc, ils font le mort parfois pour se protéger, pour attendre que le tigre s'en aille. Et là, hop, ils courront pour se protéger. Mais il y a encore une autre réponse traumatique dont on parle peu, qui s'appelle le Fawn, F-A-W-N en anglais. Il n'y a pas de mot en français qui a été traduit actuellement. Et ça, c'est le principe du people pleasing. Donc, c'est le fait qu'en fait, c'est aussi un dérèglement où on va être en shutdown. Mais en fait, on va avoir tendance à dire oui à tout, oui à l'autre personne, parce qu'on veut éviter le conflit. On préfère qu'il n'y ait pas de conflit. Et donc, on suit en fait. On dit oui à tout, comme ça, pas de problème.

  • Speaker #1

    Et le people pleasing, en dehors de dire oui à tout, c'est vraiment aussi ne pas oser mettre sa limite face à l'autre. C'est quelque chose que j'essaie d'observer beaucoup chez moi, notamment parce que je sais que je suis énormément là-dedans, de moins en moins, heureusement. Mais vraiment, ce truc où tout d'un coup, on va... me lancer une pique ou me dire quelque chose qui va me déranger, parce que peut-être ça va réveiller un trauma, certes, mais là où j'aurais besoin de dire, mais en fait, moi, je ne suis pas OK avec le fait que tu viennes dire ça, maintenant ou jamais, d'ailleurs. Ça, c'est quelque chose auquel j'ai beaucoup de mal, parce que dans le trauma, j'ai peur ensuite d'être abandonnée ou encore pire pour moi, oubliée.

  • Speaker #0

    Oui, je comprends tout à fait. Alors qu'en fait, mais c'est super dur à faire, en osant prendre, moi, j'aime bien cette idée de prendre sa place. Donc, attends, je vais juste... descendre mon chat parce qu'elle est remontée voilà tout va bien en fait en osant moi je me suis rendu compte que j'étais beaucoup concerné par cette histoire de prendre sa place et de me sentir considéré c'est vraiment très important pour moi de me sentir considéré de sentir que j'ai le droit à ma place mais en fait un peu comme tu disais de se dire de doser dire c'est c'est pas ok en fait pour moi en utilisant la communication non violente donc du coup le principe vraiment de dire quand ceci se passe c'est neutre un sans jugement je me sens comme cela Or, mon besoin est ceci, serait-ce possible de, donc formuler une demande claire et qui est évidemment négociable, que l'autre personne peut refuser, et bien c'est une manière de partager ses besoins, déjà c'est trop cool de partager ses besoins, de fixer ses limites, et d'oser du coup prendre sa place. Et j'aime me dire que du coup, moi j'aime bien cette expression, j'aime me dire que si l'autre personne n'est pas prête à l'entendre, que la personne veut un compromis, c'est ok, bien sûr, on est là pour discuter, c'est ok, on va trouver notre juste compromis. Mais si la personne... invalide mes émotions et me dit c'est quoi ton problème ? Et des émotions moins fortes ou le truc horrible. En fait, moi, je me dis bon débarras. Bon débarras dans le sens où je ne veux plus de comportements toxiques, malsains, d'invalidation des émotions dans ma vie. Et j'ose fixer mes limites, partager mes besoins. Et si ce n'est pas accepté, eh bien tant pis en fait.

  • Speaker #1

    C'est intéressant ce que tu dis, le bon débarras. Alors évidemment, on peut continuer à avoir une relation si on le souhaite, mais en tout cas... Moi, c'est ce que je vis aussi actuellement, sauf pour des relations évidemment très fortes où je me dis, là, on va avoir une bonne métacommunication là autour. Mais des personnes où ce n'est pas forcément le cas, je me dis, OK, en fait, tant pis, je lâche et je ne recontacterai pas cette personne-là. Mais c'est vrai que peut-être juste rappeler quand même que quand on est dans le freezing, ce n'est pas forcément évident de reformuler, de poser ses limites. Donc, nous, on en parle là comme ça, mais c'est un travail de longue haleine. Moi, je sais que quand je suis figée, il n'y a rien qui sort. Et c'est après, quand je rentre chez moi, que j'ai tous les scénarios de ce que j'aurais pu dire à la personne. Mais c'est beaucoup plus difficile sur le moment. Donc voilà, on n'est pas non plus des extra-communicatifs tout le temps. Des fois, c'est difficile pour nous aussi. Et donc voilà, c'est un chemin. Et c'est un chemin. J'ai vraiment une voix de grosse fumeuse. Mais c'est intéressant d'être accompagnée là-dedans. Est-ce que toi, tu disais...

  • Speaker #0

    Pardon. C'est juste que j'allais dire que oui, que le mot qui me vient quand tu dis tout ça, c'est vraiment le mot exposition, qui est le mot clé en effet de la TCC, thérapie cognitive et comportementale, où l'idée en fait c'est ça, c'est d'y aller petit à petit, moi j'adore ce mot, c'est step by step, d'essayer en fait de sortir de sa zone de confort. Au début, ça va être de juste partager un petit besoin, et puis petit à petit en fait, d'y aller vraiment petit à petit. Au début avec son meilleur ami ou sa meilleure amie, son proche, avec qui on est le plus proche. Et puis petit à petit, en fait, d'oser de plus en plus de sortir de sa zone de confort en s'exposant, mais vraiment petit à petit.

  • Speaker #1

    Et donc, tu disais tout à l'heure que vraiment, toi, tu as appris à moins switcher dans ces différents états qu'on a certes ultra résumés. Mais du coup, il y a quand même une sorte de confiance plus grande. Tu te sens plus apaisée avec toi-même de manière générale.

  • Speaker #0

    Oui, là, c'est vraiment ces derniers mois qu'il y a eu tout un changement. Je me connais mieux. Je crois que c'est surtout ça. Même des fois j'ai l'impression qu'on est deux quoi, c'est vraiment ouf, il y a moi, enfin la personne là qui parle dans mon cerveau, et puis il y a mon corps et ses besoins, et littéralement des fois j'ai l'impression du coup d'écouter mon corps, donc je vais dire à mes amis Ah là je sens que mon corps a besoin de manger, ah là je sens que mon corps a besoin de bouger et donc en fait c'est ok, enfin j'y peux rien entre guillemets, c'est mon besoin, il est là, c'est un besoin qui est physiologique, et en fait moins je l'écoute, plus ça va devenir difficile par la suite quoi. Donc si par exemple je sens que j'ai besoin de bouger, mais que je me retiens, parce que je reste avec mes amis alors qu'on est posé sur un parc et qu'on ne fait pas grand-chose. Plus j'attends, plus ça va avoir des conséquences désagréables, voire même désastreuses sur ma psyché après. Donc en fait, autant que j'écoute dans la mesure du possible, parce que bien sûr, c'est important aussi de faire des compromis, bien sûr, mais c'est important en fait que j'écoute aussi mon corps. Et donc en fait, plus j'écoute mon corps, ses besoins physiologiques, tout en fait, tout ce dont il a besoin, mieux je me sens, et plus régulé je suis, et plus en sécurité, je dirais.

  • Speaker #1

    Et maintenant que tu expérimentes justement cette meilleure régulation, quels sont tes souhaits pour l'avenir qui concernent ta vie à la fois personnelle et professionnelle ?

  • Speaker #0

    Oui, j'en ai plusieurs. Du coup, je n'en ai pas encore parlé. Là, le symptôme par lequel je passe le plus en ce moment, c'est un symptôme assez compliqué à gérer où j'ai beaucoup de flashbacks de ma vie qui reviennent. Ces flashbacks, on pourrait dire un peu comme des reviviscences un peu traumatiques. Sauf que... Comme je disais, ma vie a été vécue comme traumatique, du coup ce sont des flashbacks juste de ma vie, ils n'ont rien de spéciaux, ce sont juste des souvenirs, ils ne sont pas agréables ou désagréables, mais j'ai l'impression que c'est ma manière à mon cerveau de ranger ces souvenirs comme des tiroirs. qui sont rangés. Donc du coup, mon premier souhait, ce serait de ne plus avoir ces flashbacks, de me sentir stable et bien, que tout soit rangé et que je vive de façon sereine en acceptant que je vais mourir un jour et en sortant de la dissertation et en acceptant que ça peut être demain comme dans 20 ans, mais que d'ici là, ou comme dans 50 ans, soyons plus optimistes, mais que d'ici là, je ferai du mieux de ma personne pour continuer d'être dévouée dans cette envie de transmettre et d'aider les gens, tout en respectant mes propres besoins. Donc ça veut dire toujours prendre soin de moi, etc. Donc ça, c'est mon premier souhait. Mon deuxième, ce serait un de mes plus gros problèmes, je dirais, en plus du premier, c'est de ne pas savoir ce que j'ai envie d'avoir comme relation amoureuse. Parce que quand je suis en couple, j'ai tendance à me sentir facilement oppressée et coincée. Donc ce serait de comprendre, d'explorer ce dont j'ai besoin. Est-ce que je veux une relation monogame ou pas ? Une relation libre ou pas ? Est-ce que je veux être avec un homme, avec une femme ? Tout ça est vraiment très flou depuis des années pour moi. Donc ce serait de savoir qu'est-ce que je veux. Est-ce que je veux un enfant ? Moi j'aimerais bien idéalement. Est-ce que j'en suis capable malgré mes symptômes ? Idéalement, moi j'aimerais bien tout ça. Savoir sur toute cette sphère, être plus stable.

  • Speaker #1

    Ouais, en fait, je me souviens que tu me parlais la dernière fois par rapport à la monogamie. ou relation non exclusive. Moi, j'aime bien les dire non exclusive plutôt que relation libre parce que personnellement, avec mon mari, on est dans une relation monogame mais on se sent tout à fait libre dans cette relation. Tu me parlais de l'ambivalence que tu avais avec ce concept-là parce que quelque part, tu avais un souhait d'être peut-être en couple avec une seule personne parce que tu as peur d'être abandonnée et de peut-être pas être l'unique, chose que je comprends tout à fait, soit disant pas ça, mais d'une autre façon. part, avec une seule personne, t'as peur de t'ennuyer, en fait, et t'as peut-être besoin de vivre d'autres choses. Et je trouve hyper intéressant cette ambivalence-là, et qui, je pense, touche aussi beaucoup d'autres personnes. Est-ce que tu serais d'accord de nous en parler un peu plus ?

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr, avec plaisir. Merci beaucoup. Oui, en effet, ça rejoint un peu ce côté un peu multipotentiel, même si, de nouveau, ça reste une étiquette et c'est pas très important. Je me considère multipotentiel au sens professionnel du terme, donc ça veut dire que... Pendant longtemps, j'ai cherché le boulot de mes rêves. En fait, je me suis rendue compte de manière globale qu'il y avait une énorme... Pour moi, il y a tellement de liens entre le côté professionnel et les relations amoureuses. Je viens de passer des entretiens d'embauche, j'ai vu ça comme des dates. Et là, actuellement, je vais être en CDI et c'est la même chose en relation. Bref, un jour, peut-être, j'écrirai un livre sur les ressemblances et les différences entre les deux. Du coup, je me suis rendue compte qu'au niveau du travail, j'ai arrêté. Pendant des années, j'ai cherché le travail qui me ferait du bien. Peut-être je devrais être web-designeuse, graphiste, pharmacienne ou que sais-je. Et en fait, je me suis rendu compte qu'en fait, j'adore être couteau suisse, qu'en fait, ma force, c'est justement d'être douée et même d'être très curieuse et d'apprécier plein de domaines différents. Et c'est justement ça qu'ils ont apprécié dans mon nouveau travail. C'est qu'en fait, ils m'ont donné des tâches tellement différentes. En fait, je suis un réel couteau suisse. Et je sais en plus que ce travail-là, ce sera que pour quelques années. Travail que d'ailleurs je ne ferai qu'en 4-5ème pour me consacrer à Border Attitude un 5ème du temps aussi. Donc j'aime avoir cette diversité, j'ai besoin de cette diversité dans ma vie. Et du coup en effet je me dis, mais je rêve, franchement, moi on me donne un médicament, je le dis toujours ça, on me donne un médicament pour être amoureuse d'une seule personne toute ma vie et qu'elle me suffise. Mais je dis oui, je plonge dans cette mer remplie de médicaments et je le prends parce que c'est tellement plus simple comme avoir un travail qui nous plaît et un seul pour les restes de sa vie. Mais mon Dieu, c'est tellement plus simple, je trouve. Malheureusement, la simplicité ne fait pas partie de mon ADN, je pense. Et en effet, il y a cette peur, en fait. Il y a cette peur que la personne, l'autre personne, en fait, ne me suffise pas. C'est vraiment ça, c'est le mot suffire que l'autre personne ne me suffise pas parce que je n'arrive pas à comprendre émotionnellement comment c'est possible, même si j'aimerais que ce soit le cas, qu'une seule personne nous suffise pour toute la vie, quoi. Même si évidemment, on peut avoir des activités autres avec des amis, etc. et des proches et la famille sur le côté, bien sûr. Mais c'est quelque chose qui me perturbe et qui me fait peur sur ça. Et donc, c'est vraiment tout un dilemme dans ma tête. C'est dur et du coup, c'est très dur quand je fais des nouvelles rencontres parce que quelqu'un va me dire qu'est-ce que tu veux dans la vie ? Je ne sais pas, on va voir ce que mon corps me propose. Je ne sais pas encore. Ce n'est pas facile.

  • Speaker #1

    Moi j'arrive gentiment Fiona sur les deux dernières questions de l'interview. Est-ce que toi avant ça, tu as envie de rajouter quelque chose ?

  • Speaker #0

    Est-ce que j'ai envie de rajouter quelque chose ? Actuellement pas, je te laisse shoot avec tes questions. Merci.

  • Speaker #1

    Alors je voulais te demander quel message tu souhaitais faire passer aux personnes qui vivent avec une maladie invisible mentale ?

  • Speaker #0

    Oui, alors la première chose qui me vient, évidemment, c'est le fait que quoi que vous ayez, vous n'êtes pas seul. On est beaucoup à ressentir des difficultés qui sont malheureusement invisibles. Et certes, c'est difficile d'en parler parce que c'est invisible et mental. Et c'est vraiment difficile dans la société dans laquelle on vit, même si heureusement, grâce à des podcasts comme celui de Tamara, ça évolue. Mais c'est dur, mais vous n'êtes pas seul. Et c'est surtout l'envie de se battre. C'est ça que j'ai envie de donner. C'est vraiment ce message d'espoir, d'oser, de rien lâcher, qu'il y a moyen d'aller mieux, que c'est dur, que parfois on a l'impression qu'il n'y a pas de bout du tunnel. On a même l'impression d'aller moins bien. qu'avant parce que le chemin n'est pas linéaire vers le rétablissement et la guérison. Ce n'est pas linéaire. Et donc, même si parfois, on a l'impression que ça va être pire en pire ou que ça ne va pas mieux ou autre, je vous invite vraiment à ne pas lâcher parce qu'il y a vraiment moyen d'aller mieux, de se sentir mieux. Et puis surtout, en plus, quand on a vécu ça, je trouve qu'ensuite, et ça va bien se toucher avec la dernière question, je pense, on voit la vie différemment.

  • Speaker #1

    on voit vraiment la vie différemment et ça nous donne une force incroyable et quel super pouvoir le troupe Borderline t'a amené ?

  • Speaker #0

    du coup quel super pouvoir je dirais que c'est vraiment cette petit à petit cette capacité à avoir plus d'empathie en fait envers les gens, je pense que de base j'étais quelqu'un de très égocentré très narcissique aussi très mine de rien quand même assez arrogante Et petit à petit, j'arrive de mieux en mieux. J'essaye en tout cas de plus en plus d'être humble, d'arrêter de tout ramener à moi, d'arrêter de chercher à me mettre en avant et d'être plutôt dans cette envie, comme je disais, de transmettre et d'essayer de vraiment prendre le temps, petit à petit, c'est encore difficile pour moi, d'écouter l'autre, de comprendre l'autre, de comprendre ce qui se passe dans sa tête et d'essayer de l'aider à pouvoir mettre des mots sur ses mots. d'essayer d'aller mieux, d'oser prendre sa place, d'oser sortir de sa zone de confort et d'être dans tout ce cheminement émotionnel, d'entraide, plutôt que d'être centré sur soi. Je dirais que c'est ça.

  • Speaker #1

    Pour moi, c'est la fin, sauf si justement là maintenant, il y a quelque chose qui vient pour toi.

  • Speaker #0

    Non merci, c'est très gentil.

  • Speaker #1

    Je te remercie vraiment pour ton précieux témoignage que j'ai hyper hâte de diffuser.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, c'était un plaisir d'être là, j'ai hâte de l'écouter.

  • Speaker #2

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Description

Passer de « je me trouve incroyable » à « je ne mérite pas de vivre » est un schéma de pensées peu toléré dans nos sociétés où l’on valorise la maîtrise émotionnelle et la stabilité.
Mais que se passe-t-il quand on vit avec des émotions très intenses (des up ans down) dans un monde qui stigmatise l’instabilité ?

À ses 18 ans, alors que son amoureux du Brésil vient d’emménager chez elle à Bruxelles, Fiona prend conscience d’une réalité particulièrement anxiogène : « je ne pourrais jamais rompre avec lui maintenant qu’il a quitté le Brésil pour vivre avec moi. »

Ce sentiment d’enfermement déclenche chez elle une avalanche de troubles psychiques comme un toc du couple qui la pousse sans cesse à se demander : suis-je avec la bonne personne ?, et un trouble anxieux généralisé.

Ce n’est pourtant qu’à 28 ans, lorsqu’elle se rend pour un diagnostic de TDAH, que Fiona découvre une toute autre réalité : elle vit avec un trouble de la personnalité borderline.

Multipotentielles, couteau suisse, touche-à-tout, Fiona voit les entretiens d’embauches comme des « dates » et les CDI lui font peur en amour. Pourtant elle rêverait d’une pilule magique qui lui permette d’aimer une seule et unique personne jusqu’à la fin de ses jours.

Dans cet épisode, Fiona nous livre le témoignage qu’elle aurait aimé entendre il y a 10 ans.
Forte d’exemples concrets, elle nous livre les outils qui lui permettent de réguler son système nerveux au quotidien pour se sentir en sécurité et
mieux gérer cette intensité émotionnelle.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les Invisibles. Juin 2020. Ma vie bascule du jour au lendemain dans une maladie neurologique, rare, qui n'a de poétique que le nom. Le syndrome du mal de débarquement. Les symptômes qu'elle m'amène vivent en colocation avec moi. 7 jours sur 7. 24 heures sur 24. Et ne prennent jamais leur week-end. Je n'ai donc pas la place pour un autre combat. Du moins, c'est ce que je crois. Puis vient ce jour où je témoigne dans une émission télé, dans l'espoir de rendre visible l'invisibilité du syndrome dont je suis atteinte. À peine sortie du plateau, forte de cette expérience et encore dans mes talons rouges, une évidence s'installe. Je n'en resterai pas là. Dans le train du retour, Je rejoins à la fois ma maison et mon nouveau combat. Offrir un espace de parole au travers d'un podcast, aux personnes qui composent, bien souvent en silence, avec des maladies invisibles, et avec les regards de sociétés qui ne croient que ce qu'elles voient, deux réalités plus souvent subies que choisies. Aujourd'hui, loin de mes talons rouges et au plus proche de l'engagement, l'évidence s'étend. C'est à l'invisible au pluriel que je vous invite. Ceux qui dans la chair... L'esprit et les sociétés se vivent, sans pour autant faire de bruit. Si comme le dit Antoine de Saint-Exupéry, l'essentiel est invisible pour les yeux, ici, on compte bien le faire entendre. Bonne écoute !

