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Les Sages - le podcast des plus grands leader·euse(s) humanistes

S2E5 | Jacques Séguéla (Paris Match, Havas) - Le plus grand publicitaire Français

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1h17 |06/11/2024
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Description

Dans cet épisode captivant du podcast "Les Sages" nous recevons Jacques Séguéla, une véritable légende de la publicité française. Avec une carrière s'étalant sur plusieurs décennies, Jacques a contribué à des campagnes emblématiques pour des entreprises prestigieuses telles que Citroën et il a joué un rôle clé dans plus de 20 campagnes présidentielles, y compris celle de François Mitterrand. À 90 ans, il incarne l'esprit d'un entrepreneur passionné, se levant chaque matin à 6h30 pour continuer à façonner le monde de la publicité. Dans cet échange, il partage des anecdotes fascinantes sur son parcours exceptionnel et ses collaborations avec des figures influentes , ainsi que son engagement à transformer la publicité en une forme d'art et de poésie quotidienne.


La seconde partie de notre conversation se concentre sur les valeurs humanistes qui animent Jacques Séguéla. Il évoque l'importance de la créativité dans la publicité, tout en soulignant que celle-ci doit toucher le cœur des gens. Jacques aborde également des questions sociétales cruciales, insistant sur la nécessité d'unir nos forces pour relever les défis contemporains. Son discours résonne particulièrement dans le contexte actuel des entreprises à impact et de la transformation organisationnelle, où la responsabilité sociale des entreprises devient primordiale. En tant que leader visionnaire, il rappelle que la confiance et le respect sont les fondements des relations humaines et professionnelles, des valeurs essentielles pour tous les entrepreneurs et femmes d'affaires qui aspirent à créer un changement positif.


Cet épisode est bien plus qu'une simple discussion sur la publicité ; c'est une invitation à réfléchir sur le pouvoir des mots et des idées dans notre société. Jacques Séguéla nous inspire à voir la publicité non seulement comme un outil commercial, mais aussi comme un moyen de communication capable de véhiculer des messages profonds et significatifs. En écoutant ce podcast, vous découvrirez comment le parcours de Jacques et ses réflexions peuvent éclairer votre propre chemin en tant que leader ou entrepreneur.


Bon voyage avec les Sages !


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Transcription

  • Speaker #0

    Les sages, c'est avant tout une histoire personnelle. Je m'appelle Nicolas Jeanne et j'entreprends depuis que j'ai 19 ans. Sur ce chemin, j'ai eu la chance de rencontrer des personnes que j'appelle les sages. Vous savez, ce sont ceux qui, d'un conseil bienveillant, peuvent changer votre journée, votre projet, votre vie. Souvent des personnes avec qui il y a un avant et un après. A mes yeux, ce sont des leaders authentiques, mais surtout des leaders humanistes. C'est assez important pour moi. Ceux qui vont vous faire grandir sans s'en rendre compte. Plus que n'importe quel livre ou cours, des témoignages qui viennent du cœur et de la réalité. Et surtout du cœur. Aujourd'hui, je vous propose de partir à leur rencontre, dans un format inédit, et négocier avec eux. Un format où l'on se dira tout, naturellement, et aucune question ou anecdote sera interdite. Ça, vous avez ma part. Un format axé sur leur activité, bien sûr, mais qui, évidemment, dérivera vers la vie, la société et les émotions. Mon but, c'est clairement de mettre en valeur l'aspect humain de ces personnalités qui me paraissent exceptionnelles, et de casser la carapace. Casser la carapace, vous le sentez, c'est pas un mot par hasard. Pourquoi ? Parce que je pense que ça va vous permettre d'app... prendre sur les plus grands leaders et leaderes qui ont bâti et bâtissent la société. La France est une terre bourrée de talents et de leaders. Et nous allons en leur en parler. Bon voyage avec les sages. Jacques Seguela.

  • Speaker #1

    Un nom que tout le monde a déjà entendu. Ou si vous ne l'avez pas entendu, vous avez au moins déjà entendu l'expression Si tu n'as pas une Rolex à 50 ans, tu as loupé ta vie C'est de Jacques Seguela. Bien qu'il dira plus tard que c'est la plus grande carrière de sa vie.

  • Speaker #0

    Jacques Seguela,

  • Speaker #1

    c'est un homme aux mille vies.

  • Speaker #0

    Et surtout...

  • Speaker #1

    c'est l'homme aux 20 campagnes présidentielles, dont 19 gagnés. Un osacieux, un créatif, un homme de slogan qui a tant parlé à l'oreille des présidents que des plus grandes marques, françaises et internationales. On dit de Jacques que c'est le tollé de la pub en France, le plus grand publicitaire français. A 90 ans, il est encore tous les matins à 9h au bureau et debout à 6h30, au bureau d'une des plus grandes agences de publicité au monde qu'il a cofondée, Avast.

  • Speaker #0

    Bon voyage avec Jacques.

  • Speaker #1

    Bonjour Jacques, et merci d'avoir accepté notre invitation pour l'essai.

  • Speaker #2

    Merci à toi d'être venu frapper à ma porte, elle était ouverte.

  • Speaker #1

    Avec plaisir. Comment tu vas ?

  • Speaker #2

    Je me suis jamais senti aussi plus jeune.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #2

    Il faut se le dire tous les matins en se réveillant, et surtout à mon âge. et quand on n'arrive plus à le lire, il faut dire ciao.

  • Speaker #1

    Et tu viens du coup tous les matins, on est donc chez Avas là, et tu viens tous les matins chez Avas ?

  • Speaker #2

    Tous les matins à 10h, je suis à mon bureau, et je m'en vais vers 19h, 20h, ça dépend, 18h, ça dépend des jours.

  • Speaker #1

    Ok, donc toujours actif, écoute, on va en parler lors de ce podcast. Est-ce que pour commencer, je peux te demander qu'on parle un petit peu de ton enfance ? Du coup, alors avant de parler de ton enfance, est-ce que déjà pour nos auditeurs, tu peux te présenter en quelques phrases ?

  • Speaker #2

    Je suis fils de pub et fier de l'être. J'ai tellement donné à la pub et m'a tellement rendu au centube. J'ai tellement aimé la pub et je continue l'aimer, j'aimerais jusqu'à mon dernier souffle, et elle m'a tant aimé. Elle est quelques grammes de tendresse dans un monde de brut. Notre monde a perdu la raison. Il ne sait plus où il en est. Il ne sait plus quelle guerre faire. Il ne sait plus quelle ânerie décrocher. Il ne sait plus quelle injure proférer. Or, le monde devrait se donner la main. Le monde devrait s'entraider. Le monde devrait partager les mêmes combats, en commençant par sauver notre planète, si on veut que nos enfants puissent demain respirer et boire. Et Au lieu de ça, il ne sait que de se faire la guerre. Pierre Dacq disait, si l'on mettait un peu plus de matière rose dans notre matière grise, il y aurait moins d'idées noires. Ça pourrait être la définition de la publicité. C'est des petits 30 secondes, 2 minutes d'amour, d'humour, qui viennent essayer de rompre la monotonie. médias à condition qu'elle soit bien faite à condition que je te touche à condition que tu fais aimer le produit qu'elle te présente et qu'elle défend qu'elle le fait honnêtement qu'elle le fait justement avec son coeur autant qu'elle le fait avec sa tête et sans envie de vouloir à tout prix mettre l'argent en tête des valeurs. La publicité est belle, car c'est d'abord la publicité du cœur, mais elle doit être la publicité qui sait faire gagner de l'argent à ses clients.

  • Speaker #1

    Écoute, on va en reparler, tu nous fais vraiment une super introduction, et pour toi, je rebondis sur ce que tu dis, donc, ta vision du monde, c'est que le monde, il y a beaucoup de problèmes, peut-être, dans ce monde. Comment t'expliques ça, que globalement, le monde ne va pas forcément dans le bon sens ?

  • Speaker #2

    J'explique ça par une sorte de laisser aller... permanent des valeurs partagées. L'Europe n'a pas réussi à s'imposer suffisamment, c'était son métier, c'était son devoir. Elle a fait ce qu'elle a pu, mais il y a tellement après de nationalisme qui se réveille, de communautarisme qui se réveille, qu'à chaque fois la barque prend l'eau et coule. J'espère que ce temps de... quatre guerres à la fois, plus lamentables les unes que les autres, va ramener quand même le monde à la raison. C'est pas possible qu'on puisse vivre avec des squibs qui sont au-dessus de ta tête en permanence. Il y a des gens qui n'ont rien fait que de bien faire leur métier, d'aimer leur femme et leurs enfants. La vie, c'est d'abord ça. C'est pas de vouloir tuer son prochain.

  • Speaker #1

    Bien sûr. Et pour nos auditeurs, on enregistre un moment où, en effet, il y a un peu... Je crois du coup l'US Bola qui a envoyé des missiles sur Israël. Donc en effet, c'est un moment un peu grave.

  • Speaker #0

    Et Jacques ?

  • Speaker #2

    Tu vas me trouver utopiste. C'est bien. Tu vas me trouver à côté de mes ponts. Tu vas me trouver que... Je suis Monsieur Bisounours, mais je suis fier d'être ça, parce que c'est la publicité représentant. Il faut forcer le trait. Bien sûr que c'est un peu ridicule de dire qu'on préfère que les gens fassent la paix et pas la guerre. Mais plus personne finalement me le dit vraiment. Donc il faut le dire simplement. Il faut le dire avec son cœur.

  • Speaker #1

    Bien sûr. Est-ce que ça veut dire que tu as toujours gardé un peu ton âme d'enfant ? Une certaine intuition ?

  • Speaker #2

    Oui, moi je n'ai rien fait pour ça parce que j'ai toujours laissé la vie décider pour moi.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #2

    Je n'ai jamais demandé un boulot, les boulots sont toujours venus à moi. Je n'ai jamais demandé l'amour, c'est ma femme qui est venue à moi. Je n'ai jamais demandé mes grands combats, c'est les combats qui sont venus à moi. J'ai essayé de les mettre à chaos et plus souvent c'est moi qui est allé au tapis. Ça s'appelle la vie et elle est faite de petits heures et de grands bonheurs.

  • Speaker #1

    D'accord. Et du coup, tu dis que les choses sont venues à toi, c'est une forme de chance ou de spiritualité ou tu l'as provoqué aussi à travers des rencontres, du travail ?

  • Speaker #2

    Non, non, pas du tout. Je ne l'ai pas provoqué parce que je suis allé de chance en chance. J'ai saisi des chances et je les ai amenées au bout de ce que je pouvais le faire. Mais je n'ai jamais. tirer le plan sur la comète. C'est la comète qui me tire par le bout du nez.

  • Speaker #1

    Ok, donc tu t'es laissé un peu porter par la vie et par ces opportunités qui se sont présentées.

  • Speaker #2

    Oui.

  • Speaker #1

    Ok, et si on revient un petit peu sur ton enfance, alors du coup, si je ne dis pas de bêtises, donc tu es né à Paris, mais tu as grandi dans le sud de la France, à Perpignan, c'est bien ça ?

  • Speaker #2

    Oui, mon père a rapté ma mère. Ils étaient tous les deux élèves de médecine en première année sur les bords de la faculté de Montpellier, où mon grand-père et ma grand-mère. Ma grand-mère a été la première chirurgien-femme déclarée en France. Mon père a été un des tout premiers radiologues diplômés aussi en France. J'étais le fils unique. Et j'étais un horrible garçon voulant absolument exister. Je n'arrivais pas à maîtriser ma vie. Il fallait que je fasse des bêtises. Mon livre préféré, c'était Un bon petit diable, qui faisait toutes les conneries du monde. Un dessin animé, un livre animé en tout cas. C'était un peu ma Bible. Ce n'était pas la meilleure. Il en est resté quand même à la fin, une envie d'étonner, une envie de choquer. Tu sais, un jour, Cocteau a rencollé Taguilès. le danseur. Il me dit, quelle est la définition de ton art ? Et Naguileff a... Il a dit, étonne-moi. Non, non, non, il a dit Cocteau. Ça, c'est la définition de mon art, c'est la définition de la poésie. Et moi, j'ai dit, écoutez, au musée, le danseur, ça, c'est la définition de mon art à moi. C'est la définition de la publicité. Elle est la poésie quotidienne, la poésie de notre vie. Elle est la poésie de notre consommation.

  • Speaker #1

    Et quand tu parles d'une envie de choquer, du coup, à Perpignan, tu vas à Montpellier dans un pensionnat et tu te fais renvoyer pour une histoire de fourchette, je crois.

  • Speaker #2

    Oui, j'étais dans Perpignan, à 200 kilomètres de Montpellier. Mais à l'époque, c'était presque une aventure pour y aller. Et puis à l'époque, il n'y avait pas de week-end. On a oublié ça, le week-end, ça a fait à peine quelques années. Et donc, mon père qui était le maître de la maison, il a dit, médecins de l'hôpital, ne pouvaient pas venir me voir à Montpellier. Donc, ils arrivent quand même à venir me voir deux fois par mois, mais j'étais tout seul. En plus, mes parents, qui me prenaient pour un génie et qui se trompaient, m'avaient donné... la possibilité de changer, de sauter une année. Ce qui fait que, comme déjà j'étais un peu malingre dans le pays du rugby, où si on ne fait pas 100 kilos, on n'existe pas, et que je ne savais pas très bien où étaient le bien et le mal, j'ai fait les 400 coups dans la petite ville de Perpignan, qui m'a laissé les faire, tellement à l'époque, si tu veux... La liberté était dans l'air. C'était une ville libre, Perpignan. Je me souviens qu'avec mon copain Baudot, avec qui je suis parti faire le tour du monde quelques mois après l'histoire que je te raconte, on avait décidé dans une petite rue de changer toutes les voitures de la rue. Il y avait cinq ou six voitures qui étaient en stationnement, et les amener deux ou trois cents mètres plus loin. dans une autre rue, en se disant, le lendemain matin, les gens vont se réveiller, toutes les voitures auront disparu, ils vont téléphoner aux flics, et nous on était là, à la fenêtre, en train de se marrer.

  • Speaker #1

    Et les voitures, comment tu les déplaces à ce moment-là ?

  • Speaker #2

    Justement, le déplaçant des voitures, il fallait les pousser. À l'époque, les voitures restaient ouvertes. D'accord. Mais là, il y en avait une qui était... On a réussi sur les trois ou quatre premières. Puis la cinquième, c'était une grande voiture décapotable. Elle était fermée, mais la capote derrière était ouverte. Donc, moi, je me suis... Alors, j'avais fait une... Ça, c'était la deuxième bêtise, la première bêtise. Je ne sais pas comment, j'avais un petit revolver chez moi. qui n'était pas chargé, je ne sais pas comment je l'avais trouvé, je ne sais pas comment il était là. Et je l'avais mis dans ma poche ce soir-là. C'était une imbécilité totale. Donc, j'essaye d'aller ouvrir la portière de la voiture en passant par l'arrière, et j'ai quelqu'un qui me tire par les pieds, c'est un flic. Je lui dis, tu es foutu. Tu as une arme, tu es en train de voler une voiture, tu vas en prendre pour deux ans. Mais quelle connerie tu as pu faire, etc. Et le flic me dit écoutez, venez au poste, on va vous interroger. J'y vais en claudiquant, en paniquant, et en arrivant au poste, le chef de poste qui était là me dit Comment vous appelez-vous ? Il dit Jacques Seguéla Ah, mais vous êtes le fils du docteur Seguéla ? Mais oui, c'est mon père. Écoutez, votre père m'a sauvé la vie. Tirez-vous. Ça a été une de mes premières leçons de vie en disant qu'il faut quand même savoir jusqu'où ne pas aller trop loin. Une bêtise stupide peut briser votre carrière, peut briser la route qui vous attend. Donc oui, il faut secouer les choses. Mais il ne faut jamais aller trop loin.

  • Speaker #1

    Ça me fait penser à Xavier Niel qui a sorti son livre et qui dit que la ligne jaune, il faut la mordre, mais jamais la dépasser.

  • Speaker #2

    Exactement. J'aime beaucoup Xavier Niel. C'est mon maître à penser.

  • Speaker #1

    D'accord. Comme beaucoup d'entrepreneurs, je pense que c'est un peu un des papes de l'entrepreneuriat pour les jeunes entrepreneurs. Oui. Et du coup, après ton lycée, tu vas faire le choix de faire des études pour devenir pharmacien.

  • Speaker #0

    C'est l'heure de remercier notre partenaire Oslo, sans qui ce podcast ne serait pas possible malheureusement. Oslo, c'est un cabinet d'avocats à taille humaine, dirigé par Edouard Wells et Marion Fabre, que je connais personnellement depuis plus de 10 ans. Il est composé d'une équipe, l'idée par Edouard et Marion, qui est issue de cabinets d'affaires de premier plan. Mais surtout, au-delà de la qualité de leurs prestations juridiques, ce que j'aime chez Oslo, c'est leur engagement pour un droit un peu différent. Sur leur description, ils mettent Nous accordons une importance particulière aux qualités humaines et relationnelles, tout particulièrement au respect, à la simplicité, �� l'humilité et à l'élégance. Ça pourrait paraître bullshit comme ça, mais pour bien les connaître, je peux vous assurer que ça se ressent vraiment. Et pour preuve, ils ont accepté de sponsoriser ce podcast dès sa création. Ils offrent une heure de conseils juridiques avec le code LESSAGE et je mettrai leurs coordonnées dans la description du podcast. Allez, on y retourne.

  • Speaker #2

    J'étais tellement nul que j'ai mis quatre fois à passer mes bacs. En septembre, en juillet, en septembre, en juillet, en septembre, en juillet. Enfin, en septembre, j'ai eu mon bac. Là où les gens mettaient deux ans, moi j'en ai mis quatre. Mon père était tellement désespéré. qui m'a dit, écoute, moi j'aurais rêvé que tu sois chirurgien, puisque ta mère est médecin, et que moi je suis radiologue, et que ta grand-mère a été la première femme à Montpellier à mêler à la fin la médecine naturelle et la médecine normale. Parce que mon arrière-grand-mère était une rebouteuse. Et elle a dit à ma grand-mère, je vais te livrer mes secrets que tu pourras utiliser à condition que tu aies ton diplôme, parce que toute ma vie, on m'a traité de non-diplômé. Et ça s'est passé comme ça. Ma mère, la descendante de la famille, tombe amoureuse folle de mon père, qui tombe amoureux fou de ma mère sur les bancs de la faculté de Montpellier, et le lendemain, elle a demandé un mariage à ma grand-mère, donc à la mère de ma mère, qui lui ferme la porte au nez en lui disant, vous êtes un blancbec, qu'est-ce que vous permettez d'appeler ma fille ? Ma grand-mère se prenait pour... Elle s'appelait Le Forestier, elle se prenait pour une noble, pour personne d'exception dans la ville de Montpellier. C'était d'ailleurs un très grand chirurgien de la Pays-Partie, au SOS du corps. Elle lui dit, je vous interdis à tout jamais de revoir ma fille. Mon père est allé chercher ma mère. Il est parti directement à la gare. Il a pris deux billets pour Paris et il n'a jamais revu ma grand-mère. Et c'est comme ça finalement que je suis né déjà un peu rebelle. Je suis né en cavale. Je suis né en la fois très désiré et à la fois très rejeté. Donc je pense que tout ça, ça a forgé ce qu'allait être ma vie.

  • Speaker #1

    Qui est un caractère. Et du coup, sur tes études de pharmacien, ça te plaît quand même plus que l'école, que le lycée ?

  • Speaker #2

    Alors mon père m'a dit, écoute, tu ne peux pas être médecin, tu es toujours élégant. Fais un métier qui est un métier médical, pour rester dans la famille, mais qui est un métier de commerce, parce qu'on sent que le commerce t'intéresse. J'ai dit, oui papa, non. Et à l'époque, quand on faisait ses études de pharmacie, on commençait par 12 mois de stage. qui était obligatoire et qui était formidable parce qu'il devait se faire dans une pharmacie. Et pendant 12 mois, on n'avait pas le droit de prendre des congés, on n'avait que les congés de l'Ogo. On est là pour apprendre le métier. À l'époque, il y avait toute une partie des médecins qui étaient fabriqués par les pharmaciens. L'aspirine, par exemple, au lieu d'avoir une aspirine qui coûte une fortune parce qu'elle est une marque, etc., elle était broyée par le pharmacien. Moi, ça m'a passionné. et la botanique m'a passionné les racines les huiles sauvages tout ce qui était cette médecine ça n'existait pas la médecine de demain à l'époque pour moi la médecine qui me touchait parce que c'était une médecine naturelle c'était une médecine en accord avec la nature j'étais écolo sans le savoir je me suis totalement impliqué dans la pharmacie au point que j'étais majeur, je suis passé de nul de cancre, de sauvageon, tout d'un coup, le meneur de jeu. Et mon père, qui n'arrivait pas à me voir ses yeux, m'a offert ma première 2 chevaux. C'est lui qui a changé ma vie. C'est elle qui m'a changé ma vie, parce que j'avais à recevoir la 2 chevaux, 3 mois après je vais partir pour un des tout premiers raids en 2 chevaux. Perpignan à Karachi avec Jean-Claude Baudot qui va être mon couturne on va fêter nos 80 ans d'amitié dans quelques jours on s'est dit ça a été tellement facile de faire ce voyage à Karachi même si on a été qui est pris dans les inondations, même si on a traversé un désert incroyablement dangereux. Pourquoi personne n'a osé faire le premier tour du monde en voiture ? On le fait à pied, on le fait avec des cigarettes, on le fait à cheval, on ne le fait pas en voiture, qui est pourtant la façon la plus naturelle de faire le tour du monde. On va s'atteler au titre de premier. tour du monde en voiture. Pendant nos deux ans de faculté qui nous restaient, pour devenir docteur en pharmacie, au moins, docteur en droit pour lui, on a inventé le sponsoring. On a frappé à la porte de tous les gens qui... près ou de loin, étaient dans le monde de l'automobile, en leur disant, aidez-nous, voilà, on est deux jeunes, on va voir le... Et il y a plusieurs fournisseurs de la 2 chevaux qui nous ont donné une petite pièce, etc., mais on ne disait de rien, donc ça nous suffisait largement. Il n'y a que Citroën qui nous a dit, nous, on ne s'intéresse qu'à la près. Donc vous n'aurez rien de nous, sauf ce qu'ils nous avaient offert, c'est un... Alors... Le manuel de réparation qu'ils envoyaient à leur concessionnaire, qui nous a beaucoup aidés, parce que nous, on ne savait rien réparer du tout. On mettait le livre dans les mains du réparateur du coin qui nous réparait nos deux chevaux en 30 secondes. Parce qu'elle a connu des misères en deux ans.

  • Speaker #1

    Vous avez mis deux ans pour faire le tour du monde ? Oui,

  • Speaker #2

    150 000 kilomètres. Et surtout, on voulait battre le record de la première voiture qui traverse les six déserts les plus dangereux du monde. Aujourd'hui, les déserts, c'est où on en est. Et puis, il y a des photos télégraphiques un peu partout. À l'époque, les déserts, c'était désertique, il n'y avait rien. Et donc, on a traversé le Sahara, c'était très dur. Et puis, le moment le plus fort a été le désert d'Akatama, qui est un très grand désert de 1000 km de longueur, qui part du Chili et qui va jusqu'en Colombie pour retrouver après les Etats-Unis. un désert à 3500 mètres d'altitude, extrêmement froid, très rocailleux, où il n'y a rien. Aujourd'hui, les goudronnets, il n'y avait pas la moindre piste, etc. C'est moi qui conduisais, il est minuit, j'entends un bruit métallique, j'arrête tout de suite, je soulève le capot, pas d'huile dans le carter. Je dis, ce n'est pas grave, on a une réserve. Je vais à la réserve, on avait oublié de mettre de l'huile dans la réserve, donc pas d'huile, donc impossible d'avancer. Donc on se couche, le lendemain matin on en profite pour nettoyer la voiture, pour préparer les choses, on dit il y a bien quand même à un moment donné un camion qui va passer, rien ne se passe, deuxième jour rien ne se passe, troisième jour on va tirer au sort, il y en a un qui va rester près de la voiture, l'autre qui va partir, et puis adieu le vaut bien. À ce moment-là survient un Chilien, Il sort de sa besace trois bananes, il épluche les bananes, il les met dans le carter, il va chercher un petit caillou et l'habille d'un vieux tissu, etc. pour servir de chiffon, et il me dit tu peux y aller Et moi je me retourne vers Jean-Claude et je lui dis mais si jamais, tourne le bouton, que la voiture démarre et qu'elle grille le moteur C'est foutu pour nous, le voyage s'arrête là, parce qu'on n'a pas les moyens, ni le temps, de faire venir une 2 chevaux, ou un moteur de 2 chevaux, au beau milieu du désert d'Agatama. Et puis je lui ai dit, mais, il faut croire en son destin. J'ai écrit un livre sur la question, sur croire en son destin. C'est un signe. S'il est là, ce n'est pas par hasard. Je tourne la clé, on a fait 100 kilomètres à la banane. On aurait pu ne jamais revenir.

  • Speaker #1

    Bien sûr. Et c'est cette rencontre qui a tout changé. Et du coup, il est le tour du monde. Et si je reviens à ton parcours professionnel, tu travailles en pharmacie, tu m'as dit que finalement, ça te passionne beaucoup plus que l'école. Et finalement, tu vas aller, si je ne dis pas de bêtises, tu passes du monde de la pharmacie au journalisme. C'est ça, chez Paris Match ? Pourquoi tu as fait ce choix-là de changer ?

  • Speaker #2

    Non, non,

  • Speaker #0

    juste...

  • Speaker #1

    C'est un virage à trois fois.

  • Speaker #0

    Bon,

  • Speaker #2

    alors, donc on part avec Bordeaux pour le Tour du Monde. On va mettre pas loin de deux ans. On va traverser... Je crois 35 pays, on va faire 150 000 kilomètres de piste. Le monde était très peu goudronné à l'époque, de routes d'enfer, etc. Mais avec un plaisir fou et avec une voiture merveilleuse, parce qu'elle sortait de tous les problèmes. À tous les deux, on arrivait presque même à la soulever quand elle s'enlisait. Mais quand on était dans un problème, il y avait toujours quelqu'un qui était là, qui nous aidait, qui après nous donnait 10 balles pour aller marcher. un hamburger, mais il n'y avait pas d'hébergeur à cette époque, mais des soupes de riz et tout ça. Et donc, c'est ce qui a fait notre traversée du monde. On est arrivé à Paris, on a frappé à la porte de Citroën. Alors, on a dit, écoutez, vous nous avez dit que vous alliez nous aider dans l'après. C'est l'après, voilà ce qu'on a fait. Ils ont dit, mais c'est formidable, on n'y croit pas. On a dit, écoutez, allez voir, téléphonez aux gens qui nous ont reçus, etc. Ils ont dit, oui, c'est vrai. Donc, on va vous aider. ils me disent, écris-moi un livre. Je dis, oui, oui, moi je ne sais pas écrire. Mais c'est très facile, tu racontes ce qui est arrivé. Et puis avec Jean-Claude Baudot, vous vous souvenez, vous ramenez vos souvenirs et vous racontez vos histoires. J'ai dit, écoutez, d'accord, bon, alors tu fais ça, tu te lèves à 10h du matin, tu fais ça jusqu'à 18h, à 18h tu viens chez moi, et moi pendant 2h, je re-write le livre. Jean-Paul Gansinger qui m'a dit ça, qui était le directeur de la presse à l'époque de Citroën. Ça s'est passé comme ça. Le livre s'est écrit en un mois. C'est Flavard qui l'a édité. Et ça devient le best-seller du moment. Il tire à 150 000 exemplaires. Moi, je ne savais pas ce que c'était qu'un best-seller. J'arrivais de Perpignan. Je n'imaginais pas qu'un livre pouvait rapporter autant d'argent. Donc, nous, on s'est trouvé dans un moment où finalement tout venait à nous. Je faisais le pivot de l'époque, Jean-Claude encourait les médias qui voulaient qu'on leur raconte nos histoires. Donc, là-dessus, je reçois un coup de fil du patron de Match. qui me dit, venez me voir, je viens le voir, il me dit, mais l'homme qui a fait le plus beau slogan qu'il soit, le poids des mots, la puissance de la photo, et le choc de la photo, quel beau slogan. Il me dit, tu n'es pas fait pour la pharmacie, tu es un reporter de match, tu commences demain. J'ai dit, mais un reporter de quoi ? Tu as écrit un livre ? C'est pareil, c'est comme si tu me faisais écrire deux pages d'un livre, etc. Ça s'est passé comme ça, et donc j'ai passé deux ans à Paris Match. J'ai été un peu touché par le journalisme et j'ai remis en cause le journalisme. Parce qu'un jour, Roger Théron m'a dit, il y a une femme qui vient de sortir de prison, elle a deux enfants qui ont cinq ans, elle a fait cinq ans de prison parce qu'elle a tué son mari, parce que c'est un mari violent pour elle et ses enfants. Donc moi, je me renseigne pour savoir où elle était, je me mets en face d'elle dans l'autobus où elle a amené ses enfants à l'école, et puis on m'a dit, tu fais un petit trou dans le journal, et tu as ton appareil photo, et tu fais photographier comme ça personne ne te voit. Je ramène la photo, qui fait la couverture de match, je descendais à Perpignan quelques jours plus tard, j'arrive, je montre ma mère, je dis, maman, regarde, c'est ma première couverture de match, c'est formidable. Elle regarde, elle me dit, mais... Comment as-tu osé faire ça ? Est-ce que tu t'es posé la question de savoir si ces deux enfants savaient que leur mère avait tué leur père ? Donc, j'ai senti qu'il aurait du mal à prendre mes distances avec ce type de journalisme-là. Là-dessus est arrivée la guerre d'Algérie, et c'était la fin de la guerre d'Algérie, mais est arrivé le temps de faire notre service militaire. Et je me suis retrouvé avec Philippe Labron. avec de pardon, avec tous les talents déjà de 20 ans qui se retrouvaient au même endroit, qui étaient là où se faisaient les journaux militaires, qui nous ont confié la fabrication. d'un Paris Match militaire qu'on a appelé TAM, Terre, Air, Mer, et qui était finalement exactement Paris Match. Moi, j'en venais d'être à Paris Match, donc c'est moi qui faisais le journal, etc., puisque j'avais fait ça pendant deux ans. Franck Weber était aussi avec nous, Francis Weber était aussi avec nous, et ça a été là que j'ai appris mon métier. pas simplement de journaliste, mais de reporter de guerre, mais aussi de metteur en page du journal, mais aussi de directeur de la publication du journal, etc. Donc je ne remercierai jamais assez l'armée de m'avoir offert ces études gratuitement. Et puis, on est rentré à Paris, et moi je me suis dit, mais je voudrais connaître un autre journalisme, je voudrais connaître le quotidien et de la télévision. C'était le début de la télévision. Et donc, j'ai demandé à Pierre Lazareth de me recevoir. Je lui ai raconté ma vie. Il m'a dit, écoute, tu es formidable. La télévision, c'est un peu tôt, mais tu vas démarrer dans un an. Mais entre-temps, on va faire un journal ensemble qui s'appelait Vive les vacances et qui est de l'ancêtre de VSD, etc. Et quand j'ai eu 30 ans, il m'a dit à déjeuner, il m'a dit, écoute, je t'aime beaucoup. Je pense qu'il faut que tu t'en ailles de Paris Match. Tu n'es pas fait pour être un journaliste. Tu n'es pas l'homme de l'écriture longue. Tu es un titreur. Ça n'a pas de prix, un titreur. Après, souvent, quand François, ils étaient un peu perdus, ils m'appelaient pour faire le titre, parce que c'était un peu mon petit don que j'avais. Ça n'augmentera pas ton salaire mensuel. Tandis que si tu fais un titre qui devient un slogan dans une agence de pub, ça te nourrira pendant un an. Donc, va dans la pub, va dans un métier neuf, la presse va mourir. François a tiré à un million d'exemplaires. Sur la manchette, il y avait le seul quotidien français qui tire à plus de un million d'exemplaires. Élément.

  • Speaker #0

    Et c'est à Pierre Lazareff que je dois d'être en tête dans la publicité, parce que le lendemain matin, je suis allé voir mes copains de Citroën, je leur ai dit, Pierre me dit d'aller dans la publicité, mais je ne connais rien à la publicité, il me dit, mais ça n'a pas d'importance, tu vas aller dans notre agence, écoute, elle s'essouffle un peu, etc., tu vas fonder un coup de pied dans la fourmilière, et vas-y. Et c'est comme ça que j'ai fait ma première campagne, pour un médicament d'ailleurs, avec le glyphanon. Et qu'ensuite, j'ai enchaîné avec la grande publicité et puis avec 60 ans de pub de Citroën.

  • Speaker #1

    Et comment t'expliques ? Tu dis que t'es plus à l'aise, plus talentueux sur les slogans. Tu dis que t'es un titreux, je crois. Comment t'expliques ça ? C'est quelque chose que t'as travaillé ou c'est quelque chose d'inné ?

  • Speaker #0

    Non, c'était naturel. Mon père adorait les chansonniers. Je me souviens qu'il y avait une émission tous les samedis soirs avec Robert Lamoureux et puis des chansonniers qui défilaient. On écoutait ça religieusement pendant deux heures. Et mon père avait l'art aussi des mots. Et c'est lui, finalement, qui m'a communiqué ce don des mots. Moi, je ne réfléchis pas tellement aux slogans. Ils me viennent naturellement. Alors après, ils sont bons ou ils sont mauvais. Quand j'allais chez les annonceurs prendre le brief de la campagne, j'ai sorti mon stylo, j'écrivais, et à la sortie, les gens pensaient que j'avais écrit le brief. Pas du tout. J'avais écrit le slogan et la campagne possible. Là, dans le feu de l'action, en écoutant l'annonceur. Parce que c'est l'annonceur qui fait la pub. Simplement, il ne sait pas la traduire. Il ne sait pas la densifier. Il ne sait pas la maîtriser. Et ça, c'est le petit don que j'ai. d'avoir le pouvoir des mots.

  • Speaker #1

    Ok. Et donc, tu vas commencer à travailler en agence de pub, c'est ça ? Et après, tu vas créer ce qui est devenu Euro RSCG ?

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et donc, tu es passé du salariat à l'entrepreneuriat, et c'est la première fois que tu crées ton entreprise ?

  • Speaker #0

    J'ai 30 ans. Ouais. C'est 68. Les gens défilent dans la rue. Et avec celui qui va devenir mon associé, Bernard Roux. Ouais. On décide, après les défilés de 68, d'aller voir nos patrons et leur dire, écoutez, nous on est là depuis trois ans avec vous. On a triplé votre chiffre d'affaires. On veut bien continuer avec vous. mais vous nous donnez 20% à chacun. Il nous a dit, oui, c'est intéressant. Écoutez, laissez-nous réfléchir, on se voit demain matin. On arrive le lendemain matin, sur notre bureau, il y avait deux enveloppes pour solde, de tout compte. On se retrouve en bas, dans un bar à putes, où on allait matinalement prendre le petit déjeuner, et on dit, mais qu'est-ce qu'on fait ? Je lui dis, mais on fait une agence. Bernard me dit, mais tu es fou. Mais oui, on fait une agence, on vend nos voitures, on vend nos vêtements, on vend tout ce qu'on peut vendre, on se serre la ceinture, on demande aux copains de nous aider un peu, et on y va, on démarre. Et comme on avait un petit chèque, puisqu'ils nous avaient viré... Et après, on a fait comme première annonce, on a fait une autre pub à nous, qui était une page dans le Figaro, dans Le Monde, qui disait, deux choses l'une, vous avez une agence, on va vous prouver qu'on est meilleur qu'elle. Vous n'avez pas d'agence, quel dommage, mais quelle chance, désormais on est votre agence. Ça n'a rapporté qu'un coup de fil du patron, à l'époque, des moteurs Mercury, qui s'appelait Vinclair, et qui nous dit, écoutez, moi j'ai une agence nulle, etc., il me reste quelques pages de l'Express, je vous donne le budget. m'apportait une grande idée. Je reviens à l'agence et je me souviens qu'un de mes derniers reportages à Match était Pompidou qui était avec sa cigarette papier-maïs à la bouche et qui pilotait un petit un petit hors-bord gonflable pour aller retrouver un yacht. Je me dis mais si ce moteur... C'était un Mercury. On peut faire une annonce formidable. C'est un Mercury. Et donc, il fait une annonce formidable en disant Merci, Monsieur le Président, vous prenez soin de vous, et quand vous prenez la mer, vous le faites, mais avec le meilleur moteur et le plus sûr du monde. Ça a été un scandale, parce que... Le président de l'époque a lisé l'Express avant qu'il soit imprimé. Et donc a découvert qu'il avait au milieu de l'Express cette pub qui lui est tombée sur la tête, etc. Il a appelé Saint-Vancherébert, qui était le président du journal, en lui disant Mais qu'est-ce qui se passe ? Il n'avait pas vu non plus le truc. J'ai interdit la sortie de l'Express, etc. Donc, il me rappelle... Il me dit écoutez, vous avez fait une bêtise, attrapez-la Je dis d'accord, comment on peut faire ? Il a eu une idée. La seule idée, c'est d'arracher les pages. Ça tombait bien parce que la page du Verseau était une page de pub. Donc, ça ne coupait pas un article du journal. Il me dit écoutez, d'accord, mais vous allez le faire vous-même Il m'amène dans un hangar où il y avait 40 000 expresses. Donc moi je rapportais tous les copains, dans la rue je donnais 100 balles à tous les mecs qui étaient prêts à venir nous aider. Bon, et on ne nous a pas arraché toutes.

  • Speaker #1

    T'avais combien de temps pour en...

  • Speaker #0

    On nous a arraché quelques milliers, entre temps, toutes les télévisions se sont jetées sur l'histoire. etc. Ça a fait le journal de 20 heures et ça a relancé à la fois Mercury et à la fois ça a lancé

  • Speaker #1

    Ruseguela. Ok et du coup donc vous allez avoir une grosse croissance rapidement. On parle même je crois du carré magique Ruseguela, Kezak et Goudard. Alors vous faites beaucoup de campagnes, je crois que vous ouvrez aussi des FIAL dans le monde. Tu me parlais de président en 81 du coup vous faites la campagne de Mitterrand c'est ça ? Oui. Moi, ce qui m'intéresse de comprendre aussi, c'est peut-être que tu nous racontes un petit peu, mais aussi, j'imagine que c'est différent de faire une campagne pour une marque, comme Citroën, par exemple, et une campagne pour un président. C'est quoi la différence entre les deux ?

