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S1E12 - Alain Cayzac (Euro RSCG (Havas), PSG, Procter & Gamble) - L'humaniste, grand communicant, devenu Président du PSG cover
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Les Sages - le podcast des plus grands leader·euse(s) humanistes

S1E12 - Alain Cayzac (Euro RSCG (Havas), PSG, Procter & Gamble) - L'humaniste, grand communicant, devenu Président du PSG

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1h31 |14/07/2024
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1h31 |14/07/2024
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Description

Pour ce douzième épisode, nous avons l'honneur de recevoir Alain Cayzac, co-fondateur d'Euro RSCG (avec Jacques Séguéla) et ex Président du Paris Saint Germain.


Alain Cayzac est un homme d'exception :


  • Communiquant hors pair, en 1972, il créé avec 3 autres compères, dont Jacques Séguéla, Euro RSCG, une agence de communication. Ils vont monter jusqu'à 16 000 collaborateurs dans le monde. L'entreprise sera revendue à Havas, dirigé par Vincent Bolloré.

  • Passionné de sport depuis tout petit, il est particulièrement amateur de football, et du PSG. En 2006, il réalise l'un de ses rêves : il devient Président du PSG. Épisode très intense de sa vie qu'il nous raconte dans cet échange.

  • Enfin Alain, est reconnu pour être un humaniste, qui se dresse contre toutes les sortes de discriminations : racisme, homophobie, antisémitisme. C'est un grand patron, qui se dit ouvertement "plus à gauche".


Dans cet épisode, nous avons parlé de son expérience à HEC Paris, chez Procter & Gamble, de Marcel Conche, de Jacques Séguéla, de la campagne de François Mitterand en 1981, de Vinent Bolloré, de la définition d'un bon communicant, de Pierre Mendès France..


🌎 Les liens de l’épisode 🌎



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Transcription

  • Speaker #0

    Les sages, c'est avant tout une histoire personnelle. Je m'appelle Nicolas Jeanne et j'entreprends depuis que j'ai 19 ans. Sur ce chemin, j'ai eu la chance de rencontrer des personnes que j'appelle les sables. Vous savez, ce sont ceux qui, d'un conseil bienveillant, peuvent changer votre journée, votre projet, votre vie. Souvent des personnes avec qui il y a un avant et un après. A mes yeux, ce sont des leaders authentiques mais surtout des leaders humanistes. Ça c'est important pour moi. Ceux qui vont vous faire grandir sans s'en rendre compte. Puisque n'importe quel livre ou cours, des témoignages qui viennent du cœur et de la réalité. Et surtout du cœur. Aujourd'hui, je vous propose de partir à leur rencontre, dans un format inédit, et négocier avec eux. Un format où l'on se dira tout, naturellement, et aucune question ou anecdote sera interdite. Ça, vous avez ma parole. Un format axé sur leur activité, bien sûr, mais qui, évidemment, dérivera vers la vie, la société et les émotions. Mon but, c'est clairement de mettre en valeur l'aspect humain de ces personnalités qui me paraissent exceptionnelles, et de casser la carapace. Casser la carapace, vous le sentez, c'est pas un mot par hasard. Pourquoi ? Parce que je pense que ça va vous permettre d'app... sur les plus grands leaders et leaderes qui ont bâti et bâtissent la société. La France est une terre bourrée de talents et de leaders et nous allons en leur rencontre. Bon voyage avec les sages.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, nous avons la chance de recevoir Alain Quezac,

  • Speaker #0

    cofondateur d'Euro RSCG avec Jacques Seguéla et président du Paris Saint-Germain de 2006 à 2008.

  • Speaker #1

    Alain est un véritable meneur d'hommes, connu pour son grand cœur et sa gentillesse.

  • Speaker #0

    Il a quelques années,

  • Speaker #1

    je le contacte pour qu'il mette sur un projet entrepreneurial.

  • Speaker #0

    Dans la journée...

  • Speaker #1

    Il me répond et me donne du temps, et c'est bon conseil.

  • Speaker #0

    C'est ça, Alain.

  • Speaker #1

    Un homme qui aime profondément les autres, profondément aider et servir. Il a quelques années, il fait une chute de vélo qui lui vaut des côtes cassées et malheureusement un AVC par la suite.

  • Speaker #0

    Alain,

  • Speaker #1

    depuis, est paralysé sur la partie gauche. Qu'importe. Il a changé de logiciel et de la joie de vivre, il est passé au désir de vivre. Allez, on y va avec Alain. Bonjour Alain, bienvenue dans les Sages.

  • Speaker #2

    Bonjour Nicolas.

  • Speaker #1

    Comment tu vas ?

  • Speaker #2

    Quand je vais, bien aussi bien que ça puisse aller dans mon état. J'ai eu un AVC, donc je suis paralysé de la jambe gauche et du bras gauche. Mais avec une béquille et beaucoup de rééducation, je marche, je vis et j'ai envie de vivre. J'ai remplacé la joie de vivre par le désir de vivre.

  • Speaker #1

    C'est déjà super intéressant, on en reparlera si tu le veux bien à la fin de l'interview, parce que je sais que ça a été un changement forcément dans ta vie, mais en même temps que tu as réussi un peu à le transformer. Du coup, pour commencer, pour nos auditeurs, est-ce que tu peux te présenter en quelques phrases, s'il te plaît ?

  • Speaker #2

    Et quelquefois, c'est dur parce que je suis vieux, donc il y a beaucoup d'années. Je suis né en 1941, j'ai 83 ans, à Évreux, en Normandie. Je crois que tu connais bien la région. J'ai fait toutes mes études secondaires en Normandie. En dehors du travail où je travaillais très correctement, j'étais un bon élève consciencieux. J'ai fait beaucoup de tennis et de football. Ça a été vraiment mes loisirs favoris. Mon père était président de club de foot et aussi dirigeant de club de tennis. Ensuite, je suis... monté après le bac que j'ai passé à Caen. Je suis monté à la capitale, comment dire, pour préparer HEC, au lycée Carnot, dans le 17ème. Alors, le problème, c'est que j'avais fait, comme étude, B et philo, à l'époque. Donc, j'étais complètement en littéraire. J'étais bon en langue, en français, en philo, tout. Et assez nul en maths et en physique. Donc, j'ai quand même ramé un... Pour préparer HEC en première année, je me suis rattrapé en travaillant tous les soirs jusqu'à 2h du matin. J'ai réussi à intégrer HEC, sûrement pas dans les premiers, mais bon, j'ai intégré. Là, j'ai passé trois magnifiques années à HEC, où j'ai avant tout joué au football. J'étais capitaine de l'équipe de football, donc j'avais un prestige particulier. Après HEC, je suis parti. Un an à Berlin. Je suis germanophone. J'ai fait Allemand en première langue. À l'époque, on disait que les bons élèves devaient faire Allemand. C'est ce qu'on disait. En fait, on sait beaucoup plus d'anglais que d'allemand maintenant. J'ai fait Allemand en première langue. À Berlin, études politiques. Un an en diplôme. Il n'y a pas une valeur extraordinaire qui existe. Et après, je suis rentré dans la vie active chez Procter & Gamble. Je suis resté seul. cinq ans au marketing c'est vraiment ce qui va le plus conditionner sur ma vie future ma carrière future on en reparlera peut-être et j'avais toujours eu un secret espoir ou désir ou passion rentrer qui était la publicité. Et donc je n'avais qu'une idée, de rentrer en publicité. Et donc je suis rentré, après 5 ans, j'ai projeté, ou j'ai beaucoup appris, dans une agence américaine d'abord, qui s'appelait NCK, Norman Craig and Kamal. Et après j'ai monté mon agence de... J'ai rejoint Rue Ségala, qui avait monté leur agence déjà depuis très peu de temps, il n'y avait ni personne. Je me suis associé, on a associé un quatrième homme, on a bien marché, puisqu'on a... Les marées ont été 10 et on a fini à 16 000. Mais pour être honnête, 16 000, il y avait quand même beaucoup de rachats, de choses comme ça. Ce n'est pas simplement de la croissance organique. Et là, j'ai eu pas mal. Et puis bon, j'ai été entre-temps président du PSG en 2006-2008, choisi par Colonie Capital qui avait racheté à Canal+, avec Bazin qui est resté un grand ami. Et après, j'ai fait connaissance. un garçon banquier d'affaires. Je suis rentré avec lui, j'ai travaillé avec lui comme senior advisor, quelqu'un qui coach, qui met son réseau, c'est le vice-deux. Et je, à 83 ans, je travaille toujours. Je vais quatre jours par semaine là-bas. Moi, je survis grâce à ça, grâce au contact que j'ai. Si j'étais à la retraite, comme on dit, D'abord je suis handicapé, mais si je restais ici, je reste un peu à travailler, mais si je restais constamment à travailler ici, je me déprimerais complètement. Donc j'aime bien sortir, voir les gens, je vais au parc, au théâtre, je refuse rien. Alors que c'est quand même un effort énorme parce que je marche à 1h30 à l'heure, je fais beaucoup de rééduc, je fais des parcours autour de la maison avec mon kiné, je me chronomètre quand je fais 29 minutes. pour ce 100 mètres, et le lendemain, je suis 28,50, je bois le champagne, c'est les JO, je marche chez mon... peut-être mon passé sportif, je marche à l'esprit de compète. Donc je me crois de mettre sur les arrêts, je fais des mouvements, je suis en fait toujours plus, et j'arrive à ne pas être complètement ni gâteau, ni invalide comme ça, voilà.

  • Speaker #1

    C'était une de mes questions, parce que t'es un grand sportif, tu fais encore, donc tu fais de la marche encore, quotidiennement ?

  • Speaker #2

    Je fais de la marche, disons, c'est une obligation. Si je ne faisais rien, je terminerais, ce qui est encore possible, un fauteuil. Donc je fais du kiné, je fais de la marche, je fais des mouvements tous les jours, je me réduis, je vais au travail, ce qui est comme un effort pour marcher. Oui, absolument. Mais bon, puis tout le sport, comment dire, classique. Ça, c'est fini. J'ai changé de modèle. Voilà Jussiel.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup pour tout ce résumé de ton parcours. Ça donne envie d'en savoir plus. Si je reviens un peu sur ton enfance, moi, ce qui m'a intrigué, t'avais un papa qui était président du club de football d'Evreux. Exactement. Et donc, tu étais sportif. Et tu m'as dit que t'as fait un bac L. L'époque, c'était pas

  • Speaker #2

    L. C'était l'attainant, le gars.

  • Speaker #1

    Ça te vient d'où, t'étais passionné de littérature, tu lisais beaucoup, peut-être ta maman ?

  • Speaker #2

    Je sais pas d'où ça vient, mais j'ai toujours été plutôt un littéraire. Je suis pas non plus un puits de culture, mais j'ai toujours été un littéraire, j'adorais le latin. Probablement que l'environnement faisait que j'avais plus de gens qui étaient de ce côté-là. J'ai jamais aimé les maths, la physique, tout ça me barbait un peu. Je peux pas dire d'où ça vient, mais en tout cas... J'ai eu aussi un prof de philo dans Palra qui était exceptionnel, qui m'a donné le goût à la philo. Donc, encore une fois, je ne vais pas me faire passer pour un intello de haute volée, mais je suis plus harcèlement handicapé pour rentrer dans une école commerciale comme HEC. Mais j'ai bossé comme un malade, parce que je suis assez bosseur. J'ai réussi au concours, j'ai dû avoir la moyenne, ou pas, tu es physique. Et puis, quand j'étais assez bon dans le reste, ça suffit.

  • Speaker #1

    Donc, tu aimes les mots. Et du coup, on est dans un podcast qui s'appelle Les Sages, et qui interview des gens inspirants, et qui peuvent changer potentiellement, par leur conseil, une trajectoire de vie. Tu parlais de ton prof de philo. Ton prof ou ta prof ?

  • Speaker #2

    Un prof, Marcel Conch. qui est un grand philosophe connu, mais qui est mort maintenant à 100 ans.

  • Speaker #1

    D'accord. Et en quoi il a changé un peu ta vie ?

  • Speaker #2

    La mienne et celle de mes camarades aussi. Il avait un charisme fou. Alors, il était marxiste. D'accord. Ce qui explique peut-être un peu où je suis gauchisant. Mais donc il me passionnait. Il était à la fois sur le fond et la forme, à tel point que quand on a eu 70 ans, mes trois meilleurs copains, Malheureusement, on a disparu. C'est un des problèmes de... que j'ai, c'est que moi je suis vivant, mais la plupart de mes camarades sont partis. Bon, je suis allé, on est allé avec mes camarades, en Bourgogne, je ne sais pas où j'étais, je rencontrais 50 ans après, c'était exceptionnel. Et bon, maintenant il a eu 100 ans. Il est mort. Marcel Conch, pour ceux qui connaissent un philo, est un philosophe de grand talent. Voilà, il y a eu d'autres raisons pour lesquelles je suis plutôt à gauche. Mais je suis plutôt à gauche sociétalement. Économiquement, c'est difficile d'avoir été chef d'entreprise et d'être en même temps contre le capitalisme. Ce n'est pas du tout mon cas. Mais je suis ce qu'on appelle un social-démocrate, je ne sais pas quoi. Mon père était un radical, un de gauche. du Sud-Ouest, et donc, mais moi je suis absolument vent debout contre tout ce qui est racisme, antisémitisme, homophobie, il n'y a rien de pire. Quand je vois défiler les gens contre le mariage pour tous, J'ai mal, ça me fait une douleur physique. Et ça, je ressens ça tellement fort qu'il y a des dîners que je quitte, il y a des discussions où je n'arrive pas à garder mon sang-froid. Je ne suis pas le genre à dire tout le monde a le droit de dire ce qu'il pense, il faut laisser dire et tout. Quand quelqu'un dit un truc qui me choque, je le reprends et je discute. Je suis comme ça.

  • Speaker #1

    Tu as des convictions.

  • Speaker #2

    Et économiquement. Je suis à gauche aussi parce que j'ai mon Normandie. Mon modèle, on a tous des modèles, c'est la Témantès France. Donc quand je parle de gauche, je ne parle pas de Mélenchon, sûrement pas. Je n'aime pas du tout Mélenchon, bien sûr. Je ne parle pas des Assoumis. Je parle de la vraie gauche.

  • Speaker #1

    D'avant, entre guillemets.

  • Speaker #2

    D'avant. Mitterrand aussi, j'ai voté pour Mitterrand. J'ai voté aussi pour Hollande. Donc ce sont des gauches qui... Bon, ils ont réussi ou pas, c'est un autre problème, chacun a le droit d'un. Donc je ne suis pas sectaire, j'ai beaucoup d'amis de droite, et la plupart de mes amis sont à droite, mais la droite raisonnable, si vous voulez. Si tu veux, la droite... Sarkozy m'a remis à la Légion d'honneur, par exemple. Il sait que je suis à gauche, je lui ai dit je ne voterai jamais pour toi, mais tu seras un grand président, je suis ravi que tu sois là Ma femme vote plutôt à droite, donc je ne suis pas sectaire. Je deviens sectaire et là un peu agressif quand on parle des extrêmes. Aujourd'hui, c'est la raison pour laquelle je suis très malheureux.

  • Speaker #1

    Je comprends. Parce qu'en effet, on tourne cet épisode. Il y a quelques jours, Emmanuel Macron a annoncé la dissolution de l'Assemblée nationale avec une potentielle arrivée du Rassemblement national à l'Assemblée à Matignon.

  • Speaker #2

    Mais pour parler politique, j'ai voté Macron toujours, mais par eux. parce que je voulais être contre quelque chose. Et Macron, il y a une chose sur laquelle je suis fondamentalement hostile, c'est le fait de dire la droite et la gauche, c'est pareil. C'est pas pareil. À force de dire la droite et la gauche, c'est pareil, mais tout dans un fourre-tout, et ne reste que les extrêmes de gauche et les extrêmes de droite. On est là aujourd'hui. Et là, pour une fois, je ne l'ai pas trompé. toujours dit Macron c'est un faux concept, le en même temps, un truc comme ça. Alors comme beaucoup de gens j'ai voté pour lui, je savais pas pour qui voter.

  • Speaker #1

    C'est le moins pire à tes yeux ou le plus talentueux ?

  • Speaker #2

    Ben c'est... à gauche je n'avais pas un héros, à gauche, je suis toujours pas beaucoup d'heures, même pas du tout, à droite j'ai jamais voté à droite de ma vie, et donc voter Macron mais... Je suis très déçu. Alors, entre les extrêmes vers lesquels je ne veux pas aller, Macron, là, je suis pas au meilleur.

  • Speaker #1

    Comme beaucoup de Français, je pense, en ce moment.

  • Speaker #2

    Et comme beaucoup de Français, donc, bon, s'il y avait quelqu'un de raisonnable, comme le maire du Havre, des gens comme ça, il y a des gens tout à fait, tout à fait, par moi, à droite. Si on trouvait un Raymond Barre, par exemple, qui soit un peu au-dessus des partis, qui soit... Un très bon économiste, pourquoi pas, mais du coup, je ne suis pas au meilleur.

  • Speaker #1

    Si on revient un peu sur ton enfance, alors, tu as fait un bac L.

  • Speaker #2

    Non, B.

  • Speaker #1

    B, excuse-moi. Donc, plutôt un profil littéraire, et pourtant, tu rentres à HEC, du coup, une des meilleures écoles de commerce françaises. Pourquoi ? Et est-ce que tu avais songé à avoir un parcours littéraire ?

  • Speaker #0

    C'est l'heure de remercier notre partenaire Oslo, sans qui ce podcast ne serait pas possible malheureusement. Oslo, c'est un cabinet d'avocats à taille humaine, dirigé par Edouard Wells et Marion Fabre, que je connais personnellement depuis plus de 10 ans. Il est composé d'une équipe, l'idée par Edouard et Marion, qui est issue de cabinets d'affaires de premier plan. Mais surtout, au-delà de la qualité de leurs prestations juridiques, ce que j'aime chez Oslo, c'est leur engagement pour un droit un peu différent. Sur leur description, ils mettent Nous accordons une importance particulière aux qualités humaines et relationnelles, tout particulièrement au respect, à la simplicité, à l'humilité et à l'élégance. Ça pourrait paraître bullshit comme ça, mais pour bien les connaître, je peux vous assurer que ça se ressent vraiment. Et pour preuve, ils ont accepté de sponsoriser ce podcast dès sa création. Ils offrent une heure de conseils juridiques avec le code LESSAGE. Et je mettrai leurs coordonnées dans la description du podcast. Allez, on y retourne.

  • Speaker #2

    Non, je suis rentré à Jussé parce que je ne savais pas où je voulais rentrer. Et à Évreux, c'est comme ça. Moi, je dis souvent qu'une carrière, c'est un mélange de rationalité, d'opportunité. et d'envie. Et l'opportunité, c'est que j'avais le fils des amis de mes parents qui avait fait HEC, j'avais beaucoup d'admiration pour lui, et il m'a convaincu que c'était une école où on pouvait après avoir beaucoup de débouchés sans être prédestiné à une profession plus qu'à un autre. Donc je suis rentré sans avoir vraiment décidé un jour, je veux faire une école commerciale. Donc c'est une opportunité et l'admiration d'une personne.

  • Speaker #1

    Parce qu'à l'époque, du coup, tu as fait le lycée Carnot, en classe préparatoire. Et c'était quoi un peu les débouchés élitistes, les premiers à ce que tout le monde visait ? C'était pas HEC Paris, il y avait d'autres voies qui étaient plus...

  • Speaker #2

    Le HEC, ESSEC, le Sud de Corée, les trois. On passait les trois gros cours. Donc la première année, j'ai passé KGC. La deuxième année, j'ai passé les trois. Je t'ai reçu aux trois, parce que quand on t'a reçu à HEC, on avait de grandes chances d'être à ESSEC, les six deux cours. Mais je parle de ça, je suis sorti en 1963. J'avais 22 ans. Donc je parle des écoles d'il y a 103, ça fait combien ça ?

  • Speaker #1

    Je suis pas très... il y a longtemps.

  • Speaker #2

    En 50 ans, ça a évolué, HEC a changé. Je parle de mon époque, je dis subdeco, alors que maintenant ça s'appelle le SCP, où ça a des noms différents, Neoma et tout, dans les régions. Mais à l'époque, je voulais HEC absolument. Et j'ai vraiment bossé le provincial qui vient à Paris, qui a une chambre près de Carnot. qui travaillent tous les soirs jusqu'à 2h du matin. Et c'est pas une période agréable du tout. J'ai un très mauvais souvenir. J'étais pas heureux, mais bon, je me sais.

  • Speaker #1

    Pour l'anecdote, c'est marrant parce que ça nous fait un point commun. Quand j'ai terminé mon bac, je pouvais aller aussi au lycée Carnot en ECE. Et moi, ce qui me motivait, entre autres, c'est que... Alors, il y a beaucoup de personnalités qui sont passées par Carnot, mais il y a les Daft Punk aussi. Je ne sais pas si tu sais, mais les Daft Punk sont passés par Carnot.

  • Speaker #2

    Non, mais... Je sais pas si c'était en préparation commerciale, mais HEC, il y a une devise qui était de longtemps apte à tout et bon à rien Et moi j'ai des amis de HEC qui ont été comme moi dans la pub, d'autres qui ont été dans des grosses boîtes, d'autres qui ont été dans le cinéma. C'est vraiment une formation qui… qui laisse après le choix entre beaucoup de possibilités.

  • Speaker #1

    Ok, donc tu fais HEC, et donc là tu vas rentrer chez Procter & Gamble, c'est une boîte américaine ?

  • Speaker #2

    Oui, qui vend des lessives, toujours, bon, réel, ariel, bonnux, tu es un leader des... il y avait trois boîtes, il y avait Procter, Colgate et Le Vert. Procter et Lager. C'est là où j'ai vraiment appris encore plus qu'à HEC.

  • Speaker #1

    Et si on essaie d'être un peu spécifique, est-ce que tu te souviens, tu as appris des trucs en particulier ? Tu as été une belle maison du coup ?

  • Speaker #2

    J'ai appris, je vais citer deux choses. D'abord, j'ai fait comme tout le monde un stage de vente. Je partais avec ma petite camionnette, j'avais comme 23 ans, 4 ailes à l'époque. Et tous les matins, je partais et je devais faire 15 visites. et à voir tout ce qu'on en a. Et je n'avais pas de formation. Mais il y a une telle formation intelligente à la vente chez Procter que je vendais, qu'on arrivait à vendre. Est-ce que j'étais doué ? Je ne sais même pas. Mais savoir rentrer dans un magasin, quand on vous dit moi j'entrais à midi dans les épiceries vous ne vous foutez pas la porte, vous vous dites écoutez, on n'a pas le temps maintenant Il faut garder son calme et dire non mais j'ai le temps, je reste, il faut aller voir les stocks Ah non, pas question, vous y alliez. Non, non, mais écoutez, je ne vais pas déranger, j'y vais juste 15 secondes et vous allez au stock. Et après, vous avez préparé votre vente. Vous savez que l'épicerie vend 15 caisses de Benux par mois, je ne sais pas combien, et vous avez donc, en fonction des promotions et tout, préparé. Et vous ne dites pas de quoi vous avez besoin. Vous dites, j'ai vu votre stock, je connais vos chiffres habituels. Je vous propose ça. Et vous avez une feuille là. Et bon, vous arrangez pour en mettre un peu plus, peut-être pas beaucoup plus. Vous négociez. Et la négociation perd. Donc, vous arrivez à vendre, je vais dire, même si vous n'êtes pas doué pour la vente. Les objections. Les objections, c'est un ballon. Un ballon qui doit se dégonfler. Et je m'en sers beaucoup dans mon métier après. Non, mais là, j'en veux pas. Telle raison. c'est pas intéressant, j'en ai trop, vous dites jamais non, vous dites je comprends très bien, oui, non, je suis d'accord, mais, et vous renez, donc je vous propose ça, jamais de conflit, enfin, j'ai appris ça, c'est un peu rapide, mais c'est vraiment, c'est bon, j'y reviens après. Deuxièmement, j'ai appris un truc capital, être bref, Maxime, favorite, c'est soit bref et tais-toi. Je suis un peu bavard que c'est des reviews, mais si je suis trop bavard, vous couperez. Mais moi, je n'aime pas les dossiers. Quand j'ai eu beaucoup de collaborateurs, maintenant aussi, quand ils me présentent un dossier, ils disent ça ne m'intéresse pas, tu me laisses ce dossier, je voudrais qu'en une page, tu me résumes exactement ce que tu veux, ce que tu recommandes. Et chez Procter, tout marche comme ça. Si vous recommandez la... le lancement d'une lessive en Amérique du Sud, en Afrique, peu importe, vous devez avoir la recommandation, qui est un mot-clé, en une page. Quand vous êtes jeune, vous la refaites 19 fois, 20 fois. Non, là, il y a un mot de trop, ça ne sert à rien, le mot que tu as mis, vous arrivez à quelque chose qui, à un moment, a des allures, et qu'on vous a tellement sabré, qui est bien. Et puis ça monte. Ça part du bas, ça monte et ça va jusqu'au président de Procter & Gamble qui dit... Et là, vous avez aussi une troisième chose, toujours recommandée. C'est-à-dire, jamais quelqu'un qui vient à votre bureau et vous dit, Il y a trois solutions. À vous, M. le Président, de choisir. Jamais ça. Dès qu'il vous présente une chose, quelle est ta recommandation ? Quel est ton point de vue ? Je suis d'accord ou pas, mais quel est toi ton point de vue ? Vous obligez la personne qui est en dessous de vous. Vous obligez la personne à vous réfléchir à quel est sa recours. C'est les mots, le jargon. Et donc, j'ai fantaisiquement appris chez Procter. Et voilà. Alors ensuite, au bout de cinq ans, soit vous y restez toute votre vie. Et pourquoi pas ? Vous aurez un très, très bon boulot. Soit vous avez envie de changer. Au bout de cinq ans, c'est le moment de la chanter dans la pub.

  • Speaker #1

    Donc, tu as appris beaucoup sur le terrain, la vente, la concision. Et c'est marrant parce que moi... Un de mes métiers, j'accompagne des entrepreneurs qui veulent lever des fonds. On sollicite des gens qui sont très sollicités. Et ce qu'on fait ensemble, on travaille la concision. Parce que parfois, le plus dur, c'est de faire très court. On pourrait en parler, parce que comme tu es un grand communicant, je pense que c'est parfois plus dur de faire très court en quelques mots.

  • Speaker #2

    Il y avait d'ailleurs une épreuve à Gécé, qui s'appelait la méthode, où vous deviez résumer un... Tu devais résumer un texte de une dizaine de pages en 20 lignes. Et pour moi, j'y crois beaucoup et tu gagnes beaucoup de temps en ayant ce réflexe. Et puis, je suis producteur, tu as aussi un côté, tu as deux choses plus anecdotiques, mais un côté absolument informel. informel, sur un confinement qui fait que tu arrives, par exemple, tu tutoies ton président.

  • Speaker #1

    C'est étonnant.

  • Speaker #2

    À six échelons de loin de toi.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas un esprit un peu américain ?

  • Speaker #2

    Si, c'est américain. Alors bon, on peut vous trouver ça ridicule ou pas, mais finalement, c'est plus facile de dire à quelqu'un je ne suis pas d'accord avec toi Le monsieur, je ne suis pas tout à fait d'accord avec vous. Bon, ça. Donc il y a une ambiance. Deuxièmement, il y a les horaires. Ils ont un truc qui, pour moi, le mec qui travaille, c'est pas le mec qui fait le plus grand nombre d'heures. Ça, je le vois, je l'ai vu dans d'autres métiers. C'est le mec qui a un rythme de travail le plus important du jour. Le grand président... Il y a 5 rendez-vous, le maire président a 2 rendez-vous, en 1 heure ou en 2 heures, peu importe. Et donc ils apprennent aussi ça. Alors on démarrait à 8 heures, on arrêtait à 17 heures, comme ça. Quand tu es assistant à 17 heures, tu as encore beaucoup de trucs à faire, tu penses, ça serait plutôt bien vu de rester un peu. On m'a dit quitter la chine qu'il y a 5h30-6h, ça veut dire que tu n'organises pas bien.

  • Speaker #1

    Bien sûr, la force à s'organiser et être productif.

  • Speaker #2

    Bon, tout n'est pas transposable parce que si on a des clients, comme j'ai eu après, tu ne peux pas les envoyer sur les roses à 17h30. C'est un métier où tu n'as pas de consommateur en face de toi.

  • Speaker #1

    Tu as beaucoup appris chez Procter & Gamble. Et après, en intro, tu m'as dit, avant de fonder RSCG, on va y venir, tu as eu une petite expérience dans la pub ?

  • Speaker #2

    Oui, ça fait trois ans, je suis dans une agence américaine. D'accord. Je savais Norman Craig & Cummell, NCK. Il y a un truc qui est intéressant, c'est qu'il y a un garçon, mon ami, qui a été à l'origine de Prodictement. toutes les grandes étapes de ma vie. Il s'appelle Bernard Brochand, qui a été maire de Cannes, et j'étais HEC avec lui. J'étais un ou deux ans plus jeune, mais dans la même équipe de foot. Il était capitaine, sympathisé, quand il est parti, c'est moi qui ai pris le capitana et tout, et on est devenus amis. Ensuite, ce garçon est rentré. Chef Procter, lui aussi, il m'envoyait, alors je me disais que ce que je vais faire après, je sais, il m'envoyait une lettre de deux pages en m'incitant à aller chez Procter. Pour être très honnête, à l'époque, je ne savais pas si Procter vendait des petits poids ou des clous ou des livres, je ne savais pas du tout. Il m'a décrit Procter, il m'a dit de vrai, tu apprends, il m'a fait vraiment comme il était aussi, il savait vraiment vendre et présenter les choses. Je suis allé candidater chez Procter et j'ai été pris.

  • Speaker #1

    C'est marrant parce que deux fois, quand tu es rentré à HEC et chez Procter, tu as fait confiance deux fois à des gens.

  • Speaker #2

    Ce garçon Bernard, au bout de quelques années de Procter, est allé lui aussi dans la publicité, chez la même agence. À un moment, il a voulu changer d'agence. Il m'a dit, il faut que tu rentres dans cet agent. C'est lui qui m'a vendu. l'agence de publicité où je suis allé, NCK. Après, Roussigla avec Desmarais, et c'était pas le premier choix pour être le troisième homme. Le premier choix, c'était lui. Ce qui était normal, c'est qu'il avait deux ans plus de maturité, et il a dit Non, je peux pas, parce que je suis dans une agence, des DB, où j'ai une carrière. Mais il y a un mec qui est formidable, il devait prendre, Kezac. Je suis rentré chez Rousségala après de l'envie.

  • Speaker #1

    C'est ton ami qui t'a recommandé auprès de Rousségala ?

  • Speaker #2

    Après, j'étais à Paris, je jouais au foot et j'habitais dans le même immeuble que lui, un peu par hasard, enfin pas par hasard, mais pas dans mon appartement, à Saint-Cloud. On jouait tous les deux au foot à Saint-Cloud, en promotion d'honneur à l'époque. Il a été président de l'association du Paris Saint-Germain. À l'époque, il n'y avait pas de société commerciale. Donc, c'était lui le président. Il devait nous rejoindre. Donc, pendant 4-5 ans, j'avais trop de boulot. Je dis, non, je n'ai pas envie de rentrer au comité, mais j'étais un peu un supporter VIP. Donc, j'allais à tous les matchs, j'allais à l'entraînement avec lui et tout. Et puis, à un moment, je suis rentré au comité et il était là. Et donc, ce garçon...

  • Speaker #1

    Ce comité, juste pour comprendre, ça faisait partie du Paris Saint-Germain ou c'était une association de supporters ?

  • Speaker #2

    Non, non, le Paris Saint-Germain, au début, était une association dont il était président. Il n'y avait que ça. Et ensuite, il a été permis aux clubs de football, associations, de devenir des sociétés commerciales. Et c'est là où on a cherché avec Bernard Rochon, justement, et on a trouvé Canal. qui a repris le PSG. Il y avait Canal où les gardes d'air pouvaient reprendre. C'est Canal qui a repris le PSG, qui a pris au début une minorité de blocage, qui n'avait pas le droit de prendre la majorité. Après, ils ont pris la majorité. Et après, la totalité.

  • Speaker #1

    Donc là, c'est passé en entreprise, le Paris-Saint-Germain ?

  • Speaker #2

    En entreprise. C'était commercial. Et l'association continue à exister. mais surtout des amateurs, des gens qui n'étaient pas professionnels et par exemple avaient des pouvoirs assez importants, mais qui avaient...

  • Speaker #0

    Il gardait la possession de la marque, la propriété de la marque, c'était important, et la propriété du droit d'inscription au championnat. Donc si l'association qui était à côté de la société commerciale, s'il y avait de mauvais rapports, il pouvait bloquer le système. Et donc Brochand était resté président de l'association, c'est le gendarme de Canal, Pierre Lescure d'Odiso, qui était président de la société commerciale. Ensuite, Brochon est parti à Cannes pour être maire. J'ai pris sa place à l'association. Et après, en 2006, quand Cannes Plus a vendu à Bazin, il m'a choisi pour être le patron du PSG commercial, du vrai PSG.

  • Speaker #1

    Du coup, si on revient sur ton parcours, en 1972, tu as 31 ans. Là, tu rejoins, comme tu l'as dit, Seguela et Roux sur les conseils de ton ami. C'est quoi, pour créer RSCG, qui sont les cadres initiales des cadres cofondateurs, et donc le C de KESAC, c'est quoi l'ADN à la base quand vous créez cette agence ? C'est quoi le postulat, l'ADN, le manifesto ?

  • Speaker #0

    Alors l'histoire, c'est que Roussé et Gala, deux garçons qui avaient monté leur agence depuis peut-être deux ans, pas longtemps, D'un, un grand créatif, on avait tous vu, Seguela, et l'autre plutôt le financier.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et les deux avaient démarré par des campagnes sur des budgets immobiliers, surtout sur des... À l'époque, c'était la grande période où il y avait beaucoup de construction, et ils recherchaient quelqu'un pour développer l'agence dans la grande conso, dans ce que j'avais appris chez Procter. les grandes marques, les marques consommateurs qu'on appelle B2C. Donc chercher quelqu'un du profil de Brochand ou de César, il y en avait d'autres bien sûr. C'est là où je suis rentré pour développer l'agence dans des secteurs beaucoup plus grand public. Honnêtement, j'ai réussi. Donc l'agence est rentrée, j'ai appelé tous mes... tous mes patrons, qui étaient mes patrons chez Procter & Gamble, en disant, voilà, je voudrais te présenter la jambe. Et en général, que ce soit Lubrin, que ce soit Jacques Barbe, que ce soit Bell, la fromagerie Bell, la plupart des patrons qui m'avaient apprécié chez Procter, on confiait non pas la marque numéro 1, mais la marque numéro 2 pour faire mes preuves et tout. Et on a grandi comme ça.

  • Speaker #1

    Et si on revient, tu nous as parlé de la complémentarité du coup, entre... entre les différents associés de RSCG. Moi, ce qui est fort de comprendre, c'est aussi une belle association. On sait que c'est un facteur clé de succès, quelque chose qui fait qu'une boîte, elle peut fonctionner. Mais c'est parfois pas facile aussi. Est-ce que vous avez mis du temps un peu à vous roder ? Est-ce qu'au départ, vous vous engueuliez ? Ou chacun trouvait... Parce que la difficulté, je pense, c'est que chacun trouve sa place. Chacun a sa zone de liberté.

  • Speaker #0

    Oui, le G est rentré trois ans plus tard. Le G était... Exactement le parcours que moi. HEC rentrait le même jour chez Procter et tout. Lui aussi il fallait l'intégrer. Donc la réponse est, on s'est engueulé beaucoup. On était d'accord sur les grandes lignes de développement de la genre. On s'est engueulé comme on s'engueule sur un terrain de foot.

  • Speaker #1

    Après c'est fini.

  • Speaker #0

    Après l'engueulade on se serrait la main ou pas d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Et on boit une bière.

  • Speaker #0

    Et on boit une bière et puis le lendemain on en parlait plus. Donc on a été...

  • Speaker #1

    T'es pas demandé finalement ?

  • Speaker #0

    Jamais demandé. Et je me sers beaucoup de ça quand je coach ou je conseille. Le secret, c'est pas le seul, il y a deux secrets de l'association. D'abord c'est d'être complémentaire, de se dire tout, de rien garder pour soi, de crever l'abcès quand on a des accords. Forcément il y en a avec des gens de profils différents. Le rouge c'est le financier. C'est égal à le créatif. Moi, disons, l'homme de marketing et manager, et mon ami Koudar qui est venu après, l'homme de l'international, puisqu'on a développé un réseau dans tous les pays du monde.

  • Speaker #1

    Et tu disais que vous étiez d'accord sur les grandes lignes. C'était quoi les grandes lignes de RSCG ?

  • Speaker #0

    Les grandes lignes, c'était la créativité avant tout.

  • Speaker #1

    Ok. Qui dans ton métier était primordiale, j'imagine.

  • Speaker #0

    Oui, mais il y a des gens qui privilégiaient le... satisfaction du client avant la créativité. Moi quand un collaborateur venait d'un client et qu'il me disait, je lui disais, ça s'est passé comment ? On a dit très bien, nos clients ont été contents. Je me dis mais je m'en fous pas vraiment. Est-ce que c'était bien ce que tu as vendu ? C'est une démarche complètement différente. Et on a amené, on ne veut pas dire qu'on méprisait les clients, on les écoutait au contraire beaucoup. Mais on n'était pas là pour leur cirer les ponts, on était là pour les conseiller, les aider, leur servir. Et très rapidement, ils le ressentaient.

  • Speaker #1

    Ce qui est assez logique, parce que je vois très bien ce que tu veux dire, mais quand on réfléchit, un client, des fois il va... payer un conseiller c'est peut-être aussi pour avoir un avis différent.

  • Speaker #0

    Bien sûr, s'il veut faire sa campagne lui-même, il n'est pas forcé de prendre une agence. Mais s'il la prend, c'est qu'il veut qu'elle ait une valeur ajoutée.

  • Speaker #1

    Bien sûr.

  • Speaker #0

    Et donc ça c'est capital. Il y a un maximum que je n'aime pas, c'est le client R3. Le client n'est pas roi. Le client, il est là, il te respecte. Si tu lui sers quelque chose, si il développe son business, mais il n'est pas là, tu n'es pas un esclave devant un client, tu es un partenaire du client qui cherche à développer avec lui son business. Si tu ne le développes pas, c'est une mauvaise vie. C'est la vie ça.

  • Speaker #1

    Ok, et donc RSCG, moi ce que j'ai lu, parce que du coup, tu m'excuses, mais c'est vrai que je n'ai pas connu la grande époque de RSCG. Donc j'ai lu que ça a grandi rapidement et que ça devient une des agences leadeuses en Europe et dans le monde. Tu nous en parlais, après vous avez ouvert des sites un peu partout sur la planète. J'ai même lu qu'on parlait du carré magique Roo, Segela, Kezak, Goudar, donc quatre communicants. Vous êtes du coup monté à combien à peu près de chiffre d'affaires ? Tu disais 16 000 collaborateurs aussi ?

  • Speaker #0

    Non, alors vous m'avez expliqué qu'il y a eu des étapes. On n'est pas passé tous les quatre seuls à 16 000. On est passé tous les quatre, c'est déjà bien, à des agences en province, des agences partout internationales, à quatre ça. Et on était peut-être 5-6 000. C'est pas mal.

  • Speaker #1

    En France ?

  • Speaker #0

    Non, dans le monde.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Dont les 70% en France. Là, on a eu un problème, c'est qu'on n'avait pas de... et pas d'actionnaire de fonds riches et donc tout ça c'est avec un autre couteau donc donc un moment on a eu beaucoup d'endettement trop d'endettement bancaire du coup bancaire on avait un compte d'exposations qui était plutôt correct et tout il fallait qu'on trouve une solution faire entrer fonds comme toutes les boîtes à un moment tu es dans tous les pays du monde tu peux pas T'as beau être malin, t'as pas les moyens. On s'est payé très peu au début pour développer la boîte et tout. Et donc, on a ce problème d'endettement qu'il fallait régler. Et là, on a vu beaucoup de gens. On avait une très bonne image. Et on n'avait jamais voulu se vendre tant qu'on marchait bien. Ce qui est peut-être une connerie, là. Je serais aujourd'hui pas ici, je serais dans un château. Parce qu'à un moment, on avait une cote phénoménale, on était invité par les réseaux américains qui voulaient acheter de la part de marché, et tous les quatre, on y allait, et en sortant, on rigolait, on restait ensemble, seuls, indépendants. Ce qui n'est pas forcément ce qu'on a fait de mieux, parce qu'à un moment, on a été obligés de trouver la solution, alors qu'à l'époque, quand on n'était pas obligés, on était sollicités. pêché d'orgueil probablement, goût de l'indépendance à tout prix. C'est pas forcément un modèle. Mais on l'a fait comme ça, on a été heureux comme ça, jusqu'au jour où on s'est revendu à Avas. Donc, RSCG plus Avas, on fusionnait. La vérité, c'est qu'ils ont racheté. Mais on a gardé toutes les... tout le pouvoir. Moi j'étais patron de la France, coup d'art international, c'est guérilla de la création, roux était parti. Et c'est là où on s'est développé, on était la première agence d'Europe, nettement, et la cinquième agence du monde avec Avas, et on s'est au début appelé Euro RSCG, et après on a pris le nom d'Avas, et je suis parti.

  • Speaker #1

    Et si on revient sur les... Un peu les grandes campagnes que vous avez faites. Moi, j'ai lu que vous avez fait la campagne en 1981 de François Mitterrand.

  • Speaker #0

    On a fait beaucoup de grandes campagnes. Le Citroën, Philips, Wulit, Jacques Vabre et tout. Mais on a fait la campagne de François Mitterrand.

  • Speaker #1

    Et ce que tu peux nous raconter, c'est quoi la différence entre faire une campagne pour une marque de Procter & Gamble et faire une campagne pour un potentiel futur président de la République ?

  • Speaker #0

    Au début, il y a peu de différences. Les gens qui nous critiquent, ou qui critiquent, disent qu'un homme politique, ce n'est pas un objet. Si, c'est un produit. Il faut... Et à un moment, le rôle d'une agence de pub, c'est de faire, que les mots plaisent ou pas, c'est en fait de faire des marques qui s'occupent des produits. des stars de leur univers. Les stars du café, les stars des distributeurs et tout. Et le but de la LEC du président de la République, du fait de la LEC du président de la République au suffrage universel, c'est qu'il doit être un monsieur compétent, et qu'il devienne une star pour tout le monde. Une star c'est quelqu'un qui a un programme, Quelqu'un qui a un caractère très clair, très profond et qui a un style. Et cette marque personne, on l'appliquait aussi aux marques. La marque, je ne sais pas moi, Citroën, peut avoir un physique. Le physique, c'est, je ne sais pas, sa vitesse, son avantage, son bénéfice consommateur, sa vitesse, sa sécurité, je ne sais pas quoi. Le caractère, c'est en profondeur, je ne sais pas, c'est une marque technologique, la technologie. innovatif caractère de volvo c'est la sécurité caractère le style c'est la façon de se mettre en avant et le style ça peut changer le physique Ça peut changer aussi, vous pouvez... Tu peux vendre la vitesse pour une voiture une année, et l'autre année, tu vas avoir envie de vendre la ligne, par exemple. Mais ce qui ne change pas profondément, c'est l'ADN de la marque, c'est le caractère. Et pour un homme politique, ce qui ne change pas... font d'eux-mêmes ce caractère. C'est pour ça que je suis très méfiant par les politiques quand on parle du Rassemblement National. Je ne dis pas ça pour politiser.

  • Speaker #1

    Mais l'ADN, ça reste. C'est la base, le socle.

  • Speaker #0

    Quand on dit qu'ils ont beaucoup changé, que ça n'a plus rien à voir, je ne le crois pas. Parce que l'ADN, j'ai appris dans toutes les marques dont j'ai les hommes politiques, les partis, que l'ADN, c'est très profond et ça restait. C'est un ADN auquel tu adhères ou pas. Je n'adhère pas à cet ADN-là, personnellement. Et donc, je ne crois pas avoir. Donc voilà. Donc, Mitterrand, on a d'abord recherché le caractère qui le... Comment dire ? C'est difficile. Qui le qualifiait le mieux, après beaucoup d'études, après des études de marché, après avoir questionné des gens. Et aussi un caractère qui intéresse les gens. Si le caractère, c'est timide. Tu ne vas pas être pris dans la public avec une actrice. Et on a donc découvert un caractère qui était la force tranquille. On disait la force tranquille, c'est Mitterrand, il a un affront costaud sur lui, puis il a l'air complètement serein et tout. La force tranquille est devenue le caractère de marque de Mitterrand.

  • Speaker #1

    Est-ce que la force tranquille, qui était le slogan de Mitterrand, du coup ça venait de RSCG ?

  • Speaker #0

    Complètement. Ok. Complètement, en travaillant de très près avec lui. Le physique, c'est le programme, enfin, le principal point du programme. Le style, c'est la façon de se comporter, c'est de paraître. Bon, je ne vais pas prendre des exemples, mais il y a des présents dans le public qui ont été desservis par la façon de se comporter, par leur physique. Bon.

  • Speaker #1

    Bien sûr.

  • Speaker #0

    Donc voilà, c'était ça, le boulot, la force tranquille. Et ce qui est très intéressant... C'est que moi, je n'étais pas pour. Je pourrais revendiquer la victoire. Pourquoi ? Parce que quand on est plutôt à gauche, c'est mon cas, on ne peut pas faire une campagne pour la gauche. L'intérêt de la campagne est de séduire les gens de l'autre camp, à droite. une droite traditionnelle, disons, que Mitterrand est une option possible. Et donc tu es obligé de faire une campagne qui soit un peu une campagne de droite. Si tu fais une campagne de gauche, les mecs sont déjà convaincus. Tu fais une campagne de droite, et donc le décor qui était un peu pétiniste, clocher, tout ça, c'était vraiment un décor plutôt de droite. Et donc je travaillais un peu bien sûr. J'étais mal à l'aise avec ça. C'est gars-là qui est plus décontracté que moi sur la politique. Il est très à l'aise.