  • Speaker #1

    Passé de je me trouve incroyable à je ne mérite pas de vivre est un schéma de pensée peu toléré dans nos sociétés où l'on valorise la maîtrise émotionnelle et la stabilité. Mais que se passe-t-il quand on vit avec des émotions très intenses, des up and down, dans un monde qui stigmatise l'instabilité ? À ses 18 ans, alors que son amoureux du Brésil vient d'emménager chez elle à Bruxelles, Fiona prend conscience d'une réalité particulièrement anxiogène. Je ne pourrais jamais rompre avec lui maintenant qu'il a quitté le Brésil pour vivre avec moi. Ce sentiment d'enfermement déclenche chez elle une avalanche de troubles psychiques, comme un trouble anxieux généralisé et un toque du couple, qui la pousse sans cesse à se demander suis-je avec la bonne personne ? Ce n'est pourtant qu'à 28 ans, lorsqu'elle se rend pour un diagnostic de TDAH, que Fiona découvre une toute autre réalité. Elle vit avec un trouble de la personnalité borderline. Multipotentiel, couteau suisse, touche à tout, Fiona voit les entretiens d'embauche comme des dates et les CDI lui font peur en amour. Pourtant, elle rêverait d'une pilule magique qui lui permette d'aimer une seule et unique personne jusqu'à la fin de ses jours. Dans cet épisode, Fiona nous livre le témoignage qu'elle aurait aimé entendre il y a dix ans. Forte d'exemples concrets, elle nous livre les outils qui lui permettent de réguler son système nerveux au quotidien pour se sentir en sécurité et mieux gérer cette intensité émotionnelle.

  • Speaker #2

    Hello Fiona !

  • Speaker #3

    Salut Tamara !

  • Speaker #2

    Je suis ravie de te recevoir aujourd'hui dans le podcast Les Invisibles et comment tu vas aujourd'hui ?

  • Speaker #3

    Écoute, déjà merci beaucoup, je suis très contente d'être là, donc merci à toi de me recevoir, c'est un réel plaisir. Comment je me sens aujourd'hui ? Je dirais que ça va, mais que ça reste pas évident. Je suis dans une période un peu transitoire dans ma vie où je change de travail le mois prochain et j'ai décidé de m'octroyer ce temps-là pour vraiment prendre le temps, prendre le temps de me reposer, prendre le temps de lâcher prise et prendre le temps d'accepter toute émotion qui... voudrait venir, voudrait toquer à ma porte, comme on peut dire, et de vraiment l'accueillir. Et ce n'est pas facile, il y a des symptômes difficiles qui sont là, des émotions qui émergent, et c'est rude, et en même temps j'ai l'intime conviction et l'espoir que c'est nécessaire pour continuer dans mon chemin de guérison et de rétablissement. Donc ça me convient parfaitement comme tel, et comme je disais, je suis très contente d'être là. Et toi Tamara, comment ça va ?

  • Speaker #2

    Écoute, moi j'expérimente ce matin la mauvaise humeur. C'est une sensation que j'ai découvert en tombant enceinte. J'avais jamais été de mauvaise humeur avant. Alors attends, je suis loin pas parfaite, j'ai été 500 fois en colère, triste, dans l'anxiété. Mais de mauvaise humeur, pas vraiment. Et je sais pas quel bouleversement hormonal il y a eu avec la grossesse, l'allaitement. Mais depuis, il y a peut-être eu 5-6 matins où je me suis réveillée de mauvaise humeur. Alors j'en parlais l'autre jour à ma psy et je disais non mais j'y ai... Un truc en plus, maintenant j'ai la mauvaise humeur, sérieux. Et elle me disait, mais quelque part c'est plutôt chouette, parce que c'est une humeur qui n'est pas forcément quelque chose de hyper puissant, comme la colère, l'anxiété ou la tristesse qui des fois vient vraiment t'accaparer. La mauvaise humeur, c'est un peu une humeur plus lambda, que tout le monde expérimente comme ça dans son quotidien. Et c'était intéressant de voir ça sous cet angle-là, en fait. Tout d'un coup, c'était une chose de plus à expérimenter, mais qui était peut-être... un peu moins forte et un peu moins violente. J'aimais bien, en tout cas, moi, ça m'a fait du bien d'entendre ça.

  • Speaker #3

    Tu m'étonnes. Et puis, surtout, comme toujours, c'est OK, en fait. Quelque seule émotion, c'est OK et c'est temporaire.

  • Speaker #2

    C'est clair. Après, on doit se le rappeler très, très souvent, le c'est OK Mais je suis tout à fait d'accord. Et tu entendras, j'ai un peu perdu ma voix, mais je suis là, avec joie, avec toi.

  • Speaker #3

    Merci beaucoup.

  • Speaker #2

    Alors, toi, tu as eu envie de témoigner dans ce podcast. Et je me demandais quelles étaient vraiment les motivations. à offrir ton témoignage.

  • Speaker #3

    Oui, donc, j'ai l'impression d'être passée par des difficultés, des difficultés assez extrêmes en termes de symptômes, en rapport avec le trouble de la personnalité borderline, notamment, mais pas que. D'autres troubles également desquels j'ai été concernée, et encore concernée aujourd'hui. Et il y a vraiment une envie, en fait, de transmettre. Dans le sens où, lorsque j'en ai des frissons, comme à chaque fois que je transmets quelque chose, J'ai vraiment vécu des difficultés horribles, notamment il y a une dizaine d'années. Et lorsque j'ai cherché des témoignages pour me sentir moins seule sur Google, je trouvais vraiment très peu. Et c'était d'autant plus difficile de me sentir si seule et incomprise malgré mon entourage qui était présent. Et du coup, j'aime bien être aujourd'hui incarnée, ce que j'aurais aimé recevoir il y a dix ans, et pouvoir transmettre tout mon savoir expérientiel comme j'aurais aimé. avoir du contenu similaire, en fait, il y a une dizaine d'années. Et donc, c'est vraiment dans cette envie de, je dirais, de booster, de guider et de donner des clés pour aider des personnes qui passeraient par des symptômes similaires à ce que j'ai pu vivre et vivre encore aujourd'hui.

  • Speaker #2

    Ça fait quand même plaisir de voir, entre guillemets, le changement qu'il y a eu en dix ans, parce que je pense qu'aujourd'hui, si tu taperais Troupe de la personnalité borderline sur Google, j'espère que tu aurais beaucoup plus d'outils qu'il y en avait à l'époque. Est-ce que tu pourrais me dire ce que c'est exactement un trouble de la personnalité ?

  • Speaker #3

    Oui, donc un trouble de la personnalité, il y a plusieurs troubles de la personnalité, il y en a 8 ou 9 si je me rappelle bien, et il y a du coup le trouble de la personnalité borderline, qui est un trouble qui se manifeste non pas comme d'autres troubles neurodéveloppementaux, comme par exemple le trouble autistique ou le TDAH, qui se développe eux plutôt au début de... quand on est, quoi, neurodéveloppemental. Ici, le trouble borderline, c'est plutôt à la fin de l'adolescence, en fait, qui va se manifester. Et de manière globale, si je devais le définir en un mot, ce serait vraiment le mot instabilité, en fait. Il y a vraiment une tendance à l'instabilité dans les schémas de pensée, dans les comportements et ce genre de choses. C'est pour ça qu'on dit que c'est un trouble de la personnalité et pas un trouble de l'humeur, comme le trouble bipolaire, par exemple. Donc, c'est un trouble de la personnalité. Et donc, en fait, afin d'être diagnostiqué de ce trouble, par un psychiatre ou une psychiatre, il faut ressentir cinq symptômes parmi neuf qui sont proposés dans ce trouble. Et donc ces symptômes, en fait, c'est majoritairement beaucoup d'instabilité, du coup par exemple dans les comportements, dans les relations sociales. Donc ça va être par exemple avoir une tendance à idéaliser l'autre et puis très rapidement dévaloriser l'autre personne à quelques heures d'intervalle. Ça va être des changements d'humeur. Donc pareil, à quelques heures d'intervalle, je peux me sentir incroyablement bien. Vraiment, la vie est belle, la vie est parfaite. Et puis, il suffit que j'entende une petite critique à mon égard. J'en sais rien, ma meilleure amie qui me dit que parfois je suis un peu pot de colle, j'en sais rien. Et là, mon monde s'écroule et finalement, ça ne va plus du tout, par exemple. Donc de manière globale, c'est vraiment une tendance à pouvoir être très up et puis ensuite très down très facilement. Donc on va avoir aussi un changement d'image, d'identité, donc me trouver incroyable, et puis ensuite avoir la sensation que je ne mérite pas d'exister. Ça peut être aussi des crises de colère très très fortes, donc il y a une difficulté à réguler ces émotions. On a tendance à avoir des émotions qui sont vraiment extrêmes et avoir du coup une difficulté à les réguler. Et du coup ça peut aller jusqu'à, attention trigger warning, de l'automutilation, où en fait parfois les émotions elles sont tellement fortes. que du coup c'est juste une manière de se focaliser sur autre chose et ou même de se punir aussi, se punir d'exister. Et ça peut aller du coup jusqu'à des tentatives de suicide. tellement en fait, c'est pas tant que ça pour mourir, c'est vraiment plus pour arrêter de sentir des émotions aussi fortes. Parmi les autres symptômes, on a aussi une sensation de vide, donc on va se sentir comme incomplet, incomplète. On a la sensation qu'il nous manque toujours quelque chose, ce qui nous amène aux symptômes suivants, qui sont des comportements impulsifs. Donc là, il va y avoir vraiment cette envie de ressentir des choses, puisqu'on peut avoir l'impression de ne pas ressentir des choses de façon... normal et donc il va y avoir envie d'avoir des addictions, d'avoir une conduite automobile assez forte, ou tout type d'addiction pour ressentir vraiment l'adrénaline, pour ressentir qu'on vit. Et aussi un des autres symptômes par lequel moi je suis particulièrement concernée, normalement c'est que dans des cas de stress vraiment intense, on peut être face à de la dissociation. Donc la dissociation, c'est le principe de sentir en dehors de son corps et ou en dehors de la réalité. C'est un symptôme qui est là pour nous protéger. Quand les émotions sont tellement, tellement, tellement, tellement intenses, notre cerveau, notre système nerveux plus spécifiquement, peut avoir tendance à se mettre en dissociation pour se protéger de ces émotions. Et on peut également faire face à de la paranoïa, qui ont mis le symptôme ensemble dans le DSM-5. Donc ça fait un bon lot, beaucoup, beaucoup, beaucoup de symptômes. qui sont tous les uns les autres vraiment très intenses, très dures. Et c'est vrai qu'une des questions qu'on me pose souvent, mais c'est hormis peut-être la dissociation, c'est mais qu'est-ce qui change en fait par rapport à quelqu'un d'autre ? Parce que tout le monde est sujet à des changements d'humeur, tout le monde est sujet, j'ai oublié de le préciser, ce symptôme-là, au sentiment d'abandon aussi. Beaucoup de personnes ont tendance à avoir des crises de colère, un sentiment d'abandon, la dépendance affective, les changements d'humeur. Et ce qui va vraiment faire la différence en fait, c'est l'intensité. Et aussi l'instabilité dans le sens où ce sont des changements d'humeur, comme je disais par exemple, à quelques heures d'écart. Donc là actuellement je suis célibataire, mais quand j'étais en couple, je pouvais me dire mon copain est incroyable, et puis quelques heures après, remettre en question ma relation de couple, parce qu'il n'avait pas rangé ses chaussettes comme il fallait.

  • Speaker #2

    C'est hyper intéressant ce que tu racontes, et je trouve hyper explicite, parce que tu donnes des exemples très concrets. Donc je pense que n'importe qui va forcément se reconnaître un bout, sans s'autodiagnostiquer forcément, mais se reconnaître un bout en effet. Et je pense que c'est important de rappeler que c'est l'intensité, comme tu dis, des symptômes qui va créer le diagnostic, générer le diagnostic. Moi, j'ai une question qui m'a traversé l'esprit, là, en t'entendant, je me suis dit, mais est-ce qu'on ne vit pas dans une société qui peut rendre plus borderline ? Je m'explique, parce que par exemple, aujourd'hui, on sait que le fait de ne... rien faire, d'être dans le vide, c'est quelque chose qui n'est absolument pas valorisé de manière générale. Donc la majorité des gens, quand elles n'ont pas, les personnes quand elles n'ont pas leur agenda complet et puis qu'elles se retrouvent tout d'un coup à être chez elles, sur leur canapé, à rien avoir à faire entre guillemets, peuvent très vite ressentir un sentiment d'anxiété et avoir envie de tout faire péter pour redonner un petit peu de stimulation là dedans parce qu'on peut se sentir seul ou... Voilà donc je me pose tout d'un coup cette question est ce que aussi dans ce que le monde aujourd'hui propose, toujours plus de sensations fortes, plus d'intensité, c'est-à-dire que l'être humain maintenant il est en sécurité de manière assez générale chez nous, je mets mille guillemets en disant ça, mais voilà on a un toit sur la tête, la plupart, on mange à notre faim, la plupart, non c'est pas la plupart en fait, c'est peut-être l'inverse même, la minorité, mais nous par exemple c'est notre cas, on a cette Ausha, et, excuse-moi pour cette voix qui part, et en fait je me dis, Du coup, on est dans un monde qui nous propulse à toujours vivre plus d'intensité parce que la sécurité, on l'a à peu près chez nous. Donc, allez, go, il faut aller faire des trucs qui donnent des grosses sensations fortes. Donc voilà, en t'écoutant, tout d'un coup, j'ai fait un peu un parallèle avec le monde d'aujourd'hui.

  • Speaker #3

    C'est une bonne question. Évidemment, je réfléchissais pendant que tu parlais. C'est très intéressant. Donc, merci à toi. Je ne sais pas. Tout ce qui est sensations de vide, je pense oui, ça me faisait penser, ça me faisait écho à une vidéo que je regardais hier en rapport avec Tinder et sur comment on pouvait être tenté de toujours vouloir revenir sur Tinder avec cette envie de peut-être il y a mieux pour moi. Et donc on n'est jamais satisfait de ce qu'on a. Donc ça, ça me parle pour le côté vide, pour le côté addiction. Mais après, pour le reste des symptômes, je pense que ces symptômes, ils sont quand même... Les changements d'humeur, ils sont quand même bien réels. Donc je pense que c'est quand même là. Mais je pense que c'est d'autant plus dur par contre quand on souffre du trouble borderline, qui d'ailleurs en tant que tel n'est qu'une étiquette, un diagnostic ça aide pour déculpabiliser. Mais moi j'aime, parce que des fois j'ai peur, je me dis mon dieu je souffre d'un trouble mental, je me répète ça en boucle, puis ensuite je me rappelle qu'en fait non c'est juste un diagnostic et que derrière ce qui importe c'est des symptômes. Et je pense que c'est dur des fois de vivre surtout avec ces symptômes dans une société où même si ça commence à aller un petit peu mieux. mais on vit quand même dans une société où les émotions, ça reste encore fort tabou, surtout, où il y a encore beaucoup de personnes qui pensent que quand on est au travail, on est censé être robotisé et mettre nos émotions de côté, où les émotions et pleurer, c'est mal, où on n'aime pas l'hypersensibilité. Et donc là, il y a un décalage pas possible entre les personnes qui souffrent d'un trouble borderline et qui ont donc des émotions extrêmement extrêmes et instables, lui est-ce une partie du monde qui est un petit peu robotisée ? Et c'est là où le trouble borderline va du coup être très stigmatisé, en fait, de par ses difficultés émotionnelles. Et donc, on peut faire face, quand on a un trouble borderline, à beaucoup d'invalidation des émotions, qui va ne faire que renforcer, du coup, nos émotions, parce qu'on ne se sent pas écouté, pas entendu. Et donc, ça augmente encore plus nos émotions. Et il y a vraiment cette sensation de non-mérite d'exister, à cause de tout ça. Personnellement, j'ai vraiment vécu avec ça pendant des années. C'était... Je ne mérite pas de vivre, je suis une atroce personne qui fait des atroces choses, qui n'arrive pas à gérer sa colère, qui n'arrive pas à faire autrement et qui est affreuse en fait. Ça c'était très dur. Donc il y a un peu de tout ça je dirais.

  • Speaker #2

    Ouais merci. Tu parlais avant du fait que tu changeais de travail. Et là tu viens de nommer la robotisation au travail. Et tout d'un coup je me dis, est-ce que tu étais justement dans un travail ou un domaine où tu te sentais robotisée ou pas ?

  • Speaker #3

    Alors non, je travaille, je travaillais, je travaille encore pour quelques semaines dans le secteur des jeux de société. Je travaille actuellement dans une société qui propose, qui distribue des jeux de société aux boutiques et je m'occupe de tout ce qui est marketing. Donc clairement, il y a un côté fun et c'est chouette et c'est dur d'ailleurs de quitter ce milieu-là parce que je sais que je suis fan. Mais c'est vrai que j'ai pu sentir des difficultés avec certains collègues. Je pense que je suis quand même assez exigeante et que j'ai des attentes, des attentes sur le besoin, l'envie, qu'on puisse se demander avec nos collègues comment on se sent et pas juste ça va, ça va et toi et parler de la pluie et du beau temps, que c'est important pour moi de partager les émotions, d'avoir des réels moments de qualité aussi et d'avoir des discussions profondes. Je n'arrive pas à les discussions superficielles. Et donc, j'ai souvent senti de plus en plus depuis que je suis dans la santé mentale, dans Border Attitude avec le Troupe de la personnalité Borderline, Depuis l'annonce du diagnostic aussi au travail, j'ai vraiment senti une différence avec certains de mes collègues. Et j'ai surpris aussi des collègues qui parlaient dans mon dos. Donc ça, ça n'a pas été OK. J'ai gueulé, je n'ai pas su faire autrement. J'ai pété un câble. Et j'ai vraiment pu... Je ne vais pas dire qu'ils étaient horribles. Je pense qu'ils étaient tous très bienveillants. Mais je sentais de plus en plus un décalage. Et mes besoins ont évolué. Et j'avais besoin d'être dans une société où on parle de façon vraiment authentique.

  • Speaker #2

    Et c'est ce qui t'annonce pour toi, du coup ?

  • Speaker #3

    Et du coup, dans mon nouveau travail, où je stresse un petit peu, mais je suis toute excitée, c'est en gros une société qui propose des formations en rapport avec le bien-être au travail. Donc oui, ça me correspond beaucoup. Et mon travail sera assez multitasking, avec du coup, marketing, communication, mais également... du support en termes de création de contenu pédagogique, en support des formations, et également mon travail aimerait bien que je devienne formatrice. Donc l'idée ce serait de donner des formations à long terme, et sachant que parmi nos clients on a tout ce qui est Parlement européen, institutions européennes. Donc oui, ce n'est pas rien, c'est très stressant, mais je suis très très très très contente.

  • Speaker #2

    Ah magnifique, je suis contente pour toi aussi.

  • Speaker #3

    Merci.

  • Speaker #2

    Du coup, tu parlais du diagnostic que tu as annoncé au travail. Ce diagnostic-là, toi, il est arrivé quand dans ta vie ?

  • Speaker #3

    Oui, donc ce diagnostic, il est arrivé l'an passé, c'est-à-dire quand j'avais 28 ans, en avril 2023. Donc de base, en fait, ça faisait 10 ans déjà que je sentais qu'il y avait des gros problèmes. Et je me sentais concernée par le TDAH de base, le trouble du déficit d'attention avec hyperactivité, parce que j'avais des symptômes, je reconnaissais quand même beaucoup de symptômes que j'avais, difficulté à se concentrer, besoin de bouger surtout. difficulté après une heure de réunion à rester assise, le besoin de faire autre chose, il y avait vraiment des grosses difficultés. Et donc, ça faisait déjà dix ans comme je disais que je sentais qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas, et je ne trouvais pas réponse à mes maux, on va dire, maux, m-a-u-x. Et donc du coup, j'ai décidé de plein gré d'aller voir une neuropsychologue pour effectuer un diagnostic TDAH. Et c'est avec elle en fait, après avoir eu, on s'est vu pendant je dirais cinq, six séances, Elle m'a fait répondre à certaines questions. Et à la fin, c'est elle qui a établi l'hypothèse du trouble borderline, qui a ensuite été validée par un psychiatre quelques semaines plus tard.

  • Speaker #2

    Ça a été comment de le recevoir ?

  • Speaker #3

    Alors, ça s'est fait en deux temps. Parce qu'elle m'a d'abord émis l'hypothèse en mars, mais elle a dit qu'elle avait besoin d'en parler avec ses collègues. Et ensuite, c'est moi qui lui ai dit Ah, mais je viens d'écouter justement un épisode de podcast à ce sujet, je vais vous le partager. Ce n'était pas le tien, c'était un...

  • Speaker #2

    Je suis très déçue.