  • Speaker #0

    La différence, c'est une différence de fond. La forme est la même. C'est le même silo qui écrit la France tranquille et qui écrit en avant Citroën. Ou j'aime, j'aime, j'aime Citroën. Donc, c'est... C'est un problème de respect vis-à-vis de son client, d'honnêteté, parce que c'est un grand problème de confiance entre le candidat et son communicant, de maîtrise de l'attente des Français. C'est vrai pour toutes les marques, pour tous les produits, mais là c'est le produit suprême. Et puis, ça doit quand même oser sortir des sentiers battus, ce que personne jusque-là n'avait osé. en France. Et c'est tout ça qui est amené à la France tranquille. Et je me souviens que le président m'a invité à déjeuner. Il m'a dit Si vous êtes libre demain, je vous attends à telle adresse pour déjeuner. Donc je me précipite. puis tu as l'adresse, j'arrive, tu as un petit restaurant, le back-toll. Une fois de plus, je me suis dit, mais voilà, c'est un signe, encore un signe. Il faut faire cette campagne, il faut séduire cet homme, il faut. Parce que moi, je m'étais rendu compte que la France avait dix ans de retard dans les publicités politiques. Donc j'étais allé plusieurs fois en Angleterre, plusieurs fois aux Etats-Unis, suivre les grandes campagnes de nos concurrents qui avaient dix ans d'avance sur nous. Et donc je me suis dit, euh... pour que la France rentre à leur niveau, je vais offrir la campagne. Parce qu'à l'époque, c'était les candidats qui payaient leur campagne. Aujourd'hui, c'est l'État qui paye les campagnes. Donc, ils cherchaient l'argent de tous les côtés. Je me dis, comme ce sera gratuit, il y en a bien un qui va accepter que je fasse la campagne. Mais il n'y en a qu'un qui a accepté, c'est Mitterrand. Et donc, il m'a dit, écoutez, on se verra. Tous les lundis matins, de midi à une heure. Vous m'apprendrez la communication, je vous apprendrai la politique. Oui, président. Trois lundis après, vous êtes nul en politique. Vous me faites honte. Vous n'y comprenez rien. Donc on arrête la version je vous apprends la politique, mais on consacre toute l'heure à la communication, parce que là, en communication, vous m'apprenez des choses intéressantes. Et ça a duré comme ça. Et un jour, je me dis, président, Maintenant, c'est le moment important, c'est le choix du slogan. Ah bon ? Il me semble, amenez-en plusieurs. Elle dit non, président. Je ne suis pas marchand de chaussures. Je n'arrive pas avec plusieurs chaussures et plusieurs tailles. Il y a un seul slogan. S'il ne vous plaît pas, je reviens la semaine prochaine. Et puis la semaine prochaine. Mais ça ne se vend pas à l'étalage d'un slogan. Et donc, j'avais écrit la force tranquille sur un carton. Je dis, président. Fermez les yeux. Président, ouvrez les yeux. Et les vues rentraient dans le slogan. Je l'ai vu, mais complètement happé par le slogan. Je me suis dit, mais c'est incroyable, il se passe quelque chose là. On disait tous les deux seuls. Au quatrième étage, de son tout petit mortel particulier qu'il avait, dans le fond de Paris, j'ai vécu un moment d'extase. Il m'a dit, c'est Gala, vous m'avez trouvé. Parce que je suis revenu à l'agence, personne ne voulait que j'aille proposer la force tranquille. On disait mais non, un slogan politique c'est une France force et tranquille. La force tranquille ça veut rien dire. En plus tu dis la force tranquille de Mitterrand, c'est le mec qui a une réputation. de lâche, de l'observatoire, de combine, etc. Ça va te retomber tout de suite. Les gens vont dire, la farce tranquille. J'ai dit, mais non, je l'ai vu, je suis sûr que c'est ça. J'ai senti dans ses yeux, dans son cœur, que ça passait. Il va l'incarner, je suis sûr. Laissez-moi faire, de toute façon, je me dors. On fait. Après, il a fallu arriver à l'affiche. Donc je dis, M. le Président, maintenant, il faut faire la photo de l'affiche. Et moi, je voudrais que ce soit dans un petit village, près de chez vous, pour montrer que vous êtes enraciné, que vous n'êtes pas un Parisien, que vous êtes de la terre, avec le côté paisible d'un petit village, le côté rural d'un petit village. mais aussi un climat de publicité de droite. Pas de publicité de gauche intellectuelle, bougeant, articulant et désarticulant les choses. Parce que mon métier, ce n'est pas que faire que les gens de gauche votent pour vous. Si ils ne votent pas pour vous, vous n'avez aucune chance d'être élu. Mais que la frange de... les électeurs de droite qui hésitent jusqu'au dernier jour, votent pour vous. Parce que vous savez que 10% des votants en France et dans plusieurs pays comme la France vont voter le dimanche matin sans savoir pour qui ils vont voter. Ils ne savent même pas quels sont les 4 ou 5 candidats en lice. Donc c'est cette clientèle-là qu'il faut faire bouger. Et ça faillit. Jamais, l'affiche a failli ne jamais exister. Parce que le 1er janvier, l'affiche allait être affichée une semaine plus tard, elle était déjà prête, Mitterrand m'appelle, il me dit, c'est que là, il y a une catastrophe, venez me voir tout de suite. Oui président. Je raccourc rue de Bièvre, et il me dit, c'est que là, l'affiche, on n'a pas montré aux socialistes. Mais c'est eux qui payent. Parce que moi, je ferais la création, le suivi, le marketing, etc. Mais pas les médias, bien sûr. Je dis, alors, qu'est-ce qu'on fait ? Ils disent, écoutez, c'est qu'il y a là, vous avez un autre genre, vous savez vendre une campagne, je vous les réunis demain matin à 8h, et puis vous me faites plaisir, vous vendez cette campagne. Oui, président, j'arrive demain matin à 8h, il y avait une grande table où il y avait 20 personnes, dont 19 vont être ministres trois mois plus tard. Et le 20e va être à l'Élysée, c'est Jacques Attali. Il est ce qui était le directeur de la campagne. Et là, Mitterrand m'introduit et dit, j'ai une interview d'une demi-heure, donc je la tiens à côté. Décidez-vous entre vous et je reviens vous voir pour conclure. Je présente la campagne, quand on arrive à la force tranquille, un silence de mort. Il a dit, écoutez, je vois qu'il y a comme un problème dans l'équipe, donc je vous propose que chacun, sur un papier, note de 1 à 10 à la fiche. C'est ce qui se fait. Il y a 10 voix contre. Non, pardon, n'hésitez pas. Il y a 20 voix contre. Arise Mitterrand. Il dit, alors c'est qui là ? Comment ça s'est passé ? Monsieur le Président, on a voté. Ah bon ? Monsieur le Président, il y a 20 voix contre. Ah oui, mais on est en démocratie. Moi, je n'ai pas voté. Donc, ça s'est passé à place. Il dit, je vote. Et j'ai la majorité, parce que c'est ma campagne, et pas la vôtre. Et on va faire cette affiche, parce qu'elle me ressemble.

  • Speaker #1

    Donc, tu es à la faute de chance du Président.

  • Speaker #0

    Elle aurait pu ne jamais sortir. qui n'avaient pas le courage de Mitterrand, contre ses équipes, contre les gens qui vont être ses ministres, qui tapent sur la table. Et pas un seul a répondu, pas un seul a réagi.

  • Speaker #1

    Ce qui m'intéresse de comprendre aussi, quand tu fais une campagne présidentielle, alors là on a parlé de François Mitterrand, mais tu en as fait 20 je crois en tout. Quand tu fais en fait une campagne pour une marque et une campagne présidentielle, alors peut-être qu'une campagne pour une marque, tu fais une étude de marché ou une étude de clientèle, comment tu ressens ce qu'attendent entre guillemets les citoyens ?

  • Speaker #0

    Parce que c'est la même chose, c'est les mêmes boîtes d'études, c'est les mêmes genres d'études, il n'y a pas de différence, sauf qu'on n'a pas le droit de dire qu'un président c'est un produit.

  • Speaker #1

    À l'époque ça...

  • Speaker #0

    Mais même aujourd'hui, on n'a pas le droit de dire que c'est un produit. au-dessus de tout, quand on voit d'ailleurs comment la République est bafouée, mais c'est quand même les mêmes hommes, les mêmes esprits, les mêmes équipes, les mêmes affiches, simplement que c'est des affiches plus difficiles à faire, parce qu'elles sont dans l'actualité, que ça se passe en deux ou trois jours, qu'elles peuvent décider des deux ou trois points de campagne qui hésitent. D'ailleurs, je me souviens que... Le président de la Slovénie, qui est un petit pays au-dessus de l'ancienne Yougoslavie, m'appelle et me dit Écoutez, j'ai beaucoup aimé la campagne que vous avez faite pour votre président. J'ai un problème parce que je suis à un mois du vote et je sens que les sondages sont en train de décrocher. Est-ce que vous pouvez venir me voir ? Je me récipite. C'était un mec très intelligent, un beau mec, etc. Il avait un énorme chien comme ça qui le suivait partout. Il était célibataire. Et il me dit, écoutez, qu'est-ce que vous pouvez faire pour moi ? Je lui dis, écoutez, il reste un mois. C'est le moment de la vraie campagne, etc. Où la publicité, en français, elle n'est pas autorisée, mais là, elle est autorisée. Il faut faire un film fracassant qui va passer tous les soirs à la télé. Et vous mettez tout le paquet là-dessus, etc. Vous oubliez les meetings, les trucs, etc. Vous faites confiance à la communication. Mais il faut évidemment un film formidable. Donc laissez-moi une semaine. Je reviens à Paris, je réfléchis, j'avais des études de marché, etc. Je vois que vraiment c'est formidable. Mais je m'aperçois que lui n'est pas aimé, mais son chien est adoré. Donc je reviens, je dis, j'ai trouvé. Vous êtes détesté, votre chien est aimé. On va faire la campagne du chien.

  • Speaker #1

    C'était une race de chiens particulière ?

  • Speaker #0

    C'était les gros bergers noirs de la Yougoslavie. Et j'arrive avec mon script. Son chien est à côté de sa niche et il parle. Et il dit, moi je suis le mieux placé pour le connaître. Je connais ses qualités, ses défauts, je vis avec lui. Je ne peux pas vous dire si c'est un mec droit. Jamais manquez de partager sa soupe avec moi. C'est un chien très aimant. C'est un chien tendre, mais aussi c'est un chien de garde. C'est un chien qui vous protégera. Et puis, vous voyez, regardez comme elle est belle ma niche. Si vous votez pas pour moi, il y aura plus de niche. Et le slogan, c'était Wow, wow, wow ! Parce que voter veut dire, en deuxième lecture, aboyer Très curieux. Il a été élu. J'ai fait apprécier deux ans de campagne de réélection.

  • Speaker #1

    Est-ce que ça veut dire qu'on élit du coup aussi une personne, mais un peu tout son entourage, son environnement, tout ce que la personne peut diffuser ? Là, par exemple, sur le président Sloven, du coup, si j'ai bien compris, tu as mis en avant son chien parce que ça lui donnait de la sympathie peut-être aussi au personnage ?

  • Speaker #0

    Les publicitaires, les journalistes adoraient le chien. Il y avait plein de caricatures du chien. Il était toujours avec son chien, c'est très étonnant. Imagine si Emmanuel Macron arrive à la télé avec un chien comme ça. Et lui, il faisait ça. Mais ça se retournait contre lui. Et la publicité a positivé les choses. Par son humour. D'accord. C'est comme ça qu'elle a renversé l'opinion. Ok.

  • Speaker #1

    Et du coup, tu as fait d'autres campagnes présidentielles aussi, notamment en Afrique. Ça m'intéresse de comprendre.

  • Speaker #0

    Je n'ai pas fait l'Afrique. Je ne sais pas pourquoi on met l'Afrique sur le dos. C'est vrai ? L'agence ici a fait des publicités. D'accord. Elle en a fait encore récemment. Moi, j'ai fait simplement, c'est quand même l'Afrique, à la demande de Mitterrand, j'ai fait les campagnes d'Abou Diouf. Il était un grand ami de Mitterrand. J'ai fait les deux campagnes. D'abord, parce qu'il a été élu et puis réélu. Et après, il est devenu patron de la France dans le monde, de langage de la France dans le monde, il fait de la francophonie. C'est un maître d'exception. Mais après, on me prête tous les dictateurs du monde. Je ne les connais même pas. Le seul pays d'Afrique où je suis allé, à part le... la trilogie de l'Afrique du Nord, je n'ai connu aucun de ces autres pays, je les ai traversés à l'époque en deux chevaux, mais je n'y suis jamais retourné.

  • Speaker #1

    À ce propos, je crois qu'il y a même Mouammar Kadhafi qui t'a proposé de faire une campagne. D'ailleurs,

  • Speaker #0

    oui, Kadhafi m'a envoyé son ministre de la Culture, je crois, qui m'a dit, le président Kadhafi vous demande et vous propose d'être son communicant avec un contrat de 10 ans, payé 1 million par an en Suisse. J'ai dit, c'est la double faute. D'abord la Suisse, parce que vous allez m'envoyer en taule, et après, votre client, parce que c'est un dictateur. J'ai dû écrire une lettre, à la fois que j'ai essayé d'être la plus respectueuse possible, mais la plus claire possible, en disant que ce n'était pas ma manière de faire.

  • Speaker #1

    Tu dis souvent que tu as appris beaucoup de choses, voire tout, avec François Mitterrand. Qu'est-ce que tu as appris auprès de François Mitterrand ?

  • Speaker #0

    Il a pris la force tranquille, parce que c'était une force tranquille. Moi je l'avais découvert assez vite, parce que je voyais bien quand je discutais avec lui, qu'à l'intérieur ça brûlait. Mais que si c'était une cuirasse, il fallait la clé pour ouvrir la cuirasse. D'ailleurs il ne m'a pris que deux fois dans ses bras. Quand il a été élu une première fois, en 1981, et une deuxième fois en 1987. Après, il était très proche de moi quand même. Il était presque affectif, mais c'est une affectivité toujours très modérée, très froide, mais tellement sincère. Et à la fois, il était très libre. Je me souviens que... Très souvent, j'allais travailler avec lui le vendredi soir, de 18h à 19h, je lui amenais toutes les études, etc. Et vers 8h, il décrochait son téléphone, il appelait sa femme, il lui racontait la journée. Puis il appelait la femme de sa vie, et de sa fille. Et il lui parlait complètement d'autres choses. Et puis il y avait parfois un troisième coup de fil où il recoulait. Donc je lui disais, mais il y a un flirt dans l'air. Quel incroyable personnage.

  • Speaker #1

    Et après François Mitterrand, sur tes campagnes présidentielles, tu as fait celle de Jospin. Alors sur les 20 campagnes, si je n'ai pas de bêtises, c'est la seule qui n'a fait de victorieuse.

  • Speaker #0

    C'est la seule que j'aurais voulu voir réussir, parce que j'ai trouvé que Jospin a été un très grand Premier ministre, tout le monde le reconnaît. Il aurait été un très grand président, alors qu'on a eu un roi fainéant. Mais je n'aimais pas la communication. Il trouvait que la communication était perverse. Il avait raison d'ailleurs dans son discours, que la communication politique était perverse, qu'il fallait être élu pour ce que l'on était et pas pour ce que l'on paraissait, et que la publicité était du paraître et pas de l'être. Il n'a jamais voulu s'afficher avec sa femme. Et moi, j'ai dit, attention, les Français, ils lisent un couple. Il faut que tu fasses deux émissions de grande écoute, etc. avec ta femme, que les Français connaissent. Ils étaient tellement amoureux, tous les deux. Vous n'avez pas besoin de rien dire, ne pas dire rien. Votre amour, il est époustouflant et cinglant. Mais il n'a pas voulu se plier à la chose. Moi, j'avais organisé une élection avec Michel Drucker. de deux heures, c'était dimanche matin ou dimanche après-midi, ou le samedi, je ne sais plus quand c'était, mais c'était trois jours avant Noël. Et les politologues ont analysé les choses et ont dit qu'une émission comme ça, réussie, elle aurait été réussie parce qu'en plus c'était un couple formidable, c'était un couple formidable, pouvait ramener 400 000 voix. On a perdu à 170 000. Par rigueur, par souci de pureté, par volonté de ne pas tricher, de ne pas se déguiser. Quel dommage, parce qu'il aurait apporté tout ça à la France. Un peu comme est en train de le faire le nouveau Premier ministre. Le nouveau Premier ministre, tout le monde dit qu'il est démodé. C'est pour ça qu'il est à la mode. Il les démode tous. C'était incroyable à l'Assemblée. Parce que lui, il a fait un discours travaillé. pas talentueux, mais avec beaucoup d'amour quand même, mais finissant quand même par être un peu répétitif, peut-être un peu trop long, etc. Mais, il a parlé vrai, il a parlé sincère, il a parlé honnête. Ce n'étaient pas les mots préparés. C'était un catalogue très muselé. mais qui aussi... traduisez sa volonté, où allaient ses premières volontés, et comment il arriverait à les résoudre, ce que personne n'arrivait à vraiment faire passer à l'Assemblée. Et il a démodé les autres. Il a démodé Marine Le Pen, qui était un discours moderne. Tout d'un coup, face à ce discours presque d'outre-tombe, mais tellement nouveau... tellement vrais et tellement sincères, tellement peu politiques et tellement plus publics que tous ceux qui se sont exprimés par derrière, dans l'évidemment instantanément essayant de le démonter, sont passés à la trappe.

  • Speaker #1

    Est-ce que ça veut dire que la politique, finalement, c'est aussi un cycle et que, tu vois, les gens ont besoin maintenant de quelque chose d'authentique plus simple ?

  • Speaker #0

    Lui, il est en train de ramener la politique, il l'a ramenée à De Gaulle, d'ailleurs. Il est en train de ramener la politique à un moment, d'ailleurs c'est le globalisme, où elle était le contraire de ce qu'elle est devenue. Est-ce que ça va marcher ? Il faut le souhaiter. Se donner la main, c'est notre dernière chance. On ne peut pas continuer à laisser la France, qui ne sera pas capable de nourrir ses enfants dans 50 ans, si on ne met pas tout en branle. On est fous.

  • Speaker #1

    T'es inquiet pour la France et sa jeunesse ?

  • Speaker #0

    Non, moi je crois en la France plus que tout. Je pense qu'elle a trouvé l'homme qu'il fallait. Ce qu'elle a réussi chaque fois à faire. Tu parles du Michel Barnier ? Je parle de Michel Barnier. Ils vont tous essayer de l'assassiner. Il a plus de force et plus d'humour qu'on le croit parce que moi je le connais bien. J'avais gagné la campagne des Jeux Olympiques. d'hiver à sa lanche. Comme avec Mitterrand, d'ailleurs, c'est moi qui l'avais proposé, tous les lundis matins, je le voyais à l'agence avec Kilianti, tous les trois, et on préparait, on organisait la grande soirée qui a été formidable, c'est lui qui a eu l'idée, d'ailleurs, d'aller chercher le théâtre du soleil, tu sais, avec le... Elle a été formidable, cette... Ce premier, j'aime... premier film des Jeux Olympiques d'hiver. Et j'ai vu comment il était méticuleux, honnête, sérieux, précis, travailleur. Et d'ailleurs, ça a été très réussi.

  • Speaker #1

    Dans les hommes politiques, est-ce qu'il y en a aujourd'hui qui t'inspirent encore ? Que tu trouves, justement, peut-être authentique, à la mode ? Je crois, j'ai lu que tu avais de l'estime pour Gabriel Attal.

  • Speaker #0

    Oui, moi je suis un fan de Gabriel Attal. Je ne sais pas moi qui est le conseiller en communication. Je ne suis pas sûr d'ailleurs qu'il ait besoin du conseiller en communication, parce qu'il est très doué. Il a un problème, c'est qu'il va passer du jeunisme à l'âge mûr en politique, dans les trois ans qui viennent. C'est même déjà presque commencé. Donc il va perdre cette dendresse du jeunisme, cette polissanderie. du jeunisme, mais aussi cette pureté du jeunisme qui faisait beaucoup de son image. Et il faut qu'il arrive à trouver maintenant, le temps d'après, celui de la maîtrise, de l'engagement, et qu'il écoute d'ailleurs bien aussi de la fierté, comme le dit celui qui l'a succédé, du courage et de la justice. Mais je crois qu'il peut le faire. Il a trois ans, il faut qu'il se prépare, il faut qu'il écrive un livre, d'ailleurs pas tout à fait un livre, un documentaire sur ce à quoi il croit, parce que les livres, les gens ne les lisent plus. Mais il faut après avoir le livre du documentaire. Parce que là, les gens, comme ils auront aimé le documentaire, ils auront aimé retrouver le livre et mettre le livre quelque part. Donc il faut inverser les choses. Et je crois que c'est celui... qui quand même, même dans son temps de jeunesse, avait le plus de respect de la démocratie et de son président. D'ailleurs, il a été touché en plein cœur quand le président lui a refusé de lui dire la vérité. Je ne comprends pas pourquoi, d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Sur la dissolution, je ne sais pas.

  • Speaker #0

    Non, je pense que la politique, c'est quand même les coups bas. Et puis, il se digère. Et de toute façon, le président lui a fait un très beau cadeau.... il a donné son parti.

  • Speaker #1

    Est-ce que la critique qui peut être facile, c'est qu'Attal est finalement très ressemblant à Emmanuel Macron ? Au début, il était dans son équipe, je crois. Est-ce que tu trouves qu'ils sont si différents l'un de l'autre ?

  • Speaker #0

    C'est-à-dire que 20-10 ans de différence entre les deux, c'est donc une tranche de vie qui s'achève pour l'un et qui commence pour l'autre. C'est difficile de juger de la suite. Je pense que Macron ne lâchera pas celui qui a été son fils prodigue.

  • Speaker #1

    Et en parlant de Macron, justement, j'ai lu que... Alors, je crois que tu n'en parles pas tant que ça, mais un jour, tu as rencontré Emmanuel Macron avant qu'il soit président, dans une conférence, et il t'a demandé de faire un dîner avec toi et de potentiellement te raconter aussi une campagne victorieuse.

  • Speaker #0

    Ah oui, oui, oui, absolument, c'est vrai. Il m'a dit, j'aimerais que tu me parles de la campagne de François Mitterrand. Je lui ai dit, viens dîner à la maison. Il est arrivé avec sa femme, j'étais évidemment avec la mienne. Je lui ai raconté, on s'est vus trois ou quatre fois. jusqu'à minuit, tu vois, donc c'était assez long. Je racontais à la fois toute la campagne de François Mitterrand, mais les 19 autres campagnes aussi que j'avais faites, et surtout la mise en garde de celle de Jospin. Et il prenait des notes, il était... Intensif. À la fois il était assez détendu... très amoureux de sa femme et sa femme très amoureuse de lui. Ces formes-là, c'était un couple complètement fusionnel. Lui, d'une intelligence et d'une mémoire phénoménale. Il prenait quand même quelques notes, mais il se souvenait de tout ce qu'on avait pu dire, même deux ou trois semaines après, dans l'intégralité. Et il avait en plus une jeunesse, une vitalité. un pouvoir de séduction, une authenticité extraordinaire. Et c'est enfoui. Les gens le tapent dessus, mais quand tu regardes les sondages, il est à 30%. D'autres 30%. Marine Le Pen. C'est tout.

  • Speaker #1

    Est-ce que quand tu travailles pour un homme politique, qu'est-ce qui prend ? Est-ce que tu regardes, il faut que tu sois en accord quand même avec ses convictions, ou son potentiel, ce que tu viens de dire, par exemple son pouvoir de séduction, son talent, etc. Ça prend le dessus ? C'est quoi qui est le plus important ? Non,

  • Speaker #0

    moi je n'ai jamais été d'aucun parti, sauf du parti des idées. moi je veux le meilleur de la droite et le meilleur de la gauche c'est d'ailleurs mon discours que Macron mon point si je puis dire entre parenthèses parce que je pense pas qu'il savait ce que je répétais dans les médias donc ce ne sont pas les partis qui m'intéressent sauf l'union des partis parce que c'est elle qui doit gouverner la France ce sont les personnalités ok Mais évidemment, je ne toucherai jamais à un dictateur, d'un dictateur possible, parce qu'on ne sait jamais comment tournent les choses. Et d'ailleurs, on en revient aux fachos africains.

  • Speaker #1

    Et justement, à ce propos, dans chaque épisode qu'on enregistre des Sages, j'essaie d'avoir une question de la part d'un proche. Et du coup, j'ai demandé à Alain Quezac, qui te pose une question à ce propos, qui dit Je ne me souviens plus, es-tu de droite ou de gauche ?

  • Speaker #0

    Moi, je suis et de droite et de gauche. J'aime pas d'ailleurs la formule de Macron, qui est ni de droite ni de gauche, parce que le ni-ni en publicité, c'est négatif. Donc je préfère le positif, et je dis, je suis et de droite et de gauche, et je l'ai toujours dit, mon seul parti, c'est le parti des idées. Je le dis depuis 70 ans. Enfin, pas 70 ans, parce que j'ai commencé la politique plus tard, mais je le dis depuis 50 ans.

  • Speaker #1

    Si on revient un peu sur la pub, c'est quoi la plus belle campagne pour toi que tu as faite ? Politiquement, mais pas que, même pour une marque.

  • Speaker #0

    Tu sais, un jour, j'ai reçu une invitation de la Maison Blanche, de Ronald Reagan, d'une invitation à déjeuner, au titre de représentant de la publicité européenne. J'étais très flatté et j'étais avec Christine O'Kreint, qui était la représentante de mes amis d'ailleurs de toujours, et qui était la représentante de la presse européenne. Et donc on se retrouve à la Maison Blanche, on est à côté, dans la même table, et à la fin, comme tu le fais, à la fin du déjeuner, il dit, mais chacun peut me poser une question. À côté de moi, il y a un monsieur qui se lève et qui dit, Quelle est... Le plus beau jour que vous ayez passé ici. Il répond, demain. Une merveilleuse réponse.

  • Speaker #1

    Ok, alors si on continue, on a parlé de la plus belle campagne. C'est quoi pour toi la plus belle marque au monde ? Est-ce que c'est Apple ? Souvent pour les gens, c'est souvent Apple.

  • Speaker #0

    La plus belle marque au monde, c'est Citroën.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Parce que ça fait 60 ans que je me bats pour la marque, etc. J'essaye de faire rayonner la barque, je fais des films pour la marque, je fais tout pour la marque, j'écris un livre sur la marque, qui est toute l'histoire d'ailleurs d'André Citroën. C'est ma marque préférée, elle le sera toujours. Ça ne veut pas dire que c'est la plus belle campagne du monde. Moi je trouve qu'en Europe, la meilleure campagne c'est Canal.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Parce que ce sont les derniers à faire de la publicité à l'ancienne. Ils racontent des histoires. Je ne sais pas si tu as vu le dernier film pour Citroën, sur la liberté, les gens qui sortent... La Révolution, qui sort du palais de la République, et qui, en voiture... Sautent au-dessus de tous les participants. Très beau film. Donc, Citroën est la dernière marque à faire de la publicité à l'ancienne qui raconte une histoire, un début, une suite, une fin et un slogan. Aujourd'hui, les publicités, elles sont des publicités de cas. Il prend un cas, généralement un cas sociétal, etc. et qui dit comment on va pouvoir recoter de l'argent pour éviter la maladie de notre copain ou telle autre maladie, etc. Mais il n'y a plus d'histoire. Il y a des levées, des levées d'argent ou des levées de cœur, mais il n'y a pas cette force de la publicité d'avoir l'humeur, l'humour. Et pour finir, l'efficacité, la rapidité, le slogan. Tu supprimes, on est fou d'Affle-Loup, d'Affle-Loup, c'est comme si tu l'amputais d'un bras ou d'une jambe. J'ai d'ailleurs un déjeuner avec lui il y a 15 jours, avec Mercedes Serra, la patronne de BETC, qui a la publicité de Afloulou, c'est moi qui l'ai faite pendant 30 ans, et je lui ai raconté ça, et il me disait, je suis tellement d'accord avec toi. Tu as raison, il faut absolument conserver on est flou d'Afloulou. En tout cas, si on ne le fait pas dans les mots, on le fait dans l'esprit.

  • Speaker #1

    Les réseaux sociaux ont changé quelque chose sur la pub et sur les marques. Est-ce que les marques sont plus fragiles ? Parce que des fois, entre guillemets, ça peut s'emballer beaucoup plus vite, il peut y avoir des goûts de buzz, mais aussi des bad buzz.

  • Speaker #0

    Bien sûr, bien sûr. C'est à la fois un accélérateur de la publicité et de l'image. Et ça peut être un détracteur fou. parce qu'il n'est pas mesuré, il n'est pas filtré, il n'est pas travaillé, il n'est pas programmé. Il faudra qu'un jour la publicité soit réglementée sur les réseaux sociaux. On n'a pas le droit. La publicité, c'est le seul métier qui peut faire de la prison s'il est mensonger. La publicité mensongère mène à la prison. C'est quand même de la publicité mensongère qui se passe dans les réseaux sociaux.

  • Speaker #1

    C'est vrai que ce n'est pas encadré ou peu encadré encore. Pour terminer cet entretien, Jacques, est-ce que tu as des secrets, notamment pour maintenir ta créativité ? J'ai lu que tu écrivais tous les jours.

  • Speaker #0

    Oui, ce n'est pas un secret. C'est vrai de tous les écrivains. Sauf que moi, je ne suis pas un écrivain, je suis un publicitaire. Donc j'essaye de m'agripper. pour mériter le titre de petit écrivain. J'ai écrit 35 livres. On me demande souvent, mais pourquoi est-ce que tu es le seul publicitaire français connu en France et alentour ? J'ai dit parce que j'ai écrit 35 livres. Les gens ne lisent pas les livres, mais ils les reçoivent. à chaque fois une tournée médiatique, on en parle en ville, quand on en a 35, ça finit par s'accumuler, ça finit par construire une réputation, comme on construit une maison, chaque livre est une brique de plus. Alors oui, quand on a commencé un livre, il ne faut pas le lâcher, il faut écrire tous les jours, ne serait-ce que 10 lignes, pour ne pas perdre le film, pour rester dans l'histoire. Alors mon projet est sur croire, croire en sa religion, croire en soi, croire en la vie, croire en la liberté, croire... Avec des exemples tous de croyants dans leur discipline.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as un livre ou un poème préféré qui a guidé ta vie ?

  • Speaker #0

    Ah oui, oui. Si... Je l'avais lu... dû lire qu'un livre dans ma vie ça aurait été le Céline. Pour moi c'est le voyage au bout de la nuit, c'est le voyage au bout du talent.

  • Speaker #1

    J'ai vu que tu étais marié depuis 47 ans et comment on fait pour qu'un couple dure autant de temps ? Maintenant il y a beaucoup de divorces, peut-être plus qu'avant.

  • Speaker #0

    On ne fait rien, on ne fait rien, c'est l'amour qui décide, c'est lui qui mène la danse. Moi j'ai vu Sophie traverser l'open space dans lequel on était à cette époque-là, je parle d'il y a 40, pratiquement 50 ans, qui était l'étage des créatifs. Et j'ai dit, c'est la fin de ma vie. J'étais avec un des patrons de Citroën. J'ai dit, laisse-moi dix minutes, je dois dire à cette jeune fille qui passe que c'est la fête de ma vie. Mais qu'est-ce que tu fais ? Pour qu'il se raconte, je suis là. Écoute, donne-moi dix minutes. Et je suis allé la voir et je lui ai dit, tu es la femme de ma vie, donne-moi un dîner. J'ai dû répéter. dix fois je me supplie la onzième a été la bonne on est rentré chez moi on ne s'est plus jamais quitté avec cinq enfants parce que moi je suis le seul publicitaire qui a cinq enfants de la même femme eux ils ont cinq enfants de cinq femmes différentes et une et deux et trois et cinq toi c'est la même je crois que les enfants font beaucoup partie de la solidité d'un couple mais J'aime bien notre nouveau Premier ministre, parce qu'il a dit le mot qui, pour moi, est le mot qui mène à l'amour, et qui est la confiance. Il ne peut pas y avoir de confiance sans respect. Je crois qu'un couple qui se respecte d'un bout à l'autre est un couple qui s'aime vraiment. Et s'il manque ou s'il en arrive à les respecter, le couple va se briser. Ok.

  • Speaker #1

    Tu as parlé de tes enfants. Est-ce que tu leur donnes des conseils à tes enfants ou à des jeunes ? Écoute,

  • Speaker #0

    moi j'ai compris avec l'âge. Je suis dans ma neuvième décade. J'ai compris que le plus beau cadeau... que celui qui gouverne tout ça. Faire un père, c'est que ses enfants aient plus de talent que lui. Je me souviens que quand je présentais en bas à l'agence le film de Tristan, la série de Tristan, sur tapis, j'ai dit, enfin, un Seguela qui a du talent. Les gens me disent, il la ramène encore, c'est un slogan. Non. Mon frère, mon fils, a plus de talent que moi. Et il a le talent du long métrage. Il a le talent des deux heures d'une série. Moi, j'ai le talent d'un 30 secondes ou d'un 3 minutes. C'est pas comparable. Ma grande fierté, c'est ça. Je veux que mes autres enfants, chacun dans sa partie, ils sont tous dans des parties astériques, des parties créatives. Ma première fierté, fille, qui s'appelle Sarah, a fait une série de programmes formidables avec Canal+, qui était Merci la France, où des célébrités, mais aussi beaucoup de gens de la rue, venaient pendant, ils avaient une minute et demie, parler du cadeau que leur avait fait la France, et de la réussite qu'elles avaient reçue grâce à la France. Elle a eu beaucoup de succès, je crois qu'il y a 10 millions de vues dans le monde, et et c'était une belle façon d'utiliser les Jeux Olympiques pour faire passer ce message-là. Ma fille qui suit, Lola, qui elle, a le talent de sa mère, qui a le talent de la décoration. D'ailleurs, dans le L d'écho qui est paru au mois de juillet-août, elle a la couverture et 14 pages à l'intérieur pour la dernière décoration qu'elle ait faite en Grèce, une maison extraordinaire de 200 mètres face à la mer, où elle a tout choisi jusqu'à la petite cuillère. Et puis après j'ai mes jumelles, Ava et Mia, qui sont dans la pub. Rien ne pourrait me faire plus plaisir. Dans les deux agences les plus créatives de Paris, chez Buzzman et chez Australie. Le père est fier et je voudrais que chacune arrive à dépasser le talent, le petit talent de leur père. Je ne peux pas. Allez, ce ne sera pas si difficile, ce n'est qu'un petit talent.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a des choses qui peuvent te mettre en colère ou te rendre triste ?

  • Speaker #0

    Je ne me mets jamais en colère. Même quand j'étais jeune, je n'étais pas très colérique. Moi, je suis un homme d'apaisement, je suis un homme de rassemblement. Mon métier, c'était de rassembler les meilleurs talents du monde pour aller à l'assaut du monde et faire que la publicité française devienne, entre avances et publicistes, la meilleure du monde. Et puis, je suis pour... c'est un mot idiot, mais je suis pour la fraternité.

  • Speaker #1

    Ok, c'est important pour toi.

  • Speaker #0

    C'est important parce que c'est le contraire du déchirement. C'est le contraire de la guerre, c'est le contraire de la révolution, c'est le contraire du nihilisme, c'est le contraire de tout ce qui empoisonne la vie.

  • Speaker #1

    Pour finir cet entretien, si je ne dis pas de bêtises, aujourd'hui tu as 90 ans.

  • Speaker #0

    Oui, ça ne me vexe pas. Je suis fier de mon âge.

  • Speaker #1

    Ok. Et du coup, tu viens tous les jours, tu nous disais, je crois de 9h30 ou 10h à 18h, 19h chez Avas. Est-ce que tu vas prendre ta retraite un jour ou tu n'en vois pas l'utilité ?

  • Speaker #0

    Moi, j'ai fixé ma retraite à 100 ans, donc il me reste 9 ans. À moins qu'un jour, le maître des lieux... Yannick Bolloré me disait écoute, tu es très gentil, mais maintenant tu es trop gâteux. On t'aime, reste chez toi Ou que moi, je dise, je n'assure plus ma fonction comme... Alors, je ne peux pas l'assurer comme quand j'avais 20 ans. Mais si je sens que je n'ai plus les moyens d'être même au niveau moyen de ce que j'ai été, j'arrêterai de moi-même.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qu'on peut te souhaiter ? Terminer cet entretien.

  • Speaker #0

    Comme le disait la mère de Napoléon, pour vous que ça dure.

  • Speaker #1

    Merci Jacques. Merci pour votre écoute des sages sur cette nouvelle saison. Si vous avez aimé, vous avez été inspiré, vous avez appris quelque chose, il n'y a qu'un moyen de me remercier. Si vous êtes sur Spotify ou Apple Podcast, abonnez-vous et mettez 5 étoiles. 30 secondes de votre temps mais qui nous permettent d'être toujours plus visibles. et que d'autres personnes découvrent les sages. Avant de se quitter, une dernière chose. N'hésitez pas à m'envoyer un message sur LinkedIn. Nicolas Jeanne, Jeanne, J-A-N-E. Pour me dire ce que vous en avez pensé, vos retours, des suggestions d'invités. Vos retours nous font grandir. Merci.