  • Speaker #1

    Du coup, ça m'amène, j'ai deux questions à te poser déjà. Avant, vous travailliez essentiellement pour des marques, des entreprises, donc il n'y avait pas forcément d'idéologie. Là, finalement, vous travaillez quand même pour un président qui était au Parti Socialiste. Est-ce que c'est avant de prendre la décision d'aller travailler pour lui, là vous allez, si vous réussissez la campagne, potentiellement vous allez favoriser son accession au pouvoir ? Est-ce que du coup ça a été un sujet ? Et tu vois, toi tu as dit que tu étais de gauche, je ne connais pas Jacques Seguéla, mais j'ai l'impression qu'il est plutôt à droite.

  • Speaker #0

    Ça dépend des années.

  • Speaker #1

    Ça dépend des années, d'accord. Est-ce que c'était un sujet, en tout cas entre vous, de dire on accompagne un homme politique ?

  • Speaker #0

    Par exemple, sur Jeux.la... Si la situation a été telle qu'elle, on a oublié que Goudard était plutôt à droite, parce qu'après il a conseillé Chirac à Goudard, que Bernard Roux aussi plutôt à droite, moi plutôt à gauche, quand même fois une gauche modérée, et pour se dire, finalement, c'est un exercice de communication. On y va, on est tous les quatre d'accord.

  • Speaker #1

    Il a pris comme un nouvel exercice aussi, qui était riche en apprentissage.

  • Speaker #0

    Il y a des limites à ça. Il y avait le Front National, par exemple à l'époque, on aurait dit la même chose, Bon, je fais partir Mais Mitterrand était, bien sûr, il pouvait gêner beaucoup de gens, mais il était quand même acceptable. C'était pas un...

  • Speaker #1

    Républicain, humaniste...

  • Speaker #0

    C'était pas Mélenchon, c'était pas Bardella. Donc il y en a beaucoup. moins extrémistes. Mais on a été courageux parce qu'on a quand même une perte des clients.

  • Speaker #1

    Moi je ne veux plus vous voir. Le Real,

  • Speaker #0

    à l'époque Jacques Vrave et tout, ils ont mis au banc. Ce qui est très intéressant, c'est que quand on a commencé à travailler pour Mitterrand, il avait 30% d'intention de vote. Donc il n'était pas du tout un favori. Il est allé et on l'a fait gagner. Et les gens qui étaient contre nous, au début, au mois prochain, ils se sont dit, mais ils ne sont pas si nuls.

  • Speaker #1

    Ils ne sont pas assez au-dessus de l'idéologie, ils se sont dit, ils sont performants.

  • Speaker #0

    Un mec qui font comme élire un président de la République qui n'était pas favori. Donc bon, il devrait bien réussir sur ma marque. Donc ils sont venus.

  • Speaker #1

    Est-ce que, parce que maintenant on sait que les politiques font appel à des sociétés privées pour se faire conseiller, Est-ce qu'en 80, c'était fréquent pour les hommes politiques ?

  • Speaker #0

    Je me souviens un peu très bien, mais non, je dirais. D'accord. Non, non, il n'y avait pas de... S'il y avait eu des campagnes, s'il y avait eu des campagnes Chirac, mais qui n'étaient pas certainement envergues. S'il y avait eu ce cours à la droite revient, ou des campagnes avec des gens très dynamiques qui étaient à la droite du temps de Chirac, s'il y en avait eu. En général c'est souvent nous d'ailleurs, on est à la CG, et qu'on avait aussi à un moment fait une campagne, c'était pas les mêmes personnes parce qu'on ne vise personne à travailler, un collaborateur à travailler sur une cause contre laquelle il est, c'est que des volontaires. Et il y en avait qui avaient travaillé sur quand même les Chirac et tout, et d'ailleurs après Seguela était conseiller de Sarkozy, tout ça. Donc j'étais le seul je dirais qui était un... un petit peu un petit peu idéal.

  • Speaker #1

    Et du coup, si on avance un petit peu dans ton parcours, en 1984, tu deviens président de RSCG, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Oui, d'abord RSCG France et après Euro RSCG Worldwide, c'est-à-dire la fusion des agences de Davos et de l'ensemble du réseau mondial.

  • Speaker #1

    Ok. Et est-ce que c'était ton souhait ? Et pourquoi du coup tu as été nommé, choisi par...

  • Speaker #0

    Prévis par le président Navas.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Il y avait un président Navas, Saldaldi, et puis il y avait le réseau Euro-RCG qui était le gros réseau mondial. C'est le président Navas qui m'a choisi.

  • Speaker #1

    Et est-ce que... C'est quoi, ça consiste en quoi, le métier de président ?

  • Speaker #0

    Ça consiste à, d'abord, tout dépend, si tu es président d'une boîte de 20 personnes et de 15, 16 000, c'est un peu différent, bien que les mêmes qualités soient importantes. Mais, donc, quand tu es président d'un réseau mondial, tu dois aller dans tous les pays, connaître les gens, les voir, les conseiller, vérifier leurs chiffres, les contrôler, etc. Quand tu es président d'une PME, qu'au début c'était une PME, là on parle de la fin, Tu dois être près des gens, tu dois être accessible, tu dois faire en sorte que les jeunes aient la parole, qu'ils aient le droit de rentrer dans ton bureau pour te dire je ne suis pas d'accord là-dessus tu te acceptes, tu discutes, mais ce n'est pas parce que tu as un beau bureau que tu es un bon président. Il faut aimer les gens, il faut aimer les autres, les critiquer, les aider. Leur dire qu'on ne les sent pas bons, c'est important ça. Leur dire qu'on les sent bons aussi, mais leur dire qu'on ne les sent pas bons, pourquoi ? Pour les améliorer, leur dire tu devrais faire ça, ça et ça. Donc on doit être très proche des gens. Je dirais que c'était une de mes qualités un peu reconnues si j'étais... J'ai toujours été proche des gens, qu'on soit petit, voyant ou gros.

  • Speaker #1

    C'est peut-être lié aussi à ton parcours, du fait que tu viens d'un milieu entre guillemets normal, à Évreux, et puis que tu as côtoyé aussi, tu as été à HEC, donc tu as côtoyé peut-être un milieu social différent, et finalement tu sais parler un peu à tout le monde.

  • Speaker #0

    Oui, oui. Oui, je mangeais dîner avec des présidents de la République et puis des... pas des voyous, mais des copains qui étaient d'une autre profession.

  • Speaker #1

    Et donc, si on avance, parce qu'après, on va évidemment parler du Paris Saint-Germain, sur la fin du chapitre RSCG, du coup, en 2005, tu décides de quitter RSCG, et notamment, je crois, parce que Vincent Bolloré avait pris le contrôle de Euro RSCG, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Absolument. Vincent Bolloré prend le contrôle petit à petit, 5%, 10%, 4%, 20%. Et comme on n'avait pas d'actionnaire majoritaire important, avec 20-25%, il était le plus gros actionnaire. Et donc il gagne une assemblée générale et il prend le pouvoir avec 25%, je ne sais plus à l'époque, contre lesquels nous on avait lutté parce qu'on voulait qu'Avast garde le pouvoir.

  • Speaker #1

    Comment c'est possible, si je peux me permettre, qu'il prenne le pouvoir parce que la boîte était cotée ? Et racheter des actions ?

  • Speaker #0

    Oui, absolument. Absolument, c'est ça. À partir de X%, 35%, tu vas faire une OPA, mais si tu es moins, si tu arrives à prendre le pouvoir sur une OPA, tu n'es pas obligé de tout racheter. Donc tu prends le pouvoir à bas prix. Comme c'est un grand financier, il a très bien navigué, il a pris le pouvoir.

  • Speaker #1

    Est-ce que pourtant, il y avait un... Entre vous, j'imagine que vous parliez, vu que c'était un actionnaire. Est-ce qu'il y avait un espèce de gentleman agreement sur comme quoi il ne devait pas monter au capital ? Et c'est ça qui t'a déçu, entre guillemets ?

  • Speaker #0

    Le gentleman agreement n'est pas tellement l'expression, parce que j'étais quand même neuf ans en procès avec lui.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Mais non, non, il n'y a pas d'agrément. On a essayé de travailler. ensemble au début, et moi en disant, il a gagné, il a gagné, et on a eu beaucoup de mal, on n'avait pas les mêmes choses, et moi, j'ai dit, je veux partir. J'avais une clause qui me permettait de partir s'il y avait un changement d'actionnaire. J'ai dit, je la fais jouer, je veux partir, alors je crois pouvoir dire qu'il souhaitait que je reste, parce que bon, pour différentes raisons. Et cette clause qui n'ont pas... respecter l'avant. Je ne veux pas rentrer dans les détails du procès, qu'ils n'ont pas reconnu, qu'ils n'ont pas respecté. Il y a eu un procès de 9 ans où j'ai gagné finalement. Je demandais pas énormément, je demandais de partir parce que prévoyait le contrat deux ans de salaire. Donc j'ai gagné mais il y a eu 9 ans difficiles. Mais bon, c'est la vie et chacun jouait sa. Chacun jouait son rôle. Mais moi, je ne sentais pas rester. Ce n'était pas mon truc. Tiens, j'ai lu une citation de Victor Hugo hier. Soyez comme la roi. Changez vos feuilles, jamais vos racines. Changez vos opinions, gardez vos principes.

  • Speaker #1

    C'est une belle citation. Je ne l'avais jamais entendue, celle-là.

  • Speaker #0

    Moi non plus. Je l'ai pas entendue. Moi, je la trouve fabuleuse.

  • Speaker #1

    Pour Claude, le premier gros chapitre professionnel de ta vie, autour justement de la communication, etc. C'est quoi finalement un bon communicant pour toi ? Sachant qu'aujourd'hui, on est quand même dans un monde où je trouve qu'on communique de plus en plus. Qu'est-ce que c'est un bon communicant ?

  • Speaker #0

    C'est très large, mais c'est quelqu'un qui, d'abord, respecte l'autre, qui écoute, et ensuite qui sait... répond de façon sincère, alors que tous les hommes politiques n'appliquent pas mes principes, mais de façon sincère, directe, brève, sans régressivité. Quelqu'un qui a des conceptions simples, mais qui ne changent pas de racines tous les huit jours, et qui ensuite exprime ça de façon claire, très synthétique et très accessible aux communs des mortels. Et on souffre de ça parce qu'il y en a assez peu qui réussissent cet espoir.

  • Speaker #1

    Qui restent ancrés, oui.

  • Speaker #0

    On comprenait bien ce que disait Mendes-France, on comprenait très bien ce que disait Delors, on comprend bien ce que disait Sarkozy. Il y en a qui arrivent, d'autres c'est quand même plus confus. Il faut vraiment avoir fait, je vais dire, Elena Réunie pour... Ils comprennent quelque chose.

  • Speaker #1

    C'est vrai, il y a un sage que j'ai interrogé sur cette saison qui me disait en off, justement, que le problème des hommes politiques, entre autres, c'est qu'on ne comprenait plus ce qu'il disait. Et il disait qu'au moins, à Jacques Chirac, qu'on aime ou pas, il parlait assez simplement aux gens.

  • Speaker #0

    Oui, je dirais le problème de Macron, par exemple. C'est un problème de communicant que je donne, pas du tout un problème politique, pas du tout un problème de vue politique. C'est qu'il parle très bien, il est extrêmement brillant, d'une intelligence rare, mais pas accessible. C'est-à-dire, au bout de... Il débarque bien, cinq minutes, et après il rentre dans des concepts qui sont très intelligents, mais techniques. Alors que, oui, comme tu dis, Jacques Chirac, ou Sarkozy, ou même Mitterrand, ou De Gaulle, Tu comprenais, quand il a dit vive le Québec libre ou je vous ai compris il a été communiquant, il a trouvé les formules. On a aimé ou pas, il y en a qui ont pas aimé, je peux comprendre. En tout cas, il a trouvé les formules. Donc être un mot communiquant, c'est de traduire de façon simple, directe et sincère. Quand on n'est pas sincère, ça se voit tout de suite. Sincérité capitale.

  • Speaker #1

    Tu as fait la campagne avec RSCG de François Mitterrand. Est-ce que tu l'as rencontré souvent ?

  • Speaker #0

    Souvent, non, mais je l'ai rencontré. Et surtout, j'ai un souvenir à la fois drôle et très fort pour moi. Quand il a été élu président, au bout de 10 jours, pour nous remercier. Il est venu dîner avec nous, je sais qu'il y a là, monsieur et madame Ségala, monsieur et madame Kézak, monsieur et madame Mitterrand, monsieur et madame Goudard. Il vient, donc c'était un peu impressionnant. Au début...

  • Speaker #1

    Le nouveau président de la République, quand même.

  • Speaker #0

    Oui, le nouveau. Alors, il est venu sans aucune... sécurité, taxique, il a venu poser là en chauffeur mais sans rien du tout. Il rentre, il marche comme un marchand météorant, on était un peu, un petit peu impressionné. Ce gars-là il a l'art pour mettre tout le monde à l'aise, on dîne et là on devient, je dis pas copain, mais comme un dîner avec des amis. Jouer à un jeu avec ces gars-là, il avait formé un gouvernement avec mon roi, de mettre des notes au ministre. On a dit, monsieur le président, vous avez mis ce bon part de navigateur, 13 sur 20, je ne sais pas. Il était ravi. On se permettait de mettre des notes. Vraiment, il m'a dit, moi j'ai joué au foot aussi, j'étais un gardien de but. On a vraiment sympathisé.

  • Speaker #1

    Il s'est pris au jeu, il est rentré dans le jeu.

  • Speaker #0

    Et alors le plus drôle, à la fin du dîner, on prend un verre, un café, et il se tourne vers moi parce que moi, je suis assez gratté chez lui, moi je partais aussi. Comme on dit à un copain, vous pouvez me pousser à la rue de Bièvre ?

  • Speaker #1

    Vous pouvez me pousser à une ?

  • Speaker #0

    A la rue de Bièvre. D'accord. À l'hôpital. Je me dis putain, dans mon fort intérieur, je me dis rue de Bièvre, je connais pas. pas très bien Paris.

  • Speaker #1

    Parce qu'il n'y avait pas les GPS à l'époque, donc il fallait connaître... Non,

  • Speaker #0

    je me vois ouvrir la fenêtre de la voiture et dire Vous pouvez m'indiquer la rue de Bièvre ?

  • Speaker #1

    Avec le président à côté ?

  • Speaker #0

    Et sa femme à côté, et ma femme probablement. Mais je dis Je ne peux pas dire non.

  • Speaker #1

    Non, c'est impossible de refuser.

  • Speaker #0

    Bien sûr, j'ai le président. Et j'étais venu avec la voiture de ma femme, un vieux... Une vieille bagnole, qui était un peu dégueulasse, une Volkswagen, pas dégueulasse, vieille, pas très bien entretenue, enfin vraiment quelque chose de pas très présentiel. J'ai dit, putain, je vais faire Paris, Saint-Jean-Pau, Elbière, avec une voiture merdique et tout. J'ai dit, ben oui, non, ok, j'y vais. Et là, je suis sauvé par ces gars-là, qui lui, en général, plus conflits que moi, qui en plus étaient ravis et très fiers de... Vous savez... T'en fais pas Alain, je vais ramener le président. Il m'a dit, vas-y, t'as une voiture ? Non, non, j'ai pas besoin. J'ai dit, prends la mienne. Il a pris ma vieille baignole et a raccourci le président. C'est drôle.

  • Speaker #1

    C'est une sacrée anecdote.

  • Speaker #0

    Et au cours du même dîner, il nous dit à la fin, tiens, je cherche un président pour Europe 1. C'est incroyable à l'époque. Robin a été nommé par le président de la République, Chirac avait nommé, je ne sais pas qui, bon. Vous ne connaissez pas quelqu'un ? On réfléchit, puis Goudard et moi, on est très amis avec un HEC très brillant qui s'appelle Pierre Barré. Je ne sais pas si tu te souviens, qui a été président de l'Express, et de repas après, qui a écrit des bouquins. Il était un type formidable, il est à l'Express actuellement. C'est Pierre Barré. Je ne connais pas. Il dit, je ne connais pas, je n'ai pas envie de parler. Écoutez, il a écrit des livres, et on lui cite les livres. livre évoque quelque chose en lui alors que la carrière économique politique rien assez de lui qui a écrit ça très intéressant problème si j'ai pas ses coordonnées moi mais nous à son portable on lui donne portable lendemain il appelle le seul lendemain il nommé président d'europa d'accord s'appelle pierre barret qui a dit ensuite marié avec mireille d'arc et après donc Ça, c'est intéressant quand on a une idée, parce que ça montre qu'à l'époque, il y avait vraiment très, très... Alors, aujourd'hui, déjà, on critique le fait que les industriels contrôlaient les médias. Enfin, à l'époque, c'était encore plus vrai, puisqu'il les nommait parfois.

  • Speaker #1

    Tout à fait, oui. Attends, il y a peut-être une séparation un peu plus forte.

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui.

  • Speaker #1

    Relative.

  • Speaker #0

    Relative.

  • Speaker #1

    Ok, si on revient du coup sur ta présidence au Paris Saint-Germain. Donc, en 2006, tu es nommé président. Comment ça se passe ?

  • Speaker #0

    Alors curieusement, j'étais quand même déjà au PSG depuis 20 ans. Ouais, 1984. Je suis arrivé quand mon ami Gérard Rouillet, qui est ici, aujourd'hui disparu, était entraîneur. J'étais au conseil depuis 20 ans. D'abord, j'ai failli faire une grosse bêtise. Canal+, voulait partir. On était stratégiquement plus dans le... dans ce qu'il voulait. J'ai acheté des repreneurs. Le président de l'époque s'appelait Grail. Francis. Tous les deux, Grail et moi, on dit on va racheter le PSG. On n'avait pas de payant. Moi j'avais un million d'euros que j'avais de francs, d'euros à l'époque, que j'avais comme j'étais déjà actionnaire de l'association, que j'avais gagné. Lui avait un million, deux millions. Puis on fait un montage, moi j'appelle par mes relations de banquier, j'appelle quelqu'un qui met de la musique dans les téléphones, 1, 2, 3 multimédia, concurrents d'index et tout, et qui dit oui d'accord, ça m'intéresse, je mets 10 millions. 10, 11, 12, on trouve, et on avait signé un protocole à 19 millions. Aujourd'hui il vaut 4 milliards et demi. Il a fait grand.

  • Speaker #1

    Il aurait fait une belle plus-value.

  • Speaker #0

    Oui, on ne l'aurait pas fait. Le matin de l'après-midi, on va signature chez Bertrand Meilleu, à l'échange de mon bar et tout. Le mec me téléphone, qui avait promis des millions, me dit je me retire On dit on va vraiment avoir l'air malin, chicanal Et Grail dit On y va quand même, on va trouver Bon, on y va. On lui dit Écoutez, on vous laisse un mois pour trouver Et après, il y a eu au parc des incidents contre Grail de la part des supporters qui ne pouvaient pas voir un type de la sécurité. Donc, moi, j'étais à côté de mes venus. Quoi qu'il en soit, écoute, moi, je ne peux pas avoir de clave quelqu'un qui est aussi impopulaire et tout. Et donc... On n'a pas acheté. J'aurais fait l'euro de ma vie, ma femme, on aurait divorcé. On aurait acheté, disait Filiot, on aurait monté un truc dans lequel on gardait le pouvoir, avec très peu d'argent. Mais on n'aurait pas réussi à acheter un joueur. Le PSG est riche parce qu'ils ont acheté tous les ans 10, 20, 30 millions, 100 millions, tout ça. Donc un club de foot, c'est pas le prix d'achat, c'est l'argent qu'on peut remettre après.

  • Speaker #1

    Pour investir, ouais,

  • Speaker #0

    pour le développer. Et moi, j'aurais pas un bon but de jeu. Donc ça aurait été un désastre. Bon, alors, ça c'est l'erreur que, heureusement, je n'ai pas faite, mais bon, j'ai bien failli la faire. Et ensuite, canal, canal rentre dans la dent, non, comment dire, c'est... comment c'est passé, c'est... Il y a une négo entre Canal et Bassin et Colonie Capitale. Et là, je suis en vacances Courchevel, dans une boîte qui avait beaucoup de bruit, et Bassin m'appelle. Je ne connaissais pas du tout.

  • Speaker #1

    Tu étais le président de Colonie Capitale ?

  • Speaker #0

    Il m'appelle et me dit Monsieur Kézak, je suis à New York, là-haut, je suis pas là. Je suis en train de racheter le Paris Saint-Germain. Est-ce que vous voudriez être le président ? Parce que beaucoup de gens m'ont dit, c'était Franck Riboud, Chonu, d'autres, ont dit vous aviez le profil type, vous adorez le club, vous y êtes depuis 30 ans, vous êtes chère dans vos entreprises. Ah bon, c'est un jeu. Je souhaite vraiment... Je dis écoutez, j'entends rien. On se rappelle demain. J'étais dans la boîte de Cochevel.

  • Speaker #1

    Il était en train de danser.

  • Speaker #0

    Ouais, un peu, oui. Et donc, le lendemain, on se rappelle, il y avait encore une négo, parce qu'il y avait un autre candidat, à lequel vous vous êtes associé. Moi, je lui ai dit, je viens avec vous, mais si vous êtes seul associé. Bon, c'est vrai qu'après, il y a eu Butler, il y a eu Morgane Sandlé, mais le majoritaire, c'était les colonies. Donc je dis, ok, si vous le faites, on fait la nuit des longs couteaux entre Colonie-Capitale, Basin, Méheu, Bompard et moi. Bompard et moi étaient plus silencieux, mais les deux qui étaient vraiment leaders, c'était Basin et Méheu, présents du canal. Il présente le colonneur, il passe toute la nuit, le bassin qui sentait bien qu'il voulait à tout prix vendre, il négocie et comme il sait le faire, très bien. Donc il n'y a pas d'accord. À 5h du matin, il me dit, on va manger un morceau, je dis, ah non, je rentre. Le lendemain, il m'appelle, il me dit, écoute, ça y est, on a renégocié aujourd'hui, le lendemain, j'achète le club. Donc je te... Encore. on se citoyer parce que c'est un peu le style et je dis ben d'accord je ça m'intéresse voilà écoute on a rendez vous donc les canades plus pour signer cet après midi 15h pour nous je suis à chicago j'arrive à midi et on se connaît pas du tout uniquement à jimois chechet dans mon agence, dans ma banque d'affaires, ça s'appelait Goetz à l'époque, c'était mon agent de sang, je lui dis écoutez ou écoute, je sais pas, peu importe, vous passez me prendre, et on aura une demi-heure avant le déjeuner qu'on doit avoir avec monsieur Pigasse de Lazare chez Laurent, pour se connaître. Demi-heure, demi-heure même pas, un quart d'heure dans la voiture. C'est pas grave. Et donc, on va chanter. Sébastien, Alain, tu vois. Ça marche tout seul. Je me dis tout de suite, c'est un mec qui a envie de... très libre, très libéré. Et on arrive donc avec Pigasse, qui est un type très fort chez Lazare. On arrive pour déjeuner. Et donc là, on se dit quoi ? On a l'impression qu'on était des copains de... de longue date. Donc, on dit oui, et après on va chez quelqu'un de plus, et là aussi je suis un très bon ami de Bassin, qui le connaît très bien, donc on signe. Alors qu'on ne s'est jamais vus, jamais vus, et qu'on a pris le contact chez le coup de fil à Courchevel. Et on se connaissait par relations communes, je vous dis, il y avait Franck Riboud, le patron de Danone, Christophe Chenu qui était... amis d'enfance, non pas d'enfance, d'école, de voisins, tous ces gens-là ont dit que Zaz serait pas mal. Ils ont peut-être même dit que ce serait bien.

  • Speaker #1

    Et donc tu es président du PSG pendant deux ans, c'était du coup l'époque, en entraîneur, tu avais Guy Lacombe et Paul Le Gouin ?

  • Speaker #0

    D'abord Guy Lacombe, un an et demi, après Paul Le Gouin.

  • Speaker #1

    C'était une présidence assez difficile quand même ?

  • Speaker #0

    Très. Très parce que... J'ai dû faire des erreurs, on a dû faire des erreurs, mais en tout cas, ce n'était pas du tout dû à l'actionnaire qui m'a laissé une liberté complète. C'est plutôt partenaire de moi, pas du tout emmerdant, mais j'ai joué un peu confiant. On avait une équipe un peu vieillissante, mais avec des noms quand même ronflants, des polétards et tout. Dans la période estivale, je négocie avec Pauletta pour que Lyon ne prenne pas. Donc je retiens Pauletta, je me débrouille pas mal. Je retiens un moment, on retaine des gens de Montréal qui voulaient partir. Et donc, je me dis, bon, ça va coller. Et la mayonnaise n'a pas pris. On perd le premier match contre l'Orient. Et ensuite, on n'est pas bon.

  • Speaker #1

    Et si on peut rentrer, pourquoi la mayonnaise n'a pas pris ? Parce que tu avais des individualités, en effet, qui étaient fortes, mais c'était le collectif qui n'allait pas ?

  • Speaker #0

    Oui, où il y avait... Il y avait peut-être trop de joueurs qui étaient en fin de parcours. Et donc c'est... Et puis la collective c'est aussi la spirale en sport. Tu perds un match ou deux, tu perds confiance. Il y avait eu un tel... Je vais te dire, très très bien accueilli. Il m'est sorti une page qui m'est parue dans le Parisien quand j'ai été élu, qui était la France tranquille du PSG, la voiture avec ma femme où on est. On faisait la conférence de presse. J'avais été vraiment reçu comme quelqu'un de sauveur. Pas de sauveur, il n'y avait rien à sauver. Et donc, premier match, on perd. Donc, il y a eu une espèce de déclic. Et puis finalement, à un moment, j'ai été obligé de changer d'entraîneur. Lacombe, qui était un type très bien d'ailleurs, mais qui aussi était entraîné un peu dans la spirale à défaite. J'ai pris Paul Le Gouen, qui était un enfant du club. Et on a fini la saison. très correctement, je crois, des victoires de suite. Et l'année suivante, personne ne m'empêche de recruter, mais il y avait beaucoup de jeunes qui étaient très bons. Et je fais un match de préparation à Arsenal, et Arsène Weiger, qui était un de mes amis, il faut jouer avec mon équipe, il me dit, mais tu n'as pas besoin de recruter, tu as des jeunes fantastiques. Il me dit, oui, c'est vrai, mais je n'ai pas assez recruté. Donc là, on a eu une période vraiment très difficile. Donc il y a un mélange de... J'ai peut-être surestimé un peu la valeur de l'équipe. Je me suis battu. Et puis, non, j'ai eu beaucoup de... J'ai eu un mort.

  • Speaker #1

    En dehors, au McDonald's ?

  • Speaker #0

    En dehors du Paris-Dupont, dans le McDonald's.

  • Speaker #1

    Ah oui, c'était toi qui étais président à cette époque.

  • Speaker #0

    Président. J'ai eu quand même... Tout le monde, les journalistes disaient qu'il était là, qu'il est au temps d'emmerder dans un an. que notre président en 10 ans. C'est vrai que j'ai tout. L'arbitrage qui avait changé, des règles.

  • Speaker #1

    J'ai eu tout. Pour ceux qui nous écoutent, il y avait la tribune Boulogne et la tribune Auteuil qui avaient des idées politiques on va dire différentes.

  • Speaker #0

    C'est l'instant facho de Boulogne qui ont couru après. mon copain qui est d'origine sémite, après un match PSG Tel Aviv qu'on avait perdu. Donc très très dur, j'ai été convoqué chez Sarkozy, j'ai fait le discours sur le perron avec lui et prendre la ligue sur le perron du ministère de l'Intérieur, place Beauvau. J'étais obligé de négocier.

  • Speaker #1

    Ça c'était quand il y a eu le mort malheureusement au Parc des Princes ?

  • Speaker #0

    Oui, après on a fermé une tribune. Donc, il y a eu un climat vraiment désestable. Donc, bon, ce n'est pas des excuses, mais ça n'a pas facilité le boulot.

  • Speaker #1

    Il y a quand même un contexte.

  • Speaker #0

    Et puis après, arrive la deuxième année, la fin de la deuxième année. Et là, on arrive à quatre pages avant la fin. On est au bord de la rélégation, ce qui aurait été vraiment un désastre. Et je dis à Sébastien, écoute, je te propose un plan hors secte. Tu viens demain au bureau, je serai dimanche au parc, au bureau du parc. Tu viens et je te promets que j'aurai des solutions. Des solutions pour prendre un Louis Fernandez, un Paul Ettaoua, un type qui a dit que tu as, l'entraîneur de Handball qui s'appelle Constantini. J'avais pas mal d'idées comme ça pour rebooster. Et puis on arrive à Paris-les-Prince, à mon bureau, il arrive, et le Gouin était là, mais je lui avais demandé d'attendre. Sébastien m'a dit, Alain, écoute, tu restes président, bien sûr, tant que je serai là, je serai toujours président, mais on a décidé cet après-midi de recruter un conseiller sportif qui s'appelle Michel Moulin.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Je lui ai dit, écoute, considère que tu as ma démission dans la seconde. Terminé. Et pourquoi j'ai d'abord des problèmes sur la personne, peut-être, mais ce n'est pas l'essentiel. Moi, je suis président, je suis un manager. C'est moi qui choisis les gens, personne ne le fait pour moi. L'actionnaire, il a un seul pouvoir, c'est de me virer. Moi, je suis un manager et donc je suis pas là pour tailler les crayons. Donc président, d'accord, mais moi, si je n'ai pas les pouvoirs pour... Et donc je démissionne, et là on se dit, on était quand même assez amis, on se donne la soirée quand même, je dis moi je réunis mon conseil de famille au Murat, mon conseil de famille c'était mes quatre enfants et ma femme, et lui je dis je réfléchis, on prend un petit déjeuner ici chez moi le lendemain matin, et on se dira j'ai changé d'opinion, j'ai changé de stratégie ou pas. On se retrouve et moi je dis je n'ai pas changé, je démissionne tout de suite. J'ai dit avant tu es changé, tu ne prennes pas. Il m'a dit non je ne peux plus, maintenant il y a un conseil qui a décidé. Conférence de presse à midi, et là j'avais l'impression d'être Bill Clinton. Il y avait dans l'amphithéâtre du PSG 200 personnes, où j'annonçais ma démission. J'avais eu un coup de fil du maire de Paris, qui m'avait dit Alain réfléchis bien, reste président. Il m'a dit non pas question, je suis... On a choisi des gens sans mon accord, une personne, je m'en vais. L'autre soir, je dis au revoir aux joueurs, je fais ma conférence de prêt. Je n'ai pas du tout parti en tapant sur les actionnaires. Je suis parti en disant, il y a un choix qui a été fait. Je ne suis que président, je ne suis pas propriétaire. Je respecte, c'est le président, mais moi je ne peux pas rester. Je serai toujours autour du club et tout. Et voilà, je suis parti et on s'est sauvés quand même.

  • Speaker #1

    On est restés en Ligue 1.

  • Speaker #0

    Le dernier match, c'était difficile à ce jour.

  • Speaker #1

    Je dis on, je me permets pour les auditeurs, parce que je suis un fan du PSG. Depuis que j'ai 9 ans, je joue au Parc des Princes. Je me considère un peu aussi supporter. Et du coup, ton meilleur souvenir en tant que président du Paris Saint-Germain, qu'il y en a quand même ?

  • Speaker #0

    Ça va me surprendre. Mon meilleur souvenir, c'est la victoire qu'on se choure.

  • Speaker #1

    Je m'en souviens.

  • Speaker #0

    Où je n'étais plus président, parce que j'avais été remplacé. Donc je regardais le match à la campagne, chez Chenu. J'étais tellement nerveux, je n'ai même pas pu garder la fin. Je suis parti dans les champs à côté. Et je me dis, je suis encore président. Jodiquement, je suis encore président. Mais je n'étais pas au match, rien. Je dis que je suis le président, et s'il a une descente, ce sera quand même...

  • Speaker #1

    Tu prendras un plan un peu responsable quand même.

  • Speaker #0

    Et donc le fait que ça se passe bien, que quelqu'un que j'avais recruté qui s'appelle Diané, qui devient un peu mon poulain et tout...

  • Speaker #1

    Et qui marque, pour que les auditeurs comprennent, un but venu du ciel, qui n'a entre guillemets pas d'esthétique, mais qui marque quand même.

  • Speaker #0

    Absolument.

  • Speaker #1

    Le PSG se sauve de la relégation en Ligue 2.

  • Speaker #0

    Donc c'est sûrement un de mes meilleurs. Paradoxalement, il y avait des victoires quand même, mais je retiens ça. Non, à l'époque, j'avais quand même, j'avais des Lyon-Doulas, j'avais Pauletta, j'avais Rotten, j'avais Yépes, j'avais Croutier-Amaradiane, j'avais Croutier-Ouaro, donc j'avais pas fait du mauvais boulot, mais...

  • Speaker #1

    La mayonnaise a pas pris. On arrive sur la fin de cet échange. Si tu veux bien, je vais te poser quelques questions plutôt sur une partie un peu plus personnelle. Tu as parlé de ta famille. Quel rôle a joué ta famille dans ta carrière professionnelle ? Et est-ce que tu en as parlé ? Remarque que tu prenais des décisions en fonction d'eux aussi quand tu les as réunies. Et d'une manière générale, quel rôle a joué ta famille dans ta carrière ?

  • Speaker #0

    Ma femme a joué un rôle de soutien toujours. Ma femme avec qui je suis, j'ai offert un match au Parc des Princes le soir de mon mariage. C'était pour elle une preuve d'amour tout à fait indiscutable. Elle a toujours été au match à Paris en tout cas. Elle commence à déplacer en Coupe d'Europe aussi. Mes enfants ont toujours été très proches de moi, étaient eux-mêmes vaccinés PSG. Donc, mes grandes décisions, ça venait de moi. Évidemment, ils m'auraient tous dit, Alain, reste président et tout mais je suis très étudiant. Ma femme pourrait le dire, je suis dur à convaincre. Donc, mes décisions, comme pour être rentré chez Rousseguela, il y a dix personnes qui m'ont dit, François, tu rentres, toi, tu es trop sérieux, tu es un mec bien. ces gars-là c'est un charlatan, un rouges, un infériste, des trucs qui ne sont pas révélés, vrais d'ailleurs du tout. Il y a dix qui m'ont dit ne rentre pas il y en a un qui m'a dit rentrez et je n'ai écouté que celui qui a dit ce que je voulais. Donc je dis souvent, quand on te dit de ralentir fonce. Et, une fois, elle m'a joué un mauvais tour, quand j'ai eu mon accident de vélo, j'étais avec ma femme, et elle me dit, ralentis. Dans la descente, j'ai foncé, et je me suis pété trois vertèbres, et un AVC après. Mais en général, quand on me conseille de ralentir, ça m'incite à foncer et à y aller.

  • Speaker #1

    À contre-courant parfois.

  • Speaker #0

    Oui, mais ça m'a plutôt pas mal réussi. Au PSG, le nom de personne, je vais vous en dire. en présentant des PSG, tu vas voir, c'est impossible, c'est difficile, tout. Alors je me dis, mais c'est pour ça que ça m'intéresse. Et aujourd'hui, je dis souvent, si on me proposait, hors de question, c'est les Caldari qui font très bien leur boulot, mais si on m'avait dit trois heures après, pour se revenir, je revenais. Et pourtant, j'avais eu... J'avais écrit un bouquin en disant 95% d'emmerdes, 5% de plaisir. Mais l'adrénaline, elle est là.

  • Speaker #1

    Bien sûr, c'est une fonction à part.

  • Speaker #0

    Il y a un slogan que j'ai bu un signe, Maxime, Ceux qui tuent, ce n'est pas leur risque, c'est la routine. Et donc on a besoin d'adrénaline.

  • Speaker #1

    De projets, de challenges.

  • Speaker #0

    Et puis on se plante, ça peut arriver. Je me suis déjà planté, et c'est difficile. T, à la fois R, S, G, O, P, G, M. On rebondit, sinon. Le talent se joue au bond, d'ailleurs.

  • Speaker #1

    C'est une belle phrase. Et on parle de tes traits de personnalité, donc peut-être à contre-courant, peut-être têtu, mais quand on passe du temps avec toi, ce qu'on ressent, c'est aussi une bienveillance, une gentillesse. Alors, c'est des choses qui sont aujourd'hui un peu à la mode. On en parle beaucoup, de la bienveillance. Est-ce que c'est quelque chose pour toi qui est important ?

  • Speaker #0

    Regarde ce qu'a dit ma femme, là. qui peut lire un peu le...

  • Speaker #1

    Alors Alain, je viens de me passer un journal sur lequel Marinette Kezak, qui est la femme de Alain, a dit sa mauvaise foi est énorme. D'accord.

  • Speaker #0

    Je suis intolérant de mauvaise foi et de mauvais caractère. Mais pour certains problèmes politiques, j'ai des choses sur lesquelles je ne transige pas. Donc je ne suis pas facile. Sinon, j'aime les autres, j'aime parler, j'aime comprendre ce que font les autres, j'aime qu'on explique ce qu'on fait dans la vie, la carrière et tout. Mais je suis sur certains sujets complètement intolérants. Et quand je dis à mes amis, allez, je vais vous faire plaisir, cette semaine, je vais être tolérant. Je ne vais pas dire, d'accord. Et au bout des journées, on t'aimait mieux avant, on ne change pas. Donc, non mais bon, voilà.

  • Speaker #1

    C'est quoi la chose la plus audacieuse que tu as faite dans ta vie ?

  • Speaker #0

    Audacieuse, c'est probablement d'avoir, d'être associé à un rôle, ce gars-là.

  • Speaker #1

    Parce qu'au début, ce n'était pas évident ?

  • Speaker #0

    Pour moi, c'était une très bonne nouvelle. Mais pour mes conseils, les conseils, je te donne souvent des conseils conservateurs.

  • Speaker #1

    Bien sûr.

  • Speaker #0

    Dans tous les concerts, je disais mais non, pas question Et j'y suis allé, et ça a très bien marché. Avec des redébats, on a vraiment réussi. C'est audacieux. Je ne veux pas parler d'audace pour le PSG. Il y a aussi des gens qui ont essayé de ne pas y aller. Moi, hors de question, je n'y allais pas.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a des personnes, toi, t'en as un peu parlé, mais qui ont particulièrement marqué, inspiré ta vie ? Si tu devais en retenir une ?

  • Speaker #0

    Une, c'est pas facile, mais... Parce que c'est à différentes époques de ma vie, mais j'en cite plusieurs. Mendes France.

  • Speaker #1

    Que t'as connu, du coup ?

  • Speaker #0

    Non, pas du tout. Moi, j'étais jeune. Dans l'or, dans Évreux, lui était à Louvier. J'ai vécu dans l'entourage. Marcel Conch, mon prof de philo.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Ensuite, les choses beaucoup plus actuelles. Bernard Tapie, Jacques Segalat. Pourquoi les deux ? J'étais vraiment copain avec Bernard Tapie jusqu'à le dernier jour, quand on était un petit peu déminés tous les deux en ce. Pourquoi ? Parce qu'ils ont une énergie vitale qui m'impressionne. Alors défaut ou pas, oui, c'est vrai. Ils ont combat tous les matchs.

  • Speaker #1

    Force de caractère.

  • Speaker #0

    Bernard Tapie me disait, quand il y avait deux concerts... Elle me disait Je prends mon vélo dimanche, je vais faire du vélo. Je lui disais Mais si t'as un malaise, je... Non, je prends pas mon portable. Que si je prends mon portable, je suis sûr que je vais avoir envie d'appeler quelqu'un. Il prenait pas le portable. Une énergie folle. Ces gars-là, c'est pareil. Je lui disais Jacques, demain matin, il faut qu'on soit à Clermont-Ferrand pour un client en dehors. J'étais... Et puis, je dirais le dernier, le dernier, beaucoup plus récent, Olivier Gouin.

  • Speaker #1

    Tout à fait. J'ai une connaissance en commun et quelqu'un qui va intervenir dans le podcast dans quelques semaines.

  • Speaker #0

    Que ce garçon sache qu'il est condamné, parce que Charcot, malheureusement, il n'y a pas du tout de chance. survie, et qu'il garde ce côté positif, ce côté militant pour récupérer de l'argent pour la recherche, cette joie de vivre, ce qui sourit, cet humour, c'est un modèle. Moi j'aime bien aussi ce que me disait Tapie, c'était, on ne parle pas de courage, on ne parle que d'énergie. Et il a complètement raison. Moi, les gens qui me disent bon courage, on ne sait pas si c'est le courage. Tu as une emmerde, tu n'as pas de choix, il faut être courageux. L'énergie c'est différent. Quand je vois des oliviers gois et tout, je me dis mais c'est fabuleux. Et donc ça peut l'étonner que je dise ça parce qu'on ne se connaît pas non plus depuis la nuit des temps. C'est quelqu'un qui m'impressionne et qui, par rapport à ce que j'ai, souvent je me dis putain, t'es handicapé quand même pour faire comme ça Mais il y a Olivier aussi.

  • Speaker #1

    On relativise.

  • Speaker #0

    On relativise. Et on admire. Et on admire. J'ai un autre ami qui est Charles Bietri, qui a fait beaucoup pour le sport à Canal+, énormément même. qui a la même maladie et qui est maintenant à Karnak, c'est pareil. Il sait qu'il est condamné, il a tout organisé, mais il est positif. Sans parler du système, moi, ces gens-là, c'est au-dessus de tout.

  • Speaker #1

    Je comprends.

  • Speaker #0

    Il y en avait un aussi, je l'admirais beaucoup, dans le même genre, c'était Belmondor, que je connaissais par le football, je connaissais bien sans être ami proche, mais on allait au restaurant, on se voyait, enfin... une énergie vitale extraordinaire, alors qu'il était encore plus handicapé que moi. J'avais parlé avec lui, il m'avait dit, ce qui est probablement la maxime qui me conditionne le plus, Alain, se plaindre est impoli. Et c'est exactement ce que je pense. Je ne me plains jamais. C'est impoli vis-à-vis des autres qui ont tous leurs emmerdes. Pas des mêmes types, mais tu peux avoir un burnout un jour, tu peux avoir une grande voiture, tu peux avoir Charcot, ça c'est le top du top, tu peux avoir un problème avec des enfants malades, se plaindre est inconvenant.

  • Speaker #1

    On a tous nos problèmes, et je pense que c'est la manière dont on l'envisage. Toujours l'histoire du verre à moitié vide, verre à moitié plein aussi.

  • Speaker #0

    Quand tu dis le mot impoli, je trouve ça formidable. La vraie politesse, c'est ne pas se plaindre. Ça, c'est bizarre. Et puis, bon, maintenant, j'ai dû inventer un nouveau modèle où il n'y a plus de tennis, il n'y a plus de football, il n'y a plus de nage, il n'y a plus... Mais bon, il faut trouver un nouveau logiciel, il faut s'intéresser aux autres, aux lectures. Je travaille toujours, j'essaie de ne jamais avoir une heure d'ennui, jamais. Bon après c'est un mode de vie différent, mais bon, de toute façon j'ai pas le choix. Et j'avais un ami cher qui m'a dit il y a peu de temps, est-ce que tu aurais préféré que j'étais à une soirée de la mort ? Il avait dit à ma femme, demain matin vous le reverrez probablement plus. Mon ami m'a dit, est-ce que tu aurais préféré ? mourir à ce moment-là, ou rester comme tu es. Je me dis, mais rester comme je suis, pas mourir. Aujourd'hui, je signe si on me dit, tu es comme tu es là, jusqu'à 100 ans, je signe. Parce que, d'abord, c'est un devoir vis-à-vis des autres. En fait, il faut arriver à s'oublier. Moi, je n'arrête pas de dire, je ne m'intéresse plus. Je n'ai aucun intérêt pour moi. Ceux qui m'intéressent sont... Mes quatre enfants, mes six enfants, ma femme, mes proches, moi aucun intérêt. Je serai jamais président de la République, je serai jamais à nouveau président du PSG, je serai jamais chef d'entreprise, j'ai 83 ans, mais j'ai un devoir de vivre. Et non pas un plaisir, je le dis au début, mais un devoir de vivre. Il faut que je trouve vraiment à l'assouvir par d'autres passions et par d'autres actes aussi généreux et qui rendent l'entourage plus heureux. C'est une gymnastique difficile et très conceptuelle. Tout ça, je le dis, c'est pas fait comme ça. Je me suis mis dans mon bureau devant une feuille blanche et j'ai dit comment je peux faire ? Je me suis aussi... J'ai aussi agi avec moi comme on agit avec une marque. Disons, voilà, comme ça, qu'est-ce que je peux faire ? Faut que j'écrive, tiens. Faut que j'écrive parce que ça, ça va me libérer. J'ai écrit. Oh là là, je vais préparer un autre livre. Bon, il faut que je trouve sans arrêt des solutions, mais si on a l'énergie d'un tapis ou d'un luvégois, on les trouve.

  • Speaker #1

    T'es un entrepreneur, tu t'es inventé. Et pour finir, si tu avais un jeune devant toi qui voulait entreprendre sa vie ou entreprendre une boîte, quels conseils tu lui donnerais ?

  • Speaker #0

    Premièrement, écoute ta petite musique intérieure. Quand j'ai dit qu'une carrière c'est un mélange de rationnel et d'envie, le rationnel c'est bien, je sois avocat parce que... Et pourquoi pas ? l'envie. Il faut que tu aies envie. Envie d'avoir envie. Envie, envie, envie. Ça, c'est le premier conseil. Le deuxième, c'est de travailler. Et le troisième, c'est d'aimer les autres. Et moi, j'ai fait une conférence avant que je sois... que je sois handicapé. Et les mecs qui m'interrogeaient m'ont dit Tiens, monsieur Kezac, qu'est-ce que vous souhaiteriez que soit écrit sur votre tombe ? Alors j'ai eu des questions pas très drôles, mais bon, j'ai essayé de le passer. Et j'ai dit deux choses, je ne sais pas si c'est vrai. I care en anglais, c'est-à-dire I care il prenait soin, il aimait les autres. Et deuxièmement, il était fiable. C'est une qualité essentielle pour moi, être fiable. Quand je dis rendez-vous à 11h, je n'appelle pas son sujet un drame. Je n'avais pas la veille pour dire non, j'annule le rendez-vous, j'ai autre chose de mieux à faire, on se voit dans 15 jours. La fiabilité.

  • Speaker #1

    Merci Alain.