  • Speaker #3

    et donc c'était très bizarre en fait pour être honnête je ne me rappelle pas bien de cette période là de ma vie je pense que ça a été tellement dur de nouveau ce côté j'ai un trouble mental et en plus un trouble mental particulièrement stigmatisé c'est pas rien, j'aurais préféré être diagnostiqué du TDAH pour être honnête ça aurait été plus facile à recevoir ça a été tellement dur que vraiment je me rappelle peu Je sais que mon copain de l'époque, avec qui j'ai rompu depuis, m'avait dit quelque chose du style que tu aies ce trouble ou pas, je t'aimerai toujours Donc ça, c'était quelque chose qui m'avait rassurée. Mais sinon, beaucoup de mes amis essaient de me rassurer en me disant c'est pas grave, ça change rien à ta personne Surtout que les symptômes datent surtout d'avant, parce que c'est vrai que j'ai été diagnostiquée, mais les symptômes, c'était surtout quand j'avais de 18 à 23 ans, donc c'était déjà moins grave. Donc mes proches ont essayé, je pense, de faire comme ils ont pu, mais je crois que ça m'a pris un an. Je crois que tout doucement, maintenant, un an plus tard, je me rends vraiment compte de ce qui se passe, pour être honnête.

  • Speaker #2

    Quand tu dis que tu t'en souviens pas vraiment, justement, est-ce que tu étais à ce moment-là dans un état dissocié ?

  • Speaker #3

    Ouais, donc déjà, je vis de la dissociation depuis dix ans, de façon plus ou moins chronique, à petite échelle, dans le sens où j'appelle ça du figement fonctionnel. Donc ça veut dire que je suis tout à fait apte à travailler, je suis quelqu'un de très très actif, qui fait beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup de choses. Mais en même temps, j'ai une dissociation par rapport à la réalité permanente. Donc, c'est de la déréalisation pour me protéger. Je reviendrai peut-être plus en détail après, mais par rapport à une peur extrême de ce qui se passe après la mort de base. Et du coup, vivre est traumatisant pour moi. Ça commence à l'être moins, mais avec cette peur chronique de mourir en sortant de chez moi au coin de la rue. Et donc, il y a une déréalisation qui s'est mise en place de façon constante pour me protéger, en fait. dans le cas où je mourrais là maintenant tout de suite. Et du coup, quand il y a eu le diagnostic, je pense que la dissociation a été encore plus forte pour vraiment me protéger. Et puis après, j'ai décidé de prendre la parole sur les réseaux sociaux sous le nom de Border Attitude. Et je pense que là, la dissociation a continué de se mettre en place pour oser en fait. J'avais tellement peur mine de rien du regard des autres, de ce que les gens, ce que j'ai partagé, tous mes amis, tous mes proches, n'importe qui sait que j'ai ce trouble ou peut savoir facilement. Et ça a été vraiment très dur. Je me suis beaucoup demandé ce que les gens pouvaient penser de moi, les gens à qui je ne parle plus, même les gens qui sont encore mes amis sur Facebook et qui tomberaient sur mes posts. Et donc, il y a eu, je pense, cette dissociation qui a continué de se mettre en place pour me protéger et pour oser continuer de faire tout ça. Parce que faire tout ça, pour moi, c'était plus important que ma personne, en fait. En se protégeant, bien sûr, attention à ma santé mentale, bien sûr, mais voilà, c'était très important pour moi.

  • Speaker #2

    Est-ce que quand tu es dans ces phases-là, est-ce que tu as l'envie ? de sortir de cette dissociation ou pas ?

  • Speaker #3

    Alors, il y a une part de moi qui, bien sûr, en a envie. Et ce qui est assez paradoxal, c'est qu'il y a une autre part de moi qui a peur parce que ça pourrait être beaucoup trop. La dissociation, c'est vraiment le symptôme à ne pas prendre à la légère. Si la dissociation, elle est là, je continue d'avoir des frissons de partout, c'est à chaque fois que je suis authentique. Si la dissociation, elle est là, elle est là pour nous protéger de quelque chose. Et c'est comme en thérapie psycho-corporelle où on va essayer de libérer les traumas. C'est hyper important d'y aller vraiment très, très, très tranquillement. Parce que si on enlève, entre guillemets, en un coup la dissociation, en tout cas dans mon cas, ça peut être dévastateur et ça peut être d'autant plus traumatisant. Donc l'idée, c'est vraiment, mais vraiment, vraiment d'y aller petit à petit. Et je suis exactement là-dedans en ce moment.

  • Speaker #2

    D'accord. Il y a des gens qui t'y accompagnent ?

  • Speaker #3

    Oui. Actuellement, je suis deux thérapies en parallèle. D'un côté, je fais de la somatic experiencing. C'est une thérapie psychocorporelle dans le but de libérer les traumas, qui va plutôt s'axer sur l'instant présent, et où le thérapeute me demande, on choisit en général un sujet, et il va me demander par rapport à ce sujet comment je me sens dans mon corps. Et l'idée, c'est de comprendre ce qui se passe dans mon corps. surtout au niveau de mon système nerveux, et de voir comment c'est possible de libérer des traumas et apprendre à mon système nerveux d'être plus régulé pour se sentir plus en sécurité. Et donc plus évidemment je me sens en sécurité, plus je pourrais sortir de la dissociation, dans l'idée du coup d'ouvrir cette fenêtre, j'ai oublié le mot, c'est pas grave, par rapport à la théorie polyvagale. Et de l'autre côté du coup je vois une autre thérapeute qui est formée à l'IFS et à l'EMDR. Donc le MDR, ce sont toutes les deux déjà des thérapies psychocorporelles dans l'idée de libérer les traumas. Donc le MDR, on va aller revisiter des traumas du passé, petit à petit, pour essayer d'enlever la charge émotionnelle qui est reliée à ces traumas. Et l'IFS, donc Internal Family System, si je me rappelle bien, là ici l'idée c'est d'aller voir quelles sont les parts émotionnelles qui ressurgissent dans mon présent pour leur laisser leur place. C'est comme ça qu'en tout cas, moi, je l'interprète.

  • Speaker #2

    L'IFS aussi, c'est le fait de voir qu'on a une famille mentale, non ? Oui. Et qu'il y a chacun qui a un rôle, qui discute. Enfin, il y a plein de parties de nous-mêmes qui discutent ensemble toute la journée. Elles sont des fois en friction, en contradiction. Et l'idée, c'est un peu de les harmoniser, non ? De les amener à aller dans une direction un peu plus harmonieuse.

  • Speaker #3

    Oui, il y a une forme d'équilibre. Donc, il y a plusieurs... Ils les appellent... Je sais qu'il y a les pompiers. Il y a les exilés et les managers. Les pompiers, les managers et les exilés, exactement. Quel travail d'équipe. Et donc, les exilés, c'est ceux évidemment qui sont complètement exilés, si je me rappelle bien. Et donc, l'idée, c'est de leur laisser leur place, je crois. Il y a les pompiers qui arrivent en réaction. Et puis, il y a les managers. Eux, ça, c'est pour la vie de tous les jours. Et l'idée, c'est de laisser... Parce qu'en fait, ce qu'on a tendance à faire avec les émotions de manière globale, c'est que quand une émotion arrive, comme elle est désagréable, parfois, on ne veut pas ce genre d'émotion. et on a tendance à la rejeter. Sauf qu'en fait, c'est les rejeter qui est le plus dur, et ça va faire que l'émotion va faire que toquer et toquer et toquer encore à la porte, parce qu'elle ne demande qu'une seule chose, c'est d'être accueillie et qu'on lui laisse sa place. Et donc l'idée dans l'IFS, ce serait donc de laisser la place aux parts émotionnelles du passé, donc j'en sais rien, moi, à la petite moi de 8 ans, qui s'est sentie très triste parce que, j'en sais rien, quelqu'un de la famille lui aurait mal parlé selon elle, ce serait de laisser sa place pour le dire. Tout est OK maintenant, tout est sous contrôle. Moi, Fiona, adulte, je suis là pour toi et tu as ta place ici. Si tu ressens le besoin de pleurer, je t'en prie et tout est OK.

  • Speaker #2

    Et est-ce que tu as travaillé sur justement ta peur de l'après-mort ?

  • Speaker #3

    Alors oui, beaucoup déjà. Oui, donc en fait, je me suis rendu compte, je pense, qu'en fait, cette peur est arrivée quand j'étais assez enfant. sans raison, je dirais pas valable parce que tout est valable, mais sans raison, j'ai pas eu de décès, il y a pas eu de décès dans la famille, il y a rien eu de spécial, mais en attendant j'ai commencé à mon avis à me rendre compte de façon assez précoce par rapport aux autres enfants que je me demandais ce qui se passait après la mort. Et je pense, et ce qu'on a vu avec mon thérapeute, que ce que j'espérais c'était d'en fait être rassurée de mes parents. Et ce n'est pas forcément arrivé parce que, tout simplement, mes parents sont des personnes qui avaient peut-être à cette époque du mal à partager leurs émotions et à être rassurants, en tout cas rassurants comme je l'espérais. Et donc, je les comprends tout à fait et c'est tout à fait OK. Et donc, malheureusement, la peur de l'après-mort n'a fait que continuer de grandir. Donc, comment je percevais cette peur ? Comment je percevais l'après-mort ? Je le percevais comme un sas, un sas où je suis seule. pour toujours, dans le noir, et où techniquement je vis en fait encore, mais je suis seule, et il n'y a pas de stimulation, et je m'imagine un peu recroquevillée, un peu comme dans le ventre de ma mère, sauf que je suis juste dans le noir, dans les quatre dimensions, il n'y a rien, je ne touche rien, et juste je suis recroquevillée, et il ne se passe rien pour toujours. Donc ça c'est comme ça que je percevais, et en fait cette peur n'a fait que continuer de grandir, grandir, grandir, et même si tout le monde me disait mais tu ne mourras pas aujourd'hui, ce sera pour plus tard moi je disais mais ça ne change rien, ça va arriver et le fait que ça arrive, ça ne va pas. Ça ne va pas, ça ne va pas pour moi. Je crois que ce qui était le plus dur c'était que quand j'en parlais, peu de gens comprenaient mon ressenti et ça c'était encore plus dur parce que du coup je ne comprenais pas comment les gens pouvaient vivre tranquillement sur terre alors que moi j'étais parasité par cette peur.

  • Speaker #0

    Et donc, elle n'a fait que grandir, grandir, grandir, grandir. Et là, ça fait que depuis peu de temps, en fait, j'arrive à mieux la gérer, je dirais, grâce à deux choses. Je pense que cette peur, déjà, c'était un trauma, un trauma qui était du coup irrationnel, parce que finalement, a priori, ceci, ce que je viens d'illustrer comme image, il y a peu de chances que ça arrive. Je trouve d'ailleurs, je ne serais même pas seule le jour où je mourrais. On ne sait pas ce qui se passe après la mort, donc je ne sais pas. Donc ça a été le fait, donc il y a trois choses, le fait de me rendre compte que ceci était une peur et un trauma irrationnel. La deuxième chose, ça a été le fait d'apprendre à m'aimer vraiment de façon inconditionnelle. Et du coup, à me rendre compte que techniquement, je ne suis jamais seule parce que je suis avec moi et que je m'aime. Et que la petite moi de quand j'avais cinq ans, moi je suis avec elle maintenant et je suis là pour la rassurer. Et que si en effet, je suis seule pour toujours quand je serai morte, c'est ok parce que ma compagnie est quand même assez chouette finalement. En tout cas, moi, je m'aime bien, donc c'est cool. Et la troisième chose, c'est parce qu'en fait, je me suis rendu compte que j'avais besoin de sens dans ma vie et que du coup, le fait de faire des choses pour aider les gens, moi, ça me fait du bien parce que je me dis, et littéralement, quand j'ai peur de mourir, en me disant, t'imagines si la vie, on me tombe dessus, je me rassure en me disant, Fio, tu fais du mieux que tu peux pour aider les gens. Tu fais du mieux que tu peux avec Border Attitude, avec ce nouveau boulot qui t'attend, en transmettant tout ce que tu peux, tout le savoir, tout ce que tu apprends, tu essaies de le transmettre aux autres. en utilisant la communication non violente et tout ça, donc tu fais du mieux que tu peux pour rendre ce monde meilleur. Et le fait, en fait, de devenir de plus en plus humble et d'arrêter de penser à ma petite personne, mais plutôt de penser à la place, à la communauté, au monde, de faire en sorte que le monde aille mieux, moi, ça m'apaise en me disant que c'est pas si grave si je meurs tant que le monde va mieux. Et il y a vraiment un dévouement très fort derrière faire en sorte que le monde aille mieux. Et moi, ça m'apaise, en fait, par rapport à la mort.

  • Speaker #1

    C'est intéressant parce que... Entre les lignes, c'est comme si j'entendais plus une peur de la solitude qu'une peur de la mort, de l'après-mort. Oui,

  • Speaker #0

    c'est ça. C'est une peur vraiment d'être seule pour toujours. Et c'est ça. Du coup, maintenant, ça va beaucoup mieux. Mais oui, c'est ça. C'était une peur de solitude après l'après-mort. Exactement.

  • Speaker #1

    Moi, je suis assez épatée parce que ton diagnostic, tu l'as eu il y a seulement une année. Et tu en parles avec tellement de recul et de maturité. C'est assez fou. J'avais envie de savoir quelles étaient les habitudes de vie. que tu as mis en place pour mieux gérer ces émotions dans ton quotidien ?

  • Speaker #0

    Oui. Bon, alors là, je reste de monologuer. Donc déjà, c'est peut-être important que je temporalise, si c'est OK pour toi, quand est-ce que le trouble est arrivé, si c'est OK. Donc, le trouble est arrivé quand j'avais 18 ans. Et pour ma part, il est vraiment arrivé du jour au lendemain. Donc, mon ex, mon copain de l'époque, avec qui j'étais en relation à distance, Brésil-Belgique, parce que j'ai vécu au Brésil quelques années, on s'est rencontrés là-bas. Et puis on a décidé que lui vienne du Brésil en Belgique pour moi. Et donc, alors que j'étais très contente que ça se passe, c'est même moi qui l'ai proposé, pour justement ne plus jamais être seule, pour être toute la vie avec quelqu'un. Je l'aimais et c'est ce que je voulais. Il est arrivé et je me suis sentie en fait profondément bloquée. Et ça m'a stressée parce que je me suis dit Mais mon Dieu, maintenant je suis bloquée avec lui, je ne pourrai plus jamais rompre parce qu'il est venu pour moi du Brésil en Belgique. C'est quelque chose qui n'est donc pas possible. Et là, en fait... littéralement tout est arrivé en même temps donc je pense le trouble de stress post-traumatique complexe je pense être concerné par ce trouble aussi de mon enfance parce qu'avec une peur de la mort allant au point où je me giflais la nuit tellement j'avais peur de la mort et que je ne savais pas comment faire et donc je me giflais pour penser à autre chose donc c'est déjà une forme d'automutilation donc tout ceci s'est passé et donc en fait quand mon copain de l'époque est arrivé tout tout tout s'est manifesté en même temps donc tout le trouble de stress post-traumatique complexe le trouble borderline Le toque du couple, on en parle très peu de ce toque, le toque du couple c'est douter de si l'autre est le bon choix, de se demander si peut-être on ne devrait pas plutôt être avec quelqu'un d'autre, remettre en question la relation, juste parce que la personne, comme je disais avec les chaussettes, ne range pas les chaussettes, on se demande subitement si peut-être quelqu'un d'autre ne nous conviendrait pas mieux, et ce genre de choses. Donc le toque du couple c'est vraiment très difficile à vivre, et le trouble anxieux généralisé, donc avec des crises d'angoisse avec sensation. de mort imminente. Du coup, assez horrible pour moi qui ai peur de la mort, j'ai pu un petit peu y faire face entre guillemets avec ces sensations de mort imminente. Donc tout est arrivé littéralement d'un coup en deux semaines, tous les symptômes. Donc ça a fait juste une explosion avec des crises d'angoisse, avec de la distanciation, de la colère, de l'automutilation, enfin bref j'ai été concernée par les neuf symptômes du trouble borderline. Et du coup pendant plusieurs années ça a été de pire en pire, vraiment de pire en pire. A l'époque je faisais des études de pharmacie parce que j'avais envie de devenir pharmacienne et c'était vraiment difficile. En gros ce qui se passait c'était qu'à chaque fois quand j'étais en couple, j'avais le toque du couple qui revenait en me demandant si je devais être avec cette personne ou pas. Et c'était tellement difficile à vivre que du coup à un moment je rompais et quand j'étais célibataire j'étais prise par une dépendance affective. Et donc du coup j'avais ce besoin de me remettre en couple. entre guillemets avec le premier venu. Donc ça, c'était comme ça que ça se faisait. Et puis, c'est vers mes 22 ans, là, je suis passée déjà par des antidépresseurs. Donc j'ai pris des antidépresseurs pendant un an et demi. Ces antidépresseurs, ils m'ont aidée. Vraiment, je ne regrette pas les avoir pris. Je les vois comme une béquille, une béquille qui était nécessaire, parce qu'honnêtement, je n'ai jamais tenté de me suicider, tout simplement parce que j'avais trop peur de l'après-mort, donc ce n'était pas possible. Mais je me sentais profondément coincée dans la vie, puisque vivre était devenu... traumatisant vraiment genre c'était devenu une terreur chaque seconde où je vivais était un supplice parce que je pensais au fait qu'un jour j'allais mourir et du coup j'étais prise par une angoisse constante et c'était juste ignoble jusqu'à ce qu'en plus les crises d'angoisse arrive ensuite dans mon sommeil et là c'était encore pire et donc et donc les antidépresseurs ont été ont été nécessaires pour pour en tant que béquille pour pour survivre en fait tout simplement face à ces symptômes qui étaient vraiment très extrêmes. Mais les antidépresseurs n'ont pas réglé le problème. Je faisais beaucoup de thérapie en parallèle avec des psys spécialisés dans l'anxiété, pas dans le trouble borderline puisque je ne connaissais pas ce trouble à ce moment-là. Mais voilà, les antidépresseurs, oui c'est bien pour diminuer les symptômes, mais mine de rien ça provoque quand même pas mal d'effets secondaires, comme des problèmes de mémoire, de libido aussi. Mais ça ne résout pas le problème de fond et donc pour moi, heureusement j'ai eu la chance de tomber sur un psychète. qui a préconisé le fait de ne prendre les antidépresseurs que pendant un an et demi. Donc le fait d'avoir une deadline, c'est quelque chose qui m'a aidée. Et en effet, je les ai gardés pendant un an et demi. Et ensuite, j'ai diminué petit à petit la dose. Et je n'ai plus jamais pris le médicament depuis, si ce n'est de temps en temps, je prends un petit peu de médicaments à base de plantes, comme par exemple le C-Distress, mais ça reste léger. Mais du coup, la première étape qui m'a vraiment, vraiment, vraiment aidée pour moi, ça a été un bon pied dans le cul, comme on dirait. Ça a été d'arrêter mes études, en fait. J'ai arrêté mes études de pharmacie en troisième année. Mes parents voulaient que je les retrouve. Ils habitaient à Lyon à ce moment-là. Ils voulaient que je vienne les retrouver. Et moi, je ne sais honnêtement pas pourquoi, mais j'ai dit non. Et j'ai dit, je veux rester à Bruxelles et je veux trouver ma place dans les jeux de société. Je suis passionnée des jeux de société. Je veux travailler dans les jeux de société. Et ils ont dit, alors très bien, mais si tu fais ça, tu te débrouilles financièrement. Et en fait, ça pour moi, et je les remercie, ça a été le plus beau cadeau. Parce que le fait de devoir me débrouiller financièrement, thérapeutiquement, là, il m'aidait toujours. Pour le suivi thérapeutique, financièrement, ça, oui. Mais le reste, le fait de devoir payer mon appartement et payer ma vie, je fumais à l'époque, donc mes clopes, ma bouffe et tout ça, j'ai été obligée de me responsabiliser. J'ai eu la chance de trouver, du coup, ce travail en tant que vendeuse dans les jeux de société, dans un magasin de jeux à l'époque. Et j'ai commencé, entre guillemets, on pourrait dire un peu from scratch, de rien. Et j'ai un peu comme gravi les échelons. Et le fait d'avoir un travail, c'est vraiment quelque chose qui m'a responsabilisée, qui m'a fait du bien. J'ai ressenti beaucoup de reconnaissance. Je suis une personne, j'ai besoin de reconnaissance pour vivre, j'ai besoin de me sentir utile. Et là où j'avais l'impression d'être un peu un numéro au moment des études, en fait, ça manquait de cadre. En fait, c'est vraiment ça, j'ai eu un cadre avec un travail. J'étais obligée de me lever le matin. Et même si j'avais 38 de fièvre, idéalement, j'allais quand même au travail parce qu'on comptait sur moi. Et le fait d'avoir tout ça, le fait d'avoir ce cadre, c'est vraiment ça qui m'a fait beaucoup de bien. Donc ça a été la première étape. Et après, ça a été de chercher, en fait, de chercher qu'est-ce qui pourrait me faire du bien. Et ça, ça doit venir de soi, je pense. Ça doit vraiment venir de soi, ce côté où je me dis, bon, maintenant, ça suffit. Entre guillemets, de toute façon, je suis bloquée sur Terre parce que le suicide n'est pas possible. Donc, autant chercher des outils. Je sais qu'à l'époque, ma mère, avant cette période-là, me proposait beaucoup de choses, la cohérence cardiaque, la méditation. Et en fait, je ne voulais pas l'écouter. Donc, pour les proches qui m'entendraient, je sais qu'à quel point, parfois, on a envie d'aider la personne concernée. mais ça doit venir de la personne concernée. Ce n'est pas possible autrement. Et donc, pour moi, tout est venu petit à petit. Je sais qu'une des premières choses, ça a été le sport. Sport qui avait déjà une place importante dans ma vie quand j'étais plus jeune. C'est revenu dans ma vie quand j'avais 24-25 ans. Et maintenant, je fais du sport 4 à 5 fois par semaine. Et là, j'ai un marathon que je prépare pour l'année prochaine. Donc, pour moi, c'est un must. Ça fait tellement de choses. J'ai besoin de bouger. Ça secrète des hormones. On se sent bien dans son corps, tellement de vertus positives, ça met un rythme de vie, un cadre de vie aussi, on se sent fier de soi. Donc le sport. Et puis après, tout ce qui est en rapport avec la respiration. Donc ça a commencé pour ma part par la cohérence cardiaque. Et puis ensuite, j'ai suivi une formation de pleine conscience de huit semaines, donc la méditation. Et maintenant, je fais des séances de brace work. Donc c'est une technique de respiration contrôlée de type hyperventilation où on peut libérer des traumas. Et ça, je pratique tous les jours depuis cinq mois là, une à deux fois par jour. Donc je dirais au total, je dirais 45 minutes comme ça par jour. C'est pareil, non négociable, je sais que j'en ai besoin et ça m'a changé la vie, vraiment life changer, donc trop chouette.