Chapters

  • Introduction aux sages

    00:12

  • Rencontre avec Jacques Seguela

    01:02

  • L'enfance de Jacques

    05:51

  • Parcours professionnel en pharmacie

    15:59

  • Transition vers le journalisme

    25:03

  • Début de carrière télévisuelle

    28:16

  • Lancement dans la publicité

    29:28

  • Campagnes présidentielles marquantes

    37:05

  • Comparaison entre marques et candidats

    44:04

  • Réflexions sur les dictateurs

    48:25

  • Les valeurs politiques de Jacques

    01:02:35

  • Secrets de créativité

    01:07:55

  • Perspectives sur l'âge et la retraite

    01:15:15

Description

Dans cet épisode captivant du podcast "Les Sages" nous recevons Jacques Séguéla, une véritable légende de la publicité française. Avec une carrière s'étalant sur plusieurs décennies, Jacques a contribué à des campagnes emblématiques pour des entreprises prestigieuses telles que Citroën et il a joué un rôle clé dans plus de 20 campagnes présidentielles, y compris celle de François Mitterrand. À 90 ans, il incarne l'esprit d'un entrepreneur passionné, se levant chaque matin à 6h30 pour continuer à façonner le monde de la publicité. Dans cet échange, il partage des anecdotes fascinantes sur son parcours exceptionnel et ses collaborations avec des figures influentes , ainsi que son engagement à transformer la publicité en une forme d'art et de poésie quotidienne.


La seconde partie de notre conversation se concentre sur les valeurs humanistes qui animent Jacques Séguéla. Il évoque l'importance de la créativité dans la publicité, tout en soulignant que celle-ci doit toucher le cœur des gens. Jacques aborde également des questions sociétales cruciales, insistant sur la nécessité d'unir nos forces pour relever les défis contemporains. Son discours résonne particulièrement dans le contexte actuel des entreprises à impact et de la transformation organisationnelle, où la responsabilité sociale des entreprises devient primordiale. En tant que leader visionnaire, il rappelle que la confiance et le respect sont les fondements des relations humaines et professionnelles, des valeurs essentielles pour tous les entrepreneurs et femmes d'affaires qui aspirent à créer un changement positif.


Cet épisode est bien plus qu'une simple discussion sur la publicité ; c'est une invitation à réfléchir sur le pouvoir des mots et des idées dans notre société. Jacques Séguéla nous inspire à voir la publicité non seulement comme un outil commercial, mais aussi comme un moyen de communication capable de véhiculer des messages profonds et significatifs. En écoutant ce podcast, vous découvrirez comment le parcours de Jacques et ses réflexions peuvent éclairer votre propre chemin en tant que leader ou entrepreneur.


Bon voyage avec les Sages !


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les sages, c'est avant tout une histoire personnelle. Je m'appelle Nicolas Jeanne et j'entreprends depuis que j'ai 19 ans. Sur ce chemin, j'ai eu la chance de rencontrer des personnes que j'appelle les sages. Vous savez, ce sont ceux qui, d'un conseil bienveillant, peuvent changer votre journée, votre projet, votre vie. Souvent des personnes avec qui il y a un avant et un après. A mes yeux, ce sont des leaders authentiques, mais surtout des leaders humanistes. C'est assez important pour moi. Ceux qui vont vous faire grandir sans s'en rendre compte. Plus que n'importe quel livre ou cours, des témoignages qui viennent du cœur et de la réalité. Et surtout du cœur. Aujourd'hui, je vous propose de partir à leur rencontre, dans un format inédit, et négocier avec eux. Un format où l'on se dira tout, naturellement, et aucune question ou anecdote sera interdite. Ça, vous avez ma part. Un format axé sur leur activité, bien sûr, mais qui, évidemment, dérivera vers la vie, la société et les émotions. Mon but, c'est clairement de mettre en valeur l'aspect humain de ces personnalités qui me paraissent exceptionnelles, et de casser la carapace. Casser la carapace, vous le sentez, c'est pas un mot par hasard. Pourquoi ? Parce que je pense que ça va vous permettre d'app... prendre sur les plus grands leaders et leaderes qui ont bâti et bâtissent la société. La France est une terre bourrée de talents et de leaders. Et nous allons en leur en parler. Bon voyage avec les sages. Jacques Seguela.

  • Speaker #1

    Un nom que tout le monde a déjà entendu. Ou si vous ne l'avez pas entendu, vous avez au moins déjà entendu l'expression Si tu n'as pas une Rolex à 50 ans, tu as loupé ta vie C'est de Jacques Seguela. Bien qu'il dira plus tard que c'est la plus grande carrière de sa vie.

  • Speaker #0

    Jacques Seguela,

  • Speaker #1

    c'est un homme aux mille vies.

  • Speaker #0

    Et surtout...

  • Speaker #1

    c'est l'homme aux 20 campagnes présidentielles, dont 19 gagnés. Un osacieux, un créatif, un homme de slogan qui a tant parlé à l'oreille des présidents que des plus grandes marques, françaises et internationales. On dit de Jacques que c'est le tollé de la pub en France, le plus grand publicitaire français. A 90 ans, il est encore tous les matins à 9h au bureau et debout à 6h30, au bureau d'une des plus grandes agences de publicité au monde qu'il a cofondée, Avast.

  • Speaker #0

    Bon voyage avec Jacques.

  • Speaker #1

    Bonjour Jacques, et merci d'avoir accepté notre invitation pour l'essai.

  • Speaker #2

    Merci à toi d'être venu frapper à ma porte, elle était ouverte.

  • Speaker #1

    Avec plaisir. Comment tu vas ?

  • Speaker #2

    Je me suis jamais senti aussi plus jeune.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #2

    Il faut se le dire tous les matins en se réveillant, et surtout à mon âge. et quand on n'arrive plus à le lire, il faut dire ciao.

  • Speaker #1

    Et tu viens du coup tous les matins, on est donc chez Avas là, et tu viens tous les matins chez Avas ?

  • Speaker #2

    Tous les matins à 10h, je suis à mon bureau, et je m'en vais vers 19h, 20h, ça dépend, 18h, ça dépend des jours.

  • Speaker #1

    Ok, donc toujours actif, écoute, on va en parler lors de ce podcast. Est-ce que pour commencer, je peux te demander qu'on parle un petit peu de ton enfance ? Du coup, alors avant de parler de ton enfance, est-ce que déjà pour nos auditeurs, tu peux te présenter en quelques phrases ?

  • Speaker #2

    Je suis fils de pub et fier de l'être. J'ai tellement donné à la pub et m'a tellement rendu au centube. J'ai tellement aimé la pub et je continue l'aimer, j'aimerais jusqu'à mon dernier souffle, et elle m'a tant aimé. Elle est quelques grammes de tendresse dans un monde de brut. Notre monde a perdu la raison. Il ne sait plus où il en est. Il ne sait plus quelle guerre faire. Il ne sait plus quelle ânerie décrocher. Il ne sait plus quelle injure proférer. Or, le monde devrait se donner la main. Le monde devrait s'entraider. Le monde devrait partager les mêmes combats, en commençant par sauver notre planète, si on veut que nos enfants puissent demain respirer et boire. Et Au lieu de ça, il ne sait que de se faire la guerre. Pierre Dacq disait, si l'on mettait un peu plus de matière rose dans notre matière grise, il y aurait moins d'idées noires. Ça pourrait être la définition de la publicité. C'est des petits 30 secondes, 2 minutes d'amour, d'humour, qui viennent essayer de rompre la monotonie. médias à condition qu'elle soit bien faite à condition que je te touche à condition que tu fais aimer le produit qu'elle te présente et qu'elle défend qu'elle le fait honnêtement qu'elle le fait justement avec son coeur autant qu'elle le fait avec sa tête et sans envie de vouloir à tout prix mettre l'argent en tête des valeurs. La publicité est belle, car c'est d'abord la publicité du cœur, mais elle doit être la publicité qui sait faire gagner de l'argent à ses clients.

  • Speaker #1

    Écoute, on va en reparler, tu nous fais vraiment une super introduction, et pour toi, je rebondis sur ce que tu dis, donc, ta vision du monde, c'est que le monde, il y a beaucoup de problèmes, peut-être, dans ce monde. Comment t'expliques ça, que globalement, le monde ne va pas forcément dans le bon sens ?

  • Speaker #2

    J'explique ça par une sorte de laisser aller... permanent des valeurs partagées. L'Europe n'a pas réussi à s'imposer suffisamment, c'était son métier, c'était son devoir. Elle a fait ce qu'elle a pu, mais il y a tellement après de nationalisme qui se réveille, de communautarisme qui se réveille, qu'à chaque fois la barque prend l'eau et coule. J'espère que ce temps de... quatre guerres à la fois, plus lamentables les unes que les autres, va ramener quand même le monde à la raison. C'est pas possible qu'on puisse vivre avec des squibs qui sont au-dessus de ta tête en permanence. Il y a des gens qui n'ont rien fait que de bien faire leur métier, d'aimer leur femme et leurs enfants. La vie, c'est d'abord ça. C'est pas de vouloir tuer son prochain.

  • Speaker #1

    Bien sûr. Et pour nos auditeurs, on enregistre un moment où, en effet, il y a un peu... Je crois du coup l'US Bola qui a envoyé des missiles sur Israël. Donc en effet, c'est un moment un peu grave.

  • Speaker #0

    Et Jacques ?

  • Speaker #2

    Tu vas me trouver utopiste. C'est bien. Tu vas me trouver à côté de mes ponts. Tu vas me trouver que... Je suis Monsieur Bisounours, mais je suis fier d'être ça, parce que c'est la publicité représentant. Il faut forcer le trait. Bien sûr que c'est un peu ridicule de dire qu'on préfère que les gens fassent la paix et pas la guerre. Mais plus personne finalement me le dit vraiment. Donc il faut le dire simplement. Il faut le dire avec son cœur.

  • Speaker #1

    Bien sûr. Est-ce que ça veut dire que tu as toujours gardé un peu ton âme d'enfant ? Une certaine intuition ?

  • Speaker #2

    Oui, moi je n'ai rien fait pour ça parce que j'ai toujours laissé la vie décider pour moi.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #2

    Je n'ai jamais demandé un boulot, les boulots sont toujours venus à moi. Je n'ai jamais demandé l'amour, c'est ma femme qui est venue à moi. Je n'ai jamais demandé mes grands combats, c'est les combats qui sont venus à moi. J'ai essayé de les mettre à chaos et plus souvent c'est moi qui est allé au tapis. Ça s'appelle la vie et elle est faite de petits heures et de grands bonheurs.

  • Speaker #1

    D'accord. Et du coup, tu dis que les choses sont venues à toi, c'est une forme de chance ou de spiritualité ou tu l'as provoqué aussi à travers des rencontres, du travail ?

  • Speaker #2

    Non, non, pas du tout. Je ne l'ai pas provoqué parce que je suis allé de chance en chance. J'ai saisi des chances et je les ai amenées au bout de ce que je pouvais le faire. Mais je n'ai jamais. tirer le plan sur la comète. C'est la comète qui me tire par le bout du nez.

  • Speaker #1

    Ok, donc tu t'es laissé un peu porter par la vie et par ces opportunités qui se sont présentées.

  • Speaker #2

    Oui.

  • Speaker #1

    Ok, et si on revient un petit peu sur ton enfance, alors du coup, si je ne dis pas de bêtises, donc tu es né à Paris, mais tu as grandi dans le sud de la France, à Perpignan, c'est bien ça ?

  • Speaker #2

    Oui, mon père a rapté ma mère. Ils étaient tous les deux élèves de médecine en première année sur les bords de la faculté de Montpellier, où mon grand-père et ma grand-mère. Ma grand-mère a été la première chirurgien-femme déclarée en France. Mon père a été un des tout premiers radiologues diplômés aussi en France. J'étais le fils unique. Et j'étais un horrible garçon voulant absolument exister. Je n'arrivais pas à maîtriser ma vie. Il fallait que je fasse des bêtises. Mon livre préféré, c'était Un bon petit diable, qui faisait toutes les conneries du monde. Un dessin animé, un livre animé en tout cas. C'était un peu ma Bible. Ce n'était pas la meilleure. Il en est resté quand même à la fin, une envie d'étonner, une envie de choquer. Tu sais, un jour, Cocteau a rencollé Taguilès. le danseur. Il me dit, quelle est la définition de ton art ? Et Naguileff a... Il a dit, étonne-moi. Non, non, non, il a dit Cocteau. Ça, c'est la définition de mon art, c'est la définition de la poésie. Et moi, j'ai dit, écoutez, au musée, le danseur, ça, c'est la définition de mon art à moi. C'est la définition de la publicité. Elle est la poésie quotidienne, la poésie de notre vie. Elle est la poésie de notre consommation.

  • Speaker #1

    Et quand tu parles d'une envie de choquer, du coup, à Perpignan, tu vas à Montpellier dans un pensionnat et tu te fais renvoyer pour une histoire de fourchette, je crois.

  • Speaker #2

    Oui, j'étais dans Perpignan, à 200 kilomètres de Montpellier. Mais à l'époque, c'était presque une aventure pour y aller. Et puis à l'époque, il n'y avait pas de week-end. On a oublié ça, le week-end, ça a fait à peine quelques années. Et donc, mon père qui était le maître de la maison, il a dit, médecins de l'hôpital, ne pouvaient pas venir me voir à Montpellier. Donc, ils arrivent quand même à venir me voir deux fois par mois, mais j'étais tout seul. En plus, mes parents, qui me prenaient pour un génie et qui se trompaient, m'avaient donné... la possibilité de changer, de sauter une année. Ce qui fait que, comme déjà j'étais un peu malingre dans le pays du rugby, où si on ne fait pas 100 kilos, on n'existe pas, et que je ne savais pas très bien où étaient le bien et le mal, j'ai fait les 400 coups dans la petite ville de Perpignan, qui m'a laissé les faire, tellement à l'époque, si tu veux... La liberté était dans l'air. C'était une ville libre, Perpignan. Je me souviens qu'avec mon copain Baudot, avec qui je suis parti faire le tour du monde quelques mois après l'histoire que je te raconte, on avait décidé dans une petite rue de changer toutes les voitures de la rue. Il y avait cinq ou six voitures qui étaient en stationnement, et les amener deux ou trois cents mètres plus loin. dans une autre rue, en se disant, le lendemain matin, les gens vont se réveiller, toutes les voitures auront disparu, ils vont téléphoner aux flics, et nous on était là, à la fenêtre, en train de se marrer.

  • Speaker #1

    Et les voitures, comment tu les déplaces à ce moment-là ?

  • Speaker #2

    Justement, le déplaçant des voitures, il fallait les pousser. À l'époque, les voitures restaient ouvertes. D'accord. Mais là, il y en avait une qui était... On a réussi sur les trois ou quatre premières. Puis la cinquième, c'était une grande voiture décapotable. Elle était fermée, mais la capote derrière était ouverte. Donc, moi, je me suis... Alors, j'avais fait une... Ça, c'était la deuxième bêtise, la première bêtise. Je ne sais pas comment, j'avais un petit revolver chez moi. qui n'était pas chargé, je ne sais pas comment je l'avais trouvé, je ne sais pas comment il était là. Et je l'avais mis dans ma poche ce soir-là. C'était une imbécilité totale. Donc, j'essaye d'aller ouvrir la portière de la voiture en passant par l'arrière, et j'ai quelqu'un qui me tire par les pieds, c'est un flic. Je lui dis, tu es foutu. Tu as une arme, tu es en train de voler une voiture, tu vas en prendre pour deux ans. Mais quelle connerie tu as pu faire, etc. Et le flic me dit écoutez, venez au poste, on va vous interroger. J'y vais en claudiquant, en paniquant, et en arrivant au poste, le chef de poste qui était là me dit Comment vous appelez-vous ? Il dit Jacques Seguéla Ah, mais vous êtes le fils du docteur Seguéla ? Mais oui, c'est mon père. Écoutez, votre père m'a sauvé la vie. Tirez-vous. Ça a été une de mes premières leçons de vie en disant qu'il faut quand même savoir jusqu'où ne pas aller trop loin. Une bêtise stupide peut briser votre carrière, peut briser la route qui vous attend. Donc oui, il faut secouer les choses. Mais il ne faut jamais aller trop loin.

  • Speaker #1

    Ça me fait penser à Xavier Niel qui a sorti son livre et qui dit que la ligne jaune, il faut la mordre, mais jamais la dépasser.

  • Speaker #2

    Exactement. J'aime beaucoup Xavier Niel. C'est mon maître à penser.

  • Speaker #1

    D'accord. Comme beaucoup d'entrepreneurs, je pense que c'est un peu un des papes de l'entrepreneuriat pour les jeunes entrepreneurs. Oui. Et du coup, après ton lycée, tu vas faire le choix de faire des études pour devenir pharmacien.

  • Speaker #0

    C'est l'heure de remercier notre partenaire Oslo, sans qui ce podcast ne serait pas possible malheureusement. Oslo, c'est un cabinet d'avocats à taille humaine, dirigé par Edouard Wells et Marion Fabre, que je connais personnellement depuis plus de 10 ans. Il est composé d'une équipe, l'idée par Edouard et Marion, qui est issue de cabinets d'affaires de premier plan. Mais surtout, au-delà de la qualité de leurs prestations juridiques, ce que j'aime chez Oslo, c'est leur engagement pour un droit un peu différent. Sur leur description, ils mettent Nous accordons une importance particulière aux qualités humaines et relationnelles, tout particulièrement au respect, à la simplicité, �� l'humilité et à l'élégance. Ça pourrait paraître bullshit comme ça, mais pour bien les connaître, je peux vous assurer que ça se ressent vraiment. Et pour preuve, ils ont accepté de sponsoriser ce podcast dès sa création. Ils offrent une heure de conseils juridiques avec le code LESSAGE et je mettrai leurs coordonnées dans la description du podcast. Allez, on y retourne.

  • Speaker #2

    J'étais tellement nul que j'ai mis quatre fois à passer mes bacs. En septembre, en juillet, en septembre, en juillet, en septembre, en juillet. Enfin, en septembre, j'ai eu mon bac. Là où les gens mettaient deux ans, moi j'en ai mis quatre. Mon père était tellement désespéré. qui m'a dit, écoute, moi j'aurais rêvé que tu sois chirurgien, puisque ta mère est médecin, et que moi je suis radiologue, et que ta grand-mère a été la première femme à Montpellier à mêler à la fin la médecine naturelle et la médecine normale. Parce que mon arrière-grand-mère était une rebouteuse. Et elle a dit à ma grand-mère, je vais te livrer mes secrets que tu pourras utiliser à condition que tu aies ton diplôme, parce que toute ma vie, on m'a traité de non-diplômé. Et ça s'est passé comme ça. Ma mère, la descendante de la famille, tombe amoureuse folle de mon père, qui tombe amoureux fou de ma mère sur les bancs de la faculté de Montpellier, et le lendemain, elle a demandé un mariage à ma grand-mère, donc à la mère de ma mère, qui lui ferme la porte au nez en lui disant, vous êtes un blancbec, qu'est-ce que vous permettez d'appeler ma fille ? Ma grand-mère se prenait pour... Elle s'appelait Le Forestier, elle se prenait pour une noble, pour personne d'exception dans la ville de Montpellier. C'était d'ailleurs un très grand chirurgien de la Pays-Partie, au SOS du corps. Elle lui dit, je vous interdis à tout jamais de revoir ma fille. Mon père est allé chercher ma mère. Il est parti directement à la gare. Il a pris deux billets pour Paris et il n'a jamais revu ma grand-mère. Et c'est comme ça finalement que je suis né déjà un peu rebelle. Je suis né en cavale. Je suis né en la fois très désiré et à la fois très rejeté. Donc je pense que tout ça, ça a forgé ce qu'allait être ma vie.

  • Speaker #1

    Qui est un caractère. Et du coup, sur tes études de pharmacien, ça te plaît quand même plus que l'école, que le lycée ?

  • Speaker #2

    Alors mon père m'a dit, écoute, tu ne peux pas être médecin, tu es toujours élégant. Fais un métier qui est un métier médical, pour rester dans la famille, mais qui est un métier de commerce, parce qu'on sent que le commerce t'intéresse. J'ai dit, oui papa, non. Et à l'époque, quand on faisait ses études de pharmacie, on commençait par 12 mois de stage. qui était obligatoire et qui était formidable parce qu'il devait se faire dans une pharmacie. Et pendant 12 mois, on n'avait pas le droit de prendre des congés, on n'avait que les congés de l'Ogo. On est là pour apprendre le métier. À l'époque, il y avait toute une partie des médecins qui étaient fabriqués par les pharmaciens. L'aspirine, par exemple, au lieu d'avoir une aspirine qui coûte une fortune parce qu'elle est une marque, etc., elle était broyée par le pharmacien. Moi, ça m'a passionné. et la botanique m'a passionné les racines les huiles sauvages tout ce qui était cette médecine ça n'existait pas la médecine de demain à l'époque pour moi la médecine qui me touchait parce que c'était une médecine naturelle c'était une médecine en accord avec la nature j'étais écolo sans le savoir je me suis totalement impliqué dans la pharmacie au point que j'étais majeur, je suis passé de nul de cancre, de sauvageon, tout d'un coup, le meneur de jeu. Et mon père, qui n'arrivait pas à me voir ses yeux, m'a offert ma première 2 chevaux. C'est lui qui a changé ma vie. C'est elle qui m'a changé ma vie, parce que j'avais à recevoir la 2 chevaux, 3 mois après je vais partir pour un des tout premiers raids en 2 chevaux. Perpignan à Karachi avec Jean-Claude Baudot qui va être mon couturne on va fêter nos 80 ans d'amitié dans quelques jours on s'est dit ça a été tellement facile de faire ce voyage à Karachi même si on a été qui est pris dans les inondations, même si on a traversé un désert incroyablement dangereux. Pourquoi personne n'a osé faire le premier tour du monde en voiture ? On le fait à pied, on le fait avec des cigarettes, on le fait à cheval, on ne le fait pas en voiture, qui est pourtant la façon la plus naturelle de faire le tour du monde. On va s'atteler au titre de premier. tour du monde en voiture. Pendant nos deux ans de faculté qui nous restaient, pour devenir docteur en pharmacie, au moins, docteur en droit pour lui, on a inventé le sponsoring. On a frappé à la porte de tous les gens qui... près ou de loin, étaient dans le monde de l'automobile, en leur disant, aidez-nous, voilà, on est deux jeunes, on va voir le... Et il y a plusieurs fournisseurs de la 2 chevaux qui nous ont donné une petite pièce, etc., mais on ne disait de rien, donc ça nous suffisait largement. Il n'y a que Citroën qui nous a dit, nous, on ne s'intéresse qu'à la près. Donc vous n'aurez rien de nous, sauf ce qu'ils nous avaient offert, c'est un... Alors... Le manuel de réparation qu'ils envoyaient à leur concessionnaire, qui nous a beaucoup aidés, parce que nous, on ne savait rien réparer du tout. On mettait le livre dans les mains du réparateur du coin qui nous réparait nos deux chevaux en 30 secondes. Parce qu'elle a connu des misères en deux ans.

  • Speaker #1

    Vous avez mis deux ans pour faire le tour du monde ? Oui,

  • Speaker #2

    150 000 kilomètres. Et surtout, on voulait battre le record de la première voiture qui traverse les six déserts les plus dangereux du monde. Aujourd'hui, les déserts, c'est où on en est. Et puis, il y a des photos télégraphiques un peu partout. À l'époque, les déserts, c'était désertique, il n'y avait rien. Et donc, on a traversé le Sahara, c'était très dur. Et puis, le moment le plus fort a été le désert d'Akatama, qui est un très grand désert de 1000 km de longueur, qui part du Chili et qui va jusqu'en Colombie pour retrouver après les Etats-Unis. un désert à 3500 mètres d'altitude, extrêmement froid, très rocailleux, où il n'y a rien. Aujourd'hui, les goudronnets, il n'y avait pas la moindre piste, etc. C'est moi qui conduisais, il est minuit, j'entends un bruit métallique, j'arrête tout de suite, je soulève le capot, pas d'huile dans le carter. Je dis, ce n'est pas grave, on a une réserve. Je vais à la réserve, on avait oublié de mettre de l'huile dans la réserve, donc pas d'huile, donc impossible d'avancer. Donc on se couche, le lendemain matin on en profite pour nettoyer la voiture, pour préparer les choses, on dit il y a bien quand même à un moment donné un camion qui va passer, rien ne se passe, deuxième jour rien ne se passe, troisième jour on va tirer au sort, il y en a un qui va rester près de la voiture, l'autre qui va partir, et puis adieu le vaut bien. À ce moment-là survient un Chilien, Il sort de sa besace trois bananes, il épluche les bananes, il les met dans le carter, il va chercher un petit caillou et l'habille d'un vieux tissu, etc. pour servir de chiffon, et il me dit tu peux y aller Et moi je me retourne vers Jean-Claude et je lui dis mais si jamais, tourne le bouton, que la voiture démarre et qu'elle grille le moteur C'est foutu pour nous, le voyage s'arrête là, parce qu'on n'a pas les moyens, ni le temps, de faire venir une 2 chevaux, ou un moteur de 2 chevaux, au beau milieu du désert d'Agatama. Et puis je lui ai dit, mais, il faut croire en son destin. J'ai écrit un livre sur la question, sur croire en son destin. C'est un signe. S'il est là, ce n'est pas par hasard. Je tourne la clé, on a fait 100 kilomètres à la banane. On aurait pu ne jamais revenir.

  • Speaker #1

    Bien sûr. Et c'est cette rencontre qui a tout changé. Et du coup, il est le tour du monde. Et si je reviens à ton parcours professionnel, tu travailles en pharmacie, tu m'as dit que finalement, ça te passionne beaucoup plus que l'école. Et finalement, tu vas aller, si je ne dis pas de bêtises, tu passes du monde de la pharmacie au journalisme. C'est ça, chez Paris Match ? Pourquoi tu as fait ce choix-là de changer ?

  • Speaker #2

    Non, non,

  • Speaker #0

    juste...

  • Speaker #1

    C'est un virage à trois fois.

  • Speaker #0

    Bon,

  • Speaker #2

    alors, donc on part avec Bordeaux pour le Tour du Monde. On va mettre pas loin de deux ans. On va traverser... Je crois 35 pays, on va faire 150 000 kilomètres de piste. Le monde était très peu goudronné à l'époque, de routes d'enfer, etc. Mais avec un plaisir fou et avec une voiture merveilleuse, parce qu'elle sortait de tous les problèmes. À tous les deux, on arrivait presque même à la soulever quand elle s'enlisait. Mais quand on était dans un problème, il y avait toujours quelqu'un qui était là, qui nous aidait, qui après nous donnait 10 balles pour aller marcher. un hamburger, mais il n'y avait pas d'hébergeur à cette époque, mais des soupes de riz et tout ça. Et donc, c'est ce qui a fait notre traversée du monde. On est arrivé à Paris, on a frappé à la porte de Citroën. Alors, on a dit, écoutez, vous nous avez dit que vous alliez nous aider dans l'après. C'est l'après, voilà ce qu'on a fait. Ils ont dit, mais c'est formidable, on n'y croit pas. On a dit, écoutez, allez voir, téléphonez aux gens qui nous ont reçus, etc. Ils ont dit, oui, c'est vrai. Donc, on va vous aider. ils me disent, écris-moi un livre. Je dis, oui, oui, moi je ne sais pas écrire. Mais c'est très facile, tu racontes ce qui est arrivé. Et puis avec Jean-Claude Baudot, vous vous souvenez, vous ramenez vos souvenirs et vous racontez vos histoires. J'ai dit, écoutez, d'accord, bon, alors tu fais ça, tu te lèves à 10h du matin, tu fais ça jusqu'à 18h, à 18h tu viens chez moi, et moi pendant 2h, je re-write le livre. Jean-Paul Gansinger qui m'a dit ça, qui était le directeur de la presse à l'époque de Citroën. Ça s'est passé comme ça. Le livre s'est écrit en un mois. C'est Flavard qui l'a édité. Et ça devient le best-seller du moment. Il tire à 150 000 exemplaires. Moi, je ne savais pas ce que c'était qu'un best-seller. J'arrivais de Perpignan. Je n'imaginais pas qu'un livre pouvait rapporter autant d'argent. Donc, nous, on s'est trouvé dans un moment où finalement tout venait à nous. Je faisais le pivot de l'époque, Jean-Claude encourait les médias qui voulaient qu'on leur raconte nos histoires. Donc, là-dessus, je reçois un coup de fil du patron de Match. qui me dit, venez me voir, je viens le voir, il me dit, mais l'homme qui a fait le plus beau slogan qu'il soit, le poids des mots, la puissance de la photo, et le choc de la photo, quel beau slogan. Il me dit, tu n'es pas fait pour la pharmacie, tu es un reporter de match, tu commences demain. J'ai dit, mais un reporter de quoi ? Tu as écrit un livre ? C'est pareil, c'est comme si tu me faisais écrire deux pages d'un livre, etc. Ça s'est passé comme ça, et donc j'ai passé deux ans à Paris Match. J'ai été un peu touché par le journalisme et j'ai remis en cause le journalisme. Parce qu'un jour, Roger Théron m'a dit, il y a une femme qui vient de sortir de prison, elle a deux enfants qui ont cinq ans, elle a fait cinq ans de prison parce qu'elle a tué son mari, parce que c'est un mari violent pour elle et ses enfants. Donc moi, je me renseigne pour savoir où elle était, je me mets en face d'elle dans l'autobus où elle a amené ses enfants à l'école, et puis on m'a dit, tu fais un petit trou dans le journal, et tu as ton appareil photo, et tu fais photographier comme ça personne ne te voit. Je ramène la photo, qui fait la couverture de match, je descendais à Perpignan quelques jours plus tard, j'arrive, je montre ma mère, je dis, maman, regarde, c'est ma première couverture de match, c'est formidable. Elle regarde, elle me dit, mais... Comment as-tu osé faire ça ? Est-ce que tu t'es posé la question de savoir si ces deux enfants savaient que leur mère avait tué leur père ? Donc, j'ai senti qu'il aurait du mal à prendre mes distances avec ce type de journalisme-là. Là-dessus est arrivée la guerre d'Algérie, et c'était la fin de la guerre d'Algérie, mais est arrivé le temps de faire notre service militaire. Et je me suis retrouvé avec Philippe Labron. avec de pardon, avec tous les talents déjà de 20 ans qui se retrouvaient au même endroit, qui étaient là où se faisaient les journaux militaires, qui nous ont confié la fabrication. d'un Paris Match militaire qu'on a appelé TAM, Terre, Air, Mer, et qui était finalement exactement Paris Match. Moi, j'en venais d'être à Paris Match, donc c'est moi qui faisais le journal, etc., puisque j'avais fait ça pendant deux ans. Franck Weber était aussi avec nous, Francis Weber était aussi avec nous, et ça a été là que j'ai appris mon métier. pas simplement de journaliste, mais de reporter de guerre, mais aussi de metteur en page du journal, mais aussi de directeur de la publication du journal, etc. Donc je ne remercierai jamais assez l'armée de m'avoir offert ces études gratuitement. Et puis, on est rentré à Paris, et moi je me suis dit, mais je voudrais connaître un autre journalisme, je voudrais connaître le quotidien et de la télévision. C'était le début de la télévision. Et donc, j'ai demandé à Pierre Lazareth de me recevoir. Je lui ai raconté ma vie. Il m'a dit, écoute, tu es formidable. La télévision, c'est un peu tôt, mais tu vas démarrer dans un an. Mais entre-temps, on va faire un journal ensemble qui s'appelait Vive les vacances et qui est de l'ancêtre de VSD, etc. Et quand j'ai eu 30 ans, il m'a dit à déjeuner, il m'a dit, écoute, je t'aime beaucoup. Je pense qu'il faut que tu t'en ailles de Paris Match. Tu n'es pas fait pour être un journaliste. Tu n'es pas l'homme de l'écriture longue. Tu es un titreur. Ça n'a pas de prix, un titreur. Après, souvent, quand François, ils étaient un peu perdus, ils m'appelaient pour faire le titre, parce que c'était un peu mon petit don que j'avais. Ça n'augmentera pas ton salaire mensuel. Tandis que si tu fais un titre qui devient un slogan dans une agence de pub, ça te nourrira pendant un an. Donc, va dans la pub, va dans un métier neuf, la presse va mourir. François a tiré à un million d'exemplaires. Sur la manchette, il y avait le seul quotidien français qui tire à plus de un million d'exemplaires. Élément.

  • Speaker #0

    Et c'est à Pierre Lazareff que je dois d'être en tête dans la publicité, parce que le lendemain matin, je suis allé voir mes copains de Citroën, je leur ai dit, Pierre me dit d'aller dans la publicité, mais je ne connais rien à la publicité, il me dit, mais ça n'a pas d'importance, tu vas aller dans notre agence, écoute, elle s'essouffle un peu, etc., tu vas fonder un coup de pied dans la fourmilière, et vas-y. Et c'est comme ça que j'ai fait ma première campagne, pour un médicament d'ailleurs, avec le glyphanon. Et qu'ensuite, j'ai enchaîné avec la grande publicité et puis avec 60 ans de pub de Citroën.

  • Speaker #1

    Et comment t'expliques ? Tu dis que t'es plus à l'aise, plus talentueux sur les slogans. Tu dis que t'es un titreux, je crois. Comment t'expliques ça ? C'est quelque chose que t'as travaillé ou c'est quelque chose d'inné ?

  • Speaker #0

    Non, c'était naturel. Mon père adorait les chansonniers. Je me souviens qu'il y avait une émission tous les samedis soirs avec Robert Lamoureux et puis des chansonniers qui défilaient. On écoutait ça religieusement pendant deux heures. Et mon père avait l'art aussi des mots. Et c'est lui, finalement, qui m'a communiqué ce don des mots. Moi, je ne réfléchis pas tellement aux slogans. Ils me viennent naturellement. Alors après, ils sont bons ou ils sont mauvais. Quand j'allais chez les annonceurs prendre le brief de la campagne, j'ai sorti mon stylo, j'écrivais, et à la sortie, les gens pensaient que j'avais écrit le brief. Pas du tout. J'avais écrit le slogan et la campagne possible. Là, dans le feu de l'action, en écoutant l'annonceur. Parce que c'est l'annonceur qui fait la pub. Simplement, il ne sait pas la traduire. Il ne sait pas la densifier. Il ne sait pas la maîtriser. Et ça, c'est le petit don que j'ai. d'avoir le pouvoir des mots.

  • Speaker #1

    Ok. Et donc, tu vas commencer à travailler en agence de pub, c'est ça ? Et après, tu vas créer ce qui est devenu Euro RSCG ?

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et donc, tu es passé du salariat à l'entrepreneuriat, et c'est la première fois que tu crées ton entreprise ?

  • Speaker #0

    J'ai 30 ans. Ouais. C'est 68. Les gens défilent dans la rue. Et avec celui qui va devenir mon associé, Bernard Roux. Ouais. On décide, après les défilés de 68, d'aller voir nos patrons et leur dire, écoutez, nous on est là depuis trois ans avec vous. On a triplé votre chiffre d'affaires. On veut bien continuer avec vous. mais vous nous donnez 20% à chacun. Il nous a dit, oui, c'est intéressant. Écoutez, laissez-nous réfléchir, on se voit demain matin. On arrive le lendemain matin, sur notre bureau, il y avait deux enveloppes pour solde, de tout compte. On se retrouve en bas, dans un bar à putes, où on allait matinalement prendre le petit déjeuner, et on dit, mais qu'est-ce qu'on fait ? Je lui dis, mais on fait une agence. Bernard me dit, mais tu es fou. Mais oui, on fait une agence, on vend nos voitures, on vend nos vêtements, on vend tout ce qu'on peut vendre, on se serre la ceinture, on demande aux copains de nous aider un peu, et on y va, on démarre. Et comme on avait un petit chèque, puisqu'ils nous avaient viré... Et après, on a fait comme première annonce, on a fait une autre pub à nous, qui était une page dans le Figaro, dans Le Monde, qui disait, deux choses l'une, vous avez une agence, on va vous prouver qu'on est meilleur qu'elle. Vous n'avez pas d'agence, quel dommage, mais quelle chance, désormais on est votre agence. Ça n'a rapporté qu'un coup de fil du patron, à l'époque, des moteurs Mercury, qui s'appelait Vinclair, et qui nous dit, écoutez, moi j'ai une agence nulle, etc., il me reste quelques pages de l'Express, je vous donne le budget. m'apportait une grande idée. Je reviens à l'agence et je me souviens qu'un de mes derniers reportages à Match était Pompidou qui était avec sa cigarette papier-maïs à la bouche et qui pilotait un petit un petit hors-bord gonflable pour aller retrouver un yacht. Je me dis mais si ce moteur... C'était un Mercury. On peut faire une annonce formidable. C'est un Mercury. Et donc, il fait une annonce formidable en disant Merci, Monsieur le Président, vous prenez soin de vous, et quand vous prenez la mer, vous le faites, mais avec le meilleur moteur et le plus sûr du monde. Ça a été un scandale, parce que... Le président de l'époque a lisé l'Express avant qu'il soit imprimé. Et donc a découvert qu'il avait au milieu de l'Express cette pub qui lui est tombée sur la tête, etc. Il a appelé Saint-Vancherébert, qui était le président du journal, en lui disant Mais qu'est-ce qui se passe ? Il n'avait pas vu non plus le truc. J'ai interdit la sortie de l'Express, etc. Donc, il me rappelle... Il me dit écoutez, vous avez fait une bêtise, attrapez-la Je dis d'accord, comment on peut faire ? Il a eu une idée. La seule idée, c'est d'arracher les pages. Ça tombait bien parce que la page du Verseau était une page de pub. Donc, ça ne coupait pas un article du journal. Il me dit écoutez, d'accord, mais vous allez le faire vous-même Il m'amène dans un hangar où il y avait 40 000 expresses. Donc moi je rapportais tous les copains, dans la rue je donnais 100 balles à tous les mecs qui étaient prêts à venir nous aider. Bon, et on ne nous a pas arraché toutes.

  • Speaker #1

    T'avais combien de temps pour en...

  • Speaker #0

    On nous a arraché quelques milliers, entre temps, toutes les télévisions se sont jetées sur l'histoire. etc. Ça a fait le journal de 20 heures et ça a relancé à la fois Mercury et à la fois ça a lancé

  • Speaker #1

    Ruseguela. Ok et du coup donc vous allez avoir une grosse croissance rapidement. On parle même je crois du carré magique Ruseguela, Kezak et Goudard. Alors vous faites beaucoup de campagnes, je crois que vous ouvrez aussi des FIAL dans le monde. Tu me parlais de président en 81 du coup vous faites la campagne de Mitterrand c'est ça ? Oui. Moi, ce qui m'intéresse de comprendre aussi, c'est peut-être que tu nous racontes un petit peu, mais aussi, j'imagine que c'est différent de faire une campagne pour une marque, comme Citroën, par exemple, et une campagne pour un président. C'est quoi la différence entre les deux ?