  • Speaker #0

    De rien, merci Nicolas.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup d'avoir écouté les Sages. Vous êtes de plus en plus à nous écouter pour cette première saison. C'est vraiment très encourageant pour toute l'équipe. Alors encore une fois, un grand merci. Vous avez le pouvoir de donner de la force à ce podcast avec juste une minute de votre temps. C'est simple, si vous êtes sur Spotify ou Apple Podcast, vous avez juste à vous abonner et mettre 5 étoiles. Un grand merci et à bientôt.

Description

Pour ce douzième épisode, nous avons l'honneur de recevoir Alain Cayzac, co-fondateur d'Euro RSCG (avec Jacques Séguéla) et ex Président du Paris Saint Germain.


Alain Cayzac est un homme d'exception :


  • Communiquant hors pair, en 1972, il créé avec 3 autres compères, dont Jacques Séguéla, Euro RSCG, une agence de communication. Ils vont monter jusqu'à 16 000 collaborateurs dans le monde. L'entreprise sera revendue à Havas, dirigé par Vincent Bolloré.

  • Passionné de sport depuis tout petit, il est particulièrement amateur de football, et du PSG. En 2006, il réalise l'un de ses rêves : il devient Président du PSG. Épisode très intense de sa vie qu'il nous raconte dans cet échange.

  • Enfin Alain, est reconnu pour être un humaniste, qui se dresse contre toutes les sortes de discriminations : racisme, homophobie, antisémitisme. C'est un grand patron, qui se dit ouvertement "plus à gauche".


Dans cet épisode, nous avons parlé de son expérience à HEC Paris, chez Procter & Gamble, de Marcel Conche, de Jacques Séguéla, de la campagne de François Mitterand en 1981, de Vinent Bolloré, de la définition d'un bon communicant, de Pierre Mendès France..


🌎 Les liens de l’épisode 🌎



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Transcription

  • Speaker #0

    Les sages, c'est avant tout une histoire personnelle. Je m'appelle Nicolas Jeanne et j'entreprends depuis que j'ai 19 ans. Sur ce chemin, j'ai eu la chance de rencontrer des personnes que j'appelle les sables. Vous savez, ce sont ceux qui, d'un conseil bienveillant, peuvent changer votre journée, votre projet, votre vie. Souvent des personnes avec qui il y a un avant et un après. A mes yeux, ce sont des leaders authentiques mais surtout des leaders humanistes. Ça c'est important pour moi. Ceux qui vont vous faire grandir sans s'en rendre compte. Puisque n'importe quel livre ou cours, des témoignages qui viennent du cœur et de la réalité. Et surtout du cœur. Aujourd'hui, je vous propose de partir à leur rencontre, dans un format inédit, et négocier avec eux. Un format où l'on se dira tout, naturellement, et aucune question ou anecdote sera interdite. Ça, vous avez ma parole. Un format axé sur leur activité, bien sûr, mais qui, évidemment, dérivera vers la vie, la société et les émotions. Mon but, c'est clairement de mettre en valeur l'aspect humain de ces personnalités qui me paraissent exceptionnelles, et de casser la carapace. Casser la carapace, vous le sentez, c'est pas un mot par hasard. Pourquoi ? Parce que je pense que ça va vous permettre d'app... sur les plus grands leaders et leaderes qui ont bâti et bâtissent la société. La France est une terre bourrée de talents et de leaders et nous allons en leur rencontre. Bon voyage avec les sages.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, nous avons la chance de recevoir Alain Quezac,

  • Speaker #0

    cofondateur d'Euro RSCG avec Jacques Seguéla et président du Paris Saint-Germain de 2006 à 2008.

  • Speaker #1

    Alain est un véritable meneur d'hommes, connu pour son grand cœur et sa gentillesse.

  • Speaker #0

    Il a quelques années,

  • Speaker #1

    je le contacte pour qu'il mette sur un projet entrepreneurial.

  • Speaker #0

    Dans la journée...

  • Speaker #1

    Il me répond et me donne du temps, et c'est bon conseil.

  • Speaker #0

    C'est ça, Alain.

  • Speaker #1

    Un homme qui aime profondément les autres, profondément aider et servir. Il a quelques années, il fait une chute de vélo qui lui vaut des côtes cassées et malheureusement un AVC par la suite.

  • Speaker #0

    Alain,

  • Speaker #1

    depuis, est paralysé sur la partie gauche. Qu'importe. Il a changé de logiciel et de la joie de vivre, il est passé au désir de vivre. Allez, on y va avec Alain. Bonjour Alain, bienvenue dans les Sages.

  • Speaker #2

    Bonjour Nicolas.

  • Speaker #1

    Comment tu vas ?

  • Speaker #2

    Quand je vais, bien aussi bien que ça puisse aller dans mon état. J'ai eu un AVC, donc je suis paralysé de la jambe gauche et du bras gauche. Mais avec une béquille et beaucoup de rééducation, je marche, je vis et j'ai envie de vivre. J'ai remplacé la joie de vivre par le désir de vivre.

  • Speaker #1

    C'est déjà super intéressant, on en reparlera si tu le veux bien à la fin de l'interview, parce que je sais que ça a été un changement forcément dans ta vie, mais en même temps que tu as réussi un peu à le transformer. Du coup, pour commencer, pour nos auditeurs, est-ce que tu peux te présenter en quelques phrases, s'il te plaît ?

  • Speaker #2

    Et quelquefois, c'est dur parce que je suis vieux, donc il y a beaucoup d'années. Je suis né en 1941, j'ai 83 ans, à Évreux, en Normandie. Je crois que tu connais bien la région. J'ai fait toutes mes études secondaires en Normandie. En dehors du travail où je travaillais très correctement, j'étais un bon élève consciencieux. J'ai fait beaucoup de tennis et de football. Ça a été vraiment mes loisirs favoris. Mon père était président de club de foot et aussi dirigeant de club de tennis. Ensuite, je suis... monté après le bac que j'ai passé à Caen. Je suis monté à la capitale, comment dire, pour préparer HEC, au lycée Carnot, dans le 17ème. Alors, le problème, c'est que j'avais fait, comme étude, B et philo, à l'époque. Donc, j'étais complètement en littéraire. J'étais bon en langue, en français, en philo, tout. Et assez nul en maths et en physique. Donc, j'ai quand même ramé un... Pour préparer HEC en première année, je me suis rattrapé en travaillant tous les soirs jusqu'à 2h du matin. J'ai réussi à intégrer HEC, sûrement pas dans les premiers, mais bon, j'ai intégré. Là, j'ai passé trois magnifiques années à HEC, où j'ai avant tout joué au football. J'étais capitaine de l'équipe de football, donc j'avais un prestige particulier. Après HEC, je suis parti. Un an à Berlin. Je suis germanophone. J'ai fait Allemand en première langue. À l'époque, on disait que les bons élèves devaient faire Allemand. C'est ce qu'on disait. En fait, on sait beaucoup plus d'anglais que d'allemand maintenant. J'ai fait Allemand en première langue. À Berlin, études politiques. Un an en diplôme. Il n'y a pas une valeur extraordinaire qui existe. Et après, je suis rentré dans la vie active chez Procter & Gamble. Je suis resté seul. cinq ans au marketing c'est vraiment ce qui va le plus conditionner sur ma vie future ma carrière future on en reparlera peut-être et j'avais toujours eu un secret espoir ou désir ou passion rentrer qui était la publicité. Et donc je n'avais qu'une idée, de rentrer en publicité. Et donc je suis rentré, après 5 ans, j'ai projeté, ou j'ai beaucoup appris, dans une agence américaine d'abord, qui s'appelait NCK, Norman Craig and Kamal. Et après j'ai monté mon agence de... J'ai rejoint Rue Ségala, qui avait monté leur agence déjà depuis très peu de temps, il n'y avait ni personne. Je me suis associé, on a associé un quatrième homme, on a bien marché, puisqu'on a... Les marées ont été 10 et on a fini à 16 000. Mais pour être honnête, 16 000, il y avait quand même beaucoup de rachats, de choses comme ça. Ce n'est pas simplement de la croissance organique. Et là, j'ai eu pas mal. Et puis bon, j'ai été entre-temps président du PSG en 2006-2008, choisi par Colonie Capital qui avait racheté à Canal+, avec Bazin qui est resté un grand ami. Et après, j'ai fait connaissance. un garçon banquier d'affaires. Je suis rentré avec lui, j'ai travaillé avec lui comme senior advisor, quelqu'un qui coach, qui met son réseau, c'est le vice-deux. Et je, à 83 ans, je travaille toujours. Je vais quatre jours par semaine là-bas. Moi, je survis grâce à ça, grâce au contact que j'ai. Si j'étais à la retraite, comme on dit, D'abord je suis handicapé, mais si je restais ici, je reste un peu à travailler, mais si je restais constamment à travailler ici, je me déprimerais complètement. Donc j'aime bien sortir, voir les gens, je vais au parc, au théâtre, je refuse rien. Alors que c'est quand même un effort énorme parce que je marche à 1h30 à l'heure, je fais beaucoup de rééduc, je fais des parcours autour de la maison avec mon kiné, je me chronomètre quand je fais 29 minutes. pour ce 100 mètres, et le lendemain, je suis 28,50, je bois le champagne, c'est les JO, je marche chez mon... peut-être mon passé sportif, je marche à l'esprit de compète. Donc je me crois de mettre sur les arrêts, je fais des mouvements, je suis en fait toujours plus, et j'arrive à ne pas être complètement ni gâteau, ni invalide comme ça, voilà.

  • Speaker #1

    C'était une de mes questions, parce que t'es un grand sportif, tu fais encore, donc tu fais de la marche encore, quotidiennement ?

  • Speaker #2

    Je fais de la marche, disons, c'est une obligation. Si je ne faisais rien, je terminerais, ce qui est encore possible, un fauteuil. Donc je fais du kiné, je fais de la marche, je fais des mouvements tous les jours, je me réduis, je vais au travail, ce qui est comme un effort pour marcher. Oui, absolument. Mais bon, puis tout le sport, comment dire, classique. Ça, c'est fini. J'ai changé de modèle. Voilà Jussiel.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup pour tout ce résumé de ton parcours. Ça donne envie d'en savoir plus. Si je reviens un peu sur ton enfance, moi, ce qui m'a intrigué, t'avais un papa qui était président du club de football d'Evreux. Exactement. Et donc, tu étais sportif. Et tu m'as dit que t'as fait un bac L. L'époque, c'était pas

  • Speaker #2

    L. C'était l'attainant, le gars.

  • Speaker #1

    Ça te vient d'où, t'étais passionné de littérature, tu lisais beaucoup, peut-être ta maman ?

  • Speaker #2

    Je sais pas d'où ça vient, mais j'ai toujours été plutôt un littéraire. Je suis pas non plus un puits de culture, mais j'ai toujours été un littéraire, j'adorais le latin. Probablement que l'environnement faisait que j'avais plus de gens qui étaient de ce côté-là. J'ai jamais aimé les maths, la physique, tout ça me barbait un peu. Je peux pas dire d'où ça vient, mais en tout cas... J'ai eu aussi un prof de philo dans Palra qui était exceptionnel, qui m'a donné le goût à la philo. Donc, encore une fois, je ne vais pas me faire passer pour un intello de haute volée, mais je suis plus harcèlement handicapé pour rentrer dans une école commerciale comme HEC. Mais j'ai bossé comme un malade, parce que je suis assez bosseur. J'ai réussi au concours, j'ai dû avoir la moyenne, ou pas, tu es physique. Et puis, quand j'étais assez bon dans le reste, ça suffit.

  • Speaker #1

    Donc, tu aimes les mots. Et du coup, on est dans un podcast qui s'appelle Les Sages, et qui interview des gens inspirants, et qui peuvent changer potentiellement, par leur conseil, une trajectoire de vie. Tu parlais de ton prof de philo. Ton prof ou ta prof ?

  • Speaker #2

    Un prof, Marcel Conch. qui est un grand philosophe connu, mais qui est mort maintenant à 100 ans.

  • Speaker #1

    D'accord. Et en quoi il a changé un peu ta vie ?

  • Speaker #2

    La mienne et celle de mes camarades aussi. Il avait un charisme fou. Alors, il était marxiste. D'accord. Ce qui explique peut-être un peu où je suis gauchisant. Mais donc il me passionnait. Il était à la fois sur le fond et la forme, à tel point que quand on a eu 70 ans, mes trois meilleurs copains, Malheureusement, on a disparu. C'est un des problèmes de... que j'ai, c'est que moi je suis vivant, mais la plupart de mes camarades sont partis. Bon, je suis allé, on est allé avec mes camarades, en Bourgogne, je ne sais pas où j'étais, je rencontrais 50 ans après, c'était exceptionnel. Et bon, maintenant il a eu 100 ans. Il est mort. Marcel Conch, pour ceux qui connaissent un philo, est un philosophe de grand talent. Voilà, il y a eu d'autres raisons pour lesquelles je suis plutôt à gauche. Mais je suis plutôt à gauche sociétalement. Économiquement, c'est difficile d'avoir été chef d'entreprise et d'être en même temps contre le capitalisme. Ce n'est pas du tout mon cas. Mais je suis ce qu'on appelle un social-démocrate, je ne sais pas quoi. Mon père était un radical, un de gauche. du Sud-Ouest, et donc, mais moi je suis absolument vent debout contre tout ce qui est racisme, antisémitisme, homophobie, il n'y a rien de pire. Quand je vois défiler les gens contre le mariage pour tous, J'ai mal, ça me fait une douleur physique. Et ça, je ressens ça tellement fort qu'il y a des dîners que je quitte, il y a des discussions où je n'arrive pas à garder mon sang-froid. Je ne suis pas le genre à dire tout le monde a le droit de dire ce qu'il pense, il faut laisser dire et tout. Quand quelqu'un dit un truc qui me choque, je le reprends et je discute. Je suis comme ça.

  • Speaker #1

    Tu as des convictions.

  • Speaker #2

    Et économiquement. Je suis à gauche aussi parce que j'ai mon Normandie. Mon modèle, on a tous des modèles, c'est la Témantès France. Donc quand je parle de gauche, je ne parle pas de Mélenchon, sûrement pas. Je n'aime pas du tout Mélenchon, bien sûr. Je ne parle pas des Assoumis. Je parle de la vraie gauche.

  • Speaker #1

    D'avant, entre guillemets.

  • Speaker #2

    D'avant. Mitterrand aussi, j'ai voté pour Mitterrand. J'ai voté aussi pour Hollande. Donc ce sont des gauches qui... Bon, ils ont réussi ou pas, c'est un autre problème, chacun a le droit d'un. Donc je ne suis pas sectaire, j'ai beaucoup d'amis de droite, et la plupart de mes amis sont à droite, mais la droite raisonnable, si vous voulez. Si tu veux, la droite... Sarkozy m'a remis à la Légion d'honneur, par exemple. Il sait que je suis à gauche, je lui ai dit je ne voterai jamais pour toi, mais tu seras un grand président, je suis ravi que tu sois là Ma femme vote plutôt à droite, donc je ne suis pas sectaire. Je deviens sectaire et là un peu agressif quand on parle des extrêmes. Aujourd'hui, c'est la raison pour laquelle je suis très malheureux.

  • Speaker #1

    Je comprends. Parce qu'en effet, on tourne cet épisode. Il y a quelques jours, Emmanuel Macron a annoncé la dissolution de l'Assemblée nationale avec une potentielle arrivée du Rassemblement national à l'Assemblée à Matignon.

  • Speaker #2

    Mais pour parler politique, j'ai voté Macron toujours, mais par eux. parce que je voulais être contre quelque chose. Et Macron, il y a une chose sur laquelle je suis fondamentalement hostile, c'est le fait de dire la droite et la gauche, c'est pareil. C'est pas pareil. À force de dire la droite et la gauche, c'est pareil, mais tout dans un fourre-tout, et ne reste que les extrêmes de gauche et les extrêmes de droite. On est là aujourd'hui. Et là, pour une fois, je ne l'ai pas trompé. toujours dit Macron c'est un faux concept, le en même temps, un truc comme ça. Alors comme beaucoup de gens j'ai voté pour lui, je savais pas pour qui voter.

  • Speaker #1

    C'est le moins pire à tes yeux ou le plus talentueux ?

  • Speaker #2

    Ben c'est... à gauche je n'avais pas un héros, à gauche, je suis toujours pas beaucoup d'heures, même pas du tout, à droite j'ai jamais voté à droite de ma vie, et donc voter Macron mais... Je suis très déçu. Alors, entre les extrêmes vers lesquels je ne veux pas aller, Macron, là, je suis pas au meilleur.

  • Speaker #1

    Comme beaucoup de Français, je pense, en ce moment.

  • Speaker #2

    Et comme beaucoup de Français, donc, bon, s'il y avait quelqu'un de raisonnable, comme le maire du Havre, des gens comme ça, il y a des gens tout à fait, tout à fait, par moi, à droite. Si on trouvait un Raymond Barre, par exemple, qui soit un peu au-dessus des partis, qui soit... Un très bon économiste, pourquoi pas, mais du coup, je ne suis pas au meilleur.

  • Speaker #1

    Si on revient un peu sur ton enfance, alors, tu as fait un bac L.

  • Speaker #2

    Non, B.

  • Speaker #1

    B, excuse-moi. Donc, plutôt un profil littéraire, et pourtant, tu rentres à HEC, du coup, une des meilleures écoles de commerce françaises. Pourquoi ? Et est-ce que tu avais songé à avoir un parcours littéraire ?

  • Speaker #0

    C'est l'heure de remercier notre partenaire Oslo, sans qui ce podcast ne serait pas possible malheureusement. Oslo, c'est un cabinet d'avocats à taille humaine, dirigé par Edouard Wells et Marion Fabre, que je connais personnellement depuis plus de 10 ans. Il est composé d'une équipe, l'idée par Edouard et Marion, qui est issue de cabinets d'affaires de premier plan. Mais surtout, au-delà de la qualité de leurs prestations juridiques, ce que j'aime chez Oslo, c'est leur engagement pour un droit un peu différent. Sur leur description, ils mettent Nous accordons une importance particulière aux qualités humaines et relationnelles, tout particulièrement au respect, à la simplicité, à l'humilité et à l'élégance. Ça pourrait paraître bullshit comme ça, mais pour bien les connaître, je peux vous assurer que ça se ressent vraiment. Et pour preuve, ils ont accepté de sponsoriser ce podcast dès sa création. Ils offrent une heure de conseils juridiques avec le code LESSAGE. Et je mettrai leurs coordonnées dans la description du podcast. Allez, on y retourne.

  • Speaker #2

    Non, je suis rentré à Jussé parce que je ne savais pas où je voulais rentrer. Et à Évreux, c'est comme ça. Moi, je dis souvent qu'une carrière, c'est un mélange de rationalité, d'opportunité. et d'envie. Et l'opportunité, c'est que j'avais le fils des amis de mes parents qui avait fait HEC, j'avais beaucoup d'admiration pour lui, et il m'a convaincu que c'était une école où on pouvait après avoir beaucoup de débouchés sans être prédestiné à une profession plus qu'à un autre. Donc je suis rentré sans avoir vraiment décidé un jour, je veux faire une école commerciale. Donc c'est une opportunité et l'admiration d'une personne.

  • Speaker #1

    Parce qu'à l'époque, du coup, tu as fait le lycée Carnot, en classe préparatoire. Et c'était quoi un peu les débouchés élitistes, les premiers à ce que tout le monde visait ? C'était pas HEC Paris, il y avait d'autres voies qui étaient plus...

  • Speaker #2

    Le HEC, ESSEC, le Sud de Corée, les trois. On passait les trois gros cours. Donc la première année, j'ai passé KGC. La deuxième année, j'ai passé les trois. Je t'ai reçu aux trois, parce que quand on t'a reçu à HEC, on avait de grandes chances d'être à ESSEC, les six deux cours. Mais je parle de ça, je suis sorti en 1963. J'avais 22 ans. Donc je parle des écoles d'il y a 103, ça fait combien ça ?

  • Speaker #1

    Je suis pas très... il y a longtemps.

  • Speaker #2

    En 50 ans, ça a évolué, HEC a changé. Je parle de mon époque, je dis subdeco, alors que maintenant ça s'appelle le SCP, où ça a des noms différents, Neoma et tout, dans les régions. Mais à l'époque, je voulais HEC absolument. Et j'ai vraiment bossé le provincial qui vient à Paris, qui a une chambre près de Carnot. qui travaillent tous les soirs jusqu'à 2h du matin. Et c'est pas une période agréable du tout. J'ai un très mauvais souvenir. J'étais pas heureux, mais bon, je me sais.

  • Speaker #1

    Pour l'anecdote, c'est marrant parce que ça nous fait un point commun. Quand j'ai terminé mon bac, je pouvais aller aussi au lycée Carnot en ECE. Et moi, ce qui me motivait, entre autres, c'est que... Alors, il y a beaucoup de personnalités qui sont passées par Carnot, mais il y a les Daft Punk aussi. Je ne sais pas si tu sais, mais les Daft Punk sont passés par Carnot.

  • Speaker #2

    Non, mais... Je sais pas si c'était en préparation commerciale, mais HEC, il y a une devise qui était de longtemps apte à tout et bon à rien Et moi j'ai des amis de HEC qui ont été comme moi dans la pub, d'autres qui ont été dans des grosses boîtes, d'autres qui ont été dans le cinéma. C'est vraiment une formation qui… qui laisse après le choix entre beaucoup de possibilités.

  • Speaker #1

    Ok, donc tu fais HEC, et donc là tu vas rentrer chez Procter & Gamble, c'est une boîte américaine ?

  • Speaker #2

    Oui, qui vend des lessives, toujours, bon, réel, ariel, bonnux, tu es un leader des... il y avait trois boîtes, il y avait Procter, Colgate et Le Vert. Procter et Lager. C'est là où j'ai vraiment appris encore plus qu'à HEC.

  • Speaker #1

    Et si on essaie d'être un peu spécifique, est-ce que tu te souviens, tu as appris des trucs en particulier ? Tu as été une belle maison du coup ?

  • Speaker #2

    J'ai appris, je vais citer deux choses. D'abord, j'ai fait comme tout le monde un stage de vente. Je partais avec ma petite camionnette, j'avais comme 23 ans, 4 ailes à l'époque. Et tous les matins, je partais et je devais faire 15 visites. et à voir tout ce qu'on en a. Et je n'avais pas de formation. Mais il y a une telle formation intelligente à la vente chez Procter que je vendais, qu'on arrivait à vendre. Est-ce que j'étais doué ? Je ne sais même pas. Mais savoir rentrer dans un magasin, quand on vous dit moi j'entrais à midi dans les épiceries vous ne vous foutez pas la porte, vous vous dites écoutez, on n'a pas le temps maintenant Il faut garder son calme et dire non mais j'ai le temps, je reste, il faut aller voir les stocks Ah non, pas question, vous y alliez. Non, non, mais écoutez, je ne vais pas déranger, j'y vais juste 15 secondes et vous allez au stock. Et après, vous avez préparé votre vente. Vous savez que l'épicerie vend 15 caisses de Benux par mois, je ne sais pas combien, et vous avez donc, en fonction des promotions et tout, préparé. Et vous ne dites pas de quoi vous avez besoin. Vous dites, j'ai vu votre stock, je connais vos chiffres habituels. Je vous propose ça. Et vous avez une feuille là. Et bon, vous arrangez pour en mettre un peu plus, peut-être pas beaucoup plus. Vous négociez. Et la négociation perd. Donc, vous arrivez à vendre, je vais dire, même si vous n'êtes pas doué pour la vente. Les objections. Les objections, c'est un ballon. Un ballon qui doit se dégonfler. Et je m'en sers beaucoup dans mon métier après. Non, mais là, j'en veux pas. Telle raison. c'est pas intéressant, j'en ai trop, vous dites jamais non, vous dites je comprends très bien, oui, non, je suis d'accord, mais, et vous renez, donc je vous propose ça, jamais de conflit, enfin, j'ai appris ça, c'est un peu rapide, mais c'est vraiment, c'est bon, j'y reviens après. Deuxièmement, j'ai appris un truc capital, être bref, Maxime, favorite, c'est soit bref et tais-toi. Je suis un peu bavard que c'est des reviews, mais si je suis trop bavard, vous couperez. Mais moi, je n'aime pas les dossiers. Quand j'ai eu beaucoup de collaborateurs, maintenant aussi, quand ils me présentent un dossier, ils disent ça ne m'intéresse pas, tu me laisses ce dossier, je voudrais qu'en une page, tu me résumes exactement ce que tu veux, ce que tu recommandes. Et chez Procter, tout marche comme ça. Si vous recommandez la... le lancement d'une lessive en Amérique du Sud, en Afrique, peu importe, vous devez avoir la recommandation, qui est un mot-clé, en une page. Quand vous êtes jeune, vous la refaites 19 fois, 20 fois. Non, là, il y a un mot de trop, ça ne sert à rien, le mot que tu as mis, vous arrivez à quelque chose qui, à un moment, a des allures, et qu'on vous a tellement sabré, qui est bien. Et puis ça monte. Ça part du bas, ça monte et ça va jusqu'au président de Procter & Gamble qui dit... Et là, vous avez aussi une troisième chose, toujours recommandée. C'est-à-dire, jamais quelqu'un qui vient à votre bureau et vous dit, Il y a trois solutions. À vous, M. le Président, de choisir. Jamais ça. Dès qu'il vous présente une chose, quelle est ta recommandation ? Quel est ton point de vue ? Je suis d'accord ou pas, mais quel est toi ton point de vue ? Vous obligez la personne qui est en dessous de vous. Vous obligez la personne à vous réfléchir à quel est sa recours. C'est les mots, le jargon. Et donc, j'ai fantaisiquement appris chez Procter. Et voilà. Alors ensuite, au bout de cinq ans, soit vous y restez toute votre vie. Et pourquoi pas ? Vous aurez un très, très bon boulot. Soit vous avez envie de changer. Au bout de cinq ans, c'est le moment de la chanter dans la pub.

  • Speaker #1

    Donc, tu as appris beaucoup sur le terrain, la vente, la concision. Et c'est marrant parce que moi... Un de mes métiers, j'accompagne des entrepreneurs qui veulent lever des fonds. On sollicite des gens qui sont très sollicités. Et ce qu'on fait ensemble, on travaille la concision. Parce que parfois, le plus dur, c'est de faire très court. On pourrait en parler, parce que comme tu es un grand communicant, je pense que c'est parfois plus dur de faire très court en quelques mots.

  • Speaker #2

    Il y avait d'ailleurs une épreuve à Gécé, qui s'appelait la méthode, où vous deviez résumer un... Tu devais résumer un texte de une dizaine de pages en 20 lignes. Et pour moi, j'y crois beaucoup et tu gagnes beaucoup de temps en ayant ce réflexe. Et puis, je suis producteur, tu as aussi un côté, tu as deux choses plus anecdotiques, mais un côté absolument informel. informel, sur un confinement qui fait que tu arrives, par exemple, tu tutoies ton président.

  • Speaker #1

    C'est étonnant.

  • Speaker #2

    À six échelons de loin de toi.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas un esprit un peu américain ?

  • Speaker #2

    Si, c'est américain. Alors bon, on peut vous trouver ça ridicule ou pas, mais finalement, c'est plus facile de dire à quelqu'un je ne suis pas d'accord avec toi Le monsieur, je ne suis pas tout à fait d'accord avec vous. Bon, ça. Donc il y a une ambiance. Deuxièmement, il y a les horaires. Ils ont un truc qui, pour moi, le mec qui travaille, c'est pas le mec qui fait le plus grand nombre d'heures. Ça, je le vois, je l'ai vu dans d'autres métiers. C'est le mec qui a un rythme de travail le plus important du jour. Le grand président... Il y a 5 rendez-vous, le maire président a 2 rendez-vous, en 1 heure ou en 2 heures, peu importe. Et donc ils apprennent aussi ça. Alors on démarrait à 8 heures, on arrêtait à 17 heures, comme ça. Quand tu es assistant à 17 heures, tu as encore beaucoup de trucs à faire, tu penses, ça serait plutôt bien vu de rester un peu. On m'a dit quitter la chine qu'il y a 5h30-6h, ça veut dire que tu n'organises pas bien.

  • Speaker #1

    Bien sûr, la force à s'organiser et être productif.

  • Speaker #2

    Bon, tout n'est pas transposable parce que si on a des clients, comme j'ai eu après, tu ne peux pas les envoyer sur les roses à 17h30. C'est un métier où tu n'as pas de consommateur en face de toi.

  • Speaker #1

    Tu as beaucoup appris chez Procter & Gamble. Et après, en intro, tu m'as dit, avant de fonder RSCG, on va y venir, tu as eu une petite expérience dans la pub ?

  • Speaker #2

    Oui, ça fait trois ans, je suis dans une agence américaine. D'accord. Je savais Norman Craig & Cummell, NCK. Il y a un truc qui est intéressant, c'est qu'il y a un garçon, mon ami, qui a été à l'origine de Prodictement. toutes les grandes étapes de ma vie. Il s'appelle Bernard Brochand, qui a été maire de Cannes, et j'étais HEC avec lui. J'étais un ou deux ans plus jeune, mais dans la même équipe de foot. Il était capitaine, sympathisé, quand il est parti, c'est moi qui ai pris le capitana et tout, et on est devenus amis. Ensuite, ce garçon est rentré. Chef Procter, lui aussi, il m'envoyait, alors je me disais que ce que je vais faire après, je sais, il m'envoyait une lettre de deux pages en m'incitant à aller chez Procter. Pour être très honnête, à l'époque, je ne savais pas si Procter vendait des petits poids ou des clous ou des livres, je ne savais pas du tout. Il m'a décrit Procter, il m'a dit de vrai, tu apprends, il m'a fait vraiment comme il était aussi, il savait vraiment vendre et présenter les choses. Je suis allé candidater chez Procter et j'ai été pris.

  • Speaker #1

    C'est marrant parce que deux fois, quand tu es rentré à HEC et chez Procter, tu as fait confiance deux fois à des gens.

  • Speaker #2

    Ce garçon Bernard, au bout de quelques années de Procter, est allé lui aussi dans la publicité, chez la même agence. À un moment, il a voulu changer d'agence. Il m'a dit, il faut que tu rentres dans cet agent. C'est lui qui m'a vendu. l'agence de publicité où je suis allé, NCK. Après, Roussigla avec Desmarais, et c'était pas le premier choix pour être le troisième homme. Le premier choix, c'était lui. Ce qui était normal, c'est qu'il avait deux ans plus de maturité, et il a dit Non, je peux pas, parce que je suis dans une agence, des DB, où j'ai une carrière. Mais il y a un mec qui est formidable, il devait prendre, Kezac. Je suis rentré chez Rousségala après de l'envie.

  • Speaker #1

    C'est ton ami qui t'a recommandé auprès de Rousségala ?

  • Speaker #2

    Après, j'étais à Paris, je jouais au foot et j'habitais dans le même immeuble que lui, un peu par hasard, enfin pas par hasard, mais pas dans mon appartement, à Saint-Cloud. On jouait tous les deux au foot à Saint-Cloud, en promotion d'honneur à l'époque. Il a été président de l'association du Paris Saint-Germain. À l'époque, il n'y avait pas de société commerciale. Donc, c'était lui le président. Il devait nous rejoindre. Donc, pendant 4-5 ans, j'avais trop de boulot. Je dis, non, je n'ai pas envie de rentrer au comité, mais j'étais un peu un supporter VIP. Donc, j'allais à tous les matchs, j'allais à l'entraînement avec lui et tout. Et puis, à un moment, je suis rentré au comité et il était là. Et donc, ce garçon...

  • Speaker #1

    Ce comité, juste pour comprendre, ça faisait partie du Paris Saint-Germain ou c'était une association de supporters ?

  • Speaker #2

    Non, non, le Paris Saint-Germain, au début, était une association dont il était président. Il n'y avait que ça. Et ensuite, il a été permis aux clubs de football, associations, de devenir des sociétés commerciales. Et c'est là où on a cherché avec Bernard Rochon, justement, et on a trouvé Canal. qui a repris le PSG. Il y avait Canal où les gardes d'air pouvaient reprendre. C'est Canal qui a repris le PSG, qui a pris au début une minorité de blocage, qui n'avait pas le droit de prendre la majorité. Après, ils ont pris la majorité. Et après, la totalité.

  • Speaker #1

    Donc là, c'est passé en entreprise, le Paris-Saint-Germain ?

  • Speaker #2

    En entreprise. C'était commercial. Et l'association continue à exister. mais surtout des amateurs, des gens qui n'étaient pas professionnels et par exemple avaient des pouvoirs assez importants, mais qui avaient...

  • Speaker #0

    Il gardait la possession de la marque, la propriété de la marque, c'était important, et la propriété du droit d'inscription au championnat. Donc si l'association qui était à côté de la société commerciale, s'il y avait de mauvais rapports, il pouvait bloquer le système. Et donc Brochand était resté président de l'association, c'est le gendarme de Canal, Pierre Lescure d'Odiso, qui était président de la société commerciale. Ensuite, Brochon est parti à Cannes pour être maire. J'ai pris sa place à l'association. Et après, en 2006, quand Cannes Plus a vendu à Bazin, il m'a choisi pour être le patron du PSG commercial, du vrai PSG.

  • Speaker #1

    Du coup, si on revient sur ton parcours, en 1972, tu as 31 ans. Là, tu rejoins, comme tu l'as dit, Seguela et Roux sur les conseils de ton ami. C'est quoi, pour créer RSCG, qui sont les cadres initiales des cadres cofondateurs, et donc le C de KESAC, c'est quoi l'ADN à la base quand vous créez cette agence ? C'est quoi le postulat, l'ADN, le manifesto ?

  • Speaker #0

    Alors l'histoire, c'est que Roussé et Gala, deux garçons qui avaient monté leur agence depuis peut-être deux ans, pas longtemps, D'un, un grand créatif, on avait tous vu, Seguela, et l'autre plutôt le financier.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et les deux avaient démarré par des campagnes sur des budgets immobiliers, surtout sur des... À l'époque, c'était la grande période où il y avait beaucoup de construction, et ils recherchaient quelqu'un pour développer l'agence dans la grande conso, dans ce que j'avais appris chez Procter. les grandes marques, les marques consommateurs qu'on appelle B2C. Donc chercher quelqu'un du profil de Brochand ou de César, il y en avait d'autres bien sûr. C'est là où je suis rentré pour développer l'agence dans des secteurs beaucoup plus grand public. Honnêtement, j'ai réussi. Donc l'agence est rentrée, j'ai appelé tous mes... tous mes patrons, qui étaient mes patrons chez Procter & Gamble, en disant, voilà, je voudrais te présenter la jambe. Et en général, que ce soit Lubrin, que ce soit Jacques Barbe, que ce soit Bell, la fromagerie Bell, la plupart des patrons qui m'avaient apprécié chez Procter, on confiait non pas la marque numéro 1, mais la marque numéro 2 pour faire mes preuves et tout. Et on a grandi comme ça.

  • Speaker #1

    Et si on revient, tu nous as parlé de la complémentarité du coup, entre... entre les différents associés de RSCG. Moi, ce qui est fort de comprendre, c'est aussi une belle association. On sait que c'est un facteur clé de succès, quelque chose qui fait qu'une boîte, elle peut fonctionner. Mais c'est parfois pas facile aussi. Est-ce que vous avez mis du temps un peu à vous roder ? Est-ce qu'au départ, vous vous engueuliez ? Ou chacun trouvait... Parce que la difficulté, je pense, c'est que chacun trouve sa place. Chacun a sa zone de liberté.

  • Speaker #0

    Oui, le G est rentré trois ans plus tard. Le G était... Exactement le parcours que moi. HEC rentrait le même jour chez Procter et tout. Lui aussi il fallait l'intégrer. Donc la réponse est, on s'est engueulé beaucoup. On était d'accord sur les grandes lignes de développement de la genre. On s'est engueulé comme on s'engueule sur un terrain de foot.

  • Speaker #1

    Après c'est fini.

  • Speaker #0

    Après l'engueulade on se serrait la main ou pas d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Et on boit une bière.

  • Speaker #0

    Et on boit une bière et puis le lendemain on en parlait plus. Donc on a été...

  • Speaker #1

    T'es pas demandé finalement ?

  • Speaker #0

    Jamais demandé. Et je me sers beaucoup de ça quand je coach ou je conseille. Le secret, c'est pas le seul, il y a deux secrets de l'association. D'abord c'est d'être complémentaire, de se dire tout, de rien garder pour soi, de crever l'abcès quand on a des accords. Forcément il y en a avec des gens de profils différents. Le rouge c'est le financier. C'est égal à le créatif. Moi, disons, l'homme de marketing et manager, et mon ami Koudar qui est venu après, l'homme de l'international, puisqu'on a développé un réseau dans tous les pays du monde.

  • Speaker #1

    Et tu disais que vous étiez d'accord sur les grandes lignes. C'était quoi les grandes lignes de RSCG ?

  • Speaker #0

    Les grandes lignes, c'était la créativité avant tout.

  • Speaker #1

    Ok. Qui dans ton métier était primordiale, j'imagine.

  • Speaker #0

    Oui, mais il y a des gens qui privilégiaient le... satisfaction du client avant la créativité. Moi quand un collaborateur venait d'un client et qu'il me disait, je lui disais, ça s'est passé comment ? On a dit très bien, nos clients ont été contents. Je me dis mais je m'en fous pas vraiment. Est-ce que c'était bien ce que tu as vendu ? C'est une démarche complètement différente. Et on a amené, on ne veut pas dire qu'on méprisait les clients, on les écoutait au contraire beaucoup. Mais on n'était pas là pour leur cirer les ponts, on était là pour les conseiller, les aider, leur servir. Et très rapidement, ils le ressentaient.

  • Speaker #1

    Ce qui est assez logique, parce que je vois très bien ce que tu veux dire, mais quand on réfléchit, un client, des fois il va... payer un conseiller c'est peut-être aussi pour avoir un avis différent.

  • Speaker #0

    Bien sûr, s'il veut faire sa campagne lui-même, il n'est pas forcé de prendre une agence. Mais s'il la prend, c'est qu'il veut qu'elle ait une valeur ajoutée.

  • Speaker #1

    Bien sûr.

  • Speaker #0

    Et donc ça c'est capital. Il y a un maximum que je n'aime pas, c'est le client R3. Le client n'est pas roi. Le client, il est là, il te respecte. Si tu lui sers quelque chose, si il développe son business, mais il n'est pas là, tu n'es pas un esclave devant un client, tu es un partenaire du client qui cherche à développer avec lui son business. Si tu ne le développes pas, c'est une mauvaise vie. C'est la vie ça.

  • Speaker #1

    Ok, et donc RSCG, moi ce que j'ai lu, parce que du coup, tu m'excuses, mais c'est vrai que je n'ai pas connu la grande époque de RSCG. Donc j'ai lu que ça a grandi rapidement et que ça devient une des agences leadeuses en Europe et dans le monde. Tu nous en parlais, après vous avez ouvert des sites un peu partout sur la planète. J'ai même lu qu'on parlait du carré magique Roo, Segela, Kezak, Goudar, donc quatre communicants. Vous êtes du coup monté à combien à peu près de chiffre d'affaires ? Tu disais 16 000 collaborateurs aussi ?

  • Speaker #0

    Non, alors vous m'avez expliqué qu'il y a eu des étapes. On n'est pas passé tous les quatre seuls à 16 000. On est passé tous les quatre, c'est déjà bien, à des agences en province, des agences partout internationales, à quatre ça. Et on était peut-être 5-6 000. C'est pas mal.

  • Speaker #1

    En France ?

  • Speaker #0

    Non, dans le monde.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Dont les 70% en France. Là, on a eu un problème, c'est qu'on n'avait pas de... et pas d'actionnaire de fonds riches et donc tout ça c'est avec un autre couteau donc donc un moment on a eu beaucoup d'endettement trop d'endettement bancaire du coup bancaire on avait un compte d'exposations qui était plutôt correct et tout il fallait qu'on trouve une solution faire entrer fonds comme toutes les boîtes à un moment tu es dans tous les pays du monde tu peux pas T'as beau être malin, t'as pas les moyens. On s'est payé très peu au début pour développer la boîte et tout. Et donc, on a ce problème d'endettement qu'il fallait régler. Et là, on a vu beaucoup de gens. On avait une très bonne image. Et on n'avait jamais voulu se vendre tant qu'on marchait bien. Ce qui est peut-être une connerie, là. Je serais aujourd'hui pas ici, je serais dans un château. Parce qu'à un moment, on avait une cote phénoménale, on était invité par les réseaux américains qui voulaient acheter de la part de marché, et tous les quatre, on y allait, et en sortant, on rigolait, on restait ensemble, seuls, indépendants. Ce qui n'est pas forcément ce qu'on a fait de mieux, parce qu'à un moment, on a été obligés de trouver la solution, alors qu'à l'époque, quand on n'était pas obligés, on était sollicités. pêché d'orgueil probablement, goût de l'indépendance à tout prix. C'est pas forcément un modèle. Mais on l'a fait comme ça, on a été heureux comme ça, jusqu'au jour où on s'est revendu à Avas. Donc, RSCG plus Avas, on fusionnait. La vérité, c'est qu'ils ont racheté. Mais on a gardé toutes les... tout le pouvoir. Moi j'étais patron de la France, coup d'art international, c'est guérilla de la création, roux était parti. Et c'est là où on s'est développé, on était la première agence d'Europe, nettement, et la cinquième agence du monde avec Avas, et on s'est au début appelé Euro RSCG, et après on a pris le nom d'Avas, et je suis parti.

  • Speaker #1

    Et si on revient sur les... Un peu les grandes campagnes que vous avez faites. Moi, j'ai lu que vous avez fait la campagne en 1981 de François Mitterrand.

  • Speaker #0

    On a fait beaucoup de grandes campagnes. Le Citroën, Philips, Wulit, Jacques Vabre et tout. Mais on a fait la campagne de François Mitterrand.

  • Speaker #1

    Et ce que tu peux nous raconter, c'est quoi la différence entre faire une campagne pour une marque de Procter & Gamble et faire une campagne pour un potentiel futur président de la République ?

  • Speaker #0

    Au début, il y a peu de différences. Les gens qui nous critiquent, ou qui critiquent, disent qu'un homme politique, ce n'est pas un objet. Si, c'est un produit. Il faut... Et à un moment, le rôle d'une agence de pub, c'est de faire, que les mots plaisent ou pas, c'est en fait de faire des marques qui s'occupent des produits. des stars de leur univers. Les stars du café, les stars des distributeurs et tout. Et le but de la LEC du président de la République, du fait de la LEC du président de la République au suffrage universel, c'est qu'il doit être un monsieur compétent, et qu'il devienne une star pour tout le monde. Une star c'est quelqu'un qui a un programme, Quelqu'un qui a un caractère très clair, très profond et qui a un style. Et cette marque personne, on l'appliquait aussi aux marques. La marque, je ne sais pas moi, Citroën, peut avoir un physique. Le physique, c'est, je ne sais pas, sa vitesse, son avantage, son bénéfice consommateur, sa vitesse, sa sécurité, je ne sais pas quoi. Le caractère, c'est en profondeur, je ne sais pas, c'est une marque technologique, la technologie. innovatif caractère de volvo c'est la sécurité caractère le style c'est la façon de se mettre en avant et le style ça peut changer le physique Ça peut changer aussi, vous pouvez... Tu peux vendre la vitesse pour une voiture une année, et l'autre année, tu vas avoir envie de vendre la ligne, par exemple. Mais ce qui ne change pas profondément, c'est l'ADN de la marque, c'est le caractère. Et pour un homme politique, ce qui ne change pas... font d'eux-mêmes ce caractère. C'est pour ça que je suis très méfiant par les politiques quand on parle du Rassemblement National. Je ne dis pas ça pour politiser.

  • Speaker #1

    Mais l'ADN, ça reste. C'est la base, le socle.

  • Speaker #0

    Quand on dit qu'ils ont beaucoup changé, que ça n'a plus rien à voir, je ne le crois pas. Parce que l'ADN, j'ai appris dans toutes les marques dont j'ai les hommes politiques, les partis, que l'ADN, c'est très profond et ça restait. C'est un ADN auquel tu adhères ou pas. Je n'adhère pas à cet ADN-là, personnellement. Et donc, je ne crois pas avoir. Donc voilà. Donc, Mitterrand, on a d'abord recherché le caractère qui le... Comment dire ? C'est difficile. Qui le qualifiait le mieux, après beaucoup d'études, après des études de marché, après avoir questionné des gens. Et aussi un caractère qui intéresse les gens. Si le caractère, c'est timide. Tu ne vas pas être pris dans la public avec une actrice. Et on a donc découvert un caractère qui était la force tranquille. On disait la force tranquille, c'est Mitterrand, il a un affront costaud sur lui, puis il a l'air complètement serein et tout. La force tranquille est devenue le caractère de marque de Mitterrand.

  • Speaker #1

    Est-ce que la force tranquille, qui était le slogan de Mitterrand, du coup ça venait de RSCG ?

  • Speaker #0

    Complètement. Ok. Complètement, en travaillant de très près avec lui. Le physique, c'est le programme, enfin, le principal point du programme. Le style, c'est la façon de se comporter, c'est de paraître. Bon, je ne vais pas prendre des exemples, mais il y a des présents dans le public qui ont été desservis par la façon de se comporter, par leur physique. Bon.

  • Speaker #1

    Bien sûr.

  • Speaker #0

    Donc voilà, c'était ça, le boulot, la force tranquille. Et ce qui est très intéressant... C'est que moi, je n'étais pas pour. Je pourrais revendiquer la victoire. Pourquoi ? Parce que quand on est plutôt à gauche, c'est mon cas, on ne peut pas faire une campagne pour la gauche. L'intérêt de la campagne est de séduire les gens de l'autre camp, à droite. une droite traditionnelle, disons, que Mitterrand est une option possible. Et donc tu es obligé de faire une campagne qui soit un peu une campagne de droite. Si tu fais une campagne de gauche, les mecs sont déjà convaincus. Tu fais une campagne de droite, et donc le décor qui était un peu pétiniste, clocher, tout ça, c'était vraiment un décor plutôt de droite. Et donc je travaillais un peu bien sûr. J'étais mal à l'aise avec ça. C'est gars-là qui est plus décontracté que moi sur la politique. Il est très à l'aise.