  • Speaker #1

    Mais t'as combien d'heures dans une journée Fiona ? Je suis quelqu'un. Moi j'ai un souvenir que tu travailles à 100%. Oui. Compte c'est ton site internet, t'es en train d'écrire un e-book, tu fais des marathons, tu fais du breastwork deux fois par jour. Moi j'aimerais juste comprendre.

  • Speaker #0

    Alors on dit de moi que je suis quelqu'un de très très efficace. En fait, je sais hyper bien gérer mon temps. Donc, ça veut dire que mon temps est souvent très chronométré, y compris prendre son temps, y compris dans le chronomètre, on va dire ça comme ça. Et donc, j'arrive très bien à pouvoir... On me disait toujours quand j'étais enfant que j'avais une horloge dans l'estomac. Je suis capable de dire parfois l'heure comme ça. Et je sais en fait combien de temps dure chaque chose et j'ai une capacité à faire plusieurs choses à la fois aussi. Donc voilà, j'ai une très très bonne gestion du temps. Donc voilà.

  • Speaker #1

    En tout cas, je l'admire beaucoup parce que là, il est bientôt 10h. Moi, je suis encore en pyjama. Je ne me suis pas lavé les dents. La seule chose que j'ai fait, c'est nourrir ma fille et la déposer à la crèche.

  • Speaker #0

    Mais c'est très bien aussi.

  • Speaker #1

    Elle est debout depuis 6h, donc il y en a eu du temps.

  • Speaker #0

    Et c'est très, très bien aussi.

  • Speaker #1

    Je t'en viens un peu, je t'avoue.

  • Speaker #0

    Merci. Après, j'essaie aussi de me laisser le temps. Parce que parfois, j'étais vraiment à fond. J'étais vraiment efficace, Ça fait aussi du bien, je trouve, de prendre son temps. C'est aussi quelque chose qui est important. Et des fois, littéralement, de ne pas savoir ce que je vais faire. De me laisser plusieurs heures, voire une journée, et de me dire, je ne sais pas ce que je vais faire. Et on verra. Je n'ai pas envie de cadrer toute ma vie. C'est important aussi de laisser de la spontanéité. J'aime beaucoup découvrir, d'ailleurs. J'aime beaucoup les surprises. J'aime beaucoup sortir de ma zone de confort. Je pense qu'un de mes mots d'ordre, c'est le mot oser. C'est toujours ça, c'est toujours oser. Mes amis disent ça de moi. Ils disent, grâce à toi, Fio, j'ai appris à oser. Et ça les aide beaucoup. Donc, ouais.

  • Speaker #1

    C'est beau, ça. Justement, tu semblais dire que l'ennui est un défi majeur pour toi. Comment tu fais pour gérer ces moments ? Tu dis que maintenant, justement, tu as des moments où tu ne sais pas forcément ce que tu vas faire. Donc, probablement qu'il peut y avoir l'ennui qui ne fera pas ta porte. Qu'est-ce que tu en fais ?

  • Speaker #0

    Alors, oui, l'ennui a été pendant très longtemps une problématique dans ma vie. Encore plus l'ennui avec des gens. Là c'est encore pire, parce que là je remettais en question ma relation avec mes proches, en me disant mais pourquoi je suis amie avec cette personne ? Pourquoi je sors avec cette personne alors que je m'ennuie avec cette personne ? Ça me provoquait vraiment des angoisses terribles. Et pourquoi déjà ? Pourquoi ça me provoquait toutes ces angoisses ? Parce que mon système nerveux était tellement dérégulé qu'en fait quand je m'ennuyais, mes pensées parasites, mes pensées intrusives étaient tellement fortes dans mon esprit qu'elles étaient indomptables. Donc déjà la première étape pour faire face à l'ennui, pour pouvoir... gérer, canaliser cet ennui. Pour moi, ça a été de me sentir mieux dans mon corps. Et donc ça, comment j'ai fait, comment je fais au quotidien ? Depuis janvier 2024, là c'est arrêt de l'alcool. Donc je n'ai pas bu une goutte d'alcool depuis presque six mois maintenant. Ça, ça a été pareil, life changer. De nouveau, comme toujours, tout ça, ça se fait petit à petit. Pendant plusieurs années, je faisais le dry january. Et voilà, ça fait dix ans que je me dis que ma consommation d'alcool est un petit peu excessive. Et là, j'ai décidé de passer le pas. pour quelqu'un qui m'écouterait et qui se dirait mais comment elle a fait tout ça ? Tout ça, ça se fait vraiment petit à petit. Mais l'arrêt de l'alcool m'a beaucoup, beaucoup, beaucoup aidée. Et en parallèle de ça, le Bracework, du coup, comme je disais, qui m'a vraiment aidée à pouvoir du coup mieux réguler mon système nerveux et me sentir plus en sécurité dans mon corps. Et du coup, il y a mon chat derrière, je ne sais pas si on l'entend. Pas du tout. Parfait. Elle est en train de monter sur la table. Tout va bien. Et elle se réveille. Et donc du coup, grâce à ça, en étant du coup ainsi mieux dans mon corps, et pouvoir ainsi mieux réguler mon système nerveux. Ça fait que du coup, mes pensées qui arrivent lorsque je m'ennuie, elles sont beaucoup plus gérables parce qu'en fait, mes émotions déjà sont moins intenses. Elles sont beaucoup, beaucoup, beaucoup moins intenses qu'avant mes émotions du fait que mon système nerveux est plus régulé. Ça fait moins... C'était ça dont je parlais tout à l'heure, c'est la fenêtre de tolérance. J'ouvre petit à petit ma fenêtre de tolérance, ce qui fait que du coup, je switch moins dans différents états du système nerveux et donc je me sens plus régulée. plus en sécurité, mes émotions sont plus stables. Et donc du coup, maintenant que je suis face à cet ennui, je suis... j'arrive beaucoup mieux à gérer ces pensées intrusives et donc grâce à ça je peux me sentir beaucoup plus dans l'être et prendre beaucoup plus le temps de me sentir tranquille, de méditer et d'accepter que c'est ok l'ennui et je suis plus prise comme avant par ces angoisses.

  • Speaker #1

    Tu parlais des divers états du système nerveux que tu switchais moins des uns avec les autres. Peut-être que c'est intéressant de rappeler aux auditeurs et auditrices aussi quels sont ces différents états. Moi, là, j'ai en tête l'état de fight or flight, donc de se battre ou de fuir. J'ai en tête l'état de shutdown, donc de vraiment être plus dans la déprime, des sentiments vraiment de vide ou d'abandon, enfin voilà, de tristesse. Et j'ai oublié le troisième.

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui, c'est très intéressant, merci. J'adore ce sujet sur la physiologie, donc merci d'en parler. Donc en effet, ça a rapport avec la théorie polyvagale de Stephen Porches qui... qui date un petit peu, où en effet on a d'abord le premier état, donc dans la vague parasympathique ventrale, donc c'est l'état où on se sent en sécurité, c'est l'état le plus haut, si on pourrait prendre une échelle, c'est l'état où on se sent bien, en sécurité, on est assez enclin, encline à aussi du coup aller dans l'échange, dans le contact social, puisqu'on rappelle que c'est hyper important d'avoir des échanges humains, c'est nécessaire pour notre système nerveux, et d'ailleurs c'est une manière... de réguler son système nerveux, c'est la co-régulation justement, c'est d'être avec d'autres personnes qui ont un système nerveux qui est régulé, qui est dans cet état parasympathique ventral, pour se sentir bien. Et puis ensuite, on a l'état sympathique, donc comme tu le disais si bien, le fight or flight, donc combat ou fuite. Donc dans cet état-là, il y a certaines hormones qui vont être secrétées, l'adrénaline, la noradrénaline et le cortisol. Et donc c'est dans ces états-là que... C'est pour ça qu'en fait, des fois, les gens s'énervent et qu'on ne comprend pas et qu'on se dit mais enfin, cette personne-là ne sait pas gérer sa colère, par exemple En fait, la personne, elle a été ce qu'on appelle être activée par, en général, un de ses souvenirs du passé. Donc, quelque chose va se passer dans le présent qui lui rappelle quelque chose du passé. Et pour la personne, ça va être beaucoup trop. Et donc là, c'est colère. Ça peut être une des réponses de traumatique, une des réponses de survie. C'est la colère pour marquer son territoire. Et en fait... C'est pour ça que c'est ok, en fait, la colère. C'est ok, c'est une manière de se défendre, en fait. Et en effet, parfois, c'est tellement fort, c'est tellement trop d'émotions, c'est tellement d'hormones secrétées que là, en fait, le corps va sécréter une autre hormone qui est l'endorphine, si je me rappelle bien. Et donc, on va switcher encore d'état, du coup, en état parasympathique dorsal, cette fois-ci. Et là, il y a deux réponses traumatiques. Il y a soit celle que tu disais, à savoir, du coup, le freeze, donc le moment où, du coup, là...

  • Speaker #1

    Le freeze, on n'ose plus bouger, en fait. Oui,

  • Speaker #0

    c'est exactement ça. Comme les animaux, d'ailleurs. Les animaux aussi, c'est des animaux qui font le mort. Donc, ils font le mort parfois pour se protéger, pour attendre que le tigre s'en aille. Et là, hop, ils courront pour se protéger. Mais il y a encore une autre réponse traumatique dont on parle peu, qui s'appelle le Fawn, F-A-W-N en anglais. Il n'y a pas de mot en français qui a été traduit actuellement. Et ça, c'est le principe du people pleasing. Donc, c'est le fait qu'en fait, c'est aussi un dérèglement où on va être en shutdown. Mais en fait, on va avoir tendance à dire oui à tout, oui à l'autre personne, parce qu'on veut éviter le conflit. On préfère qu'il n'y ait pas de conflit. Et donc, on suit en fait. On dit oui à tout, comme ça, pas de problème.

  • Speaker #1

    Et le people pleasing, en dehors de dire oui à tout, c'est vraiment aussi ne pas oser mettre sa limite face à l'autre. C'est quelque chose que j'essaie d'observer beaucoup chez moi, notamment parce que je sais que je suis énormément là-dedans, de moins en moins, heureusement. Mais vraiment, ce truc où tout d'un coup, on va... me lancer une pique ou me dire quelque chose qui va me déranger, parce que peut-être ça va réveiller un trauma, certes, mais là où j'aurais besoin de dire, mais en fait, moi, je ne suis pas OK avec le fait que tu viennes dire ça, maintenant ou jamais, d'ailleurs. Ça, c'est quelque chose auquel j'ai beaucoup de mal, parce que dans le trauma, j'ai peur ensuite d'être abandonnée ou encore pire pour moi, oubliée.

  • Speaker #0

    Oui, je comprends tout à fait. Alors qu'en fait, mais c'est super dur à faire, en osant prendre, moi, j'aime bien cette idée de prendre sa place. Donc, attends, je vais juste... descendre mon chat parce qu'elle est remontée voilà tout va bien en fait en osant moi je me suis rendu compte que j'étais beaucoup concerné par cette histoire de prendre sa place et de me sentir considéré c'est vraiment très important pour moi de me sentir considéré de sentir que j'ai le droit à ma place mais en fait un peu comme tu disais de se dire de doser dire c'est c'est pas ok en fait pour moi en utilisant la communication non violente donc du coup le principe vraiment de dire quand ceci se passe c'est neutre un sans jugement je me sens comme cela Or, mon besoin est ceci, serait-ce possible de, donc formuler une demande claire et qui est évidemment négociable, que l'autre personne peut refuser, et bien c'est une manière de partager ses besoins, déjà c'est trop cool de partager ses besoins, de fixer ses limites, et d'oser du coup prendre sa place. Et j'aime me dire que du coup, moi j'aime bien cette expression, j'aime me dire que si l'autre personne n'est pas prête à l'entendre, que la personne veut un compromis, c'est ok, bien sûr, on est là pour discuter, c'est ok, on va trouver notre juste compromis. Mais si la personne... invalide mes émotions et me dit c'est quoi ton problème ? Et des émotions moins fortes ou le truc horrible. En fait, moi, je me dis bon débarras. Bon débarras dans le sens où je ne veux plus de comportements toxiques, malsains, d'invalidation des émotions dans ma vie. Et j'ose fixer mes limites, partager mes besoins. Et si ce n'est pas accepté, eh bien tant pis en fait.

  • Speaker #1

    C'est intéressant ce que tu dis, le bon débarras. Alors évidemment, on peut continuer à avoir une relation si on le souhaite, mais en tout cas... Moi, c'est ce que je vis aussi actuellement, sauf pour des relations évidemment très fortes où je me dis, là, on va avoir une bonne métacommunication là autour. Mais des personnes où ce n'est pas forcément le cas, je me dis, OK, en fait, tant pis, je lâche et je ne recontacterai pas cette personne-là. Mais c'est vrai que peut-être juste rappeler quand même que quand on est dans le freezing, ce n'est pas forcément évident de reformuler, de poser ses limites. Donc, nous, on en parle là comme ça, mais c'est un travail de longue haleine. Moi, je sais que quand je suis figée, il n'y a rien qui sort. Et c'est après, quand je rentre chez moi, que j'ai tous les scénarios de ce que j'aurais pu dire à la personne. Mais c'est beaucoup plus difficile sur le moment. Donc voilà, on n'est pas non plus des extra-communicatifs tout le temps. Des fois, c'est difficile pour nous aussi. Et donc voilà, c'est un chemin. Et c'est un chemin. J'ai vraiment une voix de grosse fumeuse. Mais c'est intéressant d'être accompagnée là-dedans. Est-ce que toi, tu disais...

  • Speaker #0

    Pardon. C'est juste que j'allais dire que oui, que le mot qui me vient quand tu dis tout ça, c'est vraiment le mot exposition, qui est le mot clé en effet de la TCC, thérapie cognitive et comportementale, où l'idée en fait c'est ça, c'est d'y aller petit à petit, moi j'adore ce mot, c'est step by step, d'essayer en fait de sortir de sa zone de confort. Au début, ça va être de juste partager un petit besoin, et puis petit à petit en fait, d'y aller vraiment petit à petit. Au début avec son meilleur ami ou sa meilleure amie, son proche, avec qui on est le plus proche. Et puis petit à petit, en fait, d'oser de plus en plus de sortir de sa zone de confort en s'exposant, mais vraiment petit à petit.

  • Speaker #1

    Et donc, tu disais tout à l'heure que vraiment, toi, tu as appris à moins switcher dans ces différents états qu'on a certes ultra résumés. Mais du coup, il y a quand même une sorte de confiance plus grande. Tu te sens plus apaisée avec toi-même de manière générale.

  • Speaker #0

    Oui, là, c'est vraiment ces derniers mois qu'il y a eu tout un changement. Je me connais mieux. Je crois que c'est surtout ça. Même des fois j'ai l'impression qu'on est deux quoi, c'est vraiment ouf, il y a moi, enfin la personne là qui parle dans mon cerveau, et puis il y a mon corps et ses besoins, et littéralement des fois j'ai l'impression du coup d'écouter mon corps, donc je vais dire à mes amis Ah là je sens que mon corps a besoin de manger, ah là je sens que mon corps a besoin de bouger et donc en fait c'est ok, enfin j'y peux rien entre guillemets, c'est mon besoin, il est là, c'est un besoin qui est physiologique, et en fait moins je l'écoute, plus ça va devenir difficile par la suite quoi. Donc si par exemple je sens que j'ai besoin de bouger, mais que je me retiens, parce que je reste avec mes amis alors qu'on est posé sur un parc et qu'on ne fait pas grand-chose. Plus j'attends, plus ça va avoir des conséquences désagréables, voire même désastreuses sur ma psyché après. Donc en fait, autant que j'écoute dans la mesure du possible, parce que bien sûr, c'est important aussi de faire des compromis, bien sûr, mais c'est important en fait que j'écoute aussi mon corps. Et donc en fait, plus j'écoute mon corps, ses besoins physiologiques, tout en fait, tout ce dont il a besoin, mieux je me sens, et plus régulé je suis, et plus en sécurité, je dirais.

  • Speaker #1

    Et maintenant que tu expérimentes justement cette meilleure régulation, quels sont tes souhaits pour l'avenir qui concernent ta vie à la fois personnelle et professionnelle ?

  • Speaker #0

    Oui, j'en ai plusieurs. Du coup, je n'en ai pas encore parlé. Là, le symptôme par lequel je passe le plus en ce moment, c'est un symptôme assez compliqué à gérer où j'ai beaucoup de flashbacks de ma vie qui reviennent. Ces flashbacks, on pourrait dire un peu comme des reviviscences un peu traumatiques. Sauf que... Comme je disais, ma vie a été vécue comme traumatique, du coup ce sont des flashbacks juste de ma vie, ils n'ont rien de spéciaux, ce sont juste des souvenirs, ils ne sont pas agréables ou désagréables, mais j'ai l'impression que c'est ma manière à mon cerveau de ranger ces souvenirs comme des tiroirs. qui sont rangés. Donc du coup, mon premier souhait, ce serait de ne plus avoir ces flashbacks, de me sentir stable et bien, que tout soit rangé et que je vive de façon sereine en acceptant que je vais mourir un jour et en sortant de la dissertation et en acceptant que ça peut être demain comme dans 20 ans, mais que d'ici là, ou comme dans 50 ans, soyons plus optimistes, mais que d'ici là, je ferai du mieux de ma personne pour continuer d'être dévouée dans cette envie de transmettre et d'aider les gens, tout en respectant mes propres besoins. Donc ça veut dire toujours prendre soin de moi, etc. Donc ça, c'est mon premier souhait. Mon deuxième, ce serait un de mes plus gros problèmes, je dirais, en plus du premier, c'est de ne pas savoir ce que j'ai envie d'avoir comme relation amoureuse. Parce que quand je suis en couple, j'ai tendance à me sentir facilement oppressée et coincée. Donc ce serait de comprendre, d'explorer ce dont j'ai besoin. Est-ce que je veux une relation monogame ou pas ? Une relation libre ou pas ? Est-ce que je veux être avec un homme, avec une femme ? Tout ça est vraiment très flou depuis des années pour moi. Donc ce serait de savoir qu'est-ce que je veux. Est-ce que je veux un enfant ? Moi j'aimerais bien idéalement. Est-ce que j'en suis capable malgré mes symptômes ? Idéalement, moi j'aimerais bien tout ça. Savoir sur toute cette sphère, être plus stable.

