- Chloé
Hello, bienvenue sur cet épisode Capsule des Meneuses. 10 minutes pour comprendre ce qu'est l'inclusive UX et ses enjeux pour les équipes tech et les produits qu'elles développent. Mon invité, Marcy Ericka Charollois, t'explique ça à merveille. Bonne écoute, et si l'épisode te plaît, pense à le partager.
- Marcy
Moi, je vais vraiment veiller à l'expérience. dites inclusives, des utilisateurs et des utilisatrices finaux en première ligne, mais aussi les personnes qui vont construire, concevoir, imaginer tous ces produits et ces services-là qui vont être du coup à disposition d'autres personnes. Pourquoi c'est important ? C'est important parce que finalement, il faut aussi réussir à mobiliser les personnes qui conçoivent ces dix produits et services. pour qu'ils arrivent à concevoir qu'à la fin, il y a quand même un intérêt qui est celui de créer la meilleure expérience pour les utilisateurs. Qu'est-ce que ça sous-entend ? Ça sous-entend qu'il faut quand même avoir beaucoup d'empathie, déjà, pour se mettre à la place de ces personnes-là. Quand on s'adresse à des minorités, on n'a pas nécessairement, ou alors quand on se rend compte qu'on les oublie. qu'on oublie de les adresser dans le parcours utilisateur et dans l'expérience au global, ça demande aussi d'aller en dehors des sentiers battus et d'aller creuser, chercher des réponses dans des milieux plus militants, moi c'est ce que je fais, et également saisir toute l'importance qu'on a à créer l'expérience qui soit la plus diverse possible. Parce que si je disais que l'inclusion se limitait uniquement à la capacité d'entrevoir la disparité, je ne sais pas, l'inégalité de genre, au salaire ou même à l'accès à la santé, oui, c'est un point important, mais ça ne couvre pas tout. Et donc, il faut bien avoir conscience de toute la vision intersectionnelle qui est liée à ça, qui va nous aider, en tout cas, moi, du coup, c'est pour ça qu'on m'appelle, ça va nous aider à pointer discrimination par discrimination. là où ça pêche et là on peut créer des ponts et des solutions qui sont beaucoup plus efficaces en réalité sur tout ce qui va toucher l'utilisateur ou l'utilisatrice finale et les personnes de l'équipe. Il y a aussi d'autres points qui sont fatalement touchés, c'est la partie éthique parce qu'une expérience non éthique on peut la signaler et si on la signale ça demande aussi d'avoir des connaissances en droit. Donc il y a aussi tout ce regard-là légal que j'ai aussi en tête lorsque j'interviens chez mes clients.
- Chloé
Ok, c'est trop passionnant et c'est super important. La semaine dernière, j'écoutais un épisode du podcast Kiftara, je ne sais pas si tu connais. Et du coup, c'était sur les cyberharcèlements des minorités, des femmes minoritaires. Et elles ont notamment parlé du fait de l'IA, l'IA qui a été développée grandement par des hommes. des hommes blancs et il y a eu énormément de cas de figure et de problématiques de personnes noires qui étaient confondues avec d'autres personnes donc c'est ultra raciste donc l'inclusion on est zéro sur cette partie là des IA qui sont assez dangereuses aussi par rapport aux places des femmes etc parce qu'elles n'ont pas du tout été pensées sur tout ça donc toi en fait dans ton quotidien c'est assuré que les utilisateurs finaux donc il y ait de l'inclusion mais pas que de la partie genre... on parle souvent des hommes et des femmes, il y a toutes les autres minorités qui sont souvent, très souvent billées, qui ne font pas partie des personnes qui conçoivent ces produits, ou alors très peu. Donc toi, tu t'assures que ces choses-là soient prises en compte, et donc, pour éviter toutes les dérives racistes, tous les biais qu'il peut y avoir dans les produits.
- Marcy
C'est exactement ça. Et de fait, ça demande, comment dire, beaucoup de... de compréhension de plein de choses en même temps. Parce que, fatalement, il y a aussi ce côté un peu psychologique ou parapsychologique qu'on va devoir mener en tant que consultant externe appelé sur des problématiques bien précises, à faire comprendre à l'équipe en place, par exemple, qu'il y a un problème. Parfois, ce n'est pas du tout volontaire, mais le problème de conception, il est là et en fait, quand on a la tête dans le guidon, on n'est soi-même pas touché par toutes ces problématiques. on en vient à créer toute une série de conceptions biaisées qui, en bout de course, font du mal à des personnes, même si ce n'est pas volontaire. Donc il faut vraiment débrouiller le résultat de l'intention et il faut faire comprendre que la conception, elle peut être tout à fait... comment dire, corrigé pour le bien commun. Et ça, c'est quelque chose qui, parfois, n'est pas forcément évident à faire comprendre de prime abord, ce qui fait que, typiquement, l'atelier auquel tu as participé, c'est ce genre de choses où on vient travailler ensemble communément, parler un peu aussi de nos vécus respectifs, notre socle culturel qui crée qui nous sommes, dans l'échange et dans la convivialité, sans justement... comment dire, pointer l'autre, accuser l'autre, ce n'est pas du tout le but. En fait, ça ne crée pas de performance, ça. C'est par ces moyens-là qu'on arrive à vraiment changer la donne et à rendre quelque chose de beaucoup plus, comment dire, quelque chose de difficile, beaucoup plus harmonieux à la fin de tout ça.