  • Speaker #1

    Du coup, ça m'amène, j'ai deux questions à te poser déjà. Avant, vous travailliez essentiellement pour des marques, des entreprises, donc il n'y avait pas forcément d'idéologie. Là, finalement, vous travaillez quand même pour un président qui était au Parti Socialiste. Est-ce que c'est avant de prendre la décision d'aller travailler pour lui, là vous allez, si vous réussissez la campagne, potentiellement vous allez favoriser son accession au pouvoir ? Est-ce que du coup ça a été un sujet ? Et tu vois, toi tu as dit que tu étais de gauche, je ne connais pas Jacques Seguéla, mais j'ai l'impression qu'il est plutôt à droite.

  • Speaker #0

    Ça dépend des années.

  • Speaker #1

    Ça dépend des années, d'accord. Est-ce que c'était un sujet, en tout cas entre vous, de dire on accompagne un homme politique ?

  • Speaker #0

    Par exemple, sur Jeux.la... Si la situation a été telle qu'elle, on a oublié que Goudard était plutôt à droite, parce qu'après il a conseillé Chirac à Goudard, que Bernard Roux aussi plutôt à droite, moi plutôt à gauche, quand même fois une gauche modérée, et pour se dire, finalement, c'est un exercice de communication. On y va, on est tous les quatre d'accord.

  • Speaker #1

    Il a pris comme un nouvel exercice aussi, qui était riche en apprentissage.

  • Speaker #0

    Il y a des limites à ça. Il y avait le Front National, par exemple à l'époque, on aurait dit la même chose, Bon, je fais partir Mais Mitterrand était, bien sûr, il pouvait gêner beaucoup de gens, mais il était quand même acceptable. C'était pas un...

  • Speaker #1

    Républicain, humaniste...

  • Speaker #0

    C'était pas Mélenchon, c'était pas Bardella. Donc il y en a beaucoup. moins extrémistes. Mais on a été courageux parce qu'on a quand même une perte des clients.

  • Speaker #1

    Moi je ne veux plus vous voir. Le Real,

  • Speaker #0

    à l'époque Jacques Vrave et tout, ils ont mis au banc. Ce qui est très intéressant, c'est que quand on a commencé à travailler pour Mitterrand, il avait 30% d'intention de vote. Donc il n'était pas du tout un favori. Il est allé et on l'a fait gagner. Et les gens qui étaient contre nous, au début, au mois prochain, ils se sont dit, mais ils ne sont pas si nuls.

  • Speaker #1

    Ils ne sont pas assez au-dessus de l'idéologie, ils se sont dit, ils sont performants.

  • Speaker #0

    Un mec qui font comme élire un président de la République qui n'était pas favori. Donc bon, il devrait bien réussir sur ma marque. Donc ils sont venus.

  • Speaker #1

    Est-ce que, parce que maintenant on sait que les politiques font appel à des sociétés privées pour se faire conseiller, Est-ce qu'en 80, c'était fréquent pour les hommes politiques ?

  • Speaker #0

    Je me souviens un peu très bien, mais non, je dirais. D'accord. Non, non, il n'y avait pas de... S'il y avait eu des campagnes, s'il y avait eu des campagnes Chirac, mais qui n'étaient pas certainement envergues. S'il y avait eu ce cours à la droite revient, ou des campagnes avec des gens très dynamiques qui étaient à la droite du temps de Chirac, s'il y en avait eu. En général c'est souvent nous d'ailleurs, on est à la CG, et qu'on avait aussi à un moment fait une campagne, c'était pas les mêmes personnes parce qu'on ne vise personne à travailler, un collaborateur à travailler sur une cause contre laquelle il est, c'est que des volontaires. Et il y en avait qui avaient travaillé sur quand même les Chirac et tout, et d'ailleurs après Seguela était conseiller de Sarkozy, tout ça. Donc j'étais le seul je dirais qui était un... un petit peu un petit peu idéal.

  • Speaker #1

    Et du coup, si on avance un petit peu dans ton parcours, en 1984, tu deviens président de RSCG, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Oui, d'abord RSCG France et après Euro RSCG Worldwide, c'est-à-dire la fusion des agences de Davos et de l'ensemble du réseau mondial.

  • Speaker #1

    Ok. Et est-ce que c'était ton souhait ? Et pourquoi du coup tu as été nommé, choisi par...

  • Speaker #0

    Prévis par le président Navas.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Il y avait un président Navas, Saldaldi, et puis il y avait le réseau Euro-RCG qui était le gros réseau mondial. C'est le président Navas qui m'a choisi.

  • Speaker #1

    Et est-ce que... C'est quoi, ça consiste en quoi, le métier de président ?

  • Speaker #0

    Ça consiste à, d'abord, tout dépend, si tu es président d'une boîte de 20 personnes et de 15, 16 000, c'est un peu différent, bien que les mêmes qualités soient importantes. Mais, donc, quand tu es président d'un réseau mondial, tu dois aller dans tous les pays, connaître les gens, les voir, les conseiller, vérifier leurs chiffres, les contrôler, etc. Quand tu es président d'une PME, qu'au début c'était une PME, là on parle de la fin, Tu dois être près des gens, tu dois être accessible, tu dois faire en sorte que les jeunes aient la parole, qu'ils aient le droit de rentrer dans ton bureau pour te dire je ne suis pas d'accord là-dessus tu te acceptes, tu discutes, mais ce n'est pas parce que tu as un beau bureau que tu es un bon président. Il faut aimer les gens, il faut aimer les autres, les critiquer, les aider. Leur dire qu'on ne les sent pas bons, c'est important ça. Leur dire qu'on les sent bons aussi, mais leur dire qu'on ne les sent pas bons, pourquoi ? Pour les améliorer, leur dire tu devrais faire ça, ça et ça. Donc on doit être très proche des gens. Je dirais que c'était une de mes qualités un peu reconnues si j'étais... J'ai toujours été proche des gens, qu'on soit petit, voyant ou gros.

  • Speaker #1

    C'est peut-être lié aussi à ton parcours, du fait que tu viens d'un milieu entre guillemets normal, à Évreux, et puis que tu as côtoyé aussi, tu as été à HEC, donc tu as côtoyé peut-être un milieu social différent, et finalement tu sais parler un peu à tout le monde.

  • Speaker #0

    Oui, oui. Oui, je mangeais dîner avec des présidents de la République et puis des... pas des voyous, mais des copains qui étaient d'une autre profession.

  • Speaker #1

    Et donc, si on avance, parce qu'après, on va évidemment parler du Paris Saint-Germain, sur la fin du chapitre RSCG, du coup, en 2005, tu décides de quitter RSCG, et notamment, je crois, parce que Vincent Bolloré avait pris le contrôle de Euro RSCG, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Absolument. Vincent Bolloré prend le contrôle petit à petit, 5%, 10%, 4%, 20%. Et comme on n'avait pas d'actionnaire majoritaire important, avec 20-25%, il était le plus gros actionnaire. Et donc il gagne une assemblée générale et il prend le pouvoir avec 25%, je ne sais plus à l'époque, contre lesquels nous on avait lutté parce qu'on voulait qu'Avast garde le pouvoir.

  • Speaker #1

    Comment c'est possible, si je peux me permettre, qu'il prenne le pouvoir parce que la boîte était cotée ? Et racheter des actions ?

  • Speaker #0

    Oui, absolument. Absolument, c'est ça. À partir de X%, 35%, tu vas faire une OPA, mais si tu es moins, si tu arrives à prendre le pouvoir sur une OPA, tu n'es pas obligé de tout racheter. Donc tu prends le pouvoir à bas prix. Comme c'est un grand financier, il a très bien navigué, il a pris le pouvoir.

  • Speaker #1

    Est-ce que pourtant, il y avait un... Entre vous, j'imagine que vous parliez, vu que c'était un actionnaire. Est-ce qu'il y avait un espèce de gentleman agreement sur comme quoi il ne devait pas monter au capital ? Et c'est ça qui t'a déçu, entre guillemets ?

  • Speaker #0

    Le gentleman agreement n'est pas tellement l'expression, parce que j'étais quand même neuf ans en procès avec lui.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Mais non, non, il n'y a pas d'agrément. On a essayé de travailler. ensemble au début, et moi en disant, il a gagné, il a gagné, et on a eu beaucoup de mal, on n'avait pas les mêmes choses, et moi, j'ai dit, je veux partir. J'avais une clause qui me permettait de partir s'il y avait un changement d'actionnaire. J'ai dit, je la fais jouer, je veux partir, alors je crois pouvoir dire qu'il souhaitait que je reste, parce que bon, pour différentes raisons. Et cette clause qui n'ont pas... respecter l'avant. Je ne veux pas rentrer dans les détails du procès, qu'ils n'ont pas reconnu, qu'ils n'ont pas respecté. Il y a eu un procès de 9 ans où j'ai gagné finalement. Je demandais pas énormément, je demandais de partir parce que prévoyait le contrat deux ans de salaire. Donc j'ai gagné mais il y a eu 9 ans difficiles. Mais bon, c'est la vie et chacun jouait sa. Chacun jouait son rôle. Mais moi, je ne sentais pas rester. Ce n'était pas mon truc. Tiens, j'ai lu une citation de Victor Hugo hier. Soyez comme la roi. Changez vos feuilles, jamais vos racines. Changez vos opinions, gardez vos principes.

  • Speaker #1

    C'est une belle citation. Je ne l'avais jamais entendue, celle-là.

  • Speaker #0

    Moi non plus. Je l'ai pas entendue. Moi, je la trouve fabuleuse.

  • Speaker #1

    Pour Claude, le premier gros chapitre professionnel de ta vie, autour justement de la communication, etc. C'est quoi finalement un bon communicant pour toi ? Sachant qu'aujourd'hui, on est quand même dans un monde où je trouve qu'on communique de plus en plus. Qu'est-ce que c'est un bon communicant ?

  • Speaker #0

    C'est très large, mais c'est quelqu'un qui, d'abord, respecte l'autre, qui écoute, et ensuite qui sait... répond de façon sincère, alors que tous les hommes politiques n'appliquent pas mes principes, mais de façon sincère, directe, brève, sans régressivité. Quelqu'un qui a des conceptions simples, mais qui ne changent pas de racines tous les huit jours, et qui ensuite exprime ça de façon claire, très synthétique et très accessible aux communs des mortels. Et on souffre de ça parce qu'il y en a assez peu qui réussissent cet espoir.

  • Speaker #1

    Qui restent ancrés, oui.

  • Speaker #0

    On comprenait bien ce que disait Mendes-France, on comprenait très bien ce que disait Delors, on comprend bien ce que disait Sarkozy. Il y en a qui arrivent, d'autres c'est quand même plus confus. Il faut vraiment avoir fait, je vais dire, Elena Réunie pour... Ils comprennent quelque chose.

  • Speaker #1

    C'est vrai, il y a un sage que j'ai interrogé sur cette saison qui me disait en off, justement, que le problème des hommes politiques, entre autres, c'est qu'on ne comprenait plus ce qu'il disait. Et il disait qu'au moins, à Jacques Chirac, qu'on aime ou pas, il parlait assez simplement aux gens.

  • Speaker #0

    Oui, je dirais le problème de Macron, par exemple. C'est un problème de communicant que je donne, pas du tout un problème politique, pas du tout un problème de vue politique. C'est qu'il parle très bien, il est extrêmement brillant, d'une intelligence rare, mais pas accessible. C'est-à-dire, au bout de... Il débarque bien, cinq minutes, et après il rentre dans des concepts qui sont très intelligents, mais techniques. Alors que, oui, comme tu dis, Jacques Chirac, ou Sarkozy, ou même Mitterrand, ou De Gaulle, Tu comprenais, quand il a dit vive le Québec libre ou je vous ai compris il a été communiquant, il a trouvé les formules. On a aimé ou pas, il y en a qui ont pas aimé, je peux comprendre. En tout cas, il a trouvé les formules. Donc être un mot communiquant, c'est de traduire de façon simple, directe et sincère. Quand on n'est pas sincère, ça se voit tout de suite. Sincérité capitale.

  • Speaker #1

    Tu as fait la campagne avec RSCG de François Mitterrand. Est-ce que tu l'as rencontré souvent ?

  • Speaker #0

    Souvent, non, mais je l'ai rencontré. Et surtout, j'ai un souvenir à la fois drôle et très fort pour moi. Quand il a été élu président, au bout de 10 jours, pour nous remercier. Il est venu dîner avec nous, je sais qu'il y a là, monsieur et madame Ségala, monsieur et madame Kézak, monsieur et madame Mitterrand, monsieur et madame Goudard. Il vient, donc c'était un peu impressionnant. Au début...

  • Speaker #1

    Le nouveau président de la République, quand même.

  • Speaker #0

    Oui, le nouveau. Alors, il est venu sans aucune... sécurité, taxique, il a venu poser là en chauffeur mais sans rien du tout. Il rentre, il marche comme un marchand météorant, on était un peu, un petit peu impressionné. Ce gars-là il a l'art pour mettre tout le monde à l'aise, on dîne et là on devient, je dis pas copain, mais comme un dîner avec des amis. Jouer à un jeu avec ces gars-là, il avait formé un gouvernement avec mon roi, de mettre des notes au ministre. On a dit, monsieur le président, vous avez mis ce bon part de navigateur, 13 sur 20, je ne sais pas. Il était ravi. On se permettait de mettre des notes. Vraiment, il m'a dit, moi j'ai joué au foot aussi, j'étais un gardien de but. On a vraiment sympathisé.

  • Speaker #1

    Il s'est pris au jeu, il est rentré dans le jeu.

  • Speaker #0

    Et alors le plus drôle, à la fin du dîner, on prend un verre, un café, et il se tourne vers moi parce que moi, je suis assez gratté chez lui, moi je partais aussi. Comme on dit à un copain, vous pouvez me pousser à la rue de Bièvre ?

  • Speaker #1

    Vous pouvez me pousser à une ?

  • Speaker #0

    A la rue de Bièvre. D'accord. À l'hôpital. Je me dis putain, dans mon fort intérieur, je me dis rue de Bièvre, je connais pas. pas très bien Paris.

  • Speaker #1

    Parce qu'il n'y avait pas les GPS à l'époque, donc il fallait connaître... Non,

  • Speaker #0

    je me vois ouvrir la fenêtre de la voiture et dire Vous pouvez m'indiquer la rue de Bièvre ?

  • Speaker #1

    Avec le président à côté ?

  • Speaker #0

    Et sa femme à côté, et ma femme probablement. Mais je dis Je ne peux pas dire non.

  • Speaker #1

    Non, c'est impossible de refuser.

  • Speaker #0

    Bien sûr, j'ai le président. Et j'étais venu avec la voiture de ma femme, un vieux... Une vieille bagnole, qui était un peu dégueulasse, une Volkswagen, pas dégueulasse, vieille, pas très bien entretenue, enfin vraiment quelque chose de pas très présentiel. J'ai dit, putain, je vais faire Paris, Saint-Jean-Pau, Elbière, avec une voiture merdique et tout. J'ai dit, ben oui, non, ok, j'y vais. Et là, je suis sauvé par ces gars-là, qui lui, en général, plus conflits que moi, qui en plus étaient ravis et très fiers de... Vous savez... T'en fais pas Alain, je vais ramener le président. Il m'a dit, vas-y, t'as une voiture ? Non, non, j'ai pas besoin. J'ai dit, prends la mienne. Il a pris ma vieille baignole et a raccourci le président. C'est drôle.

  • Speaker #1

    C'est une sacrée anecdote.

  • Speaker #0

    Et au cours du même dîner, il nous dit à la fin, tiens, je cherche un président pour Europe 1. C'est incroyable à l'époque. Robin a été nommé par le président de la République, Chirac avait nommé, je ne sais pas qui, bon. Vous ne connaissez pas quelqu'un ? On réfléchit, puis Goudard et moi, on est très amis avec un HEC très brillant qui s'appelle Pierre Barré. Je ne sais pas si tu te souviens, qui a été président de l'Express, et de repas après, qui a écrit des bouquins. Il était un type formidable, il est à l'Express actuellement. C'est Pierre Barré. Je ne connais pas. Il dit, je ne connais pas, je n'ai pas envie de parler. Écoutez, il a écrit des livres, et on lui cite les livres. livre évoque quelque chose en lui alors que la carrière économique politique rien assez de lui qui a écrit ça très intéressant problème si j'ai pas ses coordonnées moi mais nous à son portable on lui donne portable lendemain il appelle le seul lendemain il nommé président d'europa d'accord s'appelle pierre barret qui a dit ensuite marié avec mireille d'arc et après donc Ça, c'est intéressant quand on a une idée, parce que ça montre qu'à l'époque, il y avait vraiment très, très... Alors, aujourd'hui, déjà, on critique le fait que les industriels contrôlaient les médias. Enfin, à l'époque, c'était encore plus vrai, puisqu'il les nommait parfois.

  • Speaker #1

    Tout à fait, oui. Attends, il y a peut-être une séparation un peu plus forte.

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui.

  • Speaker #1

    Relative.

  • Speaker #0

    Relative.

  • Speaker #1

    Ok, si on revient du coup sur ta présidence au Paris Saint-Germain. Donc, en 2006, tu es nommé président. Comment ça se passe ?

  • Speaker #0

    Alors curieusement, j'étais quand même déjà au PSG depuis 20 ans. Ouais, 1984. Je suis arrivé quand mon ami Gérard Rouillet, qui est ici, aujourd'hui disparu, était entraîneur. J'étais au conseil depuis 20 ans. D'abord, j'ai failli faire une grosse bêtise. Canal+, voulait partir. On était stratégiquement plus dans le... dans ce qu'il voulait. J'ai acheté des repreneurs. Le président de l'époque s'appelait Grail. Francis. Tous les deux, Grail et moi, on dit on va racheter le PSG. On n'avait pas de payant. Moi j'avais un million d'euros que j'avais de francs, d'euros à l'époque, que j'avais comme j'étais déjà actionnaire de l'association, que j'avais gagné. Lui avait un million, deux millions. Puis on fait un montage, moi j'appelle par mes relations de banquier, j'appelle quelqu'un qui met de la musique dans les téléphones, 1, 2, 3 multimédia, concurrents d'index et tout, et qui dit oui d'accord, ça m'intéresse, je mets 10 millions. 10, 11, 12, on trouve, et on avait signé un protocole à 19 millions. Aujourd'hui il vaut 4 milliards et demi. Il a fait grand.

  • Speaker #1

    Il aurait fait une belle plus-value.

  • Speaker #0

    Oui, on ne l'aurait pas fait. Le matin de l'après-midi, on va signature chez Bertrand Meilleu, à l'échange de mon bar et tout. Le mec me téléphone, qui avait promis des millions, me dit je me retire On dit on va vraiment avoir l'air malin, chicanal Et Grail dit On y va quand même, on va trouver Bon, on y va. On lui dit Écoutez, on vous laisse un mois pour trouver Et après, il y a eu au parc des incidents contre Grail de la part des supporters qui ne pouvaient pas voir un type de la sécurité. Donc, moi, j'étais à côté de mes venus. Quoi qu'il en soit, écoute, moi, je ne peux pas avoir de clave quelqu'un qui est aussi impopulaire et tout. Et donc... On n'a pas acheté. J'aurais fait l'euro de ma vie, ma femme, on aurait divorcé. On aurait acheté, disait Filiot, on aurait monté un truc dans lequel on gardait le pouvoir, avec très peu d'argent. Mais on n'aurait pas réussi à acheter un joueur. Le PSG est riche parce qu'ils ont acheté tous les ans 10, 20, 30 millions, 100 millions, tout ça. Donc un club de foot, c'est pas le prix d'achat, c'est l'argent qu'on peut remettre après.

  • Speaker #1

    Pour investir, ouais,

  • Speaker #0

    pour le développer. Et moi, j'aurais pas un bon but de jeu. Donc ça aurait été un désastre. Bon, alors, ça c'est l'erreur que, heureusement, je n'ai pas faite, mais bon, j'ai bien failli la faire. Et ensuite, canal, canal rentre dans la dent, non, comment dire, c'est... comment c'est passé, c'est... Il y a une négo entre Canal et Bassin et Colonie Capitale. Et là, je suis en vacances Courchevel, dans une boîte qui avait beaucoup de bruit, et Bassin m'appelle. Je ne connaissais pas du tout.

  • Speaker #1

    Tu étais le président de Colonie Capitale ?

  • Speaker #0

    Il m'appelle et me dit Monsieur Kézak, je suis à New York, là-haut, je suis pas là. Je suis en train de racheter le Paris Saint-Germain. Est-ce que vous voudriez être le président ? Parce que beaucoup de gens m'ont dit, c'était Franck Riboud, Chonu, d'autres, ont dit vous aviez le profil type, vous adorez le club, vous y êtes depuis 30 ans, vous êtes chère dans vos entreprises. Ah bon, c'est un jeu. Je souhaite vraiment... Je dis écoutez, j'entends rien. On se rappelle demain. J'étais dans la boîte de Cochevel.

  • Speaker #1

    Il était en train de danser.

  • Speaker #0

    Ouais, un peu, oui. Et donc, le lendemain, on se rappelle, il y avait encore une négo, parce qu'il y avait un autre candidat, à lequel vous vous êtes associé. Moi, je lui ai dit, je viens avec vous, mais si vous êtes seul associé. Bon, c'est vrai qu'après, il y a eu Butler, il y a eu Morgane Sandlé, mais le majoritaire, c'était les colonies. Donc je dis, ok, si vous le faites, on fait la nuit des longs couteaux entre Colonie-Capitale, Basin, Méheu, Bompard et moi. Bompard et moi étaient plus silencieux, mais les deux qui étaient vraiment leaders, c'était Basin et Méheu, présents du canal. Il présente le colonneur, il passe toute la nuit, le bassin qui sentait bien qu'il voulait à tout prix vendre, il négocie et comme il sait le faire, très bien. Donc il n'y a pas d'accord. À 5h du matin, il me dit, on va manger un morceau, je dis, ah non, je rentre. Le lendemain, il m'appelle, il me dit, écoute, ça y est, on a renégocié aujourd'hui, le lendemain, j'achète le club. Donc je te... Encore. on se citoyer parce que c'est un peu le style et je dis ben d'accord je ça m'intéresse voilà écoute on a rendez vous donc les canades plus pour signer cet après midi 15h pour nous je suis à chicago j'arrive à midi et on se connaît pas du tout uniquement à jimois chechet dans mon agence, dans ma banque d'affaires, ça s'appelait Goetz à l'époque, c'était mon agent de sang, je lui dis écoutez ou écoute, je sais pas, peu importe, vous passez me prendre, et on aura une demi-heure avant le déjeuner qu'on doit avoir avec monsieur Pigasse de Lazare chez Laurent, pour se connaître. Demi-heure, demi-heure même pas, un quart d'heure dans la voiture. C'est pas grave. Et donc, on va chanter. Sébastien, Alain, tu vois. Ça marche tout seul. Je me dis tout de suite, c'est un mec qui a envie de... très libre, très libéré. Et on arrive donc avec Pigasse, qui est un type très fort chez Lazare. On arrive pour déjeuner. Et donc là, on se dit quoi ? On a l'impression qu'on était des copains de... de longue date. Donc, on dit oui, et après on va chez quelqu'un de plus, et là aussi je suis un très bon ami de Bassin, qui le connaît très bien, donc on signe. Alors qu'on ne s'est jamais vus, jamais vus, et qu'on a pris le contact chez le coup de fil à Courchevel. Et on se connaissait par relations communes, je vous dis, il y avait Franck Riboud, le patron de Danone, Christophe Chenu qui était... amis d'enfance, non pas d'enfance, d'école, de voisins, tous ces gens-là ont dit que Zaz serait pas mal. Ils ont peut-être même dit que ce serait bien.

  • Speaker #1

    Et donc tu es président du PSG pendant deux ans, c'était du coup l'époque, en entraîneur, tu avais Guy Lacombe et Paul Le Gouin ?

  • Speaker #0

    D'abord Guy Lacombe, un an et demi, après Paul Le Gouin.

  • Speaker #1

    C'était une présidence assez difficile quand même ?

  • Speaker #0

    Très. Très parce que... J'ai dû faire des erreurs, on a dû faire des erreurs, mais en tout cas, ce n'était pas du tout dû à l'actionnaire qui m'a laissé une liberté complète. C'est plutôt partenaire de moi, pas du tout emmerdant, mais j'ai joué un peu confiant. On avait une équipe un peu vieillissante, mais avec des noms quand même ronflants, des polétards et tout. Dans la période estivale, je négocie avec Pauletta pour que Lyon ne prenne pas. Donc je retiens Pauletta, je me débrouille pas mal. Je retiens un moment, on retaine des gens de Montréal qui voulaient partir. Et donc, je me dis, bon, ça va coller. Et la mayonnaise n'a pas pris. On perd le premier match contre l'Orient. Et ensuite, on n'est pas bon.

  • Speaker #1

    Et si on peut rentrer, pourquoi la mayonnaise n'a pas pris ? Parce que tu avais des individualités, en effet, qui étaient fortes, mais c'était le collectif qui n'allait pas ?

  • Speaker #0

    Oui, où il y avait... Il y avait peut-être trop de joueurs qui étaient en fin de parcours. Et donc c'est... Et puis la collective c'est aussi la spirale en sport. Tu perds un match ou deux, tu perds confiance. Il y avait eu un tel... Je vais te dire, très très bien accueilli. Il m'est sorti une page qui m'est parue dans le Parisien quand j'ai été élu, qui était la France tranquille du PSG, la voiture avec ma femme où on est. On faisait la conférence de presse. J'avais été vraiment reçu comme quelqu'un de sauveur. Pas de sauveur, il n'y avait rien à sauver. Et donc, premier match, on perd. Donc, il y a eu une espèce de déclic. Et puis finalement, à un moment, j'ai été obligé de changer d'entraîneur. Lacombe, qui était un type très bien d'ailleurs, mais qui aussi était entraîné un peu dans la spirale à défaite. J'ai pris Paul Le Gouen, qui était un enfant du club. Et on a fini la saison. très correctement, je crois, des victoires de suite. Et l'année suivante, personne ne m'empêche de recruter, mais il y avait beaucoup de jeunes qui étaient très bons. Et je fais un match de préparation à Arsenal, et Arsène Weiger, qui était un de mes amis, il faut jouer avec mon équipe, il me dit, mais tu n'as pas besoin de recruter, tu as des jeunes fantastiques. Il me dit, oui, c'est vrai, mais je n'ai pas assez recruté. Donc là, on a eu une période vraiment très difficile. Donc il y a un mélange de... J'ai peut-être surestimé un peu la valeur de l'équipe. Je me suis battu. Et puis, non, j'ai eu beaucoup de... J'ai eu un mort.

  • Speaker #1

    En dehors, au McDonald's ?

  • Speaker #0

    En dehors du Paris-Dupont, dans le McDonald's.

  • Speaker #1

    Ah oui, c'était toi qui étais président à cette époque.

  • Speaker #0

    Président. J'ai eu quand même... Tout le monde, les journalistes disaient qu'il était là, qu'il est au temps d'emmerder dans un an. que notre président en 10 ans. C'est vrai que j'ai tout. L'arbitrage qui avait changé, des règles.

  • Speaker #1

    J'ai eu tout. Pour ceux qui nous écoutent, il y avait la tribune Boulogne et la tribune Auteuil qui avaient des idées politiques on va dire différentes.

  • Speaker #0

    C'est l'instant facho de Boulogne qui ont couru après. mon copain qui est d'origine sémite, après un match PSG Tel Aviv qu'on avait perdu. Donc très très dur, j'ai été convoqué chez Sarkozy, j'ai fait le discours sur le perron avec lui et prendre la ligue sur le perron du ministère de l'Intérieur, place Beauvau. J'étais obligé de négocier.

  • Speaker #1

    Ça c'était quand il y a eu le mort malheureusement au Parc des Princes ?

  • Speaker #0

    Oui, après on a fermé une tribune. Donc, il y a eu un climat vraiment désestable. Donc, bon, ce n'est pas des excuses, mais ça n'a pas facilité le boulot.

  • Speaker #1

    Il y a quand même un contexte.

  • Speaker #0

    Et puis après, arrive la deuxième année, la fin de la deuxième année. Et là, on arrive à quatre pages avant la fin. On est au bord de la rélégation, ce qui aurait été vraiment un désastre. Et je dis à Sébastien, écoute, je te propose un plan hors secte. Tu viens demain au bureau, je serai dimanche au parc, au bureau du parc. Tu viens et je te promets que j'aurai des solutions. Des solutions pour prendre un Louis Fernandez, un Paul Ettaoua, un type qui a dit que tu as, l'entraîneur de Handball qui s'appelle Constantini. J'avais pas mal d'idées comme ça pour rebooster. Et puis on arrive à Paris-les-Prince, à mon bureau, il arrive, et le Gouin était là, mais je lui avais demandé d'attendre. Sébastien m'a dit, Alain, écoute, tu restes président, bien sûr, tant que je serai là, je serai toujours président, mais on a décidé cet après-midi de recruter un conseiller sportif qui s'appelle Michel Moulin.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Je lui ai dit, écoute, considère que tu as ma démission dans la seconde. Terminé. Et pourquoi j'ai d'abord des problèmes sur la personne, peut-être, mais ce n'est pas l'essentiel. Moi, je suis président, je suis un manager. C'est moi qui choisis les gens, personne ne le fait pour moi. L'actionnaire, il a un seul pouvoir, c'est de me virer. Moi, je suis un manager et donc je suis pas là pour tailler les crayons. Donc président, d'accord, mais moi, si je n'ai pas les pouvoirs pour... Et donc je démissionne, et là on se dit, on était quand même assez amis, on se donne la soirée quand même, je dis moi je réunis mon conseil de famille au Murat, mon conseil de famille c'était mes quatre enfants et ma femme, et lui je dis je réfléchis, on prend un petit déjeuner ici chez moi le lendemain matin, et on se dira j'ai changé d'opinion, j'ai changé de stratégie ou pas. On se retrouve et moi je dis je n'ai pas changé, je démissionne tout de suite. J'ai dit avant tu es changé, tu ne prennes pas. Il m'a dit non je ne peux plus, maintenant il y a un conseil qui a décidé. Conférence de presse à midi, et là j'avais l'impression d'être Bill Clinton. Il y avait dans l'amphithéâtre du PSG 200 personnes, où j'annonçais ma démission. J'avais eu un coup de fil du maire de Paris, qui m'avait dit Alain réfléchis bien, reste président. Il m'a dit non pas question, je suis... On a choisi des gens sans mon accord, une personne, je m'en vais. L'autre soir, je dis au revoir aux joueurs, je fais ma conférence de prêt. Je n'ai pas du tout parti en tapant sur les actionnaires. Je suis parti en disant, il y a un choix qui a été fait. Je ne suis que président, je ne suis pas propriétaire. Je respecte, c'est le président, mais moi je ne peux pas rester. Je serai toujours autour du club et tout. Et voilà, je suis parti et on s'est sauvés quand même.

  • Speaker #1

    On est restés en Ligue 1.

  • Speaker #0

    Le dernier match, c'était difficile à ce jour.

  • Speaker #1

    Je dis on, je me permets pour les auditeurs, parce que je suis un fan du PSG. Depuis que j'ai 9 ans, je joue au Parc des Princes. Je me considère un peu aussi supporter. Et du coup, ton meilleur souvenir en tant que président du Paris Saint-Germain, qu'il y en a quand même ?

  • Speaker #0

    Ça va me surprendre. Mon meilleur souvenir, c'est la victoire qu'on se choure.

  • Speaker #1

    Je m'en souviens.

  • Speaker #0

    Où je n'étais plus président, parce que j'avais été remplacé. Donc je regardais le match à la campagne, chez Chenu. J'étais tellement nerveux, je n'ai même pas pu garder la fin. Je suis parti dans les champs à côté. Et je me dis, je suis encore président. Jodiquement, je suis encore président. Mais je n'étais pas au match, rien. Je dis que je suis le président, et s'il a une descente, ce sera quand même...

  • Speaker #1

    Tu prendras un plan un peu responsable quand même.

  • Speaker #0

    Et donc le fait que ça se passe bien, que quelqu'un que j'avais recruté qui s'appelle Diané, qui devient un peu mon poulain et tout...

  • Speaker #1

    Et qui marque, pour que les auditeurs comprennent, un but venu du ciel, qui n'a entre guillemets pas d'esthétique, mais qui marque quand même.

  • Speaker #0

    Absolument.

  • Speaker #1

    Le PSG se sauve de la relégation en Ligue 2.

  • Speaker #0

    Donc c'est sûrement un de mes meilleurs. Paradoxalement, il y avait des victoires quand même, mais je retiens ça. Non, à l'époque, j'avais quand même, j'avais des Lyon-Doulas, j'avais Pauletta, j'avais Rotten, j'avais Yépes, j'avais Croutier-Amaradiane, j'avais Croutier-Ouaro, donc j'avais pas fait du mauvais boulot, mais...

  • Speaker #1

    La mayonnaise a pas pris. On arrive sur la fin de cet échange. Si tu veux bien, je vais te poser quelques questions plutôt sur une partie un peu plus personnelle. Tu as parlé de ta famille. Quel rôle a joué ta famille dans ta carrière professionnelle ? Et est-ce que tu en as parlé ? Remarque que tu prenais des décisions en fonction d'eux aussi quand tu les as réunies. Et d'une manière générale, quel rôle a joué ta famille dans ta carrière ?

  • Speaker #0

    Ma femme a joué un rôle de soutien toujours. Ma femme avec qui je suis, j'ai offert un match au Parc des Princes le soir de mon mariage. C'était pour elle une preuve d'amour tout à fait indiscutable. Elle a toujours été au match à Paris en tout cas. Elle commence à déplacer en Coupe d'Europe aussi. Mes enfants ont toujours été très proches de moi, étaient eux-mêmes vaccinés PSG. Donc, mes grandes décisions, ça venait de moi. Évidemment, ils m'auraient tous dit, Alain, reste président et tout mais je suis très étudiant. Ma femme pourrait le dire, je suis dur à convaincre. Donc, mes décisions, comme pour être rentré chez Rousseguela, il y a dix personnes qui m'ont dit, François, tu rentres, toi, tu es trop sérieux, tu es un mec bien. ces gars-là c'est un charlatan, un rouges, un infériste, des trucs qui ne sont pas révélés, vrais d'ailleurs du tout. Il y a dix qui m'ont dit ne rentre pas il y en a un qui m'a dit rentrez et je n'ai écouté que celui qui a dit ce que je voulais. Donc je dis souvent, quand on te dit de ralentir fonce. Et, une fois, elle m'a joué un mauvais tour, quand j'ai eu mon accident de vélo, j'étais avec ma femme, et elle me dit, ralentis. Dans la descente, j'ai foncé, et je me suis pété trois vertèbres, et un AVC après. Mais en général, quand on me conseille de ralentir, ça m'incite à foncer et à y aller.

  • Speaker #1

    À contre-courant parfois.

  • Speaker #0

    Oui, mais ça m'a plutôt pas mal réussi. Au PSG, le nom de personne, je vais vous en dire. en présentant des PSG, tu vas voir, c'est impossible, c'est difficile, tout. Alors je me dis, mais c'est pour ça que ça m'intéresse. Et aujourd'hui, je dis souvent, si on me proposait, hors de question, c'est les Caldari qui font très bien leur boulot, mais si on m'avait dit trois heures après, pour se revenir, je revenais. Et pourtant, j'avais eu... J'avais écrit un bouquin en disant 95% d'emmerdes, 5% de plaisir. Mais l'adrénaline, elle est là.

  • Speaker #1

    Bien sûr, c'est une fonction à part.

  • Speaker #0

    Il y a un slogan que j'ai bu un signe, Maxime, Ceux qui tuent, ce n'est pas leur risque, c'est la routine. Et donc on a besoin d'adrénaline.

  • Speaker #1

    De projets, de challenges.

  • Speaker #0

    Et puis on se plante, ça peut arriver. Je me suis déjà planté, et c'est difficile. T, à la fois R, S, G, O, P, G, M. On rebondit, sinon. Le talent se joue au bond, d'ailleurs.

  • Speaker #1

    C'est une belle phrase. Et on parle de tes traits de personnalité, donc peut-être à contre-courant, peut-être têtu, mais quand on passe du temps avec toi, ce qu'on ressent, c'est aussi une bienveillance, une gentillesse. Alors, c'est des choses qui sont aujourd'hui un peu à la mode. On en parle beaucoup, de la bienveillance. Est-ce que c'est quelque chose pour toi qui est important ?

  • Speaker #0

    Regarde ce qu'a dit ma femme, là. qui peut lire un peu le...

  • Speaker #1

    Alors Alain, je viens de me passer un journal sur lequel Marinette Kezak, qui est la femme de Alain, a dit sa mauvaise foi est énorme. D'accord.

  • Speaker #0

    Je suis intolérant de mauvaise foi et de mauvais caractère. Mais pour certains problèmes politiques, j'ai des choses sur lesquelles je ne transige pas. Donc je ne suis pas facile. Sinon, j'aime les autres, j'aime parler, j'aime comprendre ce que font les autres, j'aime qu'on explique ce qu'on fait dans la vie, la carrière et tout. Mais je suis sur certains sujets complètement intolérants. Et quand je dis à mes amis, allez, je vais vous faire plaisir, cette semaine, je vais être tolérant. Je ne vais pas dire, d'accord. Et au bout des journées, on t'aimait mieux avant, on ne change pas. Donc, non mais bon, voilà.

  • Speaker #1

    C'est quoi la chose la plus audacieuse que tu as faite dans ta vie ?

  • Speaker #0

    Audacieuse, c'est probablement d'avoir, d'être associé à un rôle, ce gars-là.

  • Speaker #1

    Parce qu'au début, ce n'était pas évident ?

  • Speaker #0

    Pour moi, c'était une très bonne nouvelle. Mais pour mes conseils, les conseils, je te donne souvent des conseils conservateurs.

  • Speaker #1

    Bien sûr.

  • Speaker #0

    Dans tous les concerts, je disais mais non, pas question Et j'y suis allé, et ça a très bien marché. Avec des redébats, on a vraiment réussi. C'est audacieux. Je ne veux pas parler d'audace pour le PSG. Il y a aussi des gens qui ont essayé de ne pas y aller. Moi, hors de question, je n'y allais pas.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a des personnes, toi, t'en as un peu parlé, mais qui ont particulièrement marqué, inspiré ta vie ? Si tu devais en retenir une ?

  • Speaker #0

    Une, c'est pas facile, mais... Parce que c'est à différentes époques de ma vie, mais j'en cite plusieurs. Mendes France.

  • Speaker #1

    Que t'as connu, du coup ?

  • Speaker #0

    Non, pas du tout. Moi, j'étais jeune. Dans l'or, dans Évreux, lui était à Louvier. J'ai vécu dans l'entourage. Marcel Conch, mon prof de philo.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Ensuite, les choses beaucoup plus actuelles. Bernard Tapie, Jacques Segalat. Pourquoi les deux ? J'étais vraiment copain avec Bernard Tapie jusqu'à le dernier jour, quand on était un petit peu déminés tous les deux en ce. Pourquoi ? Parce qu'ils ont une énergie vitale qui m'impressionne. Alors défaut ou pas, oui, c'est vrai. Ils ont combat tous les matchs.

  • Speaker #1

    Force de caractère.

  • Speaker #0

    Bernard Tapie me disait, quand il y avait deux concerts... Elle me disait Je prends mon vélo dimanche, je vais faire du vélo. Je lui disais Mais si t'as un malaise, je... Non, je prends pas mon portable. Que si je prends mon portable, je suis sûr que je vais avoir envie d'appeler quelqu'un. Il prenait pas le portable. Une énergie folle. Ces gars-là, c'est pareil. Je lui disais Jacques, demain matin, il faut qu'on soit à Clermont-Ferrand pour un client en dehors. J'étais... Et puis, je dirais le dernier, le dernier, beaucoup plus récent, Olivier Gouin.

  • Speaker #1

    Tout à fait. J'ai une connaissance en commun et quelqu'un qui va intervenir dans le podcast dans quelques semaines.

  • Speaker #0

    Que ce garçon sache qu'il est condamné, parce que Charcot, malheureusement, il n'y a pas du tout de chance. survie, et qu'il garde ce côté positif, ce côté militant pour récupérer de l'argent pour la recherche, cette joie de vivre, ce qui sourit, cet humour, c'est un modèle. Moi j'aime bien aussi ce que me disait Tapie, c'était, on ne parle pas de courage, on ne parle que d'énergie. Et il a complètement raison. Moi, les gens qui me disent bon courage, on ne sait pas si c'est le courage. Tu as une emmerde, tu n'as pas de choix, il faut être courageux. L'énergie c'est différent. Quand je vois des oliviers gois et tout, je me dis mais c'est fabuleux. Et donc ça peut l'étonner que je dise ça parce qu'on ne se connaît pas non plus depuis la nuit des temps. C'est quelqu'un qui m'impressionne et qui, par rapport à ce que j'ai, souvent je me dis putain, t'es handicapé quand même pour faire comme ça Mais il y a Olivier aussi.

  • Speaker #1

    On relativise.

  • Speaker #0

    On relativise. Et on admire. Et on admire. J'ai un autre ami qui est Charles Bietri, qui a fait beaucoup pour le sport à Canal+, énormément même. qui a la même maladie et qui est maintenant à Karnak, c'est pareil. Il sait qu'il est condamné, il a tout organisé, mais il est positif. Sans parler du système, moi, ces gens-là, c'est au-dessus de tout.

  • Speaker #1

    Je comprends.

  • Speaker #0

    Il y en avait un aussi, je l'admirais beaucoup, dans le même genre, c'était Belmondor, que je connaissais par le football, je connaissais bien sans être ami proche, mais on allait au restaurant, on se voyait, enfin... une énergie vitale extraordinaire, alors qu'il était encore plus handicapé que moi. J'avais parlé avec lui, il m'avait dit, ce qui est probablement la maxime qui me conditionne le plus, Alain, se plaindre est impoli. Et c'est exactement ce que je pense. Je ne me plains jamais. C'est impoli vis-à-vis des autres qui ont tous leurs emmerdes. Pas des mêmes types, mais tu peux avoir un burnout un jour, tu peux avoir une grande voiture, tu peux avoir Charcot, ça c'est le top du top, tu peux avoir un problème avec des enfants malades, se plaindre est inconvenant.

  • Speaker #1

    On a tous nos problèmes, et je pense que c'est la manière dont on l'envisage. Toujours l'histoire du verre à moitié vide, verre à moitié plein aussi.

  • Speaker #0

    Quand tu dis le mot impoli, je trouve ça formidable. La vraie politesse, c'est ne pas se plaindre. Ça, c'est bizarre. Et puis, bon, maintenant, j'ai dû inventer un nouveau modèle où il n'y a plus de tennis, il n'y a plus de football, il n'y a plus de nage, il n'y a plus... Mais bon, il faut trouver un nouveau logiciel, il faut s'intéresser aux autres, aux lectures. Je travaille toujours, j'essaie de ne jamais avoir une heure d'ennui, jamais. Bon après c'est un mode de vie différent, mais bon, de toute façon j'ai pas le choix. Et j'avais un ami cher qui m'a dit il y a peu de temps, est-ce que tu aurais préféré que j'étais à une soirée de la mort ? Il avait dit à ma femme, demain matin vous le reverrez probablement plus. Mon ami m'a dit, est-ce que tu aurais préféré ? mourir à ce moment-là, ou rester comme tu es. Je me dis, mais rester comme je suis, pas mourir. Aujourd'hui, je signe si on me dit, tu es comme tu es là, jusqu'à 100 ans, je signe. Parce que, d'abord, c'est un devoir vis-à-vis des autres. En fait, il faut arriver à s'oublier. Moi, je n'arrête pas de dire, je ne m'intéresse plus. Je n'ai aucun intérêt pour moi. Ceux qui m'intéressent sont... Mes quatre enfants, mes six enfants, ma femme, mes proches, moi aucun intérêt. Je serai jamais président de la République, je serai jamais à nouveau président du PSG, je serai jamais chef d'entreprise, j'ai 83 ans, mais j'ai un devoir de vivre. Et non pas un plaisir, je le dis au début, mais un devoir de vivre. Il faut que je trouve vraiment à l'assouvir par d'autres passions et par d'autres actes aussi généreux et qui rendent l'entourage plus heureux. C'est une gymnastique difficile et très conceptuelle. Tout ça, je le dis, c'est pas fait comme ça. Je me suis mis dans mon bureau devant une feuille blanche et j'ai dit comment je peux faire ? Je me suis aussi... J'ai aussi agi avec moi comme on agit avec une marque. Disons, voilà, comme ça, qu'est-ce que je peux faire ? Faut que j'écrive, tiens. Faut que j'écrive parce que ça, ça va me libérer. J'ai écrit. Oh là là, je vais préparer un autre livre. Bon, il faut que je trouve sans arrêt des solutions, mais si on a l'énergie d'un tapis ou d'un luvégois, on les trouve.

  • Speaker #1

    T'es un entrepreneur, tu t'es inventé. Et pour finir, si tu avais un jeune devant toi qui voulait entreprendre sa vie ou entreprendre une boîte, quels conseils tu lui donnerais ?

  • Speaker #0

    Premièrement, écoute ta petite musique intérieure. Quand j'ai dit qu'une carrière c'est un mélange de rationnel et d'envie, le rationnel c'est bien, je sois avocat parce que... Et pourquoi pas ? l'envie. Il faut que tu aies envie. Envie d'avoir envie. Envie, envie, envie. Ça, c'est le premier conseil. Le deuxième, c'est de travailler. Et le troisième, c'est d'aimer les autres. Et moi, j'ai fait une conférence avant que je sois... que je sois handicapé. Et les mecs qui m'interrogeaient m'ont dit Tiens, monsieur Kezac, qu'est-ce que vous souhaiteriez que soit écrit sur votre tombe ? Alors j'ai eu des questions pas très drôles, mais bon, j'ai essayé de le passer. Et j'ai dit deux choses, je ne sais pas si c'est vrai. I care en anglais, c'est-à-dire I care il prenait soin, il aimait les autres. Et deuxièmement, il était fiable. C'est une qualité essentielle pour moi, être fiable. Quand je dis rendez-vous à 11h, je n'appelle pas son sujet un drame. Je n'avais pas la veille pour dire non, j'annule le rendez-vous, j'ai autre chose de mieux à faire, on se voit dans 15 jours. La fiabilité.

  • Speaker #1

    Merci Alain.

  • Speaker #0

    De rien, merci Nicolas.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup d'avoir écouté les Sages. Vous êtes de plus en plus à nous écouter pour cette première saison. C'est vraiment très encourageant pour toute l'équipe. Alors encore une fois, un grand merci. Vous avez le pouvoir de donner de la force à ce podcast avec juste une minute de votre temps. C'est simple, si vous êtes sur Spotify ou Apple Podcast, vous avez juste à vous abonner et mettre 5 étoiles. Un grand merci et à bientôt.