  • Speaker #1

    Ouais, en fait, je me souviens que tu me parlais la dernière fois par rapport à la monogamie. ou relation non exclusive. Moi, j'aime bien les dire non exclusive plutôt que relation libre parce que personnellement, avec mon mari, on est dans une relation monogame mais on se sent tout à fait libre dans cette relation. Tu me parlais de l'ambivalence que tu avais avec ce concept-là parce que quelque part, tu avais un souhait d'être peut-être en couple avec une seule personne parce que tu as peur d'être abandonnée et de peut-être pas être l'unique, chose que je comprends tout à fait, soit disant pas ça, mais d'une autre façon. part, avec une seule personne, t'as peur de t'ennuyer, en fait, et t'as peut-être besoin de vivre d'autres choses. Et je trouve hyper intéressant cette ambivalence-là, et qui, je pense, touche aussi beaucoup d'autres personnes. Est-ce que tu serais d'accord de nous en parler un peu plus ?

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr, avec plaisir. Merci beaucoup. Oui, en effet, ça rejoint un peu ce côté un peu multipotentiel, même si, de nouveau, ça reste une étiquette et c'est pas très important. Je me considère multipotentiel au sens professionnel du terme, donc ça veut dire que... Pendant longtemps, j'ai cherché le boulot de mes rêves. En fait, je me suis rendue compte de manière globale qu'il y avait une énorme... Pour moi, il y a tellement de liens entre le côté professionnel et les relations amoureuses. Je viens de passer des entretiens d'embauche, j'ai vu ça comme des dates. Et là, actuellement, je vais être en CDI et c'est la même chose en relation. Bref, un jour, peut-être, j'écrirai un livre sur les ressemblances et les différences entre les deux. Du coup, je me suis rendue compte qu'au niveau du travail, j'ai arrêté. Pendant des années, j'ai cherché le travail qui me ferait du bien. Peut-être je devrais être web-designeuse, graphiste, pharmacienne ou que sais-je. Et en fait, je me suis rendu compte qu'en fait, j'adore être couteau suisse, qu'en fait, ma force, c'est justement d'être douée et même d'être très curieuse et d'apprécier plein de domaines différents. Et c'est justement ça qu'ils ont apprécié dans mon nouveau travail. C'est qu'en fait, ils m'ont donné des tâches tellement différentes. En fait, je suis un réel couteau suisse. Et je sais en plus que ce travail-là, ce sera que pour quelques années. Travail que d'ailleurs je ne ferai qu'en 4-5ème pour me consacrer à Border Attitude un 5ème du temps aussi. Donc j'aime avoir cette diversité, j'ai besoin de cette diversité dans ma vie. Et du coup en effet je me dis, mais je rêve, franchement, moi on me donne un médicament, je le dis toujours ça, on me donne un médicament pour être amoureuse d'une seule personne toute ma vie et qu'elle me suffise. Mais je dis oui, je plonge dans cette mer remplie de médicaments et je le prends parce que c'est tellement plus simple comme avoir un travail qui nous plaît et un seul pour les restes de sa vie. Mais mon Dieu, c'est tellement plus simple, je trouve. Malheureusement, la simplicité ne fait pas partie de mon ADN, je pense. Et en effet, il y a cette peur, en fait. Il y a cette peur que la personne, l'autre personne, en fait, ne me suffise pas. C'est vraiment ça, c'est le mot suffire que l'autre personne ne me suffise pas parce que je n'arrive pas à comprendre émotionnellement comment c'est possible, même si j'aimerais que ce soit le cas, qu'une seule personne nous suffise pour toute la vie, quoi. Même si évidemment, on peut avoir des activités autres avec des amis, etc. et des proches et la famille sur le côté, bien sûr. Mais c'est quelque chose qui me perturbe et qui me fait peur sur ça. Et donc, c'est vraiment tout un dilemme dans ma tête. C'est dur et du coup, c'est très dur quand je fais des nouvelles rencontres parce que quelqu'un va me dire qu'est-ce que tu veux dans la vie ? Je ne sais pas, on va voir ce que mon corps me propose. Je ne sais pas encore. Ce n'est pas facile.

  • Speaker #1

    Moi j'arrive gentiment Fiona sur les deux dernières questions de l'interview. Est-ce que toi avant ça, tu as envie de rajouter quelque chose ?

  • Speaker #0

    Est-ce que j'ai envie de rajouter quelque chose ? Actuellement pas, je te laisse shoot avec tes questions. Merci.

  • Speaker #1

    Alors je voulais te demander quel message tu souhaitais faire passer aux personnes qui vivent avec une maladie invisible mentale ?

  • Speaker #0

    Oui, alors la première chose qui me vient, évidemment, c'est le fait que quoi que vous ayez, vous n'êtes pas seul. On est beaucoup à ressentir des difficultés qui sont malheureusement invisibles. Et certes, c'est difficile d'en parler parce que c'est invisible et mental. Et c'est vraiment difficile dans la société dans laquelle on vit, même si heureusement, grâce à des podcasts comme celui de Tamara, ça évolue. Mais c'est dur, mais vous n'êtes pas seul. Et c'est surtout l'envie de se battre. C'est ça que j'ai envie de donner. C'est vraiment ce message d'espoir, d'oser, de rien lâcher, qu'il y a moyen d'aller mieux, que c'est dur, que parfois on a l'impression qu'il n'y a pas de bout du tunnel. On a même l'impression d'aller moins bien. qu'avant parce que le chemin n'est pas linéaire vers le rétablissement et la guérison. Ce n'est pas linéaire. Et donc, même si parfois, on a l'impression que ça va être pire en pire ou que ça ne va pas mieux ou autre, je vous invite vraiment à ne pas lâcher parce qu'il y a vraiment moyen d'aller mieux, de se sentir mieux. Et puis surtout, en plus, quand on a vécu ça, je trouve qu'ensuite, et ça va bien se toucher avec la dernière question, je pense, on voit la vie différemment.

  • Speaker #1

    on voit vraiment la vie différemment et ça nous donne une force incroyable et quel super pouvoir le troupe Borderline t'a amené ?

  • Speaker #0

    du coup quel super pouvoir je dirais que c'est vraiment cette petit à petit cette capacité à avoir plus d'empathie en fait envers les gens, je pense que de base j'étais quelqu'un de très égocentré très narcissique aussi très mine de rien quand même assez arrogante Et petit à petit, j'arrive de mieux en mieux. J'essaye en tout cas de plus en plus d'être humble, d'arrêter de tout ramener à moi, d'arrêter de chercher à me mettre en avant et d'être plutôt dans cette envie, comme je disais, de transmettre et d'essayer de vraiment prendre le temps, petit à petit, c'est encore difficile pour moi, d'écouter l'autre, de comprendre l'autre, de comprendre ce qui se passe dans sa tête et d'essayer de l'aider à pouvoir mettre des mots sur ses mots. d'essayer d'aller mieux, d'oser prendre sa place, d'oser sortir de sa zone de confort et d'être dans tout ce cheminement émotionnel, d'entraide, plutôt que d'être centré sur soi. Je dirais que c'est ça.

  • Speaker #1

    Pour moi, c'est la fin, sauf si justement là maintenant, il y a quelque chose qui vient pour toi.

  • Speaker #0

    Non merci, c'est très gentil.

  • Speaker #1

    Je te remercie vraiment pour ton précieux témoignage que j'ai hyper hâte de diffuser.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, c'était un plaisir d'être là, j'ai hâte de l'écouter.

  • Speaker #2

    Merci de soutenir ce podcast en vous abonnant pour ne manquer aucun épisode et en lui donnant 5 étoiles sur vos plateformes d'écoute préférées. Rencontrez mes invités et découvrez tous les engagements de la communauté Les Invisibles sur le compte Instagram Les Invisibles Podcast. Ensemble, continuons à visibiliser l'invisible.

Description

Passer de « je me trouve incroyable » à « je ne mérite pas de vivre » est un schéma de pensées peu toléré dans nos sociétés où l’on valorise la maîtrise émotionnelle et la stabilité.
Mais que se passe-t-il quand on vit avec des émotions très intenses (des up ans down) dans un monde qui stigmatise l’instabilité ?

À ses 18 ans, alors que son amoureux du Brésil vient d’emménager chez elle à Bruxelles, Fiona prend conscience d’une réalité particulièrement anxiogène : « je ne pourrais jamais rompre avec lui maintenant qu’il a quitté le Brésil pour vivre avec moi. »

Ce sentiment d’enfermement déclenche chez elle une avalanche de troubles psychiques comme un toc du couple qui la pousse sans cesse à se demander : suis-je avec la bonne personne ?, et un trouble anxieux généralisé.

Ce n’est pourtant qu’à 28 ans, lorsqu’elle se rend pour un diagnostic de TDAH, que Fiona découvre une toute autre réalité : elle vit avec un trouble de la personnalité borderline.

Multipotentielles, couteau suisse, touche-à-tout, Fiona voit les entretiens d’embauches comme des « dates » et les CDI lui font peur en amour. Pourtant elle rêverait d’une pilule magique qui lui permette d’aimer une seule et unique personne jusqu’à la fin de ses jours.

Dans cet épisode, Fiona nous livre le témoignage qu’elle aurait aimé entendre il y a 10 ans.
Forte d’exemples concrets, elle nous livre les outils qui lui permettent de réguler son système nerveux au quotidien pour se sentir en sécurité et
mieux gérer cette intensité émotionnelle.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les Invisibles. Juin 2020. Ma vie bascule du jour au lendemain dans une maladie neurologique, rare, qui n'a de poétique que le nom. Le syndrome du mal de débarquement. Les symptômes qu'elle m'amène vivent en colocation avec moi. 7 jours sur 7. 24 heures sur 24. Et ne prennent jamais leur week-end. Je n'ai donc pas la place pour un autre combat. Du moins, c'est ce que je crois. Puis vient ce jour où je témoigne dans une émission télé, dans l'espoir de rendre visible l'invisibilité du syndrome dont je suis atteinte. À peine sortie du plateau, forte de cette expérience et encore dans mes talons rouges, une évidence s'installe. Je n'en resterai pas là. Dans le train du retour, Je rejoins à la fois ma maison et mon nouveau combat. Offrir un espace de parole au travers d'un podcast, aux personnes qui composent, bien souvent en silence, avec des maladies invisibles, et avec les regards de sociétés qui ne croient que ce qu'elles voient, deux réalités plus souvent subies que choisies. Aujourd'hui, loin de mes talons rouges et au plus proche de l'engagement, l'évidence s'étend. C'est à l'invisible au pluriel que je vous invite. Ceux qui dans la chair... L'esprit et les sociétés se vivent, sans pour autant faire de bruit. Si comme le dit Antoine de Saint-Exupéry, l'essentiel est invisible pour les yeux, ici, on compte bien le faire entendre. Bonne écoute !

  • Speaker #1

    Passé de je me trouve incroyable à je ne mérite pas de vivre est un schéma de pensée peu toléré dans nos sociétés où l'on valorise la maîtrise émotionnelle et la stabilité. Mais que se passe-t-il quand on vit avec des émotions très intenses, des up and down, dans un monde qui stigmatise l'instabilité ? À ses 18 ans, alors que son amoureux du Brésil vient d'emménager chez elle à Bruxelles, Fiona prend conscience d'une réalité particulièrement anxiogène. Je ne pourrais jamais rompre avec lui maintenant qu'il a quitté le Brésil pour vivre avec moi. Ce sentiment d'enfermement déclenche chez elle une avalanche de troubles psychiques, comme un trouble anxieux généralisé et un toque du couple, qui la pousse sans cesse à se demander suis-je avec la bonne personne ? Ce n'est pourtant qu'à 28 ans, lorsqu'elle se rend pour un diagnostic de TDAH, que Fiona découvre une toute autre réalité. Elle vit avec un trouble de la personnalité borderline. Multipotentiel, couteau suisse, touche à tout, Fiona voit les entretiens d'embauche comme des dates et les CDI lui font peur en amour. Pourtant, elle rêverait d'une pilule magique qui lui permette d'aimer une seule et unique personne jusqu'à la fin de ses jours. Dans cet épisode, Fiona nous livre le témoignage qu'elle aurait aimé entendre il y a dix ans. Forte d'exemples concrets, elle nous livre les outils qui lui permettent de réguler son système nerveux au quotidien pour se sentir en sécurité et mieux gérer cette intensité émotionnelle.

  • Speaker #2

    Hello Fiona !

  • Speaker #3

    Salut Tamara !

  • Speaker #2

    Je suis ravie de te recevoir aujourd'hui dans le podcast Les Invisibles et comment tu vas aujourd'hui ?

  • Speaker #3

    Écoute, déjà merci beaucoup, je suis très contente d'être là, donc merci à toi de me recevoir, c'est un réel plaisir. Comment je me sens aujourd'hui ? Je dirais que ça va, mais que ça reste pas évident. Je suis dans une période un peu transitoire dans ma vie où je change de travail le mois prochain et j'ai décidé de m'octroyer ce temps-là pour vraiment prendre le temps, prendre le temps de me reposer, prendre le temps de lâcher prise et prendre le temps d'accepter toute émotion qui... voudrait venir, voudrait toquer à ma porte, comme on peut dire, et de vraiment l'accueillir. Et ce n'est pas facile, il y a des symptômes difficiles qui sont là, des émotions qui émergent, et c'est rude, et en même temps j'ai l'intime conviction et l'espoir que c'est nécessaire pour continuer dans mon chemin de guérison et de rétablissement. Donc ça me convient parfaitement comme tel, et comme je disais, je suis très contente d'être là. Et toi Tamara, comment ça va ?

  • Speaker #2

    Écoute, moi j'expérimente ce matin la mauvaise humeur. C'est une sensation que j'ai découvert en tombant enceinte. J'avais jamais été de mauvaise humeur avant. Alors attends, je suis loin pas parfaite, j'ai été 500 fois en colère, triste, dans l'anxiété. Mais de mauvaise humeur, pas vraiment. Et je sais pas quel bouleversement hormonal il y a eu avec la grossesse, l'allaitement. Mais depuis, il y a peut-être eu 5-6 matins où je me suis réveillée de mauvaise humeur. Alors j'en parlais l'autre jour à ma psy et je disais non mais j'y ai... Un truc en plus, maintenant j'ai la mauvaise humeur, sérieux. Et elle me disait, mais quelque part c'est plutôt chouette, parce que c'est une humeur qui n'est pas forcément quelque chose de hyper puissant, comme la colère, l'anxiété ou la tristesse qui des fois vient vraiment t'accaparer. La mauvaise humeur, c'est un peu une humeur plus lambda, que tout le monde expérimente comme ça dans son quotidien. Et c'était intéressant de voir ça sous cet angle-là, en fait. Tout d'un coup, c'était une chose de plus à expérimenter, mais qui était peut-être... un peu moins forte et un peu moins violente. J'aimais bien, en tout cas, moi, ça m'a fait du bien d'entendre ça.

  • Speaker #3

    Tu m'étonnes. Et puis, surtout, comme toujours, c'est OK, en fait. Quelque seule émotion, c'est OK et c'est temporaire.

  • Speaker #2

    C'est clair. Après, on doit se le rappeler très, très souvent, le c'est OK Mais je suis tout à fait d'accord. Et tu entendras, j'ai un peu perdu ma voix, mais je suis là, avec joie, avec toi.

  • Speaker #3

    Merci beaucoup.

  • Speaker #2

    Alors, toi, tu as eu envie de témoigner dans ce podcast. Et je me demandais quelles étaient vraiment les motivations. à offrir ton témoignage.

  • Speaker #3

    Oui, donc, j'ai l'impression d'être passée par des difficultés, des difficultés assez extrêmes en termes de symptômes, en rapport avec le trouble de la personnalité borderline, notamment, mais pas que. D'autres troubles également desquels j'ai été concernée, et encore concernée aujourd'hui. Et il y a vraiment une envie, en fait, de transmettre. Dans le sens où, lorsque j'en ai des frissons, comme à chaque fois que je transmets quelque chose, J'ai vraiment vécu des difficultés horribles, notamment il y a une dizaine d'années. Et lorsque j'ai cherché des témoignages pour me sentir moins seule sur Google, je trouvais vraiment très peu. Et c'était d'autant plus difficile de me sentir si seule et incomprise malgré mon entourage qui était présent. Et du coup, j'aime bien être aujourd'hui incarnée, ce que j'aurais aimé recevoir il y a dix ans, et pouvoir transmettre tout mon savoir expérientiel comme j'aurais aimé. avoir du contenu similaire, en fait, il y a une dizaine d'années. Et donc, c'est vraiment dans cette envie de, je dirais, de booster, de guider et de donner des clés pour aider des personnes qui passeraient par des symptômes similaires à ce que j'ai pu vivre et vivre encore aujourd'hui.

  • Speaker #2

    Ça fait quand même plaisir de voir, entre guillemets, le changement qu'il y a eu en dix ans, parce que je pense qu'aujourd'hui, si tu taperais Troupe de la personnalité borderline sur Google, j'espère que tu aurais beaucoup plus d'outils qu'il y en avait à l'époque. Est-ce que tu pourrais me dire ce que c'est exactement un trouble de la personnalité ?

  • Speaker #3

    Oui, donc un trouble de la personnalité, il y a plusieurs troubles de la personnalité, il y en a 8 ou 9 si je me rappelle bien, et il y a du coup le trouble de la personnalité borderline, qui est un trouble qui se manifeste non pas comme d'autres troubles neurodéveloppementaux, comme par exemple le trouble autistique ou le TDAH, qui se développe eux plutôt au début de... quand on est, quoi, neurodéveloppemental. Ici, le trouble borderline, c'est plutôt à la fin de l'adolescence, en fait, qui va se manifester. Et de manière globale, si je devais le définir en un mot, ce serait vraiment le mot instabilité, en fait. Il y a vraiment une tendance à l'instabilité dans les schémas de pensée, dans les comportements et ce genre de choses. C'est pour ça qu'on dit que c'est un trouble de la personnalité et pas un trouble de l'humeur, comme le trouble bipolaire, par exemple. Donc, c'est un trouble de la personnalité. Et donc, en fait, afin d'être diagnostiqué de ce trouble, par un psychiatre ou une psychiatre, il faut ressentir cinq symptômes parmi neuf qui sont proposés dans ce trouble. Et donc ces symptômes, en fait, c'est majoritairement beaucoup d'instabilité, du coup par exemple dans les comportements, dans les relations sociales. Donc ça va être par exemple avoir une tendance à idéaliser l'autre et puis très rapidement dévaloriser l'autre personne à quelques heures d'intervalle. Ça va être des changements d'humeur. Donc pareil, à quelques heures d'intervalle, je peux me sentir incroyablement bien. Vraiment, la vie est belle, la vie est parfaite. Et puis, il suffit que j'entende une petite critique à mon égard. J'en sais rien, ma meilleure amie qui me dit que parfois je suis un peu pot de colle, j'en sais rien. Et là, mon monde s'écroule et finalement, ça ne va plus du tout, par exemple. Donc de manière globale, c'est vraiment une tendance à pouvoir être très up et puis ensuite très down très facilement. Donc on va avoir aussi un changement d'image, d'identité, donc me trouver incroyable, et puis ensuite avoir la sensation que je ne mérite pas d'exister. Ça peut être aussi des crises de colère très très fortes, donc il y a une difficulté à réguler ces émotions. On a tendance à avoir des émotions qui sont vraiment extrêmes et avoir du coup une difficulté à les réguler. Et du coup ça peut aller jusqu'à, attention trigger warning, de l'automutilation, où en fait parfois les émotions elles sont tellement fortes. que du coup c'est juste une manière de se focaliser sur autre chose et ou même de se punir aussi, se punir d'exister. Et ça peut aller du coup jusqu'à des tentatives de suicide. tellement en fait, c'est pas tant que ça pour mourir, c'est vraiment plus pour arrêter de sentir des émotions aussi fortes. Parmi les autres symptômes, on a aussi une sensation de vide, donc on va se sentir comme incomplet, incomplète. On a la sensation qu'il nous manque toujours quelque chose, ce qui nous amène aux symptômes suivants, qui sont des comportements impulsifs. Donc là, il va y avoir vraiment cette envie de ressentir des choses, puisqu'on peut avoir l'impression de ne pas ressentir des choses de façon... normal et donc il va y avoir envie d'avoir des addictions, d'avoir une conduite automobile assez forte, ou tout type d'addiction pour ressentir vraiment l'adrénaline, pour ressentir qu'on vit. Et aussi un des autres symptômes par lequel moi je suis particulièrement concernée, normalement c'est que dans des cas de stress vraiment intense, on peut être face à de la dissociation. Donc la dissociation, c'est le principe de sentir en dehors de son corps et ou en dehors de la réalité. C'est un symptôme qui est là pour nous protéger. Quand les émotions sont tellement, tellement, tellement, tellement intenses, notre cerveau, notre système nerveux plus spécifiquement, peut avoir tendance à se mettre en dissociation pour se protéger de ces émotions. Et on peut également faire face à de la paranoïa, qui ont mis le symptôme ensemble dans le DSM-5. Donc ça fait un bon lot, beaucoup, beaucoup, beaucoup de symptômes. qui sont tous les uns les autres vraiment très intenses, très dures. Et c'est vrai qu'une des questions qu'on me pose souvent, mais c'est hormis peut-être la dissociation, c'est mais qu'est-ce qui change en fait par rapport à quelqu'un d'autre ? Parce que tout le monde est sujet à des changements d'humeur, tout le monde est sujet, j'ai oublié de le préciser, ce symptôme-là, au sentiment d'abandon aussi. Beaucoup de personnes ont tendance à avoir des crises de colère, un sentiment d'abandon, la dépendance affective, les changements d'humeur. Et ce qui va vraiment faire la différence en fait, c'est l'intensité. Et aussi l'instabilité dans le sens où ce sont des changements d'humeur, comme je disais par exemple, à quelques heures d'écart. Donc là actuellement je suis célibataire, mais quand j'étais en couple, je pouvais me dire mon copain est incroyable, et puis quelques heures après, remettre en question ma relation de couple, parce qu'il n'avait pas rangé ses chaussettes comme il fallait.