  • Speaker #0

    La différence, c'est une différence de fond. La forme est la même. C'est le même silo qui écrit la France tranquille et qui écrit en avant Citroën. Ou j'aime, j'aime, j'aime Citroën. Donc, c'est... C'est un problème de respect vis-à-vis de son client, d'honnêteté, parce que c'est un grand problème de confiance entre le candidat et son communicant, de maîtrise de l'attente des Français. C'est vrai pour toutes les marques, pour tous les produits, mais là c'est le produit suprême. Et puis, ça doit quand même oser sortir des sentiers battus, ce que personne jusque-là n'avait osé. en France. Et c'est tout ça qui est amené à la France tranquille. Et je me souviens que le président m'a invité à déjeuner. Il m'a dit Si vous êtes libre demain, je vous attends à telle adresse pour déjeuner. Donc je me précipite. puis tu as l'adresse, j'arrive, tu as un petit restaurant, le back-toll. Une fois de plus, je me suis dit, mais voilà, c'est un signe, encore un signe. Il faut faire cette campagne, il faut séduire cet homme, il faut. Parce que moi, je m'étais rendu compte que la France avait dix ans de retard dans les publicités politiques. Donc j'étais allé plusieurs fois en Angleterre, plusieurs fois aux Etats-Unis, suivre les grandes campagnes de nos concurrents qui avaient dix ans d'avance sur nous. Et donc je me suis dit, euh... pour que la France rentre à leur niveau, je vais offrir la campagne. Parce qu'à l'époque, c'était les candidats qui payaient leur campagne. Aujourd'hui, c'est l'État qui paye les campagnes. Donc, ils cherchaient l'argent de tous les côtés. Je me dis, comme ce sera gratuit, il y en a bien un qui va accepter que je fasse la campagne. Mais il n'y en a qu'un qui a accepté, c'est Mitterrand. Et donc, il m'a dit, écoutez, on se verra. Tous les lundis matins, de midi à une heure. Vous m'apprendrez la communication, je vous apprendrai la politique. Oui, président. Trois lundis après, vous êtes nul en politique. Vous me faites honte. Vous n'y comprenez rien. Donc on arrête la version je vous apprends la politique, mais on consacre toute l'heure à la communication, parce que là, en communication, vous m'apprenez des choses intéressantes. Et ça a duré comme ça. Et un jour, je me dis, président, Maintenant, c'est le moment important, c'est le choix du slogan. Ah bon ? Il me semble, amenez-en plusieurs. Elle dit non, président. Je ne suis pas marchand de chaussures. Je n'arrive pas avec plusieurs chaussures et plusieurs tailles. Il y a un seul slogan. S'il ne vous plaît pas, je reviens la semaine prochaine. Et puis la semaine prochaine. Mais ça ne se vend pas à l'étalage d'un slogan. Et donc, j'avais écrit la force tranquille sur un carton. Je dis, président. Fermez les yeux. Président, ouvrez les yeux. Et les vues rentraient dans le slogan. Je l'ai vu, mais complètement happé par le slogan. Je me suis dit, mais c'est incroyable, il se passe quelque chose là. On disait tous les deux seuls. Au quatrième étage, de son tout petit mortel particulier qu'il avait, dans le fond de Paris, j'ai vécu un moment d'extase. Il m'a dit, c'est Gala, vous m'avez trouvé. Parce que je suis revenu à l'agence, personne ne voulait que j'aille proposer la force tranquille. On disait mais non, un slogan politique c'est une France force et tranquille. La force tranquille ça veut rien dire. En plus tu dis la force tranquille de Mitterrand, c'est le mec qui a une réputation. de lâche, de l'observatoire, de combine, etc. Ça va te retomber tout de suite. Les gens vont dire, la farce tranquille. J'ai dit, mais non, je l'ai vu, je suis sûr que c'est ça. J'ai senti dans ses yeux, dans son cœur, que ça passait. Il va l'incarner, je suis sûr. Laissez-moi faire, de toute façon, je me dors. On fait. Après, il a fallu arriver à l'affiche. Donc je dis, M. le Président, maintenant, il faut faire la photo de l'affiche. Et moi, je voudrais que ce soit dans un petit village, près de chez vous, pour montrer que vous êtes enraciné, que vous n'êtes pas un Parisien, que vous êtes de la terre, avec le côté paisible d'un petit village, le côté rural d'un petit village. mais aussi un climat de publicité de droite. Pas de publicité de gauche intellectuelle, bougeant, articulant et désarticulant les choses. Parce que mon métier, ce n'est pas que faire que les gens de gauche votent pour vous. Si ils ne votent pas pour vous, vous n'avez aucune chance d'être élu. Mais que la frange de... les électeurs de droite qui hésitent jusqu'au dernier jour, votent pour vous. Parce que vous savez que 10% des votants en France et dans plusieurs pays comme la France vont voter le dimanche matin sans savoir pour qui ils vont voter. Ils ne savent même pas quels sont les 4 ou 5 candidats en lice. Donc c'est cette clientèle-là qu'il faut faire bouger. Et ça faillit. Jamais, l'affiche a failli ne jamais exister. Parce que le 1er janvier, l'affiche allait être affichée une semaine plus tard, elle était déjà prête, Mitterrand m'appelle, il me dit, c'est que là, il y a une catastrophe, venez me voir tout de suite. Oui président. Je raccourc rue de Bièvre, et il me dit, c'est que là, l'affiche, on n'a pas montré aux socialistes. Mais c'est eux qui payent. Parce que moi, je ferais la création, le suivi, le marketing, etc. Mais pas les médias, bien sûr. Je dis, alors, qu'est-ce qu'on fait ? Ils disent, écoutez, c'est qu'il y a là, vous avez un autre genre, vous savez vendre une campagne, je vous les réunis demain matin à 8h, et puis vous me faites plaisir, vous vendez cette campagne. Oui, président, j'arrive demain matin à 8h, il y avait une grande table où il y avait 20 personnes, dont 19 vont être ministres trois mois plus tard. Et le 20e va être à l'Élysée, c'est Jacques Attali. Il est ce qui était le directeur de la campagne. Et là, Mitterrand m'introduit et dit, j'ai une interview d'une demi-heure, donc je la tiens à côté. Décidez-vous entre vous et je reviens vous voir pour conclure. Je présente la campagne, quand on arrive à la force tranquille, un silence de mort. Il a dit, écoutez, je vois qu'il y a comme un problème dans l'équipe, donc je vous propose que chacun, sur un papier, note de 1 à 10 à la fiche. C'est ce qui se fait. Il y a 10 voix contre. Non, pardon, n'hésitez pas. Il y a 20 voix contre. Arise Mitterrand. Il dit, alors c'est qui là ? Comment ça s'est passé ? Monsieur le Président, on a voté. Ah bon ? Monsieur le Président, il y a 20 voix contre. Ah oui, mais on est en démocratie. Moi, je n'ai pas voté. Donc, ça s'est passé à place. Il dit, je vote. Et j'ai la majorité, parce que c'est ma campagne, et pas la vôtre. Et on va faire cette affiche, parce qu'elle me ressemble.

  • Speaker #1

    Donc, tu es à la faute de chance du Président.

  • Speaker #0

    Elle aurait pu ne jamais sortir. qui n'avaient pas le courage de Mitterrand, contre ses équipes, contre les gens qui vont être ses ministres, qui tapent sur la table. Et pas un seul a répondu, pas un seul a réagi.

  • Speaker #1

    Ce qui m'intéresse de comprendre aussi, quand tu fais une campagne présidentielle, alors là on a parlé de François Mitterrand, mais tu en as fait 20 je crois en tout. Quand tu fais en fait une campagne pour une marque et une campagne présidentielle, alors peut-être qu'une campagne pour une marque, tu fais une étude de marché ou une étude de clientèle, comment tu ressens ce qu'attendent entre guillemets les citoyens ?

  • Speaker #0

    Parce que c'est la même chose, c'est les mêmes boîtes d'études, c'est les mêmes genres d'études, il n'y a pas de différence, sauf qu'on n'a pas le droit de dire qu'un président c'est un produit.

  • Speaker #1

    À l'époque ça...

  • Speaker #0

    Mais même aujourd'hui, on n'a pas le droit de dire que c'est un produit. au-dessus de tout, quand on voit d'ailleurs comment la République est bafouée, mais c'est quand même les mêmes hommes, les mêmes esprits, les mêmes équipes, les mêmes affiches, simplement que c'est des affiches plus difficiles à faire, parce qu'elles sont dans l'actualité, que ça se passe en deux ou trois jours, qu'elles peuvent décider des deux ou trois points de campagne qui hésitent. D'ailleurs, je me souviens que... Le président de la Slovénie, qui est un petit pays au-dessus de l'ancienne Yougoslavie, m'appelle et me dit Écoutez, j'ai beaucoup aimé la campagne que vous avez faite pour votre président. J'ai un problème parce que je suis à un mois du vote et je sens que les sondages sont en train de décrocher. Est-ce que vous pouvez venir me voir ? Je me récipite. C'était un mec très intelligent, un beau mec, etc. Il avait un énorme chien comme ça qui le suivait partout. Il était célibataire. Et il me dit, écoutez, qu'est-ce que vous pouvez faire pour moi ? Je lui dis, écoutez, il reste un mois. C'est le moment de la vraie campagne, etc. Où la publicité, en français, elle n'est pas autorisée, mais là, elle est autorisée. Il faut faire un film fracassant qui va passer tous les soirs à la télé. Et vous mettez tout le paquet là-dessus, etc. Vous oubliez les meetings, les trucs, etc. Vous faites confiance à la communication. Mais il faut évidemment un film formidable. Donc laissez-moi une semaine. Je reviens à Paris, je réfléchis, j'avais des études de marché, etc. Je vois que vraiment c'est formidable. Mais je m'aperçois que lui n'est pas aimé, mais son chien est adoré. Donc je reviens, je dis, j'ai trouvé. Vous êtes détesté, votre chien est aimé. On va faire la campagne du chien.

  • Speaker #1

    C'était une race de chiens particulière ?

  • Speaker #0

    C'était les gros bergers noirs de la Yougoslavie. Et j'arrive avec mon script. Son chien est à côté de sa niche et il parle. Et il dit, moi je suis le mieux placé pour le connaître. Je connais ses qualités, ses défauts, je vis avec lui. Je ne peux pas vous dire si c'est un mec droit. Jamais manquez de partager sa soupe avec moi. C'est un chien très aimant. C'est un chien tendre, mais aussi c'est un chien de garde. C'est un chien qui vous protégera. Et puis, vous voyez, regardez comme elle est belle ma niche. Si vous votez pas pour moi, il y aura plus de niche. Et le slogan, c'était Wow, wow, wow ! Parce que voter veut dire, en deuxième lecture, aboyer Très curieux. Il a été élu. J'ai fait apprécier deux ans de campagne de réélection.

  • Speaker #1

    Est-ce que ça veut dire qu'on élit du coup aussi une personne, mais un peu tout son entourage, son environnement, tout ce que la personne peut diffuser ? Là, par exemple, sur le président Sloven, du coup, si j'ai bien compris, tu as mis en avant son chien parce que ça lui donnait de la sympathie peut-être aussi au personnage ?

  • Speaker #0

    Les publicitaires, les journalistes adoraient le chien. Il y avait plein de caricatures du chien. Il était toujours avec son chien, c'est très étonnant. Imagine si Emmanuel Macron arrive à la télé avec un chien comme ça. Et lui, il faisait ça. Mais ça se retournait contre lui. Et la publicité a positivé les choses. Par son humour. D'accord. C'est comme ça qu'elle a renversé l'opinion. Ok.

  • Speaker #1

    Et du coup, tu as fait d'autres campagnes présidentielles aussi, notamment en Afrique. Ça m'intéresse de comprendre.

  • Speaker #0

    Je n'ai pas fait l'Afrique. Je ne sais pas pourquoi on met l'Afrique sur le dos. C'est vrai ? L'agence ici a fait des publicités. D'accord. Elle en a fait encore récemment. Moi, j'ai fait simplement, c'est quand même l'Afrique, à la demande de Mitterrand, j'ai fait les campagnes d'Abou Diouf. Il était un grand ami de Mitterrand. J'ai fait les deux campagnes. D'abord, parce qu'il a été élu et puis réélu. Et après, il est devenu patron de la France dans le monde, de langage de la France dans le monde, il fait de la francophonie. C'est un maître d'exception. Mais après, on me prête tous les dictateurs du monde. Je ne les connais même pas. Le seul pays d'Afrique où je suis allé, à part le... la trilogie de l'Afrique du Nord, je n'ai connu aucun de ces autres pays, je les ai traversés à l'époque en deux chevaux, mais je n'y suis jamais retourné.

  • Speaker #1

    À ce propos, je crois qu'il y a même Mouammar Kadhafi qui t'a proposé de faire une campagne. D'ailleurs,

  • Speaker #0

    oui, Kadhafi m'a envoyé son ministre de la Culture, je crois, qui m'a dit, le président Kadhafi vous demande et vous propose d'être son communicant avec un contrat de 10 ans, payé 1 million par an en Suisse. J'ai dit, c'est la double faute. D'abord la Suisse, parce que vous allez m'envoyer en taule, et après, votre client, parce que c'est un dictateur. J'ai dû écrire une lettre, à la fois que j'ai essayé d'être la plus respectueuse possible, mais la plus claire possible, en disant que ce n'était pas ma manière de faire.

  • Speaker #1

    Tu dis souvent que tu as appris beaucoup de choses, voire tout, avec François Mitterrand. Qu'est-ce que tu as appris auprès de François Mitterrand ?

  • Speaker #0

    Il a pris la force tranquille, parce que c'était une force tranquille. Moi je l'avais découvert assez vite, parce que je voyais bien quand je discutais avec lui, qu'à l'intérieur ça brûlait. Mais que si c'était une cuirasse, il fallait la clé pour ouvrir la cuirasse. D'ailleurs il ne m'a pris que deux fois dans ses bras. Quand il a été élu une première fois, en 1981, et une deuxième fois en 1987. Après, il était très proche de moi quand même. Il était presque affectif, mais c'est une affectivité toujours très modérée, très froide, mais tellement sincère. Et à la fois, il était très libre. Je me souviens que... Très souvent, j'allais travailler avec lui le vendredi soir, de 18h à 19h, je lui amenais toutes les études, etc. Et vers 8h, il décrochait son téléphone, il appelait sa femme, il lui racontait la journée. Puis il appelait la femme de sa vie, et de sa fille. Et il lui parlait complètement d'autres choses. Et puis il y avait parfois un troisième coup de fil où il recoulait. Donc je lui disais, mais il y a un flirt dans l'air. Quel incroyable personnage.

  • Speaker #1

    Et après François Mitterrand, sur tes campagnes présidentielles, tu as fait celle de Jospin. Alors sur les 20 campagnes, si je n'ai pas de bêtises, c'est la seule qui n'a fait de victorieuse.

  • Speaker #0

    C'est la seule que j'aurais voulu voir réussir, parce que j'ai trouvé que Jospin a été un très grand Premier ministre, tout le monde le reconnaît. Il aurait été un très grand président, alors qu'on a eu un roi fainéant. Mais je n'aimais pas la communication. Il trouvait que la communication était perverse. Il avait raison d'ailleurs dans son discours, que la communication politique était perverse, qu'il fallait être élu pour ce que l'on était et pas pour ce que l'on paraissait, et que la publicité était du paraître et pas de l'être. Il n'a jamais voulu s'afficher avec sa femme. Et moi, j'ai dit, attention, les Français, ils lisent un couple. Il faut que tu fasses deux émissions de grande écoute, etc. avec ta femme, que les Français connaissent. Ils étaient tellement amoureux, tous les deux. Vous n'avez pas besoin de rien dire, ne pas dire rien. Votre amour, il est époustouflant et cinglant. Mais il n'a pas voulu se plier à la chose. Moi, j'avais organisé une élection avec Michel Drucker. de deux heures, c'était dimanche matin ou dimanche après-midi, ou le samedi, je ne sais plus quand c'était, mais c'était trois jours avant Noël. Et les politologues ont analysé les choses et ont dit qu'une émission comme ça, réussie, elle aurait été réussie parce qu'en plus c'était un couple formidable, c'était un couple formidable, pouvait ramener 400 000 voix. On a perdu à 170 000. Par rigueur, par souci de pureté, par volonté de ne pas tricher, de ne pas se déguiser. Quel dommage, parce qu'il aurait apporté tout ça à la France. Un peu comme est en train de le faire le nouveau Premier ministre. Le nouveau Premier ministre, tout le monde dit qu'il est démodé. C'est pour ça qu'il est à la mode. Il les démode tous. C'était incroyable à l'Assemblée. Parce que lui, il a fait un discours travaillé. pas talentueux, mais avec beaucoup d'amour quand même, mais finissant quand même par être un peu répétitif, peut-être un peu trop long, etc. Mais, il a parlé vrai, il a parlé sincère, il a parlé honnête. Ce n'étaient pas les mots préparés. C'était un catalogue très muselé. mais qui aussi... traduisez sa volonté, où allaient ses premières volontés, et comment il arriverait à les résoudre, ce que personne n'arrivait à vraiment faire passer à l'Assemblée. Et il a démodé les autres. Il a démodé Marine Le Pen, qui était un discours moderne. Tout d'un coup, face à ce discours presque d'outre-tombe, mais tellement nouveau... tellement vrais et tellement sincères, tellement peu politiques et tellement plus publics que tous ceux qui se sont exprimés par derrière, dans l'évidemment instantanément essayant de le démonter, sont passés à la trappe.

  • Speaker #1

    Est-ce que ça veut dire que la politique, finalement, c'est aussi un cycle et que, tu vois, les gens ont besoin maintenant de quelque chose d'authentique plus simple ?

  • Speaker #0

    Lui, il est en train de ramener la politique, il l'a ramenée à De Gaulle, d'ailleurs. Il est en train de ramener la politique à un moment, d'ailleurs c'est le globalisme, où elle était le contraire de ce qu'elle est devenue. Est-ce que ça va marcher ? Il faut le souhaiter. Se donner la main, c'est notre dernière chance. On ne peut pas continuer à laisser la France, qui ne sera pas capable de nourrir ses enfants dans 50 ans, si on ne met pas tout en branle. On est fous.

  • Speaker #1

    T'es inquiet pour la France et sa jeunesse ?

  • Speaker #0

    Non, moi je crois en la France plus que tout. Je pense qu'elle a trouvé l'homme qu'il fallait. Ce qu'elle a réussi chaque fois à faire. Tu parles du Michel Barnier ? Je parle de Michel Barnier. Ils vont tous essayer de l'assassiner. Il a plus de force et plus d'humour qu'on le croit parce que moi je le connais bien. J'avais gagné la campagne des Jeux Olympiques. d'hiver à sa lanche. Comme avec Mitterrand, d'ailleurs, c'est moi qui l'avais proposé, tous les lundis matins, je le voyais à l'agence avec Kilianti, tous les trois, et on préparait, on organisait la grande soirée qui a été formidable, c'est lui qui a eu l'idée, d'ailleurs, d'aller chercher le théâtre du soleil, tu sais, avec le... Elle a été formidable, cette... Ce premier, j'aime... premier film des Jeux Olympiques d'hiver. Et j'ai vu comment il était méticuleux, honnête, sérieux, précis, travailleur. Et d'ailleurs, ça a été très réussi.

  • Speaker #1

    Dans les hommes politiques, est-ce qu'il y en a aujourd'hui qui t'inspirent encore ? Que tu trouves, justement, peut-être authentique, à la mode ? Je crois, j'ai lu que tu avais de l'estime pour Gabriel Attal.

  • Speaker #0

    Oui, moi je suis un fan de Gabriel Attal. Je ne sais pas moi qui est le conseiller en communication. Je ne suis pas sûr d'ailleurs qu'il ait besoin du conseiller en communication, parce qu'il est très doué. Il a un problème, c'est qu'il va passer du jeunisme à l'âge mûr en politique, dans les trois ans qui viennent. C'est même déjà presque commencé. Donc il va perdre cette dendresse du jeunisme, cette polissanderie. du jeunisme, mais aussi cette pureté du jeunisme qui faisait beaucoup de son image. Et il faut qu'il arrive à trouver maintenant, le temps d'après, celui de la maîtrise, de l'engagement, et qu'il écoute d'ailleurs bien aussi de la fierté, comme le dit celui qui l'a succédé, du courage et de la justice. Mais je crois qu'il peut le faire. Il a trois ans, il faut qu'il se prépare, il faut qu'il écrive un livre, d'ailleurs pas tout à fait un livre, un documentaire sur ce à quoi il croit, parce que les livres, les gens ne les lisent plus. Mais il faut après avoir le livre du documentaire. Parce que là, les gens, comme ils auront aimé le documentaire, ils auront aimé retrouver le livre et mettre le livre quelque part. Donc il faut inverser les choses. Et je crois que c'est celui... qui quand même, même dans son temps de jeunesse, avait le plus de respect de la démocratie et de son président. D'ailleurs, il a été touché en plein cœur quand le président lui a refusé de lui dire la vérité. Je ne comprends pas pourquoi, d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Sur la dissolution, je ne sais pas.

  • Speaker #0

    Non, je pense que la politique, c'est quand même les coups bas. Et puis, il se digère. Et de toute façon, le président lui a fait un très beau cadeau.... il a donné son parti.

  • Speaker #1

    Est-ce que la critique qui peut être facile, c'est qu'Attal est finalement très ressemblant à Emmanuel Macron ? Au début, il était dans son équipe, je crois. Est-ce que tu trouves qu'ils sont si différents l'un de l'autre ?

  • Speaker #0

    C'est-à-dire que 20-10 ans de différence entre les deux, c'est donc une tranche de vie qui s'achève pour l'un et qui commence pour l'autre. C'est difficile de juger de la suite. Je pense que Macron ne lâchera pas celui qui a été son fils prodigue.

  • Speaker #1

    Et en parlant de Macron, justement, j'ai lu que... Alors, je crois que tu n'en parles pas tant que ça, mais un jour, tu as rencontré Emmanuel Macron avant qu'il soit président, dans une conférence, et il t'a demandé de faire un dîner avec toi et de potentiellement te raconter aussi une campagne victorieuse.

  • Speaker #0

    Ah oui, oui, oui, absolument, c'est vrai. Il m'a dit, j'aimerais que tu me parles de la campagne de François Mitterrand. Je lui ai dit, viens dîner à la maison. Il est arrivé avec sa femme, j'étais évidemment avec la mienne. Je lui ai raconté, on s'est vus trois ou quatre fois. jusqu'à minuit, tu vois, donc c'était assez long. Je racontais à la fois toute la campagne de François Mitterrand, mais les 19 autres campagnes aussi que j'avais faites, et surtout la mise en garde de celle de Jospin. Et il prenait des notes, il était... Intensif. À la fois il était assez détendu... très amoureux de sa femme et sa femme très amoureuse de lui. Ces formes-là, c'était un couple complètement fusionnel. Lui, d'une intelligence et d'une mémoire phénoménale. Il prenait quand même quelques notes, mais il se souvenait de tout ce qu'on avait pu dire, même deux ou trois semaines après, dans l'intégralité. Et il avait en plus une jeunesse, une vitalité. un pouvoir de séduction, une authenticité extraordinaire. Et c'est enfoui. Les gens le tapent dessus, mais quand tu regardes les sondages, il est à 30%. D'autres 30%. Marine Le Pen. C'est tout.

  • Speaker #1

    Est-ce que quand tu travailles pour un homme politique, qu'est-ce qui prend ? Est-ce que tu regardes, il faut que tu sois en accord quand même avec ses convictions, ou son potentiel, ce que tu viens de dire, par exemple son pouvoir de séduction, son talent, etc. Ça prend le dessus ? C'est quoi qui est le plus important ? Non,

  • Speaker #0

    moi je n'ai jamais été d'aucun parti, sauf du parti des idées. moi je veux le meilleur de la droite et le meilleur de la gauche c'est d'ailleurs mon discours que Macron mon point si je puis dire entre parenthèses parce que je pense pas qu'il savait ce que je répétais dans les médias donc ce ne sont pas les partis qui m'intéressent sauf l'union des partis parce que c'est elle qui doit gouverner la France ce sont les personnalités ok Mais évidemment, je ne toucherai jamais à un dictateur, d'un dictateur possible, parce qu'on ne sait jamais comment tournent les choses. Et d'ailleurs, on en revient aux fachos africains.

  • Speaker #1

    Et justement, à ce propos, dans chaque épisode qu'on enregistre des Sages, j'essaie d'avoir une question de la part d'un proche. Et du coup, j'ai demandé à Alain Quezac, qui te pose une question à ce propos, qui dit Je ne me souviens plus, es-tu de droite ou de gauche ?

  • Speaker #0

    Moi, je suis et de droite et de gauche. J'aime pas d'ailleurs la formule de Macron, qui est ni de droite ni de gauche, parce que le ni-ni en publicité, c'est négatif. Donc je préfère le positif, et je dis, je suis et de droite et de gauche, et je l'ai toujours dit, mon seul parti, c'est le parti des idées. Je le dis depuis 70 ans. Enfin, pas 70 ans, parce que j'ai commencé la politique plus tard, mais je le dis depuis 50 ans.

  • Speaker #1

    Si on revient un peu sur la pub, c'est quoi la plus belle campagne pour toi que tu as faite ? Politiquement, mais pas que, même pour une marque.

  • Speaker #0

    Tu sais, un jour, j'ai reçu une invitation de la Maison Blanche, de Ronald Reagan, d'une invitation à déjeuner, au titre de représentant de la publicité européenne. J'étais très flatté et j'étais avec Christine O'Kreint, qui était la représentante de mes amis d'ailleurs de toujours, et qui était la représentante de la presse européenne. Et donc on se retrouve à la Maison Blanche, on est à côté, dans la même table, et à la fin, comme tu le fais, à la fin du déjeuner, il dit, mais chacun peut me poser une question. À côté de moi, il y a un monsieur qui se lève et qui dit, Quelle est... Le plus beau jour que vous ayez passé ici. Il répond, demain. Une merveilleuse réponse.

  • Speaker #1

    Ok, alors si on continue, on a parlé de la plus belle campagne. C'est quoi pour toi la plus belle marque au monde ? Est-ce que c'est Apple ? Souvent pour les gens, c'est souvent Apple.

  • Speaker #0

    La plus belle marque au monde, c'est Citroën.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Parce que ça fait 60 ans que je me bats pour la marque, etc. J'essaye de faire rayonner la barque, je fais des films pour la marque, je fais tout pour la marque, j'écris un livre sur la marque, qui est toute l'histoire d'ailleurs d'André Citroën. C'est ma marque préférée, elle le sera toujours. Ça ne veut pas dire que c'est la plus belle campagne du monde. Moi je trouve qu'en Europe, la meilleure campagne c'est Canal.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Parce que ce sont les derniers à faire de la publicité à l'ancienne. Ils racontent des histoires. Je ne sais pas si tu as vu le dernier film pour Citroën, sur la liberté, les gens qui sortent... La Révolution, qui sort du palais de la République, et qui, en voiture... Sautent au-dessus de tous les participants. Très beau film. Donc, Citroën est la dernière marque à faire de la publicité à l'ancienne qui raconte une histoire, un début, une suite, une fin et un slogan. Aujourd'hui, les publicités, elles sont des publicités de cas. Il prend un cas, généralement un cas sociétal, etc. et qui dit comment on va pouvoir recoter de l'argent pour éviter la maladie de notre copain ou telle autre maladie, etc. Mais il n'y a plus d'histoire. Il y a des levées, des levées d'argent ou des levées de cœur, mais il n'y a pas cette force de la publicité d'avoir l'humeur, l'humour. Et pour finir, l'efficacité, la rapidité, le slogan. Tu supprimes, on est fou d'Affle-Loup, d'Affle-Loup, c'est comme si tu l'amputais d'un bras ou d'une jambe. J'ai d'ailleurs un déjeuner avec lui il y a 15 jours, avec Mercedes Serra, la patronne de BETC, qui a la publicité de Afloulou, c'est moi qui l'ai faite pendant 30 ans, et je lui ai raconté ça, et il me disait, je suis tellement d'accord avec toi. Tu as raison, il faut absolument conserver on est flou d'Afloulou. En tout cas, si on ne le fait pas dans les mots, on le fait dans l'esprit.

  • Speaker #1

    Les réseaux sociaux ont changé quelque chose sur la pub et sur les marques. Est-ce que les marques sont plus fragiles ? Parce que des fois, entre guillemets, ça peut s'emballer beaucoup plus vite, il peut y avoir des goûts de buzz, mais aussi des bad buzz.

  • Speaker #0

    Bien sûr, bien sûr. C'est à la fois un accélérateur de la publicité et de l'image. Et ça peut être un détracteur fou. parce qu'il n'est pas mesuré, il n'est pas filtré, il n'est pas travaillé, il n'est pas programmé. Il faudra qu'un jour la publicité soit réglementée sur les réseaux sociaux. On n'a pas le droit. La publicité, c'est le seul métier qui peut faire de la prison s'il est mensonger. La publicité mensongère mène à la prison. C'est quand même de la publicité mensongère qui se passe dans les réseaux sociaux.

  • Speaker #1

    C'est vrai que ce n'est pas encadré ou peu encadré encore. Pour terminer cet entretien, Jacques, est-ce que tu as des secrets, notamment pour maintenir ta créativité ? J'ai lu que tu écrivais tous les jours.

  • Speaker #0

    Oui, ce n'est pas un secret. C'est vrai de tous les écrivains. Sauf que moi, je ne suis pas un écrivain, je suis un publicitaire. Donc j'essaye de m'agripper. pour mériter le titre de petit écrivain. J'ai écrit 35 livres. On me demande souvent, mais pourquoi est-ce que tu es le seul publicitaire français connu en France et alentour ? J'ai dit parce que j'ai écrit 35 livres. Les gens ne lisent pas les livres, mais ils les reçoivent. à chaque fois une tournée médiatique, on en parle en ville, quand on en a 35, ça finit par s'accumuler, ça finit par construire une réputation, comme on construit une maison, chaque livre est une brique de plus. Alors oui, quand on a commencé un livre, il ne faut pas le lâcher, il faut écrire tous les jours, ne serait-ce que 10 lignes, pour ne pas perdre le film, pour rester dans l'histoire. Alors mon projet est sur croire, croire en sa religion, croire en soi, croire en la vie, croire en la liberté, croire... Avec des exemples tous de croyants dans leur discipline.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as un livre ou un poème préféré qui a guidé ta vie ?

  • Speaker #0

    Ah oui, oui. Si... Je l'avais lu... dû lire qu'un livre dans ma vie ça aurait été le Céline. Pour moi c'est le voyage au bout de la nuit, c'est le voyage au bout du talent.

  • Speaker #1

    J'ai vu que tu étais marié depuis 47 ans et comment on fait pour qu'un couple dure autant de temps ? Maintenant il y a beaucoup de divorces, peut-être plus qu'avant.

  • Speaker #0

    On ne fait rien, on ne fait rien, c'est l'amour qui décide, c'est lui qui mène la danse. Moi j'ai vu Sophie traverser l'open space dans lequel on était à cette époque-là, je parle d'il y a 40, pratiquement 50 ans, qui était l'étage des créatifs. Et j'ai dit, c'est la fin de ma vie. J'étais avec un des patrons de Citroën. J'ai dit, laisse-moi dix minutes, je dois dire à cette jeune fille qui passe que c'est la fête de ma vie. Mais qu'est-ce que tu fais ? Pour qu'il se raconte, je suis là. Écoute, donne-moi dix minutes. Et je suis allé la voir et je lui ai dit, tu es la femme de ma vie, donne-moi un dîner. J'ai dû répéter. dix fois je me supplie la onzième a été la bonne on est rentré chez moi on ne s'est plus jamais quitté avec cinq enfants parce que moi je suis le seul publicitaire qui a cinq enfants de la même femme eux ils ont cinq enfants de cinq femmes différentes et une et deux et trois et cinq toi c'est la même je crois que les enfants font beaucoup partie de la solidité d'un couple mais J'aime bien notre nouveau Premier ministre, parce qu'il a dit le mot qui, pour moi, est le mot qui mène à l'amour, et qui est la confiance. Il ne peut pas y avoir de confiance sans respect. Je crois qu'un couple qui se respecte d'un bout à l'autre est un couple qui s'aime vraiment. Et s'il manque ou s'il en arrive à les respecter, le couple va se briser. Ok.

  • Speaker #1

    Tu as parlé de tes enfants. Est-ce que tu leur donnes des conseils à tes enfants ou à des jeunes ? Écoute,

  • Speaker #0

    moi j'ai compris avec l'âge. Je suis dans ma neuvième décade. J'ai compris que le plus beau cadeau... que celui qui gouverne tout ça. Faire un père, c'est que ses enfants aient plus de talent que lui. Je me souviens que quand je présentais en bas à l'agence le film de Tristan, la série de Tristan, sur tapis, j'ai dit, enfin, un Seguela qui a du talent. Les gens me disent, il la ramène encore, c'est un slogan. Non. Mon frère, mon fils, a plus de talent que moi. Et il a le talent du long métrage. Il a le talent des deux heures d'une série. Moi, j'ai le talent d'un 30 secondes ou d'un 3 minutes. C'est pas comparable. Ma grande fierté, c'est ça. Je veux que mes autres enfants, chacun dans sa partie, ils sont tous dans des parties astériques, des parties créatives. Ma première fierté, fille, qui s'appelle Sarah, a fait une série de programmes formidables avec Canal+, qui était Merci la France, où des célébrités, mais aussi beaucoup de gens de la rue, venaient pendant, ils avaient une minute et demie, parler du cadeau que leur avait fait la France, et de la réussite qu'elles avaient reçue grâce à la France. Elle a eu beaucoup de succès, je crois qu'il y a 10 millions de vues dans le monde, et et c'était une belle façon d'utiliser les Jeux Olympiques pour faire passer ce message-là. Ma fille qui suit, Lola, qui elle, a le talent de sa mère, qui a le talent de la décoration. D'ailleurs, dans le L d'écho qui est paru au mois de juillet-août, elle a la couverture et 14 pages à l'intérieur pour la dernière décoration qu'elle ait faite en Grèce, une maison extraordinaire de 200 mètres face à la mer, où elle a tout choisi jusqu'à la petite cuillère. Et puis après j'ai mes jumelles, Ava et Mia, qui sont dans la pub. Rien ne pourrait me faire plus plaisir. Dans les deux agences les plus créatives de Paris, chez Buzzman et chez Australie. Le père est fier et je voudrais que chacune arrive à dépasser le talent, le petit talent de leur père. Je ne peux pas. Allez, ce ne sera pas si difficile, ce n'est qu'un petit talent.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a des choses qui peuvent te mettre en colère ou te rendre triste ?

  • Speaker #0

    Je ne me mets jamais en colère. Même quand j'étais jeune, je n'étais pas très colérique. Moi, je suis un homme d'apaisement, je suis un homme de rassemblement. Mon métier, c'était de rassembler les meilleurs talents du monde pour aller à l'assaut du monde et faire que la publicité française devienne, entre avances et publicistes, la meilleure du monde. Et puis, je suis pour... c'est un mot idiot, mais je suis pour la fraternité.

  • Speaker #1

    Ok, c'est important pour toi.

  • Speaker #0

    C'est important parce que c'est le contraire du déchirement. C'est le contraire de la guerre, c'est le contraire de la révolution, c'est le contraire du nihilisme, c'est le contraire de tout ce qui empoisonne la vie.

  • Speaker #1

    Pour finir cet entretien, si je ne dis pas de bêtises, aujourd'hui tu as 90 ans.

  • Speaker #0

    Oui, ça ne me vexe pas. Je suis fier de mon âge.

  • Speaker #1

    Ok. Et du coup, tu viens tous les jours, tu nous disais, je crois de 9h30 ou 10h à 18h, 19h chez Avas. Est-ce que tu vas prendre ta retraite un jour ou tu n'en vois pas l'utilité ?

  • Speaker #0

    Moi, j'ai fixé ma retraite à 100 ans, donc il me reste 9 ans. À moins qu'un jour, le maître des lieux... Yannick Bolloré me disait écoute, tu es très gentil, mais maintenant tu es trop gâteux. On t'aime, reste chez toi Ou que moi, je dise, je n'assure plus ma fonction comme... Alors, je ne peux pas l'assurer comme quand j'avais 20 ans. Mais si je sens que je n'ai plus les moyens d'être même au niveau moyen de ce que j'ai été, j'arrêterai de moi-même.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qu'on peut te souhaiter ? Terminer cet entretien.

  • Speaker #0

    Comme le disait la mère de Napoléon, pour vous que ça dure.

  • Speaker #1

    Merci Jacques. Merci pour votre écoute des sages sur cette nouvelle saison. Si vous avez aimé, vous avez été inspiré, vous avez appris quelque chose, il n'y a qu'un moyen de me remercier. Si vous êtes sur Spotify ou Apple Podcast, abonnez-vous et mettez 5 étoiles. 30 secondes de votre temps mais qui nous permettent d'être toujours plus visibles. et que d'autres personnes découvrent les sages. Avant de se quitter, une dernière chose. N'hésitez pas à m'envoyer un message sur LinkedIn. Nicolas Jeanne, Jeanne, J-A-N-E. Pour me dire ce que vous en avez pensé, vos retours, des suggestions d'invités. Vos retours nous font grandir. Merci.