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Description

Pour ce douzième épisode, nous avons l'honneur de recevoir Alain Cayzac, co-fondateur d'Euro RSCG (avec Jacques Séguéla) et ex Président du Paris Saint Germain.


Alain Cayzac est un homme d'exception :


  • Communiquant hors pair, en 1972, il créé avec 3 autres compères, dont Jacques Séguéla, Euro RSCG, une agence de communication. Ils vont monter jusqu'à 16 000 collaborateurs dans le monde. L'entreprise sera revendue à Havas, dirigé par Vincent Bolloré.

  • Passionné de sport depuis tout petit, il est particulièrement amateur de football, et du PSG. En 2006, il réalise l'un de ses rêves : il devient Président du PSG. Épisode très intense de sa vie qu'il nous raconte dans cet échange.

  • Enfin Alain, est reconnu pour être un humaniste, qui se dresse contre toutes les sortes de discriminations : racisme, homophobie, antisémitisme. C'est un grand patron, qui se dit ouvertement "plus à gauche".


Dans cet épisode, nous avons parlé de son expérience à HEC Paris, chez Procter & Gamble, de Marcel Conche, de Jacques Séguéla, de la campagne de François Mitterand en 1981, de Vinent Bolloré, de la définition d'un bon communicant, de Pierre Mendès France..


🌎 Les liens de l’épisode 🌎



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CODE PROMO : LESSAGES (1H de conseil juridique gratuit) 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les sages, c'est avant tout une histoire personnelle. Je m'appelle Nicolas Jeanne et j'entreprends depuis que j'ai 19 ans. Sur ce chemin, j'ai eu la chance de rencontrer des personnes que j'appelle les sables. Vous savez, ce sont ceux qui, d'un conseil bienveillant, peuvent changer votre journée, votre projet, votre vie. Souvent des personnes avec qui il y a un avant et un après. A mes yeux, ce sont des leaders authentiques mais surtout des leaders humanistes. Ça c'est important pour moi. Ceux qui vont vous faire grandir sans s'en rendre compte. Puisque n'importe quel livre ou cours, des témoignages qui viennent du cœur et de la réalité. Et surtout du cœur. Aujourd'hui, je vous propose de partir à leur rencontre, dans un format inédit, et négocier avec eux. Un format où l'on se dira tout, naturellement, et aucune question ou anecdote sera interdite. Ça, vous avez ma parole. Un format axé sur leur activité, bien sûr, mais qui, évidemment, dérivera vers la vie, la société et les émotions. Mon but, c'est clairement de mettre en valeur l'aspect humain de ces personnalités qui me paraissent exceptionnelles, et de casser la carapace. Casser la carapace, vous le sentez, c'est pas un mot par hasard. Pourquoi ? Parce que je pense que ça va vous permettre d'app... sur les plus grands leaders et leaderes qui ont bâti et bâtissent la société. La France est une terre bourrée de talents et de leaders et nous allons en leur rencontre. Bon voyage avec les sages.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, nous avons la chance de recevoir Alain Quezac,

  • Speaker #0

    cofondateur d'Euro RSCG avec Jacques Seguéla et président du Paris Saint-Germain de 2006 à 2008.

  • Speaker #1

    Alain est un véritable meneur d'hommes, connu pour son grand cœur et sa gentillesse.

  • Speaker #0

    Il a quelques années,

  • Speaker #1

    je le contacte pour qu'il mette sur un projet entrepreneurial.

  • Speaker #0

    Dans la journée...

  • Speaker #1

    Il me répond et me donne du temps, et c'est bon conseil.

  • Speaker #0

    C'est ça, Alain.

  • Speaker #1

    Un homme qui aime profondément les autres, profondément aider et servir. Il a quelques années, il fait une chute de vélo qui lui vaut des côtes cassées et malheureusement un AVC par la suite.

  • Speaker #0

    Alain,

  • Speaker #1

    depuis, est paralysé sur la partie gauche. Qu'importe. Il a changé de logiciel et de la joie de vivre, il est passé au désir de vivre. Allez, on y va avec Alain. Bonjour Alain, bienvenue dans les Sages.

  • Speaker #2

    Bonjour Nicolas.

  • Speaker #1

    Comment tu vas ?

  • Speaker #2

    Quand je vais, bien aussi bien que ça puisse aller dans mon état. J'ai eu un AVC, donc je suis paralysé de la jambe gauche et du bras gauche. Mais avec une béquille et beaucoup de rééducation, je marche, je vis et j'ai envie de vivre. J'ai remplacé la joie de vivre par le désir de vivre.

  • Speaker #1

    C'est déjà super intéressant, on en reparlera si tu le veux bien à la fin de l'interview, parce que je sais que ça a été un changement forcément dans ta vie, mais en même temps que tu as réussi un peu à le transformer. Du coup, pour commencer, pour nos auditeurs, est-ce que tu peux te présenter en quelques phrases, s'il te plaît ?

  • Speaker #2

    Et quelquefois, c'est dur parce que je suis vieux, donc il y a beaucoup d'années. Je suis né en 1941, j'ai 83 ans, à Évreux, en Normandie. Je crois que tu connais bien la région. J'ai fait toutes mes études secondaires en Normandie. En dehors du travail où je travaillais très correctement, j'étais un bon élève consciencieux. J'ai fait beaucoup de tennis et de football. Ça a été vraiment mes loisirs favoris. Mon père était président de club de foot et aussi dirigeant de club de tennis. Ensuite, je suis... monté après le bac que j'ai passé à Caen. Je suis monté à la capitale, comment dire, pour préparer HEC, au lycée Carnot, dans le 17ème. Alors, le problème, c'est que j'avais fait, comme étude, B et philo, à l'époque. Donc, j'étais complètement en littéraire. J'étais bon en langue, en français, en philo, tout. Et assez nul en maths et en physique. Donc, j'ai quand même ramé un... Pour préparer HEC en première année, je me suis rattrapé en travaillant tous les soirs jusqu'à 2h du matin. J'ai réussi à intégrer HEC, sûrement pas dans les premiers, mais bon, j'ai intégré. Là, j'ai passé trois magnifiques années à HEC, où j'ai avant tout joué au football. J'étais capitaine de l'équipe de football, donc j'avais un prestige particulier. Après HEC, je suis parti. Un an à Berlin. Je suis germanophone. J'ai fait Allemand en première langue. À l'époque, on disait que les bons élèves devaient faire Allemand. C'est ce qu'on disait. En fait, on sait beaucoup plus d'anglais que d'allemand maintenant. J'ai fait Allemand en première langue. À Berlin, études politiques. Un an en diplôme. Il n'y a pas une valeur extraordinaire qui existe. Et après, je suis rentré dans la vie active chez Procter & Gamble. Je suis resté seul. cinq ans au marketing c'est vraiment ce qui va le plus conditionner sur ma vie future ma carrière future on en reparlera peut-être et j'avais toujours eu un secret espoir ou désir ou passion rentrer qui était la publicité. Et donc je n'avais qu'une idée, de rentrer en publicité. Et donc je suis rentré, après 5 ans, j'ai projeté, ou j'ai beaucoup appris, dans une agence américaine d'abord, qui s'appelait NCK, Norman Craig and Kamal. Et après j'ai monté mon agence de... J'ai rejoint Rue Ségala, qui avait monté leur agence déjà depuis très peu de temps, il n'y avait ni personne. Je me suis associé, on a associé un quatrième homme, on a bien marché, puisqu'on a... Les marées ont été 10 et on a fini à 16 000. Mais pour être honnête, 16 000, il y avait quand même beaucoup de rachats, de choses comme ça. Ce n'est pas simplement de la croissance organique. Et là, j'ai eu pas mal. Et puis bon, j'ai été entre-temps président du PSG en 2006-2008, choisi par Colonie Capital qui avait racheté à Canal+, avec Bazin qui est resté un grand ami. Et après, j'ai fait connaissance. un garçon banquier d'affaires. Je suis rentré avec lui, j'ai travaillé avec lui comme senior advisor, quelqu'un qui coach, qui met son réseau, c'est le vice-deux. Et je, à 83 ans, je travaille toujours. Je vais quatre jours par semaine là-bas. Moi, je survis grâce à ça, grâce au contact que j'ai. Si j'étais à la retraite, comme on dit, D'abord je suis handicapé, mais si je restais ici, je reste un peu à travailler, mais si je restais constamment à travailler ici, je me déprimerais complètement. Donc j'aime bien sortir, voir les gens, je vais au parc, au théâtre, je refuse rien. Alors que c'est quand même un effort énorme parce que je marche à 1h30 à l'heure, je fais beaucoup de rééduc, je fais des parcours autour de la maison avec mon kiné, je me chronomètre quand je fais 29 minutes. pour ce 100 mètres, et le lendemain, je suis 28,50, je bois le champagne, c'est les JO, je marche chez mon... peut-être mon passé sportif, je marche à l'esprit de compète. Donc je me crois de mettre sur les arrêts, je fais des mouvements, je suis en fait toujours plus, et j'arrive à ne pas être complètement ni gâteau, ni invalide comme ça, voilà.

  • Speaker #1

    C'était une de mes questions, parce que t'es un grand sportif, tu fais encore, donc tu fais de la marche encore, quotidiennement ?

  • Speaker #2

    Je fais de la marche, disons, c'est une obligation. Si je ne faisais rien, je terminerais, ce qui est encore possible, un fauteuil. Donc je fais du kiné, je fais de la marche, je fais des mouvements tous les jours, je me réduis, je vais au travail, ce qui est comme un effort pour marcher. Oui, absolument. Mais bon, puis tout le sport, comment dire, classique. Ça, c'est fini. J'ai changé de modèle. Voilà Jussiel.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup pour tout ce résumé de ton parcours. Ça donne envie d'en savoir plus. Si je reviens un peu sur ton enfance, moi, ce qui m'a intrigué, t'avais un papa qui était président du club de football d'Evreux. Exactement. Et donc, tu étais sportif. Et tu m'as dit que t'as fait un bac L. L'époque, c'était pas

  • Speaker #2

    L. C'était l'attainant, le gars.

  • Speaker #1

    Ça te vient d'où, t'étais passionné de littérature, tu lisais beaucoup, peut-être ta maman ?

  • Speaker #2

    Je sais pas d'où ça vient, mais j'ai toujours été plutôt un littéraire. Je suis pas non plus un puits de culture, mais j'ai toujours été un littéraire, j'adorais le latin. Probablement que l'environnement faisait que j'avais plus de gens qui étaient de ce côté-là. J'ai jamais aimé les maths, la physique, tout ça me barbait un peu. Je peux pas dire d'où ça vient, mais en tout cas... J'ai eu aussi un prof de philo dans Palra qui était exceptionnel, qui m'a donné le goût à la philo. Donc, encore une fois, je ne vais pas me faire passer pour un intello de haute volée, mais je suis plus harcèlement handicapé pour rentrer dans une école commerciale comme HEC. Mais j'ai bossé comme un malade, parce que je suis assez bosseur. J'ai réussi au concours, j'ai dû avoir la moyenne, ou pas, tu es physique. Et puis, quand j'étais assez bon dans le reste, ça suffit.

  • Speaker #1

    Donc, tu aimes les mots. Et du coup, on est dans un podcast qui s'appelle Les Sages, et qui interview des gens inspirants, et qui peuvent changer potentiellement, par leur conseil, une trajectoire de vie. Tu parlais de ton prof de philo. Ton prof ou ta prof ?

  • Speaker #2

    Un prof, Marcel Conch. qui est un grand philosophe connu, mais qui est mort maintenant à 100 ans.

  • Speaker #1

    D'accord. Et en quoi il a changé un peu ta vie ?

  • Speaker #2

    La mienne et celle de mes camarades aussi. Il avait un charisme fou. Alors, il était marxiste. D'accord. Ce qui explique peut-être un peu où je suis gauchisant. Mais donc il me passionnait. Il était à la fois sur le fond et la forme, à tel point que quand on a eu 70 ans, mes trois meilleurs copains, Malheureusement, on a disparu. C'est un des problèmes de... que j'ai, c'est que moi je suis vivant, mais la plupart de mes camarades sont partis. Bon, je suis allé, on est allé avec mes camarades, en Bourgogne, je ne sais pas où j'étais, je rencontrais 50 ans après, c'était exceptionnel. Et bon, maintenant il a eu 100 ans. Il est mort. Marcel Conch, pour ceux qui connaissent un philo, est un philosophe de grand talent. Voilà, il y a eu d'autres raisons pour lesquelles je suis plutôt à gauche. Mais je suis plutôt à gauche sociétalement. Économiquement, c'est difficile d'avoir été chef d'entreprise et d'être en même temps contre le capitalisme. Ce n'est pas du tout mon cas. Mais je suis ce qu'on appelle un social-démocrate, je ne sais pas quoi. Mon père était un radical, un de gauche. du Sud-Ouest, et donc, mais moi je suis absolument vent debout contre tout ce qui est racisme, antisémitisme, homophobie, il n'y a rien de pire. Quand je vois défiler les gens contre le mariage pour tous, J'ai mal, ça me fait une douleur physique. Et ça, je ressens ça tellement fort qu'il y a des dîners que je quitte, il y a des discussions où je n'arrive pas à garder mon sang-froid. Je ne suis pas le genre à dire tout le monde a le droit de dire ce qu'il pense, il faut laisser dire et tout. Quand quelqu'un dit un truc qui me choque, je le reprends et je discute. Je suis comme ça.

  • Speaker #1

    Tu as des convictions.

  • Speaker #2

    Et économiquement. Je suis à gauche aussi parce que j'ai mon Normandie. Mon modèle, on a tous des modèles, c'est la Témantès France. Donc quand je parle de gauche, je ne parle pas de Mélenchon, sûrement pas. Je n'aime pas du tout Mélenchon, bien sûr. Je ne parle pas des Assoumis. Je parle de la vraie gauche.

  • Speaker #1

    D'avant, entre guillemets.

  • Speaker #2

    D'avant. Mitterrand aussi, j'ai voté pour Mitterrand. J'ai voté aussi pour Hollande. Donc ce sont des gauches qui... Bon, ils ont réussi ou pas, c'est un autre problème, chacun a le droit d'un. Donc je ne suis pas sectaire, j'ai beaucoup d'amis de droite, et la plupart de mes amis sont à droite, mais la droite raisonnable, si vous voulez. Si tu veux, la droite... Sarkozy m'a remis à la Légion d'honneur, par exemple. Il sait que je suis à gauche, je lui ai dit je ne voterai jamais pour toi, mais tu seras un grand président, je suis ravi que tu sois là Ma femme vote plutôt à droite, donc je ne suis pas sectaire. Je deviens sectaire et là un peu agressif quand on parle des extrêmes. Aujourd'hui, c'est la raison pour laquelle je suis très malheureux.

  • Speaker #1

    Je comprends. Parce qu'en effet, on tourne cet épisode. Il y a quelques jours, Emmanuel Macron a annoncé la dissolution de l'Assemblée nationale avec une potentielle arrivée du Rassemblement national à l'Assemblée à Matignon.

  • Speaker #2

    Mais pour parler politique, j'ai voté Macron toujours, mais par eux. parce que je voulais être contre quelque chose. Et Macron, il y a une chose sur laquelle je suis fondamentalement hostile, c'est le fait de dire la droite et la gauche, c'est pareil. C'est pas pareil. À force de dire la droite et la gauche, c'est pareil, mais tout dans un fourre-tout, et ne reste que les extrêmes de gauche et les extrêmes de droite. On est là aujourd'hui. Et là, pour une fois, je ne l'ai pas trompé. toujours dit Macron c'est un faux concept, le en même temps, un truc comme ça. Alors comme beaucoup de gens j'ai voté pour lui, je savais pas pour qui voter.

  • Speaker #1

    C'est le moins pire à tes yeux ou le plus talentueux ?

  • Speaker #2

    Ben c'est... à gauche je n'avais pas un héros, à gauche, je suis toujours pas beaucoup d'heures, même pas du tout, à droite j'ai jamais voté à droite de ma vie, et donc voter Macron mais... Je suis très déçu. Alors, entre les extrêmes vers lesquels je ne veux pas aller, Macron, là, je suis pas au meilleur.

  • Speaker #1

    Comme beaucoup de Français, je pense, en ce moment.

  • Speaker #2

    Et comme beaucoup de Français, donc, bon, s'il y avait quelqu'un de raisonnable, comme le maire du Havre, des gens comme ça, il y a des gens tout à fait, tout à fait, par moi, à droite. Si on trouvait un Raymond Barre, par exemple, qui soit un peu au-dessus des partis, qui soit... Un très bon économiste, pourquoi pas, mais du coup, je ne suis pas au meilleur.

  • Speaker #1

    Si on revient un peu sur ton enfance, alors, tu as fait un bac L.

  • Speaker #2

    Non, B.

  • Speaker #1

    B, excuse-moi. Donc, plutôt un profil littéraire, et pourtant, tu rentres à HEC, du coup, une des meilleures écoles de commerce françaises. Pourquoi ? Et est-ce que tu avais songé à avoir un parcours littéraire ?

  • Speaker #0

    C'est l'heure de remercier notre partenaire Oslo, sans qui ce podcast ne serait pas possible malheureusement. Oslo, c'est un cabinet d'avocats à taille humaine, dirigé par Edouard Wells et Marion Fabre, que je connais personnellement depuis plus de 10 ans. Il est composé d'une équipe, l'idée par Edouard et Marion, qui est issue de cabinets d'affaires de premier plan. Mais surtout, au-delà de la qualité de leurs prestations juridiques, ce que j'aime chez Oslo, c'est leur engagement pour un droit un peu différent. Sur leur description, ils mettent Nous accordons une importance particulière aux qualités humaines et relationnelles, tout particulièrement au respect, à la simplicité, à l'humilité et à l'élégance. Ça pourrait paraître bullshit comme ça, mais pour bien les connaître, je peux vous assurer que ça se ressent vraiment. Et pour preuve, ils ont accepté de sponsoriser ce podcast dès sa création. Ils offrent une heure de conseils juridiques avec le code LESSAGE. Et je mettrai leurs coordonnées dans la description du podcast. Allez, on y retourne.

  • Speaker #2

    Non, je suis rentré à Jussé parce que je ne savais pas où je voulais rentrer. Et à Évreux, c'est comme ça. Moi, je dis souvent qu'une carrière, c'est un mélange de rationalité, d'opportunité. et d'envie. Et l'opportunité, c'est que j'avais le fils des amis de mes parents qui avait fait HEC, j'avais beaucoup d'admiration pour lui, et il m'a convaincu que c'était une école où on pouvait après avoir beaucoup de débouchés sans être prédestiné à une profession plus qu'à un autre. Donc je suis rentré sans avoir vraiment décidé un jour, je veux faire une école commerciale. Donc c'est une opportunité et l'admiration d'une personne.

  • Speaker #1

    Parce qu'à l'époque, du coup, tu as fait le lycée Carnot, en classe préparatoire. Et c'était quoi un peu les débouchés élitistes, les premiers à ce que tout le monde visait ? C'était pas HEC Paris, il y avait d'autres voies qui étaient plus...

  • Speaker #2

    Le HEC, ESSEC, le Sud de Corée, les trois. On passait les trois gros cours. Donc la première année, j'ai passé KGC. La deuxième année, j'ai passé les trois. Je t'ai reçu aux trois, parce que quand on t'a reçu à HEC, on avait de grandes chances d'être à ESSEC, les six deux cours. Mais je parle de ça, je suis sorti en 1963. J'avais 22 ans. Donc je parle des écoles d'il y a 103, ça fait combien ça ?

  • Speaker #1

    Je suis pas très... il y a longtemps.

  • Speaker #2

    En 50 ans, ça a évolué, HEC a changé. Je parle de mon époque, je dis subdeco, alors que maintenant ça s'appelle le SCP, où ça a des noms différents, Neoma et tout, dans les régions. Mais à l'époque, je voulais HEC absolument. Et j'ai vraiment bossé le provincial qui vient à Paris, qui a une chambre près de Carnot. qui travaillent tous les soirs jusqu'à 2h du matin. Et c'est pas une période agréable du tout. J'ai un très mauvais souvenir. J'étais pas heureux, mais bon, je me sais.

  • Speaker #1

    Pour l'anecdote, c'est marrant parce que ça nous fait un point commun. Quand j'ai terminé mon bac, je pouvais aller aussi au lycée Carnot en ECE. Et moi, ce qui me motivait, entre autres, c'est que... Alors, il y a beaucoup de personnalités qui sont passées par Carnot, mais il y a les Daft Punk aussi. Je ne sais pas si tu sais, mais les Daft Punk sont passés par Carnot.

  • Speaker #2

    Non, mais... Je sais pas si c'était en préparation commerciale, mais HEC, il y a une devise qui était de longtemps apte à tout et bon à rien Et moi j'ai des amis de HEC qui ont été comme moi dans la pub, d'autres qui ont été dans des grosses boîtes, d'autres qui ont été dans le cinéma. C'est vraiment une formation qui… qui laisse après le choix entre beaucoup de possibilités.

  • Speaker #1

    Ok, donc tu fais HEC, et donc là tu vas rentrer chez Procter & Gamble, c'est une boîte américaine ?

  • Speaker #2

    Oui, qui vend des lessives, toujours, bon, réel, ariel, bonnux, tu es un leader des... il y avait trois boîtes, il y avait Procter, Colgate et Le Vert. Procter et Lager. C'est là où j'ai vraiment appris encore plus qu'à HEC.

  • Speaker #1

    Et si on essaie d'être un peu spécifique, est-ce que tu te souviens, tu as appris des trucs en particulier ? Tu as été une belle maison du coup ?

  • Speaker #2

    J'ai appris, je vais citer deux choses. D'abord, j'ai fait comme tout le monde un stage de vente. Je partais avec ma petite camionnette, j'avais comme 23 ans, 4 ailes à l'époque. Et tous les matins, je partais et je devais faire 15 visites. et à voir tout ce qu'on en a. Et je n'avais pas de formation. Mais il y a une telle formation intelligente à la vente chez Procter que je vendais, qu'on arrivait à vendre. Est-ce que j'étais doué ? Je ne sais même pas. Mais savoir rentrer dans un magasin, quand on vous dit moi j'entrais à midi dans les épiceries vous ne vous foutez pas la porte, vous vous dites écoutez, on n'a pas le temps maintenant Il faut garder son calme et dire non mais j'ai le temps, je reste, il faut aller voir les stocks Ah non, pas question, vous y alliez. Non, non, mais écoutez, je ne vais pas déranger, j'y vais juste 15 secondes et vous allez au stock. Et après, vous avez préparé votre vente. Vous savez que l'épicerie vend 15 caisses de Benux par mois, je ne sais pas combien, et vous avez donc, en fonction des promotions et tout, préparé. Et vous ne dites pas de quoi vous avez besoin. Vous dites, j'ai vu votre stock, je connais vos chiffres habituels. Je vous propose ça. Et vous avez une feuille là. Et bon, vous arrangez pour en mettre un peu plus, peut-être pas beaucoup plus. Vous négociez. Et la négociation perd. Donc, vous arrivez à vendre, je vais dire, même si vous n'êtes pas doué pour la vente. Les objections. Les objections, c'est un ballon. Un ballon qui doit se dégonfler. Et je m'en sers beaucoup dans mon métier après. Non, mais là, j'en veux pas. Telle raison. c'est pas intéressant, j'en ai trop, vous dites jamais non, vous dites je comprends très bien, oui, non, je suis d'accord, mais, et vous renez, donc je vous propose ça, jamais de conflit, enfin, j'ai appris ça, c'est un peu rapide, mais c'est vraiment, c'est bon, j'y reviens après. Deuxièmement, j'ai appris un truc capital, être bref, Maxime, favorite, c'est soit bref et tais-toi. Je suis un peu bavard que c'est des reviews, mais si je suis trop bavard, vous couperez. Mais moi, je n'aime pas les dossiers. Quand j'ai eu beaucoup de collaborateurs, maintenant aussi, quand ils me présentent un dossier, ils disent ça ne m'intéresse pas, tu me laisses ce dossier, je voudrais qu'en une page, tu me résumes exactement ce que tu veux, ce que tu recommandes. Et chez Procter, tout marche comme ça. Si vous recommandez la... le lancement d'une lessive en Amérique du Sud, en Afrique, peu importe, vous devez avoir la recommandation, qui est un mot-clé, en une page. Quand vous êtes jeune, vous la refaites 19 fois, 20 fois. Non, là, il y a un mot de trop, ça ne sert à rien, le mot que tu as mis, vous arrivez à quelque chose qui, à un moment, a des allures, et qu'on vous a tellement sabré, qui est bien. Et puis ça monte. Ça part du bas, ça monte et ça va jusqu'au président de Procter & Gamble qui dit... Et là, vous avez aussi une troisième chose, toujours recommandée. C'est-à-dire, jamais quelqu'un qui vient à votre bureau et vous dit, Il y a trois solutions. À vous, M. le Président, de choisir. Jamais ça. Dès qu'il vous présente une chose, quelle est ta recommandation ? Quel est ton point de vue ? Je suis d'accord ou pas, mais quel est toi ton point de vue ? Vous obligez la personne qui est en dessous de vous. Vous obligez la personne à vous réfléchir à quel est sa recours. C'est les mots, le jargon. Et donc, j'ai fantaisiquement appris chez Procter. Et voilà. Alors ensuite, au bout de cinq ans, soit vous y restez toute votre vie. Et pourquoi pas ? Vous aurez un très, très bon boulot. Soit vous avez envie de changer. Au bout de cinq ans, c'est le moment de la chanter dans la pub.

  • Speaker #1

    Donc, tu as appris beaucoup sur le terrain, la vente, la concision. Et c'est marrant parce que moi... Un de mes métiers, j'accompagne des entrepreneurs qui veulent lever des fonds. On sollicite des gens qui sont très sollicités. Et ce qu'on fait ensemble, on travaille la concision. Parce que parfois, le plus dur, c'est de faire très court. On pourrait en parler, parce que comme tu es un grand communicant, je pense que c'est parfois plus dur de faire très court en quelques mots.

  • Speaker #2

    Il y avait d'ailleurs une épreuve à Gécé, qui s'appelait la méthode, où vous deviez résumer un... Tu devais résumer un texte de une dizaine de pages en 20 lignes. Et pour moi, j'y crois beaucoup et tu gagnes beaucoup de temps en ayant ce réflexe. Et puis, je suis producteur, tu as aussi un côté, tu as deux choses plus anecdotiques, mais un côté absolument informel. informel, sur un confinement qui fait que tu arrives, par exemple, tu tutoies ton président.

  • Speaker #1

    C'est étonnant.

  • Speaker #2

    À six échelons de loin de toi.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas un esprit un peu américain ?

  • Speaker #2

    Si, c'est américain. Alors bon, on peut vous trouver ça ridicule ou pas, mais finalement, c'est plus facile de dire à quelqu'un je ne suis pas d'accord avec toi Le monsieur, je ne suis pas tout à fait d'accord avec vous. Bon, ça. Donc il y a une ambiance. Deuxièmement, il y a les horaires. Ils ont un truc qui, pour moi, le mec qui travaille, c'est pas le mec qui fait le plus grand nombre d'heures. Ça, je le vois, je l'ai vu dans d'autres métiers. C'est le mec qui a un rythme de travail le plus important du jour. Le grand président... Il y a 5 rendez-vous, le maire président a 2 rendez-vous, en 1 heure ou en 2 heures, peu importe. Et donc ils apprennent aussi ça. Alors on démarrait à 8 heures, on arrêtait à 17 heures, comme ça. Quand tu es assistant à 17 heures, tu as encore beaucoup de trucs à faire, tu penses, ça serait plutôt bien vu de rester un peu. On m'a dit quitter la chine qu'il y a 5h30-6h, ça veut dire que tu n'organises pas bien.

  • Speaker #1

    Bien sûr, la force à s'organiser et être productif.

  • Speaker #2

    Bon, tout n'est pas transposable parce que si on a des clients, comme j'ai eu après, tu ne peux pas les envoyer sur les roses à 17h30. C'est un métier où tu n'as pas de consommateur en face de toi.

  • Speaker #1

    Tu as beaucoup appris chez Procter & Gamble. Et après, en intro, tu m'as dit, avant de fonder RSCG, on va y venir, tu as eu une petite expérience dans la pub ?

  • Speaker #2

    Oui, ça fait trois ans, je suis dans une agence américaine. D'accord. Je savais Norman Craig & Cummell, NCK. Il y a un truc qui est intéressant, c'est qu'il y a un garçon, mon ami, qui a été à l'origine de Prodictement. toutes les grandes étapes de ma vie. Il s'appelle Bernard Brochand, qui a été maire de Cannes, et j'étais HEC avec lui. J'étais un ou deux ans plus jeune, mais dans la même équipe de foot. Il était capitaine, sympathisé, quand il est parti, c'est moi qui ai pris le capitana et tout, et on est devenus amis. Ensuite, ce garçon est rentré. Chef Procter, lui aussi, il m'envoyait, alors je me disais que ce que je vais faire après, je sais, il m'envoyait une lettre de deux pages en m'incitant à aller chez Procter. Pour être très honnête, à l'époque, je ne savais pas si Procter vendait des petits poids ou des clous ou des livres, je ne savais pas du tout. Il m'a décrit Procter, il m'a dit de vrai, tu apprends, il m'a fait vraiment comme il était aussi, il savait vraiment vendre et présenter les choses. Je suis allé candidater chez Procter et j'ai été pris.

  • Speaker #1

    C'est marrant parce que deux fois, quand tu es rentré à HEC et chez Procter, tu as fait confiance deux fois à des gens.

  • Speaker #2

    Ce garçon Bernard, au bout de quelques années de Procter, est allé lui aussi dans la publicité, chez la même agence. À un moment, il a voulu changer d'agence. Il m'a dit, il faut que tu rentres dans cet agent. C'est lui qui m'a vendu. l'agence de publicité où je suis allé, NCK. Après, Roussigla avec Desmarais, et c'était pas le premier choix pour être le troisième homme. Le premier choix, c'était lui. Ce qui était normal, c'est qu'il avait deux ans plus de maturité, et il a dit Non, je peux pas, parce que je suis dans une agence, des DB, où j'ai une carrière. Mais il y a un mec qui est formidable, il devait prendre, Kezac. Je suis rentré chez Rousségala après de l'envie.

  • Speaker #1

    C'est ton ami qui t'a recommandé auprès de Rousségala ?

  • Speaker #2

    Après, j'étais à Paris, je jouais au foot et j'habitais dans le même immeuble que lui, un peu par hasard, enfin pas par hasard, mais pas dans mon appartement, à Saint-Cloud. On jouait tous les deux au foot à Saint-Cloud, en promotion d'honneur à l'époque. Il a été président de l'association du Paris Saint-Germain. À l'époque, il n'y avait pas de société commerciale. Donc, c'était lui le président. Il devait nous rejoindre. Donc, pendant 4-5 ans, j'avais trop de boulot. Je dis, non, je n'ai pas envie de rentrer au comité, mais j'étais un peu un supporter VIP. Donc, j'allais à tous les matchs, j'allais à l'entraînement avec lui et tout. Et puis, à un moment, je suis rentré au comité et il était là. Et donc, ce garçon...

  • Speaker #1

    Ce comité, juste pour comprendre, ça faisait partie du Paris Saint-Germain ou c'était une association de supporters ?

  • Speaker #2

    Non, non, le Paris Saint-Germain, au début, était une association dont il était président. Il n'y avait que ça. Et ensuite, il a été permis aux clubs de football, associations, de devenir des sociétés commerciales. Et c'est là où on a cherché avec Bernard Rochon, justement, et on a trouvé Canal. qui a repris le PSG. Il y avait Canal où les gardes d'air pouvaient reprendre. C'est Canal qui a repris le PSG, qui a pris au début une minorité de blocage, qui n'avait pas le droit de prendre la majorité. Après, ils ont pris la majorité. Et après, la totalité.

  • Speaker #1

    Donc là, c'est passé en entreprise, le Paris-Saint-Germain ?

  • Speaker #2

    En entreprise. C'était commercial. Et l'association continue à exister. mais surtout des amateurs, des gens qui n'étaient pas professionnels et par exemple avaient des pouvoirs assez importants, mais qui avaient...

  • Speaker #0

    Il gardait la possession de la marque, la propriété de la marque, c'était important, et la propriété du droit d'inscription au championnat. Donc si l'association qui était à côté de la société commerciale, s'il y avait de mauvais rapports, il pouvait bloquer le système. Et donc Brochand était resté président de l'association, c'est le gendarme de Canal, Pierre Lescure d'Odiso, qui était président de la société commerciale. Ensuite, Brochon est parti à Cannes pour être maire. J'ai pris sa place à l'association. Et après, en 2006, quand Cannes Plus a vendu à Bazin, il m'a choisi pour être le patron du PSG commercial, du vrai PSG.

  • Speaker #1

    Du coup, si on revient sur ton parcours, en 1972, tu as 31 ans. Là, tu rejoins, comme tu l'as dit, Seguela et Roux sur les conseils de ton ami. C'est quoi, pour créer RSCG, qui sont les cadres initiales des cadres cofondateurs, et donc le C de KESAC, c'est quoi l'ADN à la base quand vous créez cette agence ? C'est quoi le postulat, l'ADN, le manifesto ?

  • Speaker #0

    Alors l'histoire, c'est que Roussé et Gala, deux garçons qui avaient monté leur agence depuis peut-être deux ans, pas longtemps, D'un, un grand créatif, on avait tous vu, Seguela, et l'autre plutôt le financier.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et les deux avaient démarré par des campagnes sur des budgets immobiliers, surtout sur des... À l'époque, c'était la grande période où il y avait beaucoup de construction, et ils recherchaient quelqu'un pour développer l'agence dans la grande conso, dans ce que j'avais appris chez Procter. les grandes marques, les marques consommateurs qu'on appelle B2C. Donc chercher quelqu'un du profil de Brochand ou de César, il y en avait d'autres bien sûr. C'est là où je suis rentré pour développer l'agence dans des secteurs beaucoup plus grand public. Honnêtement, j'ai réussi. Donc l'agence est rentrée, j'ai appelé tous mes... tous mes patrons, qui étaient mes patrons chez Procter & Gamble, en disant, voilà, je voudrais te présenter la jambe. Et en général, que ce soit Lubrin, que ce soit Jacques Barbe, que ce soit Bell, la fromagerie Bell, la plupart des patrons qui m'avaient apprécié chez Procter, on confiait non pas la marque numéro 1, mais la marque numéro 2 pour faire mes preuves et tout. Et on a grandi comme ça.

  • Speaker #1

    Et si on revient, tu nous as parlé de la complémentarité du coup, entre... entre les différents associés de RSCG. Moi, ce qui est fort de comprendre, c'est aussi une belle association. On sait que c'est un facteur clé de succès, quelque chose qui fait qu'une boîte, elle peut fonctionner. Mais c'est parfois pas facile aussi. Est-ce que vous avez mis du temps un peu à vous roder ? Est-ce qu'au départ, vous vous engueuliez ? Ou chacun trouvait... Parce que la difficulté, je pense, c'est que chacun trouve sa place. Chacun a sa zone de liberté.

  • Speaker #0

    Oui, le G est rentré trois ans plus tard. Le G était... Exactement le parcours que moi. HEC rentrait le même jour chez Procter et tout. Lui aussi il fallait l'intégrer. Donc la réponse est, on s'est engueulé beaucoup. On était d'accord sur les grandes lignes de développement de la genre. On s'est engueulé comme on s'engueule sur un terrain de foot.

  • Speaker #1

    Après c'est fini.

  • Speaker #0

    Après l'engueulade on se serrait la main ou pas d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Et on boit une bière.

  • Speaker #0

    Et on boit une bière et puis le lendemain on en parlait plus. Donc on a été...

  • Speaker #1

    T'es pas demandé finalement ?

  • Speaker #0

    Jamais demandé. Et je me sers beaucoup de ça quand je coach ou je conseille. Le secret, c'est pas le seul, il y a deux secrets de l'association. D'abord c'est d'être complémentaire, de se dire tout, de rien garder pour soi, de crever l'abcès quand on a des accords. Forcément il y en a avec des gens de profils différents. Le rouge c'est le financier. C'est égal à le créatif. Moi, disons, l'homme de marketing et manager, et mon ami Koudar qui est venu après, l'homme de l'international, puisqu'on a développé un réseau dans tous les pays du monde.

  • Speaker #1

    Et tu disais que vous étiez d'accord sur les grandes lignes. C'était quoi les grandes lignes de RSCG ?

  • Speaker #0

    Les grandes lignes, c'était la créativité avant tout.

  • Speaker #1

    Ok. Qui dans ton métier était primordiale, j'imagine.

  • Speaker #0

    Oui, mais il y a des gens qui privilégiaient le... satisfaction du client avant la créativité. Moi quand un collaborateur venait d'un client et qu'il me disait, je lui disais, ça s'est passé comment ? On a dit très bien, nos clients ont été contents. Je me dis mais je m'en fous pas vraiment. Est-ce que c'était bien ce que tu as vendu ? C'est une démarche complètement différente. Et on a amené, on ne veut pas dire qu'on méprisait les clients, on les écoutait au contraire beaucoup. Mais on n'était pas là pour leur cirer les ponts, on était là pour les conseiller, les aider, leur servir. Et très rapidement, ils le ressentaient.

  • Speaker #1

    Ce qui est assez logique, parce que je vois très bien ce que tu veux dire, mais quand on réfléchit, un client, des fois il va... payer un conseiller c'est peut-être aussi pour avoir un avis différent.

  • Speaker #0

    Bien sûr, s'il veut faire sa campagne lui-même, il n'est pas forcé de prendre une agence. Mais s'il la prend, c'est qu'il veut qu'elle ait une valeur ajoutée.

  • Speaker #1

    Bien sûr.

  • Speaker #0

    Et donc ça c'est capital. Il y a un maximum que je n'aime pas, c'est le client R3. Le client n'est pas roi. Le client, il est là, il te respecte. Si tu lui sers quelque chose, si il développe son business, mais il n'est pas là, tu n'es pas un esclave devant un client, tu es un partenaire du client qui cherche à développer avec lui son business. Si tu ne le développes pas, c'est une mauvaise vie. C'est la vie ça.

  • Speaker #1

    Ok, et donc RSCG, moi ce que j'ai lu, parce que du coup, tu m'excuses, mais c'est vrai que je n'ai pas connu la grande époque de RSCG. Donc j'ai lu que ça a grandi rapidement et que ça devient une des agences leadeuses en Europe et dans le monde. Tu nous en parlais, après vous avez ouvert des sites un peu partout sur la planète. J'ai même lu qu'on parlait du carré magique Roo, Segela, Kezak, Goudar, donc quatre communicants. Vous êtes du coup monté à combien à peu près de chiffre d'affaires ? Tu disais 16 000 collaborateurs aussi ?

  • Speaker #0

    Non, alors vous m'avez expliqué qu'il y a eu des étapes. On n'est pas passé tous les quatre seuls à 16 000. On est passé tous les quatre, c'est déjà bien, à des agences en province, des agences partout internationales, à quatre ça. Et on était peut-être 5-6 000. C'est pas mal.

  • Speaker #1

    En France ?

  • Speaker #0

    Non, dans le monde.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Dont les 70% en France. Là, on a eu un problème, c'est qu'on n'avait pas de... et pas d'actionnaire de fonds riches et donc tout ça c'est avec un autre couteau donc donc un moment on a eu beaucoup d'endettement trop d'endettement bancaire du coup bancaire on avait un compte d'exposations qui était plutôt correct et tout il fallait qu'on trouve une solution faire entrer fonds comme toutes les boîtes à un moment tu es dans tous les pays du monde tu peux pas T'as beau être malin, t'as pas les moyens. On s'est payé très peu au début pour développer la boîte et tout. Et donc, on a ce problème d'endettement qu'il fallait régler. Et là, on a vu beaucoup de gens. On avait une très bonne image. Et on n'avait jamais voulu se vendre tant qu'on marchait bien. Ce qui est peut-être une connerie, là. Je serais aujourd'hui pas ici, je serais dans un château. Parce qu'à un moment, on avait une cote phénoménale, on était invité par les réseaux américains qui voulaient acheter de la part de marché, et tous les quatre, on y allait, et en sortant, on rigolait, on restait ensemble, seuls, indépendants. Ce qui n'est pas forcément ce qu'on a fait de mieux, parce qu'à un moment, on a été obligés de trouver la solution, alors qu'à l'époque, quand on n'était pas obligés, on était sollicités. pêché d'orgueil probablement, goût de l'indépendance à tout prix. C'est pas forcément un modèle. Mais on l'a fait comme ça, on a été heureux comme ça, jusqu'au jour où on s'est revendu à Avas. Donc, RSCG plus Avas, on fusionnait. La vérité, c'est qu'ils ont racheté. Mais on a gardé toutes les... tout le pouvoir. Moi j'étais patron de la France, coup d'art international, c'est guérilla de la création, roux était parti. Et c'est là où on s'est développé, on était la première agence d'Europe, nettement, et la cinquième agence du monde avec Avas, et on s'est au début appelé Euro RSCG, et après on a pris le nom d'Avas, et je suis parti.

  • Speaker #1

    Et si on revient sur les... Un peu les grandes campagnes que vous avez faites. Moi, j'ai lu que vous avez fait la campagne en 1981 de François Mitterrand.

  • Speaker #0

    On a fait beaucoup de grandes campagnes. Le Citroën, Philips, Wulit, Jacques Vabre et tout. Mais on a fait la campagne de François Mitterrand.

  • Speaker #1

    Et ce que tu peux nous raconter, c'est quoi la différence entre faire une campagne pour une marque de Procter & Gamble et faire une campagne pour un potentiel futur président de la République ?

  • Speaker #0

    Au début, il y a peu de différences. Les gens qui nous critiquent, ou qui critiquent, disent qu'un homme politique, ce n'est pas un objet. Si, c'est un produit. Il faut... Et à un moment, le rôle d'une agence de pub, c'est de faire, que les mots plaisent ou pas, c'est en fait de faire des marques qui s'occupent des produits. des stars de leur univers. Les stars du café, les stars des distributeurs et tout. Et le but de la LEC du président de la République, du fait de la LEC du président de la République au suffrage universel, c'est qu'il doit être un monsieur compétent, et qu'il devienne une star pour tout le monde. Une star c'est quelqu'un qui a un programme, Quelqu'un qui a un caractère très clair, très profond et qui a un style. Et cette marque personne, on l'appliquait aussi aux marques. La marque, je ne sais pas moi, Citroën, peut avoir un physique. Le physique, c'est, je ne sais pas, sa vitesse, son avantage, son bénéfice consommateur, sa vitesse, sa sécurité, je ne sais pas quoi. Le caractère, c'est en profondeur, je ne sais pas, c'est une marque technologique, la technologie. innovatif caractère de volvo c'est la sécurité caractère le style c'est la façon de se mettre en avant et le style ça peut changer le physique Ça peut changer aussi, vous pouvez... Tu peux vendre la vitesse pour une voiture une année, et l'autre année, tu vas avoir envie de vendre la ligne, par exemple. Mais ce qui ne change pas profondément, c'est l'ADN de la marque, c'est le caractère. Et pour un homme politique, ce qui ne change pas... font d'eux-mêmes ce caractère. C'est pour ça que je suis très méfiant par les politiques quand on parle du Rassemblement National. Je ne dis pas ça pour politiser.

  • Speaker #1

    Mais l'ADN, ça reste. C'est la base, le socle.

  • Speaker #0

    Quand on dit qu'ils ont beaucoup changé, que ça n'a plus rien à voir, je ne le crois pas. Parce que l'ADN, j'ai appris dans toutes les marques dont j'ai les hommes politiques, les partis, que l'ADN, c'est très profond et ça restait. C'est un ADN auquel tu adhères ou pas. Je n'adhère pas à cet ADN-là, personnellement. Et donc, je ne crois pas avoir. Donc voilà. Donc, Mitterrand, on a d'abord recherché le caractère qui le... Comment dire ? C'est difficile. Qui le qualifiait le mieux, après beaucoup d'études, après des études de marché, après avoir questionné des gens. Et aussi un caractère qui intéresse les gens. Si le caractère, c'est timide. Tu ne vas pas être pris dans la public avec une actrice. Et on a donc découvert un caractère qui était la force tranquille. On disait la force tranquille, c'est Mitterrand, il a un affront costaud sur lui, puis il a l'air complètement serein et tout. La force tranquille est devenue le caractère de marque de Mitterrand.

  • Speaker #1

    Est-ce que la force tranquille, qui était le slogan de Mitterrand, du coup ça venait de RSCG ?

  • Speaker #0

    Complètement. Ok. Complètement, en travaillant de très près avec lui. Le physique, c'est le programme, enfin, le principal point du programme. Le style, c'est la façon de se comporter, c'est de paraître. Bon, je ne vais pas prendre des exemples, mais il y a des présents dans le public qui ont été desservis par la façon de se comporter, par leur physique. Bon.

  • Speaker #1

    Bien sûr.

  • Speaker #0

    Donc voilà, c'était ça, le boulot, la force tranquille. Et ce qui est très intéressant... C'est que moi, je n'étais pas pour. Je pourrais revendiquer la victoire. Pourquoi ? Parce que quand on est plutôt à gauche, c'est mon cas, on ne peut pas faire une campagne pour la gauche. L'intérêt de la campagne est de séduire les gens de l'autre camp, à droite. une droite traditionnelle, disons, que Mitterrand est une option possible. Et donc tu es obligé de faire une campagne qui soit un peu une campagne de droite. Si tu fais une campagne de gauche, les mecs sont déjà convaincus. Tu fais une campagne de droite, et donc le décor qui était un peu pétiniste, clocher, tout ça, c'était vraiment un décor plutôt de droite. Et donc je travaillais un peu bien sûr. J'étais mal à l'aise avec ça. C'est gars-là qui est plus décontracté que moi sur la politique. Il est très à l'aise.

  • Speaker #1

    Du coup, ça m'amène, j'ai deux questions à te poser déjà. Avant, vous travailliez essentiellement pour des marques, des entreprises, donc il n'y avait pas forcément d'idéologie. Là, finalement, vous travaillez quand même pour un président qui était au Parti Socialiste. Est-ce que c'est avant de prendre la décision d'aller travailler pour lui, là vous allez, si vous réussissez la campagne, potentiellement vous allez favoriser son accession au pouvoir ? Est-ce que du coup ça a été un sujet ? Et tu vois, toi tu as dit que tu étais de gauche, je ne connais pas Jacques Seguéla, mais j'ai l'impression qu'il est plutôt à droite.