  • Speaker #2

    C'est hyper intéressant ce que tu racontes, et je trouve hyper explicite, parce que tu donnes des exemples très concrets. Donc je pense que n'importe qui va forcément se reconnaître un bout, sans s'autodiagnostiquer forcément, mais se reconnaître un bout en effet. Et je pense que c'est important de rappeler que c'est l'intensité, comme tu dis, des symptômes qui va créer le diagnostic, générer le diagnostic. Moi, j'ai une question qui m'a traversé l'esprit, là, en t'entendant, je me suis dit, mais est-ce qu'on ne vit pas dans une société qui peut rendre plus borderline ? Je m'explique, parce que par exemple, aujourd'hui, on sait que le fait de ne... rien faire, d'être dans le vide, c'est quelque chose qui n'est absolument pas valorisé de manière générale. Donc la majorité des gens, quand elles n'ont pas, les personnes quand elles n'ont pas leur agenda complet et puis qu'elles se retrouvent tout d'un coup à être chez elles, sur leur canapé, à rien avoir à faire entre guillemets, peuvent très vite ressentir un sentiment d'anxiété et avoir envie de tout faire péter pour redonner un petit peu de stimulation là dedans parce qu'on peut se sentir seul ou... Voilà donc je me pose tout d'un coup cette question est ce que aussi dans ce que le monde aujourd'hui propose, toujours plus de sensations fortes, plus d'intensité, c'est-à-dire que l'être humain maintenant il est en sécurité de manière assez générale chez nous, je mets mille guillemets en disant ça, mais voilà on a un toit sur la tête, la plupart, on mange à notre faim, la plupart, non c'est pas la plupart en fait, c'est peut-être l'inverse même, la minorité, mais nous par exemple c'est notre cas, on a cette Ausha, et, excuse-moi pour cette voix qui part, et en fait je me dis, Du coup, on est dans un monde qui nous propulse à toujours vivre plus d'intensité parce que la sécurité, on l'a à peu près chez nous. Donc, allez, go, il faut aller faire des trucs qui donnent des grosses sensations fortes. Donc voilà, en t'écoutant, tout d'un coup, j'ai fait un peu un parallèle avec le monde d'aujourd'hui.

  • Speaker #3

    C'est une bonne question. Évidemment, je réfléchissais pendant que tu parlais. C'est très intéressant. Donc, merci à toi. Je ne sais pas. Tout ce qui est sensations de vide, je pense oui, ça me faisait penser, ça me faisait écho à une vidéo que je regardais hier en rapport avec Tinder et sur comment on pouvait être tenté de toujours vouloir revenir sur Tinder avec cette envie de peut-être il y a mieux pour moi. Et donc on n'est jamais satisfait de ce qu'on a. Donc ça, ça me parle pour le côté vide, pour le côté addiction. Mais après, pour le reste des symptômes, je pense que ces symptômes, ils sont quand même... Les changements d'humeur, ils sont quand même bien réels. Donc je pense que c'est quand même là. Mais je pense que c'est d'autant plus dur par contre quand on souffre du trouble borderline, qui d'ailleurs en tant que tel n'est qu'une étiquette, un diagnostic ça aide pour déculpabiliser. Mais moi j'aime, parce que des fois j'ai peur, je me dis mon dieu je souffre d'un trouble mental, je me répète ça en boucle, puis ensuite je me rappelle qu'en fait non c'est juste un diagnostic et que derrière ce qui importe c'est des symptômes. Et je pense que c'est dur des fois de vivre surtout avec ces symptômes dans une société où même si ça commence à aller un petit peu mieux. mais on vit quand même dans une société où les émotions, ça reste encore fort tabou, surtout, où il y a encore beaucoup de personnes qui pensent que quand on est au travail, on est censé être robotisé et mettre nos émotions de côté, où les émotions et pleurer, c'est mal, où on n'aime pas l'hypersensibilité. Et donc là, il y a un décalage pas possible entre les personnes qui souffrent d'un trouble borderline et qui ont donc des émotions extrêmement extrêmes et instables, lui est-ce une partie du monde qui est un petit peu robotisée ? Et c'est là où le trouble borderline va du coup être très stigmatisé, en fait, de par ses difficultés émotionnelles. Et donc, on peut faire face, quand on a un trouble borderline, à beaucoup d'invalidation des émotions, qui va ne faire que renforcer, du coup, nos émotions, parce qu'on ne se sent pas écouté, pas entendu. Et donc, ça augmente encore plus nos émotions. Et il y a vraiment cette sensation de non-mérite d'exister, à cause de tout ça. Personnellement, j'ai vraiment vécu avec ça pendant des années. C'était... Je ne mérite pas de vivre, je suis une atroce personne qui fait des atroces choses, qui n'arrive pas à gérer sa colère, qui n'arrive pas à faire autrement et qui est affreuse en fait. Ça c'était très dur. Donc il y a un peu de tout ça je dirais.

  • Speaker #2

    Ouais merci. Tu parlais avant du fait que tu changeais de travail. Et là tu viens de nommer la robotisation au travail. Et tout d'un coup je me dis, est-ce que tu étais justement dans un travail ou un domaine où tu te sentais robotisée ou pas ?

  • Speaker #3

    Alors non, je travaille, je travaillais, je travaille encore pour quelques semaines dans le secteur des jeux de société. Je travaille actuellement dans une société qui propose, qui distribue des jeux de société aux boutiques et je m'occupe de tout ce qui est marketing. Donc clairement, il y a un côté fun et c'est chouette et c'est dur d'ailleurs de quitter ce milieu-là parce que je sais que je suis fan. Mais c'est vrai que j'ai pu sentir des difficultés avec certains collègues. Je pense que je suis quand même assez exigeante et que j'ai des attentes, des attentes sur le besoin, l'envie, qu'on puisse se demander avec nos collègues comment on se sent et pas juste ça va, ça va et toi et parler de la pluie et du beau temps, que c'est important pour moi de partager les émotions, d'avoir des réels moments de qualité aussi et d'avoir des discussions profondes. Je n'arrive pas à les discussions superficielles. Et donc, j'ai souvent senti de plus en plus depuis que je suis dans la santé mentale, dans Border Attitude avec le Troupe de la personnalité Borderline, Depuis l'annonce du diagnostic aussi au travail, j'ai vraiment senti une différence avec certains de mes collègues. Et j'ai surpris aussi des collègues qui parlaient dans mon dos. Donc ça, ça n'a pas été OK. J'ai gueulé, je n'ai pas su faire autrement. J'ai pété un câble. Et j'ai vraiment pu... Je ne vais pas dire qu'ils étaient horribles. Je pense qu'ils étaient tous très bienveillants. Mais je sentais de plus en plus un décalage. Et mes besoins ont évolué. Et j'avais besoin d'être dans une société où on parle de façon vraiment authentique.

  • Speaker #2

    Et c'est ce qui t'annonce pour toi, du coup ?

  • Speaker #3

    Et du coup, dans mon nouveau travail, où je stresse un petit peu, mais je suis toute excitée, c'est en gros une société qui propose des formations en rapport avec le bien-être au travail. Donc oui, ça me correspond beaucoup. Et mon travail sera assez multitasking, avec du coup, marketing, communication, mais également... du support en termes de création de contenu pédagogique, en support des formations, et également mon travail aimerait bien que je devienne formatrice. Donc l'idée ce serait de donner des formations à long terme, et sachant que parmi nos clients on a tout ce qui est Parlement européen, institutions européennes. Donc oui, ce n'est pas rien, c'est très stressant, mais je suis très très très très contente.

  • Speaker #2

    Ah magnifique, je suis contente pour toi aussi.

  • Speaker #3

    Merci.

  • Speaker #2

    Du coup, tu parlais du diagnostic que tu as annoncé au travail. Ce diagnostic-là, toi, il est arrivé quand dans ta vie ?

  • Speaker #3

    Oui, donc ce diagnostic, il est arrivé l'an passé, c'est-à-dire quand j'avais 28 ans, en avril 2023. Donc de base, en fait, ça faisait 10 ans déjà que je sentais qu'il y avait des gros problèmes. Et je me sentais concernée par le TDAH de base, le trouble du déficit d'attention avec hyperactivité, parce que j'avais des symptômes, je reconnaissais quand même beaucoup de symptômes que j'avais, difficulté à se concentrer, besoin de bouger surtout. difficulté après une heure de réunion à rester assise, le besoin de faire autre chose, il y avait vraiment des grosses difficultés. Et donc, ça faisait déjà dix ans comme je disais que je sentais qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas, et je ne trouvais pas réponse à mes maux, on va dire, maux, m-a-u-x. Et donc du coup, j'ai décidé de plein gré d'aller voir une neuropsychologue pour effectuer un diagnostic TDAH. Et c'est avec elle en fait, après avoir eu, on s'est vu pendant je dirais cinq, six séances, Elle m'a fait répondre à certaines questions. Et à la fin, c'est elle qui a établi l'hypothèse du trouble borderline, qui a ensuite été validée par un psychiatre quelques semaines plus tard.

  • Speaker #2

    Ça a été comment de le recevoir ?

  • Speaker #3

    Alors, ça s'est fait en deux temps. Parce qu'elle m'a d'abord émis l'hypothèse en mars, mais elle a dit qu'elle avait besoin d'en parler avec ses collègues. Et ensuite, c'est moi qui lui ai dit Ah, mais je viens d'écouter justement un épisode de podcast à ce sujet, je vais vous le partager. Ce n'était pas le tien, c'était un...

  • Speaker #2

    Je suis très déçue.

  • Speaker #3

    et donc c'était très bizarre en fait pour être honnête je ne me rappelle pas bien de cette période là de ma vie je pense que ça a été tellement dur de nouveau ce côté j'ai un trouble mental et en plus un trouble mental particulièrement stigmatisé c'est pas rien, j'aurais préféré être diagnostiqué du TDAH pour être honnête ça aurait été plus facile à recevoir ça a été tellement dur que vraiment je me rappelle peu Je sais que mon copain de l'époque, avec qui j'ai rompu depuis, m'avait dit quelque chose du style que tu aies ce trouble ou pas, je t'aimerai toujours Donc ça, c'était quelque chose qui m'avait rassurée. Mais sinon, beaucoup de mes amis essaient de me rassurer en me disant c'est pas grave, ça change rien à ta personne Surtout que les symptômes datent surtout d'avant, parce que c'est vrai que j'ai été diagnostiquée, mais les symptômes, c'était surtout quand j'avais de 18 à 23 ans, donc c'était déjà moins grave. Donc mes proches ont essayé, je pense, de faire comme ils ont pu, mais je crois que ça m'a pris un an. Je crois que tout doucement, maintenant, un an plus tard, je me rends vraiment compte de ce qui se passe, pour être honnête.

  • Speaker #2

    Quand tu dis que tu t'en souviens pas vraiment, justement, est-ce que tu étais à ce moment-là dans un état dissocié ?

  • Speaker #3

    Ouais, donc déjà, je vis de la dissociation depuis dix ans, de façon plus ou moins chronique, à petite échelle, dans le sens où j'appelle ça du figement fonctionnel. Donc ça veut dire que je suis tout à fait apte à travailler, je suis quelqu'un de très très actif, qui fait beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup de choses. Mais en même temps, j'ai une dissociation par rapport à la réalité permanente. Donc, c'est de la déréalisation pour me protéger. Je reviendrai peut-être plus en détail après, mais par rapport à une peur extrême de ce qui se passe après la mort de base. Et du coup, vivre est traumatisant pour moi. Ça commence à l'être moins, mais avec cette peur chronique de mourir en sortant de chez moi au coin de la rue. Et donc, il y a une déréalisation qui s'est mise en place de façon constante pour me protéger, en fait. dans le cas où je mourrais là maintenant tout de suite. Et du coup, quand il y a eu le diagnostic, je pense que la dissociation a été encore plus forte pour vraiment me protéger. Et puis après, j'ai décidé de prendre la parole sur les réseaux sociaux sous le nom de Border Attitude. Et je pense que là, la dissociation a continué de se mettre en place pour oser en fait. J'avais tellement peur mine de rien du regard des autres, de ce que les gens, ce que j'ai partagé, tous mes amis, tous mes proches, n'importe qui sait que j'ai ce trouble ou peut savoir facilement. Et ça a été vraiment très dur. Je me suis beaucoup demandé ce que les gens pouvaient penser de moi, les gens à qui je ne parle plus, même les gens qui sont encore mes amis sur Facebook et qui tomberaient sur mes posts. Et donc, il y a eu, je pense, cette dissociation qui a continué de se mettre en place pour me protéger et pour oser continuer de faire tout ça. Parce que faire tout ça, pour moi, c'était plus important que ma personne, en fait. En se protégeant, bien sûr, attention à ma santé mentale, bien sûr, mais voilà, c'était très important pour moi.

  • Speaker #2

    Est-ce que quand tu es dans ces phases-là, est-ce que tu as l'envie ? de sortir de cette dissociation ou pas ?

  • Speaker #3

    Alors, il y a une part de moi qui, bien sûr, en a envie. Et ce qui est assez paradoxal, c'est qu'il y a une autre part de moi qui a peur parce que ça pourrait être beaucoup trop. La dissociation, c'est vraiment le symptôme à ne pas prendre à la légère. Si la dissociation, elle est là, je continue d'avoir des frissons de partout, c'est à chaque fois que je suis authentique. Si la dissociation, elle est là, elle est là pour nous protéger de quelque chose. Et c'est comme en thérapie psycho-corporelle où on va essayer de libérer les traumas. C'est hyper important d'y aller vraiment très, très, très tranquillement. Parce que si on enlève, entre guillemets, en un coup la dissociation, en tout cas dans mon cas, ça peut être dévastateur et ça peut être d'autant plus traumatisant. Donc l'idée, c'est vraiment, mais vraiment, vraiment d'y aller petit à petit. Et je suis exactement là-dedans en ce moment.

  • Speaker #2

    D'accord. Il y a des gens qui t'y accompagnent ?

  • Speaker #3

    Oui. Actuellement, je suis deux thérapies en parallèle. D'un côté, je fais de la somatic experiencing. C'est une thérapie psychocorporelle dans le but de libérer les traumas, qui va plutôt s'axer sur l'instant présent, et où le thérapeute me demande, on choisit en général un sujet, et il va me demander par rapport à ce sujet comment je me sens dans mon corps. Et l'idée, c'est de comprendre ce qui se passe dans mon corps. surtout au niveau de mon système nerveux, et de voir comment c'est possible de libérer des traumas et apprendre à mon système nerveux d'être plus régulé pour se sentir plus en sécurité. Et donc plus évidemment je me sens en sécurité, plus je pourrais sortir de la dissociation, dans l'idée du coup d'ouvrir cette fenêtre, j'ai oublié le mot, c'est pas grave, par rapport à la théorie polyvagale. Et de l'autre côté du coup je vois une autre thérapeute qui est formée à l'IFS et à l'EMDR. Donc le MDR, ce sont toutes les deux déjà des thérapies psychocorporelles dans l'idée de libérer les traumas. Donc le MDR, on va aller revisiter des traumas du passé, petit à petit, pour essayer d'enlever la charge émotionnelle qui est reliée à ces traumas. Et l'IFS, donc Internal Family System, si je me rappelle bien, là ici l'idée c'est d'aller voir quelles sont les parts émotionnelles qui ressurgissent dans mon présent pour leur laisser leur place. C'est comme ça qu'en tout cas, moi, je l'interprète.

  • Speaker #2

    L'IFS aussi, c'est le fait de voir qu'on a une famille mentale, non ? Oui. Et qu'il y a chacun qui a un rôle, qui discute. Enfin, il y a plein de parties de nous-mêmes qui discutent ensemble toute la journée. Elles sont des fois en friction, en contradiction. Et l'idée, c'est un peu de les harmoniser, non ? De les amener à aller dans une direction un peu plus harmonieuse.

  • Speaker #3

    Oui, il y a une forme d'équilibre. Donc, il y a plusieurs... Ils les appellent... Je sais qu'il y a les pompiers. Il y a les exilés et les managers. Les pompiers, les managers et les exilés, exactement. Quel travail d'équipe. Et donc, les exilés, c'est ceux évidemment qui sont complètement exilés, si je me rappelle bien. Et donc, l'idée, c'est de leur laisser leur place, je crois. Il y a les pompiers qui arrivent en réaction. Et puis, il y a les managers. Eux, ça, c'est pour la vie de tous les jours. Et l'idée, c'est de laisser... Parce qu'en fait, ce qu'on a tendance à faire avec les émotions de manière globale, c'est que quand une émotion arrive, comme elle est désagréable, parfois, on ne veut pas ce genre d'émotion. et on a tendance à la rejeter. Sauf qu'en fait, c'est les rejeter qui est le plus dur, et ça va faire que l'émotion va faire que toquer et toquer et toquer encore à la porte, parce qu'elle ne demande qu'une seule chose, c'est d'être accueillie et qu'on lui laisse sa place. Et donc l'idée dans l'IFS, ce serait donc de laisser la place aux parts émotionnelles du passé, donc j'en sais rien, moi, à la petite moi de 8 ans, qui s'est sentie très triste parce que, j'en sais rien, quelqu'un de la famille lui aurait mal parlé selon elle, ce serait de laisser sa place pour le dire. Tout est OK maintenant, tout est sous contrôle. Moi, Fiona, adulte, je suis là pour toi et tu as ta place ici. Si tu ressens le besoin de pleurer, je t'en prie et tout est OK.

  • Speaker #2

    Et est-ce que tu as travaillé sur justement ta peur de l'après-mort ?

