Speaker #0Les sages, c'est avant tout une histoire personnelle. Je m'appelle Nicolas Jeanne et j'entreprends depuis que j'ai 19 ans. Sur ce chemin, j'ai eu la chance de rencontrer des personnes que j'appelle les sages. Vous savez, ce sont ceux qui d'un conseil bienveillant peuvent changer votre journée, votre projet, votre vie. Souvent des personnes avec qui il y a un avant, et un après. A mes yeux, ce sont des leaders authentiques mais surtout des leaders humanistes, ça c'est important pour moi. Ceux qui vont vous faire grandir sans s'en rendre compte. Plus que n'importe quel livre ou cours, des témoignages qui viennent du cœur et de la réalité, et surtout du cœur. Aujourd'hui, je vous propose de partir à leur rencontre, dans un format inédit, et négocier avec eux. Un format où l'on se dira tout, naturellement, et aucune question ou anecdote sera interdite. Ça, vous avez ma parole. Un format axé sur leur activité, bien sûr, mais qui, évidemment, dérivera vers la vie, la société et les émotions. Mon but, c'est clairement de mettre en valeur l'aspect humain de ces personnalités qui me paraissent exceptionnelles, et de casser la carapace. Casser la carapace, vous le sentez, c'est pas un mot par hasard. Pourquoi ? parce que je pense que ça va vous permettre d'apprendre sur les plus grands leaders et leaders qui ont bâti et bâtissent la société. La France est une terre bourrée de talents et de leaders et nous allons en leur rencontre. Bon voyage avec les sages.
Speaker #2Oui, complètement. C'est un moment hyper structurant de ma vie que j'ai eu finalement. Alors, assez tard pour ce qu'on appelle l'anorexie. Souvent, c'est une maladie qui se déclare au moment de l'adolescence, vers 13-14 ans, quand le corps se transforme, en particulier pour les jeunes filles. Moi, je suis tombée malade un petit peu plus tard. Je sortais du lycée et je rentrais, enfin, je sortais même de prépa et je rentrais en école de commerce. Donc, j'avais 18 ans, 19 ans, donc assez tard par rapport, on va dire, au modèle classique des anorexiques. Mais tôt dans ma vie d'adulte. Et ça a été hyper violent. Hyper violent dans le sens où d'abord, physiquement, c'est une souffrance. Mentalement, c'est une maladie mentale et on n'en parle pas assez. C'est une maladie grave, c'est une maladie dont on meurt et qui est un combat entre soi-même en fait. C'est toi et toi-même, toi et ton esprit. Généralement, la personne veut disparaître au profit de l'esprit. Donc elle veut que le corps disparaisse au profit de l'esprit pour être pur intellect. Donc c'est une maladie qui touche des personnes assez perfectionnistes. assez puissant mentalement. Mais moi, je me suis retrouvée pendant un certain nombre de mois, voire d'années, à l'hôpital. Donc, déconnectée de la vraie vie, avec une urgence critique physique et mentale qui fait que je n'étais pas autonome. Et ça, ça a été un énorme choc, mais qui m'a probablement vachement construit sur la suite de ma vie. Donc, j'ai eu la chance d'être... extrêmement bien entourée d'abord d'un point de vue familial avec des parents médecins qui ont vu la chose venir assez tôt j'ai reçu beaucoup d'amour quand j'étais jeune et encore plus je pense je me suis sentie très très soutenue à ce moment là de ma vie même si j'étais isolée dans une chambre je savais que mes parents étaient là pour moi j'ai eu la chance d'évoluer aussi dans un milieu financier très favorable donc j'ai été hospitalisée dans des très bonnes conditions y compris dans des cliniques privées qui peuvent parfois aider face à la maladie Et j'ai eu d'excellents médecins. Je pense que le psychiatre qui m'a sauvé la vie n'est plus de ce monde malheureusement aujourd'hui, mais quelqu'un d'hyper important dans ma vie. C'est le premier à qui j'ai annoncé que j'allais me marier. C'est le premier à qui, après ma famille évidemment, mais c'est le premier à qui j'ai dit que j'étais enceinte. Donc, face à cette adversité, j'ai eu beaucoup, beaucoup de chance. Et je pense que j'ai eu besoin d'aller un peu au fond de la piscine, comme on dit, pour remonter, mais beaucoup ne remontent pas. Donc moi ça m'a aidée parce qu'à 20 ans, quand mes copains passaient les meilleures années de leur vie, moi j'étais en psychanalyse, en psychothérapie, parce que quand tout le monde vivait les premiers amours, moi je posais 40 kilos, je ressemblais à rien et personne ne me regardait. Parce que pendant que mes copains de promo commençaient à exceller dans leur premier stage ou leur vie professionnelle pour ceux qu'on commençait tôt, moi j'étais un peu à la ramasse, hospitalisée et finalement le temps passait. Et je suis sortie de là. Bon déjà, je m'en suis sortie. Donc ça, c'est important. Je pense que j'avais jamais, enfin j'avais toujours eu envie de vivre. C'est une maladie, encore une fois, qui peut être létale. Mais moi, j'avais peur de la mort et ça m'a aidée, je pense, à un moment donné de me dire, c'est soit la mort, soit la vie. Et j'ai choisi la vie. Et derrière, ça a été un accélérateur d'énormément de choses. Comme souvent, quand on est confronté à la maladie, je me suis rendu compte combien les petites choses peuvent être merveilleuses. Entre autres, quand j'étais malade, c'est souvent le cas, j'étais hospitalisée dans une chambre isolée, donc je ne sortais pas de ma chambre. C'est un peu une prison, même si les gens autour de toi sont très bienveillants. Mais j'avais une clé qui ouvrait une fois ou deux fois par jour pour me déposer de la nourriture et nettoyer ma chambre. Donc je vivais au son des clés. Et le fait de retrouver un espace libre, de revenir chez mes parents ou plus tard dans un appartement seul et de pouvoir être libre de mes mouvements, c'est quelque chose que j'ai apprécié à très très haut niveau. Alors qu'avant d'être malade, j'avais tout ça. Donc ça remet quand même un peu le curseur à zéro, voire à moins 10 pour recommencer à plus 100. Et puis, il y a eu une espèce de niaque derrière qui était, waouh, la vie est belle et il faut en profiter. Et il faut en plus rattraper le temps perdu. Donc, le bulldozer s'est un peu mis en place derrière.