  • Speaker #0

    Ça dépend des années.

  • Speaker #1

    Ça dépend des années, d'accord. Est-ce que c'était un sujet, en tout cas entre vous, de dire on accompagne un homme politique ?

  • Speaker #0

    Par exemple, sur Jeux.la... Si la situation a été telle qu'elle, on a oublié que Goudard était plutôt à droite, parce qu'après il a conseillé Chirac à Goudard, que Bernard Roux aussi plutôt à droite, moi plutôt à gauche, quand même fois une gauche modérée, et pour se dire, finalement, c'est un exercice de communication. On y va, on est tous les quatre d'accord.

  • Speaker #1

    Il a pris comme un nouvel exercice aussi, qui était riche en apprentissage.

  • Speaker #0

    Il y a des limites à ça. Il y avait le Front National, par exemple à l'époque, on aurait dit la même chose, Bon, je fais partir Mais Mitterrand était, bien sûr, il pouvait gêner beaucoup de gens, mais il était quand même acceptable. C'était pas un...

  • Speaker #1

    Républicain, humaniste...

  • Speaker #0

    C'était pas Mélenchon, c'était pas Bardella. Donc il y en a beaucoup. moins extrémistes. Mais on a été courageux parce qu'on a quand même une perte des clients.

  • Speaker #1

    Moi je ne veux plus vous voir. Le Real,

  • Speaker #0

    à l'époque Jacques Vrave et tout, ils ont mis au banc. Ce qui est très intéressant, c'est que quand on a commencé à travailler pour Mitterrand, il avait 30% d'intention de vote. Donc il n'était pas du tout un favori. Il est allé et on l'a fait gagner. Et les gens qui étaient contre nous, au début, au mois prochain, ils se sont dit, mais ils ne sont pas si nuls.

  • Speaker #1

    Ils ne sont pas assez au-dessus de l'idéologie, ils se sont dit, ils sont performants.

  • Speaker #0

    Un mec qui font comme élire un président de la République qui n'était pas favori. Donc bon, il devrait bien réussir sur ma marque. Donc ils sont venus.

  • Speaker #1

    Est-ce que, parce que maintenant on sait que les politiques font appel à des sociétés privées pour se faire conseiller, Est-ce qu'en 80, c'était fréquent pour les hommes politiques ?

  • Speaker #0

    Je me souviens un peu très bien, mais non, je dirais. D'accord. Non, non, il n'y avait pas de... S'il y avait eu des campagnes, s'il y avait eu des campagnes Chirac, mais qui n'étaient pas certainement envergues. S'il y avait eu ce cours à la droite revient, ou des campagnes avec des gens très dynamiques qui étaient à la droite du temps de Chirac, s'il y en avait eu. En général c'est souvent nous d'ailleurs, on est à la CG, et qu'on avait aussi à un moment fait une campagne, c'était pas les mêmes personnes parce qu'on ne vise personne à travailler, un collaborateur à travailler sur une cause contre laquelle il est, c'est que des volontaires. Et il y en avait qui avaient travaillé sur quand même les Chirac et tout, et d'ailleurs après Seguela était conseiller de Sarkozy, tout ça. Donc j'étais le seul je dirais qui était un... un petit peu un petit peu idéal.

  • Speaker #1

    Et du coup, si on avance un petit peu dans ton parcours, en 1984, tu deviens président de RSCG, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Oui, d'abord RSCG France et après Euro RSCG Worldwide, c'est-à-dire la fusion des agences de Davos et de l'ensemble du réseau mondial.

  • Speaker #1

    Ok. Et est-ce que c'était ton souhait ? Et pourquoi du coup tu as été nommé, choisi par...

  • Speaker #0

    Prévis par le président Navas.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Il y avait un président Navas, Saldaldi, et puis il y avait le réseau Euro-RCG qui était le gros réseau mondial. C'est le président Navas qui m'a choisi.

  • Speaker #1

    Et est-ce que... C'est quoi, ça consiste en quoi, le métier de président ?

  • Speaker #0

    Ça consiste à, d'abord, tout dépend, si tu es président d'une boîte de 20 personnes et de 15, 16 000, c'est un peu différent, bien que les mêmes qualités soient importantes. Mais, donc, quand tu es président d'un réseau mondial, tu dois aller dans tous les pays, connaître les gens, les voir, les conseiller, vérifier leurs chiffres, les contrôler, etc. Quand tu es président d'une PME, qu'au début c'était une PME, là on parle de la fin, Tu dois être près des gens, tu dois être accessible, tu dois faire en sorte que les jeunes aient la parole, qu'ils aient le droit de rentrer dans ton bureau pour te dire je ne suis pas d'accord là-dessus tu te acceptes, tu discutes, mais ce n'est pas parce que tu as un beau bureau que tu es un bon président. Il faut aimer les gens, il faut aimer les autres, les critiquer, les aider. Leur dire qu'on ne les sent pas bons, c'est important ça. Leur dire qu'on les sent bons aussi, mais leur dire qu'on ne les sent pas bons, pourquoi ? Pour les améliorer, leur dire tu devrais faire ça, ça et ça. Donc on doit être très proche des gens. Je dirais que c'était une de mes qualités un peu reconnues si j'étais... J'ai toujours été proche des gens, qu'on soit petit, voyant ou gros.

  • Speaker #1

    C'est peut-être lié aussi à ton parcours, du fait que tu viens d'un milieu entre guillemets normal, à Évreux, et puis que tu as côtoyé aussi, tu as été à HEC, donc tu as côtoyé peut-être un milieu social différent, et finalement tu sais parler un peu à tout le monde.

  • Speaker #0

    Oui, oui. Oui, je mangeais dîner avec des présidents de la République et puis des... pas des voyous, mais des copains qui étaient d'une autre profession.

  • Speaker #1

    Et donc, si on avance, parce qu'après, on va évidemment parler du Paris Saint-Germain, sur la fin du chapitre RSCG, du coup, en 2005, tu décides de quitter RSCG, et notamment, je crois, parce que Vincent Bolloré avait pris le contrôle de Euro RSCG, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Absolument. Vincent Bolloré prend le contrôle petit à petit, 5%, 10%, 4%, 20%. Et comme on n'avait pas d'actionnaire majoritaire important, avec 20-25%, il était le plus gros actionnaire. Et donc il gagne une assemblée générale et il prend le pouvoir avec 25%, je ne sais plus à l'époque, contre lesquels nous on avait lutté parce qu'on voulait qu'Avast garde le pouvoir.

  • Speaker #1

    Comment c'est possible, si je peux me permettre, qu'il prenne le pouvoir parce que la boîte était cotée ? Et racheter des actions ?

  • Speaker #0

    Oui, absolument. Absolument, c'est ça. À partir de X%, 35%, tu vas faire une OPA, mais si tu es moins, si tu arrives à prendre le pouvoir sur une OPA, tu n'es pas obligé de tout racheter. Donc tu prends le pouvoir à bas prix. Comme c'est un grand financier, il a très bien navigué, il a pris le pouvoir.

  • Speaker #1

    Est-ce que pourtant, il y avait un... Entre vous, j'imagine que vous parliez, vu que c'était un actionnaire. Est-ce qu'il y avait un espèce de gentleman agreement sur comme quoi il ne devait pas monter au capital ? Et c'est ça qui t'a déçu, entre guillemets ?

  • Speaker #0

    Le gentleman agreement n'est pas tellement l'expression, parce que j'étais quand même neuf ans en procès avec lui.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Mais non, non, il n'y a pas d'agrément. On a essayé de travailler. ensemble au début, et moi en disant, il a gagné, il a gagné, et on a eu beaucoup de mal, on n'avait pas les mêmes choses, et moi, j'ai dit, je veux partir. J'avais une clause qui me permettait de partir s'il y avait un changement d'actionnaire. J'ai dit, je la fais jouer, je veux partir, alors je crois pouvoir dire qu'il souhaitait que je reste, parce que bon, pour différentes raisons. Et cette clause qui n'ont pas... respecter l'avant. Je ne veux pas rentrer dans les détails du procès, qu'ils n'ont pas reconnu, qu'ils n'ont pas respecté. Il y a eu un procès de 9 ans où j'ai gagné finalement. Je demandais pas énormément, je demandais de partir parce que prévoyait le contrat deux ans de salaire. Donc j'ai gagné mais il y a eu 9 ans difficiles. Mais bon, c'est la vie et chacun jouait sa. Chacun jouait son rôle. Mais moi, je ne sentais pas rester. Ce n'était pas mon truc. Tiens, j'ai lu une citation de Victor Hugo hier. Soyez comme la roi. Changez vos feuilles, jamais vos racines. Changez vos opinions, gardez vos principes.

  • Speaker #1

    C'est une belle citation. Je ne l'avais jamais entendue, celle-là.

  • Speaker #0

    Moi non plus. Je l'ai pas entendue. Moi, je la trouve fabuleuse.

  • Speaker #1

    Pour Claude, le premier gros chapitre professionnel de ta vie, autour justement de la communication, etc. C'est quoi finalement un bon communicant pour toi ? Sachant qu'aujourd'hui, on est quand même dans un monde où je trouve qu'on communique de plus en plus. Qu'est-ce que c'est un bon communicant ?

  • Speaker #0

    C'est très large, mais c'est quelqu'un qui, d'abord, respecte l'autre, qui écoute, et ensuite qui sait... répond de façon sincère, alors que tous les hommes politiques n'appliquent pas mes principes, mais de façon sincère, directe, brève, sans régressivité. Quelqu'un qui a des conceptions simples, mais qui ne changent pas de racines tous les huit jours, et qui ensuite exprime ça de façon claire, très synthétique et très accessible aux communs des mortels. Et on souffre de ça parce qu'il y en a assez peu qui réussissent cet espoir.

  • Speaker #1

    Qui restent ancrés, oui.

  • Speaker #0

    On comprenait bien ce que disait Mendes-France, on comprenait très bien ce que disait Delors, on comprend bien ce que disait Sarkozy. Il y en a qui arrivent, d'autres c'est quand même plus confus. Il faut vraiment avoir fait, je vais dire, Elena Réunie pour... Ils comprennent quelque chose.

  • Speaker #1

    C'est vrai, il y a un sage que j'ai interrogé sur cette saison qui me disait en off, justement, que le problème des hommes politiques, entre autres, c'est qu'on ne comprenait plus ce qu'il disait. Et il disait qu'au moins, à Jacques Chirac, qu'on aime ou pas, il parlait assez simplement aux gens.

  • Speaker #0

    Oui, je dirais le problème de Macron, par exemple. C'est un problème de communicant que je donne, pas du tout un problème politique, pas du tout un problème de vue politique. C'est qu'il parle très bien, il est extrêmement brillant, d'une intelligence rare, mais pas accessible. C'est-à-dire, au bout de... Il débarque bien, cinq minutes, et après il rentre dans des concepts qui sont très intelligents, mais techniques. Alors que, oui, comme tu dis, Jacques Chirac, ou Sarkozy, ou même Mitterrand, ou De Gaulle, Tu comprenais, quand il a dit vive le Québec libre ou je vous ai compris il a été communiquant, il a trouvé les formules. On a aimé ou pas, il y en a qui ont pas aimé, je peux comprendre. En tout cas, il a trouvé les formules. Donc être un mot communiquant, c'est de traduire de façon simple, directe et sincère. Quand on n'est pas sincère, ça se voit tout de suite. Sincérité capitale.

  • Speaker #1

    Tu as fait la campagne avec RSCG de François Mitterrand. Est-ce que tu l'as rencontré souvent ?

  • Speaker #0

    Souvent, non, mais je l'ai rencontré. Et surtout, j'ai un souvenir à la fois drôle et très fort pour moi. Quand il a été élu président, au bout de 10 jours, pour nous remercier. Il est venu dîner avec nous, je sais qu'il y a là, monsieur et madame Ségala, monsieur et madame Kézak, monsieur et madame Mitterrand, monsieur et madame Goudard. Il vient, donc c'était un peu impressionnant. Au début...

  • Speaker #1

    Le nouveau président de la République, quand même.

  • Speaker #0

    Oui, le nouveau. Alors, il est venu sans aucune... sécurité, taxique, il a venu poser là en chauffeur mais sans rien du tout. Il rentre, il marche comme un marchand météorant, on était un peu, un petit peu impressionné. Ce gars-là il a l'art pour mettre tout le monde à l'aise, on dîne et là on devient, je dis pas copain, mais comme un dîner avec des amis. Jouer à un jeu avec ces gars-là, il avait formé un gouvernement avec mon roi, de mettre des notes au ministre. On a dit, monsieur le président, vous avez mis ce bon part de navigateur, 13 sur 20, je ne sais pas. Il était ravi. On se permettait de mettre des notes. Vraiment, il m'a dit, moi j'ai joué au foot aussi, j'étais un gardien de but. On a vraiment sympathisé.

  • Speaker #1

    Il s'est pris au jeu, il est rentré dans le jeu.

  • Speaker #0

    Et alors le plus drôle, à la fin du dîner, on prend un verre, un café, et il se tourne vers moi parce que moi, je suis assez gratté chez lui, moi je partais aussi. Comme on dit à un copain, vous pouvez me pousser à la rue de Bièvre ?

  • Speaker #1

    Vous pouvez me pousser à une ?

  • Speaker #0

    A la rue de Bièvre. D'accord. À l'hôpital. Je me dis putain, dans mon fort intérieur, je me dis rue de Bièvre, je connais pas. pas très bien Paris.

  • Speaker #1

    Parce qu'il n'y avait pas les GPS à l'époque, donc il fallait connaître... Non,

  • Speaker #0

    je me vois ouvrir la fenêtre de la voiture et dire Vous pouvez m'indiquer la rue de Bièvre ?

  • Speaker #1

    Avec le président à côté ?

  • Speaker #0

    Et sa femme à côté, et ma femme probablement. Mais je dis Je ne peux pas dire non.

  • Speaker #1

    Non, c'est impossible de refuser.

  • Speaker #0

    Bien sûr, j'ai le président. Et j'étais venu avec la voiture de ma femme, un vieux... Une vieille bagnole, qui était un peu dégueulasse, une Volkswagen, pas dégueulasse, vieille, pas très bien entretenue, enfin vraiment quelque chose de pas très présentiel. J'ai dit, putain, je vais faire Paris, Saint-Jean-Pau, Elbière, avec une voiture merdique et tout. J'ai dit, ben oui, non, ok, j'y vais. Et là, je suis sauvé par ces gars-là, qui lui, en général, plus conflits que moi, qui en plus étaient ravis et très fiers de... Vous savez... T'en fais pas Alain, je vais ramener le président. Il m'a dit, vas-y, t'as une voiture ? Non, non, j'ai pas besoin. J'ai dit, prends la mienne. Il a pris ma vieille baignole et a raccourci le président. C'est drôle.

  • Speaker #1

    C'est une sacrée anecdote.

  • Speaker #0

    Et au cours du même dîner, il nous dit à la fin, tiens, je cherche un président pour Europe 1. C'est incroyable à l'époque. Robin a été nommé par le président de la République, Chirac avait nommé, je ne sais pas qui, bon. Vous ne connaissez pas quelqu'un ? On réfléchit, puis Goudard et moi, on est très amis avec un HEC très brillant qui s'appelle Pierre Barré. Je ne sais pas si tu te souviens, qui a été président de l'Express, et de repas après, qui a écrit des bouquins. Il était un type formidable, il est à l'Express actuellement. C'est Pierre Barré. Je ne connais pas. Il dit, je ne connais pas, je n'ai pas envie de parler. Écoutez, il a écrit des livres, et on lui cite les livres. livre évoque quelque chose en lui alors que la carrière économique politique rien assez de lui qui a écrit ça très intéressant problème si j'ai pas ses coordonnées moi mais nous à son portable on lui donne portable lendemain il appelle le seul lendemain il nommé président d'europa d'accord s'appelle pierre barret qui a dit ensuite marié avec mireille d'arc et après donc Ça, c'est intéressant quand on a une idée, parce que ça montre qu'à l'époque, il y avait vraiment très, très... Alors, aujourd'hui, déjà, on critique le fait que les industriels contrôlaient les médias. Enfin, à l'époque, c'était encore plus vrai, puisqu'il les nommait parfois.

  • Speaker #1

    Tout à fait, oui. Attends, il y a peut-être une séparation un peu plus forte.

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui.

  • Speaker #1

    Relative.

  • Speaker #0

    Relative.

  • Speaker #1

    Ok, si on revient du coup sur ta présidence au Paris Saint-Germain. Donc, en 2006, tu es nommé président. Comment ça se passe ?

  • Speaker #0

    Alors curieusement, j'étais quand même déjà au PSG depuis 20 ans. Ouais, 1984. Je suis arrivé quand mon ami Gérard Rouillet, qui est ici, aujourd'hui disparu, était entraîneur. J'étais au conseil depuis 20 ans. D'abord, j'ai failli faire une grosse bêtise. Canal+, voulait partir. On était stratégiquement plus dans le... dans ce qu'il voulait. J'ai acheté des repreneurs. Le président de l'époque s'appelait Grail. Francis. Tous les deux, Grail et moi, on dit on va racheter le PSG. On n'avait pas de payant. Moi j'avais un million d'euros que j'avais de francs, d'euros à l'époque, que j'avais comme j'étais déjà actionnaire de l'association, que j'avais gagné. Lui avait un million, deux millions. Puis on fait un montage, moi j'appelle par mes relations de banquier, j'appelle quelqu'un qui met de la musique dans les téléphones, 1, 2, 3 multimédia, concurrents d'index et tout, et qui dit oui d'accord, ça m'intéresse, je mets 10 millions. 10, 11, 12, on trouve, et on avait signé un protocole à 19 millions. Aujourd'hui il vaut 4 milliards et demi. Il a fait grand.

  • Speaker #1

    Il aurait fait une belle plus-value.

  • Speaker #0

    Oui, on ne l'aurait pas fait. Le matin de l'après-midi, on va signature chez Bertrand Meilleu, à l'échange de mon bar et tout. Le mec me téléphone, qui avait promis des millions, me dit je me retire On dit on va vraiment avoir l'air malin, chicanal Et Grail dit On y va quand même, on va trouver Bon, on y va. On lui dit Écoutez, on vous laisse un mois pour trouver Et après, il y a eu au parc des incidents contre Grail de la part des supporters qui ne pouvaient pas voir un type de la sécurité. Donc, moi, j'étais à côté de mes venus. Quoi qu'il en soit, écoute, moi, je ne peux pas avoir de clave quelqu'un qui est aussi impopulaire et tout. Et donc... On n'a pas acheté. J'aurais fait l'euro de ma vie, ma femme, on aurait divorcé. On aurait acheté, disait Filiot, on aurait monté un truc dans lequel on gardait le pouvoir, avec très peu d'argent. Mais on n'aurait pas réussi à acheter un joueur. Le PSG est riche parce qu'ils ont acheté tous les ans 10, 20, 30 millions, 100 millions, tout ça. Donc un club de foot, c'est pas le prix d'achat, c'est l'argent qu'on peut remettre après.

  • Speaker #1

    Pour investir, ouais,

  • Speaker #0

    pour le développer. Et moi, j'aurais pas un bon but de jeu. Donc ça aurait été un désastre. Bon, alors, ça c'est l'erreur que, heureusement, je n'ai pas faite, mais bon, j'ai bien failli la faire. Et ensuite, canal, canal rentre dans la dent, non, comment dire, c'est... comment c'est passé, c'est... Il y a une négo entre Canal et Bassin et Colonie Capitale. Et là, je suis en vacances Courchevel, dans une boîte qui avait beaucoup de bruit, et Bassin m'appelle. Je ne connaissais pas du tout.

  • Speaker #1

    Tu étais le président de Colonie Capitale ?

  • Speaker #0

    Il m'appelle et me dit Monsieur Kézak, je suis à New York, là-haut, je suis pas là. Je suis en train de racheter le Paris Saint-Germain. Est-ce que vous voudriez être le président ? Parce que beaucoup de gens m'ont dit, c'était Franck Riboud, Chonu, d'autres, ont dit vous aviez le profil type, vous adorez le club, vous y êtes depuis 30 ans, vous êtes chère dans vos entreprises. Ah bon, c'est un jeu. Je souhaite vraiment... Je dis écoutez, j'entends rien. On se rappelle demain. J'étais dans la boîte de Cochevel.

  • Speaker #1

    Il était en train de danser.

  • Speaker #0

    Ouais, un peu, oui. Et donc, le lendemain, on se rappelle, il y avait encore une négo, parce qu'il y avait un autre candidat, à lequel vous vous êtes associé. Moi, je lui ai dit, je viens avec vous, mais si vous êtes seul associé. Bon, c'est vrai qu'après, il y a eu Butler, il y a eu Morgane Sandlé, mais le majoritaire, c'était les colonies. Donc je dis, ok, si vous le faites, on fait la nuit des longs couteaux entre Colonie-Capitale, Basin, Méheu, Bompard et moi. Bompard et moi étaient plus silencieux, mais les deux qui étaient vraiment leaders, c'était Basin et Méheu, présents du canal. Il présente le colonneur, il passe toute la nuit, le bassin qui sentait bien qu'il voulait à tout prix vendre, il négocie et comme il sait le faire, très bien. Donc il n'y a pas d'accord. À 5h du matin, il me dit, on va manger un morceau, je dis, ah non, je rentre. Le lendemain, il m'appelle, il me dit, écoute, ça y est, on a renégocié aujourd'hui, le lendemain, j'achète le club. Donc je te... Encore. on se citoyer parce que c'est un peu le style et je dis ben d'accord je ça m'intéresse voilà écoute on a rendez vous donc les canades plus pour signer cet après midi 15h pour nous je suis à chicago j'arrive à midi et on se connaît pas du tout uniquement à jimois chechet dans mon agence, dans ma banque d'affaires, ça s'appelait Goetz à l'époque, c'était mon agent de sang, je lui dis écoutez ou écoute, je sais pas, peu importe, vous passez me prendre, et on aura une demi-heure avant le déjeuner qu'on doit avoir avec monsieur Pigasse de Lazare chez Laurent, pour se connaître. Demi-heure, demi-heure même pas, un quart d'heure dans la voiture. C'est pas grave. Et donc, on va chanter. Sébastien, Alain, tu vois. Ça marche tout seul. Je me dis tout de suite, c'est un mec qui a envie de... très libre, très libéré. Et on arrive donc avec Pigasse, qui est un type très fort chez Lazare. On arrive pour déjeuner. Et donc là, on se dit quoi ? On a l'impression qu'on était des copains de... de longue date. Donc, on dit oui, et après on va chez quelqu'un de plus, et là aussi je suis un très bon ami de Bassin, qui le connaît très bien, donc on signe. Alors qu'on ne s'est jamais vus, jamais vus, et qu'on a pris le contact chez le coup de fil à Courchevel. Et on se connaissait par relations communes, je vous dis, il y avait Franck Riboud, le patron de Danone, Christophe Chenu qui était... amis d'enfance, non pas d'enfance, d'école, de voisins, tous ces gens-là ont dit que Zaz serait pas mal. Ils ont peut-être même dit que ce serait bien.

  • Speaker #1

    Et donc tu es président du PSG pendant deux ans, c'était du coup l'époque, en entraîneur, tu avais Guy Lacombe et Paul Le Gouin ?

  • Speaker #0

    D'abord Guy Lacombe, un an et demi, après Paul Le Gouin.

  • Speaker #1

    C'était une présidence assez difficile quand même ?

  • Speaker #0

    Très. Très parce que... J'ai dû faire des erreurs, on a dû faire des erreurs, mais en tout cas, ce n'était pas du tout dû à l'actionnaire qui m'a laissé une liberté complète. C'est plutôt partenaire de moi, pas du tout emmerdant, mais j'ai joué un peu confiant. On avait une équipe un peu vieillissante, mais avec des noms quand même ronflants, des polétards et tout. Dans la période estivale, je négocie avec Pauletta pour que Lyon ne prenne pas. Donc je retiens Pauletta, je me débrouille pas mal. Je retiens un moment, on retaine des gens de Montréal qui voulaient partir. Et donc, je me dis, bon, ça va coller. Et la mayonnaise n'a pas pris. On perd le premier match contre l'Orient. Et ensuite, on n'est pas bon.

  • Speaker #1

    Et si on peut rentrer, pourquoi la mayonnaise n'a pas pris ? Parce que tu avais des individualités, en effet, qui étaient fortes, mais c'était le collectif qui n'allait pas ?

  • Speaker #0

    Oui, où il y avait... Il y avait peut-être trop de joueurs qui étaient en fin de parcours. Et donc c'est... Et puis la collective c'est aussi la spirale en sport. Tu perds un match ou deux, tu perds confiance. Il y avait eu un tel... Je vais te dire, très très bien accueilli. Il m'est sorti une page qui m'est parue dans le Parisien quand j'ai été élu, qui était la France tranquille du PSG, la voiture avec ma femme où on est. On faisait la conférence de presse. J'avais été vraiment reçu comme quelqu'un de sauveur. Pas de sauveur, il n'y avait rien à sauver. Et donc, premier match, on perd. Donc, il y a eu une espèce de déclic. Et puis finalement, à un moment, j'ai été obligé de changer d'entraîneur. Lacombe, qui était un type très bien d'ailleurs, mais qui aussi était entraîné un peu dans la spirale à défaite. J'ai pris Paul Le Gouen, qui était un enfant du club. Et on a fini la saison. très correctement, je crois, des victoires de suite. Et l'année suivante, personne ne m'empêche de recruter, mais il y avait beaucoup de jeunes qui étaient très bons. Et je fais un match de préparation à Arsenal, et Arsène Weiger, qui était un de mes amis, il faut jouer avec mon équipe, il me dit, mais tu n'as pas besoin de recruter, tu as des jeunes fantastiques. Il me dit, oui, c'est vrai, mais je n'ai pas assez recruté. Donc là, on a eu une période vraiment très difficile. Donc il y a un mélange de... J'ai peut-être surestimé un peu la valeur de l'équipe. Je me suis battu. Et puis, non, j'ai eu beaucoup de... J'ai eu un mort.

  • Speaker #1

    En dehors, au McDonald's ?

  • Speaker #0

    En dehors du Paris-Dupont, dans le McDonald's.

  • Speaker #1

    Ah oui, c'était toi qui étais président à cette époque.

  • Speaker #0

    Président. J'ai eu quand même... Tout le monde, les journalistes disaient qu'il était là, qu'il est au temps d'emmerder dans un an. que notre président en 10 ans. C'est vrai que j'ai tout. L'arbitrage qui avait changé, des règles.

  • Speaker #1

    J'ai eu tout. Pour ceux qui nous écoutent, il y avait la tribune Boulogne et la tribune Auteuil qui avaient des idées politiques on va dire différentes.

  • Speaker #0

    C'est l'instant facho de Boulogne qui ont couru après. mon copain qui est d'origine sémite, après un match PSG Tel Aviv qu'on avait perdu. Donc très très dur, j'ai été convoqué chez Sarkozy, j'ai fait le discours sur le perron avec lui et prendre la ligue sur le perron du ministère de l'Intérieur, place Beauvau. J'étais obligé de négocier.

  • Speaker #1

    Ça c'était quand il y a eu le mort malheureusement au Parc des Princes ?

  • Speaker #0

    Oui, après on a fermé une tribune. Donc, il y a eu un climat vraiment désestable. Donc, bon, ce n'est pas des excuses, mais ça n'a pas facilité le boulot.

  • Speaker #1

    Il y a quand même un contexte.

  • Speaker #0

    Et puis après, arrive la deuxième année, la fin de la deuxième année. Et là, on arrive à quatre pages avant la fin. On est au bord de la rélégation, ce qui aurait été vraiment un désastre. Et je dis à Sébastien, écoute, je te propose un plan hors secte. Tu viens demain au bureau, je serai dimanche au parc, au bureau du parc. Tu viens et je te promets que j'aurai des solutions. Des solutions pour prendre un Louis Fernandez, un Paul Ettaoua, un type qui a dit que tu as, l'entraîneur de Handball qui s'appelle Constantini. J'avais pas mal d'idées comme ça pour rebooster. Et puis on arrive à Paris-les-Prince, à mon bureau, il arrive, et le Gouin était là, mais je lui avais demandé d'attendre. Sébastien m'a dit, Alain, écoute, tu restes président, bien sûr, tant que je serai là, je serai toujours président, mais on a décidé cet après-midi de recruter un conseiller sportif qui s'appelle Michel Moulin.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Je lui ai dit, écoute, considère que tu as ma démission dans la seconde. Terminé. Et pourquoi j'ai d'abord des problèmes sur la personne, peut-être, mais ce n'est pas l'essentiel. Moi, je suis président, je suis un manager. C'est moi qui choisis les gens, personne ne le fait pour moi. L'actionnaire, il a un seul pouvoir, c'est de me virer. Moi, je suis un manager et donc je suis pas là pour tailler les crayons. Donc président, d'accord, mais moi, si je n'ai pas les pouvoirs pour... Et donc je démissionne, et là on se dit, on était quand même assez amis, on se donne la soirée quand même, je dis moi je réunis mon conseil de famille au Murat, mon conseil de famille c'était mes quatre enfants et ma femme, et lui je dis je réfléchis, on prend un petit déjeuner ici chez moi le lendemain matin, et on se dira j'ai changé d'opinion, j'ai changé de stratégie ou pas. On se retrouve et moi je dis je n'ai pas changé, je démissionne tout de suite. J'ai dit avant tu es changé, tu ne prennes pas. Il m'a dit non je ne peux plus, maintenant il y a un conseil qui a décidé. Conférence de presse à midi, et là j'avais l'impression d'être Bill Clinton. Il y avait dans l'amphithéâtre du PSG 200 personnes, où j'annonçais ma démission. J'avais eu un coup de fil du maire de Paris, qui m'avait dit Alain réfléchis bien, reste président. Il m'a dit non pas question, je suis... On a choisi des gens sans mon accord, une personne, je m'en vais. L'autre soir, je dis au revoir aux joueurs, je fais ma conférence de prêt. Je n'ai pas du tout parti en tapant sur les actionnaires. Je suis parti en disant, il y a un choix qui a été fait. Je ne suis que président, je ne suis pas propriétaire. Je respecte, c'est le président, mais moi je ne peux pas rester. Je serai toujours autour du club et tout. Et voilà, je suis parti et on s'est sauvés quand même.

  • Speaker #1

    On est restés en Ligue 1.

  • Speaker #0

    Le dernier match, c'était difficile à ce jour.

  • Speaker #1

    Je dis on, je me permets pour les auditeurs, parce que je suis un fan du PSG. Depuis que j'ai 9 ans, je joue au Parc des Princes. Je me considère un peu aussi supporter. Et du coup, ton meilleur souvenir en tant que président du Paris Saint-Germain, qu'il y en a quand même ?

  • Speaker #0

    Ça va me surprendre. Mon meilleur souvenir, c'est la victoire qu'on se choure.

  • Speaker #1

    Je m'en souviens.

  • Speaker #0

    Où je n'étais plus président, parce que j'avais été remplacé. Donc je regardais le match à la campagne, chez Chenu. J'étais tellement nerveux, je n'ai même pas pu garder la fin. Je suis parti dans les champs à côté. Et je me dis, je suis encore président. Jodiquement, je suis encore président. Mais je n'étais pas au match, rien. Je dis que je suis le président, et s'il a une descente, ce sera quand même...

  • Speaker #1

    Tu prendras un plan un peu responsable quand même.

  • Speaker #0

    Et donc le fait que ça se passe bien, que quelqu'un que j'avais recruté qui s'appelle Diané, qui devient un peu mon poulain et tout...

  • Speaker #1

    Et qui marque, pour que les auditeurs comprennent, un but venu du ciel, qui n'a entre guillemets pas d'esthétique, mais qui marque quand même.

  • Speaker #0

    Absolument.

  • Speaker #1

    Le PSG se sauve de la relégation en Ligue 2.

  • Speaker #0

    Donc c'est sûrement un de mes meilleurs. Paradoxalement, il y avait des victoires quand même, mais je retiens ça. Non, à l'époque, j'avais quand même, j'avais des Lyon-Doulas, j'avais Pauletta, j'avais Rotten, j'avais Yépes, j'avais Croutier-Amaradiane, j'avais Croutier-Ouaro, donc j'avais pas fait du mauvais boulot, mais...

  • Speaker #1

    La mayonnaise a pas pris. On arrive sur la fin de cet échange. Si tu veux bien, je vais te poser quelques questions plutôt sur une partie un peu plus personnelle. Tu as parlé de ta famille. Quel rôle a joué ta famille dans ta carrière professionnelle ? Et est-ce que tu en as parlé ? Remarque que tu prenais des décisions en fonction d'eux aussi quand tu les as réunies. Et d'une manière générale, quel rôle a joué ta famille dans ta carrière ?

  • Speaker #0

    Ma femme a joué un rôle de soutien toujours. Ma femme avec qui je suis, j'ai offert un match au Parc des Princes le soir de mon mariage. C'était pour elle une preuve d'amour tout à fait indiscutable. Elle a toujours été au match à Paris en tout cas. Elle commence à déplacer en Coupe d'Europe aussi. Mes enfants ont toujours été très proches de moi, étaient eux-mêmes vaccinés PSG. Donc, mes grandes décisions, ça venait de moi. Évidemment, ils m'auraient tous dit, Alain, reste président et tout mais je suis très étudiant. Ma femme pourrait le dire, je suis dur à convaincre. Donc, mes décisions, comme pour être rentré chez Rousseguela, il y a dix personnes qui m'ont dit, François, tu rentres, toi, tu es trop sérieux, tu es un mec bien. ces gars-là c'est un charlatan, un rouges, un infériste, des trucs qui ne sont pas révélés, vrais d'ailleurs du tout. Il y a dix qui m'ont dit ne rentre pas il y en a un qui m'a dit rentrez et je n'ai écouté que celui qui a dit ce que je voulais. Donc je dis souvent, quand on te dit de ralentir fonce. Et, une fois, elle m'a joué un mauvais tour, quand j'ai eu mon accident de vélo, j'étais avec ma femme, et elle me dit, ralentis. Dans la descente, j'ai foncé, et je me suis pété trois vertèbres, et un AVC après. Mais en général, quand on me conseille de ralentir, ça m'incite à foncer et à y aller.

  • Speaker #1

    À contre-courant parfois.

  • Speaker #0

    Oui, mais ça m'a plutôt pas mal réussi. Au PSG, le nom de personne, je vais vous en dire. en présentant des PSG, tu vas voir, c'est impossible, c'est difficile, tout. Alors je me dis, mais c'est pour ça que ça m'intéresse. Et aujourd'hui, je dis souvent, si on me proposait, hors de question, c'est les Caldari qui font très bien leur boulot, mais si on m'avait dit trois heures après, pour se revenir, je revenais. Et pourtant, j'avais eu... J'avais écrit un bouquin en disant 95% d'emmerdes, 5% de plaisir. Mais l'adrénaline, elle est là.

  • Speaker #1

    Bien sûr, c'est une fonction à part.

  • Speaker #0

    Il y a un slogan que j'ai bu un signe, Maxime, Ceux qui tuent, ce n'est pas leur risque, c'est la routine. Et donc on a besoin d'adrénaline.

  • Speaker #1

    De projets, de challenges.

  • Speaker #0

    Et puis on se plante, ça peut arriver. Je me suis déjà planté, et c'est difficile. T, à la fois R, S, G, O, P, G, M. On rebondit, sinon. Le talent se joue au bond, d'ailleurs.

  • Speaker #1

    C'est une belle phrase. Et on parle de tes traits de personnalité, donc peut-être à contre-courant, peut-être têtu, mais quand on passe du temps avec toi, ce qu'on ressent, c'est aussi une bienveillance, une gentillesse. Alors, c'est des choses qui sont aujourd'hui un peu à la mode. On en parle beaucoup, de la bienveillance. Est-ce que c'est quelque chose pour toi qui est important ?

  • Speaker #0

    Regarde ce qu'a dit ma femme, là. qui peut lire un peu le...

  • Speaker #1

    Alors Alain, je viens de me passer un journal sur lequel Marinette Kezak, qui est la femme de Alain, a dit sa mauvaise foi est énorme. D'accord.

  • Speaker #0

    Je suis intolérant de mauvaise foi et de mauvais caractère. Mais pour certains problèmes politiques, j'ai des choses sur lesquelles je ne transige pas. Donc je ne suis pas facile. Sinon, j'aime les autres, j'aime parler, j'aime comprendre ce que font les autres, j'aime qu'on explique ce qu'on fait dans la vie, la carrière et tout. Mais je suis sur certains sujets complètement intolérants. Et quand je dis à mes amis, allez, je vais vous faire plaisir, cette semaine, je vais être tolérant. Je ne vais pas dire, d'accord. Et au bout des journées, on t'aimait mieux avant, on ne change pas. Donc, non mais bon, voilà.

  • Speaker #1

    C'est quoi la chose la plus audacieuse que tu as faite dans ta vie ?

  • Speaker #0

    Audacieuse, c'est probablement d'avoir, d'être associé à un rôle, ce gars-là.

  • Speaker #1

    Parce qu'au début, ce n'était pas évident ?

  • Speaker #0

    Pour moi, c'était une très bonne nouvelle. Mais pour mes conseils, les conseils, je te donne souvent des conseils conservateurs.

  • Speaker #1

    Bien sûr.

  • Speaker #0

    Dans tous les concerts, je disais mais non, pas question Et j'y suis allé, et ça a très bien marché. Avec des redébats, on a vraiment réussi. C'est audacieux. Je ne veux pas parler d'audace pour le PSG. Il y a aussi des gens qui ont essayé de ne pas y aller. Moi, hors de question, je n'y allais pas.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a des personnes, toi, t'en as un peu parlé, mais qui ont particulièrement marqué, inspiré ta vie ? Si tu devais en retenir une ?

  • Speaker #0

    Une, c'est pas facile, mais... Parce que c'est à différentes époques de ma vie, mais j'en cite plusieurs. Mendes France.

  • Speaker #1

    Que t'as connu, du coup ?

  • Speaker #0

    Non, pas du tout. Moi, j'étais jeune. Dans l'or, dans Évreux, lui était à Louvier. J'ai vécu dans l'entourage. Marcel Conch, mon prof de philo.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Ensuite, les choses beaucoup plus actuelles. Bernard Tapie, Jacques Segalat. Pourquoi les deux ? J'étais vraiment copain avec Bernard Tapie jusqu'à le dernier jour, quand on était un petit peu déminés tous les deux en ce. Pourquoi ? Parce qu'ils ont une énergie vitale qui m'impressionne. Alors défaut ou pas, oui, c'est vrai. Ils ont combat tous les matchs.

  • Speaker #1

    Force de caractère.

  • Speaker #0

    Bernard Tapie me disait, quand il y avait deux concerts... Elle me disait Je prends mon vélo dimanche, je vais faire du vélo. Je lui disais Mais si t'as un malaise, je... Non, je prends pas mon portable. Que si je prends mon portable, je suis sûr que je vais avoir envie d'appeler quelqu'un. Il prenait pas le portable. Une énergie folle. Ces gars-là, c'est pareil. Je lui disais Jacques, demain matin, il faut qu'on soit à Clermont-Ferrand pour un client en dehors. J'étais... Et puis, je dirais le dernier, le dernier, beaucoup plus récent, Olivier Gouin.

  • Speaker #1

    Tout à fait. J'ai une connaissance en commun et quelqu'un qui va intervenir dans le podcast dans quelques semaines.

  • Speaker #0

    Que ce garçon sache qu'il est condamné, parce que Charcot, malheureusement, il n'y a pas du tout de chance. survie, et qu'il garde ce côté positif, ce côté militant pour récupérer de l'argent pour la recherche, cette joie de vivre, ce qui sourit, cet humour, c'est un modèle. Moi j'aime bien aussi ce que me disait Tapie, c'était, on ne parle pas de courage, on ne parle que d'énergie. Et il a complètement raison. Moi, les gens qui me disent bon courage, on ne sait pas si c'est le courage. Tu as une emmerde, tu n'as pas de choix, il faut être courageux. L'énergie c'est différent. Quand je vois des oliviers gois et tout, je me dis mais c'est fabuleux. Et donc ça peut l'étonner que je dise ça parce qu'on ne se connaît pas non plus depuis la nuit des temps. C'est quelqu'un qui m'impressionne et qui, par rapport à ce que j'ai, souvent je me dis putain, t'es handicapé quand même pour faire comme ça Mais il y a Olivier aussi.

  • Speaker #1

    On relativise.

  • Speaker #0

    On relativise. Et on admire. Et on admire. J'ai un autre ami qui est Charles Bietri, qui a fait beaucoup pour le sport à Canal+, énormément même. qui a la même maladie et qui est maintenant à Karnak, c'est pareil. Il sait qu'il est condamné, il a tout organisé, mais il est positif. Sans parler du système, moi, ces gens-là, c'est au-dessus de tout.

  • Speaker #1

    Je comprends.

  • Speaker #0

    Il y en avait un aussi, je l'admirais beaucoup, dans le même genre, c'était Belmondor, que je connaissais par le football, je connaissais bien sans être ami proche, mais on allait au restaurant, on se voyait, enfin... une énergie vitale extraordinaire, alors qu'il était encore plus handicapé que moi. J'avais parlé avec lui, il m'avait dit, ce qui est probablement la maxime qui me conditionne le plus, Alain, se plaindre est impoli. Et c'est exactement ce que je pense. Je ne me plains jamais. C'est impoli vis-à-vis des autres qui ont tous leurs emmerdes. Pas des mêmes types, mais tu peux avoir un burnout un jour, tu peux avoir une grande voiture, tu peux avoir Charcot, ça c'est le top du top, tu peux avoir un problème avec des enfants malades, se plaindre est inconvenant.

  • Speaker #1

    On a tous nos problèmes, et je pense que c'est la manière dont on l'envisage. Toujours l'histoire du verre à moitié vide, verre à moitié plein aussi.

  • Speaker #0

    Quand tu dis le mot impoli, je trouve ça formidable. La vraie politesse, c'est ne pas se plaindre. Ça, c'est bizarre. Et puis, bon, maintenant, j'ai dû inventer un nouveau modèle où il n'y a plus de tennis, il n'y a plus de football, il n'y a plus de nage, il n'y a plus... Mais bon, il faut trouver un nouveau logiciel, il faut s'intéresser aux autres, aux lectures. Je travaille toujours, j'essaie de ne jamais avoir une heure d'ennui, jamais. Bon après c'est un mode de vie différent, mais bon, de toute façon j'ai pas le choix. Et j'avais un ami cher qui m'a dit il y a peu de temps, est-ce que tu aurais préféré que j'étais à une soirée de la mort ? Il avait dit à ma femme, demain matin vous le reverrez probablement plus. Mon ami m'a dit, est-ce que tu aurais préféré ? mourir à ce moment-là, ou rester comme tu es. Je me dis, mais rester comme je suis, pas mourir. Aujourd'hui, je signe si on me dit, tu es comme tu es là, jusqu'à 100 ans, je signe. Parce que, d'abord, c'est un devoir vis-à-vis des autres. En fait, il faut arriver à s'oublier. Moi, je n'arrête pas de dire, je ne m'intéresse plus. Je n'ai aucun intérêt pour moi. Ceux qui m'intéressent sont... Mes quatre enfants, mes six enfants, ma femme, mes proches, moi aucun intérêt. Je serai jamais président de la République, je serai jamais à nouveau président du PSG, je serai jamais chef d'entreprise, j'ai 83 ans, mais j'ai un devoir de vivre. Et non pas un plaisir, je le dis au début, mais un devoir de vivre. Il faut que je trouve vraiment à l'assouvir par d'autres passions et par d'autres actes aussi généreux et qui rendent l'entourage plus heureux. C'est une gymnastique difficile et très conceptuelle. Tout ça, je le dis, c'est pas fait comme ça. Je me suis mis dans mon bureau devant une feuille blanche et j'ai dit comment je peux faire ? Je me suis aussi... J'ai aussi agi avec moi comme on agit avec une marque. Disons, voilà, comme ça, qu'est-ce que je peux faire ? Faut que j'écrive, tiens. Faut que j'écrive parce que ça, ça va me libérer. J'ai écrit. Oh là là, je vais préparer un autre livre. Bon, il faut que je trouve sans arrêt des solutions, mais si on a l'énergie d'un tapis ou d'un luvégois, on les trouve.

  • Speaker #1

    T'es un entrepreneur, tu t'es inventé. Et pour finir, si tu avais un jeune devant toi qui voulait entreprendre sa vie ou entreprendre une boîte, quels conseils tu lui donnerais ?

  • Speaker #0

    Premièrement, écoute ta petite musique intérieure. Quand j'ai dit qu'une carrière c'est un mélange de rationnel et d'envie, le rationnel c'est bien, je sois avocat parce que... Et pourquoi pas ? l'envie. Il faut que tu aies envie. Envie d'avoir envie. Envie, envie, envie. Ça, c'est le premier conseil. Le deuxième, c'est de travailler. Et le troisième, c'est d'aimer les autres. Et moi, j'ai fait une conférence avant que je sois... que je sois handicapé. Et les mecs qui m'interrogeaient m'ont dit Tiens, monsieur Kezac, qu'est-ce que vous souhaiteriez que soit écrit sur votre tombe ? Alors j'ai eu des questions pas très drôles, mais bon, j'ai essayé de le passer. Et j'ai dit deux choses, je ne sais pas si c'est vrai. I care en anglais, c'est-à-dire I care il prenait soin, il aimait les autres. Et deuxièmement, il était fiable. C'est une qualité essentielle pour moi, être fiable. Quand je dis rendez-vous à 11h, je n'appelle pas son sujet un drame. Je n'avais pas la veille pour dire non, j'annule le rendez-vous, j'ai autre chose de mieux à faire, on se voit dans 15 jours. La fiabilité.

  • Speaker #1

    Merci Alain.

  • Speaker #0

    De rien, merci Nicolas.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup d'avoir écouté les Sages. Vous êtes de plus en plus à nous écouter pour cette première saison. C'est vraiment très encourageant pour toute l'équipe. Alors encore une fois, un grand merci. Vous avez le pouvoir de donner de la force à ce podcast avec juste une minute de votre temps. C'est simple, si vous êtes sur Spotify ou Apple Podcast, vous avez juste à vous abonner et mettre 5 étoiles. Un grand merci et à bientôt.