  • Speaker #3

    Alors oui, beaucoup déjà. Oui, donc en fait, je me suis rendu compte, je pense, qu'en fait, cette peur est arrivée quand j'étais assez enfant. sans raison, je dirais pas valable parce que tout est valable, mais sans raison, j'ai pas eu de décès, il y a pas eu de décès dans la famille, il y a rien eu de spécial, mais en attendant j'ai commencé à mon avis à me rendre compte de façon assez précoce par rapport aux autres enfants que je me demandais ce qui se passait après la mort. Et je pense, et ce qu'on a vu avec mon thérapeute, que ce que j'espérais c'était d'en fait être rassurée de mes parents. Et ce n'est pas forcément arrivé parce que, tout simplement, mes parents sont des personnes qui avaient peut-être à cette époque du mal à partager leurs émotions et à être rassurants, en tout cas rassurants comme je l'espérais. Et donc, je les comprends tout à fait et c'est tout à fait OK. Et donc, malheureusement, la peur de l'après-mort n'a fait que continuer de grandir. Donc, comment je percevais cette peur ? Comment je percevais l'après-mort ? Je le percevais comme un sas, un sas où je suis seule. pour toujours, dans le noir, et où techniquement je vis en fait encore, mais je suis seule, et il n'y a pas de stimulation, et je m'imagine un peu recroquevillée, un peu comme dans le ventre de ma mère, sauf que je suis juste dans le noir, dans les quatre dimensions, il n'y a rien, je ne touche rien, et juste je suis recroquevillée, et il ne se passe rien pour toujours. Donc ça c'est comme ça que je percevais, et en fait cette peur n'a fait que continuer de grandir, grandir, grandir, et même si tout le monde me disait mais tu ne mourras pas aujourd'hui, ce sera pour plus tard moi je disais mais ça ne change rien, ça va arriver et le fait que ça arrive, ça ne va pas. Ça ne va pas, ça ne va pas pour moi. Je crois que ce qui était le plus dur c'était que quand j'en parlais, peu de gens comprenaient mon ressenti et ça c'était encore plus dur parce que du coup je ne comprenais pas comment les gens pouvaient vivre tranquillement sur terre alors que moi j'étais parasité par cette peur.

  • Speaker #0

    Et donc, elle n'a fait que grandir, grandir, grandir, grandir. Et là, ça fait que depuis peu de temps, en fait, j'arrive à mieux la gérer, je dirais, grâce à deux choses. Je pense que cette peur, déjà, c'était un trauma, un trauma qui était du coup irrationnel, parce que finalement, a priori, ceci, ce que je viens d'illustrer comme image, il y a peu de chances que ça arrive. Je trouve d'ailleurs, je ne serais même pas seule le jour où je mourrais. On ne sait pas ce qui se passe après la mort, donc je ne sais pas. Donc ça a été le fait, donc il y a trois choses, le fait de me rendre compte que ceci était une peur et un trauma irrationnel. La deuxième chose, ça a été le fait d'apprendre à m'aimer vraiment de façon inconditionnelle. Et du coup, à me rendre compte que techniquement, je ne suis jamais seule parce que je suis avec moi et que je m'aime. Et que la petite moi de quand j'avais cinq ans, moi je suis avec elle maintenant et je suis là pour la rassurer. Et que si en effet, je suis seule pour toujours quand je serai morte, c'est ok parce que ma compagnie est quand même assez chouette finalement. En tout cas, moi, je m'aime bien, donc c'est cool. Et la troisième chose, c'est parce qu'en fait, je me suis rendu compte que j'avais besoin de sens dans ma vie et que du coup, le fait de faire des choses pour aider les gens, moi, ça me fait du bien parce que je me dis, et littéralement, quand j'ai peur de mourir, en me disant, t'imagines si la vie, on me tombe dessus, je me rassure en me disant, Fio, tu fais du mieux que tu peux pour aider les gens. Tu fais du mieux que tu peux avec Border Attitude, avec ce nouveau boulot qui t'attend, en transmettant tout ce que tu peux, tout le savoir, tout ce que tu apprends, tu essaies de le transmettre aux autres. en utilisant la communication non violente et tout ça, donc tu fais du mieux que tu peux pour rendre ce monde meilleur. Et le fait, en fait, de devenir de plus en plus humble et d'arrêter de penser à ma petite personne, mais plutôt de penser à la place, à la communauté, au monde, de faire en sorte que le monde aille mieux, moi, ça m'apaise en me disant que c'est pas si grave si je meurs tant que le monde va mieux. Et il y a vraiment un dévouement très fort derrière faire en sorte que le monde aille mieux. Et moi, ça m'apaise, en fait, par rapport à la mort.

  • Speaker #1

    C'est intéressant parce que... Entre les lignes, c'est comme si j'entendais plus une peur de la solitude qu'une peur de la mort, de l'après-mort. Oui,

  • Speaker #0

    c'est ça. C'est une peur vraiment d'être seule pour toujours. Et c'est ça. Du coup, maintenant, ça va beaucoup mieux. Mais oui, c'est ça. C'était une peur de solitude après l'après-mort. Exactement.

  • Speaker #1

    Moi, je suis assez épatée parce que ton diagnostic, tu l'as eu il y a seulement une année. Et tu en parles avec tellement de recul et de maturité. C'est assez fou. J'avais envie de savoir quelles étaient les habitudes de vie. que tu as mis en place pour mieux gérer ces émotions dans ton quotidien ?

  • Speaker #0

    Oui. Bon, alors là, je reste de monologuer. Donc déjà, c'est peut-être important que je temporalise, si c'est OK pour toi, quand est-ce que le trouble est arrivé, si c'est OK. Donc, le trouble est arrivé quand j'avais 18 ans. Et pour ma part, il est vraiment arrivé du jour au lendemain. Donc, mon ex, mon copain de l'époque, avec qui j'étais en relation à distance, Brésil-Belgique, parce que j'ai vécu au Brésil quelques années, on s'est rencontrés là-bas. Et puis on a décidé que lui vienne du Brésil en Belgique pour moi. Et donc, alors que j'étais très contente que ça se passe, c'est même moi qui l'ai proposé, pour justement ne plus jamais être seule, pour être toute la vie avec quelqu'un. Je l'aimais et c'est ce que je voulais. Il est arrivé et je me suis sentie en fait profondément bloquée. Et ça m'a stressée parce que je me suis dit Mais mon Dieu, maintenant je suis bloquée avec lui, je ne pourrai plus jamais rompre parce qu'il est venu pour moi du Brésil en Belgique. C'est quelque chose qui n'est donc pas possible. Et là, en fait... littéralement tout est arrivé en même temps donc je pense le trouble de stress post-traumatique complexe je pense être concerné par ce trouble aussi de mon enfance parce qu'avec une peur de la mort allant au point où je me giflais la nuit tellement j'avais peur de la mort et que je ne savais pas comment faire et donc je me giflais pour penser à autre chose donc c'est déjà une forme d'automutilation donc tout ceci s'est passé et donc en fait quand mon copain de l'époque est arrivé tout tout tout s'est manifesté en même temps donc tout le trouble de stress post-traumatique complexe le trouble borderline Le toque du couple, on en parle très peu de ce toque, le toque du couple c'est douter de si l'autre est le bon choix, de se demander si peut-être on ne devrait pas plutôt être avec quelqu'un d'autre, remettre en question la relation, juste parce que la personne, comme je disais avec les chaussettes, ne range pas les chaussettes, on se demande subitement si peut-être quelqu'un d'autre ne nous conviendrait pas mieux, et ce genre de choses. Donc le toque du couple c'est vraiment très difficile à vivre, et le trouble anxieux généralisé, donc avec des crises d'angoisse avec sensation. de mort imminente. Du coup, assez horrible pour moi qui ai peur de la mort, j'ai pu un petit peu y faire face entre guillemets avec ces sensations de mort imminente. Donc tout est arrivé littéralement d'un coup en deux semaines, tous les symptômes. Donc ça a fait juste une explosion avec des crises d'angoisse, avec de la distanciation, de la colère, de l'automutilation, enfin bref j'ai été concernée par les neuf symptômes du trouble borderline. Et du coup pendant plusieurs années ça a été de pire en pire, vraiment de pire en pire. A l'époque je faisais des études de pharmacie parce que j'avais envie de devenir pharmacienne et c'était vraiment difficile. En gros ce qui se passait c'était qu'à chaque fois quand j'étais en couple, j'avais le toque du couple qui revenait en me demandant si je devais être avec cette personne ou pas. Et c'était tellement difficile à vivre que du coup à un moment je rompais et quand j'étais célibataire j'étais prise par une dépendance affective. Et donc du coup j'avais ce besoin de me remettre en couple. entre guillemets avec le premier venu. Donc ça, c'était comme ça que ça se faisait. Et puis, c'est vers mes 22 ans, là, je suis passée déjà par des antidépresseurs. Donc j'ai pris des antidépresseurs pendant un an et demi. Ces antidépresseurs, ils m'ont aidée. Vraiment, je ne regrette pas les avoir pris. Je les vois comme une béquille, une béquille qui était nécessaire, parce qu'honnêtement, je n'ai jamais tenté de me suicider, tout simplement parce que j'avais trop peur de l'après-mort, donc ce n'était pas possible. Mais je me sentais profondément coincée dans la vie, puisque vivre était devenu... traumatisant vraiment genre c'était devenu une terreur chaque seconde où je vivais était un supplice parce que je pensais au fait qu'un jour j'allais mourir et du coup j'étais prise par une angoisse constante et c'était juste ignoble jusqu'à ce qu'en plus les crises d'angoisse arrive ensuite dans mon sommeil et là c'était encore pire et donc et donc les antidépresseurs ont été ont été nécessaires pour pour en tant que béquille pour pour survivre en fait tout simplement face à ces symptômes qui étaient vraiment très extrêmes. Mais les antidépresseurs n'ont pas réglé le problème. Je faisais beaucoup de thérapie en parallèle avec des psys spécialisés dans l'anxiété, pas dans le trouble borderline puisque je ne connaissais pas ce trouble à ce moment-là. Mais voilà, les antidépresseurs, oui c'est bien pour diminuer les symptômes, mais mine de rien ça provoque quand même pas mal d'effets secondaires, comme des problèmes de mémoire, de libido aussi. Mais ça ne résout pas le problème de fond et donc pour moi, heureusement j'ai eu la chance de tomber sur un psychète. qui a préconisé le fait de ne prendre les antidépresseurs que pendant un an et demi. Donc le fait d'avoir une deadline, c'est quelque chose qui m'a aidée. Et en effet, je les ai gardés pendant un an et demi. Et ensuite, j'ai diminué petit à petit la dose. Et je n'ai plus jamais pris le médicament depuis, si ce n'est de temps en temps, je prends un petit peu de médicaments à base de plantes, comme par exemple le C-Distress, mais ça reste léger. Mais du coup, la première étape qui m'a vraiment, vraiment, vraiment aidée pour moi, ça a été un bon pied dans le cul, comme on dirait. Ça a été d'arrêter mes études, en fait. J'ai arrêté mes études de pharmacie en troisième année. Mes parents voulaient que je les retrouve. Ils habitaient à Lyon à ce moment-là. Ils voulaient que je vienne les retrouver. Et moi, je ne sais honnêtement pas pourquoi, mais j'ai dit non. Et j'ai dit, je veux rester à Bruxelles et je veux trouver ma place dans les jeux de société. Je suis passionnée des jeux de société. Je veux travailler dans les jeux de société. Et ils ont dit, alors très bien, mais si tu fais ça, tu te débrouilles financièrement. Et en fait, ça pour moi, et je les remercie, ça a été le plus beau cadeau. Parce que le fait de devoir me débrouiller financièrement, thérapeutiquement, là, il m'aidait toujours. Pour le suivi thérapeutique, financièrement, ça, oui. Mais le reste, le fait de devoir payer mon appartement et payer ma vie, je fumais à l'époque, donc mes clopes, ma bouffe et tout ça, j'ai été obligée de me responsabiliser. J'ai eu la chance de trouver, du coup, ce travail en tant que vendeuse dans les jeux de société, dans un magasin de jeux à l'époque. Et j'ai commencé, entre guillemets, on pourrait dire un peu from scratch, de rien. Et j'ai un peu comme gravi les échelons. Et le fait d'avoir un travail, c'est vraiment quelque chose qui m'a responsabilisée, qui m'a fait du bien. J'ai ressenti beaucoup de reconnaissance. Je suis une personne, j'ai besoin de reconnaissance pour vivre, j'ai besoin de me sentir utile. Et là où j'avais l'impression d'être un peu un numéro au moment des études, en fait, ça manquait de cadre. En fait, c'est vraiment ça, j'ai eu un cadre avec un travail. J'étais obligée de me lever le matin. Et même si j'avais 38 de fièvre, idéalement, j'allais quand même au travail parce qu'on comptait sur moi. Et le fait d'avoir tout ça, le fait d'avoir ce cadre, c'est vraiment ça qui m'a fait beaucoup de bien. Donc ça a été la première étape. Et après, ça a été de chercher, en fait, de chercher qu'est-ce qui pourrait me faire du bien. Et ça, ça doit venir de soi, je pense. Ça doit vraiment venir de soi, ce côté où je me dis, bon, maintenant, ça suffit. Entre guillemets, de toute façon, je suis bloquée sur Terre parce que le suicide n'est pas possible. Donc, autant chercher des outils. Je sais qu'à l'époque, ma mère, avant cette période-là, me proposait beaucoup de choses, la cohérence cardiaque, la méditation. Et en fait, je ne voulais pas l'écouter. Donc, pour les proches qui m'entendraient, je sais qu'à quel point, parfois, on a envie d'aider la personne concernée. mais ça doit venir de la personne concernée. Ce n'est pas possible autrement. Et donc, pour moi, tout est venu petit à petit. Je sais qu'une des premières choses, ça a été le sport. Sport qui avait déjà une place importante dans ma vie quand j'étais plus jeune. C'est revenu dans ma vie quand j'avais 24-25 ans. Et maintenant, je fais du sport 4 à 5 fois par semaine. Et là, j'ai un marathon que je prépare pour l'année prochaine. Donc, pour moi, c'est un must. Ça fait tellement de choses. J'ai besoin de bouger. Ça secrète des hormones. On se sent bien dans son corps, tellement de vertus positives, ça met un rythme de vie, un cadre de vie aussi, on se sent fier de soi. Donc le sport. Et puis après, tout ce qui est en rapport avec la respiration. Donc ça a commencé pour ma part par la cohérence cardiaque. Et puis ensuite, j'ai suivi une formation de pleine conscience de huit semaines, donc la méditation. Et maintenant, je fais des séances de brace work. Donc c'est une technique de respiration contrôlée de type hyperventilation où on peut libérer des traumas. Et ça, je pratique tous les jours depuis cinq mois là, une à deux fois par jour. Donc je dirais au total, je dirais 45 minutes comme ça par jour. C'est pareil, non négociable, je sais que j'en ai besoin et ça m'a changé la vie, vraiment life changer, donc trop chouette.

  • Speaker #1

    Mais t'as combien d'heures dans une journée Fiona ? Je suis quelqu'un. Moi j'ai un souvenir que tu travailles à 100%. Oui. Compte c'est ton site internet, t'es en train d'écrire un e-book, tu fais des marathons, tu fais du breastwork deux fois par jour. Moi j'aimerais juste comprendre.

  • Speaker #0

    Alors on dit de moi que je suis quelqu'un de très très efficace. En fait, je sais hyper bien gérer mon temps. Donc, ça veut dire que mon temps est souvent très chronométré, y compris prendre son temps, y compris dans le chronomètre, on va dire ça comme ça. Et donc, j'arrive très bien à pouvoir... On me disait toujours quand j'étais enfant que j'avais une horloge dans l'estomac. Je suis capable de dire parfois l'heure comme ça. Et je sais en fait combien de temps dure chaque chose et j'ai une capacité à faire plusieurs choses à la fois aussi. Donc voilà, j'ai une très très bonne gestion du temps. Donc voilà.

  • Speaker #1

    En tout cas, je l'admire beaucoup parce que là, il est bientôt 10h. Moi, je suis encore en pyjama. Je ne me suis pas lavé les dents. La seule chose que j'ai fait, c'est nourrir ma fille et la déposer à la crèche.

  • Speaker #0

    Mais c'est très bien aussi.

  • Speaker #1

    Elle est debout depuis 6h, donc il y en a eu du temps.

  • Speaker #0

    Et c'est très, très bien aussi.

  • Speaker #1

    Je t'en viens un peu, je t'avoue.

  • Speaker #0

    Merci. Après, j'essaie aussi de me laisser le temps. Parce que parfois, j'étais vraiment à fond. J'étais vraiment efficace, Ça fait aussi du bien, je trouve, de prendre son temps. C'est aussi quelque chose qui est important. Et des fois, littéralement, de ne pas savoir ce que je vais faire. De me laisser plusieurs heures, voire une journée, et de me dire, je ne sais pas ce que je vais faire. Et on verra. Je n'ai pas envie de cadrer toute ma vie. C'est important aussi de laisser de la spontanéité. J'aime beaucoup découvrir, d'ailleurs. J'aime beaucoup les surprises. J'aime beaucoup sortir de ma zone de confort. Je pense qu'un de mes mots d'ordre, c'est le mot oser. C'est toujours ça, c'est toujours oser. Mes amis disent ça de moi. Ils disent, grâce à toi, Fio, j'ai appris à oser. Et ça les aide beaucoup. Donc, ouais.

  • Speaker #1

    C'est beau, ça. Justement, tu semblais dire que l'ennui est un défi majeur pour toi. Comment tu fais pour gérer ces moments ? Tu dis que maintenant, justement, tu as des moments où tu ne sais pas forcément ce que tu vas faire. Donc, probablement qu'il peut y avoir l'ennui qui ne fera pas ta porte. Qu'est-ce que tu en fais ?

  • Speaker #0

    Alors, oui, l'ennui a été pendant très longtemps une problématique dans ma vie. Encore plus l'ennui avec des gens. Là c'est encore pire, parce que là je remettais en question ma relation avec mes proches, en me disant mais pourquoi je suis amie avec cette personne ? Pourquoi je sors avec cette personne alors que je m'ennuie avec cette personne ? Ça me provoquait vraiment des angoisses terribles. Et pourquoi déjà ? Pourquoi ça me provoquait toutes ces angoisses ? Parce que mon système nerveux était tellement dérégulé qu'en fait quand je m'ennuyais, mes pensées parasites, mes pensées intrusives étaient tellement fortes dans mon esprit qu'elles étaient indomptables. Donc déjà la première étape pour faire face à l'ennui, pour pouvoir... gérer, canaliser cet ennui. Pour moi, ça a été de me sentir mieux dans mon corps. Et donc ça, comment j'ai fait, comment je fais au quotidien ? Depuis janvier 2024, là c'est arrêt de l'alcool. Donc je n'ai pas bu une goutte d'alcool depuis presque six mois maintenant. Ça, ça a été pareil, life changer. De nouveau, comme toujours, tout ça, ça se fait petit à petit. Pendant plusieurs années, je faisais le dry january. Et voilà, ça fait dix ans que je me dis que ma consommation d'alcool est un petit peu excessive. Et là, j'ai décidé de passer le pas. pour quelqu'un qui m'écouterait et qui se dirait mais comment elle a fait tout ça ? Tout ça, ça se fait vraiment petit à petit. Mais l'arrêt de l'alcool m'a beaucoup, beaucoup, beaucoup aidée. Et en parallèle de ça, le Bracework, du coup, comme je disais, qui m'a vraiment aidée à pouvoir du coup mieux réguler mon système nerveux et me sentir plus en sécurité dans mon corps. Et du coup, il y a mon chat derrière, je ne sais pas si on l'entend. Pas du tout. Parfait. Elle est en train de monter sur la table. Tout va bien. Et elle se réveille. Et donc du coup, grâce à ça, en étant du coup ainsi mieux dans mon corps, et pouvoir ainsi mieux réguler mon système nerveux. Ça fait que du coup, mes pensées qui arrivent lorsque je m'ennuie, elles sont beaucoup plus gérables parce qu'en fait, mes émotions déjà sont moins intenses. Elles sont beaucoup, beaucoup, beaucoup moins intenses qu'avant mes émotions du fait que mon système nerveux est plus régulé. Ça fait moins... C'était ça dont je parlais tout à l'heure, c'est la fenêtre de tolérance. J'ouvre petit à petit ma fenêtre de tolérance, ce qui fait que du coup, je switch moins dans différents états du système nerveux et donc je me sens plus régulée. plus en sécurité, mes émotions sont plus stables. Et donc du coup, maintenant que je suis face à cet ennui, je suis... j'arrive beaucoup mieux à gérer ces pensées intrusives et donc grâce à ça je peux me sentir beaucoup plus dans l'être et prendre beaucoup plus le temps de me sentir tranquille, de méditer et d'accepter que c'est ok l'ennui et je suis plus prise comme avant par ces angoisses.