- Chloé
Oui, mais c'est compliqué. Les personnes ont souvent parfois du mal à se rendre compte de leurs privilèges et du coup, de réaliser. les conséquences, même sans le vouloir, évidemment, de tout ça. Donc, c'est super touchy, mais tellement important. Et selon toi, qu'est-ce qui fait que la tech a autant de difficultés à attirer, à avoir des talents qui sont une minorité, des minorités notamment de genre ? Aujourd'hui, on parle quand même beaucoup de la place des femmes dans la tech. Qu'est-ce qui fait qu'on a du mal à avoir ces personnes-là, à les garder ? et qui derrière font qu'on n'a pas des produits qui sont développés par à peu près tout le monde. Et donc, toutes les problématiques que ça peut créer, mais que tu viens solutionner ensuite derrière.
- Marcy
Je pense que le véritable point bloquant, c'est au-delà de tout ce chemin de croix qu'on peut trouver en entreprise, c'est déjà comment on fait pour les maintenir en étude, le peu de femmes qui arrivent à s'orienter là-dedans. Je pense qu'il y a beaucoup de culture du blâme qu'on va retrouver par la suite dans les équipes tech qui sont installées, mais qu'elles ont directement hérité de professeurs qui n'ont pas hésité à ficher des élèves femmes parce que c'était des femmes, ou alors des camarades qui, en plein cours, finissent par t'insulter parce que tu poses une question. Tout ceci n'est pas fictionnel, je précise que ce sont des retours d'expérience qu'on a fait. Et donc déjà, il y a ce gros point bloquant, ce qui fait qu'en plus de ce que je vois, de ce qu'on me raconte et de ce que j'analyse aussi, forcément, c'est que mine de rien, ça crée des groupuscules où on a des hommes qui vivotent à peu près dans les mêmes cercles et qui se cooptent les uns les autres. Donc en fait, c'est vraiment un engrenage qui ne crée pas de diversité, mais by design. C'est assez intéressant, je me dis. Waouh ! En fait, c'est presque une refonte complète de l'école supérieure, des biais aussi qu'on inflige aux petites filles à leur dire qu'elles sont certainement plus douées sur le domaine littéraire ou artistique parce que ce sont des femmes, alors que bon, Dieu sait que dans d'autres pays, on arrive très bien à avoir des tendances complètement inverses où ce sont des femmes qui sont dominantes dans toute la partie scientifique des industries. comme quoi ce n'est pas qu'une question de genre. C'est possible. Exactement. Et puis, c'est vraiment une question culturelle qui démontre que si on dit que les femmes sont douées pour quelque chose, fatalement, elles y croient aussi. Donc, il y a tous ces biais-là qui, finalement, subsistent aussi en entreprise, où je pense que, malheureusement, on a aussi un gros travail à faire en recrutement et en marque employeur, c'est-à-dire accompagnée. toutes ces femmes, ces nouvelles arrivantes qui n'ont pas forcément bénéficié d'études supérieures aussi poussées que ce qu'elles auraient aimé et puis finalement elles se réorientent un peu sur le tard donc elles prennent des cursus qui sont plus courts, plus accessibles, mais pour assurer ces compétences là, il faut créer soit des écoles internes aux entreprises, des académies qui soutiennent ces efforts de formation et tant mieux, c'est très bien, moi je trouve que c'est très positif puisque finalement il y a des relations un peu de mentorat qui se créent aussi en interne. Et ça, c'est très cool. Et puis, cette partie recrutement, où je pense que malheureusement, on a des recruteurs et des recruteuses qui restent beaucoup trop accrochés à des préconceptions de ce qu'est un bon candidat et pas un bon employé, ou une bonne employée ou une bonne candidate. Et ça, c'est problématique parce que si on attend juste des personnes que ce soit des bonnes candidates, en fait, on… vraiment je trouve qu'on se tire une balle dans le pied à ne pas voir le potentiel qui peut finalement s'épanouir dans ces équipes tech là
- Chloé
Merci pour ton écoute. Si l'épisode t'a plu, tu as une version plus longue et complète de dispo. Je te mets le lien dans la description. Laisse-moi 5 étoiles sur Apple ou Spotify. Et si tu as du temps, partage le podcast à ton entourage. La bise si tu le veux bien. Et toujours plein de loutre dans ta vie. Ciao !