Description

Pour ce douzième épisode, nous avons l'honneur de recevoir Alain Cayzac, co-fondateur d'Euro RSCG (avec Jacques Séguéla) et ex Président du Paris Saint Germain.


Alain Cayzac est un homme d'exception :


  • Communiquant hors pair, en 1972, il créé avec 3 autres compères, dont Jacques Séguéla, Euro RSCG, une agence de communication. Ils vont monter jusqu'à 16 000 collaborateurs dans le monde. L'entreprise sera revendue à Havas, dirigé par Vincent Bolloré.

  • Passionné de sport depuis tout petit, il est particulièrement amateur de football, et du PSG. En 2006, il réalise l'un de ses rêves : il devient Président du PSG. Épisode très intense de sa vie qu'il nous raconte dans cet échange.

  • Enfin Alain, est reconnu pour être un humaniste, qui se dresse contre toutes les sortes de discriminations : racisme, homophobie, antisémitisme. C'est un grand patron, qui se dit ouvertement "plus à gauche".


Dans cet épisode, nous avons parlé de son expérience à HEC Paris, chez Procter & Gamble, de Marcel Conche, de Jacques Séguéla, de la campagne de François Mitterand en 1981, de Vinent Bolloré, de la définition d'un bon communicant, de Pierre Mendès France..


🌎 Les liens de l’épisode 🌎



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Transcription

  • Speaker #0

    Les sages, c'est avant tout une histoire personnelle. Je m'appelle Nicolas Jeanne et j'entreprends depuis que j'ai 19 ans. Sur ce chemin, j'ai eu la chance de rencontrer des personnes que j'appelle les sables. Vous savez, ce sont ceux qui, d'un conseil bienveillant, peuvent changer votre journée, votre projet, votre vie. Souvent des personnes avec qui il y a un avant et un après. A mes yeux, ce sont des leaders authentiques mais surtout des leaders humanistes. Ça c'est important pour moi. Ceux qui vont vous faire grandir sans s'en rendre compte. Puisque n'importe quel livre ou cours, des témoignages qui viennent du cœur et de la réalité. Et surtout du cœur. Aujourd'hui, je vous propose de partir à leur rencontre, dans un format inédit, et négocier avec eux. Un format où l'on se dira tout, naturellement, et aucune question ou anecdote sera interdite. Ça, vous avez ma parole. Un format axé sur leur activité, bien sûr, mais qui, évidemment, dérivera vers la vie, la société et les émotions. Mon but, c'est clairement de mettre en valeur l'aspect humain de ces personnalités qui me paraissent exceptionnelles, et de casser la carapace. Casser la carapace, vous le sentez, c'est pas un mot par hasard. Pourquoi ? Parce que je pense que ça va vous permettre d'app... sur les plus grands leaders et leaderes qui ont bâti et bâtissent la société. La France est une terre bourrée de talents et de leaders et nous allons en leur rencontre. Bon voyage avec les sages.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, nous avons la chance de recevoir Alain Quezac,

  • Speaker #0

    cofondateur d'Euro RSCG avec Jacques Seguéla et président du Paris Saint-Germain de 2006 à 2008.

  • Speaker #1

    Alain est un véritable meneur d'hommes, connu pour son grand cœur et sa gentillesse.

  • Speaker #0

    Il a quelques années,

  • Speaker #1

    je le contacte pour qu'il mette sur un projet entrepreneurial.

  • Speaker #0

    Dans la journée...

  • Speaker #1

    Il me répond et me donne du temps, et c'est bon conseil.

  • Speaker #0

    C'est ça, Alain.

  • Speaker #1

    Un homme qui aime profondément les autres, profondément aider et servir. Il a quelques années, il fait une chute de vélo qui lui vaut des côtes cassées et malheureusement un AVC par la suite.

  • Speaker #0

    Alain,

  • Speaker #1

    depuis, est paralysé sur la partie gauche. Qu'importe. Il a changé de logiciel et de la joie de vivre, il est passé au désir de vivre. Allez, on y va avec Alain. Bonjour Alain, bienvenue dans les Sages.

  • Speaker #2

    Bonjour Nicolas.

  • Speaker #1

    Comment tu vas ?

  • Speaker #2

    Quand je vais, bien aussi bien que ça puisse aller dans mon état. J'ai eu un AVC, donc je suis paralysé de la jambe gauche et du bras gauche. Mais avec une béquille et beaucoup de rééducation, je marche, je vis et j'ai envie de vivre. J'ai remplacé la joie de vivre par le désir de vivre.

  • Speaker #1

    C'est déjà super intéressant, on en reparlera si tu le veux bien à la fin de l'interview, parce que je sais que ça a été un changement forcément dans ta vie, mais en même temps que tu as réussi un peu à le transformer. Du coup, pour commencer, pour nos auditeurs, est-ce que tu peux te présenter en quelques phrases, s'il te plaît ?

  • Speaker #2

    Et quelquefois, c'est dur parce que je suis vieux, donc il y a beaucoup d'années. Je suis né en 1941, j'ai 83 ans, à Évreux, en Normandie. Je crois que tu connais bien la région. J'ai fait toutes mes études secondaires en Normandie. En dehors du travail où je travaillais très correctement, j'étais un bon élève consciencieux. J'ai fait beaucoup de tennis et de football. Ça a été vraiment mes loisirs favoris. Mon père était président de club de foot et aussi dirigeant de club de tennis. Ensuite, je suis... monté après le bac que j'ai passé à Caen. Je suis monté à la capitale, comment dire, pour préparer HEC, au lycée Carnot, dans le 17ème. Alors, le problème, c'est que j'avais fait, comme étude, B et philo, à l'époque. Donc, j'étais complètement en littéraire. J'étais bon en langue, en français, en philo, tout. Et assez nul en maths et en physique. Donc, j'ai quand même ramé un... Pour préparer HEC en première année, je me suis rattrapé en travaillant tous les soirs jusqu'à 2h du matin. J'ai réussi à intégrer HEC, sûrement pas dans les premiers, mais bon, j'ai intégré. Là, j'ai passé trois magnifiques années à HEC, où j'ai avant tout joué au football. J'étais capitaine de l'équipe de football, donc j'avais un prestige particulier. Après HEC, je suis parti. Un an à Berlin. Je suis germanophone. J'ai fait Allemand en première langue. À l'époque, on disait que les bons élèves devaient faire Allemand. C'est ce qu'on disait. En fait, on sait beaucoup plus d'anglais que d'allemand maintenant. J'ai fait Allemand en première langue. À Berlin, études politiques. Un an en diplôme. Il n'y a pas une valeur extraordinaire qui existe. Et après, je suis rentré dans la vie active chez Procter & Gamble. Je suis resté seul. cinq ans au marketing c'est vraiment ce qui va le plus conditionner sur ma vie future ma carrière future on en reparlera peut-être et j'avais toujours eu un secret espoir ou désir ou passion rentrer qui était la publicité. Et donc je n'avais qu'une idée, de rentrer en publicité. Et donc je suis rentré, après 5 ans, j'ai projeté, ou j'ai beaucoup appris, dans une agence américaine d'abord, qui s'appelait NCK, Norman Craig and Kamal. Et après j'ai monté mon agence de... J'ai rejoint Rue Ségala, qui avait monté leur agence déjà depuis très peu de temps, il n'y avait ni personne. Je me suis associé, on a associé un quatrième homme, on a bien marché, puisqu'on a... Les marées ont été 10 et on a fini à 16 000. Mais pour être honnête, 16 000, il y avait quand même beaucoup de rachats, de choses comme ça. Ce n'est pas simplement de la croissance organique. Et là, j'ai eu pas mal. Et puis bon, j'ai été entre-temps président du PSG en 2006-2008, choisi par Colonie Capital qui avait racheté à Canal+, avec Bazin qui est resté un grand ami. Et après, j'ai fait connaissance. un garçon banquier d'affaires. Je suis rentré avec lui, j'ai travaillé avec lui comme senior advisor, quelqu'un qui coach, qui met son réseau, c'est le vice-deux. Et je, à 83 ans, je travaille toujours. Je vais quatre jours par semaine là-bas. Moi, je survis grâce à ça, grâce au contact que j'ai. Si j'étais à la retraite, comme on dit, D'abord je suis handicapé, mais si je restais ici, je reste un peu à travailler, mais si je restais constamment à travailler ici, je me déprimerais complètement. Donc j'aime bien sortir, voir les gens, je vais au parc, au théâtre, je refuse rien. Alors que c'est quand même un effort énorme parce que je marche à 1h30 à l'heure, je fais beaucoup de rééduc, je fais des parcours autour de la maison avec mon kiné, je me chronomètre quand je fais 29 minutes. pour ce 100 mètres, et le lendemain, je suis 28,50, je bois le champagne, c'est les JO, je marche chez mon... peut-être mon passé sportif, je marche à l'esprit de compète. Donc je me crois de mettre sur les arrêts, je fais des mouvements, je suis en fait toujours plus, et j'arrive à ne pas être complètement ni gâteau, ni invalide comme ça, voilà.

  • Speaker #1

    C'était une de mes questions, parce que t'es un grand sportif, tu fais encore, donc tu fais de la marche encore, quotidiennement ?

  • Speaker #2

    Je fais de la marche, disons, c'est une obligation. Si je ne faisais rien, je terminerais, ce qui est encore possible, un fauteuil. Donc je fais du kiné, je fais de la marche, je fais des mouvements tous les jours, je me réduis, je vais au travail, ce qui est comme un effort pour marcher. Oui, absolument. Mais bon, puis tout le sport, comment dire, classique. Ça, c'est fini. J'ai changé de modèle. Voilà Jussiel.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup pour tout ce résumé de ton parcours. Ça donne envie d'en savoir plus. Si je reviens un peu sur ton enfance, moi, ce qui m'a intrigué, t'avais un papa qui était président du club de football d'Evreux. Exactement. Et donc, tu étais sportif. Et tu m'as dit que t'as fait un bac L. L'époque, c'était pas

  • Speaker #2

    L. C'était l'attainant, le gars.

  • Speaker #1

    Ça te vient d'où, t'étais passionné de littérature, tu lisais beaucoup, peut-être ta maman ?

  • Speaker #2

    Je sais pas d'où ça vient, mais j'ai toujours été plutôt un littéraire. Je suis pas non plus un puits de culture, mais j'ai toujours été un littéraire, j'adorais le latin. Probablement que l'environnement faisait que j'avais plus de gens qui étaient de ce côté-là. J'ai jamais aimé les maths, la physique, tout ça me barbait un peu. Je peux pas dire d'où ça vient, mais en tout cas... J'ai eu aussi un prof de philo dans Palra qui était exceptionnel, qui m'a donné le goût à la philo. Donc, encore une fois, je ne vais pas me faire passer pour un intello de haute volée, mais je suis plus harcèlement handicapé pour rentrer dans une école commerciale comme HEC. Mais j'ai bossé comme un malade, parce que je suis assez bosseur. J'ai réussi au concours, j'ai dû avoir la moyenne, ou pas, tu es physique. Et puis, quand j'étais assez bon dans le reste, ça suffit.

  • Speaker #1

    Donc, tu aimes les mots. Et du coup, on est dans un podcast qui s'appelle Les Sages, et qui interview des gens inspirants, et qui peuvent changer potentiellement, par leur conseil, une trajectoire de vie. Tu parlais de ton prof de philo. Ton prof ou ta prof ?

  • Speaker #2

    Un prof, Marcel Conch. qui est un grand philosophe connu, mais qui est mort maintenant à 100 ans.

  • Speaker #1

    D'accord. Et en quoi il a changé un peu ta vie ?

  • Speaker #2

    La mienne et celle de mes camarades aussi. Il avait un charisme fou. Alors, il était marxiste. D'accord. Ce qui explique peut-être un peu où je suis gauchisant. Mais donc il me passionnait. Il était à la fois sur le fond et la forme, à tel point que quand on a eu 70 ans, mes trois meilleurs copains, Malheureusement, on a disparu. C'est un des problèmes de... que j'ai, c'est que moi je suis vivant, mais la plupart de mes camarades sont partis. Bon, je suis allé, on est allé avec mes camarades, en Bourgogne, je ne sais pas où j'étais, je rencontrais 50 ans après, c'était exceptionnel. Et bon, maintenant il a eu 100 ans. Il est mort. Marcel Conch, pour ceux qui connaissent un philo, est un philosophe de grand talent. Voilà, il y a eu d'autres raisons pour lesquelles je suis plutôt à gauche. Mais je suis plutôt à gauche sociétalement. Économiquement, c'est difficile d'avoir été chef d'entreprise et d'être en même temps contre le capitalisme. Ce n'est pas du tout mon cas. Mais je suis ce qu'on appelle un social-démocrate, je ne sais pas quoi. Mon père était un radical, un de gauche. du Sud-Ouest, et donc, mais moi je suis absolument vent debout contre tout ce qui est racisme, antisémitisme, homophobie, il n'y a rien de pire. Quand je vois défiler les gens contre le mariage pour tous, J'ai mal, ça me fait une douleur physique. Et ça, je ressens ça tellement fort qu'il y a des dîners que je quitte, il y a des discussions où je n'arrive pas à garder mon sang-froid. Je ne suis pas le genre à dire tout le monde a le droit de dire ce qu'il pense, il faut laisser dire et tout. Quand quelqu'un dit un truc qui me choque, je le reprends et je discute. Je suis comme ça.

  • Speaker #1

    Tu as des convictions.

  • Speaker #2

    Et économiquement. Je suis à gauche aussi parce que j'ai mon Normandie. Mon modèle, on a tous des modèles, c'est la Témantès France. Donc quand je parle de gauche, je ne parle pas de Mélenchon, sûrement pas. Je n'aime pas du tout Mélenchon, bien sûr. Je ne parle pas des Assoumis. Je parle de la vraie gauche.

  • Speaker #1

    D'avant, entre guillemets.

  • Speaker #2

    D'avant. Mitterrand aussi, j'ai voté pour Mitterrand. J'ai voté aussi pour Hollande. Donc ce sont des gauches qui... Bon, ils ont réussi ou pas, c'est un autre problème, chacun a le droit d'un. Donc je ne suis pas sectaire, j'ai beaucoup d'amis de droite, et la plupart de mes amis sont à droite, mais la droite raisonnable, si vous voulez. Si tu veux, la droite... Sarkozy m'a remis à la Légion d'honneur, par exemple. Il sait que je suis à gauche, je lui ai dit je ne voterai jamais pour toi, mais tu seras un grand président, je suis ravi que tu sois là Ma femme vote plutôt à droite, donc je ne suis pas sectaire. Je deviens sectaire et là un peu agressif quand on parle des extrêmes. Aujourd'hui, c'est la raison pour laquelle je suis très malheureux.

  • Speaker #1

    Je comprends. Parce qu'en effet, on tourne cet épisode. Il y a quelques jours, Emmanuel Macron a annoncé la dissolution de l'Assemblée nationale avec une potentielle arrivée du Rassemblement national à l'Assemblée à Matignon.

  • Speaker #2

    Mais pour parler politique, j'ai voté Macron toujours, mais par eux. parce que je voulais être contre quelque chose. Et Macron, il y a une chose sur laquelle je suis fondamentalement hostile, c'est le fait de dire la droite et la gauche, c'est pareil. C'est pas pareil. À force de dire la droite et la gauche, c'est pareil, mais tout dans un fourre-tout, et ne reste que les extrêmes de gauche et les extrêmes de droite. On est là aujourd'hui. Et là, pour une fois, je ne l'ai pas trompé. toujours dit Macron c'est un faux concept, le en même temps, un truc comme ça. Alors comme beaucoup de gens j'ai voté pour lui, je savais pas pour qui voter.

  • Speaker #1

    C'est le moins pire à tes yeux ou le plus talentueux ?

  • Speaker #2

    Ben c'est... à gauche je n'avais pas un héros, à gauche, je suis toujours pas beaucoup d'heures, même pas du tout, à droite j'ai jamais voté à droite de ma vie, et donc voter Macron mais... Je suis très déçu. Alors, entre les extrêmes vers lesquels je ne veux pas aller, Macron, là, je suis pas au meilleur.

  • Speaker #1

    Comme beaucoup de Français, je pense, en ce moment.

  • Speaker #2

    Et comme beaucoup de Français, donc, bon, s'il y avait quelqu'un de raisonnable, comme le maire du Havre, des gens comme ça, il y a des gens tout à fait, tout à fait, par moi, à droite. Si on trouvait un Raymond Barre, par exemple, qui soit un peu au-dessus des partis, qui soit... Un très bon économiste, pourquoi pas, mais du coup, je ne suis pas au meilleur.

  • Speaker #1

    Si on revient un peu sur ton enfance, alors, tu as fait un bac L.

  • Speaker #2

    Non, B.

  • Speaker #1

    B, excuse-moi. Donc, plutôt un profil littéraire, et pourtant, tu rentres à HEC, du coup, une des meilleures écoles de commerce françaises. Pourquoi ? Et est-ce que tu avais songé à avoir un parcours littéraire ?

  • Speaker #0

    C'est l'heure de remercier notre partenaire Oslo, sans qui ce podcast ne serait pas possible malheureusement. Oslo, c'est un cabinet d'avocats à taille humaine, dirigé par Edouard Wells et Marion Fabre, que je connais personnellement depuis plus de 10 ans. Il est composé d'une équipe, l'idée par Edouard et Marion, qui est issue de cabinets d'affaires de premier plan. Mais surtout, au-delà de la qualité de leurs prestations juridiques, ce que j'aime chez Oslo, c'est leur engagement pour un droit un peu différent. Sur leur description, ils mettent Nous accordons une importance particulière aux qualités humaines et relationnelles, tout particulièrement au respect, à la simplicité, à l'humilité et à l'élégance. Ça pourrait paraître bullshit comme ça, mais pour bien les connaître, je peux vous assurer que ça se ressent vraiment. Et pour preuve, ils ont accepté de sponsoriser ce podcast dès sa création. Ils offrent une heure de conseils juridiques avec le code LESSAGE. Et je mettrai leurs coordonnées dans la description du podcast. Allez, on y retourne.

  • Speaker #2

    Non, je suis rentré à Jussé parce que je ne savais pas où je voulais rentrer. Et à Évreux, c'est comme ça. Moi, je dis souvent qu'une carrière, c'est un mélange de rationalité, d'opportunité. et d'envie. Et l'opportunité, c'est que j'avais le fils des amis de mes parents qui avait fait HEC, j'avais beaucoup d'admiration pour lui, et il m'a convaincu que c'était une école où on pouvait après avoir beaucoup de débouchés sans être prédestiné à une profession plus qu'à un autre. Donc je suis rentré sans avoir vraiment décidé un jour, je veux faire une école commerciale. Donc c'est une opportunité et l'admiration d'une personne.

  • Speaker #1

    Parce qu'à l'époque, du coup, tu as fait le lycée Carnot, en classe préparatoire. Et c'était quoi un peu les débouchés élitistes, les premiers à ce que tout le monde visait ? C'était pas HEC Paris, il y avait d'autres voies qui étaient plus...

  • Speaker #2

    Le HEC, ESSEC, le Sud de Corée, les trois. On passait les trois gros cours. Donc la première année, j'ai passé KGC. La deuxième année, j'ai passé les trois. Je t'ai reçu aux trois, parce que quand on t'a reçu à HEC, on avait de grandes chances d'être à ESSEC, les six deux cours. Mais je parle de ça, je suis sorti en 1963. J'avais 22 ans. Donc je parle des écoles d'il y a 103, ça fait combien ça ?

  • Speaker #1

    Je suis pas très... il y a longtemps.

  • Speaker #2

    En 50 ans, ça a évolué, HEC a changé. Je parle de mon époque, je dis subdeco, alors que maintenant ça s'appelle le SCP, où ça a des noms différents, Neoma et tout, dans les régions. Mais à l'époque, je voulais HEC absolument. Et j'ai vraiment bossé le provincial qui vient à Paris, qui a une chambre près de Carnot. qui travaillent tous les soirs jusqu'à 2h du matin. Et c'est pas une période agréable du tout. J'ai un très mauvais souvenir. J'étais pas heureux, mais bon, je me sais.

  • Speaker #1

    Pour l'anecdote, c'est marrant parce que ça nous fait un point commun. Quand j'ai terminé mon bac, je pouvais aller aussi au lycée Carnot en ECE. Et moi, ce qui me motivait, entre autres, c'est que... Alors, il y a beaucoup de personnalités qui sont passées par Carnot, mais il y a les Daft Punk aussi. Je ne sais pas si tu sais, mais les Daft Punk sont passés par Carnot.

  • Speaker #2

    Non, mais... Je sais pas si c'était en préparation commerciale, mais HEC, il y a une devise qui était de longtemps apte à tout et bon à rien Et moi j'ai des amis de HEC qui ont été comme moi dans la pub, d'autres qui ont été dans des grosses boîtes, d'autres qui ont été dans le cinéma. C'est vraiment une formation qui… qui laisse après le choix entre beaucoup de possibilités.

  • Speaker #1

    Ok, donc tu fais HEC, et donc là tu vas rentrer chez Procter & Gamble, c'est une boîte américaine ?

  • Speaker #2

    Oui, qui vend des lessives, toujours, bon, réel, ariel, bonnux, tu es un leader des... il y avait trois boîtes, il y avait Procter, Colgate et Le Vert. Procter et Lager. C'est là où j'ai vraiment appris encore plus qu'à HEC.

  • Speaker #1

    Et si on essaie d'être un peu spécifique, est-ce que tu te souviens, tu as appris des trucs en particulier ? Tu as été une belle maison du coup ?

  • Speaker #2

    J'ai appris, je vais citer deux choses. D'abord, j'ai fait comme tout le monde un stage de vente. Je partais avec ma petite camionnette, j'avais comme 23 ans, 4 ailes à l'époque. Et tous les matins, je partais et je devais faire 15 visites. et à voir tout ce qu'on en a. Et je n'avais pas de formation. Mais il y a une telle formation intelligente à la vente chez Procter que je vendais, qu'on arrivait à vendre. Est-ce que j'étais doué ? Je ne sais même pas. Mais savoir rentrer dans un magasin, quand on vous dit moi j'entrais à midi dans les épiceries vous ne vous foutez pas la porte, vous vous dites écoutez, on n'a pas le temps maintenant Il faut garder son calme et dire non mais j'ai le temps, je reste, il faut aller voir les stocks Ah non, pas question, vous y alliez. Non, non, mais écoutez, je ne vais pas déranger, j'y vais juste 15 secondes et vous allez au stock. Et après, vous avez préparé votre vente. Vous savez que l'épicerie vend 15 caisses de Benux par mois, je ne sais pas combien, et vous avez donc, en fonction des promotions et tout, préparé. Et vous ne dites pas de quoi vous avez besoin. Vous dites, j'ai vu votre stock, je connais vos chiffres habituels. Je vous propose ça. Et vous avez une feuille là. Et bon, vous arrangez pour en mettre un peu plus, peut-être pas beaucoup plus. Vous négociez. Et la négociation perd. Donc, vous arrivez à vendre, je vais dire, même si vous n'êtes pas doué pour la vente. Les objections. Les objections, c'est un ballon. Un ballon qui doit se dégonfler. Et je m'en sers beaucoup dans mon métier après. Non, mais là, j'en veux pas. Telle raison. c'est pas intéressant, j'en ai trop, vous dites jamais non, vous dites je comprends très bien, oui, non, je suis d'accord, mais, et vous renez, donc je vous propose ça, jamais de conflit, enfin, j'ai appris ça, c'est un peu rapide, mais c'est vraiment, c'est bon, j'y reviens après. Deuxièmement, j'ai appris un truc capital, être bref, Maxime, favorite, c'est soit bref et tais-toi. Je suis un peu bavard que c'est des reviews, mais si je suis trop bavard, vous couperez. Mais moi, je n'aime pas les dossiers. Quand j'ai eu beaucoup de collaborateurs, maintenant aussi, quand ils me présentent un dossier, ils disent ça ne m'intéresse pas, tu me laisses ce dossier, je voudrais qu'en une page, tu me résumes exactement ce que tu veux, ce que tu recommandes. Et chez Procter, tout marche comme ça. Si vous recommandez la... le lancement d'une lessive en Amérique du Sud, en Afrique, peu importe, vous devez avoir la recommandation, qui est un mot-clé, en une page. Quand vous êtes jeune, vous la refaites 19 fois, 20 fois. Non, là, il y a un mot de trop, ça ne sert à rien, le mot que tu as mis, vous arrivez à quelque chose qui, à un moment, a des allures, et qu'on vous a tellement sabré, qui est bien. Et puis ça monte. Ça part du bas, ça monte et ça va jusqu'au président de Procter & Gamble qui dit... Et là, vous avez aussi une troisième chose, toujours recommandée. C'est-à-dire, jamais quelqu'un qui vient à votre bureau et vous dit, Il y a trois solutions. À vous, M. le Président, de choisir. Jamais ça. Dès qu'il vous présente une chose, quelle est ta recommandation ? Quel est ton point de vue ? Je suis d'accord ou pas, mais quel est toi ton point de vue ? Vous obligez la personne qui est en dessous de vous. Vous obligez la personne à vous réfléchir à quel est sa recours. C'est les mots, le jargon. Et donc, j'ai fantaisiquement appris chez Procter. Et voilà. Alors ensuite, au bout de cinq ans, soit vous y restez toute votre vie. Et pourquoi pas ? Vous aurez un très, très bon boulot. Soit vous avez envie de changer. Au bout de cinq ans, c'est le moment de la chanter dans la pub.

  • Speaker #1

    Donc, tu as appris beaucoup sur le terrain, la vente, la concision. Et c'est marrant parce que moi... Un de mes métiers, j'accompagne des entrepreneurs qui veulent lever des fonds. On sollicite des gens qui sont très sollicités. Et ce qu'on fait ensemble, on travaille la concision. Parce que parfois, le plus dur, c'est de faire très court. On pourrait en parler, parce que comme tu es un grand communicant, je pense que c'est parfois plus dur de faire très court en quelques mots.

  • Speaker #2

    Il y avait d'ailleurs une épreuve à Gécé, qui s'appelait la méthode, où vous deviez résumer un... Tu devais résumer un texte de une dizaine de pages en 20 lignes. Et pour moi, j'y crois beaucoup et tu gagnes beaucoup de temps en ayant ce réflexe. Et puis, je suis producteur, tu as aussi un côté, tu as deux choses plus anecdotiques, mais un côté absolument informel. informel, sur un confinement qui fait que tu arrives, par exemple, tu tutoies ton président.

  • Speaker #1

    C'est étonnant.

  • Speaker #2

    À six échelons de loin de toi.

  • Speaker #1

    Ce n'est pas un esprit un peu américain ?

  • Speaker #2

    Si, c'est américain. Alors bon, on peut vous trouver ça ridicule ou pas, mais finalement, c'est plus facile de dire à quelqu'un je ne suis pas d'accord avec toi Le monsieur, je ne suis pas tout à fait d'accord avec vous. Bon, ça. Donc il y a une ambiance. Deuxièmement, il y a les horaires. Ils ont un truc qui, pour moi, le mec qui travaille, c'est pas le mec qui fait le plus grand nombre d'heures. Ça, je le vois, je l'ai vu dans d'autres métiers. C'est le mec qui a un rythme de travail le plus important du jour. Le grand président... Il y a 5 rendez-vous, le maire président a 2 rendez-vous, en 1 heure ou en 2 heures, peu importe. Et donc ils apprennent aussi ça. Alors on démarrait à 8 heures, on arrêtait à 17 heures, comme ça. Quand tu es assistant à 17 heures, tu as encore beaucoup de trucs à faire, tu penses, ça serait plutôt bien vu de rester un peu. On m'a dit quitter la chine qu'il y a 5h30-6h, ça veut dire que tu n'organises pas bien.

  • Speaker #1

    Bien sûr, la force à s'organiser et être productif.

  • Speaker #2

    Bon, tout n'est pas transposable parce que si on a des clients, comme j'ai eu après, tu ne peux pas les envoyer sur les roses à 17h30. C'est un métier où tu n'as pas de consommateur en face de toi.

  • Speaker #1

    Tu as beaucoup appris chez Procter & Gamble. Et après, en intro, tu m'as dit, avant de fonder RSCG, on va y venir, tu as eu une petite expérience dans la pub ?

  • Speaker #2

    Oui, ça fait trois ans, je suis dans une agence américaine. D'accord. Je savais Norman Craig & Cummell, NCK. Il y a un truc qui est intéressant, c'est qu'il y a un garçon, mon ami, qui a été à l'origine de Prodictement. toutes les grandes étapes de ma vie. Il s'appelle Bernard Brochand, qui a été maire de Cannes, et j'étais HEC avec lui. J'étais un ou deux ans plus jeune, mais dans la même équipe de foot. Il était capitaine, sympathisé, quand il est parti, c'est moi qui ai pris le capitana et tout, et on est devenus amis. Ensuite, ce garçon est rentré. Chef Procter, lui aussi, il m'envoyait, alors je me disais que ce que je vais faire après, je sais, il m'envoyait une lettre de deux pages en m'incitant à aller chez Procter. Pour être très honnête, à l'époque, je ne savais pas si Procter vendait des petits poids ou des clous ou des livres, je ne savais pas du tout. Il m'a décrit Procter, il m'a dit de vrai, tu apprends, il m'a fait vraiment comme il était aussi, il savait vraiment vendre et présenter les choses. Je suis allé candidater chez Procter et j'ai été pris.

  • Speaker #1

    C'est marrant parce que deux fois, quand tu es rentré à HEC et chez Procter, tu as fait confiance deux fois à des gens.

  • Speaker #2

    Ce garçon Bernard, au bout de quelques années de Procter, est allé lui aussi dans la publicité, chez la même agence. À un moment, il a voulu changer d'agence. Il m'a dit, il faut que tu rentres dans cet agent. C'est lui qui m'a vendu. l'agence de publicité où je suis allé, NCK. Après, Roussigla avec Desmarais, et c'était pas le premier choix pour être le troisième homme. Le premier choix, c'était lui. Ce qui était normal, c'est qu'il avait deux ans plus de maturité, et il a dit Non, je peux pas, parce que je suis dans une agence, des DB, où j'ai une carrière. Mais il y a un mec qui est formidable, il devait prendre, Kezac. Je suis rentré chez Rousségala après de l'envie.

  • Speaker #1

    C'est ton ami qui t'a recommandé auprès de Rousségala ?

  • Speaker #2

    Après, j'étais à Paris, je jouais au foot et j'habitais dans le même immeuble que lui, un peu par hasard, enfin pas par hasard, mais pas dans mon appartement, à Saint-Cloud. On jouait tous les deux au foot à Saint-Cloud, en promotion d'honneur à l'époque. Il a été président de l'association du Paris Saint-Germain. À l'époque, il n'y avait pas de société commerciale. Donc, c'était lui le président. Il devait nous rejoindre. Donc, pendant 4-5 ans, j'avais trop de boulot. Je dis, non, je n'ai pas envie de rentrer au comité, mais j'étais un peu un supporter VIP. Donc, j'allais à tous les matchs, j'allais à l'entraînement avec lui et tout. Et puis, à un moment, je suis rentré au comité et il était là. Et donc, ce garçon...

  • Speaker #1

    Ce comité, juste pour comprendre, ça faisait partie du Paris Saint-Germain ou c'était une association de supporters ?

  • Speaker #2

    Non, non, le Paris Saint-Germain, au début, était une association dont il était président. Il n'y avait que ça. Et ensuite, il a été permis aux clubs de football, associations, de devenir des sociétés commerciales. Et c'est là où on a cherché avec Bernard Rochon, justement, et on a trouvé Canal. qui a repris le PSG. Il y avait Canal où les gardes d'air pouvaient reprendre. C'est Canal qui a repris le PSG, qui a pris au début une minorité de blocage, qui n'avait pas le droit de prendre la majorité. Après, ils ont pris la majorité. Et après, la totalité.

  • Speaker #1

    Donc là, c'est passé en entreprise, le Paris-Saint-Germain ?

  • Speaker #2

    En entreprise. C'était commercial. Et l'association continue à exister. mais surtout des amateurs, des gens qui n'étaient pas professionnels et par exemple avaient des pouvoirs assez importants, mais qui avaient...

  • Speaker #0

    Il gardait la possession de la marque, la propriété de la marque, c'était important, et la propriété du droit d'inscription au championnat. Donc si l'association qui était à côté de la société commerciale, s'il y avait de mauvais rapports, il pouvait bloquer le système. Et donc Brochand était resté président de l'association, c'est le gendarme de Canal, Pierre Lescure d'Odiso, qui était président de la société commerciale. Ensuite, Brochon est parti à Cannes pour être maire. J'ai pris sa place à l'association. Et après, en 2006, quand Cannes Plus a vendu à Bazin, il m'a choisi pour être le patron du PSG commercial, du vrai PSG.

  • Speaker #1

    Du coup, si on revient sur ton parcours, en 1972, tu as 31 ans. Là, tu rejoins, comme tu l'as dit, Seguela et Roux sur les conseils de ton ami. C'est quoi, pour créer RSCG, qui sont les cadres initiales des cadres cofondateurs, et donc le C de KESAC, c'est quoi l'ADN à la base quand vous créez cette agence ? C'est quoi le postulat, l'ADN, le manifesto ?

  • Speaker #0

    Alors l'histoire, c'est que Roussé et Gala, deux garçons qui avaient monté leur agence depuis peut-être deux ans, pas longtemps, D'un, un grand créatif, on avait tous vu, Seguela, et l'autre plutôt le financier.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et les deux avaient démarré par des campagnes sur des budgets immobiliers, surtout sur des... À l'époque, c'était la grande période où il y avait beaucoup de construction, et ils recherchaient quelqu'un pour développer l'agence dans la grande conso, dans ce que j'avais appris chez Procter. les grandes marques, les marques consommateurs qu'on appelle B2C. Donc chercher quelqu'un du profil de Brochand ou de César, il y en avait d'autres bien sûr. C'est là où je suis rentré pour développer l'agence dans des secteurs beaucoup plus grand public. Honnêtement, j'ai réussi. Donc l'agence est rentrée, j'ai appelé tous mes... tous mes patrons, qui étaient mes patrons chez Procter & Gamble, en disant, voilà, je voudrais te présenter la jambe. Et en général, que ce soit Lubrin, que ce soit Jacques Barbe, que ce soit Bell, la fromagerie Bell, la plupart des patrons qui m'avaient apprécié chez Procter, on confiait non pas la marque numéro 1, mais la marque numéro 2 pour faire mes preuves et tout. Et on a grandi comme ça.

  • Speaker #1

    Et si on revient, tu nous as parlé de la complémentarité du coup, entre... entre les différents associés de RSCG. Moi, ce qui est fort de comprendre, c'est aussi une belle association. On sait que c'est un facteur clé de succès, quelque chose qui fait qu'une boîte, elle peut fonctionner. Mais c'est parfois pas facile aussi. Est-ce que vous avez mis du temps un peu à vous roder ? Est-ce qu'au départ, vous vous engueuliez ? Ou chacun trouvait... Parce que la difficulté, je pense, c'est que chacun trouve sa place. Chacun a sa zone de liberté.

  • Speaker #0

    Oui, le G est rentré trois ans plus tard. Le G était... Exactement le parcours que moi. HEC rentrait le même jour chez Procter et tout. Lui aussi il fallait l'intégrer. Donc la réponse est, on s'est engueulé beaucoup. On était d'accord sur les grandes lignes de développement de la genre. On s'est engueulé comme on s'engueule sur un terrain de foot.

  • Speaker #1

    Après c'est fini.

  • Speaker #0

    Après l'engueulade on se serrait la main ou pas d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Et on boit une bière.

  • Speaker #0

    Et on boit une bière et puis le lendemain on en parlait plus. Donc on a été...

  • Speaker #1

    T'es pas demandé finalement ?

  • Speaker #0

    Jamais demandé. Et je me sers beaucoup de ça quand je coach ou je conseille. Le secret, c'est pas le seul, il y a deux secrets de l'association. D'abord c'est d'être complémentaire, de se dire tout, de rien garder pour soi, de crever l'abcès quand on a des accords. Forcément il y en a avec des gens de profils différents. Le rouge c'est le financier. C'est égal à le créatif. Moi, disons, l'homme de marketing et manager, et mon ami Koudar qui est venu après, l'homme de l'international, puisqu'on a développé un réseau dans tous les pays du monde.

  • Speaker #1

    Et tu disais que vous étiez d'accord sur les grandes lignes. C'était quoi les grandes lignes de RSCG ?

  • Speaker #0

    Les grandes lignes, c'était la créativité avant tout.

  • Speaker #1

    Ok. Qui dans ton métier était primordiale, j'imagine.

  • Speaker #0

    Oui, mais il y a des gens qui privilégiaient le... satisfaction du client avant la créativité. Moi quand un collaborateur venait d'un client et qu'il me disait, je lui disais, ça s'est passé comment ? On a dit très bien, nos clients ont été contents. Je me dis mais je m'en fous pas vraiment. Est-ce que c'était bien ce que tu as vendu ? C'est une démarche complètement différente. Et on a amené, on ne veut pas dire qu'on méprisait les clients, on les écoutait au contraire beaucoup. Mais on n'était pas là pour leur cirer les ponts, on était là pour les conseiller, les aider, leur servir. Et très rapidement, ils le ressentaient.

  • Speaker #1

    Ce qui est assez logique, parce que je vois très bien ce que tu veux dire, mais quand on réfléchit, un client, des fois il va... payer un conseiller c'est peut-être aussi pour avoir un avis différent.

  • Speaker #0

    Bien sûr, s'il veut faire sa campagne lui-même, il n'est pas forcé de prendre une agence. Mais s'il la prend, c'est qu'il veut qu'elle ait une valeur ajoutée.

  • Speaker #1

    Bien sûr.

  • Speaker #0

    Et donc ça c'est capital. Il y a un maximum que je n'aime pas, c'est le client R3. Le client n'est pas roi. Le client, il est là, il te respecte. Si tu lui sers quelque chose, si il développe son business, mais il n'est pas là, tu n'es pas un esclave devant un client, tu es un partenaire du client qui cherche à développer avec lui son business. Si tu ne le développes pas, c'est une mauvaise vie. C'est la vie ça.

  • Speaker #1

    Ok, et donc RSCG, moi ce que j'ai lu, parce que du coup, tu m'excuses, mais c'est vrai que je n'ai pas connu la grande époque de RSCG. Donc j'ai lu que ça a grandi rapidement et que ça devient une des agences leadeuses en Europe et dans le monde. Tu nous en parlais, après vous avez ouvert des sites un peu partout sur la planète. J'ai même lu qu'on parlait du carré magique Roo, Segela, Kezak, Goudar, donc quatre communicants. Vous êtes du coup monté à combien à peu près de chiffre d'affaires ? Tu disais 16 000 collaborateurs aussi ?

  • Speaker #0

    Non, alors vous m'avez expliqué qu'il y a eu des étapes. On n'est pas passé tous les quatre seuls à 16 000. On est passé tous les quatre, c'est déjà bien, à des agences en province, des agences partout internationales, à quatre ça. Et on était peut-être 5-6 000. C'est pas mal.

  • Speaker #1

    En France ?

  • Speaker #0

    Non, dans le monde.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Dont les 70% en France. Là, on a eu un problème, c'est qu'on n'avait pas de... et pas d'actionnaire de fonds riches et donc tout ça c'est avec un autre couteau donc donc un moment on a eu beaucoup d'endettement trop d'endettement bancaire du coup bancaire on avait un compte d'exposations qui était plutôt correct et tout il fallait qu'on trouve une solution faire entrer fonds comme toutes les boîtes à un moment tu es dans tous les pays du monde tu peux pas T'as beau être malin, t'as pas les moyens. On s'est payé très peu au début pour développer la boîte et tout. Et donc, on a ce problème d'endettement qu'il fallait régler. Et là, on a vu beaucoup de gens. On avait une très bonne image. Et on n'avait jamais voulu se vendre tant qu'on marchait bien. Ce qui est peut-être une connerie, là. Je serais aujourd'hui pas ici, je serais dans un château. Parce qu'à un moment, on avait une cote phénoménale, on était invité par les réseaux américains qui voulaient acheter de la part de marché, et tous les quatre, on y allait, et en sortant, on rigolait, on restait ensemble, seuls, indépendants. Ce qui n'est pas forcément ce qu'on a fait de mieux, parce qu'à un moment, on a été obligés de trouver la solution, alors qu'à l'époque, quand on n'était pas obligés, on était sollicités. pêché d'orgueil probablement, goût de l'indépendance à tout prix. C'est pas forcément un modèle. Mais on l'a fait comme ça, on a été heureux comme ça, jusqu'au jour où on s'est revendu à Avas. Donc, RSCG plus Avas, on fusionnait. La vérité, c'est qu'ils ont racheté. Mais on a gardé toutes les... tout le pouvoir. Moi j'étais patron de la France, coup d'art international, c'est guérilla de la création, roux était parti. Et c'est là où on s'est développé, on était la première agence d'Europe, nettement, et la cinquième agence du monde avec Avas, et on s'est au début appelé Euro RSCG, et après on a pris le nom d'Avas, et je suis parti.

  • Speaker #1

    Et si on revient sur les... Un peu les grandes campagnes que vous avez faites. Moi, j'ai lu que vous avez fait la campagne en 1981 de François Mitterrand.

  • Speaker #0

    On a fait beaucoup de grandes campagnes. Le Citroën, Philips, Wulit, Jacques Vabre et tout. Mais on a fait la campagne de François Mitterrand.

  • Speaker #1

    Et ce que tu peux nous raconter, c'est quoi la différence entre faire une campagne pour une marque de Procter & Gamble et faire une campagne pour un potentiel futur président de la République ?

  • Speaker #0

    Au début, il y a peu de différences. Les gens qui nous critiquent, ou qui critiquent, disent qu'un homme politique, ce n'est pas un objet. Si, c'est un produit. Il faut... Et à un moment, le rôle d'une agence de pub, c'est de faire, que les mots plaisent ou pas, c'est en fait de faire des marques qui s'occupent des produits. des stars de leur univers. Les stars du café, les stars des distributeurs et tout. Et le but de la LEC du président de la République, du fait de la LEC du président de la République au suffrage universel, c'est qu'il doit être un monsieur compétent, et qu'il devienne une star pour tout le monde. Une star c'est quelqu'un qui a un programme, Quelqu'un qui a un caractère très clair, très profond et qui a un style. Et cette marque personne, on l'appliquait aussi aux marques. La marque, je ne sais pas moi, Citroën, peut avoir un physique. Le physique, c'est, je ne sais pas, sa vitesse, son avantage, son bénéfice consommateur, sa vitesse, sa sécurité, je ne sais pas quoi. Le caractère, c'est en profondeur, je ne sais pas, c'est une marque technologique, la technologie. innovatif caractère de volvo c'est la sécurité caractère le style c'est la façon de se mettre en avant et le style ça peut changer le physique Ça peut changer aussi, vous pouvez... Tu peux vendre la vitesse pour une voiture une année, et l'autre année, tu vas avoir envie de vendre la ligne, par exemple. Mais ce qui ne change pas profondément, c'est l'ADN de la marque, c'est le caractère. Et pour un homme politique, ce qui ne change pas... font d'eux-mêmes ce caractère. C'est pour ça que je suis très méfiant par les politiques quand on parle du Rassemblement National. Je ne dis pas ça pour politiser.

  • Speaker #1

    Mais l'ADN, ça reste. C'est la base, le socle.

  • Speaker #0

    Quand on dit qu'ils ont beaucoup changé, que ça n'a plus rien à voir, je ne le crois pas. Parce que l'ADN, j'ai appris dans toutes les marques dont j'ai les hommes politiques, les partis, que l'ADN, c'est très profond et ça restait. C'est un ADN auquel tu adhères ou pas. Je n'adhère pas à cet ADN-là, personnellement. Et donc, je ne crois pas avoir. Donc voilà. Donc, Mitterrand, on a d'abord recherché le caractère qui le... Comment dire ? C'est difficile. Qui le qualifiait le mieux, après beaucoup d'études, après des études de marché, après avoir questionné des gens. Et aussi un caractère qui intéresse les gens. Si le caractère, c'est timide. Tu ne vas pas être pris dans la public avec une actrice. Et on a donc découvert un caractère qui était la force tranquille. On disait la force tranquille, c'est Mitterrand, il a un affront costaud sur lui, puis il a l'air complètement serein et tout. La force tranquille est devenue le caractère de marque de Mitterrand.

  • Speaker #1

    Est-ce que la force tranquille, qui était le slogan de Mitterrand, du coup ça venait de RSCG ?

  • Speaker #0

    Complètement. Ok. Complètement, en travaillant de très près avec lui. Le physique, c'est le programme, enfin, le principal point du programme. Le style, c'est la façon de se comporter, c'est de paraître. Bon, je ne vais pas prendre des exemples, mais il y a des présents dans le public qui ont été desservis par la façon de se comporter, par leur physique. Bon.

  • Speaker #1

    Bien sûr.

  • Speaker #0

    Donc voilà, c'était ça, le boulot, la force tranquille. Et ce qui est très intéressant... C'est que moi, je n'étais pas pour. Je pourrais revendiquer la victoire. Pourquoi ? Parce que quand on est plutôt à gauche, c'est mon cas, on ne peut pas faire une campagne pour la gauche. L'intérêt de la campagne est de séduire les gens de l'autre camp, à droite. une droite traditionnelle, disons, que Mitterrand est une option possible. Et donc tu es obligé de faire une campagne qui soit un peu une campagne de droite. Si tu fais une campagne de gauche, les mecs sont déjà convaincus. Tu fais une campagne de droite, et donc le décor qui était un peu pétiniste, clocher, tout ça, c'était vraiment un décor plutôt de droite. Et donc je travaillais un peu bien sûr. J'étais mal à l'aise avec ça. C'est gars-là qui est plus décontracté que moi sur la politique. Il est très à l'aise.

  • Speaker #1

    Du coup, ça m'amène, j'ai deux questions à te poser déjà. Avant, vous travailliez essentiellement pour des marques, des entreprises, donc il n'y avait pas forcément d'idéologie. Là, finalement, vous travaillez quand même pour un président qui était au Parti Socialiste. Est-ce que c'est avant de prendre la décision d'aller travailler pour lui, là vous allez, si vous réussissez la campagne, potentiellement vous allez favoriser son accession au pouvoir ? Est-ce que du coup ça a été un sujet ? Et tu vois, toi tu as dit que tu étais de gauche, je ne connais pas Jacques Seguéla, mais j'ai l'impression qu'il est plutôt à droite.