Chapters

  • Introduction aux sages

    00:12

  • Rencontre avec Jacques Seguela

    01:02

  • L'enfance de Jacques

    05:51

  • Parcours professionnel en pharmacie

    15:59

  • Transition vers le journalisme

    25:03

  • Début de carrière télévisuelle

    28:16

  • Lancement dans la publicité

    29:28

  • Campagnes présidentielles marquantes

    37:05

  • Comparaison entre marques et candidats

    44:04

  • Réflexions sur les dictateurs

    48:25

  • Les valeurs politiques de Jacques

    01:02:35

  • Secrets de créativité

    01:07:55

  • Perspectives sur l'âge et la retraite

    01:15:15

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Description

Dans cet épisode captivant du podcast "Les Sages" nous recevons Jacques Séguéla, une véritable légende de la publicité française. Avec une carrière s'étalant sur plusieurs décennies, Jacques a contribué à des campagnes emblématiques pour des entreprises prestigieuses telles que Citroën et il a joué un rôle clé dans plus de 20 campagnes présidentielles, y compris celle de François Mitterrand. À 90 ans, il incarne l'esprit d'un entrepreneur passionné, se levant chaque matin à 6h30 pour continuer à façonner le monde de la publicité. Dans cet échange, il partage des anecdotes fascinantes sur son parcours exceptionnel et ses collaborations avec des figures influentes , ainsi que son engagement à transformer la publicité en une forme d'art et de poésie quotidienne.


La seconde partie de notre conversation se concentre sur les valeurs humanistes qui animent Jacques Séguéla. Il évoque l'importance de la créativité dans la publicité, tout en soulignant que celle-ci doit toucher le cœur des gens. Jacques aborde également des questions sociétales cruciales, insistant sur la nécessité d'unir nos forces pour relever les défis contemporains. Son discours résonne particulièrement dans le contexte actuel des entreprises à impact et de la transformation organisationnelle, où la responsabilité sociale des entreprises devient primordiale. En tant que leader visionnaire, il rappelle que la confiance et le respect sont les fondements des relations humaines et professionnelles, des valeurs essentielles pour tous les entrepreneurs et femmes d'affaires qui aspirent à créer un changement positif.


Cet épisode est bien plus qu'une simple discussion sur la publicité ; c'est une invitation à réfléchir sur le pouvoir des mots et des idées dans notre société. Jacques Séguéla nous inspire à voir la publicité non seulement comme un outil commercial, mais aussi comme un moyen de communication capable de véhiculer des messages profonds et significatifs. En écoutant ce podcast, vous découvrirez comment le parcours de Jacques et ses réflexions peuvent éclairer votre propre chemin en tant que leader ou entrepreneur.


Bon voyage avec les Sages !


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Les Sages sont sponsorisés par Ooslo Avocats, sans eux rien ne serait possible. 


Pour découvrir Ooslo : https://www.ooslo-avocats.com/

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Marion Fabre : mfabre@ooslo-avocats.com


CODE PROMO : LESSAGES (1H de conseil juridique gratuit) 



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les sages, c'est avant tout une histoire personnelle. Je m'appelle Nicolas Jeanne et j'entreprends depuis que j'ai 19 ans. Sur ce chemin, j'ai eu la chance de rencontrer des personnes que j'appelle les sages. Vous savez, ce sont ceux qui, d'un conseil bienveillant, peuvent changer votre journée, votre projet, votre vie. Souvent des personnes avec qui il y a un avant et un après. A mes yeux, ce sont des leaders authentiques, mais surtout des leaders humanistes. C'est assez important pour moi. Ceux qui vont vous faire grandir sans s'en rendre compte. Plus que n'importe quel livre ou cours, des témoignages qui viennent du cœur et de la réalité. Et surtout du cœur. Aujourd'hui, je vous propose de partir à leur rencontre, dans un format inédit, et négocier avec eux. Un format où l'on se dira tout, naturellement, et aucune question ou anecdote sera interdite. Ça, vous avez ma part. Un format axé sur leur activité, bien sûr, mais qui, évidemment, dérivera vers la vie, la société et les émotions. Mon but, c'est clairement de mettre en valeur l'aspect humain de ces personnalités qui me paraissent exceptionnelles, et de casser la carapace. Casser la carapace, vous le sentez, c'est pas un mot par hasard. Pourquoi ? Parce que je pense que ça va vous permettre d'app... prendre sur les plus grands leaders et leaderes qui ont bâti et bâtissent la société. La France est une terre bourrée de talents et de leaders. Et nous allons en leur en parler. Bon voyage avec les sages. Jacques Seguela.

  • Speaker #1

    Un nom que tout le monde a déjà entendu. Ou si vous ne l'avez pas entendu, vous avez au moins déjà entendu l'expression Si tu n'as pas une Rolex à 50 ans, tu as loupé ta vie C'est de Jacques Seguela. Bien qu'il dira plus tard que c'est la plus grande carrière de sa vie.

  • Speaker #0

    Jacques Seguela,

  • Speaker #1

    c'est un homme aux mille vies.

  • Speaker #0

    Et surtout...

  • Speaker #1

    c'est l'homme aux 20 campagnes présidentielles, dont 19 gagnés. Un osacieux, un créatif, un homme de slogan qui a tant parlé à l'oreille des présidents que des plus grandes marques, françaises et internationales. On dit de Jacques que c'est le tollé de la pub en France, le plus grand publicitaire français. A 90 ans, il est encore tous les matins à 9h au bureau et debout à 6h30, au bureau d'une des plus grandes agences de publicité au monde qu'il a cofondée, Avast.

  • Speaker #0

    Bon voyage avec Jacques.

  • Speaker #1

    Bonjour Jacques, et merci d'avoir accepté notre invitation pour l'essai.

  • Speaker #2

    Merci à toi d'être venu frapper à ma porte, elle était ouverte.

  • Speaker #1

    Avec plaisir. Comment tu vas ?

  • Speaker #2

    Je me suis jamais senti aussi plus jeune.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #2

    Il faut se le dire tous les matins en se réveillant, et surtout à mon âge. et quand on n'arrive plus à le lire, il faut dire ciao.

  • Speaker #1

    Et tu viens du coup tous les matins, on est donc chez Avas là, et tu viens tous les matins chez Avas ?

  • Speaker #2

    Tous les matins à 10h, je suis à mon bureau, et je m'en vais vers 19h, 20h, ça dépend, 18h, ça dépend des jours.

  • Speaker #1

    Ok, donc toujours actif, écoute, on va en parler lors de ce podcast. Est-ce que pour commencer, je peux te demander qu'on parle un petit peu de ton enfance ? Du coup, alors avant de parler de ton enfance, est-ce que déjà pour nos auditeurs, tu peux te présenter en quelques phrases ?

  • Speaker #2

    Je suis fils de pub et fier de l'être. J'ai tellement donné à la pub et m'a tellement rendu au centube. J'ai tellement aimé la pub et je continue l'aimer, j'aimerais jusqu'à mon dernier souffle, et elle m'a tant aimé. Elle est quelques grammes de tendresse dans un monde de brut. Notre monde a perdu la raison. Il ne sait plus où il en est. Il ne sait plus quelle guerre faire. Il ne sait plus quelle ânerie décrocher. Il ne sait plus quelle injure proférer. Or, le monde devrait se donner la main. Le monde devrait s'entraider. Le monde devrait partager les mêmes combats, en commençant par sauver notre planète, si on veut que nos enfants puissent demain respirer et boire. Et Au lieu de ça, il ne sait que de se faire la guerre. Pierre Dacq disait, si l'on mettait un peu plus de matière rose dans notre matière grise, il y aurait moins d'idées noires. Ça pourrait être la définition de la publicité. C'est des petits 30 secondes, 2 minutes d'amour, d'humour, qui viennent essayer de rompre la monotonie. médias à condition qu'elle soit bien faite à condition que je te touche à condition que tu fais aimer le produit qu'elle te présente et qu'elle défend qu'elle le fait honnêtement qu'elle le fait justement avec son coeur autant qu'elle le fait avec sa tête et sans envie de vouloir à tout prix mettre l'argent en tête des valeurs. La publicité est belle, car c'est d'abord la publicité du cœur, mais elle doit être la publicité qui sait faire gagner de l'argent à ses clients.

  • Speaker #1

    Écoute, on va en reparler, tu nous fais vraiment une super introduction, et pour toi, je rebondis sur ce que tu dis, donc, ta vision du monde, c'est que le monde, il y a beaucoup de problèmes, peut-être, dans ce monde. Comment t'expliques ça, que globalement, le monde ne va pas forcément dans le bon sens ?

  • Speaker #2

    J'explique ça par une sorte de laisser aller... permanent des valeurs partagées. L'Europe n'a pas réussi à s'imposer suffisamment, c'était son métier, c'était son devoir. Elle a fait ce qu'elle a pu, mais il y a tellement après de nationalisme qui se réveille, de communautarisme qui se réveille, qu'à chaque fois la barque prend l'eau et coule. J'espère que ce temps de... quatre guerres à la fois, plus lamentables les unes que les autres, va ramener quand même le monde à la raison. C'est pas possible qu'on puisse vivre avec des squibs qui sont au-dessus de ta tête en permanence. Il y a des gens qui n'ont rien fait que de bien faire leur métier, d'aimer leur femme et leurs enfants. La vie, c'est d'abord ça. C'est pas de vouloir tuer son prochain.

  • Speaker #1

    Bien sûr. Et pour nos auditeurs, on enregistre un moment où, en effet, il y a un peu... Je crois du coup l'US Bola qui a envoyé des missiles sur Israël. Donc en effet, c'est un moment un peu grave.

  • Speaker #0

    Et Jacques ?

  • Speaker #2

    Tu vas me trouver utopiste. C'est bien. Tu vas me trouver à côté de mes ponts. Tu vas me trouver que... Je suis Monsieur Bisounours, mais je suis fier d'être ça, parce que c'est la publicité représentant. Il faut forcer le trait. Bien sûr que c'est un peu ridicule de dire qu'on préfère que les gens fassent la paix et pas la guerre. Mais plus personne finalement me le dit vraiment. Donc il faut le dire simplement. Il faut le dire avec son cœur.

  • Speaker #1

    Bien sûr. Est-ce que ça veut dire que tu as toujours gardé un peu ton âme d'enfant ? Une certaine intuition ?

  • Speaker #2

    Oui, moi je n'ai rien fait pour ça parce que j'ai toujours laissé la vie décider pour moi.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #2

    Je n'ai jamais demandé un boulot, les boulots sont toujours venus à moi. Je n'ai jamais demandé l'amour, c'est ma femme qui est venue à moi. Je n'ai jamais demandé mes grands combats, c'est les combats qui sont venus à moi. J'ai essayé de les mettre à chaos et plus souvent c'est moi qui est allé au tapis. Ça s'appelle la vie et elle est faite de petits heures et de grands bonheurs.

  • Speaker #1

    D'accord. Et du coup, tu dis que les choses sont venues à toi, c'est une forme de chance ou de spiritualité ou tu l'as provoqué aussi à travers des rencontres, du travail ?

  • Speaker #2

    Non, non, pas du tout. Je ne l'ai pas provoqué parce que je suis allé de chance en chance. J'ai saisi des chances et je les ai amenées au bout de ce que je pouvais le faire. Mais je n'ai jamais. tirer le plan sur la comète. C'est la comète qui me tire par le bout du nez.

  • Speaker #1

    Ok, donc tu t'es laissé un peu porter par la vie et par ces opportunités qui se sont présentées.

  • Speaker #2

    Oui.

  • Speaker #1

    Ok, et si on revient un petit peu sur ton enfance, alors du coup, si je ne dis pas de bêtises, donc tu es né à Paris, mais tu as grandi dans le sud de la France, à Perpignan, c'est bien ça ?

  • Speaker #2

    Oui, mon père a rapté ma mère. Ils étaient tous les deux élèves de médecine en première année sur les bords de la faculté de Montpellier, où mon grand-père et ma grand-mère. Ma grand-mère a été la première chirurgien-femme déclarée en France. Mon père a été un des tout premiers radiologues diplômés aussi en France. J'étais le fils unique. Et j'étais un horrible garçon voulant absolument exister. Je n'arrivais pas à maîtriser ma vie. Il fallait que je fasse des bêtises. Mon livre préféré, c'était Un bon petit diable, qui faisait toutes les conneries du monde. Un dessin animé, un livre animé en tout cas. C'était un peu ma Bible. Ce n'était pas la meilleure. Il en est resté quand même à la fin, une envie d'étonner, une envie de choquer. Tu sais, un jour, Cocteau a rencollé Taguilès. le danseur. Il me dit, quelle est la définition de ton art ? Et Naguileff a... Il a dit, étonne-moi. Non, non, non, il a dit Cocteau. Ça, c'est la définition de mon art, c'est la définition de la poésie. Et moi, j'ai dit, écoutez, au musée, le danseur, ça, c'est la définition de mon art à moi. C'est la définition de la publicité. Elle est la poésie quotidienne, la poésie de notre vie. Elle est la poésie de notre consommation.

  • Speaker #1

    Et quand tu parles d'une envie de choquer, du coup, à Perpignan, tu vas à Montpellier dans un pensionnat et tu te fais renvoyer pour une histoire de fourchette, je crois.

  • Speaker #2

    Oui, j'étais dans Perpignan, à 200 kilomètres de Montpellier. Mais à l'époque, c'était presque une aventure pour y aller. Et puis à l'époque, il n'y avait pas de week-end. On a oublié ça, le week-end, ça a fait à peine quelques années. Et donc, mon père qui était le maître de la maison, il a dit, médecins de l'hôpital, ne pouvaient pas venir me voir à Montpellier. Donc, ils arrivent quand même à venir me voir deux fois par mois, mais j'étais tout seul. En plus, mes parents, qui me prenaient pour un génie et qui se trompaient, m'avaient donné... la possibilité de changer, de sauter une année. Ce qui fait que, comme déjà j'étais un peu malingre dans le pays du rugby, où si on ne fait pas 100 kilos, on n'existe pas, et que je ne savais pas très bien où étaient le bien et le mal, j'ai fait les 400 coups dans la petite ville de Perpignan, qui m'a laissé les faire, tellement à l'époque, si tu veux... La liberté était dans l'air. C'était une ville libre, Perpignan. Je me souviens qu'avec mon copain Baudot, avec qui je suis parti faire le tour du monde quelques mois après l'histoire que je te raconte, on avait décidé dans une petite rue de changer toutes les voitures de la rue. Il y avait cinq ou six voitures qui étaient en stationnement, et les amener deux ou trois cents mètres plus loin. dans une autre rue, en se disant, le lendemain matin, les gens vont se réveiller, toutes les voitures auront disparu, ils vont téléphoner aux flics, et nous on était là, à la fenêtre, en train de se marrer.

  • Speaker #1

    Et les voitures, comment tu les déplaces à ce moment-là ?

  • Speaker #2

    Justement, le déplaçant des voitures, il fallait les pousser. À l'époque, les voitures restaient ouvertes. D'accord. Mais là, il y en avait une qui était... On a réussi sur les trois ou quatre premières. Puis la cinquième, c'était une grande voiture décapotable. Elle était fermée, mais la capote derrière était ouverte. Donc, moi, je me suis... Alors, j'avais fait une... Ça, c'était la deuxième bêtise, la première bêtise. Je ne sais pas comment, j'avais un petit revolver chez moi. qui n'était pas chargé, je ne sais pas comment je l'avais trouvé, je ne sais pas comment il était là. Et je l'avais mis dans ma poche ce soir-là. C'était une imbécilité totale. Donc, j'essaye d'aller ouvrir la portière de la voiture en passant par l'arrière, et j'ai quelqu'un qui me tire par les pieds, c'est un flic. Je lui dis, tu es foutu. Tu as une arme, tu es en train de voler une voiture, tu vas en prendre pour deux ans. Mais quelle connerie tu as pu faire, etc. Et le flic me dit écoutez, venez au poste, on va vous interroger. J'y vais en claudiquant, en paniquant, et en arrivant au poste, le chef de poste qui était là me dit Comment vous appelez-vous ? Il dit Jacques Seguéla Ah, mais vous êtes le fils du docteur Seguéla ? Mais oui, c'est mon père. Écoutez, votre père m'a sauvé la vie. Tirez-vous. Ça a été une de mes premières leçons de vie en disant qu'il faut quand même savoir jusqu'où ne pas aller trop loin. Une bêtise stupide peut briser votre carrière, peut briser la route qui vous attend. Donc oui, il faut secouer les choses. Mais il ne faut jamais aller trop loin.

  • Speaker #1

    Ça me fait penser à Xavier Niel qui a sorti son livre et qui dit que la ligne jaune, il faut la mordre, mais jamais la dépasser.

  • Speaker #2

    Exactement. J'aime beaucoup Xavier Niel. C'est mon maître à penser.

  • Speaker #1

    D'accord. Comme beaucoup d'entrepreneurs, je pense que c'est un peu un des papes de l'entrepreneuriat pour les jeunes entrepreneurs. Oui. Et du coup, après ton lycée, tu vas faire le choix de faire des études pour devenir pharmacien.

  • Speaker #0

    C'est l'heure de remercier notre partenaire Oslo, sans qui ce podcast ne serait pas possible malheureusement. Oslo, c'est un cabinet d'avocats à taille humaine, dirigé par Edouard Wells et Marion Fabre, que je connais personnellement depuis plus de 10 ans. Il est composé d'une équipe, l'idée par Edouard et Marion, qui est issue de cabinets d'affaires de premier plan. Mais surtout, au-delà de la qualité de leurs prestations juridiques, ce que j'aime chez Oslo, c'est leur engagement pour un droit un peu différent. Sur leur description, ils mettent Nous accordons une importance particulière aux qualités humaines et relationnelles, tout particulièrement au respect, à la simplicité, �� l'humilité et à l'élégance. Ça pourrait paraître bullshit comme ça, mais pour bien les connaître, je peux vous assurer que ça se ressent vraiment. Et pour preuve, ils ont accepté de sponsoriser ce podcast dès sa création. Ils offrent une heure de conseils juridiques avec le code LESSAGE et je mettrai leurs coordonnées dans la description du podcast. Allez, on y retourne.

  • Speaker #2

    J'étais tellement nul que j'ai mis quatre fois à passer mes bacs. En septembre, en juillet, en septembre, en juillet, en septembre, en juillet. Enfin, en septembre, j'ai eu mon bac. Là où les gens mettaient deux ans, moi j'en ai mis quatre. Mon père était tellement désespéré. qui m'a dit, écoute, moi j'aurais rêvé que tu sois chirurgien, puisque ta mère est médecin, et que moi je suis radiologue, et que ta grand-mère a été la première femme à Montpellier à mêler à la fin la médecine naturelle et la médecine normale. Parce que mon arrière-grand-mère était une rebouteuse. Et elle a dit à ma grand-mère, je vais te livrer mes secrets que tu pourras utiliser à condition que tu aies ton diplôme, parce que toute ma vie, on m'a traité de non-diplômé. Et ça s'est passé comme ça. Ma mère, la descendante de la famille, tombe amoureuse folle de mon père, qui tombe amoureux fou de ma mère sur les bancs de la faculté de Montpellier, et le lendemain, elle a demandé un mariage à ma grand-mère, donc à la mère de ma mère, qui lui ferme la porte au nez en lui disant, vous êtes un blancbec, qu'est-ce que vous permettez d'appeler ma fille ? Ma grand-mère se prenait pour... Elle s'appelait Le Forestier, elle se prenait pour une noble, pour personne d'exception dans la ville de Montpellier. C'était d'ailleurs un très grand chirurgien de la Pays-Partie, au SOS du corps. Elle lui dit, je vous interdis à tout jamais de revoir ma fille. Mon père est allé chercher ma mère. Il est parti directement à la gare. Il a pris deux billets pour Paris et il n'a jamais revu ma grand-mère. Et c'est comme ça finalement que je suis né déjà un peu rebelle. Je suis né en cavale. Je suis né en la fois très désiré et à la fois très rejeté. Donc je pense que tout ça, ça a forgé ce qu'allait être ma vie.

  • Speaker #1

    Qui est un caractère. Et du coup, sur tes études de pharmacien, ça te plaît quand même plus que l'école, que le lycée ?

  • Speaker #2

    Alors mon père m'a dit, écoute, tu ne peux pas être médecin, tu es toujours élégant. Fais un métier qui est un métier médical, pour rester dans la famille, mais qui est un métier de commerce, parce qu'on sent que le commerce t'intéresse. J'ai dit, oui papa, non. Et à l'époque, quand on faisait ses études de pharmacie, on commençait par 12 mois de stage. qui était obligatoire et qui était formidable parce qu'il devait se faire dans une pharmacie. Et pendant 12 mois, on n'avait pas le droit de prendre des congés, on n'avait que les congés de l'Ogo. On est là pour apprendre le métier. À l'époque, il y avait toute une partie des médecins qui étaient fabriqués par les pharmaciens. L'aspirine, par exemple, au lieu d'avoir une aspirine qui coûte une fortune parce qu'elle est une marque, etc., elle était broyée par le pharmacien. Moi, ça m'a passionné. et la botanique m'a passionné les racines les huiles sauvages tout ce qui était cette médecine ça n'existait pas la médecine de demain à l'époque pour moi la médecine qui me touchait parce que c'était une médecine naturelle c'était une médecine en accord avec la nature j'étais écolo sans le savoir je me suis totalement impliqué dans la pharmacie au point que j'étais majeur, je suis passé de nul de cancre, de sauvageon, tout d'un coup, le meneur de jeu. Et mon père, qui n'arrivait pas à me voir ses yeux, m'a offert ma première 2 chevaux. C'est lui qui a changé ma vie. C'est elle qui m'a changé ma vie, parce que j'avais à recevoir la 2 chevaux, 3 mois après je vais partir pour un des tout premiers raids en 2 chevaux. Perpignan à Karachi avec Jean-Claude Baudot qui va être mon couturne on va fêter nos 80 ans d'amitié dans quelques jours on s'est dit ça a été tellement facile de faire ce voyage à Karachi même si on a été qui est pris dans les inondations, même si on a traversé un désert incroyablement dangereux. Pourquoi personne n'a osé faire le premier tour du monde en voiture ? On le fait à pied, on le fait avec des cigarettes, on le fait à cheval, on ne le fait pas en voiture, qui est pourtant la façon la plus naturelle de faire le tour du monde. On va s'atteler au titre de premier. tour du monde en voiture. Pendant nos deux ans de faculté qui nous restaient, pour devenir docteur en pharmacie, au moins, docteur en droit pour lui, on a inventé le sponsoring. On a frappé à la porte de tous les gens qui... près ou de loin, étaient dans le monde de l'automobile, en leur disant, aidez-nous, voilà, on est deux jeunes, on va voir le... Et il y a plusieurs fournisseurs de la 2 chevaux qui nous ont donné une petite pièce, etc., mais on ne disait de rien, donc ça nous suffisait largement. Il n'y a que Citroën qui nous a dit, nous, on ne s'intéresse qu'à la près. Donc vous n'aurez rien de nous, sauf ce qu'ils nous avaient offert, c'est un... Alors... Le manuel de réparation qu'ils envoyaient à leur concessionnaire, qui nous a beaucoup aidés, parce que nous, on ne savait rien réparer du tout. On mettait le livre dans les mains du réparateur du coin qui nous réparait nos deux chevaux en 30 secondes. Parce qu'elle a connu des misères en deux ans.

  • Speaker #1

    Vous avez mis deux ans pour faire le tour du monde ? Oui,

  • Speaker #2

    150 000 kilomètres. Et surtout, on voulait battre le record de la première voiture qui traverse les six déserts les plus dangereux du monde. Aujourd'hui, les déserts, c'est où on en est. Et puis, il y a des photos télégraphiques un peu partout. À l'époque, les déserts, c'était désertique, il n'y avait rien. Et donc, on a traversé le Sahara, c'était très dur. Et puis, le moment le plus fort a été le désert d'Akatama, qui est un très grand désert de 1000 km de longueur, qui part du Chili et qui va jusqu'en Colombie pour retrouver après les Etats-Unis. un désert à 3500 mètres d'altitude, extrêmement froid, très rocailleux, où il n'y a rien. Aujourd'hui, les goudronnets, il n'y avait pas la moindre piste, etc. C'est moi qui conduisais, il est minuit, j'entends un bruit métallique, j'arrête tout de suite, je soulève le capot, pas d'huile dans le carter. Je dis, ce n'est pas grave, on a une réserve. Je vais à la réserve, on avait oublié de mettre de l'huile dans la réserve, donc pas d'huile, donc impossible d'avancer. Donc on se couche, le lendemain matin on en profite pour nettoyer la voiture, pour préparer les choses, on dit il y a bien quand même à un moment donné un camion qui va passer, rien ne se passe, deuxième jour rien ne se passe, troisième jour on va tirer au sort, il y en a un qui va rester près de la voiture, l'autre qui va partir, et puis adieu le vaut bien. À ce moment-là survient un Chilien, Il sort de sa besace trois bananes, il épluche les bananes, il les met dans le carter, il va chercher un petit caillou et l'habille d'un vieux tissu, etc. pour servir de chiffon, et il me dit tu peux y aller Et moi je me retourne vers Jean-Claude et je lui dis mais si jamais, tourne le bouton, que la voiture démarre et qu'elle grille le moteur C'est foutu pour nous, le voyage s'arrête là, parce qu'on n'a pas les moyens, ni le temps, de faire venir une 2 chevaux, ou un moteur de 2 chevaux, au beau milieu du désert d'Agatama. Et puis je lui ai dit, mais, il faut croire en son destin. J'ai écrit un livre sur la question, sur croire en son destin. C'est un signe. S'il est là, ce n'est pas par hasard. Je tourne la clé, on a fait 100 kilomètres à la banane. On aurait pu ne jamais revenir.

  • Speaker #1

    Bien sûr. Et c'est cette rencontre qui a tout changé. Et du coup, il est le tour du monde. Et si je reviens à ton parcours professionnel, tu travailles en pharmacie, tu m'as dit que finalement, ça te passionne beaucoup plus que l'école. Et finalement, tu vas aller, si je ne dis pas de bêtises, tu passes du monde de la pharmacie au journalisme. C'est ça, chez Paris Match ? Pourquoi tu as fait ce choix-là de changer ?

  • Speaker #2

    Non, non,

  • Speaker #0

    juste...

  • Speaker #1

    C'est un virage à trois fois.

  • Speaker #0

    Bon,

  • Speaker #2

    alors, donc on part avec Bordeaux pour le Tour du Monde. On va mettre pas loin de deux ans. On va traverser... Je crois 35 pays, on va faire 150 000 kilomètres de piste. Le monde était très peu goudronné à l'époque, de routes d'enfer, etc. Mais avec un plaisir fou et avec une voiture merveilleuse, parce qu'elle sortait de tous les problèmes. À tous les deux, on arrivait presque même à la soulever quand elle s'enlisait. Mais quand on était dans un problème, il y avait toujours quelqu'un qui était là, qui nous aidait, qui après nous donnait 10 balles pour aller marcher. un hamburger, mais il n'y avait pas d'hébergeur à cette époque, mais des soupes de riz et tout ça. Et donc, c'est ce qui a fait notre traversée du monde. On est arrivé à Paris, on a frappé à la porte de Citroën. Alors, on a dit, écoutez, vous nous avez dit que vous alliez nous aider dans l'après. C'est l'après, voilà ce qu'on a fait. Ils ont dit, mais c'est formidable, on n'y croit pas. On a dit, écoutez, allez voir, téléphonez aux gens qui nous ont reçus, etc. Ils ont dit, oui, c'est vrai. Donc, on va vous aider. ils me disent, écris-moi un livre. Je dis, oui, oui, moi je ne sais pas écrire. Mais c'est très facile, tu racontes ce qui est arrivé. Et puis avec Jean-Claude Baudot, vous vous souvenez, vous ramenez vos souvenirs et vous racontez vos histoires. J'ai dit, écoutez, d'accord, bon, alors tu fais ça, tu te lèves à 10h du matin, tu fais ça jusqu'à 18h, à 18h tu viens chez moi, et moi pendant 2h, je re-write le livre. Jean-Paul Gansinger qui m'a dit ça, qui était le directeur de la presse à l'époque de Citroën. Ça s'est passé comme ça. Le livre s'est écrit en un mois. C'est Flavard qui l'a édité. Et ça devient le best-seller du moment. Il tire à 150 000 exemplaires. Moi, je ne savais pas ce que c'était qu'un best-seller. J'arrivais de Perpignan. Je n'imaginais pas qu'un livre pouvait rapporter autant d'argent. Donc, nous, on s'est trouvé dans un moment où finalement tout venait à nous. Je faisais le pivot de l'époque, Jean-Claude encourait les médias qui voulaient qu'on leur raconte nos histoires. Donc, là-dessus, je reçois un coup de fil du patron de Match. qui me dit, venez me voir, je viens le voir, il me dit, mais l'homme qui a fait le plus beau slogan qu'il soit, le poids des mots, la puissance de la photo, et le choc de la photo, quel beau slogan. Il me dit, tu n'es pas fait pour la pharmacie, tu es un reporter de match, tu commences demain. J'ai dit, mais un reporter de quoi ? Tu as écrit un livre ? C'est pareil, c'est comme si tu me faisais écrire deux pages d'un livre, etc. Ça s'est passé comme ça, et donc j'ai passé deux ans à Paris Match. J'ai été un peu touché par le journalisme et j'ai remis en cause le journalisme. Parce qu'un jour, Roger Théron m'a dit, il y a une femme qui vient de sortir de prison, elle a deux enfants qui ont cinq ans, elle a fait cinq ans de prison parce qu'elle a tué son mari, parce que c'est un mari violent pour elle et ses enfants. Donc moi, je me renseigne pour savoir où elle était, je me mets en face d'elle dans l'autobus où elle a amené ses enfants à l'école, et puis on m'a dit, tu fais un petit trou dans le journal, et tu as ton appareil photo, et tu fais photographier comme ça personne ne te voit. Je ramène la photo, qui fait la couverture de match, je descendais à Perpignan quelques jours plus tard, j'arrive, je montre ma mère, je dis, maman, regarde, c'est ma première couverture de match, c'est formidable. Elle regarde, elle me dit, mais... Comment as-tu osé faire ça ? Est-ce que tu t'es posé la question de savoir si ces deux enfants savaient que leur mère avait tué leur père ? Donc, j'ai senti qu'il aurait du mal à prendre mes distances avec ce type de journalisme-là. Là-dessus est arrivée la guerre d'Algérie, et c'était la fin de la guerre d'Algérie, mais est arrivé le temps de faire notre service militaire. Et je me suis retrouvé avec Philippe Labron. avec de pardon, avec tous les talents déjà de 20 ans qui se retrouvaient au même endroit, qui étaient là où se faisaient les journaux militaires, qui nous ont confié la fabrication. d'un Paris Match militaire qu'on a appelé TAM, Terre, Air, Mer, et qui était finalement exactement Paris Match. Moi, j'en venais d'être à Paris Match, donc c'est moi qui faisais le journal, etc., puisque j'avais fait ça pendant deux ans. Franck Weber était aussi avec nous, Francis Weber était aussi avec nous, et ça a été là que j'ai appris mon métier. pas simplement de journaliste, mais de reporter de guerre, mais aussi de metteur en page du journal, mais aussi de directeur de la publication du journal, etc. Donc je ne remercierai jamais assez l'armée de m'avoir offert ces études gratuitement. Et puis, on est rentré à Paris, et moi je me suis dit, mais je voudrais connaître un autre journalisme, je voudrais connaître le quotidien et de la télévision. C'était le début de la télévision. Et donc, j'ai demandé à Pierre Lazareth de me recevoir. Je lui ai raconté ma vie. Il m'a dit, écoute, tu es formidable. La télévision, c'est un peu tôt, mais tu vas démarrer dans un an. Mais entre-temps, on va faire un journal ensemble qui s'appelait Vive les vacances et qui est de l'ancêtre de VSD, etc. Et quand j'ai eu 30 ans, il m'a dit à déjeuner, il m'a dit, écoute, je t'aime beaucoup. Je pense qu'il faut que tu t'en ailles de Paris Match. Tu n'es pas fait pour être un journaliste. Tu n'es pas l'homme de l'écriture longue. Tu es un titreur. Ça n'a pas de prix, un titreur. Après, souvent, quand François, ils étaient un peu perdus, ils m'appelaient pour faire le titre, parce que c'était un peu mon petit don que j'avais. Ça n'augmentera pas ton salaire mensuel. Tandis que si tu fais un titre qui devient un slogan dans une agence de pub, ça te nourrira pendant un an. Donc, va dans la pub, va dans un métier neuf, la presse va mourir. François a tiré à un million d'exemplaires. Sur la manchette, il y avait le seul quotidien français qui tire à plus de un million d'exemplaires. Élément.

  • Speaker #0

    Et c'est à Pierre Lazareff que je dois d'être en tête dans la publicité, parce que le lendemain matin, je suis allé voir mes copains de Citroën, je leur ai dit, Pierre me dit d'aller dans la publicité, mais je ne connais rien à la publicité, il me dit, mais ça n'a pas d'importance, tu vas aller dans notre agence, écoute, elle s'essouffle un peu, etc., tu vas fonder un coup de pied dans la fourmilière, et vas-y. Et c'est comme ça que j'ai fait ma première campagne, pour un médicament d'ailleurs, avec le glyphanon. Et qu'ensuite, j'ai enchaîné avec la grande publicité et puis avec 60 ans de pub de Citroën.

  • Speaker #1

    Et comment t'expliques ? Tu dis que t'es plus à l'aise, plus talentueux sur les slogans. Tu dis que t'es un titreux, je crois. Comment t'expliques ça ? C'est quelque chose que t'as travaillé ou c'est quelque chose d'inné ?

  • Speaker #0

    Non, c'était naturel. Mon père adorait les chansonniers. Je me souviens qu'il y avait une émission tous les samedis soirs avec Robert Lamoureux et puis des chansonniers qui défilaient. On écoutait ça religieusement pendant deux heures. Et mon père avait l'art aussi des mots. Et c'est lui, finalement, qui m'a communiqué ce don des mots. Moi, je ne réfléchis pas tellement aux slogans. Ils me viennent naturellement. Alors après, ils sont bons ou ils sont mauvais. Quand j'allais chez les annonceurs prendre le brief de la campagne, j'ai sorti mon stylo, j'écrivais, et à la sortie, les gens pensaient que j'avais écrit le brief. Pas du tout. J'avais écrit le slogan et la campagne possible. Là, dans le feu de l'action, en écoutant l'annonceur. Parce que c'est l'annonceur qui fait la pub. Simplement, il ne sait pas la traduire. Il ne sait pas la densifier. Il ne sait pas la maîtriser. Et ça, c'est le petit don que j'ai. d'avoir le pouvoir des mots.

  • Speaker #1

    Ok. Et donc, tu vas commencer à travailler en agence de pub, c'est ça ? Et après, tu vas créer ce qui est devenu Euro RSCG ?

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et donc, tu es passé du salariat à l'entrepreneuriat, et c'est la première fois que tu crées ton entreprise ?

  • Speaker #0

    J'ai 30 ans. Ouais. C'est 68. Les gens défilent dans la rue. Et avec celui qui va devenir mon associé, Bernard Roux. Ouais. On décide, après les défilés de 68, d'aller voir nos patrons et leur dire, écoutez, nous on est là depuis trois ans avec vous. On a triplé votre chiffre d'affaires. On veut bien continuer avec vous. mais vous nous donnez 20% à chacun. Il nous a dit, oui, c'est intéressant. Écoutez, laissez-nous réfléchir, on se voit demain matin. On arrive le lendemain matin, sur notre bureau, il y avait deux enveloppes pour solde, de tout compte. On se retrouve en bas, dans un bar à putes, où on allait matinalement prendre le petit déjeuner, et on dit, mais qu'est-ce qu'on fait ? Je lui dis, mais on fait une agence. Bernard me dit, mais tu es fou. Mais oui, on fait une agence, on vend nos voitures, on vend nos vêtements, on vend tout ce qu'on peut vendre, on se serre la ceinture, on demande aux copains de nous aider un peu, et on y va, on démarre. Et comme on avait un petit chèque, puisqu'ils nous avaient viré... Et après, on a fait comme première annonce, on a fait une autre pub à nous, qui était une page dans le Figaro, dans Le Monde, qui disait, deux choses l'une, vous avez une agence, on va vous prouver qu'on est meilleur qu'elle. Vous n'avez pas d'agence, quel dommage, mais quelle chance, désormais on est votre agence. Ça n'a rapporté qu'un coup de fil du patron, à l'époque, des moteurs Mercury, qui s'appelait Vinclair, et qui nous dit, écoutez, moi j'ai une agence nulle, etc., il me reste quelques pages de l'Express, je vous donne le budget. m'apportait une grande idée. Je reviens à l'agence et je me souviens qu'un de mes derniers reportages à Match était Pompidou qui était avec sa cigarette papier-maïs à la bouche et qui pilotait un petit un petit hors-bord gonflable pour aller retrouver un yacht. Je me dis mais si ce moteur... C'était un Mercury. On peut faire une annonce formidable. C'est un Mercury. Et donc, il fait une annonce formidable en disant Merci, Monsieur le Président, vous prenez soin de vous, et quand vous prenez la mer, vous le faites, mais avec le meilleur moteur et le plus sûr du monde. Ça a été un scandale, parce que... Le président de l'époque a lisé l'Express avant qu'il soit imprimé. Et donc a découvert qu'il avait au milieu de l'Express cette pub qui lui est tombée sur la tête, etc. Il a appelé Saint-Vancherébert, qui était le président du journal, en lui disant Mais qu'est-ce qui se passe ? Il n'avait pas vu non plus le truc. J'ai interdit la sortie de l'Express, etc. Donc, il me rappelle... Il me dit écoutez, vous avez fait une bêtise, attrapez-la Je dis d'accord, comment on peut faire ? Il a eu une idée. La seule idée, c'est d'arracher les pages. Ça tombait bien parce que la page du Verseau était une page de pub. Donc, ça ne coupait pas un article du journal. Il me dit écoutez, d'accord, mais vous allez le faire vous-même Il m'amène dans un hangar où il y avait 40 000 expresses. Donc moi je rapportais tous les copains, dans la rue je donnais 100 balles à tous les mecs qui étaient prêts à venir nous aider. Bon, et on ne nous a pas arraché toutes.

  • Speaker #1

    T'avais combien de temps pour en...

  • Speaker #0

    On nous a arraché quelques milliers, entre temps, toutes les télévisions se sont jetées sur l'histoire. etc. Ça a fait le journal de 20 heures et ça a relancé à la fois Mercury et à la fois ça a lancé

  • Speaker #1

    Ruseguela. Ok et du coup donc vous allez avoir une grosse croissance rapidement. On parle même je crois du carré magique Ruseguela, Kezak et Goudard. Alors vous faites beaucoup de campagnes, je crois que vous ouvrez aussi des FIAL dans le monde. Tu me parlais de président en 81 du coup vous faites la campagne de Mitterrand c'est ça ? Oui. Moi, ce qui m'intéresse de comprendre aussi, c'est peut-être que tu nous racontes un petit peu, mais aussi, j'imagine que c'est différent de faire une campagne pour une marque, comme Citroën, par exemple, et une campagne pour un président. C'est quoi la différence entre les deux ?