  • Speaker #1

    Tu parlais des divers états du système nerveux que tu switchais moins des uns avec les autres. Peut-être que c'est intéressant de rappeler aux auditeurs et auditrices aussi quels sont ces différents états. Moi, là, j'ai en tête l'état de fight or flight, donc de se battre ou de fuir. J'ai en tête l'état de shutdown, donc de vraiment être plus dans la déprime, des sentiments vraiment de vide ou d'abandon, enfin voilà, de tristesse. Et j'ai oublié le troisième.

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui, c'est très intéressant, merci. J'adore ce sujet sur la physiologie, donc merci d'en parler. Donc en effet, ça a rapport avec la théorie polyvagale de Stephen Porches qui... qui date un petit peu, où en effet on a d'abord le premier état, donc dans la vague parasympathique ventrale, donc c'est l'état où on se sent en sécurité, c'est l'état le plus haut, si on pourrait prendre une échelle, c'est l'état où on se sent bien, en sécurité, on est assez enclin, encline à aussi du coup aller dans l'échange, dans le contact social, puisqu'on rappelle que c'est hyper important d'avoir des échanges humains, c'est nécessaire pour notre système nerveux, et d'ailleurs c'est une manière... de réguler son système nerveux, c'est la co-régulation justement, c'est d'être avec d'autres personnes qui ont un système nerveux qui est régulé, qui est dans cet état parasympathique ventral, pour se sentir bien. Et puis ensuite, on a l'état sympathique, donc comme tu le disais si bien, le fight or flight, donc combat ou fuite. Donc dans cet état-là, il y a certaines hormones qui vont être secrétées, l'adrénaline, la noradrénaline et le cortisol. Et donc c'est dans ces états-là que... C'est pour ça qu'en fait, des fois, les gens s'énervent et qu'on ne comprend pas et qu'on se dit mais enfin, cette personne-là ne sait pas gérer sa colère, par exemple En fait, la personne, elle a été ce qu'on appelle être activée par, en général, un de ses souvenirs du passé. Donc, quelque chose va se passer dans le présent qui lui rappelle quelque chose du passé. Et pour la personne, ça va être beaucoup trop. Et donc là, c'est colère. Ça peut être une des réponses de traumatique, une des réponses de survie. C'est la colère pour marquer son territoire. Et en fait... C'est pour ça que c'est ok, en fait, la colère. C'est ok, c'est une manière de se défendre, en fait. Et en effet, parfois, c'est tellement fort, c'est tellement trop d'émotions, c'est tellement d'hormones secrétées que là, en fait, le corps va sécréter une autre hormone qui est l'endorphine, si je me rappelle bien. Et donc, on va switcher encore d'état, du coup, en état parasympathique dorsal, cette fois-ci. Et là, il y a deux réponses traumatiques. Il y a soit celle que tu disais, à savoir, du coup, le freeze, donc le moment où, du coup, là...

  • Speaker #1

    Le freeze, on n'ose plus bouger, en fait. Oui,

  • Speaker #0

    c'est exactement ça. Comme les animaux, d'ailleurs. Les animaux aussi, c'est des animaux qui font le mort. Donc, ils font le mort parfois pour se protéger, pour attendre que le tigre s'en aille. Et là, hop, ils courront pour se protéger. Mais il y a encore une autre réponse traumatique dont on parle peu, qui s'appelle le Fawn, F-A-W-N en anglais. Il n'y a pas de mot en français qui a été traduit actuellement. Et ça, c'est le principe du people pleasing. Donc, c'est le fait qu'en fait, c'est aussi un dérèglement où on va être en shutdown. Mais en fait, on va avoir tendance à dire oui à tout, oui à l'autre personne, parce qu'on veut éviter le conflit. On préfère qu'il n'y ait pas de conflit. Et donc, on suit en fait. On dit oui à tout, comme ça, pas de problème.

  • Speaker #1

    Et le people pleasing, en dehors de dire oui à tout, c'est vraiment aussi ne pas oser mettre sa limite face à l'autre. C'est quelque chose que j'essaie d'observer beaucoup chez moi, notamment parce que je sais que je suis énormément là-dedans, de moins en moins, heureusement. Mais vraiment, ce truc où tout d'un coup, on va... me lancer une pique ou me dire quelque chose qui va me déranger, parce que peut-être ça va réveiller un trauma, certes, mais là où j'aurais besoin de dire, mais en fait, moi, je ne suis pas OK avec le fait que tu viennes dire ça, maintenant ou jamais, d'ailleurs. Ça, c'est quelque chose auquel j'ai beaucoup de mal, parce que dans le trauma, j'ai peur ensuite d'être abandonnée ou encore pire pour moi, oubliée.

  • Speaker #0

    Oui, je comprends tout à fait. Alors qu'en fait, mais c'est super dur à faire, en osant prendre, moi, j'aime bien cette idée de prendre sa place. Donc, attends, je vais juste... descendre mon chat parce qu'elle est remontée voilà tout va bien en fait en osant moi je me suis rendu compte que j'étais beaucoup concerné par cette histoire de prendre sa place et de me sentir considéré c'est vraiment très important pour moi de me sentir considéré de sentir que j'ai le droit à ma place mais en fait un peu comme tu disais de se dire de doser dire c'est c'est pas ok en fait pour moi en utilisant la communication non violente donc du coup le principe vraiment de dire quand ceci se passe c'est neutre un sans jugement je me sens comme cela Or, mon besoin est ceci, serait-ce possible de, donc formuler une demande claire et qui est évidemment négociable, que l'autre personne peut refuser, et bien c'est une manière de partager ses besoins, déjà c'est trop cool de partager ses besoins, de fixer ses limites, et d'oser du coup prendre sa place. Et j'aime me dire que du coup, moi j'aime bien cette expression, j'aime me dire que si l'autre personne n'est pas prête à l'entendre, que la personne veut un compromis, c'est ok, bien sûr, on est là pour discuter, c'est ok, on va trouver notre juste compromis. Mais si la personne... invalide mes émotions et me dit c'est quoi ton problème ? Et des émotions moins fortes ou le truc horrible. En fait, moi, je me dis bon débarras. Bon débarras dans le sens où je ne veux plus de comportements toxiques, malsains, d'invalidation des émotions dans ma vie. Et j'ose fixer mes limites, partager mes besoins. Et si ce n'est pas accepté, eh bien tant pis en fait.

  • Speaker #1

    C'est intéressant ce que tu dis, le bon débarras. Alors évidemment, on peut continuer à avoir une relation si on le souhaite, mais en tout cas... Moi, c'est ce que je vis aussi actuellement, sauf pour des relations évidemment très fortes où je me dis, là, on va avoir une bonne métacommunication là autour. Mais des personnes où ce n'est pas forcément le cas, je me dis, OK, en fait, tant pis, je lâche et je ne recontacterai pas cette personne-là. Mais c'est vrai que peut-être juste rappeler quand même que quand on est dans le freezing, ce n'est pas forcément évident de reformuler, de poser ses limites. Donc, nous, on en parle là comme ça, mais c'est un travail de longue haleine. Moi, je sais que quand je suis figée, il n'y a rien qui sort. Et c'est après, quand je rentre chez moi, que j'ai tous les scénarios de ce que j'aurais pu dire à la personne. Mais c'est beaucoup plus difficile sur le moment. Donc voilà, on n'est pas non plus des extra-communicatifs tout le temps. Des fois, c'est difficile pour nous aussi. Et donc voilà, c'est un chemin. Et c'est un chemin. J'ai vraiment une voix de grosse fumeuse. Mais c'est intéressant d'être accompagnée là-dedans. Est-ce que toi, tu disais...

  • Speaker #0

    Pardon. C'est juste que j'allais dire que oui, que le mot qui me vient quand tu dis tout ça, c'est vraiment le mot exposition, qui est le mot clé en effet de la TCC, thérapie cognitive et comportementale, où l'idée en fait c'est ça, c'est d'y aller petit à petit, moi j'adore ce mot, c'est step by step, d'essayer en fait de sortir de sa zone de confort. Au début, ça va être de juste partager un petit besoin, et puis petit à petit en fait, d'y aller vraiment petit à petit. Au début avec son meilleur ami ou sa meilleure amie, son proche, avec qui on est le plus proche. Et puis petit à petit, en fait, d'oser de plus en plus de sortir de sa zone de confort en s'exposant, mais vraiment petit à petit.

  • Speaker #1

    Et donc, tu disais tout à l'heure que vraiment, toi, tu as appris à moins switcher dans ces différents états qu'on a certes ultra résumés. Mais du coup, il y a quand même une sorte de confiance plus grande. Tu te sens plus apaisée avec toi-même de manière générale.

  • Speaker #0

    Oui, là, c'est vraiment ces derniers mois qu'il y a eu tout un changement. Je me connais mieux. Je crois que c'est surtout ça. Même des fois j'ai l'impression qu'on est deux quoi, c'est vraiment ouf, il y a moi, enfin la personne là qui parle dans mon cerveau, et puis il y a mon corps et ses besoins, et littéralement des fois j'ai l'impression du coup d'écouter mon corps, donc je vais dire à mes amis Ah là je sens que mon corps a besoin de manger, ah là je sens que mon corps a besoin de bouger et donc en fait c'est ok, enfin j'y peux rien entre guillemets, c'est mon besoin, il est là, c'est un besoin qui est physiologique, et en fait moins je l'écoute, plus ça va devenir difficile par la suite quoi. Donc si par exemple je sens que j'ai besoin de bouger, mais que je me retiens, parce que je reste avec mes amis alors qu'on est posé sur un parc et qu'on ne fait pas grand-chose. Plus j'attends, plus ça va avoir des conséquences désagréables, voire même désastreuses sur ma psyché après. Donc en fait, autant que j'écoute dans la mesure du possible, parce que bien sûr, c'est important aussi de faire des compromis, bien sûr, mais c'est important en fait que j'écoute aussi mon corps. Et donc en fait, plus j'écoute mon corps, ses besoins physiologiques, tout en fait, tout ce dont il a besoin, mieux je me sens, et plus régulé je suis, et plus en sécurité, je dirais.

  • Speaker #1

    Et maintenant que tu expérimentes justement cette meilleure régulation, quels sont tes souhaits pour l'avenir qui concernent ta vie à la fois personnelle et professionnelle ?

  • Speaker #0

    Oui, j'en ai plusieurs. Du coup, je n'en ai pas encore parlé. Là, le symptôme par lequel je passe le plus en ce moment, c'est un symptôme assez compliqué à gérer où j'ai beaucoup de flashbacks de ma vie qui reviennent. Ces flashbacks, on pourrait dire un peu comme des reviviscences un peu traumatiques. Sauf que... Comme je disais, ma vie a été vécue comme traumatique, du coup ce sont des flashbacks juste de ma vie, ils n'ont rien de spéciaux, ce sont juste des souvenirs, ils ne sont pas agréables ou désagréables, mais j'ai l'impression que c'est ma manière à mon cerveau de ranger ces souvenirs comme des tiroirs. qui sont rangés. Donc du coup, mon premier souhait, ce serait de ne plus avoir ces flashbacks, de me sentir stable et bien, que tout soit rangé et que je vive de façon sereine en acceptant que je vais mourir un jour et en sortant de la dissertation et en acceptant que ça peut être demain comme dans 20 ans, mais que d'ici là, ou comme dans 50 ans, soyons plus optimistes, mais que d'ici là, je ferai du mieux de ma personne pour continuer d'être dévouée dans cette envie de transmettre et d'aider les gens, tout en respectant mes propres besoins. Donc ça veut dire toujours prendre soin de moi, etc. Donc ça, c'est mon premier souhait. Mon deuxième, ce serait un de mes plus gros problèmes, je dirais, en plus du premier, c'est de ne pas savoir ce que j'ai envie d'avoir comme relation amoureuse. Parce que quand je suis en couple, j'ai tendance à me sentir facilement oppressée et coincée. Donc ce serait de comprendre, d'explorer ce dont j'ai besoin. Est-ce que je veux une relation monogame ou pas ? Une relation libre ou pas ? Est-ce que je veux être avec un homme, avec une femme ? Tout ça est vraiment très flou depuis des années pour moi. Donc ce serait de savoir qu'est-ce que je veux. Est-ce que je veux un enfant ? Moi j'aimerais bien idéalement. Est-ce que j'en suis capable malgré mes symptômes ? Idéalement, moi j'aimerais bien tout ça. Savoir sur toute cette sphère, être plus stable.

  • Speaker #1

    Ouais, en fait, je me souviens que tu me parlais la dernière fois par rapport à la monogamie. ou relation non exclusive. Moi, j'aime bien les dire non exclusive plutôt que relation libre parce que personnellement, avec mon mari, on est dans une relation monogame mais on se sent tout à fait libre dans cette relation. Tu me parlais de l'ambivalence que tu avais avec ce concept-là parce que quelque part, tu avais un souhait d'être peut-être en couple avec une seule personne parce que tu as peur d'être abandonnée et de peut-être pas être l'unique, chose que je comprends tout à fait, soit disant pas ça, mais d'une autre façon. part, avec une seule personne, t'as peur de t'ennuyer, en fait, et t'as peut-être besoin de vivre d'autres choses. Et je trouve hyper intéressant cette ambivalence-là, et qui, je pense, touche aussi beaucoup d'autres personnes. Est-ce que tu serais d'accord de nous en parler un peu plus ?

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr, avec plaisir. Merci beaucoup. Oui, en effet, ça rejoint un peu ce côté un peu multipotentiel, même si, de nouveau, ça reste une étiquette et c'est pas très important. Je me considère multipotentiel au sens professionnel du terme, donc ça veut dire que... Pendant longtemps, j'ai cherché le boulot de mes rêves. En fait, je me suis rendue compte de manière globale qu'il y avait une énorme... Pour moi, il y a tellement de liens entre le côté professionnel et les relations amoureuses. Je viens de passer des entretiens d'embauche, j'ai vu ça comme des dates. Et là, actuellement, je vais être en CDI et c'est la même chose en relation. Bref, un jour, peut-être, j'écrirai un livre sur les ressemblances et les différences entre les deux. Du coup, je me suis rendue compte qu'au niveau du travail, j'ai arrêté. Pendant des années, j'ai cherché le travail qui me ferait du bien. Peut-être je devrais être web-designeuse, graphiste, pharmacienne ou que sais-je. Et en fait, je me suis rendu compte qu'en fait, j'adore être couteau suisse, qu'en fait, ma force, c'est justement d'être douée et même d'être très curieuse et d'apprécier plein de domaines différents. Et c'est justement ça qu'ils ont apprécié dans mon nouveau travail. C'est qu'en fait, ils m'ont donné des tâches tellement différentes. En fait, je suis un réel couteau suisse. Et je sais en plus que ce travail-là, ce sera que pour quelques années. Travail que d'ailleurs je ne ferai qu'en 4-5ème pour me consacrer à Border Attitude un 5ème du temps aussi. Donc j'aime avoir cette diversité, j'ai besoin de cette diversité dans ma vie. Et du coup en effet je me dis, mais je rêve, franchement, moi on me donne un médicament, je le dis toujours ça, on me donne un médicament pour être amoureuse d'une seule personne toute ma vie et qu'elle me suffise. Mais je dis oui, je plonge dans cette mer remplie de médicaments et je le prends parce que c'est tellement plus simple comme avoir un travail qui nous plaît et un seul pour les restes de sa vie. Mais mon Dieu, c'est tellement plus simple, je trouve. Malheureusement, la simplicité ne fait pas partie de mon ADN, je pense. Et en effet, il y a cette peur, en fait. Il y a cette peur que la personne, l'autre personne, en fait, ne me suffise pas. C'est vraiment ça, c'est le mot suffire que l'autre personne ne me suffise pas parce que je n'arrive pas à comprendre émotionnellement comment c'est possible, même si j'aimerais que ce soit le cas, qu'une seule personne nous suffise pour toute la vie, quoi. Même si évidemment, on peut avoir des activités autres avec des amis, etc. et des proches et la famille sur le côté, bien sûr. Mais c'est quelque chose qui me perturbe et qui me fait peur sur ça. Et donc, c'est vraiment tout un dilemme dans ma tête. C'est dur et du coup, c'est très dur quand je fais des nouvelles rencontres parce que quelqu'un va me dire qu'est-ce que tu veux dans la vie ? Je ne sais pas, on va voir ce que mon corps me propose. Je ne sais pas encore. Ce n'est pas facile.

  • Speaker #1

    Moi j'arrive gentiment Fiona sur les deux dernières questions de l'interview. Est-ce que toi avant ça, tu as envie de rajouter quelque chose ?

  • Speaker #0

    Est-ce que j'ai envie de rajouter quelque chose ? Actuellement pas, je te laisse shoot avec tes questions. Merci.

  • Speaker #1

    Alors je voulais te demander quel message tu souhaitais faire passer aux personnes qui vivent avec une maladie invisible mentale ?

  • Speaker #0

    Oui, alors la première chose qui me vient, évidemment, c'est le fait que quoi que vous ayez, vous n'êtes pas seul. On est beaucoup à ressentir des difficultés qui sont malheureusement invisibles. Et certes, c'est difficile d'en parler parce que c'est invisible et mental. Et c'est vraiment difficile dans la société dans laquelle on vit, même si heureusement, grâce à des podcasts comme celui de Tamara, ça évolue. Mais c'est dur, mais vous n'êtes pas seul. Et c'est surtout l'envie de se battre. C'est ça que j'ai envie de donner. C'est vraiment ce message d'espoir, d'oser, de rien lâcher, qu'il y a moyen d'aller mieux, que c'est dur, que parfois on a l'impression qu'il n'y a pas de bout du tunnel. On a même l'impression d'aller moins bien. qu'avant parce que le chemin n'est pas linéaire vers le rétablissement et la guérison. Ce n'est pas linéaire. Et donc, même si parfois, on a l'impression que ça va être pire en pire ou que ça ne va pas mieux ou autre, je vous invite vraiment à ne pas lâcher parce qu'il y a vraiment moyen d'aller mieux, de se sentir mieux. Et puis surtout, en plus, quand on a vécu ça, je trouve qu'ensuite, et ça va bien se toucher avec la dernière question, je pense, on voit la vie différemment.

  • Speaker #1

    on voit vraiment la vie différemment et ça nous donne une force incroyable et quel super pouvoir le troupe Borderline t'a amené ?

  • Speaker #0

    du coup quel super pouvoir je dirais que c'est vraiment cette petit à petit cette capacité à avoir plus d'empathie en fait envers les gens, je pense que de base j'étais quelqu'un de très égocentré très narcissique aussi très mine de rien quand même assez arrogante Et petit à petit, j'arrive de mieux en mieux. J'essaye en tout cas de plus en plus d'être humble, d'arrêter de tout ramener à moi, d'arrêter de chercher à me mettre en avant et d'être plutôt dans cette envie, comme je disais, de transmettre et d'essayer de vraiment prendre le temps, petit à petit, c'est encore difficile pour moi, d'écouter l'autre, de comprendre l'autre, de comprendre ce qui se passe dans sa tête et d'essayer de l'aider à pouvoir mettre des mots sur ses mots. d'essayer d'aller mieux, d'oser prendre sa place, d'oser sortir de sa zone de confort et d'être dans tout ce cheminement émotionnel, d'entraide, plutôt que d'être centré sur soi. Je dirais que c'est ça.

  • Speaker #1

    Pour moi, c'est la fin, sauf si justement là maintenant, il y a quelque chose qui vient pour toi.

  • Speaker #0

    Non merci, c'est très gentil.

  • Speaker #1

    Je te remercie vraiment pour ton précieux témoignage que j'ai hyper hâte de diffuser.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, c'était un plaisir d'être là, j'ai hâte de l'écouter.

  • Speaker #2

    Merci de soutenir ce podcast en vous abonnant pour ne manquer aucun épisode et en lui donnant 5 étoiles sur vos plateformes d'écoute préférées. Rencontrez mes invités et découvrez tous les engagements de la communauté Les Invisibles sur le compte Instagram Les Invisibles Podcast. Ensemble, continuons à visibiliser l'invisible.

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