  • Speaker #0

    Ça dépend des années.

  • Speaker #1

    Ça dépend des années, d'accord. Est-ce que c'était un sujet, en tout cas entre vous, de dire on accompagne un homme politique ?

  • Speaker #0

    Par exemple, sur Jeux.la... Si la situation a été telle qu'elle, on a oublié que Goudard était plutôt à droite, parce qu'après il a conseillé Chirac à Goudard, que Bernard Roux aussi plutôt à droite, moi plutôt à gauche, quand même fois une gauche modérée, et pour se dire, finalement, c'est un exercice de communication. On y va, on est tous les quatre d'accord.

  • Speaker #1

    Il a pris comme un nouvel exercice aussi, qui était riche en apprentissage.

  • Speaker #0

    Il y a des limites à ça. Il y avait le Front National, par exemple à l'époque, on aurait dit la même chose, Bon, je fais partir Mais Mitterrand était, bien sûr, il pouvait gêner beaucoup de gens, mais il était quand même acceptable. C'était pas un...

  • Speaker #1

    Républicain, humaniste...

  • Speaker #0

    C'était pas Mélenchon, c'était pas Bardella. Donc il y en a beaucoup. moins extrémistes. Mais on a été courageux parce qu'on a quand même une perte des clients.

  • Speaker #1

    Moi je ne veux plus vous voir. Le Real,

  • Speaker #0

    à l'époque Jacques Vrave et tout, ils ont mis au banc. Ce qui est très intéressant, c'est que quand on a commencé à travailler pour Mitterrand, il avait 30% d'intention de vote. Donc il n'était pas du tout un favori. Il est allé et on l'a fait gagner. Et les gens qui étaient contre nous, au début, au mois prochain, ils se sont dit, mais ils ne sont pas si nuls.

  • Speaker #1

    Ils ne sont pas assez au-dessus de l'idéologie, ils se sont dit, ils sont performants.

  • Speaker #0

    Un mec qui font comme élire un président de la République qui n'était pas favori. Donc bon, il devrait bien réussir sur ma marque. Donc ils sont venus.

  • Speaker #1

    Est-ce que, parce que maintenant on sait que les politiques font appel à des sociétés privées pour se faire conseiller, Est-ce qu'en 80, c'était fréquent pour les hommes politiques ?

  • Speaker #0

    Je me souviens un peu très bien, mais non, je dirais. D'accord. Non, non, il n'y avait pas de... S'il y avait eu des campagnes, s'il y avait eu des campagnes Chirac, mais qui n'étaient pas certainement envergues. S'il y avait eu ce cours à la droite revient, ou des campagnes avec des gens très dynamiques qui étaient à la droite du temps de Chirac, s'il y en avait eu. En général c'est souvent nous d'ailleurs, on est à la CG, et qu'on avait aussi à un moment fait une campagne, c'était pas les mêmes personnes parce qu'on ne vise personne à travailler, un collaborateur à travailler sur une cause contre laquelle il est, c'est que des volontaires. Et il y en avait qui avaient travaillé sur quand même les Chirac et tout, et d'ailleurs après Seguela était conseiller de Sarkozy, tout ça. Donc j'étais le seul je dirais qui était un... un petit peu un petit peu idéal.

  • Speaker #1

    Et du coup, si on avance un petit peu dans ton parcours, en 1984, tu deviens président de RSCG, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Oui, d'abord RSCG France et après Euro RSCG Worldwide, c'est-à-dire la fusion des agences de Davos et de l'ensemble du réseau mondial.

  • Speaker #1

    Ok. Et est-ce que c'était ton souhait ? Et pourquoi du coup tu as été nommé, choisi par...

  • Speaker #0

    Prévis par le président Navas.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Il y avait un président Navas, Saldaldi, et puis il y avait le réseau Euro-RCG qui était le gros réseau mondial. C'est le président Navas qui m'a choisi.

  • Speaker #1

    Et est-ce que... C'est quoi, ça consiste en quoi, le métier de président ?

  • Speaker #0

    Ça consiste à, d'abord, tout dépend, si tu es président d'une boîte de 20 personnes et de 15, 16 000, c'est un peu différent, bien que les mêmes qualités soient importantes. Mais, donc, quand tu es président d'un réseau mondial, tu dois aller dans tous les pays, connaître les gens, les voir, les conseiller, vérifier leurs chiffres, les contrôler, etc. Quand tu es président d'une PME, qu'au début c'était une PME, là on parle de la fin, Tu dois être près des gens, tu dois être accessible, tu dois faire en sorte que les jeunes aient la parole, qu'ils aient le droit de rentrer dans ton bureau pour te dire je ne suis pas d'accord là-dessus tu te acceptes, tu discutes, mais ce n'est pas parce que tu as un beau bureau que tu es un bon président. Il faut aimer les gens, il faut aimer les autres, les critiquer, les aider. Leur dire qu'on ne les sent pas bons, c'est important ça. Leur dire qu'on les sent bons aussi, mais leur dire qu'on ne les sent pas bons, pourquoi ? Pour les améliorer, leur dire tu devrais faire ça, ça et ça. Donc on doit être très proche des gens. Je dirais que c'était une de mes qualités un peu reconnues si j'étais... J'ai toujours été proche des gens, qu'on soit petit, voyant ou gros.

  • Speaker #1

    C'est peut-être lié aussi à ton parcours, du fait que tu viens d'un milieu entre guillemets normal, à Évreux, et puis que tu as côtoyé aussi, tu as été à HEC, donc tu as côtoyé peut-être un milieu social différent, et finalement tu sais parler un peu à tout le monde.

  • Speaker #0

    Oui, oui. Oui, je mangeais dîner avec des présidents de la République et puis des... pas des voyous, mais des copains qui étaient d'une autre profession.

  • Speaker #1

    Et donc, si on avance, parce qu'après, on va évidemment parler du Paris Saint-Germain, sur la fin du chapitre RSCG, du coup, en 2005, tu décides de quitter RSCG, et notamment, je crois, parce que Vincent Bolloré avait pris le contrôle de Euro RSCG, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Absolument. Vincent Bolloré prend le contrôle petit à petit, 5%, 10%, 4%, 20%. Et comme on n'avait pas d'actionnaire majoritaire important, avec 20-25%, il était le plus gros actionnaire. Et donc il gagne une assemblée générale et il prend le pouvoir avec 25%, je ne sais plus à l'époque, contre lesquels nous on avait lutté parce qu'on voulait qu'Avast garde le pouvoir.

  • Speaker #1

    Comment c'est possible, si je peux me permettre, qu'il prenne le pouvoir parce que la boîte était cotée ? Et racheter des actions ?

  • Speaker #0

    Oui, absolument. Absolument, c'est ça. À partir de X%, 35%, tu vas faire une OPA, mais si tu es moins, si tu arrives à prendre le pouvoir sur une OPA, tu n'es pas obligé de tout racheter. Donc tu prends le pouvoir à bas prix. Comme c'est un grand financier, il a très bien navigué, il a pris le pouvoir.

  • Speaker #1

    Est-ce que pourtant, il y avait un... Entre vous, j'imagine que vous parliez, vu que c'était un actionnaire. Est-ce qu'il y avait un espèce de gentleman agreement sur comme quoi il ne devait pas monter au capital ? Et c'est ça qui t'a déçu, entre guillemets ?

  • Speaker #0

    Le gentleman agreement n'est pas tellement l'expression, parce que j'étais quand même neuf ans en procès avec lui.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Mais non, non, il n'y a pas d'agrément. On a essayé de travailler. ensemble au début, et moi en disant, il a gagné, il a gagné, et on a eu beaucoup de mal, on n'avait pas les mêmes choses, et moi, j'ai dit, je veux partir. J'avais une clause qui me permettait de partir s'il y avait un changement d'actionnaire. J'ai dit, je la fais jouer, je veux partir, alors je crois pouvoir dire qu'il souhaitait que je reste, parce que bon, pour différentes raisons. Et cette clause qui n'ont pas... respecter l'avant. Je ne veux pas rentrer dans les détails du procès, qu'ils n'ont pas reconnu, qu'ils n'ont pas respecté. Il y a eu un procès de 9 ans où j'ai gagné finalement. Je demandais pas énormément, je demandais de partir parce que prévoyait le contrat deux ans de salaire. Donc j'ai gagné mais il y a eu 9 ans difficiles. Mais bon, c'est la vie et chacun jouait sa. Chacun jouait son rôle. Mais moi, je ne sentais pas rester. Ce n'était pas mon truc. Tiens, j'ai lu une citation de Victor Hugo hier. Soyez comme la roi. Changez vos feuilles, jamais vos racines. Changez vos opinions, gardez vos principes.

  • Speaker #1

    C'est une belle citation. Je ne l'avais jamais entendue, celle-là.

  • Speaker #0

    Moi non plus. Je l'ai pas entendue. Moi, je la trouve fabuleuse.

  • Speaker #1

    Pour Claude, le premier gros chapitre professionnel de ta vie, autour justement de la communication, etc. C'est quoi finalement un bon communicant pour toi ? Sachant qu'aujourd'hui, on est quand même dans un monde où je trouve qu'on communique de plus en plus. Qu'est-ce que c'est un bon communicant ?

  • Speaker #0

    C'est très large, mais c'est quelqu'un qui, d'abord, respecte l'autre, qui écoute, et ensuite qui sait... répond de façon sincère, alors que tous les hommes politiques n'appliquent pas mes principes, mais de façon sincère, directe, brève, sans régressivité. Quelqu'un qui a des conceptions simples, mais qui ne changent pas de racines tous les huit jours, et qui ensuite exprime ça de façon claire, très synthétique et très accessible aux communs des mortels. Et on souffre de ça parce qu'il y en a assez peu qui réussissent cet espoir.

  • Speaker #1

    Qui restent ancrés, oui.

  • Speaker #0

    On comprenait bien ce que disait Mendes-France, on comprenait très bien ce que disait Delors, on comprend bien ce que disait Sarkozy. Il y en a qui arrivent, d'autres c'est quand même plus confus. Il faut vraiment avoir fait, je vais dire, Elena Réunie pour... Ils comprennent quelque chose.

  • Speaker #1

    C'est vrai, il y a un sage que j'ai interrogé sur cette saison qui me disait en off, justement, que le problème des hommes politiques, entre autres, c'est qu'on ne comprenait plus ce qu'il disait. Et il disait qu'au moins, à Jacques Chirac, qu'on aime ou pas, il parlait assez simplement aux gens.

  • Speaker #0

    Oui, je dirais le problème de Macron, par exemple. C'est un problème de communicant que je donne, pas du tout un problème politique, pas du tout un problème de vue politique. C'est qu'il parle très bien, il est extrêmement brillant, d'une intelligence rare, mais pas accessible. C'est-à-dire, au bout de... Il débarque bien, cinq minutes, et après il rentre dans des concepts qui sont très intelligents, mais techniques. Alors que, oui, comme tu dis, Jacques Chirac, ou Sarkozy, ou même Mitterrand, ou De Gaulle, Tu comprenais, quand il a dit vive le Québec libre ou je vous ai compris il a été communiquant, il a trouvé les formules. On a aimé ou pas, il y en a qui ont pas aimé, je peux comprendre. En tout cas, il a trouvé les formules. Donc être un mot communiquant, c'est de traduire de façon simple, directe et sincère. Quand on n'est pas sincère, ça se voit tout de suite. Sincérité capitale.

  • Speaker #1

    Tu as fait la campagne avec RSCG de François Mitterrand. Est-ce que tu l'as rencontré souvent ?

  • Speaker #0

    Souvent, non, mais je l'ai rencontré. Et surtout, j'ai un souvenir à la fois drôle et très fort pour moi. Quand il a été élu président, au bout de 10 jours, pour nous remercier. Il est venu dîner avec nous, je sais qu'il y a là, monsieur et madame Ségala, monsieur et madame Kézak, monsieur et madame Mitterrand, monsieur et madame Goudard. Il vient, donc c'était un peu impressionnant. Au début...

  • Speaker #1

    Le nouveau président de la République, quand même.

  • Speaker #0

    Oui, le nouveau. Alors, il est venu sans aucune... sécurité, taxique, il a venu poser là en chauffeur mais sans rien du tout. Il rentre, il marche comme un marchand météorant, on était un peu, un petit peu impressionné. Ce gars-là il a l'art pour mettre tout le monde à l'aise, on dîne et là on devient, je dis pas copain, mais comme un dîner avec des amis. Jouer à un jeu avec ces gars-là, il avait formé un gouvernement avec mon roi, de mettre des notes au ministre. On a dit, monsieur le président, vous avez mis ce bon part de navigateur, 13 sur 20, je ne sais pas. Il était ravi. On se permettait de mettre des notes. Vraiment, il m'a dit, moi j'ai joué au foot aussi, j'étais un gardien de but. On a vraiment sympathisé.

  • Speaker #1

    Il s'est pris au jeu, il est rentré dans le jeu.

  • Speaker #0

    Et alors le plus drôle, à la fin du dîner, on prend un verre, un café, et il se tourne vers moi parce que moi, je suis assez gratté chez lui, moi je partais aussi. Comme on dit à un copain, vous pouvez me pousser à la rue de Bièvre ?

  • Speaker #1

    Vous pouvez me pousser à une ?

  • Speaker #0

    A la rue de Bièvre. D'accord. À l'hôpital. Je me dis putain, dans mon fort intérieur, je me dis rue de Bièvre, je connais pas. pas très bien Paris.

  • Speaker #1

    Parce qu'il n'y avait pas les GPS à l'époque, donc il fallait connaître... Non,

  • Speaker #0

    je me vois ouvrir la fenêtre de la voiture et dire Vous pouvez m'indiquer la rue de Bièvre ?

  • Speaker #1

    Avec le président à côté ?

  • Speaker #0

    Et sa femme à côté, et ma femme probablement. Mais je dis Je ne peux pas dire non.

  • Speaker #1

    Non, c'est impossible de refuser.

  • Speaker #0

    Bien sûr, j'ai le président. Et j'étais venu avec la voiture de ma femme, un vieux... Une vieille bagnole, qui était un peu dégueulasse, une Volkswagen, pas dégueulasse, vieille, pas très bien entretenue, enfin vraiment quelque chose de pas très présentiel. J'ai dit, putain, je vais faire Paris, Saint-Jean-Pau, Elbière, avec une voiture merdique et tout. J'ai dit, ben oui, non, ok, j'y vais. Et là, je suis sauvé par ces gars-là, qui lui, en général, plus conflits que moi, qui en plus étaient ravis et très fiers de... Vous savez... T'en fais pas Alain, je vais ramener le président. Il m'a dit, vas-y, t'as une voiture ? Non, non, j'ai pas besoin. J'ai dit, prends la mienne. Il a pris ma vieille baignole et a raccourci le président. C'est drôle.

  • Speaker #1

    C'est une sacrée anecdote.

  • Speaker #0

    Et au cours du même dîner, il nous dit à la fin, tiens, je cherche un président pour Europe 1. C'est incroyable à l'époque. Robin a été nommé par le président de la République, Chirac avait nommé, je ne sais pas qui, bon. Vous ne connaissez pas quelqu'un ? On réfléchit, puis Goudard et moi, on est très amis avec un HEC très brillant qui s'appelle Pierre Barré. Je ne sais pas si tu te souviens, qui a été président de l'Express, et de repas après, qui a écrit des bouquins. Il était un type formidable, il est à l'Express actuellement. C'est Pierre Barré. Je ne connais pas. Il dit, je ne connais pas, je n'ai pas envie de parler. Écoutez, il a écrit des livres, et on lui cite les livres. livre évoque quelque chose en lui alors que la carrière économique politique rien assez de lui qui a écrit ça très intéressant problème si j'ai pas ses coordonnées moi mais nous à son portable on lui donne portable lendemain il appelle le seul lendemain il nommé président d'europa d'accord s'appelle pierre barret qui a dit ensuite marié avec mireille d'arc et après donc Ça, c'est intéressant quand on a une idée, parce que ça montre qu'à l'époque, il y avait vraiment très, très... Alors, aujourd'hui, déjà, on critique le fait que les industriels contrôlaient les médias. Enfin, à l'époque, c'était encore plus vrai, puisqu'il les nommait parfois.

  • Speaker #1

    Tout à fait, oui. Attends, il y a peut-être une séparation un peu plus forte.

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui.

  • Speaker #1

    Relative.

  • Speaker #0

    Relative.

  • Speaker #1

    Ok, si on revient du coup sur ta présidence au Paris Saint-Germain. Donc, en 2006, tu es nommé président. Comment ça se passe ?

  • Speaker #0

    Alors curieusement, j'étais quand même déjà au PSG depuis 20 ans. Ouais, 1984. Je suis arrivé quand mon ami Gérard Rouillet, qui est ici, aujourd'hui disparu, était entraîneur. J'étais au conseil depuis 20 ans. D'abord, j'ai failli faire une grosse bêtise. Canal+, voulait partir. On était stratégiquement plus dans le... dans ce qu'il voulait. J'ai acheté des repreneurs. Le président de l'époque s'appelait Grail. Francis. Tous les deux, Grail et moi, on dit on va racheter le PSG. On n'avait pas de payant. Moi j'avais un million d'euros que j'avais de francs, d'euros à l'époque, que j'avais comme j'étais déjà actionnaire de l'association, que j'avais gagné. Lui avait un million, deux millions. Puis on fait un montage, moi j'appelle par mes relations de banquier, j'appelle quelqu'un qui met de la musique dans les téléphones, 1, 2, 3 multimédia, concurrents d'index et tout, et qui dit oui d'accord, ça m'intéresse, je mets 10 millions. 10, 11, 12, on trouve, et on avait signé un protocole à 19 millions. Aujourd'hui il vaut 4 milliards et demi. Il a fait grand.

  • Speaker #1

    Il aurait fait une belle plus-value.

  • Speaker #0

    Oui, on ne l'aurait pas fait. Le matin de l'après-midi, on va signature chez Bertrand Meilleu, à l'échange de mon bar et tout. Le mec me téléphone, qui avait promis des millions, me dit je me retire On dit on va vraiment avoir l'air malin, chicanal Et Grail dit On y va quand même, on va trouver Bon, on y va. On lui dit Écoutez, on vous laisse un mois pour trouver Et après, il y a eu au parc des incidents contre Grail de la part des supporters qui ne pouvaient pas voir un type de la sécurité. Donc, moi, j'étais à côté de mes venus. Quoi qu'il en soit, écoute, moi, je ne peux pas avoir de clave quelqu'un qui est aussi impopulaire et tout. Et donc... On n'a pas acheté. J'aurais fait l'euro de ma vie, ma femme, on aurait divorcé. On aurait acheté, disait Filiot, on aurait monté un truc dans lequel on gardait le pouvoir, avec très peu d'argent. Mais on n'aurait pas réussi à acheter un joueur. Le PSG est riche parce qu'ils ont acheté tous les ans 10, 20, 30 millions, 100 millions, tout ça. Donc un club de foot, c'est pas le prix d'achat, c'est l'argent qu'on peut remettre après.

  • Speaker #1

    Pour investir, ouais,

  • Speaker #0

    pour le développer. Et moi, j'aurais pas un bon but de jeu. Donc ça aurait été un désastre. Bon, alors, ça c'est l'erreur que, heureusement, je n'ai pas faite, mais bon, j'ai bien failli la faire. Et ensuite, canal, canal rentre dans la dent, non, comment dire, c'est... comment c'est passé, c'est... Il y a une négo entre Canal et Bassin et Colonie Capitale. Et là, je suis en vacances Courchevel, dans une boîte qui avait beaucoup de bruit, et Bassin m'appelle. Je ne connaissais pas du tout.

  • Speaker #1

    Tu étais le président de Colonie Capitale ?

  • Speaker #0

    Il m'appelle et me dit Monsieur Kézak, je suis à New York, là-haut, je suis pas là. Je suis en train de racheter le Paris Saint-Germain. Est-ce que vous voudriez être le président ? Parce que beaucoup de gens m'ont dit, c'était Franck Riboud, Chonu, d'autres, ont dit vous aviez le profil type, vous adorez le club, vous y êtes depuis 30 ans, vous êtes chère dans vos entreprises. Ah bon, c'est un jeu. Je souhaite vraiment... Je dis écoutez, j'entends rien. On se rappelle demain. J'étais dans la boîte de Cochevel.

  • Speaker #1

    Il était en train de danser.

  • Speaker #0

    Ouais, un peu, oui. Et donc, le lendemain, on se rappelle, il y avait encore une négo, parce qu'il y avait un autre candidat, à lequel vous vous êtes associé. Moi, je lui ai dit, je viens avec vous, mais si vous êtes seul associé. Bon, c'est vrai qu'après, il y a eu Butler, il y a eu Morgane Sandlé, mais le majoritaire, c'était les colonies. Donc je dis, ok, si vous le faites, on fait la nuit des longs couteaux entre Colonie-Capitale, Basin, Méheu, Bompard et moi. Bompard et moi étaient plus silencieux, mais les deux qui étaient vraiment leaders, c'était Basin et Méheu, présents du canal. Il présente le colonneur, il passe toute la nuit, le bassin qui sentait bien qu'il voulait à tout prix vendre, il négocie et comme il sait le faire, très bien. Donc il n'y a pas d'accord. À 5h du matin, il me dit, on va manger un morceau, je dis, ah non, je rentre. Le lendemain, il m'appelle, il me dit, écoute, ça y est, on a renégocié aujourd'hui, le lendemain, j'achète le club. Donc je te... Encore. on se citoyer parce que c'est un peu le style et je dis ben d'accord je ça m'intéresse voilà écoute on a rendez vous donc les canades plus pour signer cet après midi 15h pour nous je suis à chicago j'arrive à midi et on se connaît pas du tout uniquement à jimois chechet dans mon agence, dans ma banque d'affaires, ça s'appelait Goetz à l'époque, c'était mon agent de sang, je lui dis écoutez ou écoute, je sais pas, peu importe, vous passez me prendre, et on aura une demi-heure avant le déjeuner qu'on doit avoir avec monsieur Pigasse de Lazare chez Laurent, pour se connaître. Demi-heure, demi-heure même pas, un quart d'heure dans la voiture. C'est pas grave. Et donc, on va chanter. Sébastien, Alain, tu vois. Ça marche tout seul. Je me dis tout de suite, c'est un mec qui a envie de... très libre, très libéré. Et on arrive donc avec Pigasse, qui est un type très fort chez Lazare. On arrive pour déjeuner. Et donc là, on se dit quoi ? On a l'impression qu'on était des copains de... de longue date. Donc, on dit oui, et après on va chez quelqu'un de plus, et là aussi je suis un très bon ami de Bassin, qui le connaît très bien, donc on signe. Alors qu'on ne s'est jamais vus, jamais vus, et qu'on a pris le contact chez le coup de fil à Courchevel. Et on se connaissait par relations communes, je vous dis, il y avait Franck Riboud, le patron de Danone, Christophe Chenu qui était... amis d'enfance, non pas d'enfance, d'école, de voisins, tous ces gens-là ont dit que Zaz serait pas mal. Ils ont peut-être même dit que ce serait bien.

  • Speaker #1

    Et donc tu es président du PSG pendant deux ans, c'était du coup l'époque, en entraîneur, tu avais Guy Lacombe et Paul Le Gouin ?

  • Speaker #0

    D'abord Guy Lacombe, un an et demi, après Paul Le Gouin.

  • Speaker #1

    C'était une présidence assez difficile quand même ?

  • Speaker #0

    Très. Très parce que... J'ai dû faire des erreurs, on a dû faire des erreurs, mais en tout cas, ce n'était pas du tout dû à l'actionnaire qui m'a laissé une liberté complète. C'est plutôt partenaire de moi, pas du tout emmerdant, mais j'ai joué un peu confiant. On avait une équipe un peu vieillissante, mais avec des noms quand même ronflants, des polétards et tout. Dans la période estivale, je négocie avec Pauletta pour que Lyon ne prenne pas. Donc je retiens Pauletta, je me débrouille pas mal. Je retiens un moment, on retaine des gens de Montréal qui voulaient partir. Et donc, je me dis, bon, ça va coller. Et la mayonnaise n'a pas pris. On perd le premier match contre l'Orient. Et ensuite, on n'est pas bon.

  • Speaker #1

    Et si on peut rentrer, pourquoi la mayonnaise n'a pas pris ? Parce que tu avais des individualités, en effet, qui étaient fortes, mais c'était le collectif qui n'allait pas ?

  • Speaker #0

    Oui, où il y avait... Il y avait peut-être trop de joueurs qui étaient en fin de parcours. Et donc c'est... Et puis la collective c'est aussi la spirale en sport. Tu perds un match ou deux, tu perds confiance. Il y avait eu un tel... Je vais te dire, très très bien accueilli. Il m'est sorti une page qui m'est parue dans le Parisien quand j'ai été élu, qui était la France tranquille du PSG, la voiture avec ma femme où on est. On faisait la conférence de presse. J'avais été vraiment reçu comme quelqu'un de sauveur. Pas de sauveur, il n'y avait rien à sauver. Et donc, premier match, on perd. Donc, il y a eu une espèce de déclic. Et puis finalement, à un moment, j'ai été obligé de changer d'entraîneur. Lacombe, qui était un type très bien d'ailleurs, mais qui aussi était entraîné un peu dans la spirale à défaite. J'ai pris Paul Le Gouen, qui était un enfant du club. Et on a fini la saison. très correctement, je crois, des victoires de suite. Et l'année suivante, personne ne m'empêche de recruter, mais il y avait beaucoup de jeunes qui étaient très bons. Et je fais un match de préparation à Arsenal, et Arsène Weiger, qui était un de mes amis, il faut jouer avec mon équipe, il me dit, mais tu n'as pas besoin de recruter, tu as des jeunes fantastiques. Il me dit, oui, c'est vrai, mais je n'ai pas assez recruté. Donc là, on a eu une période vraiment très difficile. Donc il y a un mélange de... J'ai peut-être surestimé un peu la valeur de l'équipe. Je me suis battu. Et puis, non, j'ai eu beaucoup de... J'ai eu un mort.

  • Speaker #1

    En dehors, au McDonald's ?

  • Speaker #0

    En dehors du Paris-Dupont, dans le McDonald's.

  • Speaker #1

    Ah oui, c'était toi qui étais président à cette époque.

  • Speaker #0

    Président. J'ai eu quand même... Tout le monde, les journalistes disaient qu'il était là, qu'il est au temps d'emmerder dans un an. que notre président en 10 ans. C'est vrai que j'ai tout. L'arbitrage qui avait changé, des règles.

  • Speaker #1

    J'ai eu tout. Pour ceux qui nous écoutent, il y avait la tribune Boulogne et la tribune Auteuil qui avaient des idées politiques on va dire différentes.

  • Speaker #0

    C'est l'instant facho de Boulogne qui ont couru après. mon copain qui est d'origine sémite, après un match PSG Tel Aviv qu'on avait perdu. Donc très très dur, j'ai été convoqué chez Sarkozy, j'ai fait le discours sur le perron avec lui et prendre la ligue sur le perron du ministère de l'Intérieur, place Beauvau. J'étais obligé de négocier.

  • Speaker #1

    Ça c'était quand il y a eu le mort malheureusement au Parc des Princes ?

  • Speaker #0

    Oui, après on a fermé une tribune. Donc, il y a eu un climat vraiment désestable. Donc, bon, ce n'est pas des excuses, mais ça n'a pas facilité le boulot.

  • Speaker #1

    Il y a quand même un contexte.

  • Speaker #0

    Et puis après, arrive la deuxième année, la fin de la deuxième année. Et là, on arrive à quatre pages avant la fin. On est au bord de la rélégation, ce qui aurait été vraiment un désastre. Et je dis à Sébastien, écoute, je te propose un plan hors secte. Tu viens demain au bureau, je serai dimanche au parc, au bureau du parc. Tu viens et je te promets que j'aurai des solutions. Des solutions pour prendre un Louis Fernandez, un Paul Ettaoua, un type qui a dit que tu as, l'entraîneur de Handball qui s'appelle Constantini. J'avais pas mal d'idées comme ça pour rebooster. Et puis on arrive à Paris-les-Prince, à mon bureau, il arrive, et le Gouin était là, mais je lui avais demandé d'attendre. Sébastien m'a dit, Alain, écoute, tu restes président, bien sûr, tant que je serai là, je serai toujours président, mais on a décidé cet après-midi de recruter un conseiller sportif qui s'appelle Michel Moulin.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Je lui ai dit, écoute, considère que tu as ma démission dans la seconde. Terminé. Et pourquoi j'ai d'abord des problèmes sur la personne, peut-être, mais ce n'est pas l'essentiel. Moi, je suis président, je suis un manager. C'est moi qui choisis les gens, personne ne le fait pour moi. L'actionnaire, il a un seul pouvoir, c'est de me virer. Moi, je suis un manager et donc je suis pas là pour tailler les crayons. Donc président, d'accord, mais moi, si je n'ai pas les pouvoirs pour... Et donc je démissionne, et là on se dit, on était quand même assez amis, on se donne la soirée quand même, je dis moi je réunis mon conseil de famille au Murat, mon conseil de famille c'était mes quatre enfants et ma femme, et lui je dis je réfléchis, on prend un petit déjeuner ici chez moi le lendemain matin, et on se dira j'ai changé d'opinion, j'ai changé de stratégie ou pas. On se retrouve et moi je dis je n'ai pas changé, je démissionne tout de suite. J'ai dit avant tu es changé, tu ne prennes pas. Il m'a dit non je ne peux plus, maintenant il y a un conseil qui a décidé. Conférence de presse à midi, et là j'avais l'impression d'être Bill Clinton. Il y avait dans l'amphithéâtre du PSG 200 personnes, où j'annonçais ma démission. J'avais eu un coup de fil du maire de Paris, qui m'avait dit Alain réfléchis bien, reste président. Il m'a dit non pas question, je suis... On a choisi des gens sans mon accord, une personne, je m'en vais. L'autre soir, je dis au revoir aux joueurs, je fais ma conférence de prêt. Je n'ai pas du tout parti en tapant sur les actionnaires. Je suis parti en disant, il y a un choix qui a été fait. Je ne suis que président, je ne suis pas propriétaire. Je respecte, c'est le président, mais moi je ne peux pas rester. Je serai toujours autour du club et tout. Et voilà, je suis parti et on s'est sauvés quand même.

  • Speaker #1

    On est restés en Ligue 1.

  • Speaker #0

    Le dernier match, c'était difficile à ce jour.

  • Speaker #1

    Je dis on, je me permets pour les auditeurs, parce que je suis un fan du PSG. Depuis que j'ai 9 ans, je joue au Parc des Princes. Je me considère un peu aussi supporter. Et du coup, ton meilleur souvenir en tant que président du Paris Saint-Germain, qu'il y en a quand même ?

  • Speaker #0

    Ça va me surprendre. Mon meilleur souvenir, c'est la victoire qu'on se choure.

  • Speaker #1

    Je m'en souviens.

  • Speaker #0

    Où je n'étais plus président, parce que j'avais été remplacé. Donc je regardais le match à la campagne, chez Chenu. J'étais tellement nerveux, je n'ai même pas pu garder la fin. Je suis parti dans les champs à côté. Et je me dis, je suis encore président. Jodiquement, je suis encore président. Mais je n'étais pas au match, rien. Je dis que je suis le président, et s'il a une descente, ce sera quand même...

  • Speaker #1

    Tu prendras un plan un peu responsable quand même.

  • Speaker #0

    Et donc le fait que ça se passe bien, que quelqu'un que j'avais recruté qui s'appelle Diané, qui devient un peu mon poulain et tout...

  • Speaker #1

    Et qui marque, pour que les auditeurs comprennent, un but venu du ciel, qui n'a entre guillemets pas d'esthétique, mais qui marque quand même.

  • Speaker #0

    Absolument.

  • Speaker #1

    Le PSG se sauve de la relégation en Ligue 2.

  • Speaker #0

    Donc c'est sûrement un de mes meilleurs. Paradoxalement, il y avait des victoires quand même, mais je retiens ça. Non, à l'époque, j'avais quand même, j'avais des Lyon-Doulas, j'avais Pauletta, j'avais Rotten, j'avais Yépes, j'avais Croutier-Amaradiane, j'avais Croutier-Ouaro, donc j'avais pas fait du mauvais boulot, mais...

  • Speaker #1

    La mayonnaise a pas pris. On arrive sur la fin de cet échange. Si tu veux bien, je vais te poser quelques questions plutôt sur une partie un peu plus personnelle. Tu as parlé de ta famille. Quel rôle a joué ta famille dans ta carrière professionnelle ? Et est-ce que tu en as parlé ? Remarque que tu prenais des décisions en fonction d'eux aussi quand tu les as réunies. Et d'une manière générale, quel rôle a joué ta famille dans ta carrière ?

  • Speaker #0

    Ma femme a joué un rôle de soutien toujours. Ma femme avec qui je suis, j'ai offert un match au Parc des Princes le soir de mon mariage. C'était pour elle une preuve d'amour tout à fait indiscutable. Elle a toujours été au match à Paris en tout cas. Elle commence à déplacer en Coupe d'Europe aussi. Mes enfants ont toujours été très proches de moi, étaient eux-mêmes vaccinés PSG. Donc, mes grandes décisions, ça venait de moi. Évidemment, ils m'auraient tous dit, Alain, reste président et tout mais je suis très étudiant. Ma femme pourrait le dire, je suis dur à convaincre. Donc, mes décisions, comme pour être rentré chez Rousseguela, il y a dix personnes qui m'ont dit, François, tu rentres, toi, tu es trop sérieux, tu es un mec bien. ces gars-là c'est un charlatan, un rouges, un infériste, des trucs qui ne sont pas révélés, vrais d'ailleurs du tout. Il y a dix qui m'ont dit ne rentre pas il y en a un qui m'a dit rentrez et je n'ai écouté que celui qui a dit ce que je voulais. Donc je dis souvent, quand on te dit de ralentir fonce. Et, une fois, elle m'a joué un mauvais tour, quand j'ai eu mon accident de vélo, j'étais avec ma femme, et elle me dit, ralentis. Dans la descente, j'ai foncé, et je me suis pété trois vertèbres, et un AVC après. Mais en général, quand on me conseille de ralentir, ça m'incite à foncer et à y aller.

  • Speaker #1

    À contre-courant parfois.

  • Speaker #0

    Oui, mais ça m'a plutôt pas mal réussi. Au PSG, le nom de personne, je vais vous en dire. en présentant des PSG, tu vas voir, c'est impossible, c'est difficile, tout. Alors je me dis, mais c'est pour ça que ça m'intéresse. Et aujourd'hui, je dis souvent, si on me proposait, hors de question, c'est les Caldari qui font très bien leur boulot, mais si on m'avait dit trois heures après, pour se revenir, je revenais. Et pourtant, j'avais eu... J'avais écrit un bouquin en disant 95% d'emmerdes, 5% de plaisir. Mais l'adrénaline, elle est là.

  • Speaker #1

    Bien sûr, c'est une fonction à part.

  • Speaker #0

    Il y a un slogan que j'ai bu un signe, Maxime, Ceux qui tuent, ce n'est pas leur risque, c'est la routine. Et donc on a besoin d'adrénaline.

  • Speaker #1

    De projets, de challenges.

  • Speaker #0

    Et puis on se plante, ça peut arriver. Je me suis déjà planté, et c'est difficile. T, à la fois R, S, G, O, P, G, M. On rebondit, sinon. Le talent se joue au bond, d'ailleurs.

  • Speaker #1

    C'est une belle phrase. Et on parle de tes traits de personnalité, donc peut-être à contre-courant, peut-être têtu, mais quand on passe du temps avec toi, ce qu'on ressent, c'est aussi une bienveillance, une gentillesse. Alors, c'est des choses qui sont aujourd'hui un peu à la mode. On en parle beaucoup, de la bienveillance. Est-ce que c'est quelque chose pour toi qui est important ?

  • Speaker #0

    Regarde ce qu'a dit ma femme, là. qui peut lire un peu le...

  • Speaker #1

    Alors Alain, je viens de me passer un journal sur lequel Marinette Kezak, qui est la femme de Alain, a dit sa mauvaise foi est énorme. D'accord.

  • Speaker #0

    Je suis intolérant de mauvaise foi et de mauvais caractère. Mais pour certains problèmes politiques, j'ai des choses sur lesquelles je ne transige pas. Donc je ne suis pas facile. Sinon, j'aime les autres, j'aime parler, j'aime comprendre ce que font les autres, j'aime qu'on explique ce qu'on fait dans la vie, la carrière et tout. Mais je suis sur certains sujets complètement intolérants. Et quand je dis à mes amis, allez, je vais vous faire plaisir, cette semaine, je vais être tolérant. Je ne vais pas dire, d'accord. Et au bout des journées, on t'aimait mieux avant, on ne change pas. Donc, non mais bon, voilà.

  • Speaker #1

    C'est quoi la chose la plus audacieuse que tu as faite dans ta vie ?

  • Speaker #0

    Audacieuse, c'est probablement d'avoir, d'être associé à un rôle, ce gars-là.

  • Speaker #1

    Parce qu'au début, ce n'était pas évident ?

  • Speaker #0

    Pour moi, c'était une très bonne nouvelle. Mais pour mes conseils, les conseils, je te donne souvent des conseils conservateurs.

  • Speaker #1

    Bien sûr.

  • Speaker #0

    Dans tous les concerts, je disais mais non, pas question Et j'y suis allé, et ça a très bien marché. Avec des redébats, on a vraiment réussi. C'est audacieux. Je ne veux pas parler d'audace pour le PSG. Il y a aussi des gens qui ont essayé de ne pas y aller. Moi, hors de question, je n'y allais pas.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a des personnes, toi, t'en as un peu parlé, mais qui ont particulièrement marqué, inspiré ta vie ? Si tu devais en retenir une ?

  • Speaker #0

    Une, c'est pas facile, mais... Parce que c'est à différentes époques de ma vie, mais j'en cite plusieurs. Mendes France.

  • Speaker #1

    Que t'as connu, du coup ?

  • Speaker #0

    Non, pas du tout. Moi, j'étais jeune. Dans l'or, dans Évreux, lui était à Louvier. J'ai vécu dans l'entourage. Marcel Conch, mon prof de philo.

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Ensuite, les choses beaucoup plus actuelles. Bernard Tapie, Jacques Segalat. Pourquoi les deux ? J'étais vraiment copain avec Bernard Tapie jusqu'à le dernier jour, quand on était un petit peu déminés tous les deux en ce. Pourquoi ? Parce qu'ils ont une énergie vitale qui m'impressionne. Alors défaut ou pas, oui, c'est vrai. Ils ont combat tous les matchs.

  • Speaker #1

    Force de caractère.

  • Speaker #0

    Bernard Tapie me disait, quand il y avait deux concerts... Elle me disait Je prends mon vélo dimanche, je vais faire du vélo. Je lui disais Mais si t'as un malaise, je... Non, je prends pas mon portable. Que si je prends mon portable, je suis sûr que je vais avoir envie d'appeler quelqu'un. Il prenait pas le portable. Une énergie folle. Ces gars-là, c'est pareil. Je lui disais Jacques, demain matin, il faut qu'on soit à Clermont-Ferrand pour un client en dehors. J'étais... Et puis, je dirais le dernier, le dernier, beaucoup plus récent, Olivier Gouin.

  • Speaker #1

    Tout à fait. J'ai une connaissance en commun et quelqu'un qui va intervenir dans le podcast dans quelques semaines.

  • Speaker #0

    Que ce garçon sache qu'il est condamné, parce que Charcot, malheureusement, il n'y a pas du tout de chance. survie, et qu'il garde ce côté positif, ce côté militant pour récupérer de l'argent pour la recherche, cette joie de vivre, ce qui sourit, cet humour, c'est un modèle. Moi j'aime bien aussi ce que me disait Tapie, c'était, on ne parle pas de courage, on ne parle que d'énergie. Et il a complètement raison. Moi, les gens qui me disent bon courage, on ne sait pas si c'est le courage. Tu as une emmerde, tu n'as pas de choix, il faut être courageux. L'énergie c'est différent. Quand je vois des oliviers gois et tout, je me dis mais c'est fabuleux. Et donc ça peut l'étonner que je dise ça parce qu'on ne se connaît pas non plus depuis la nuit des temps. C'est quelqu'un qui m'impressionne et qui, par rapport à ce que j'ai, souvent je me dis putain, t'es handicapé quand même pour faire comme ça Mais il y a Olivier aussi.

  • Speaker #1

    On relativise.

  • Speaker #0

    On relativise. Et on admire. Et on admire. J'ai un autre ami qui est Charles Bietri, qui a fait beaucoup pour le sport à Canal+, énormément même. qui a la même maladie et qui est maintenant à Karnak, c'est pareil. Il sait qu'il est condamné, il a tout organisé, mais il est positif. Sans parler du système, moi, ces gens-là, c'est au-dessus de tout.

  • Speaker #1

    Je comprends.

  • Speaker #0

    Il y en avait un aussi, je l'admirais beaucoup, dans le même genre, c'était Belmondor, que je connaissais par le football, je connaissais bien sans être ami proche, mais on allait au restaurant, on se voyait, enfin... une énergie vitale extraordinaire, alors qu'il était encore plus handicapé que moi. J'avais parlé avec lui, il m'avait dit, ce qui est probablement la maxime qui me conditionne le plus, Alain, se plaindre est impoli. Et c'est exactement ce que je pense. Je ne me plains jamais. C'est impoli vis-à-vis des autres qui ont tous leurs emmerdes. Pas des mêmes types, mais tu peux avoir un burnout un jour, tu peux avoir une grande voiture, tu peux avoir Charcot, ça c'est le top du top, tu peux avoir un problème avec des enfants malades, se plaindre est inconvenant.

  • Speaker #1

    On a tous nos problèmes, et je pense que c'est la manière dont on l'envisage. Toujours l'histoire du verre à moitié vide, verre à moitié plein aussi.

  • Speaker #0

    Quand tu dis le mot impoli, je trouve ça formidable. La vraie politesse, c'est ne pas se plaindre. Ça, c'est bizarre. Et puis, bon, maintenant, j'ai dû inventer un nouveau modèle où il n'y a plus de tennis, il n'y a plus de football, il n'y a plus de nage, il n'y a plus... Mais bon, il faut trouver un nouveau logiciel, il faut s'intéresser aux autres, aux lectures. Je travaille toujours, j'essaie de ne jamais avoir une heure d'ennui, jamais. Bon après c'est un mode de vie différent, mais bon, de toute façon j'ai pas le choix. Et j'avais un ami cher qui m'a dit il y a peu de temps, est-ce que tu aurais préféré que j'étais à une soirée de la mort ? Il avait dit à ma femme, demain matin vous le reverrez probablement plus. Mon ami m'a dit, est-ce que tu aurais préféré ? mourir à ce moment-là, ou rester comme tu es. Je me dis, mais rester comme je suis, pas mourir. Aujourd'hui, je signe si on me dit, tu es comme tu es là, jusqu'à 100 ans, je signe. Parce que, d'abord, c'est un devoir vis-à-vis des autres. En fait, il faut arriver à s'oublier. Moi, je n'arrête pas de dire, je ne m'intéresse plus. Je n'ai aucun intérêt pour moi. Ceux qui m'intéressent sont... Mes quatre enfants, mes six enfants, ma femme, mes proches, moi aucun intérêt. Je serai jamais président de la République, je serai jamais à nouveau président du PSG, je serai jamais chef d'entreprise, j'ai 83 ans, mais j'ai un devoir de vivre. Et non pas un plaisir, je le dis au début, mais un devoir de vivre. Il faut que je trouve vraiment à l'assouvir par d'autres passions et par d'autres actes aussi généreux et qui rendent l'entourage plus heureux. C'est une gymnastique difficile et très conceptuelle. Tout ça, je le dis, c'est pas fait comme ça. Je me suis mis dans mon bureau devant une feuille blanche et j'ai dit comment je peux faire ? Je me suis aussi... J'ai aussi agi avec moi comme on agit avec une marque. Disons, voilà, comme ça, qu'est-ce que je peux faire ? Faut que j'écrive, tiens. Faut que j'écrive parce que ça, ça va me libérer. J'ai écrit. Oh là là, je vais préparer un autre livre. Bon, il faut que je trouve sans arrêt des solutions, mais si on a l'énergie d'un tapis ou d'un luvégois, on les trouve.

  • Speaker #1

    T'es un entrepreneur, tu t'es inventé. Et pour finir, si tu avais un jeune devant toi qui voulait entreprendre sa vie ou entreprendre une boîte, quels conseils tu lui donnerais ?

  • Speaker #0

    Premièrement, écoute ta petite musique intérieure. Quand j'ai dit qu'une carrière c'est un mélange de rationnel et d'envie, le rationnel c'est bien, je sois avocat parce que... Et pourquoi pas ? l'envie. Il faut que tu aies envie. Envie d'avoir envie. Envie, envie, envie. Ça, c'est le premier conseil. Le deuxième, c'est de travailler. Et le troisième, c'est d'aimer les autres. Et moi, j'ai fait une conférence avant que je sois... que je sois handicapé. Et les mecs qui m'interrogeaient m'ont dit Tiens, monsieur Kezac, qu'est-ce que vous souhaiteriez que soit écrit sur votre tombe ? Alors j'ai eu des questions pas très drôles, mais bon, j'ai essayé de le passer. Et j'ai dit deux choses, je ne sais pas si c'est vrai. I care en anglais, c'est-à-dire I care il prenait soin, il aimait les autres. Et deuxièmement, il était fiable. C'est une qualité essentielle pour moi, être fiable. Quand je dis rendez-vous à 11h, je n'appelle pas son sujet un drame. Je n'avais pas la veille pour dire non, j'annule le rendez-vous, j'ai autre chose de mieux à faire, on se voit dans 15 jours. La fiabilité.

  • Speaker #1

    Merci Alain.

  • Speaker #0

    De rien, merci Nicolas.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup d'avoir écouté les Sages. Vous êtes de plus en plus à nous écouter pour cette première saison. C'est vraiment très encourageant pour toute l'équipe. Alors encore une fois, un grand merci. Vous avez le pouvoir de donner de la force à ce podcast avec juste une minute de votre temps. C'est simple, si vous êtes sur Spotify ou Apple Podcast, vous avez juste à vous abonner et mettre 5 étoiles. Un grand merci et à bientôt.

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