  • Speaker #0

    La différence, c'est une différence de fond. La forme est la même. C'est le même silo qui écrit la France tranquille et qui écrit en avant Citroën. Ou j'aime, j'aime, j'aime Citroën. Donc, c'est... C'est un problème de respect vis-à-vis de son client, d'honnêteté, parce que c'est un grand problème de confiance entre le candidat et son communicant, de maîtrise de l'attente des Français. C'est vrai pour toutes les marques, pour tous les produits, mais là c'est le produit suprême. Et puis, ça doit quand même oser sortir des sentiers battus, ce que personne jusque-là n'avait osé. en France. Et c'est tout ça qui est amené à la France tranquille. Et je me souviens que le président m'a invité à déjeuner. Il m'a dit Si vous êtes libre demain, je vous attends à telle adresse pour déjeuner. Donc je me précipite. puis tu as l'adresse, j'arrive, tu as un petit restaurant, le back-toll. Une fois de plus, je me suis dit, mais voilà, c'est un signe, encore un signe. Il faut faire cette campagne, il faut séduire cet homme, il faut. Parce que moi, je m'étais rendu compte que la France avait dix ans de retard dans les publicités politiques. Donc j'étais allé plusieurs fois en Angleterre, plusieurs fois aux Etats-Unis, suivre les grandes campagnes de nos concurrents qui avaient dix ans d'avance sur nous. Et donc je me suis dit, euh... pour que la France rentre à leur niveau, je vais offrir la campagne. Parce qu'à l'époque, c'était les candidats qui payaient leur campagne. Aujourd'hui, c'est l'État qui paye les campagnes. Donc, ils cherchaient l'argent de tous les côtés. Je me dis, comme ce sera gratuit, il y en a bien un qui va accepter que je fasse la campagne. Mais il n'y en a qu'un qui a accepté, c'est Mitterrand. Et donc, il m'a dit, écoutez, on se verra. Tous les lundis matins, de midi à une heure. Vous m'apprendrez la communication, je vous apprendrai la politique. Oui, président. Trois lundis après, vous êtes nul en politique. Vous me faites honte. Vous n'y comprenez rien. Donc on arrête la version je vous apprends la politique, mais on consacre toute l'heure à la communication, parce que là, en communication, vous m'apprenez des choses intéressantes. Et ça a duré comme ça. Et un jour, je me dis, président, Maintenant, c'est le moment important, c'est le choix du slogan. Ah bon ? Il me semble, amenez-en plusieurs. Elle dit non, président. Je ne suis pas marchand de chaussures. Je n'arrive pas avec plusieurs chaussures et plusieurs tailles. Il y a un seul slogan. S'il ne vous plaît pas, je reviens la semaine prochaine. Et puis la semaine prochaine. Mais ça ne se vend pas à l'étalage d'un slogan. Et donc, j'avais écrit la force tranquille sur un carton. Je dis, président. Fermez les yeux. Président, ouvrez les yeux. Et les vues rentraient dans le slogan. Je l'ai vu, mais complètement happé par le slogan. Je me suis dit, mais c'est incroyable, il se passe quelque chose là. On disait tous les deux seuls. Au quatrième étage, de son tout petit mortel particulier qu'il avait, dans le fond de Paris, j'ai vécu un moment d'extase. Il m'a dit, c'est Gala, vous m'avez trouvé. Parce que je suis revenu à l'agence, personne ne voulait que j'aille proposer la force tranquille. On disait mais non, un slogan politique c'est une France force et tranquille. La force tranquille ça veut rien dire. En plus tu dis la force tranquille de Mitterrand, c'est le mec qui a une réputation. de lâche, de l'observatoire, de combine, etc. Ça va te retomber tout de suite. Les gens vont dire, la farce tranquille. J'ai dit, mais non, je l'ai vu, je suis sûr que c'est ça. J'ai senti dans ses yeux, dans son cœur, que ça passait. Il va l'incarner, je suis sûr. Laissez-moi faire, de toute façon, je me dors. On fait. Après, il a fallu arriver à l'affiche. Donc je dis, M. le Président, maintenant, il faut faire la photo de l'affiche. Et moi, je voudrais que ce soit dans un petit village, près de chez vous, pour montrer que vous êtes enraciné, que vous n'êtes pas un Parisien, que vous êtes de la terre, avec le côté paisible d'un petit village, le côté rural d'un petit village. mais aussi un climat de publicité de droite. Pas de publicité de gauche intellectuelle, bougeant, articulant et désarticulant les choses. Parce que mon métier, ce n'est pas que faire que les gens de gauche votent pour vous. Si ils ne votent pas pour vous, vous n'avez aucune chance d'être élu. Mais que la frange de... les électeurs de droite qui hésitent jusqu'au dernier jour, votent pour vous. Parce que vous savez que 10% des votants en France et dans plusieurs pays comme la France vont voter le dimanche matin sans savoir pour qui ils vont voter. Ils ne savent même pas quels sont les 4 ou 5 candidats en lice. Donc c'est cette clientèle-là qu'il faut faire bouger. Et ça faillit. Jamais, l'affiche a failli ne jamais exister. Parce que le 1er janvier, l'affiche allait être affichée une semaine plus tard, elle était déjà prête, Mitterrand m'appelle, il me dit, c'est que là, il y a une catastrophe, venez me voir tout de suite. Oui président. Je raccourc rue de Bièvre, et il me dit, c'est que là, l'affiche, on n'a pas montré aux socialistes. Mais c'est eux qui payent. Parce que moi, je ferais la création, le suivi, le marketing, etc. Mais pas les médias, bien sûr. Je dis, alors, qu'est-ce qu'on fait ? Ils disent, écoutez, c'est qu'il y a là, vous avez un autre genre, vous savez vendre une campagne, je vous les réunis demain matin à 8h, et puis vous me faites plaisir, vous vendez cette campagne. Oui, président, j'arrive demain matin à 8h, il y avait une grande table où il y avait 20 personnes, dont 19 vont être ministres trois mois plus tard. Et le 20e va être à l'Élysée, c'est Jacques Attali. Il est ce qui était le directeur de la campagne. Et là, Mitterrand m'introduit et dit, j'ai une interview d'une demi-heure, donc je la tiens à côté. Décidez-vous entre vous et je reviens vous voir pour conclure. Je présente la campagne, quand on arrive à la force tranquille, un silence de mort. Il a dit, écoutez, je vois qu'il y a comme un problème dans l'équipe, donc je vous propose que chacun, sur un papier, note de 1 à 10 à la fiche. C'est ce qui se fait. Il y a 10 voix contre. Non, pardon, n'hésitez pas. Il y a 20 voix contre. Arise Mitterrand. Il dit, alors c'est qui là ? Comment ça s'est passé ? Monsieur le Président, on a voté. Ah bon ? Monsieur le Président, il y a 20 voix contre. Ah oui, mais on est en démocratie. Moi, je n'ai pas voté. Donc, ça s'est passé à place. Il dit, je vote. Et j'ai la majorité, parce que c'est ma campagne, et pas la vôtre. Et on va faire cette affiche, parce qu'elle me ressemble.

  • Speaker #1

    Donc, tu es à la faute de chance du Président.

  • Speaker #0

    Elle aurait pu ne jamais sortir. qui n'avaient pas le courage de Mitterrand, contre ses équipes, contre les gens qui vont être ses ministres, qui tapent sur la table. Et pas un seul a répondu, pas un seul a réagi.

  • Speaker #1

    Ce qui m'intéresse de comprendre aussi, quand tu fais une campagne présidentielle, alors là on a parlé de François Mitterrand, mais tu en as fait 20 je crois en tout. Quand tu fais en fait une campagne pour une marque et une campagne présidentielle, alors peut-être qu'une campagne pour une marque, tu fais une étude de marché ou une étude de clientèle, comment tu ressens ce qu'attendent entre guillemets les citoyens ?

  • Speaker #0

    Parce que c'est la même chose, c'est les mêmes boîtes d'études, c'est les mêmes genres d'études, il n'y a pas de différence, sauf qu'on n'a pas le droit de dire qu'un président c'est un produit.

  • Speaker #1

    À l'époque ça...

  • Speaker #0

    Mais même aujourd'hui, on n'a pas le droit de dire que c'est un produit. au-dessus de tout, quand on voit d'ailleurs comment la République est bafouée, mais c'est quand même les mêmes hommes, les mêmes esprits, les mêmes équipes, les mêmes affiches, simplement que c'est des affiches plus difficiles à faire, parce qu'elles sont dans l'actualité, que ça se passe en deux ou trois jours, qu'elles peuvent décider des deux ou trois points de campagne qui hésitent. D'ailleurs, je me souviens que... Le président de la Slovénie, qui est un petit pays au-dessus de l'ancienne Yougoslavie, m'appelle et me dit Écoutez, j'ai beaucoup aimé la campagne que vous avez faite pour votre président. J'ai un problème parce que je suis à un mois du vote et je sens que les sondages sont en train de décrocher. Est-ce que vous pouvez venir me voir ? Je me récipite. C'était un mec très intelligent, un beau mec, etc. Il avait un énorme chien comme ça qui le suivait partout. Il était célibataire. Et il me dit, écoutez, qu'est-ce que vous pouvez faire pour moi ? Je lui dis, écoutez, il reste un mois. C'est le moment de la vraie campagne, etc. Où la publicité, en français, elle n'est pas autorisée, mais là, elle est autorisée. Il faut faire un film fracassant qui va passer tous les soirs à la télé. Et vous mettez tout le paquet là-dessus, etc. Vous oubliez les meetings, les trucs, etc. Vous faites confiance à la communication. Mais il faut évidemment un film formidable. Donc laissez-moi une semaine. Je reviens à Paris, je réfléchis, j'avais des études de marché, etc. Je vois que vraiment c'est formidable. Mais je m'aperçois que lui n'est pas aimé, mais son chien est adoré. Donc je reviens, je dis, j'ai trouvé. Vous êtes détesté, votre chien est aimé. On va faire la campagne du chien.

  • Speaker #1

    C'était une race de chiens particulière ?

  • Speaker #0

    C'était les gros bergers noirs de la Yougoslavie. Et j'arrive avec mon script. Son chien est à côté de sa niche et il parle. Et il dit, moi je suis le mieux placé pour le connaître. Je connais ses qualités, ses défauts, je vis avec lui. Je ne peux pas vous dire si c'est un mec droit. Jamais manquez de partager sa soupe avec moi. C'est un chien très aimant. C'est un chien tendre, mais aussi c'est un chien de garde. C'est un chien qui vous protégera. Et puis, vous voyez, regardez comme elle est belle ma niche. Si vous votez pas pour moi, il y aura plus de niche. Et le slogan, c'était Wow, wow, wow ! Parce que voter veut dire, en deuxième lecture, aboyer Très curieux. Il a été élu. J'ai fait apprécier deux ans de campagne de réélection.

  • Speaker #1

    Est-ce que ça veut dire qu'on élit du coup aussi une personne, mais un peu tout son entourage, son environnement, tout ce que la personne peut diffuser ? Là, par exemple, sur le président Sloven, du coup, si j'ai bien compris, tu as mis en avant son chien parce que ça lui donnait de la sympathie peut-être aussi au personnage ?

  • Speaker #0

    Les publicitaires, les journalistes adoraient le chien. Il y avait plein de caricatures du chien. Il était toujours avec son chien, c'est très étonnant. Imagine si Emmanuel Macron arrive à la télé avec un chien comme ça. Et lui, il faisait ça. Mais ça se retournait contre lui. Et la publicité a positivé les choses. Par son humour. D'accord. C'est comme ça qu'elle a renversé l'opinion. Ok.

  • Speaker #1

    Et du coup, tu as fait d'autres campagnes présidentielles aussi, notamment en Afrique. Ça m'intéresse de comprendre.

  • Speaker #0

    Je n'ai pas fait l'Afrique. Je ne sais pas pourquoi on met l'Afrique sur le dos. C'est vrai ? L'agence ici a fait des publicités. D'accord. Elle en a fait encore récemment. Moi, j'ai fait simplement, c'est quand même l'Afrique, à la demande de Mitterrand, j'ai fait les campagnes d'Abou Diouf. Il était un grand ami de Mitterrand. J'ai fait les deux campagnes. D'abord, parce qu'il a été élu et puis réélu. Et après, il est devenu patron de la France dans le monde, de langage de la France dans le monde, il fait de la francophonie. C'est un maître d'exception. Mais après, on me prête tous les dictateurs du monde. Je ne les connais même pas. Le seul pays d'Afrique où je suis allé, à part le... la trilogie de l'Afrique du Nord, je n'ai connu aucun de ces autres pays, je les ai traversés à l'époque en deux chevaux, mais je n'y suis jamais retourné.

  • Speaker #1

    À ce propos, je crois qu'il y a même Mouammar Kadhafi qui t'a proposé de faire une campagne. D'ailleurs,

  • Speaker #0

    oui, Kadhafi m'a envoyé son ministre de la Culture, je crois, qui m'a dit, le président Kadhafi vous demande et vous propose d'être son communicant avec un contrat de 10 ans, payé 1 million par an en Suisse. J'ai dit, c'est la double faute. D'abord la Suisse, parce que vous allez m'envoyer en taule, et après, votre client, parce que c'est un dictateur. J'ai dû écrire une lettre, à la fois que j'ai essayé d'être la plus respectueuse possible, mais la plus claire possible, en disant que ce n'était pas ma manière de faire.

  • Speaker #1

    Tu dis souvent que tu as appris beaucoup de choses, voire tout, avec François Mitterrand. Qu'est-ce que tu as appris auprès de François Mitterrand ?

  • Speaker #0

    Il a pris la force tranquille, parce que c'était une force tranquille. Moi je l'avais découvert assez vite, parce que je voyais bien quand je discutais avec lui, qu'à l'intérieur ça brûlait. Mais que si c'était une cuirasse, il fallait la clé pour ouvrir la cuirasse. D'ailleurs il ne m'a pris que deux fois dans ses bras. Quand il a été élu une première fois, en 1981, et une deuxième fois en 1987. Après, il était très proche de moi quand même. Il était presque affectif, mais c'est une affectivité toujours très modérée, très froide, mais tellement sincère. Et à la fois, il était très libre. Je me souviens que... Très souvent, j'allais travailler avec lui le vendredi soir, de 18h à 19h, je lui amenais toutes les études, etc. Et vers 8h, il décrochait son téléphone, il appelait sa femme, il lui racontait la journée. Puis il appelait la femme de sa vie, et de sa fille. Et il lui parlait complètement d'autres choses. Et puis il y avait parfois un troisième coup de fil où il recoulait. Donc je lui disais, mais il y a un flirt dans l'air. Quel incroyable personnage.

  • Speaker #1

    Et après François Mitterrand, sur tes campagnes présidentielles, tu as fait celle de Jospin. Alors sur les 20 campagnes, si je n'ai pas de bêtises, c'est la seule qui n'a fait de victorieuse.

  • Speaker #0

    C'est la seule que j'aurais voulu voir réussir, parce que j'ai trouvé que Jospin a été un très grand Premier ministre, tout le monde le reconnaît. Il aurait été un très grand président, alors qu'on a eu un roi fainéant. Mais je n'aimais pas la communication. Il trouvait que la communication était perverse. Il avait raison d'ailleurs dans son discours, que la communication politique était perverse, qu'il fallait être élu pour ce que l'on était et pas pour ce que l'on paraissait, et que la publicité était du paraître et pas de l'être. Il n'a jamais voulu s'afficher avec sa femme. Et moi, j'ai dit, attention, les Français, ils lisent un couple. Il faut que tu fasses deux émissions de grande écoute, etc. avec ta femme, que les Français connaissent. Ils étaient tellement amoureux, tous les deux. Vous n'avez pas besoin de rien dire, ne pas dire rien. Votre amour, il est époustouflant et cinglant. Mais il n'a pas voulu se plier à la chose. Moi, j'avais organisé une élection avec Michel Drucker. de deux heures, c'était dimanche matin ou dimanche après-midi, ou le samedi, je ne sais plus quand c'était, mais c'était trois jours avant Noël. Et les politologues ont analysé les choses et ont dit qu'une émission comme ça, réussie, elle aurait été réussie parce qu'en plus c'était un couple formidable, c'était un couple formidable, pouvait ramener 400 000 voix. On a perdu à 170 000. Par rigueur, par souci de pureté, par volonté de ne pas tricher, de ne pas se déguiser. Quel dommage, parce qu'il aurait apporté tout ça à la France. Un peu comme est en train de le faire le nouveau Premier ministre. Le nouveau Premier ministre, tout le monde dit qu'il est démodé. C'est pour ça qu'il est à la mode. Il les démode tous. C'était incroyable à l'Assemblée. Parce que lui, il a fait un discours travaillé. pas talentueux, mais avec beaucoup d'amour quand même, mais finissant quand même par être un peu répétitif, peut-être un peu trop long, etc. Mais, il a parlé vrai, il a parlé sincère, il a parlé honnête. Ce n'étaient pas les mots préparés. C'était un catalogue très muselé. mais qui aussi... traduisez sa volonté, où allaient ses premières volontés, et comment il arriverait à les résoudre, ce que personne n'arrivait à vraiment faire passer à l'Assemblée. Et il a démodé les autres. Il a démodé Marine Le Pen, qui était un discours moderne. Tout d'un coup, face à ce discours presque d'outre-tombe, mais tellement nouveau... tellement vrais et tellement sincères, tellement peu politiques et tellement plus publics que tous ceux qui se sont exprimés par derrière, dans l'évidemment instantanément essayant de le démonter, sont passés à la trappe.

  • Speaker #1

    Est-ce que ça veut dire que la politique, finalement, c'est aussi un cycle et que, tu vois, les gens ont besoin maintenant de quelque chose d'authentique plus simple ?

  • Speaker #0

    Lui, il est en train de ramener la politique, il l'a ramenée à De Gaulle, d'ailleurs. Il est en train de ramener la politique à un moment, d'ailleurs c'est le globalisme, où elle était le contraire de ce qu'elle est devenue. Est-ce que ça va marcher ? Il faut le souhaiter. Se donner la main, c'est notre dernière chance. On ne peut pas continuer à laisser la France, qui ne sera pas capable de nourrir ses enfants dans 50 ans, si on ne met pas tout en branle. On est fous.

  • Speaker #1

    T'es inquiet pour la France et sa jeunesse ?

  • Speaker #0

    Non, moi je crois en la France plus que tout. Je pense qu'elle a trouvé l'homme qu'il fallait. Ce qu'elle a réussi chaque fois à faire. Tu parles du Michel Barnier ? Je parle de Michel Barnier. Ils vont tous essayer de l'assassiner. Il a plus de force et plus d'humour qu'on le croit parce que moi je le connais bien. J'avais gagné la campagne des Jeux Olympiques. d'hiver à sa lanche. Comme avec Mitterrand, d'ailleurs, c'est moi qui l'avais proposé, tous les lundis matins, je le voyais à l'agence avec Kilianti, tous les trois, et on préparait, on organisait la grande soirée qui a été formidable, c'est lui qui a eu l'idée, d'ailleurs, d'aller chercher le théâtre du soleil, tu sais, avec le... Elle a été formidable, cette... Ce premier, j'aime... premier film des Jeux Olympiques d'hiver. Et j'ai vu comment il était méticuleux, honnête, sérieux, précis, travailleur. Et d'ailleurs, ça a été très réussi.

  • Speaker #1

    Dans les hommes politiques, est-ce qu'il y en a aujourd'hui qui t'inspirent encore ? Que tu trouves, justement, peut-être authentique, à la mode ? Je crois, j'ai lu que tu avais de l'estime pour Gabriel Attal.

  • Speaker #0

    Oui, moi je suis un fan de Gabriel Attal. Je ne sais pas moi qui est le conseiller en communication. Je ne suis pas sûr d'ailleurs qu'il ait besoin du conseiller en communication, parce qu'il est très doué. Il a un problème, c'est qu'il va passer du jeunisme à l'âge mûr en politique, dans les trois ans qui viennent. C'est même déjà presque commencé. Donc il va perdre cette dendresse du jeunisme, cette polissanderie. du jeunisme, mais aussi cette pureté du jeunisme qui faisait beaucoup de son image. Et il faut qu'il arrive à trouver maintenant, le temps d'après, celui de la maîtrise, de l'engagement, et qu'il écoute d'ailleurs bien aussi de la fierté, comme le dit celui qui l'a succédé, du courage et de la justice. Mais je crois qu'il peut le faire. Il a trois ans, il faut qu'il se prépare, il faut qu'il écrive un livre, d'ailleurs pas tout à fait un livre, un documentaire sur ce à quoi il croit, parce que les livres, les gens ne les lisent plus. Mais il faut après avoir le livre du documentaire. Parce que là, les gens, comme ils auront aimé le documentaire, ils auront aimé retrouver le livre et mettre le livre quelque part. Donc il faut inverser les choses. Et je crois que c'est celui... qui quand même, même dans son temps de jeunesse, avait le plus de respect de la démocratie et de son président. D'ailleurs, il a été touché en plein cœur quand le président lui a refusé de lui dire la vérité. Je ne comprends pas pourquoi, d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Sur la dissolution, je ne sais pas.

  • Speaker #0

    Non, je pense que la politique, c'est quand même les coups bas. Et puis, il se digère. Et de toute façon, le président lui a fait un très beau cadeau.... il a donné son parti.

  • Speaker #1

    Est-ce que la critique qui peut être facile, c'est qu'Attal est finalement très ressemblant à Emmanuel Macron ? Au début, il était dans son équipe, je crois. Est-ce que tu trouves qu'ils sont si différents l'un de l'autre ?

  • Speaker #0

    C'est-à-dire que 20-10 ans de différence entre les deux, c'est donc une tranche de vie qui s'achève pour l'un et qui commence pour l'autre. C'est difficile de juger de la suite. Je pense que Macron ne lâchera pas celui qui a été son fils prodigue.

  • Speaker #1

    Et en parlant de Macron, justement, j'ai lu que... Alors, je crois que tu n'en parles pas tant que ça, mais un jour, tu as rencontré Emmanuel Macron avant qu'il soit président, dans une conférence, et il t'a demandé de faire un dîner avec toi et de potentiellement te raconter aussi une campagne victorieuse.

  • Speaker #0

    Ah oui, oui, oui, absolument, c'est vrai. Il m'a dit, j'aimerais que tu me parles de la campagne de François Mitterrand. Je lui ai dit, viens dîner à la maison. Il est arrivé avec sa femme, j'étais évidemment avec la mienne. Je lui ai raconté, on s'est vus trois ou quatre fois. jusqu'à minuit, tu vois, donc c'était assez long. Je racontais à la fois toute la campagne de François Mitterrand, mais les 19 autres campagnes aussi que j'avais faites, et surtout la mise en garde de celle de Jospin. Et il prenait des notes, il était... Intensif. À la fois il était assez détendu... très amoureux de sa femme et sa femme très amoureuse de lui. Ces formes-là, c'était un couple complètement fusionnel. Lui, d'une intelligence et d'une mémoire phénoménale. Il prenait quand même quelques notes, mais il se souvenait de tout ce qu'on avait pu dire, même deux ou trois semaines après, dans l'intégralité. Et il avait en plus une jeunesse, une vitalité. un pouvoir de séduction, une authenticité extraordinaire. Et c'est enfoui. Les gens le tapent dessus, mais quand tu regardes les sondages, il est à 30%. D'autres 30%. Marine Le Pen. C'est tout.

  • Speaker #1

    Est-ce que quand tu travailles pour un homme politique, qu'est-ce qui prend ? Est-ce que tu regardes, il faut que tu sois en accord quand même avec ses convictions, ou son potentiel, ce que tu viens de dire, par exemple son pouvoir de séduction, son talent, etc. Ça prend le dessus ? C'est quoi qui est le plus important ? Non,

  • Speaker #0

    moi je n'ai jamais été d'aucun parti, sauf du parti des idées. moi je veux le meilleur de la droite et le meilleur de la gauche c'est d'ailleurs mon discours que Macron mon point si je puis dire entre parenthèses parce que je pense pas qu'il savait ce que je répétais dans les médias donc ce ne sont pas les partis qui m'intéressent sauf l'union des partis parce que c'est elle qui doit gouverner la France ce sont les personnalités ok Mais évidemment, je ne toucherai jamais à un dictateur, d'un dictateur possible, parce qu'on ne sait jamais comment tournent les choses. Et d'ailleurs, on en revient aux fachos africains.

  • Speaker #1

    Et justement, à ce propos, dans chaque épisode qu'on enregistre des Sages, j'essaie d'avoir une question de la part d'un proche. Et du coup, j'ai demandé à Alain Quezac, qui te pose une question à ce propos, qui dit Je ne me souviens plus, es-tu de droite ou de gauche ?

  • Speaker #0

    Moi, je suis et de droite et de gauche. J'aime pas d'ailleurs la formule de Macron, qui est ni de droite ni de gauche, parce que le ni-ni en publicité, c'est négatif. Donc je préfère le positif, et je dis, je suis et de droite et de gauche, et je l'ai toujours dit, mon seul parti, c'est le parti des idées. Je le dis depuis 70 ans. Enfin, pas 70 ans, parce que j'ai commencé la politique plus tard, mais je le dis depuis 50 ans.

  • Speaker #1

    Si on revient un peu sur la pub, c'est quoi la plus belle campagne pour toi que tu as faite ? Politiquement, mais pas que, même pour une marque.

  • Speaker #0

    Tu sais, un jour, j'ai reçu une invitation de la Maison Blanche, de Ronald Reagan, d'une invitation à déjeuner, au titre de représentant de la publicité européenne. J'étais très flatté et j'étais avec Christine O'Kreint, qui était la représentante de mes amis d'ailleurs de toujours, et qui était la représentante de la presse européenne. Et donc on se retrouve à la Maison Blanche, on est à côté, dans la même table, et à la fin, comme tu le fais, à la fin du déjeuner, il dit, mais chacun peut me poser une question. À côté de moi, il y a un monsieur qui se lève et qui dit, Quelle est... Le plus beau jour que vous ayez passé ici. Il répond, demain. Une merveilleuse réponse.

  • Speaker #1

    Ok, alors si on continue, on a parlé de la plus belle campagne. C'est quoi pour toi la plus belle marque au monde ? Est-ce que c'est Apple ? Souvent pour les gens, c'est souvent Apple.

  • Speaker #0

    La plus belle marque au monde, c'est Citroën.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Parce que ça fait 60 ans que je me bats pour la marque, etc. J'essaye de faire rayonner la barque, je fais des films pour la marque, je fais tout pour la marque, j'écris un livre sur la marque, qui est toute l'histoire d'ailleurs d'André Citroën. C'est ma marque préférée, elle le sera toujours. Ça ne veut pas dire que c'est la plus belle campagne du monde. Moi je trouve qu'en Europe, la meilleure campagne c'est Canal.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Parce que ce sont les derniers à faire de la publicité à l'ancienne. Ils racontent des histoires. Je ne sais pas si tu as vu le dernier film pour Citroën, sur la liberté, les gens qui sortent... La Révolution, qui sort du palais de la République, et qui, en voiture... Sautent au-dessus de tous les participants. Très beau film. Donc, Citroën est la dernière marque à faire de la publicité à l'ancienne qui raconte une histoire, un début, une suite, une fin et un slogan. Aujourd'hui, les publicités, elles sont des publicités de cas. Il prend un cas, généralement un cas sociétal, etc. et qui dit comment on va pouvoir recoter de l'argent pour éviter la maladie de notre copain ou telle autre maladie, etc. Mais il n'y a plus d'histoire. Il y a des levées, des levées d'argent ou des levées de cœur, mais il n'y a pas cette force de la publicité d'avoir l'humeur, l'humour. Et pour finir, l'efficacité, la rapidité, le slogan. Tu supprimes, on est fou d'Affle-Loup, d'Affle-Loup, c'est comme si tu l'amputais d'un bras ou d'une jambe. J'ai d'ailleurs un déjeuner avec lui il y a 15 jours, avec Mercedes Serra, la patronne de BETC, qui a la publicité de Afloulou, c'est moi qui l'ai faite pendant 30 ans, et je lui ai raconté ça, et il me disait, je suis tellement d'accord avec toi. Tu as raison, il faut absolument conserver on est flou d'Afloulou. En tout cas, si on ne le fait pas dans les mots, on le fait dans l'esprit.

  • Speaker #1

    Les réseaux sociaux ont changé quelque chose sur la pub et sur les marques. Est-ce que les marques sont plus fragiles ? Parce que des fois, entre guillemets, ça peut s'emballer beaucoup plus vite, il peut y avoir des goûts de buzz, mais aussi des bad buzz.

  • Speaker #0

    Bien sûr, bien sûr. C'est à la fois un accélérateur de la publicité et de l'image. Et ça peut être un détracteur fou. parce qu'il n'est pas mesuré, il n'est pas filtré, il n'est pas travaillé, il n'est pas programmé. Il faudra qu'un jour la publicité soit réglementée sur les réseaux sociaux. On n'a pas le droit. La publicité, c'est le seul métier qui peut faire de la prison s'il est mensonger. La publicité mensongère mène à la prison. C'est quand même de la publicité mensongère qui se passe dans les réseaux sociaux.

  • Speaker #1

    C'est vrai que ce n'est pas encadré ou peu encadré encore. Pour terminer cet entretien, Jacques, est-ce que tu as des secrets, notamment pour maintenir ta créativité ? J'ai lu que tu écrivais tous les jours.

  • Speaker #0

    Oui, ce n'est pas un secret. C'est vrai de tous les écrivains. Sauf que moi, je ne suis pas un écrivain, je suis un publicitaire. Donc j'essaye de m'agripper. pour mériter le titre de petit écrivain. J'ai écrit 35 livres. On me demande souvent, mais pourquoi est-ce que tu es le seul publicitaire français connu en France et alentour ? J'ai dit parce que j'ai écrit 35 livres. Les gens ne lisent pas les livres, mais ils les reçoivent. à chaque fois une tournée médiatique, on en parle en ville, quand on en a 35, ça finit par s'accumuler, ça finit par construire une réputation, comme on construit une maison, chaque livre est une brique de plus. Alors oui, quand on a commencé un livre, il ne faut pas le lâcher, il faut écrire tous les jours, ne serait-ce que 10 lignes, pour ne pas perdre le film, pour rester dans l'histoire. Alors mon projet est sur croire, croire en sa religion, croire en soi, croire en la vie, croire en la liberté, croire... Avec des exemples tous de croyants dans leur discipline.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as un livre ou un poème préféré qui a guidé ta vie ?

  • Speaker #0

    Ah oui, oui. Si... Je l'avais lu... dû lire qu'un livre dans ma vie ça aurait été le Céline. Pour moi c'est le voyage au bout de la nuit, c'est le voyage au bout du talent.

  • Speaker #1

    J'ai vu que tu étais marié depuis 47 ans et comment on fait pour qu'un couple dure autant de temps ? Maintenant il y a beaucoup de divorces, peut-être plus qu'avant.

  • Speaker #0

    On ne fait rien, on ne fait rien, c'est l'amour qui décide, c'est lui qui mène la danse. Moi j'ai vu Sophie traverser l'open space dans lequel on était à cette époque-là, je parle d'il y a 40, pratiquement 50 ans, qui était l'étage des créatifs. Et j'ai dit, c'est la fin de ma vie. J'étais avec un des patrons de Citroën. J'ai dit, laisse-moi dix minutes, je dois dire à cette jeune fille qui passe que c'est la fête de ma vie. Mais qu'est-ce que tu fais ? Pour qu'il se raconte, je suis là. Écoute, donne-moi dix minutes. Et je suis allé la voir et je lui ai dit, tu es la femme de ma vie, donne-moi un dîner. J'ai dû répéter. dix fois je me supplie la onzième a été la bonne on est rentré chez moi on ne s'est plus jamais quitté avec cinq enfants parce que moi je suis le seul publicitaire qui a cinq enfants de la même femme eux ils ont cinq enfants de cinq femmes différentes et une et deux et trois et cinq toi c'est la même je crois que les enfants font beaucoup partie de la solidité d'un couple mais J'aime bien notre nouveau Premier ministre, parce qu'il a dit le mot qui, pour moi, est le mot qui mène à l'amour, et qui est la confiance. Il ne peut pas y avoir de confiance sans respect. Je crois qu'un couple qui se respecte d'un bout à l'autre est un couple qui s'aime vraiment. Et s'il manque ou s'il en arrive à les respecter, le couple va se briser. Ok.

  • Speaker #1

    Tu as parlé de tes enfants. Est-ce que tu leur donnes des conseils à tes enfants ou à des jeunes ? Écoute,

  • Speaker #0

    moi j'ai compris avec l'âge. Je suis dans ma neuvième décade. J'ai compris que le plus beau cadeau... que celui qui gouverne tout ça. Faire un père, c'est que ses enfants aient plus de talent que lui. Je me souviens que quand je présentais en bas à l'agence le film de Tristan, la série de Tristan, sur tapis, j'ai dit, enfin, un Seguela qui a du talent. Les gens me disent, il la ramène encore, c'est un slogan. Non. Mon frère, mon fils, a plus de talent que moi. Et il a le talent du long métrage. Il a le talent des deux heures d'une série. Moi, j'ai le talent d'un 30 secondes ou d'un 3 minutes. C'est pas comparable. Ma grande fierté, c'est ça. Je veux que mes autres enfants, chacun dans sa partie, ils sont tous dans des parties astériques, des parties créatives. Ma première fierté, fille, qui s'appelle Sarah, a fait une série de programmes formidables avec Canal+, qui était Merci la France, où des célébrités, mais aussi beaucoup de gens de la rue, venaient pendant, ils avaient une minute et demie, parler du cadeau que leur avait fait la France, et de la réussite qu'elles avaient reçue grâce à la France. Elle a eu beaucoup de succès, je crois qu'il y a 10 millions de vues dans le monde, et et c'était une belle façon d'utiliser les Jeux Olympiques pour faire passer ce message-là. Ma fille qui suit, Lola, qui elle, a le talent de sa mère, qui a le talent de la décoration. D'ailleurs, dans le L d'écho qui est paru au mois de juillet-août, elle a la couverture et 14 pages à l'intérieur pour la dernière décoration qu'elle ait faite en Grèce, une maison extraordinaire de 200 mètres face à la mer, où elle a tout choisi jusqu'à la petite cuillère. Et puis après j'ai mes jumelles, Ava et Mia, qui sont dans la pub. Rien ne pourrait me faire plus plaisir. Dans les deux agences les plus créatives de Paris, chez Buzzman et chez Australie. Le père est fier et je voudrais que chacune arrive à dépasser le talent, le petit talent de leur père. Je ne peux pas. Allez, ce ne sera pas si difficile, ce n'est qu'un petit talent.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a des choses qui peuvent te mettre en colère ou te rendre triste ?

  • Speaker #0

    Je ne me mets jamais en colère. Même quand j'étais jeune, je n'étais pas très colérique. Moi, je suis un homme d'apaisement, je suis un homme de rassemblement. Mon métier, c'était de rassembler les meilleurs talents du monde pour aller à l'assaut du monde et faire que la publicité française devienne, entre avances et publicistes, la meilleure du monde. Et puis, je suis pour... c'est un mot idiot, mais je suis pour la fraternité.

  • Speaker #1

    Ok, c'est important pour toi.

  • Speaker #0

    C'est important parce que c'est le contraire du déchirement. C'est le contraire de la guerre, c'est le contraire de la révolution, c'est le contraire du nihilisme, c'est le contraire de tout ce qui empoisonne la vie.

  • Speaker #1

    Pour finir cet entretien, si je ne dis pas de bêtises, aujourd'hui tu as 90 ans.

  • Speaker #0

    Oui, ça ne me vexe pas. Je suis fier de mon âge.

  • Speaker #1

    Ok. Et du coup, tu viens tous les jours, tu nous disais, je crois de 9h30 ou 10h à 18h, 19h chez Avas. Est-ce que tu vas prendre ta retraite un jour ou tu n'en vois pas l'utilité ?

  • Speaker #0

    Moi, j'ai fixé ma retraite à 100 ans, donc il me reste 9 ans. À moins qu'un jour, le maître des lieux... Yannick Bolloré me disait écoute, tu es très gentil, mais maintenant tu es trop gâteux. On t'aime, reste chez toi Ou que moi, je dise, je n'assure plus ma fonction comme... Alors, je ne peux pas l'assurer comme quand j'avais 20 ans. Mais si je sens que je n'ai plus les moyens d'être même au niveau moyen de ce que j'ai été, j'arrêterai de moi-même.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qu'on peut te souhaiter ? Terminer cet entretien.

  • Speaker #0

    Comme le disait la mère de Napoléon, pour vous que ça dure.

  • Speaker #1

    Merci Jacques. Merci pour votre écoute des sages sur cette nouvelle saison. Si vous avez aimé, vous avez été inspiré, vous avez appris quelque chose, il n'y a qu'un moyen de me remercier. Si vous êtes sur Spotify ou Apple Podcast, abonnez-vous et mettez 5 étoiles. 30 secondes de votre temps mais qui nous permettent d'être toujours plus visibles. et que d'autres personnes découvrent les sages. Avant de se quitter, une dernière chose. N'hésitez pas à m'envoyer un message sur LinkedIn. Nicolas Jeanne, Jeanne, J-A-N-E. Pour me dire ce que vous en avez pensé, vos retours, des suggestions d'invités. Vos retours nous font grandir. Merci.

Chapters

  • Introduction aux sages

    00:12

  • Rencontre avec Jacques Seguela

    01:02

  • L'enfance de Jacques

    05:51

  • Parcours professionnel en pharmacie

    15:59

  • Transition vers le journalisme

    25:03

  • Début de carrière télévisuelle

    28:16

  • Lancement dans la publicité

    29:28

  • Campagnes présidentielles marquantes

    37:05

  • Comparaison entre marques et candidats

    44:04

  • Réflexions sur les dictateurs

    48:25

  • Les valeurs politiques de Jacques

    01:02:35

  • Secrets de créativité

    01:07:55

  • Perspectives sur l'âge et la retraite

    01:15:15

Description

Dans cet épisode captivant du podcast "Les Sages" nous recevons Jacques Séguéla, une véritable légende de la publicité française. Avec une carrière s'étalant sur plusieurs décennies, Jacques a contribué à des campagnes emblématiques pour des entreprises prestigieuses telles que Citroën et il a joué un rôle clé dans plus de 20 campagnes présidentielles, y compris celle de François Mitterrand. À 90 ans, il incarne l'esprit d'un entrepreneur passionné, se levant chaque matin à 6h30 pour continuer à façonner le monde de la publicité. Dans cet échange, il partage des anecdotes fascinantes sur son parcours exceptionnel et ses collaborations avec des figures influentes , ainsi que son engagement à transformer la publicité en une forme d'art et de poésie quotidienne.


La seconde partie de notre conversation se concentre sur les valeurs humanistes qui animent Jacques Séguéla. Il évoque l'importance de la créativité dans la publicité, tout en soulignant que celle-ci doit toucher le cœur des gens. Jacques aborde également des questions sociétales cruciales, insistant sur la nécessité d'unir nos forces pour relever les défis contemporains. Son discours résonne particulièrement dans le contexte actuel des entreprises à impact et de la transformation organisationnelle, où la responsabilité sociale des entreprises devient primordiale. En tant que leader visionnaire, il rappelle que la confiance et le respect sont les fondements des relations humaines et professionnelles, des valeurs essentielles pour tous les entrepreneurs et femmes d'affaires qui aspirent à créer un changement positif.


Cet épisode est bien plus qu'une simple discussion sur la publicité ; c'est une invitation à réfléchir sur le pouvoir des mots et des idées dans notre société. Jacques Séguéla nous inspire à voir la publicité non seulement comme un outil commercial, mais aussi comme un moyen de communication capable de véhiculer des messages profonds et significatifs. En écoutant ce podcast, vous découvrirez comment le parcours de Jacques et ses réflexions peuvent éclairer votre propre chemin en tant que leader ou entrepreneur.


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Transcription

  • Speaker #0

    Les sages, c'est avant tout une histoire personnelle. Je m'appelle Nicolas Jeanne et j'entreprends depuis que j'ai 19 ans. Sur ce chemin, j'ai eu la chance de rencontrer des personnes que j'appelle les sages. Vous savez, ce sont ceux qui, d'un conseil bienveillant, peuvent changer votre journée, votre projet, votre vie. Souvent des personnes avec qui il y a un avant et un après. A mes yeux, ce sont des leaders authentiques, mais surtout des leaders humanistes. C'est assez important pour moi. Ceux qui vont vous faire grandir sans s'en rendre compte. Plus que n'importe quel livre ou cours, des témoignages qui viennent du cœur et de la réalité. Et surtout du cœur. Aujourd'hui, je vous propose de partir à leur rencontre, dans un format inédit, et négocier avec eux. Un format où l'on se dira tout, naturellement, et aucune question ou anecdote sera interdite. Ça, vous avez ma part. Un format axé sur leur activité, bien sûr, mais qui, évidemment, dérivera vers la vie, la société et les émotions. Mon but, c'est clairement de mettre en valeur l'aspect humain de ces personnalités qui me paraissent exceptionnelles, et de casser la carapace. Casser la carapace, vous le sentez, c'est pas un mot par hasard. Pourquoi ? Parce que je pense que ça va vous permettre d'app... prendre sur les plus grands leaders et leaderes qui ont bâti et bâtissent la société. La France est une terre bourrée de talents et de leaders. Et nous allons en leur en parler. Bon voyage avec les sages. Jacques Seguela.

  • Speaker #1

    Un nom que tout le monde a déjà entendu. Ou si vous ne l'avez pas entendu, vous avez au moins déjà entendu l'expression Si tu n'as pas une Rolex à 50 ans, tu as loupé ta vie C'est de Jacques Seguela. Bien qu'il dira plus tard que c'est la plus grande carrière de sa vie.

  • Speaker #0

    Jacques Seguela,

  • Speaker #1

    c'est un homme aux mille vies.

  • Speaker #0

    Et surtout...

  • Speaker #1

    c'est l'homme aux 20 campagnes présidentielles, dont 19 gagnés. Un osacieux, un créatif, un homme de slogan qui a tant parlé à l'oreille des présidents que des plus grandes marques, françaises et internationales. On dit de Jacques que c'est le tollé de la pub en France, le plus grand publicitaire français. A 90 ans, il est encore tous les matins à 9h au bureau et debout à 6h30, au bureau d'une des plus grandes agences de publicité au monde qu'il a cofondée, Avast.

  • Speaker #0

    Bon voyage avec Jacques.

  • Speaker #1

    Bonjour Jacques, et merci d'avoir accepté notre invitation pour l'essai.

  • Speaker #2

    Merci à toi d'être venu frapper à ma porte, elle était ouverte.

  • Speaker #1

    Avec plaisir. Comment tu vas ?

  • Speaker #2

    Je me suis jamais senti aussi plus jeune.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #2

    Il faut se le dire tous les matins en se réveillant, et surtout à mon âge. et quand on n'arrive plus à le lire, il faut dire ciao.

  • Speaker #1

    Et tu viens du coup tous les matins, on est donc chez Avas là, et tu viens tous les matins chez Avas ?

  • Speaker #2

    Tous les matins à 10h, je suis à mon bureau, et je m'en vais vers 19h, 20h, ça dépend, 18h, ça dépend des jours.

  • Speaker #1

    Ok, donc toujours actif, écoute, on va en parler lors de ce podcast. Est-ce que pour commencer, je peux te demander qu'on parle un petit peu de ton enfance ? Du coup, alors avant de parler de ton enfance, est-ce que déjà pour nos auditeurs, tu peux te présenter en quelques phrases ?

  • Speaker #2

    Je suis fils de pub et fier de l'être. J'ai tellement donné à la pub et m'a tellement rendu au centube. J'ai tellement aimé la pub et je continue l'aimer, j'aimerais jusqu'à mon dernier souffle, et elle m'a tant aimé. Elle est quelques grammes de tendresse dans un monde de brut. Notre monde a perdu la raison. Il ne sait plus où il en est. Il ne sait plus quelle guerre faire. Il ne sait plus quelle ânerie décrocher. Il ne sait plus quelle injure proférer. Or, le monde devrait se donner la main. Le monde devrait s'entraider. Le monde devrait partager les mêmes combats, en commençant par sauver notre planète, si on veut que nos enfants puissent demain respirer et boire. Et Au lieu de ça, il ne sait que de se faire la guerre. Pierre Dacq disait, si l'on mettait un peu plus de matière rose dans notre matière grise, il y aurait moins d'idées noires. Ça pourrait être la définition de la publicité. C'est des petits 30 secondes, 2 minutes d'amour, d'humour, qui viennent essayer de rompre la monotonie. médias à condition qu'elle soit bien faite à condition que je te touche à condition que tu fais aimer le produit qu'elle te présente et qu'elle défend qu'elle le fait honnêtement qu'elle le fait justement avec son coeur autant qu'elle le fait avec sa tête et sans envie de vouloir à tout prix mettre l'argent en tête des valeurs. La publicité est belle, car c'est d'abord la publicité du cœur, mais elle doit être la publicité qui sait faire gagner de l'argent à ses clients.

  • Speaker #1

    Écoute, on va en reparler, tu nous fais vraiment une super introduction, et pour toi, je rebondis sur ce que tu dis, donc, ta vision du monde, c'est que le monde, il y a beaucoup de problèmes, peut-être, dans ce monde. Comment t'expliques ça, que globalement, le monde ne va pas forcément dans le bon sens ?

  • Speaker #2

    J'explique ça par une sorte de laisser aller... permanent des valeurs partagées. L'Europe n'a pas réussi à s'imposer suffisamment, c'était son métier, c'était son devoir. Elle a fait ce qu'elle a pu, mais il y a tellement après de nationalisme qui se réveille, de communautarisme qui se réveille, qu'à chaque fois la barque prend l'eau et coule. J'espère que ce temps de... quatre guerres à la fois, plus lamentables les unes que les autres, va ramener quand même le monde à la raison. C'est pas possible qu'on puisse vivre avec des squibs qui sont au-dessus de ta tête en permanence. Il y a des gens qui n'ont rien fait que de bien faire leur métier, d'aimer leur femme et leurs enfants. La vie, c'est d'abord ça. C'est pas de vouloir tuer son prochain.

  • Speaker #1

    Bien sûr. Et pour nos auditeurs, on enregistre un moment où, en effet, il y a un peu... Je crois du coup l'US Bola qui a envoyé des missiles sur Israël. Donc en effet, c'est un moment un peu grave.

  • Speaker #0

    Et Jacques ?

  • Speaker #2

    Tu vas me trouver utopiste. C'est bien. Tu vas me trouver à côté de mes ponts. Tu vas me trouver que... Je suis Monsieur Bisounours, mais je suis fier d'être ça, parce que c'est la publicité représentant. Il faut forcer le trait. Bien sûr que c'est un peu ridicule de dire qu'on préfère que les gens fassent la paix et pas la guerre. Mais plus personne finalement me le dit vraiment. Donc il faut le dire simplement. Il faut le dire avec son cœur.

  • Speaker #1

    Bien sûr. Est-ce que ça veut dire que tu as toujours gardé un peu ton âme d'enfant ? Une certaine intuition ?

  • Speaker #2

    Oui, moi je n'ai rien fait pour ça parce que j'ai toujours laissé la vie décider pour moi.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #2

    Je n'ai jamais demandé un boulot, les boulots sont toujours venus à moi. Je n'ai jamais demandé l'amour, c'est ma femme qui est venue à moi. Je n'ai jamais demandé mes grands combats, c'est les combats qui sont venus à moi. J'ai essayé de les mettre à chaos et plus souvent c'est moi qui est allé au tapis. Ça s'appelle la vie et elle est faite de petits heures et de grands bonheurs.

  • Speaker #1

    D'accord. Et du coup, tu dis que les choses sont venues à toi, c'est une forme de chance ou de spiritualité ou tu l'as provoqué aussi à travers des rencontres, du travail ?

  • Speaker #2

    Non, non, pas du tout. Je ne l'ai pas provoqué parce que je suis allé de chance en chance. J'ai saisi des chances et je les ai amenées au bout de ce que je pouvais le faire. Mais je n'ai jamais. tirer le plan sur la comète. C'est la comète qui me tire par le bout du nez.

  • Speaker #1

    Ok, donc tu t'es laissé un peu porter par la vie et par ces opportunités qui se sont présentées.

  • Speaker #2

    Oui.

  • Speaker #1

    Ok, et si on revient un petit peu sur ton enfance, alors du coup, si je ne dis pas de bêtises, donc tu es né à Paris, mais tu as grandi dans le sud de la France, à Perpignan, c'est bien ça ?

  • Speaker #2

    Oui, mon père a rapté ma mère. Ils étaient tous les deux élèves de médecine en première année sur les bords de la faculté de Montpellier, où mon grand-père et ma grand-mère. Ma grand-mère a été la première chirurgien-femme déclarée en France. Mon père a été un des tout premiers radiologues diplômés aussi en France. J'étais le fils unique. Et j'étais un horrible garçon voulant absolument exister. Je n'arrivais pas à maîtriser ma vie. Il fallait que je fasse des bêtises. Mon livre préféré, c'était Un bon petit diable, qui faisait toutes les conneries du monde. Un dessin animé, un livre animé en tout cas. C'était un peu ma Bible. Ce n'était pas la meilleure. Il en est resté quand même à la fin, une envie d'étonner, une envie de choquer. Tu sais, un jour, Cocteau a rencollé Taguilès. le danseur. Il me dit, quelle est la définition de ton art ? Et Naguileff a... Il a dit, étonne-moi. Non, non, non, il a dit Cocteau. Ça, c'est la définition de mon art, c'est la définition de la poésie. Et moi, j'ai dit, écoutez, au musée, le danseur, ça, c'est la définition de mon art à moi. C'est la définition de la publicité. Elle est la poésie quotidienne, la poésie de notre vie. Elle est la poésie de notre consommation.

  • Speaker #1

    Et quand tu parles d'une envie de choquer, du coup, à Perpignan, tu vas à Montpellier dans un pensionnat et tu te fais renvoyer pour une histoire de fourchette, je crois.

  • Speaker #2

    Oui, j'étais dans Perpignan, à 200 kilomètres de Montpellier. Mais à l'époque, c'était presque une aventure pour y aller. Et puis à l'époque, il n'y avait pas de week-end. On a oublié ça, le week-end, ça a fait à peine quelques années. Et donc, mon père qui était le maître de la maison, il a dit, médecins de l'hôpital, ne pouvaient pas venir me voir à Montpellier. Donc, ils arrivent quand même à venir me voir deux fois par mois, mais j'étais tout seul. En plus, mes parents, qui me prenaient pour un génie et qui se trompaient, m'avaient donné... la possibilité de changer, de sauter une année. Ce qui fait que, comme déjà j'étais un peu malingre dans le pays du rugby, où si on ne fait pas 100 kilos, on n'existe pas, et que je ne savais pas très bien où étaient le bien et le mal, j'ai fait les 400 coups dans la petite ville de Perpignan, qui m'a laissé les faire, tellement à l'époque, si tu veux... La liberté était dans l'air. C'était une ville libre, Perpignan. Je me souviens qu'avec mon copain Baudot, avec qui je suis parti faire le tour du monde quelques mois après l'histoire que je te raconte, on avait décidé dans une petite rue de changer toutes les voitures de la rue. Il y avait cinq ou six voitures qui étaient en stationnement, et les amener deux ou trois cents mètres plus loin. dans une autre rue, en se disant, le lendemain matin, les gens vont se réveiller, toutes les voitures auront disparu, ils vont téléphoner aux flics, et nous on était là, à la fenêtre, en train de se marrer.

  • Speaker #1

    Et les voitures, comment tu les déplaces à ce moment-là ?

  • Speaker #2

    Justement, le déplaçant des voitures, il fallait les pousser. À l'époque, les voitures restaient ouvertes. D'accord. Mais là, il y en avait une qui était... On a réussi sur les trois ou quatre premières. Puis la cinquième, c'était une grande voiture décapotable. Elle était fermée, mais la capote derrière était ouverte. Donc, moi, je me suis... Alors, j'avais fait une... Ça, c'était la deuxième bêtise, la première bêtise. Je ne sais pas comment, j'avais un petit revolver chez moi. qui n'était pas chargé, je ne sais pas comment je l'avais trouvé, je ne sais pas comment il était là. Et je l'avais mis dans ma poche ce soir-là. C'était une imbécilité totale. Donc, j'essaye d'aller ouvrir la portière de la voiture en passant par l'arrière, et j'ai quelqu'un qui me tire par les pieds, c'est un flic. Je lui dis, tu es foutu. Tu as une arme, tu es en train de voler une voiture, tu vas en prendre pour deux ans. Mais quelle connerie tu as pu faire, etc. Et le flic me dit écoutez, venez au poste, on va vous interroger. J'y vais en claudiquant, en paniquant, et en arrivant au poste, le chef de poste qui était là me dit Comment vous appelez-vous ? Il dit Jacques Seguéla Ah, mais vous êtes le fils du docteur Seguéla ? Mais oui, c'est mon père. Écoutez, votre père m'a sauvé la vie. Tirez-vous. Ça a été une de mes premières leçons de vie en disant qu'il faut quand même savoir jusqu'où ne pas aller trop loin. Une bêtise stupide peut briser votre carrière, peut briser la route qui vous attend. Donc oui, il faut secouer les choses. Mais il ne faut jamais aller trop loin.

  • Speaker #1

    Ça me fait penser à Xavier Niel qui a sorti son livre et qui dit que la ligne jaune, il faut la mordre, mais jamais la dépasser.

  • Speaker #2

    Exactement. J'aime beaucoup Xavier Niel. C'est mon maître à penser.

  • Speaker #1

    D'accord. Comme beaucoup d'entrepreneurs, je pense que c'est un peu un des papes de l'entrepreneuriat pour les jeunes entrepreneurs. Oui. Et du coup, après ton lycée, tu vas faire le choix de faire des études pour devenir pharmacien.

  • Speaker #0

    C'est l'heure de remercier notre partenaire Oslo, sans qui ce podcast ne serait pas possible malheureusement. Oslo, c'est un cabinet d'avocats à taille humaine, dirigé par Edouard Wells et Marion Fabre, que je connais personnellement depuis plus de 10 ans. Il est composé d'une équipe, l'idée par Edouard et Marion, qui est issue de cabinets d'affaires de premier plan. Mais surtout, au-delà de la qualité de leurs prestations juridiques, ce que j'aime chez Oslo, c'est leur engagement pour un droit un peu différent. Sur leur description, ils mettent Nous accordons une importance particulière aux qualités humaines et relationnelles, tout particulièrement au respect, à la simplicité, �� l'humilité et à l'élégance. Ça pourrait paraître bullshit comme ça, mais pour bien les connaître, je peux vous assurer que ça se ressent vraiment. Et pour preuve, ils ont accepté de sponsoriser ce podcast dès sa création. Ils offrent une heure de conseils juridiques avec le code LESSAGE et je mettrai leurs coordonnées dans la description du podcast. Allez, on y retourne.

  • Speaker #2

    J'étais tellement nul que j'ai mis quatre fois à passer mes bacs. En septembre, en juillet, en septembre, en juillet, en septembre, en juillet. Enfin, en septembre, j'ai eu mon bac. Là où les gens mettaient deux ans, moi j'en ai mis quatre. Mon père était tellement désespéré. qui m'a dit, écoute, moi j'aurais rêvé que tu sois chirurgien, puisque ta mère est médecin, et que moi je suis radiologue, et que ta grand-mère a été la première femme à Montpellier à mêler à la fin la médecine naturelle et la médecine normale. Parce que mon arrière-grand-mère était une rebouteuse. Et elle a dit à ma grand-mère, je vais te livrer mes secrets que tu pourras utiliser à condition que tu aies ton diplôme, parce que toute ma vie, on m'a traité de non-diplômé. Et ça s'est passé comme ça. Ma mère, la descendante de la famille, tombe amoureuse folle de mon père, qui tombe amoureux fou de ma mère sur les bancs de la faculté de Montpellier, et le lendemain, elle a demandé un mariage à ma grand-mère, donc à la mère de ma mère, qui lui ferme la porte au nez en lui disant, vous êtes un blancbec, qu'est-ce que vous permettez d'appeler ma fille ? Ma grand-mère se prenait pour... Elle s'appelait Le Forestier, elle se prenait pour une noble, pour personne d'exception dans la ville de Montpellier. C'était d'ailleurs un très grand chirurgien de la Pays-Partie, au SOS du corps. Elle lui dit, je vous interdis à tout jamais de revoir ma fille. Mon père est allé chercher ma mère. Il est parti directement à la gare. Il a pris deux billets pour Paris et il n'a jamais revu ma grand-mère. Et c'est comme ça finalement que je suis né déjà un peu rebelle. Je suis né en cavale. Je suis né en la fois très désiré et à la fois très rejeté. Donc je pense que tout ça, ça a forgé ce qu'allait être ma vie.

  • Speaker #1

    Qui est un caractère. Et du coup, sur tes études de pharmacien, ça te plaît quand même plus que l'école, que le lycée ?

  • Speaker #2

    Alors mon père m'a dit, écoute, tu ne peux pas être médecin, tu es toujours élégant. Fais un métier qui est un métier médical, pour rester dans la famille, mais qui est un métier de commerce, parce qu'on sent que le commerce t'intéresse. J'ai dit, oui papa, non. Et à l'époque, quand on faisait ses études de pharmacie, on commençait par 12 mois de stage. qui était obligatoire et qui était formidable parce qu'il devait se faire dans une pharmacie. Et pendant 12 mois, on n'avait pas le droit de prendre des congés, on n'avait que les congés de l'Ogo. On est là pour apprendre le métier. À l'époque, il y avait toute une partie des médecins qui étaient fabriqués par les pharmaciens. L'aspirine, par exemple, au lieu d'avoir une aspirine qui coûte une fortune parce qu'elle est une marque, etc., elle était broyée par le pharmacien. Moi, ça m'a passionné. et la botanique m'a passionné les racines les huiles sauvages tout ce qui était cette médecine ça n'existait pas la médecine de demain à l'époque pour moi la médecine qui me touchait parce que c'était une médecine naturelle c'était une médecine en accord avec la nature j'étais écolo sans le savoir je me suis totalement impliqué dans la pharmacie au point que j'étais majeur, je suis passé de nul de cancre, de sauvageon, tout d'un coup, le meneur de jeu. Et mon père, qui n'arrivait pas à me voir ses yeux, m'a offert ma première 2 chevaux. C'est lui qui a changé ma vie. C'est elle qui m'a changé ma vie, parce que j'avais à recevoir la 2 chevaux, 3 mois après je vais partir pour un des tout premiers raids en 2 chevaux. Perpignan à Karachi avec Jean-Claude Baudot qui va être mon couturne on va fêter nos 80 ans d'amitié dans quelques jours on s'est dit ça a été tellement facile de faire ce voyage à Karachi même si on a été qui est pris dans les inondations, même si on a traversé un désert incroyablement dangereux. Pourquoi personne n'a osé faire le premier tour du monde en voiture ? On le fait à pied, on le fait avec des cigarettes, on le fait à cheval, on ne le fait pas en voiture, qui est pourtant la façon la plus naturelle de faire le tour du monde. On va s'atteler au titre de premier. tour du monde en voiture. Pendant nos deux ans de faculté qui nous restaient, pour devenir docteur en pharmacie, au moins, docteur en droit pour lui, on a inventé le sponsoring. On a frappé à la porte de tous les gens qui... près ou de loin, étaient dans le monde de l'automobile, en leur disant, aidez-nous, voilà, on est deux jeunes, on va voir le... Et il y a plusieurs fournisseurs de la 2 chevaux qui nous ont donné une petite pièce, etc., mais on ne disait de rien, donc ça nous suffisait largement. Il n'y a que Citroën qui nous a dit, nous, on ne s'intéresse qu'à la près. Donc vous n'aurez rien de nous, sauf ce qu'ils nous avaient offert, c'est un... Alors... Le manuel de réparation qu'ils envoyaient à leur concessionnaire, qui nous a beaucoup aidés, parce que nous, on ne savait rien réparer du tout. On mettait le livre dans les mains du réparateur du coin qui nous réparait nos deux chevaux en 30 secondes. Parce qu'elle a connu des misères en deux ans.

  • Speaker #1

    Vous avez mis deux ans pour faire le tour du monde ? Oui,

  • Speaker #2

    150 000 kilomètres. Et surtout, on voulait battre le record de la première voiture qui traverse les six déserts les plus dangereux du monde. Aujourd'hui, les déserts, c'est où on en est. Et puis, il y a des photos télégraphiques un peu partout. À l'époque, les déserts, c'était désertique, il n'y avait rien. Et donc, on a traversé le Sahara, c'était très dur. Et puis, le moment le plus fort a été le désert d'Akatama, qui est un très grand désert de 1000 km de longueur, qui part du Chili et qui va jusqu'en Colombie pour retrouver après les Etats-Unis. un désert à 3500 mètres d'altitude, extrêmement froid, très rocailleux, où il n'y a rien. Aujourd'hui, les goudronnets, il n'y avait pas la moindre piste, etc. C'est moi qui conduisais, il est minuit, j'entends un bruit métallique, j'arrête tout de suite, je soulève le capot, pas d'huile dans le carter. Je dis, ce n'est pas grave, on a une réserve. Je vais à la réserve, on avait oublié de mettre de l'huile dans la réserve, donc pas d'huile, donc impossible d'avancer. Donc on se couche, le lendemain matin on en profite pour nettoyer la voiture, pour préparer les choses, on dit il y a bien quand même à un moment donné un camion qui va passer, rien ne se passe, deuxième jour rien ne se passe, troisième jour on va tirer au sort, il y en a un qui va rester près de la voiture, l'autre qui va partir, et puis adieu le vaut bien. À ce moment-là survient un Chilien, Il sort de sa besace trois bananes, il épluche les bananes, il les met dans le carter, il va chercher un petit caillou et l'habille d'un vieux tissu, etc. pour servir de chiffon, et il me dit tu peux y aller Et moi je me retourne vers Jean-Claude et je lui dis mais si jamais, tourne le bouton, que la voiture démarre et qu'elle grille le moteur C'est foutu pour nous, le voyage s'arrête là, parce qu'on n'a pas les moyens, ni le temps, de faire venir une 2 chevaux, ou un moteur de 2 chevaux, au beau milieu du désert d'Agatama. Et puis je lui ai dit, mais, il faut croire en son destin. J'ai écrit un livre sur la question, sur croire en son destin. C'est un signe. S'il est là, ce n'est pas par hasard. Je tourne la clé, on a fait 100 kilomètres à la banane. On aurait pu ne jamais revenir.

  • Speaker #1

    Bien sûr. Et c'est cette rencontre qui a tout changé. Et du coup, il est le tour du monde. Et si je reviens à ton parcours professionnel, tu travailles en pharmacie, tu m'as dit que finalement, ça te passionne beaucoup plus que l'école. Et finalement, tu vas aller, si je ne dis pas de bêtises, tu passes du monde de la pharmacie au journalisme. C'est ça, chez Paris Match ? Pourquoi tu as fait ce choix-là de changer ?

  • Speaker #2

    Non, non,

  • Speaker #0

    juste...

  • Speaker #1

    C'est un virage à trois fois.

  • Speaker #0

    Bon,

  • Speaker #2

    alors, donc on part avec Bordeaux pour le Tour du Monde. On va mettre pas loin de deux ans. On va traverser... Je crois 35 pays, on va faire 150 000 kilomètres de piste. Le monde était très peu goudronné à l'époque, de routes d'enfer, etc. Mais avec un plaisir fou et avec une voiture merveilleuse, parce qu'elle sortait de tous les problèmes. À tous les deux, on arrivait presque même à la soulever quand elle s'enlisait. Mais quand on était dans un problème, il y avait toujours quelqu'un qui était là, qui nous aidait, qui après nous donnait 10 balles pour aller marcher. un hamburger, mais il n'y avait pas d'hébergeur à cette époque, mais des soupes de riz et tout ça. Et donc, c'est ce qui a fait notre traversée du monde. On est arrivé à Paris, on a frappé à la porte de Citroën. Alors, on a dit, écoutez, vous nous avez dit que vous alliez nous aider dans l'après. C'est l'après, voilà ce qu'on a fait. Ils ont dit, mais c'est formidable, on n'y croit pas. On a dit, écoutez, allez voir, téléphonez aux gens qui nous ont reçus, etc. Ils ont dit, oui, c'est vrai. Donc, on va vous aider. ils me disent, écris-moi un livre. Je dis, oui, oui, moi je ne sais pas écrire. Mais c'est très facile, tu racontes ce qui est arrivé. Et puis avec Jean-Claude Baudot, vous vous souvenez, vous ramenez vos souvenirs et vous racontez vos histoires. J'ai dit, écoutez, d'accord, bon, alors tu fais ça, tu te lèves à 10h du matin, tu fais ça jusqu'à 18h, à 18h tu viens chez moi, et moi pendant 2h, je re-write le livre. Jean-Paul Gansinger qui m'a dit ça, qui était le directeur de la presse à l'époque de Citroën. Ça s'est passé comme ça. Le livre s'est écrit en un mois. C'est Flavard qui l'a édité. Et ça devient le best-seller du moment. Il tire à 150 000 exemplaires. Moi, je ne savais pas ce que c'était qu'un best-seller. J'arrivais de Perpignan. Je n'imaginais pas qu'un livre pouvait rapporter autant d'argent. Donc, nous, on s'est trouvé dans un moment où finalement tout venait à nous. Je faisais le pivot de l'époque, Jean-Claude encourait les médias qui voulaient qu'on leur raconte nos histoires. Donc, là-dessus, je reçois un coup de fil du patron de Match. qui me dit, venez me voir, je viens le voir, il me dit, mais l'homme qui a fait le plus beau slogan qu'il soit, le poids des mots, la puissance de la photo, et le choc de la photo, quel beau slogan. Il me dit, tu n'es pas fait pour la pharmacie, tu es un reporter de match, tu commences demain. J'ai dit, mais un reporter de quoi ? Tu as écrit un livre ? C'est pareil, c'est comme si tu me faisais écrire deux pages d'un livre, etc. Ça s'est passé comme ça, et donc j'ai passé deux ans à Paris Match. J'ai été un peu touché par le journalisme et j'ai remis en cause le journalisme. Parce qu'un jour, Roger Théron m'a dit, il y a une femme qui vient de sortir de prison, elle a deux enfants qui ont cinq ans, elle a fait cinq ans de prison parce qu'elle a tué son mari, parce que c'est un mari violent pour elle et ses enfants. Donc moi, je me renseigne pour savoir où elle était, je me mets en face d'elle dans l'autobus où elle a amené ses enfants à l'école, et puis on m'a dit, tu fais un petit trou dans le journal, et tu as ton appareil photo, et tu fais photographier comme ça personne ne te voit. Je ramène la photo, qui fait la couverture de match, je descendais à Perpignan quelques jours plus tard, j'arrive, je montre ma mère, je dis, maman, regarde, c'est ma première couverture de match, c'est formidable. Elle regarde, elle me dit, mais... Comment as-tu osé faire ça ? Est-ce que tu t'es posé la question de savoir si ces deux enfants savaient que leur mère avait tué leur père ? Donc, j'ai senti qu'il aurait du mal à prendre mes distances avec ce type de journalisme-là. Là-dessus est arrivée la guerre d'Algérie, et c'était la fin de la guerre d'Algérie, mais est arrivé le temps de faire notre service militaire. Et je me suis retrouvé avec Philippe Labron. avec de pardon, avec tous les talents déjà de 20 ans qui se retrouvaient au même endroit, qui étaient là où se faisaient les journaux militaires, qui nous ont confié la fabrication. d'un Paris Match militaire qu'on a appelé TAM, Terre, Air, Mer, et qui était finalement exactement Paris Match. Moi, j'en venais d'être à Paris Match, donc c'est moi qui faisais le journal, etc., puisque j'avais fait ça pendant deux ans. Franck Weber était aussi avec nous, Francis Weber était aussi avec nous, et ça a été là que j'ai appris mon métier. pas simplement de journaliste, mais de reporter de guerre, mais aussi de metteur en page du journal, mais aussi de directeur de la publication du journal, etc. Donc je ne remercierai jamais assez l'armée de m'avoir offert ces études gratuitement. Et puis, on est rentré à Paris, et moi je me suis dit, mais je voudrais connaître un autre journalisme, je voudrais connaître le quotidien et de la télévision. C'était le début de la télévision. Et donc, j'ai demandé à Pierre Lazareth de me recevoir. Je lui ai raconté ma vie. Il m'a dit, écoute, tu es formidable. La télévision, c'est un peu tôt, mais tu vas démarrer dans un an. Mais entre-temps, on va faire un journal ensemble qui s'appelait Vive les vacances et qui est de l'ancêtre de VSD, etc. Et quand j'ai eu 30 ans, il m'a dit à déjeuner, il m'a dit, écoute, je t'aime beaucoup. Je pense qu'il faut que tu t'en ailles de Paris Match. Tu n'es pas fait pour être un journaliste. Tu n'es pas l'homme de l'écriture longue. Tu es un titreur. Ça n'a pas de prix, un titreur. Après, souvent, quand François, ils étaient un peu perdus, ils m'appelaient pour faire le titre, parce que c'était un peu mon petit don que j'avais. Ça n'augmentera pas ton salaire mensuel. Tandis que si tu fais un titre qui devient un slogan dans une agence de pub, ça te nourrira pendant un an. Donc, va dans la pub, va dans un métier neuf, la presse va mourir. François a tiré à un million d'exemplaires. Sur la manchette, il y avait le seul quotidien français qui tire à plus de un million d'exemplaires. Élément.

  • Speaker #0

    Et c'est à Pierre Lazareff que je dois d'être en tête dans la publicité, parce que le lendemain matin, je suis allé voir mes copains de Citroën, je leur ai dit, Pierre me dit d'aller dans la publicité, mais je ne connais rien à la publicité, il me dit, mais ça n'a pas d'importance, tu vas aller dans notre agence, écoute, elle s'essouffle un peu, etc., tu vas fonder un coup de pied dans la fourmilière, et vas-y. Et c'est comme ça que j'ai fait ma première campagne, pour un médicament d'ailleurs, avec le glyphanon. Et qu'ensuite, j'ai enchaîné avec la grande publicité et puis avec 60 ans de pub de Citroën.

  • Speaker #1

    Et comment t'expliques ? Tu dis que t'es plus à l'aise, plus talentueux sur les slogans. Tu dis que t'es un titreux, je crois. Comment t'expliques ça ? C'est quelque chose que t'as travaillé ou c'est quelque chose d'inné ?

  • Speaker #0

    Non, c'était naturel. Mon père adorait les chansonniers. Je me souviens qu'il y avait une émission tous les samedis soirs avec Robert Lamoureux et puis des chansonniers qui défilaient. On écoutait ça religieusement pendant deux heures. Et mon père avait l'art aussi des mots. Et c'est lui, finalement, qui m'a communiqué ce don des mots. Moi, je ne réfléchis pas tellement aux slogans. Ils me viennent naturellement. Alors après, ils sont bons ou ils sont mauvais. Quand j'allais chez les annonceurs prendre le brief de la campagne, j'ai sorti mon stylo, j'écrivais, et à la sortie, les gens pensaient que j'avais écrit le brief. Pas du tout. J'avais écrit le slogan et la campagne possible. Là, dans le feu de l'action, en écoutant l'annonceur. Parce que c'est l'annonceur qui fait la pub. Simplement, il ne sait pas la traduire. Il ne sait pas la densifier. Il ne sait pas la maîtriser. Et ça, c'est le petit don que j'ai. d'avoir le pouvoir des mots.

  • Speaker #1

    Ok. Et donc, tu vas commencer à travailler en agence de pub, c'est ça ? Et après, tu vas créer ce qui est devenu Euro RSCG ?

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et donc, tu es passé du salariat à l'entrepreneuriat, et c'est la première fois que tu crées ton entreprise ?

  • Speaker #0

    J'ai 30 ans. Ouais. C'est 68. Les gens défilent dans la rue. Et avec celui qui va devenir mon associé, Bernard Roux. Ouais. On décide, après les défilés de 68, d'aller voir nos patrons et leur dire, écoutez, nous on est là depuis trois ans avec vous. On a triplé votre chiffre d'affaires. On veut bien continuer avec vous. mais vous nous donnez 20% à chacun. Il nous a dit, oui, c'est intéressant. Écoutez, laissez-nous réfléchir, on se voit demain matin. On arrive le lendemain matin, sur notre bureau, il y avait deux enveloppes pour solde, de tout compte. On se retrouve en bas, dans un bar à putes, où on allait matinalement prendre le petit déjeuner, et on dit, mais qu'est-ce qu'on fait ? Je lui dis, mais on fait une agence. Bernard me dit, mais tu es fou. Mais oui, on fait une agence, on vend nos voitures, on vend nos vêtements, on vend tout ce qu'on peut vendre, on se serre la ceinture, on demande aux copains de nous aider un peu, et on y va, on démarre. Et comme on avait un petit chèque, puisqu'ils nous avaient viré... Et après, on a fait comme première annonce, on a fait une autre pub à nous, qui était une page dans le Figaro, dans Le Monde, qui disait, deux choses l'une, vous avez une agence, on va vous prouver qu'on est meilleur qu'elle. Vous n'avez pas d'agence, quel dommage, mais quelle chance, désormais on est votre agence. Ça n'a rapporté qu'un coup de fil du patron, à l'époque, des moteurs Mercury, qui s'appelait Vinclair, et qui nous dit, écoutez, moi j'ai une agence nulle, etc., il me reste quelques pages de l'Express, je vous donne le budget. m'apportait une grande idée. Je reviens à l'agence et je me souviens qu'un de mes derniers reportages à Match était Pompidou qui était avec sa cigarette papier-maïs à la bouche et qui pilotait un petit un petit hors-bord gonflable pour aller retrouver un yacht. Je me dis mais si ce moteur... C'était un Mercury. On peut faire une annonce formidable. C'est un Mercury. Et donc, il fait une annonce formidable en disant Merci, Monsieur le Président, vous prenez soin de vous, et quand vous prenez la mer, vous le faites, mais avec le meilleur moteur et le plus sûr du monde. Ça a été un scandale, parce que... Le président de l'époque a lisé l'Express avant qu'il soit imprimé. Et donc a découvert qu'il avait au milieu de l'Express cette pub qui lui est tombée sur la tête, etc. Il a appelé Saint-Vancherébert, qui était le président du journal, en lui disant Mais qu'est-ce qui se passe ? Il n'avait pas vu non plus le truc. J'ai interdit la sortie de l'Express, etc. Donc, il me rappelle... Il me dit écoutez, vous avez fait une bêtise, attrapez-la Je dis d'accord, comment on peut faire ? Il a eu une idée. La seule idée, c'est d'arracher les pages. Ça tombait bien parce que la page du Verseau était une page de pub. Donc, ça ne coupait pas un article du journal. Il me dit écoutez, d'accord, mais vous allez le faire vous-même Il m'amène dans un hangar où il y avait 40 000 expresses. Donc moi je rapportais tous les copains, dans la rue je donnais 100 balles à tous les mecs qui étaient prêts à venir nous aider. Bon, et on ne nous a pas arraché toutes.

  • Speaker #1

    T'avais combien de temps pour en...

  • Speaker #0

    On nous a arraché quelques milliers, entre temps, toutes les télévisions se sont jetées sur l'histoire. etc. Ça a fait le journal de 20 heures et ça a relancé à la fois Mercury et à la fois ça a lancé

  • Speaker #1

    Ruseguela. Ok et du coup donc vous allez avoir une grosse croissance rapidement. On parle même je crois du carré magique Ruseguela, Kezak et Goudard. Alors vous faites beaucoup de campagnes, je crois que vous ouvrez aussi des FIAL dans le monde. Tu me parlais de président en 81 du coup vous faites la campagne de Mitterrand c'est ça ? Oui. Moi, ce qui m'intéresse de comprendre aussi, c'est peut-être que tu nous racontes un petit peu, mais aussi, j'imagine que c'est différent de faire une campagne pour une marque, comme Citroën, par exemple, et une campagne pour un président. C'est quoi la différence entre les deux ?

  • Speaker #0

    La différence, c'est une différence de fond. La forme est la même. C'est le même silo qui écrit la France tranquille et qui écrit en avant Citroën. Ou j'aime, j'aime, j'aime Citroën. Donc, c'est... C'est un problème de respect vis-à-vis de son client, d'honnêteté, parce que c'est un grand problème de confiance entre le candidat et son communicant, de maîtrise de l'attente des Français. C'est vrai pour toutes les marques, pour tous les produits, mais là c'est le produit suprême. Et puis, ça doit quand même oser sortir des sentiers battus, ce que personne jusque-là n'avait osé. en France. Et c'est tout ça qui est amené à la France tranquille. Et je me souviens que le président m'a invité à déjeuner. Il m'a dit Si vous êtes libre demain, je vous attends à telle adresse pour déjeuner. Donc je me précipite. puis tu as l'adresse, j'arrive, tu as un petit restaurant, le back-toll. Une fois de plus, je me suis dit, mais voilà, c'est un signe, encore un signe. Il faut faire cette campagne, il faut séduire cet homme, il faut. Parce que moi, je m'étais rendu compte que la France avait dix ans de retard dans les publicités politiques. Donc j'étais allé plusieurs fois en Angleterre, plusieurs fois aux Etats-Unis, suivre les grandes campagnes de nos concurrents qui avaient dix ans d'avance sur nous. Et donc je me suis dit, euh... pour que la France rentre à leur niveau, je vais offrir la campagne. Parce qu'à l'époque, c'était les candidats qui payaient leur campagne. Aujourd'hui, c'est l'État qui paye les campagnes. Donc, ils cherchaient l'argent de tous les côtés. Je me dis, comme ce sera gratuit, il y en a bien un qui va accepter que je fasse la campagne. Mais il n'y en a qu'un qui a accepté, c'est Mitterrand. Et donc, il m'a dit, écoutez, on se verra. Tous les lundis matins, de midi à une heure. Vous m'apprendrez la communication, je vous apprendrai la politique. Oui, président. Trois lundis après, vous êtes nul en politique. Vous me faites honte. Vous n'y comprenez rien. Donc on arrête la version je vous apprends la politique, mais on consacre toute l'heure à la communication, parce que là, en communication, vous m'apprenez des choses intéressantes. Et ça a duré comme ça. Et un jour, je me dis, président, Maintenant, c'est le moment important, c'est le choix du slogan. Ah bon ? Il me semble, amenez-en plusieurs. Elle dit non, président. Je ne suis pas marchand de chaussures. Je n'arrive pas avec plusieurs chaussures et plusieurs tailles. Il y a un seul slogan. S'il ne vous plaît pas, je reviens la semaine prochaine. Et puis la semaine prochaine. Mais ça ne se vend pas à l'étalage d'un slogan. Et donc, j'avais écrit la force tranquille sur un carton. Je dis, président. Fermez les yeux. Président, ouvrez les yeux. Et les vues rentraient dans le slogan. Je l'ai vu, mais complètement happé par le slogan. Je me suis dit, mais c'est incroyable, il se passe quelque chose là. On disait tous les deux seuls. Au quatrième étage, de son tout petit mortel particulier qu'il avait, dans le fond de Paris, j'ai vécu un moment d'extase. Il m'a dit, c'est Gala, vous m'avez trouvé. Parce que je suis revenu à l'agence, personne ne voulait que j'aille proposer la force tranquille. On disait mais non, un slogan politique c'est une France force et tranquille. La force tranquille ça veut rien dire. En plus tu dis la force tranquille de Mitterrand, c'est le mec qui a une réputation. de lâche, de l'observatoire, de combine, etc. Ça va te retomber tout de suite. Les gens vont dire, la farce tranquille. J'ai dit, mais non, je l'ai vu, je suis sûr que c'est ça. J'ai senti dans ses yeux, dans son cœur, que ça passait. Il va l'incarner, je suis sûr. Laissez-moi faire, de toute façon, je me dors. On fait. Après, il a fallu arriver à l'affiche. Donc je dis, M. le Président, maintenant, il faut faire la photo de l'affiche. Et moi, je voudrais que ce soit dans un petit village, près de chez vous, pour montrer que vous êtes enraciné, que vous n'êtes pas un Parisien, que vous êtes de la terre, avec le côté paisible d'un petit village, le côté rural d'un petit village. mais aussi un climat de publicité de droite. Pas de publicité de gauche intellectuelle, bougeant, articulant et désarticulant les choses. Parce que mon métier, ce n'est pas que faire que les gens de gauche votent pour vous. Si ils ne votent pas pour vous, vous n'avez aucune chance d'être élu. Mais que la frange de... les électeurs de droite qui hésitent jusqu'au dernier jour, votent pour vous. Parce que vous savez que 10% des votants en France et dans plusieurs pays comme la France vont voter le dimanche matin sans savoir pour qui ils vont voter. Ils ne savent même pas quels sont les 4 ou 5 candidats en lice. Donc c'est cette clientèle-là qu'il faut faire bouger. Et ça faillit. Jamais, l'affiche a failli ne jamais exister. Parce que le 1er janvier, l'affiche allait être affichée une semaine plus tard, elle était déjà prête, Mitterrand m'appelle, il me dit, c'est que là, il y a une catastrophe, venez me voir tout de suite. Oui président. Je raccourc rue de Bièvre, et il me dit, c'est que là, l'affiche, on n'a pas montré aux socialistes. Mais c'est eux qui payent. Parce que moi, je ferais la création, le suivi, le marketing, etc. Mais pas les médias, bien sûr. Je dis, alors, qu'est-ce qu'on fait ? Ils disent, écoutez, c'est qu'il y a là, vous avez un autre genre, vous savez vendre une campagne, je vous les réunis demain matin à 8h, et puis vous me faites plaisir, vous vendez cette campagne. Oui, président, j'arrive demain matin à 8h, il y avait une grande table où il y avait 20 personnes, dont 19 vont être ministres trois mois plus tard. Et le 20e va être à l'Élysée, c'est Jacques Attali. Il est ce qui était le directeur de la campagne. Et là, Mitterrand m'introduit et dit, j'ai une interview d'une demi-heure, donc je la tiens à côté. Décidez-vous entre vous et je reviens vous voir pour conclure. Je présente la campagne, quand on arrive à la force tranquille, un silence de mort. Il a dit, écoutez, je vois qu'il y a comme un problème dans l'équipe, donc je vous propose que chacun, sur un papier, note de 1 à 10 à la fiche. C'est ce qui se fait. Il y a 10 voix contre. Non, pardon, n'hésitez pas. Il y a 20 voix contre. Arise Mitterrand. Il dit, alors c'est qui là ? Comment ça s'est passé ? Monsieur le Président, on a voté. Ah bon ? Monsieur le Président, il y a 20 voix contre. Ah oui, mais on est en démocratie. Moi, je n'ai pas voté. Donc, ça s'est passé à place. Il dit, je vote. Et j'ai la majorité, parce que c'est ma campagne, et pas la vôtre. Et on va faire cette affiche, parce qu'elle me ressemble.

  • Speaker #1

    Donc, tu es à la faute de chance du Président.

  • Speaker #0

    Elle aurait pu ne jamais sortir. qui n'avaient pas le courage de Mitterrand, contre ses équipes, contre les gens qui vont être ses ministres, qui tapent sur la table. Et pas un seul a répondu, pas un seul a réagi.

  • Speaker #1

    Ce qui m'intéresse de comprendre aussi, quand tu fais une campagne présidentielle, alors là on a parlé de François Mitterrand, mais tu en as fait 20 je crois en tout. Quand tu fais en fait une campagne pour une marque et une campagne présidentielle, alors peut-être qu'une campagne pour une marque, tu fais une étude de marché ou une étude de clientèle, comment tu ressens ce qu'attendent entre guillemets les citoyens ?

  • Speaker #0

    Parce que c'est la même chose, c'est les mêmes boîtes d'études, c'est les mêmes genres d'études, il n'y a pas de différence, sauf qu'on n'a pas le droit de dire qu'un président c'est un produit.

  • Speaker #1

    À l'époque ça...

  • Speaker #0

    Mais même aujourd'hui, on n'a pas le droit de dire que c'est un produit. au-dessus de tout, quand on voit d'ailleurs comment la République est bafouée, mais c'est quand même les mêmes hommes, les mêmes esprits, les mêmes équipes, les mêmes affiches, simplement que c'est des affiches plus difficiles à faire, parce qu'elles sont dans l'actualité, que ça se passe en deux ou trois jours, qu'elles peuvent décider des deux ou trois points de campagne qui hésitent. D'ailleurs, je me souviens que... Le président de la Slovénie, qui est un petit pays au-dessus de l'ancienne Yougoslavie, m'appelle et me dit Écoutez, j'ai beaucoup aimé la campagne que vous avez faite pour votre président. J'ai un problème parce que je suis à un mois du vote et je sens que les sondages sont en train de décrocher. Est-ce que vous pouvez venir me voir ? Je me récipite. C'était un mec très intelligent, un beau mec, etc. Il avait un énorme chien comme ça qui le suivait partout. Il était célibataire. Et il me dit, écoutez, qu'est-ce que vous pouvez faire pour moi ? Je lui dis, écoutez, il reste un mois. C'est le moment de la vraie campagne, etc. Où la publicité, en français, elle n'est pas autorisée, mais là, elle est autorisée. Il faut faire un film fracassant qui va passer tous les soirs à la télé. Et vous mettez tout le paquet là-dessus, etc. Vous oubliez les meetings, les trucs, etc. Vous faites confiance à la communication. Mais il faut évidemment un film formidable. Donc laissez-moi une semaine. Je reviens à Paris, je réfléchis, j'avais des études de marché, etc. Je vois que vraiment c'est formidable. Mais je m'aperçois que lui n'est pas aimé, mais son chien est adoré. Donc je reviens, je dis, j'ai trouvé. Vous êtes détesté, votre chien est aimé. On va faire la campagne du chien.

  • Speaker #1

    C'était une race de chiens particulière ?

  • Speaker #0

    C'était les gros bergers noirs de la Yougoslavie. Et j'arrive avec mon script. Son chien est à côté de sa niche et il parle. Et il dit, moi je suis le mieux placé pour le connaître. Je connais ses qualités, ses défauts, je vis avec lui. Je ne peux pas vous dire si c'est un mec droit. Jamais manquez de partager sa soupe avec moi. C'est un chien très aimant. C'est un chien tendre, mais aussi c'est un chien de garde. C'est un chien qui vous protégera. Et puis, vous voyez, regardez comme elle est belle ma niche. Si vous votez pas pour moi, il y aura plus de niche. Et le slogan, c'était Wow, wow, wow ! Parce que voter veut dire, en deuxième lecture, aboyer Très curieux. Il a été élu. J'ai fait apprécier deux ans de campagne de réélection.

  • Speaker #1

    Est-ce que ça veut dire qu'on élit du coup aussi une personne, mais un peu tout son entourage, son environnement, tout ce que la personne peut diffuser ? Là, par exemple, sur le président Sloven, du coup, si j'ai bien compris, tu as mis en avant son chien parce que ça lui donnait de la sympathie peut-être aussi au personnage ?

  • Speaker #0

    Les publicitaires, les journalistes adoraient le chien. Il y avait plein de caricatures du chien. Il était toujours avec son chien, c'est très étonnant. Imagine si Emmanuel Macron arrive à la télé avec un chien comme ça. Et lui, il faisait ça. Mais ça se retournait contre lui. Et la publicité a positivé les choses. Par son humour. D'accord. C'est comme ça qu'elle a renversé l'opinion. Ok.

  • Speaker #1

    Et du coup, tu as fait d'autres campagnes présidentielles aussi, notamment en Afrique. Ça m'intéresse de comprendre.

  • Speaker #0

    Je n'ai pas fait l'Afrique. Je ne sais pas pourquoi on met l'Afrique sur le dos. C'est vrai ? L'agence ici a fait des publicités. D'accord. Elle en a fait encore récemment. Moi, j'ai fait simplement, c'est quand même l'Afrique, à la demande de Mitterrand, j'ai fait les campagnes d'Abou Diouf. Il était un grand ami de Mitterrand. J'ai fait les deux campagnes. D'abord, parce qu'il a été élu et puis réélu. Et après, il est devenu patron de la France dans le monde, de langage de la France dans le monde, il fait de la francophonie. C'est un maître d'exception. Mais après, on me prête tous les dictateurs du monde. Je ne les connais même pas. Le seul pays d'Afrique où je suis allé, à part le... la trilogie de l'Afrique du Nord, je n'ai connu aucun de ces autres pays, je les ai traversés à l'époque en deux chevaux, mais je n'y suis jamais retourné.

  • Speaker #1

    À ce propos, je crois qu'il y a même Mouammar Kadhafi qui t'a proposé de faire une campagne. D'ailleurs,

  • Speaker #0

    oui, Kadhafi m'a envoyé son ministre de la Culture, je crois, qui m'a dit, le président Kadhafi vous demande et vous propose d'être son communicant avec un contrat de 10 ans, payé 1 million par an en Suisse. J'ai dit, c'est la double faute. D'abord la Suisse, parce que vous allez m'envoyer en taule, et après, votre client, parce que c'est un dictateur. J'ai dû écrire une lettre, à la fois que j'ai essayé d'être la plus respectueuse possible, mais la plus claire possible, en disant que ce n'était pas ma manière de faire.

  • Speaker #1

    Tu dis souvent que tu as appris beaucoup de choses, voire tout, avec François Mitterrand. Qu'est-ce que tu as appris auprès de François Mitterrand ?

  • Speaker #0

    Il a pris la force tranquille, parce que c'était une force tranquille. Moi je l'avais découvert assez vite, parce que je voyais bien quand je discutais avec lui, qu'à l'intérieur ça brûlait. Mais que si c'était une cuirasse, il fallait la clé pour ouvrir la cuirasse. D'ailleurs il ne m'a pris que deux fois dans ses bras. Quand il a été élu une première fois, en 1981, et une deuxième fois en 1987. Après, il était très proche de moi quand même. Il était presque affectif, mais c'est une affectivité toujours très modérée, très froide, mais tellement sincère. Et à la fois, il était très libre. Je me souviens que... Très souvent, j'allais travailler avec lui le vendredi soir, de 18h à 19h, je lui amenais toutes les études, etc. Et vers 8h, il décrochait son téléphone, il appelait sa femme, il lui racontait la journée. Puis il appelait la femme de sa vie, et de sa fille. Et il lui parlait complètement d'autres choses. Et puis il y avait parfois un troisième coup de fil où il recoulait. Donc je lui disais, mais il y a un flirt dans l'air. Quel incroyable personnage.

  • Speaker #1

    Et après François Mitterrand, sur tes campagnes présidentielles, tu as fait celle de Jospin. Alors sur les 20 campagnes, si je n'ai pas de bêtises, c'est la seule qui n'a fait de victorieuse.

  • Speaker #0

    C'est la seule que j'aurais voulu voir réussir, parce que j'ai trouvé que Jospin a été un très grand Premier ministre, tout le monde le reconnaît. Il aurait été un très grand président, alors qu'on a eu un roi fainéant. Mais je n'aimais pas la communication. Il trouvait que la communication était perverse. Il avait raison d'ailleurs dans son discours, que la communication politique était perverse, qu'il fallait être élu pour ce que l'on était et pas pour ce que l'on paraissait, et que la publicité était du paraître et pas de l'être. Il n'a jamais voulu s'afficher avec sa femme. Et moi, j'ai dit, attention, les Français, ils lisent un couple. Il faut que tu fasses deux émissions de grande écoute, etc. avec ta femme, que les Français connaissent. Ils étaient tellement amoureux, tous les deux. Vous n'avez pas besoin de rien dire, ne pas dire rien. Votre amour, il est époustouflant et cinglant. Mais il n'a pas voulu se plier à la chose. Moi, j'avais organisé une élection avec Michel Drucker. de deux heures, c'était dimanche matin ou dimanche après-midi, ou le samedi, je ne sais plus quand c'était, mais c'était trois jours avant Noël. Et les politologues ont analysé les choses et ont dit qu'une émission comme ça, réussie, elle aurait été réussie parce qu'en plus c'était un couple formidable, c'était un couple formidable, pouvait ramener 400 000 voix. On a perdu à 170 000. Par rigueur, par souci de pureté, par volonté de ne pas tricher, de ne pas se déguiser. Quel dommage, parce qu'il aurait apporté tout ça à la France. Un peu comme est en train de le faire le nouveau Premier ministre. Le nouveau Premier ministre, tout le monde dit qu'il est démodé. C'est pour ça qu'il est à la mode. Il les démode tous. C'était incroyable à l'Assemblée. Parce que lui, il a fait un discours travaillé. pas talentueux, mais avec beaucoup d'amour quand même, mais finissant quand même par être un peu répétitif, peut-être un peu trop long, etc. Mais, il a parlé vrai, il a parlé sincère, il a parlé honnête. Ce n'étaient pas les mots préparés. C'était un catalogue très muselé. mais qui aussi... traduisez sa volonté, où allaient ses premières volontés, et comment il arriverait à les résoudre, ce que personne n'arrivait à vraiment faire passer à l'Assemblée. Et il a démodé les autres. Il a démodé Marine Le Pen, qui était un discours moderne. Tout d'un coup, face à ce discours presque d'outre-tombe, mais tellement nouveau... tellement vrais et tellement sincères, tellement peu politiques et tellement plus publics que tous ceux qui se sont exprimés par derrière, dans l'évidemment instantanément essayant de le démonter, sont passés à la trappe.

  • Speaker #1

    Est-ce que ça veut dire que la politique, finalement, c'est aussi un cycle et que, tu vois, les gens ont besoin maintenant de quelque chose d'authentique plus simple ?

  • Speaker #0

    Lui, il est en train de ramener la politique, il l'a ramenée à De Gaulle, d'ailleurs. Il est en train de ramener la politique à un moment, d'ailleurs c'est le globalisme, où elle était le contraire de ce qu'elle est devenue. Est-ce que ça va marcher ? Il faut le souhaiter. Se donner la main, c'est notre dernière chance. On ne peut pas continuer à laisser la France, qui ne sera pas capable de nourrir ses enfants dans 50 ans, si on ne met pas tout en branle. On est fous.

  • Speaker #1

    T'es inquiet pour la France et sa jeunesse ?

  • Speaker #0

    Non, moi je crois en la France plus que tout. Je pense qu'elle a trouvé l'homme qu'il fallait. Ce qu'elle a réussi chaque fois à faire. Tu parles du Michel Barnier ? Je parle de Michel Barnier. Ils vont tous essayer de l'assassiner. Il a plus de force et plus d'humour qu'on le croit parce que moi je le connais bien. J'avais gagné la campagne des Jeux Olympiques. d'hiver à sa lanche. Comme avec Mitterrand, d'ailleurs, c'est moi qui l'avais proposé, tous les lundis matins, je le voyais à l'agence avec Kilianti, tous les trois, et on préparait, on organisait la grande soirée qui a été formidable, c'est lui qui a eu l'idée, d'ailleurs, d'aller chercher le théâtre du soleil, tu sais, avec le... Elle a été formidable, cette... Ce premier, j'aime... premier film des Jeux Olympiques d'hiver. Et j'ai vu comment il était méticuleux, honnête, sérieux, précis, travailleur. Et d'ailleurs, ça a été très réussi.

  • Speaker #1

    Dans les hommes politiques, est-ce qu'il y en a aujourd'hui qui t'inspirent encore ? Que tu trouves, justement, peut-être authentique, à la mode ? Je crois, j'ai lu que tu avais de l'estime pour Gabriel Attal.

  • Speaker #0

    Oui, moi je suis un fan de Gabriel Attal. Je ne sais pas moi qui est le conseiller en communication. Je ne suis pas sûr d'ailleurs qu'il ait besoin du conseiller en communication, parce qu'il est très doué. Il a un problème, c'est qu'il va passer du jeunisme à l'âge mûr en politique, dans les trois ans qui viennent. C'est même déjà presque commencé. Donc il va perdre cette dendresse du jeunisme, cette polissanderie. du jeunisme, mais aussi cette pureté du jeunisme qui faisait beaucoup de son image. Et il faut qu'il arrive à trouver maintenant, le temps d'après, celui de la maîtrise, de l'engagement, et qu'il écoute d'ailleurs bien aussi de la fierté, comme le dit celui qui l'a succédé, du courage et de la justice. Mais je crois qu'il peut le faire. Il a trois ans, il faut qu'il se prépare, il faut qu'il écrive un livre, d'ailleurs pas tout à fait un livre, un documentaire sur ce à quoi il croit, parce que les livres, les gens ne les lisent plus. Mais il faut après avoir le livre du documentaire. Parce que là, les gens, comme ils auront aimé le documentaire, ils auront aimé retrouver le livre et mettre le livre quelque part. Donc il faut inverser les choses. Et je crois que c'est celui... qui quand même, même dans son temps de jeunesse, avait le plus de respect de la démocratie et de son président. D'ailleurs, il a été touché en plein cœur quand le président lui a refusé de lui dire la vérité. Je ne comprends pas pourquoi, d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Sur la dissolution, je ne sais pas.

  • Speaker #0

    Non, je pense que la politique, c'est quand même les coups bas. Et puis, il se digère. Et de toute façon, le président lui a fait un très beau cadeau.... il a donné son parti.

  • Speaker #1

    Est-ce que la critique qui peut être facile, c'est qu'Attal est finalement très ressemblant à Emmanuel Macron ? Au début, il était dans son équipe, je crois. Est-ce que tu trouves qu'ils sont si différents l'un de l'autre ?

  • Speaker #0

    C'est-à-dire que 20-10 ans de différence entre les deux, c'est donc une tranche de vie qui s'achève pour l'un et qui commence pour l'autre. C'est difficile de juger de la suite. Je pense que Macron ne lâchera pas celui qui a été son fils prodigue.

  • Speaker #1

    Et en parlant de Macron, justement, j'ai lu que... Alors, je crois que tu n'en parles pas tant que ça, mais un jour, tu as rencontré Emmanuel Macron avant qu'il soit président, dans une conférence, et il t'a demandé de faire un dîner avec toi et de potentiellement te raconter aussi une campagne victorieuse.

  • Speaker #0

    Ah oui, oui, oui, absolument, c'est vrai. Il m'a dit, j'aimerais que tu me parles de la campagne de François Mitterrand. Je lui ai dit, viens dîner à la maison. Il est arrivé avec sa femme, j'étais évidemment avec la mienne. Je lui ai raconté, on s'est vus trois ou quatre fois. jusqu'à minuit, tu vois, donc c'était assez long. Je racontais à la fois toute la campagne de François Mitterrand, mais les 19 autres campagnes aussi que j'avais faites, et surtout la mise en garde de celle de Jospin. Et il prenait des notes, il était... Intensif. À la fois il était assez détendu... très amoureux de sa femme et sa femme très amoureuse de lui. Ces formes-là, c'était un couple complètement fusionnel. Lui, d'une intelligence et d'une mémoire phénoménale. Il prenait quand même quelques notes, mais il se souvenait de tout ce qu'on avait pu dire, même deux ou trois semaines après, dans l'intégralité. Et il avait en plus une jeunesse, une vitalité. un pouvoir de séduction, une authenticité extraordinaire. Et c'est enfoui. Les gens le tapent dessus, mais quand tu regardes les sondages, il est à 30%. D'autres 30%. Marine Le Pen. C'est tout.

  • Speaker #1

    Est-ce que quand tu travailles pour un homme politique, qu'est-ce qui prend ? Est-ce que tu regardes, il faut que tu sois en accord quand même avec ses convictions, ou son potentiel, ce que tu viens de dire, par exemple son pouvoir de séduction, son talent, etc. Ça prend le dessus ? C'est quoi qui est le plus important ? Non,

  • Speaker #0

    moi je n'ai jamais été d'aucun parti, sauf du parti des idées. moi je veux le meilleur de la droite et le meilleur de la gauche c'est d'ailleurs mon discours que Macron mon point si je puis dire entre parenthèses parce que je pense pas qu'il savait ce que je répétais dans les médias donc ce ne sont pas les partis qui m'intéressent sauf l'union des partis parce que c'est elle qui doit gouverner la France ce sont les personnalités ok Mais évidemment, je ne toucherai jamais à un dictateur, d'un dictateur possible, parce qu'on ne sait jamais comment tournent les choses. Et d'ailleurs, on en revient aux fachos africains.

  • Speaker #1

    Et justement, à ce propos, dans chaque épisode qu'on enregistre des Sages, j'essaie d'avoir une question de la part d'un proche. Et du coup, j'ai demandé à Alain Quezac, qui te pose une question à ce propos, qui dit Je ne me souviens plus, es-tu de droite ou de gauche ?

  • Speaker #0

    Moi, je suis et de droite et de gauche. J'aime pas d'ailleurs la formule de Macron, qui est ni de droite ni de gauche, parce que le ni-ni en publicité, c'est négatif. Donc je préfère le positif, et je dis, je suis et de droite et de gauche, et je l'ai toujours dit, mon seul parti, c'est le parti des idées. Je le dis depuis 70 ans. Enfin, pas 70 ans, parce que j'ai commencé la politique plus tard, mais je le dis depuis 50 ans.

  • Speaker #1

    Si on revient un peu sur la pub, c'est quoi la plus belle campagne pour toi que tu as faite ? Politiquement, mais pas que, même pour une marque.

  • Speaker #0

    Tu sais, un jour, j'ai reçu une invitation de la Maison Blanche, de Ronald Reagan, d'une invitation à déjeuner, au titre de représentant de la publicité européenne. J'étais très flatté et j'étais avec Christine O'Kreint, qui était la représentante de mes amis d'ailleurs de toujours, et qui était la représentante de la presse européenne. Et donc on se retrouve à la Maison Blanche, on est à côté, dans la même table, et à la fin, comme tu le fais, à la fin du déjeuner, il dit, mais chacun peut me poser une question. À côté de moi, il y a un monsieur qui se lève et qui dit, Quelle est... Le plus beau jour que vous ayez passé ici. Il répond, demain. Une merveilleuse réponse.

  • Speaker #1

    Ok, alors si on continue, on a parlé de la plus belle campagne. C'est quoi pour toi la plus belle marque au monde ? Est-ce que c'est Apple ? Souvent pour les gens, c'est souvent Apple.

  • Speaker #0

    La plus belle marque au monde, c'est Citroën.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Parce que ça fait 60 ans que je me bats pour la marque, etc. J'essaye de faire rayonner la barque, je fais des films pour la marque, je fais tout pour la marque, j'écris un livre sur la marque, qui est toute l'histoire d'ailleurs d'André Citroën. C'est ma marque préférée, elle le sera toujours. Ça ne veut pas dire que c'est la plus belle campagne du monde. Moi je trouve qu'en Europe, la meilleure campagne c'est Canal.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Parce que ce sont les derniers à faire de la publicité à l'ancienne. Ils racontent des histoires. Je ne sais pas si tu as vu le dernier film pour Citroën, sur la liberté, les gens qui sortent... La Révolution, qui sort du palais de la République, et qui, en voiture... Sautent au-dessus de tous les participants. Très beau film. Donc, Citroën est la dernière marque à faire de la publicité à l'ancienne qui raconte une histoire, un début, une suite, une fin et un slogan. Aujourd'hui, les publicités, elles sont des publicités de cas. Il prend un cas, généralement un cas sociétal, etc. et qui dit comment on va pouvoir recoter de l'argent pour éviter la maladie de notre copain ou telle autre maladie, etc. Mais il n'y a plus d'histoire. Il y a des levées, des levées d'argent ou des levées de cœur, mais il n'y a pas cette force de la publicité d'avoir l'humeur, l'humour. Et pour finir, l'efficacité, la rapidité, le slogan. Tu supprimes, on est fou d'Affle-Loup, d'Affle-Loup, c'est comme si tu l'amputais d'un bras ou d'une jambe. J'ai d'ailleurs un déjeuner avec lui il y a 15 jours, avec Mercedes Serra, la patronne de BETC, qui a la publicité de Afloulou, c'est moi qui l'ai faite pendant 30 ans, et je lui ai raconté ça, et il me disait, je suis tellement d'accord avec toi. Tu as raison, il faut absolument conserver on est flou d'Afloulou. En tout cas, si on ne le fait pas dans les mots, on le fait dans l'esprit.

  • Speaker #1

    Les réseaux sociaux ont changé quelque chose sur la pub et sur les marques. Est-ce que les marques sont plus fragiles ? Parce que des fois, entre guillemets, ça peut s'emballer beaucoup plus vite, il peut y avoir des goûts de buzz, mais aussi des bad buzz.

  • Speaker #0

    Bien sûr, bien sûr. C'est à la fois un accélérateur de la publicité et de l'image. Et ça peut être un détracteur fou. parce qu'il n'est pas mesuré, il n'est pas filtré, il n'est pas travaillé, il n'est pas programmé. Il faudra qu'un jour la publicité soit réglementée sur les réseaux sociaux. On n'a pas le droit. La publicité, c'est le seul métier qui peut faire de la prison s'il est mensonger. La publicité mensongère mène à la prison. C'est quand même de la publicité mensongère qui se passe dans les réseaux sociaux.

  • Speaker #1

    C'est vrai que ce n'est pas encadré ou peu encadré encore. Pour terminer cet entretien, Jacques, est-ce que tu as des secrets, notamment pour maintenir ta créativité ? J'ai lu que tu écrivais tous les jours.

  • Speaker #0

    Oui, ce n'est pas un secret. C'est vrai de tous les écrivains. Sauf que moi, je ne suis pas un écrivain, je suis un publicitaire. Donc j'essaye de m'agripper. pour mériter le titre de petit écrivain. J'ai écrit 35 livres. On me demande souvent, mais pourquoi est-ce que tu es le seul publicitaire français connu en France et alentour ? J'ai dit parce que j'ai écrit 35 livres. Les gens ne lisent pas les livres, mais ils les reçoivent. à chaque fois une tournée médiatique, on en parle en ville, quand on en a 35, ça finit par s'accumuler, ça finit par construire une réputation, comme on construit une maison, chaque livre est une brique de plus. Alors oui, quand on a commencé un livre, il ne faut pas le lâcher, il faut écrire tous les jours, ne serait-ce que 10 lignes, pour ne pas perdre le film, pour rester dans l'histoire. Alors mon projet est sur croire, croire en sa religion, croire en soi, croire en la vie, croire en la liberté, croire... Avec des exemples tous de croyants dans leur discipline.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as un livre ou un poème préféré qui a guidé ta vie ?

  • Speaker #0

    Ah oui, oui. Si... Je l'avais lu... dû lire qu'un livre dans ma vie ça aurait été le Céline. Pour moi c'est le voyage au bout de la nuit, c'est le voyage au bout du talent.

  • Speaker #1

    J'ai vu que tu étais marié depuis 47 ans et comment on fait pour qu'un couple dure autant de temps ? Maintenant il y a beaucoup de divorces, peut-être plus qu'avant.

  • Speaker #0

    On ne fait rien, on ne fait rien, c'est l'amour qui décide, c'est lui qui mène la danse. Moi j'ai vu Sophie traverser l'open space dans lequel on était à cette époque-là, je parle d'il y a 40, pratiquement 50 ans, qui était l'étage des créatifs. Et j'ai dit, c'est la fin de ma vie. J'étais avec un des patrons de Citroën. J'ai dit, laisse-moi dix minutes, je dois dire à cette jeune fille qui passe que c'est la fête de ma vie. Mais qu'est-ce que tu fais ? Pour qu'il se raconte, je suis là. Écoute, donne-moi dix minutes. Et je suis allé la voir et je lui ai dit, tu es la femme de ma vie, donne-moi un dîner. J'ai dû répéter. dix fois je me supplie la onzième a été la bonne on est rentré chez moi on ne s'est plus jamais quitté avec cinq enfants parce que moi je suis le seul publicitaire qui a cinq enfants de la même femme eux ils ont cinq enfants de cinq femmes différentes et une et deux et trois et cinq toi c'est la même je crois que les enfants font beaucoup partie de la solidité d'un couple mais J'aime bien notre nouveau Premier ministre, parce qu'il a dit le mot qui, pour moi, est le mot qui mène à l'amour, et qui est la confiance. Il ne peut pas y avoir de confiance sans respect. Je crois qu'un couple qui se respecte d'un bout à l'autre est un couple qui s'aime vraiment. Et s'il manque ou s'il en arrive à les respecter, le couple va se briser. Ok.

  • Speaker #1

    Tu as parlé de tes enfants. Est-ce que tu leur donnes des conseils à tes enfants ou à des jeunes ? Écoute,

  • Speaker #0

    moi j'ai compris avec l'âge. Je suis dans ma neuvième décade. J'ai compris que le plus beau cadeau... que celui qui gouverne tout ça. Faire un père, c'est que ses enfants aient plus de talent que lui. Je me souviens que quand je présentais en bas à l'agence le film de Tristan, la série de Tristan, sur tapis, j'ai dit, enfin, un Seguela qui a du talent. Les gens me disent, il la ramène encore, c'est un slogan. Non. Mon frère, mon fils, a plus de talent que moi. Et il a le talent du long métrage. Il a le talent des deux heures d'une série. Moi, j'ai le talent d'un 30 secondes ou d'un 3 minutes. C'est pas comparable. Ma grande fierté, c'est ça. Je veux que mes autres enfants, chacun dans sa partie, ils sont tous dans des parties astériques, des parties créatives. Ma première fierté, fille, qui s'appelle Sarah, a fait une série de programmes formidables avec Canal+, qui était Merci la France, où des célébrités, mais aussi beaucoup de gens de la rue, venaient pendant, ils avaient une minute et demie, parler du cadeau que leur avait fait la France, et de la réussite qu'elles avaient reçue grâce à la France. Elle a eu beaucoup de succès, je crois qu'il y a 10 millions de vues dans le monde, et et c'était une belle façon d'utiliser les Jeux Olympiques pour faire passer ce message-là. Ma fille qui suit, Lola, qui elle, a le talent de sa mère, qui a le talent de la décoration. D'ailleurs, dans le L d'écho qui est paru au mois de juillet-août, elle a la couverture et 14 pages à l'intérieur pour la dernière décoration qu'elle ait faite en Grèce, une maison extraordinaire de 200 mètres face à la mer, où elle a tout choisi jusqu'à la petite cuillère. Et puis après j'ai mes jumelles, Ava et Mia, qui sont dans la pub. Rien ne pourrait me faire plus plaisir. Dans les deux agences les plus créatives de Paris, chez Buzzman et chez Australie. Le père est fier et je voudrais que chacune arrive à dépasser le talent, le petit talent de leur père. Je ne peux pas. Allez, ce ne sera pas si difficile, ce n'est qu'un petit talent.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a des choses qui peuvent te mettre en colère ou te rendre triste ?

  • Speaker #0

    Je ne me mets jamais en colère. Même quand j'étais jeune, je n'étais pas très colérique. Moi, je suis un homme d'apaisement, je suis un homme de rassemblement. Mon métier, c'était de rassembler les meilleurs talents du monde pour aller à l'assaut du monde et faire que la publicité française devienne, entre avances et publicistes, la meilleure du monde. Et puis, je suis pour... c'est un mot idiot, mais je suis pour la fraternité.

  • Speaker #1

    Ok, c'est important pour toi.

  • Speaker #0

    C'est important parce que c'est le contraire du déchirement. C'est le contraire de la guerre, c'est le contraire de la révolution, c'est le contraire du nihilisme, c'est le contraire de tout ce qui empoisonne la vie.

  • Speaker #1

    Pour finir cet entretien, si je ne dis pas de bêtises, aujourd'hui tu as 90 ans.

  • Speaker #0

    Oui, ça ne me vexe pas. Je suis fier de mon âge.

  • Speaker #1

    Ok. Et du coup, tu viens tous les jours, tu nous disais, je crois de 9h30 ou 10h à 18h, 19h chez Avas. Est-ce que tu vas prendre ta retraite un jour ou tu n'en vois pas l'utilité ?

  • Speaker #0

    Moi, j'ai fixé ma retraite à 100 ans, donc il me reste 9 ans. À moins qu'un jour, le maître des lieux... Yannick Bolloré me disait écoute, tu es très gentil, mais maintenant tu es trop gâteux. On t'aime, reste chez toi Ou que moi, je dise, je n'assure plus ma fonction comme... Alors, je ne peux pas l'assurer comme quand j'avais 20 ans. Mais si je sens que je n'ai plus les moyens d'être même au niveau moyen de ce que j'ai été, j'arrêterai de moi-même.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qu'on peut te souhaiter ? Terminer cet entretien.

  • Speaker #0

    Comme le disait la mère de Napoléon, pour vous que ça dure.

  • Speaker #1

    Merci Jacques. Merci pour votre écoute des sages sur cette nouvelle saison. Si vous avez aimé, vous avez été inspiré, vous avez appris quelque chose, il n'y a qu'un moyen de me remercier. Si vous êtes sur Spotify ou Apple Podcast, abonnez-vous et mettez 5 étoiles. 30 secondes de votre temps mais qui nous permettent d'être toujours plus visibles. et que d'autres personnes découvrent les sages. Avant de se quitter, une dernière chose. N'hésitez pas à m'envoyer un message sur LinkedIn. Nicolas Jeanne, Jeanne, J-A-N-E. Pour me dire ce que vous en avez pensé, vos retours, des suggestions d'invités. Vos retours nous font grandir. Merci.

Chapters

  • Introduction aux sages

    00:12

  • Rencontre avec Jacques Seguela

    01:02

  • L'enfance de Jacques

    05:51

  • Parcours professionnel en pharmacie

    15:59

  • Transition vers le journalisme

    25:03

  • Début de carrière télévisuelle

    28:16

  • Lancement dans la publicité

    29:28

  • Campagnes présidentielles marquantes

    37:05

  • Comparaison entre marques et candidats

    44:04

  • Réflexions sur les dictateurs

    48:25

  • Les valeurs politiques de Jacques

    01:02:35

  • Secrets de créativité

    01:07:55

  • Perspectives sur l'âge et la retraite

    01:15:15

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